O NIQUE DES ARTS P L A S T IQUES DE L A FÉ DÉ R A T ION W A ...
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ÉTHIQUE<br />
TOC<br />
ET TICS<br />
TECH<br />
SELON<br />
NATALIA<br />
<strong>DE</strong> MELLO Natalia<br />
NATALIA <strong>DE</strong> MELLO<br />
PAYSAGES BUREAUTIC<br />
LOW-TEC<br />
DU 10.09 AU 30.10.2011<br />
PERFORMANCE<br />
RADICAUX LIBRES<br />
AVEC LE MUSICIEN GAUTHIER KEYAERTS<br />
ET SPAM <strong>DE</strong> VALÉRIE CORDY<br />
LE 30.09.2011<br />
RENCONTRE ET PRÉSENTAT<strong>ION</strong><br />
DU PROJET<br />
ICI… REGAR<strong>DE</strong><br />
CONSACRÉ À L’ART PUBLIC AVEC LA<br />
COMPLICITÉ <strong>DE</strong> LA PLASTICIENNE<br />
EVELYN FISCHER-LENOTTE<br />
LE 5.10<br />
ET SOIRÉE VI<strong>DÉ</strong>OS LE 7.10.2011<br />
CENTRE CULTUREL JACQUES FRANCK<br />
94 CHAUSSÉE <strong>DE</strong> WATERLOO, 1060<br />
BRUXELLES<br />
WWW.CCJF.BE<br />
Natalia de Melo<br />
1. “Histoires de relations”,<br />
http://nataliademello.com/.<br />
2. Le DVD interactif de MéTAmorphoZ —<br />
lauréat du Prix multimédia de la Fédération<br />
Wallonie-Bruxelles 2005 — rend compte<br />
de ces collaborations qui se poursuivent aujourd’hui<br />
encore avec le projet GPS (Gioconda<br />
Painting Show), avec l’assistance technique<br />
de Numédiart. Cf. l’article de Philippe Franck,<br />
“Multiperformances et hybridintimités” in l‘art<br />
même 46, 2010, p. 18-19.<br />
3. Ce projet, qui a débuté avec “Ami: mode<br />
d’emploi” en 2003 à l’occasion d’une première<br />
invitation à participer à l’exposition collective<br />
La science de l’art au Centre culturel Jacques<br />
Franck, a notamment donné lieu à Ami à<br />
remettre en 2004 puis à l’installation-performance<br />
Ami se construit grâce à vous chez<br />
Recyclart en 2005.<br />
de Mello, Radicaux libres,<br />
Montage d’images issues de la performance<br />
Radicaux libres de Natalia de Mello<br />
(visuel) et Gauthier Keyaerts (musique).<br />
© 2011 Natalia de Mello.<br />
En invitant NATALIA <strong>DE</strong> MELLO à exposer en<br />
ses murs et en lui consacrant pas moins de trois<br />
événements durant cette période, le Centre<br />
culturel Jacques Franck nous offre l’occasion<br />
de découvrir les diverses facettes du travail de<br />
cette artiste protéiforme présente sur la scène<br />
artistique — sans interruption mais non sans<br />
métamorphoses — depuis le début des années<br />
1990.<br />
Comme elle s’en explique elle-même dans un court texte éclairant<br />
que l’on peut retrouver sur son site 1 , “Mon travail était essentiellement<br />
axé sur l’exploration formelle de l’espace et j’en<br />
suis venue à m’interroger sur le rapport entre le moment de la<br />
création dans l’espace de l’atelier et le moment de l’exposition<br />
qui est censé accueillir et intégrer le visiteur, soit sur la relation<br />
de l’œuvre au public. Cette remise en perspective de mon travail<br />
m’a amenée à investir des lieux où je pouvais travailler sur la<br />
circulation et le rythme de la déambulation en co-construisant<br />
une fi ction avec le concours du visiteur. Il s’agissait en quelque<br />
sorte autant de sortir l’art de la vitrine de la galerie que de faire<br />
pénétrer le public dans l’espace de l’œuvre. Cette double préoccupation<br />
pour le rapport à l’espace (comment investir un lieu;<br />
comment organiser la circulation dans ce lieu ; comment dérouler<br />
cet espace dans le temps) et pour la relation à l’autre (comment<br />
susciter la rencontre et accueillir l’autre ; comment produire<br />
un échange ; comment construire une mémoire partagée) pourrait<br />
défi nir globalement ma démarche artistique depuis 2000.”<br />
IntraMuros<br />
Après des études de dessin, de gravure et de photographie,<br />
Natalia de Mello s’est aventurée sur des sentiers moins balisés<br />
en s’associant avec Valérie Cordy pour créer le collectif<br />
MéTAmorphoZ durant cinq intenses années de recherches,<br />
de spectacles, de performances et d’installations2 qui auront<br />
quelque peu bousculé les arts de la scène devenus lieu d’expérimentation<br />
multimedia et d’hybridation des pratiques artistiques<br />
et des technologies numériques. Amorcée dans le cadre du<br />
collectif avec Doppelgänger, performance traitant de la surveillance,<br />
de la traçabilité et du thème du double électronique,<br />
puis avec la présentation du spectacle-manifeste J’tapLDkej’pe<br />
en 2004 au Théâtre des Doms en Avignon, la réfl exion de Natalia<br />
de Mello se poursuit sur les rapports entre l’humain et la machine<br />
(forcément humaine) depuis son projet personnel Ami : mode<br />
d’emploi et Ami se construit grâce à vous3 — préfi guration ironique<br />
de Facebook. On retrouvera du reste des réminiscences<br />
et des prolongements de ses travaux précédents, plus critiques<br />
et grinçants sur notre société de surveillance et d’exploitation<br />
de l’humain machinique, dans la présente exposition. Les propositions<br />
plastiques génériquement regroupées sous l’intitulé<br />
Paysages bureauTIC low-TEC sont autant de réfl exions sur notre<br />
condition(nement) technologique actuel(le) fondée sur des outils<br />
numériques qui constituent le langage de notre temps, celui<br />
que nous utilisons tous dans notre quotidien engageant alors<br />
l’artiste dans de nouvelles recherches sur notre environnement<br />
bureautique où vie privée et professionnelle, espace domestique<br />
et bureau sont désormais inextricablement mêlés. Pour l’artiste<br />
comme pour tout un chacun, le bureau de notre ordinateur est<br />
devenu non seulement notre cadre de vie et de travail où se<br />
gèrent dans ses fenêtres surgissantes nos dossiers affectifs et<br />
administratifs, nos réseaux sociaux et nos relations professionnelles,<br />
notre rapport au monde (on va sur Google Earth pour<br />
aller surveiller son chez soi), notre identité (traçable en dépit<br />
des multiples avatars que l’on peut se créer dans l’espace du<br />
web, de Myspace à Twitter en passant par Secondlife) et notre<br />
mémoire (stockée sur disque dur ou sur Flicker et Facebook).<br />
Ce que rendent sensible et manifestent les vidéos telles que<br />
Technologie mon amour domestique et les captures d’écran<br />
imprimées de Natalia de Mello — fruits d’un artisanat et d’un<br />
savoir-faire manuel effectués dans l’atelier, lequel est aussi son<br />
bureau d’ordinateur —, et qui est au cœur de son propos actuel,<br />
c’est la prise d’acte que l’ordinateur (connecté à l’ensemble de<br />
nos moyens de communication et d’expression) est bel et bien<br />
devenu notre indispensable double et notre interface obligée<br />
avec le monde. Avec un écran pour corps, un disque dur pour<br />
cerveau, un clavier comme mains et des câbles comme jambes,<br />
le monde 2.0 adapté à nos usages prosaïques et profanes nous<br />
inocule en même temps, bien souvent à notre insu et à notre<br />
corps défendant, une nouvelle esthétique où l’information se fait<br />
lumière et la mise en récit de notre existence — soit le sens que<br />
nous lui conférons — est faite par in(ter)férences de fragments<br />
et de bribes de réalité, et d’une nouvelle éthique où le besoin<br />
prend force de droit.<br />
Les paysages bureautiques de Natalia de Mello — qui sont aussi<br />
inévitablement toujours des portraits, c’est-à-dire non pas de<br />
simples refl ets de notre apparence mais des tentatives de fi guration<br />
des formes de notre pensée — participent donc forcément<br />
dans le même temps du dévoilement et du jeu de miroir, de la<br />
confi guration et de la recomposition. Bref, comme toujours en<br />
art, puisque nous avons bien affaire ici à un propos de plasticienne<br />
avant tout, de la “pensée plastique” qui n’a de réalité que<br />
celle de la plasticité de notre pensée dont l’ordinateur lui-même<br />
n’est jamais qu’un avatar (et non l’inverse). Et en plasticienne<br />
avertie, Natalia de Mello sait comment amener la profondeur<br />
dans la surface de ses écrans — paysages que l’on ne parcourt<br />
que des yeux, miroirs faits pour la circulation de la pensée qui<br />
se tient précisément dans cet interstice.<br />
Daniel Vander Gucht, professeur de sociologie à l’ULB et éditeur.<br />
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