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6 N° 5 • Mai 2008
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20 Ans Le bus de terrain roule
enfin normalement
Il y a eu beaucoup d'appelés mais peu d'élus. Profibus, Fieldbus Foundation,
CANopen , DeviceNet et Asi sont les principaux vainqueurs d'une furieuse bataille
qui a atteint sont paroxysme à la fin des années 90, avec la préparation de
la norme internationale IEC61158..
Le concept de bus de terrain est apparu au début des années
80 : les architectures décentralisées et le déport
d'entrées/sorties étaient déjà en vogue et on pressentait
que l'on irait encore plus loin, c'est-à-dire jusqu'au raccordement
des capteurs et des actionneurs (variateurs de
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pour en finir avec les traditionnelles liaisons fil à fil, très
coûteuses. L'économie de câblage n'était pas le seul
objectif visé, il s'agissait aussi d'exploiter à plein les possibilités
apportées par l'arrivée de l'électronique numérique
dans les instruments de terrain, notamment
le paramétrage et le diagnostic à distance. Les enjeux
faisaient l'unanimité, il restait à se mettre d'accord sur
les moyens de faire communiquer entre eux des produits
venant de constructeurs différents. Autrement
dit, il fallait élaborer des normes. Et c'est là que tout
est devenu compliqué.
Tout d'abord, il y a eu l'échec des francs-tireurs. Le Genius
de GE-Fanuc avait tout pour s'imposer mais le
constructeur n'a pas voulu ouvrir sa technologie, ou
alors trop tard. Le SDS d'Honeywell était prometteur,
plus ouvert, mais le constructeur n'avait pas d'ambition
assez affirmée dans les process manufacturiers. Le
Bitbus d'Intel souffrait un peu du même handicap. Le
premier bus de terrain ouvert à connaître le succès aura
été l'Interbus S de Phoenix Contact. L'industrie automobile
l'avait même quasiment normalisé, au grand
dam des constructeurs traditionnels d'automates programmables.
Mais quand Siemens est passé à la vitesse
supérieure avec son Profibus, Interbus a perdu pied,
lentement mais inexorablement.
Aujourd'hui, les jeux sont faits. Rétrospectivement, on
peut s'interroger sur la finalité de la furieuse bataille
de huit ans qui a précédé l'établissement de la norme
IEC 61158 au début de l'année 2000. Chaque constructeur
ou consortium de bus de terrain avait pourtant
affirmé qu'il se conformerait à la future norme unique
que tous les utilisateurs appelaient de leurs vœux.
Dans le processus d'élaboration de la norme, chacun
avait essayé de faire en sorte que la norme aille dans
son sens (c'était de bonne guerre, ce qui pouvait passer
par des alliances tactiques (avec notamment la création
de l'ISP en 1992), qui ne résistaient pas longtemps
à la rivalité entre les différents acteurs en lice
(notamment Siemens, Emerson/Rosemount et Honeywell).
Dans ce registre, le Français FIP avait joué le
jeu à fond, un peu naïvement sans doute. La norme
en projet prenait en compte les grands principes de FIP,
elle avait l'appui des Américains et tout semblait aller
pour le mieux. Mais le consortium Profibus, malgré ses
déclarations antérieures, ne pouvait accepter la chose
car les principes fondateurs de Profibus étaient
trop éloignés de ceux de la norme. Du coup, dans la
dernière ligne droite, avec les actions de lobbying (et
quelques coups tordus), le consensus est devenu impossible
et le projet de norme ne pouvait pas être voté
en l'état. De guerre lasse, la CEI sortira quand même
la norme IEC61158, mais en donnant raison à
tout le monde : cette norme n'est en fait qu'un catalogue
rassemblant tous les grands standards (de
l'époque) de bus de terrain reconnus par le marché.
Du coup, la norme s'est alors vu attribuer le sobriquet
de "monstre à 8 têtes", car elle comportait 8 variantes,
toutes incompatibles entre elles... Plus grave,
les utilisateurs n'étaient pas plus avancés, leur rêve de
norme unique s'envolait. Mais pour les constructeurs,
même si c'est par pays interposés (à la CEI, seuls les pays
sont habilités à voter), la bataille pour l'IEC 61158 se
justifiait car cette norme devait servir d'appui à une autre
norme européenne (EN50170), qui était imposée dans
les appels d'offres de marchés publics en Europe...
Depuis, la situation est calme, le marché a fait ses
choix. Le Français FIP (devenu WorldFIP) n'est plus
dans la course mais ses principes vivent dans d'autres
bus de terrain, notamment la FieldbusFoundation.
D'autres bus sont arrivés (Asi, DeviceNet) sans faire de
vagues. Même chose pour les Ethernet industriels appelés
à succéder à terme aux bus de terrain : une
bonne demi-douzaine de propositions sont en lice, personne
ne songe à élaborer une norme unique. L'histoire
de l'IEC61158 a laissé des traces...