Le Cycle de l'Eveil - Fnac

place d’anciennes bâtisses décrépies rasées pour la circonstance, alors que
peu à peu une Zone périurbaine défavorisée se développait à l’image des
grandes cités des autres pays. Ici, très peu de ces hauts HLM modernes, les
habitations se limitaient à d’anciens immeubles de briques grisonnantes
terriblement usées par le temps.
C’était dans un de ces appartements que vivaient les Dogatchev, en
périphérie, dans ce que l’on pouvait considérer comme les beaux quartiers
de la Zone. La vie y était dure et les restrictions quotidiennes, mais
Nicholaï et Illyana travaillaient dur pour nourrir leurs deux enfants et leur
permettre d’aller à l’école. Même si une bonne éducation n’était pas le
garant d’un emploi, c’était en tout cas un atout supplémentaire.
Agé de douze ans, le jeune Jarkov avait réussi à échapper à ses corvées
pour aller attendre son père à la sortie de l’usine. Avec son visage carré aux
traits rudes, il était le portrait craché de son paternel que ses collègues
surnommaient l’ours.
Nicholaï était un homme robuste au front bas et à la courte chevelure
brune. Il avait enfilé un manteau au cuir synthétique élimé par dessus sa
salopette bleu nuit. L’enfant avait sauté dans les bras de son père pour
l’embrasser. Nicholaï n’avait répondu que par un grognement qui se
voulait être chaleureux.
C’était un homme aussi dur que ce pays. Il parlait peu et son éducation
était sévère pour garder ses enfants dans le droit chemin. Il n’exprimait
guère ses sentiments, même si son amour pour ses enfants était sans limite. Il
aurait aimé offrir de meilleures conditions de vie à sa famille, mais il faisait
son maximum sans y arriver. Son salaire était une misère et sa femme
n’arrivait à décrocher que des petits travaux ponctuels selon les besoins des
uns et des autres.
S’il avait du mal à croire la propagande gouvernementale qui, tous les
ans, promettait une relance de l’économie pour tous – et non plus que pour
la bourgeoisie comme c’était sans cesse le cas-, Nicholaï voulait garder
espoir en un avenir meilleur pour ses enfants. En cela il était porté par sa
foi en Dieu qu’il entretenait au sein de l’orthodoxie chrétienne.
L’usine – travail à la chaine rébarbatif aux côtés des robots industriels –
ne se situait qu’à quelques pâtés de maisons du quartier des Dogatchev. Il
fallait à peine un quart d’heure à Nicholaï pour s’y rendre. Contrairement à
une partie de ses collègues désabusés, il ne dépensait pas sa paye dans les
bars après le travail. Parfois il rêvait d’aller travailler la terre comme le
faisait son grand-père, une vie dure, mais sans doute une vie meilleure.
Mais cette option n’existait plus, aujourd’hui il ne restait que de grands
propriétaires terriens employant des ouvriers aussi esclaves qu’à l’usine et
usant d’engins agricoles aux dimensions monstrueuses. Nicholaï avait lu
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