Le Cycle de l'Eveil - Fnac

que de véritables ponts agricoles presque aussi larges qu’un champ seraient
l’avenir des agriculteurs ; le fermier traditionnel avait bel et bien disparu.
L’homme et l’enfant s’approchaient de leur domicile. Le bitume avait
souffert du temps ; de multiples ornières le déformaient. Les murs étaient
ternis par la pollution émise en grande partie par les usines volontairement
construites en périphérie de la Zone. De nombreux tags, souvent simples
signatures, ajoutaient à la dégradation ambiante. Bien qu’il fasse partie des
plus corrects de la Zone, le quartier était sale et désolant, un tue l’espoir.
Piotr jouait sur le trottoir avec des voisins. Il avait les traits bruts des
hommes de la famille et une carrure impressionnante. Malgré ses un an de
moins, son « petit » frère, Jarkov, était déjà plus grand et plus large que lui.
– Des hommes sont à la maison, papa, alerta Piotr.
– Des hommes ? s’inquiéta Nicholaï en fronçant ses petits yeux d’un
brun aussi sombre que ceux de ses fils.
– Le père Vladimir est avec eux, précisa le jeune adolescent.
– Oh ! rétorqua simplement Nicholaï.
Ordonnant à ses deux fils de rester dehors, l’homme s’engouffra dans
l’étroit escalier à la lumière défaillante pour monter au troisième étage.
Le prêtre à la barbe grisonnante salua Nicholaï et lui présenta deux
hommes, des religieux eux aussi venus de la Fédération Unifiée
Européenne spécialement pour Jarkov.
Nicholaï les invita à s’asseoir alors qu’Illyana ramenait une bouteille de
vodka et quatre verres. Dogatchev lui fit un petit signe entendu et sans un
mot, Illyana se retira dans la cuisine. Sous son tablier bleu, des rondeurs
indiquaient un futur heureux événement.
– De quoi s’agit-il, demanda Nicholaï qui n’avait pas l’habitude de
tourner autour du pot.
Ce ne fut pas le père Vladimir qui parla mais un homme qui devait avoir
l’âge de Nicholaï et à la carrure presque aussi impressionnante que lui.
Avec son nez cassé et un visage taillé à la serpe, il affichait une franchise
qui plaisait à Dogatchev.
– Je serai direct, nous venons vous parler de votre cadet. Votre fils
Jarkov vous a peut-être fait part que nous avons eu une entrevue avec lui
samedi dernier après l’office.
Le père Vladimir fit la traduction.
Nicholaï fronça des sourcils. Jarkov n’était pas plus bavard que son père
– une bonne chose – et il ne lui parlait que de ce qui lui semblait
important ; il ne lui avait rien dit.
– Non.
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