AH......LES PETITS POTINS ! - Le Proscenium

AVERTISSEMENT
Ce texte a été téléchargé depuis le site http://www.leproscenium.com
Ce texte est protégé par les droits d’auteur. En conséquence avant son exploitation
vous devez obtenir l’autorisation de l’auteur soit directement auprès de
lui, soit auprès de l’organisme qui gère ses droits (la SACD par exemple pour
la France).
Pour les textes des auteurs membres de la SACD, la SACD peut faire interdire
la représentation le soir même si l'autorisation de jouer n'a pas été obtenue par
la troupe. Le réseau national des représentants de la SACD (et leurs homologues
à l'étranger) veille au respect des droits des auteurs et vérifie que les
autorisations ont été obtenues, même a posteriori. Lors de sa représentation la
structure de représentation (théâtre, MJC, festival…) doit s’acquitter des droits
d’auteur et la troupe doit produire le justificatif d’autorisation de jouer. Le non
respect de ces règles entraine des sanctions (financières entre autres) pour la
troupe et pour la structure de représentation.
Ceci n’est pas une recommandation, mais une obligation, y compris pour les
troupes amateurs.
Merci de respecter les droits des auteurs afin que les troupes et le public
puissent toujours profiter de nouveaux textes.
AH......LES PETITS POTINS !
UNE COMEDIE EN 17 TABLEAUX DE
Marie POUSARDIN
collaboration Paule ANDRE
DUREE 75 mn ENVIRON
COURRIEL : maripouss@live.fr
________________________________________________________________
1

DECOR : « Unique « Une place de village avec son café, sa terrasse,
deux chaises, une table , un banc, sa fontaine pour jouer la pièce dans son
intégralité .17 tableaux : 1 à 4 comédiens maximum par tableau
___________________________________________________________________
SYNOPSIS
Des personnages se poseront quelques instants sur le banc ou à la terrasse du
café pour vous rencontrer. Un moment de partage : Des confidences parfois
douces, parfois drôles, parfois émouvantes vous accompagneront tout au long
de cet éventail de portraits d'hommes et de femmes.... Pourriez-vous y
reconnaître quelqu'un ?
Les costumes sont contemporains et adaptés aux différentes situations
contextuelles.
TABLEAU 1
INTRO
(2 hommes)
LEVEE DE RIDEAU : on découvre sur la scène le cafetier qui ouvre son bar.
(Facultatif) : quelques enfants jouent dans la rue avant de se rendre à l'école.
On entend sonner le clocher de l'église, le cafetier secoue les enfants
Tonin (le cafetier) - Allez les enfants il ne faut plus trainer… maintenant c'est
l'heure !
Les enfants râlent un peu et prennent le chemin de l'école.
Arrive, sur la place du village, un homme un peu distrait, qui ne remarque pas le
cafetier…
Tonin - O Doumé !
Doumé - O Tonin !
2

Tonin - Ca y est tu es revenu de ta Corse natale… c'était bien les vacances ?
Doumé - Je me suis régalé! Et toi… quoi de neuf ?
Tonin - O fan de chichourle ! Si tu savais ce qui s'est passé pendant ton
absence !
Doumé - Hé non, je ne sais pas... mais je sens que je vais bientôt le savoir
hein !... c'est que moi... tu le sais que trop, TONIN… les petits
potins de Village... j'adore çà ! Alors ??
Tonin - (entraîne DOUME à l'intérieur du café)
Allez viens... que je te raconte tout ça... au frais devant un bon
pastaga ….
Il interpelle Madame DUFOSSE
TABLEAU 2
« LE FACTEUR »
(1 homme)
Le facteur - Madame DUFOSSE… Madame DUFOSSE … j'ai du courrier
pour vous !
Il lui remet une grosse enveloppe puis sort
___________________________________________________________________
3

TABLEAU 3
« LE HASARD »
(1 femme - Monologue)
Madame Dufossé (Monologue) : merci mon brave
(elle se décharge de tous ses paquets et de l'enveloppe sur une table à la terrasse
du café où elle va s'installer)
Je suis ravie de mes petits achats… je vais vous expliquer … la coquetterie, c'est
mon péché mignon… et pas si mignon que ça, vu l'état de mon compte en banque !
(elle commence à ouvrir ses paquets se ravise et brandit joyeusement la grosse
enveloppe )… Pas le temps de rentrer chez moi, j'ai trop hâte de lire ce courrier.
Elle lit l'en-tête, puis commence son monologue.
Madame Eglantine Du bois… en deux mots… c'est moi enfin presque parce que j'ai
pris un « ceudonyme » hé ouais, ça fait plus noble… Mon vrai nom, c'est
Marguerite Dufossé en un seul mot… ça fait rase-motte vous trouvez pas ? Ah vous
aussi ? Je vais vous expliquer : moi la solitude j'en ai ras le bol ! La télé toujours la
télé ! Me faire belle ça j'adore, mais m'admirer dans le regard d'un homme… ça
vaudrait le coup d'essaye, non ? Alors, je vais vous expliquer : J'ai écrit à l'agence
Glamour, impasse des amoureux transis à Pamplune, qu'ils font la réclame dans le
journal ! Mais où j'ai mis le brouillon ? Oh pétard d'Adèle, je perds tout ! Ah le voilà :
(elle lit)
Dame d'un certain âge, EXTREMEMENT bien conservée..60 kg très
harmonieusement distribués là où il faut, aimant la danse, les voyages, les
spectacles, etc.... souhaite rencontrer monsieur frisant la soixantaine, ou guère plus,
même s'il est chauve… bah !... c'est la mode… pour relation sympathique… qu'il soit
souriant, généreux, prévenant..et.... que sa voiture soit aussi en bon état de
marche...
Après j'ai signé et puis j'ai ajouté un PS, mais ça veut pas dire « parti socialiste »,
non, c'est un raccourci pour ajouter quelque chose que j'avais oublié d'écrire :
(elle reprend sa lecture)
Question bagatelle, faudrait peut-être un sorte de coup de foudre au ralenti vu nos
âges « si affinité ». Ça me fait tout drôle de lire ce courrier : vu la grosseur de
l'enveloppe, ces messieurs se sont bousculer au portillon, voyons… voyons....
Nous trouverons 6 lettres séparées dans la grande enveloppe qui seront lues l'une
après l'autre par la comédienne.
4

1° réponse :
Chère Eglantine. Comme le hasard fait bien les choses : vous portez le même joli
prénom que ma défunte femme bien aimée, elle était exceptionnelle.. j'ai tapissé les
murs de ma maison avec ses photos prises pendant 40 années de bonheur, je la
pleure tous les jours.
La remplacer ? Impossible… mais une relation amicale oui... des promenades pour
aller porter des fleurs sur sa tombe le dimanche, et … (elle s’interrompt)
(en déchirant la lettre) : Oh bonne mère des anges ! Il me prend pour la
consolatrice des affligés ma parole ! Allez à la corbeille !
ET HOP...AU SUIVANT !!
2° réponse :
Salut Titine ! Moi c'est Emile, Mimi pour les intimes..t'as l'air vachement sexy ma
poule !
Ça va coller tous les deux… je te présenterai mes potes, tu nous feras la bouffe les
soirs de poker… même que je serai pas jaloux si l'un d'eux te pince un peu les
fesses amicalement… les copains d'abord comme chante Brassens, pas vrai Titine,
en attendant ta réponse, je te bise et …
(en déchirant la lettre) : à la poubelle espèce de minable !
ET HOP.... AU SUIVANT !!
3° réponse :
Veuillez excuser mon écriture un peu tremblée, madame… j'ai eu une attaque l'an
dernier… je sors d'une grippe d'origine inconnue… et entretemps, j'ai fait une crise
d'arthrose ! A part ces petits inconvénients, je suis gentil, je me couche de bonne
heure, je me passionne pour les matchs de basket à la télé et…oh !... on sonne à ma
porte, c'est l'heure de ma piqûre, je vous écrirai une autre lettre plus longue demain
et…
(en déchirant la lettre) : pas la patience d'attendre pépé, désolée, mais toi aussi tu
finiras au panier !
ET HOP AU SUIVANT !!
4° réponse :
Bonjour Eglantine… Je m'appelle Gaston..je suis bel homme, très jovial… je pèse
120 kilos… c'est à cause de l'aérophagie… je mange normalement, par exemple :
5

cassoulet à midi et choucroute le soir… ou alors : bouillabaisse à midi et tartiflette le
soir. Pour mon 4 heures, je me contente de 2 ou 3 sandwichs à la banane… Votre
lettre me plait, sauf un détail… votre poids. Préférant les femmes minces, si vous
pouviez faire un régime pour perdre 10 kilos on pourrait envisager… le fameux coup
de foudre au ralenti et…
(en déchirant la lettre) : Tu éclateras avant que je devienne un top modèle… à la
poubelle, Babar !
ET HOP AU SUIVANT !!
5° réponse :
Chère amie future, votre lettre m'a émue… maman qui vit avec moi l'a trouvée
touchante, elle aussi… elle va sur ses 97 ans, et nous ne serons pas trop de deux
pour veiller sur elle jour et nuit… vous la trouverez agréable et pleine d'humour…
d'ailleurs elle m'appelle souvent « mon petit vieux »… faut dire qu'elle n'avait que 16
ans quand elle m'a mis au monde et.....
(en déchirant la lettre) : ça suffit bébé… va sucer ton pouce sur les genoux de
maman !
ET HOP AU SUIVANT !!
6° et dernière réponse :
Chère madame, je ne sais pourquoi, le ton de votre lettre m'a bousculé.. j'ai
découvert, entre ces lignes désinvoltes et crâneuses, quelqu'un de sensible, en
quête de « l'âme-sœur »
J'y ai donc répondu, car la solitude me pèse aussi... puis, je suis sorti pour aller
poster ma réponse, et ayant une course à faire, j'ai pris le métro : là j'ai croisé une
seconde le regard d'une femme…
Troublé, j'ai fait une chose inouïe, jamais faite auparavant, je l'ai suivie… je l'ai vue
entrer dans son immeuble… j'ai même poussé l'indélicatesse jusqu'à demander son
nom au gardien… voyez je vous dit tout : elle s'appelle... Marguerite Dufossé ! !
Je n'ai jamais posté ma première lettre, et vous devez avoir celle-ci entre vos mains.
Pardonnez-moi, mais je vais tout faire pour retrouver cette personne, je crois bien
que c'est la femme de ma vie… Gilles.
(S’adressant au public) : Et si quelqu'un dans l'assistance vient me parler du hasard,
il aura affaire à moi… parce que, je vais vous expliquer :
LE HASARD....... ÇA ....... N’EXISTE… PAS ! !
(Elle sort) : Oh Gilles… Gilles … ! ! ! P.A
6

___________________________________________________________________
TABLEAU 4
SYSTEME « D »
(Deux bonnes copines ont rendez-vous sur la place …)
1 - Mais …..Quitte-le ton mec, quitte-le ton mec, Josette !
2 - Qu'est-ce-que je vais devenir sans lui ?
1 - Une femme… tran....qui...lle !
2 - Surtout une femme seule, oui.
1 - Regarde-moi…franchement, est-ce que la solitude a fait des ravages sur
ma petite personne ?
2 - (elle l’observe attentivement) Non, j'avoue…Non. Tu as plutôt…
… bonne mine.
1 - Tu as devant toi, madame « Je veux seule »… « Je peux seule »…
et je le fais très bien !
2 - Je suis épatée, j'avoue… épatée !
7

1 - Seulement, il y a quelques petits points noirs à la situation.
2 - Ah ! Tu vois ! Tu peux éclaircir s'il te plait ?
1 - Et bien voilà !
2 - Rassure-moi. Ce ne sera pas trop long ?... Parce-que Mauricette m'attend
pour ma mise en plis, et j'ai pas fait mon diner !
1 - Encore une femme… pressée… stressée…
Moi ! La montre je ne la regarde pas… je ne la porte plus !
je vais rapido te faire la liste des petits points noirs qui peuvent obscurcir le
tableau de la de la femme seule.
2 - Vas-y… j'ai... cinq minutes pas plus.
1 - Alors j'envoie en enfilade (elle énumère, gestes à l’appui) : la perceuse, la
ponceuse, la tondeuse...la tronçonneuse… et attention devant… le plus
gros morceau : le motoculteur !
2 - Ah ! Tu vois qu'il y a lieu de réfléchir !
1 - Mais... j'ai fait face !... j'ai fait face à ces… petites contrariétés !
2 - Petites, petites, quand même, elles pèsent sur nos petites épaules fragiles
8

1 - Grâce à ma voisine Christine, la présidente du club des célibataires
séniors… je me suis inscrite aux ateliers.
2 - Aux ateliers ?
1 - Oui. Aux ateliers « initiation bricolage » pour… vos intérieurs et vos
extérieurs !
2 - Et mon budget ? Car je risque de me retrouver avec un petit budget, je dirai
même plus... un tout, tout, tout petit budget .
1 - Ne t'inquiète pas, je me suis renseignée, en ce moment c'est gratuit, c'est
une offre spéciale pour le CLUB.
2 - C'est intéressant !
1 - Mais il faut faire vite, car l'offre… elle démarre demain, seulement pour une
durée de 2 jours… après tu te débrouilles avec ton « système D »
2 - Mais dis-moi Chantal ! Une dernière question… importante
1 - Quoi encore Josette ?
2 - Vous pratiquez le… covoiturage ?
1 - Le covoiturage ?
9

2 - Oui, le covoiturage pour aller à ces… ateliers; parce-que je t'explique : la
voiture… elle est à mon mec…
1 - Ah bah… voilà !
2 - Et si je le quitte… il va la garder… c'est sûr ! !
1 - Ah bah… voilà !!
2 - Oh … moi je crois que je vais encore réfléchir !
1 - Ecoute Josette tu fais comme tu le sens.
Christine m'attend pour mon premier cours !
2 - Parce-que finalement… un MEC : ça peut toujours servir !
TABLEAU 5
« JACK »
(2 personnages : 1- l’homme, 2- la femme)
Un homme s'arrête un instant près d'un banc sur lequel une femme se lamente ….
1 - Ca ne va pas ?
2 - Oh non ! Ça va pas fort.
10
M.P

1 - Pourquoi ? Vous voulez raconter ?
2 - (Elle éclate en sanglots) Il est encore parti ! !
1 - Quand ça ?
2 - Hier soir, ou c'était avant hier soir… je ne sais plus
1 - Qu'est-ce qui s'est passé ?
2 - Il est sorti comme tous les soirs pour faire un tour de pâté de maison, et il
n'est pas rentré.
1 - Il doit toujours chercher ses cigarettes !
2 - Non ! Jack ne fume pas.
1 - Alors il cherche une pharmacie de garde pour se procurer des somnifères
2 - Non. Jack dort très bien
1 - Il a pris sa voiture, et a filé au bord de la mer
2 - Oui, il aime l'eau c'est vrai, mais Jack ne peut pas conduire !
11

1 - Alors il est allé rendre visite à un copain, et il n'a pas vu l'heure passer !
2 - Ou bien.... une copine oui, oh le voyou le voyou à son âge !
1 - Vous avez pensé au portable ? Son portable ?
2 - Ah oui, bien sûr !... le n° de portable, il l'a toujours sur lui.
1 - Bien... vous voila rassurée, il vous appellera !
2 - Ah, mais non... Jack ne peut pas téléphoner
1 - Bon écoutez, je dois vous laisser maintenant. Mais il semble que vous
devriez penser … à faire votre deuil... effectivement, votre ami Jack a pris
la poudre d'escampette... Allez, bon courage ! (il sort)
2 - Ah... Mais non ! Je vais me rendre au coin de ma rue, comme je l'ai
toujours fait... je vais commencer à siffler doucement... puis plus fort, et
peut-être que mon Jack rentrera à la maison…et pour se faire pardonner,
il me fera une grosse léchouille et me laissera, comme d'habitude, des
poils partout dans la maison !
Elle sort une laisse de sa poche et part en sifflant son chien …
12
M.P

TABLEAU 6
« CAPUCINE »
(2 hommes)
Un homme ivre zigzague, une bouteille vide à la main, il accoste un homme qui
passe…
1 - Bonsoir mon prince... z 'auriez pas des fois deux ou trois euros à me
refiler… j'ai le gosier ultra sec !
2 - Pas question ! Tu tiens à peine sur tes jambes, espèce de soulard !
1 - Ah non monseigneur ! Je vous interdit de me parler sur ce ton sous
prétexte que je prends ….de la bouteille !
2 - Allez, rentre chez toi avant de t'étaler dans le ruisseau !
1 - C'est que... j'ai paumé les clés de ma piaule ! Z'auriez pas la bonté de
m'héberger pour la nuit, histoire de faire votre B.A ou même de payer
un peu votre Karma ?
2 - Ne t'occupe pas de mon Karma vieille cloche ! Va plutôt à l'asile de nuit, ils te
dessaouleront avec un café noir bien serré !
1 - Pouah ! Un café !...
À moins d'y ajouter un godet de calva… j'ai horreur du café !… je déteste
le café !… je hais le café !… je suis allergique au café ! ! COMPRIS ?
13

2 - ça va....ça va… t'énerve pas, c'était un conseil, pas un ordre !
1 - Bon ! Je vous pardonne pour cette fois, mais n'y revenez pas... d'abord
vous savez pas à qui vous avez affaire… c’est que j'ai été quelqu'un, moi
aussi... autrefois !
2 - Possible... possible ! Mais alors, comment es-tu tombé si bas ?
1 - A cause d'une femme : un corps de déesse, des yeux noirs qui m'ont brûlé
de partout ! Une peau de vache, oui ! Elle m'a ruiné grave, en un rien de
temps !
2 - Une femme ?
1 - Ouais ! Tenez, regardez-moi cette poule de luxe qui m'a plumé comme un
canard ! J'ai encore sa photo dans ma poche.
2 - Mais… mais… mais c'est Capucine ! C'est …. ma Capucine !
1 - Ah bon ! Alors si c'est la vôtre aussi... par solidarité.... z'auriez pas deux ou
trois euros à me refiler ?... Allez… soyez bon prince, monseigneur !
2 - Tu sais quoi ?... je crois que j'ai une petite soif moi aussi ! Allons boire un coup
ou deux, au bistrot, tu me raconteras !
1 - OK mon pote ! Je sens qu'on va plus se quitter tous les deux !! P.A
14

TABLEAU 7
« OUILLE ! OUILLE ! »
(2 Voisines se rencontrent)
Madame Gargouletti - Bonjour madame Bibilone
Madame Bibilone - Bonjour madame Gargouletti
Madame Gargouletti - Il y a longtemps qu'on s'est pas rencontrées hein ?
Madame Bibilone - Eh non, et pourtant on habite dans la même rue
Madame Gargouletti - Et comment va la santé ?
Madame Bibilone - Oh ne m'en parlez pas… je n'ai pas fermé les yeux de
la nuit… même pas un d'œil !
Madame Gargouletti - Je vous en offre autant ! C'est à cause de mes
vertèbres cervicales
Madame Bibilone - Moi, ce sont mes genoux. Je vais, de ce pas,
consulter le docteur Picoseille.
Madame Gargouletti - Je me suis laissé dire que c'est un « crac » ! Moi, j'ai
rendez-vous avec le docteur Machinassou... un drôle
de nom… ce doit être un étranger !
15

Madame Bibilone - Si vous saviez ce que j'endure !... c'est atroce ! Je
passe l'inquisition !
Madame Gargouletti - Moi, c'est pire ! C'est comme si on m'enfonçait des
aiguilles là... et puis là aussi !
Madame Bibilone - Les vertèbres ? Mais c'est rien à côté des genoux ! Ô
pauvre de moi ! Je passe le calvaire !
Madame Gargouletti - Et le docteur Picoseille, il vous soigne bien au moins ?
Madame Bibilone - Pour ça oui ! Si vous saviez combien j'avale de
comprimés tous les jours !
Madame Gargouletti - Moi, mes cervicales.... c'est comme du carton bouilli...
:
c'est tout ramolli là dedans. (ensemble) : Ô… Misère !
Madame Bibilone - Moi mes genoux, c'est bien simple....Ils font des
castagnettes à chaque pas !
Madame Gargouletti - Moi, je ne rate pas les émissions médicales à la télé,
et chaque fois... je retrouve tous mes symptômes
inquiétants et pas les moindres !
Madame Bibilone - Moi, je fais pareil ! Et je me tâte… et je me retâte …
16

Madame Gargouletti : Pourtant, je fais un régime dragonien, ordonné par
mon docteur ! Un régime de dragon !
Madame Bibilone : Draconien ! Madame Bibilone … on dit draconien !
Mais moi c'est pareil ... j'ai supprimé le gras... le sucre
les pâtes... le pain… enfin tout quoi !
Madame Gargouletti réagira après chaque suppression :
Oh ! ….le gras ! Oh.... le sucre ! etc…
Madame Gargouletti : Moi aussi, c'est plus une vie !
ENSEMBLE : C'est la MISERE ! !
Madame Bibilone : C'est la galère !.............. Au fait, vous avez vu la
nouvelle pâtisserie orientale qui s'est installée derrière
la place ?
Madame Gargouletti : Ah oui, c'est vrai, on m'a dit qu'ils servaient de
délicieuses cornes de gazelles
Madame Bibilone : Si on y allait se régaler ensemble.....oh ! Une toute
petite, allez une toute petite entorse au régime !
Madame Gargouletti : Bah pour une fois !... On ira se faire soigner la
semaine prochaine !
17
P.A

Thérèse s'installe sur le banc, fatiguée.
TABLEAU 8
« BON SÉJOUR THERESE »
(2 femmes d'un certain âge)
Irène, elle, plus « sportive » malgré son âge aussi avancé, fait son jogging matinal.
Thérèse - (l'interpelle) Irène… Irène
Irène - Ah …Thérèse !
Thérèse - Irène ça y est je pars en colonie de vacances !
Irène - A nos âges on peut encore s'inscrire ?
Thérèse - Mais oui, il suffit de remplir les cases, parfois par oui parfois par non.
Irène - Donne moi un exemple un exemple Thérèse !
Thérèse - A la question : êtes-vous au régime ?
Irène - Bah là tu réponds… oui, bien sûr.
Thérèse - Surtout pas ! Tu réponds non … sinon les desserts ils ne sont jamais
pour toi ma cocotte
Irène - Bon. Une autre question Thérèse, une autre question !
18

Thérèse - Craignez vous les voyages en car ?
Iréne - Ah bah là, tu réponds oui... toi t'es toujours malade en voiture !
Thérèse - Non ! Non ! Non ! Tu réponds encore non… Sinon tu sors jamais
promener, et puis, ils te donnent un petit sac au cas où tu rejetterais
ton cassoulet de midi ! Mais regarde, j'en avais prévu un moi aussi.
Irène - Ils pensent à tout, ils sont plutôt bien... Mais dis moi, tu regarderas
la télé le soir ?
Thérèse - Pour sûr… mais dans ma chambrette, car je t'explique : au salon,
tu as un Gaston qui tousse.... un Gustave qui rote.....un qui parle tout
le temps et parfois même une Gertrude qui lâche, (elle mime chaque
fois l’action)… donc tu ne peux pas suivre ton feuilleton de l'été !
Irène - (Avec une pointe d’ironie) C'est le grand confort ta colo Thérèse, et
le petit déjeuner… servi sur un plateau d'argent ?
Thérèse - Ah non ! Je crois que je devrai aller tremper ma tartine au
Rez-de-chaussée c'est pourquoi j'ai demandé la chambre,
près de l'ascenseur !
Irène - Et puis il y aura des soirées aussi ? Tu m'inviteras dis ! ..Mais au fait
elle s'appelle comment ta colo ? Elle est loin d'ici ?
Thérèse - Un peu quand même… mais, note l'adresse c'est :
L’ABRI FLEURI à CHOUCHOISY S/MER, dans le 84
19

Ah aussi... n'oublie pas d'ajouter… MAISON DE REPOS !
Tu veux t'inscrire toi aussi ?
Irène - Heu … tu ne crois pas que ... je peux attendre encore un peu ?
Thérèse - T'as peut-être raison, mais pour moi, y a urgence c'est sûr !
Irène - Bon. En attendant, ne joue pas les imprudentes, je vais t'aider...
Il est à quelle heure ton car, Thérèse ? Tu prends bien le car ?
Thérèse - Le car ?… Quel car ?... Ah, le car ! - Rien que de dire... « le car »…
… j'ai la nausée !
Important ! Elle n'oubliera pas de récupérer « le petit sac plastique .
TABLEAU 9
« LA CHANTEUSE DE RUE »
(Pause Musicale, Indispensable pour la suite)
Quelques passants viennent écouter la chanteuse, déposent de la monnaie
dans son panier. Après avoir chanté ,elle s’apprête à sortir, se ravise, semble
réfléchir … et revient jeter quelques pièces dans la fontaine. Un adolescent a
observé la scène depuis les coulisses .
___________________________________________________________________
TABLEAU 10
20
M.P

« PECHE INTERDITE»
(2 personnages : 1 vieille femme – 1 adolescent)
(ou 1 vieil homme – 1 adolescent)
L’adolescent entre en scène après, portant un sceau en métal et une canne à pêche.
En coulisse, il aura préalablement accroché, au bout du fil, en guise d’appât, un
aimant qui lui servira à attirer les pièces de monnaie jetées dans la fontaine. Il ira en
sifflotant jeter sa ligne tout en surveillant les alentours.
La vieille femme le surprend.
Vieille femme - Qu'est ce que tu fais, gamin ?
Gamin - Je pêche !
Vieille femme - Je vois bien que tu pêches....Mais... c'est pas la rivière ici !
Gamin - Non... Mais ici au moins ça grouille
Vieille femme - Tu ne te moquerais pas un peu de moi des fois ?
Gamin - Non.... Si vous voulez....On partage !
Vieille femme - Ils ne savent plus quoi inventer ces gamins !... Allez va...
D'accord… on partage (elle entre dans son jeu)
Gamin - Mais.... ça restera entre nous hein !
Vieille femme - Oui petit. Mais.... dis-moi ... à quoi tu pêches ?
Gamin - A la cuillère ! Pardi !
Vieille femme - C'est une bonne technique et... qui te l'a enseignée ?
Gamin - C'est mon grand père. Un jour il m'a dit : si tu as faim,
21

si tu es dans le besoin et que tu veux te mettre quelque
chose sous la dent ….Eh bien, tu vas à la fontaine du
village pour remplir ton assiette.
Vieille femme - Ah ! Il t'a dit ça ton grand père !
Elle s'approche et observe le visage de l'enfant
Gamin - Vous connaissez pas vous ici ? C'est le meilleur des viviers !
L'enfant reste un moment figé devant la fontaine, tandis que la femme s'avance
nostalgique… (public)
Vieille femme - Je l'ai bien connu son grand-père
La femme bascule dans le passé quelques instants … une chanson lui reviendra en
mémoire, qu'elle fredonnera avec la musique d'accompagnement, puis sortira de sa
rêverie puis s'approchera du gamin
Vieille femme - Oui… je l'ai bien connu ton grand père… Alors, raconte
confidence pour confidence... il mettait quoi… ton grand-père
pour appâter... le poisson ?
Gamin - Mon grand père, quand il pêchait dans la mer... Il mettait
des appâts que c'étaient... des esches
Vieille femme - A h ouais ! je me rappelle que ton grand père il mettait des
esches.
Gamin - Mon grand père, quand il pêchait à la rivière... Il mettait des
appâts, que c'étaient.... des mouches.
Vieille femme - Ah oui ! Je me rappelle que ton grand père il mettait
des mouches. Mais... et pour ici, alors ?
Gamin - Et pour ici, mon grand père, il m'a dit de mettre
des… aimants ! ! ! Regardez ! Y a de la réserve, pas vrai ?
22

Il sortira de sa poche une petite boite qu'il agitera
Vieille femme - Ah bah ça alors, c'est pas si bête que ça… C'était quelqu'un
ton grand -père !
Vieille femme - Alors ! Alors ! Gamin ça mord ????
Gamin - Ca y est ! Je crois que j'ai une touche !
Ils sont tous les deux très concentrés, le gamin sort le fil de l'eau, la femme soulage
la prise. On découvre alors la pêche miraculeuse : «Un chapelet de pièces de
monnaie retenues par l’aimant» ... qu'il fera tomber dans son sceau bruyamment.
Gamin - ( hurlant) Alors, elle est pas belle...ma pêche ?
Vieille femme - Chut...chut gamin ! On reviendra demain …..
___________________________________________________________________
TABLEAU 11
« HISTOIRE SANS PAROLES »
(2 femmes)
femme 1 - Style intello, les bras chargés de livres, va s'asseoir sur le banc et
commence sa lecture tranquillement.
.
femme 2 - Arrive et va perturber la quiétude de la lectrice .Elle est d'une allure
très exubérante ,en s'agitant, en riant de tout et de rien de plus en plus fort, parfois
même se moquant du public puis de la lectrice.
femme 1 - Paraît être d'abord un peu agacée puis se déplacera, prendra un peu
plus de recul sur le banc pendant que la femme 2 continuera à rire de plus en plus
fort, jusqu'à en devenir ridicule. Elle finira par s'asseoir à côté de la lectrice et la
perturbera encore plus par son rire exagéré.
23
M.P

femme 1 - Va trouver une solution pour poursuivre sa lecture dans le calme... se
servira tour à tour de ses accessoires vestimentaires, pour s'isoler, se calfeutrer,
faire barrage au bruit… (col, écharpe, bonnet, etc…).
.
femme 2 - N'a pas cessé de s'esclaffer.
femme 1 - En grand désespoir de cause, décide calmement d'amener sa
voisine à la lecture d'un roman… elle lui fait glisser délicatement un livre ouvert sous
ses yeux en espérant la toucher sentimentalement en découvrant le contenu de ce
récit émouvant même dramatique.
femme 2 - Se met à lire… le rire la quitte, puis elle se rapproche hésitante des
pages qui lui sont présentées pour se plonger un moment dans le texte et éprouver
quelques instants une émotion à cette lecture..et finira même par pleurer.
femme 1 - Elle retrouve une position confortable et se replonge dans son
roman, satisfaite.
femme 2 - Choisit de ne pas se laisser basculer et emporter dans la tristesse et
se lèvera vivement fermera le livre, le jettera sur le banc avec un « non » de la tête
et éclatera de rire à nouveau.
femme 1 - Se lève, la toise, hors d'elle ...quittera les lieux.
femme 2 - La suivra en se dandinant, en reprenant sa moquerie du début,
jusqu'à la sortie
___________________________________________________________________
TABLEAU 12
« PHOTO-SOUVENIR »
2 Personnages : 1 femme (Madame Marlène) - 1 homme (Monsieur Gaspard)
24
M.P

Marlène : (arrivera essoufflée, avec un petit siège, puis cherchera la meilleure
place)
(elle est sur la droite) - Là, c'est pas trop mal !
(elle est sur la gauche) - Oh non… plutôt là !
(elle est au centre) - Finalement je pense que là, « au milieu du centre », ce
sera la meilleure place !
Elle regarde autour d'elle à l'horizon puis finira par s'asseoir. Elle doit avoir quelques
accessoires indispensables dans un sac : des jumelles et un appareil photos.
Marlène - Me voilà bien installée. Maintenant y a plus qu'à attendre et à
Arrivée de l'homme
surveiller.
Gaspard - Bonjour madame Marlène, que faites-vous là toute seule, On
s'organise un petit pique nique ?
Marlène - Mais non Monsieur Gaspard j'attends...le peloton !
Gaspard - Le peloton ?
Marlène - Bah oui.....le peloton de tête du tour de France
Gaspard - Oh !!...Vous ne le verrez pas passer Madame Marlène
Marlène - Bien sûr que si, de là où je me suis calée, je ne peux pas le rater !
Gaspard - Vous ne verrez rien je vous dis, rien de rien !
Marlène - Oh arrêtez-vous, et puis poussez-vous de là vous êtes dans le
champ.
25

Gaspard - Vous ne verrez pas un seul … bout de leur nez !
Marlène - Ah oui mais…moi, ce sont les mollets qui m'intéressent !
Gaspard - Pas un bout de nez.... et... pas un bout de mollet, non plus, je
vous dis !
Marlène - Mais si, mais si, vous voulez bien arrêter... Vous, vous êtes d'un
pessimisme navrant ! Allez, allez, passez votre chemin, Monsieur
Gaspard.
Gaspard - Vous ne verrez rien du tout....parce-que le Tour de France, Madame
Marlène… c'est hier qu'il est passé là, dans notre village !
Marlène - Ho ! Je l'ai encore raté cette année ! Je me donnerais des claques.
Ce qui me contrarie le plus c'est que pour l'occasion à chaque fois
j'achète une pellicule …tricolore tout de même !
(elle sort un appareil photo ancien)
Gaspard - Vous savez… si c'est pour la photo.... je peux vous arranger çà, je
veux bien vous rendre ce service, Madame Marlène.
Marlène - Ah.... vous savez où est la prochaine étape Monsieur Gaspard ?
Gaspard - Non ...Mais j'ai garé mon deux roues pas très loin...Si vous voulez
je fais pour vous, rien que pour vous…un passage éclair, comme
le fait toujours un peloton... et puis vous faites 1 ou 2 clichés.
(Aparté) De toutes les façons, avec la vitesse... ce sera flou…
26

Alors moi ou un autre ! ! !
Marlène - Oh vous feriez çà pour moi, Monsieur Gaspard ?… allez, je suis
prête… Quand vous voulez (elle prépare son appareil photo)
Gaspard - (il sort et revient à toute vitesse sur...une TROTINETTE ! !
Il fait un passage rapide sur scène, puis un deuxième)
Marlène - (se lève range tout) Attendez, attendez.... si j'osais... Monsieur
Gaspard ….vous pouvez me déposer ?
___________________________________________________________________
- Pourquoi tu m'as fait çà ?.......Charles
- Pourquoi tu m'as laissée ?.... Charles
TABLEAU 13
« LA VEUVE – MONOLOGUE »
(1 femme en grand deuil)
- Tu sais bien que ta Cri-Cri ne supporte pas la solitude, Charles ! Ça fait huit jours
maintenant, et déjà la neurasthénie me gagne.
- J'ai bien réfléchi..... J'ai un grand besoin de compagnie moi !
- Bon. Excuse-moi, CHARLES, mais je dois y aller maintenant. J'ai un rendezvous.
Elle se dirige vers son lieu de rendez-vous, marque une pause, se retourne, et
s'adresse à Charles :
27
M.P

- J'espère qu'il va te plaire ?.... C'est un agent de la S P A qui me l'a recommandé !
Tu connais ? La Société... Protectrice... des…Abandonnés ?,Il s'appelle
Rodolphe… c'est un joli nom, hein ? Il paraît qu'il est très câlin... Il s'est retrouvé
seul lui aussi …
Elle lève son voile s'arrange un peu devient plus sexy dans sa tenue et son allure
pour nous annoncer que :
- C'est ….le nouveau vétérinaire ! !
___________________________________________________________________
TABLEAU 14
« PORTÉ DISPARU »
(Monologue - 1 femme)
- Mais où est-il ?... C'est toujours quand j'ai besoin de lui que je le trouve pas
Vous ne l'auriez pas vu par hasard ? Je vais vous le décrire : il est grand, beau,
rassurant, protecteur… vous voyez le genre ? Non ! Oh…c'est ennuyeux !...
- Voilà, Cha......cha......chaque fois que je suis con......con...contrariée ça me
fait bé..bé....bégayer !...... (cris) et mon pe..pe...petit cor au pied... qui me fait
mal maintenant ! Demain… il va pleuvoir... c'est sûr !
- Co..co....comment ? Vous ne voyez pas le rapport ? Mais comment je vais
faire moi … sans mon pa... pa... pa... pa...
En essayant de terminer sa phrase elle jette un nouveau regard circulaire, et tombe
sur l'endroit où elle a oublié... son PARAPLUIE, qu'elle ira récupérer.
- Ah ! ! ! ….... il est là !
28
M.P

1° Elle l'ouvre… se ravise, le referme par superstition et quitte la scène. ..ou bien
2° Elle l'ouvre et sort de scène en reprenant sa litanie :
- il est grand ….beau...rassurant..... protecteur…. P.A-M.P
____________________________________________________________
1- Je vous dis qu'elle est rev'nue !
2 - Vous croyez que c'est bien elle ?
3- Qui ça ?
TABLEAU 15
ANNONCE NECESSAIRE POUR LA SUITE
(EN COULISSES, 3 VOIX OFF)
1- Mais vous savez bien...Vous l'avez vue vous aussi !
2- Vous pensez que c'était elle au coin de la rue Victorin ?
3- Vous êtes sûre de l'avoir reconnue ?
1- Ah oui alors ! C'est elle...elle est rev'nue, j'vous dis et bien rev'nue ! Comment
elle s'appelait déjà ? Yvette ? Huguette ? Non, non ! Ça va me rev'nir, ça va
me rev'nir …
___________________________________________________________________
29
M.P

TABLEAU 16
« APPELEZ-MOI GINETTE »
(3 femmes 1 homme)
Flo arrive suivie de Josy tirant un caddy (accessoire indispensable)
Josy - Tu m'as fait de la peine hier, Flo ! Alors, quand tu parles avec tes
nouveaux voisins tu ne me connais plus... je suis devenue
transparente... même pas un petit bonjour !
Flo - Comment j'aurais pu te dire un bonjour petit ou grand, puisque je ne
t'avais pas vue !
Josy - Et pourtant, tu m'avais vue !
Flo - Non… je ne t'avais pas vue !
Josy - J'ai bien vu que tu m'avais vue, en faisant semblant de ne pas me voir !
Flo - Mais non… je sortais de la pharmacie où j'ai rencontré ces gens très
gentils. On causait tout simplement, sans te voir...
Josy - Té, mon oeil ! J'ai bien vu que tu avais honte de moi parce que j'étais
habillée de la maison, en traînant mon éternel caddy !
Flo - Oh !... ma petite Josy je ne te ferai jamais ça… il faut me croire !
Josy - Allez vaï, on en parle plus… viens t'asseoir. Je vais t'en raconter une
bien bonne.
Elles continuent de se parler à voix basse, alors qu'une femme très élégante, à
l’allure provocante, arrive sur scène et paraît ne pas les voir. Elle lance sur la place,
un regard circulaire, très nostalgique. Elle s'arrête un instant, regarde sa montre et
va s'installer à la terrasse du café.
30

Les deux femmes l'observent un court instant et Flo décide de l'aborder.
Flo - Vous cherchez quelque chose, madame ? On peut vous aider peut-être ?
Josy - Mais.... c'est pas possible ! On dirait… c'est toi, Ginette ?
Nadia - Oui... c'est moi..... mais maintenant je m'appelle Nadia.
Flo - Ca alors ! Y'a bien 20 ans qu'on ne t'a pas vue ! On approche de la
Cinquantaine, toutes les trois… non ?
Nadia - Moi, ça fait 47 et demie... je ne suis que de passage chez le notaire,
ma vieille tante Emilie est morte, et elle m'a laissé sa maison avec les
meubles et tout …
Flo - Ah oui elle était bien brave, ta tante Emilie...
Josy - Tu sembles un top model sorti d'un magazine ! Tu as vachement
changé… Te voilà nippée comme une princesse ! Et c'est quoi ton
boulot ?
Nadia - Ben..... on peut dire « public relation »… Je réceptionne , je présente
et je tiens la caisse. C'est une affaire plutôt socio... socioculturelle !
Josy - Je me rappelle qu'un beau jour, tu as quitté ta tante en lui laissant un
mot d'écrit « adieu, ici au village, y a pas de débouchés pour moi, alors
je vais aller travailler à Paris… ou quelque chose dans ce genre.
Flo - Et une fois dans la capitale, tu en as trouvé des débouchés ?
31

Nadia - Ben, pas tout de suite… j'avais pas de vrai métier. Alors de fil en
aiguille...
Flo - Ah bon ! Tu as appris la couture ! C'est un métier intéressant… je
parieque c'est toi qui a fait ta jolie robe !
Josy - (en aparté) Et moi, je parie que c'est pas du cousu main !
Nadia - Et toi Flo, tu fais quoi dans la vie ?
Flo - Moi je tiens le rayon fruits et légumes à la Supérette. C'est assez bien
payé et… j'ai une ristourne sur la marchandise...
Nadia - Tu es mariée ? Tu as des petits ?
Flo - Non. J'ai eu le cœur brisé du jour où mon Fernand a disparu ! Il
voulait que je le suive dans la grange... j'ai refusé… je voulais la
bague au doigt d'abord… alors de désespoir, il est allé se noyer
dans la mer... j'en suis sûre parce qu'il n'a pas laissé un mot.
Et il est parti sans rien, sans son costume neuf, sans sa valise, sans
rien du tout !
Nadia - Oh ma pauvre Flo ! Comme je suis désolée... je ne savais pas que tu
l'aimais. Je savais rien...
Josy - Elle s'est mise en tête cette histoire de noyade… Et c'est pas tout :
tous les soirs, elle allume deux bougies devant la photo de Fernand,
en lui demandant pardon de ne pas l'avoir suivi dans la grange....
c'est son regret éternel !
Flo - Tu vois 20 ans après je le pleure encore ! Et dire que la mer n'a
32

même pas rejeté son cadavre... pas même une tombe à fleurir
seulement !
Nadia - Tu sais peut-être qu'il n'était pas digne de toi, après tout... et puis le
temps adoucit tous les chagrins, tu verras !
Flo - Tu es gentille et je suis contente de t'avoir revue… mais, même si j'ai
des moments de tristesse, j'aime bien rire aussi comme avant... tu te
rappelles… on faisait un fameux trio toutes les trois !
Nadia - Ah oui alors ! Tu te souviens pour un carnaval de village, on s'était
déguisées en bécassines ! Même qu'on avait ouvert « le bal des
« bécasses » !... Quel succès ! !
Josy - Je revois encore Monsieur le Curé plié en deux, avec son gros
ventre qui sautait sous sa soutane !
Flo - Et quand on a mis une souris en plastique dans le lit de sa
sacristine !
Nadia - On nous appelait les « trois mousquetaires en jupons », tellement
nous étions inséparables !
Nadia - Je ne supporte plus ces talons Louis XV, ma parole ?
Josy - Eh ma vieille ! Il faut s'adapter à son âge... essaie les baskets tu
verras !
Nadia - En attendant, je reste pieds nus, je me sens mieux et aussi sans
chapeau. Ouf !... Et dis moi, Josy : tu m'as pas dit si tu es mariée
au fait ?
33

Josy - Hélas oui ! J'ai épousé le Gustave de la Voirie, il boit comme une
éponge trouée, il dit que c'est pour oublier l'odeur des poubelles ! et
moi, comme une andouille, je lui fais ses repas et des fois … je
déguste.
Nadia - Pas de chance pour toi non plus alors ! Mais c'est bien que vous
soyez restées amies toutes les deux... c'est bien l'amitié quand ça
dure.
Flo - Oh, toi malgré tes belles fringues, tu ne sembles pas très heureuse...
Au fait, tu es venue en train, depuis Paris ? Toute seule ?
Nadia - Non.... non... mon.....mon Patron m'a emmenée en voiture…Il l'a
garée devant l'Eglise. Il voulait voir la partie de pétanque pendant
que j'étais chez le notaire... d'ailleurs il doit m'attendre !
Josy - Oh encore un moment ! On risque de ne plus se voir de longtemps.
Ça fait du bien de rire toutes les trois ensemble... tiens, figure-toi
que Flo a deux soupirants, qui soupirent ! Raconte-lui Flo !
Flo - Je devrais être extrêmement flattée… voilà : il s'agit de « mange-
clous », le cordonnier qu'il est bé bè… bègue… et de « pince-
osier », le rempailleur qu'il est louche ! !
Elles se tordent de rire. On entend une voix d'homme dans les coulisses. Le ton est
presque menaçant.
Fernand - La Cadillac de Madame est avancée (il entre en scène). Allez,
grouille-toi, ma poule, qu'on se tire de ce bled pourri !
34

Il restera figé en voyant le trio hilare...
Tel un proxénète, il porte un costume clair souliers blancs, borsalino, bagues, etc.
Josy s'avance vers lui... d'une chiquenaude, envoie son chapeau à terre, le regarde
sous le nez, puis va vivement tirer Flo par le bras, et l'amène devant Fernand.
Josy - N'aies pas peur Flo ! C'est pas un fantôme ! Il est en chair et en os.
Viens voir de près le salaud qui a foutu ta vie en l'air ! ! !
Flo porte la main à son cœur, tombe évanouie dans les bras de Josy en poussant un
cri !
Fernand tourne la tête, se fait « tout petit », fait mine de partir, mais Nadia le rattrape
par la manche et le force à lui faire face :
Nadia - Tu ne vas pas t'en tirer comme ça espèce de lâche ! Tu ne
m'avais rien dit au sujet de Flo ! A moi aussi, tu as fait le coup
du grand amour... et moi pauvre imbécile, j'ai connu la paille de
la grange... et avec le bas de laine de ma tante Emilie, on s'est
sauvés en pleine nuit comme des voleurs que nous étions... de
quoi payer les billets de train et quelques jours pour l'hôtel
sordide dans une ruelle de la place Pigalle !
Et après… après....... Le trottoir ! ! (elle se met à sangloter)
Fernand - (Il reprend ses grands airs) Arrête ton cinéma Nadia… si ton
mascara fait naufrage sur tes pattes d'oie, ça va pas t'arranger le
portrait ma pauvre fille ! Allez en route, j'ai assez perdu de temps
avec toi !
Flo - Je t'ai cru mort… j'étais désespérée… mais vivant tel que je te
vois et que je t'entends... tu me fais presque pitié ! Merci d'être
35

venu jusqu'à mon bled pourri... me voilà guérie... adieu ! !
Fernand - (Comme pour s’excuser) Ne le prends pas comme ça, Flo... j'étais
Jeune, ambitieux, je voulais réussir, quoi... c'était quand même
pas un crime ?
Flo - Pas un crime non... à peine une petite égratignure, qui va vite
se refermer.
Fernand reprend ses esprits et ramasse son chapeau resté au sol.
Fernand - Alors Nadia, je t'attends ma grosse !
Nadia - (Avec aplomb) Tout à coup, j'ai appris à dire Non, Non et Non !
Je reste ! Tu vois, chez le notaire, j'ai hésité à signer la vente de
la maison de ma tante Emilie... quelque chose m'a retenue et je
lui ai dit que j'allais encore réfléchir. Et bien, c'est fait... JE
RESTE ! Va retrouver ton poulailler parisien... ici au moins ça
sent l'air pur !
Fernand sort en narguant les trois filles
Flo - Alors c'est vrai ? Tu restes ? Tu restes pour de bon avec nous ?
Nadia - Oui
Josy - Tu vas habiter la maison de ta tante ?
Nadia - Oui
Flo - Et on se verra souvent toutes les trois, dis ?
36

Nadia - Oui. Et vous voulez bien me faire toutes les deux un grand
plaisir ?
Flo et Josy - OUI… trois fois OUI ! !
Nadia - Mais alors un plaisir IMMENSE, grand comme une
montagne
Flo et Josy - OUI… trois fois OUI ! !
Nadia - Alors… alors... appelez-moi… GINETTE ! ! ! P.A
___________________________________________________________________
TABLEAU 17
« FINAL »
(2 hommes)
On retrouve DOUME ET TONIN, sortant du café
Doumé - Et dire que j'ai raté tout ça ! Mais dis-moi Tonin… la dame qui
pleurait comme une madeleine et que le balayeur essayait de
consoler, elle a fini par le retrouver son « Jack » ?
Tonin - Sais pas, j'étais à l'intérieur..Mais je peux dire que la veuve..
elle s'est vite consolée avec son 'Vétérinaire »
Doumé - Oh, Madonna ! Mais... faut pas se moquer !
Tonin - Je peux te dire aussi que l'ivrogne et le cocu... qu' est ce qu'ils se
sont jeté derrière la cravate ! Ils sont repartis copains comme
37

cochons : titubants et inséparables !
Doumé - Et la fofolle qui riait comme une bossue ?
Tonin - Une habituée… c'est scandaleux d'être aussi…heureuse ou
inconsciente. Tiens ! Revoilà la chanteuse de rue, elle est
mignonne à croquer… elle me plait… si je savais…
Tonin esquisse un pas en direction de la chanteuse « avec gourmandise », tandis
que Doumé, le retenant par le bras, se précipite à son tour pour l’aborder.
Doumé - Hé ! Zitellina... une petite chanson pour un gars qui revient de
vacances... mais Hé ! (il retourne ses poches pour lui faire
comprendre qu'il est fauché )
La chanteuse - J'ai compris chéri ! Pour toi ce sera gratos ! ! !
Retour sur scène de tous les comédiens tandis que la belle commence à chanter …
FIN
38