O NIQUE DES ARTS P L A S T IQUES DE L A FÉ DÉ R A T ION W A ...
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LA<br />
(RE) MISE<br />
EN JEU<br />
<strong><strong>DE</strong>S</strong> TER-<br />
RITOIRES<br />
Vincent Meessen,<br />
Vue d‘exposition à Argos,<br />
Dear Adviser (2009) et Parcs (2010)<br />
© Normal<br />
Vincent Meessen,<br />
Still image, Vita Nova (2009)<br />
© Normal<br />
Vincent Meessen Extra Muros<br />
Entre expositions solo (My Last Life à l’espace<br />
Khiasma et au Netwerk Art Center à Alost,<br />
Cher Conseiller au FRAC-Lorraine extramuros),<br />
collectives et pratiques artistiques étendues<br />
(curateur pour l’association Normal d’un cycle<br />
de projections autour du fait colonial, intitulé<br />
Hantologie des colonies) 1 , l’œuvre hybride de<br />
Vincent Meessen se démultiplie sous toutes<br />
ses facettes (fi lms, photographies, sculptures,<br />
publications), avançant les enjeux d’une recherche<br />
incessante sur le réagencement des<br />
documents et des territoires.<br />
Dans l’obscurité fantomatique d’une ville africaine, des hommes<br />
parcourent les rues, portant des pancartes où s’inscrivent des<br />
mots en néon rouge. Au ralenti, les mots semblent fl otter, traversant<br />
un espace troublé par cette étrange procession. Enfi n,<br />
lorsque tout semble fl ou, abstrait, déconstruit dans une poésie<br />
autonome, les mots s’alignent et trouvent leur sens dans une<br />
phrase qui se déploie, portée à bout de bras : “C’est beau une<br />
règle qui souffre”. Comme dans cette performance fi lmée intitulée<br />
A Broken Rule (2007), il existe, dans les pratiques artistiques<br />
de Vincent Meessen (Baltimore, 1971 ; vit et travaille à Bruxelles),<br />
un réagencement constant des choses. S’emparant de documents,<br />
de paysages, d’architectures, de textes, il les propose<br />
sous une nouvelle cartographie du sens. Ce réagencement<br />
prend des formes multiples, dans les associations d’images,<br />
le médium utilisé, le son; les performances sont revisitées par<br />
le prisme de l’image en mouvement (The Intruder en 2005,<br />
‘document brut’ dans lequel Meessen, couvert de fl eurs de<br />
coton, parcourt les rues de Ouagadougou), les récits oraux<br />
viennent troubler le cours des représentations sur lesquelles<br />
ils s’inscrivent (Dear Advisor, la fable sur le corbeau qui veut<br />
imiter l’aigle teinte les vues de Chandigarh, une architecture<br />
moderniste proposée par Le Corbusier dans les années 50,<br />
d’une autre couleur).<br />
Les fondements ontologiques de cette recherche se dessinent<br />
au fi l d’œuvres, entre autres fi lmiques, et de questionnements incessants<br />
sur le territoire. Ce dernier semble être en effet le point<br />
de convergence, se déclinant de façon explicite dans certains<br />
récits (ceux du conte africain des Sociétaires/De Vennoten), au<br />
cœur de l’image représentée (dans les références, concrètes<br />
et abstraites, des coordonnées de N12° 13.062/W001°32.619<br />
Extended), dans des variations chromatiques (les glissements<br />
visuels progressifs dans The Residents, conçu avec Adam<br />
Leech), dans le choix de se pencher sur l’identité nationale (l’ironique<br />
Made in Belgium réalisé en collaboration avec Laurent<br />
Flamand en 2006) ou encore, de lier sa pratique artistique à<br />
l’Afrique et plus spécifi quement à Ouagadougou depuis 2004.<br />
Un territoire en reconfi guration systématique, forcément politique,<br />
en corrélation directe avec la question de l’identité.<br />
Car chez Meessen, se croisent et se recroisent les propos de<br />
Deleuze et Guattari sur la déterritorialisation, “ce mouvement par<br />
lequel on quitte le territoire. C’est l’opération de la ligne de fuite.<br />
Mais des cas très différents se présentent. La déterritorialisation<br />
peut être recouverte par une reterritorialisation qui la compense<br />
(…). N’importe quoi peut faire offi ce de reterritorialisation, c’està-dire<br />
“valoir pour” le territoire perdu ; on peut en effet se reterri-<br />
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