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AVERTISSEMENT - Le Proscenium

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<strong>AVERTISSEMENT</strong><br />

Ce texte a été téléchargé depuis le site<br />

http://www.leproscenium.com<br />

Ce texte est protégé par les droits d’auteur.<br />

En conséquence avant son exploitation vous devez obtenir<br />

l’autorisation de l’auteur soit directement auprès de lui, soit auprès<br />

de l’organisme qui gère ses droits (la SACD par exemple pour la<br />

France).<br />

Pour les textes des auteurs membres de la SACD, la SACD peut<br />

faire interdire la représentation le soir même si l'autorisation de<br />

jouer n'a pas été obtenue par la troupe.<br />

<strong>Le</strong> réseau national des représentants de la SACD (et leurs<br />

homologues à l'étranger) veille au respect des droits des auteurs et<br />

vérifie que les autorisations ont été obtenues, même a posteriori.<br />

Lors de sa représentation la structure de représentation (théâtre,<br />

MJC, festival…) doit s’acquitter des droits d’auteur et la troupe doit<br />

produire le justificatif d’autorisation de jouer. <strong>Le</strong> non-respect de ces<br />

règles entraîne des sanctions (financières entre autres) pour la<br />

troupe et pour la structure de représentation.<br />

Ceci n’est pas une recommandation, mais une<br />

obligation, y compris pour les troupes amateurs.<br />

Merci de respecter les droits des auteurs afin que<br />

les troupes et le public puissent toujours profiter de<br />

nouveaux textes.


<strong>Le</strong>s mots qui parlent<br />

de Marc PLANCHE<br />

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© 2004 / LES MOTS QUI PARLENT / Tous droits réservés / Marc Planche 2


Vous avez pris l’habitude de parler avec des<br />

mots. Des mots, outils du langage, des mots<br />

banalisés, des mots de tous les jours auxquels<br />

peut-être vous ne prêtez plus attention.<br />

Et si aujourd’hui, vous vous intéressiez vraiment à eux,<br />

de l’intérieur. Simplement en les regardant de plus près,<br />

en cueillant les lettres et les associations d’idées qui les<br />

habitent.<br />

Juste pour voir ce qu’ils ont à dire…<br />

Juste pour vous apercevoir que ces mots regorgent de<br />

coïncidences troublantes, de messages émouvants et<br />

insolites et qu’ils ont souvent le sens de l’humour et de<br />

la dérision.<br />

<strong>Le</strong>s mots vous parlent, écoutez-les.<br />

Bienvenue dans leur univers attachant.<br />

Et surtout, suivez bien ces guides d’un genre nouveau,<br />

tous les personnages de cette comédie, des hommes et<br />

des femmes-lettres qui vont littéralement vous étonner…<br />

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© 2004 / LES MOTS QUI PARLENT / Tous droits réservés / Marc Planche 3


Acte 1<br />

Une femme-lettre, un A, est seule devant la scène quand le rideau se lève.<br />

Elle regarde sa montre et se retourne plusieurs fois, impatiente.<br />

La lettre A<br />

- Oh là, là, c’est déjà l’heure et il n’est pas encore là !<br />

Puis s’adressant au public, elle s’excuse.<br />

La lettre A<br />

- Je suis désolée. Normalement, le premier mot devrait être là. Je ne comprends pas.<br />

Il aurait pu faire un effort : « mot de tête » ça se mérite. Moi qui suis la première lettre de<br />

l’alphabet, je suis arrivée une heure à l’avance pour ne pas être en retard.<br />

C’est pas possible, il doit être pris dans des embouteillages-monstres.<br />

Soudain on entend un brouhaha urbain. Klaxons, bruits de voiture.<br />

Un mot formé par huit hommes et femmes lettres qui se tiennent la main entre alors en<br />

scène. On peut lire PARISIEN sur leurs ponchos déployés. <strong>Le</strong> mot ainsi formé se promène<br />

de long en large de la scène dans un joyeux désordre.<br />

La lettre A s’adressant au public<br />

- Ne vous inquiétez pas, le parisien est comme ça. Il est un peu bizarre sur les bords et les<br />

bords de la scène sont larges.<br />

<strong>Le</strong>s lettres bougent dans tous les sens, se bousculent un peu comme des autotamponneuses,<br />

elles ont toutes le portable à l’oreille, elles sautent, virevoltent, s’invectivent<br />

puis finissent par reprendre leur place pour former le mot PARISIEN.<br />

La lettre A restée en retrait du groupe<br />

- Parfois je me demande comment on peut vivre dans une telle effervescence.<br />

<strong>Le</strong> P du mot PARISIEN l’interpelle<br />

- Effervescence, vous avez dit effervescence alors soit !<br />

Puis s’adressant aux autres lettres du mot :<br />

Mot de tête ? vous êtes prêt ? Alors allons y, révélons notre secret.<br />

A ces mots les lettres du mot PARISIEN courent dans tous les sens, puis finissent par<br />

s’aligner pour former un nouveau mot ASPIRINE.<br />

Puis tous en chœur<br />

- Anagramme, pic et pic et colégram, bourre et bourre et ratatam, a…na…gramme !<br />

La lettre A les interrompt<br />

- Bon, ça suffit, on est pas là pour rigoler.<br />

S’adressant au public<br />

Non je plaisante, rassurez-vous.<br />

Bon tout le monde est prêt, tout le monde est la, alors je vais pouvoir vous donner le A.<br />

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Elle crie A et conserve la lettre en suspension.<br />

<strong>Le</strong>s lettres du mot ASPIRINE replient alors leur poncho. Seul, le A du début est visible.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- A comme Automobile. Allez roulez jeunesse, de la sensation, de la vitesse.<br />

Alors chaque lettre va s’exprimer à tour de rôle.<br />

Une lettre<br />

- L’automobile et son modèle réduit « auto » est en fait un impôt monté sur quatre roues.<br />

Une lettre<br />

- C’est d’ailleurs pour ça qu’on l’appelle aussi « auto » parce que le taux d’imposition est<br />

vraiment très élevé. C’est un des plus…hauts taux, notamment pour l’essence.<br />

Une lettre<br />

- Eh oui, plus de 90% du prix payé par l’automobiliste est pompé par l’Etat. Mais c’est vrai,<br />

on ne s’en aperçoit pas.<br />

Une lettre<br />

- L’essence est par nature un impôt...raffiné. Tellement raffiné qu’on parle aussi de plaisir<br />

d’essence.<br />

Une lettre<br />

- L’ancêtre de l’essence date du moyen âge à l’époque où les voitures étaient à bras.<br />

Il s’appelait le cens.<br />

Une lettre<br />

- Il était dû aux seigneurs par les roturiers. Pour lever plus facilement cet impôt, les<br />

seigneurs envoyaient des troubadours en tournée.<br />

Une lettre<br />

- Ils allaient de village en village pour animer en direct une émission intitulée “les roturiers<br />

sont sympas”.<br />

Une lettre sur un ton triste<br />

- De nos jours le cens est interdit.<br />

Une lettre excitée<br />

- Si on le prend quand même, on doit payer une amende.<br />

Une lettre<br />

- L’amende est un fruit dur à avaler.<br />

Une lettre<br />

- Pour avaler les kilomètres justement et partir loin de Paris, rien ne vaut l’autoroute.<br />

Une lettre<br />

- Sur les autoroutes, il y a des péages.<br />

Une lettre joignant le geste à la parole<br />

- C’est pour nous apprendre à jeter l’argent par les fenêtres.<br />

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Une lettre<br />

- Sur les autoroutes, il y a aussi des aires de repos.<br />

Une lettre<br />

- <strong>Le</strong> mot désert est mensonger parce que c’est souvent noir de monde. Faut pas espérer<br />

se reposer, on peut juste prendre…un pot.<br />

Une lettre<br />

- Un pot…en deux mots.<br />

Une lettre<br />

- Oui mais pas d’alcool, c’est déconseillé en voiture.<br />

Une lettre<br />

- D’ailleurs, la vitesse devrait être limitée à 120 sur autoroute.<br />

<strong>Le</strong>s autres lettres en chœur<br />

- Ah bon, et pourquoi ?<br />

La lettre<br />

- Comme ça, on pourrait faire en même temps une campagne contre la vitesse et contre<br />

l’alcool. Il suffirait de dire “ l’autoroute c’est sans vin ” pour dissuader les conducteurs<br />

d’en boire.<br />

Une lettre à l’opposé<br />

- Oui mais là c’est pas gagné, on se heurte à des lobbies.<br />

Une lettre sur un ton pédagogique<br />

- C’est vrai que la vigne c’est sacré en France. Ça rapporte pas mal en taxe. Et la vigne a<br />

toujours fait des petits. Souvenez-vous…la vignette par exemple…<br />

Une lettre<br />

- Ah la voiture, c’est une mine d’or pour l’Etat. C’est facile et ça lui rapporte gros.<br />

<strong>Le</strong>s lettres en chœur<br />

- On comprend mieux pourquoi on l’appelle aussi l’auto….<br />

Toutes les lettres quittent alors la scène en imitant les voitures. Deux lettres, le P (un<br />

homme) et le A (une femme) s’avancent alors en se donnant la main<br />

<strong>Le</strong> P en regardant le A<br />

- P et A comme Parents.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- Ah, Parents, c’est un des plus beaux mots de la langue française.<br />

<strong>Le</strong> P<br />

- Quand ils ne sont plus là nos parents, ils nous manquent terriblement.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- Même si on ne les voyait plus qu’une fois …par an.<br />

<strong>Le</strong> P<br />

- C’est normal. Prenez le mot parents et inversez juste les syllabes ou si vous préférez,<br />

prononcez parents en verlan (pause). Vous obtenez remparts.<br />

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<strong>Le</strong> A<br />

- Et là vous avez tout compris, puisque la première fonction des remparts et des parents<br />

est bien de nous protéger. Nous protéger de part en part…<br />

<strong>Le</strong> P<br />

- Mais ce n’est pas tout. Maintenant prenez le mot mère, collez le au mot père, tout contre,<br />

l’un contre l’autre, comme si les deux mots se faisaient un gros câlin. Vous obtenez<br />

quoi ?<br />

<strong>Le</strong> A, l’air étonné<br />

- mère père !<br />

<strong>Le</strong> P le reprenant<br />

- Oui mère père. C’est-à-dire en articulant bien comme nos parents nous l’ont appris : mes<br />

repères. Et là vous avez la deuxième fonction des parents : nous guider dans la vie.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- Oui, mais ça, c’est la thèse des parents. La thèse des enfants, c’est la thèse inverse des<br />

parents, on l’appelle donc parenthèse. La thèse de la parenthèse est simple : les parents<br />

ne protègent pas, ils étouffent. Pour les enfants, à la maison c’est comme avec une<br />

parenthèse dès qu’on l’ouvre, il faut la fermer.<br />

<strong>Le</strong> P<br />

- Et les enfants rêvent de l’ouvrir cette parenthèse, ils rêvent de faire des courants d’air,<br />

d’aérer leur quotidien.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- C’est pour ça que les parents envoient les enfants tous les mercredis au centre aéré<br />

mais ça ne suffit pas.<br />

<strong>Le</strong> P<br />

- Alors pour compenser, les enfants vont voler le plus tôt possible de leur propres ailes,<br />

c’est pour ça qu’ils quittent le nid familial et s’éloignent de leurs parents.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- Ils se voient quand même ?<br />

<strong>Le</strong> P<br />

- Oui, les enfants passent de temps en temps pour voir leurs parents.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- En courant d’air ?<br />

<strong>Le</strong> P<br />

- Oui, en courant d’air. Mais entre temps ils se téléphonent pour se donner des<br />

nouvelles…<br />

<strong>Le</strong>s 2 lettres sont alors rejointes par d’autres pour former le mot PORTABLE en fond de<br />

scène.<br />

Devant eux, 2 nouvelles lettres au poncho replié, vont entamer un dialogue.<br />

<strong>Le</strong>s lettres composant le mot PORTABLE vont alors se livrer à un ballet qui va consister à<br />

écrire les mots importants du dialogue (pour visualiser la scène et la chorégraphie, ces mots<br />

sont écrits en capitales dans le dialogue. Ce procédé sera employé tout au long de la pièce).<br />

<strong>Le</strong>s lettres ne participant pas à la formation du mot en question se retournent alors (leur dos<br />

est sans lettre) et s’écartent du groupe.<br />

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Une des 2 lettres sur le devant de la scène<br />

- Ah le portable, c'est l'idéal pour la communication ORALE.<br />

L’autre lettre<br />

- Oui mais dans ORALE, il y a RALE.<br />

La 1 ère lettre<br />

- Ne sois pas négative, le portable c’est le fil, ou plutôt le sans fil de notre PAROLE.<br />

La 2 ème lettre<br />

- Tu parles, ce n’est pas la parole qui est en OR, c'est le silence !<br />

La 1 ère lette<br />

- Bon écoute, arrête de dire des sonneries ou je te traite de BLERO.<br />

Une des lettres du mot BLERO ainsi formé intervient<br />

- Et attention, blaireau, ça s'écrit pas comme ça !<br />

Une autre lettre sûre d’elle<br />

- Si, si, c’est comme ça en phonétique.<br />

La 2 ème lettre du devant de la scène<br />

- Eh bien, parlons-en puisqu’on est dans la phone-éthique.<br />

Y a-t-il une éthique du télé-phone ?<br />

La 1 ère lettre<br />

- Ça se met en place tout doucement parce que…<br />

(on entend une sonnerie de téléphone, elle prend son portable et se met à crier à son<br />

interlocuteur)<br />

parce que les gens qui nous appelle à notre….insu c’est insu… PORTABLE.<br />

A ces mots les lettres du mot PORTABLE retrouvent leur place d’origine.<br />

<strong>Le</strong>s lettres sortent de la scène puis 3 lettres réapparaissent en formant le mot PUB ; elles se<br />

promènent de long en large de la scène accompagnées par un jingle qui servira à identifier<br />

ces coupures publicitaires.<br />

<strong>Le</strong>s lettres du mot PUB délivreront le message publicitaire illustré par des lettres qui<br />

apparaîtront alors sur scène (selon le même principe que précédemment).<br />

A noter qu’il y aura, à la fin de chaque acte, une coupure publicitaire qui se déroulera selon<br />

ce principe.<br />

<strong>Le</strong> P s’adresse à une spectatrice assise au premier rang<br />

- Madame, oui vous Madame, vous êtes NAÏVE ?<br />

A ces paroles le mot NAÏVE apparaît sur scène, tout guilleret.<br />

Vraiment naïve ?<br />

<strong>Le</strong> U la prend lui aussi à partie<br />

- Vous pensez que pour être belle et en forme il suffit de boire de l’eau, beaucoup d’eau.<br />

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<strong>Le</strong>s lettres du mot NAIVE changent alors de place et forme le mot EVIAN.<br />

<strong>Le</strong> B intervient lui aussi à son tour<br />

- Vous pensez aussi certainement que pour avoir une belle peau et oublier les rides il suffit<br />

de vous enduire de crème.<br />

A ces paroles les lettres du mot EVIAN changent de place et forment le mot NIVEA<br />

<strong>Le</strong> P<br />

- Eh bien vous avez raison Chère Madame, vous faites partie des millions de ménagères<br />

de moins de 50 ans qui font confiance à la publicité…<br />

<strong>Le</strong>s lettres P, U, B quittent alors la scène. On entend le jingle. Elles croisent deux nouvelles<br />

femmes lettres qui viennent avec un cadre d’écran de télé géant posé sur un pied.<br />

Elles l’installent au centre de la scène et se mettent derrière pour donner l’impression de<br />

passer à la télé, à l’image de deux présentatrices.<br />

La 1<br />

- La publicité nous envahit tous les jours.<br />

La 2<br />

- Avec des spots.<br />

La 1<br />

- On appelle ça le despotisme.<br />

La 2<br />

- La publicité agit comme un tyran.<br />

La 1<br />

- En tirant sur nous, la cible.<br />

La 1 et la 2 ensemble (sur l’air de ah ça ira)<br />

- Ah le tyran le tyran le tyran, la publicité à la lucarne. Ah le tyran le tyran le tyran, la<br />

publicité nous on l’incarne….<br />

La 1<br />

- Et nous forcément on aime ces produits.<br />

La 2<br />

- Attirants, non !<br />

La 1<br />

- Certaines émissions sont tellement rasoirs…Aïe (comme si elle s’était coupée la joue en<br />

se rasant) qu’on risque des coupures pub.<br />

La 2<br />

- Cette succession de petites coupures en rapporte des grosses à la chaîne.<br />

La 1<br />

- La chaîne vend de l’espace aux annonceurs.<br />

La 2<br />

- L’espace, c’est du vide et la pub vend du vent<br />

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La 1<br />

- Ils sont donc faits pour s’entendre.<br />

La 2<br />

- <strong>Le</strong> téléspectateur a en permanence une télécommande.<br />

La 1<br />

- C’est pour lui rappeler que c’est la télé qui commande tout.<br />

La 2<br />

- Tout sauf les pizzas.<br />

La 1<br />

- Là, c’est lui qui les commande.<br />

La 2<br />

- Tout seul<br />

La 1<br />

- Sans se bouger le QI de devant la télé.<br />

La 2<br />

- Vous pouvez aussi manger des canapés. Il y en a toujours un devant la télé.<br />

La 1<br />

- Et quand vous avez fini, n’hésitez pas fumer la moquette, c’est très bon pour la digestion.<br />

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Acte 2<br />

Sur un côté de l’avant-scène, deux lettres femmes sont attablées à un guéridon et papotent.<br />

La lettre 1 tient la main de la lettre 2 qui a l’air complètement démoralisée.<br />

Au fond de la scène, on distingue des personnages alignés mais tombés à terre. On ne voit<br />

pas les lettres inscrites sur leur buste.<br />

<strong>Le</strong>ttre 1<br />

- Bon d’accord, tu es amoureuse. Mais tu sais, ça vaut pas le coup de te mettre dans un<br />

état pareil. Un bon conseil, petite sœur, quand tu tombes amoureuse, la première chose<br />

à faire, c’est de te relever, vite fait.<br />

A ces mots les personnages se relèvent et forment le mot AMOUREUSE.<br />

Et ensuite, pendant tout le dialogue des deux sœurs, ils vont écrire les mots-clés en<br />

capitales dans le texte (les lettres non concernées se retournant ou s’abaissant).<br />

<strong>Le</strong>ttre 1<br />

- Bon alors c’est ça. Il a réussi à te séduire. Il a su t’AMUSER ?<br />

La lettre 2 ne répond pas, elle reste muette.<br />

Ah non il t’a fait directement le coup de l’AME SŒUR (elle marque une pause) et ça t’a<br />

fait tout bizarre. De drôles de REMOUS dans le cœur. Et toi, tu n’étais pas ARMEE pour<br />

lutter. Tu n’avais même pas, ne serait-ce qu’un petit MUR autour du cœur.<br />

Pour te protéger.<br />

<strong>Le</strong>ttre 2 (qui sort de son mutisme et dont le visage s’illumine)<br />

- Si, mais tu sais, il a agi par RUSE il a fait comme le bachelor, il m’a offert une ROSE.<br />

Et là, tu ne peux pas savoir comme j’étais EMUE…<br />

<strong>Le</strong>ttre 1<br />

- Et il a presque fallu appeler le SAMU pour te réanimer, c’est ça ?<br />

<strong>Le</strong>ttre 2<br />

- Non pas la peine, il l’a fait lui-même parce que lui m’aime.<br />

<strong>Le</strong>ttre 1<br />

- Donc en RESUME, il t’a EUE ?<br />

Sa sœur ne répond pas. Vexée, elle se referme sur elle-même<br />

Bon, allez petite sœur, peace and love. Ne fais pas la MOUE, fais la gaie…<br />

En entendant le mot « gaie » deux hommes-lettres quittent joyeusement le mot et s’avancent<br />

sur le devant de la scène en se tenant la main…<br />

L’homme lettre 1<br />

- Gai, gai, moi aussi je suis gai.<br />

L’homme lettre 2<br />

- Et moi, et moi, tu as vu mon émoi, moi aussi je suis gai.<br />

Ils s’arrêtent à proximité des femmes-lettres assises attablées au guéridon.<br />

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L’homme lettre 1 s’adressant aux deux femmes-lettres<br />

- Eh oui nous sommes des hommes lettres.<br />

L’homme lettre 2<br />

- Et on ne fait pas d’hommes lettres sans casser des œufs.<br />

<strong>Le</strong>s deux hommes lettres sortent alors chacun un œuf frais de leur poche et le brisent sur le<br />

crâne des deux sœurs (ou sur le guéridon).<br />

Puis l’homme lettre 1 soulève à bout de bras le guéridon en direction du public.<br />

L’homme lettre 1<br />

- Eh public, si t’es gai ris donc !!!!<br />

Puis ils s’arrêtent au bord de la scène, marquent une pause, deviennent sérieux et<br />

s’adressent au public.<br />

L’homme lettre 1<br />

- Gai c’est un mot qu’il faut épeler pour lever toute ambiguïté. Gai en français s’écrit G.A.I<br />

et là première surprise : en principe quand on est gai, on est joyeux, on rit parce qu’on a<br />

aimé quelque chose. Et bien là patatras quand on épelle Gai, on dit j’ai haï.<br />

L’homme lettre 2<br />

- Oui j’ai haï.<br />

L’homme lettre 1<br />

- Tout le contraire de j’ai aimé.<br />

L’homme lettre 2<br />

- <strong>Le</strong> gai, par nature, serait donc quelqu’un qui fait semblant d’aimer, quelqu’un qui cache<br />

ses sentiments ou qui les….travestit.<br />

L’homme lettre 1<br />

- Alors, où est la vérité ? Et l’expression gai comme un pinson, faut-il l’interpréter ou alors,<br />

si j’ose dire, la prendre…au mot ?<br />

L’homme lettre 2<br />

- Oui tu as raison, le pinson est-il réellement ce drôle d’oiseau qui chante toujours quelles<br />

que soient les circonstances ou bien l’expression gai comme un pinson n’est elle en<br />

réalité qu’une déformation de la vraie expression “gai comme un pensum” ? Comme si le<br />

fait d’être gai était en soi une punition.<br />

L’homme lettre 1<br />

- C’est peut-être cette interprétation qui a incité les anglais à utiliser le mot gay, G.A.Y,<br />

pour désigner les homosexuels. Vous remarquerez au passage qu’ils ont remplacé notre<br />

i gaulois par un y grec qui allait mieux sous prétexte que l’homosexualité était la norme<br />

dans l’antiquité.<br />

L’homme lettre 2<br />

- Dans ces conditions notre expression “ gai comme un pensum ” prend une autre tournure<br />

et devrait même s’écrire gay, G.A.Y, comme un pince-homme en deux mots. (Pour<br />

étayer sa démonstration, il se met à pincer les fesses de son ami). Un peu comme<br />

“pince-mi et pince-moi sont dans un bateau etc.”<br />

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L’homme lettre 1<br />

- Sauf que là, la scène se passe dans un pince-fesse.<br />

L’homme lettre 2<br />

- Alors on pourrait dire “ Pince homme (le 1 pince les fesses du 2) et pince fesse (le 2<br />

pince les fesses du 1) sont gais comme des pinsons (le 1 et le 2 battent des ailes et font<br />

cui-cui), ils arrivent près du gué (ils remontent leur bas de pantalon pour mimer le<br />

passage d’un gué) pince-homme fait le guet (le 2 met sa main en visière pour mimer le<br />

guet) et l’histoire tombe à l’eau… ”<br />

Sur ces mots, ils quittent la scène et croisent deux autres hommes lettres qui enchaînent sur<br />

le mot « eau »<br />

L’homme lettre s’adressant alors à la femme lettre<br />

- Eh oui l’histoire tombe à l’eau…<br />

La femme lettre surprise<br />

- C’est vrai qu’il est surprenant ce mot « eau » quand on épelle ça fait E.A.U, il n’y a pas d’<br />

O dans l’eau.<br />

L’homme lettre<br />

- Tu me diras dans oiseau il n’y a pas d’L. Et en plus dans oiseau, il y a eau. Pourtant dans<br />

l’eau, il n’y pas d’oiseaux.<br />

La femme lettre<br />

- Si ! les poissons volants. On les attrape avec une épuisette comme les papillons. A force<br />

c’est épuisant, l’épuisette.<br />

L’homme lettre<br />

- C’est normal un poisson avec des L, c’est un polisson alors il te fait tourner en bourrique.<br />

La femme lettre<br />

- <strong>Le</strong>s autres poissons sont plus calmes. Sole et raie sont des poissons à musique.<br />

L’homme lettre<br />

- <strong>Le</strong> poisson-scie aussi.<br />

La femme lettre<br />

- <strong>Le</strong> thon également mais dans une moindre mesure. Seulement quand il nage sur le…<br />

dos, Rémi. S’adressant au public en montrant son ami. Oui son petit nom c’est Rémi…lui<br />

aussi il a bon dos.<br />

L’homme lettre 1<br />

- Et en plus je suis Poisson ascendant Verseau<br />

La femme lettre<br />

- Ah bon t’es pas un peu recto sur les bords.<br />

Voyant que ça ne fait pas rire son ami, elle s’excuse.<br />

Bon allez ne prend pas la mouche.<br />

L’homme lettre<br />

- A Paris, on pêche à la mouche pour attraper les bateaux. C’est pour ça qu’il y a pleins de<br />

bateaux-mouches sur la Seine.<br />

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La femme lettre<br />

- La Seine, c’est de l’eau douce. On considère qu’une eau est douce à partir du moment<br />

où elle ne fait pas de mal à une mouche.<br />

L’homme lettre<br />

- Pour ça la Seine est cool. Elle se la coule douce. Et elle n’en veut à personne excepté à<br />

Apollinaire qui la gonfle avec son Pont Mirabeau.<br />

La femme lettre<br />

- Dans l’eau de mer, il y du mercure. <strong>Le</strong> mercure, c’est une espèce de poison, un poisson<br />

avec un S seulement si vous préférez. Il sert à prendre la température de l’eau. En règle<br />

générale, les poissons sont frileux, sauf le poisson frit.<br />

L’homme lettre<br />

- Ça prouve que même avec des écailles, on caille.<br />

La femme lettre<br />

- <strong>Le</strong> mercure n’a rien à voir avec la cure de mer. On l’appelle aussi thalassothérapie parce<br />

qu’on nous oblige à regarder Thalassa en boucle pendant les bains de boue. Même<br />

allongés, les bains de boue c’est fatigant.<br />

L’homme lettre<br />

- Mais c’est beaucoup moins pénible que les cures de glorialassothérapie.<br />

La femme lettre<br />

- L’eau de source quant à elle dévale les pentes à vive allure en chantant des chansons de<br />

Guy Béart. C’est normal source est l’anagramme de course.<br />

L’homme lettre<br />

- L’eau de course est celle qui coule dans les hypermarchés. Elle prend sa source à<br />

Venise près des têtes de gondoles. Maintenant, c’est plus pratique, on peut se la faire<br />

livrer à domicile. Il suffit de dire allô...<br />

A l’autre bout de la scène, une femme lettre seule reprend ce mot au vol et s’avance sur le<br />

devant de la scène pour un monologue<br />

La femme lettre<br />

- Allô oui j’écoute, ne quittez pas, non ne me quitte pas ou je me jette à l’eau, allô oui<br />

j’écoute ne me quitte pas ou je me jette à l’eau au bout de la jetée<br />

La jetée, ce mot me fait comme un pincement au cœur. Un pansement au cœur. C’est à<br />

cause des symboles.<br />

Regardez la jetée, c’est un chemin de pierres qui s’avance doucement dans la mer. En<br />

fait, la jetée c’est une invention pour éviter que les gens se suicident trop près du bord.<br />

Sinon les secours ont le temps d’arriver et le presque noyé rate sa mort en plus de sa<br />

vie.<br />

Souvent ce sont des suicides dus à des chagrins d’amour. La personne se rend compte<br />

qu’elle s’est faite jeter et forcément ce qui lui vient à l’esprit, c’est pas la Tour Eiffel mais<br />

la jetée.<br />

Et en plus, il y a tout dans ce mot. On sent vraiment la relation qui s’arrête brutalement.<br />

Jetée, oui c’est ça je t’ai...aimée mais je ne t’aime plus, je t’ai...dit tout ce que j’avais à te<br />

dire.<br />

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Alors forcément, quand on entend ça on n’a qu’une envie, se jeter personnellement à la<br />

mer parce qu’on n’a pas toujours une bouteille sous la main. Et pas le temps non plus de<br />

l’acheter. L’acheter ! ! Et pourtant lâcheté, c’est un mot qui va bien avec jeter…on se fait<br />

souvent jetée par lâcheté.<br />

Cela étant, c’est très désagréable de se faire jeter comme un mouchoir jetable. D’ailleurs<br />

quand une femme parle de son ex, c’est en fait l’abréviation de mon kleenex.<br />

La seule solution pour s’en sortir quand on a été jetée, c’est de jeter son dévolu sur<br />

quelqu’un d’autre. De façon à pouvoir inverser les rôles le plus rapidement possible.<br />

PAUSE<br />

<strong>Le</strong>s bateaux aussi évitent de s’approcher trop près d’une jetée. Ca leur donne le cafard<br />

de passer à côté d’un endroit où des hommes et des femmes sont venus noyer leur<br />

peine. C’est pour ça que les bateaux, surtout les gros, ce sont les plus sensibles, ne<br />

veulent pas rentrer tout seuls au port.<br />

(musique douce)<br />

Alors pour rentrer au port, ils rêvent qu’ils sont brise-larmes. Et surtout, surtout, ils font<br />

appel à un remorqueur. Parce que c’est un mot qu’ils trouvent beau. Dans remorqueur,<br />

ils entendent remords et cœur. Et ça leur rappelle toujours une belle histoire d’amour.<br />

La femme lettre quitte la scène. Elle est alors remplacée par un mot écrit par un groupe de<br />

femmes et d’hommes lettres : AVENTURES.<br />

Une autre femme lettre est entrée en scène pour faire vivre ce mot.<br />

La femme lettre<br />

- <strong>Le</strong>s hommes mariés ont des aventures, c’est dans leur NATURE.<br />

Ils prétendent que c’est pour donner de la SAVEUR à leur vie conjugale.<br />

Moi je pense que c’est d’abord pour SE VANTER.<br />

Vous direz, les femmes mariées aussi ça leur arrive. Peut-être. Mais moins souvent.<br />

Elles ont leur VERTU et elles ne savent pas aussi bien mentir que les hommes «allô ma<br />

chérie, ne m’attends pas pour dîner, je rentrerai très tard ce soir je suis RETENU au<br />

bureau».<br />

C’est USANT au début, mais maintenant elle s’en fout, Pénélope, son voisin de palier<br />

c’est un pilote et ça lui arrive de faire escale chez elle…Alors elle se met en petite<br />

TENUE et s’envoie en l’air avec son pilote.<br />

Deux femmes lettres arrivent alors en faisant l’avion.<br />

La 1<br />

- Ah, pilote, ça c’est un métier qui fait rêver.<br />

La 2<br />

- A cause des avions et du ciel.<br />

La 1<br />

- Mais c’est un métier dangereux.<br />

La 2<br />

- Il vaut mieux avoir les pieds sur terre.<br />

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La 1<br />

- <strong>Le</strong> plus dangereux, c’est pilote d’essai.<br />

La 2<br />

- Rien que le mot d’essai, c’est mortel.<br />

La 1<br />

- La plupart du temps, ils essaient des avions qui ne sont pas au point.<br />

La 2<br />

- Il y a encore des points d’interrogation.<br />

La 1<br />

- Heureusement les avions de ligne sont au point. Point à la ligne.<br />

La 2<br />

- <strong>Le</strong> pilote est aussi appelé commandant de bord parce qu’il est assis tout au bord de<br />

l’avion pour mieux voir les mouettes.<br />

La 1<br />

- Parfois il tombe dans le vide. C’est le rôle du copilote de le rattraper au vol.<br />

La 2<br />

- A force, c’est un peu stressant pour les passagers, c’est pour ça qu’on ne met pas<br />

d’essence dans les avions mais du kérosène. Comme ça tout le monde est plus zen.<br />

La 1<br />

- <strong>Le</strong>s hôtesses de l’air font partie du personnel naviguant . C’est pour ça qu’elles se<br />

promènent dans l’avion avec un gilet de sauvetage que leur a tricoté leur grand-mère.<br />

La 2<br />

- Quand elles prennent le bateau, elles ont un parachute qui tombent délicatement sur leur<br />

chute de reins. C’est pas très pratique pour faire du toboggan.<br />

La 1<br />

- Pour se poser les avions ont un train d’atterrissage. Il n’a rien a voir avec l’arrière-train de<br />

l’hôtesse.<br />

La 2<br />

- Quand le train d’atterrissage entre dans l’aérogare, les voyageurs ont plutôt intérêt à<br />

s’éloigner des bordures.<br />

La 1<br />

- De toutes manières, ça arrive rarement car les avions sont souvent en grève.<br />

La 2<br />

- Dans ce cas, les avions sont cloués au sol. C’est pour ça qu’il y des heures de...pointe.<br />

La 1<br />

- <strong>Le</strong> mot avion est aussi l’imparfait du verbe avoir.<br />

La 2<br />

- C’est normal car tout n’est pas parfait :.“nous avions des bagages à l’enregistrement. A<br />

l’arrivée nous n’avions plus rien”.<br />

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La 1<br />

- Ce mot rien on le retrouve d’ailleurs dans transport aérien.<br />

La 2<br />

- Pour résoudre le problème des bagages perdus, les compagnies aériennes ont inventé le<br />

décalage horaire.<br />

La 2<br />

- Comme ça, à l’arrivée on se retrouve toujours avec des valises sous les yeux.<br />

Elles quittent la scène en faisant l’avion.<br />

<strong>Le</strong>s lettres de la coupure PUB font leur entrée avec le jingle identifiant.<br />

PUB<br />

Au centre de la scène 7 hommes lettres sont debout, les bras croisés. On ne distingue pas<br />

leurs lettres.<br />

<strong>Le</strong> P<br />

- Vous avez toujours plein d’idées pour aménager votre nid d’amour.<br />

<strong>Le</strong> U<br />

- Tiens, une cuisine intégrée pour votre femme adorée qui passe son temps à vous<br />

attendre le soir.<br />

<strong>Le</strong> B<br />

- Ou bien, une super mezzanine pour votre petit dernier qui glande à l’école mais qui le<br />

vaut bien.<br />

<strong>Le</strong> P<br />

- Alors, vous avez fait appel à un vrai menuisier de votre quartier et, vous, vous êtes restés<br />

les bras croisés.<br />

<strong>Le</strong> U<br />

- Espèce de gros glandeurs, va !!!!<br />

<strong>Le</strong> P<br />

- Sauf qu’au moment de LE PAYER, le bougre, vous avez eu les méga-boules.<br />

<strong>Le</strong>s 7 hommes lettres déplient alors leurs lettres et forment les mots LE PAYER.<br />

<strong>Le</strong> P<br />

- Ouah….la paire de boules que vous avez eue en voyant la facture !!!<br />

<strong>Le</strong> U<br />

- Un peu plus, vous lui filiez un chèque en bois au menuisier.<br />

<strong>Le</strong> B<br />

- Alors un bon conseil, la prochaine fois que vous avez des travaux, faites les vousmêmes.<br />

<strong>Le</strong> P<br />

- Vous n’êtes pas plus cons que la moyenne, non.<br />

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<strong>Le</strong> U<br />

- Et en plus y’a des magasins exprès pour ça.<br />

<strong>Le</strong>s hommes lettres forment alors le mot LAPEYRE et quittent la scène.<br />

<strong>Le</strong>s lettres pub aussi avec le jingle en fond sonore.<br />

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Acte 3<br />

De différents endroits de la scène, trois couples composés chacun d’une femme lettre et<br />

d’un homme lettre apparaissent. Ils se tiennent par le cou ou par la main, s’embrassent puis<br />

viennent s’aligner pour former le mot COUPLE.<br />

Une femme en blouse blanche genre professeur de fac apparaît alors et gagne le devant de<br />

la scène pour entamer un monologue qui donnera lieu à une chorégraphie décalée des<br />

lettres du mot COUPLE à chaque mot-clé.<br />

La femme lettre<br />

- La question essentielle c’est : pour qu’elle raison on se met en couple ?<br />

La réponse est simple, un couple ça….construit.<br />

A ce moment, les lettres du mot COUPLE changent de place et forment le mot COPULE<br />

comme pour remettre les choses au point : un couple ça copule…<br />

Vous allez me dire, il n’y a pas que l’avenir dans la vie.<br />

<strong>Le</strong>s lettres du mot COUPLE forment le mot CUL.<br />

A ce moment-là une femme un peu plus délurée entre en scène et prend la parole.<br />

La femme délurée<br />

- Non non vous avez raison…quoique !<br />

Pour qu’un couple moderne fonctionne au moins 8, ans il n’y a de secret.<br />

Il faut que chaque composante du couple soit un bon COUP ; je dirais même plus,<br />

LE COUP du siècle.<br />

La femme lettre<br />

- Mais ce n’est pas suffisant, il faut aussi de l’amour de la tendresse.<br />

Qu’il vous appelle ma PUCE, qu’il vous fasse des bisous dans LE COU.<br />

La femme délurée<br />

- Il faut surtout qu’il n’aie pas l’air trop PLOUC .<br />

La femme lettre<br />

- Et qu’il sache planter un CLOU.<br />

La femme délurée<br />

- Et surtout mesdames, un dernier conseil si vous voulez vraiment lui faire plaisir à votre<br />

homme n’hésitez pas à le sucer...<br />

Je veux parler de votre POUCE bien entendu, les hommes adorent les femmes<br />

enfants…<br />

A ces mots, tous les comédiens quittent la scène et croisent un couple qui prend le relais<br />

après leur avoir tapé dans la main en les croisant (un peu comme des joueurs de basket<br />

avant le match).<br />

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L’homme<br />

- Et les enfants ça doit bien travailler à l’école.<br />

La femme<br />

- Ah l’école, en voilà un mot riche d’enseignement. L’élève de base s'appelle l’é...colier.<br />

Oui collier, c’est certainement en prévision de toutes les perles qu’il dira au cours de sa<br />

scolarité.<br />

L’homme<br />

- A proximité des écoles, il y a toujours des buissons. C’est pour les élèves qui veulent<br />

sécher les cours.<br />

La femme<br />

- C’est normal, les cours, contrairement à leur nom, sont toujours trop longs.<br />

L’homme<br />

- Et en plus certains cours font vraiment peur. Rien qu’à y penser les élèves angoissent<br />

“oh ce cours, qu’est-ce qu’il est pénible”. L’expression “au secours” est de ce fait passée<br />

dans le langage courant comme cri de détresse.<br />

La femme<br />

- Ensuite sous l’influence de la mode, ça a donné S.O.S qui veut dire “Si On Séchait.. ?”<br />

L’homme<br />

- <strong>Le</strong> paradoxe, c’est que l’élève quand il ne sèche pas les cours, il peut sécher en cours.<br />

D’où l’intérêt des anti-sèches pour répondre à une colle.<br />

La femme<br />

- Et si l’élève ne sait pas répondre, il est collé non pas par la colle que lui a posée le prof<br />

mais par le prof qui lui colle des heures de colle.<br />

L’homme<br />

- C’est donc pour ça que l’école s’est appelée l’école.<br />

La femme<br />

- Et qu’à force certains élèves ont les oreilles décollées.<br />

L’homme<br />

- Et même après, ça continue ces histoires de colle avec le…. collège.<br />

On entend sonner une cloche de fin de cours<br />

<strong>Le</strong>s comédiens quittent tous la scène en chantant «donne moi ta main et prend la mienne, la<br />

cloche a sonné, ça signifie … l’école est finie»<br />

Un mot nouveau apparaît ARTISTE.<br />

Un homme lettre passe sur le devant de la scène et en voyant le mot s’adresse au public<br />

(derrière lui le ballet de mot peut commencer).<br />

- Moi quand j’étais petit sur les bancs de l’école je rêvais d’être artiste… (il s’égosille)<br />

j’aurais voulu être un ARTISTE !<br />

J’ai toujours eu en moi cette flamme qui s’ATTISE au moindre projet.<br />

Mais bon j’ai eu trop de RATES dans ma vie.<br />

Je suis TRISTE, oui très triste ça me fait des étoiles dans les yeux.<br />

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Surtout quand je me dis qu’il est trop tard et que je ne serai jamais STAR.<br />

<strong>Le</strong> A du mot ARTISTE quitte le mot et s’avance vers le devant de la scène. Un E et un U<br />

viennent alors compléter le mot restant pour former REUSSITE.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- Moi aussi j’ai toujours voulu réussir dans la vie.<br />

Ah la REUSSITE, c’est pas donné à tout le monde.<br />

Et puis d’abord, c’est quoi la réussite ? Ca permet de SE SITUER au haut de l’échelle.<br />

Mais pour réussir, il faut se TUER au travail, SUER sang et eau, avoir des idées et<br />

surtout de la SUITE dans les idées.<br />

Persévérer et comme dirait mon opticien, l’homme qui perd ses verres doit changer de<br />

lunettes. Non franchement la réussite, ce n’est pas mon truc. Moi je préfère m’endormir<br />

sur mes lauriers. Et comme je n’en ai pas. Je dors encore mieux.<br />

A ces paroles les lettres forment le mot SIESTES.<br />

L’autre lettre qui l’a laissé parler sans l’interrompre<br />

- Non je ne suis pas d’accord, dans la vie il faut se donner des objectifs, se lancer des<br />

défis.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- Un défi, c’est avant tout une idée fixe. D’ailleurs on entend défi dans idée fixe. Sauf si ça<br />

tombe dans l’oreille d’un sourd.<br />

L’autre lettre<br />

- Tombé ou pas, les défis, on se doit de les relever.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- L’expérience montre que ce n’est pas gagné d’avance. La preuve, défi c’est le début de<br />

définitif. <strong>Le</strong> début de la fin, si tu préfères. Parce que celui qui relève un défi peut ne pas<br />

se relever du tout.<br />

Lancer un défi c’est comme lancer une pièce en l’air. On joue sa vie à pile ou face.<br />

L’autre lettre<br />

- Et des piles, il en faut pour tenir les ponts.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- Ça tombe bien parce qu’à l’origine les ponts ont été construits pour le saut à l’élastique.<br />

L’autre lettre<br />

- <strong>Le</strong> saut à l’élastique, ça c’est un vrai défi. On risque de se heurter la face contre la pile du<br />

pont.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- Et là ça fait mal. On voit des étoiles. C’est pour ça qu’on remonte très vite en direction du<br />

ciel. Avant un saut, on est plus tendu que l’élastique. C’est normal, le vide ça fait peur.<br />

Même la nature a horreur du vide, pourtant c’est elle qui l’a créé. Il faut vraiment être<br />

avide de sensations fortes pour sauter dans le vide.<br />

L’autre lettre<br />

- Pour les habitués des défis, tout est question de matériel, il ne doit pas être défi-cient.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- Et ça c’est vrai pour l’élastique.<br />

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L’autre lettre<br />

- <strong>Le</strong> problème c’est qu’élastique est un mot qui commence mal. A cause de hélas. Hélas<br />

c’est ce qu’on dit quand l’élastique n’est pas assez tendu à l’arrivée.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- On traite alors l’élastique de lâche. C’est normal mettez-vous à la place du sauteur. Non<br />

vous ne voulez pas, c’est trop dangereux ! !<br />

L’autre lettre<br />

- Ne vous inquiétez pas, pour vous sécuriser, on vous met aussi les trois mousquetons.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- C’est en hommage à Alexandre Dumas !<br />

L’autre lettre<br />

- Oui, sur les bateaux, il avait pris l’habitude de grimper en haut du mât, d’où son nom, et il<br />

se jetait dans le vide sans crier « gare ».<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- Et c’est pour cette raison que le saut à l’élastique du haut du Pont du Gard a été interdit ?<br />

L’autre lettre<br />

- Oui sans doute…<br />

Puis ils quittent la scène et croisent alors deux femmes lettres qui entrent à leur tour.<br />

<strong>Le</strong> A en croisant les deux femmes<br />

- Alexandre Dumas, quel grand auteur !<br />

Puis il sort de la scène avec son complice.<br />

A ce moment là les deux femmes lettres « saisissent » au bond le mot Auteur.<br />

La femme lettre 1<br />

- Ah Auteur, ça c’est un mot qui nous fait voyager. Dans le ciel. Dans un monde artificiel.<br />

Un auteur prend toujours de la hauteur mais un auteur ne prend jamais de… H.<br />

La femme lettre 2<br />

- Sa seule drogue, c’est l’héroïne de ses romans.<br />

La femme lettre 1<br />

- Auteur, c’est un métier ingrat. Certains manuscrits ne servent à rien. On les appellent les<br />

écrits vains.<br />

La femme lettre 2<br />

- En littérature, on écrit beaucoup et on garde peu. Dans littérature, il y a le mot rature, ce<br />

n’est pas par hasard.<br />

La femme lettre 1<br />

- Avec l’âge, l’auteur prend de l’assurance, il écrit plus vite et mieux.<br />

La femme lettre 2<br />

- Plus l’auteur mûrit, plus il se sent…sûr.<br />

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La femme lettre 1<br />

- Mais la censure, l’auteur en a horreur. Il la dénonce, il dit qu’il faut renvoyer la censure.<br />

La femme lettre 2<br />

- Mais pas l’ascenseur. L’ascenseur permet de prendre de la hauteur. C’est important pour<br />

un auteur.<br />

La femme lettre 1<br />

- Dans la vie de tous les jours, un auteur se promène toujours avec un petit carnet sur<br />

lequel il note tout. C’est un noteur professionnel. Sa hantise, être à court d’idées. Parce<br />

qu’être à court d’argent, il connaît. Son ennemie, la page blanche.<br />

La femme lettre 2<br />

- Souvent les mots ne viennent pas vite. Pourtant il a du talent. Mais dans talent, il y a lent.<br />

La femme lettre 1<br />

- Un auteur a forcément une femme dans sa vie. C’est sa muse. <strong>Le</strong> soir, ils sortent<br />

ensemble. Ils s’amusent.<br />

La femme lettre 2<br />

- Elle l’inspire.<br />

La femme lettre 1<br />

- Ils feront un enfant.<br />

La femme lettre 2<br />

- Mais c’est lui qu’il le portera. C’est lui qui accouchera. Ecrire un livre, ça délivre.<br />

Ça délivre l’auteur de tous ses maux.<br />

La femme lettre 1 (levant les yeux au ciel avec un air mystique)<br />

- Parfois ça délivre un message.<br />

La femme lettre 2 (très terre à terre)<br />

- Mais c’est rare. C’est réservé à Bernard Henri Lévy<br />

Trois hommes lettres formant BHL entrent alors en scène.<br />

<strong>Le</strong> B, le H et le L ensemble<br />

- On parlait de moi ?<br />

La femme lettre 1<br />

- Si peu.<br />

<strong>Le</strong> B<br />

- Alors on repart au combat !<br />

Ils font un tour de scène et une sortie de manifestants en scandant « BHL - Bosnie<br />

Herzégovine Libre »<br />

La femme lettre 1<br />

- Ça me fait penser que j’ai un ami qui est SCENARISTE.<br />

La femme lettre 2<br />

- Ça aussi c’est un beau métier !<br />

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A ce moment-là, le mot SCENARISTE fait une apparition sur scène.<br />

La femme lettre 1<br />

- Oui mais tu sais c’est dur, notamment avec les producteurs américains. Il veulent<br />

toujours imposer leurs vues, il doit savoir résister.<br />

La femme lettre 2<br />

- Il y arrive ?<br />

La femme lettre 1<br />

- Oui, lui, il a ça dans le ventre.<br />

<strong>Le</strong> mot SCENARISTE se transforme alors en RESISTANCE et quitte la scène en scandant<br />

« Exception Culturelle française, Exception Culturelle Française » sans que les deux femmes<br />

lettres ne leur prêtent une quelconque attention.<br />

La femme lettre 1<br />

- <strong>Le</strong>s auteurs naissent libres et ego....centriques. C’est écrit dans la Déclaration<br />

Universelle des Droits d’Auteur.<br />

La femme lettre 2<br />

- Oui parce que les droits d’auteur, ça se déclare. Tous les ans. C’est même un devoir<br />

pour l’auteur de déclarer ses droits.<br />

La femme lettre 1<br />

- Bon an, mal an, l’auteur est imposé sur son talent. Sur sa richesse intérieure. Là encore,<br />

la hantise de l’auteur devant sa déclaration de droits d’auteur, c’est la page blanche.<br />

Pour lui, c’est signe d’année noire….<br />

La femme lettre 2<br />

- Noir comme un chat.<br />

La femme lettre 1<br />

- Alors justement, quand on parle du chat, on en voit la queue.<br />

A ces mots, le centre de la scène s’éclaire, on voit le mot CHAT écrit par 4 hommes lettres<br />

(qui en même temps regardent derrière eux pour voir si «on en voit la queue»).<br />

La femme lettre 2<br />

- Alors c’est le moment de donner notre langue au chat.<br />

<strong>Le</strong> C<br />

- <strong>Le</strong> chat à l’origine, c’est un animal.<br />

<strong>Le</strong> H<br />

- Ça nous le savons. C’est pour ça que c’est devenu un savon.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- C’est normal, le chat passe son temps à faire sa toilette. Il se lèche partout et se brosse<br />

les dents après avoir mangé des chamallows.<br />

<strong>Le</strong> T<br />

- L’eau justement le chat aime ça. Eté comme hiver, il fait du canyoning dans les<br />

gouttières pour frimer devant les souris.<br />

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<strong>Le</strong> C<br />

- Souvent, les souris dansent le chachacha ou bien la danse du ventre quand le chat dort.<br />

<strong>Le</strong> H<br />

- <strong>Le</strong> tchador est un foulard islamique inventé par le shah d’Iran parce que la plupart des<br />

souris sont chauves.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- <strong>Le</strong> chas, c’est aussi un trou dans une aiguille. Parce qu’une aiguille ça pique et ça fait<br />

mal comme les griffes du chat.<br />

<strong>Le</strong> T<br />

- Dans le chas, on fait passer le fil. Et le fil du temps.<br />

<strong>Le</strong> C<br />

- La vie alors ne tient qu’à un fil.<br />

LE H<br />

- C’est pour ça que les chats noirs portent malheur.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- Mais il y a pire que les chats noirs...l’échafaud.<br />

<strong>Le</strong> T<br />

- C’est normal dans échafaud, il y a faux.<br />

<strong>Le</strong> C<br />

- Et la faux, c’est le symbole de la mort.<br />

<strong>Le</strong> H<br />

- <strong>Le</strong>s condamnés à mort qui montaient sur l’échafaud le savaient bien.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- Ils y allaient à contre cœur. La mort dans…l’âme en voyant la lame de la guillotine.<br />

<strong>Le</strong> T<br />

- Ils avaient même du mal à parler avec souvent un chat dans la gorge.<br />

<strong>Le</strong> C<br />

- Pauvre chat, la gorge c’était pas le meilleur endroit.<br />

<strong>Le</strong> H<br />

- Toujours est-il que si le chat était noir, c’était mauvais signe.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- Pourtant les cygnes sont souvent blancs. Et ils dansent sur le Lac des cygnes. Mais ça<br />

ne les empêchent pas de mourir.<br />

<strong>Le</strong> T<br />

- C’est comme les condamnés à mort. Quelle idée de demander la cigarette du condamné.<br />

Contrairement à une idée reçue, la cigarette ne fait pas…des cendres de l’échafaud.<br />

<strong>Le</strong> C<br />

- Et le tabac nuit gravement à la santé.<br />

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<strong>Le</strong> H<br />

- La Santé, souvent ils en sortaient.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- Vous savez quoi ? Un cigare ç’aurait été nettement mieux pour un condamné à mort.<br />

A ces mots, le mot CIGARE entre en scène. Chaque personnage à un gros cigare à la<br />

bouche.<br />

<strong>Le</strong> T<br />

- Oui t’as raison, c’était quand même mieux qu’une cigarette, un cigare.<br />

<strong>Le</strong> C<br />

- Au moins le condamné à mort aurait eu l’espoir d’être gracié.<br />

A ces paroles les lettres du mot CIGARE changent de place et forment GRACIE.<br />

PUB (mise en scène habituelle pour la coupure pub).<br />

<strong>Le</strong> P<br />

- Et sans transition, encore que ! parlons maintenant d’un fromage…à la coupe.<br />

<strong>Le</strong> U<br />

- Oui, lequel ?<br />

<strong>Le</strong> B<br />

- <strong>Le</strong> Vieux Pané par exemple, parce qu’il pose un vrai problème existentiel.<br />

<strong>Le</strong> P, le U, et le B en chœur<br />

- Et oui !!! comment peut-on être Vieux et Pas né à la fois.<br />

<strong>Le</strong> U<br />

- Oui être vieux et pas né à la fois, la voilà la question. C’est quand même plus fort qu’être<br />

ou ne pas être.<br />

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Acte 4<br />

Une femme lettre entre en scène avec un gros paquet de bonbons à la main. Elle en mange<br />

en avançant. Derrière elle, neuf lettres s’alignent pour former le mot GOURMANDE. Elles<br />

feront bien évidemment la chorégraphie du monologue de la femme gourmande.<br />

La femme gourmande<br />

- Bon je reconnais, c'est mon plus gros défaut, je suis GOURMANDE.<br />

Oui messieurs, j’entends d’ici votre interrogation, je suis gourmande dans tous les<br />

domaines ?<br />

Oui, c’est ça. Mais surtout pour la nourriture.<br />

Quand il n'y a rien à MANGER, je vois ROUGE.<br />

Vous allez me dire, il faut être un peu GOURDE pour se conduire comme ça.<br />

Pourtant je suis GRANDE, mais je dois certainement manquer d'AMOUR.<br />

A ce moment, une de ses copines vient la rejoindre. Elle est tout excitée.<br />

L’excitée<br />

- Ah Isabelle, tu tombes bien, faut que je te raconte.<br />

La gourmande lui proposant des bonbons<br />

- Tiens t’en veux ?<br />

L’excitée<br />

- Non merci, je peux rien avaler en ce moment, je suis dans un état.<br />

La gourmande<br />

- Qu’est-ce qu’il t’arrive ?<br />

L’excitée<br />

- Ça y est j’ai rencontré un mec, il est bourré de CHARME.<br />

A ces mots, les lettres du centre de la scène (qui ont changé entre deux) forment le mot<br />

CHARME.<br />

La gourmande<br />

- Je le connais ?<br />

L’excitée<br />

- Oui bien sûr, c’est l’auteur de la pièce qu’on est en train de jouer.<br />

La gourmande<br />

- Quoi MARC ? t’as craqué pour MARC ?<br />

Et avec un ton de jalousie<br />

Mais t’as pas le droit, c’est l’auteur. Il est à tout le monde. Et pourquoi t’as craqué pour<br />

lui ?<br />

L’excitée<br />

- A ton avis ?<br />

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La gourmande<br />

- J’ai pas d’avis sur la question, j’en suis revenue.<br />

L’excitée<br />

- C’est son sourire qui m’a fait craquer. C’est une ARME redoutable.<br />

La gourmande<br />

- Oui je sais, ça MARCHE à tous les coups.<br />

L’excitée<br />

- Et en ce moment il a quelqu’un ?<br />

La gourmande<br />

- A part moi, enfin je veux dire toi ? Non je pense pas, il doit être seul. Tu sais, il a<br />

beaucoup de mal à garder les femmes qu’il séduit.<br />

L’excitée<br />

- Ah bon, il a du mal. Et il est seul ? Vraiment.<br />

A ces mots les lettres se mélangent et forment le mot HAREM.<br />

La gourmande<br />

- Tu sais, il faut te méfier des utopies.<br />

Puis elle quitte la scène (avec le mot CHARME).<br />

L’excitée reste seule et se lance alors dans un monologue qui lui est inspiré par le mot<br />

«utopie».<br />

L’excitée qui prend maintenant un air mystique<br />

- L’utopie est une île entourée de rêves. On a toujours eu du mal à la situer sur une carte.<br />

L’uto-piste s’appelle ainsi parce que toute sa vie, il prétend être sur la piste de l’utopie.<br />

C’est aussi pour ça qu’on le prend pour un clown. Il fait marrer tout le monde quand il est<br />

en piste avec son nez rouge et son île qui n’existe pas.<br />

Mais parfois il est triste, alors il s’assoit et joue à la toupie.<br />

Elle sort une toupie de sa poche, la lance sur scène et la regarde tourner.<br />

A ce moment, des femmes lettres formant le mot TOUPIE entrent en scène en tournant sur<br />

elles-mêmes en formant aussi alternativement le mot UTOPIE.<br />

Et pas seulement parce que toupie c’est l’anagramme d’utopie, de toutes manières, le<br />

clown, il s’en fout, il ne sait pas lire. Non la toupie c’est son truc. Elle tourne, elle tourne,<br />

sans savoir où elle est, elle croit qu’elle voyage et en fait elle reste sur place. Et quand<br />

elle s’arrête de tourner, elle tombe.<br />

<strong>Le</strong>s lettres s’arrêtent alors de tourner et tombent.<br />

<strong>Le</strong> clown se dit qu’il est pareil. Il rêve, il rêve, et ses rêves tournent dans sa tête. Ils<br />

tournent, ils tournent jusqu’à l’enivrer. Et le jour où il arrête de rêver, il meurt, le clown. Il<br />

meurt dans sa tête, dans ses yeux.<br />

Alors, il cherche sans cesse son île. A tâtons dans sa tête. Peut-être que son île à lui<br />

coule aussi en Egypte entre les pyramides. Comme dans les livres d’histoires. Oui son île<br />

dans le désert, c’est logique. Et après tout, c’est une piste puisqu’il y a un désert. Et les<br />

pistes du désert conduisent aux oasis.<br />

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Alors l’utopie est peut-être une oasis perdue au milieu des sables. Cela expliquerait<br />

d’ailleurs pourquoi on dit de lui qu’il a un grain. Et en plus, dans le désert il y a des<br />

mirages. Ce sont des avions français qui survolent le désert à basse altitude pour larguer<br />

des rêves.<br />

De toutes manières, l’utopiste ne deviendra jamais réaliste. Il déteste le mot. Pour lui, le<br />

réaliste fait la liste de tout ce qu’il est possible de faire. Ça limite forcément. Ensuite, au<br />

fur et à mesure qu’il réalise quelque chose, le réaliste le raie de sa liste. Quand tout est<br />

rayé, il meurt. Souvent avant de mourir, il réalise qu’il a oublié de rêver.<br />

Et pourtant rêver, c’est beau.<br />

Elle quitte la scène sur ces mots. Au centre, on aperçoit alors quatre hommes et femmes<br />

lettres qui forment le mot LAID.<br />

<strong>Le</strong> L<br />

- Et le contraire de beau, c’est laid.<br />

<strong>Le</strong> D<br />

- Avec un d, pour ne pas vexer la vache.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- Ça va même plus loin puisqu’on est tenu de dire soit “il est vachement beau”, soit “il est<br />

terriblement laid”.<br />

<strong>Le</strong> I<br />

- Vachement laid, c’est interdit. Sinon les vaches font la grève du lait.<br />

<strong>Le</strong> D<br />

- Quand ça arrive, les paysans vont aux champignons. Pour ne vexer personne, ils<br />

ramassent des bolets.<br />

<strong>Le</strong> L<br />

- Ça au moins, c’est un champignon consensuel. <strong>Le</strong> bolet, c’est l’union du beau et du laid.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- <strong>Le</strong> mariage du bien et du mal. Oui parce qu’en plus, il y a des bolets comestibles et des<br />

bolets vénéneux.<br />

<strong>Le</strong> I<br />

- <strong>Le</strong> bolet Satan, forcément, est mortel. En revanche, le bolet nonnette voilée, c’est son<br />

nom, par définition plus près de Dieu, est divin.<br />

<strong>Le</strong> D<br />

- Pour son accompagnement, le bolet est également très conciliant. Certaines personnes<br />

vous diront que l’idéal, c’est bien entendu une bolée de cidre.<br />

<strong>Le</strong> L<br />

- D’autres préféreront un vin puisque l’autre nom du bolet, c’est le cèpe qui renvoie<br />

inéluctablement au pied de vigne.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- Ça prouve que tous les goûts sont dans la nature.<br />

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<strong>Le</strong> I<br />

- Salvador Dali l’avait compris. Il définissait le génie comme l’art de transformer le laid en<br />

beau.<br />

<strong>Le</strong> D<br />

- Et ce qui est génial, c’est qu’il l’a prouvé. Avec son œuvre bien sûr.<br />

<strong>Le</strong> L<br />

- Avec son physique aussi vous diront quelques méchantes langues. Mais surtout avec<br />

son nom.<br />

<strong>Le</strong>s lettres changent de place pour former DALI.<br />

<strong>Le</strong> D<br />

- Vous avez vu : laid, c’est moche.<br />

<strong>Le</strong>s lettres reforment LAID.<br />

Un petit coup de palette magique et hop Dali, et là tout devient beau.<br />

<strong>Le</strong>s lettres reforment DALI.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- C’est pareil avec les gens. Tenez, une belle-mère peut être moche en plus d’être chiante<br />

et tous les robots ne sont pas beaux.<br />

<strong>Le</strong> I<br />

- C’est comme un homme moche qui lance un appel à l’aide, il a peut-être vraiment envie<br />

de rencontrer une laide.<br />

Il crie<br />

Oh eh oh à l’aide !!!!!<br />

Un E entre alors en scène. <strong>Le</strong>s lettres changent de place pour former LAIDE.<br />

<strong>Le</strong> L<br />

- Oui qui sait, son idéal féminin, c’est peut-être une femme laide !<br />

A ces mots, les lettres changent de place et forment le mot IDEAL.<br />

PAUSE<br />

La lettre D (une femme lettre) commence à se tortiller comme si elle avait une envie<br />

pressante.<br />

La lettre D s’adressant à la lettre I<br />

- Ouah, j’ai envie de faire pipi. Je peux y aller ?<br />

La lettre I<br />

- Bon allez vas-y, je vais meubler.<br />

Il s’avance sur le devant de la scène.<br />

<strong>Le</strong>s autres lettres en profitent pour suivre le D qui s’en va en se tortillant frénétiquement.<br />

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<strong>Le</strong> I<br />

- I comme (il marque une hésitation) INCONTINENT.<br />

Incontinent, c’est un des mots les plus marrants de notre langue. Parce qu’il est<br />

illogique…Jugez vous-mêmes. Incontinent se dit par exemple de quelqu’un qui fait pipi<br />

dans sa culotte. Etymologiquement quelqu’un qui ne peut pas contenir le contenu de sa<br />

vessie. Et donc qui a tendance à le déverser. Dans le lit de préférence. C’est la grande<br />

marée. Donc pour cette raison, on ne devrait pas dire incontinent mais un océan.<br />

PUB<br />

Faut dire aussi, le mot incontinent n’est pas très sympa, il commence comme une insulte.<br />

Un con ! Il n’y est pour rien, l’incontinent. Non franchement, moi je serais d’avis de<br />

remplacer incontinent par un océan. Regardez le mot océan, il résume à lui seul la<br />

situation du pipi au lit. D’abord la première syllabe “o”, là pas de doute on ressent déjà<br />

l’humidité et ensuite la fin du mot “céans” qui est synonyme de “fesses”. Donc là, rien<br />

qu’avec le mot océan, on imagine tout de suite les petites fesses humides du papy.<br />

Vous me direz, qu’est ce qu’on peut faire contre l’incontinence ? A vrai dire pas grand<br />

chose. En général, on met une alaise pour limiter les dégâts. C’est sûrement une erreur à<br />

cause du mot lui-même. Quelqu’un qui est à l’aise va avoir tendance à se laisser aller, à<br />

ne plus rien contrôler. Ni ses flots de paroles, ni ses actes. Et on dit de ce genre<br />

d’individu trop à l’aise, il ne se sent plus pisser. Vous voyez le…malaise. En plus, le mot<br />

alaise, si on réfléchit bien, c’est une falaise avec un petit bout en moins. Vous voyez un<br />

peu comme à Etretat. C’est la mer qui attaque la falaise. Et ça pose bien le problème. Un<br />

océan contre un continent. Marée océanique ou blocus continental. Que le meilleur<br />

gagne. Après tout, c’est la nature.<br />

<strong>Le</strong> P<br />

- Vous êtes un ancien premier ministre ?<br />

<strong>Le</strong> U<br />

- Vous rêvez de revenir au premier plan, genre présidentiable. Mais vous avez un<br />

problème, vous pensez que les français ne vous aiment pas.<br />

<strong>Le</strong> B<br />

- Ils vous trouvent coincé, distant, hautain et….dégarni<br />

Derrière des hommes lettres forment le mot LAURENT.<br />

<strong>Le</strong> P<br />

- Tout n’est pas perdu, faites un effort.<br />

<strong>Le</strong> U<br />

- Laissez-vous aller, lâchez-vous bordel.<br />

<strong>Le</strong> B<br />

- Oui, soyez naturel, c’est possible et vous verrez tout ira bien.<br />

<strong>Le</strong>s lettres forment alors le mot NATUREL.<br />

<strong>Le</strong> P<br />

- Oui tout ira bien et votre nom deviendra synonyme de sympathie et de proximité.<br />

<strong>Le</strong>s lettres se retournent et comme elles ont aussi une lettre dans le dos (excepté la blanche<br />

finale). Elles forment alors le mot FABIUS.<br />

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<strong>Le</strong> U<br />

- Mais un bon conseil, n’en faites pas trop non plus.<br />

<strong>Le</strong> B<br />

- Restez crédible. <strong>Le</strong>s français se méfient toujours des hommes politiques.<br />

<strong>Le</strong> P<br />

- Et ils ont bien raison.<br />

A ces mots, les lettres changent de place et forment le mot ABUSIF.<br />

<strong>Le</strong>s lettres quittent la scène. Il reste le mot PUB qui s’en va alors en chantant le jingle.<br />

Trois lettres : un C, un S et un A entrent alors bruyamment en scène et les arrêtent à la<br />

manière d’une descente de police.<br />

<strong>Le</strong> C<br />

- Hop hop hop, là. Contrôle du CSA, vous êtes pris la main dans le SAC.<br />

(les trois lettres forment alors le mot SAC)<br />

<strong>Le</strong> S<br />

- Oui, vous venez de parler de politique.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- Il faut respecter les règles d’équilibre. Vous venez de parler d’un homme de gauche.<br />

<strong>Le</strong> P l’interrompant<br />

- Ah bon, il est de gauche ?<br />

<strong>Le</strong> C<br />

- En principe oui.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- Alors il faut que vous mettiez en scène un homme de droite.<br />

<strong>Le</strong> U<br />

- Y’en a encore ?<br />

<strong>Le</strong> B<br />

- Personnellement, j’en connais pas.<br />

<strong>Le</strong> S<br />

- Et un homme de droite équivalent.<br />

<strong>Le</strong> U<br />

- Oh vous savez les hommes politiques, il se valent tous.<br />

<strong>Le</strong> B<br />

- J’ai une idée.<br />

<strong>Le</strong> P<br />

- Michel Seguin.<br />

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<strong>Le</strong> C<br />

- Oui ça peut aller. Pas trop récent mais bon il est de droite et lui aussi a été Président de<br />

l’Assemblée Nationale.<br />

<strong>Le</strong> S<br />

- Attention on dit Seguin ou Séguin ?<br />

<strong>Le</strong> P<br />

- Et bien justement. Tout le problème est là. Seguin, c’est la chèvre et Séguin c’est…le<br />

bouc. Vous voyez l’importance de l’accent dans la langue française.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- Oh moi le A qui m’en met un de temps en temps, je confirme qu’une tache et une tâche<br />

ce n’est pas pareil…<br />

<strong>Le</strong> C<br />

- Bon d’accord mais quel rapport ?…(il le prononce râpport..)<br />

<strong>Le</strong> P<br />

- Et bien justement. Imaginez maintenant Michel Seguin à la tribune de l’Assemblée<br />

Nationale qui commence son discours comme ça «mesdames et messieurs nous<br />

sommes tous députés».<br />

PAUSE<br />

<strong>Le</strong>s autres lettres se regardent sans comprendre où il veut en venir.<br />

<strong>Le</strong> C<br />

- Oui et alors ?<br />

<strong>Le</strong> P<br />

- Maintenant imaginez la même phrase en supprimant juste un accent. Celui du dernier de<br />

mesdames et messieurs nous sommes tous députés…<br />

PAUSE<br />

- Comme quoi les accents n’ont pas toujours tort.<br />

<strong>Le</strong> S<br />

- Non non trop simple comme explication, le CSA vous met une pénalité, ça vous<br />

apprendra de faire de la politique.<br />

Des hommes et des femmes lettres formant le mot PENALITE entrent alors en scène.<br />

<strong>Le</strong> U regarde le mot et éclate de rire<br />

- Messieurs du CSA, en nous infligeant cette pénalité, vous faites vous aussi de la<br />

politique.<br />

<strong>Le</strong> C, le S et le A se regardent dubitatifs.<br />

<strong>Le</strong> U, en agitant les mains à la manière d’un chef d’orchestre, fait changer de place les<br />

lettres du mot PENALITE en LE PEN T A I.<br />

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<strong>Le</strong> B<br />

- Et oui en clamant à la télé LE PEN t’es haï, vous risquez de vous attirer les foudres du<br />

CSA….<br />

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Acte 5<br />

Une femme lettre d’origine africaine s’avance vers le devant de la scène. Derrière elle, des<br />

lettres arrivent en farandole et finissent par former le mot SENTIMENTALE.<br />

La femme africaine<br />

- C’est vrai que je suis peut-être un peu trop SENTIMENTALE.<br />

Quand j’AIME quelqu’un et qu’il n’est pas là,<br />

Je me LAMENTE. Je me lamente lamentablement.<br />

Tous les jours de la SEMAINE,<br />

C’est dans ma MENTALITE.<br />

Sauf qu’il paraît que ce n’est pas très bon,<br />

Pour mon MENTAL<br />

Elle regarde les hommes lettres qui composent le mot et s’adresse au public.<br />

La femme africaine<br />

- Ils sont trop pâles ceux-là. Moi mes préférés ce sont les MALIENS.<br />

Ah les maliens, ils me font perdre mon LATIN,<br />

Tellement ils sont forts pour tisser des LIENS.<br />

Des liens qui finissent toujours au LIT.<br />

Ce ne sont pas des petits MINETS de rien. Oh non, ils ont la SANTE,<br />

Toute la journée à faire l’amour comme Frankie Vincent, vous voyez. Genre à défoncer le<br />

MATELAS. Et LE MATIN, qu’est-ce qu’on se sent bien. Ça vaut une bonne TISANE.<br />

J’espère bien que je suis la prochaine sur la LISTE. J’ai envie d’une vie un peu plus<br />

ANIMEE.<br />

Trois hommes lettres sortent alors du mot et forment le mot ANE.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- L’âne, justement parlons-en.<br />

<strong>Le</strong> N<br />

- L’âne est une espèce d’ongulé.<br />

<strong>Le</strong> E<br />

- Ce n’est pas une insulte, mais franchement, c’est un nom de famille difficile à porter.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- Et ça fait des années que ça dure.<br />

<strong>Le</strong> N<br />

- C’est pour ça que dans les mots croisés, ânée a pour définition « fardeau que porte<br />

l’âne ».<br />

<strong>Le</strong> E<br />

- L’âne et l’ânesse traînent une réputation de couple échangiste très porté sur le sexe.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- Faut dire que celui de l’âne est démesurément grand.<br />

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<strong>Le</strong> N<br />

- C’est dû à ses origines africaines. Plus précisément de la banlieue sud de Bamako.<br />

<strong>Le</strong> E<br />

- Cette présence de l’âne au Mali a engendré des anomalies génétiques.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- A cause des accouplements contre nature avec le couple cheval-jument.<br />

<strong>Le</strong> N<br />

- <strong>Le</strong> croisement entre un âne et une jument donne la mule.<br />

<strong>Le</strong> E<br />

- La plus célèbre est celle du Pape.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- Qui, soit dit en passant, est contre l’échangisme.<br />

<strong>Le</strong> N<br />

- <strong>Le</strong> croisement entre une ânesse et un cheval s’appelle bardot comme Brigitte.<br />

<strong>Le</strong> E<br />

- C’est pour ça qu’elle aime les animaux.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- Elle a appelé sa villa Madrague.<br />

<strong>Le</strong> N<br />

- En un seul mot.<br />

<strong>Le</strong> E<br />

- La madrague, c’est un filet utilisé pour pêcher les thons.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- Cela étant, les hommes ne draguent pas les thons.<br />

<strong>Le</strong> N<br />

- Ils préfèrent les minettes.<br />

<strong>Le</strong> E<br />

- Parfois les mines. Dans ce cas, ils utilisent un dragueur de mines.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- <strong>Le</strong> dragueur de mines, c’est un bateau qui s’en va à la pêche à la guerre. Il faut faire très<br />

attention. C’est dangereux.<br />

<strong>Le</strong> N<br />

- C’est comme quand vous transportez de la nitroglycérine. Ça peut exploser au premier<br />

dos d’âne.<br />

<strong>Le</strong> E<br />

- Et ça, c’est pire qu’une bombe sexuelle.<br />

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Derrière eux le mot POLICE vient de se former. En le voyant, les trois lettres du mot ANE<br />

déguerpissent vite fait.<br />

Ils s’en vont en formant le mot ENA.<br />

Une femme bourgeoise toute pimpante arrive alors sur scène et découvre le mot POLICE.<br />

La femme bourgeoise<br />

- Ça doit être passionnant ce métier de policier.<br />

J’imagine leur emploi du temps d’ici. Dès potrons minets, dès le matin si vous<br />

préférez…ils font du sport…beaucoup de sport. Oui dans la police on…s’entretient.<br />

Derrière les hommes lettres, comme pour rétablir une vérité, forment alors le mot PICOLE.<br />

Eh oui dans la police on…s’entretient du matin jusqu’au soir…Et on a une hygiène de vie<br />

irréprochable. On….respire la santé<br />

<strong>Le</strong>s lettres forment alors le mot CLOPE.<br />

Aucun vice. Je vous dis.<br />

D’abord police et vice ça ne rime pas…Si. Un peu mais bon, ce n’est pas une raison pour<br />

en déduire des balivernes. Et puis la police est là pour qu’on respecte la LOI et rien que<br />

ça, ça mérite le respect.<br />

Et puis il y a le prestige de l’uniforme, quelle élégance, on sent qu’il y a un grand<br />

couturier derrière.<br />

<strong>Le</strong>s lettres forment alors le mot CELIO<br />

Et le képi, quelle classe le képi.<br />

<strong>Le</strong>s policiers s’avancent alors et sur un ton monocorde<br />

<strong>Le</strong> P<br />

- A l’origine, le képi est une coiffe bretonne offerte aux gendarmes par les femmes de<br />

Plougastel pour les remercier de leur gentillesse.<br />

<strong>Le</strong> O<br />

- Faut dire que les gendarmes avaient l’habitude d’aller leur chercher des oursins à marée<br />

basse, chaussés de sandalette en plastique.<br />

<strong>Le</strong> L<br />

- D’où le nom de marée-chaussée.<br />

<strong>Le</strong> I<br />

- Depuis, le képi a gagné la police et notamment les commissariats de banlieue à cause<br />

du verlan.<br />

<strong>Le</strong> C<br />

- C’était inévitable puisque képi se dit piké en verlan et tout le monde le sait pertinemment<br />

“qui vole un bœuf se fait piquer par les keufs”.<br />

<strong>Le</strong> E<br />

- C’est normal, un bœuf ça passe pas inaperçu en banlieue surtout quand on crie mort aux<br />

vaches.<br />

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<strong>Le</strong> P<br />

- En revanche les bœufs-carottes sont discrets.<br />

<strong>Le</strong> O<br />

- C’est la police des polices et ils enquêtent sur les policiers ripoux depuis qu’ils se sont<br />

aperçus que dans policier, il y a avait aussi poli.<br />

<strong>Le</strong> L<br />

- Et vous connaissez le proverbe «trop poli pour être honnête».<br />

<strong>Le</strong> I<br />

- Alors forcément certains keufs carottent mais dans l’ensemble on est toujours polis.<br />

<strong>Le</strong> C<br />

- Par exemple, on ne tutoie jamais un immigré.<br />

<strong>Le</strong> I<br />

- Sauf quand on est énervé.<br />

<strong>Le</strong> C<br />

- Et on s’énerve souvent. Et là on peut même devenir brutaux.<br />

<strong>Le</strong> E<br />

- C’est ce qui est arrivé au jeune Mouloud. Un petit beur d’origine émigrée. Un policier de<br />

la brigade des mineurs lui serrait le bras tellement fort que son collègue s’est fendu d’un<br />

“eh vas y Mouloud”.<br />

<strong>Le</strong> P<br />

- Alors Mouloud a pris à témoin le brigadier en lui disant : “oh bouffon, t’as vu comme y<br />

serre”.<br />

<strong>Le</strong> O<br />

- Comme cette anecdote a beaucoup fait rire le Ministre de l’Intérieur de l’époque, ce<br />

brigadier a été effectivement promu commissaire.<br />

<strong>Le</strong> L<br />

- Depuis il a une tendresse particulière pour les immigrés clandestins.<br />

<strong>Le</strong> I<br />

- Ça ne l’empêche pas de les renvoyer chez eux manu polissari. Mais il y met d’avantage<br />

les formes.<br />

<strong>Le</strong> C<br />

- Il leur dit par exemple que dans clandestin, il y a destin et que le leur est ailleurs.<br />

<strong>Le</strong> E<br />

- Et qu’il y a également le mot clan pour les inciter à rejoindre le leur au plus vite quelque<br />

part en Afrique..<br />

Ils quittent la scène. Une jeune femme entre et saisit au vol le mot Afrique.<br />

La jeune femme<br />

- Et l’Afrique, c’est le pays des éléphants.<br />

Eléphant, éléphant, les enfants adorent ce mot à cause du cirque.<br />

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Et aussi parce que ça sonne comme eux : éléphants-enfants et puis il y a Babar, Dumbo.<br />

C’est leur univers, tout ça.<br />

Mais les enfants ignorent une chose : l’éléphant est triste parce qu’il a raté sa vie.<br />

Tout petit, un éléphant rêve de voler comme un oiseau, regardez Dumbo.<br />

Il rêve aussi d’être beau comme Bambi. Et vous savez pourquoi ? A cause de son nom,<br />

justement. En fait éléphant est un mot composé.<br />

Dans éléphant il y a ailé qui signifie qui a des ailes et donc qui peut voler et faon le petit<br />

de la biche, Bambi si vous préférez.<br />

Donc notre petit éléphant est terriblement déçu de se retrouver lourd et moche et<br />

complètement démodé dans son pantalon à pattes d’éléphant.<br />

En plus, ça le grossit, il devrait s’habiller rayé comme le zèbre.<br />

Alors l’éléphant, il n’a que ses yeux pour pleurer, et ça ne fait même pas des larmes de<br />

crocodile parce que les larmes d’éléphant à cause de la trompe, on ne les voit jamais.<br />

Ce sont des larmes en trompe l’œil….Mais moi ces larmes d’éléphant, ça me fend le<br />

cœur. Alors je voudrais bien prendre la défense des éléphants mais c’est interdit.<br />

Par tous ces gens peu scrupuleux qui s’enrichissent en faisant le commerce de leur<br />

ivoire. Pour faire quoi, des pendentifs, des bijoux affreux.. Sans compter les safaris et<br />

autres inventions des tour-opérateurs……<br />

C’est bizarre ce mot “ tour ” il me fait toujours penser aux éléphants : faire un tour à dos<br />

d’éléphant, une tour d’ivoire, les tours de La Défense et quand on mélange les lettres du<br />

mot tour, on obtient trou.<br />

Comme un trou creusé dans le cimetière des éléphants ou tout simplement un trou de<br />

mémoire. Sauf que là, j’ai vraiment un trou de mémoire, impossible de me souvenir du<br />

nom de l’animal qui a une mémoire d’éléphant.<br />

Six lettres entrent alors en scène. Elles forment le mot HILARE et rient à gorge déployée.<br />

La jeune femme<br />

- Je vois que mon histoire d’éléphant vous fait rire au moins.<br />

<strong>Le</strong> H<br />

- Ah oui, nous on est les fans des élé-fans…<br />

Et toutes les lettres du mot HILARE repartent alors dans un fou-rire pendant que la jeune<br />

femme quitte la scène en haussant les épaules.<br />

Puis ils se ressaisissent.<br />

<strong>Le</strong> H<br />

- Dans hilare, on entend lard parce que souvent quand les gens plaisantent, on se sait pas<br />

si c’est du lard ou du cochon.<br />

<strong>Le</strong> I<br />

- Alors, on rit bêtement à cause du cochon. C’est pas évident de faire rire. On dit que<br />

c’est…l’art le plus difficile.<br />

<strong>Le</strong> L<br />

- Y’a un comique qui est vraiment doué. Bill Clinton.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- C’est pour ça que sa femme s’appelle Hillary. Alors tous les deux, ils s’entendent bien.<br />

Elle c’est l’hilari-té et lui c’est l’ha-bil-eté. Qu’est-ce qu’il a pu nous faire rire avec ses<br />

histoires.<br />

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<strong>Le</strong> R<br />

- Cela étant, je trouve qu’elle avait l’air triste sa Monica. Triste à pleurer. Je suis sûre qu’il<br />

y en a qui ont versé des larmes. En plus ça va bien ensemble : larmes-Monica. Mais là<br />

où ça devient hilarant, c’est quand on lit la définition de l’harmonica : l’harmonica, c’est<br />

un petit instrument, désolé Bill, sur lequel on joue en faisant passer devant sa bouche<br />

une petite rangée de trous correspondant à des anches libres. Je précise toute de suite<br />

qu’une anche est une languette, ou si vous préférez une petit langue, désolé Monica, qui<br />

vibre par l’action de l’air et qui produit un son. Donc ça n’a rien a voir avec vos hanches à<br />

vous Mesdames. Ces chutes de rein si belles qu’on en oublie celles du Niagara.<br />

<strong>Le</strong> E<br />

- Un petit bémol quand même à propos des hanches. Ça concerne les femmes de La<br />

Havane. Il paraît qu’elles ont les hanches tellement tombantes qu’on a surnommé leur<br />

île… Cuba. Alors elles n’arrivent pas à se marier à cause de ça. <strong>Le</strong>s plus riches d’entre<br />

elles peuvent à la rigueur avoir un concubin, en un seul mot, mais c’est extrêmement<br />

rare.<br />

<strong>Le</strong> H<br />

- Toutes les autres sont obligées de travailler pour espérer devenir riches. Alors comme<br />

elles sont habiles des mains et de la bouche, elles font des cigares pour Clinton pendant<br />

que les hommes jouent de l’harmonica. Souvenirs de Cuba. Sauf que Bill contrairement à<br />

Castro lui n’est pas fidèle.<br />

PUB<br />

Là ce sont trois femmes-lettres qui l’annoncent (un P, un U et un B).<br />

En arrière plan, une file de 4 personnes (hommes et femmes lettres) se suivent à la queue<br />

leu leu, pieds nus, elles ont leurs chaussures à la main. Elles s’assoient, jambes écartées,<br />

comme si elles étaient dans un bateau et font le geste de ramer.<br />

<strong>Le</strong> P<br />

- Oui vous galérez.<br />

<strong>Le</strong> U<br />

- Vous passez votre vie à marcher à coté de vos pompes pour ne pas les user.<br />

<strong>Le</strong> B<br />

- Et à force, la vie, votre vie à un goût amer.<br />

<strong>Le</strong> P<br />

- Et l’amer monte, l’amer monte.<br />

A ces mots, les rameurs se lèvent et font face au public.<br />

On peut lire le mot ainsi formé : AMER.<br />

<strong>Le</strong> U<br />

- Alors n’attendez pas la prochaine marée, il y urgence.<br />

<strong>Le</strong> B<br />

- Achetez-vous des pompes neuves !<br />

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<strong>Le</strong>s 4 rameurs changent alors de place et forment ERAM.<br />

Puis ils s’assoient à nouveau et reprennent leur position de rameurs sauf le E en tête qui ne<br />

rame pas lui.<br />

Il se retourne et demande :<br />

<strong>Le</strong> E<br />

- Bon alors ! Vous avez entendu on y va s’acheter des chaussures !<br />

<strong>Le</strong> R, le A et le M en chœur<br />

- Tais toi et rame…<br />

Puis les 3 de la PUB et les 4 d’ERAM quittent la scène sous le jingle de fin de pub.<br />

4 hommes et femmes lettres entrent en scène, d’un pas mal assuré, hésitent puis s’alignent<br />

en regardant autour d’eux, anxieux. Ils forment le mot TRAC.<br />

<strong>Le</strong> T à la voix tremblante<br />

- Bon alors ils arrivent ?<br />

A ces mots quatre lettres décontractées, elles, arrivent de part et d’autre de la scène.<br />

Il s’agit d’un N, du T et de deux E. Elles complètent le mot TRAC pour former ENTRACTE.<br />

<strong>Le</strong> N<br />

- Et aujourd’hui le TRAC au cœur de l’ENTRACTE, onze d’entre vous vont vraiment le<br />

connaître.<br />

Onze d’entre vous, les plus courageux, vont ressentir cette sensation étrange, qui peutêtre<br />

va bouleverser leur vie. Alors n’hésitez pas, venez nous rejoindre là maintenant<br />

pendant l’entracte et vous serez les acteurs de la première scène de la reprise. Allez les<br />

plus courageux, on vous attend et en dix minutes, vous apprendrez votre rôle pendant<br />

l’entracte.<br />

<strong>Le</strong> E<br />

- Allez venez là, on vous attend et onze d’entre vous deviendront intermittents du<br />

spectacle, l’espace d’une soirée.<br />

<strong>Le</strong> N<br />

- Pour les autres, les WC vous attendent.<br />

<strong>Le</strong> rideau se baisse mais on entend une voix-off pendant l’entracte. Une voix d’hôtesse de<br />

l’air qui va tenir compagnie à ceux qui ne se précipitent pas aux toilettes.<br />

La voix-off<br />

- WC ce sont les initiales de water closet. Et là explication. Oui Water pourquoi « voit<br />

terre » et bien tout simplement parce que dans le trou de la cuvette des wc des trains, on<br />

voit la terre qui défile. C’est impressionnant la terre qui défile, c’est même plus beau que<br />

des mili-taires qui défilent.<br />

Et closet, oui closet, pourquoi closet c’est parce que dans les toilettes, contrairement à ce<br />

qu’on pourrait penser, on n’y va pas pour faire un brin de toilette. On peut juste faire un<br />

brin de clausette à travers la porte mais franchement ce n’est pas l’idéal. On s’entend<br />

mal, surtout dans le train. On a gardé ces initiales WC parce qu’en définitive elles se<br />

révèlent bien pratiques, à l’usage, si j’ose dire.<br />

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Quand vous voyez WC sur la porte en entrant vous vous dites tiens c’est W comme<br />

water et vous savez que water ça veut dire eau en anglais. Forcément vous avez un<br />

moyen mnémotechnique simple pour vous en souvenir : water l’eau. Et là forcément, ça<br />

vous fait penser à la chasse qu’il est conseillé de tirer déjà avant usage. Mais vous allez<br />

plus loin. Waterloo morne plaine. Morne signifie triste et abattu. Et là, ça fait tilt, vous<br />

vous intéressez à l’abattant du WC, vous vérifiez que l’abattant n’est pas abattu. Et ce<br />

d’autant que plaine de morne plaine, vous renvoie à la cuvette qui par définition est une<br />

plaine. Comme à Waterloo. Alors là vous faîtes un petit contrôle d’hygiène de l’ensemble<br />

cuvette abattant en demandant au WC de vous présenter ses papiers…<br />

Intéressons nous maintenant au C de WC. C’est l’abréviation de “c’est occupé” phrase<br />

qu’on prononçait dans le temps quand les portes fermaient mal. Et le mot occupé est<br />

franchement à sa place. La première syllabe O, c’est pour faire penser à tirer la chasse.<br />

La chasse d’eau. Par délicatesse, je passerai sur les deux autres syllabes Q et P qui<br />

parlent d’elles-mêmes... J’attire simplement votre attention sur les deux C du mot<br />

occupé. Ce double C, c’est exactement comme le double V de WC, il est là pour qu’on<br />

pense à fermer le verrou… à double tour.<br />

Bruit de chasse que l’on tire.<br />

Et surtout n’oubliez pas « qui ne tire pas la chasse, perds sa place… »<br />

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Acte 6<br />

<strong>Le</strong> rideau se lève. Sur le bord de la scène, alignés, onze personnages lettres, les<br />

spectateurs volontaires pour la scène de reprise. Ils forment le mot SPECTATEURS.<br />

Ils regardent le public. Soudain, on entend un jingle entraînant et un homme lettre animateur<br />

(un micro à la main) entre en scène, sous les applaudissements des volontaires.<br />

L’animateur s’adressant au public<br />

- Bienvenue à la théâtre-academy, devant vous des élèves qui rêvent de faire carrière. Ils<br />

ont travaillé dur pendant l’entracte. Moi leur professeur de ce théâtre-réalité je les ai vus<br />

à l’œuvre. Ils se sont donnés sans compter de peur de l’élimination. Ils sont maintenant<br />

en mesure de vous interpréter la scène majeure de cette comédie. Une scène que vous<br />

n’oublierez jamais. Mais avant tout faisons connaissance.<br />

<strong>Le</strong>s 11 élèves se présentent à tour de rôle en saluant le public. Cette présentation se fait<br />

avec leurs mots de manière humoristique (des phrases chocs ont pu aussi leur être<br />

proposées pendant l’entracte. Chaque comédien de la troupe étant parrain d’un spectateur).<br />

<strong>Le</strong> S<br />

- Bonsoir je m’appelle Marie, je suis étudiante en sociologie, j’ai 25 ans et je prépare une<br />

thèse sur le thème « le théâtre contemporain peut-il faire rire ? »<br />

<strong>Le</strong> P<br />

- Moi c’est Paul, j’ai le même âge que Marie que je trouve très belle et je l’ai suivie pendant<br />

l’entracte. C’est pourquoi je me retrouve ici sur scène comme un con.<br />

<strong>Le</strong> E<br />

- Moi c’est Patrick, je n’ai pas suivi Paul, non non, sûrement pas. J’ai été candidat à Fear<br />

Factor et je voulais voir quel genre d’émotion ça procure d’être là devant vous.<br />

<strong>Le</strong> C<br />

- Elodie, 18 ans, je vais vivre un rêve, grâce à vous, merci.<br />

<strong>Le</strong> T<br />

- Mike, 21 ans, célibataire depuis 6 mois, ma copine est partie. Je voulais monter sur<br />

scène pour voir si elle n’était pas dans le public. Apparemment non, bon ben je reste<br />

quand même.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- Laurence, 35 ans, prof de…lettres…donc forcément obligée de me mettre dans la peau<br />

d’une lettre. Juste pour voir.<br />

<strong>Le</strong> T<br />

- Alain, 40 ans, je me rendais au toilettes et je me suis trompé de queue, euh de file.<br />

<strong>Le</strong> E<br />

- Lucas, 32 ans, j’ai fait un pari avec des potes. Et voilà, j’ai gagné.<br />

<strong>Le</strong> U<br />

- Isabelle, 32 ans aujourd’hui, ce sont mes amis qui m’ont fait ce cadeau inoubliable d’être<br />

sur scène. Et en plus, ça leur coûte rien. Mais moi ça me coûte…ça va être ma fête.<br />

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<strong>Le</strong> R<br />

- Richard, 45 ans, je rêve d’être comédien depuis longtemps. Comme ça quand j’aurai 76<br />

ans comme Pierre Arditti, je pourrai encore séduire les jeunes femmes.<br />

<strong>Le</strong> S<br />

- Moi c’est Valérie, j’ai 38 ans et j’adore me retrouver dans des plans galères comme<br />

celui-là.<br />

L’animateur<br />

- Bon merci, vous pouvez applaudir nos sympathiques élèves de la Théâtre-academy.<br />

Et au fait les élèves, comment ça fait d’être sur scène comme ça devant les millions de<br />

spectateurs de ce théâtre. Bon peut-être pas des millions, mais quand on aime on ne<br />

compte pas.<br />

4 élèves s’avancent et forment le mot TRAC puis reprennent leur place.<br />

L’animateur<br />

- Alors là le trac c’est normal, je vous avais prévenus. Ca prouve que vous êtes sur la<br />

bonne voie.<br />

A ces mots, 4 lettres s’avancent et se regroupent pour former PEUR.<br />

- Ah non, la peur c’est trop fort. Un bon conseil pour être zen, concentrez vous et pensez<br />

à ce que vous aimeriez faire vraiment dans votre vie.<br />

Des lettres s’avancent alors et composent ACTEURS.<br />

- OK Acteurs et qu’est-ce qui pourrait vous empêcher d’y arriver ?<br />

Des lettres s’avancent et forment le mot PARESSE.<br />

- Sans commentaires. Et d’après vous, quelle est la principale qualité pour réussir dans ce<br />

métier d’acteur ?<br />

Des lettres s’avancent et forment le mot RESPECT.<br />

- Respect, respect mais de qui, de quoi ?<br />

<strong>Le</strong> R<br />

- Respect du public,<br />

<strong>Le</strong> E<br />

- Respect des œuvres,<br />

<strong>Le</strong> S<br />

- Respect des autres comédiens,<br />

<strong>Le</strong> P<br />

- Respect des techniciens,<br />

<strong>Le</strong> E<br />

- Respect de tous les professionnels qui nous permettent de monter des pièces même si<br />

c’est par intermittence…<br />

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<strong>Le</strong> C<br />

- Respect des critiques même si parfois ils en font trop,<br />

<strong>Le</strong> T<br />

- Et respect de notre animateur même s’il se prend pour Nikos Alliagas.<br />

L’animateur voit les autres lettres du mot initial (SPECTATEURS) non utilisées pour écrire<br />

RESPECT (un S, un A, un T, un U).<br />

Et vous, vous êtes prêts, prêts pour le grand…<br />

Il cherche ses mots alors les lettres lui soufflent en composant le mot SAUT.<br />

Enfin prêts pour le grand saut dans le monde merveilleux du Théâtre !!!<br />

<strong>Le</strong> S<br />

- Dans théâtre, il y a ATRE comme dans une cheminée. Ça c’est pour nous donner envie<br />

de brûler les planches.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- Dans Théâtre, il y a un A, un R et deux T comme dans ARTT. C’est pour nous inciter à<br />

en faire quand on a du temps libre…<br />

<strong>Le</strong> U<br />

- Et théâtre commence par thé pour nous rappeler que Shakespeare était anglais.<br />

<strong>Le</strong> T<br />

- Au théâtre, il ne faut pas perdre de temps. Il est compté. D’ailleurs notre devise c’est<br />

« Te hâter ». Te hâter en toutes circonstances. Et vous savez ce que l’on peut écrire<br />

avec cette devise.<br />

<strong>Le</strong>s onze élèves en chœur<br />

- Théâtre !<br />

L’animateur<br />

- Bon merci à vous. Et vous cher public, vous les avez trouvés comment nos élèves de la<br />

Théâtre-Academy.<br />

Quatre élèves se regroupent et « répondent » à la place du public en formant le mot SUPER<br />

(ils agitent leur mains pour attirer l’attention).<br />

L’animateur<br />

- Oui, vous avez raison, on n’est jamais mieux servi que par soi-même.<br />

Alors merci pour votre super prestation et à très bientôt pour vous applaudir dans votre<br />

première pièce.<br />

Et un dernier conseil ne faites pas ce métier pour l’argent….<br />

A ces mots les spectateurs et le professeur quittent la scène pour laisser la place à une<br />

femme lettre.<br />

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La femme lettre<br />

- C’est dommage parce qu’avec de l’argent, on peut rouler sur l’or.<br />

Moi j’ai une copine qui s’appelle Laure. Je comprends pourquoi elle a peur des voitures.<br />

Pour se payer une voiture, il faut avoir de l’argent ou un crédit.<br />

A ces mots, cinq hommes lettres avec un attaché-case entrent en scène et forment le mot<br />

CREDIT.<br />

Ce qui est bien, c’est que maintenant on peut avoir un accord de crédit en DIRECT (les<br />

hommes lettres forment alors DIRECT) depuis que les formalités ont été simplifiées.<br />

Une forme alitée, c’est Laure après que la voiture achetée à crédit lui a roulé dessus.<br />

Mais crédit, c’est aussi l’anagramme de dicter (les hommes lettres écrivent DICTER).<br />

Ça c’est une idée du banquier pour nous prévenir que c’est lui qui va dicter ses<br />

conditions. Et vous avez intérêt de les accepter. Si vous n’êtes pas content, il ne vous<br />

reste qu’à la payer comptant la voiture qui va rouler sur Laure.<br />

Comme quoi les banquiers sont compliqués. En fait, ils font exprès de nous endetter.<br />

C’est souvent à cause des vacances qu’on est endetté. Temps d’été, ça veut pourtant<br />

dire soleil sans nuage. C’est pour ça qu’il vaut mieux regarder la météo avant d’aller voir<br />

son banquier. Si dans météo, vous arrivez à lire été, c’est bon signe : le banquier est au<br />

beau fixe. Vous aurez droit à un taux fixe. Sinon ce sera un taux variable avec nuages et<br />

fortes précipitations d’agios. Comme quoi, c’est plus facile de s’acheter une conduite<br />

qu’une voiture.<br />

Manquer d’argent, c’est rageant à cause de la rime. Mais ça rime à rien. Quand les billets<br />

nous font défaut, on peut en faire des faux.<br />

De nos jours avec les imprimantes couleurs, les faux billets c’est… monnaie courante.<br />

Et c’est pour ça qu’on court toujours après l’argent. C’est comme courir après le temps.<br />

Sauf que souvent, on court après les deux. Etre pauvre et pressé ce n’est pas une vie.<br />

<strong>Le</strong> riche a de l’argent en veux tu en voilà.<br />

Un homme lettre (le D)<br />

- Oui j’en veux…<br />

La femme lettre<br />

- Ta gueule le banquier, c’est une expression !!!!<br />

L’homme lettre offusqué (le D) quitte le groupe suivi en cela par le T.<br />

Ils sont aussitôt remplacés par un H. <strong>Le</strong> nouveau groupe se regarde et forme alors le mot<br />

RICHE.<br />

La femme lettre<br />

- Et comme le riche a de l’argent et que le temps c’est de l’argent, on peut en déduire que<br />

le riche a du temps. Ça c’est une équation du premier degré en adéquation avec la<br />

situation.<br />

Donc le riche a du temps devant lui. Mais quand on a trop de temps ou même trop<br />

d’argent devant soi, on se fait…comment dire (elle hésite et voit que les hommes lettres<br />

commencent à se mélanger pour former le mot CHIER). Enfin on se fait, on se fait (puis<br />

elle se jette à l’eau) On se fait…une raison.<br />

Parce qu’un homme riche, même s’il est vieux et moche trouvera toujours une belle<br />

jeune femme qui sera très tendre avec lui…<br />

<strong>Le</strong>s hommes lettres sourient et forment le mot CHERI.<br />

Ils s’approchent du devant de la scène ce qui fait fuir la femme lettre.<br />

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<strong>Le</strong> C<br />

- C’est notre costume de pingouin qui la fait fuir.<br />

<strong>Le</strong> H<br />

- Pourtant, c’est très mode sur la banquise.<br />

<strong>Le</strong> E<br />

- Oui mais banquise, c’est un mot qui fait froid dans le dos.<br />

<strong>Le</strong> R<br />

- A l’origine, la banquise c’est une banque où tous les avoirs sont gelés.<br />

<strong>Le</strong> I<br />

- Aujourd’hui la banquise est habitée par les esquimaux.<br />

<strong>Le</strong> C<br />

- <strong>Le</strong>s esqui-maux ont des mots exquis. Par exemple, leur maison s’appelle igloo.<br />

<strong>Le</strong> H<br />

- C’est parti d’une réflexion de l’un d’eux un jour où il faisait plus froid que d’habitude. Il<br />

était en train de construire une maison ronde et a dit à son copain “y gèle oh oh. je me<br />

pèle" l’autre a compris j’épèle et a cru que I.G.L.O.O était le nom de sa maison. Ça a<br />

donné Igloo.<br />

<strong>Le</strong> E<br />

- <strong>Le</strong> mot igloo est passé dans notre langue sous la forme “aglagla qu’est-ce qui caille”.<br />

<strong>Le</strong> R<br />

- <strong>Le</strong>s esquimaux se chauffent depuis avec des gladiateurs.<br />

<strong>Le</strong> I<br />

- Ils se nourrissent de poisson surgelé et de banana split.<br />

<strong>Le</strong> C reprend banana split en le chantant comme Lio<br />

- Banana split banana split !!!<br />

<strong>Le</strong> H<br />

- <strong>Le</strong>s esquimaux se frottent le nez pour se dire bonjour.<br />

<strong>Le</strong> E<br />

- Il paraît que c’est l’idéal pour rompre la glace.<br />

<strong>Le</strong> R<br />

- <strong>Le</strong>s esquimaux ont des aurores boréales. C’est un vrai bijou.<br />

<strong>Le</strong> I<br />

- De toutes manières, ça s’entend déjà dans les mots. Dans aurore il y a deux fois or, plus<br />

une fois dans boréale. Ça vaut son pesant d’or.<br />

<strong>Le</strong> C<br />

- C’est la nuit polaire qui est pesante. Six mois. C’est le maximum supportable.<br />

<strong>Le</strong> H<br />

- Une nuit d’un an, on l’appellerait ennui.<br />

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<strong>Le</strong> E<br />

- Pour passer la nuit, les esquimaux regardent les étoiles.<br />

<strong>Le</strong> R<br />

- Ils se font une toile comme on dit.<br />

<strong>Le</strong> I<br />

- Ils sont fiers. Ils ont l’étoile polaire au-dessus de leur tête.<br />

<strong>Le</strong> C<br />

- La Grande Ourse, par contre, n’est pas un ours polaire.<br />

<strong>Le</strong> H<br />

- <strong>Le</strong>s ours polaires sont blancs et se promènent sur la banquise avec un manteau de<br />

fourrure et rien dessous.<br />

<strong>Le</strong> E<br />

- C’est pour ça qu’ils sont chassés par les hommes.<br />

<strong>Le</strong> R<br />

- C’est pareil pour les phoques. Ils ne sont pas désirables.<br />

<strong>Le</strong> I<br />

- D’ailleurs sur la banquise, l’expression à la mode c’est Pas Désirable comme un phoque.<br />

<strong>Le</strong> C<br />

- PD comme un phoque comme disent les gens pressés.<br />

<strong>Le</strong> H<br />

- A cause de ça, les esquimaux sont très critiqués et traités de loufoques par les<br />

occidentaux.<br />

<strong>Le</strong> E<br />

- Pour se venger, ils découpent des morceaux de banquise et nous les envoient par<br />

la mer.<br />

<strong>Le</strong> R<br />

- Pour l’apéritif, soi-disant.<br />

<strong>Le</strong> I<br />

- Sauf qu’à force, ça fait couler les bateaux.<br />

<strong>Le</strong> C<br />

- D’un autre côté les américains en font des films à grand spectacle.<br />

<strong>Le</strong> H<br />

- Et à l’entracte les spectateurs qui ne sont pas rancuniers sucent…des esquimaux…<br />

<strong>Le</strong> E<br />

- Ainsi va le monde…<br />

<strong>Le</strong> R<br />

- Et pour aller ça va.<br />

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Quatre hommes et femmes lettres, avec des lunettes de soleil, entrent alors en scène et<br />

forme le mot HALE.<br />

<strong>Le</strong> H<br />

- Halé veut dire bronzé mais en beaucoup plus indiscret.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- La preuve, mesdames, quand vous revenez toute dorée de vacances vos collègues<br />

mâles ne peuvent s’empêcher de vous demander “Où es tu allée”. Alors forcément, vous<br />

qui êtes une adepte du bronzage intégral vous répondez “partout” et ça vous fait rougir.<br />

<strong>Le</strong> L<br />

- Et vous avez horreur des rougeurs. Ça casse l’ambiance de votre bronzage<br />

soigneusement entretenu pendant vos trois semaines de vacances en Vendée.<br />

<strong>Le</strong> E<br />

- En effet, vous savez pour l’avoir pratiqué, que pour éviter les coups de soleils, on doit se<br />

mettre de l’ombre solaire.<br />

<strong>Le</strong> H<br />

- C’est logique. Vous pouvez aussi vous mettre entièrement nue dans votre télévision si<br />

c’est un écran total.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- Au passage, invitez vos voisins de camping, ceux qui se plaignent toujours qu’il n’y a que<br />

du foot à la télé.<br />

<strong>Le</strong> L<br />

- <strong>Le</strong>s supporters des équipes de foot se font bronzer à la bière. Ça leur donne des<br />

couleurs, c’est pour ça qu’ils les défendent et qu’ils crient comme des malades “ Allez<br />

l’OM, allez les Verts etc.. ”.<br />

<strong>Le</strong> E<br />

- Pour entretenir le suspense et le bronzage, il y a des projecteurs dans les stades. En fait,<br />

ce sont des lampes à bronzer. Vous remarquerez que certains supporters se mettent<br />

torse nu pour mieux en profiter.<br />

<strong>Le</strong> H<br />

- Forcément à 20 € la séance d’une heure et demie, ça déplace les foules et ça remplit les<br />

tribunes.<br />

<strong>Le</strong> A (en accentuant les 3 mots soulignés)<br />

- Dans tribune, il y a tribu parce que les supporters ont parfois des réactions primaires.<br />

Certains, à cause de la bière, suent comme des porcs et insultent les joueurs et l’arbitre.<br />

Alors on leur demande de se taire.<br />

<strong>Le</strong> L<br />

- C’est peut-être de là que vient le mot su-ppor-ter. Mais ça m’empêche pas d’aimer le<br />

foot..<br />

<strong>Le</strong> mot HALE quitte la scène et est remplacé par les lettres pub suivi du mot CLUB MED qui<br />

va illustrer les mots-clés.<br />

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<strong>Le</strong> P<br />

- Vous rêvez de bronzage,<br />

<strong>Le</strong> U<br />

- De ciel BLEU,<br />

<strong>Le</strong> B<br />

- De tranquillité au fin fond d’un BLED paumé,<br />

<strong>Le</strong> P<br />

- Vous rêvez de belles histoires… (les lettres complètent en formant DE CUL)<br />

<strong>Le</strong> U<br />

- Vous rêvez de vacances mais vous êtes fauchés comme le blé. Alors pas de problème…<br />

<strong>Le</strong> B<br />

- Allumez la télé et attendez un peu. Normalement vous devriez tomber sur la nième<br />

rediffusion des Bronzés ou des Bronzés font du ski si vous préférez les sports d’hiver…<br />

<strong>Le</strong> P, le U, le B en quittant la scène<br />

- Allez, bonnes vacances quand même !<br />

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Acte 7<br />

Des hommes et des femmes lettres forment le mot MARIAGE.<br />

Un homme et une femme se tiennent la main sur le devant de la scène .<br />

L’homme<br />

- Ah le MARIAGE, quelle institution !<br />

La femme<br />

- Pourquoi tu dis ça comme ça, c’est GAI le mariage.<br />

L’homme<br />

- Oui c’est gai, sauf que des fois, ça devient AIGRE et on est fous de RAGE.<br />

La femme<br />

- Oui mais nous on s’AIME c’est pas pareil. Il y a de la MAGIE dans ce qui nous arrive.<br />

L’homme<br />

- Oui tu as raison Chérie, nous c’est pas pareil…<br />

Derrière eux le mot MARIAGE se transforme en MIRAGE<br />

La femme<br />

- Merci mon amour tu me rassures.<br />

<strong>Le</strong> couple enlacé quitte la scène. <strong>Le</strong>s lettres du mot MAIRE s’avancent alors et forment alors<br />

le mot MARIE<br />

<strong>Le</strong> M<br />

- Maire, c’est l’anagramme de marié.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- Alors le maire se croit autorisé à célébrer les mariages.<br />

<strong>Le</strong> I<br />

- Dans la salle des mariages, il y a des bancs pour s’asseoir si les mariés ont pensé à les<br />

publier.<br />

<strong>Le</strong> R<br />

- <strong>Le</strong> maire officie avec son écharpe à cause des courants d’air.<br />

<strong>Le</strong> E<br />

- Pour que la fête soit réussie, le maire prête aux jeunes mariés la salle des fêtes.<br />

<strong>Le</strong> M<br />

- Elle s’appelle comme ça parce que la plupart du temps, ils la rendent sale et défaite.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- Alors l’adjoint au maire est furieux.<br />

<strong>Le</strong> I<br />

- On dit qu’il est en pétards parce que dans adjoint, il y a joint.<br />

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<strong>Le</strong> R<br />

- Pour lui faire plaisir, le maire autorise les pétards le 14 juillet.<br />

<strong>Le</strong> E<br />

- Dans certaines communes, c’est plus logique, ils sont autorisés au mois de juin.<br />

<strong>Le</strong> M<br />

- Bon sur ce on vous laisse, on a un conseil municipal.<br />

<strong>Le</strong> mot MAIRE quitte la scène et croise deux copines.<br />

<strong>Le</strong>ttre A<br />

- Ma chérie, je tombe littéralement des nues, tu connais pas la dernière de Mathieu ?<br />

<strong>Le</strong>ttre B<br />

- Non vas y, dis moi.<br />

<strong>Le</strong>ttre A<br />

- Et ben, il veut que nous allions en voyage de noces dans un camp de nudistes.<br />

<strong>Le</strong>ttre B<br />

- D’abord, on dit naturistes et alors, où est le mal ? C’est original, non ? Il y a un coté<br />

biblique, plutôt sympa.<br />

<strong>Le</strong>ttre A<br />

- Mais tu me vois toute la journée à poil au milieu de gens à poils.<br />

Un groupe d’hommes et femmes lettres entrent sur scène. Ils forment le mot NATURISTES.<br />

<strong>Le</strong>s NATURISTES illustreront à leur manière la conversation.<br />

<strong>Le</strong>ttre B voyant les naturistes. Elle éclate de rire.<br />

- Tiens eux aussi ils tombent des nues…<br />

<strong>Le</strong>ttre A<br />

- Mais c’est pas marrant, tu imagines le spectacle des grosses avec les seins qui tombent.<br />

<strong>Le</strong>s NATURISTES écrivent alors TRUIES.<br />

<strong>Le</strong>ttre B<br />

- Mais tu t’en fous des AUTRES.<br />

<strong>Le</strong>ttre A<br />

- Non franchement je trouve ça TRISTE, toute cette chair qui s’étale.<br />

<strong>Le</strong>ttre B<br />

- Sans compter les nanas qui sont refaites de partout.<br />

<strong>Le</strong>s NATURISTES écrivent alors RUSTINES.<br />

<strong>Le</strong>ttre A<br />

- Et mon portable je le mettrai où ?<br />

<strong>Le</strong>s NATURISTES écrivent alors ETUIS.<br />

La lettre A aperçoit les NATURISTES.<br />

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<strong>Le</strong>ttre A<br />

- Bon allez du vent, allez vous faire voir ailleurs, bande d’exhibitionnistes.<br />

Elle va vers eux, en agitant les bras comme on disperse un troupeau. <strong>Le</strong>s NATURISTES<br />

partent alors dans tous les sens puis le mot se reconstitue à un autre endroit de la scène.<br />

<strong>Le</strong>ttre A<br />

- Mais vous n’avez pas compris, bon sang.<br />

<strong>Le</strong> N<br />

- Si mais vous ne connaissez pas le proverbe…. Chassez le naturiste, il revient au<br />

bungalow….<br />

<strong>Le</strong>ttre A s’adressant à la lettre B<br />

- Et puis je suis sûre que c’est rempli d’obsédés qui se baladent la guiguitte en l’air et qui<br />

vont s’exciter sur moi.<br />

A ces mots, 3 hommes lettres s’avancent vers elles, le regard lubrique, en écrivant EN RUT.<br />

<strong>Le</strong>ttres A<br />

- Tiens tu vois, ça commence déjà.<br />

Elle sort de scène et son amie la suit.<br />

<strong>Le</strong>s 5 hommes s’approchent de la scène.<br />

<strong>Le</strong> E<br />

- Femme, écoutez comme c’est beau, vous entendez, dans femme, il y âme.<br />

<strong>Le</strong> N<br />

- Alors que dans homme il y a…homme. Comme dans pomme.<br />

<strong>Le</strong> R<br />

- Vous entendez, dans pomme, il y a homme.<br />

<strong>Le</strong> U<br />

- Donc l’homme est un ver qui se trouve dans la pomme que va croquer la femme qui elle,<br />

a une âme.<br />

<strong>Le</strong> T<br />

- Vu comme ça, l’histoire de l’humanité est toute simple. Tout est écrit dans les mots.<br />

<strong>Le</strong> E<br />

- La preuve, regardez, le premier homme n’a qu’une idée en tête. Il rêve de rencontrer la<br />

femme de ses rêves.<br />

<strong>Le</strong> N<br />

- Et comme l’homme est un ver…tendre, il écrit des poèmes pour séduire cette femme.<br />

<strong>Le</strong> R<br />

- Parce que dans poèmes, il entend à la fois pomme et aime.<br />

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<strong>Le</strong> U<br />

- En plus dans les poèmes, il y a des vers comme dans les pommes.<br />

<strong>Le</strong> T<br />

- Et comme il a lu la Bible, en livre de poche, il sait que cette femme aime les pommes<br />

d’Adam..<br />

<strong>Le</strong> E<br />

- C’est donc l’idéal pour séduire la femme idéale.<br />

<strong>Le</strong> N<br />

- Pour Adam, cette femme a déjà un prénom. Elle s’appelle forcément Eve parce qu’elle<br />

est dans son…rêve.<br />

<strong>Le</strong>s hommes lettres quittent la scène et croisent au passage trois charmantes femmes lettres<br />

(un F, un M, un R) qu’ils regardent avec insistance avant de partir.<br />

<strong>Le</strong> F<br />

- Ah le monde. <strong>Le</strong> monde si vous saviez comme il est éphémère.<br />

<strong>Le</strong> M<br />

- Ephémère, c’est notre mot préféré.<br />

<strong>Le</strong> R<br />

- Qu’est-ce qu’il est beau et doux ce mot !<br />

<strong>Le</strong> F<br />

- Ephémère, c’est un mot qui a beaucoup de choses à dire. Et dans un délai très bref.<br />

<strong>Le</strong> M<br />

- C’est pour ça qu’il peut s’écrire vite fait comme ça en trois lettres.<br />

<strong>Le</strong> R<br />

- Eh oui, le mot éphémère est pressé, il ne vit qu’un seul jour.<br />

<strong>Le</strong> F<br />

- Imaginez, vous vous levez le matin, vous mourrez le soir. Ce n’est vraiment pas une vie.<br />

<strong>Le</strong> M<br />

- Mais le mot éphémère a une vie mouvementée et bien remplie.<br />

<strong>Le</strong> R<br />

- Un peu magique d’une certaine manière.<br />

<strong>Le</strong> F<br />

- Ecoutez, vous entendez éphémère, à l’intérieur il y a une fée comme dans les châteaux.<br />

<strong>Le</strong> M<br />

- Donc en fait le mot est protégé, il ne meurt pas, il se retire et continue à vivre<br />

dans l’au-delà.<br />

<strong>Le</strong> R<br />

- Dans l’eau de la…mer. Tu veux dire. Il se retire comme la mer qui va et vient sur ce mot.<br />

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<strong>Le</strong> F (La lettre s’approche alors tout au bord de la scène et interpelle le public)<br />

- Oui c’est ça, vous entendez chers amis ? Mettez votre main tout contre votre oreille, oui<br />

comme ça, et vous bougez votre main de bas en haut et de haut en bas. Vous entendez<br />

éphémère, la fée et la mer qui vont et viennent. Ce sentiment de bien-être qui vous<br />

envahit. C’est ça l’effet mer. Vous êtes bien. Comme avant dans les bras de votre mère<br />

qui elle aussi vous berçait.<br />

<strong>Le</strong> M (qui l’a rejointe avec le R et s’adresse elle aussi au public)<br />

- Ah votre mère, cet océan de tendresse, elle a compté pour vous. Et vous aussi vous<br />

avez compté pour elle. Vous l’avez vue pour ainsi dire vieillir chaque jour.<br />

<strong>Le</strong> R<br />

- Une nouvelle ride par ci, une nouvelle ride par là. Ça sert à ça un éphéméride.<br />

<strong>Le</strong> F<br />

- Un éphéméride, c’est un petit calendrier posé sur un bureau qu’on effeuille chaque jour<br />

et qui vient poser une ride sur le front de votre mère.<br />

<strong>Le</strong> M<br />

- Comme elle jadis venait poser un baiser sur votre front avant de vous endormir.<br />

Elle vous appelait “mon papillon” ça vous donnait des ailes. Et vous vous envoliez pour<br />

de beaux rêves.<br />

<strong>Le</strong> R<br />

- Ah, rêver, c’est un mot qui va bien avec la mer. Il se lit dans les deux sens.<br />

<strong>Le</strong> F<br />

- La mer monte ça fait rêver, la mer se retire dans l’autre sens, ça fait toujours rêver.<br />

<strong>Le</strong> M<br />

- Ça berce les rêves, c’est aussi ça, l’effet…mer…<br />

<strong>Le</strong> R<br />

- Et pourtant c’est éternel.<br />

A ces paroles trois hommes lettres (un A, un B, un I) entrent en scène et enchaînent.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- Et vous savez l’idéal pour prier et se recueillir, c’est une abbaye.<br />

<strong>Le</strong> B<br />

- D’ailleurs le mot abbaye, on devrait aussi l’écrire comme ça (il montre les 3 lettres des<br />

hommes lettres), A.B.I en trois lettres seulement.<br />

<strong>Le</strong> I<br />

- Comme ça, les lettres qu’on économise, on peut les donner aux pauvres.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- Mais attention il ne faudrait surtout pas prononcer habit puisque l’habit ne fait pas le<br />

moine.<br />

<strong>Le</strong> B<br />

- Oh oui, ça sous-entendrait qu’il y a des curés défroqués dans les abbayes.<br />

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<strong>Le</strong> I<br />

- Non, non les curés vivent dans le presbytère.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- Certains, à cause de l’âge, sont presbytes (gêné). En un seul mot.<br />

<strong>Le</strong> B<br />

- Sinon, c’est louche.<br />

<strong>Le</strong> I<br />

- Oui les curés ont des problèmes...d’yeux.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- C’est normal pour un curé des problèmes d’yeux.<br />

<strong>Le</strong> B<br />

- C’est peut-être gênant mais c’est moins grave qu’une crise de foie.<br />

<strong>Le</strong> I<br />

- La presbytie affecte le cristallin de l’œil.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- Dans cristallin, il y a Christ c’est pour ça que le curé y tient comme à la prunelle de ses<br />

yeux.<br />

<strong>Le</strong> B<br />

- Alors les curés presbytes portent des verres…convexes ce qui les obligent à faire très<br />

attention à ce qu’ils disent derrière leurs lunettes.<br />

<strong>Le</strong> I<br />

- <strong>Le</strong>s lunettes sont des petites lunes au prix astronomique.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- Celles des curés permettent de voir les étoiles.<br />

<strong>Le</strong> B<br />

- Voire au-delà.<br />

<strong>Le</strong> I<br />

- <strong>Le</strong> curé a des enfants de chœur. Ils les appelle “mes anges”.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- C’est pour ça qu’ils chantent en regardant le ciel. Ça égaie la vie du curé.<br />

<strong>Le</strong> B<br />

- La vie dans une cure, ce n’est pas une sinécure.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- <strong>Le</strong> curé va rarement au ciné.<br />

<strong>Le</strong> B<br />

- La dernière fois qu’il y est allé, il a vu un navet et trois paters.<br />

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PUB<br />

<strong>Le</strong>s hommes lettres de la PUB entrent en scène tambour battant.<br />

<strong>Le</strong> P<br />

- Pater, oui pas taire, il y a des choses qu’il ne faut pas taire comme le SIDA .<br />

<strong>Le</strong> U<br />

- Eh bien place à notre Sidaction !<br />

2 hommes lettre (un S et un D) et 2 femmes lettres (un I et un A) entrent alors en scène (ils<br />

sont vêtus d’un costume avec une capuche serrée qui les fait ressembler à des<br />

spermatozoïdes et ce d’autant plus qu’ils ont tous une longue queue).<br />

<strong>Le</strong> S (à l’intention des ABI qu’il croise)<br />

- Et surtout, vous les curés, arrêtez de mettre le préservatif à l’index !<br />

<strong>Le</strong> I qui enchaîne<br />

- C’est pas là qu’il faut le mettre !<br />

<strong>Le</strong>s lettres du mot SIDA se retrouvent alors seules sur scène. La lumière diminue et un fond<br />

musical inquiétant met une ambiance de gravité.<br />

<strong>Le</strong> S<br />

- Sida, c’est un mot qui fait mal quand on l’entend.<br />

<strong>Le</strong> I<br />

- Mais qui rassure quand on le regarde de près.<br />

<strong>Le</strong> D<br />

- Sida, c’est en réalité un double accord, un double oui puisque “si” ça veut dire oui en<br />

espagnol et “da” c’est oui en russe.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- Donc ça veut dire que le sida ne s’attrape pas…incidemment.<br />

<strong>Le</strong> S<br />

- Il faut l’accord des deux parties si j’ose dire pour faire l’amour sans protection.<br />

<strong>Le</strong> I<br />

- Et c’est important car le sida est à l’affût, partout. Ecoutez cette expression si belle et si<br />

inoffensive a priori : si d’a..venture en aventure….vous avez entendu le sida rôde et<br />

attend cette erreur fatale qui consiste à faire l’amour sans préservatif.<br />

<strong>Le</strong> D<br />

- Sida, c’est l’abréviation de Syndrome Immuno Déficitaire Acquis. <strong>Le</strong> mot le plus<br />

important, celui qui porte en lui le côté sournois de la maladie c’est encore une fois le mot<br />

de la fin : acquis.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- Il ne faut pas le prendre dans le sens qui vous appartient parce que le sida par nature<br />

appartient à tout le monde puisqu’il se transmet par amour. Non ici, acquis est une<br />

menace, une provocation : à qui …le tour ? Alors attention…on est tous sur la liste.<br />

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<strong>Le</strong> S<br />

- Ah un dernier conseil concernant le préservatif. Vous avez vu dans le mot il y a Hâtif.<br />

C’est une mise en garde pour nous interpeller. Il faut surtout prendre le temps de le<br />

mettre. Un préservatif mal mis équivaut à une absence de préservatif.<br />

<strong>Le</strong> I<br />

- Il y a ce même type de mise en garde dans le synonyme : capote. Vous entendez, on<br />

entend pote dans capote. Là, c’est pour vous avertir que même avec un pote que vous<br />

connaissez d’Eve ou d’Adam, il faut aussi vous protéger. <strong>Le</strong> sida ce n’est pas simplement<br />

avec des inconnus.<br />

<strong>Le</strong> D<br />

- Tant qu’il n’y a pas de vaccin, le préservatif est capital. Au fait, quel est l’inventeur du<br />

préservatif ? Tu sois toi, qui sas tout ?<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- Je l’ignore la seule chose que je sais c’est que franchement il mériterait l’érection d’une<br />

statue.…<br />

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Acte 8<br />

Six hommes et femmes lettres sont debout et se tiennent à une barre verticale imaginaire<br />

(serrés comme dans le métro, tellement serrés qu’on ne distingue pas leur lettre) et parlent<br />

en remuant le corps (à l’image des trépidations du métro).<br />

<strong>Le</strong>ttre 1<br />

- <strong>Le</strong> métro est sous terre par ce que c’est l’anagramme de morte.<br />

<strong>Le</strong>ttre 2<br />

- Dans le métro, la carte est orange parce que les escaliers sont mécaniques et qu’il y a de<br />

la violence.<br />

<strong>Le</strong>ttre 3<br />

- Alors si vous n’avez pas vu le film, Orange Mécanique, il est conseillé de prendre un bon<br />

jus d’orange avant de prendre un mauvais métro.<br />

<strong>Le</strong>ttre 4<br />

- Eh oui, dans le jus d’orange, le judo-range, il y a des vitamines, le mot judo et le mot<br />

ange. Ça peut toujours servir vu que les trois protègent bien.<br />

<strong>Le</strong>ttre 5<br />

- <strong>Le</strong> métro est constitué de rames parce que c’est galère.<br />

<strong>Le</strong>ttre 6<br />

- En haut des galères, il y avait des vigies pour éviter les bateaux pirates.<br />

<strong>Le</strong> plan vigi-pirate a été imaginé pour recréer cette ambiance.<br />

<strong>Le</strong>ttre 5<br />

- <strong>Le</strong>s gens qui font la manche sont là pour annoncer les tunnels.<br />

<strong>Le</strong>ttre 4<br />

- <strong>Le</strong> ticket comme son nom l’indique donne l’accès au quai.<br />

<strong>Le</strong>ttre 3 (à la manière des Visiteurs)<br />

- Oookay !<br />

<strong>Le</strong>ttre T (il s’avance vers le devant de la scène et l’on distingue sa lettre)<br />

- T comme tourniquet. Lui aussi il donne accès au quai. Et en plus il donne le tournis.<br />

Si dans tourniquet vous voyez autre chose, c’est que vous avez vraiment les idées mal<br />

placées.<br />

<strong>Le</strong>ttre P (qui s’avance aussi en glissant sa main dans sa poche intérieure)<br />

- P comme pickpocket…<strong>Le</strong> pickpocket est un vide-poches livré en série sur toutes les<br />

voitures. Pratique, efficace, il permet de se débarrasser en un tour de main de tous ces<br />

objets inutiles qui encombrent votre existence : argent liquide, carte bancaire, chéquier,<br />

passeport ainsi que les bijoux et autres babioles sans valeur affective.<br />

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<strong>Le</strong>ttre R (une femme très bourgeoise qui s’avance)<br />

- Enfin Mesdames et Messieurs, le métro c’est un merveilleux club de rencontres avec un<br />

grand R où les contacts sont facilités par une promiscuité savamment orchestrée. C’est<br />

un endroit très chaleureux conçu pour vous faire côtoyer des gens que vous n’auriez<br />

jamais osé approcher. Un club sensuel où des parfums irréels vous emmènent en<br />

voyage.<br />

<strong>Le</strong>ttre A (une femme très sexy s’avance pour se placer au milieu des autres lettres et former<br />

ainsi RATP)<br />

- Ahhhhhh, ne rêvez plus, entrez dans ce club très fermé des gens qui se regardent en<br />

faisant la gueule et qui intérieurement fantasment sur vous comme des malades. Et en<br />

plus, vous participerez régulièrement sans aucun supplément à ces formidables grèves<br />

surprises où tous les voyageurs sont pris en otage.<br />

Quand elles entendent le mot otage les lettres se repositionnent pour former le mot RAPT et<br />

mettent les mains derrière la nuque pour symboliser cette prise d’otage….<br />

<strong>Le</strong> P et le T quittent la scène en bousculant le R et le A<br />

<strong>Le</strong> P (en criant)<br />

- Allez bougez-vous, on descend…<br />

<strong>Le</strong> R<br />

- Nous aussi connard…<br />

<strong>Le</strong> T<br />

- Ta gueule gros tas.<br />

Une voix off style RATP se fait alors entendre<br />

- En raison du plan vigipirate nous informons notre clientèle pas aimable que tout gros<br />

mot lâchement abandonné sera immédiatement détruit par nos services de sécurité<br />

verbale. Nous vous informons également que le trafic est très perturbé<br />

(la voix va s’amplifier crescendo) et la perturbation rend sourd… !!!!!!<br />

Puis sur le ton de la confidence<br />

Et entre nous, si vous vous êtes fait baiser par la grève, il ne faut pas vous en étonner<br />

puisque le mot grève comme vous le savez est l’anagramme du mot verge. Et donc tout<br />

ça est normal vous n’avez qu’à lire dans les mots avant d’introduire votre ticket dans la<br />

fente du tourniquet.<br />

Deux jeunes femmes dialoguent maintenant sur le devant de la scène. Derrière elles, des<br />

hommes et des femmes lettres forment le mot FAMILLE qui va s’animer au cours de la<br />

conversation.<br />

La femme 1<br />

- Famille, je l’adore ce mot, il est tout mimi.<br />

La femme 2<br />

- Et en plus, sa construction est intéressante. Dans famille, on entend femme.<br />

La femme1<br />

- Alors contrairement à une idée reçue, c’est donc la femme qui est chef de famille. Et ça<br />

se transmet de mère en fille puisque, dans famille, il y a deux mots qui se mélangent.<br />

Fille et âme.<br />

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<strong>Le</strong>s lettres de FILLE avancent. Puis à leur tour, le A et le M qui prennent le E au passage<br />

pour former AME. Elles reforment ensuite FAMILLE.<br />

La femme 2<br />

- Ça voudrait dire que c’est la fille qui donne son âme à la famille.<br />

La femme 1<br />

- Peut-être après tout. Enfin, il ne faut pas oublier les amis qui font pour ainsi dire partie de<br />

la famille. C’est pour ça que vous trouvez aussi le mot ami au cœur du mot famille.<br />

<strong>Le</strong> mot AMI sort du rang et salue le public puis reprend sa place.<br />

La femme 2<br />

- <strong>Le</strong>s esprits chagrins verront une autre réalité dans le mot famille. C’est le M qui est en<br />

plein cœur.<br />

<strong>Le</strong> M reste à sa place mais envoie des baisers au public.<br />

La femme 1<br />

- C’est normal, la famille c’est avant tout un refuge d’amour. Famille je vous…aime et ce M<br />

est capital. Si on le supprime du mot…<br />

<strong>Le</strong> M tombe net de tout son poids, comme s’il mourrait. <strong>Le</strong>s autres lettres avancent et se<br />

resserrent pour prendre sa place.<br />

La femme 2<br />

- Il reste le mot FAILLE.<br />

La femme 1<br />

- Sans amour, la famille devient source de conflits, de scission. Dans toutes les familles, il<br />

peut y avoir une faille qui sépare des clans.<br />

La femme 2<br />

- Chaque clan se trouve alors emprisonné dans une cellule familiale. C’est triste.<br />

La femme 1<br />

- Chaque famille a un patriarche. <strong>Le</strong> plus célèbre des patriarches a été Noé. Pour sauver<br />

le monde du déluge, il a inventé un grand bateau.<br />

La femme 2<br />

- Il l’a appelé arche parce que arche c’est un morceau de patriarche….<br />

La femme 1<br />

- Tout le monde est monté à bord de l’arche de Noé. <strong>Le</strong>s femmes et les enfants d’abord et<br />

ensuite toutes les familles d’animaux.<br />

La femme 2<br />

- C’est en hommage au patriarche Noé qu’on a inventé Noël. Simplement avec cet L en<br />

plus. On pouvait bien en prendre un puisqu’il y en a deux dans le mot famille.<br />

Un des L de FAMILLE les rejoint alors.<br />

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La femme 1<br />

- C’est le propre d’une famille de partager. Depuis Noël est devenu un symbole. Une fête<br />

de famille où tous les clans se réconcilient l’espace d’une nuit….sous la neige.<br />

Toutes les lettres quittent alors la scène et son remplacées par 5 femmes lettres qui forment<br />

le mot NEIGE.<br />

Sur le devant de la scène, un Père Noël s’avance.<br />

<strong>Le</strong> Père Noël<br />

- A l’origine la neige se trouvait dans des petites boules souvenirs. Il suffisait de les<br />

retourner pour voir tomber la neige.<br />

Aujourd’hui, c’est plus pratique. La neige tombe directement du ciel dans des flacons.<br />

<strong>Le</strong>s lettres du mot NEIGE sortent chacune un flacon. De la neige tombe alors du haut de la<br />

scène.<br />

Ensuite, il suffit de les mettre dans un bac à glace pour conserver la neige. C’est la<br />

même chose avec le sable, on le conserve soit dans un bac à sable soit dans un sablier.<br />

<strong>Le</strong>s lettres sortent alors chacune un sablier et le retournent.<br />

L’intérêt du sablier c’est pour faire cuire les œufs. Avec des œufs, on peut faire des œufs<br />

à la neige et regarder la télé.<br />

<strong>Le</strong>s femmes lettres s’approchent alors du père Noël pour prendre le relais.<br />

<strong>Le</strong> N<br />

- Eh oui, la neige tombe dans la télé la nuit après les émissions. C’est la moindre des<br />

choses puisque c’est la télé qui l’a rendue célèbre.<br />

<strong>Le</strong> E<br />

- Vous vous souvenez de ce jeu télévisé où les candidats avaient chacun leur propre neige<br />

et la faisaient tourner dans tous les sens pour faire un bonhomme. Ça s’appelait Tournez<br />

Manège.<br />

<strong>Le</strong> I<br />

- Pour motiver les candidats, il y avait une carotte forcément. <strong>Le</strong> gagnant gagnait la carotte<br />

et avait le droit de la mettre (il s’interrompt et s’adresse à un spectateur). non monsieur,<br />

pas là, vous faites erreur. Il mettait la carotte à la place du nez de son bonhomme de<br />

neige.<br />

<strong>Le</strong> G<br />

- A cause de la carotte et aussi de la neige, il y a eu quelques dérapages, n’est-ce pas<br />

Monsieur ? L’audience a fondu et ils ont dû arrêter l’émission. C’est dommage parce que<br />

ça permettait à des jeunes pas très dégourdis de se rencontrer.<br />

<strong>Le</strong> E<br />

- La neige est…immaculée (elle marque une pause). Oui immaculée, je ne vois pourquoi<br />

ça vous fait rire. Dans la religion, ça veut dire sans péché.<br />

<strong>Le</strong> Père Noël<br />

- Alors la neige ne peut s’empêcher de se pencher sur sa condition. Quand elle se rend<br />

compte qu’elle n’est pas éternelle, la neige est triste et elle fond en larmes. Après, quand<br />

elle va mieux, elle se poudre pour aller faire du ski dans la poudreuse.<br />

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<strong>Le</strong> N<br />

- Et même si on met le feu aux poudres, on ne risque rien car les pompiers ont inventé la<br />

neige carbonique.<br />

<strong>Le</strong> E<br />

- Et là, miracle, miracle, même avec du carbone noir, c’est noir du carbone, vous le saviez<br />

Madame, eh bien la neige carbonique reste quand même blanche.<br />

<strong>Le</strong> I<br />

- <strong>Le</strong>s pompiers ont vraiment du génie, non !<br />

<strong>Le</strong>s femmes lettres du mot NEIGE forment alors le mot GENIE pour quitter la scène.<br />

4 hommes s’approchent en marchant comme des canards et entourent le Père Noël.<br />

<strong>Le</strong> 1<br />

- <strong>Le</strong> canard, contrairement à la dinde, croit au Père Noël.<br />

<strong>Le</strong> 2<br />

- Souvent d’ailleurs, pour se déguiser, il met une fausse barbe et une hotte.<br />

<strong>Le</strong> 3<br />

- On dit alors du canard qu’il barbe-hotte et tout le monde se marre. Vous aussi<br />

apparemment !<br />

<strong>Le</strong> 4<br />

- La femelle du canard s’appelle la cane parce qu’elle a du mal à marcher. Ce n’est pas le<br />

cas de notre pièce je vous rassure.<br />

<strong>Le</strong> 5<br />

- La cane a les pieds plus palmés que la moyenne. Pour la consoler, son mari l’emmène<br />

tous les ans à Cannes pour qu’elle assiste à la remise de la palme tant convoitée.<br />

<strong>Le</strong> 1<br />

- Depuis, elle est moins complexée et elle s’est même fait des amis cannois. <strong>Le</strong>s cannois<br />

sont des croisements réussis entre la cane et l’oie.<br />

<strong>Le</strong> 2<br />

- <strong>Le</strong> mari de l’oie s’appelle jars. C’est une espèce rare qui organise des méga-concerts<br />

partout dans le monde.<br />

<strong>Le</strong> 3<br />

- Quand on entend des fausses notes, on appelle ça des canards pour vexer les<br />

musiciens.<br />

<strong>Le</strong> 4<br />

- Pendant ce temps-là, l’oie se prélasse au bord de sa piscine. L’oie est oisive et a<br />

tendance à grossir à force de se gaver de foie gras.<br />

<strong>Le</strong> 5<br />

- Alors elle passe son temps à faire des projets. Quand ils sont adoptés, les projets de l’oie<br />

sont publiés dans un canard appelé Journal Officiel. Ça prouve que l’oie est un brin<br />

frimeuse.<br />

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<strong>Le</strong> 1<br />

- Et ce n’est pas tout, l’oie va souvent aux states, comme elle dit, avec ses copines, pour<br />

se montrer à Hollywood.<br />

<strong>Le</strong> 2<br />

- Pour y aller, les oies volent en V. Contrairement à une idée reçue, ce n’est pas pour faire<br />

le V de la victoire mais tout simplement pour montrer la voie.<br />

<strong>Le</strong> 3<br />

- Logique, un V avec oie derrière ça fait voie. En plus, c’est plus sûr parce que les<br />

chasseurs hésitent à canarder un avion furtif.<br />

<strong>Le</strong> 4<br />

- Au retour, l’oie se met au vert.<br />

<strong>Le</strong> Père Noël<br />

- <strong>Le</strong> canard, lui c’est à l’orange qu’il est le meilleur.<br />

<strong>Le</strong> 5<br />

- Et si vous trouvez que les oranges sont amères, vous pouvez toujours en adoucir le goût<br />

avec du sucre.<br />

<strong>Le</strong> 1<br />

- Du sucre de canne de préférence…<br />

<strong>Le</strong>s hommes lettres quittent la scène sauf le 1 et le 3 qui enchaînent.<br />

<strong>Le</strong> 3<br />

- A Cannes, sur la Croisette, les balcons sont toujours à l’extérieur parce, contrairement à<br />

une idée reçue, les appartements sont vraiment trop petits.<br />

<strong>Le</strong> 1<br />

- Et on ne le dit pas suffisamment, les balcons présentent un réel danger qui apparaît<br />

clairement dans le mot lui-même.<br />

<strong>Le</strong> 3<br />

- Oui, si balcon commence par “bal”, c’est pour vous mettre en garde. Attention, quand<br />

vous êtes sur votre balcon, vous constituez une cible idéale pour un tireur isolé.<br />

<strong>Le</strong> 1<br />

- Alors surtout n’y allez pas sans gilet pare balles. <strong>Le</strong> “con” à la fin du mot s’adresse à tous<br />

ceux qui ne veulent pas suivre ce conseil.<br />

<strong>Le</strong> 3<br />

- Surtout à Noël. Parce que ce jour là, c’est hyper dangereux.<br />

<strong>Le</strong> 1<br />

- On risque de recevoir en pleine figure des prédictions à la con.<br />

<strong>Le</strong> 3<br />

- Vous connaissez le dicton «Noël au balcon…»<br />

L’homme lettre s’adresse alors au public pour qu’il donne la suite. <strong>Le</strong> public en cœur<br />

complète : Pâques aux tisons.<br />

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<strong>Le</strong> 3<br />

- Non, non, vous n’êtes plus à la mode…Noël au balcon…Paco Rabanne.<br />

<strong>Le</strong> 1<br />

- Paco Rabanne est un voyant illuminé qui a été éjecté de la station Mir où seuls les<br />

voyants lumineux sont acceptés.<br />

<strong>Le</strong> 3<br />

- Il est tombé du ciel en plein Paris du côté du Sentier. Heureusement, sa chute a été<br />

amortie par un stock de tissu en solde.<br />

<strong>Le</strong> 1<br />

- Depuis, pour remercier le ciel de l’avoir épargné, il fait des costumes et des prédictions<br />

comme Nostradamus.<br />

<strong>Le</strong> 3<br />

- Nostradamus, c’est l’arrière arrière grand père du chanteur Adamo. C’est pour ça<br />

qu’Adamo se prénomme Salvator. Ça veut dire sauveur dans la langue de Nostradamus.<br />

Et quand on dit Salvatoré Adamo, je précise qu’il s’agit bien d’une seule et même<br />

personne.<br />

<strong>Le</strong> 1<br />

- Oui exact, Salvatoré Adamo, ce n’est pas un groupe fusionnel comme Emile et Images.<br />

<strong>Le</strong> 3<br />

- Donc je résume la situation. Notre Adamo, unique, et sauveur devant l’éternel, a une<br />

mission sur terre : interpréter en chansons si possible chez Drucker des quatrains écrits<br />

par Nostradamus.<br />

<strong>Le</strong> 1<br />

- Prenez par exemple le tube de notre Adamo au titre prémonitoire Inch’Allah.<br />

<strong>Le</strong> 3<br />

- C’est du Nostradamus pur jus. Si vous comprenez la prédiction vous êtes balèze. La<br />

preuve en musique.<br />

Musique !<br />

<strong>Le</strong> 1<br />

- Non y a pas de musique, le producteur n’a pas les moyens.<br />

<strong>Le</strong> 3<br />

- Bon alors ce sera a cappella.<br />

<strong>Le</strong> 1 déployant sa cape<br />

- C’est bon la cape est là.<br />

<strong>Le</strong> 3<br />

- Alors allons y pour le quatrain de Notre Adamo.<br />

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<strong>Le</strong> 1 et le 3<br />

- «J’ai vu l’orient dans son écrin<br />

avec la lune pour bannière<br />

et je comptais en un quatrain<br />

chanter au monde sa lumière.<br />

Mais quand j’ai vu Jérusalem<br />

Coquelicot sur un rocher<br />

J’ai entendu un requiem<br />

quand sur lui je me suis penché»<br />

<strong>Le</strong> 1 regarde le 3 l’air étonné<br />

- Oui il s’est penché et alors ça prouve quoi ?<br />

<strong>Le</strong> 3<br />

- Rien. Enfin presque et c’est ma prédiction du jour (en regardant vers les balcons) “Celui<br />

qui se penche trop au balcon risque de tomber dans l’oubli ”. Méfiez vous Madame…<br />

Ils quittent la scène et sont remplacés par les 3 femmes PUB qui, après avoir lancé le jingle,<br />

enchaînent avec la pub où le mot CIEL d’un côté et le mot MAT de l’autre se rejoignent au<br />

centre de la scène.<br />

<strong>Le</strong> P<br />

- Vous en avez marre de votre CIEL MAT.<br />

le U<br />

- Marre de votre vie trop CALME.<br />

<strong>Le</strong> B<br />

- Vous rêvez d’ECLAT et de MALICE.<br />

<strong>Le</strong> P<br />

- Coquines va !!!<br />

<strong>Le</strong> U<br />

- Alors un bon conseil,<br />

<strong>Le</strong> B<br />

- Pour être en bonne santé,<br />

<strong>Le</strong> P<br />

- Buvez tous les matins une bonne dose d’ACTIMEL !<br />

<strong>Le</strong> U (très énervée)<br />

- Et arrêtez de nous gaver avec vos états d’âme.<br />

<strong>Le</strong> B (sur un ton très calme)<br />

- Oui, c’est ça même, bougez-vous le cul, grosses faignasses.<br />

Fin de la pub<br />

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Acte 9<br />

Sur scène on voit des hommes et des femmes avec un chiffre à la place de la lettre.<br />

Un homme lettre est devant la scène. En voyant passer ces créatures inattendues,<br />

il a l’air très étonné de cette coïncidence.<br />

L’homme lettre<br />

- Tiens des chiffres ! eh ben, ça tombe à pic, j’allais justement vous parler de<br />

mathématiques<br />

Une voix off autoritaire<br />

- Pas la peine d’en parler c’est un mot qui parle tout seul.<br />

L’homme lettre<br />

- Oh du calme, je sais mais c’est une façon de parler. Donc pour faire plaisir au chef des<br />

mots qui bulle en coulisse, je reconnais effectivement que Mathématiques, c’est un mot<br />

qui parle tout seul.<br />

Ecoutez-le. Mathématiques, mathé plus loin matiques, vous entendez, ça commence mal.<br />

Ça me rappelle un prof de maths qui disait souvent : je vais vous mater bande de<br />

fainéants. Avouez que pour une entrée en matière ça fait peur. Et la matière est lourde en<br />

coefficient.<br />

Il y a pire. Ecoutez “mat et mat hic”. Vous entendez à la fin il y a un “hic”. Ca tous ceux<br />

qui ont séché sur des problèmes de math le savent bien. Il y a toujours un hic.<br />

Et vous avez vu l’insistance du mot, Mat et mat (hic) on entend deux fois mat dans le<br />

mot. Franchement, on aurait pu mettre mat en facteur pour simplifier et écrire mat facteur<br />

de 1 + hic. Comme ça on n’aurait dit qu’une fois mat. Parce que moi, quand j’entends<br />

mat, je pense automathématiquement à échec à cause de la formule “échec et mat”.<br />

Vous comprenez pourquoi les maths ça rend.. fou.. C’est une sorte de maladie mentale<br />

comme le calcul mental d’ailleurs. Et vous savez ce type de calcul finit même par<br />

attaquer les reins..<br />

Heureusement maintenant on a les ordinateurs avec leurs puces électroniques. D’ailleurs<br />

vous avez remarqué dans mathématiques, on entend “tique”, ça vous fait pas penser aux<br />

tiques et aux puces ? On finira bien par remplacer tique par puce qui fait plus high tech.<br />

Et là ça sera marrant d’entendre un élève dire à son prof (il prend l’accent de la banlieue)<br />

“oh m’sieur, mathématiques, moi j’aime pas, je préfère mater ma puce”.<br />

Une femme lettre (marquée du symbole mathématique du PI grec) entre en scène et tourne<br />

autour de l’homme en battant des ailes. Puis quitte la scène avec son homme pour laisser la<br />

place à un trio formant le mot PIE.<br />

<strong>Le</strong> P<br />

- La pie est un oiseau qui vole. Rien de plus normal.<br />

<strong>Le</strong> I<br />

- Sauf que la pie trimbale vraiment une réputation de kleptomane.<br />

<strong>Le</strong> E<br />

- C’est pour ça que si vous vous pointez à un cocktail en queue de pie, on vous regarde<br />

bizarrement et on surveille l’argenterie.<br />

<strong>Le</strong> P<br />

- La pie birthday est une espèce qui fait son nid dans les gâteaux d’anniversaire.<br />

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<strong>Le</strong> I<br />

- C’est pour ça qu’on met des bougies parce qu’elle a peur des flammes et des<br />

épouvantails.<br />

<strong>Le</strong> E<br />

- Mais un épouvantail sur un gâteau d’anniversaire ce n’est pas très pratique. Quand on<br />

souffle, le chapeau de paille s’envole.<br />

<strong>Le</strong> P<br />

- En anglais P, I, E se prononce « paille » et veut dire gâteau, il y a peut-être une relation<br />

de cause à effet.<br />

<strong>Le</strong> I<br />

- Par dépit en un seul mot et à cause de son nom, la pie est devenue très pieuse<br />

(prononcer pi-euse en séparant les syllabes).<br />

<strong>Le</strong> E<br />

- Une vraie grenouille de bénitier.<br />

<strong>Le</strong> P<br />

- Pour lui ressembler, plusieurs Papes se sont fait appeler Pie.<br />

<strong>Le</strong> I<br />

- <strong>Le</strong>s plus célèbres furent Pie 12 et Pie 3,14.<br />

<strong>Le</strong> E<br />

- Pie 7 a été le plus malheureux. Vous parlez d’un nom. Pie 7 et en plus il ne s’appelait<br />

pas comme ça par hasard. Il fallait vraiment changer les draps tous les jours.<br />

<strong>Le</strong> P<br />

- C’est peut-être à cause de ça, qu’il n’y a jamais eu de Pape originaire du Chili.<br />

<strong>Le</strong> I<br />

- <strong>Le</strong> Chili c’est un grand pays mais tout en longueur. C’est marrant j’ai dit P.I et vous<br />

n’avez même pas réagi.<br />

<strong>Le</strong> E<br />

- En tous cas un pays tout en longueur ça pose un vrai problème pour s’allonger. Il faut<br />

dormir uniquement dans le sens du pays. Rassurez-vous c’est facile.<br />

<strong>Le</strong> P<br />

- Pinochet s’est chargé de l’alignement des corps à coup de dictature.<br />

<strong>Le</strong> I<br />

- Pinochet n’est pas un descendant de Pie 12 mais de Pinocchio.<br />

<strong>Le</strong> E<br />

- C’est pour ça que son nez s’allongeait à chaque fois qu’il torturait.<br />

<strong>Le</strong> P<br />

- Un nez que dis-je un cap rugissant. <strong>Le</strong> plus dangereux du monde, on l’a appelé<br />

Cap Horn.<br />

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<strong>Le</strong> I<br />

- En souvenir de Pinochet. <strong>Le</strong>s chiliens ramassent le guano et s’en servent comme fumier.<br />

<strong>Le</strong> E<br />

- <strong>Le</strong> guano (prononcer gou ano en deux mots) a un goût anal puisqu’il s’agit d’excréments<br />

d’oiseaux.<br />

<strong>Le</strong> P<br />

- Mais les chiliens sont fiers de cette activité.<br />

<strong>Le</strong> I<br />

- Et comme la pie, ils chantent tout le temps<br />

<strong>Le</strong> P, le I, le E en chœur sur l’air du «Plat Pays» de Jacques Brel<br />

- « Avec la merde d’oiseaux pour dernier terrain vague et des vagues de chiures contre la<br />

dictature, le beau Chili qui est le mien ».<br />

Soudain 9 hommes lettres entrent violemment en scène. Ils s’alignent au milieu de la scène<br />

en formant le mot MILITAIRE.<br />

Deux femmes lettres sont devant, au bord de la scène.<br />

<strong>Le</strong>ttre 1<br />

- <strong>Le</strong>s militaires sont des hommes des casernes. C’est pour ça qu’ils ne sont pas évolués.<br />

En plus avec militaire, on peut écrire air limité (le mot MILITAIRE s’exécute et écrit AIR<br />

LIMITE).<br />

<strong>Le</strong>ttre 2<br />

- Mais ça n’a rien à voir avec leur esprit. C’est parce que les militaires ont l’habitude de<br />

mettre des barbelés autour de leur camp. Sinon ils s’évaderaient.<br />

<strong>Le</strong>ttre 1<br />

- <strong>Le</strong>s soldats qui pilotent des chars ont un casque avec des écouteurs. C’est pour écouter<br />

des chansons.<br />

<strong>Le</strong>ttre 2<br />

- Contrairement à ce qu’on pourrait penser, les chansons militaires ne sont pas engagées.<br />

<strong>Le</strong>ttre 1<br />

- Dommage elles verraient du pays.<br />

<strong>Le</strong>ttre 2<br />

- <strong>Le</strong>s chars ont toujours des chenilles. C’est une veille tradition pour attirer notre attention<br />

sur le caractère éphémère de la vie.<br />

<strong>Le</strong>ttre 1<br />

- A fortiori si les militaires s’en mêlent.<br />

<strong>Le</strong>ttre 2<br />

- Militaire commence par mille parce qu’ils ont une réelle compétence en tir.<br />

<strong>Le</strong>ttre 1<br />

- Debout ou couché (le mot MILITAIRE se couche puis se relève en mettant le public en<br />

joug), ils ratent rarement la cible.<br />

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<strong>Le</strong>ttre 2<br />

- Si militaire finit par taire, c’est parce que ceux d’en face aussi savent tirer.<br />

Non je plaisante, taire ici signifie ne rien dévoiler.<br />

<strong>Le</strong>ttre 1<br />

- L’armée a toujours été discrète et secrète. On l’appelle la grande muette.<br />

<strong>Le</strong>ttre 2<br />

- <strong>Le</strong>s militaires communiquent entre eux par une langue des signes. Ils s’envoient des<br />

albatros.<br />

<strong>Le</strong>ttre 1<br />

- On appelle ça un code. <strong>Le</strong> plus célèbre est le code-barre. Il a été inventé il y a cent ans<br />

par Raymond Barre quand il était ministre de l’économie et de la guerre des prix<br />

<strong>Le</strong>ttre 2<br />

- A cause de ça, les militaires en retraite se reconvertissent dans le marketing et la grande<br />

distribution. Ils imaginent des campagnes de lancement et ratent rarement la cible.<br />

<strong>Le</strong>ttre 1<br />

- Ils ont inventé les prix-canons et prétendent qu’ils tirent les marges au maximum.<br />

<strong>Le</strong>ttre 2<br />

- Pire, Ils obligent les clients à acheter leurs produits avec des pratiques commerciales non<br />

prévues dans la Convention de Genève.<br />

<strong>Le</strong>ttre 1<br />

- Après la sommation d’usage, ils tirent. Comme c’est vraiment con comme pratique.<br />

D’ailleurs on appelle ça la con-sommation.<br />

<strong>Le</strong>ttre 2<br />

- A cause des militaires, les consommateurs finissent par avoir des goûts uniformes…<br />

<strong>Le</strong>s femme lettres quittent la scène. <strong>Le</strong> mot MILITAIRE s’avance alors.<br />

<strong>Le</strong> M (il crie)<br />

- Escadron, à mon commandement ! M comme Magasin !<br />

<strong>Le</strong> mot MILITAIRE avance alors d’un pas dans un bel ensemble.<br />

<strong>Le</strong> I (en criant comme les G.I’s)<br />

- Magasin, Mon Lieutenant, c’est un mot bien pratique. On y trouve tout ce qu'on veut.<br />

<strong>Le</strong> L<br />

- Un magasin bien achalandé, c’est un magasin où il y a des «chats lents».<br />

<strong>Le</strong> I<br />

- <strong>Le</strong>s chalands, ce sont des chats qui font leurs courses très lentement en se frottant les<br />

moustaches.<br />

<strong>Le</strong> T<br />

- Affirmatif chef, les chats lents sont nonchalants.<br />

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<strong>Le</strong> A<br />

- Ils font leurs emplettes quand les rues sont désertes. C’est pour ça qu’il n’y a pas un chat<br />

dans la rue.<br />

<strong>Le</strong> I<br />

- Vous verriez dans les magasins, par contre, c’est noir de chats.<br />

<strong>Le</strong> R<br />

- Ils prennent également le soin de se lécher les pattes avant d’entrer dans le magasin.<br />

On appelle ça, faire du lèche vitrine, parce qu’ils appuient leurs pattes de velours contre<br />

la devanture du magasin.<br />

<strong>Le</strong> E<br />

- <strong>Le</strong>s chats sont de gros consommateurs. D’ailleurs dans achat, il y a chat. C’est un signe,<br />

chef.<br />

<strong>Le</strong> M<br />

- <strong>Le</strong> chat met délicatement les courses dans son panier puisque c’est aussi celui dans<br />

lequel il dort.<br />

<strong>Le</strong> I<br />

- Ah bon, il ne dort pas dans le panier de la ménagère ?<br />

<strong>Le</strong> L<br />

- Non parce que la ménagère n’aime pas qu’on lui mette la patte, au temps pour moi, la<br />

main au panier.<br />

<strong>Le</strong> I<br />

- Pour régler ses achats, le chat a une caisse spéciale qui lui est réservée.<br />

<strong>Le</strong> T<br />

- A la maison aussi, il a sa caisse.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- Et quand il n’en a plus, on lui largue des caisses.<br />

<strong>Le</strong> I<br />

- Et ça tombe bien, si j’ose dire, parce que le chat a des besoins.<br />

<strong>Le</strong> R<br />

- Et dans les magasins, le chat trouve des produits qui répondent à ses besoins.<br />

<strong>Le</strong> E<br />

- Même si les besoins ne lui posent pas de questions.<br />

<strong>Le</strong> M<br />

- Malheureusement pour lui, certains produits sont vraiment de la merde, chef !<br />

<strong>Le</strong> I<br />

- Affirmatif, les chats appellent ça du pipi de chat.<br />

<strong>Le</strong> L<br />

- Allez rompez, au pas de course…on n’a pas que ça à faire.<br />

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<strong>Le</strong> mot MILITAIRE quitte la scène et croise deux femmes lettres qui forme le mot ON.<br />

<strong>Le</strong> O<br />

- On est bien d’accord avec vous.<br />

Puis elles s’approchent du public.<br />

<strong>Le</strong> N<br />

- Sauf que ON par définition n’a pas de nom.<br />

<strong>Le</strong> O<br />

- Ce sont deux lettres anonymes qui se sont rencontrées un jour dans une boîte.<br />

<strong>Le</strong> N<br />

- Plus précisément dans une boîte aux lettres et depuis elles ne se sont plus quittées.<br />

<strong>Le</strong> O<br />

- A cause de cette origine douteuse, on dit que ON est indéfini. Mais c’est un on-dit.<br />

<strong>Le</strong> N<br />

- Non, pas un non-dit, puisqu’on le dit. <strong>Le</strong> non-dit est encore plus sournois puisque là on<br />

peut tout imaginer.<br />

<strong>Le</strong> O<br />

- Et ça fait mal. Un on-dit est une rumeur. On sait pas d’où elle vient. Par contre, on sait où<br />

elle va.<br />

<strong>Le</strong> N<br />

- Elle court les rues. Normal, dans rumeur il y a rue.<br />

<strong>Le</strong> O<br />

- Il y a meur aussi.<br />

<strong>Le</strong> N<br />

- Quand on vous disait que ça peut faire du mal.<br />

<strong>Le</strong> O<br />

- Et oui, la rumeur peut tuer n’importe qui.<br />

<strong>Le</strong> N<br />

- Même l’homme de la rue meurt s’il est victime d’une rumeur mortelle.<br />

<strong>Le</strong> O<br />

- Même Jean-Luc Delarue !<br />

<strong>Le</strong> N<br />

- Oui, et la rumeur se propage comme une traînée de poudre de bouche à oreille.<br />

<strong>Le</strong> O<br />

- Une traînée, c’est une fille de mauvaise vie qui se promène aussi dans la rue mais qui<br />

bouche ses oreilles pour ne pas entendre ce qu’on raconte sur elle.<br />

<strong>Le</strong> N<br />

- Oui, ce qu’on.. parce que ON, c’est vraiment un con.<br />

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<strong>Le</strong> O<br />

- Et qui plus est, c’est un con qui parle au conditionnel.<br />

<strong>Le</strong> N<br />

- Surtout ne vous fiez pas à l’orthographe. On ne peut pas considérer que ON est un con<br />

sans C. La seule chose qu’il est sensé faire, c’est propager une rumeur.<br />

<strong>Le</strong> O<br />

- Tenez par exemple, on dit qu’il y a aurait du dopage dans tous les sports.<br />

<strong>Le</strong> N<br />

- Rumeur, traînée de poudre ?<br />

A ces mots le mot POUDRE entre en scène et se déplace très vite dans tous le sens. Puis<br />

s’arrête.<br />

<strong>Le</strong> O<br />

- Vous me direz, pourquoi pas !<br />

<strong>Le</strong> mot POUDRE devient DOPEUR sans que le O et le N ne s’en aperçoivent. Ils continuent<br />

leur dialogue.<br />

<strong>Le</strong> N<br />

- Mais à mon avis, c’est l’entraîneur qui est responsable.<br />

<strong>Le</strong> O<br />

- Entraîneur dopeur ? Pour moi ce serait plutôt les entraîneuses qui sont visées.<br />

<strong>Le</strong> N<br />

- Eh oui t’as raison. <strong>Le</strong>s entraîneuses, elles aussi, la nuit elles traînent au bar.<br />

<strong>Le</strong> O<br />

- Et chacun sait que le bar, c’est l’unité de pression qui n’a rien à voir avec la bière qu’on<br />

boit dans les bars.<br />

<strong>Le</strong> N<br />

- Et c’est vrai que les sportifs ont toujours la pression.<br />

<strong>Le</strong> O<br />

- Et on prétend qu’ils se dopent à cause d’elle et que c’est pour ça qu’ils ne vivent pas<br />

vieux….les pauvres.<br />

<strong>Le</strong> N<br />

- Je pense à ces pauvres cyclistes. C’est vrai qu’un gamin qui commence dans le vélo, il<br />

est DOUE.<br />

<strong>Le</strong> O<br />

- Oui, c’est un PUR.<br />

<strong>Le</strong> N<br />

- Mais c’est de plus en plus DUR de rester dans la ROUE des premiers.<br />

<strong>Le</strong> O<br />

- Alors hop, il se DOPE !<br />

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<strong>Le</strong> N<br />

- Non non, on le dope parce qu’il est DUPE et qu’on lui fait PEUR.<br />

<strong>Le</strong> O<br />

- Oui si tu veux, mais résultat des courses, c’est le cas de le dire. Il est PERDU.<br />

A ces mots les lettres PUB entrent en scène (avec le jingle).<br />

<strong>Le</strong> O<br />

- Tiens, v’la la caravane publicitaire !<br />

<strong>Le</strong> O, le N et le mot DOPEUR quittent la scène. Pour laisser place à un couple de lettres<br />

(une femme lettre, un A et un homme lettre, un Z).<br />

<strong>Le</strong> Z<br />

- Vous rêvez d’acheter un appartement mais vous n’avez pas encore les moyens.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- Alors un conseil, faites comme nous achetez en viager. C’est facile, on va tout vous<br />

expliquer de A à Z .<br />

Des hommes lettres formant le mot VIAGER entrent alors en scène pour illustrer la pub (les<br />

hommes sont vieillis avec une barbe blanche).<br />

<strong>Le</strong> Z<br />

- Vous choisissez un propriétaire, un vioque de préférence.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- Tu veux dire un homme AGE mon chéri.<br />

<strong>Le</strong> Z<br />

- Oui si tu préfères, mais le résultat est le même. Ensuite vous faites un pari sur sa VIE.<br />

<strong>Le</strong> A (cynique)<br />

- Ou plutôt sur sa mort.<br />

<strong>Le</strong> Z<br />

- Et plus tôt il meurt, mieux c’est. Hein ma chérie quand il va mourir le pépé tu seras<br />

RAVIE.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- Oh oui, et là tout est bon pour qu’il meurt le plus vite possible : une maladie GRAVE,<br />

<strong>Le</strong> Z<br />

- Il peut rater aussi un VIRAGE,<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- Ou mourir de la RAGE. De la rage de vivre par exemple. C’est plus drôle.<br />

<strong>Le</strong> Z<br />

- Ou finir IVRE mort.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- Dès qu’il meurt vous héritez.<br />

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<strong>Le</strong> Z<br />

- Vous pouvez même l’aider le papy, si vous êtes vraiment pressés.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- Mais attention, il faut prendre des précautions, il faut que ça fasse VRAI.<br />

<strong>Le</strong> Z<br />

- Nous on a une idée pour l’aider à mourir en douceur, hein chérie, tu vas nous le gâter le<br />

papy gâteaux…avec des petites gâteries….<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- Hum, hum, mourir de plaisir, quelle belle mort pour lui.<br />

<strong>Le</strong> A s’approche alors du mot VIAGER reconstitué, pousse le E, et se met à côté du R pour<br />

former un nouveau mot : VIAGRA.<br />

Fin de la Pub<br />

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Acte 10<br />

Des hommes et des femmes lettres marchent à quatre pattes sur la scène.<br />

Deux autres femmes lettres qui entrent en scène les aperçoivent. <strong>Le</strong>s hommes et les<br />

femmes lettres se relèvent et font le beau. On peut lire alors le mot CHIEN.<br />

Brigitte<br />

- Oh regarde Eva, il est mignon tout plein le toutou. Oh, il va donner la papatte à Bribri.<br />

Eva<br />

- Bon Brigitte arrête, on est sur scène ! T’es papas oblibligéegée de lui parparlerler<br />

comme çaça. Tu te prendsprends pour Miou-Miou ou quoi ?<br />

Brigitte<br />

- Tiens au fait tu sais quoi, il paraît que Miou-Miou va aller vivre à Baden Baden.<br />

Eva<br />

- Oui c’est ça, avec Boutros Boutros Ghali.<br />

Brigitte<br />

- Et ils adopteront un chichiwawa.<br />

Brigitte regarde le mot CHIEN qui fait toujours le beau.<br />

Bon ça va, on a compris, vous savez faire le beau. Allez, couchez maintenant !<br />

<strong>Le</strong> mot CHIEN se déplace sur un côté, forme alors le mot NICHE et s’assoit sur son<br />

postérieur.<br />

Eva<br />

- Ce qui est bizarre avec les chiens, c’est qu’il y a une race qui ne vit jamais dans une<br />

niche puis qu’il s’agit d’un chien d’appartement. Et pourtant il a un nom prédestiné.<br />

C’est le caniche.<br />

Brigitte<br />

- Oui, t’as raison, Eva, le caniche c’est vraiment un cas…(s’adressant au public)<br />

Vous avez déjà essayer de mettre un caniche dans une niche ?<br />

Eva<br />

- Et il paraît qu’en France, on détient le record pour le nombre de chiens en circulation….<br />

<strong>Le</strong> mot NICHE se relève d’un bond et aboie violemment en faisant non de la tête puis se<br />

transforme en CHINE.<br />

Brigitte, dubitative.<br />

- Ah bon la Chine, le pays des chiens ?<br />

Eva<br />

- Ben oui c’est logique. Il y a déjà dix millions de pékinois. Ce n’est pas rien.<br />

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Brigitte<br />

- Tu sais quoi, moi ce qui me rend triste, c’est de voir les gens qui abandonnent leur chien<br />

en été pour partir en vacances.<br />

<strong>Le</strong> mot se recompose en CHIEN et quitte alors la scène en faisant des signes d’adieu.<br />

Eva<br />

- Tous les ans, c’est pareil. <strong>Le</strong>s chiens aboient, la caravane passe devant eux et hop les<br />

vacanciers se tirent vite fait : destination l’Espagne, la destination préférée des Français<br />

qui abandonnent leur chien sur l’autoroute.<br />

<strong>Le</strong> mot AUTOROUTE passe alors sur scène et soudain se casse en deux mots distincts<br />

TOUTOU et REA.<br />

Brigitte<br />

- Alors le pauvre toutou, il se fait écraser ou s’il est seulement blessé, il se retrouve en réa.<br />

<strong>Le</strong>s lettres du mot AUTOROUTE quittent alors la scène.<br />

Eva<br />

- C’est quand même triste la vie d’un chien.<br />

Brigitte<br />

- Oui, c’est une vie de chien comme on dit. <strong>Le</strong>s vétérinaires devraient eux aussi réagir. Ils<br />

devraient s’y opposer.<br />

Eva<br />

- Tu sais ils le font. <strong>Le</strong>s vétérinaires ont un droit de véto….<br />

<strong>Le</strong> mot ESPAGNE entre alors en scène.<br />

Eva<br />

- Tiens, regarde, Eva ils vont bientôt arriver sur leur lieu de vacances.<br />

Brigitte<br />

- Et les chiens qui s’en sortent, Eva, ils vont où ?<br />

Eva<br />

- Bah, tu sais, c’est pas compliqué, direction la SPA.<br />

<strong>Le</strong>s lettres SPA du mot Espagne s’avancent alors.<br />

Brigitte<br />

- Et leurs maîtres n’éprouvent rien quand ils les abandonnent comme ça ?<br />

Eva<br />

- Ah si, faut pas exagérer, ils ont bien un petit sentiment de GENE mais ça ne leur gâche<br />

pas leurs vacances en tous cas.<br />

<strong>Le</strong> mot GENE se forme alors avec les lettres restantes et se positionne à côté de SPA.<br />

Pourtant je te jure l’Espagne, les chiens adorent y aller en vacances. D’abord ils passent<br />

à côté des Pyrénées magnifiques avec ses chiens des Pyrénées et le mont…Canigou qui<br />

culmine à 2784 mètres.<br />

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Ensuite la frontière et de l’autre côté, l’Espagne avec ses espagnols bretons et tous ses<br />

pluriels en os : muchos, helados, ninos, etc.<br />

Brigitte s’adressant au public<br />

- <strong>Le</strong>s chiens, ils adorent l’Espagne et Julio Iglésias, alors par pitié, dites le autour de vous,<br />

qu’il faut les emmener en vacances..<br />

Eva (avec l’accent de Julio Iglésias)<br />

- Non yé n’ai pas chanyé ye suis touyours le toutou que tu as aimé.<br />

Eva, Brigitte et les mots sortent de scène.<br />

Un couple entre alors en scène.<br />

Elle<br />

- La plage est une forêt où poussent les pins parasols.<br />

Lui<br />

- Toutes les plages se ressemblent parce qu’elle copient les unes sur les autres.<br />

On appelle ça plagier.<br />

Elle<br />

- En principe, c’est interdit. Heureusement, il y a les criques. Ce sont des plages où l’on<br />

s’arrêterait volontiers pour changer une roue de voiture.<br />

Lui<br />

- <strong>Le</strong> seul problème, c’est qu’on ne peut pas y aller en voiture.<br />

Elle<br />

- On y va en escarpins à travers des chemins escarpés.<br />

Lui<br />

- Comme elles sont tranquilles et à l’abri du vent et des regards indiscrets, beaucoup de<br />

gens vont dans les….criques criques pour faire (il fait semblant d’hésiter. <strong>Le</strong>s spectateurs<br />

lui soufflent déjà crac crac)…Ah bon et en plus vous êtes voyeurs !!!<br />

Elle<br />

- <strong>Le</strong>s plages sont bondées l’été, à cause de vous.<br />

Lui<br />

- En revanche l’hiver, c’est vide.<br />

Elle<br />

- On dit alors que le sable est désert. Comme au Sahara.<br />

Lui<br />

- Mais le problème là-bas, c’est que la mer se retire beaucoup trop loin pour ramasser des<br />

coquillages.<br />

Elle<br />

- Alors les dromadaires se déplacent en camping cars.<br />

Lui<br />

- Pour donner l’illusion que la mer n’est pas si loin qu’elle en a l’air, le gardien du Sahara a<br />

inventé les tempêtes de sable.<br />

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Elle<br />

- Mais franchement, ça ne fait pas pareil. Enfin c’est mieux que rien et au moins on ne<br />

risque pas de se noyer.<br />

Lui<br />

- <strong>Le</strong> noyer est un arbre qui donne des noix. Dans le désert, on plante des calendriers pour<br />

avoir des dates.<br />

Elle<br />

- Parfois en creusant, comme dans la mer, on trouve du pétrole. Alors on plante des<br />

derricks.<br />

Lui<br />

- Ils sont inspectés régulièrement. Par l’inspecteur Derrick. C’est un allemand, il ne rigole<br />

pas avec la sécurité.<br />

Elle<br />

- <strong>Le</strong>s princes du désert vivent au Ritz et parfois dans le désert. <strong>Le</strong>urs palais ne sont pas<br />

laids du tout.<br />

Lui<br />

- Par définition un prince du désert est très riche mais sa vie est sans relief.<br />

Elle<br />

- Alors quand il s’ennuie vraiment, il met un blazer pour montrer qu’il est blasé.<br />

Lui<br />

- Blasé c’est l’anagramme de sable. Du sable à perte de vue. Sans jamais voir la mer…<br />

Elle<br />

- C’est vrai et c’est paradoxal : vivre dans le désert c’est pas-sable.<br />

Et en plus je suis allergique au soleil.<br />

L‘homme et la femme sortent. Ils sont remplacés par des hommes et des femmes lettres qui<br />

forment le mot SOLEIL.<br />

<strong>Le</strong> S (qui s’avance un peu avec le O et le L)<br />

- Soleil commence par SOL.<br />

<strong>Le</strong> O<br />

- Mais ne nous trompons pas, il est bien là-haut dans le ciel.<br />

<strong>Le</strong> L<br />

- Ce qu’on voit sur le sol, ce sont les ombres dessinées par le soleil.<br />

<strong>Le</strong> S, est remplacé par le E et le I qui avec le O et le L forment alors le mot ŒIL.<br />

<strong>Le</strong> O<br />

- Avec les lettres de soleil, on peut écrire ŒIL.<br />

<strong>Le</strong> E<br />

- C’est pour nous prévenir qu’il est dangereux de regarder le soleil à l’œil…nu.<br />

<strong>Le</strong> I<br />

- C’est indécent voire incandescent.<br />

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<strong>Le</strong> L<br />

- <strong>Le</strong> soleil brûle les yeux.<br />

<strong>Le</strong> O<br />

- <strong>Le</strong>s lunettes de soleil sont des quartiers de lune qui servent à regarder exclusivement le<br />

soleil.<br />

<strong>Le</strong> E<br />

- Parfois la lune cache le soleil. C’est une éclipse.<br />

<strong>Le</strong> I<br />

- <strong>Le</strong> spectacle est magnifique. C’est normal dans éclipse, il y a clip.<br />

<strong>Le</strong> L<br />

- Mais il faut des lunettes spéciales pour profiter du spectacle. Spectacles en anglais, ça<br />

veut dire lunettes. Ça aussi c’est un signe.<br />

<strong>Le</strong> mot ŒIL rentre alors dans le rang et reforme le mot SOLEIL.<br />

<strong>Le</strong> S<br />

- <strong>Le</strong> soleil est un astre et dans astre, il y les lettres de star.<br />

<strong>Le</strong> O<br />

- Alors le soleil est devenu une star et le système solaire le star-system. <strong>Le</strong>s étoiles aussi<br />

sont des stars dans toutes les langues.<br />

<strong>Le</strong> L<br />

- En Russie, le soleil est un tsar.<br />

<strong>Le</strong> E<br />

- On comprend pourquoi la terre fait une révolution autour du soleil.<br />

<strong>Le</strong> L<br />

- Quand les étoiles se déplacent à très grande vitesse, elles commettent une infraction.<br />

<strong>Le</strong> S<br />

- C’est pour ça qu’on les appelle « comètes ».<br />

<strong>Le</strong> O<br />

- La plus rapide est la comète de Halley.<br />

<strong>Le</strong> L<br />

- Elle s’appelle ainsi parce que quand elle passe, on n’a pas le temps de crier alléluia en<br />

entier.<br />

<strong>Le</strong>s lettres du mot SOLEIL reprennent tous en chœur Alleluia à la manière d’un groupe de<br />

gospel.<br />

Puis elles quittent la scène en croisant un homme et une femme.<br />

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Lui<br />

- Oh ils ont du talent, je les signerais bien ceux-là. Il peuvent réussir dans le show-biz.<br />

Elle (qui s’avance et s’adresse au public)<br />

- Show-biz qui vient de show-business est un mot composé parce que pour réussir dans<br />

ce milieu il faut… composer. Et contrairement à une idée reçue, composer ne signifie pas<br />

coucher.<br />

Lui<br />

- Sauf en musique puisque composer, c’est coucher des notes sur une partition.<br />

Elle<br />

- <strong>Le</strong> show-biz s’appelle comme ça parce que c’est un milieu où l’on se fait facilement la<br />

bise.<br />

Lui<br />

- La bise, c’est aussi un vent froid voire glacial comme l’accueil que peut vous réserver ce<br />

milieu.<br />

Elle<br />

- C’est pour adoucir cette première impression que devant bise, on met show. Mais bon,<br />

on n’est pas dupes. D’un autre côté, show-biz c’est plus facile à retenir que froid-sirocco.<br />

Lui<br />

- <strong>Le</strong>s vedettes du show-biz ont un agent. Comme son nom l’indique, un agent c’est<br />

quelqu’un qui se fait de l’argent sans en avoir l’air.<br />

Elle<br />

- On dit aussi un impresario. A cause de ce nom, les imprésarios ont la tête en pain de<br />

sucre.<br />

Lui<br />

- C’est pour ça qu’ils se font plein de blé et qu’ils se sucrent.<br />

Elle<br />

- Pendant ce temps-là, les artistes vont de scène en scène.<br />

Lui<br />

- C’est ce qu’on appelle avoir une vie saine.<br />

Elle<br />

- La scène aussi passe à Rio à cause du mot scénario.<br />

Lui<br />

- C’est pour ça que les gens du show-biz vont souvent en vacances au Brésil.<br />

Elle<br />

- Et oui, Brésil c’est l’anagramme de libres et eux justement, ils sont libres dans leur tête.<br />

Lui<br />

- Et ça fait du bien de s’évader un peu.<br />

Elle<br />

- Surtout quand on est en prison.<br />

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Lui<br />

- Pourquoi tu dis ça ?<br />

Elle<br />

- Ben, Prison, c’est le mot suivant. Regarde, ils arrivent en se tenant par leurs petites<br />

menottes.<br />

Deux hommes menottés arrivent alors sur scène.<br />

L’homme 1<br />

- La prison voilà bien un endroit où l’on est libre de ne pas aller.<br />

L’homme 2<br />

- Et pourtant ça ne se vide pas, c’est plein toute l’année. Et même trop plein.<br />

L’homme 1<br />

- C’est pour ça qu’on dit.. incarcéré. Parce que les détenus sont tenus de se serrer à<br />

quatre dans une cellule prévue pour un.<br />

L’homme 2<br />

- <strong>Le</strong>s détenus purgent leurs peines et par voie de conséquence, celle de leurs proches.<br />

<strong>Le</strong>s détenus sont tous des délinquants.<br />

L’homme 1<br />

- Et délinquant se termine par « quand » parce que les prisonniers se demandent tout le<br />

temps quand est-ce qu’ils vont sortir.<br />

L’homme 2<br />

- En prison, les détenus écrivent des chansons et soignent tout particulièrement les<br />

paroles depuis qu’ils ont entendu dire qu’on pouvait être libéré sur paroles.<br />

L’homme 1<br />

- C’est pour ça que Johnny a chanté “le pénitencier” mais elle a été censurée dans les<br />

prisons par ce qu’elle commençait par pénis.<br />

L’homme 2<br />

- Alors il a voulu chanter “que je t’aime” et là même motif, même punition.<br />

L’homme 1<br />

- <strong>Le</strong>s détenus sont défendus par un avocat.<br />

L’homme 2<br />

- L’avocat a la vocation. Notamment l’avocat au barreau.<br />

L’homme 1<br />

- On l’appelle comme ça, parce que son rôle consiste à fournir une lime à son client pour<br />

qu’il scie les barreaux de sa cellule.<br />

L’homme 2<br />

- C’est pour ça que l’avocat a une robe. Pour pouvoir planquer dessous des tas de<br />

choses : des jambons d’Aoste, une enclume ou un hélicoptère.<br />

L’homme 1<br />

- Oui, parce que les détenus ne voyagent plus sur les lignes régulières depuis qu’Air<br />

France a supprimé la carte Evasion.<br />

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L’homme 2<br />

- Parfois ils s’évadent en faisant le mur avec des draps noués bout à bout.<br />

L’homme 1<br />

- L’expression être dans de beaux draps prend donc un sens différent dans les prisons.<br />

Ces lettres sortent pour laisser la place aux lettres PUB (deux hommes et une femme).<br />

<strong>Le</strong> P (d’une voix officielle)<br />

- Ceci est un message du ministère intergalactique de la lutte contre le tabac et du soussecrétariat<br />

à la prévention de toutes les conneries qui font mourir bêtement.<br />

<strong>Le</strong> U<br />

- Tabac c’est un mot qui donne envie d’arrêter de fumer. Vous entendez tabac. Un petit tas<br />

de terre tout en bas avec une croix dessus et une inscription fumeuse.<br />

<strong>Le</strong> B<br />

- On appelle ça un épitaphe. Taffe en argot, c’est une bouffée de cigarette. Il doit y avoir<br />

un rapport.<br />

<strong>Le</strong> P<br />

- C’est comme l’expression passer à tabac qui signifie ruer de coups.<br />

De toutes manières, tout le monde le sait, le tabac tue. La preuve, les cigarettes sont<br />

vendues en cartouches.<br />

<strong>Le</strong> U<br />

- Et un coup de tabac, c’est aussi une tempête pour les marins. Ils peuvent en mourir.<br />

<strong>Le</strong> B<br />

- Fumer c’est l’anagramme de fémur. <strong>Le</strong> fémur est un os magnifique qu’on distingue<br />

nettement sur les squelettes.<br />

<strong>Le</strong> P<br />

- Est-ce pour voir leurs fémurs avant les autres que les fumeurs se dépêchent de mourir ?<br />

<strong>Le</strong> U<br />

- Non puisque la plupart du temps ils se font incinérer. Ils demandent même à ce que leurs<br />

cendres soient disposées religieusement dans leur cendrier préféré.<br />

<strong>Le</strong> B<br />

- Vous comprenez pourquoi de leur vivant, les fumeurs ont du mal à vider les cendriers.<br />

<strong>Le</strong> P<br />

- Ils ont peut-être un membre de leur famille dedans. Feu leur père, par exemple.<br />

<strong>Le</strong> U<br />

- Toujours est-il que les fumeurs meurent libres et mégots en droit comme dirait Prévert.....<br />

<strong>Le</strong> B<br />

- Et qu’ils sont surtout libres d’arrêter à temps…<br />

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<strong>Le</strong> P (d’une voix officielle)<br />

- C’était un message du ministère intergalactique de la lutte contre le tabac et du sous-<br />

secrétariat à la prévention de toutes les conneries qui font mourir bêtement.<br />

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Acte 11<br />

Un homme et une femme arrivent sur scène avec des paquets et des sacs sur lesquels est<br />

inscrit SOLDES.<br />

L’homme<br />

- <strong>Le</strong> mot soldes, ça c’est une affaire. Tu vois, il est à la fois féminin et masculin.<br />

La femme<br />

- C’est comme on dit un mot hermaphrodite.<br />

L’homme<br />

- Ou si tu préfères à voile et à vapeur.<br />

La femme<br />

- T’as raison. C’est vrai qu’on peut dire le voile pour un foulard ou alors, la voile pour les<br />

bateaux.<br />

Quant à la vapeur, elle s’évapore et le vapeur lui, est un bateau propulsé par une<br />

machine à vapeur.<br />

L’homme<br />

- Eh bien, là c’est pareil. Soldes au féminin, ma chérie c’est ta spécialité C’est deux fois<br />

par an pour être couvert de la tête au pied et solde au masculin, c’est moi toute l’année à<br />

découvert. Quant à la solde, elle renvoie à une dure réalité puisque c’est la paie du<br />

soldat.<br />

La femme<br />

- Et là ce n’est pas par hasard. <strong>Le</strong>s soldes, c’est un vrai parcours du combattant. Il faut<br />

être à l’affût, il faut se battre pour arracher la bonne affaire.<br />

L’homme<br />

- <strong>Le</strong> problème, c’est qu’une affaire soldée dans un magasin, c’est pas forcément un<br />

cadeau.<br />

La femme (avec une voix d’annonce de grand magasin)<br />

- On demande une affaire soldée au rayon lingerie fine.<br />

L’homme s’adressant à un homme du premier rang<br />

- Ah les mots lingerie fine, ça vous a réveillé Monsieur…<br />

<strong>Le</strong> mot SOLDEE composé exclusivement de femmes lettres arrive alors sur scène en se<br />

trémoussant.<br />

Donc je disais, Monsieur, et vous serez certainement d’accord avec moi, une affaire<br />

soldée se regarde sous toutes les coutures.<br />

L’homme regarde alors ce mot sous toutes les coutures et bien évidemment dans les<br />

décolletés des comédiennes. Et pointe du doigt le centre du mot SOLDEE.<br />

Et là, tu vois ce mot anglais sournoisement dissimulé en plein milieu : Old.<br />

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La femme<br />

- Oui, ça veut dire vieux en anglais (toute excitée). Ce mot est sûrement là pour me<br />

prévenir qu’il y a aussi des supersoldes à Londres. Alors on y va…<br />

L’homme<br />

- Non, non, tu te méprends, il est là pour nous prévenir «méfiez vous, ce sont de vieux<br />

articles de la saison passée qui sont soldés».<br />

La lettre S<br />

- Eh oui, et je préciserai même que pour un oiseau en solde, on parle de rossignol.<br />

La lettre O<br />

- Et pour un tapis, on parle plutôt de nanar…<br />

L’homme lettre (s’adressant au public)<br />

- Et puis une chose très importante à savoir, chers pigeons potentiels, une affaire soldée<br />

n’est jamais reprise. Démonstration !<br />

La femme (sur le ton d’une acheteuse à l’accent marseillais)<br />

- Ah bonjour Monsieur le vendeur, j’ai un problème, j’ai acheté cette jolie robe à fleurs<br />

toute guillerette et mon mari m’a fait une scène parce qu’elle est trop courte. Est-ce que<br />

vous voulez bien me la reprendre ?<br />

<strong>Le</strong> vendeur<br />

- Ah quelle histoire ! Mais désolé, ma petite dame, une affaire soldée n’est jamais<br />

reprise…<br />

Au même moment le mot SOLDEE s’est transformé en DESOLE et tout le monde quitte la<br />

scène pour laisser la place à trois hommes lettres formant le mot YEN.<br />

<strong>Le</strong> Y<br />

- <strong>Le</strong> yen est la devise du Japon. Et les japonais viennent les écouler à Paris au moment<br />

des soldes.<br />

<strong>Le</strong> E<br />

- <strong>Le</strong> yen est une monnaie vraiment positive car elle est composée à 66% de yes.<br />

<strong>Le</strong> N<br />

- Pour se faire entendre sur les marchés de la finance mondiale, le yen imite le cri de<br />

l’hyène.<br />

<strong>Le</strong> Y<br />

- Une hyène est un animal carnassier qui se saoule au saké. C’est pour ça que les autres<br />

animaux ne peuvent pas la saquer.<br />

<strong>Le</strong> E<br />

- Comme elle rit jaune, les opérateurs identifient automatiquement l’origine de la monnaie.<br />

<strong>Le</strong> N<br />

- Grâce au yen, les japonais sont devenus riches et ont de gros moyens.<br />

<strong>Le</strong> Y<br />

- <strong>Le</strong> mot moyen finit d’ailleurs par Y.E.N, c’est un signe qui ne trompe pas.<br />

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<strong>Le</strong> E<br />

- Malgré tout, les japonais continuent de manger du poisson cru pour économiser sur le<br />

temps de cuisson.<br />

<strong>Le</strong> N<br />

- Parce que le temps de cuisson aussi c’est de l’argent. Pourtant les japonais n’ont pas de<br />

sushis d’argent.<br />

<strong>Le</strong> Y<br />

- Mais ce sont des grands enfants qui jouent au nounours avec les sumotoris.<br />

<strong>Le</strong> E<br />

- <strong>Le</strong>s sumotoris, comme leur nom l’indique, sont des lutteurs obèses qui se déplacent à<br />

moto et se nourrissent de riz.<br />

<strong>Le</strong> N<br />

- C’est pour ça que les motos japonaises sont réputées dans le monde entier pour leur<br />

solidité.<br />

<strong>Le</strong> Y<br />

- Et qu’on croit que le riz, ça fait grossir.<br />

<strong>Le</strong> E<br />

- <strong>Le</strong>s ja-ponais sont également très appréciés dans les centres équestres.<br />

<strong>Le</strong> N<br />

- Eh oui, ils acceptent de prendre des enfants sur leur dos pour leur faire faire un tour.<br />

<strong>Le</strong> Y<br />

- C’est normal, le japonais descend du cheval, c’est pour ça qu’il hennit.<br />

<strong>Le</strong> E<br />

- Plus exactement, qu’il est nippon. Nippon ni mauvais d’ailleurs.<br />

<strong>Le</strong> N<br />

- <strong>Le</strong>s japonais aussi adorent jouer avec les mots parce que ça ne coûte rien.<br />

<strong>Le</strong> Y<br />

- <strong>Le</strong>ur spécialité ce sont les anagrammes. Dès qu’ils voient un mot, ils mélangent les<br />

lettres .<br />

<strong>Le</strong> E<br />

- Par exemple avec Tokyo, ils vont vous faire Kyoto. Comme ça, uniquement pour le plaisir<br />

de vous embrouiller.<br />

<strong>Le</strong> N<br />

- C’est marrant au début mais après vous avez du mal à vous y retrouver. Et si ça se<br />

trouve un jour, ils nous enverront des pièces de théâtre là-dessus.<br />

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<strong>Le</strong> mot YEN quitte alors la scène. Un homme lettre, un X, arrive alors.<br />

<strong>Le</strong> X<br />

- Je suis un homme lettre, un X, comme une lettre anonyme et ma mission ou plutôt ma<br />

missive, c’est de vous parler de la Poste parce qu’il y a des timbrés parmi vous. Si, si,<br />

tout le monde est au courant. Donc, la première chose à savoir, c’est que la poste est<br />

toujours située à côté d’une pharmacie. Voilà pourquoi le fameux cachet, le cachet de la<br />

poste fait foi. Il fait même foi dans le dos. C’est pour ça qu’il donne le torticolis. <strong>Le</strong>s<br />

torticolis sont la plupart du temps envoyés par la poste. C’est le facteur qui les apporte.<br />

<strong>Le</strong> facteur a une casquette et vend des calendriers. C’est normal dans casquette, il y a<br />

quête, alors on se sent obligé de donner la pièce au facteur. Comme ça après, il se<br />

casse. Et il continue de distribuer ses lettres. <strong>Le</strong>s lettres du mot facteur permettent<br />

d’écrire facture, c’est pour ça qu’on en reçoit plein dans notre boîte aux lettres. Dans le<br />

temps à la poste, on parlait dans un hygiaphone parce que les postiers ont une drôle de<br />

réputation. Eh oui, les postiers postillonnent. Si on va par là, non par là, le Pape, il<br />

papillonne.<br />

Il marque une pause pour réfléchir.<br />

C’est peut-être pour ça qu’on oblige le Pape à se déplacer dans une cage en verre.<br />

Sinon il s’envolerait au ciel. Enfin, là au moins, il est heureux comme un poisson dans un<br />

aquarium. Et quand il parle, ça fait des bulles. On les appelle les bulles pontificales parce<br />

que le Pape est un pontife.<br />

Dans pontife le mot le plus important, c’est pont. Tif est illusoire car les papes sont<br />

souvent chauves mais ils se font des implants et croient aux miracles.<br />

Par contre le Pape est vraiment un pont entre la terre et le ciel. C’est pour ça qu’avant ils<br />

habitaient à Avignon. A cause du pont.<br />

Parfois les postiers aussi font le pont. Ça leur permet de coincer la bulle ou d’aller voir le<br />

Pape au Vatican. Ça les change de leur paperasse…Et le problème de toute cette<br />

paperasse, toutes ces lettres qui inondent la planète, c’est la déforestation…lettres ou ne<br />

pas lettres voilà la question.<br />

<strong>Le</strong> X sort de scène et laisse la place au mot PLANETE accompagnée de deux charmantes<br />

ambassadrices.<br />

La 1<br />

- Nous sommes les ambassadrices de la planète.<br />

La 2<br />

- Et on a des choses à vous dire pendant qu’il est encore temps.<br />

La 1<br />

- Planète, ça c’est un mot qui nous fait voyager. Notre terre qui êtes aux cieux, avec des<br />

cieux si bleus, bleus comme notre planète bleue.. A l’origine il y a avait un jardin qu’on<br />

appelait la terre. Avec des fleurs magnifiques.<br />

<strong>Le</strong> mot PLANETE se transforme successivement en PLANTEE et PETALE au terme d’une<br />

belle chorégraphie.<br />

La 2<br />

- Enfin une chose est sûre, il faut aimer la terre et la protéger parce que la terre est fragile.<br />

La terre c’est notre mère, d’ailleurs d’après les scientifiques, la terre, c’est 70% de mers.<br />

Et vous savez, la terre nous aime, c’est une boule d’amour perdue dans l’univers.<br />

Savez-vous comment on dit terre en anglais ? “Earth”, E.A.R.T.H maintenant vous<br />

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prenez le H qui est à la fin et vous le mettez simplement au début. Et là, on obtient heart.<br />

En anglais ça veut dire cœur. Donc il faut l’aimer notre planète et en prendre soin, tous<br />

ensemble. Sinon. Sinon? Ce sera la fin du monde.<br />

La 1<br />

- Vous savez, il y a toujours eu deux conceptions de l’avenir de notre planète qui<br />

s’affrontent. <strong>Le</strong>s protecteurs et les destructeurs. Et là encore, c’est écrit d’avance.<br />

Chacun a sa vision de l’univers, c’est à dire de la terre et au-delà.<br />

La 2<br />

- Démonstration. Prenez le mot “univers”. C’est clair, on peut y voir “unis” et “vert”. Ça c’est<br />

la vision positive : tous ensemble, unissons-nous pour protéger la nature et agissons<br />

pour que notre terre soit éternellement ce jardin de verdure, ce paradis terrestre originel.<br />

La 1<br />

- Sinon. Sinon, si nous continuons à faire les cons “l’univers” ce sera plutôt “lune plus loin<br />

hiver”. C’est-à-dire une terre de désolation, tendance paysage lunaire où nous mourrons<br />

de froid parce qu’un inconscient aura éteint l’astre solaire en appuyant sur un bouton.<br />

La 1 et la 2 ensemble<br />

- Alors, astre ou désastre. La voilà la question. A vous de choisir...et attention<br />

l’embarquement est immédiat.<br />

Elles quittent la scène sur ces paroles.<br />

Deux hommes (le Q et le A) et deux femmes lettres (le U et le I) entrent alors sur scène. Ils<br />

forment le mot QUAI.<br />

<strong>Le</strong> Q<br />

- C’est agréable de se promener sur le quai, comme ça.<br />

<strong>Le</strong> U<br />

- T’as raison, Quai, c’est un mot qui sent bon la mer et les bateaux.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- Quand les bateaux sont à quai, tout est OK. On dit qu’ils sont amarrés.<br />

<strong>Le</strong> I<br />

- Ils sont attachés à ce qu’on appelle une bitte d’amarrage.<br />

<strong>Le</strong> U<br />

- Ce sont les hommes qui ont inventé ce mot.<br />

<strong>Le</strong> I<br />

- Nous les femmes, pour se venger, on prétend que les hommes, c’est comme les<br />

amarres, quand on en a marre on les largue..<br />

<strong>Le</strong> U<br />

- Souvent les marins mènent leur femme en bateau. Regardez Christophe Colomb. Il a dit<br />

à sa femme qu’il allait chez l’épicier en Inde. Comme par hasard, il s’est retrouvé dans<br />

les Caraïbes.<br />

<strong>Le</strong> I<br />

- <strong>Le</strong>s marins mentent quand la mer monte et mentent quand elle descend.<br />

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<strong>Le</strong> Q<br />

- Quand ils font escale quelque part, les marins jettent l’ancre.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- C’est pour ça qu’ils ne peuvent plus écrire à leur femme.<br />

<strong>Le</strong> Q<br />

- Alors leurs femmes ne peuvent pas donner de leurs nouvelles. Et le marin s’ennuie. Vous<br />

voyez l’engrenage. (il mime quelqu’un en train de nager)<br />

<strong>Le</strong> I<br />

- Et pour tromper l’ennui et sa femme restée à quai, le marin a un secret. Il a une femme<br />

dans chaque port.<br />

<strong>Le</strong> Q<br />

- C’est pour ça qu’il dit à sa femme qu’il s’en va à la pêche à la morue.<br />

<strong>Le</strong> U<br />

- <strong>Le</strong> mot pêche est bizarre car les ports sont des abris côtiers.<br />

<strong>Le</strong> A<br />

- Une escale dans un port, c’est pour le marin le temps du sexe.<br />

<strong>Le</strong> I<br />

- Pour le mesurer, pas le sexe mais le temps qu’il va consacrer au sexe, il se sert d’un<br />

appareil : le sextant.<br />

<strong>Le</strong> Q<br />

- <strong>Le</strong> sextant lui donne aussi la direction de la femme qui l’attend dans le port.<br />

<strong>Le</strong> U<br />

- Pour la retrouver, il se fait beau, il quitte le quai.<br />

<strong>Le</strong> A (le chantant sur un air connu)<br />

- Il est coquet le chef de quart.<br />

<strong>Le</strong> I<br />

- Et la femme du marin est cocue comme le chef de gare.<br />

<strong>Le</strong> Q<br />

- C’est bizarre cette coïncidence car dans les gares aussi il y a des quais comme dans les<br />

ports. Et même des porcs qui s’empiffrent de morue au buffet de la gare. Il y a même une<br />

salle des pas perdus. Mais pas pour tout le monde. C’est là qu’elle va la femme du chef<br />

de gare. Elle a le pied malin….<br />

<strong>Le</strong> U (qui regarde en direction des coulisses)<br />

- Tiens vous avez vu, on voit le phare aujourd’hui.<br />

<strong>Le</strong> mot QUAI quitte la scène. Et deux femmes lettres entrent en scène.<br />

La 1<br />

- Phare, c’est un nom d’embruns. Il sent bon même quand on est enrhumé.<br />

La 2<br />

- Tous les phares ne sont pas bretons.<br />

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La 1<br />

- <strong>Le</strong> vrai far breton est un gâteau que les marins mangent en regardant la mer.<br />

La 2<br />

- La nuit, les marins n’ont d’yeux que pour Dieu et le phare qui leur montre le chemin.<br />

La 1<br />

- <strong>Le</strong>s phares sont les yeux de la mer. <strong>Le</strong>s femmes des marins, le savent bien.<br />

La 2<br />

- Elles se mettent du fard à paupières pour que leur maris de marins les regardent plus<br />

souvent.<br />

La 1<br />

- Quand ils sont en haute mer, les marins ne voient plus le phare.<br />

La 2<br />

- Ils sont trop loin mais loin en anglais, ça se dit far.<br />

La 1<br />

- Alors ça compense et en plus ça fait penser au Phare-ouest. Ce phare célèbre situé à<br />

l’ouest de la côte que tous les cow-boys nous envient.<br />

La 2<br />

- Dommage qu’il y ait de moins en moins de phares sur nos côtes.<br />

La 1<br />

- C’est à cause des sirènes.<br />

La 2<br />

- Non pas les sirènes des bateaux qui hurlent comme des cornes de brume.<br />

La 1<br />

- Mais les sirènes des marins, ces femmes fatales qui vivent dans des histoires qui se<br />

terminent en queue de poisson.<br />

La 2<br />

- La plupart des marins ont tendance à s’émouvoir à la vue d’une sirène.<br />

Ils rougissent.<br />

La 1<br />

- C’est normal, vous verriez les canons.<br />

La 2<br />

- Pour moi, c’est plutôt des boulets.<br />

La 1<br />

- En tous cas, en les voyant si près d’eux, les marins rougissent comme des rougets.<br />

La 2<br />

- Oui, ils piquent un phare.<br />

La 1<br />

- Et à force d’en piquer, il n’en reste plus beaucoup le long des côtes.<br />

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La 2<br />

- <strong>Le</strong> matin au réveil, le marin a le teint blafard.<br />

La 1<br />

- Blafard comme le phare au lever du jour.<br />

La 2<br />

- La première chose qu’il fait en se réveillant, il dit merci à la mer pour la journée qui<br />

s’annonce.<br />

La 1<br />

- Parce qu’un marin sait que c’est grâce à la mer qu’il va gagner sa vie.<br />

La 2<br />

- <strong>Le</strong> soir avant de s’endormir, il lui dit a nouveau merci. Parce qu’il est encore en vie, c’est<br />

signe pour le marin que la mer l’a épargné.<br />

La 1<br />

- Et un marin qui dit merci à la mer, c’est terriblement poétique. Ecoutez…merci, merci.<br />

La 2<br />

- En disant merci, le marin dit deux fois mer pour être sûr qu’elle l’entende.<br />

La 1<br />

- Une fois en français, une fois en anglais.<br />

Ensemble<br />

- Mer-sea, mer-sea.<br />

Puis toute la troupe pour saluer le public entre sur scène avec des mer-sea, mer-sea qui<br />

fusent de partout.<br />

La troupe<br />

- Mer-sea, mer-sea. Mer-sea, mer-sea. Mer-sea, mer-sea. Mer-sea, mer-sea. Mersea,<br />

mer-sea. Mer-sea, mer-sea. Mer-sea, mer-sea. Mer-sea, mer-sea. Mer-sea, mersea.<br />

Mer-sea, mer-sea.<br />

<strong>Le</strong> rideau se baisse. 6 lettres reviennent devant et forme le mot RIDEAU. Puis le R s’avance<br />

et en arrière plan les autres lettres se mélangent pour former le mot ADIEU.<br />

<strong>Le</strong> R se retourne voit le mot ADIEU et lance au public<br />

- Mais non ! ! ! Il faut pas croire les mots, on va se revoir. La preuve.<br />

Pause pour le suspense et pour permettre à la troupe de se positionner avec les bonnes<br />

lettres.<br />

Puis le rideau se lève et la troupe est là pour un salut final sous les applaudissements. Ils<br />

sont alignés avec des lettres qui forment :<br />

LES MOTS QUI PARLENT<br />

La présentation au public se fait de la manière suivante.<br />

La lettre N avec des lunettes de myopie s’adresse à sa voisine, le T final qui tient le rôle de<br />

porte-parole de la troupe.<br />

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<strong>Le</strong> N<br />

- <strong>Le</strong>s quoi ?<br />

<strong>Le</strong> T<br />

- <strong>Le</strong>s mots qui parlent !<br />

<strong>Le</strong> N<br />

- <strong>Le</strong>s mots qui parlent ? Tu peux m’épeler s’il te plaît ?<br />

<strong>Le</strong> T<br />

- Bien sûr qu’il me plaît de t’épeler.<br />

S’ensuit une présentation originale des membres de la troupe, adaptée à chacun, qui<br />

pourrait prendre la forme suivante.<br />

<strong>Le</strong>s comédiens sont appelés (ou épelés) par le leader, le T, de la fin du titre « <strong>Le</strong>s mots qui<br />

parlent » qui emploie une forme humoristique.<br />

A l’appel de son nom, le comédien se détache du titre, salue le public puis regagne sa place.<br />

<strong>Le</strong> T<br />

- Alors j’épèle : L comme La mascotte de la troupe, celle qui nous porte bonheur depuis le<br />

début : Annabelle <strong>Le</strong>jeune !!!!<br />

E comme Excellent, tu as été excellent, pour une fois…<br />

Puis s’adressant au public<br />

Vous avez bien fait de venir ce soir ….Alain Martin !!!!<br />

S comme Superbe, elle aurait pu présenter le 20 heures mais elle a refusé car elle a des<br />

jambes magnifiques…. Laurence <strong>Le</strong> Floch !!!!<br />

M comme Même quand il n’a pas le trac, il peut oublier son texte mais lui il est<br />

inoubliable : Richard Delorme !!!!<br />

O comme On a pas fini de parler d’elle et les mots vont nous manquer : Eloïse Welsh !!!!<br />

T comme Tellement brillant que le soleil est jaloux : Luc Martinet !!!!<br />

S comme SOS. Quand elle entre en scène, on voudrait s’y noyer avec elle : Mélanie<br />

Bureau !!!!<br />

Q comme elle en a un très joli petit qui lui permet de maîtriser toutes les situations…. je<br />

veux parler de son Quotient émotionnel bien sûr ! ! ! : Léa Minaldi !!!!<br />

U comme unique en son genre, tellement unique que quand il n’est pas là, on fait relâche<br />

d’office : Alain Hart !!!!<br />

I comme Il est mignon le petit. Il est venu avec ses parents ? <strong>Le</strong> benjamin, Castaldi, de la<br />

troupe en plus évolué, Manuel Bourgeois !!!!<br />

P comme Public.<br />

La lettre P s’avance et s’adresse au public…<br />

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<strong>Le</strong> P<br />

- Oui P comme Public, oui vous, vous tous, levez vous, c’est à votre tour d’être salué.<br />

Vous avez été formidable. P comme « Putain qu’est-ce qu’on est bien avec vous….et<br />

nous on est payé pour ça…elle est pas belle la vie ? ? ? ? Et encore bravo aux<br />

spectateurs qui sont montés sur scène. Ils s’en souviendront…et nous aussi.<br />

<strong>Le</strong> T<br />

- Alain Delmas !!!!<br />

A comme Avec elle, la vie prend tout son sens. Elle est merveilleuse, on dirait une étoile<br />

tombée d’une ciel. Elle nous éblouit avec ses années lumière…Milène Devred !!!!<br />

R comme Rien à dire sur lui, je ne le connais pas. Il fait un remplacement au pied levé.<br />

<strong>Le</strong> R se met alors sur un pied<br />

Mais si je le connais, c’est mon flamant rose préféré. Il a un talent fou ou plutôt un talent<br />

qui rend fou ses partenaires : c’est Jules Caser !!!!<br />

L comme Lumineuse, elle est lumineuse de partout et même à l’intérieur : Melissa<br />

Bombouli !!!!<br />

E comme Extra-ordinaire, c’est-à-dire qu’il fait des extras avec nous pour améliorer son<br />

ordinaire...Mais bon, il s’en sort pas trop mal : Martin Desplaces !!!!<br />

N comme énorme ta prestation de ce soir. Continue comme ça, on va te faire un CDI : un<br />

contrat à durée intermittente : Lucas <strong>Le</strong>vy !!!!<br />

<strong>Le</strong> M prend alors le relais<br />

- T comme t’es vraiment lourd,<br />

<strong>Le</strong> O<br />

- T comme Têtu,<br />

<strong>Le</strong> S<br />

- T comme tu te prends pour le chef,<br />

<strong>Le</strong> Q<br />

- T comme t’es comme ça et à ton âge, tu ne changeras plus. Et c’est pour ça qu’on t’aime<br />

Luc Hermand !!!!<br />

La troupe des MOTS QUI PARLENT fait un dernier salut collectif puis ensuite par groupe de<br />

lettres (certaines lettres pouvant faire partie de groupes successifs). Ce qui permet d’envoyer<br />

un dernier message d’amitié au public.<br />

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1 er groupe<br />

AMOUR<br />

2 ème groupe<br />

PASSION<br />

3 ème groupe<br />

ESPOIR<br />

4 ème groupe<br />

TALENT<br />

5 ème groupe<br />

ET NOS AMIS<br />

PAUSE<br />

Toute la troupe alignée saluent le public. Un groupe de lettres en sort comme s’il avait oublié<br />

un message important. Et on continue encore…<br />

6 ème groupe<br />

ET LES IMPOTS<br />

7 ème groupe<br />

LA ON SE QUITTE<br />

8 ème groupe<br />

A PLUS<br />

Et pour le final la troupe au complet s’alignent une dernière fois.<br />

9 ème groupe<br />

LES MOTS QUI PARLENT<br />

Et dernière facétie d’adieu au public la lettre L du mot «parlent » d’un geste vif inverse son<br />

poncho (ou bien tourne le dos) pour présenter une autre lettre. Un T à la place du L, ce qui<br />

transforme ainsi.<br />

LES MOTS QUI PARLENT en LES MOTS QUI PARTENT<br />

FIN<br />

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Un mot sur l’auteur…<br />

Marc Planche est né en 1955 à Paris où il réside encore.<br />

En regardant de plus près son nom dans les années 80,<br />

il se dit que son destin passe forcément par le théâtre.<br />

Alors, il y entre en écrivant des pièces radiophoniques.<br />

Il participe ainsi à une collection de dramatiques :<br />

« les Mille et un jours » sur France Inter.<br />

Ensuite, il mène de front une carrière professionnelle<br />

dans la publicité (l’image de marque…à cause de son prénom)<br />

tout en continuant de donner libre cours<br />

à cette relation particulière qu’il entretient avec les mots<br />

(nouvelles, poèmes, chansons, sketches, spots radio, etc..).<br />

Cette passion est tellement multiforme qu’elle l’amène, au gré<br />

d’une rencontre, à écrire plus de 300 chroniques décalées pour<br />

une chaîne de télévision catholique en 2001.<br />

Avec « <strong>Le</strong>s Mots qui parlent », une comédie littérale d’un genre<br />

nouveau, Marc Planche revient au théâtre pour partager avec<br />

le grand public cet amour des mots et de la langue française.<br />

CONTACT<br />

marc.planche@voila.fr<br />

06.72.99.55.47<br />

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