RICHARD STRAUSS, FRANCIS POULENC ... - Opéra de Lyon
RICHARD STRAUSS, FRANCIS POULENC ... - Opéra de Lyon
RICHARD STRAUSS, FRANCIS POULENC ... - Opéra de Lyon
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
Les Trois poèmes <strong>de</strong> Louise Lalanne : Louise Lalanne n’a jamais existé<br />
et ces poèmes – fruits d’une mystification littéraire – sont <strong>de</strong> Guillaume<br />
Apollinaire et surtout, semble-t-il, extraits <strong>de</strong>s « cahiers <strong>de</strong> jeune fille » <strong>de</strong><br />
Marie Laurencin qui vivait alors avec le poète.<br />
Inspiré – dit Poulenc lui-même – par le finale <strong>de</strong> la Sonate funèbre <strong>de</strong> Chopin,<br />
Le Présent est d’une écriture véloce « une cavalca<strong>de</strong> » où la chanteuse doit<br />
donner l’impression d’intensité d’un souffle court. »<br />
Chanson ressemble à une comptine, une « chanson à compter : Am-stramgram,<br />
pic-et-pic-et co-lé-gram » selon Poulenc. Rythme imperturbable,<br />
« à jouer follement vite », pour une mélodie à la fois gaie, nerveuse et<br />
insouciante.<br />
« J’ai songé à un intérieur peint par Vuillard. Si on pense bien aux mots que<br />
l’on dit, la couleur viendra d’elle-même. » dit Poulenc en évoquant Hier, une<br />
mélodie teintée <strong>de</strong> douceur et <strong>de</strong> nostalgie.<br />
Les Deux poèmes <strong>de</strong> Louis Aragon sont les <strong>de</strong>ux seules mélodies composées<br />
par Poulenc sur <strong>de</strong>s textes du grand poète communiste français.<br />
C est une déploration, une évocation poétique du passage <strong>de</strong> la Loire aux<br />
Ponts-<strong>de</strong>-Cé par les foules tragiques fuyant l’envahisseur au printemps <strong>de</strong><br />
1940. Sur ce texte, Poulenc compose une <strong>de</strong> ses mélodies les plus sombres<br />
et nostalgiques à la fois, dans la tonalité rare d’ut bémol mineur. On raconte<br />
qu’à Bruxelles en 1944, toute la salle se leva sur l’avant-<strong>de</strong>rnier vers : Ô ma<br />
France, ô ma délaissée ».<br />
Contraste absolu avec Fêtes galantes : c’est toujours l’occupation qui est<br />
évoquée, mais <strong>de</strong> façon absur<strong>de</strong>, désinvolte, presque cynique. Sur le texte<br />
d’Aragon, Poulenc – selon ses propres mots – compose une « musique<br />
incroyablement vite, dans le style <strong>de</strong>s chansons <strong>de</strong> café-concert » ; « une<br />
musique <strong>de</strong> mouise pour un temps <strong>de</strong> mouise : Paris sous l’occupation. »<br />
REYNALDO HAHN<br />
« Reynaldo Hahn naquit à Caracas d’un père allemand et d’une mère<br />
vénézuélienne, d’origine espagnole. Sa nombreuse famille s’installa à Paris<br />
lorsqu’il avait quatre ans. C’est ainsi qu’il put <strong>de</strong>venir la coqueluche <strong>de</strong>s<br />
salons <strong>de</strong> la Belle Epoque. Ses mélodies firent l’admiration <strong>de</strong> Proust et <strong>de</strong><br />
Mallarmé, et cela <strong>de</strong>vrait suffire à écarter l’image <strong>de</strong> charmant compositeur<br />
<strong>de</strong> salon dont souffre généralement Reynaldo Hahn ; il se révéla dans ses<br />
quelques cent vingt-cinq mélodies un auteur profond et inspiré. Ami <strong>de</strong>s<br />
poètes et <strong>de</strong>s écrivains, il était doué d’un sens inné du mot et <strong>de</strong> la prosodie.<br />
Baryton au timbre lumineux, il avait l’art <strong>de</strong> traduire cette sensibilité en<br />
mélodies splendi<strong>de</strong>s et mélancoliques. Car Hahn, nous apprend Proust, avait<br />
« la voix la plus belle, la plus triste et la plus chau<strong>de</strong> qui fut jamais ». Et,<br />
<strong>de</strong>rrière la séduction immédiate <strong>de</strong> ses mélodies, il est toujours une ombre<br />
qui plane. » (Sophie Gretzel)<br />
Sur <strong>de</strong>s textes <strong>de</strong> Victor Hugo, Rêverie et Si mes vers avaient <strong>de</strong>s ailes<br />
font partie d’un premier recueil <strong>de</strong> vingt mélodies composées et éditées entre<br />
1888 et 1900. Œuvres <strong>de</strong> jeunesse dont certaines témoignent déjà d’une<br />
gran<strong>de</strong> sensibilité et d’une inventivité certaine.<br />
Chanson d’Automne fait partie d’un court cycle composé en 1893 sur<br />
<strong>de</strong>s textes <strong>de</strong> Verlaine : Chansons grises. Cette mélodie est construite sur<br />
une alternance <strong>de</strong> passages déclamés par la voix, « à peine soutenus » et <strong>de</strong><br />
passages pianistiques plus <strong>de</strong>nses.<br />
Reynaldo Hahn sut aussi exploiter une veine plus légère. En témoigne ce<br />
chef-d’œuvre <strong>de</strong> l’opérette qu’est Ciboulette, sur un livret <strong>de</strong> Robert <strong>de</strong> Flers<br />
et Francis <strong>de</strong> Croisset. Dans l’air C’est sa banlieue, Ciboulette présente son<br />
petit coin <strong>de</strong> campagne – Aubervilliers – à l’homme qu’elle finira par épouser<br />
après bien <strong>de</strong>s péripéties.<br />
En témoignent également ses collaborations avec Sacha Guitry dont <strong>de</strong>ux<br />
comédies musicales brillantes et spirituelles : Mozart et O mon bel inconnu,<br />
créées pour Madame Sacha Guitry, Yvonne Printemps, gran<strong>de</strong> chanteuse<br />
gran<strong>de</strong> diseuse. En sont extraits, respectivement, l’Air <strong>de</strong> la lettre et C’est<br />
très vilain d’être infidèle.<br />
OSCAR STRAUS<br />
Né à Vienne en 1870, Oscar Straus est chef d’orchestre – assistant <strong>de</strong> Mahler<br />
à l’<strong>Opéra</strong> <strong>de</strong> Hambourg – et compositeur – il étudie avec Max Bruch. Il<br />
travaille à Berlin pour le célèbre cabaret <strong>de</strong> l’Überbrettl : il y est pianiste et<br />
compose plusieurs centaines <strong>de</strong> chansons. A Vienne, ses opérettes le ren<strong>de</strong>nt<br />
aussi célèbre que Lehár (comme lui, il passera les <strong>de</strong>rnières année <strong>de</strong> sa vie<br />
à Bad Ischl). Fuyant le nazisme, il se réfugie à Paris qu’il connaît bien : il y<br />
a travaillé avec Sacha Guitry pour Mariette, pièce créée en 1928 au Théâtre<br />
Edouard VII avec Yvonne Printemps : la valse Adieu mon amour adoré<br />
– délicieuse et émouvante – en est un extrait.<br />
Je<strong>de</strong> Frau hat irgen<strong>de</strong>ine Sehnsucht (Chaque femme a quelque désir)<br />
et Warum soll eine Frau kein Verhältnis haben? (Pourquoi une femme<br />
n’aurait-elle pas une liaison ?) sont <strong>de</strong> chansons écrites sur <strong>de</strong>s textes<br />
d’Alfred Grünwald, librettiste qui travailla avec Oscar Straus, mais aussi<br />
Emmerich Kalman, Paul Abraham, Franz Lehár… Chansons pleines <strong>de</strong> sousentendus,<br />
<strong>de</strong> séduction, <strong>de</strong> délices plus ou moins clan<strong>de</strong>stines, <strong>de</strong> sourires et<br />
<strong>de</strong> murmures amoureux.<br />
Je ne suis pas ce que l’on pense et C’est la saison d’amour : <strong>de</strong>ux airs<br />
piquants, rêveurs ou joyeux extraits <strong>de</strong>s Trois Valses, une <strong>de</strong>s plus célèbres<br />
opérettes d’Oscar Straus, sur un livret d’Albert Willemetz et Leopold Marchand :<br />
c’est l’histoire <strong>de</strong> trois générations d’une famille d’artistes et d’une famille<br />
d’aristocrates qui se sont rencontrées, sur les trois temps <strong>de</strong> la valse.<br />
Sources et remerciements : Gui<strong>de</strong> <strong>de</strong> la mélodie et du lied, Ed. Fayard ;<br />
Sophie Gretzel<br />
23 24