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DANS LES REGLES DE L'ART - Le Proscenium

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SACD peut faire interdire la représentation le soir même<br />

si l'autorisation de jouer n'a pas été obtenue par la<br />

troupe.<br />

<strong>Le</strong> réseau national des représentants de la SACD (et<br />

leurs homologues à l'étranger) veille au respect des<br />

droits des auteurs et vérifie que les autorisations ont été<br />

obtenues, même a posteriori.<br />

Lors de sa représentation la structure de représentation<br />

(théâtre, MJC, festival…) doit s’acquitter des droits<br />

d’auteur et la troupe doit produire le justificatif<br />

d’autorisation de jouer. <strong>Le</strong> non respect de ces règles<br />

entraine des sanctions (financières entre autres) pour la<br />

troupe et pour la structure de représentation.<br />

Ceci n’est pas une recommandation, mais<br />

une obligation, y compris pour les troupes<br />

amateurs.<br />

Merci de respecter les droits des auteurs afin que les<br />

troupes et le public puissent toujours profiter de<br />

nouveaux textes.


<strong>DANS</strong> <strong>LES</strong> REG<strong>LES</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'ART</strong><br />

<strong>DANS</strong> <strong>LES</strong> REG<strong>LES</strong> <strong>DE</strong> L’ART<br />

De<br />

FRED VALLADARES<br />

Synopsis :<br />

Bagou se prend pour un dieu, Castor ne se prend pas pour un<br />

prophète. Aussi, leur rencontre ne fera pas de miracles. Mais<br />

l’élévation, qu’elle soit spirituelle ou sociale, passe parfois par des<br />

chemins bien étranges…<br />

Personnages :<br />

BAGOU : un petit voleur illuminé<br />

CASTOR : un petit voleur opportuniste<br />

EVA TEUFER : Mademoiselle, victime de Bagou et Castor<br />

M. JOURDAIN : Victime de Bagou et Castor<br />

M. LUI : Victime de Bagou et Castor<br />

M. PLOUK : Victime de Bagou et Castor<br />

PRESI<strong>DE</strong>NT(E) du tribunal<br />

Manipulateur de : LABERGE : Avocat de la partie civile<br />

et de: LECOLAR : Avocat de la défense<br />

Greffier


Scène 1<br />

Bagou, Castor<br />

<strong>DANS</strong> <strong>LES</strong> REG<strong>LES</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'ART</strong><br />

Bagou entre, il teste des attitudes lui donnant de la prestance. Arrive<br />

Castor, un sac ou un porte feuille dans les mains, qu’il a visiblement<br />

volé.<br />

Bagou : Beau temps pour les prophéties, n’est-ce pas ?<br />

Castor : Pour les pro… quoi ?<br />

Bagou : <strong>Le</strong>s prophéties… Mais je ne me suis pas présenté : Bagou, le<br />

dieu Bagou !<br />

Castor : Bagou, connais pas !<br />

Bagou : C’est-à-dire que l’on n’a pas encore entendu parler de moi, ce<br />

qui est normal puisque je n’ai pas été annoncé… A ce propos, je<br />

cherche un prophète !<br />

Castor : Oui évidemment, je comprends !<br />

Bagou : Tu n’en serais pas un par hasard ?<br />

Castor : Un quoi ?<br />

Bagou : Mais, un prophète voyons !<br />

Castor : (moqueur) Maintenant que tu me dis ça, les copains ils disent:<br />

« Castor ! », oui mon nom c’est Castor, « t’es le pro de la fête ! » le<br />

prophète si tu veux !<br />

Bagou : Là, tu te moques, mais je suis persuadé que si tu voulais, tu<br />

serais capable de m’en dire une.<br />

Castor : Te dire une quoi ?<br />

Bagou : Une prophétie !<br />

Castor : C’est quoi d’abord, une prophétie ?<br />

Bagou : Oh ! <strong>Le</strong> merveilleux ignorant ! C’est inespéré. Comment un<br />

prophète pourrait dire des prophéties en sachant que s’en sont !<br />

Castor : Ah, Samson maintenant!<br />

Bagou : Non ! Je me réjouis de ton ignorance, car si tu avais su ce<br />

qu’était une prophétie, il est évident que tu ne pourrais être un<br />

prophète.<br />

Castor : Là, je sens bien que tu te payes ma tête. Mais moi, môssieur,<br />

je ne me prends pas pour un dieu !


<strong>DANS</strong> <strong>LES</strong> REG<strong>LES</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'ART</strong><br />

Bagou : Ne te fâche pas mon ami, de toute évidence, je me suis<br />

trompé, je n’insisterai pas, tu n’es certainement pas l’homme de la<br />

situation. Au revoir ! (il sort)<br />

Castor : Attends, (Va le chercher) je me suis emporté, ne le prends pas<br />

mal, comprends-moi ! Ça consiste en quoi prophète ?<br />

Bagou : Et bien, un prophète, c’est celui qui parle aux autres de son<br />

dieu, de son maître spirituel, de moi en l’occurrence.<br />

Castor : Ah ! Oui ! L’âge que tu as, si tu es marié, combien d’enfants …<br />

Bagou : Holà ! Holà ! Tu n’y es pas. C’est dans sa pensée profonde<br />

qu’il faut puiser ses révélations. Savoir interpréter ses moindres<br />

paroles, gestes, regards. Et si tu es l’élu, je dis bien, si ! Il faudrait faire<br />

quelques miracles !<br />

Castor : Hé ! Comme tu y vas, faire comme l’autre ? Déjà, marcher sur<br />

l’eau, j’sais pas faire, et puis j’sais pas nager.<br />

Bagou : Mais non, il ne s’agit pas de copier, tu dois innover,<br />

surprendre, envoûter… mets-y un peu de bonne volonté, enfin !<br />

Castor ; Oh ! Je commence par en avoir jusque là de tes<br />

remontrances. Et fais ci, et fais ça, marcher sur l’eau, non plus, ç’est<br />

déjà fait, mets plus de conviction ! Et qu’est-ce qui me prouve que tu es<br />

un dieu ? Parce que pour l’instant, j’ai pas vu grand chose moi.<br />

Monsieur m’interpelle, voilà, je suis un Dieu qui cherche son prophète.<br />

Est-ce que par hasard tu n’en serais pas un ? Tu n’es qu’un de ces<br />

tordus qui cherche une victime afin d’assouvir des pulsions malsaines.<br />

Oui, tu n’es pas plus dieu que je ne suis prophète, c’est par manque<br />

d’amour que tu agis de la sorte. En fait, tu as besoin des autres pour<br />

exister, c’est tout !<br />

Bagou : …Génial ! Magnifique !... Ça y est, tu l’as ta première<br />

prophétie !<br />

Castor : Hein! Quoi ?<br />

Bagou : Mais oui, tu viens de le dire… « Tu as besoin des autres pour<br />

exister… » C’est excellent ça. ( lui désigne un banc) Montes là-dessus et<br />

tu me le répètes comme si tu t’adressais au monde entier.<br />

Castor : ( il monte)Tu as besoin des autres pour exister.<br />

Bagou : Mais non, dit comme cela, ça n’a aucun sens. Il faut<br />

l’emmener avec plus de certitude ! C’est à croire que tu n’as jamais vu<br />

de prophète de ta vie !<br />

Castor : Non justement, mais vas-y, montres-moi, puisque tu es si<br />

fort…


<strong>DANS</strong> <strong>LES</strong> REG<strong>LES</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'ART</strong><br />

Bagou : (Monte à son tour sur le banc) Peuple, écoutes la sage parole du<br />

grand, du divin Bagou. Toi, qui passe ton chemin, qu’est-ce qui fait que<br />

tu es toi, que ton existence a un sens, n’est-ce pas grâce au regard de<br />

l’autre ? Par rapport à qui et à quoi te situer si tu es seul !… Ecoute<br />

moi peuple, tu as besoin des autres pour exister. C’est le grand Bagou<br />

qui l’a dit !<br />

Castor : Super ! Excellent ! C’est vrai ça ! Moi par exemple, ce matin je<br />

savais même pas que j’étais un prophète, et bien c’est grâce à toi, donc<br />

à l’autre, que je suis.<br />

Bagou: (descend) Bon, ne nous emballons pas. Pour un début, c’est pas<br />

mal …Il faut en trouver d’autres.<br />

Castor: D’autres quoi? .<br />

Bagou: Prophéties voyons, on ne peut pas se contenter d’une seule…<br />

Castor: Ça va, ça va, j’ai compris. (Prenant des pauses complètement<br />

louffoques)<br />

Bagou : Peut-on savoir à quoi tu joue, tu veux attirer l’attention en<br />

faisant le pitre ?<br />

Castor: Je ne joue pas, je cherche, je me concentre… chacun sa<br />

méthode, moi,ça m’aide.<br />

Bagou: <strong>Le</strong> tout est de ne pas avoir peur du ridicule.<br />

Castor:Tu sais, si je commence à me demander ce que vont dire les<br />

autres, je ne vis plus.<br />

Bagou: …Ouiii !!! C’est fort ça aussi ! C’est quelque chose que j’aurais<br />

pu dire.<br />

Castor: Ça quoi?<br />

Bagou: Ce que tu as dit à l’instant!… Si je me soucie du regard des<br />

autres, je ne vis plus.<br />

Castor: J’ai dit ça moi ? Tu crois que…<br />

Bagou: Mais oui! (Remonte sur le banc) Et il a ajouté « Tu chercheras ton<br />

chemin sans te soucier du regard des autres, car il pourrait être une<br />

gêne dans ta quête intérieure… Tu n’as pas besoin des autres pour<br />

exister. »<br />

Castor: Ouais, c’est bon ça , faut le garder!<br />

Bagou : C’est fort ! ( à lui-même) Tu n’as pas besoin des autres pour<br />

exister… Finalement, pour un prophète tu n’es pas mal du tout !<br />

Castor: Si on faisait une pause, après toutes ces émotions?


Bagou: Bonne idée!<br />

<strong>DANS</strong> <strong>LES</strong> REG<strong>LES</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'ART</strong><br />

Castor : (Sort de son sac une bouteille et deux verres) Un petit verre, rien de<br />

tel pour vous requinquer. Tiens, à la tienne !<br />

Bagou : ( moqueur) Oh ! Oh ! Miracle ! Son vin s’est changé en eau ! !<br />

Castor : On ne s’emballe pas, ce n’est que du vin blanc, d’accord !<br />

Bagou : Oui, bon, c’était pour détendre l’atmosphère.<br />

Castor : Tu vois bien qu’on a besoin d’une pause… Pour un dieu, tu<br />

n’es pas très … !<br />

Bagou : Attention, ne blasphème pas, je pourrais me fâcher !<br />

Castor : Pardon, pardon, je retire ce que j’ai dit.<br />

Castor : (examinant Bagou de bas en haut) Non, ça va pas, non, mais alors,<br />

pas du tout !<br />

Bagou : Tu as une drôle de façon de me regarder !<br />

Castor : C’est… comment dire…ton accoutrement !<br />

Bagou : Mon accout… qu’est-ce que j’ai donc?<br />

Castor : Non, tu vas te fâcher !<br />

Bagou : Maintenant, tu en as trop dit !<br />

Castor : Ben, je n’y connais pas grand-chose, mais je trouve que pour<br />

un dieu, tes habits ne sont pas très adaptés, pas très class !<br />

Bagou : Pas très class ! Pas très class !<br />

Castor : Je veux dire par-là, que pour un dieu, il me semble qu’il<br />

faudrait une tenue plus…<br />

Bagou : Ignare, tu crois que le paraître a vraiment quelque chose à voir<br />

là dedans ? C’est la profondeur d’âme, le message, qui comptent…<br />

Castor : Justement ! Bon les habits, passe encore, mais le message ?<br />

Bagou : Voilà, j’en étais sûr, on a plus confiance. Monsieur a besoin de<br />

faits ! Monsieur veut peut-être que je vole, que je supprime la faim dans<br />

le monde ?<br />

( illuminé) Tu perds la raison ! A genoux, à genoux te dis-je et fais-moi<br />

trois tours de scène, allez !<br />

Ou sinon je te fais manger un hamburger génétiquement modifié.<br />

Castor : Non ! Pas ça !


<strong>DANS</strong> <strong>LES</strong> REG<strong>LES</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'ART</strong><br />

Bagou : Décidément, les prophètes ne sont plus ce qu’ils étaient.<br />

Evidemment, plus personne ne se préoccupe de personne. Chacun est<br />

devant sa télé, avec son portable, dans son ordinateur. Alors, le jour où<br />

l’on a la chance, unique, de croiser sur son chemin une divinité<br />

suprême, un être exceptionnel, un dieu merde, on n’est pas foutu de le<br />

reconnaître !<br />

Castor : Oh, divin Bagou, ne te mets pas dans une telle ire.<br />

Bagou : Comment ça, je délire ?<br />

Castor : Mais non, dans une telle ire, une telle colère !<br />

Bagou : Il y a de quoi non ?<br />

Castor : Dès demain, j’irai prophétiser, débarrassé de tous mes biens<br />

matériels. Je parlerai à mon voisin, je lui dirai combien tu es grand,<br />

combien il faut être généreux .<br />

Bagou : Voilà enfin que tu deviens raisonnable, mon Castor, tu vois<br />

quand tu veux ?<br />

Castor : Je me suis égaré, pardon.<br />

Bagou : Et en plus, nous tenons notre 3 ème pro…phé…tie !<br />

Castor : Attends, ne me dis pas. (Monte sur le banc à son tour) Et il a<br />

rajouté : « Si tu veux parler à ton voisin, jette ta télé… (Regard sur Bagou)<br />

et aussi ton portable… (regard sur Bagou) et ta radio… »<br />

Bagou : De la profondeur, nom de moi ! De la profondeur !<br />

Castor : Attends, attends, j’y suis. Débarrasse-toi de tous ces artifices<br />

qui t’entourent et qui ne font que t’isoler dans ta bulle, dans ton cocon.<br />

Dénude ton âme, sors de ta chrysalide et présente-toi pur devant lui.<br />

Alors tu redeviendras le bébé innocent accroché au sein maternel,<br />

symbolique du cordon ombil…<br />

Bagou : Bon ça va, ça va, faut pas exagérer non plus !<br />

Castor : Alors, c’est pas un prophète ça ?<br />

Bagou : Là, je pense que tu as franchi un seuil important mon grand.<br />

Castor : (Toujours en avant scène, charmant le public) La résurgence des<br />

consciences passe nécessairement par l’abolition de tout carcan<br />

matérialiste. Oublie tes certitudes. Accepte-toi tel que tu es.<br />

Bagou : C’est très bien, mais il ne faudrait pas inverser les rôles. C’est<br />

tout de même moi la divinité dans l’histoire !


<strong>DANS</strong> <strong>LES</strong> REG<strong>LES</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'ART</strong><br />

Castor : Quel rôle ! Quelle divinité ! Mais non grâce à toi j’ai ouvert les<br />

yeux. Jusqu'à présent, ma vie était d’une banalité, d’une mièvrerie.<br />

L’avenir s’ouvre devant nous, fini de ramer. On va s’occuper des<br />

autres. Imagine, on met en commun nos compétences et on monte une<br />

affaire dans laquelle on propose des stages de remise en question, de<br />

connaissance de soi, c’est très à la mode en ce moment.<br />

Bagou : Des stages de remise en question ?<br />

Castor : Fais moi confiance, toi, tu seras le maître spirituel, le gourou,<br />

(tout en sortant) moi je me charge des relations publiques, de ramener du<br />

monde, tu verras, je suis sur qu’on a un bon coup à jouer. Il suffit de…<br />

Ils sortent


<strong>DANS</strong> <strong>LES</strong> REG<strong>LES</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'ART</strong><br />

Scène 2<br />

Bagou, Castor, M. Lui, E. Teufer<br />

Dans le noir, on installe un gros rocher rond.<br />

Bagou et Castor entrent. Bagou s’assoie en tailleur sur un cube, il fait<br />

semblant de méditer, Castor accroche des panneaux et guette<br />

l’arrivée de « clients »potentiels. Eva Teufer et Monsieur Lui entrent, ils<br />

lisent les informations sur les panneaux.<br />

Castor : Approchez, approchez braves gens, soyez les bienvenus…<br />

Peut-être vous laisserez-vous tenter par une de nos activités : le stage<br />

de lévitation. Ou bien l’un d’entre vous sera-t-il attiré par le stage<br />

Diogène : nu dans un tonneau pendant une semaine. Ou alors le stage<br />

Hindou Plus : nous combinons la planche à clous et la marche sur les<br />

braises, et pour un Euro de plus nous vous garantissons la turista.<br />

Monsieur, une petite semaine cloué sur la croix, qu’en dites-vous ?<br />

E. Teufer : (à Bagou) Bonjour monsieur, vous vous souvenez de moi,<br />

l’autre jour dans la rue… la Joconde !<br />

Castor : Il ne vous entend pas mademoiselle, il est en pleine<br />

méditation. Mais peut-être pourrai-je vous conseiller, vous guider ?<br />

E. Teufer : C’est tellement original tous ces trucs que vous proposez !<br />

Même que certains, je ne sais même pas ce que ça veut dire. Mais<br />

l’inconnu, c’est tellement excitant. Qu’est-ce que vous me conseillez ?<br />

J’avoue que pour ma part personnelle, je suis tentée par tout.<br />

Castor : Je dois dire que, moi aussi, je suis tenté par tout.<br />

Bagou : Hum ! Hum !<br />

M. Lui : (à Eva) Vous allez voir qu’il va vous faire prendre le tout, c’est<br />

toujours ça de gagné. Ces gens là ne m’inspirent pas confiance.<br />

Castor : Pour Monsieur, je suggère un petit voyage dans sa<br />

conscience, cela me paraît tout indiqué. Vous verrez, on se sent autre,<br />

soulagé d’un poids qui semble vous ronger. On va libérer votre<br />

richesse… intérieure.<br />

Quant à vous, ma chère, essayez pour commencer un stage d’initiation<br />

aux miracles. Vous vous découvrirez des pouvoirs jusqu’alors<br />

insoupçonnés… bien que vous en maîtrisiez déjà quelques uns ! Nous<br />

y trouverons …vous y trouverez…plein de satisfactions personnelles.<br />

E.Teufer : Un stage miracles ??<br />

M. Lui : Tiens donc, pendant que vous y serez, faites-le donc<br />

disparaître, on ne sait jamais, des fois que ça marche !<br />

Castor : Monsieur a de l’humour ! Monsieur veut aussi un conseil<br />

personnalisé ?<br />

Je vois très bien ce qu’il vous faut :- Une semaine, cloué sur une croix,<br />

croix que vous fabriquerez vous-même lors du stage menuiserie :<br />

peuplier, chêne, noyer…au choix, et si les activités manuelles vous


<strong>DANS</strong> <strong>LES</strong> REG<strong>LES</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'ART</strong><br />

plaisent, on vous propose de forger vous-même les clous. Trois<br />

activités différentes pour le prix d’une, vous pourrez même conserver la<br />

croix, en souvenir. De plus, je vous fais une ristourne de 5% pour la<br />

totalité.<br />

M. Lui : Une semaine… sans manger ?<br />

Castor : Juste du pain et de l’eau. <strong>Le</strong> soir, nous inclinons la croix pour<br />

faciliter le sommeil. Pour ce qui est des clous, ils sont traités, donc<br />

aucun risque d’infection. <strong>Le</strong> plus difficile est de traverser la main en<br />

évitant l’os. Voyez-vous, une fois que le trou est fait, on ne sent plus<br />

rien n’est-ce pas. Et à l’aube du septième jour, on vous libère.<br />

M. Lui : Mais ça laisse des cicatrices !<br />

Castor : C’est sûr, si monsieur est douillet ! Si vous préférez, nous<br />

avons un stage Sisyphe. Un rocher de 500 kilos…<br />

M. Lui : Ca va très bien comme ça merci, je m’en vais. Vous venez ma<br />

Castor vient solliciter Bagou. Celui-ci se lève<br />

Castor : (s’agenouille) Ah ! <strong>Le</strong> grand maître est revenu parmi nous !<br />

Alléluia ! Oh Brahma ! Acunamatata !<br />

Bagou : Je vois que Monsieur a de réels problèmes. Monsieur aurait<br />

peur d’être confronté à sa propre conscience ?<br />

M. Lui : Pas du tout, j’ai simplement des doutes sur vos méthodes.<br />

Bagou : L’expérience que nous vous proposons est des plus<br />

sérieuses. Nos méthodes de travail sont tout à fait naturelles et<br />

sophrologiquement parlant, aux normes européennes. <strong>Le</strong>s plus<br />

sceptiques en sont ressortis transformés, croyez-moi.<br />

Grâce à mes pouvoirs, je vous ouvrirai les portes de votre, non pas<br />

in…non pas sub… mais intra-conscience ! N’entendez-vous pas dans<br />

conscience, le mot science… Essayez donc ce voyage intraconscience,<br />

qu’est-ce que vous risquez !<br />

E. Teufer : Allons mon ami, un peu de courage ! Puisqu’on vous dit<br />

qu’il n’y a aucun risque !<br />

M. Lui : C’est pour vous, que je vais le faire, pour vous prouver à quel<br />

point je vous… apprécie.<br />

E. Teufer : Je suis très touchée mon cher !<br />

M. Lui : Mais expliquez-moi, comment est-ce que l’on revient de ce…<br />

voyage ?<br />

Castor : Mais le plus naturellement du monde mon cher, comme d’un<br />

rêve.


<strong>DANS</strong> <strong>LES</strong> REG<strong>LES</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'ART</strong><br />

(à Eva) Venez avec moi ma chère, laissons-les, il leur faut le plus grand<br />

clame.<br />

Castor et Eva sortent<br />

Bagou : (mets un bandeau sur les yeux de Lui) Tout va bien se passer. Vous<br />

verrez, après, vous nous remercierez... Prenez conscience que pour la<br />

première fois, vous allez être en présence de votre moi intérieur.


Scène 3<br />

Bagou, M. Lui, Castor<br />

<strong>DANS</strong> <strong>LES</strong> REG<strong>LES</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'ART</strong><br />

Bagou: (prend une « voix de conscience ») Enfin!... Tu en auras mis du<br />

temps! Pensais-tu que j’étais si mauvaise que ça, pour ne jamais me<br />

solliciter ?<br />

M. Lui : C’est que…<br />

Bagou: Quoi, tu es surpris ? …Tu ne connais pas le son de la voix de<br />

ta conscience. Evidemment, tu ne m’as jamais consultée !<br />

M. Lui : Oui mais, je ne m’attendais pas…<br />

Bagou: Il ne s’attendait pas ! Inconscient ! Inconscient !…Jamais de<br />

remise en question, on vit sur les acquis, on pense détenir la vérité, on<br />

est impulsif … Mais regarde-toi, comment veux-tu que je sois<br />

tranquille ?<br />

M. Lui : En voilà assez à la fin ! Tu n’existes que parce que j’existe ! …<br />

Oh, je devine à ton silence que tu aurais des choses à me reprocher,<br />

mais à qui la faute ? Si tu n’étais pas là, à me surveiller en<br />

permanence, à devancer mes moindres faits et gestes, peut-être que<br />

j’aurais moins de difficultés pour m’affirmer... J’aimerais te voir avec<br />

une conscience qui serait là, à te surveiller en permanence.<br />

Bagou: Une inspection générale des consciences en quelque sorte,<br />

n’importe quoi ! Dis toi bien que si je ne prenais pas d’initiatives de<br />

temps en temps, tu serais dans un état pitoyable mon cher. Mais c’est<br />

très bien que tu me poses toutes ces questions, c’est la première<br />

étape… la prise.<br />

M. Lui : La prise ?<br />

Bagou: De conscience !<br />

M. Lui : De toutes façons, je n’ai rien à me reprocher.<br />

Bagou: Oh ! Je me sens mal !<br />

M. Lui : J’ai toujours été honnête avec moi-même.<br />

Bagou: Je tressaille !<br />

M. Lui : Je n’ai jamais eu de doutes sur ma façon de penser.<br />

Bagou: Je vais gerber !<br />

M. Lui : Comment ça !<br />

Bagou: Mais arrête de te voiler la face ! Tu es macho, égoïste,<br />

misanthrope et radin… Maintenant, si tu veux réellement me libérer, me


<strong>DANS</strong> <strong>LES</strong> REG<strong>LES</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'ART</strong><br />

laver de toutes ces impuretés, afin d’avoir une confiance absolue en<br />

toi, débarrasse toi de tous tes biens, jette-les là, devant toi.<br />

M. Lui : C’est symbolique, comme chez le psy. ?<br />

Bagou : Oui, c’est cela même, après, tu te sentiras libéré. Allez !... Et<br />

pense à la petite Eva qui sera fière de toi… Vas-y, persiste, prouve que<br />

tu existes ! Eva! Hummm ! Eva !<br />

M. Lui : D’accord… Pour te prouver ma bonne foi…<br />

(Il jette, non sans hésiter, sa bourse, ses bijoux, sa montre)<br />

C’est drôle, je me sens déjà mieux ! Tu avais raison, j’ai l’impression de<br />

mieux me connaître…<br />

Bagou : Nom de moi, Castor ! Castor , viens voir !<br />

M. Lui : ( enlève sa cagoule) Mais… Tu s’êtes… Tu n’étions pas ! A moi !<br />

Au voleur ! Mon argent ! On m’assassinâte, on me volons ma bourse !<br />

Bagou sort de scène, poursuivi par Lui. Castor entre<br />

________________________________<br />

Castor : Bagou ! Bagou ! (il entre) Regarde ça.<br />

Bagou : C’est quoi ?<br />

Castor : Je crois que ce sont des emprunts russes !<br />

Bagou : Mais ça n’a aucune valeur marchande, idiot ! C’est tout ce que<br />

tu as trouvé ?<br />

Castor : Ça va hein, on ne peut pas dénicher le gros lot à chaque<br />

coup!<br />

Bagou : (fouillant dans le sac de Castor) C’est tout ce que tu as ? Et ça, c’est<br />

quoi ? (Il sort un tableau) Nom de moi ! Un Dumesnilovski.<br />

Castor : Ah ! Mais ça vaut quelque chose, il est connu ce Dumesni…<br />

machin ?<br />

Bagou : Quoi, tu ne le connais pas ? C’est un peintre Toulousain, je<br />

crois même qu’il était copain avec Picasso.<br />

Castor : Picasso ! On a touché le jackpot alors !<br />

Ils sortent.


Scène 4<br />

Castor, E. Teufer, Bagou<br />

Castor entre avec Eva.<br />

<strong>DANS</strong> <strong>LES</strong> REG<strong>LES</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'ART</strong><br />

Castor : A nous, très chère. Où en étions-nous ?<br />

E. Teufer : Vous proposiez de me faire faire des miracles.<br />

Castor : Oui, des miracles ! Dites-moi.… sans gêne... nous sommes<br />

seuls… personne ne nous écoute… vous pouvez parler librement…<br />

E. Teufer : Oh, vous me troublez de parler de cette façon ! C’est pour<br />

me mettre dans l’ambiance, c’est le stage qui a commencé ? Je n’ai<br />

pas encore dit oui, vous savez !<br />

Castor : Non, pas du tout. Je veux que vous me répondiez<br />

sincèrement, sans détourner le regard.<br />

E. Teufer : Je ne vais pas tourner de l’œil, vous savez !<br />

Castor : Non, je voudrais, simplement, que vous me disiez, quelles<br />

sont vos envies les plus folles, les plus inimaginables, les plus<br />

inavouables.<br />

E. Teufer : Ah c’est ça ! Et bien… j’aimerais…avoir une photo<br />

dédicacée de George Cloné et aussi de Brave Pitt.<br />

Castor : C’est tout !<br />

E. Teufer : Oh … ce n’est déjà pas si mal !<br />

Castor : Mais là, on reste dans le domaine du possible, du réalisable…<br />

moi je vous demande quelque chose qui vous paraît complètement fou,<br />

de l’ordre …du fantasme !<br />

E. Teufer : Vous voulez dire un truc du genre à passer une nuit avec<br />

Brave ou George ?<br />

Castor : Pourquoi pas les deux ?<br />

E. Teufer : <strong>Le</strong>s deux ? Mais ce serait un miracle ça !<br />

Castor : Vous avez dit le mot « miracle ». Et c’est là que nous<br />

intervenons !<br />

E. Teufer : Ne me dites pas que c’est possible ! Que vous allez me<br />

faire rencontrer George et Brave ! Il faut que je me change d’abord, …<br />

et ma coiffure !<br />

Castor : Pas d’affolement. Il y a un minimum de préparation, on n’y<br />

arrive pas comme ça, d’un coup de baguette magique! Dans un<br />

premier temps, je voudrais savoir combien vous seriez prête à y<br />

mettre ?


<strong>DANS</strong> <strong>LES</strong> REG<strong>LES</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'ART</strong><br />

E. Teufer : Vous savez, j’ai toute l’après-midi de libre, même plus, s’il<br />

faut.<br />

Castor : Non, je veux dire à investir.<br />

E. Teufer : Oh, je peux m’investir à fond vous savez !<br />

Castor : (à lui-même) Mais quelle est conne !<br />

E. Teufer : Hein! Quoi !<br />

Castor : Ça ne fait rien, on verra plus tard. Si nous allions nous<br />

préparer ?<br />

E. Teufer : Vraiment, vous pensez que ce sera possible, les deux en<br />

même temps ?<br />

Castor : Bien sûr, vous verrez, ayez confiance. (Ils sortent)<br />

Dans la pénombre, Bagou et Castor reviennent sur scène. Castor porte<br />

un sac dans lequel se trouvent des objets de valeur, objets qu’il a volé<br />

chez M. Plouk.<br />

Castor : Regarde ce que j’ai trouvé dans la maison du crucifié.<br />

Bagou : C’est bien, ainsi en revenant chez lui, il retrouvera la paix …<br />

intérieure, Ah ! Ah! Ah !<br />

Castor : Oui, c’est bien la seule chose qu’il va retrouver. Ah !!<br />

Bagou : Et il pourra se consacrer à son esprit et à son corps.<br />

Castor : A son esprit je sais pas, mais à son corps sûrement, avec les<br />

stigmates qu’il a aux mains et aux pieds !<br />

Bagou : Ce sont des souffrances nécessaires, purificatrices.<br />

Castor : A lui la croix, à nous la bannière. Ah ! Ah ! Ah !<br />

(Ils sortent)


Scène 5<br />

Bagou, Jourdain, Castor<br />

<strong>DANS</strong> <strong>LES</strong> REG<strong>LES</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'ART</strong><br />

Bagou est en scène. Monsieur Jourdain entre en scène, un prospectus<br />

à la main. Bagou le suit et le surprend<br />

Bagou : Bonjour monsieur !<br />

M. Jourdain : Ah ! Bonjour mon brave ! …Afin qu’il n’y ait pas de<br />

malentendus, je vous explique le pourquoi de ma venue. Voyez-vous,<br />

c’est maman, elle est tombée…<br />

Bagou : Oh !<br />

Jourdain : Sur un de vos fascicules.<br />

Bagou : Ah !<br />

Jourdain : Et m’a suggéré de venir vous voir. J’en ai tout d’abord parlé<br />

à mon psy, lequel m’a dit que cela pourrait me faire le plus grand bien.<br />

Et comme je suis bon prince, me voilà.<br />

Bagou : Vous avez très bien fait Monseigneur !<br />

M. Jourdain : Monseigneur, (Au public) il m’a appelé Monseigneur !<br />

Bagou : Si je comprends bien, son Altesse, serait tentée par une de<br />

nos activités ?<br />

M. Jourdain : (Au public) Son Altesse, il m’a appelé son Altesse ! …Une<br />

de vos activités, oui, mais encore?<br />

Bagou : Eh bien, nous avons le choix… Mais je vous observe et je<br />

constate que vous avez la Sisyphe attitude. ( corrélation avec le ventre rond<br />

de Jourdain et le rocher)<br />

M. Jourdain : Vous m’en direz tant, qui est donc ce Sisyphe?<br />

Bagou : Était… Sisyphe était un seigneur de la Grèce antique.<br />

M. Jourdain : Un grec !<br />

Bagou : Un seigneur. Seulement, il n’en faisait qu’à sa tête.<br />

M. Jourdain : C’est tout moi ça, maman dit toujours que je ne l’écoute<br />

pas !<br />

Bagou : Ah, vous voyez ! Afin de le ramener sur le droit chemin, les<br />

dieux lui imposèrent une tâche Titanesque, digne du grand seigneur<br />

qu’il était.<br />

Jourdain : Vous m’émoustillez !


<strong>DANS</strong> <strong>LES</strong> REG<strong>LES</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'ART</strong><br />

Bagou : Une épreuve qui lui permettrait de canaliser son énergie et de<br />

se surpasser, si vous voyez !<br />

Jourdain : …Pas du tout !<br />

Bagou : Et bien…vous allez comprendre. Regardez ceci, vous allez me<br />

dire que ce n’est qu’un modeste caillou, rond certes, mais caillou.<br />

M. Jourdain : En effet, peut-être pourrait-on, sans prendre de risques<br />

inconsidérés, l’appeler aussi une pierre !<br />

Bagou : Je vois que votre Grâce est un fin connaisseur !<br />

M. Jourdain : Amateur éclairé tout au plus. Mais, que fait-on de cette<br />

pierre ?<br />

Bagou : Ecoutez, le mieux est d’essayer. Et si cela sied à votre<br />

Grandeur, une de vos bourses que vous avez là, sera votre contribution<br />

à l’exercice.<br />

Jourdain : Si un seigneur grec l’a fait ! Pour une bourse aussi ?<br />

Bagou : Tout d’abord, mettons-nous à l’aise. Donnez moi votre veste,<br />

et tout ce qui pourrait vous embarrasser.<br />

M. Jourdain : ( il lui donne ses bourses) Attention elles sont pleines. Je<br />

suis tout excité. Vous pensez vraiment que je peux… ( à lui-même)<br />

Apprendre à se surpasser, c’est fou non !<br />

Bagou: Bien, maintenant concentrez vous.<br />

M. Jourdain : Oh, comme cela est passionnant !<br />

Bagou : Reculez… encore… encore…stop ! Tournez… stop.<br />

M. Jourdain : Comme cela est exaltant !<br />

Bagou : Vous allez tendre votre bras droit afin d’aller le poser sur le<br />

sommet du rocher.<br />

Jourdain : Comme ça ?<br />

Bagou : Très bien. Maintenant votre main gauche. Vous la laissez<br />

glisser le long de votre corps jusqu'à atteindre la paroi du rocher.<br />

Jourdain : Encore ?<br />

Bagou : Oui !<br />

Jourdain : Encore ?<br />

Bagou : Oui !


Jourdain : Et là ?<br />

Bagou : Là !<br />

Jourdain : Et là ?<br />

Bagou : Là !…doucement…Là !<br />

Jourdain : C’est l’extase !<br />

<strong>DANS</strong> <strong>LES</strong> REG<strong>LES</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'ART</strong><br />

Bagou : Ensuite, contractez tous vos muscles.<br />

M. Jourdain : Comme cela est enivrant !<br />

Bagou : Vous apprenez très vite.<br />

M. Jourdain : Oh ! Comme cela est palpitant !<br />

Bagou : Vous pouvez constater que votre jambe gauche vient<br />

automatiquement se positionner…à sa place.<br />

M. Jourdain : C’est ma foi vrai ! Comme cela est jubilatoire. Et<br />

maintenant ?<br />

Bagou : Imaginez que c’est un nuage de fumée que vous avez là<br />

devant vous, à la place de ce rocher.<br />

M. Jourdain : Comme cela est cocasse et fort judicieux!<br />

Bagou : Bon, attention de ne pas vous relâcher, le rocher pourrait vous<br />

rouler dessus. Je viendrais chercher votre Seigneurie dans une paire<br />

d’heures. C’est bien. Un nuage, c’est un nuage, continuez et bon<br />

courage. (il se met à l’écart pendant que Jourdain continue de faire rouler le rocher )<br />

M. Jourdain : Merci mon brave, merci de m’encourager. Quand je vais<br />

raconter cela à maman, elle n’en reviendra pas. (Il s’affaire à son rocher et<br />

sort lentement, en fond de scène. La lumière baisse)<br />

.<br />

____________________________<br />

Dans la pénombre, Bagou et Castor reviennent sur scène.<br />

Bagou : Alors Castor, as-tu trouvé chez notre précieux quelque chose<br />

d’intéressant?<br />

Castor : Au-delà de mes espérances, regarde ! (Il sort un manuscrit)<br />

Bagou : C’est quoi ?<br />

Castor : Tiens-toi bien, une lettre de Molière adressée à Monsieur<br />

Victor Hugo en personne.


<strong>DANS</strong> <strong>LES</strong> REG<strong>LES</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'ART</strong><br />

Bagou : Je veux bien croire que la poste peut faire des miracles mais<br />

là ça dépasse l’entendement, c’est complètement crétin !<br />

Castor : Justement ! C’est pour ça qu’elle a de la valeur, parce que<br />

c’est impossible ! C’est comme à la télévision, plus c’est crétin, plus ça<br />

marche.<br />

Bagou : Tout de même, une lettre…<br />

( ils sortent)


<strong>DANS</strong> <strong>LES</strong> REG<strong>LES</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'ART</strong><br />

Scène 6<br />

Changement de décors, préparation du tribunal.<br />

Pendant ce temps en voix off.<br />

Voix : On les a rattrapés à la sortie du village.<br />

Voix : Laissez-les-nous, messieurs les gendarmes, on va s’en occuper<br />

à notre façon !<br />

Voix : Celui-là, je le reconnais, il a tout volé chez moi !<br />

Voix : Moi je les reconnais tous les deux !<br />

Voix : Brigadier, passez-leur les menottes et embarquez-les !<br />

Voix : Il faut les pendre !<br />

Voix : Plutôt la chaise électrique !<br />

Voix : Oui, ils ne méritent pas de vivre. Quel exemple pour la<br />

jeunesse !<br />

Voix : Abuser ainsi de braves gens, c’est honteux !<br />

Voix : Allez ! Allez ! Circulez messieurs dames, il y aura un procès et<br />

justice sera faite.<br />

Voix : Justice ! Justice! Tu parles !


Scène 7<br />

<strong>DANS</strong> <strong>LES</strong> REG<strong>LES</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'ART</strong><br />

Bagou, Castor, M. Jourdain, La Présidente, <strong>Le</strong>colar, Laberge,<br />

Présidente : Mesdames et messieurs les jurés, messieurs les avocats,<br />

vous pouvez vous asseoir. <strong>Le</strong>s deux énergumènes qui vont être jugés<br />

aujourd’hui, monsieur Bagou et monsieur Castor, sont accusés de faits<br />

abominables. Maître Laberge, avocat de la partie civile, va nous<br />

énumérer les dits faits. Non pas qu’il y en ait dix, mais… enfin<br />

passons… Maître Laberge, nous vous écoutons.<br />

Laberge : Arnaque, abus de bien moral, viol avec pénét…péné…<br />

préméditation, port illégal de conscience, faux et usage de faux, vol,<br />

corruption, usurpation d’identité.<br />

Présidente : Merci Maître. A sa droite, Maître <strong>Le</strong>colar, toque blanche,<br />

casaque noire, assurera la défense.<br />

<strong>Le</strong>colar : Objection, votre Honneur !<br />

Présidente : Oui ! (Au public, désolé) … C’est sa première affaire… Bien,<br />

nous allons entendre les différentes victimes de l’affaire.


<strong>DANS</strong> <strong>LES</strong> REG<strong>LES</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'ART</strong><br />

Scène 8<br />

Bagou, Castor, la Présidente, Laberge, <strong>Le</strong>colar, M. Plouk.<br />

Présidente: Nous appelons à la barre M. Plouk ! (Fort) Monsieur<br />

Plouk !!!<br />

(Lorsqu’il entre, tous les personnages ont un haut-le coeur .Il a les pieds et les mains<br />

bandés ainsi que la tète. A une des mains il reste un clou planté.)<br />

M. Plouk : (Il s’avance jusqu'à la barre en gémissant) Ahhh !!<br />

Présidente : C’est dégoûtant! Veuillez décliner votre identité !<br />

M. Plouk : Plou.k.k.k!!!<br />

Tous: Beurk!!<br />

M. Plouk: Noooon, Plou.k.k!<br />

Tous: Beurk!!<br />

Présidente: M. Plou.k.k.k, jurez-vous de dire toute la vérité, rien que la<br />

vérité, giflez vous et dites je le jure.<br />

M. Plouk : (Se gifle et pousse un cri déchirant) Ahhhhhh !!<br />

Tous : Beurk !!!<br />

Présidente: Nous vous écoutons M. Plouk.k.k !<br />

M. Plouk entame son témoignage en grommelant, en faisant des<br />

gestes, en poussant des cris, en mimant. De temps en temps, les juges<br />

et le président font des interventions d’approbation, d’étonnement ou<br />

de dégoût. Au bout d’un moment, le témoin avance en avant- scène,<br />

montre ses mains puis reste les bras écartés.<br />

Présidente: Vous avez autre chose à rajouter ?<br />

M. Plouk : Hon !<br />

Présidente : Maître <strong>Le</strong>colar, pas de contravention, de contestation, de<br />

consternation ?<br />

<strong>Le</strong>colar : Contradiction Votre Honneur!!<br />

Présidente : Contradiction, oui ! C’est bien aussi, mon petit. C’est fou<br />

ce que l’on peut apprendre en fac de droit !... Maître Laberge ?<br />

Laberge: Je dois dire, messieurs les jurés, que ce témoignage est on<br />

ne peut plus accablant, Cornemolle !<br />

Présidente : (Frappe avec son marteau) Bien, vous pouvez vous retirer,<br />

monsieur Plouk. (il sort)


<strong>DANS</strong> <strong>LES</strong> REG<strong>LES</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'ART</strong><br />

Scène 9<br />

Bagou, Castor, la Présidente, Laberge, <strong>Le</strong>colar, Jourdain<br />

Présidente :J’appelle à la barre M. Jourdain. (Fort) Monsieur Jourdain !<br />

(Mr Jourdain entre)<br />

Monsieur, veuillez décliner votre identité et jurer de dire toute la vérité,<br />

rien que la vérité, giflez vous, juste une tapette, et dites je le jure.<br />

M. Jourdain : Je le jure, je me nomme M. Jourd…<br />

Laberge : Objection votre honneur ! (à <strong>Le</strong>colar) Et oui, moi aussi,<br />

Cornemolle, je peux dire objection votre honneur ! Monsieur Jourdain,<br />

si vous voulez bien approcher. (Il s’approche, Laberge lui prend la main et le<br />

gifle)<br />

M. Jourdain : Ah ! Mais ça fait mal !<br />

Laberge : Respectons la procédure ! N’ai-je pas raison votre<br />

honneur ?<br />

Présidente : Assurément maître ! Assurément ! Nous vous écoutons<br />

monsieur Jourdain.<br />

M. Jourdain : Je suis chercheur, en recherche de quelque chose. Eh<br />

bien, tout a commencé le samedi 1 er avril, voyez-vous. Je sortais de<br />

chez mon psy, pas très satisfait de la séance. En effet cela fait 15 ans<br />

que je suis en analyse. Voyez-vous...<br />

Présidente: (coup de marteau) <strong>Le</strong>s faits, monsieur Jourdain, tenez-vous<br />

en aux faits.<br />

M. Jourdain : Aux faits, oui. C’est maman qui, ayant été informée des<br />

activités de ces messieurs , m’a conseillé d’aller voir mon psy lequel<br />

m’a dit que de toute façon je ne risquais rien. (désignant Bagou) Lui, il a<br />

vu que j’étais dans un état de trouble intense, alors il m’a proposé de<br />

me libérer de mes angoisses. Dans un premier temps, cela m’a paru<br />

incongru, mais mon désarroi étant au plus bas… (à la présidente) Voyezvous<br />

mon psy trouve que… (coup de marteau) oui, les faits ! Ce monsieur<br />

étant très persuasif, je me suis laissé tenter. Après m’avoir soulagé de<br />

ma veste et de mes bourses, je dois dire que je commençais à<br />

m’identifier à ce grec voyez-vous, ce Sisyphe.<br />

Laberge : Votre honneur , si vous permettez ? Monsieur Jourdain,<br />

approchez., approchez ! Faites comme nous avons convenu,<br />

Cornemolle, n’étalez pas vos états d’âme, vous allez ennuyer la<br />

Présidente, juste les faits.<br />

M. Jourdain : (revient à la barre) <strong>Le</strong>s faits, oui. Donc, le but de l’exercice<br />

était de faire rouler un énorme rocher, d’où le rapport avec Sisyphe… le<br />

grec !… Je lui ai dit que jamais je ne parviendrais à donner le moindre<br />

mouvement à ce caillou !! Mais justement, le but était de se surpasser.


<strong>DANS</strong> <strong>LES</strong> REG<strong>LES</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'ART</strong><br />

Avec de la bonne volonté et un minimum de technique… j’ai pratiqué le<br />

judo étant jeune (coup de marteau) …oui les faits…<br />

Donc je me suis lancé dans cette folle aventure. Mon psy m’a toujours<br />

dit qu’avec …<br />

Laberge : <strong>Le</strong>s faits ! Cornemolle de foutre bite !!<br />

M. Jourdain : Bien sûr, les faits ! Au bout de trois heures, ne voyant<br />

personne, je me suis écrié : « Ohé, quelqu’un ? »… Pas de réponse!<br />

<strong>Le</strong> fait est que lorsque je suis revenu au point de départ, mes affaires<br />

et ce monsieur avaient disparus.<br />

Présidente : Ah! Tout de même !<br />

M. Jourdain : J’ai alors soupçonné une entourloupe . Je me suis<br />

précipité chez moi, tout avait disparu, ma maison avait été entièrement<br />

vidée.<br />

Présidente : Evidemment, et là, le doute devient certitude!<br />

<strong>Le</strong>colar: Tractation votre honneur ! M. Jourdain, comment pouvez-vous<br />

affirmer que les auteurs de ce vol sont bien les accusés ?<br />

Présidente : Excellent maître, très bien !<br />

<strong>Le</strong>colar : J’ai bon là ?<br />

M. Jourdain : Et bien, j’ai trouvé ceci dans ma chambre.( il sort de sa<br />

poche) Un prospectus sur lequel il y a leur photo respective.<br />

Laberge : Cornemolle! Voilà qui est accablant ! N’est-ce pas Votre<br />

Honneur ? Montrez -nous ce prospectus ! (Jourdain vient montrer le<br />

prospectus)… Il n’y a pas le moindre doute, la ressemblance est des plus<br />

ressemblante.<br />

Présidente : Assurément Maître. Mais, n’est-ce pas le propre de la<br />

ressemblance que de ressembler, de la malvoyance que de mal voir<br />

ainsi que la sentence de … sentir ?<br />

<strong>Le</strong>colar : Obstruction Votre Honneur ! La sentence est capitale !<br />

Présidente : Oui, bien sûr mon petit, Paris aussi est capitale. De même<br />

que Londres, Madrid, Tokyo ! Bien, nous inscrivons cet élément<br />

comme pièce à conviction n°1.<br />

Monsieur Jourdain, vous avez autre chose à rajouter M. Jourdain ?<br />

M. Jourdain : Oui, je voudrais signaler à ces messieurs que, dans la<br />

précipitation, j’ai dû laisser le rocher à… (coup de marteau)<br />

Présidente : Merci M. Jourdain, merci, vous pouvez vous retirer, et<br />

sans commentaires s’il vous plaît ! Passons au témoin suivant.


<strong>DANS</strong> <strong>LES</strong> REG<strong>LES</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'ART</strong><br />

Scène 10<br />

Bagou, Castor, La Présidente, Laberge, <strong>Le</strong>colar, Eva Teufer.<br />

Présidente: J’appelle à la barre Mme Teufer Eva. (Fort) Eva Teufer !!<br />

E. Teufer : Mademoiselle !<br />

Présidente: Mlle Eva Teufer, jurez-vous de dire toute la vérité, rien<br />

que la vérité, giflez vous et dites je le jure.<br />

E. Teufer : Paff !! Je le jure, aïe ! Je m’appelle Eva Teufer, et je ne fais<br />

rien.<br />

Présidente: Mademoiselle, nous vous écoutons.<br />

E. Teufer : Eh bien tout a commencé le même jour que le monsieur qui<br />

vient de témoigner, Madame la Justice.<br />

Présidente : La Présidente, appelez moi Madame la Présidente!<br />

E. Teufer : Ah bon ! Mais, je croyais…<br />

Présidente : Enfin passons. Revenons à l’affaire qui nous intéresse, si<br />

vous le voulez bien !<br />

E. Teufer : Oui, alors je me promenais ce samedi là, lorsqu’au détour<br />

d’une rue, rue de la Bécasse je me souviens, je me suis retrouvée nez<br />

à nez avec ce monsieur-là …(Désignant Bagou) Il m’a tapé dans l’œil<br />

en quelque sorte. Il m’a dit comme ça …<br />

Bagou :Excusez-moi Mademoiselle !<br />

E. Teufer : Il a vu que j’étais une demoiselle, lui ! Puis il a ajouté …<br />

Bagou : D’habitude je n’aborde pas les demoiselles ainsi, mais<br />

oserais-je vous dire que vous avez le sourire le plus charmant qui m’ait<br />

été donné de rencontrer. A côté de vous la Joconde ferait un procès à<br />

ses parents.<br />

Eva : Ça tombe bien, parce que je n’ai jamais aimé Toulouse- Lautrec,<br />

que je lui ai dit ! Et il m’a donné un prospectus sur lequel tout était<br />

expliqué, les stages avec l’adresse et tout quoi.<br />

En chemin, j’ai rencontré mon ami M. Lui. Curieux qu’il était de savoir<br />

ce que cela pouvait être, il est venu avec moi. Arrivés sur les lieux, ces<br />

deux messieurs étaient là. (Désignant Castor et Bagou). Il y avait aussi un<br />

monsieur tout nu dans un tonneau, qui courait dans tous les sens.<br />

Eva, Présidente : Hou ! Hou ! Hou ! Hou !<br />

Eva : Ensuite celui-là … (Désignant Castor) m’a demandé si je serais<br />

intéressée par un stage d’initiation aux miracles.<br />

« Un stage-miracle !! » Je me suis écriée…oui, parce que j’étais<br />

surprise, vous comprenez … je veux bien essayer que je lui ai dit. J’ai


<strong>DANS</strong> <strong>LES</strong> REG<strong>LES</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'ART</strong><br />

toujours été attirée par ça, la Bible, David Copperfield, dans le genre<br />

quoi !<br />

Présidente : (Coup de marteau) <strong>Le</strong>s faits, Mademoiselle, tenez-vous en<br />

aux faits s’il vous plaît.<br />

E. Teufer : Moi, j’ai dit que si je pouvais rencontrer Brave Pitt et George<br />

Cloné, je voulais bien essayer l’initiation aux miracles. D’accord, ma<br />

mère m’a toujours dit : « Ma petite, dans la vie, tu te feras toujours<br />

couillonner! » Et c’est après que j’ai compris ce qu’elle voulait me dire.<br />

Parce que, une fois que nous étions seuls, lui, là… (Désignant Castor) m’a<br />

passé un bandeau autour des yeux et m’a obligé à…<br />

Enfin, les paroles de maman venaient de prendre toute leur<br />

signification, si vous voulez ! Ce n’est pas fini, parce qu’ensuite…<br />

Présidente : (Coup de marteau) Bien, Mademoiselle Teufer. A ce stade du<br />

témoignage, je suggère que nous fassions une reconstitution afin de<br />

bien comprendre la situation et d’en analyser la gravité … à moins<br />

que vous n’émettiez une quelconque objection !<br />

E Teufer : Moi, vous savez, si c’est pour la justice, je suis entièrement<br />

d’accord.<br />

Présidente : Pouvons-nous installer pour la reconstitution ? Greffier,<br />

s’il vous plaît…<br />

Greffier : Ouaih ! C’est toujours les mêmes qui bossent…<br />

Présidente : (Coup de marteau) C’est toujours les mêmes qui se<br />

plaignent aussi ! Mademoiselle, nous vous écoutons.<br />

E. Teufer : Tout d’abord, c’est lui (Désignant Castor)qui m’a amenée rue<br />

de la bécasse.<br />

Présidente : ( à Eva) Placez-vous exactement à l’endroit précis.<br />

E. Teufer : D’accord ! (Elle sort de scène)<br />

Présidente : Mademoiselle, où allez- vous comme ça ?<br />

E. Teufer : Ben, rue de la Bécasse !<br />

Greffier : ( revient avec un paravent) Mais, Madame la Présidente vous<br />

demande de vous placer comme si nous étions rue de la Bécasse,<br />

nous n’allons pas retourner sur les lieux, n’importe quoi!...<br />

Ai-je bien interprété votre pensée Votre Honneur ?<br />

Présidente : Assurément, assurément !<br />

E. Teufer : Ah bon, je croyais !<br />

Greffier : (<strong>Le</strong> manipulateur installe le paravent et reste derrière) Elle<br />

croyait ! Elle croyait !


<strong>DANS</strong> <strong>LES</strong> REG<strong>LES</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'ART</strong><br />

Présidente: Enfin, passons. Messieurs les accusés, approchez.<br />

Vous, Monsieur Castor, auriez vous l’amabilité de bander !<br />

Castor : Hein ?<br />

Laberge : ( de derrière le paravent) <strong>Le</strong>s yeux , Cornemolle! <strong>Le</strong>s yeux de<br />

Mademoiselle ! ( Castor passe derrière le paravent)<br />

Castor : Ah bon !<br />

E. Teufer : Puis il m’a…<br />

Présidente : Allez-y Monsieur Castor, c’est une reconstitution !<br />

E. Teufer : Oui ! Comme ça ! De la même façon !…après... il… !<br />

Présidente : Ah, je vois !<br />

Laberge : Oh ! Ah, d’accord, c’est habile !<br />

E. Teufer : C’est alors, que l’autre est arrivé.<br />

Laberge : Allez-y mon vieux, c’est une reconstitution ! Cornemolle!<br />

Bagou : Vous êtes certain ?<br />

Laberge : Mais puisqu’on vous le dit, enfin !!<br />

Castor : Et c’est à ce moment là que j’ai dit « C’est maintenant que<br />

… »<br />

Laberge : Votre honneur ! Si vous permettez ! Monsieur Castor, si vous<br />

pouviez vous tourner, on ne distingue pas bien l’objet du miracle….<br />

Voilà… Oh, mais c’est énorme !<br />

Présidente : Attendez, je descend. On ne bouge plus, je dois prendre<br />

une photo. (Sort appareil et prends la photo…)<br />

Messieurs, vous ne trouvez pas que vous poussez un peu?<br />

Laberge : La justice, Votre Honneur, doit parfois bien pénétrer le fond<br />

des choses !<br />

Présidente : Oui, bon, mais tout de même ! Enfin passons …<br />

Castor : Alors j’ai dit : « C’est maintenant que le miracle va<br />

s’accomplir ! »<br />

E. Teufer : Hmmm ! Hmmm ! Hmmm !<br />

(Des vêtements passent par-dessus le paravent, de chaque coté apparaissent des<br />

«fausses» jambes)<br />

Aïe! Mais ! Non ! Oui ! Ah ! Oui ! Ah !


Castor : Oui ! Oui !<br />

E. Teufer : Hmmm ! Hmmm ! Hmmm !<br />

<strong>DANS</strong> <strong>LES</strong> REG<strong>LES</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'ART</strong><br />

Castor : Oui ! Oui ! Oui ! Oui ! Oui ! Oui ! Yessss !!!<br />

<strong>Le</strong>colar : Omission votre honneur !<br />

Présidente : Oui, c’est bien le moment de mettre…d’omettre ! Bon ça<br />

suffit maintenant, les jurés en ont assez vu, reprenons nos places.<br />

(<strong>Le</strong> greffier retire le paravent, les autres s’arrangent les vêtements, se recoiffent en<br />

regagnant leur place.)<br />

E. Teufer : Vous voyez, Madame la Présidente, que je ne racontais pas<br />

des histoires !<br />

<strong>Le</strong>colar : Attraction votre Honneur !<br />

Présidente : Qu’entendez-vous par-là, Maître <strong>Le</strong>colar ?<br />

<strong>Le</strong>colar : Je peux parler ?<br />

Présidente : Assurément, puisque vous le demandez !<br />

<strong>Le</strong>colar : Je peux parler ! Je peux parler !<br />

Présidente : Oui, oui, vous pouvez parler…<br />

<strong>Le</strong>colar : Et bien, la défense, estime, que Mademoiselle, par son<br />

comportement, fait du racolage passif. Et que, mes clients deviennent<br />

les victimes.<br />

Présidente : La défense insinuerait-elle que la plaignante serait une<br />

prostituée ?<br />

<strong>Le</strong>colar : La défense n’a pas parlé d’argent, elle trouve tout<br />

simplement que les victimes ne sont pas toujours celles que l’on croit,<br />

c’est tout.<br />

Présidente : N’essayez pas d’inverser les rôles, Maître. Bien<br />

passons… Mademoiselle Eva, reconnaissez-vous formellement vos<br />

deux agresseurs ?<br />

E. Teufer : Oui, Madame la Présidente, ce sont bien ces deux-là.<br />

<strong>Le</strong>colar: Mme la Présidente, à aucun moment elle ne s’est plainte !<br />

Même qu’elle a été impressionnée par la « baguette magique » de mon<br />

client, si je puis dire ! De plus, elle tournait le dos à l’un des deux<br />

accusés, donc, elle n’a pu voir qui était l’autre personne ! Et toc !


<strong>DANS</strong> <strong>LES</strong> REG<strong>LES</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'ART</strong><br />

E. Teufer : Dites donc…j’ai osé rien dire, mais j’avais bien vu que ce<br />

n’était pas Brave et George !<br />

Présidente : ( à Eva) Accusée taisez-vous !<br />

Laberge: Non, Votre Honneur, les accusés ce sont eux!<br />

Présidente : Heu oui ! (Aux accusés) Accusés taisez-vous !<br />

Bagou, Castor : Mais nous on a rien dit, c’est lui qui a dit… (Désignant<br />

<strong>Le</strong>colar )<br />

Présidente : (Coup de marteau) Ça suffit, vos propos sont scandaleux et<br />

ne font qu’aggraver votre cas. De toute évidence, le phénomène de<br />

miracle n’est pas avéré… Mademoiselle, approchez… (montre la photo)<br />

… vous reconnaissez bien là l’objet du délit ?<br />

E. Teufer : J’ai pas bien vu mais ça semble correspondre…<br />

Présidente : Bien, alors cette photo sera inscrite au dossier comme<br />

pièce à conviction n°2.<br />

Présidente : Eva, permettez que je vous appelle Eva, avez-vous autre<br />

chose à rajouter ?<br />

E. Teufer : Non, je pense qu’on a fait le tour de la question.<br />

Présidente : (Coup de marteau) Merci, vous pouvez vous retirer.


<strong>DANS</strong> <strong>LES</strong> REG<strong>LES</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'ART</strong><br />

Scène 11<br />

La Présidente, Castor, M. Lui, Laberge, <strong>Le</strong>colar.<br />

Présidente: Nous appelons maintenant à la barre M. Lui ! (Fort)<br />

Monsieur Lui !!!<br />

M. Lui : (il entre) Oui, je sûs, je le jurâtes et je me giflons. Aïe ! Je me<br />

nomme Lui comme l’autre, mais moi c’est Lui.<br />

Présidente : Voulez vous dire par-là que Lui qui est l’autre, c’est<br />

vous ?<br />

M. Lui : Laissâte tomber.<br />

Présidente : (Coup de marteau) Mais dites donc !Surveillez votre langage,<br />

je pourrais…<br />

<strong>Le</strong>colar : Transgression Votre Honneur !!<br />

Présidente : Qu’est-ce que c’est encore Maître <strong>Le</strong>colar ?<br />

<strong>Le</strong>colar : Heu ! Je voulais dire, transgression, Votre Honneur.<br />

Présidente: Bon ! Vous l’avez dit maintenant, vous êtes content ?<br />

Monsieur Lui, continuez.<br />

M. Lui : Lorsque je rencontris mon amie, mademoiselle Eva, je fute très<br />

intrigué par l’affaire qui la concernis et je l’accompagnate, je crois qu’il<br />

me semble.<br />

Présidente : Il vous semble bien, poursuivez ! (A Laberge) Dites maître,<br />

pourquoi parle-t-il ainsi ?<br />

Laberge : C’est le choc émotionnel Votre Honneur.<br />

Présidente : Ah !<br />

M. Lui : Sur les lieux, j’étais sceptique, vites-vous... sentais l’arnaque.<br />

Présidente : Alors, que diable alliez-vous faire dans cette galère ?<br />

M. Lui : Pour impressionnassionner mademoiselle Eva… faut vous dire<br />

…je… amoureux.<br />

Présidente : Ah … L’amour, toujours l’amour !!<br />

Présidente, Bagou, Castor : ( reprennent en cœur sur l’air de Carmen)<br />

L’amour !… l’amour !<br />

M. Lui : Donc, comme je vous dites, donc, ce monsieur Bagou fut très<br />

convaincatif. Et me mit un bandeau aux yeux, vites vous ?<br />

Présidente : Nous vitons.


Lui : Moi, rien.<br />

Présidente: Assurément.<br />

<strong>DANS</strong> <strong>LES</strong> REG<strong>LES</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'ART</strong><br />

M. Lui : Je… avouer que je crute réellement être en présence de ma<br />

propre conscience, vites vous !<br />

Laberge : Nous vitons, nous vitons.<br />

M. Lui : Donc, je donnis donc ma bourse .<br />

Bagou : (Chanté) Il a donné tout son argent !<br />

Castor : (Chanté) Il s’est laissé embobiner !<br />

Laberge : (Chanté) Par amour et par vanité !<br />

Présidente : (Chanté) Justice il vient nous demander !<br />

Bagou, Castor, Laberge, Présidente : (en choeur)<br />

Ses neurones sont éparpillés,<br />

Sous son béret y’a un benêt.<br />

La justice, la justice, Que va-t-elle décider ?<br />

La justice, la justice, Va-t-elle les condamner ?<br />

M. Lui : C’est scandaleux, plaindrai au président ! Entendrez parler<br />

moi, crussez moi ! ( il jette le bandeau et sort, furieux)<br />

Présidente : (Coup de marteau) Messieurs, je vous rappelle que nous<br />

sommes dans un palais de justice.<br />

Ouh, il n’est pas content !…Enfin, passons…<br />

Assurément , M. Lui a formellement reconnu ses agresseurs et nous<br />

retiendrons son bandeau comme pièce à conviction n° 4. Je lis ici, sur<br />

le procès-verbal, que la dite bourse n’a pas été retrouvée lors de la<br />

perquisition, les seules bourses présentes sur les lieux étant celles des<br />

accusés.<br />

<strong>Le</strong>colar : Oh ! Oh ! Oh ! La justice a parfois de ces expressions !<br />

Présidente : Vous disiez Maître <strong>Le</strong>colar ?<br />

<strong>Le</strong>colar : Euh ! C'est-à-dire que !<br />

Présidente : C'est-à-dire que vous la fermez mon vieux !... Mesdames<br />

et Messieurs, c’est le moment tant attendu : les réquisitoires des<br />

avocats. Maître Laberge, c’est à vous, nous vous écoutons.<br />

Laberge : Merci votre honneur. Dans cette affaire, tous les<br />

témoignages sont accablants, et l’issue ne fait aucun doute. Regardez<br />

nos accusés, n’ont-il pas l’air innocents ? N’auriez vous pas, comme<br />

ces malheureuses victimes que nous venons d’entendre, succombé à<br />

l’envoûtement de ces manipulateurs , car manipulateurs ils sont, et de


<strong>DANS</strong> <strong>LES</strong> REG<strong>LES</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'ART</strong><br />

la pire espèce qui soit. Il faut éradiquer cette vermine, Cornemolle ! Ils<br />

n’ont aucune circonstance atténuante. C’est pourquoi, je demanderais<br />

la peine capitale ! Merci.<br />

Présidente: Bien. ( aux jurés :public) Maintenant nous allons entendre<br />

Maître <strong>Le</strong>colar. Je suis sûre qu’il va nous surprendre. Maître, nous<br />

vous écoutons, épatez-nous .<br />

<strong>Le</strong>colar : Mesdames et messieurs les jurés, bien sûr, les faits sont<br />

accablants. Mais posons- nous la question de savoir pourquoi et<br />

comment les accusés en sont arrivés là ? S’ils s’étaient trouvés ailleurs<br />

plutôt qu’ici, seraient-ils là aujourd’hui ? Etre né quelque part plutôt<br />

qu’ici, toute la différence est là. Mais le plus important n’est-il pas d’être<br />

né ? C’est pourquoi je vous demanderai d’être cléments, car<br />

finalement, être né, c’est être condamné. Merci de m’avoir compris.<br />

Présidente : Bien, Mesdames et Messieurs les jurés, vous venez<br />

d’entendre les victimes et surtout les avocats. Ne les jugez pas<br />

sévèrement. Ma conviction est que j’ai des certitudes. Tant va la cruche<br />

à l’eau qu’à la fin elle se casse, mais pierre qui roule n’amasse pas<br />

mousse . Bien sûr, le bonheur est dans le pré et la vérité se trouve au<br />

fond du puis…Mais nous n’irons pas y voir, car un train peut en cacher<br />

un autre. Alors, dans le doute, il faudra bien les condamner…je parle<br />

des accusés bien sûr. Bon, réfléchissez et puis vous nous direz.


Scène 11<br />

Présidente, Eva, Lui, Greffier,<br />

Break musical. Sur l’air de Carmen<br />

Moi j’ai un truc rigolo<br />

Poser la tête sur le billot<br />

Et pour qu’elle se détache<br />

Il faut bien aiguiser la hache.<br />

<strong>DANS</strong> <strong>LES</strong> REG<strong>LES</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'ART</strong><br />

Avec la chaise électrique<br />

C’est tout de même bien plus sympathique<br />

Ça fait des frissons partout<br />

Puis les yeux vous sortent des trous…sortent des trous<br />

Refrain murmuré<br />

Je propose le garrot<br />

Ça vous maintient plutôt bien le dos<br />

De plus ça donne des couleurs<br />

Et c’est mieux pour le spectateur.<br />

Une balle derrière la tête<br />

Bien sûr du sang partout ça projette<br />

Mais grâce à la détonation<br />

Il y a plus d’animation…d’animation<br />

Refrain<br />

Et voilà toutes les recettes<br />

Pour que justice justice, justice soit faite<br />

<strong>Le</strong>s prisons seront moins remplies<br />

Ca fera faire des économies


Scène 12<br />

Bagou, Castor, La Présidente<br />

<strong>DANS</strong> <strong>LES</strong> REG<strong>LES</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'ART</strong><br />

Présidente : Bon alors, Mesdames et Messieurs les jurés, on peut<br />

savoir ce que vous avez décidé? ( temps) … Coupables ! Ça tombe bien<br />

c’est que nous avions prévu de toute façon.<br />

Monsieur Bagou, Monsieur Castor, vous êtes tous deux condamnés à<br />

l’emprisonnement, sans compression, sans compromission, sans<br />

compensation et sans compassion.<br />

La peine prend acte immédiatement!<br />

Mesdames et Messieurs je déclare la séance levée et la maison close !<br />

( elle sort)


Scène 13<br />

Bagou, Castor.<br />

<strong>DANS</strong> <strong>LES</strong> REG<strong>LES</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'ART</strong><br />

Castor : Peut -être qu’on est allé trop loin !<br />

Bagou : Trop loin, non, on a négligé trop de détails, voilà tout.<br />

Castor : Des détails, et tous ces braves gens que nous avons<br />

dépouillés ?<br />

Bagou : Braves gens ? Prêts à avaler n’importe quoi pour un moment<br />

de gloire … C’est quand même un peu de ta faute!<br />

Castor : Comment ça de ma faute ?<br />

Bagou : Non, tu as raison, c’est moi, j’aurais jamais dû t’écouter.<br />

Castor : Ah l’hypocrite, tu ne t’es pas posé trop de questions avec la<br />

demoiselle !<br />

Bagou : Ça va, elle avait besoin de….<br />

Castor : C’est ça, elle avait besoin et toi tu avais envie !<br />

Bagou : C’est facile … Parce que monsieur n’a pas abusé de la<br />

situation peut-être ?<br />

Castor : C’est pas pareil, elle était là, soumise, offerte, personne<br />

n’aurait pu résister, même pas elle.<br />

Bagou : C’est pas là le problème.<br />

Castor : Elle est où ta faute alors, puisque faute il y a?<br />

Bagou : Ma faute, c’est d’avoir cru en toi.<br />

Castor : Elle est bonne celle là!<br />

Bagou : Tes petites magouilles ne nous ont amenés à rien. Tu es<br />

comme la grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le bœuf.<br />

Quand on n’a pas le potentiel, on reste dans les limites de ses<br />

possibilités.<br />

Castor : Pas le potentiel ?<br />

Bagou : Tais toi, grenouille ! Ah, y a du bœuf en moi, et je ne le savais<br />

pas. Fini les petits larcins à cent balles, maintenant on va envisager les<br />

choses à ma façon, avec le puissance du bœuf et la ruse du renard.<br />

Castor : C’est ça, et moi je fais la petite grenouille et le corbeau avec<br />

son fromage sous le bras. Tu oublies que nous sommes en prison,<br />

mon vieux !


<strong>DANS</strong> <strong>LES</strong> REG<strong>LES</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'ART</strong><br />

Bagou : Justement, prenons- le comme un signe, une opportunité.<br />

Castor : Une opportunité d’être enfermés ?<br />

Bagou : On va profiter de ce temps pour nous perfectionner, pour nous<br />

adapter à tous ces nouveaux procédés, dans ce monde de requins.<br />

Castor : Tu veux dire l’informatique, le satellite ?<br />

Bagou : Oui, mais aussi, l’engineering, la bourse, la politique. On va<br />

s’ouvrir les portes , non pas de notre intra, mais de notre extra<br />

puissance.<br />

Castor : Ça y est, tu reprends tes délires !<br />

Bagou : Aie confiance Castor. Te souviens-tu, quand tu me proposais<br />

de mettre en commun nos compétences ?<br />

Castor : Difficile d’oublier !<br />

Bagou : Et bien, ce ne sont pas les compétences de la grenouille, mais<br />

celles du bœuf et du renard que nous allons utiliser.<br />

Castor : Bagou, même si ça ne me plaît pas trop d’être pris pour une<br />

grenouille, j’ai foi en toi, et je veux bien apporter ma part du fromage.<br />

Bagou : Bravo, au travail Castor!<br />

Scène se passant sur un fond musical. Bagou et Castor consultent<br />

des livres, prendre des notes, s’instruire. <strong>Le</strong>s jours, les mois passent.<br />

Au bout d’un temps, c’est la libération. Ils sortent .


<strong>DANS</strong> <strong>LES</strong> REG<strong>LES</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'ART</strong><br />

Scène 14<br />

Bagou, Castor<br />

Reviennent, en civil, une valise à la main. Ils se changent sur scène :<br />

chemise, veste, lunettes ( jeu synchro.) Ensuite ils s’installent dans leur<br />

nouveaux locaux. <strong>Le</strong> Duménilovski est accroché.<br />

Castor : (coup de fil) « Confiance investigations » j’écoute !… Monsieur<br />

Larcin, que nous vaut le plaisir,… oui, je vous le passe .<br />

Bagou : Monsieur le Maire, comment va ? Vraiment, le local que vous<br />

nous avez attribué est magnifique, trois cent mètres carrés, c’est trop,<br />

vous êtes fou !…Comment ? Il ne nous était pas destiné. ( Castor<br />

demande la liaison) Ne quittez pas!<br />

Castor : Monsieur Larcin, est-ce que vos enfants s’amusent bien dans<br />

la piscine, elle est plutôt agréable votre piscine, elle a été plutôt très<br />

gratuite votre piscine, n’est-ce pas ?… Oui je vous le repasse.<br />

Bagou : Je vous envie mon cher, pouvoir ce rafraîchir par un temps<br />

pareil ! Comment , … vous trouverez une solution et nous pouvons<br />

passer à la mairie signer les actes de propriété. Vous êtes un homme<br />

d’honneur, vous faites des miracles mon cher.<br />

Mon associé aurait une faveur à vous demander, au revoir, et encore<br />

merci !<br />

Castor : Voyez vous, à l’occasion de l’inauguration du centre culturel<br />

nous aurions aimé faire une donation, une toile de maître que nous<br />

possédons, un Duménilovski… parfaitement…. Et comme il y aura le<br />

Préfet et le Ministre de la Culture, ce serait l’occasion d’être présentés.<br />

Vous nous envoyez des invitations, c’est fort aimable à vous, à bientôt<br />

monsieur Larcin.<br />

Bagou : Eh ! Eh ! La grenouille a mangé du renard !


Scène 15<br />

Bagou, Castor, Eva<br />

<strong>DANS</strong> <strong>LES</strong> REG<strong>LES</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'ART</strong><br />

Bagou : Et pour ce poste de secrétaire, toujours rien, Castor ?<br />

Castor : Non !<br />

E. Teufer : Toc ! Toc !<br />

Castor : Entrez !<br />

Bagou, Castor: Vouuuus!!!<br />

E. Teufer : Et oui ! Mooooooiiii ! Quand j’ai vu la petite annonce, je me<br />

suis dit …parce que je me parle vous savez … Si c’est eux, ils ne<br />

pourront pas me refuser la place, en souvenir du bon vieux temps !<br />

Castor, Bagou : Du bon vieux temps !<br />

E. Teufer : Oui, de voir tous ces gens au palais de justice, avec des<br />

écrans télé, des claviers de machine à écrire, je me suis pensé, oui, je<br />

me pense aussi de temps en temps, ça doit être passionnant comme<br />

métier, alors pourquoi pas moi.<br />

Bagou : Oui, les destinées ont parfois des chemins étranges.<br />

Castor : Puisque le destin s’en mêle !<br />

E. Teufer : Vous verrez, vous ne le regretterez pas. Au fait, c’est dans<br />

quel domaine que vous travaillez ?<br />

Castor : Dans le socioprofessionnel, le socioéconomique et le.<br />

sociopolitique,<br />

E. Teufer : Dans le socio, quoi !<br />

Castor : C’est ça.<br />

E. Teufer : Ah, dans le séça aussi ?<br />

Castor: Non, je dis , c’est ça, dans le socio.<br />

E. Teufer : C’est ça !<br />

Castor : C’est ça !<br />

Bagou : Cessez ! Cessez ! … Dites donc, il me vient une idée. Eva,<br />

vous aimez les grandes réceptions n’est-ce pas ?<br />

Castor : Et les grands maîtres aussi, Toulouse-Lautrec, Picasso…


<strong>DANS</strong> <strong>LES</strong> REG<strong>LES</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'ART</strong><br />

Eva : Je ne les connais pas personnellement mais…! ( un ange passe)<br />

Bagou : C’est pour l’inauguration d’un centre culturel, Il y aura le Préfet<br />

et le Ministre de la Culture<br />

Eva : Et vous voulez que je vienne avec vous !<br />

Castor : C’est ça. Et c’est vous qui représenterez l’agence, en portant<br />

le tableau de maître que nous offrons pour ce centre culturel.<br />

Bagou : Vous verrez, le Préfet est un homme charmant, qui apprécie<br />

les belles choses.<br />

Eva : Je vois !<br />

Castor : Vous êtes déjà pénétrée de l’esprit de notre société, ma<br />

chère.<br />

Bagou : A cette occasion il y aura les photographes et la télévision.<br />

Ensuite, pendant la réception, vous vous arrangerez pour vous isoler<br />

avec le préfet, pour faire… disons…une reconstitution… en privé.<br />

Castor : <strong>Le</strong>s reconstitutions, vous savez comment ça marche ?<br />

Eva : Ça je connais bien, mais pourquoi en privé ?<br />

Castor, Bagou : !!<br />

Eva : Remarquez, si ça peut aider ! … Si je comprends bien, vous me<br />

gardez ?<br />

Bagou : Bien sûr que l’on vous garde, allons signer les contrats.<br />

( Castor et Bagou sortent)<br />

En bruits de fond, on entend une réception mondaine, rires, verres, et<br />

flash photo. Fin de la réception, coup de téléphone<br />

Eva : ( Eva entre) Bureau de socio j’écoute !… Ah, c’est vous mon cher<br />

polisson de préfet !…Oui,il va arriver, je vous le passe. Au revoir…<br />

grand fou !<br />

Bagou : (entre) Mon cher, cette inauguration, quel succès n’est-ce<br />

pas ?… Piégé …vous voulez parler des photos…c’est idiot !… Non,<br />

elles seraient compromettantes si elles tombaient entre les mains<br />

d’esprits malveillants…Dites, j’ai ouï dire que le ministre du commerce<br />

extérieur, votre frère, limogeait son chef de cabinet ! Vous pensez que<br />

je pourrais…cet après midi à votre bureau pour en parler… c’est un<br />

grand honneur que vous me faites… oui,.... les photos, les photos,<br />

quelles photos ?… Je vois que nous nous comprenons. Entre<br />

personnes qui partagent le même sens des valeurs…mes respects<br />

Monsieur le Préfet !


<strong>DANS</strong> <strong>LES</strong> REG<strong>LES</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'ART</strong><br />

Castor : (Entre, il a les photos de Eva avec le Préfet) Eva, vous n’avez pas<br />

changé à poi…d’un poil.<br />

Eva : Merci !<br />

Castor : Dites donc, notre Préfet , il est plutôt…(geste symbolisant la virilité<br />

masculine)<br />

Eva : Photo… génitique !<br />

Bagou : Oui bon, Eva, ça va. Mettons ces documents en lieu sûr.<br />

Castor : Très bien !<br />

Bagou : Je me rends de ce pas au bureau du Préfet, à tout à l’heure. (Il<br />

sort)


Scène 16<br />

Eva, Bagou, Castor<br />

<strong>DANS</strong> <strong>LES</strong> REG<strong>LES</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'ART</strong><br />

Eva : (au téléphone) Ici le bureau de monsieur Bagou j’écoute ! Oui, je<br />

suis nouvelle!…non il n’est pas là. Je vous passe son conseiller …C’est<br />

pour vous.<br />

Castor : Monsieur Castor, que puis-je pour votre service !…Monsieur<br />

le mimi… ! (à Eva) Vous auriez pu me dire que c’était le Ministre de<br />

l’extérieur!<br />

Eva : J’allais tout de même pas sortir pour vous le dire !<br />

Castor : Pff ! (au téléphone) Je vous écoute !… une mallette que vous<br />

auriez oublié dans le bureau de monsieur Bagou, attendez, je me<br />

renseigne…<br />

Eva : (Eva montre ostensiblement la mallette à Castor) Monsieur Bagou a dit<br />

qu’avec ce qu’il y avait dedans, on le tenait par les couilles !<br />

Castor : (au téléphone) Apparemment on vous tient par …au courant s’il<br />

y avait du nouveau… C’est cela, au revoir.<br />

Eva : “Audaces fortuna juvat.”<br />

Castor: Qu’est-ce que vous avez dit ?<br />

Laberge : Audaces fortuna juvat.” La fortune sourit aux<br />

audacieux, c’est du latin.<br />

Castor : Ah bon !<br />

Bagou entre<br />

Bagou : Ah mes amis, si vous saviez !…Vous faites une drôle de tête !<br />

Castor : C’est le latin.<br />

Bagou : <strong>Le</strong> latin ?<br />

Castor : Au fait, le Ministre vient d’appeler, il est désemparé le pauvre,<br />

il ne trouve plus sa mallette.<br />

Bagou : Justement, examinons-la ensembles cette mallette, j’ai idée<br />

que ce qu’elle contient est explosif .<br />

Eva : Attention, ça peut sauter !<br />

Bagou : (Bagou ouvre la mallette.) Boum !!<br />

Eva: Oh, vous m’avez fait peur !


<strong>DANS</strong> <strong>LES</strong> REG<strong>LES</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'ART</strong><br />

Bagou : Oui, c’est une façon de voir. (consultant les documents de la mallette)<br />

Regardez-moi ça… Tous les mois, une somme versée sur un compte<br />

numéroté aux Bahamas.<br />

Castor : <strong>Le</strong>s dates correspondent exactement aux déplacements qu’a<br />

fait notre Président au cours de ces derniers mois.<br />

Bagou : Mais oui, c’est juste ! C’est énorme !<br />

Eva :”Abyssus abyssum invocat !”<br />

Bagou: Quoi?<br />

Castor : C’est du latin!<br />

Eva : <strong>Le</strong>s pages roses.<br />

Castor : Avec ce que nous avons là, c’est « Alea jacta est » qu’il faut<br />

dire.<br />

Bagou : Dites donc, si je ne m’abuse,…nous avons, prochainement,<br />

les présidentielles ?<br />

Castor : Exact ! Oh, Bagou, je vois où tu veux en venir !<br />

Bagou : E pla pulit aco !<br />

Eva : Qu’est-ce qu’il a dit ?<br />

Castor : C’est pas du latin !<br />

Ils sortent


Scène 17<br />

Bagou, Castor, Eva<br />

<strong>DANS</strong> <strong>LES</strong> REG<strong>LES</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'ART</strong><br />

Musique pour une entrée de meeting politique. Bagou, suivi de Eva et<br />

de Castor, arrive par le fond de la salle. Il serre des mains, salue la<br />

foule. En même temps, des chauffeurs de salle font monter l’ambiance.<br />

Bagou arrive sur scène, toujours suivi de Eva et de Castor.<br />

Bagou : (à la foule) Merci ! Merci ! Peuple, tu n’as pas besoin de moi<br />

pour exister, mais il te faut un guide qui tracera droit le sillon dans<br />

lequel, tu sèmeras les gouttes de sueur d’où pousseront tes<br />

espérances… Ma certitude est que l’on vous a dupés depuis trop<br />

longtemps, et que depuis trop longtemps on vous fait porter des croix<br />

qui ne vous sont pas destinées. Je ne dis pas que la route sur laquelle<br />

je vous amène sera droite, il y aura sûrement des clous et de grosses<br />

pierres à dégager, mais au bout de cette route, vous aurez la<br />

conscience d’avoir accompli quelque chose de grand.<br />

J’ai fait un rêve, j’ai rêvé que nous nous prenions tous la main, et que<br />

cette confiance que j’ai en vous, se transmettait de main en main,<br />

formant ainsi une grande chaîne de solidarité qui donnait un sens à<br />

notre existence. Nous avons tous notre rocher à faire avancer, notre<br />

croix à faire porter, mais ce n’est qu’ensemble que nous ferons de<br />

grandes choses pour notre pays. Ensemble nous bâtirons des<br />

cathédrales de solidarité.<br />

Ayez foi en moi, et je ferai pour vous des miracles. Je serai le maître<br />

d’œuvre de ce chantier, où chacun d’entre nous apportera sa<br />

contribution à l’édifice, où chacun d’entre nous pourra dire à ses<br />

enfants, à ses petits enfants, là, j’ai posé ma pierre.… Retrouvons<br />

ensemble cette confiance qui fait la force d’une grande nation.<br />

J’ai confiance en moi, ayez confiance en moi !<br />

Croyez en moi !<br />

Fin

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