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Minuit ou pas loin - Le Proscenium

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Merci de respecter les droits des auteurs afin que les tr<strong>ou</strong>pes et le<br />

public puissent t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs profiter de n<strong>ou</strong>veaux textes.<br />

1


TERENCE TARPIN<br />

Membre de la SACD<br />

IRE<br />

Texte protégé par la SACD<br />

2


Contact : terencetarpin@yahoo.fr<br />

LES PERSONNAGES<br />

Sylvie Bassler : environ 35 ans. Derrière les verres,<br />

la drogue, les c<strong>ou</strong>ps et la misère, on devine une<br />

femme encore jolie, sexy par certains côtés vulgaire<br />

par d’autres…Sans profession.<br />

David Bassler : son fils aîné. 17-18ans. Taille<br />

moyenne et plutôt mince. Il a le regard noir, profond et<br />

des mains abîmées.<br />

Cindy Bassler : sa demi-sœur. 10 ans. Elle semble<br />

flotter.<br />

Mickaël Bassler : le benjamin. 6 ans. Placé en foyer<br />

sur décision d’un juge p<strong>ou</strong>r enfants, il n’apparaît <strong>pas</strong><br />

dans la pièce.<br />

<strong>Le</strong>s trois enfants de Sylvie Bassler n’ont qu’un point<br />

commun : <strong>pas</strong> de père.<br />

Gaëtan Jacquemet : 50 ans. Employé dans une<br />

station service. Célibataire.<br />

Henry Di Fazio : 40-50 ans. Vigile dans un petit<br />

centre commercial. Marié. Un très jeune fils.<br />

Marius Ebescu : 40 ans. R<strong>ou</strong>main. Parle avec un<br />

léger accent. Ouvrier du bâtiment.<br />

Sonia Amira : 16-17 ans. Amie de David. Voisine de<br />

la famille Bassler.<br />

Et<br />

<strong>Le</strong> gardien, l’homme et la femme.<br />

3


1 er temps<br />

A la tombée de la nuit. Salle de séj<strong>ou</strong>r d’un<br />

appartement HLM peu entretenu dans une banlieue<br />

parisienne. Au premier plan, un sofa face à un grand<br />

écran…Dans le fond, attablé, Gaëtan termine son<br />

re<strong>pas</strong> et plusieurs verres…Du Rap fuse d’une<br />

chambre sur la gauche. Sylvie sort d’une chambre à<br />

droite.<br />

Sylvie : …Elle éteint jamais sa télé…<br />

Gaëtan : Et l’autre, il éteint jamais sa musique ?…<br />

Sylvie : …J’entends plus…l’habitude…<br />

Gaëtan : Tu peux <strong>pas</strong> lui dire de baisser ?<br />

Sylvie : J’ai <strong>pas</strong> envie de me prendre la tête…Et puis<br />

de t<strong>ou</strong>te façon, il va sortir…Il fait nuit…T’en veux<br />

encore ?<br />

Gaëtan : …Non…<br />

Elle se sert un verre de Whisky qu’elle boit cul sec.<br />

Elle s’en sert un deuxième qu’elle va boire devant la<br />

télé.<br />

Gaëtan : Qu’est ce qui fait de ses j<strong>ou</strong>rnées ?<br />

Sylvie : hein ?<br />

Gaëtan : Il fait quoi de son temps ?<br />

Sylvie : David…bah il dort…Et puis quand il se lève, je<br />

sais <strong>pas</strong>…<br />

Gaëtan : C’est la belle vie…Remarque non, parce que<br />

moi je p<strong>ou</strong>rrai <strong>pas</strong>…Après 6 heures je peux <strong>pas</strong> rester<br />

4


au lit, c’est de famille…Il va même <strong>pas</strong> à l’école<br />

alors ?<br />

Sylvie : Non je crois <strong>pas</strong>…Bon tu viens…<br />

Gaëtan : J’m’en grille une…Remarque faut dire que sa<br />

mère non plus, elle se tue <strong>pas</strong> au b<strong>ou</strong>lot…Il a de qui<br />

tenir : regarde moi ce bordel, t’es bien la reine des<br />

feignasses toi….<br />

Sylvie : Ouais…Une reine surt<strong>ou</strong>t…<br />

Gaëtan : Ma petite reine…Ma petite reine à moi…<br />

Sylvie : Oui…Ta petite reine…<br />

Gaëtan : Et ma petite pute…Voilà ce que tu devrais<br />

faire :le trottoir, ça rapporte…<br />

Sylvie : Bah la reine des feignasses, elle fait rien…<br />

Gaëtan : Ouais et la reine des putes…<br />

Sylvie : Elle attend le client…<br />

Gaëtan : Il arrive…<br />

Il se sert un whisky<br />

La musique s’interrompt.<br />

Gaëtan : Enfin…ça fait du bien….<br />

Sylvie : Tu vois je t’avais dit…<br />

Apparaît David en communication sur son portable.<br />

David : « Tain c’est auch…Ouais dans dix minutes…<br />

Ouais carrément… »<br />

Il raccroche.<br />

Gaëtan : Ca va ? Pas trop mal à la tête ?<br />

David le regarde sans lui répondre et le méprise.<br />

5


David : Bon je trace…<br />

Il se dirige vers la chambre de sa sœur.<br />

Sylvie : C’est <strong>pas</strong> la peine, elle dort…<br />

David : Elle dort déjà…Tain elle craint…<br />

Gaëtan : Bah peut être qu’elle se lève le matin…Elle<br />

fait <strong>pas</strong> grasse mate jusqu’au soir…<br />

Un temps. David le toise.<br />

David : D’où que tu me parles toi ?…T’as un<br />

problème ?<br />

Gaëtan : …Non c’est…<br />

David : Bah alors ravale ta face de bâtard et <strong>ou</strong>bliemoi…<br />

Sylvie : Oh d<strong>ou</strong>cement David…Parle mieux…<br />

David : J’parle comme je veux et toi tu me sa<strong>ou</strong>les <strong>pas</strong><br />

d’accord…L’autre connard moi je le calcule même <strong>pas</strong><br />

alors il m’<strong>ou</strong>blie et y’a <strong>pas</strong> de lézard…<br />

Il sort.<br />

Gaëtan : Eh ben je peux te dire qu’y’a des c<strong>ou</strong>ps qui<br />

se perdent…P<strong>ou</strong>r qui il se prend ce petit con ?….<br />

Sylvie : Laisse tomber…C’est un gamin…<br />

Gaëtan : Moi mon gamin si il me parlait comme ça…<br />

J’peux te dire que…<br />

Sylvie : T’as <strong>pas</strong> de gamin…Et puis on s’en f<strong>ou</strong>t…<br />

Gaëtan : Remarque c’est vrai que c’est un fils de<br />

pute…Un fils de reine des putes<br />

Il rit et vide un n<strong>ou</strong>veau verre de whisky.<br />

6


Sylvie : Bon t’as <strong>pas</strong> encore fini ta clope ?<br />

Gaëtan : C’est qu’elle est pressée ma petite<br />

chienne…Elle a le feu aux fesses…<br />

Il se lève, chancelle et se cache derrière le dossier du<br />

sofa qu’il renifle tel un chien.<br />

Gaëtan : Ou<strong>ou</strong>uuu…<br />

Sylvie : Mais qu’est ce tu f<strong>ou</strong>s ?<br />

Gaëtan : Mais ça renifle la chienne en chaleur parlà…<br />

Sylvie : Bah <strong>ou</strong>ai…<br />

Elle s’allonge.Il se redresse.<br />

Gaëtan : Mais elle est là la petite chienne…(Il hurle à<br />

la mort.) Moi je vais la calmer la petite chienne…Mais<br />

<strong>ou</strong>i je vais la calmer….<br />

Il lui attrape une poignée de cheveux puis la tire.<br />

Sylvie : Arrête…Ca fait mal…<br />

Gaëtan : C’est qu’elle est d<strong>ou</strong>illette la petite chienne…<br />

Il tire plus fort . Elle geint<br />

Sylvie : Lâche ! Ca fait mal j’te dis…<br />

Gaëtan : Toi tu me donnes <strong>pas</strong> d’ordre…La petite<br />

chienne elle se la ferme…(Il tire encore les cheveux,<br />

elle retient t<strong>ou</strong>tes plaintes.) Voilà…Chut…Chut…Et<br />

elle se laisse faire…<br />

Il glisse ses mains s<strong>ou</strong>s son corsage d’abord avec<br />

d<strong>ou</strong>ceur puis avec rudesse.<br />

Gaëtan : Oh mais c’est t<strong>ou</strong>t m<strong>ou</strong> là dedans…Une<br />

vraie purée…Faut les réveiller ces mamelles…<br />

7


Sylvie : T’es cinglé !<br />

Gaëtan : Ta gueule j’ai dit…Faudrait <strong>pas</strong> que<br />

j’m’énerve…Demande pardon…Demande pardon à<br />

quatre pattes...<br />

Il lui tire à n<strong>ou</strong>veau les cheveux.<br />

Sylvie :…Pardon…<br />

Gaëtan : J’ai dit à quatre pattes !…A quatre pattes…<br />

Elle coopère.<br />

Gaëtan : C’est qu’elle est <strong>pas</strong> gentille ce soir la petite<br />

chienne…Elle mérite une grosse fessée…<br />

Sylvie : …Allez viens…<br />

Elle tente de l’étreindre, il lui donne une forte claque<br />

au visage puis la plaque sur le canapé..<br />

Gaëtan : Mais merde, faut te parler en quelle<br />

langue ?…La petite chienne, elle b<strong>ou</strong>ge <strong>pas</strong>…Elle<br />

parle <strong>pas</strong>…Je sens qu’il faut que je te dresse…T’es<br />

tellement jolie quand t’es gentille…C’est à moi t<strong>ou</strong>t ça,<br />

rien qu’à moi…<br />

Ils s’embrassent longuement.<br />

J’ai soif…Tu b<strong>ou</strong>ges <strong>pas</strong>…<br />

Il ret<strong>ou</strong>rne vers la table. Boit et vide la b<strong>ou</strong>teille de<br />

whisky d’une rasade.<br />

Gaëtan : Il t’en reste ?…<br />

Sylvie : De quoi ?<br />

Gaëtan : Du whisky !<br />

Sylvie : Non…Doit rester du vin…<br />

8


Gaëtan : J’aime <strong>pas</strong> la vin…Va m’en chercher une…<br />

Sylvie : Quoi ?<br />

Gaëtan : Tu vas me chercher une b<strong>ou</strong>teille, j’ai soif…<br />

Sylvie : Oh non…S’te plaît…<br />

Gaëtan : Tu te lèves et tu vas acheter une b<strong>ou</strong>teille !<br />

Sylvie : Attends doit rester du Martini par-là…<br />

Gaëtan : Mais putain ! ! ! J’en veux <strong>pas</strong> de ton<br />

Martini…Tu lèves ton cul et tu vas chercher du<br />

whisky…<br />

Il la saisit par le corsage et la projette au sol.<br />

Gaëtan : Allez…<br />

Sylvie : Ca peut <strong>pas</strong> attendre un peu...<br />

Gaëtan : Discute…Pas…C’est maintenant…<br />

Sylvie :…Bon …<br />

Elle se lève et enfile un manteau.<br />

Gaëtan : Et tu fais vite!<br />

Sylvie : Je tiens à peine deb<strong>ou</strong>t…T’as du fric ?<br />

Gaëtan : C’est Christian qu’est à la Station ce soir…<br />

Tu dis que c’est p<strong>ou</strong>r moi, je la paierai demain si j’y<br />

pense…En plus je v<strong>ou</strong>lais en prendre deux, je suis<br />

vraiment qu’un con dès fois…<br />

Sylvie : Tu pars <strong>pas</strong> ?…Tu m’attends ?<br />

Gaëtan : Je sais <strong>pas</strong>…<br />

Sylvie : Je vais…<br />

Gaëtan : Mais tu dégages ! ! !…Allez presse !<br />

9


Sylvie : A t<strong>ou</strong>t de suite…<br />

Elle sort.<br />

Gaëtan revient vers la b<strong>ou</strong>teille vide, boit la dernière<br />

g<strong>ou</strong>tte.<br />

Gaëtan : Marié <strong>ou</strong> pendu…Marié <strong>pas</strong> possible…<br />

Pendu…<br />

Il jette la b<strong>ou</strong>teille. Se laisse tomber sur une chaise.<br />

Cindy sort de sa chambre et s’enferme dans les<br />

toilettes. Il ne la remarque <strong>pas</strong>. Mais en ressortant,<br />

elle tire la chasse d’eau. Il la regarde sortir des<br />

toilettes et elle ret<strong>ou</strong>rne se c<strong>ou</strong>cher en refermant sa<br />

porte derrière elle. Il regarde à n<strong>ou</strong>veau la télé et finit<br />

par jeter un regard s<strong>ou</strong>tenu à la porte qui vient de se<br />

refermer et qu’il p<strong>ou</strong>rrait <strong>ou</strong>vrir. Noir.<br />

2 ème Temps<br />

10


Quelques heures plus tard. Il règne un important<br />

désordre dans la salle de séj<strong>ou</strong>r : certains meubles<br />

sont renversés sur le sol, les restes d’une lutte…<br />

Assise sur un fauteuil face à la télévision allumée<br />

sans programme, Sylvie s’est endormie avec à ses<br />

pieds la b<strong>ou</strong>teille de whisky et un flacon de parfum à<br />

la main …Elle a le visage tuméfié mais dans<br />

l’obscurité ceci est à peine perceptible…<br />

Entre David. Il ne prête aucune attention particulière à<br />

sa mère qui repose sur le canapé, il jette son bl<strong>ou</strong>son,<br />

boit un fond de b<strong>ou</strong>teille qui traîne dans le décor et<br />

s’installe face à la télévision puis recherche la<br />

télécommande. Il p<strong>ou</strong>sse sa mère p<strong>ou</strong>r la retr<strong>ou</strong>ver.<br />

Sylvie , ivre, ne s’exprime <strong>pas</strong> avec aisance.<br />

David : P’tain, b<strong>ou</strong>ge…B<strong>ou</strong>ge ta race bordel…<br />

Sylvie :D<strong>ou</strong>cement…D<strong>ou</strong>cement…<br />

David : Ta gueule !…<br />

Un temps. Il retr<strong>ou</strong>ve la télécommande et zappe à la<br />

recherche d’une chaîne musicale…<br />

David : P’tain, tu pues la mort…T’as gerbé <strong>ou</strong> quoi ?…<br />

Un temps. Il la sec<strong>ou</strong>e.<br />

David : Oh tu b<strong>ou</strong>ges…Va cramer ailleurs,j’te dis…<br />

Faut que j’m’allonge…<br />

Sylvie : C’est toi mon chéri…<br />

David : C’est bon, ravale tes conneries et tu m’t<strong>ou</strong>ches<br />

<strong>pas</strong>…<br />

Sylvie : Y reste des raviolis si tu veux…<br />

David : C’est bon j’en veux <strong>pas</strong> de tes vieux raviolis…<br />

Et puis , b<strong>ou</strong>ge franchement tu sens la mort…<br />

Son portable sonne.<br />

11


David : Ouais…Nan c’est bon j’t’ai cramé avec<br />

Nono…Ouais , je v<strong>ou</strong>s ai cramé…Ah <strong>ou</strong>ais…C’est<br />

bon : tu pues la salope et c’est t<strong>ou</strong>t…Allez je c<strong>ou</strong>pe…<br />

Il raccroche son portable.<br />

David : …Bon tu réagis …Tu t’lèves et tu gicles….<br />

Sylvie : Faudrait qu’tu m’aides un peu…J’ai…<br />

David : C’est ça, j’suis <strong>pas</strong> ton père moi…<br />

Sylvie : Sois gentil David…J’ai mal à la tête…<br />

David : Qu’est ce que tu veux que ça me f<strong>ou</strong>te ?…Tu<br />

te crames au sky et après tu viens chialer ta race…<br />

Allez b<strong>ou</strong>ge ta merde, tu me sa<strong>ou</strong>les…<br />

Il la p<strong>ou</strong>sse plus fortement. Elle tombe sur le sol. Elle<br />

se met à rire…<br />

David : Franchement, tu m’fais trop pitié…<br />

Sylvie : Y’avait plus une g<strong>ou</strong>tte de whisky…J’ai bu<br />

mon Guerlain…J’ai l’haleine Guerlain, c’est chic…<br />

David : Oh putain ta gueule j’te dis…Rien à f<strong>ou</strong>tre de<br />

ton haleine de merde…Va te cramer à l’acide si tu<br />

veux…Mais b<strong>ou</strong>ge…Il te reste des clopes ?…<br />

Sylvie : Je sais <strong>pas</strong>…Tu m’en r<strong>ou</strong>les un petit….<br />

David : J’ai plus rien…T’as des clopes ?….Des<br />

clopes, j ‘te dis ?<br />

Sylvie : Je sais <strong>pas</strong>…Il est d<strong>ou</strong>x ce tapis…<br />

Il cherche dans l’appartement. Dans un cendrier, il<br />

retr<strong>ou</strong>ve un mégot Il l’allume.<br />

David : P’tain, une brune de l’autre connard…Il est<br />

plus là ?…<br />

Sylvie : Non…Il est <strong>pas</strong> là…Il est <strong>pas</strong> là…Il …<br />

12


David : C’est bon ferme-la !…Tant mieux qu’il est <strong>pas</strong><br />

là, j’aime <strong>pas</strong> sa gueule! ! !<br />

Sylvie : T’as raison, il est <strong>pas</strong> beau…Puis il sent <strong>pas</strong><br />

bon… Il pue des dents…Un gros moche qui pue des<br />

dents…<br />

(Elle rit.)<br />

David : Toi tu les kiffes les gros porcs qui puent …<br />

Sylvie : Non…Parle-moi d<strong>ou</strong>cement avec des gentils<br />

mots…Y’a trop de bruit part<strong>ou</strong>t…J’ai les oreilles<br />

pleines de bruits…<br />

David : C’est bon, arrache-toi …<br />

Il sort vers la cuisine. Sylvie, t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs allongée sur le<br />

sol, soliloque.<br />

Sylvie : J’ai mal à la tête…J’ai mal à la tête…J’ai mal à<br />

la tête…J’ai mal à la tête…J’ai mal…Y’a plus rien…<br />

Plus de bruit…C’est t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs quand y’avait plus de<br />

bruit…Tiens, y’a le tapis qui me regarde…Me regarde<br />

<strong>pas</strong> comme ça….J’ai mal à la tête, j’te dis…J’ai mal à<br />

la tête…<br />

Il revient avec une assiette fumante et un litre de<br />

soda.<br />

David :Bâtard de micro onde…J’me crame la race…<br />

Il ret<strong>ou</strong>rne s’asseoir. Il zappe.<br />

Sylvie se met à chantonner «Suzanne » de Léonard<br />

Cohen.<br />

David : Tain va t’cramer avec ta vieille chanson!<br />

Un temps<br />

Sylvie : T’as <strong>pas</strong> mis de chaussettes…<br />

David : Qu’est ça peut te f<strong>ou</strong>tre ?<br />

13


Sylvie : Ils ont froid tes pieds…Il avait les mains<br />

froides….Moi aussi j’ai froid…J’ai froid de part<strong>ou</strong>t…Je<br />

vais me mettre dans une chaussette…<br />

David : Dans une chaussette…Franchement t’es trop<br />

malade toi…<br />

Sylvie : Dans une grosse chaussette…En laine….P<strong>ou</strong>r<br />

avoir chaud…très chaud…avec tes pieds…<br />

David : Allez ferme-la, tu m’gaves ! ! ! (Il jette<br />

l’assiette.) …Putain faut que je me casse de cette<br />

galère…<br />

Sylvie : Non…Ne me laisse <strong>pas</strong> t<strong>ou</strong>te seule…J’ai peur<br />

t<strong>ou</strong>te seule…Demain j’irai chercher Mickey…Je veux<br />

qu’mon petit Mickey…<br />

David : Calme ton délire !…T’as le cerveau cramé <strong>ou</strong><br />

quoi ?…Demain t’iras rien chercher…Qu’est ce que tu<br />

veux aller chercher avec ta face de mort ?…Regardetoi<br />

putain…Tu veux lui ruiner sa life !…<br />

Sylvie : Lui, il me tient chaud…<br />

David : Et l’autre PD d’sa mère, il t’réchauffe <strong>pas</strong><br />

quand il te grimpe dessus …<br />

Sylvie : Non…Lui il est froid…Il fait froid maintenant…<br />

Tais-toi !…<br />

David : D’où je me tais ? Toi, je sais même <strong>pas</strong><br />

p<strong>ou</strong>rquoi tu me parles ? Sans mentir <strong>ou</strong>blie-moi…Va<br />

te faire mettre par t<strong>ou</strong>s les cramés du quartier et<br />

lâche-moi…<br />

Sylvie : J’ai froid…<br />

David : Va te taper un radiateur ! …<br />

Sylvie : Un radiateur…<br />

David : avec un s<strong>ou</strong>rire…Un radiateur <strong>ou</strong>ai,trop bien…<br />

14


Un temps<br />

Sylvie : Tu viendras avec moi…On ira le chercher t<strong>ou</strong>s<br />

les deux…T<strong>ou</strong>s les trois….<br />

David : Lâche l’affaire bordel !…Putain mais ferme ta<br />

gueule et va te c<strong>ou</strong>cher! ! !…<br />

Sylvie : Non…<strong>pas</strong> si fort…<strong>pas</strong> si fort ! ! !…Chut…C’est<br />

elle ?…C’est elle qui pleure ?…Non, elle dort….On<br />

entend rien…Parlez-moi d<strong>ou</strong>cement !…Ne la réveillez<br />

<strong>pas</strong>…J’ai des trucs à gueuler ! Faut qu’je gueule t<strong>ou</strong>t<br />

ça, faut …<br />

(David la sec<strong>ou</strong>e violemment.)<br />

David : Oh c’est bon putain !…Mais t’es cramé <strong>ou</strong><br />

quoi ?<br />

(Silence. On entend un voisin qui tape au plafond.)<br />

David : (au plafond) Ta gueule connard ! Va te faire<br />

mettre ! ! !<br />

Sylvie : Allez v<strong>ou</strong>s faire mettre !…Allez v<strong>ou</strong>s faire…<br />

Elle rit aux larmes.<br />

David : J’vais chercher une barrette, parce que là<br />

franchement t’es trop speed…<br />

<strong>Le</strong> téléphone de David sonne à n<strong>ou</strong>veau.<br />

David : Ouais…Tu m’lâches je te dis!…Moi je t’ai<br />

happée c’est bon alors tu m’ zappes !…C’est bon<br />

arrache-toi, va chialer ailleurs…Non y’a <strong>pas</strong> , y’a<br />

<strong>pas</strong>…Moi j’sors plus là…Allez gaze !<br />

Il raccroche.<br />

Sylvie : C’est Sonia…<br />

David : C’est ta mère !…File moi un billet…<br />

15


Il f<strong>ou</strong>ille dans son sac à main , en sort un portemonnaie.<br />

Sylvie : Elle est gentille…<br />

David : Putain c’est la mort…T’as <strong>pas</strong> une tune…C’est<br />

trop la mort cette baraque !…<br />

Sylvie : Faut lui parler d<strong>ou</strong>cement à Sonia…<br />

David : De quoi tu discutes ? J’parle <strong>pas</strong> d<strong>ou</strong>cement à<br />

une pute de sa mère…<br />

Sylvie : J’aimais bien sa mère…Elle m’portait des<br />

gâteaux au miel…<br />

David : Ouais j’m’en tape de tes gâteaux de miel…Il<br />

t’a <strong>pas</strong> laissé un billet l’autre connard…<br />

Sylvie : Non…Il a rien laissé…Rien…<br />

David allume une lumière. On déc<strong>ou</strong>vre nettement le<br />

visage abîmé de Sylvie. David cherche part<strong>ou</strong>t.<br />

Il tr<strong>ou</strong>ve un billet dans un pot.<br />

David : J’ai tr<strong>ou</strong>vé le trésor…<br />

Sylvie : Non…Ca c’est p<strong>ou</strong>r Cindy…Une sortie avec<br />

son école…Au L<strong>ou</strong>vre…C’est joli le L<strong>ou</strong>vre..<br />

David : Ouais on s’en tape du L<strong>ou</strong>vre ta mère…Putain<br />

il t’a <strong>pas</strong> raté l’enculé !…<br />

Sylvie : Oui il a tapé fort…Moi aussi…<br />

David : Moi il me nique comme ça, j’t’assure que<br />

j’prends un gun et je l’explose ce connard…<br />

Sylvie : C’est vrai que c’est un connard…Un<br />

connard ! ! !…un gros connard qui pue des dents…<br />

(Elle rit.)<br />

16


David : C’est bon !…Bon y’a <strong>pas</strong> un autre billet p<strong>ou</strong>r<br />

Cindy…<br />

Il se dirige vers la chambre de sa sœur.<br />

Sylvie :vivement Non la réveille <strong>pas</strong> !…La réveille<br />

<strong>pas</strong>…Faut qu’elle <strong>ou</strong>blie…Faut qu’elle <strong>ou</strong>blie…Elle a<br />

fait un gros cauchemar faut qu’elle <strong>ou</strong>blie<br />

maintenant…La réveille <strong>pas</strong>…On va t<strong>ou</strong>s dormir<br />

maintenant…J’veux <strong>pas</strong> fumer…<br />

Il revient.<br />

David : P’tain elle ronfle sa mère et y’a <strong>pas</strong> une tune<br />

dans sa tirelire…Tu peux <strong>pas</strong> aller l’voir c’t’enculé qu’il<br />

te file un billet…<br />

Sylvie : Non…Je veux plus le voir…<br />

David : Crash-toi la mytho ! Demain je te parie que tu<br />

le pomperas sur le canapé…Allez j’éteins, tu vas me<br />

faire doser avec ta face…Bon je reviens…<br />

Il va p<strong>ou</strong>r sortir.<br />

Sylvie : Il a fait mal à ta sœur…<br />

David s’arrête.<br />

David : Qu’est ce que tu baves ?<br />

Sylvie : Ne me laisse <strong>pas</strong> t<strong>ou</strong>te seule…Donne moi<br />

mon manteau, on va chercher Mickey, j’ai de la place<br />

p<strong>ou</strong>r t<strong>ou</strong>t le monde….<br />

David : Qu’est ce que tu baves , j’te dis? ! ! !<br />

Sylvie : Pas si fort…Tu vas n<strong>ou</strong>s réveiller…Pas si<br />

fort…C’est fini : on va fermer les yeux….<br />

Il l’attrape et la propulse sur le canapé.<br />

David : Maintenant tu la fermes ! ! ! D’où que tu parles<br />

de Cindy ?<br />

17


Sylvie : Cindy elle dort…La réveille <strong>pas</strong>…Demain elle<br />

va…<br />

David : Il a t<strong>ou</strong>ché Cindy ?<br />

Sylvie : P<strong>ou</strong>rquoi tu me regardes comme ça ? …Tu<br />

vas me frapper… Pas sur la tête…Pas au visage…<br />

Mickey …<br />

David : Lâche l’affaire ! Mickey il a tracé sa r<strong>ou</strong>te de<br />

cette merde…D’où que tu vas dire au juge que tu vas<br />

le récupérer avec ta face pétée et l’cerveau shooté au<br />

sky…Depuis quand t’as une gueule de mère ? …T’es<br />

quoi franchement p<strong>ou</strong>r j<strong>ou</strong>er la star de l’am<strong>ou</strong>r, tu<br />

chies des gosses et après tu viens ramasser la merde<br />

avec ta b<strong>ou</strong>che à bites…T’es quoi avec ta gueule de<br />

ramassé de ta life de mort, d’où que t’as vu qu’t’avais<br />

des gosses ? T’es quoi bordel ? hein t’es quoi ? ? ?<br />

Sylvie : …Ta mère…<br />

David :Ah <strong>ou</strong>ais depuis quand t’es ma mère ? Depuis<br />

quand ? Mais moi y’a <strong>pas</strong> de mère dans ma life, y’a<br />

<strong>pas</strong> de père, y’a <strong>pas</strong> de mère, y’ a que t<strong>ou</strong>te cette<br />

merde …Nan mais t’as vu la gueule de ma life ? T’as<br />

vu ta gueule ?<br />

Sylvie : Oui frappe-moi si tu veux…Frappe…Frappemoi<br />

! ! !Allez frappe-moi ! ! !…Frappe ! Frappe ! ! !<br />

Elle s’agrippe à lui.<br />

David : P’tain lâche-moi…D’où je vais te frapper…Me<br />

t<strong>ou</strong>che même <strong>pas</strong> ! ! ! Va r<strong>ou</strong>iller ailleurs ! ! !…Et il l’a<br />

frappé la Cindy ?…<br />

Sylvie : Non…Non…Non….Elle dort…T<strong>ou</strong>t est fini…Il<br />

l’a <strong>pas</strong> frappée…Elle est si jolie…Il m’a dit qu’j’étais sa<br />

petite chienne...sa petite chienne…Et sa petite<br />

Reine….<br />

Elle se met un rire. Un rire convulsif.<br />

18


David : Sans mentir, t’es vraiment trop naze…La pitié<br />

de sa mère sans mentir…Je vais lui demander, s’il lui<br />

a t<strong>ou</strong>ché un cheveux, il est dead…<br />

Il se dirige vers le chambre de sa sœur.<br />

Sylvie : Non ! ! !…Non ! ! !…Je v<strong>ou</strong>s aime t<strong>ou</strong>t le<br />

temps, la réveille <strong>pas</strong>…Elle est heureuse, elle dort…<br />

Elle s’évan<strong>ou</strong>it. Il acc<strong>ou</strong>rt p<strong>ou</strong>r la s<strong>ou</strong>tenir et il la traîne<br />

jusqu’au sofa .<br />

David : Oh qu’est ce tu f<strong>ou</strong>s bordel ? Vas-y respire…<br />

Respire…Sa mère…Cindy ! ! !<br />

Sylvie : (reprend ses esprits) Chut…C’est rien…Parle<br />

d<strong>ou</strong>cement…Juste d<strong>ou</strong>cement…<br />

David : Arrache-toi avec tes d<strong>ou</strong>cement…’tain ! ! !…<br />

Respire !<br />

(Il la dépose sur le canapé.)<br />

(Elle respire difficilement.)<br />

Sylvie :…Donne moi un cachet…<br />

David : P’tain lequel de cachet ? Y’en a part<strong>ou</strong>t…<br />

Sylvie : N’importe lequel…<br />

(Il montre une boite.)<br />

David : C’est quoi cette merde ?<br />

Sylvie : Deux avec un verre d ‘eau….<br />

David : C’est bon, y’a <strong>pas</strong> d’eau…<br />

Il lui tend les cachets avec un fond de vin.<br />

Mais elle ne réagit <strong>pas</strong>.<br />

David : Tain ! Tu t’b<strong>ou</strong>ges !<br />

Il s’approche d’elle et la sec<strong>ou</strong>e.<br />

19


Elle s’exprime avec difficulté, inaudible.<br />

David : Qu’est ce tu racontes ? Bordel !<br />

Sylvie : Ah t’es là…(Elle absorbe ses cachets.) C’est à<br />

cause de moi que tu pleures ?<br />

David : D’où qu’t’as vu qu’j’pleure ?<br />

Sylvie : Si…Ca brille dans tes yeux…Y’a que ça qui<br />

brille…<br />

David : Lâche l’affaire putain !<br />

Un temps. Elle le fixe avec gravité.<br />

David : Vas-y qu’est ce que tu regardes comme ça ?<br />

Sylvie : …Excuse-moi….Je vais partir maintenant…<br />

David : Partir…Ah <strong>ou</strong>ais super…Partir…Partir<br />

comment ? Partir où ? Où que t’as cru qu’on p<strong>ou</strong>vait<br />

partir ? C’est <strong>pas</strong> fait p<strong>ou</strong>r toi le monde…<br />

Sylvie : Si…Faut qu’j’aille <strong>loin</strong>…. cinq minutes <strong>ou</strong><br />

deux…<br />

David : Sans mentir arrête le sky, ça t’crâmes trop le<br />

cerveau…<br />

Sylvie : Faut que je vive un peu quand même…<br />

Lâche- moi, faut que je vive…<br />

David : C’est où que tu vas aller ?<br />

Sylvie : Où ça fait <strong>pas</strong> mal à la tête…Lâchez-moi …<br />

David : Bah vas-y dégage…Jette toi ailleurs…Allez<br />

tire-toi ! Tire-toi !<br />

Sylvie : Ouais…<br />

David : Tire-toi je te dis ! ! ! Vire ! ! !<br />

20


(Elle se lève avec difficulté, lui la regarde. Elle se<br />

dirige vers une fenêtre. Il se t<strong>ou</strong>rne vers la télévision.)<br />

Sylvie : J’devais <strong>pas</strong> le dire…J’ai plus mal…<br />

(Elle <strong>ou</strong>vre la fenêtre.)<br />

Sylvie : Il fait chaud …<br />

(Elle commence à enjamber la fenêtre. David la<br />

regarde et bondit p<strong>ou</strong>r la stopper.)<br />

David : Tain ! C’est quoi c’délire !…Oh…Mam…<br />

(Il l’attrape, elle se débat et tombe violemment sur le<br />

sol.)<br />

David : Tain arrête tes conneries ! ! ! Arrête tes<br />

conneries ! ! !<br />

Sylvie : Laisse-moi ! Laisse-moi !….J’en peux plus !…<br />

C’est de ma faute ! ! !…J’veux plus voir t<strong>ou</strong>t ça….<br />

J’veux plus v<strong>ou</strong>s voir….J’veux plus rien voir….Lâchemoi<br />

!…<br />

(Il la plaque au sol.)<br />

David : Tu b<strong>ou</strong>ges plus ! Tu b<strong>ou</strong>ges plus j’te dis et tu<br />

fermes ta gueule ! ! !<br />

Sylvie : D<strong>ou</strong>cement…<br />

David : Putain tu me sa<strong>ou</strong>les avec tes d<strong>ou</strong>cement…Tu<br />

me sa<strong>ou</strong>les…Tu vas tracer ta r<strong>ou</strong>te et qu’est ce tu<br />

f<strong>ou</strong>s de Mickey <strong>ou</strong> de Cindy ?…Tain t’es vraiment<br />

qu’une mère à la con…Tu fais des gosses et tu<br />

t’crames…Et on va où n<strong>ou</strong>s, hein on va où ?<br />

Sylvie : Je sais <strong>pas</strong>…Tu me fais mal…J’ai mal…<br />

David : Mais attends où que t’as vu qu’j’avais <strong>pas</strong><br />

mal!…T’as cru que la galère c’est ta mère rien qu’à<br />

toi…Mais attends t’as trop rêvé, y’a rien derrière la<br />

fenêtre, rien ,tu t’exploses, on te ramasse et tu vas<br />

21


moisir dans les pots de fleurs…A quoi ça sert de<br />

crever ?…<br />

Sylvie : C’est <strong>pas</strong> beau…<br />

David : On s’en tape que c’est <strong>pas</strong> beau…On s’en<br />

tape…<br />

Un temps. Ils se retr<strong>ou</strong>vent proche l’un de l’autre.<br />

Sylvie : Toi…T’es beau…Renan…<br />

David : Renan ?<br />

Sylvie : Renan…T’as les yeux de ton père….<br />

David : C’PD, tu l’<strong>ou</strong>blies…<br />

Sylvie : Pas les yeux non….<strong>Le</strong> regard et les lèvres…<br />

Tu sais qu’à ton âge, on était déjà ensemble…<br />

David : C’est bon ravale tes merdes, j’m’en tape…<br />

Sylvie : …Il faisait du judo…Ah non le judo c’est <strong>pas</strong><br />

lui…c’est…Renan j’crois qu’il faisait rien…Rien du<br />

t<strong>ou</strong>t…<br />

David : Si, il s’défonçait…<br />

Sylvie : Oh non…Ca c’est après…Il buvait même <strong>pas</strong><br />

…Tu sais combien de fois on a c<strong>ou</strong>ché t<strong>ou</strong>s les<br />

deux…<br />

David : C’est bon garde ta crasse…<br />

Sylvie : Une fois…Une seule fois…Et t’es là…t’es mon<br />

fils d’un seul c<strong>ou</strong>p…Un grand timide que c’était ton<br />

père…J’ai presque dû le violer…<br />

David : Super j’suis fils de viol…Cramé de naissance<br />

le gars…<br />

Sylvie : Ouais fils de viol…Je me s<strong>ou</strong>viens , j’ai dû<br />

l’plaquer avec les gen<strong>ou</strong>x…Il avait une ceinture à la<br />

22


con, j’arrivais <strong>pas</strong> à la décoincer et puis le reste je<br />

peux te dire que ça a <strong>pas</strong> fonctionné au quart de t<strong>ou</strong>r<br />

…Il a fallu l’chauffer son machin …T’es fils de viol<br />

mon chéri…fils de viol…<br />

David : P<strong>ou</strong>rquoi il a tracé sa r<strong>ou</strong>te ?...<br />

Sylvie : La dernière fois que je l’ai vu, il m’a <strong>pas</strong><br />

regardé…Il était beau…comme toi…Mais je sais <strong>pas</strong>,<br />

il m’a <strong>pas</strong> regardé…<br />

(Elle lui caresse le visage, ils se fixent.)<br />

David : C’est bon, remballe tes mains !<br />

Sylvie : V<strong>ou</strong>s avez la même b<strong>ou</strong>che…Une b<strong>ou</strong>che<br />

p<strong>ou</strong>r aimer la b<strong>ou</strong>che des autres…Mais lui elle restait<br />

fermée…J’crois qu’il m’aimait <strong>pas</strong>…Moi si, j’l’aimais…<br />

Enfin je sais <strong>pas</strong>…Mais lui non…<br />

David : P’t’être qu’il te tr<strong>ou</strong>vait vilaine ?<br />

Sylvie : Moi vilaine…J’peux te dire que ta mère à 15<br />

ans, elle en a faisait craquer des crétins d’ton genre…<br />

Même des vieux…Un vieux d’au moins 80 ans un<br />

j<strong>ou</strong>r…<br />

David : Vas-y arrrête…Tu t’es tapé du moisi putain<br />

t’es trop dégeu…<br />

Sylvie : C’est gentil le moisi…Il demande <strong>pas</strong> grand<br />

chose et il m’avait offert un poste…<br />

David : P<strong>ou</strong>r un poste putain….<br />

Sylvie : Ouais p<strong>ou</strong>r un poste…On aime <strong>pas</strong> entendre<br />

sa maman parler de ça…Mais moi ça fait du bien de<br />

t’en parler…Ca fait trente secondes que je suis bien…<br />

T’as vu on a plus rien au fond des yeux…<br />

David : Pendant que t’es bien, tu vas me dire<br />

maintenant ce que l’autre connard il a fait à Cindy…<br />

23


Sylvie : Cindy ?…Oh non s’il te plaît…Encore dix<br />

secondes…5 secondes…Comme ça où je suis bien,<br />

où y’a rien qui fait mal…<br />

David : Lâche l’affaire ! Dis-moi ! ! !Merde ! ! ! T’as<br />

vraiment plus d’clopes ?<br />

(Il se lève et recommence à f<strong>ou</strong>iller.)<br />

Sylvie : Ils vont la prendre…<br />

David : Qu’est ce que tu racontes ? Des clopes<br />

merde !<br />

Sylvie : Ils vont venir la chercher…J’veux <strong>pas</strong>…Y’a<br />

trop de place p<strong>ou</strong>r rien après…<br />

(Il tr<strong>ou</strong>ve un reste de paquet.)<br />

David : C’est à l’autre PD ça ?<br />

Sylvie : Tu m’en donnes une ?<br />

David : D’abord tu lâches le morceau…(Son portable<br />

sonne)…Tain qu’est ce que tu veux encore ? …Vas y<br />

arrête de chialer, moi j’en veux plus de ton cul de<br />

salope ! ! !…Franchement c’est même <strong>pas</strong> la peine, va<br />

m<strong>ou</strong>rir…Tu peux attendre longtemps, j’descendrai<br />

<strong>pas</strong>…C’est ça va t’cramer…Moi c’est bon, t’arrête de<br />

me sa<strong>ou</strong>ler maintenant! ! !<br />

(Pendant qu’il est au téléphone, Sylvie se lève , prend<br />

une cigarette et cherche un fond de b<strong>ou</strong>teille.)<br />

Sylvie : Tu devrais l’emmener très <strong>loin</strong>…Y’a d’autres<br />

choses tu sais…Plein d’autres choses…<br />

David : Mais je m’en tape moi qu’y a d’autres<br />

choses…J’veux <strong>pas</strong> m’maquer avec une pute, c’est<br />

t<strong>ou</strong>t ! ! !<br />

Sylvie : (en regardant la télé) Regarde, c’est joli la<br />

mer…V<strong>ou</strong>s seriez bien t<strong>ou</strong>s les deux…Tu t’s<strong>ou</strong>viens,<br />

on y était allé une fois…Mickey était t<strong>ou</strong>t petit, il<br />

24


p<strong>ou</strong>vait <strong>pas</strong> se baigner, il avait le bras dans le plâtre…<br />

C’était où déjà ?<br />

(David se poste devant la télé, éteint la télé et sur un<br />

ton très menaçant.)<br />

David : Maintenant, tu vas arrêter de m’endormir…Moi<br />

je lâche <strong>pas</strong> l’affaire…Alors tu stoppes le délire et tu<br />

m’informes…<br />

(Un temps.)<br />

Sylvie : Demain…<br />

David : Rien du t<strong>ou</strong>t….Y’as <strong>pas</strong> de demain, c’est t<strong>ou</strong>t<br />

de suite <strong>ou</strong> j’t’assure moi je m’en tape je vais la<br />

réveiller…<br />

Sylvie : Faudra <strong>pas</strong> le dire…Moi j’ai jamais rien dit…<br />

David : Vas-y j’comprends rien…<br />

Sylvie : Il…Pendant que je suis allé acheter l’wiskhy…<br />

Je v<strong>ou</strong>lais <strong>pas</strong> y aller…Il est…Quand je suis rentré…<br />

Mais il a <strong>pas</strong> eu le temps de t<strong>ou</strong>te façon…Elle a eu<br />

peur c’est t<strong>ou</strong>t…J’ai fait vite…C’est p<strong>ou</strong>r ça qu’elle<br />

criait…Elle a eu peur…C’est rien d’avoir peur…<br />

David : Putain mais elle a eu peur de quoi bordel ?<br />

Sylvie : Il v<strong>ou</strong>lait <strong>pas</strong> lui faire peur…Il avait encore<br />

picoler…Il lui a demandé pardon…Il pleurait…Pas<br />

elle…<br />

(Il l’attrape violemment.)<br />

David : Bon tu m’gaves ! ! ! J’comprends rien à ton<br />

truc…Qu’est ce qu’il a fait ! ! ! !<br />

Sylvie : Il a cru que…Cindy…C’était une femme…<br />

(Il la relâche stupéfait.)<br />

25


Sylvie : Mais il a rien fait…On va <strong>ou</strong>blier…On va t<strong>ou</strong>t<br />

<strong>ou</strong>blier…Il savait <strong>pas</strong> ce qu’il faisait et ta sœur je l’ai<br />

protégé…Elle a <strong>pas</strong> compris…Moi maman, elle venait<br />

<strong>pas</strong>…Elle est t<strong>ou</strong>te petite…<br />

David : Il a v<strong>ou</strong>lu s’taper Cindy ?<br />

Sylvie : Oh non…<br />

David : Il est mort.<br />

Sylvie : Non…Il est <strong>pas</strong> mort…Il est <strong>pas</strong> mort…C’est<br />

<strong>pas</strong> à toi d’t’occuper de ça…On va partir t<strong>ou</strong>s les<br />

quatre ! ! ! Non David…C’est un cauchemar, on va se<br />

réveiller…David !<br />

(Elle se jette sur lui.)<br />

David : Dégage ! ! !<br />

(Il la jette.)<br />

Sylvie : J’te préviens David…Si tu sors moi je saute…<br />

(Apparaît Cindy. David l’aperçoit.)<br />

David : Va te c<strong>ou</strong>cher toi…<br />

Sylvie : Oh ma petite princesse…<br />

David : Va te c<strong>ou</strong>cher, j’te dis ! ! !<br />

Cindy : J’ai soif.<br />

Sylvie : Oh tu as soif…Attends je vais t’apporter…<br />

(Elle se lève p<strong>ou</strong>r aller chercher un verre mais ne<br />

parvient <strong>pas</strong> à garder son équilibre.)<br />

David : Tiens…Allez bois ça et va t’cherc<strong>ou</strong> !…<br />

(Elle boit une gorgée de soda et va se c<strong>ou</strong>cher. )<br />

Sylvie : Tu as vu, elle a soif c’est t<strong>ou</strong>t…Juste soif…<br />

26


David : Ta gueule ! Ta gueule ! ! ! V<strong>ou</strong>s m’gavez !<br />

Mais putain c’est quoi c’délire ? C’est qu’une gamine<br />

et c’gros porc…(Il renverse une chaise d’un c<strong>ou</strong>p de<br />

pied) L’enculé de sa mère ! ! ! (<strong>Le</strong> voisin frappe<br />

encore au plafond, il hurle) Va te faire mettre ! ! ! Va te<br />

faire mettre ! ! !<br />

Sylvie : Dav…<br />

David : Toi tu m’lâches ! Tu m’lâches !…C’est toi qui<br />

ramènes ces porcs à la maison…T’es la truie qu’offre<br />

son cul à t<strong>ou</strong>te cette merde…Et la merde mais putain<br />

matte, matte…La merde,elle c<strong>ou</strong>le des murs, ça pue<br />

la ruine dans nos life…C’est quand qu’c’est bien ?<br />

Putain, c’est quand ?<br />

(Il semble totalement anéanti et tombe sur une<br />

chaise.)<br />

Sylvie : C’est dès fois…J’l’ai bien amoché tu sais…Il<br />

avait du sang part<strong>ou</strong>t…J’crois que je lui ai crevé un<br />

œil….Il remettra plus un pied chez n<strong>ou</strong>s…On va<br />

acheter des fleurs p<strong>ou</strong>r t<strong>ou</strong>s les quatre…Je vais faire<br />

le ménage…Maintenant je vais être que votre<br />

maman…Moi ma maman elle m’avait dit <strong>pas</strong> le dire<br />

alors j’ai rien dit et tu vois : t<strong>ou</strong>t le monde a <strong>ou</strong>blié…<br />

(David la regarde.)<br />

Sylvie : Bah <strong>ou</strong>i t<strong>ou</strong>t le monde a <strong>ou</strong>blié…C’est mieux<br />

comme ça…J’aurai <strong>pas</strong> dû la laisser t<strong>ou</strong>te seule avec<br />

lui…On laisse <strong>pas</strong> un petit ange t<strong>ou</strong>t seul sans<br />

nuage…Moi je gardais les yeux <strong>ou</strong>verts t<strong>ou</strong>te la nuit et<br />

je le voyais rôder quand t<strong>ou</strong>t dormait part<strong>ou</strong>t, j’étais<br />

t<strong>ou</strong>te seule et lui une ombre…Quand je suis devenue<br />

grande, il est allé dans la chambre d’à côté…Alors<br />

après on attend le méchant l<strong>ou</strong>p t<strong>ou</strong>tes les nuits…Et<br />

t<strong>ou</strong>tes les nuits, on attend qu’il fasse j<strong>ou</strong>r…Et quand il<br />

fait j<strong>ou</strong>r, on voit la nuit tomber…J’ai froid…Ils vont<br />

encore attendre qu’on gèle p<strong>ou</strong>r allumer le<br />

chauffage…Je vais faire du café…T’en veux un ?<br />

David : Non c’est bon…<br />

27


Elle se déplace difficilement jusqu’à la cuisine. David<br />

reste seul, il regarde aut<strong>ou</strong>rs de lui et finit par<br />

s’allumer une n<strong>ou</strong>velle cigarette. Il rallume la télé,<br />

zappe et finit par éteindre et s’assied sur le sofa.<br />

Sylvie : (off) Tu sais demain, je vais téléphoner à ton<br />

oncle…Mon frère, Jean-Pierre…On était allés à son<br />

mariage…tu dois plus te s<strong>ou</strong>venir, t’étais t<strong>ou</strong>t petit…<br />

Je vais lui demander de n<strong>ou</strong>s tr<strong>ou</strong>ver un appartement<br />

dans son coin…Tu verras c’est sympa…Il fait chaud<br />

là-bas…Il est b<strong>ou</strong>illant c’café…<br />

David : C’était qui l’ombre ?<br />

Sylvie : L’ombre ?<br />

David : Dans ta chambre…<br />

Sylvie : Je sais plus…Je dois <strong>pas</strong> le dire….J’ai<br />

promis…<br />

David : Papi…<br />

Sylvie : J’ai promis, j’te dis…Après j’irai prendre une<br />

d<strong>ou</strong>che, c’est vrai que je sens <strong>pas</strong> bon…Tu devrais<br />

aller te c<strong>ou</strong>cher , moi je vais ranger t<strong>ou</strong>t ça…<strong>Le</strong> café<br />

va me booster…Et puis faudra qu’on prenne un<br />

appartement avec une chambre rien que p<strong>ou</strong>r toi…<br />

T’es trop grand p<strong>ou</strong>r rester avec ton frère…<br />

David : Ton père…putain…<br />

Sylvie : P<strong>ou</strong>rtant je l’ai dit à l’assistante sociale quand<br />

elle est venue l’autre fois…Ici c’est trop petit…Mais<br />

elle m’éc<strong>ou</strong>te <strong>pas</strong>…J’p<strong>ou</strong>rrais te laisser ma<br />

chambre…Moi le canapé m’suffit…Si il a la sa<br />

chambre, il dormira mieux…<br />

David : Parce que tu crois encore que l’autre connard<br />

de juge il va te le rendre…<br />

Sylvie : Oui….C’est mon fils…<br />

28


David : Ouais mais t’es <strong>pas</strong> une mère…<br />

Un temps. La lumière baisse d<strong>ou</strong>cement.<br />

3 ème Temps<br />

Même salon. Même désordre. Quelques mois se sont<br />

éc<strong>ou</strong>lés.<br />

Henry, assis sur le sofa, regarde un match de foot.<br />

C’est un homme très robuste. Sa tête est posée sur<br />

les jambes de Sylvie. Son regard s’est encore vidé.<br />

Elle caresse les cheveux d’Henry machinalement.<br />

Henry : Mais putain c’est quoi cette chèvre d’arbitre ! Il<br />

a de la merde dans les yeux <strong>ou</strong> quoi ? …T’arrête<br />

<strong>pas</strong>…<br />

Sylvie : Attends j’ai des crampes…<br />

Henry : On s’en f<strong>ou</strong>t…Continue…A droite bordel…A<br />

droite !…Putain, il était t<strong>ou</strong>t seul à droite…Y’a plus de<br />

bière ?<br />

Sylvie : Attends…J’y vais…<br />

Elle se lève, titube et va à la cuisine p<strong>ou</strong>r chercher<br />

des bières. Elle revient , ils s’embrassent longuement<br />

et s’étreignent sur le sofa. Entre David sans les voir.<br />

29


David : M’man, je kiffe ! On va signer un contrat…Un<br />

contrat…<br />

Il s’interrompt. Un temps<br />

Sylvie : Ah c’est toi…Alors t’as quelque chose ?<br />

David : Qu’est ce qu’il f<strong>ou</strong>t là c’gros porc ? Tu t’tapes<br />

des vigiles maintenant ?<br />

Henry : Pas que le vigile…Elle se tape mon rott<br />

aussi….<br />

Sylvie : Oh t’es dégeu…Je me suis jamais tapé de<br />

chien…<br />

David : Et lui c’est quoi ?<br />

Sylvie : Oh c’est bon…Alors t’as quelque chose ?<br />

Il sort une barrette.<br />

David : 20 euros…<br />

Sylvie : File lui un billet…<br />

Henry : Si tu veux ta merde, tu te la payes…Et puis<br />

fermez vos gueules, j’entends rien…<br />

Elle se lève difficilement et s’approche de David.<br />

David : Mais attends, il se croit chez lui c’bâtard ? Si<br />

t’es <strong>pas</strong> content tu gicles…<br />

Henry : C’est toi qui va gicler…Ta mère et moi on va<br />

s’marier…Toi tu vas dégager…<br />

Sylvie : Arrête tes conneries !…Bon je te donnerai le<br />

reste demain…Tu peux m’en r<strong>ou</strong>ler un…J’ai les doigts<br />

qui tremblent…<br />

David : Pas le temps…<br />

Sylvie : Un seul…J’vais le foirer…<br />

30


David : Vas-y…<br />

(Il lui tend un joint r<strong>ou</strong>lé. Elle l’allume en hâte.)<br />

Henry : Oh putain cette frappe !…Bon tu rappliques ,<br />

ma queue se sent seule…<br />

Sylvie : Lâche-moi…T’as deux minutes…<br />

David : Cindy elle dort ?<br />

Sylvie : Non…Elle doit regarder la télé …<br />

Henry : Bon il va encore n<strong>ou</strong>s pomper l’air<br />

longtemps…Allez ret<strong>ou</strong>rne chanter avec tes singes….<br />

David : Toi un j<strong>ou</strong>r les singes ils vont t’crever…<br />

Henry : Quand tu veux, où tu veux petite bite…Moi<br />

j’les b<strong>ou</strong>ffe les petites tapettes comme toi… Quoi ? Un<br />

carton jaune ? Mais c’est <strong>pas</strong> vrai ! Il l’ont acheté ce<br />

connard !<br />

David : Oh fait t’as entendu ?<br />

Sylvie : Quoi ?<br />

David : On va faire un deux titres…On a vu un type<br />

trop classe, celui qu’a produit Cartel Onyx…Il va n<strong>ou</strong>s<br />

produire…<br />

Sylvie : (sans enth<strong>ou</strong>siasme) C’est bien…<br />

David : C’est trop bien <strong>ou</strong>ais…Attends ça veut dire<br />

que je vais me faire de la monnaie…J’vais l’dire à<br />

Cindy, elle va être trop fière…<br />

Henry : Ca pue ta merde, éteins moi ça et ramènetoi…<br />

Sylvie : J’arrive…<br />

31


(David se dirige vers la chambre de sa sœur. Sylvie<br />

écrase son joint et ret<strong>ou</strong>rne se vautrer sur Henry.)<br />

Henry : Putain, fais gaffe, j’vois plus rien…Et puis<br />

c’est par-là que ça se <strong>pas</strong>se …( Il lui p<strong>ou</strong>sse le visage<br />

vers son bas ventre.) Et en d<strong>ou</strong>ceur…(Elle commence<br />

machinalement à lui dégrafer le pantalon mais<br />

s<strong>ou</strong>dain il se relève, le pantalon baissé.) Oh qu’il est<br />

beau…Oh ce but…Ce but ! ! !…Regarde moi le<br />

ralenti…<br />

(David ressort de la chambre.)<br />

David : Elle dort….Hé toi l’gros con…Tu te déssapes<br />

<strong>pas</strong> comme ça….Si v<strong>ou</strong>s v<strong>ou</strong>lez niquer, y’a une<br />

chambre p<strong>ou</strong>r ça…<br />

Henry : Mais c’est toi qu’j’attends ma salope…Viens<br />

donc me sucer un petit c<strong>ou</strong>p…<br />

Sylvie : T’es con…<br />

Sylvie rit.<br />

David : Ramène ta graisse au s<strong>ou</strong>s-sol gros porc,<br />

j’t’attends…<br />

Sylvie : Bon David, c’est bon…Il plaisante ? ? ?….Bon<br />

t’as <strong>pas</strong> un concert ce soir ?<br />

David : Demain…<br />

Sylvie : Alors va t’c<strong>ou</strong>cher <strong>ou</strong> je sais <strong>pas</strong> va dehors…<br />

Y’a bien des potes qui t’attendent quelque part…<br />

David :Ouais….C’est bon…J’ trace…<br />

Henry : C’est ça dégage …<br />

Sylvie : David ! ! !<br />

(David revient agressif, Henry l’affronte et lui envoie<br />

un c<strong>ou</strong>p violent au visage. David s’effondre.)<br />

32


Henry : (il rit) Une vraie fiotte…<br />

Sylvie : Merde, v<strong>ou</strong>s êtes chiants…Regarde, t’es<br />

content, tu saignes maintenant…<br />

David a une hémorragie nasale.<br />

David : Rien à f<strong>ou</strong>tre…Lui aussi putain il va saigner sa<br />

race…<br />

Sylvie : T’es chiant aussi, faut t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs que tu te la<br />

ramènes…<br />

David : Me t<strong>ou</strong>che même <strong>pas</strong> toi…Va tâter ton gros<br />

porc…<br />

Sylvie :Oh je suis assez grande, je tâte ce que je<br />

veux…Allez va prendre l’air, tu n<strong>ou</strong>s fatigues…<br />

David : C’est bon j’me tire…Mais toi l’bâtard, je te<br />

conseille de <strong>pas</strong> trop traîner dans le quartier…<br />

Henry : Tu m’fais peur p’tite merde…<br />

Sylvie : (bas) Tu peux m’en laisser un autre ?<br />

David : Rien du t<strong>ou</strong>t…Plus rien du t<strong>ou</strong>t…<br />

Sylvie : Juste un…<br />

(Il la fixe et sort, Sylvie revient vers Henry .)<br />

Henry : Un vrai connard ton fils…Moi je te cramerai<br />

ça…Oh cette lucarne !…<br />

Sylvie : bah allonge-toi…<br />

Henry : Non non, finies les gâteries…Il va siffler…<br />

Voilà…Bon allez je me rentre sinon j’en connais une<br />

qui va encore m’les casser…<br />

(Elle ressert l’étreinte.)<br />

33


Sylvie : Oh non…Elle peut attendre…<br />

Henry : Bah non…<br />

Sylvie : Allez…Laisse moi faire..<br />

Henry : T’es vraiment qu’une salope toi…J’te dis<br />

qu’j’me tire alors tu m’lâches…<br />

(Elle se cramponne à son entre jambe.)<br />

Sylvie : 5 minutes…<br />

Henry : Demain…<br />

Sylvie : T<strong>ou</strong>t de suite…On va faire vite…<br />

Henry : Lâche ça et arrête de me sa<strong>ou</strong>ler…Mon<br />

manteau…<br />

Sylvie : Tu vas te le chercher ton manteau, connard !<br />

(Il l’attrape par les cheveux.)<br />

Henry : Connard ?…Attention comment tu parles ? Je<br />

p<strong>ou</strong>rrai me fâcher et te refaire le portrait…T’es fait<br />

dans la même merde que ton fils toi… Allez tu vas<br />

chercher le manteau au monsieur et tu discutes <strong>pas</strong> !<br />

(Sylvie le regarde et se met à rire.)<br />

Henry : Qu’est ce qui fait rire ? C’est moi qui te fais<br />

rire…<br />

Sylvie : (le singeant) Va chercher le manteau au<br />

monsieur et tu discutes <strong>pas</strong>…<br />

(Elle rit de plus belle , elle se lève et va chercher le<br />

manteau puis au moment de le donner à Henry, elle le<br />

laisse tomber au sol puis recommence à rire. )<br />

Henry : Ramasse-moi ça ! Ramasse –moi ça ! ! ! Tiens<br />

moi aussi j’ai envie de rire ! ! ! (Il lui donne une grande<br />

claque, elle perd équilibre, chute mais continue à rire.)<br />

34


T’es complètement frappée ma pauvre fille, t’es bonne<br />

qu’à sucer…<br />

(Apparaît Cindy. Sylvie cesse de rire.)<br />

Tiens la petite chienne…A toi c’est sûr tu seras plus<br />

mettable que ta pute de mère…Si c’est <strong>pas</strong><br />

malheureux d’te laisser avec une salope pareille !<br />

Sylvie : Va t’c<strong>ou</strong>cher Cindy…<br />

Henry : Ah non <strong>pas</strong> déjà…<br />

Sylvie : laisse-la et tire-toi…<br />

Henry : On parle mieux j’ai dit…<br />

Sylvie : Cindy va te c<strong>ou</strong>cher…<br />

Henry : C’est vrai qu’elle est mignonne…<br />

Sylvie : Putain lâche-la…lâche-la ! ! !<br />

Henry : Bah quoi t’as plus envie de rire…<br />

Sylvie : Lâche-la j’te dis ! ! !Lâche-la…<br />

Elle lui saute dessus, il la rejette.<br />

Henry : Elle est <strong>pas</strong> belle ta maman hein ? C’est<br />

qu’une grosse pute ta maman ? Et toi aussi<br />

bientôt tu seras une grosse salope comme<br />

maman…<br />

Sylvie : Lâche-la ! ! !<br />

Sylvie aura attraper un objet et le frappe à la tête,<br />

il s’écr<strong>ou</strong>le mort sur le sol.<br />

Sylvie : Il t’a <strong>pas</strong> fait mal ma chérie ?…<br />

Signe non de la tête.<br />

35


Sylvie : Va te c<strong>ou</strong>cher…Il est tard…Faut qu’on se<br />

c<strong>ou</strong>che maintenant…On va t<strong>ou</strong>s se c<strong>ou</strong>cher…<br />

Cindy ret<strong>ou</strong>rne dans sa chambre.<br />

Sylvie : Faut dormir maintenant…Dormir…Si on<br />

dort <strong>pas</strong>, il se réveillera jamais…Il se réveillera<br />

jamais…Il v<strong>ou</strong>lait <strong>pas</strong> te lâcher…Il dort…Serremoi…Serre-moi<br />

fort…<br />

Elle s’endort sur le corps d’Henry.<br />

Un temps. La lumière baisse. Entre David sans<br />

les voir.<br />

Il s’installe devant la télé, zappe et finit par<br />

éteindre. Il sort un papier de sa poche et<br />

compose les paroles d’une chanson.<br />

David : (avec des hésitations)<br />

« Quand tu balances ta life<br />

De gun en gun…sans wife…<br />

Man t’as la trace<br />

Te nique <strong>pas</strong> la race<br />

Classe, over classe et <strong>pas</strong>se im<strong>pas</strong>se<br />

Ca <strong>pas</strong>se à l’as … »<br />

Sylvie : (bas) Chut…<br />

Un temps. David tente de discerner dans<br />

l’obscurité. Il allume la lumière.<br />

Sylvie : Non…Pas la lumière !…N’allume <strong>pas</strong>…<br />

David : Tain ! Mais qu’est ce que v<strong>ou</strong>s f<strong>ou</strong>tez ?<br />

Sylvie : On dort….<br />

David : Rien du t<strong>ou</strong>t v<strong>ou</strong>s dormez ! Tu réveilles ce<br />

gros sac et v<strong>ou</strong>s dégagez de là…Oh tu t’b<strong>ou</strong>ges !<br />

Sylvie : Chut…<br />

36


David : Où t’as vu que j’allais me taire…Tu<br />

t’b<strong>ou</strong>ges…Mais putain juste devant la chambre<br />

de Cindy, mais v<strong>ou</strong>s êtes…(Il aperçoit le sang sur<br />

le linoléum.) Mais attends c’est quoi ça ?<br />

Sylvie : C’est p<strong>ou</strong>r ça…Eteins…Eteins<br />

maintenant…<br />

David : Il est raide ?<br />

Sylvie : Non…non…Il dort….<br />

David : Mais putain il est raide…C’est toi qui l’as<br />

saigné…<br />

Sylvie : Non…Eteins…Faut juste qu’on dorme…<br />

David : Mais putain attéris, il dort <strong>pas</strong> ! Il est<br />

raide…Qu’est-ce t’as f<strong>ou</strong>tu ?<br />

Sylvie : …Il est tombé…Il est tombé et puis on<br />

s’est endormis…<br />

David : Lâche l’affaire bordel ! Il dort <strong>pas</strong> c’porc , il<br />

est raide…Raide t’entends ! ! !<br />

Sylvie : C’est <strong>pas</strong> moi…On va <strong>ou</strong>blier…<br />

David : Mais ta mère ils vont <strong>ou</strong>blier !<br />

Sylvie : Emmène-le <strong>loin</strong>…Loin d’ici…C’est trop<br />

petit…On respire plus…Il me fait peur…<br />

David : (Il attrape l’objet, arme du crime .) C’est<br />

toi ?<br />

Sylvie : Non…<br />

David : C’est toi ? ? ? ! ! !<br />

Sylvie : J’ai <strong>pas</strong> tapé fort….<br />

David : Mais attends là c’est la tôle…Tu l’as crevé<br />

y’a <strong>pas</strong> moyen…P<strong>ou</strong>rquoi t’as fait ça bordel ?<br />

37


Sylvie : On va <strong>ou</strong>blier…On…<br />

David : Mais rien du t<strong>ou</strong>t!<br />

Sylvie : Demain peut être que le soleil se lèvera…<br />

Il aura t<strong>ou</strong>t <strong>ou</strong>blié, on y pensera plus, j’irai chez le<br />

coiffeur…<br />

David : Chez le coiffeur…<br />

Sylvie : Oui…Ce matin, j’ai vu des cheveux gris<br />

quelque part…J’peux <strong>pas</strong> être vieille, <strong>pas</strong><br />

maintenant….Mickey il a besoin de sa maman<br />

encore longtemps…On va le chercher ce week<br />

end ?<br />

David : On va plus le chercher…<br />

Sylvie : Ah <strong>ou</strong>i…Plus du t<strong>ou</strong>t…<br />

David : Mais merde qu’est-ce t’as fait ?<br />

Sylvie : Il lui faisait mal…Elle disait rien…Elle le<br />

regardait…Elle avait peur…<br />

David : Cindy ? Il met un c<strong>ou</strong>p de pied dans le<br />

corps d’Henry…Espèce d’enculé !<br />

Un temps<br />

David : Va te c<strong>ou</strong>cher…<br />

Sylvie : Je t’aime tu sais…<br />

David : Ta gueule ! Va t’c<strong>ou</strong>cher ! ! ! Va<br />

t’c<strong>ou</strong>cher ! ! !<br />

Sylvie : Oui….T’as raison, je vais me c<strong>ou</strong>cher…<br />

Demain faudra <strong>pas</strong> qu’j’<strong>ou</strong>blie de me lever…(Elle<br />

se lève et se dirige vers sa chambre.) Bonne nuit<br />

mon grand…Ne te c<strong>ou</strong>che <strong>pas</strong> trop tard…<br />

38


Elle disparaît. David reste sur scène, regarde le<br />

corps et regarde au <strong>loin</strong> et pleure.<br />

4 ème temps<br />

Quelques mois plus tard. Sylvie est seule sur<br />

scène, elle regarde la télé. Rien à changer à<br />

l’intérieur.<br />

Un temps. On frappe à la porte. C’est Sonia.<br />

Sonia : Bonj<strong>ou</strong>r Madame…<br />

Sylvie : Bonj<strong>ou</strong>r…<br />

Sonia : C’est Sonia…<br />

Sylvie : Sonia ?….<br />

Sonia : Ouais…Ca va ?<br />

Sylvie : Oui….<br />

(Sylvie ret<strong>ou</strong>rne s’asseoir devant la télé.)<br />

Sonia : Ca y est le disque de David est sorti…Il<br />

m’a dit de v<strong>ou</strong>s l’apporter…Y’a une chanson p<strong>ou</strong>r<br />

v<strong>ou</strong>s…<br />

Sylvie : Ah…T’as la même voix que ta maman…<br />

Tu te s<strong>ou</strong>viens, elle m’apportait des gâteaux…<br />

Sonia : Ouais…Je crois qu’elle v<strong>ou</strong>s aimait bien…<br />

V<strong>ou</strong>s v<strong>ou</strong>lez l’éc<strong>ou</strong>ter…<br />

Sylvie : Quoi ?<br />

Sonia : <strong>Le</strong> disque , v<strong>ou</strong>s v<strong>ou</strong>lez l’éc<strong>ou</strong>ter….<br />

Sylvie : Non <strong>pas</strong> maintenant, je regarde mon<br />

feuilleton…Après…<br />

Sonia : Bah alors je le pose là…V<strong>ou</strong>s verrez c’est<br />

vraiment classe…(Un temps) V<strong>ou</strong>s devriez <strong>ou</strong>vrir<br />

les volets, il fait beau ce matin…<br />

39


Sylvie : Ca sert à rien…La nuit tombe vite…J’ai<br />

jamais le temps de les <strong>ou</strong>vrir…<br />

Sonia : Ca va ?… V<strong>ou</strong>s avez besoin de rien ?<br />

Sylvie : Oh non…J’ai t<strong>ou</strong>t ce qu’il me faut…Tu<br />

crois que Shirley est vraiment enceinte…<br />

Sonia : Shirley ?<br />

Sylvie : Moi je suis sûre, qu’elle fait croire ça à Bill<br />

p<strong>ou</strong>r le forcer à se marier…Je l’aime <strong>pas</strong> cellelà…<br />

Sonia : Ah <strong>ou</strong>ai d’accord…C’est ma p’tite sœur<br />

qui regarde ça, moi je suis <strong>pas</strong> trop…<br />

Sylvie : T’as tort, c’est beau…<br />

Sonia : Ouais…David va mieux…Il a un peu<br />

grossi même…Si v<strong>ou</strong>s v<strong>ou</strong>lez, j’p<strong>ou</strong>rrais je v<strong>ou</strong>s<br />

emmener le voir….<br />

Sylvie : Non…J’vais <strong>pas</strong> l’embêter…<br />

Sonia : Ca lui ferait plaisir…Il s’inquiète de trop…<br />

Sylvie : Faut t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs qu’il s’inquiète lui…Oh<br />

non…Elle a t<strong>ou</strong>t entendu , elle va l’répéter à Mac<br />

Neil cette garce….<br />

Sonia : Il s’est inscrit p<strong>ou</strong>r <strong>pas</strong>ser le bac…Au<br />

moins, il perd <strong>pas</strong> son temps…<br />

(Un temps)<br />

Sonia : Et Cindy ça va ?<br />

Sylvie : Cindy ?…Elle doit dormir à côté…<br />

Sonia : Bah non m’dame, Cindy elle est plus là…<br />

Sylvie : Bah non elle est plus là….<br />

40


Sonia : V<strong>ou</strong>s avez <strong>pas</strong> l’adresse de son foyer ?…<br />

Parce que David t<strong>ou</strong>tes les lettres qu’il lui envoie,<br />

elles reviennent…<br />

Sylvie : (t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs concentrée sur son feuilleton)<br />

Voilà…une vraie garce celle-là, remarque lui il est<br />

<strong>pas</strong> mieux…<br />

Sonia : Euh m’dame, v<strong>ou</strong>s avez <strong>pas</strong> l’adresse de<br />

Cindy ?<br />

Sylvie : Sur la table, y’a des papiers du tribunal…<br />

(Sonia épluche le c<strong>ou</strong>rrier abandonné sur la<br />

table.)<br />

Sonia : V<strong>ou</strong>s <strong>ou</strong>vrez <strong>pas</strong> vos lettres ?<br />

Sylvie : Non j’ai <strong>pas</strong> le temps…<br />

Sonia : Ah <strong>ou</strong>ai d’accord…Elle a changé de<br />

foyer…Maintenant , elle est à Mennecy…Dans le<br />

9-1…David, il veut que je lui envoie le CD…(Elle<br />

recopie.) F.J.O, 23 rue Marivaux…P<strong>ou</strong>rquoi ils<br />

l’ont changée ?<br />

Sylvie : …Faut t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs que ça s’arrête au<br />

meilleur moment…Et puis p<strong>ou</strong>rquoi ça s’arrête ?<br />

Ils sont cons…(Elle zappe.)…T’as <strong>pas</strong> de<br />

cigarette, toi ?<br />

Sonia : J’fume <strong>pas</strong>…V<strong>ou</strong>s v<strong>ou</strong>lez qu’j’aille en<br />

chercher ?…<br />

Sylvie : Non, je vais y aller…<br />

Sonia : Bah je vais descendre avec v<strong>ou</strong>s…On<br />

fera un petit t<strong>ou</strong>r…Y’a le marché auj<strong>ou</strong>rd’hui<br />

place Blanqui…<br />

Sylvie : <strong>Le</strong> marché ?…Oh non…<br />

41


Sonia : Si franchement…V<strong>ou</strong>s sortez <strong>pas</strong><br />

assez…Si v<strong>ou</strong>s v<strong>ou</strong>lez, on fait vite…<br />

Sylvie : Vite…Bon d’accord…Elle était gentille ta<br />

maman…<br />

Sonia : …Oui…<br />

Sylvie : Ton papa, il venait me voir dès fois…<br />

Sonia : Oui…<br />

Elles se fixent.<br />

Sonia : Allez v<strong>ou</strong>s habiller…Je v<strong>ou</strong>s attends…<br />

J’v<strong>ou</strong>s préviens, il fait chaud…Habillez-v<strong>ou</strong>s<br />

léger…<br />

Sylvie : Oui d’accord….Il rentre quand David ?<br />

Sonia : Bah dans trois ans si…<br />

Sylvie : Faut que je lui fasse un lit propre…<br />

(Elle sort. Sonia en profite p<strong>ou</strong>r faire un peu de<br />

ménage. Quelqu’un t<strong>ou</strong>rne le verr<strong>ou</strong>, la porte<br />

s’<strong>ou</strong>vre sur Marius , <strong>ou</strong>vrier en tenue de travail.<br />

Sonia ne l’entend <strong>pas</strong>.)<br />

Marius : Mais t’es qui toi ?<br />

(Sonia sursaute.)<br />

Sonia : Ah…Bonj<strong>ou</strong>r…V<strong>ou</strong>s m’avez fait peur…<br />

Marius : Faut <strong>pas</strong>…J’mords <strong>pas</strong>…<br />

Sonia : Moi c’est Sonia…<br />

Marius : Salut Sonia…Moi c’est Marius…T’es la<br />

fille de…<br />

Sonia : Non…Je suis la copine de son fils….<br />

42


Marius : Celui qu’a…<br />

Sonia : Ouais<br />

Marius : Et t’as <strong>pas</strong> peur ?<br />

Sonia : Peur de quoi ?<br />

Marius : C’est <strong>pas</strong> lui qu’a refroidit…<br />

Sonia : Un gros porc <strong>ou</strong>ai et alors ?<br />

Marius : Il p<strong>ou</strong>rrait…<br />

Sonia : Bah nan, j’crois <strong>pas</strong>…<br />

Marius : Après t<strong>ou</strong>t, chacun fait ce qu’il veut…<br />

Sonia : Il paraît…<br />

Marius : Elle est <strong>pas</strong> là la princesse ? …<br />

Sonia : Si…Non…Dans sa chambre…Mais on va<br />

sortir…<br />

Marius : Ah <strong>ou</strong>ai…<br />

(Il sort vers la chambre et referme la porte<br />

derrière lui.)<br />

(Quelques instants plus tard, apparaît Sylvie.)<br />

Sylvie : Sonia…<br />

Sonia : Ouais<br />

Sylvie : Finalement, j’irai <strong>pas</strong> au marché…<br />

Sonia : Sure…<br />

Sylvie : Oui…Un autre j<strong>ou</strong>r…<br />

Sonia : M’dame ….<br />

Sylvie : Allez à bientôt Sonia…<br />

43


Elle ressort. Sonia reste un instant pensive et sort<br />

en mettant le CD en évidence.<br />

5 ème temps<br />

L’appartement est vidé de ses meubles.. Entre le<br />

gardien de la cité suivi d’un c<strong>ou</strong>ple, la femme est<br />

enceinte.<br />

<strong>Le</strong> Gardien : Bon d’habitude v<strong>ou</strong>s inquiétez <strong>pas</strong><br />

l’ascenseur marche…Mais bon v<strong>ou</strong>s avez <strong>pas</strong> de<br />

chance…<br />

L’homme : Ca fait les jambes…<br />

<strong>Le</strong> Gardien : Bon bah voilà…<br />

L’homme : Ca a l’air grand…<br />

<strong>Le</strong> Gardien : Bah 84 m²…V<strong>ou</strong>s serez <strong>pas</strong> à<br />

l’étroit…<br />

La femme : C’est…<br />

<strong>Le</strong> Gardien : Pas de panique…C’est un peu<br />

sale…Ils vont le rénover…Y’a l’électricien qui<br />

vient demain..Et puis ils vont refaire les peintures,<br />

la plomberie…C’est <strong>pas</strong> la fée du logis qui vivait<br />

là moi je v<strong>ou</strong>s le dis…Mais bon un bon c<strong>ou</strong>p de<br />

peinture et ce sera comme neuf…<br />

L’homme : Et le chauffage ?<br />

<strong>Le</strong> gardien : Au sol…V<strong>ou</strong>s aurez <strong>pas</strong> froid…Moi<br />

v<strong>ou</strong>s savez je viens de la campagne, je peux<br />

v<strong>ou</strong>s dire que j’ai eu du mal à m’y faire, j’ét<strong>ou</strong>ffais<br />

moi là-dedans…V<strong>ou</strong>s êtes frileux par chez v<strong>ou</strong>s…<br />

L’homme : Y’a <strong>pas</strong> de balcon ?<br />

44


<strong>Le</strong> gardien : Ah non désolé, <strong>pas</strong> dans ceux là…<br />

<strong>Le</strong>s balcons, c’est ceux qui sont au b<strong>ou</strong>t…<br />

La femme : Avec le petit , moi j’préfère…<br />

<strong>Le</strong> gardien : Ouais c’est vrai que c’est plus sûr…<br />

Alors c’est un petit gars v<strong>ou</strong>s attendez ?<br />

La femme : Oui…Un petit Maxime…<br />

L’homme : Ou David…<br />

<strong>Le</strong> gardien : C’est t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs la guerre les<br />

prénoms…Bon par-là y’a la cuisine…C’est pareil,<br />

elle va être remise à neuf…<br />

L’homme : Y’a de la place…<br />

<strong>Le</strong> gardien : On peut y manger….<br />

(Ils le suivent vers la cuisine et sortent. La<br />

lumière d<strong>ou</strong>cement faiblit avec les voix. Cindy<br />

sort de sa chambre. Noir.)<br />

FIN<br />

45

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