Transports urbains durables en Méditerranée - CMI
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Version provisoire (novembre 2012)<br />
Pour tout comm<strong>en</strong>taire merci de contacter :<br />
Juli<strong>en</strong> Allaire, directeur technique de CODATU (jallaire@codatu.org)<br />
Partie 1<br />
<strong>Transports</strong> <strong>urbains</strong> <strong>durables</strong><br />
<strong>en</strong> <strong>Méditerranée</strong><br />
Synthèse des séminaires 2010-2011
Ont participé à l’ori<strong>en</strong>tation, l’élaboration, l’écriture et la relecture de cet ouvrage<br />
AGENCE FRANÇAISE DE DEVELOPPEMENT :<br />
CODATU :<br />
CERTU :<br />
M. Xavier HOANG, Responsable Projet <strong>Transports</strong><br />
REMERCIEMENTS<br />
M. Juli<strong>en</strong> ALLAIRE, Directeur Technique<br />
Mme Laurie MALDERA, Mme Camille MARTINET et M. Charles SIMON, chargés de mission<br />
M. Thierry GOUIN, Chargé de Mission International<br />
CETE MEDITERRANEE :<br />
PLAN BLEU :<br />
MEDCITES :<br />
Mme Marine MILLOT, Chef de Service AUSE<br />
M. B<strong>en</strong>jamin FOUCHARD, Chef de projet Insertion Urbaine<br />
M. Sylvain HOUPIN, Chargé de mission Villes<br />
M. Gabriel JODAR, Consultant FormaPlan<br />
Nous souhaitons égalem<strong>en</strong>t remercier tout particulièrem<strong>en</strong>t ces personnes qui ont contribué par<br />
leur implication constante au cycle UD4 (par ordre alphabétique) :<br />
M. Xavier GODARD (expert) ; M. Alexis JOVIGNOT (CODATU) ; Mme Vanessa KUZAY (Ville de<br />
Marseille) ; M. Olivier LAVINAL (<strong>CMI</strong>) ; M. Jacques LEGAIGNOUX (ex-CETE) ; M. Joan PARPAL<br />
(MedCités) ; Mme Chantal PICARD (CODATU) ; Mme Flor<strong>en</strong>ce SAINT-PAUL (ex CETE) ; Mme<br />
Jocelyne VAUQUELIN (AFD) ; M. Bernard VIDEAU (Ministère français de l’Ecologie, du<br />
Développem<strong>en</strong>t Durable et de l’Energie)<br />
Ainsi que les nombreux interv<strong>en</strong>ants, participants et part<strong>en</strong>aires qui ont fait le succès de chaque<br />
r<strong>en</strong>contre du cycle <strong>Transports</strong> Urbains Durables <strong>en</strong> <strong>Méditerranée</strong> du <strong>CMI</strong>…<br />
2
PREAMBULE<br />
Cet ouvrage synthétise les travaux du programme « <strong>Transports</strong> Urbains Durables » du C<strong>en</strong>tre de<br />
Marseille pour l’Intégration <strong>en</strong> <strong>Méditerranée</strong> (<strong>CMI</strong>). Ce programme a pour objectif de développer<br />
une approche intégrée complète <strong>en</strong> vue de planifier, gérer et développer des politiques et des<br />
systèmes de transports <strong>urbains</strong> <strong>durables</strong> et effici<strong>en</strong>ts.<br />
Il a été construit pour permettre non seulem<strong>en</strong>t de r<strong>en</strong>forcer le réseau méditerrané<strong>en</strong> de<br />
compét<strong>en</strong>ces dans ce domaine, mais égalem<strong>en</strong>t pour favoriser la création d’une boîte à outils<br />
méthodologiques et concrets adaptée aux villes de la <strong>Méditerranée</strong>. Le programme a égalem<strong>en</strong>t été<br />
conçu pour élaborer une culture commune de la mobilité durable dans le bassin méditerrané<strong>en</strong>,<br />
développer des part<strong>en</strong>ariats internationaux et diffuser les bonnes pratiques [<strong>CMI</strong>, 2011] 1 .<br />
Le programme « <strong>Transports</strong> Urbains Durables » est piloté par l’Ag<strong>en</strong>ce Française de Développem<strong>en</strong>t<br />
(AFD) qui <strong>en</strong> assure ainsi le montage, la recherche de financem<strong>en</strong>ts et la mise <strong>en</strong> œuvre avec l’appui<br />
de CODATU et des c<strong>en</strong>tres d’expertise spécialisés du réseau sci<strong>en</strong>tifique et technique du ministère<br />
français de l’écologie (CERTU, CETE <strong>Méditerranée</strong> et Sud-ouest) et du Plan Bleu. Les autres<br />
part<strong>en</strong>aires de l’AFD pour ce programme ont été la Banque Mondiale, la Banque Europé<strong>en</strong>ne<br />
d’Investissem<strong>en</strong>t (BEI) et les villes ou pays hôtes des différ<strong>en</strong>ts évènem<strong>en</strong>ts.<br />
Dans ce cadre, plusieurs séminaires ont été organisés <strong>en</strong>tre 2010 et 2012. Une première confér<strong>en</strong>ce<br />
inaugurale du programme a eu lieu à Damas du 11 au 13 Avril 2010 sur le thème « Mobilité urbaine<br />
et développem<strong>en</strong>t durable ». La deuxième r<strong>en</strong>contre a été organisée à Marseille du 29 Novembre au<br />
1 er Décembre 2010. Elle portait sur « les déplacem<strong>en</strong>ts vers et dans les cœurs des villes : c<strong>en</strong>tres<br />
anci<strong>en</strong>s et médinas ». Du 17 au 20 octobre 2011, les participants se sont réunis à Barcelone pour<br />
travailler sur les « outils pour accompagner les évolutions de la mobilité urbaine durable <strong>en</strong><br />
<strong>Méditerranée</strong> ».<br />
Cet ouvrage s’appuie donc sur les multiples contributions sci<strong>en</strong>tifiques, études de cas et dossiers<br />
d’expertise qui ont été prés<strong>en</strong>tés au cours de ces manifestations et donne volontairem<strong>en</strong>t une place<br />
importante aux expéri<strong>en</strong>ces qui ont été prés<strong>en</strong>tées au cours de ces différ<strong>en</strong>tes r<strong>en</strong>contres.<br />
Malheureusem<strong>en</strong>t, ce docum<strong>en</strong>t ne peut repr<strong>en</strong>dre l’<strong>en</strong>semble des exposés et des discussions qui<br />
ont nourris les échanges <strong>en</strong>tre les experts v<strong>en</strong>us des différ<strong>en</strong>ts pays méditerrané<strong>en</strong>s. Pour plus<br />
d’interactivité, l’<strong>en</strong>semble des prés<strong>en</strong>tations du cycle de r<strong>en</strong>contres sont directem<strong>en</strong>t accessibles via<br />
les li<strong>en</strong>s Internet mis <strong>en</strong> bas de page.<br />
Pour des informations plus précises, le lecteur pourra égalem<strong>en</strong>t se procurer les guides suivants :<br />
CODATU, Ministère français de l’Écologie, La Banque Mondiale, KNA-MENA, MedCités : « Les<br />
déplacem<strong>en</strong>ts <strong>urbains</strong> <strong>en</strong> <strong>Méditerranée</strong>. Guide de Recommandations. Travaux issus du<br />
Séminaire Régional sur les Déplacem<strong>en</strong>ts Urbains <strong>en</strong> <strong>Méditerranée</strong> – Skhirat, janvier 2008 »<br />
AFD, Ministère français de l’Écologie, CODATU : « Qui paie quoi <strong>en</strong> matière de transports<br />
<strong>urbains</strong> ? Guide de bonne pratiques », novembre 2009<br />
AFD, Ministère français de l’Écologie, Ministère des Affaires Étrangères et Europé<strong>en</strong>nes,<br />
CODATU : « L’action internationale des collectivités territoriales <strong>en</strong> matière de déplacem<strong>en</strong>ts<br />
<strong>urbains</strong>. Guide Méthodologique », octobre 2010<br />
<strong>CMI</strong>, AFD, BEI, La Banque Mondiale, CODATU, Ttransitec – Urbaplan : « Accessibilité des<br />
Médinas. Guide des bonnes pratiques à l’int<strong>en</strong>tion des décideurs » (à paraître)<br />
1 Voir site web : http://www.cmimarseille.org/FR/Urban-transport.php<br />
3
INTRODUCTION<br />
Dans les déc<strong>en</strong>nies à v<strong>en</strong>ir, les villes des rives sud et est de la <strong>Méditerranée</strong> vont connaître un boom<br />
démographique. Portés par une forte croissance démographique, la Turquie, les pays du Maghreb et<br />
ceux du Machrek verront un doublem<strong>en</strong>t voire un triplem<strong>en</strong>t de leur population urbaine. Cette<br />
« transition urbaine » devrait être alim<strong>en</strong>tée par une dynamique de croissance économique déjà<br />
amorcée dans certains pays du pourtour méditerrané<strong>en</strong>.<br />
Les perspectives de développem<strong>en</strong>t urbain soulèv<strong>en</strong>t de nombreuses questions économiques,<br />
sociales et <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tales :<br />
- Quelles seront les activités économiques urbaines (emplois, échanges, création de capital,<br />
etc.) ?<br />
- Quelles seront les conditions de vie des populations (habitat, accès aux services ess<strong>en</strong>tiels,<br />
qualité de vie, etc.) ?<br />
- Quelles seront les conséqu<strong>en</strong>ces <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tales (préservation des terres agricoles aux<br />
al<strong>en</strong>tours des pôles urbanisés, consommation d’énergie, qualité de l’air, etc.) ?<br />
Au croisem<strong>en</strong>t de toutes ces questions, se trouv<strong>en</strong>t les <strong>en</strong>jeux de transport, d’accessibilité et de<br />
mobilité. Le développem<strong>en</strong>t économique et l’amélioration des conditions sociales sont générateurs<br />
de flux de marchandises et de personnes. Les perspectives dans les agglomérations des rives sud et<br />
est de la <strong>Méditerranée</strong> annonc<strong>en</strong>t une explosion de la mobilité urbaine. Celle-ci est toutefois<br />
particulièrem<strong>en</strong>t délicate à prévoir et à organiser.<br />
La mobilité urbaine est un système complexe composé d’élém<strong>en</strong>ts simples mais qui vari<strong>en</strong>t<br />
rapidem<strong>en</strong>t et simultaném<strong>en</strong>t. Selon Xavier HOANG – AFD, ce système peut être décomposé <strong>en</strong> sept<br />
sous-systèmes : multi-espace, multifonctions, multi-modes, multi-acteurs, multi-financem<strong>en</strong>ts, multieffets<br />
et multi-temps 2 . À chaque ville et pays de trouver son propre système <strong>en</strong> fonction de son<br />
contexte et de ses spécificités.<br />
Sur le même schéma que de nombreux pays de la rive nord, les populations qui voi<strong>en</strong>t leurs rev<strong>en</strong>us<br />
augm<strong>en</strong>ter aspir<strong>en</strong>t à posséder une voiture individuelle, une volonté qui est d’ailleurs parfois facilitée<br />
par certaines politiques publiques <strong>en</strong> faveur de la motorisation de masse. Mais cette dynamique de<br />
motorisation génère des phénomènes de congestion, de sécurité routière et de pollution contraire à<br />
l’intérêt général de la collectivité.<br />
Dans les villes du sud et de l’est de la <strong>Méditerranée</strong>, les taux de motorisation se situ<strong>en</strong>t actuellem<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong> deçà de 150 voitures pour 1 000 habitants, soit trois à quatre fois plus faibles que dans le nord.<br />
L’histoire de la motorisation des villes du nord est riche <strong>en</strong> <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts. Après une phase de<br />
développem<strong>en</strong>t rapide de l’automobile, les gouvernem<strong>en</strong>ts locaux ont cherché à maîtriser l’usage de<br />
ce mode de transport au profit des transports collectifs et des modes actifs. Depuis quelques années,<br />
les politiques publiques r<strong>en</strong>voi<strong>en</strong>t ainsi à des mesures qui paraiss<strong>en</strong>t tout à fait applicables dans les<br />
pays du sud.<br />
2 Propos recueillis lors de la clôture de l’atelier de Barcelone, octobre 2011<br />
4
La moindre motorisation des villes <strong>en</strong> développem<strong>en</strong>t semble même être un atout pour pouvoir<br />
structurer les aires urbaines autour de modes de transport collectif et développer des pratiques<br />
multimodales chez les habitants.<br />
Aussi, nous proposons ici de faire un état des lieux quant à la situation des villes du sud et de l’est et<br />
d’étudier leur possibilité d’adapter des politiques publiques à leur territoire sans passer par une<br />
prédominance des véhicules individuels.<br />
Dans la première partie, nous proposons un état des lieux d’une part de la situation dans les pays du<br />
pourtour méditerrané<strong>en</strong>, et d’autre part des grandes t<strong>en</strong>dances liées aux politiques publiques visant<br />
à l’établissem<strong>en</strong>t d’une mobilité durable. Parmi les solutions évoquées, aucune n’a la prét<strong>en</strong>tion de<br />
répondre à chaque situation. Mais toutes peuv<strong>en</strong>t être adaptées au contexte local.<br />
Dans une seconde partie, nous prés<strong>en</strong>tons les expéri<strong>en</strong>ces de différ<strong>en</strong>tes agglomérations du nord, du<br />
sud et de l’est de la <strong>Méditerranée</strong>. Celles-ci ont toutes été exposées dans le cadre des séminaires.<br />
Elles trait<strong>en</strong>t de différ<strong>en</strong>ts thèmes prés<strong>en</strong>tées dans le tableau ci-contre.<br />
5
SOMMAIRE<br />
PREMIERE PARTIE : ELEMENTS DE CONTEXTE<br />
AGENCE FRANÇAISE DE DEVELOPPEMENT : .............................................................................................. 2<br />
CODATU : ......................................................................................................................................... 2<br />
CERTU : ............................................................................................................................................ 2<br />
CETE MEDITERRANEE : ........................................................................................................................ 2<br />
PLAN BLEU : ....................................................................................................................................... 2<br />
MEDCITES : ........................................................................................................................................ 2<br />
CHAPITRE I DYNAMIQUES DE DEVELOPPEMENT URBAIN, MOTORISATION ET MOBILITE .............. 10<br />
1. LE DEVELOPPEMENT URBAIN EN MEDITERRANEE ................................................................................. 10<br />
1.1. UNE FORTE DYNAMIQUE D’URBANISATION DANS LES PAYS DU SUD ............................................... 10<br />
1.2. UNE DYNAMIQUE DE METROPOLISATION AUTOUR DU BASSIN MEDITERRANEEN .............................. 12<br />
1.3. UNE FORTE CROISSANCE ECONOMIQUE ..................................................................................... 13<br />
1.4. LE PROCESSUS DE MOTORISATION EN COURS ............................................................................. 15<br />
2. LA TRANSFORMATION DE LA MOBILITE DES PERSONNES ....................................................................... 17<br />
2.1. LA MARCHE EN DECROISSANCE................................................................................................. 18<br />
2.2. DES TRANSPORTS COLLECTIFS EN CRISE ..................................................................................... 18<br />
2.3. LE TRANSPORT ARTISANAL EN CROISSANCE ................................................................................ 18<br />
3. LA CROISSANCE DU TRAFIC DE MARCHANDISES ................................................................................... 19<br />
4. LES CONSEQUENCES ASSOCIEES A LA MOTORISATION .......................................................................... 20<br />
4.1. LA CONGESTION : SYMPTOME D’UNE MOTORISATION RAPIDE ...................................................... 20<br />
4.2. LA SECURITE ROUTIERE ........................................................................................................... 20<br />
4.3. LES IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX .......................................................................................... 22<br />
5. LE BESOIN DE POLITIQUES DE TRANSPORT AFIN DE REDUIRE LA DEPENDANCE A L’AUTOMOBILE ET SES<br />
CONSEQUENCES ..................................................................................................................................... 23<br />
CHAPITRE II GOUVERNANCE ET PLANIFICATION POUR UNE MOBILITE DURABLE .......................... 25<br />
1. DES MODES DE GOUVERNANCE QUI NE SEMBLENT PAS EN MESURE DE REPONDRE AUX EXIGENCES D’UNE<br />
GESTION URBAINE DURABLE .................................................................................................................... 26<br />
1.1. COMMENT ASSURER UNE GOUVERNANCE EN FAVEUR DES DEPLACEMENTS URBAINS DURABLES ?<br />
QUELLES AUTORITES POUR PORTER LES POLITIQUES DE TRANSPORTS URBAINS ? ......................................... 26<br />
1.2. COMMENT METTRE EN PLACE DES FINANCEMENTS PERENNES POUR UN BON FONCTIONNEMENT DES<br />
POLITIQUES DE TRANSPORTS URBAINS DURABLES ? ................................................................................. 28<br />
2. QUELLE PLANIFICATION POUR QUELS OBJECTIFS ? ............................................................................... 31<br />
2.1. QUELLES EVOLUTIONS POUR LA PLANIFICATION DES DEPLACEMENTS URBAINS ? ............................. 32<br />
6
2.2. LA PARTICIPATION CITOYENNE : COMMENT ASSOCIER LA POPULATION A L’ELABORATION ET A LA MISE<br />
EN ŒUVRE DES POLITIQUES DE TRANSPORTS URBAINS ? .......................................................................... 32<br />
2.3. COMMUNIQUER AUPRES DE LA POPULATION AU-DELA DES PROJETS POUR SENSIBILISER A UNE MOBILITE<br />
PLUS DURABLE ................................................................................................................................... 33<br />
2.4. SUIVRE ET EVALUER LES DOCUMENTS DE PLANIFICATION .............................................................. 35<br />
3. LES GRANDES ORIENTATIONS DES STRATEGIES URBAINES ? .................................................................. 35<br />
3.1. LE ROLE DES PROJETS DE TRANSPORT DE MASSE DANS LA PLANIFICATION DES DEPLACEMENTS ........... 35<br />
3.2. QUELLES OPTIONS POUR LES PLANS DE DEPLACEMENTS URBAINS ? ............................................... 36<br />
CHAPITRE III COMMENT ORGANISER ET GERER LES RESEAUX ? .................................................... 39<br />
1. COMMENT MAITRISER L’USAGE DE LA VOITURE ? ............................................................................... 39<br />
1.1. UNE HIERARCHISATION DU RESEAU VIAIRE SELON LES FONCTIONNALITES ....................................... 39<br />
1.2. LA POLITIQUE DE STATIONNEMENT SELON LES TYPES D’USAGES .................................................... 40<br />
1.3. LA RESTRICTION DE LA CIRCULATION EN CENTRE-VILLE POUR FAVORISER L’USAGE DES AUTRES MODES 41<br />
2. COMMENT RENFORCER LA PERFORMANCE DES TRANSPORTS COLLECTIFS ? ............................................. 41<br />
2.1. LA HIERARCHISATION ET LE MAILLAGE DU RESEAU ....................................................................... 42<br />
2.2. L’INTEGRATION DE L’OFFRE A TRAVERS LA POLITIQUE TARIFAIRE, L’INFORMATION ET LES POLES<br />
D’ECHANGES ..................................................................................................................................... 42<br />
2.3. L’INTEGRATION DES TRANSPORTS ARTISANAUX DANS L’OFFRE MULTI-MODALE ............................... 43<br />
3. COMMENT FAVORISER L’USAGE DE LA MARCHE ET DU VELO ? .............................................................. 44<br />
4. COMMENT ORGANISER LA LOGISTIQUE URBAINE ?.............................................................................. 45<br />
DEUXIEME PARTIE : RETOUR D'EXPERIENCES<br />
AMMAN : LA PLANIFICATION DES TRANSPORTS ET DE LA MOBILITE .............................................................. 52<br />
ALEP : PROJET DE PLANIFICATION D’UNE MOBILITE URBAINE ............................................................ 56<br />
ATHENES : LA RESTRUCTURATION DU RESEAU DE TRANSPORT POUR LES JEUX OLYMPIQUES ....................... 61<br />
BARCELONE : LA COORDINATION DES RESEAUX DE TRANSPORT A L’ECHELLE METROPOLITAINE .................... 68<br />
BEYROUTH : LA STRUCTURATION D’UNE POLITIQUE DE TRANSPORT A L’ECHELLE DE L’AGGLOMERATION ........ 75<br />
CASABLANCA : LE DEVELOPPEMENT D’UNE OFFRE DE TRANSPORT AU SERVICE DE LA MUTATION D’UNE<br />
METROPOLE EMERGENTE ......................................................................................................... 82<br />
DAMAS : LA SECURISATION ET LA FACILITATION DE L’ACCES A LA MEDINA ............................................. 88<br />
ESKISEHIR : LA REDUCTION DU TRAFIC ET LE DEVELOPPEMENT D’ALTERNATIVES DANS UN CENTRE-VILLE<br />
CONTRAINT ......................................................................................................................... 93<br />
FERRARE : UNE POLITIQUE GLOBALE POUR PROMOUVOIR LA PRATIQUE DU VELO EN VILLE ......................... 97<br />
FES : ACCESSIBILITE ET REAMENAGEMENT DANS LA MEDINA ........................................................... 102<br />
7
ISTANBUL : LA PLANIFICATION URBAINE DANS UNE MEGAPOLE ........................................................ 106<br />
IZMIR : UN SYSTEME DE TRANSPORT INTEGRE PERFORMANT ........................................................... 112<br />
LE CAIRE : LE RENOUVELLEMENT DU PARC DE TAXIS POUR UNE LUTTER CONTRE LA POLLUTION DE L’AIR ...... 118<br />
LYON : LA DELEGATION DE SERVICE PUBLIC COMME MODE DE GESTION .............................................. 123<br />
MARSEILLE : LA TRANSFORMATION DU VIEUX PORT POUR FAIRE PLACE AUX PIETONS ............................. 129<br />
MILAN : LA MISE EN ŒUVRE D’UN PEAGE URBAIN ECOLOGIQUE ....................................................... 136<br />
MONTPELLIER : LA MISE EN VALEUR DU CENTRE VILLE DE MONTPELLIER ............................................. 141<br />
NANTES : LA PARTICIPATION CITOYENNE AU CŒUR DES POLITIQUES DE TRANSPORT .............................. 146<br />
RABAT-SALE UN PROJET DE TRAMWAY POUR RELIER LES DEUX RIVES DE LA VALLEE DU BOUREGREG ........... 152<br />
SFAX : UNE STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT URBAIN REVISITEE ........................................................ 157<br />
TOULOUSE : L’EVALUATION POUR AMELIORER LA PLANIFICATION ..................................................... 163<br />
TRIPOLI : L’AMELIORATION DE L’ACCESSIBILITE DE LA MEDINA ........................................................ 169<br />
TUNIS : LIAISONS DE TRANSPORT ENTRE L’HYPER CENTRE ET LE RESTE DE L’AGGLOMERATION ................... 174<br />
8
Partie 1<br />
ELEMENTS DE CONTEXTE<br />
9
CHAPITRE I<br />
La croissance démographique et le développem<strong>en</strong>t économique des villes des rives sud et est de la<br />
<strong>Méditerranée</strong> <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dr<strong>en</strong>t une explosion des besoins de mobilité. Sur le même schéma que de<br />
nombreux pays de la rive nord, les populations, qui voi<strong>en</strong>t leurs rev<strong>en</strong>us augm<strong>en</strong>ter, aspir<strong>en</strong>t à<br />
posséder une voiture individuelle, une volonté qui est d’ailleurs parfois facilitée par certaines<br />
politiques publiques <strong>en</strong> faveur de la motorisation de masse.<br />
Le parc automobile est ainsi <strong>en</strong> forte progression du fait de l’ouverture des marchés, d’une offre<br />
modale limitée, d’un accès plus général au permis de conduire, de l’augm<strong>en</strong>tation des rev<strong>en</strong>us de<br />
certaines franges de la population, etc.<br />
Mais cette dynamique de motorisation génère des phénomènes de congestion, de sécurité routière<br />
et de pollution contraire à l’intérêt général de la collectivité. Il devi<strong>en</strong>t donc nécessaire de<br />
développer des politiques de mobilité permettant de réguler, d’organiser et de planifier les<br />
déplacem<strong>en</strong>ts <strong>urbains</strong>.<br />
1. LE DEVELOPPEMENT URBAIN EN MEDITERRANEE<br />
1.1. UNE FORTE DYNAMIQUE D’URBANISATION DANS LES PAYS DU SUD<br />
Même si certains pays des rives sud et est atteign<strong>en</strong>t des taux d’urbanisation similaires à ceux des<br />
pays du sud de l’Union europé<strong>en</strong>ne, la transition urbaine n’est pas achevée dans la majorité des<br />
pays. D’une part, dans la majorité des pays, il existe une forte croissance démographique <strong>en</strong> zone<br />
urbaine et par ailleurs, certains pays comme l’Egypte, la Syrie et le Maroc affich<strong>en</strong>t un taux<br />
d’urbanisation <strong>en</strong>core très faible.<br />
Figure 1 - Taux de croissance annuelle de la population urbaine (UN data)<br />
DYNAMIQUES DE DEVELOPPEMENT<br />
URBAIN, MOTORISATION ET MOBILITE<br />
10
Figure 2 - Taux d’urbanisation dans les pays du pourtour méditerrané<strong>en</strong> (UN data)<br />
Sur la période 2010-2015, les taux de croissance de la population urbaine sont de l’ordre de 1 % par<br />
an dans les pays de l’Union europé<strong>en</strong>ne voire moins pour l’Italie et la Grèce. En revanche, dans les<br />
autres pays, à l’exception du Liban déjà fortem<strong>en</strong>t urbanisé, les taux de croissance se situ<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre<br />
1,5 % et 2,5 %. Les projections à l’horizon 2050 annonc<strong>en</strong>t une baisse de ces rythmes de croissance<br />
pour passer sous la barre de 1 % pour la plupart des pays. A cette date, seuls les taux de croissance<br />
de l’Egypte et la Syrie qui avec le Maroc sont les pays les moins urbanisés, dépasserai<strong>en</strong>t toujours ce<br />
niveau.<br />
Ces deux pays ont des populations particulièrem<strong>en</strong>t jeunes. En 2010, plus de 40 % de leur population<br />
est âgée de moins de vingt ans, avec respectivem<strong>en</strong>t 41 % pour l’Egypte et 48 % pour la Syrie. Parmi<br />
les pays étudiés, seule la Jordanie, plus urbanisée, dépasse ce niveau de 48 %. Les autres pays des<br />
rives sud et est se situ<strong>en</strong>t plutôt <strong>en</strong>tre 30 % et 40 % tandis que dans les pays europé<strong>en</strong>s, les moins de<br />
vingt ans représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t moins du quart de la population.<br />
11
Figure 3 - Pourc<strong>en</strong>tage de population urbaine et prévision <strong>en</strong> 2009 (UN data)<br />
Entre 2000 et 2050, le nombre d’habitants <strong>urbains</strong> dans la plupart des pays des rives sud et est<br />
devrait doubler, et même tripler pour l’Egypte et la Syrie. Si dans les villes de la rive nord on<br />
comptera 170 millions de personnes, sur les autres rives, la population urbaine avoisinera les 300<br />
millions.<br />
1.2. UNE DYNAMIQUE DE METROPOLISATION AUTOUR DU BASSIN MEDITERRANEEN<br />
La croissance urbaine dans les pays des rives sud et est de la méditerranée s’opère dans un processus<br />
de métropolisation. La métropolisation est la conjugaison de deux processus indissociables : d’une<br />
part les agglomérations s’inscriv<strong>en</strong>t dans un réseau mondial de métropoles et d’autre part elles se<br />
restructur<strong>en</strong>t tout <strong>en</strong> élargissant leur périmètre. Les territoires périphériques des grandes<br />
agglomérations s’urbanis<strong>en</strong>t et absorb<strong>en</strong>t les villes proches du c<strong>en</strong>tre métropolitain.<br />
Ce processus, directem<strong>en</strong>t lié à la mondialisation, est caractérisé par un accroissem<strong>en</strong>t du poids des<br />
plus grandes agglomérations qui <strong>en</strong> même temps élargiss<strong>en</strong>t leur aire urbanisée. Selon les<br />
prospectives des Nations unies, sur les rives sud et est, on devrait compter plus de 25 agglomérations<br />
millionnaires <strong>en</strong> 2025.<br />
12
Figure 4 - Évolution des agglomérations méditerrané<strong>en</strong>nes de plus de 750 000 habitants (UN statistical division)<br />
Cette croissance des aires urbaines, qui se fait principalem<strong>en</strong>t le long du littoral et des axes routiers,<br />
demeure largem<strong>en</strong>t non planifiée. « Selon les pays et les agglomérations, <strong>en</strong>tre 30 et 70 % des<br />
citadins ne parvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à construire leur logem<strong>en</strong>t qu’<strong>en</strong> recourant à des filières informelles » [Sylvain<br />
HOUPIN – Plan Bleu, 2010]. Dans de nombreux pays, il n’existe pas d’autorités locales <strong>en</strong> mesure de<br />
réguler ce phénomène. Généralem<strong>en</strong>t, le périmètre d’actions est plus vaste que celui des<br />
collectivités locales et la coordination reste limitée. Par ailleurs, malgré les lois de déc<strong>en</strong>tralisation<br />
qu’on pu connaître ces pays, l’Etat et ses services déconc<strong>en</strong>trés conserv<strong>en</strong>t l’autorité sur la<br />
gouvernance des villes. La croissance des grandes agglomérations méditerrané<strong>en</strong>nes interroge ainsi<br />
les schémas de gouvernance métropolitaine.<br />
1.3. UNE FORTE CROISSANCE ECONOMIQUE<br />
Les niveaux de Produit Intérieur Brut (PIB) dans le pourtour méditerrané<strong>en</strong> sont très variés. Les pays<br />
de l’Union europé<strong>en</strong>ne prés<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> 2010 des niveaux de PIB supérieurs à 25 000 $ par habitant<br />
<strong>en</strong> parité de pouvoir d’achat. Le Liban, la Turquie et la Syrie se situ<strong>en</strong>t à un niveau proche de 10 000 $<br />
par habitant ; tandis que les autres pays étudiés ont un PIB inférieur à 5 000 $ par habitant.<br />
13
Figure 5 - Niveaux de PIB/habitant (UN statistical division)<br />
La crise économique a eu un impact important sur l’économie des pays de la zone euro <strong>en</strong> 2009 et<br />
2010 tandis que les pays du sud et de l’est sembl<strong>en</strong>t avoir mieux résistés. Toutefois, l’impact des<br />
révolutions <strong>en</strong> Tunisie et <strong>en</strong> Egypte ainsi que l’instabilité politique <strong>en</strong> Libye et <strong>en</strong> Syrie devrai<strong>en</strong>t avoir<br />
un impact plus important sur les dynamiques de croissance de ces pays.<br />
14
Figure 6 - Evolution du PIB/habitant (UN statistical division)<br />
1.4. LE PROCESSUS DE MOTORISATION EN COURS<br />
Le développem<strong>en</strong>t du secteur routier est communém<strong>en</strong>t considéré comme un vecteur de<br />
développem<strong>en</strong>t. D’une part, il contribue aux dés<strong>en</strong>clavem<strong>en</strong>ts des territoires et offre de nouvelles<br />
opportunités économiques à travers le r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>t de l’accessibilité. D’autre part, il est considéré<br />
comme un moteur de la croissance économique par son poids <strong>en</strong> termes d’investissem<strong>en</strong>t et de<br />
consommation.<br />
Dans de nombreux pays, on observe des initiatives politiques destinées à sout<strong>en</strong>ir la consommation<br />
(et donc la croissance économique) <strong>en</strong> favorisant l’équipem<strong>en</strong>t des ménages (accès au crédit,<br />
maîtrise du prix des carburants, etc.). On peut citer les programmes de « voiture populaire » lancé <strong>en</strong><br />
Tunisie et au Maroc dans les années 1990.<br />
La corrélation <strong>en</strong>tre le niveau de PIB/habitant et le taux de motorisation est prés<strong>en</strong>tée sur le<br />
graphique ci-dessous. Autour de l’<strong>en</strong>jeu du développem<strong>en</strong>t économique des pays du sud et de l’est<br />
du bassin méditerrané<strong>en</strong>, on peut s’interroger sur la dynamique <strong>en</strong> termes de motorisation :<br />
constatera-t-on un rattrapage par rapport au pays de l’Union europé<strong>en</strong>ne ?<br />
15
Figure 7 - Motorisation et PIB/ habitant (Données UN ; 2009)<br />
Le prix des carburants joue un rôle important dans le développem<strong>en</strong>t de l’automobile. Plusieurs pays<br />
de la région sont producteurs de pétrole : Algérie, Libye, Egypte et la Syrie. Ils mainti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t un<br />
niveau de prix bas qui <strong>en</strong>courage l’usage des véhicules motorisés. Certains pays importateurs quant à<br />
eux peuv<strong>en</strong>t même subv<strong>en</strong>tionner le prix de l’ess<strong>en</strong>ce afin de réduire l’impact de l’évolution des prix<br />
internationaux sur le pouvoir d’achat.<br />
Figure 8 - Le prix des carburants <strong>en</strong> <strong>Méditerranée</strong> (source : http://gasoline-germany.com, données 2011)<br />
16
La politique de la Turquie est à souligner à ce sujet. Les prix à la pompe sont les plus élevés de la<br />
zone. Le niveau de taxation, supérieur à celui des pays de l’Union europé<strong>en</strong>ne, ne semble pas nuire à<br />
la dynamique économique du pays. Ce choix politique r<strong>en</strong>d, de fait, les modes alternatifs plus<br />
attractifs. Il est probablem<strong>en</strong>t un facteur explicatif du décrochage de la Turquie par rapport à la<br />
corrélation prés<strong>en</strong>tée ci-dessus (figure 7) <strong>en</strong>tre le PIB et le taux de motorisation.<br />
Figure 9 - Motorisation des pays méditerrané<strong>en</strong>s <strong>en</strong> 2009<br />
2. LA TRANSFORMATION DE LA MOBILITE DES PERSONNES<br />
La croissance démographique, le développem<strong>en</strong>t urbain et la croissance économique se traduis<strong>en</strong>t<br />
par une forte augm<strong>en</strong>tation du nombre de déplacem<strong>en</strong>ts <strong>urbains</strong>. Dans les villes <strong>en</strong> développem<strong>en</strong>t,<br />
on compte <strong>en</strong>tre 0,6 et 1,2 déplacem<strong>en</strong>t par personne et par jour. Ce qui est particulièrem<strong>en</strong>t faible<br />
par rapport aux villes europé<strong>en</strong>nes où la moy<strong>en</strong>ne est supérieure à 3. Trop peu d’études sont<br />
réalisées dans les agglomérations des rives sud et est pour pouvoir évaluer les t<strong>en</strong>dances mais les<br />
perspectives économiques laiss<strong>en</strong>t imaginer une augm<strong>en</strong>tation des motifs de déplacem<strong>en</strong>ts. Par<br />
ailleurs, la motorisation et l’augm<strong>en</strong>tation de l’offre de transport collectif multipli<strong>en</strong>t les<br />
opportunités.<br />
Par ailleurs, la dynamique de métropolisation des territoires se traduit par une dissociation des zones<br />
d’emploi et d’habitat qui <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dre une augm<strong>en</strong>tation notable des distances de déplacem<strong>en</strong>ts. Ce<br />
phénomène donne l’avantage aux modes de transport motorisés et flexibles. Ainsi, les voitures et les<br />
17
minibus s’impos<strong>en</strong>t dans les nouvelles configurations urbaines.<br />
2.1. LA MARCHE EN DECROISSANCE<br />
Dans toutes les villes des rives sud et est, la marche reste le moy<strong>en</strong> de déplacem<strong>en</strong>t dominant chez<br />
les populations urbaines. Les parts modales de la marche se situ<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre 30 et 50 % selon les<br />
agglomérations. Toutefois elle pâtit fortem<strong>en</strong>t de la motorisation. Tout d’abord, l’accessibilité<br />
piétonne est diminuée par l’augm<strong>en</strong>tation des distances générées par la métropolisation. Ensuite, les<br />
modes actifs sont bi<strong>en</strong> souv<strong>en</strong>t ignorés des préoccupations des pouvoirs publics <strong>en</strong> matière de<br />
déplacem<strong>en</strong>t urbain. Les routes nouvellem<strong>en</strong>t construites ne prévoi<strong>en</strong>t que rarem<strong>en</strong>t des traversées<br />
sécurisés, et rares sont les carrefours où l’on donne la priorité aux piétons.<br />
Ainsi, les piétons sont simplem<strong>en</strong>t invités à s’adapter aux flux de véhicules motorisés… à leurs risques<br />
et périls. La conc<strong>en</strong>tration des flux <strong>en</strong> milieu urbain se traduit par des risques d’accid<strong>en</strong>ts routiers<br />
plus élevés. Les premières victimes sont les populations ayant les rev<strong>en</strong>us les plus modestes qui<br />
peuv<strong>en</strong>t parcourir de longues distances à pied pour limiter leurs dép<strong>en</strong>ses.<br />
2.2. DES TRANSPORTS COLLECTIFS EN CRISE<br />
Dans beaucoup de villes de la <strong>Méditerranée</strong>, les transports collectifs <strong>urbains</strong> n’offr<strong>en</strong>t pas une qualité<br />
de service suffisante pour séduire les citadins. Les réseaux institutionnels de transport collectif ne<br />
parvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t pas à répondre à une demande de mobilité beaucoup plus diffuse du fait de l’ext<strong>en</strong>sion<br />
et du fractionnem<strong>en</strong>t urbain. Sur certains axes, les capacités de transports collectifs devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />
insuffisantes du fait de l’évolution démographique. Les véhicules surchargés réduis<strong>en</strong>t l’attractivité<br />
des réseaux qui sont généralem<strong>en</strong>t empruntés par des voyageurs n’ayant pas d’autre choix.<br />
Dans les territoires périphériques, les transports collectifs ne peuv<strong>en</strong>t pas développer une offre<br />
suffisamm<strong>en</strong>t flexible pour répondre aux besoins des habitants. Par ailleurs, les bus subiss<strong>en</strong>t plus<br />
que tout autre mode la congestion. Coincés dans le trafic, ils ne peuv<strong>en</strong>t offrir aucune garantie <strong>en</strong><br />
termes de temps de parcours ou de fréqu<strong>en</strong>ce aux arrêts. Dans ce contexte, la condition financière<br />
des <strong>en</strong>treprises de bus devi<strong>en</strong>t de plus <strong>en</strong> plus mauvaise. N’ayant aucun moy<strong>en</strong> de faire face aux<br />
évolutions, certaines ont tout simplem<strong>en</strong>t disparu. Les transports collectifs gard<strong>en</strong>t alors une image<br />
négative et leur usage se limite aux populations captives.<br />
2.3. LE TRANSPORT ARTISANAL EN CROISSANCE<br />
La car<strong>en</strong>ce de l’offre <strong>en</strong> transports publics et l’urbanisation « spontanée » observées dans les<br />
périphéries des villes des rives sud et est ont bénéficié au développem<strong>en</strong>t des transports collectifs<br />
artisanaux.<br />
Selon Xavier Godard, « Le transport artisanal désigne l’exploitation à une échelle individuelle de<br />
véhicules de transport public dont la propriété est atomisée, c'est-à-dire répartie <strong>en</strong>tre de nombreux<br />
propriétaires. Cette exploitation peut s’intégrer dans des règles collectives plus ou moins<br />
18
contraignantes élaborées par des organisations professionnelles. Il peut y avoir une certaine<br />
conc<strong>en</strong>tration de la propriété, de sorte que le cœur de la définition doit reposer sur les modalités<br />
d’exploitation des véhicules dont la responsabilité est confiée largem<strong>en</strong>t au chauffeur, qui apparaît<br />
aussi comme un gestionnaire de terrain dans les cas nombreux où ce n’est pas le propriétaire qui<br />
conduit son véhicule. »<br />
Ces transports privés sont généralem<strong>en</strong>t des véhicules de faible capacité : automobile utilisée <strong>en</strong> taxi<br />
individuel, moto-taxi (1-2 places), tricycle (3-8 places), taxi collectif (4-6 places), microbus (9-15<br />
places), minibus (16-25 places), midibus (25-45 places).<br />
Toutefois étant donné le nombre de véhicules concernés, ils constitu<strong>en</strong>t une offre très importante<br />
dans les agglomérations <strong>en</strong> développem<strong>en</strong>t. Ils parvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à répondre aux besoins de mobilité des<br />
populations n’ayant pas de ressources suffisantes pour acquérir un véhicule. Dans certaines villes, ils<br />
assur<strong>en</strong>t plus de 50 % des déplacem<strong>en</strong>ts motorisés. Le transport artisanal se définit principalem<strong>en</strong>t<br />
par le mode d’exploitation des véhicules dont la responsabilité est confiée au conducteur. La<br />
propriété des véhicules est souv<strong>en</strong>t atomisée, tandis que la coordination <strong>en</strong>tre les conducteurs peut<br />
se faire via des organisations professionnelles 3 .<br />
Cette offre représ<strong>en</strong>te un secteur socio-économique de premier ordre pour les villes. Cep<strong>en</strong>dant, elle<br />
contribue à l’augm<strong>en</strong>tation du trafic et à la congestion. Ces véhicules, bi<strong>en</strong> souv<strong>en</strong>t vétustes,<br />
représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t une part conséqu<strong>en</strong>te des émissions de polluants.<br />
3. LA CROISSANCE DU TRAFIC DE MARCHANDISES<br />
Le développem<strong>en</strong>t économique implique mécaniquem<strong>en</strong>t un déplacem<strong>en</strong>t de produits s'inscrivant<br />
dans une chaîne logistique formée d'opérations plus ou moins nombreuses, plus ou moins codifiées :<br />
transfert d'informations, gestion des stocks, conditionnem<strong>en</strong>t du produit, transport d'un lieu à un<br />
autre, groupage / dégroupage, évacuation des déchets résiduels, etc.<br />
La motorisation du transport de marchandises contribue à la croissance économique, mais<br />
l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t urbain contraint les déplacem<strong>en</strong>ts et <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dre des problèmes de congestion et de<br />
pollution. Selon Daniel Boudouin, Directeur de Jonction CRET-LOG 4 , « les véhicules qui achemin<strong>en</strong>t les<br />
marchandises (y compris ceux qui apparti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t aux particuliers) représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t <strong>en</strong>viron 20 % de<br />
l'occupation de la voirie. » Toute augm<strong>en</strong>tation des contraintes r<strong>en</strong>chérit ce montant et contribue à<br />
l'affaiblissem<strong>en</strong>t des commerces des c<strong>en</strong>tres anci<strong>en</strong>s.<br />
L'<strong>en</strong>semble des activités liées à la circulation des marchandises représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t de 6 à 8 % des emplois.<br />
Ces derniers particip<strong>en</strong>t pleinem<strong>en</strong>t à la vitalité urbaine et un quart d'<strong>en</strong>tre eux sont directem<strong>en</strong>t liés<br />
à la desserte des zones d<strong>en</strong>ses.<br />
Le trafic lié au transport de marchandises est un <strong>en</strong>jeu majeur pour les villes méditerrané<strong>en</strong>nes.<br />
L’activité portuaire dans la plupart des grandes agglomérations acc<strong>en</strong>tue l’<strong>en</strong>jeu de l’organisation de<br />
la logistique urbaine, particulièrem<strong>en</strong>t dans les c<strong>en</strong>tres historiques. Le transport de marchandises est<br />
à pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> considération dans tout schéma d'organisation des flux.<br />
3 Xavier GODARD (2008)<br />
4 Daniel BOUDOUIN Directeur de Jonction CRET-LOG « Quelle prise <strong>en</strong> compte de la question de la logistique<br />
urbaine ? » , séminaire de Marseille.<br />
19
4. LES CONSEQUENCES ASSOCIEES A LA MOTORISATION<br />
4.1. LA CONGESTION : SYMPTOME D’UNE MOTORISATION RAPIDE<br />
L’augm<strong>en</strong>tation de la flotte de véhicules motorisés génère très rapidem<strong>en</strong>t des phénomènes de<br />
congestion. Celle-ci est un symptôme de l’inadéquation <strong>en</strong>tre l’offre de voirie et son usage. La<br />
réponse d’urg<strong>en</strong>ce est généralem<strong>en</strong>t la construction de nouvelles infrastructures qui permett<strong>en</strong>t un<br />
temps de dés<strong>en</strong>gorger les axes saturés. Toutefois celles-ci se trouv<strong>en</strong>t rapidem<strong>en</strong>t sujettes à leur<br />
tour aux embouteillages.<br />
En fait, comme le montre le graphique ci-dessous, une forte d<strong>en</strong>sité automobile n’est pas l’unique<br />
raison d’une congestion chronique. Parmi les villes sélectionnées, Barcelone a une d<strong>en</strong>sité<br />
automobile six fois plus élevée qu’Alger ou Istanbul, mais les embouteillages ne sont pas pour autant<br />
six fois plus important.<br />
Figure 10 - D<strong>en</strong>sité du parc automobile : comparaisons <strong>en</strong>tre sept villes de la <strong>Méditerranée</strong><br />
La congestion est le résultat d’une gestion de la voirie inefficace qui peut avoir des raisons multiples :<br />
un réseau viaire mal structuré qui donne lieu à des goulets d’étranglem<strong>en</strong>t, une mauvaise gestion du<br />
trafic automobile, un manque d’organisation du partage de la voirie <strong>en</strong>tre les modes, des<br />
conducteurs qui ne respect<strong>en</strong>t pas les règles de circulation, de l’abs<strong>en</strong>ce de règles de circulation, des<br />
taxis artisanaux qui s’arrêt<strong>en</strong>t de manière anarchique, d’une mauvaise gestion des accid<strong>en</strong>ts, etc.<br />
Les rythmes de croissance des parcs de véhicules dans les grandes agglomérations peuv<strong>en</strong>t parfois<br />
être à deux chiffres. Au niveau national, sur la période 2005-2010, tous les pays du sud et de l’est de<br />
la <strong>Méditerranée</strong> ont vu leur parc croître de plus de 6 % par an. La Syrie affichant même une<br />
croissance de 16 % par an sur cette période. L’explosion du nombre de véhicules <strong>en</strong> circulation<br />
nécessite d’une part une organisation du trafic et d’autre part une gestion plus large de la mobilité.<br />
4.2. LA SECURITE ROUTIERE<br />
Le graphique ci-dessous prés<strong>en</strong>te les chiffres recueillis par les Nations unies concernant la sécurité<br />
routière. Il montre que les pays du sud et de l’est qui ont les plus faibles taux de motorisation sont<br />
20
ceux qui connaiss<strong>en</strong>t le plus fort taux d’accid<strong>en</strong>ts mortels rapportés au nombre de véhicules <strong>en</strong><br />
circulation. Il faut à ce sujet noter que dans les pays d’Europe, la consommation d’alcool joue un rôle<br />
important dans les accid<strong>en</strong>ts mortels (dans 27 % des cas <strong>en</strong> France), ce qui n’est pas le cas dans les<br />
pays des rives sud et est.<br />
Ce sont donc les autres facteurs (vitesse, organisation de la circulation, respect du code de la route,<br />
ainsi que le port du casque sur les deux roues ou de la ceinture de sécurité dans les autres véhicules)<br />
qui sont à mettre <strong>en</strong> cause.<br />
Figure 11 - Accid<strong>en</strong>tologie et taux de motorisation (Données 2007: “UN Global overview on road safety”)<br />
Les usagers de la rue les plus vulnérables, c'est-à-dire les piétons et les deux roues (motorisées ou<br />
non), sont les principales victimes des accid<strong>en</strong>ts. « L’abs<strong>en</strong>ce d’infrastructures adaptées pour ces<br />
usagers ainsi que le non-respect de la réglem<strong>en</strong>tation, autant de la part des conducteurs que des<br />
piétons et usagers des deux roues, sont parmi les facteurs les plus significatifs » [CODATU et<br />
part<strong>en</strong>aires, 2008] 5 .<br />
Ce non respect des usagers de la rue non motorisés instaure un cercle vicieux : on pr<strong>en</strong>d sa voiture<br />
pour se déplacer <strong>en</strong> sécurité, augm<strong>en</strong>tant ainsi le trafic et dégradant la sécurité routière, ce qui<br />
pousse de plus <strong>en</strong> plus à pr<strong>en</strong>dre sa voiture.<br />
La sécurité des déplacem<strong>en</strong>ts est une préoccupation majeure qui ne peut être négligée 6 . Elle est un<br />
des élém<strong>en</strong>ts majeurs d’une politique de mobilité durable : une continuité d’infrastructures<br />
sécurisées pour les modes actifs facilite leur préfér<strong>en</strong>ce dans un contexte de choix modal. Le choix<br />
des transports collectifs est égalem<strong>en</strong>t facilité par l’aménagem<strong>en</strong>t de cheminem<strong>en</strong>ts vers les arrêts,<br />
5<br />
CODATU, Ministère français de l’Écologie, La Banque Mondiale, KNA-MENA, MedCités : « Les déplacem<strong>en</strong>ts<br />
<strong>urbains</strong> <strong>en</strong> <strong>Méditerranée</strong>. Guide de Recommandations. Travaux issus du Séminaire Régional sur les<br />
Déplacem<strong>en</strong>ts Urbains <strong>en</strong> <strong>Méditerranée</strong> – Skhirat, janvier 2008 »<br />
6<br />
Les différ<strong>en</strong>ts coûts dus à l’insécurité routière provi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t de http://www.val-demarne.equipem<strong>en</strong>t.gouv.fr/IMG/pdf/cout_SR_cle2193cd.pdf<br />
21
stations ou gares où l’att<strong>en</strong>te des voyageurs doit elle aussi être sécurisée.<br />
De plus pour la collectivité, l’insécurité représ<strong>en</strong>te :<br />
- Un coût économique: coûts médicaux (service de transport sanitaire et de premiers secours,<br />
coûts des soins, coûts funéraires, etc.) ; coûts matériels (dommages occasionnés aux<br />
véhicules, dommages occasionnés au domaine public, dommages matériels, etc.), coûts de<br />
carburants supplém<strong>en</strong>taires, frais de justice et de police, perte de production future ou<br />
temporelle des tués ou invalides, perte de productivité, etc.<br />
- Un coût <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tal : dommages causés à l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t, pollutions dues à la<br />
congestion du trafic suite à un accid<strong>en</strong>t.<br />
- Un coût temporel : le traitem<strong>en</strong>t d’un accid<strong>en</strong>t peut ral<strong>en</strong>tir ou arrêter le trafic routier ou des<br />
transports de masse <strong>en</strong> site propre (congestion, dégradation du service, réclamation auprès<br />
des autorités compét<strong>en</strong>tes à traiter, etc.)<br />
- Un coût social : préjudice moral, perte de rev<strong>en</strong>us dans le ménage, chômage, etc.<br />
Des solutions simples peuv<strong>en</strong>t être apportées pour améliorer les conditions de sécurité. La première<br />
est la réduction des vitesses de circulation (au Maroc et <strong>en</strong> Egypte la vitesse maximum <strong>en</strong> ville est de<br />
60 km/h tandis qu’elle est de 50 km/h dans les autres pays). Ensuite, il est nécessaire de dédier une<br />
partie de l’espace public aux piétons <strong>en</strong> aménageant des trottoirs, mais égalem<strong>en</strong>t aux cyclistes, <strong>en</strong><br />
développant un réseau de pistes cyclables. Enfin, la gestion du trafic implique de donner la priorité<br />
aux piétons sur les autres modes de transport ce qui permet de fluidifier l’<strong>en</strong>semble des circulations.<br />
4.3. LES IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX<br />
Les conditions spatiales du pourtour méditerrané<strong>en</strong> prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t un <strong>en</strong>semble de facteurs favorisant<br />
la formation d’ozone (relief, climat chaud et sec, proximité du désert, temps anticyclonique calme<br />
pouvant <strong>en</strong>g<strong>en</strong>drer un dôme de pollution, etc.) et aggrav<strong>en</strong>t la pollution locale.<br />
Sur le long terme, de nombreux problèmes de santé peuv<strong>en</strong>t apparaître chez des populations<br />
jusqu’alors non considérées comme fragiles (apparition d’allergies, augm<strong>en</strong>tation des personnes<br />
atteintes d’asthme, etc.) et peuv<strong>en</strong>t aggraver celles déjà fragilisées : hospitalisation pour causes<br />
respiratoires et cardio-vasculaires, bronchites, attaques d’asthme, etc. Les effets sur la santé<br />
s’accroiss<strong>en</strong>t <strong>en</strong> fonction des conc<strong>en</strong>trations des polluants et la durée d’exposition. Cep<strong>en</strong>dant, la<br />
prise de consci<strong>en</strong>ce des <strong>en</strong>jeux sanitaires liés à la qualité de l’air et à la conc<strong>en</strong>tration de particules<br />
fines – émises par les moteurs à énergie fossiles – est <strong>en</strong>core limitée dans les villes des rives sud et<br />
est.<br />
La vétusté des parcs automobiles, bus et taxis collectifs dans les villes méditerrané<strong>en</strong>nes sont des<br />
facteurs aggravants des émissions de polluants. Des améliorations sont observées <strong>en</strong> raison d’un<br />
r<strong>en</strong>ouvellem<strong>en</strong>t progressif des parcs de véhicules, notamm<strong>en</strong>t par l’adoption de normes sévères<br />
(exemples : Istanbul a adopté les normes europé<strong>en</strong>nes d’émission « EURO » ; Le Caire incite les taxis<br />
à rouler au gaz naturel ; les bus algéri<strong>en</strong>s roul<strong>en</strong>t peu à peu au GPL, etc.). Néanmoins, les progrès<br />
technologiques ne pourront constituer l’unique levier des politiques publiques pour réduire la<br />
pollution due aux transports <strong>en</strong> zone urbaine.<br />
22
Outre la pollution locale, la consommation de carburants par les véhicules contribu<strong>en</strong>t au<br />
dérèglem<strong>en</strong>t climatique. Seuls les pays industrialisés ont pour l’instant pris des <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts<br />
contraignants dans le cadre des accords internationaux sur le climat. Toutefois, cette question<br />
devi<strong>en</strong>t de plus <strong>en</strong> plus prés<strong>en</strong>te pour les décideurs et les bailleurs de fonds. Dans de nombreux pays,<br />
le transport devi<strong>en</strong>t un des secteurs les plus préoccupants et les impacts att<strong>en</strong>dus <strong>en</strong> <strong>Méditerranée</strong><br />
invit<strong>en</strong>t à une prise de consci<strong>en</strong>ce des populations et des pouvoirs publics.<br />
Les villes sont toutefois confrontées à la disponibilité des données concernant les émissions de gaz à<br />
effet de serre. Si ces données exist<strong>en</strong>t, elles ne couvr<strong>en</strong>t, bi<strong>en</strong> souv<strong>en</strong>t, pas l’<strong>en</strong>semble du territoire<br />
pertin<strong>en</strong>t et elles ne font non plus l’objet d’une production régulière. Il a été noté que les élém<strong>en</strong>ts<br />
de connaissance fondam<strong>en</strong>taux font généralem<strong>en</strong>t défaut aux pratici<strong>en</strong>s locaux dans la conception<br />
comme dans l’évaluation des plans et programmes sectoriels.<br />
5. LE BESOIN DE POLITIQUES DE TRANSPORT AFIN DE REDUIRE LA DEPENDANCE A L’AUTOMOBILE ET SES<br />
CONSEQUENCES<br />
Comme l’a expliqué Marc LE TOURNEUR p<strong>en</strong>dant le séminaire de Marseille 7 , dans les années 1950<br />
jusqu’au années 1970, on a cherché à adapter les villes europé<strong>en</strong>nes à la voiture individuelle, à<br />
grands r<strong>en</strong>forts d’investissem<strong>en</strong>ts au nom du progrès et du développem<strong>en</strong>t économique<br />
(pénétrantes, rocades, parkings, etc.). Des réseaux de transports collectifs dégradés ont été<br />
« abandonnés » au profit de la voiture ; d’autres ont été supprimés par de vastes opérations de<br />
fermeture et de démantèlem<strong>en</strong>t. En France comme <strong>en</strong> Espagne, quasim<strong>en</strong>t tous les réseaux de<br />
tramways avai<strong>en</strong>t disparus avant la fin des années 1970. Seules quelques grandes villes itali<strong>en</strong>nes ont<br />
conservé des réseaux.<br />
Depuis les années 1980, les mêmes villes, qui avai<strong>en</strong>t abandonné leurs réseaux collectifs, revi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong> arrière <strong>en</strong> réaménageant leur tissu urbain <strong>en</strong> intégrant des lignes fortes (tramways, Bus Rapid<br />
Transit) et des aménagem<strong>en</strong>ts pour modes doux, toujours à grands r<strong>en</strong>forts d’investissem<strong>en</strong>ts. Les<br />
politiques de développem<strong>en</strong>t durable prolong<strong>en</strong>t cette t<strong>en</strong>dance <strong>en</strong> laissant toujours plus de place<br />
aux modes non motorisés et au transport collectif, tout <strong>en</strong> régulant le plus possible l’usage de<br />
l’automobile, particulièrem<strong>en</strong>t dans les c<strong>en</strong>tres <strong>urbains</strong> où les politiques de mobilité se conjugu<strong>en</strong>t<br />
avec celles de sauvegarde du patrimoine. Ces politiques port<strong>en</strong>t petit à petit leurs fruits dans les<br />
agglomérations, particulièrem<strong>en</strong>t dans celles qui ont initié ce changem<strong>en</strong>t d’ori<strong>en</strong>tation.<br />
A l’image de l’histoire réc<strong>en</strong>te des agglomérations de la rive nord, la dynamique de motorisation<br />
pourrait ancrer les villes des rives sud et est dans le cercle vicieux de la dép<strong>en</strong>dance à l’automobile.<br />
La ville se structure à travers la dynamique de motorisation de masse. L’aire urbaine devi<strong>en</strong>t diffuse<br />
et les territoires sont aménagés au profit de l’automobile. L’attractivité des transports collectifs et<br />
des modes actifs devi<strong>en</strong>t réduite.<br />
A l’inverse, les politiques de mobilité durable vis<strong>en</strong>t à permettre une organisation urbaine effici<strong>en</strong>te<br />
et un certain équilibre dans l’usage des modes de déplacem<strong>en</strong>t. Ces politiques permett<strong>en</strong>t de<br />
7 Marc LE TOURNEUR : « Évolution des transports <strong>urbains</strong> dans le cœurs des villes françaises des années 1950 à<br />
nos jours », 2010<br />
23
structurer la ville autour des modes de transports <strong>durables</strong> et de réguler le trafic automobile. D’un<br />
point de vue économique, l’<strong>en</strong>jeu pour les villes <strong>en</strong> développem<strong>en</strong>t est d’optimiser les<br />
investissem<strong>en</strong>ts au cours des déc<strong>en</strong>nies à v<strong>en</strong>ir <strong>en</strong> évitant de passer par une phase de surmotorisation<br />
comme <strong>en</strong> Europe.<br />
Les villes du nord mèn<strong>en</strong>t depuis longtemps des politiques de mobilité qui sont autant d’expéri<strong>en</strong>ces<br />
intéressantes pour leurs homologues du sud. La proximité culturelle et géographique <strong>en</strong><br />
<strong>Méditerranée</strong> doit permettre de faciliter le transfert de connaissances pour que les villes du sud<br />
développ<strong>en</strong>t leur propre système de mobilité durable.<br />
24
CHAPITRE II<br />
GOUVERNANCE ET PLANIFICATION<br />
POUR UNE MOBILITE DURABLE<br />
Les politiques publiques de mobilité soulèv<strong>en</strong>t ainsi de nombreuses questions qui s’inscriv<strong>en</strong>t dans<br />
tous les <strong>en</strong>jeux du développem<strong>en</strong>t durable : comm<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>dre les villes plus accessibles et moins<br />
congestionnées ? Comm<strong>en</strong>t réduire les émissions polluantes et la pression sur les ressources<br />
naturelles ? Comm<strong>en</strong>t préserver la santé publique, la qualité de vie ? Comm<strong>en</strong>t t<strong>en</strong>ir compte des<br />
questions de cohésion sociale ? Comm<strong>en</strong>t améliorer l’espace public ?<br />
Toutefois avant de chercher des réponses à ces questions, il est nécessaire de définir les conditions<br />
pour une bonne gouvernance de la mobilité urbaine. Quelle est l’autorité compét<strong>en</strong>te pour régir les<br />
déplacem<strong>en</strong>ts <strong>urbains</strong> et donc quel est le bon périmètre pour l’action publique ? Quels sont les<br />
modes de déplacem<strong>en</strong>ts concernés et quelles relations <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ir avec la multitude d’acteurs<br />
impliqués ? Quels sont les moy<strong>en</strong>s mis à disposition et de quelles compét<strong>en</strong>ces doit-elle disposer,<br />
notamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> matière d’urbanisme ?<br />
Le succès des politiques de mobilité urbaine des pays méditerrané<strong>en</strong>s dép<strong>en</strong>d des schémas de<br />
gouvernance qui ont ainsi été mis <strong>en</strong> place pour répondre aux <strong>en</strong>jeux du développem<strong>en</strong>t urbain<br />
durable.<br />
La démarche de planification stratégique qui conjugue perspectives de long terme et objectifs de<br />
moy<strong>en</strong> terme suppose l’exist<strong>en</strong>ce d’une <strong>en</strong>tité institutionnelle porteuse reconnue. De plus, une<br />
coordination est nécessaire <strong>en</strong>tre les différ<strong>en</strong>tes échelles territoriales (ville, métropole, région) pour<br />
une planification efficace des transports, suivant les compét<strong>en</strong>ces locales. Les grands projets de<br />
transport collectif sont ess<strong>en</strong>tiels dans la mise <strong>en</strong> œuvre de la planification. Ils doiv<strong>en</strong>t toutefois être<br />
développés <strong>en</strong> cohér<strong>en</strong>ce avec la stratégie de développem<strong>en</strong>t urbain et s’intégrer dans un schéma<br />
global de développem<strong>en</strong>t du système de transport public.<br />
25
1. DES MODES DE GOUVERNANCE QUI NE SEMBLENT PAS EN MESURE DE REPONDRE AUX EXIGENCES D’UNE<br />
GESTION URBAINE DURABLE<br />
Les modes de gouvernance des territoires <strong>urbains</strong> des villes des rives sud et est, tout comme<br />
certaines de la rive nord, ne sembl<strong>en</strong>t pas toujours <strong>en</strong> mesure de répondre aux exig<strong>en</strong>ces d’une<br />
gestion urbaine durable de la mobilité. Dans beaucoup d’agglomérations, aucune institution n’est <strong>en</strong><br />
mesure de m<strong>en</strong>er un politique de transport permettant de planifier le développem<strong>en</strong>t des réseaux<br />
de transport et d’organiser les déplacem<strong>en</strong>ts à l’échelle métropolitaine.<br />
On retrouve, selon les cas, les élém<strong>en</strong>ts explicatifs suivants :<br />
Une interv<strong>en</strong>tion de l’État <strong>en</strong>core trop forte dans les villes méditerrané<strong>en</strong>nes malgré un<br />
processus de déc<strong>en</strong>tralisation progressive.<br />
Une organisation administrative déconnectée du fonctionnem<strong>en</strong>t réel du territoire<br />
Une multiplicité d’institutions publiques ou privées avec parfois des chevauchem<strong>en</strong>ts de<br />
compét<strong>en</strong>ces qui <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dre une faible régulation du secteur. Celle-ci <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dre des conflits<br />
<strong>en</strong>tre cultures professionnelles avec effets de diverg<strong>en</strong>ces de stratégies d’interv<strong>en</strong>tions et de<br />
concurr<strong>en</strong>ce.<br />
Un manque de coopération intercommunale pour former une unité politique métropolitaine,<br />
alors que l’étalem<strong>en</strong>t urbain dépasse les frontières de la commune c<strong>en</strong>trale<br />
Des instances de coordination n’ayant pas ou peu de pouvoirs suffisants pour exercer leur<br />
autorité.<br />
Un périmètre de transport urbain parfois inexistant.<br />
Des aménagem<strong>en</strong>ts transports dominés par des logiques opérationnelles et techniques sur<br />
une échelle micro-locale, et non par une logique territoriale et intégratrice pour une gestion<br />
urbaine durable.<br />
La mise <strong>en</strong> place d’autorités <strong>en</strong> charge des transports <strong>urbains</strong> est une nécessité pour une majorité<br />
des agglomérations méditerrané<strong>en</strong>nes. Il y a de toute évid<strong>en</strong>ce une exig<strong>en</strong>ce d’organisation et de<br />
régulation des transports <strong>urbains</strong> dans les villes de la région.<br />
1.1. COMMENT ASSURER UNE GOUVERNANCE EN FAVEUR DES DEPLACEMENTS URBAINS DURABLES ? QUELLES<br />
AUTORITES POUR PORTER LES POLITIQUES DE TRANSPORTS URBAINS ?<br />
La restructuration des modèles de gouvernance existants et/ou la création d’une nouvelle autorité<br />
de transport peuv<strong>en</strong>t se révéler difficiles et se heurter à un certain nombre d’obstacles politiques,<br />
institutionnels ou juridiques importants. « De nombreuses questions doiv<strong>en</strong>t être prises <strong>en</strong><br />
considération par les décideurs s’ils souhait<strong>en</strong>t créer une autorité de transport efficace dotée de<br />
compét<strong>en</strong>ces bi<strong>en</strong> définies, compatibles avec le contexte historique et socio-économique local de la<br />
ville, de la région ou du pays considéré, précise Mohamed MEZGHANI – UITP 8 . L’autonomie est une<br />
condition préalable nécessaire pour traiter efficacem<strong>en</strong>t les problèmes locaux ou régionaux. Elle est<br />
obt<strong>en</strong>ue grâce à un niveau suffisant de déc<strong>en</strong>tralisation. Le transfert de pouvoirs et de responsabilités<br />
concernant les questions locales ou régionales du gouvernem<strong>en</strong>t national vers les autorités locales ou<br />
régionales permettra une meilleure compréh<strong>en</strong>sion et une meilleure assimilation de la situation tout<br />
8 Mohamed MEZGHANI – UITP : « Quelles autorités pour porter les politiques de transports <strong>urbains</strong> ? », 2011<br />
26
<strong>en</strong> insufflant le s<strong>en</strong>s des responsabilités aux acteurs locaux ou régionaux, lesquels sont de loin les plus<br />
concernés par la mobilité dans leur zone. Au niveau local, il importe de doter l’autorité de transport<br />
de l’autonomie et du pouvoir nécessaires pour la protéger contre les évolutions politiques et<br />
structurelles majeures et pour assurer sa pér<strong>en</strong>nité. »<br />
Ainsi selon, Safak HENGIRMEN (SUMPA-MED) et Bernard CORNUT (ADEME) 9 , les autorités<br />
organisatrices de transport permett<strong>en</strong>t de développer :<br />
Une vision globale de long terme des déplacem<strong>en</strong>ts.<br />
Une planification du territoire à l’échelle métropolitaine, au-delà des simples limites<br />
administratives.<br />
Une coordination des actions <strong>en</strong>tre les différ<strong>en</strong>ts échelons administratifs.<br />
La mise <strong>en</strong> place d’un système de transport intégré ou la coordination des offres de services<br />
bus, trams, métros, le ferroviaire, etc. qui permet une intégration tarifaire et une information<br />
multimodale.<br />
La mise <strong>en</strong> œuvre d’une politique de stationnem<strong>en</strong>t adéquate.<br />
Un développem<strong>en</strong>t de l’offre équilibrée sur le territoire métropolitain.<br />
Une articulation <strong>en</strong>tre politique de déplacem<strong>en</strong>ts et politique de développem<strong>en</strong>t urbain.<br />
Une maîtrise d’ouvrage légitime dotée de moy<strong>en</strong>s financiers suffisants et pér<strong>en</strong>nes afin de<br />
disposer d’un bon niveau de technicité <strong>en</strong> interne et de faire autorité auprès des part<strong>en</strong>aires<br />
privés.<br />
Le schéma ci-dessous représ<strong>en</strong>te les différ<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>jeux liés au transport. Ce sont autant de domaines<br />
de compét<strong>en</strong>ces qui peuv<strong>en</strong>t être confiés à une autorité organisatrice de transport. Ainsi, une<br />
autorité publique peut être constituée simplem<strong>en</strong>t pour la régulation de l’offre de transport collectif,<br />
qui peut être ét<strong>en</strong>due à la coordination de l’<strong>en</strong>semble de l’offre de services à l’échelle<br />
métropolitaine. Mais on peut égalem<strong>en</strong>t conférer à cette institution un rôle dans la gestion de<br />
l’<strong>en</strong>semble des déplacem<strong>en</strong>ts et, au-delà, lui donner pour fonction la planification des déplacem<strong>en</strong>ts<br />
et l’articulation avec la politique de développem<strong>en</strong>t urbain.<br />
9 Safak HENGIRMEN – SUMPA-MED et Bernard CORNUT – ADEME: « AOTs in Turkey, Jordania and Syria :<br />
situations & perspectives », 2011<br />
27
Figure 12 - Champs d'interv<strong>en</strong>tion des autorités organisatrices (Mohamed MEZGHANI - IUTP) 10<br />
Certains pays se sont récemm<strong>en</strong>t dotés d’institutions destinées à la gouvernance de la mobilité<br />
urbaine. Ainsi, au Liban, plusieurs projets de lois ont été élaborés afin de créer une autorité<br />
organisatrice au niveau national avec des déclinaisons pour les grandes agglomérations. Toutefois,<br />
l’autonomie de ces déclinaisons resterait limitée et bi<strong>en</strong> contrôlée. En Jordanie, une Commission<br />
Régali<strong>en</strong>ne du Transport Terrestre a été créée <strong>en</strong> se basant sur une loi promulguée pour<br />
l’organisation des transports <strong>urbains</strong> et inter<strong>urbains</strong>.<br />
1.2. COMMENT METTRE EN PLACE DES FINANCEMENTS PERENNES POUR UN BON FONCTIONNEMENT DES<br />
POLITIQUES DE TRANSPORTS URBAINS DURABLES ?<br />
Une autorité organisatrice de transport doit disposer de ressources conséqu<strong>en</strong>tes pour acquérir un<br />
bon niveau d’expertise afin de planifier la politique de transport, coordonner les acteurs et<br />
gouverner les réseaux.<br />
Un système de transport collectif suppose des investissem<strong>en</strong>ts conséqu<strong>en</strong>ts pour répondre à la<br />
demande de déplacem<strong>en</strong>ts (politique d’investissem<strong>en</strong>ts) et des capacités financières suffisantes pour<br />
financer l’exploitation, la maint<strong>en</strong>ance et le r<strong>en</strong>ouvellem<strong>en</strong>t des infrastructures et du matériel<br />
roulant. Il est donc ess<strong>en</strong>tiel de garantir un mode de financem<strong>en</strong>t pér<strong>en</strong>ne. Selon Rami SEMAAN –<br />
LEB 11 , un manque de ressources affectées se traduit par un déséquilibre chronique de financem<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong> faveur des modes individuels et d’un manque d’investissem<strong>en</strong>ts dans des projets structurants de<br />
long terme.<br />
Ensuite, dans les villes des rives sud et est de la <strong>Méditerranée</strong>, les recettes tarifaires ne permett<strong>en</strong>t<br />
pas de couvrir les dép<strong>en</strong>ses d’exploitation des opérateurs de transport collectif. Ce déficit<br />
d’exploitation est lié ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t à une tarification inadaptée conjuguée à l’abs<strong>en</strong>ce de<br />
participation des secteurs économiques aux recettes, d’une part, et à une gestion inefficace d’autre<br />
part. Des subv<strong>en</strong>tions permett<strong>en</strong>t généralem<strong>en</strong>t d’équilibrer les budgets d’exploitation. Toutefois,<br />
elles sont réalisées sous un volet social, qui r<strong>en</strong>force l’image négative des transports collectifs. Enfin,<br />
les opérateurs privés intervi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t sur les axes r<strong>en</strong>tables, compliquant davantage le développem<strong>en</strong>t<br />
d’une logique de « réseau » à l’échelle métropolitaine.<br />
L’exemple des pays du nord donne aux pouvoirs publics un rôle de contributeur ess<strong>en</strong>tiel au<br />
financem<strong>en</strong>t des transports collectifs <strong>urbains</strong>. Toutefois ce financem<strong>en</strong>t par l’impôt prélevé sur les<br />
ménages et les <strong>en</strong>treprises ne doit pas être la seule ressource financière des autorités organisatrices.<br />
Mateu TURRO (Université Polytechnique de Catalogne) et Géraldine BONNET (CERTU) 12 ont proposé<br />
différ<strong>en</strong>tes pistes de financem<strong>en</strong>t pour les Autorités Organisatrices de Transport <strong>en</strong> <strong>Méditerranée</strong>.<br />
Pour aller plus loin le lecteur peut se reporter à l’ouvrage de Gilles DAVID (Ministère français de<br />
10<br />
Mohamed MEZGHANI – IUTP : « Testimonials from International Association of Public Transport (UITP) »,<br />
2011<br />
11<br />
Rami SEMAAN – LEB : « Planification des <strong>Transports</strong> Urbains a l'Est », 2011<br />
12<br />
Mateu TURRO – Université Polytechnique de Catalogne et Géraldine BONNET – CERTU : « Comm<strong>en</strong>t financer<br />
le transport public urbain ? Quelles nouvelles sources de financem<strong>en</strong>t mobiliser ? », 2011<br />
28
l’Écologie) 13 .<br />
Tout d’abord, la contribution des usagers des transports collectifs est ess<strong>en</strong>tielle pour le financem<strong>en</strong>t<br />
des réseaux. Cela implique d’avoir une politique tarifaire qui peut intégrer une dim<strong>en</strong>sion sociale<br />
(avec des réductions pour les ménages à faibles rev<strong>en</strong>us, handicapés, séniors, étudiants, familles<br />
nombreuses, etc.), et prévoir une dim<strong>en</strong>sion commerciale (pour séduire une nouvelle cli<strong>en</strong>tèle par la<br />
qualité de service et le développem<strong>en</strong>t de l’offre, etc.). Pour être efficace, la politique tarifaire doit<br />
être accompagnée d’une lutte contre la fraude. Les exemples de certaines villes <strong>en</strong> Amérique Latine<br />
prés<strong>en</strong>tés par Jorge REBELO de la Banque Mondiale 14 montr<strong>en</strong>t qu’il est possible de couvrir les coûts<br />
d’exploitation des réseaux uniquem<strong>en</strong>t par la contribution des voyageurs.<br />
En faisant appel aux employeurs pour financer les trajets de leurs employés, il est possible de<br />
r<strong>en</strong>forcer l’accessibilité financière au réseau. En France, les <strong>en</strong>treprises doiv<strong>en</strong>t rembourser 50 % de<br />
l’abonnem<strong>en</strong>t transports collectifs des salariés. Au Brésil, les bons « Vale Transporte » utilisables<br />
dans les transports collectifs publics sont payés par l’<strong>en</strong>treprise aux employés qui touch<strong>en</strong>t les<br />
salaires les plus bas (voir <strong>en</strong>cart 1).<br />
ENCART 1 : LE VALE TRANSPORT BRESILIEN<br />
Mis <strong>en</strong> œuvre depuis 1975, il est une prestation fournie par l’employeur au bénéficie de ses salariées<br />
les plus pauvres, dont le voyage domicile-travail coûte plus de 6% de leur salaire brut de base. Il n’y a<br />
pas de déterminant de distance minimale à partir de laquelle l’employeur est t<strong>en</strong>u de fournir le Vale<br />
Transport. La seule obligation pour le salarié est d’utiliser les transports publics <strong>urbains</strong> ou<br />
inter<strong>urbains</strong> ou interétatiques, quelle que soit sa forme. Les transports sélectifs et les transports<br />
spéciaux <strong>en</strong> sont exclus.<br />
Une <strong>en</strong>quête réc<strong>en</strong>te de de l'Associação Nacional das Empresas de Transportes Urbanos (NTU)<br />
montre que le Vale Transport est utilisé comme moy<strong>en</strong> de paiem<strong>en</strong>t pour 39 % des déplacem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong><br />
transports publics. Cep<strong>en</strong>dant, seulem<strong>en</strong>t 20 % de la population <strong>en</strong> bénéficie. Il est estimé que les<br />
2/3 de la population <strong>en</strong>quêtée ne reçoiv<strong>en</strong>t pas cette aide à cause de leur situation précaire<br />
(chômage ou emploi informel) ou parce que l’employeur de respecte pas la loi.<br />
Les avantages pour l’employeur sont : de réduire l’abs<strong>en</strong>téisme et d’avoir une meilleure productivité<br />
des salariés ; le Vale Transport est non inclus dans le salaire donc il n’existe pas de surtaxe sur les<br />
salaires.<br />
Les avantages pour le salarié concerné sont : d’avoir une garantie de transport depuis son domicile<br />
jusqu’à son travail sans affecter son salaire, l’impact de l’augm<strong>en</strong>tation des tarifs des transports<br />
publics n’affecte pas son pouvoir d’achat et il peut récupérer ses crédits si sa carte à puce Vale<br />
Transport est volée, détériorée ou perdue.<br />
Par ailleurs, la fréqu<strong>en</strong>tation des réseaux de transport collectif peut être valorisée auprès d’autres<br />
acteurs économiques. Ainsi, la publicité (<strong>en</strong> station, sur les arrêts ou sur les véhicules) peut apporter<br />
des recettes annexes.<br />
13<br />
Gilles DAVID – Ministère français du Développem<strong>en</strong>t Durable : « Qui paie quoi <strong>en</strong> matière de transports<br />
<strong>urbains</strong> ? Guide de bonnes pratiques », 2009<br />
14<br />
Jorge REBELO – La Banque Mondiale : « Financing with new taxes on car used: The Latin America<br />
Experi<strong>en</strong>ce », 2011<br />
29
Ensuite, les réseaux de transport collectif peuv<strong>en</strong>t être financés par les usagers des transports<br />
individuels. L’instauration de taxes peut permettre de contribuer au développem<strong>en</strong>t des réseaux de<br />
transport collectif tout <strong>en</strong> dissuadant l’usage de la voiture. Celles-ci peuv<strong>en</strong>t être basées sur la<br />
consommation de carburants (ce fut le parti pris <strong>en</strong> Syrie où une taxe de 5 % sur les carburants est<br />
dédiée au financem<strong>en</strong>t des transports collectifs). En Asie, d’autres options exist<strong>en</strong>t : taxe sur<br />
l’immatriculation des véhicules, sur l’importation, l’achat ou la possession de véhicule.<br />
Une autre source de financem<strong>en</strong>t peut être l’ouverture de péages d’infrastructures ou de péages<br />
<strong>urbains</strong> (voir l’exemple de Milan). La politique de stationnem<strong>en</strong>t peut égalem<strong>en</strong>t être mise à profit<br />
du financem<strong>en</strong>t des réseaux. Les recettes de stationnem<strong>en</strong>t peuv<strong>en</strong>t représ<strong>en</strong>ter des ressources non<br />
négligeables (à Montpellier, une partie des recettes de stationnem<strong>en</strong>t serv<strong>en</strong>t à financer son réseau<br />
de transports publics). A Paris, le Syndicat des <strong>Transports</strong> d’Ile de France reçoit même le produit des<br />
am<strong>en</strong>des de stationnem<strong>en</strong>t.<br />
ENCART 2 : LE VERSEMENT TRANSPORT FRANÇAIS : UNE TAXE SUR LES EMPLOYEURS 15<br />
Le Versem<strong>en</strong>t de Transport (VT) a été institué <strong>en</strong> 1971 au sein de la région Île-de-France pour<br />
financer les transports collectifs. Deux ans plus tard, il fut instauré dans les grandes agglomérations<br />
hors Île-de-France.<br />
Le Versem<strong>en</strong>t Transport (VT) est un impôt, assis sur la masse salariale brute, payé par les employeurs<br />
publics et privés de plus de neuf salariés établis sur le périmètre de transport urbain. Avec la réforme<br />
de la taxe professionnelle, cet impôt devi<strong>en</strong>t une des principales ressources fiscales prélevées<br />
localem<strong>en</strong>t. Les taux de prélèvem<strong>en</strong>t du Versem<strong>en</strong>t Transport sont différ<strong>en</strong>ts selon la taille de<br />
l’agglomération et l’exist<strong>en</strong>ce ou non d’un projet de Transport Collectif <strong>en</strong> Site Propre (TCSP : c'est-àdire<br />
Métro, Tramway ou Bus à Haut Niveau de Service). Les autorités organisatrices de transport de<br />
moins de 100 000 habitants peuv<strong>en</strong>t prélever jusqu’à 1,1 % ; tandis que celles de plus de 100 000<br />
habitants peuv<strong>en</strong>t prélever jusqu’à 2,6 % de la masse salariale.<br />
Depuis sa création, il a permis de fortem<strong>en</strong>t développer les réseaux de transports collectifs sur les<br />
territoires ; assurer un certain niveau de qualité de service notamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> investissant dans de<br />
nouveaux modes de transport et de maint<strong>en</strong>ir des tarifs attractifs pour les usagers. Toutefois à<br />
prés<strong>en</strong>t, dans toutes les grandes villes, il ne suffit plus pour combler les déficits d’exploitation des<br />
réseaux.<br />
L’autorité organisatrice peut bénéficier de l’évolution positif des prix du foncier autour des axes de<br />
transport collectif. La méthode la plus simple est l’anticipation de l’achat de terrains qui seront alors<br />
viabilisés et aménagés par les autorités puis rev<strong>en</strong>dus à des promoteurs immobiliers.<br />
Ainsi la Greater Amman Municipality puise ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t ses ressources depuis les recettes des<br />
permis de construire. Par ailleurs, la location d’espaces commerciaux <strong>en</strong> stations peut être une<br />
ressource pour l’autorité organisatrice ou pour l’exploitant des réseaux. A Istanbul, le c<strong>en</strong>tre de<br />
maint<strong>en</strong>ance du métro est financé par la construction d’un c<strong>en</strong>tre commercial. Des mécanismes de<br />
taxation de la plus-value immobilière peuv<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t permettre d’apporter des ressources<br />
substantielles. La loi Gr<strong>en</strong>elle II <strong>en</strong> France a permis la mise <strong>en</strong> œuvre d’un mécanisme de ce type.<br />
15 D’après Christian BOURGET – Ministère français de l’Écologie: « Le ‘modèle’ français d’organisation des<br />
transports <strong>urbains</strong> – caractéristiques et limites », 2011<br />
30
La combinaison de différ<strong>en</strong>tes sources de financem<strong>en</strong>t peut permettre d’une part de maint<strong>en</strong>ir des<br />
tarifs accessibles pour la population tout <strong>en</strong> développant de nouveaux projets de transport de masse.<br />
Le fait de disposer d’une ressource dédiée, comme c’est le cas avec le Versem<strong>en</strong>t Transport <strong>en</strong><br />
France est un atout majeur pour la politique de transport (voir <strong>en</strong>cart 2). L’autorité organisatrice a un<br />
niveau de financem<strong>en</strong>t garantie qui lui évite de subir des arbitrages budgétaires dont les<br />
conséqu<strong>en</strong>ces pour le système de transport pourrai<strong>en</strong>t conduire à l’abandon de projet ou à l’arrêt de<br />
services.<br />
2. QUELLE PLANIFICATION POUR QUELS OBJECTIFS ?<br />
Les déplacem<strong>en</strong>ts sont l’une des composantes importantes du fonctionnem<strong>en</strong>t du territoire urbain<br />
mais ils n’<strong>en</strong> sont pas la seule. La planification urbaine pr<strong>en</strong>d <strong>en</strong> compte des <strong>en</strong>jeux<br />
<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>taux, économiques et sociaux plus larges que ceux liés aux seuls transports.<br />
Un li<strong>en</strong> fort doit donc être assuré <strong>en</strong>tre planification des déplacem<strong>en</strong>ts et planification urbaine. Les<br />
systèmes de transport ori<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t le développem<strong>en</strong>t des villes. La forme des villes conditionne les<br />
performances des systèmes de transport.<br />
Depuis les années 2000, la « planification stratégique » est apparue dans les villes <strong>en</strong><br />
développem<strong>en</strong>t. Cette démarche est portée, <strong>en</strong>tre autres, par les City Developm<strong>en</strong>t Strategies<br />
développés par Cities Alliance pour aider les villes à définir des stratégies économiques et urbaines<br />
<strong>en</strong> concertation avec tous les acteurs du territoire.<br />
La planification stratégique permet de coordonner les acteurs de la ville à l’échelle métropolitaine.<br />
Elle cherche à définir des objectifs clairs qui serv<strong>en</strong>t de référ<strong>en</strong>ce. Elle doit garantir qu’ils ne seront<br />
pas compromis par une somme d’actions locales contradictoires, et <strong>en</strong>fin elle doit permettre la mise<br />
<strong>en</strong> cohér<strong>en</strong>ce des projets opérationnels.<br />
« La planification stratégique privilégie des schémas de structure simple et de lecture<br />
compréh<strong>en</strong>sible, <strong>en</strong> vue d’un cons<strong>en</strong>sus sur les objectifs et les moy<strong>en</strong>s <strong>en</strong>tre acteurs publics et socioéconomiques.<br />
Via des plans d’actions concrets, elle peut alors cibler des sites et des projets avec un<br />
effet de levier maximum pour la converg<strong>en</strong>ce des investissem<strong>en</strong>ts publics et privés. Mais la<br />
démarche « projets <strong>urbains</strong> » ne doit pas se substituer à l’approche stratégique : celle-ci doit <strong>en</strong> être<br />
la véritable charp<strong>en</strong>te urbaine qui les justifie et les explicite. » 16<br />
Si les lignes directrices du développem<strong>en</strong>t territorial à un horizon temporel éloigné doiv<strong>en</strong>t être<br />
clairem<strong>en</strong>t établies, les schémas doiv<strong>en</strong>t aussi laisser une part de flexibilité <strong>en</strong>tre les objectifs<br />
intangibles et ceux adaptables à la conjoncture. Il faut pour cela intégrer un tableau de bord et une<br />
évaluation périodique <strong>en</strong> vue d’ajuster les docum<strong>en</strong>ts et leur mise <strong>en</strong> œuvre.<br />
L’<strong>en</strong>jeu de la planification stratégique est de faire le li<strong>en</strong> <strong>en</strong>tre le projet politique, la stratégie et sa<br />
mise <strong>en</strong> œuvre, sans oublier le suivi et l’évaluation. Elle s’inscrit dans un processus continu<br />
d’adaptation, et de concertation perman<strong>en</strong>te avec l’<strong>en</strong>semble des acteurs métropolitains.<br />
16 http://www.fnau.org/file/news/FNAUfran%C3%A7aiscomplet.pdf<br />
31
2.1. QUELLES EVOLUTIONS POUR LA PLANIFICATION DES DEPLACEMENTS URBAINS ?<br />
Etant donnée la croissance rapide <strong>en</strong> méditerranée, anticiper l’av<strong>en</strong>ir est un <strong>en</strong>jeu crucial. S’il existe<br />
des exercices de planification dans la plupart des grandes agglomérations, ils ont souv<strong>en</strong>t été m<strong>en</strong>ées<br />
sans intégrer la contrainte financière et se projett<strong>en</strong>t donc à des horizons lointains.<br />
Dans le cadre de la planification stratégique l’objectif est d’articuler la planification de long terme,<br />
nécessaire pour introduire une cohér<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre des actions qui suppos<strong>en</strong>t des investissem<strong>en</strong>ts de<br />
long terme, avec des actions réalisées à des horizons plus rapprochés de 5 à 10 ans, dont le<br />
financem<strong>en</strong>t pourra être assuré.<br />
La planification urbaine au Maghreb est différ<strong>en</strong>te selon les pays où les plans de transports ne sont<br />
pas toujours coordonnés avec les plans d’urbanisme : <strong>en</strong> Algérie, la planification est portée par l’Etat<br />
avec différ<strong>en</strong>ts plans et schémas selon l’échelle territoriale. En Tunisie, le pouvoir est plus<br />
déc<strong>en</strong>tralisé. Il existe des plans de déplacem<strong>en</strong>ts <strong>urbains</strong>, des règlem<strong>en</strong>ts d’urbanisme et des projets<br />
stratégiques. Au Maroc, il y a une coexist<strong>en</strong>ce de schémas régionaux, de schémas directeurs de<br />
Wilayas, de projets stratégiques, de règlem<strong>en</strong>ts d’urbanisme et de Plans de <strong>Transports</strong>.<br />
Selon Éric HUYBRECHTS, la planification dans les villes méditerrané<strong>en</strong>nes évolue d’une planification<br />
d’urg<strong>en</strong>ce à une planification intégrée des déplacem<strong>en</strong>ts selon la typologie suivante :<br />
Une planification « d’urg<strong>en</strong>ce » pour régler une « crise », avec comme pour effet sur les<br />
transports une construction d’infrastructures spontanées, au risque d’avoir des coupures<br />
urbaines.<br />
Une planification de « rattrapages » avec de grandes infrastructures guidées par les<br />
opportunités foncières et les infrastructures existantes.<br />
Une planification par anticipation (ext<strong>en</strong>sions et transformations urbaines) avec une<br />
planification des transports pour guider l’urbanisation (d<strong>en</strong>sification, c<strong>en</strong>tralité, ext<strong>en</strong>sions<br />
urbaines).<br />
Une planification intégrée et participative avec l’élaboration de plans de déplacem<strong>en</strong>ts<br />
<strong>urbains</strong> qui intègre la promotion des modes actifs, le stationnem<strong>en</strong>t, la hiérarchisation et la<br />
gestion de la voirie, les transports <strong>en</strong> commun, la tarification et intermodalité, les transports<br />
et livraisons de marchandises, la sécurité routière et le managem<strong>en</strong>t de la mobilité.<br />
2.2. LA PARTICIPATION CITOYENNE : COMMENT ASSOCIER LA POPULATION A L’ELABORATION ET A LA MISE EN<br />
ŒUVRE DES POLITIQUES DE TRANSPORTS URBAINS ?<br />
Qu’<strong>en</strong> est-il de la participation citoy<strong>en</strong>ne dans le développem<strong>en</strong>t et la mise <strong>en</strong> œuvre des politiques de<br />
transports <strong>urbains</strong> et des projets ? Comm<strong>en</strong>t faire participer la population ? Quelle communication<br />
avoir ? (d’après les questions de Thierry GOUIN – CERTU) 17<br />
Pour repr<strong>en</strong>dre les propos de Jean-Charles CROCHET – La Banque Mondiale 18 , « l’expéri<strong>en</strong>ce montre<br />
que la consultation et la participation de la population à l’élaboration et à la mise <strong>en</strong> œuvre des<br />
politiques de transport urbain sont une nécessité ». Car, même si les <strong>en</strong>quêtes quantitatives sont<br />
utiles pour apporter des connaissances sur les situations actuelles, ces dernières trait<strong>en</strong>t mal la<br />
dim<strong>en</strong>sion qualitative des déplacem<strong>en</strong>ts <strong>urbains</strong>. Des citadins confrontés quotidi<strong>en</strong>nem<strong>en</strong>t à la<br />
17<br />
Thierry GOUIN – CERTU : « Questioning: How to involve the people in the definition and implem<strong>en</strong>tation of<br />
urban transport policies? », 2011<br />
18<br />
Jean-Charles CROCHET – La Banque Mondiale : « Citoy<strong>en</strong>, contribuable, usager, cli<strong>en</strong>t, opérateur : comm<strong>en</strong>t<br />
associer la population à l’élaboration et à la mise <strong>en</strong> oeuvre des politiques de transport urbain ? », 2011<br />
32
éalité du terrain peuv<strong>en</strong>t apporter ces connaissances qui manqu<strong>en</strong>t aux politiques de déplacem<strong>en</strong>ts<br />
<strong>urbains</strong>.<br />
« Néanmoins, la consultation et la participation sont difficiles et peuv<strong>en</strong>t très bi<strong>en</strong> échouer », prévi<strong>en</strong>t<br />
Jean-Charles CROCHET. Les causes étant qu’il existera toujours des diverg<strong>en</strong>ces <strong>en</strong>tre les situations et<br />
les différ<strong>en</strong>ts groupes de la population (les commerçants, les habitants d’un quartier, une association<br />
de personnes handicapées, etc.). Ces groupes chercheront à déf<strong>en</strong>dre leurs intérêts propres avant les<br />
intérêts collectifs.<br />
En outre, les causes d’un échec peuv<strong>en</strong>t aussi v<strong>en</strong>ir de la part des porteurs des projets de<br />
déplacem<strong>en</strong>ts <strong>urbains</strong> par un déficit d’information auprès de la population concernant les<br />
déplacem<strong>en</strong>ts <strong>urbains</strong>.<br />
De ce fait, les projets et les <strong>en</strong>jeux sont le plus souv<strong>en</strong>t mal compris et mal assimilés : voix contre des<br />
projets, doléances, critiques, etc. Il est donc préférable de communiquer sur les rapports coûts des<br />
projets / bénéfices <strong>en</strong>g<strong>en</strong>drés pour une prise de consci<strong>en</strong>ce de tous, tout comme l’analyse technique<br />
pour une vision globale qui peut être difficile d’appréh<strong>en</strong>der pour l’individu.<br />
2.3. COMMUNIQUER AUPRES DE LA POPULATION AU-DELA DES PROJETS POUR SENSIBILISER A UNE MOBILITE PLUS<br />
DURABLE<br />
Communiquer après la concrétisation des projets de déplacem<strong>en</strong>ts <strong>urbains</strong> est aussi ess<strong>en</strong>tiel afin de<br />
faire connaître les nouvelles dispositions mises <strong>en</strong> œuvre (nouvelle organisation du stationnem<strong>en</strong>t,<br />
ouverture de voie verte, nouvelles lignes de transports, etc.) et s<strong>en</strong>sibiliser des usagers pot<strong>en</strong>tiels,<br />
<strong>en</strong>core peu convaincus.<br />
La communication et la s<strong>en</strong>sibilisation peuv<strong>en</strong>t pr<strong>en</strong>dre différ<strong>en</strong>tes formes (campagne d’affichage,<br />
ateliers, etc.) et interv<strong>en</strong>ir dans des lieux divers (écoles, <strong>en</strong>treprises, dans la rue…). Plusieurs<br />
structures font l’analyse suivante : le message est mieux assimilé par les <strong>en</strong>fants que par les adultes,<br />
les premiers pouvant <strong>en</strong>trainer les seconds dans leurs bonnes pratiques.<br />
Figure 23 - Affiche de la campagne "Autopatch" (STAR, Grand Roanne, ADEME)<br />
33
Cep<strong>en</strong>dant, pour que le message soit ret<strong>en</strong>u par une population, il est conseillé de s<strong>en</strong>sibiliser avec<br />
une communication « choc » pouvant passer par une campagne d’images viol<strong>en</strong>tes, comme il peut<br />
être vu pour la sécurité routière, ou par une s<strong>en</strong>sibilisation avec humour comme l’opération<br />
« Autopatch ».<br />
Cette opération repr<strong>en</strong>d les campagnes publicitaires des patchs anti-tabac. Elle « a pour objectif de<br />
s<strong>en</strong>sibiliser avec humour les automobilistes à l’utilisation des transports <strong>en</strong> commun et mettre <strong>en</strong><br />
avant les bénéfices qu’ils peuv<strong>en</strong>t <strong>en</strong> att<strong>en</strong>dre. […] P<strong>en</strong>dant la durée de l’opération, infirmiers et<br />
médecins Autopatch remett<strong>en</strong>t gracieusem<strong>en</strong>t des plaquettes de ‘gommes à mâcher Autopatch’<br />
composées d’économie, de sérénité et d’écologie, à pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> complém<strong>en</strong>t du traitem<strong>en</strong>t à base de<br />
bus » [ADEME, 2011] 19 .<br />
ENCART 3 : QUITO, INFORMER ET FAIRE PARTICIPER LE CITOYEN A DES ACTIONS LUDIQUES POUR<br />
PROMOUVOIR UNE MEILLEURE MOBILITE URBAINE 20<br />
Quito, capitale de l’Équateur, est située à 2 850 mètres d’altitude et compte près de deux millions<br />
d’habitants. La croissance urbaine répond à un modèle expansionniste, fortem<strong>en</strong>t influ<strong>en</strong>cé par les<br />
contraintes du territoire montagnard, ce qui <strong>en</strong> fait une ville peu d<strong>en</strong>se avec 100 habitants / hectare<br />
et une distribution des services très inégale sur le territoire.<br />
« Trois lignes de BRT desserv<strong>en</strong>t la ville du Nord au Sud avec un système de rabattem<strong>en</strong>t de bus<br />
<strong>urbains</strong> et inter<strong>urbains</strong> au niveau des pôles d’échanges. Malgré les efforts, […] il existe des difficultés<br />
<strong>en</strong> matière d’accessibilité pour les usagers vulnérables, dans une ville conçue, hormis le C<strong>en</strong>tre<br />
Historique, suivant les impératifs de la voiture », explique Sandra BONILLA. « C’est dans ce contexte,<br />
qu’<strong>en</strong> 2007 la municipalité <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>d la révision du Plan Directeur des <strong>Transports</strong> datant de 2002. Il<br />
n’est plus question de transport, mais plutôt de mobilité. On considère les déplacem<strong>en</strong>ts des<br />
personnes et des marchandises <strong>en</strong> y intégrant les questions d’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t et de participation<br />
citoy<strong>en</strong>ne dans la planification. »<br />
En plus de la participation citoy<strong>en</strong>ne via la concertation, la gestion participative au Plan de mobilité<br />
et la participation à des débats citoy<strong>en</strong>s, Quito propose à ses habitants des évènem<strong>en</strong>ts tournant<br />
autour de la mobilité alternative à la voiture. Par exemple, avec « la semaine de la mobilité » <strong>en</strong> 2009<br />
ou <strong>en</strong>core « le jour sans voiture » <strong>en</strong> 2005, où les curieux pouvai<strong>en</strong>t participer à des ateliers.<br />
En outre, tous les dimanches, l’Axe Nord-Sud est dédié aux circulations douces avec des activités<br />
vélos, rollers, etc. ouvertes aux <strong>en</strong>fants et aux adultes. Ces activités sont complétées par des cours de<br />
vélo pour <strong>en</strong>fants à partir de 5 ans, des parcours à destination des lycé<strong>en</strong>s et étudiants et des<br />
caravanes cyclistes pour salariés <strong>en</strong>tre le domicile et le lieu de travail. L’objectif est d’inciter au<br />
transfert modal par la pratique.<br />
Ces actions concrètes sont r<strong>en</strong>forcées par une politique de s<strong>en</strong>sibilisation auprès de la population,<br />
par l’intermédiaire de tracts, affiches, etc.<br />
19 À partir du site web suivant : http://observatoire.pcet-ademe.fr/action/fiche/49<br />
20 (Sandra BONILLA - DMQ)<br />
34
2.4. SUIVRE ET EVALUER LES DOCUMENTS DE PLANIFICATION<br />
Enfin, une fois la planification mise <strong>en</strong> œuvre, une évaluation est préconisée pour connaître les<br />
impacts par rapport aux objectifs fixés. Pour repr<strong>en</strong>dre les propos de B<strong>en</strong>jamin FOUCHARD – CETE<br />
<strong>Méditerranée</strong> 21 , « évaluer c’est avoir des objectifs et <strong>en</strong> mesurer l’atteinte ». En isolant les effets<br />
d’une politique publique on peut <strong>en</strong> mesurer les effets, porter un jugem<strong>en</strong>t de valeur et comparer la<br />
projection et la réalisation.<br />
Figure 14 - "Que faut-il évaluer ?" (schéma de B. FOUCHARD – CETE <strong>Méditerranée</strong>)<br />
Pour que l’évaluation soit consistance, elle doit s’appuyer sur un appareil statistique qui permette de<br />
mesurer le quantifiable. Toutefois, elle ne doit pas négliger les aspects plus qualitatifs. Pour cela<br />
l’évaluation doit être part<strong>en</strong>ariale. Enfin la communication autour de l’évaluation est nécessaire pour<br />
valoriser tant l’outil de planification que la démarche d’évaluation.<br />
3. LES GRANDES ORIENTATIONS DES STRATEGIES URBAINES ?<br />
3.1. LE ROLE DES PROJETS DE TRANSPORT DE MASSE DANS LA PLANIFICATION DES DEPLACEMENTS<br />
De nombreuses villes de la <strong>Méditerranée</strong> ont lancé des projets de transport de masse pour répondre<br />
à une demande toujours croissance de mobilité, <strong>en</strong>rayer la congestion et garantir un <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t<br />
urbain de qualité.<br />
Pour Alicia CASART 22 , le transport de masse est un <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t pour la qualité de vie, un outil<br />
urbanistique et une raison de fierté technologique. Il est aussi un élém<strong>en</strong>t clé pour la restructuration<br />
d’un réseau de transports <strong>urbains</strong>. L’investissem<strong>en</strong>t dans un système de transport de masse catalyse<br />
plusieurs processus d’innovation et d’amélioration (haute fréqu<strong>en</strong>ce, intégration tarifaire, nouvelles<br />
technologies, etc.). Toutefois, chaque mode doit pouvoir s’adapter à la structure de la demande, la<br />
21 B<strong>en</strong>jamin FOUCHARD – CETE <strong>Méditerranée</strong> : « Évaluer pour évoluer : comm<strong>en</strong>t suivre et évaluer les<br />
docum<strong>en</strong>ts de planification » et « Conclusions de la session », 2011<br />
22 Alicia CASART – ALG-EP : « Le point de vue du consultant: Quels besoins vis-à-vis des docum<strong>en</strong>ts de<br />
planification pour les projets de transport de masse ? », 2011<br />
35
topographie, le contexte urbain.<br />
Pour une même <strong>en</strong>veloppe budgétaire, on ne construira pas autant de kilomètres de métro, de<br />
tramway ou de BRT. Par ailleurs, ces différ<strong>en</strong>ts modes n’offr<strong>en</strong>t pas non plus la même capacité de<br />
transport et ne représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t pas les mêmes coûts d’exploitation. Pour éviter des surinvestissem<strong>en</strong>ts<br />
ou des sous-investissem<strong>en</strong>ts, il est nécessaire de calibrer l’offre de transport <strong>en</strong> évaluant la demande<br />
<strong>en</strong> amont et de coordonner le développem<strong>en</strong>t urbain à la mise <strong>en</strong> œuvre de ces systèmes de<br />
transport.<br />
Etant donnée leur portée symbolique, ces grands projets revêt<strong>en</strong>t une grande importance politique.<br />
Il est toutefois important de bi<strong>en</strong> les considérer comme des projets issus de la planification. Il arrive<br />
<strong>en</strong> effet que des lignes de transport de masse s’impos<strong>en</strong>t par rapport au schéma global des<br />
déplacem<strong>en</strong>ts. Cette situation peut <strong>en</strong>g<strong>en</strong>drer des difficultés non négligeables <strong>en</strong> termes<br />
d’intégration et de complém<strong>en</strong>tarité avec les réseaux existants.<br />
Toutefois, la réalisation d’un tramway, d’un métro ou d’un BRT peut permettre de faciliter et<br />
d’accélérer la mise <strong>en</strong> œuvre de certaines mesures inscrites dans un plan de déplacem<strong>en</strong>ts <strong>urbains</strong>,<br />
qui n’aurai<strong>en</strong>t peut-être pas été acceptées sans le projet de transport de masse.<br />
Ainsi, la ligne de transport de masse s’inscrit dans un objectif plus général de liaison <strong>en</strong>tre la<br />
périphérie au c<strong>en</strong>tre, de relier les pôles <strong>urbains</strong> et les nouveaux programmes immobiliers (bureaux,<br />
habitats, universités, stades, etc.), et d’amélioration du cadre de vie par la requalification de l’espace<br />
public et des aménagem<strong>en</strong>ts paysagers <strong>en</strong> grignotant de la place à la voiture.<br />
Ainsi, de grands projets de transport particip<strong>en</strong>t à la protection de la ville et à l’éloignem<strong>en</strong>t de la<br />
voiture <strong>en</strong> c<strong>en</strong>tre-ville, aidés par des aménagem<strong>en</strong>ts et des planifications connexes : plan de<br />
circulation, rocade de contournem<strong>en</strong>t, boulevard de contournem<strong>en</strong>t, zones à faible trafic (zone 30,<br />
piétonisation, zone de r<strong>en</strong>contre, zone à trafic limité, etc.).<br />
Frédérique HERNANDEZ - IUAR Aix-Marseille Université) 23 prévi<strong>en</strong>t que le transport de masse n’est<br />
pas un outil vertueux <strong>en</strong> soi. Ainsi <strong>en</strong> France, on associe souv<strong>en</strong>t au tramway les « mots magiques » :<br />
« modernité », « écologique », « urbanité », etc. Mais, un transport de masse doit être<br />
nécessairem<strong>en</strong>t intégrer à d’autres projets dans le cadre d’une planification globale des<br />
déplacem<strong>en</strong>ts.<br />
3.2. QUELLES OPTIONS POUR LES PLANS DE DEPLACEMENTS URBAINS ?<br />
Pour les villes méditerrané<strong>en</strong>nes qui conc<strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t un patrimoine historique remarquable, la<br />
revitalisation des c<strong>en</strong>tres villes est un <strong>en</strong>jeu important. L’organisation d’un système de transport<br />
urbain durable contribue à la préservation du patrimoine et au développem<strong>en</strong>t économique de cette<br />
partie de la ville. Toutefois, elle comporte quelques risques. En effet, si la mixité urbaine n’est pas<br />
préservée, cette politique risque de se solder par diverses mutations. Celles-ci pourrai<strong>en</strong>t aboutir à<br />
une dispersion dans les périphéries, alim<strong>en</strong>tant alors l’éclatem<strong>en</strong>t urbain déjà dynamisé par<br />
23 Frédérique HERNANDEZ – IUAR Aix-Marseille Université : « Le tramway : projet de transport de masse et outil<br />
stratégique de la planification urbaine », 2011<br />
36
l’accroissem<strong>en</strong>t de la population urbaine et la motorisation de masse, et limitant le niveau de service<br />
des modes de déplacem<strong>en</strong>ts alternatifs :<br />
Une « g<strong>en</strong>trification » : le profil économique et social des c<strong>en</strong>tres se transforme au profit<br />
d’une classe supérieure à la précéd<strong>en</strong>te (hausse du niveau de vie). Dans ce cas, sur le même<br />
schéma que certaines villes de la rive nord, les populations les plus modestes des villes des<br />
rives sud et est migr<strong>en</strong>t vers les périphéries.<br />
A contrario, une prépondérance de l’habitat bas de gamme : les cœurs de ville des rives sud<br />
et est subiss<strong>en</strong>t depuis plusieurs années une dégradation économique et sociale qui se solde<br />
par des processus de marginalisation et de détérioration de leur attractivité, comme l’ont<br />
connu les c<strong>en</strong>tres historiques des villes de la rive après la seconde guerre mondiale. Ici, ce<br />
sont les classes au niveau de vie supérieur qui « fui<strong>en</strong>t » le c<strong>en</strong>tre.<br />
Une spécialisation d’activités : « ville-musée » spécialisée dans le tourisme, prédominance du<br />
commerce qui évoluerait constamm<strong>en</strong>t dans une double direction (le haut-de-gamme /<br />
spécialisation et le triptyque culture / loisirs / restauration).<br />
Si une ville connaît une dynamique de dispersion des populations urbaines, Patrice BERGER –<br />
URBALYON 24 – considère qu’il est possible de conc<strong>en</strong>trer les noyaux périphériques dans un ou<br />
plusieurs nouveaux c<strong>en</strong>tres (c<strong>en</strong>tres secondaires majeurs) et de les relier efficacem<strong>en</strong>t au c<strong>en</strong>tre<br />
historique par un ou des corridors de transports collectifs.<br />
Pour Marc Le TOURNEUR de Montpellier Agglomération 25 , les priorités des politiques locales <strong>en</strong><br />
matière de transports <strong>urbains</strong> correspond<strong>en</strong>t à :<br />
Une d<strong>en</strong>sification de l’habitat et des activités prioritaires sur les axes des transports collectifs<br />
<strong>en</strong> site propre (maitriser l’urbanisation et donner l’avantage aux transports alternatifs et non<br />
à la voiture individuelle).<br />
Une tarification du stationnem<strong>en</strong>t avantageuse pour les résid<strong>en</strong>ts mais décourageante pour<br />
les déplacem<strong>en</strong>ts domicile-travail et favorisant la rotation (dynamisation du commerce,<br />
moins d’emprise de l’espace public par la voiture, etc.).<br />
Un développem<strong>en</strong>t des modes actifs avec la piétonisation du c<strong>en</strong>tre historique, le<br />
déploiem<strong>en</strong>t du vélo <strong>en</strong> libre-service (gratuit pour les abonnés au réseau de transports<br />
collectifs publics ; tarifs attractifs pour les non abonnés, etc.), le développem<strong>en</strong>t de la<br />
location longue durée de vélos pour les étudiants et <strong>en</strong>treprises, ainsi que le gardi<strong>en</strong>nage des<br />
vélos dans les parkings.<br />
Une prise <strong>en</strong> compte des flux de marchandises. Les activités économiques d’une ville<br />
produis<strong>en</strong>t des déplacem<strong>en</strong>ts (logistique urbaine) : artisan <strong>en</strong> interv<strong>en</strong>tion,<br />
approvisionnem<strong>en</strong>t des <strong>en</strong>treprises, ravitaillem<strong>en</strong>t des chantiers, livraisons chez les<br />
particuliers, etc. sans oublier les interv<strong>en</strong>tions des véhicules d’urg<strong>en</strong>ce (ambulances, sapeurspompiers,<br />
police, gaz de ville) et le ramassage des ordures.<br />
L’organisation de la logistique urbaine est un des défis des villes tant ce secteur conjugu<strong>en</strong>t de<br />
nombreux acteurs relevant du secteur privé (transporteurs, gestionnaires des stocks, industriels,<br />
commerçants, etc.), du secteur public (élus, technici<strong>en</strong>s, forces de police, chambres consulaires, etc.),<br />
24 Patrice BERGER – URBALYON : « Comm<strong>en</strong>t décongestionner le c<strong>en</strong>tre anci<strong>en</strong> ? », 2010<br />
25 Marc LE TOURNEUR : « Les transports à Montpellier : planification et cadre institutionnel », 2010<br />
37
ainsi que la population impactées par ces déplacem<strong>en</strong>ts (disponibilité des marchandises, livraisons à<br />
domicile, bruit, etc.).<br />
Pour terminer sur cette partie concernant la gouvernance urbaine et la planification des transports,<br />
nous proposons une liste d’interrogations. Les réponses à l’<strong>en</strong>semble de ces questions doiv<strong>en</strong>t<br />
permettre aux personnes <strong>en</strong> charge des transports d’établir un diagnostic sur leur territoire afin<br />
d’élaborer des pistes d’actions.<br />
LES QUESTIONS ESSENTIELLES SUR LA GOUVERNANCE ET LA PLANIFICATION DES TRANSPORTS<br />
1. Qui est compét<strong>en</strong>t <strong>en</strong> matière de gestion des systèmes de transport et sur quels<br />
territoires ? Quelles institutions, pour quels systèmes, sur quels territoires ?<br />
2. Quels sont les moy<strong>en</strong>s humains au service de chaque compét<strong>en</strong>ce ? Pilotage politique ?<br />
Services techniques ? Capacité d’expertise locale ? Externalisation ?<br />
3. Quels sont les moy<strong>en</strong>s financiers au service de chaque compét<strong>en</strong>ce (impôts, taxes,<br />
subv<strong>en</strong>tions, recettes prov<strong>en</strong>ant de l’usager) ?<br />
4. Comm<strong>en</strong>t est assurée la cohér<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre la gestion des différ<strong>en</strong>ts systèmes de transport ?<br />
5. Qui est compét<strong>en</strong>t <strong>en</strong> matière de planification des déplacem<strong>en</strong>ts ? Sur quels territoires ? A<br />
quelles échelles de temps ?<br />
6. Comm<strong>en</strong>t sont élaborés les grands projets structurants de transport ? Comm<strong>en</strong>t<br />
s’articul<strong>en</strong>t-ils avec les démarches de planification ? Sont-ils décl<strong>en</strong>cheurs, moteurs ou freins ?<br />
7. Qui est compét<strong>en</strong>t <strong>en</strong> matière de planification urbaine ? Sur quels territoires ? A quelles<br />
échelles de temps ?<br />
8. Quel est le li<strong>en</strong> <strong>en</strong>tre planification des déplacem<strong>en</strong>ts et planification urbaine ?<br />
9. Quel est le degré d’évaluation des politiques de déplacem<strong>en</strong>ts <strong>urbains</strong> ? Existe-t-il une<br />
évaluation a priori et/ou a posteriori ? Existe-t-il un suivi et un contrôle ? Comm<strong>en</strong>t les <strong>en</strong>jeux du<br />
développem<strong>en</strong>t durable sont pris <strong>en</strong> compte ?<br />
10. Existe-t-il un lieu de mutualisation ou de capitalisation de la connaissance, des données, de<br />
l’expertise <strong>en</strong> matière de déplacem<strong>en</strong>ts <strong>urbains</strong> ? Niveau local ou national ?<br />
38
CHAPITRE III<br />
Au-delà de l’articulation <strong>en</strong>tre l’urbanisme et les transports, les politiques de mobilité durable<br />
déclinées dans les pays de la rive nord de la Méditerrané<strong>en</strong>ne s’appui<strong>en</strong>t généralem<strong>en</strong>t sur quatre<br />
piliers :<br />
Une régulation de l’usage de la voiture individuelle : baisse de l’accessibilité de certaines<br />
zones, réduction des vitesses de circulation, politique de stationnem<strong>en</strong>t plus volontariste,<br />
r<strong>en</strong>chérissem<strong>en</strong>t des coûts de déplacem<strong>en</strong>t, etc.<br />
Le développem<strong>en</strong>t d’une offre de transports alternatifs attractifs par rapport à la voiture :<br />
moindre coût financier, rapidité, accessibilité, temps de parcours garantis, fortes fréqu<strong>en</strong>ces,<br />
large amplitudes horaires, etc.<br />
Un développem<strong>en</strong>t de l’offre multimodale : création de parking relais, amélioration de<br />
l’accessibilité piétonne et aménagem<strong>en</strong>ts <strong>urbains</strong> favorables aux piétons, développem<strong>en</strong>t<br />
d’infrastructures cyclables et de services vélo, etc.<br />
L’organisation de la logistique urbaine : ce quatrième pilier est le moins développé pourtant<br />
l’organisation des livraisons et des flux de véhicules utilitaires est un <strong>en</strong>jeu majeur pour la<br />
mise <strong>en</strong> place d’une mobilité durable.<br />
Les trois premiers axes de politiques publiques mérit<strong>en</strong>t d’être coordonnés pour favoriser le<br />
développem<strong>en</strong>t d’une mobilité multi-modalité chez les habitants. Le quatrième est majeur pour<br />
permettre un meilleur usage de la voirie et réduire les risques de congestion, de pollution de l’air et<br />
d’accid<strong>en</strong>ts dans la ville.<br />
1. COMMENT MAITRISER L’USAGE DE LA VOITURE ?<br />
COMMENT ORGANISER ET GERER LES<br />
RESEAUX ?<br />
La maîtrise de l’usage de la voiture individuelle représ<strong>en</strong>te le premier <strong>en</strong>jeu d’une mobilité plus<br />
durable. Dans un premier temps pour les villes des rives sud et est de la <strong>Méditerranée</strong>, il s’agit<br />
d’organiser le trafic et le stationnem<strong>en</strong>t afin de le cont<strong>en</strong>ir sur une portion délimitée de l’espace<br />
public. Au-delà d’actions visant à organiser le trafic, des mesures pour maîtriser le développem<strong>en</strong>t de<br />
l’usage de l’automobile peuv<strong>en</strong>t s’avérer nécessaires pour réduire la congestion, les pollutions<br />
atmosphériques et sonores et limiter les investissem<strong>en</strong>ts. Ces ori<strong>en</strong>tations nécessit<strong>en</strong>t une volonté<br />
politique forte de la part des dirigeants.<br />
1.1. UNE HIERARCHISATION DU RESEAU VIAIRE SELON LES FONCTIONNALITES<br />
L’objectif d’une hiérarchisation du réseau est la gestion globale du trafic pour améliorer les<br />
conditions de circulation urbaine. Ainsi, les plans généraux de circulation définiss<strong>en</strong>t les itinéraires<br />
privilégiés pour les différ<strong>en</strong>ts modes de transport. Trois types de liaisons sont généralem<strong>en</strong>t définis :<br />
Les liaisons de transit : les flux qui travers<strong>en</strong>t l’agglomération sans connexion avec celle-ci.<br />
Les liaisons d’échanges : connexions <strong>en</strong>tre l’agglomération et l’extérieur.<br />
Les liaisons internes : les flux à l’intérieur de l’agglomération : desserte de pôles industriels,<br />
39
préservation de la vie locale, etc.<br />
Ainsi, la hiérarchisation de la voirie se fait selon les fonctions que l’on souhaite privilégier dans les<br />
différ<strong>en</strong>tes parties de l’agglomération. Les types d’aménagem<strong>en</strong>t et les vitesses de circulation<br />
pourront être différ<strong>en</strong>ts selon les types de liaisons. Ils laisseront plus ou moins de place à la<br />
cohabitation avec les modes de transport non motorisés.<br />
La mixité des modes de transport est adaptée pour des emprises viaires privilégiant la vie locale et où<br />
l’espace peut manquer comme dans les c<strong>en</strong>tres historiques ; elle ne peut se faire sans une<br />
modération des vitesses des usagers motorisés. Le partage de certaines voiries où chaque mode à un<br />
couloir défini sera requis sur les voies à trafic important ; <strong>en</strong> règle générale, <strong>en</strong> milieu urbain, la<br />
réalisation de ce partage se fait <strong>en</strong> réduisant l’espace dédié à la voiture au profit des modes<br />
alternatifs.<br />
Cep<strong>en</strong>dant, des points d’att<strong>en</strong>tion doiv<strong>en</strong>t être pris <strong>en</strong> considération : la gestion des interfaces <strong>en</strong>tre<br />
les différ<strong>en</strong>tes voies modales ; la surveillance du respect de la fonction des voies modales ; la<br />
prévision de zones de livraisons dédiées.<br />
1.2. LA POLITIQUE DE STATIONNEMENT SELON LES TYPES D’USAGES<br />
La possibilité de stationner facilem<strong>en</strong>t ou non son véhicule à destination est un critère important<br />
dans le choix modal. Ainsi, des études ont montré que la mise à disposition d’une place de<br />
stationnem<strong>en</strong>t gratuite sur le lieu de travail est le premier critère expliquant le choix de l’automobile<br />
pour des déplacem<strong>en</strong>ts domicile-travail.<br />
Sur la rive nord, dans le c<strong>en</strong>tre des agglomérations, les politiques de stationnem<strong>en</strong>t pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />
généralem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> compte trois types d’usagers différ<strong>en</strong>ts :<br />
Les résid<strong>en</strong>ts qui veul<strong>en</strong>t stationner leur véhicule de nuit (voire de jour) près du domicile.<br />
Les salariés qui vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t travailler <strong>en</strong> voiture et veul<strong>en</strong>t stationner <strong>en</strong> journée.<br />
Les visiteurs, particulièrem<strong>en</strong>t les cli<strong>en</strong>ts de commerces qui veul<strong>en</strong>t stationner au plus près<br />
de leur destination pour une courte ou moy<strong>en</strong>ne durée.<br />
Lorsque qu’il existe une alternative crédible de déplacem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> transport collectif, les autorités<br />
propos<strong>en</strong>t des abonnem<strong>en</strong>ts à prix attractifs pour permettre au résid<strong>en</strong>t de garer leur véhicule jour<br />
et nuit et se déplacer par le bus le métro ou le tram. Un tarif est proposé pour des périodes limitées<br />
afin de permettre aux visiteurs de v<strong>en</strong>ir faire leurs achats sur place, mais il ne permet pas aux salariés<br />
de v<strong>en</strong>ir stationner toute la journée, les ori<strong>en</strong>tant plutôt vers les transports collectifs.<br />
Cette politique de stationnem<strong>en</strong>t, pour une bonne efficacité, nécessite des contrôles et une<br />
verbalisation <strong>en</strong> cas de non respect. Elle doit être associée à la création de Parkings Relais pour<br />
faciliter l’intermodalité des salariés.<br />
40
1.3. LA RESTRICTION DE LA CIRCULATION EN CENTRE-VILLE POUR FAVORISER L’USAGE DES AUTRES MODES<br />
Le concept de zone à trafic limité (ZTL) a été créé <strong>en</strong> Italie <strong>en</strong> 1987 dans le but de protéger le<br />
patrimoine urbain de la pollution due au nombre de véhicules grandissant, tout <strong>en</strong> garantissant<br />
l’attractivité économique du c<strong>en</strong>tre historique. L’aire concernée doit être vaste de plusieurs<br />
c<strong>en</strong>taines d’hectares pour offrir aux modes actifs et les transports collectifs des conditions de confort<br />
et de performance suffisantes. Dans cette zone, la circulation de véhicules motorisés n’est pas<br />
complètem<strong>en</strong>t interdite. Un permis de circuler est attribué aux circulations jugées « ess<strong>en</strong>tielles »<br />
pour la vitalité du cœur historique : habitants de la zone, urg<strong>en</strong>ces, services publics, transport de<br />
personne à mobilité réduite, etc.<br />
Cette mesure réglem<strong>en</strong>taire n’exige pas d’aménagem<strong>en</strong>ts spécifiques des espaces publics. Les<br />
<strong>en</strong>trées de zone et les conditions d’accès doiv<strong>en</strong>t être clairem<strong>en</strong>t id<strong>en</strong>tifiées par des marquages et<br />
signalisations (véhicules autorisés, horaires, etc.). Maurizio TIRA – Université de Brescia 26 – conseille<br />
toutefois une mise <strong>en</strong> place de contrôles d’accès électroniques. Par exemple, à Padoue, la Zona Blu<br />
(zone à trafic limité) a été mise <strong>en</strong> place <strong>en</strong> 1988 et bénéficie depuis 2008 de caméras de<br />
vidéosurveillance à chacune des <strong>en</strong>trées. Elles lis<strong>en</strong>t les plaques d’immatriculation des véhicules et<br />
un logiciel se charge de traiter l’information pour vérifier l’état d’autorisation. Il est rec<strong>en</strong>sé <strong>en</strong>viron<br />
250 fraudeurs par jour qui doiv<strong>en</strong>t s’acquitter d’une am<strong>en</strong>de de 90 €. Le recouvrem<strong>en</strong>t des am<strong>en</strong>des<br />
a permis d’amortir rapidem<strong>en</strong>t le coût de l’équipem<strong>en</strong>t des caméras et apporte maint<strong>en</strong>ant des<br />
recettes. La gestion automatisée du système requiert deux personnes. Grâce à cette limitation du<br />
trafic automobile, la part modale des modes actifs s’est considérablem<strong>en</strong>t accrue ; aujourd’hui, 20%<br />
des déplacem<strong>en</strong>ts sont assurés à vélo.<br />
La mise <strong>en</strong> œuvre des mesures ne peut se concevoir sans le développem<strong>en</strong>t des autres modes de<br />
transport. Il a été remarqué que dans certaines villes de la rive nord méditerrané<strong>en</strong>ne, où les<br />
transports collectifs publics étai<strong>en</strong>t peu performants et/ou saturés, les politiques de restriction à<br />
l’usage de la voiture ont pu se solder par une forte croissance de l’usage des deux roues motorisés,<br />
(plus sujets aux risques d’accid<strong>en</strong>ts de la route) comme a pu le démontrer Angel LOPEZ – Ville de<br />
Barcelone 27 .<br />
2. COMMENT RENFORCER LA PERFORMANCE DES TRANSPORTS COLLECTIFS ?<br />
L’offre de transports collectifs est d’autant plus pertin<strong>en</strong>te qu’elle est réfléchie et conçue <strong>en</strong> réseau,<br />
c’est-à-dire un <strong>en</strong>semble de "nœuds" reliés <strong>en</strong>tre eux par des "li<strong>en</strong>s". Cela signifie que l’<strong>en</strong>semble des<br />
modes de transports collectifs (transports lourds de type ferroviaire, bus, transports artisanaux, etc.)<br />
sont coordonnés par rapport à leur périmètre de pertin<strong>en</strong>ce pour essayer de proposer une desserte<br />
globale, cohér<strong>en</strong>te et optimisée du territoire.<br />
26 Maurizio TIRA – Université de Brescia : « Italian experi<strong>en</strong>ce of the Restricted Traffic Zone (ZTL) », 2010.<br />
27 Angel LOPEZ – Ville de Barcelone : « Les deux roues motorisées – Défis et opportunités », 2010<br />
41
2.1. LA HIERARCHISATION ET LE MAILLAGE DU RESEAU<br />
L’amélioration d’un réseau de transports collectifs passe par la création d’un ou de plusieurs axes<br />
structurants où l’autorité offre son plus haut niveau de service. Situées sur les axes où la<br />
fréqu<strong>en</strong>tation est la plus élevée, ces lignes fortes doiv<strong>en</strong>t être conçues <strong>en</strong> complém<strong>en</strong>tarité avec les<br />
autres lignes du réseau. Le rabattem<strong>en</strong>t vers ces axes structurants se fait avec des systèmes moins<br />
capacitaires qui vont desservir des territoires moins d<strong>en</strong>ses que ceux parcourus par les lignes fortes.<br />
Selon la taille des agglomérations, on peut compter jusqu’à six échelons dans la hiérarchie du réseau<br />
sur la rive nord (depuis le réseau ferroviaire régional jusqu’au transport à la demande). Cette<br />
hiérarchisation des réseaux permet d’avoir le maillage le plus fin pour desservir l’<strong>en</strong>semble du<br />
territoire avec un maximum d’efficacité économique.<br />
2.2. L’INTEGRATION DE L’OFFRE A TRAVERS LA POLITIQUE TARIFAIRE, L’INFORMATION ET LES POLES D’ECHANGES<br />
Comme le démontre l’intégration tarifaire d’un système de transports collectifs <strong>urbains</strong> permet de<br />
dépénaliser les correspondances <strong>en</strong> évitant à l’usager de payer de nouveau <strong>en</strong> changeant de<br />
transport. Soit, un gain économique, un gain temporel et plus de confort perçut par le voyageur. Une<br />
perception qui, pour Xavier ROSELLÒ – ATM 28 ,peut <strong>en</strong>trainer, dans ce cas, une utilisation plus<br />
massive des transports collectifs, <strong>en</strong> attirant de nouveaux usagers. Néanmoins, les titres intégrés<br />
doiv<strong>en</strong>t être limités dans le temps et/ou <strong>en</strong> nombre de trajets (hors abonnem<strong>en</strong>ts illimités) pour<br />
garantir à l’autorité organisatrice un niveau adéquat de financem<strong>en</strong>t. Ainsi, par exemple, grâce à<br />
l’intégration tarifaire mise <strong>en</strong> place <strong>en</strong> 2001, l’ATM (autorité organisatrice à Barcelone) dénombre<br />
une progression de 24 % de voyageurs <strong>en</strong>tre 2001 et 2008.<br />
En plus d’une politique tarifaire globale qui facilite l’accès à tous les usagers au système de<br />
transports <strong>urbains</strong>, il a été constaté qu’une information et une communication auprès des<br />
populations sur le système existant permettait d’attirer de nouveaux voyageurs et, par conséqu<strong>en</strong>t,<br />
de r<strong>en</strong>forcer le réseau (nouveaux apports financiers, r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>t de la notoriété, etc.).<br />
L’information intervi<strong>en</strong>t au mom<strong>en</strong>t de la préparation du voyage par l’usager, ainsi qu’au cours du<br />
trajet (nom de l’arrêt, temps d’att<strong>en</strong>te, incid<strong>en</strong>t technique, etc.). Elle peut être couplée à une<br />
s<strong>en</strong>sibilisation auprès des usagers : interv<strong>en</strong>tions dans les écoles, dans les <strong>en</strong>treprises, etc.<br />
Enfin, l’intégration de l’offre de service passe par la création de « pôles d’échanges multimodaux ».<br />
Un pôle d’échanges peut assurer trois fonctions :<br />
Fonction de transport avec rupture de charge et connexions <strong>en</strong>tre différ<strong>en</strong>ts modes ; suivant<br />
la façon dont il est traité, le pôle d’échanges sera perçu comme atout ou comme une<br />
contrainte.<br />
Fonction urbaine où le pôle d’échanges est un point d’<strong>en</strong>trée / sortie vers l’espace urbain.<br />
Fonction de services <strong>en</strong> regroupant des <strong>en</strong>treprises et des administrations accessibles aux<br />
voyageurs et aux riverains : commerces, maisons médicales, postes, etc.<br />
28 Xavier ROSELLÒ – ATM : « Prés<strong>en</strong>tation de l’ATM, Autorité du Transport Métropolitain de Barcelone », 2011<br />
42
La bonne organisation des pôles d’échanges est ess<strong>en</strong>tielle pour permettre aux usagers des<br />
transports collectifs de réaliser leur correspondance dans un délai minimum et une simplicité<br />
maximum.<br />
2.3. L’INTEGRATION DES TRANSPORTS ARTISANAUX DANS L’OFFRE MULTI-MODALE<br />
Le transport artisanal offre la possibilité d’être mobile à de nombreux groupes de population ne<br />
pouvant bénéficier des transports publics institutionnels. Ce système de transport mobilise un grand<br />
nombre d’emplois dans un contexte de chômage important 29 . À cet égard, toute initiative visant la<br />
régulation et l’intégration des transports artisanaux dans un système organisé de transports <strong>urbains</strong><br />
prés<strong>en</strong>te des <strong>en</strong>jeux économiques, sociaux et politiques importants.<br />
Quelles méthodes pour faire évoluer les modèles sans exclure les opérateurs locaux ? Pour répondre à<br />
cette question, Alain DESCAMPS – Veolia Transdev – décline six axes de méthodes 30 :<br />
Les modèles d’intégration des opérateurs locaux sont multiples. Il est nécessaire de<br />
compr<strong>en</strong>dre les projets individuels de chaque <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eur et leur capacité à évoluer,<br />
notamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> rec<strong>en</strong>sant leurs moy<strong>en</strong>s opérationnels (d’après l’exig<strong>en</strong>ce de service voulue)<br />
et financiers. Suivant cela, le choix <strong>en</strong>tre opérateur unique ou opérateurs multiples devra<br />
être fait par l’autorité organisatrice.<br />
L’autorité organisatrice devra définir son degré de régulation et de contrôle suivant ses<br />
réelles capacités opérationnelles et <strong>en</strong> fonction du projet politique. Cep<strong>en</strong>dant, plus le<br />
système est multiple, plus la gestion est lourde et complexe. Il est donc préconisé à l’autorité<br />
organisatrice de faire connaître ses exig<strong>en</strong>ces <strong>en</strong> amont, pour être clairem<strong>en</strong>t<br />
contractualisées avec les opérateurs.<br />
Le secteur artisanal peut être une opportunité et non un handicap à condition de limiter le<br />
nombre d’artisans par des incitations au regroupem<strong>en</strong>t (groupe d’intérêt économique), voire<br />
<strong>en</strong> permettant aux plus faibles de pouvoir sortir du dispositif par des donations de fin<br />
d’activité. Si les regroupem<strong>en</strong>ts se sont faits, ils devront être affectés, suivant leurs capacités<br />
opérationnelles, selon une logique géographique (lot de lignes) ou de produits (desserte<br />
zonale, ligne de rabattem<strong>en</strong>t, etc.). Néanmoins, imposer un cahier des charges d’exploitation<br />
et contrôler l’exécution s’avèr<strong>en</strong>t primordial pour un bon fonctionnem<strong>en</strong>t. En complém<strong>en</strong>t, il<br />
peut être mis <strong>en</strong> place des dispositifs de récomp<strong>en</strong>se pour une bonne exécution (aides<br />
financières par exemple), des « contrats de progrès », des plans d’aide pour la formation<br />
professionnelle, etc.<br />
Le li<strong>en</strong> contractuel fonde la relation opérateur / régulateur et doit obéir à plusieurs principes.<br />
Notamm<strong>en</strong>t, le contrat doit s’adapter à la mission confiée et aux objectifs assignés, tout <strong>en</strong><br />
ayant la possibilité d’évoluer dans le temps dans le cadre d’une vraie dynamique de<br />
négociation. A priori, si la situation de départ est dégradée, il est recommandé de favoriser<br />
29 Xavier GODARD : « Transport artisanal, esquisse de bilan pour la mobilité durable », 2008<br />
30 Alain DESCAMPS – Veolia Transdev : « Point de vue de l’opérateur Améliorer l’effici<strong>en</strong>ce des <strong>Transports</strong><br />
Urbains au Sud de la <strong>Méditerranée</strong> avec les opérateurs locaux - Veolia », 2011<br />
43
des contrats évolutifs qui ti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t compte des progrès réalisés plutôt que de définir des<br />
objectifs volontaristes. Il est recommandé de soumettre ces contrats à un contrôle correctif<br />
(pour pouvoir progresser) plutôt que répressif.<br />
Le suivi de la performance permet de mesurer les évolutions mais aussi d’améliorer la<br />
gestion (établir un tableau de bord, réunions d’évaluation, informatisation, etc.).<br />
La modernisation des transports est un processus long et suppose une professionnalisation<br />
du métier par la mise <strong>en</strong> place d’une véritable politique de formation chez l’autorité<br />
organisatrice et les opérateurs.<br />
L’intégration des transporteurs artisanaux est un choix politique qui demandera à l’autorité<br />
organisatrice une méthodologie de travail exigeante dans l’accompagnem<strong>en</strong>t de la mutation des<br />
opérateurs et la garantie d’une amélioration du niveau de la qualité de service.<br />
A l’instar des villes de la rive nord essayant de développer le « Transport à la Demande » (TAD)<br />
collectif pour connecter des zones périphériques au réseau urbain, il a été démontré, sur le modèle<br />
du Caire, que les transports collectifs artisanaux permett<strong>en</strong>t d’assurer une bonne couverture du<br />
territoire, une bonne adéquation offre-demande et des outils efficaces de rabattem<strong>en</strong>t vers les lignes<br />
« fortes ».<br />
3. COMMENT FAVORISER L’USAGE DE LA MARCHE ET DU VELO ?<br />
Les villes de la rive nord de la <strong>Méditerranée</strong> ont constaté qu’un traitem<strong>en</strong>t de l’espace public <strong>en</strong><br />
faveur des modes non motorisés r<strong>en</strong>forçait leur usage. Une stratégie qui s’accompagne d’une<br />
hiérarchisation du réseau routier urbain pour déterminer la manière dont l’espace public, le bâti et<br />
les différ<strong>en</strong>ts modes de transport seront traités. Selon Martin STUCKI – Transitec 31 , le traitem<strong>en</strong>t de<br />
l’espace urbain passe par plusieurs phases:<br />
Etablir un diagnostic de la situation actuelle afin d’énoncer clairem<strong>en</strong>t des objectifs.<br />
Déterminer le partage de l’espace et du temps aux différ<strong>en</strong>ts usagers <strong>en</strong> fonction de la<br />
hiérarchisation des réseaux (partage de la voirie, priorité aux feux tricolores pour les<br />
transports collectifs, zones de restriction, double-s<strong>en</strong>s cyclable, etc.).<br />
Optimiser <strong>en</strong> priorité le fonctionnem<strong>en</strong>t des infrastructures existantes.<br />
Viser une approche multimodale pour intégrer l’<strong>en</strong>semble des modes de transport et <strong>en</strong><br />
particulier les plus vulnérables.<br />
Garantir une cohér<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre aménagem<strong>en</strong>t et exploitation.<br />
Ce type de démarche a eu pour conséqu<strong>en</strong>ce d’améliorer l’accessibilité et la mobilité, une sécurité<br />
accrue, des effets positifs sur les pollutions atmosphériques, sonores et visuelles, ainsi qu’une<br />
31 Martin STUCKI – Transitec : « Les déplacem<strong>en</strong>ts dans les cœurs de ville : quel traitem<strong>en</strong>t de l’espace urbain ? –<br />
Illustrations à travers le guide d’aménagem<strong>en</strong>t et d’exploitation de l’espace public urbain au Maroc », 2010. Il y<br />
est prés<strong>en</strong>té égalem<strong>en</strong>t des exemples de recommandations et d’illustrations de traitem<strong>en</strong>t de l’espace public<br />
44
meilleure allocation des ressources dans le cadre de projets d’aménagem<strong>en</strong>t des espaces de<br />
circulation. Complétant ces constatations, des aménagem<strong>en</strong>ts de l’espace urbain et paysagers<br />
« séduisants » permett<strong>en</strong>t de faciliter le choix des modes actifs dans un contexte de choix modal.<br />
Cep<strong>en</strong>dant, il peut arriver que la possibilité de réaménager les espaces publiques <strong>en</strong> c<strong>en</strong>tre-ville soit<br />
très limitée (manque d’espace urbain, coûts élevé, etc.). Toutefois, une croissance de la pratique du<br />
vélo ou de la marche ne dép<strong>en</strong>d pas <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t de cette requalification de l’espace urbain mais<br />
dép<strong>en</strong>d surtout du degré de limitation de la circulation motorisée.<br />
L’élaboration d’une stratégie de communication sur le partage de la rue <strong>en</strong>tre les différ<strong>en</strong>ts<br />
modes de transport, sur la sécurité routière, etc.<br />
Le déploiem<strong>en</strong>t d’un jalonnem<strong>en</strong>t piéton <strong>en</strong> termes de temps de parcours et non <strong>en</strong> termes<br />
de kilomètres à parcourir (moins décourageant 32 ?).<br />
La définition de circuits touristes à pied (et/ou à vélo) pour développer le tourisme durable.<br />
Le développem<strong>en</strong>t de stations de vélos <strong>en</strong> libre-service (VLS) de type Vélo’V (Lyon) ou « Bike<br />
Bus Key » (Ferrare).<br />
De proposer du stationnem<strong>en</strong>t vélo privé sécurisé (« cages » à vélo fermées à clé) aux abords<br />
des c<strong>en</strong>tres multimodaux.<br />
4. COMMENT ORGANISER LA LOGISTIQUE URBAINE ?<br />
Les études sur les déplacem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> ville se sont souv<strong>en</strong>t focalisées sur les déplacem<strong>en</strong>ts des<br />
personnes. Toutefois, la logistique urbaine représ<strong>en</strong>te des <strong>en</strong>jeux qui concern<strong>en</strong>t l’<strong>en</strong>semble des<br />
champs de la vie urbaine 33 :<br />
Modes de déplacem<strong>en</strong>t : les véhicules de transport de marchandises (des professionnels et<br />
des particuliers) représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne 20 % de l’occupation de la voirie et sont donc à<br />
pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> considération dans les plans d’organisations des déplacem<strong>en</strong>ts<br />
Economie : la logistique urbaine représ<strong>en</strong>te à elle seule 3 % du coût du produit. Toute<br />
augm<strong>en</strong>tation des contraintes r<strong>en</strong>chérit ce pourc<strong>en</strong>tage et contribue à l’affaiblissem<strong>en</strong>t des<br />
commerces situés dans les c<strong>en</strong>tres <strong>urbains</strong>.<br />
Environnem<strong>en</strong>t : un tiers des émissions polluantes <strong>en</strong> ville par les transports est lié à la<br />
logistique urbaine<br />
Aménagem<strong>en</strong>t : la logistique urbaine nécessite des lieux de ruptures de charges œuvrant à la<br />
qualité des échanges<br />
Social : la logistique représ<strong>en</strong>te de 6 à 8 % des emplois, participant pleinem<strong>en</strong>t à la vitalité<br />
urbaine. Un quart de ces mêmes emplois sont directem<strong>en</strong>t liés à la desserte des zones<br />
32 Exemple d’un plan de ville calculé <strong>en</strong> temps de marche sur une vitesse moy<strong>en</strong>ne de 5 km/h :<br />
http://www.ville-g<strong>en</strong>eve.ch/fileadmin/public/Departem<strong>en</strong>t_2/Plans_pietons/carte-marcher-g<strong>en</strong>eve-2011.pdf<br />
33 Daniel BOUDOUIN – CRET-LOG : « La circulation des marchandises dans les c<strong>en</strong>tres anci<strong>en</strong>s », non daté<br />
45
d<strong>en</strong>ses.<br />
Aujourd’hui, la majorité des villes de la rive nord ont pris consci<strong>en</strong>ce de l’importance de la logistique<br />
urbaine dans le mainti<strong>en</strong> d’un c<strong>en</strong>tre attractif et dynamique. Cela suppose un système d’échanges<br />
performant pour éviter les insatisfactions des acteurs qui mènerait à un risque de transfert<br />
d’activités, d’emplois et de l’habitat <strong>en</strong> périphérie. Deux actions ont prouvé leur efficacité si elles<br />
sont conjointes :<br />
Une action basée sur les contraintes pour agir sur la gestion de la voirie urbaine, des lieux de<br />
stationnem<strong>en</strong>t et des points de livraison, avec l’aide de réglem<strong>en</strong>tations : horaires<br />
d’autorisations de circulation, types de véhicules admis <strong>en</strong> ville, réservation de<br />
stationnem<strong>en</strong>t pour la livraison, etc. Pour être m<strong>en</strong>ée à bi<strong>en</strong>, cela suppose concertation,<br />
information et contrôle.<br />
La création d’équipem<strong>en</strong>ts logistiques <strong>urbains</strong> afin d’organiser des points de ruptures de<br />
charges, organisés soit par le secteur public, soit par le secteur privé, soit par une<br />
coopération <strong>en</strong>tre les deux.<br />
Des idées nouvelles prov<strong>en</strong>ant d’autres villes émerg<strong>en</strong>t. A ce stade, nous pouvons citer l’utilisation<br />
de véhicules affectés traditionnellem<strong>en</strong>t au transport de personnes pour l’acheminem<strong>en</strong>t des<br />
marchandises (exemple d’Amsterdam où les <strong>en</strong>trepôts extérieurs à la ville charg<strong>en</strong>t des palettes dans<br />
le tramway pour les transporter jusqu’aux magasins du c<strong>en</strong>tre-ville) ; la création d’hôtels logistiques<br />
(association de la fonction logistique à d’autres fonctions urbaines) ; l’utilisation de vélos-triporteurs<br />
pour la livraison de colis ou d’achats 34 ; le recours à la traction animale pour le ramassage des<br />
ordures (exemple de la Médina de Fès) ; etc.<br />
34 Exemple de FREE’DOM : le cli<strong>en</strong>t ayant fait ses achats chez les commerçants de la Presqu’île peut se faire<br />
livrer chez lui – moy<strong>en</strong>nant une somme complém<strong>en</strong>taire. Les livreurs utilis<strong>en</strong>t exclusivem<strong>en</strong>t le vélo<br />
46
Pour terminer cette partie consacrée à la mise <strong>en</strong> œuvre des politiques de transport, nous proposons<br />
là <strong>en</strong>core une liste d’interrogations. Les réponses à l’<strong>en</strong>semble de ces questions doit permettre aux<br />
personnes <strong>en</strong> charge des transports d’établir un diagnostic sur leur territoire afin d’élaborer des<br />
pistes d’actions.<br />
LES QUESTIONS ESSENTIELLES SUR LA MISE EN ŒUVRE DES POLITIQUES DE TRANSPORT<br />
1. Existe-t-il des espaces à préserver de la circulation motorisée (réhabilitation de c<strong>en</strong>tres<br />
anci<strong>en</strong>s, valorisation d’espaces particuliers, etc.) ?<br />
2. Existe-t-il un schéma d’organisation générale des réseaux de déplacem<strong>en</strong>t tous modes ?<br />
Quels principes ont été ret<strong>en</strong>us ? Quels axes principaux pour le trafic ? Quelle<br />
complém<strong>en</strong>tarité <strong>en</strong>tre les offres de transports collectifs ?<br />
3. Quelle offre et quelle organisation des réseaux modaux ? Existe-t-il des schémas directeurs<br />
modaux ? Quelle interconnexion <strong>en</strong>tre les modes ?<br />
4. Qui est <strong>en</strong> charge de l’exécution des différ<strong>en</strong>ts services de transport ? Comm<strong>en</strong>t l’activité<br />
des opérateurs privés est-elle régulée ? Gestion directe ou déléguée ? Prestataire public ou<br />
privé ? Répartition des rôles ? Répartition des risques ?<br />
5. Quelle politique de stationnem<strong>en</strong>t et de livraison ? Sur ou hors voirie ?gratuit ou payant ?<br />
Quel contrôle du stationnem<strong>en</strong>t payant ? Existe-t-il des secteurs à favoriser, d’autres à<br />
éviter ?<br />
6. Quelle organisation des transports de marchandises ? Quels modes de transport ? Quelle<br />
gestion des circulations ? Gestion des livraisons ?<br />
7. Quelle approche de la sécurité des déplacem<strong>en</strong>ts ? Données et outils disponibles ? Bilans et<br />
analyses ? Enjeux sur les types d’impliqués et les causes des accid<strong>en</strong>ts ? Analyse du<br />
déroulem<strong>en</strong>t des accid<strong>en</strong>ts ? Quelle est l’intégration de cette approche aux politiques<br />
précéd<strong>en</strong>tes ?<br />
8. Quelle organisation et partage de l’espace public ?<br />
9. Quels aménagem<strong>en</strong>ts pour maîtriser la circulation automobile ? Quel contrôle des vitesses<br />
(automatisé ou manuel), du respect des voies dédiées ? Fermeture de quartiers ? Réduction<br />
d’emprise chaussée ? Mise à s<strong>en</strong>s unique ? Existe-t-il des voies réservées pour certains modes<br />
? voies TC ? voies cyclables ? voies piétonnes ? Quel contrôle de l’usage des aménagem<strong>en</strong>ts ?<br />
10. Existe-t-il une régulation dynamique des circulations ? Gestion c<strong>en</strong>tralisée des trafics ?<br />
Coordination des carrefours ? Gestion dynamique de voies ?<br />
47
Partie 2<br />
RETOUR D’EXPERIENCES<br />
49
AMMAN<br />
LA PLANIFICATION DES TRANSPORTS<br />
ET DE LA MOBILITE<br />
Mots clés :<br />
Gouvernance urbaine ; Intégration des systèmes de transport ; Planification ; Projets de<br />
transports publics<br />
Monographie rédigée par Juli<strong>en</strong> ALLAIRE sur la base de l’interv<strong>en</strong>tion de Ayman SMADI, Municipalité du<br />
Grand Amman (confér<strong>en</strong>ce de Damas, 2010).<br />
Dernière mise à jour :<br />
15/11/2012<br />
51
Amman<br />
Amman est la capitale<br />
de la Jordanie et 66 % des<br />
Jordani<strong>en</strong>s <strong>urbains</strong> y viv<strong>en</strong>t.<br />
Depuis 2007, la Municipalité<br />
du Grand Amman (GAM)<br />
dispose des compét<strong>en</strong>ces<br />
nécessaires à la mise <strong>en</strong><br />
œuvre d’une politique de<br />
mobilité durable. Elle a réalisé<br />
un schéma directeur transport<br />
qui id<strong>en</strong>tifie les <strong>en</strong>jeux liés à la<br />
situation à Amman, les<br />
objectifs à atteindre et les<br />
moy<strong>en</strong>s à mettre <strong>en</strong> œuvre.<br />
LA PLANIFICATION DES TRANSPORTS ET DE LA MOBILITE<br />
Jordanie Amman<br />
Population : 6 047 000 hab. Population : 2 400 000 hab.<br />
(2007)<br />
Superficie : 893 432 km² Superficie : 1 680 km²<br />
D<strong>en</strong>sité : 6,8 hab. / km² D<strong>en</strong>sité : 1 429 hab. / km²<br />
Taux d’urbanisation : 78,50 % Longueur des lignes :<br />
BHNS : 50 km (<strong>en</strong> projet)<br />
Taux de croissance annuel de<br />
la population urbaine (2005-<br />
2010) : 3,07 %<br />
PIB / habitant : 4 559,9 $<br />
IDH : 0,698 / 1<br />
Taux de motorisation : 113<br />
véhicules pour 1 000 hab.<br />
Véhicules par kilomètre de<br />
route : 117<br />
Sources : Banque Mondiale – PNUD – Ayman Smadi<br />
Mots clés : Gouvernance urbaine ; Intégration des systèmes de transport ; Planification ; Projets de<br />
transports publics<br />
D’après l’interv<strong>en</strong>tion d’Ayman SMADI – Directeur des <strong>Transports</strong> et de la gestion du trafic à la<br />
Municipalité du Grand Amman (confér<strong>en</strong>ce de Damas, 2010).<br />
La d<strong>en</strong>sité générale des agglomérations de Jordanie est plus faible que dans les autres pays<br />
de la région. Ainsi Amman est 2,5 fois plus ét<strong>en</strong>due que Casablanca pour une population équival<strong>en</strong>te<br />
(Geopolis, 2011). La population de la capitale jordani<strong>en</strong>ne est jeune. 53 % est âgée de moins de 25<br />
ans. Elle devrait atteindre 6,4 millions d’habitants <strong>en</strong> 2025.<br />
2025 est l’horizon choisi par la Municipalité du Grand Amman (Greater Amman Municipality : GAM)<br />
pour sa stratégie de développem<strong>en</strong>t urbain. Celle-ci se décline autour de quatre objectifs :<br />
- Une ville agréable à vivre.<br />
- Une politique de d<strong>en</strong>sification.<br />
- Un système de transport équilibré et multimodal.<br />
- Un développem<strong>en</strong>t le long de couloirs de transports publics majeurs.<br />
Pour approfondir ce travail de planification, la Municipalité du Grand Amman a publié <strong>en</strong> mars 2010<br />
un plan directeur de transport et de mobilité (Transport and Mobility Master Plan). Ce docum<strong>en</strong>t, qui<br />
a été réalisé avec l’appui de l’AFD, est basé sur l’étude des déplacem<strong>en</strong>ts des habitants de la capitale<br />
52
jordani<strong>en</strong>ne (10 000 ménages <strong>en</strong>quêtés). Il propose des objectifs de répartition modale à atteindre<br />
<strong>en</strong> 2025 et définit les investissem<strong>en</strong>ts nécessaires dans les transports collectifs pour y parv<strong>en</strong>ir.<br />
Traditionnellem<strong>en</strong>t, les investissem<strong>en</strong>ts étai<strong>en</strong>t plutôt<br />
tournés vers la route. Le prix des carburants étant<br />
relativem<strong>en</strong>t faibles, le rythme de la motorisation est<br />
très élevé. Le parc de véhicules à Amman connaît une<br />
croissance de 10 % par an.<br />
Les systèmes de transports publics sont caractérisés<br />
par une qualité de service plutôt médiocre. Ils<br />
représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t seulem<strong>en</strong>t 15 % de part modale (taxis<br />
compris). La cli<strong>en</strong>tèle, avant tout captive, doit accepter de nombreuses ruptures de charge. En fait,<br />
les transports publics relèv<strong>en</strong>t avant tout du secteur artisanal.<br />
Pour ce faire, la GAM souhaite développer un système de transport hiérarchisé et intégré basé sur :<br />
- Des infrastructures ferroviaires : 40 km de métro et trains de banlieue.<br />
- Un réseau de bus performant qui s’articule autour d’axes structurants : 3 lignes totalisant<br />
50 km de BRT.<br />
- Un réseau multimodal proposant des tarifs intégrés et une bonne qualité de service.<br />
Ces réseaux seront développés <strong>en</strong> deux phases. De 2009 à 2015, 1,5 milliard de dollars sont <strong>en</strong>gagés<br />
pour les travaux du réseau de BRT, de rail et de rénovation du réseau de bus. Dans une deuxième<br />
phase de 2015 à 2025 : 1,1 milliard de dollars seront investis pour compléter le réseau.<br />
Les objectifs affichés sont :<br />
- D’atteindre 40 % de part modale pour les transports publics <strong>en</strong> 2025 <strong>en</strong> limitant à 30<br />
minutes les temps de trajets. Cet objectif doit s’appuyer sur une organisation urbaine<br />
adaptée. En 2025, 40 % des emplois devront être situés à moins de 2 km d’une station du<br />
réseau.<br />
- De maint<strong>en</strong>ir la part modale piétonne à son niveau actuel <strong>en</strong> sécurisant les déplacem<strong>en</strong>ts.<br />
En 2008, plus de 200 personnes ont trouvé la mort dans les rues d’Amman, dont 60 %<br />
étai<strong>en</strong>t des piétons. En écho au programme national de sécurité routière, la GAM a décrété<br />
que l’année 2010 était l’année pour la sécurité des piétons.<br />
- De réduire les émissions de gaz à effet de serre (actuellem<strong>en</strong>t estimés à 600 kg de CO2 par<br />
habitant) et les consommations d’énergie. Le secteur des transports représ<strong>en</strong>te 38 % de la<br />
facture énergétique nationale. A Amman, 750 millions de dollars sont dép<strong>en</strong>sés chaque<br />
année pour le carburant.<br />
- De lutter contre la congestion qui représ<strong>en</strong>te annuellem<strong>en</strong>t un coût évalué à 850 millions<br />
de dollars.<br />
Cette planification s’appuie avant tout sur une nouvelle organisation institutionnelle. La loi sur le<br />
transport de novembre 2007 a conféré à la GAM les compét<strong>en</strong>ces nécessaires pour créer une<br />
organisation appropriée, développer des réglem<strong>en</strong>tations et des politiques efficaces, évaluer les<br />
53
problèmes et les besoins <strong>en</strong> mobilité, améliorer la qualité des services, développer des réseaux de<br />
transport de masse et restructurer le réseau. La GAM est responsable de la planification urbaine et<br />
de l’utilisation de l’espace, du contrôle et gestion du trafic, du stationnem<strong>en</strong>t, des infrastructures<br />
routières et de transports. Un service transport rassemblant toutes ces compét<strong>en</strong>ces a été mis <strong>en</strong><br />
place <strong>en</strong> 2009.<br />
La GAM dispose d’un budget propre, dont les ressources sont ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t liées aux recettes des<br />
permis de construire et du développem<strong>en</strong>t de l’immobilier. Par ailleurs, le plan prévoit de déléguer le<br />
service de transport à des compagnies privées selon des mécanismes contractuels tout <strong>en</strong><br />
subv<strong>en</strong>tionnant le système pour assurer des tarifs abordables.<br />
Les principaux défis sont :<br />
- Du point de vue institutionnel : sécuriser les ressources nécessaires et les processus.<br />
- Du point de vue des parties pr<strong>en</strong>antes : assurer la coordination des différ<strong>en</strong>ts acteurs.<br />
- Du point de vue technique : réussir l’insertion de l’infrastructure dans l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t bâti.<br />
- Du point de vue financier : couvrir les coûts d’infrastructures et prévoir les contributions<br />
publiques au budget des <strong>en</strong>treprises de transport.<br />
- Du point de vue social et politique : parv<strong>en</strong>ir à donner une image positive au transport<br />
public.<br />
Les conclusions d’Ayman Smadi, « les plans sont bons, mais ils doiv<strong>en</strong>t être pratiques afin d'être mis<br />
<strong>en</strong> œuvre. Le fait d’avoir des données précises et des modèles de prospective permet de gagner la<br />
confiance des décideurs. Ensuite, on doit rapidem<strong>en</strong>t offrir des améliorations aux usagers pour<br />
démontrer l’intérêt des projets. Il faut trouver le bon message à adresser au public, <strong>en</strong> l’adaptant aux<br />
différ<strong>en</strong>ts acteurs. Enfin, un plan doit être réévalué et revu <strong>en</strong> perman<strong>en</strong>ce. »<br />
54
ALEP<br />
PROJET DE PLANIFICATION D’UNE MOBILITE<br />
URBAINE<br />
Mots clés :<br />
Planification ; Réhabilitation des cœurs de ville<br />
Monographie rédigée par Camille MARTINET et Juli<strong>en</strong> ALLAIRE<br />
Dernière mise à jour :<br />
15/11/2012<br />
55
Alep<br />
Avec 1,7 millions<br />
d’habitants dans la ville et<br />
plus de 3 millions dans<br />
l’agglomération, Alep est la<br />
deuxième ville la plus<br />
peuplée de Syrie après<br />
Damas, la capitale. Située<br />
au milieu du croissant<br />
fertile, Alep est une des<br />
plus anci<strong>en</strong>nes villes du<br />
monde et est aujourd’hui<br />
plus moderne et plus<br />
tournée vers l’Occid<strong>en</strong>t que<br />
Damas. Ainsi, Alep<br />
s’impose comme la capitale<br />
du nord de la Syrie.<br />
Mots clés : Planification ; Réhabilitation des cœurs de ville<br />
UNE CROISSANCE DEMOGRAPHIQUE FORTE<br />
Syrie Alep<br />
Population : 20 447 000 hab. Population : 3 087 000 hab.<br />
(2010)<br />
Superficie : 185 180 km² Superficie : 170 km²<br />
D<strong>en</strong>sité : 110,4 hab. / km² D<strong>en</strong>sité : 18 159 hab. / km²<br />
Taux d’urbanisation : 54,90 % Population de<br />
l’agglomération prévue <strong>en</strong><br />
2025 : 4 244 000 hab.<br />
Taux de croissance annuel de la<br />
population urbaine (2005-2010) :<br />
3,97 %<br />
PIB / habitant : 2 892,7 $<br />
IDH : 0,632 / 1<br />
Taux de motorisation : 30<br />
véhicules pour 1 000 hab.<br />
Véhicules par kilomètre de<br />
route : 20<br />
Accid<strong>en</strong>tologie : 1,41 accid<strong>en</strong>t<br />
mortel pour 10 000 hab.<br />
Sources : Banque Mondiale – PNUD – Ag<strong>en</strong>ce d’urbanisme de Lyon<br />
Alep, ville du nord de la Syrie, est située à 50 km au sud de la frontière turque. Elle est l'une<br />
des plus anci<strong>en</strong>nes villes habitées au monde. En 1986, l’anci<strong>en</strong>ne ville d’Alep a été classée au<br />
patrimoine mondial de l’Unesco. Ses monum<strong>en</strong>ts historiques (citadelle, grande mosquée, palais, etc.)<br />
donn<strong>en</strong>t à la ville un caractère harmonieux et unique. Elle est aujourd’hui m<strong>en</strong>acée par<br />
l’augm<strong>en</strong>tation rapide de la population 35 .<br />
En effet, l’agglomération connaît une croissance démographique forte : 2,7 % par an 36 . Ces dernières<br />
années, de nombreux Iraki<strong>en</strong>s ont immigré <strong>en</strong> Syrie <strong>en</strong> raison du contexte politique de leur pays.<br />
Cette croissance démographique <strong>en</strong>traîne une importante augm<strong>en</strong>tation du nombre quotidi<strong>en</strong> de<br />
voitures et accroît le taux d'accid<strong>en</strong>ts de la circulation.<br />
35 http://whc.unesco.org/fr/list/21/<br />
36 Ag<strong>en</strong>ce d’urbanisme de Lyon<br />
PROJET DE PLANIFICATION D’UNE MOBILITE URBAINE<br />
56
UN DEVELOPPEMENT URBAIN « SPONTANE »<br />
Depuis les années 1970, une urbanisation « spontanée » et illégale s’est mise <strong>en</strong> place le long des<br />
principaux axes routiers. Alep n’était pas préparée à accueillir de plus <strong>en</strong> plus d’habitants. Les<br />
habitations ont alors été construites illégalem<strong>en</strong>t. Ce phénomène de l’habitat dit « spontané » a eu<br />
pour effet un étalem<strong>en</strong>t de la ville. En 1980, cela représ<strong>en</strong>tait 945 hectares et concernait 30 % de la<br />
population d’Alep. Aujourd’hui, ce sont <strong>en</strong>viron 22 quartiers informels qui se sont constitués sur 3<br />
500 hectares, soit 21 % de la superficie de la ville, et qui représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t 40 % de la population.<br />
Urbanistes Sans Frontières (USF) mène des études de comparaison <strong>en</strong>tre ces quartiers et des<br />
quartiers similaires d’autres villes arabes. L’objectif est de trouver des solutions techniques et<br />
financières pour la reconstruction et la remise aux normes des voiries et des divers réseaux de ces<br />
quartiers. USF mène égalem<strong>en</strong>t des réflexions <strong>en</strong> matière de transports et de circulation afin de<br />
mettre <strong>en</strong> place un Plan de Déplacem<strong>en</strong>ts Urbains pour Alep <strong>en</strong> faveur du développem<strong>en</strong>t des<br />
transports <strong>en</strong> commun 37 .<br />
LES TRANSPORTS A ALEP<br />
La circulation <strong>en</strong> ville est un problème majeur à Alep, <strong>en</strong> raison du<br />
caractère traditionnel de son c<strong>en</strong>tre historique. Il se caractérise<br />
par des rues étroites et sans issue, une addition de bâtim<strong>en</strong>ts et<br />
une conc<strong>en</strong>tration des activités commerciales dans le cœur de la<br />
ville. L’accessibilité pour les voitures et la livraison de<br />
marchandises est difficile.<br />
Dans la vieille ville d’Alep, il existe un contrôle strict de l’accès aux<br />
voitures et camionnettes (durée, taille, seulem<strong>en</strong>t pour les<br />
résid<strong>en</strong>ts, etc.). Dans les zones résid<strong>en</strong>tielles du c<strong>en</strong>tre-ville, le<br />
stationnem<strong>en</strong>t est généralem<strong>en</strong>t gratuit et <strong>en</strong>core peu de<br />
parkings sont saturés. Sachant qu’ils n’auront pas de difficultés à<br />
se garer, les automobilistes n’hésit<strong>en</strong>t pas à utiliser leur voiture.<br />
A Alep, peu d’habitant possède une voiture particulière. Cep<strong>en</strong>dant, depuis plusieurs années et<br />
l’ouverture économique du pays, le parc automobile ne cesse d’augm<strong>en</strong>ter. En 2008, le taux de<br />
motorisation dans l’agglomération était de 88 véhicules pour 1 000 habitants. Chaque jour, 300 000<br />
automobiles travers<strong>en</strong>t Alep et 70 000 nouveaux véhicules s’ajout<strong>en</strong>t chaque année.<br />
Malgré l’exist<strong>en</strong>ce d’une offre de transports publics (600 bus circul<strong>en</strong>t à Alep et il existe quelques<br />
sites propres 38 ), la majeure partie des déplacem<strong>en</strong>ts est assurée par les taxis et autres systèmes<br />
37 http://usf-f.org/spip.php?article5<br />
38 Ag<strong>en</strong>ce d’urbanisme de Lyon<br />
Figure 3 : Circulation dans une<br />
ruelle de la vieille ville.<br />
57
artisanaux. La répartition modale <strong>en</strong> 2006 des modes motorisés était la suivante 39 : 15 % pour la<br />
voiture particulière, 8 % pour les transports collectifs, 60 % pour les taxis et 17 % pour les autres<br />
modes artisanaux (minibus). Cette prédominance du secteur artisanal s’explique par la dégradation<br />
des transports publics gérés par la municipalité et l’abs<strong>en</strong>ce de suivi des distributions de lic<strong>en</strong>ce. Les<br />
opérateurs privés ont alors investi dans le secteur. Ils représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t <strong>en</strong>viron 2 300 omnibus et 15 000<br />
taxis. Ce nombre important de véhicules ajouté à la progression de la motorisation individuelle<br />
<strong>en</strong>traîn<strong>en</strong>t des phénomènes de congestion, une diminution de la vitesse commerciale des transports<br />
publics et une augm<strong>en</strong>tation du nombre d’accid<strong>en</strong>ts.<br />
Le plan de circulation <strong>en</strong> vigueur vise à fluidifier et à favoriser la circulation automobile <strong>en</strong> :<br />
aménageant des carrefours, construisant des ponts et tunnels, implantant des feux de signalisation,<br />
élargissant l’emprise routière de certaines voies et <strong>en</strong> construisant des parkings payant <strong>en</strong> étage. A<br />
première vue, l’usage de la voiture est donc favorisé au détrim<strong>en</strong>t des transports publics et aucune<br />
politique de mobilité durable n’est mise <strong>en</strong> place. Actuellem<strong>en</strong>t, 4 lignes de bus sont déléguées au<br />
secteur privé et il n’existe pas d’intégration tarifaire <strong>en</strong>tre les différ<strong>en</strong>tes compagnies.<br />
La municipalité souhaite cep<strong>en</strong>dant développer les transports publics afin de réduire la congestion,<br />
d’améliorer la qualité de vie des habitants <strong>en</strong> réduisant les nuisances <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tales et sonores<br />
et de répondre aux besoins des personnes ne pouvant accéder à la voiture particulière. Actuellem<strong>en</strong>t,<br />
une étude financée par le projet pour la modernisation des administrations locales (MAM) que<br />
souti<strong>en</strong>t l’Union europé<strong>en</strong>ne est m<strong>en</strong>ée sur les grands axes des transports publics. Le projet MAM<br />
consiste à mettre <strong>en</strong> place les prémices d’un processus de déc<strong>en</strong>tralisation des pouvoirs au niveau<br />
local et à r<strong>en</strong>forcer les capacités dans différ<strong>en</strong>ts processus <strong>urbains</strong> 40 .<br />
Un projet de planification d’une mobilité urbaine durable adaptée aux pays de la <strong>Méditerranée</strong><br />
(SUMPA-MED) a été mis <strong>en</strong> place dans le cadre du projet europé<strong>en</strong> CIUDAD. La Syrie, et Alep <strong>en</strong><br />
particulier, va bénéficier d’aides pour développer des transports intégrés plus respectueux de<br />
l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t.<br />
LE PROJET SUMPA-MED<br />
Le projet SUMPA-MED vise à promouvoir des politiques de mobilité urbaine durable <strong>en</strong> Jordanie et<br />
<strong>en</strong> Syrie. Il est financé dans le cadre de la coopération <strong>en</strong> matière de développem<strong>en</strong>t urbain et de<br />
dialogue (CIUDAD) de l’Union europé<strong>en</strong>ne. Le programme a été signé à Gaziantep, <strong>en</strong> Turquie, le 25<br />
Décembre 2009, pour une durée de 3 ans (2010 – 2012).<br />
A terme, le projet souhaite qu’un réseau de professionnels soit mis <strong>en</strong> place afin d’échanger les<br />
diverses expéri<strong>en</strong>ces de chacun sur les modes de transport <strong>durables</strong> et les systèmes organisationnels.<br />
Pour Alep, la principale mesure à long terme du projet « sera d’introduire des systèmes de transport<br />
public pour décongestionner la circulation due à l’augm<strong>en</strong>tation constante du nombre de véhicules.<br />
Ils devront être bi<strong>en</strong> organisés et se développer dans le respect de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t. Des délais clairs<br />
39 Le plan Bleu : Mobilité urbaine et développem<strong>en</strong>t durable <strong>en</strong> <strong>Méditerranée</strong>.<br />
40 www.eurojar.org<br />
58
et une planification détaillée seront requis » 41 . L’<strong>en</strong>jeu majeur étant de r<strong>en</strong>dre plus propre<br />
l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t dans le quartier de la vieille ville, aux ruelles étroites mais beaucoup visitées, dans<br />
lequel sont conc<strong>en</strong>trés de nombreux sites archéologiques et des activités commerciales et<br />
touristiques. Un plan de mobilité pour la vieille ville devra être défini : voies piétonnes, parkings<br />
situés à l’extérieur de la vieille ville, mise <strong>en</strong> place de connexions avec les autres quartiers de la ville,<br />
tout <strong>en</strong> maint<strong>en</strong>ant l’attractivité et l’accessibilité de la vieille ville.<br />
Pour m<strong>en</strong>er à bi<strong>en</strong> le projet, il est prévu:<br />
- D’aider Alep à évaluer ses conditions de transport actuelles, à définir ses besoins et à<br />
mettre <strong>en</strong> place des solutions de long terme.<br />
- De développer les capacités municipales pour réaliser les analyses de données, pour<br />
modéliser la circulation, pour permettre aux planificateurs d’assimiler les bonnes pratiques,<br />
etc.<br />
- D’organiser des ateliers de formation et d’améliorer les compét<strong>en</strong>ces d’experts<br />
sélectionnés.<br />
- De réviser le statut juridique et le rôle des autorités.<br />
CONCLUSION<br />
A Alep, la dégradation des transports publics, l’augm<strong>en</strong>tation constante du nombre de véhicules, la<br />
prédominance du secteur artisanal, sont autant de facteurs qui mèn<strong>en</strong>t au phénomène de<br />
congestion qui est synonyme de dégradation de la qualité de l’air et de l’augm<strong>en</strong>tation des nuisances<br />
sonores et des temps de parcours. La ville syri<strong>en</strong>ne a besoin de stratégies <strong>en</strong> matière de système de<br />
transport afin de trouver des solutions de long terme.<br />
C’est la raison pour laquelle Alep a rejoint le programme Sumpa-Med (planification d’une mobilité<br />
urbaine durable adaptée aux pays de la <strong>Méditerranée</strong>) afin de recevoir de l’aide pour développer des<br />
systèmes de transport intégrés plus respectueux de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t.<br />
41 www.ciudad-programme.eu<br />
59
ATHENES<br />
LA RESTRUCTURATION DU RESEAU DE<br />
TRANSPORT POUR LES JEUX OLYMPIQUES<br />
Mots clés :<br />
Intégration des systèmes de transport ; Planification ; Politique <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tale ; Projets de<br />
transports publics<br />
Monographie rédigée par Camille MARTINET et Juli<strong>en</strong> ALLAIRE sur la base de l’interv<strong>en</strong>tion de Zoï<br />
CHRISTOFOROU, OASA / UNTA (confér<strong>en</strong>ce de Damas, 2010).<br />
Dernière mise à jour :<br />
15/11/2012<br />
60
Athènes<br />
Athènes, a<br />
accueilli <strong>en</strong> 2004 les<br />
Jeux Olympiques. Le<br />
retour des Jeux <strong>en</strong><br />
Grèce, berceau des<br />
Jeux antiques et des<br />
premiers Jeux<br />
modernes, a permis à<br />
l’aire métropolitaine<br />
d’Athènes, qui<br />
conc<strong>en</strong>tre près de la<br />
moitié du PIB du pays,<br />
de mettre <strong>en</strong> œuvre un<br />
véritable projet de<br />
requalification urbaine.<br />
LA RESTRUCTURATION DU RESEAU DE TRANSPORT POUR LES<br />
Grèce Athènes<br />
Population : 11 316 000 hab. Population : 4 000 000 hab.<br />
Superficie : 131 957 km² Superficie : 400 km²<br />
D<strong>en</strong>sité : 85,8 hab. / km² D<strong>en</strong>sité : 10 000 hab. / km²<br />
Taux d’urbanisation : 61,40 % Longueur des lignes : (2010)<br />
Métro : 55 km<br />
Tramway : 27 km<br />
Taux de croissance annuel de la<br />
population urbaine (2005-2010) :<br />
0,56 %<br />
PIB / habitant : 26 606,9 $<br />
IDH : 0,861 / 1<br />
Taux de motorisation : 455<br />
véhicules pour 1 000 hab.<br />
Véhicules par kilomètre de<br />
route : 55<br />
Accid<strong>en</strong>tologie : 1,49 accid<strong>en</strong>t<br />
mortel pour 10 000 hab.<br />
JEUX OLYMPIQUES<br />
Parts modales : 1<br />
VP : 53 %<br />
TP : 37 %<br />
MA : 10 %<br />
Sources : Banque Mondiale – PNUD – Zoï Christoforou – UrbanRail.net – EPOMM<br />
1 : VP : Voiture Particulière – TP : <strong>Transports</strong> Publics – MA : Modes Actifs<br />
Mots clés : Intégration des systèmes de transport ; Planification ; Politique <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tale ; Projets de<br />
transports publics<br />
D’après l’interv<strong>en</strong>tion de Zoï CHRISTOFOROU – OASA / UNTA (confér<strong>en</strong>ce de Damas, 2010).<br />
En 2004, p<strong>en</strong>dant 16 jours, 301 événem<strong>en</strong>ts ont été organisés dans la capitale grecque et 3,6<br />
millions de spectateurs sont v<strong>en</strong>us assister aux Jeux Olympiques. Pour accueillir cet évènem<strong>en</strong>t, la<br />
ville a développé un vaste programme de requalification urbaine : construction et réhabilitation des<br />
logem<strong>en</strong>ts, mise <strong>en</strong> valeur de son patrimoine, développem<strong>en</strong>t d’infrastructures de transports et<br />
implantation de nouvelles structures sportives.<br />
Les questions d’infrastructures urbaines sont au cœur de la préparation des Jeux Olympiques. Le<br />
succès du déroulem<strong>en</strong>t de grands événem<strong>en</strong>ts sportifs dép<strong>en</strong>d de la réalisation et de la fiabilité de<br />
celles-ci. Ainsi, les Jeux ont joué le rôle d’ultimatum pour les autorités athéni<strong>en</strong>nes.<br />
Athènes a connu une croissance urbaine très rapide au cours de la deuxième moitié du vingtième<br />
siècle. Depuis les années 1960, l’agglomération s’est ét<strong>en</strong>due vers le sud et le nord sans référ<strong>en</strong>ce à<br />
aucun docum<strong>en</strong>t de planification et souv<strong>en</strong>t de manière illégale. On estime ainsi qu’un quart des<br />
immeubles à Athènes ont été construits illégalem<strong>en</strong>t. Jusqu’à la deuxième moitié des années 1990 et<br />
61
le choix d’Athènes pour accueillir les Jeux Olympiques, les docum<strong>en</strong>ts de planification sont<br />
généralem<strong>en</strong>t restés sans succès<br />
Depuis 1970, le taux de motorisation a très fortem<strong>en</strong>t augm<strong>en</strong>té dans la capitale hellène. En 2009,<br />
selon Eurostat 42 , le taux de motorisation dans la région d’Athènes était de 650 véhicules pour 1 000<br />
habitants. Très tôt les autorités nationales et locales ont cherché à lutter contre la pollution<br />
atmosphérique générée par le trafic automobile. Le Néfos, nuage de dioxyde de souffre, de<br />
monoxyde de carbone et d’ozone qui surplombe la ville située <strong>en</strong>tre mer et montagne, fait de<br />
l’agglomération une des plus polluées d’Europe.<br />
Pour réduire les émissions polluantes, une circulation alternée appelée dactylio a été mise <strong>en</strong> place<br />
<strong>en</strong> 1982. Dans le c<strong>en</strong>tre-ville, sur 23 km², les voitures doiv<strong>en</strong>t circuler les jours pairs ou impairs <strong>en</strong><br />
fonction de leur immatriculation. Cette mesure isolée n’a toutefois pas conduit aux résultats espérés<br />
<strong>en</strong> termes d’amélioration de la fluidité du trafic et de la qualité de l’air. Une augm<strong>en</strong>tation très nette<br />
du nombre de taxis et de deux-roues motorisés autorisés à circuler dans la zone ainsi qu’une hausse<br />
rapide de la motorisation des ménages installés dans la zone pour disposer de deux voitures ayant<br />
des plaques paires et impaires, ainsi qu’une insuffisance de l’offre <strong>en</strong> transports collectifs et la quasiabs<strong>en</strong>ce<br />
de contrôle du stationnem<strong>en</strong>t n’ont pas permis de répondre aux objectifs 43 .<br />
Figure 4 : Parts modales à Athènes.<br />
ORGANISATION DU SYSTEME DE TRANSPORT PUBLIC<br />
A Athènes, le réseau de transport public est composé de 7 modes de transport différ<strong>en</strong>ts : bus de<br />
banlieue, taxi, train de banlieue, bus thermique, trolleybus, métro et tramway. Les bus de banlieue et<br />
les taxis dép<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t du secteur privé alors que les autres modes de transport sont rattachés au<br />
Ministère des infrastructures, transports et réseaux via l’Organisation Hellénique des Chemins de Fer<br />
et l’Organisation des <strong>Transports</strong> Urbains d’Athènes (AUTO). L’AUTO est l’autorité compét<strong>en</strong>te pour<br />
42 http://epp.eurostat.ec.europa.eu/statistics_explained/index.php/Vehicle_fleet_statistics_at_regional_level/f<br />
r<br />
43 http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=ECOPO_029_0053<br />
62
planifier, organiser, contrôler et fournir les services de tous les modes de transport public, à la fois <strong>en</strong><br />
surface et <strong>en</strong> souterrain.<br />
Les améliorations et modernisations des transports athéni<strong>en</strong>s dans le cadre des Jeux se sont inscrites<br />
dans le plan « Attique SOS » lancé <strong>en</strong> 1994 par le ministère de l’Environnem<strong>en</strong>t. Ce dernier a mis <strong>en</strong><br />
place de nombreuses mesures pour améliorer la qualité de l’air : création de couloirs de bus, mise <strong>en</strong><br />
service de 17 kilomètres de ligne de métro, r<strong>en</strong>ouvellem<strong>en</strong>t du parc de bus et développem<strong>en</strong>t de<br />
lignes de trolleys, contrôle de la circulation automobile, etc. Au final, la modernisation des transports<br />
athéni<strong>en</strong>s devait aboutir à une réduction de la pollution atmosphérique, à une amélioration de la<br />
sécurité routière et à l’introduction de nouvelles habitudes dans le domaine des transports 44 .<br />
Les infrastructures de transports nécessaires à l’organisation des Jeux ont donc été intégrées dans la<br />
restructuration du système de transport de l’<strong>en</strong>semble de l’Attique (région <strong>en</strong>globant Athènes).<br />
UN DEVELOPPEMENT SANS PRECEDENT DES INFRASTRUCTURES DE TRANSPORTS<br />
Elém<strong>en</strong>t c<strong>en</strong>tral des projets d’aménagem<strong>en</strong>t depuis plus de 50 ans, le développem<strong>en</strong>t des transports<br />
<strong>en</strong> commun ne s’est jamais concrétisé avant la décision de faire de la ville d’Athènes l’hôte des Jeux.<br />
Les Jeux Olympiques d'été de 2004 ont été le plus grand défi dans l'histoire du système de transport<br />
d'Athènes.<br />
Tout le réseau de transport a été modernisé : 9,6 kilomètres de nouvelles lignes de métro, 23<br />
kilomètres de lignes de tramway (2 nouvelles lignes) et 32 kilomètres de réseau ferroviaire de<br />
banlieue ont été mis <strong>en</strong> service pour l’occasion. En même temps 120 kilomètres de nouvelles routes<br />
ont été inaugurées et 90 kilomètres de routes existantes ont été rénovées 3 .<br />
Le développem<strong>en</strong>t du réseau de métro<br />
Le réseau de métro d’Athènes compr<strong>en</strong>ait 3 lignes dont la première a été construite <strong>en</strong> 1869. Il ne<br />
desservait qu’une petite partie de la ville. La modernisation du réseau de métro était nécessaire pour<br />
l’organisation des Jeux. Un vaste programme a été lancé visant à : l’accroissem<strong>en</strong>t de la vitesse, la<br />
modernisation du système de signalisation pour les trajets les plus fréqu<strong>en</strong>ts, la modernisation des<br />
systèmes de sécurité et de télécommunication et la réfection des stations.<br />
De plus, des projets d’ext<strong>en</strong>sion étai<strong>en</strong>t indisp<strong>en</strong>sables pour relier le c<strong>en</strong>tre-ville aux sites olympiques<br />
situés au nord de la capitale. Ils ont permis de satisfaire les besoins des Jeux <strong>en</strong> desservant<br />
l’<strong>en</strong>semble de la région de l’Attique ainsi que l’Aéroport International d’Athènes.<br />
La construction des ext<strong>en</strong>sions a été délicate : d’une part des sites archéologiques ont été découverts<br />
et d’autre part, il a été nécessaire de détruire une multitude de constructions illégales et des<br />
riverains ont int<strong>en</strong>té un recours devant les tribunaux. Tout ceci n’a cessé de freiner les travaux. Le<br />
coût de ces opérations est d’<strong>en</strong>viron 2 milliards d’euros.<br />
Les lignes <strong>en</strong> service avant 2004 transportai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>viron 530 000 usagers par jour ouvrable. Les<br />
ext<strong>en</strong>sions réalisées ont permis de gagner 150 000 usagers supplém<strong>en</strong>taires par jour. Les usagers des<br />
transports collectifs ont gagné un temps de trajet considérable. Lancés <strong>en</strong> 1991, les travaux se sont<br />
44 http://thema.univ-fcomte.fr/IMG/pdf/These_Adeline.pdf<br />
63
poursuivis jusqu’<strong>en</strong> 2007 date à laquelle ont été inaugurées les dernières ext<strong>en</strong>sions de lignes. Le<br />
réseau compte actuellem<strong>en</strong>t 55 km et 52 stations.<br />
Par ailleurs, un train régional suburbain reliant le Pirée (au sud) à la gare c<strong>en</strong>trale d’Athènes, puis à<br />
l’aéroport (à l’est) a été construit pour l’occasion.<br />
Figure 5 : Réseau de transport d’Athènes.<br />
Le tramway<br />
Le tramway a été mis <strong>en</strong> place afin de desservir les banlieues du sud-ouest de la capitale, là où sont<br />
installés plusieurs sites sportifs olympiques. Il permet d’atteindre la côte <strong>en</strong> 22 minutes au lieu de<br />
deux heures auparavant. Sa vitesse moy<strong>en</strong>ne est de 25,5 Km/h alors que celles des automobiles et<br />
des taxis au sein d’Athènes est de 10 Km/h. Deux lignes ont été construites : l’une relie le c<strong>en</strong>tre<br />
d’Athènes à Glyfada, station balnéaire sur la côte ; l’autre rejoint la baie du Phalèdre où ont été<br />
situés deux des principaux pôles sportifs.<br />
La première étape de construction s’est achevée pour l’été 2004. 23 kilomètres ont été construits<br />
pour l’évènem<strong>en</strong>t (du fait des retards accumulés lors des travaux, le tramway a vu son tracé écourté<br />
d’une station vers le c<strong>en</strong>tre). A plus long terme, ce réseau desservira plus amplem<strong>en</strong>t le c<strong>en</strong>tre<br />
d’Athènes.<br />
Le tramway, qui avait été supprimé il y a 50 ans, est à prés<strong>en</strong>t un des moy<strong>en</strong>s de transport sur lequel<br />
compte la ville afin de résoudre ses problèmes de congestion. Sa construction figure parmi les<br />
investissem<strong>en</strong>ts sout<strong>en</strong>us par le Cadre Communautaire d’Appui de l’Union Europé<strong>en</strong>ne.<br />
64
En même temps, un semi-périphérique a vu le jour pour relier l’est à l’ouest de l’agglomération sans<br />
passer par le c<strong>en</strong>tre d’Athènes. D’une longueur d’<strong>en</strong>viron 50 kilomètres, cet ouvrage <strong>en</strong>cercle<br />
désormais la ville par le Nord depuis l’Aéroport International V<strong>en</strong>izélos à l’est. La réalisation de cette<br />
infrastructure a nécessité un budget de 950 millions d’euros.<br />
Avec le développem<strong>en</strong>t de ces projets, l’AUTO a amélioré la coordination <strong>en</strong>tre les différ<strong>en</strong>ts modes,<br />
<strong>en</strong> réduisant les temps d’att<strong>en</strong>te. Elle a égalem<strong>en</strong>t mis <strong>en</strong> place un système de billettique intégrée et<br />
un c<strong>en</strong>tre opérationnel commun. Pour développer la multimodalité, des parcs relais ont été mis <strong>en</strong><br />
place à 5 stations de métro et des efforts ont été faits vis-à-vis de l’information destinée aux<br />
voyageurs.<br />
LES BENEFICES DES NOUVELLES INFRASTRUCTURES PENDANT ET APRES LES JEUX<br />
Figure 6 : Tramway Athéni<strong>en</strong>.<br />
P<strong>en</strong>dant les Jeux, l’acc<strong>en</strong>t a été mis sur la qualité de service du réseau de transport public. Une flotte<br />
de bus a été dédiée à la famille olympique et l’utilisation de certains couloirs leur a exclusivem<strong>en</strong>t été<br />
réservée.<br />
En parallèle, Athènes a mis <strong>en</strong> place des mesures de gestion du trafic grâce à la vidéosurveillance, à la<br />
coordination des feux aux carrefours, à des restrictions du stationnem<strong>en</strong>t et de la circulation à<br />
proximité des sites olympiques. Les livraisons et la collecte des déchets n’ont été autorisées que la<br />
nuit suivant des itinéraires planifiés.<br />
P<strong>en</strong>dant la compétition, les transports collectifs se sont montrés particulièrem<strong>en</strong>t performants. Ils<br />
ont représ<strong>en</strong>té plus de 73 % des déplacem<strong>en</strong>ts, soit 1,6 millions de déplacem<strong>en</strong>ts sur les 2,17<br />
millions au total.<br />
Les Jeux Olympiques ont permis aux Grecs de lancer des grandes réformes nécessaires à la politique<br />
urbaine dans la capitale. L’évènem<strong>en</strong>t a permis de structurer le développem<strong>en</strong>t de l’agglomération et<br />
de développer une offre de transport collectif nécessaire pour une agglomération de cette taille. Les<br />
autorités athéni<strong>en</strong>nes s’étai<strong>en</strong>t inspirées de l’exemple de Barcelone dans ce s<strong>en</strong>s.<br />
65
Pour Zoï CHRISTOFOROU, outre les infrastructures et le système d’intégration tarifaire, les JO ont<br />
offert à Athènes une nouvelle culture de la mobilité urbaine. Quelques restrictions de circulation ont<br />
été maint<strong>en</strong>ues et certaines lignes express de bus sont restées <strong>en</strong> circulation.<br />
Entre 2003 et 2006, les transports collectifs <strong>urbains</strong> ont gagné 10 % de part modale pour atteindre<br />
plus de 35 % <strong>en</strong> 2006.<br />
Depuis 2004, l’agglomération a continué à développer des projets : ext<strong>en</strong>sion des voies réservées aux<br />
bus, des lignes de tramway dans le c<strong>en</strong>tre-ville et de métro vers les banlieues. La flotte de bus a été<br />
r<strong>en</strong>ouvelée et une réflexion est m<strong>en</strong>ée pour mettre <strong>en</strong> œuvre une tarification zonale.<br />
Ainsi, les Jeux ont constitué un catalyseur positif pour la capitale grecque, la r<strong>en</strong>dant plus<br />
fonctionnelle pour les citadins, plus attrayante pour les touristes. Le développem<strong>en</strong>t d’une offre de<br />
transport pour les 16 jours de compétition a permis de structurer une planification urbaine de long<br />
terme.<br />
Les améliorations, modernisations ou créations d’infrastructures de transports ont créé une nouvelle<br />
organisation, qui à son tour a influ<strong>en</strong>cé le territoire <strong>en</strong> modifiant la desserte et l’accessibilité de<br />
certaines zones de l’espace athéni<strong>en</strong>, ce qui a abouti à une nouvelle structuration de la région de<br />
l’Attique.<br />
Ainsi, selon l’écrivain grec Alexis Stamatis, « les Jeux Olympiques sont un cadeau tombé du ciel : une<br />
chance unique pour la ville de changer de visage … et les Grecs ne l’ont pas laissée passer ».<br />
66
BARCELONE<br />
LA COORDINATION DES RESEAUX DE<br />
TRANSPORT A L’ECHELLE METROPOLITAINE<br />
Mots clés :<br />
Gouvernance urbaine ; Modes de gestion ; Participation citoy<strong>en</strong>ne<br />
Monographie rédigée par Charles SIMON et Juli<strong>en</strong> ALLAIRE sur la base des interv<strong>en</strong>tions de Gabriel<br />
JODAR, MedCités / Formaplan (confér<strong>en</strong>ce de Damas, 2010), Xavier ROSELLO, ATM Barcelone<br />
(confér<strong>en</strong>ce de Barcelone, 2011), Francisco Javier VIZCAINO, TRAM Barcelone (confér<strong>en</strong>ce de Barcelone,<br />
2011) et Clara DE YZAGUIRRE, Municipalité de Barcelone (confér<strong>en</strong>ce de Barcelone, 2011).<br />
Dernière mise à jour :<br />
15/11/2012<br />
67
Barcelone<br />
Barcelone, capitale<br />
administrative de la<br />
Catalogne, est la deuxième<br />
agglomération d’Espagne,<br />
avec <strong>en</strong>viron 5 millions<br />
d’habitants. Onzième ville la<br />
plus peuplée de l’Union<br />
europé<strong>en</strong>ne, Barcelone<br />
rayonne à travers le monde de<br />
par son économie et son<br />
patrimoine culturel. Face à<br />
une demande accrue de<br />
mobilité, Barcelone a dû<br />
moderniser son réseau de<br />
transport. Cherchant à<br />
incorporer des critères de<br />
durabilité dans ses docum<strong>en</strong>ts<br />
de planification, les autorités<br />
de l’agglomération ont fait le<br />
choix d’intégrer la prise <strong>en</strong><br />
compte de la parole citoy<strong>en</strong>ne.<br />
LA COORDINATION DES RESEAUX DE TRANSPORT A<br />
Espagne Barcelone<br />
Population : 46 071 000 hab. Population :<br />
Ville : 1 600 000 hab.<br />
Agglomération : 5 083 000<br />
hab.<br />
Superficie : 505 992 km² Superficie : 102,2 km² (ville)<br />
D<strong>en</strong>sité : 101,3 hab. / km² D<strong>en</strong>sité : 15 656 hab. / km²<br />
Taux d’urbanisation : 77,40<br />
%<br />
Taux de croissance annuel<br />
de la population urbaine<br />
(2005-2010) : 1,20 %<br />
Population de<br />
l’agglomération prévue <strong>en</strong><br />
2025 : 5 477 000 hab.<br />
Longueur des lignes :<br />
Métro : 102,5 km<br />
Tramway : 29,1 km<br />
PIB / habitant : 30 548,6 $ Parts modales :<br />
VP : 35 %<br />
TP : 18 %<br />
MA : 47 %<br />
IDH : 0,878 / 1<br />
L’ECHELLE METROPOLITAINE<br />
Taux de motorisation : 478<br />
véhicules pour 1000 hab.<br />
Véhicules par kilomètre de<br />
route : 41<br />
Accid<strong>en</strong>tologie : 0,93<br />
accid<strong>en</strong>t mortel pour 10 000<br />
hab.<br />
Sources : Banque mondiale – Gabriel Jodar – EPOMM<br />
Mots clés : Gouvernance urbaine ; Modes de gestion ; Participation citoy<strong>en</strong>ne<br />
D’après les interv<strong>en</strong>tions de :<br />
- Gabriel JODAR – MedCités, Espagne (confér<strong>en</strong>ce de Damas, 2010).<br />
- Xavier ROSELLO – Adjoint au Directeur Technique, ATM (confér<strong>en</strong>ce de Barcelone, 2011).<br />
- Francisco Javier VIZCAINO – Directeur TRAM Barcelone (confér<strong>en</strong>ce de Barcelone, 2011).<br />
- Clara de YZAGUIRRE – Directrice de Relations Externes et Qualité Prév<strong>en</strong>tion, Sécurité et<br />
Mobilité, Mairie de Barcelone (confér<strong>en</strong>ce de Barcelone, 2011).<br />
Située sur le littoral méditerrané<strong>en</strong> <strong>en</strong>tre les embouchures des fleuves Besós et Llobregat,<br />
Barcelone est confinée <strong>en</strong>tre la mer à l’est et la montagne à l’ouest. La situation géographique de<br />
l’agglomération et son héritage urbain font d’elle une ville particulièrem<strong>en</strong>t d<strong>en</strong>se. A partir du milieu<br />
du XX ème siècle, du fait de la croissance économique et démographique de la ville, la demande de<br />
mobilité s’est rapidem<strong>en</strong>t acc<strong>en</strong>tuée. Dès lors Barcelone a connu une explosion de l’usage de la<br />
68
voiture. Cette t<strong>en</strong>dance s’est confirmée et acc<strong>en</strong>tuée au fil des années, générant des phénomènes de<br />
congestion et de pollution.<br />
Figure 4 : Evolution du trafic à Barcelone.<br />
La capitale de la Catalogne a toujours cherché à se démarquer du pouvoir étatique. Sous la pression<br />
Catalane, la loi foncière de 1998 a attribué aux régions la pleine compét<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> matière<br />
d’urbanisme 45 . Cette loi a donc permis à la Région Métropolitaine de Barcelone (RMB)<br />
d’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>dre une planification urbaine, avec un volet transport important. Les autorités<br />
barcelonaises sont parv<strong>en</strong>ues à mettre <strong>en</strong> place un réseau de transport diversifié et conséqu<strong>en</strong>t pour<br />
pouvoir faire face à l’accroissem<strong>en</strong>t de l’usage des véhicules particuliers.<br />
L’OFFRE DE TRANSPORT AU SEIN DE LA REGION METROPOLITAINE DE BARCELONE<br />
L’offre de transport à Barcelone est très diversifiée et permet la desserte des zones c<strong>en</strong>trales et<br />
périphériques. La RMB a égalem<strong>en</strong>t cherché, par la mise <strong>en</strong> place d’un réseau de transport de<br />
qualité, à réduire la part modale des véhicules particuliers.<br />
Figure 5 : Plan du réseau de transport ferroviaire de Barcelone.<br />
45 Exception faite pour certaines règles de base sur la propriété foncière et l’expropriation.<br />
69
L’autorité organisatrice des transports de Barcelone est un consortium formé par les administrations<br />
dét<strong>en</strong>trices des services de transport sur l’aire métropolitaine barcelonaise. L’Autorité du Transport<br />
Métropolitain (ATM) se compose du Gouvernem<strong>en</strong>t autonome de Catalogne (51 %), de la Ville de<br />
Barcelone (25 %), de l’AMB – Area Metropolitana de Barcelona – (24 %) 46 et des communes dotées<br />
d’un service de transport urbain. Le gouvernem<strong>en</strong>t espagnol a un statut d’observateur dans ce<br />
consortium. La présid<strong>en</strong>ce d’ATM est confiée au Conseiller au Territoire et à la Durabilité de la<br />
G<strong>en</strong>eralitat de Catalunya. Les vice-présid<strong>en</strong>ts sont le Maire de Barcelone qui délègue à son premier<br />
adjoint et au présid<strong>en</strong>t de l’AMB.<br />
L’ATM constitue véritablem<strong>en</strong>t la clé de voute du système de transport de la RMB. Elle est <strong>en</strong><br />
charge :<br />
- De la planification globale des infrastructures (PDI).<br />
- De la gestion de la mobilité métropolitaine, c'est-à-dire la rédaction du Plan Directeur pour<br />
la Mobilité.<br />
- De la coordination des services proposés par les opérateurs (publics et privés).<br />
- De la gestion des contrats passés avec les opérateurs.<br />
- Du financem<strong>en</strong>t du système par les administrations.<br />
- De l’intégration tarifaire et la politique tarifaire résultante.<br />
- De la communication : définition et promotion de l’image corporative du système.<br />
Avec un budget <strong>en</strong> 2012 de 1 098,5 M€, ATM est le pivot des relations financières : d’une part avec<br />
les usagers du fait de l’intégration tarifaire, avec les opérateurs dans le cadre des relations<br />
contractuelles et des administrations pour le financem<strong>en</strong>t des travaux d’infrastructures. Elle reçoit<br />
des subv<strong>en</strong>tions par les <strong>en</strong>tités prés<strong>en</strong>tes <strong>en</strong> vert sur le graphique et distribue des subv<strong>en</strong>tions aux<br />
opérateurs représ<strong>en</strong>tés <strong>en</strong> jaune.<br />
Figure 6 : Organisation du financem<strong>en</strong>t du système de transport.<br />
Par rapport aux autres grandes villes europé<strong>en</strong>nes, Barcelone se distingue dans les choix de modes<br />
de gestion des transports publics. On trouve <strong>en</strong> effet une diversité de formes juridiques d’<strong>en</strong>treprises<br />
et de mode de gestion de différ<strong>en</strong>ts services de transport :<br />
46 Entité commune de gestion des transports collectifs qui regroupe 18 municipalités limitrophes à Barcelone.<br />
70
- <strong>Transports</strong> Metropolitans de Barcelona (TMB) : La société TMB est une régie qui<br />
apparti<strong>en</strong>t aux autorités locales. Placée sous la tutelle de l’AMB, elle est <strong>en</strong> charge de trois<br />
lignes de métro et de trains de banlieue.<br />
- Tramvia Metropolità : est un consortium privé qui a été créé pour gérer les lignes de<br />
tramway dans le cadre d’un contrat de part<strong>en</strong>ariat public-privé.<br />
- Ferrocarrils de la G<strong>en</strong>eralitat de Catalunya (FGC) : En charge de plusieurs lignes de métro<br />
et de trains de banlieue, FGC est une compagnie publique appart<strong>en</strong>ant au gouvernem<strong>en</strong>t<br />
autonome de Catalogne.<br />
- Rodalies R<strong>en</strong>fe : En charge du réseau de trains de banlieue, R<strong>en</strong>fe est une compagnie<br />
publique dép<strong>en</strong>dante du gouvernem<strong>en</strong>t espagnol.<br />
- Une tr<strong>en</strong>taine de compagnies privées de bus opèr<strong>en</strong>t sur des lignes urbaines et<br />
suburbaines.<br />
Réseaux ferrés Lignes Réseau (km) Stations<br />
TMB Métro 8 103 141<br />
FGC 8 145 74<br />
R<strong>en</strong>fe banlieue 5 453 109<br />
Tramvia Metropolità 6 29 57<br />
Total 27 730 381<br />
Tableau 1 : Offre de transport public par chemins de fer sur la RMB <strong>en</strong> 2011.<br />
Autobus Lignes Réseau (km) Autobus<br />
TMB bus 108 920 900<br />
Bus métropolitains 455 11310 1050<br />
Autres bus <strong>urbains</strong> 129 1240 260<br />
Total 692 13740 2210<br />
Tableau 2 : Offre de transport public par autobus sur la RMB <strong>en</strong> 2011.<br />
L’INTEGRATION TARIFAIRE ET LE FINANCEMENT DES RESEAUX<br />
L'intégration tarifaire, qui a été mise <strong>en</strong> œuvre au cours de l'année 2001, a <strong>en</strong>traîné une<br />
augm<strong>en</strong>tation du nombre de voyageurs de 24 % <strong>en</strong>tre 2001 et 2008 et de l'intermodalité (du 8 % au<br />
24 %).<br />
L’intégration tarifaire est totale : tous les titres de transport font partie du système et l’ATM a toute<br />
autorité <strong>en</strong> matière tarifaire. Les titres de transport de l’ATM peuv<strong>en</strong>t être utilisés pour tous les<br />
71
modes de transport et tous les opérateurs. Leur prix est fonction de la distance, conformém<strong>en</strong>t à un<br />
système sous-divisé <strong>en</strong> six zones. La durée maximum du déplacem<strong>en</strong>t est d’1 h 15 (<strong>en</strong>tre la première<br />
et la dernière validation) pour les titres donnant droit à une zone, et elle augm<strong>en</strong>te de 15 minutes<br />
par zone additionnelle.<br />
Une chambre de comp<strong>en</strong>sation a été créée pour gérer l’information reçue du système d’intégration<br />
tarifaire et redistribuer les rev<strong>en</strong>us aux opérateurs conformém<strong>en</strong>t à des règles spécifiques. La<br />
répartition des recettes est faite <strong>en</strong> fonction de l’estimation de taux d’intermodalité calculé pour<br />
chaque déplacem<strong>en</strong>t.<br />
Quotidi<strong>en</strong>nem<strong>en</strong>t, 12,8 millions de déplacem<strong>en</strong>ts sont effectués à Barcelone dont 2,8 millions sur le<br />
réseau de transport public. TMB est de loin l’opérateur principal. L’<strong>en</strong>treprise totalise 61,9 % des<br />
déplacem<strong>en</strong>ts réalisés sur les réseaux.<br />
Figure 7 : Répartition des déplacem<strong>en</strong>ts sur les réseaux.<br />
Toutefois, cette augm<strong>en</strong>tation de la fréqu<strong>en</strong>tation n’a pas réduit la part des subv<strong>en</strong>tions versées par<br />
les administrations dans les services de transport public. Le graphique ci-dessous prés<strong>en</strong>te les<br />
ressources financières du réseau. Si les recettes tarifaires ont doublé de 1999 à 2009 passant de 200<br />
M€ à plus de 400 M€, les subv<strong>en</strong>tions des collectivités ont quadruplé atteignant près de 750 M€.<br />
Ce montant annuel est partagé <strong>en</strong>tre :<br />
- Les collectivités locales qui pai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>viron 30 % sur la période 2003 – 2009.<br />
- L’Etat dont la contribution est passée de 30 à 25 % sur la période.<br />
- La région de Catalogne dont la part a augm<strong>en</strong>té pour atteindre <strong>en</strong>viron 45 % <strong>en</strong> 2009.<br />
72
Figure 8 : Financem<strong>en</strong>t des réseaux de transport public.<br />
La problématique du financem<strong>en</strong>t du réseau de transport public à Barcelone est d’autant plus<br />
importante depuis la crise financière. La fréqu<strong>en</strong>tation et les recettes tarifaires ont <strong>en</strong> effet diminué<br />
tandis que les charges ont continué à augm<strong>en</strong>ter.<br />
LA PRISE EN COMPTE DE LA PAROLE CITOYENNE : LE PACTE POUR LA MOBILITE DE BARCELONE<br />
La mairie de Barcelone a lancé <strong>en</strong> 1998 le Pacte pour la Mobilité de Barcelone dans le but d’ouvrir un<br />
débat citoy<strong>en</strong> autour de la mobilité. Ce pacte qui réunit plus de 60 représ<strong>en</strong>tants de partis politiques,<br />
de la société civile, d’associations ou <strong>en</strong>core d’experts de la mobilité, promeut la consultation et la<br />
participation comme force de travail et prét<strong>en</strong>d s’ouvrir aux débats citoy<strong>en</strong>s.<br />
Les acteurs qui s’inscriv<strong>en</strong>t dans le cadre du Pacte de la mobilité sont multiples et se réuniss<strong>en</strong>t<br />
généralem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> groupe de parole. On retrouvera des équipes gouvernem<strong>en</strong>tales et/ou municipales,<br />
des associations, des corps de métier.<br />
Depuis sa création, les objectifs visés par les participants au Pacte de la mobilité cherch<strong>en</strong>t à<br />
promouvoir l’usage du vélo comme mode de transport quotidi<strong>en</strong> ; l’amélioration de la sécurité<br />
routière et du respect <strong>en</strong>tre utilisateurs des différ<strong>en</strong>ts modes de transport ; l’amélioration de<br />
l’information et de la formation de la citoy<strong>en</strong>neté.<br />
Les sujets traités par les Groupes de travail sont <strong>en</strong>suite soumis aux Commissions. Les traitem<strong>en</strong>ts se<br />
font de manière transversale et sont ouverts à tous les collectifs intéressés par les sujets proposés.<br />
Une fois débattus, ces sujets se retrouv<strong>en</strong>t dans les mains d’un Conseil de Conseillers experts<br />
(professionnels spécialisés <strong>en</strong> mobilité et sécurité routière) pour accord avant l’approbation<br />
politique.<br />
La démarche proposée ici est particulièrem<strong>en</strong>t intéressante mais on peut se poser la question de la<br />
réelle prise <strong>en</strong> compte de la parole citoy<strong>en</strong>ne. Le fait que les forces de propositions intègr<strong>en</strong>t des<br />
représ<strong>en</strong>tants politiques peut avoir une influ<strong>en</strong>ce sur l’ori<strong>en</strong>tation des prises de positions. D’autre<br />
part, on remarque que le citoy<strong>en</strong> dit « lambda » n’est pas pris <strong>en</strong> considération dans cette démarche<br />
citoy<strong>en</strong>ne.<br />
73
BEYROUTH<br />
LA STRUCTURATION D’UNE POLITIQUE DE<br />
TRANSPORT A L’ECHELLE DE L’AGGLOMERATION<br />
Mots clés :<br />
Gouvernance urbaine ; Modes non motorisés ; Systèmes de transports artisanaux<br />
Monographie rédigée par Charles SIMON et Juli<strong>en</strong> ALLAIRE.<br />
Dernière mise à jour :<br />
15/11/2012<br />
74
Beyrouth<br />
La grande région métropolitaine de<br />
Beyrouth compr<strong>en</strong>d plus de 1,9 millions<br />
d’habitants soit presque la moitié de la<br />
population totale du Liban. Capitale<br />
politique, économique et culturelle,<br />
Beyrouth occupe une position stratégique<br />
<strong>en</strong> étant au carrefour de trois contin<strong>en</strong>ts :<br />
Asie, Europe et Afrique. Capitale d’un pays<br />
meurtri par la guerre, Beyrouth fut <strong>en</strong>core<br />
récemm<strong>en</strong>t le lieu de viol<strong>en</strong>ts<br />
affrontem<strong>en</strong>ts. Malgré tout, la grande<br />
région métropolitaine de Beyrouth se<br />
développe et est confrontée, comme la<br />
plupart des grandes agglomérations<br />
mondiales, à des problèmes de<br />
congestion. L’Etat a mis <strong>en</strong> place plusieurs<br />
actions <strong>en</strong> part<strong>en</strong>ariat avec différ<strong>en</strong>ts<br />
acteurs internationaux pour faire face à<br />
ces difficultés. Le constat est aujourd’hui<br />
mitigé et une refonte du système<br />
institutionnel du pays semble s’imposer.<br />
LA STRUCTURATION D’UNE POLITIQUE DE TRANSPORT A<br />
L’ECHELLE DE L’AGGLOMERATION<br />
Population :<br />
4 227 000 hab.<br />
Liban Beyrouth<br />
Superficie : 10 452<br />
km²<br />
D<strong>en</strong>sité : 404,4<br />
hab./km²<br />
Taux de croissance<br />
annuel de la<br />
population<br />
urbaine (2005 –<br />
2010) : 0.98%<br />
Population : 1 937 000<br />
hab.<br />
Superficie : 232 km²<br />
D<strong>en</strong>sité : 8 349<br />
hab./km²<br />
Population <strong>en</strong> 2025 :<br />
2 135 000 hab.<br />
Taux<br />
d’urbanisation : 87,2<br />
%<br />
PIB / habitant :<br />
9 228 $<br />
IDH : 0,739/1<br />
Taux de<br />
motorisation : NC<br />
Véhicules par<br />
kilomètre de route :<br />
NC<br />
Accid<strong>en</strong>tologie : 1,21<br />
accid<strong>en</strong>t mortel pour<br />
10 000 hab.<br />
Sources : Banque mondiale – Schéma d’aménagem<strong>en</strong>t du<br />
Territoire – mappemonde.mgm<br />
Mots clés : Gouvernance urbaine ; Modes non motorisés ; Système de transports artisanaux<br />
La réintégration du Liban à l’économie mondiale ne s’est pas faite sans difficultés et reste<br />
<strong>en</strong>core aujourd’hui relativem<strong>en</strong>t difficile. Bi<strong>en</strong> qu’ayant de multiples accords commerciaux avec<br />
différ<strong>en</strong>ts part<strong>en</strong>aires, le Liban ne dispose pas d’une productivité ni d’une compétitivité suffisantes<br />
pour pouvoir faire face à la forte concurr<strong>en</strong>ce qu’<strong>en</strong>traîne la suppression des barrières douanières.<br />
Beyrouth fait figure d’exception dans le pays et est parv<strong>en</strong>ue à s’intégrer dans l’économie mondiale<br />
<strong>en</strong> s’appuyant sur une économie basée sur le tertiaire.<br />
Le contexte géopolitique du pays reste particulièrem<strong>en</strong>t t<strong>en</strong>du et instable. Le Liban pâtit des<br />
différ<strong>en</strong>ts affrontem<strong>en</strong>ts qui ont lieux dans les pays limitrophes. Le développem<strong>en</strong>t du pays est<br />
directem<strong>en</strong>t affecté par cette situation.<br />
Malgré une croissance démographique modérée, l’agglomération de Beyrouth connaît d’importants<br />
problèmes de congestion. Le taux de motorisation du Liban est particulièrem<strong>en</strong>t élevé avec 320<br />
75
véhicules pour 1 000 habitants 47 . La croissance économique de l’agglomération a r<strong>en</strong>du possible<br />
l’acquisition de véhicules particuliers pour de nombreux habitants sans pour autant que cela<br />
s’accompagne d’une réelle politique des transports. A l’heure actuelle, Beyrouth ne dispose pas<br />
d’infrastructures routières adaptées, bi<strong>en</strong> que de nombreux travaux soi<strong>en</strong>t <strong>en</strong>trepris. Les<br />
infrastructures mis<strong>en</strong>t <strong>en</strong> place, de type voie rapide, génèr<strong>en</strong>t des zones de conflits et de congestion,<br />
ne permettant aucune mixité modale des flux. Concernant l’offre de transports collectifs publics, elle<br />
se limite à des bus d’administration ou d’<strong>en</strong>treprise.<br />
En 1995, un Plan de Transport du Grand Beyrouth fut élaboré <strong>en</strong> part<strong>en</strong>ariat avec l’Institut<br />
d’Aménagem<strong>en</strong>t et d’Urbanisme de la Région Ile de France. Ce plan prévoyait la promotion d’un<br />
réseau de transport conséqu<strong>en</strong>t et la construction d’infrastructures routières. Un parc de 200 bus,<br />
acheté à une compagnie tchèque, fut mis à disposition de l’Office des Chemins de Fer des <strong>Transports</strong><br />
<strong>en</strong> Communs (OCFTC), mais la gestion et l’exploitation du réseau se sont avérées être un échec.<br />
L’ouverture des premières lignes de bus a montré une très forte réceptivité de la population pour<br />
l’utilisation des bus. Mais la concurr<strong>en</strong>ce sauvage du secteur privé (corruption des ag<strong>en</strong>ts de<br />
circulation, sabotage de bus…) et les pressions exercées sur le gouvernem<strong>en</strong>t pour empêcher la mise<br />
<strong>en</strong> place des budgets de maint<strong>en</strong>ance et d’achat de nouveaux bus pour compléter le réseau ont eu<br />
détruit assez rapidem<strong>en</strong>t le réseau de transport public embryonnaire. A l’heure actuelle le réseau de<br />
bus publics du Grand Beyrouth ne compr<strong>en</strong>d plus qu’une dizaine de bus et l’OCFTC est <strong>en</strong> grande<br />
difficulté financière.<br />
Une fois le réseau public anéanti, le secteur privé a réduit son offre par deux et doublé ses tarifs,<br />
limitant ainsi ses frais de personnel, de maint<strong>en</strong>ance et d’exploitation tout <strong>en</strong> ménageant ses<br />
recettes et augm<strong>en</strong>tant ainsi ses profits. La principale compagnie, Lebanese Commuting Company,<br />
compr<strong>en</strong>d un réseau de 225 autobus pour une dizaine de lignes. Cette compagnie de bus assure le<br />
transport de 18 millions de personnes par an. En parallèle, les taxis et les minibus dont le nombre<br />
dans l’agglomération de Beyrouth avoisine les 40 000, représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t une importante offre de<br />
transport à laquelle s’ajoute les taxis et minibus illégaux dont le nombre est estimé à 30 000.<br />
Les politiques publiques ont privilégié le développem<strong>en</strong>t d’infrastructures routières, au détrim<strong>en</strong>t de<br />
la mise <strong>en</strong> place d’infrastructures de transports lourds (métro, tramway, chemin de fer urbain).<br />
Toutefois, du fait de la forte croissance du nombre de véhicules particuliers dans la capitale, cette<br />
politique n’a pas pu résoudre les problèmes de congestion. Malgré tout, le Schéma d’Aménagem<strong>en</strong>t<br />
du Territoire Libanais pour 2030 (SDATL) préconise de poursuivre dans cette voie par la construction<br />
de nouvelles infrastructures routières capables de cont<strong>en</strong>ir l’<strong>en</strong>semble du parc automobile de<br />
l’agglomération de Beyrouth.<br />
En 2011, sur les 2 millions de déplacem<strong>en</strong>ts motorisés journaliers, 83 % d’<strong>en</strong>tre eux ont été effectués<br />
<strong>en</strong> voiture particulière contre 17 % <strong>en</strong> transports collectifs. Le SDATL avait estimé qu’<strong>en</strong>tre 2000 et<br />
2030 le parc automobile et le nombre de déplacem<strong>en</strong>ts motorisés par jour et par personne,<br />
connaîtrai<strong>en</strong>t une augm<strong>en</strong>tation de 57 %. Etant donnée la congestion actuelle des infrastructures<br />
routières, ces prévisions sont pour le moins inquiétantes.<br />
47 En comparaison, il y a 400 véhicules pour 1000 habitants <strong>en</strong> Ile-de-France, 550 dans<br />
l’agglomération bordelaise, 580 dans l’agglomération toulousaine.<br />
76
Pour les modes actifs (marche, vélo, etc.) la situation est particulièrem<strong>en</strong>t difficile. La place<br />
prépondérante accordée à la voiture, fait passer au second plan les utilisateurs de modes doux. En<br />
effet, certains pans de la voirie piétonne ont été rétrécis au profit d’un agrandissem<strong>en</strong>t de ceux<br />
réservés aux voitures. D’autre part, les règles de stationnem<strong>en</strong>t ne sont pas respectées et la<br />
g<strong>en</strong>darmerie a bi<strong>en</strong> du mal à faire respecter les règles <strong>en</strong> vigueur.<br />
77
QUELLE AUTORITE COMPETENTE POUR FAIRE FACE A CES ENJEUX ?<br />
Le système de gouvernance libanais est particulièrem<strong>en</strong>t c<strong>en</strong>tralisé. Le schéma ci-dessous montre la<br />
prédominance du pouvoir c<strong>en</strong>tral dans les prises de décisions.<br />
Etat<br />
Nomme<br />
Figure 10 : Système de gouvernance de la municipalité de Beyrouth.<br />
Les communes constitu<strong>en</strong>t la seule forme de déc<strong>en</strong>tralisation territoriale du Liban. Leur<br />
représ<strong>en</strong>tation politique se compose d’une assemblée élue qui dispose, depuis 1998, de la pleine<br />
juridiction au niveau local dans tous les actes et activités publics. Pour autant, l’Etat contrôle les<br />
Municipalité <strong>en</strong> amont et <strong>en</strong> aval des décisions qu’elles pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t par les Caimacans (districts) et les<br />
Mohafez (départem<strong>en</strong>ts) qui sont représ<strong>en</strong>té au niveau local par le Mohazef. Cette situation t<strong>en</strong>d à<br />
réduire le rôle du conseil municipal. D’autre part, le Grand Beyrouth se décompose <strong>en</strong> plus de 200<br />
communes sans pour autant qu’il y est une réelle autorité capable de planifier le développem<strong>en</strong>t de<br />
l’agglomération.<br />
Dans la logique du SDATL, l’Etat, par le biais d’une maitrise d’ouvrage déléguée, confie au Conseil de<br />
Développem<strong>en</strong>t et de Reconstruction (CDR) la construction des infrastructures routières. Cet<br />
organisme public a été créé <strong>en</strong> 1977 pour pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> charge la reconstruction du Liban suite à la<br />
guerre « des deux ans ». Le CDR était chargé de «planifier et programmer la reconstruction et le<br />
développem<strong>en</strong>t, assurer le financem<strong>en</strong>t des projets ainsi formulés, et <strong>en</strong> superviser l’exécution et<br />
l’exploitation <strong>en</strong> contribuant à la réhabilitation des institutions publiques, et assumer la charge de<br />
l’exécution de projets sur instruction du Conseil des Ministres » 48 . Aujourd’hui le CDR pr<strong>en</strong>d <strong>en</strong> charge<br />
la plupart des grands projets d’aménagem<strong>en</strong>t du pays et notamm<strong>en</strong>t de Beyrouth.<br />
48 www.cdr.gov.lb<br />
Mohazef<br />
Caïmacan<br />
Contrôle<br />
•Représ<strong>en</strong>tant de la République au niveau<br />
local<br />
•Déti<strong>en</strong>t le pouvoir exécutif<br />
Présid<strong>en</strong>t de la<br />
municipalité de<br />
Beyrouth<br />
78
Toutefois depuis 2000, il existe deux autres institutions publiques <strong>en</strong> charge de la gestion du trafic à<br />
Beyrouth :<br />
- Organisation de gestion du trafic (TMO)<br />
- C<strong>en</strong>tre de gestion du trafic (TMC)<br />
Depuis plus de dix ans, une coopération existe <strong>en</strong>tre la ville de Beyrouth et la région Ile-de-France. En<br />
2009, ces deux parties ont conjointem<strong>en</strong>t lancé un projet de développem<strong>en</strong>t urbain : r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>t<br />
des capacités d’action de la municipalité de Beyrouth <strong>en</strong> matière de développem<strong>en</strong>t urbain et de<br />
planification stratégique. Ce projet doit donner naissance à un Plan de Déplacem<strong>en</strong>ts Doux pour<br />
faciliter leur circulation. Par ailleurs, la région Ile-De-France souhaite s<strong>en</strong>sibiliser les élus de la<br />
municipalité de Beyrouth aux problématiques de planification stratégique et former du personnel<br />
technique afin que la collectivité locale puisse disposer des capacités nécessaires pour établir une<br />
politique de transport durable.<br />
REGULER LE TRAFIC DE BEYROUTH<br />
Pour répondre aux problèmes de congestion et d’<strong>en</strong>combrem<strong>en</strong>t de la voirie, l’Etat libanais <strong>en</strong><br />
part<strong>en</strong>ariat avec la Banque Mondiale, a lancé un projet de développem<strong>en</strong>t de transport urbain<br />
(UTDP) et <strong>en</strong> a confié la gestion au CDR pour la mise <strong>en</strong> application du plan de Transport de la région<br />
métropolitaine de Beyrouth. Le début des opérations de ce plan d’action qui définit quatre objectifs<br />
prioritaires, fut lancé <strong>en</strong> 2005.<br />
- Construction d’équipem<strong>en</strong>ts d’infrastructures sur les axes principaux de circulation :<br />
croisem<strong>en</strong>ts dénivelés, carrefours.<br />
- Système de contrôle et de gestion du trafic par la mise <strong>en</strong> place d’un réseau de caméras de<br />
surveillance et de feux de signalisation. Tous ces équipem<strong>en</strong>ts sont connectés au TMC qui<br />
<strong>en</strong> a la charge.<br />
- Gestion du parc de stationnem<strong>en</strong>t par la mise <strong>en</strong> place de parcmètres. La gestion du<br />
stationnem<strong>en</strong>t revi<strong>en</strong>t à la TMO, mais l’installation et la maint<strong>en</strong>ance des machines sont<br />
gérées par deux opérateurs privés. Mais plus important <strong>en</strong>core, une réduction de 30 % des<br />
violations des règles de stationnem<strong>en</strong>t a été observée <strong>en</strong>tre 2008 et 2011.<br />
- Pour des opérations à plus long terme, la Banque Mondiale apporte une assistance<br />
technique <strong>en</strong> matière de planification des transports et notamm<strong>en</strong>t par la promotion des<br />
transports publics. Des études ont été réalisées ou sont <strong>en</strong> cours afin de proposer des<br />
solutions pour revitaliser les transports publics de Beyrouth.<br />
Le coût total de ce projet est estimé à 231,1 millions de dollars. Le coût de l’opération est supporté<br />
par plusieurs acteurs avec <strong>en</strong> premier lieu la Banque mondiale (134,7 millions de dollars), la Banque<br />
Europé<strong>en</strong>ne d’Investissem<strong>en</strong>t, le Fonds Arabe de Développem<strong>en</strong>t Economique et Social, le Fonds<br />
Koweïti<strong>en</strong> pour le développem<strong>en</strong>t économique et la Banque Islamique de Développem<strong>en</strong>t (69,5<br />
millions de dollars), l’Etat libanais (26,9 millions de dollars).<br />
Pour les années à v<strong>en</strong>ir il est <strong>en</strong>visagé, toujours <strong>en</strong> part<strong>en</strong>ariat avec la Banque Mondiale, de mettre<br />
<strong>en</strong> place un système de transport collectif intégré et une police de la circulation efficace.<br />
79
CONCLUSION<br />
Le système de transport de Beyrouth aurait besoin d’un certain nombre d’ajustem<strong>en</strong>ts. La mise <strong>en</strong><br />
place d’un système clair de gouvernance dans le domaine de la planification urbaine semble être<br />
aujourd’hui la priorité. Sans qu’elle ne soit nécessairem<strong>en</strong>t mise <strong>en</strong> place au niveau local, il est<br />
important de doter une institution de moy<strong>en</strong>s suffisants pour mettre <strong>en</strong> œuvre une politique des<br />
transports <strong>durables</strong> qui réhabilite les transports collectifs et améliore les conditions d’usage des<br />
modes de déplacem<strong>en</strong>ts doux afin de décongestionner le Grand Beyrouth. 49<br />
49 DAR – IAURIF, Schéma d’Aménagem<strong>en</strong>t du Territoire Libanais – Rapport final, 2004 Région Île-de-France, La<br />
Région Île-de-France à Beyrouth – Bulletin de la coopération déc<strong>en</strong>tralisée, Edition n°1 de mai 2011<br />
Le Commerce du Levant, Transport dans le Grand Beyrouth : la saturation, Août 2009<br />
http://web.worldbank.org<br />
http://idf-beyrouth.com<br />
http://www.s<strong>en</strong>at.fr<br />
http://www.cdr.gov.lb<br />
80
CASABLANCA<br />
LE DEVELOPPEMENT D’UNE OFFRE DE<br />
TRANSPORT AU SERVICE DE LA MUTATION<br />
D’UNE METROPOLE EMERGENTE<br />
Mots clés :<br />
Gouvernance urbaine ; Planification ; Projets de transports publics ; Systèmes de transports<br />
artisanaux<br />
Monographie rédigée par Charles SIMON et Juli<strong>en</strong> ALLAIRE sur la base des interv<strong>en</strong>tions de Aïcha AIT<br />
MHAND, mairie de Casablanca (confér<strong>en</strong>ce de Damas, 2010), Nadia BOUHRIZ, Casa Tramway (confér<strong>en</strong>ce<br />
de Barcelone, 2011), Jean-Charles CROCHET, banque mondiale (confér<strong>en</strong>ce de Barcelone, 2011) et<br />
Hassan NOUHA, Ministère de l’Intérieur marocain (confér<strong>en</strong>ce de Barcelone, 2011).<br />
Dernière mise à jour :<br />
15/11/2012<br />
81
Casablanca<br />
Casablanca est la<br />
capitale économique du<br />
Maroc. L’agglomération de<br />
3,4 millions d’habitants<br />
s’ét<strong>en</strong>d sur 1 200 km². Pour<br />
répondre aux besoins<br />
croissants de mobilité<br />
<strong>en</strong>g<strong>en</strong>drés par le<br />
développem<strong>en</strong>t de la ville,<br />
la municipalité porte un<br />
projet ambitieux de<br />
planification.<br />
Le Plan de Déplacem<strong>en</strong>t<br />
Urbain (PDU) mis <strong>en</strong> place<br />
<strong>en</strong> 2004 t<strong>en</strong>d à réorganiser<br />
<strong>en</strong> profondeur le réseau de<br />
transport de Casablanca<br />
notamm<strong>en</strong>t par la mise <strong>en</strong><br />
place d’une ligne de<br />
tramway.<br />
LE DEVELOPPEMENT D’UNE OFFRE DE TRANSPORT AU SERVICE<br />
DE LA MUTATION D’UNE METROPOLE EMERGENTE<br />
Maroc Casablanca<br />
Population : 31 951 000 hab. Population : 3 284 000 hab.<br />
Superficie : 446 550 km² Superficie : 386 km²<br />
(Préfecture de Casablanca)<br />
D<strong>en</strong>sité : 71,6 hab. / km² D<strong>en</strong>sité : 8 507 hab. / km²<br />
Taux d’urbanisation : 56,70 % Population de<br />
l’agglomération prévue <strong>en</strong><br />
2025 : 4 065 000 hab.<br />
Taux de croissance annuel de la<br />
population urbaine (2005-<br />
2010) : 2,27 %<br />
Longueur des lignes :<br />
Tramway : 30 km (projet<br />
pour fin 2012)<br />
PIB / habitant : 2 795,5 $ Parts modales : (2004)<br />
VP : 18,5 %<br />
TP : 28,5 %<br />
MA : 53 %<br />
IDH : 0,582 / 1<br />
Taux de motorisation : 53<br />
véhicules pour 1 000 hab.<br />
Véhicules par kilomètre de<br />
route : 38<br />
Accid<strong>en</strong>tologie : 1,23 accid<strong>en</strong>t<br />
mortel pour 10 000 hab.<br />
Sources : Banque Mondiale – PNUD – Casablanca.ma – UrbanRail.net<br />
Mots clés : Gouvernance urbaine ; Planification ; Projets de transports publics ; Systèmes de transports<br />
artisanaux<br />
D’après les interv<strong>en</strong>tions de :<br />
- Aïcha AIT MHAND – responsable des transports publics <strong>urbains</strong> à la mairie de Casablanca<br />
(confér<strong>en</strong>ce de Damas, 2010).<br />
- Nadia BOUHRIZ – directrice du tramway de Casablanca (confér<strong>en</strong>ce de Barcelone, 2011).<br />
- Hassan NOUHA – chef de la division de la régulation et du contrôle, Direction des Régies et<br />
Services Concédés, Ministère de l’Intérieur et Jean-Charles CROCHET, Banque Mondiale<br />
(confér<strong>en</strong>ce de Barcelone, 2011).<br />
Casablanca est le moteur économique de la croissance marocaine. L’agglomération<br />
conc<strong>en</strong>tre 39 % des unités productives du pays et 60 % de la main d’œuvre industrielle. Le port de<br />
Casablanca <strong>en</strong>registre 55 % des échanges commerciaux du pays et l’aéroport 51 % du total du trafic<br />
aéri<strong>en</strong> national. Les autorités souhait<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>forcer la dynamique de développem<strong>en</strong>t de Casablanca<br />
<strong>en</strong> attirant les investisseurs étrangers.<br />
82
Casablanca connaît égalem<strong>en</strong>t une forte croissance du point de vue démographique. Sa population<br />
est particulièrem<strong>en</strong>t jeune : 31 % de ses habitants ont moins de 15 ans. Les projections prévoi<strong>en</strong>t que<br />
l’agglomération compte 6 millions d’habitants <strong>en</strong> 2030.<br />
Etant donnée la forte d<strong>en</strong>sité au c<strong>en</strong>tre de l’agglomération et le manque de foncier, seule l’expansion<br />
spatiale permet de répondre à la demande de logem<strong>en</strong>t. Des programmes de relogem<strong>en</strong>t des<br />
habitants des bidonvilles à la périphérie favoris<strong>en</strong>t la diffusion de l’urbanisation dans les couronnes<br />
périurbaines.<br />
L’offre <strong>en</strong> transports collectifs de la Région du Grand Casablanca est composée par les réseaux ferrés<br />
(Trains) et les réseaux routiers composés des bus et taxis collectifs (Grands Taxis). Il n’existe aucune<br />
synergie <strong>en</strong>tre les différ<strong>en</strong>ts réseaux de transports collectifs (ni dans l’offre, ni dans l’exploitation, ni<br />
dans la tarification).<br />
L’étalem<strong>en</strong>t urbain a r<strong>en</strong>du le réseau de bus de moins <strong>en</strong> moins adapté aux besoins des habitants.<br />
Sur les 10 millions de déplacem<strong>en</strong>ts par jour ouvrable générés par le Grand Casablanca, soit 2.5 à 3.0<br />
déplacem<strong>en</strong>ts tous modes par jour et par habitant, <strong>en</strong>viron 55% sont effectués à pied et l’utilisation<br />
des bus, <strong>en</strong> considération de la taille de l’agglomération, est limitée, surtout pour accéder au c<strong>en</strong>treville<br />
(10 à 20 % des personnes transportées).L’offre de service se conc<strong>en</strong>tre au c<strong>en</strong>tre de<br />
l’agglomération et la desserte est insuffisante <strong>en</strong> périphérie. Les transports artisanaux se sont<br />
adaptés plus rapidem<strong>en</strong>t à la nouvelle configuration de la ville. Par leur fréqu<strong>en</strong>ce, les taxis blancs,<br />
qui opèr<strong>en</strong>t dans la périphérie, capt<strong>en</strong>t 10 % des parts modales tandis que les taxis rouges, dans le<br />
c<strong>en</strong>tre, compt<strong>en</strong>t pour 5 % des déplacem<strong>en</strong>ts. La part modale des autobus traditionnels représ<strong>en</strong>te<br />
seulem<strong>en</strong>t 13 % des déplacem<strong>en</strong>ts.<br />
Si le développem<strong>en</strong>t du transport artisanal est créateur d’emplois, il génère une congestion et une<br />
pollution accrue. La question de la mobilité est donc dev<strong>en</strong>ue une priorité pour pouvoir maitriser<br />
l’urbanisation de l’agglomération.<br />
DES REFORMES INSTITUTIONNELLES NECESSAIRES<br />
Avant 2003, la ville de Casablanca était gérée par 27 communes, ayant chacune un budget propre. Ce<br />
système avait favorisé un haut degré de mixité fonctionnelle dans l’usage des sols. En collaboration<br />
avec les autorités déconc<strong>en</strong>trées, chaque commune, assurait le maximum de services de proximité :<br />
écoles, disp<strong>en</strong>saires, c<strong>en</strong>tres culturels, etc.<br />
Toutefois, cette organisation territoriale <strong>en</strong>g<strong>en</strong>drait des déséquilibres spatiaux et contribuait à la<br />
dispersion des moy<strong>en</strong>s. En 2003 la réforme institutionnelle de Casablanca a confié au Conseil de la<br />
ville la gestion des services, des équipem<strong>en</strong>ts, des ressources humaines et financières. Cette nouvelle<br />
gouvernance devait permettre de définir une vision stratégique métropolitaine à moy<strong>en</strong> et long<br />
termes.<br />
En 2004, parmi les recommandations du Plan de déplacem<strong>en</strong>ts <strong>urbains</strong> on trouve la création d’une<br />
institution de régulation des transports publics. Ainsi est créé <strong>en</strong> 2008 par les autorités locales, dans<br />
un cadre conv<strong>en</strong>tionnel, l’autorité organisatrice des déplacem<strong>en</strong>ts <strong>urbains</strong> AODU. Cette nouvelle<br />
83
institution, la première du g<strong>en</strong>re au Maroc, est un espace de mise <strong>en</strong> cohér<strong>en</strong>ce de l’interv<strong>en</strong>tion de<br />
l’État et des collectivités locales <strong>en</strong> matière de planification. Les statuts de l’AODU lui confèr<strong>en</strong>t<br />
quatre missions :<br />
- L’élaboration des plans de déplacem<strong>en</strong>ts, le suivi de leur mise <strong>en</strong> œuvre ainsi que<br />
l’actualisation des PDU<br />
- Le contrôle de l’exploitation des systèmes de transport<br />
- La coordination <strong>en</strong> matière de gestion de trafic<br />
- La recherche de financem<strong>en</strong>t pour le secteur<br />
Aujourd’hui, l’AODU prête une assistance technique à ses membres <strong>en</strong> tant que bureau d’études et<br />
intervi<strong>en</strong>t selon un processus qui va de la planification au contrôle de l’exploitation <strong>en</strong> passant par le<br />
suivi des réalisations. Ainsi, dans le cadre de ses domaines de compét<strong>en</strong>ce, elle émet des<br />
recommandations à disposition de ses membres et les accompagne dans la définition des mesures à<br />
mettre <strong>en</strong> œuvre.<br />
L’AODU étant une nouvelle et jeune institution, son défi sur le plan technique est de dev<strong>en</strong>ir la<br />
référ<strong>en</strong>ce régionale <strong>en</strong> matière d’ingénierie de la mobilité. Elle doit capitaliser l’expertise et diffuser<br />
le savoir dans son domaine. Sur le plan institutionnel, c’est de pouvoir évoluer d’un cadre<br />
conv<strong>en</strong>tionnel vers un cadre statuaire lui donnant une autonomie juridique et financière ainsi qu’une<br />
légitimité politique.<br />
En 2008, une stratégie de planification urbaine fut proposée pour les deux prochaines déc<strong>en</strong>nies<br />
ainsi qu’un plan d’action à l’horizon 2013 qui donnait aux transports une place structurante dans le<br />
projet métropolitain.<br />
Le Schéma Directeur d’Aménagem<strong>en</strong>t Urbain planifie l’évolution de Casablanca <strong>en</strong> affichant les<br />
objectifs suivants :<br />
- Délimiter l’ext<strong>en</strong>sion de la ville par une rocade urbaine et une ceinture verte afin de<br />
stabiliser sa population.<br />
- Organiser la croissance autour de Casablanca-Mohammedia par le développem<strong>en</strong>t de 9 pôles<br />
périphériques garantissant un équilibre est-ouest de la métropole.<br />
- Préserver le patrimoine et améliorer la qualité de vie urbaine.<br />
- Reconvertir les friches ainsi que les vieux quartiers industriels.<br />
La politique de mobilité doit répondre d’une part à la desserte des projets phares de l’agglomération<br />
et d’autre part à la volonté de faire de Casablanca une métropole mieux équilibrée sur le plan social<br />
et spatial. Le Plan de Déplacem<strong>en</strong>ts Urbains prévoit d’augm<strong>en</strong>ter fortem<strong>en</strong>t les parts modales des<br />
transports collectifs de masse.<br />
84
Mode de Déplacem<strong>en</strong>t Usage actuel 2019<br />
Volontariste<br />
Variation (%)<br />
Voiture 14,5 % 18,5 % 28 %<br />
<strong>Transports</strong> collectifs de masse 13 % 21 % 62 %<br />
Taxis blancs 10,3 % 6,8 % -34 %<br />
Taxis rouge 5,2 % 3,2 % -38 %<br />
2 roues 4 % 2,5 % -38 %<br />
Marche 53 % 48 % -9 %<br />
Tableau 3: Répartition modale <strong>en</strong> 2004 (PDU).<br />
Il est ainsi <strong>en</strong>visagé d’assurer :<br />
- La restructuration de l’offre de transport par autobus se traduisant par une réorganisation<br />
du réseau ; un r<strong>en</strong>ouvellem<strong>en</strong>t du parc ; une plus grande fiabilité et régularité ; une réforme<br />
du système tarifaire ; une amélioration du système d’exploitation.<br />
- La restructuration de l’offre de transport par taxi, l’objectif étant de réorganiser le rôle des<br />
taxis de première catégorie (report modal vers les transports collectifs) et de r<strong>en</strong>ouveler<br />
l’<strong>en</strong>semble du parc de taxis.<br />
- L’amélioration du maillage du réseau routier principal dans le cœur de l’agglomération avec<br />
l’ouverture de nouvelles rocades.<br />
- La mise à niveau de la voirie existante par l’aménagem<strong>en</strong>t de plusieurs boulevards et par<br />
l’adaptation de la signalisation. Recherche d’une circulation plus fluide et sécurisée.<br />
- La mise <strong>en</strong> place d’une ligne de tramway fin 2012.<br />
Figure 11 : Plan du réseau de transport de Casablanca.<br />
85
LE TRAMWAY : PREMIER PROJET STRUCTURANT<br />
Le projet de tramway est considéré comme prioritaire par les autorités publiques. D’une longueur de<br />
30 km destinée à desservir 47 stations, cette ligne <strong>en</strong> Y a été conçue pour assurer une connexion<br />
<strong>en</strong>tre les quartiers périphériques et le c<strong>en</strong>tre-ville. Dans la logique d’intégrer la politique des<br />
transports dans un projet urbain global, cette nouvelle ligne permettra d’assurer:<br />
- La requalification du c<strong>en</strong>tre historique de Casablanca.<br />
- La réhabilitation des façades sur l’<strong>en</strong>semble du tracé de la ligne.<br />
- L’aménagem<strong>en</strong>t d’un espace piétonnier sur le Boulevard Mohamed V.<br />
- La piétonisation de la place des Nations Unies et le réaménagem<strong>en</strong>t des places situées <strong>en</strong><br />
face des gares.<br />
- La desserte des principaux projets d’équipem<strong>en</strong>ts publics (Palais des congrès, parc<br />
d’exposition, etc.).<br />
- La redynamisation du commerce de c<strong>en</strong>tre-ville.<br />
- L’instauration d’un schéma basé sur le rabattem<strong>en</strong>t du réseau de bus sur la ligne de<br />
tramway de façon à définir un réseau hiérarchisé et multimodal.<br />
Le coût global de l’opération est estimé à 600 millions d’euros dont 10 % est consacré au<br />
réaménagem<strong>en</strong>t de la voirie. La maitrise d’ouvrage de ce projet est assurée par CasaTransport.<br />
D’ici 2030, le PDU prévoit :<br />
- La construction d’une ligne RER de 63 km qui devrait permettre d’assurer la liaison<br />
Mohammedia/aéroport Mohammed V <strong>en</strong> traversant Casablanca.<br />
- La mise <strong>en</strong> service de 3 nouvelles lignes supplém<strong>en</strong>taires de tramway et d’une ligne de<br />
métro.<br />
- La transformation de l’anci<strong>en</strong>ne autoroute urbaine <strong>en</strong> « Eco Boulevard » pour limiter la<br />
fracture <strong>en</strong>tre l’est et l’ouest de Casablanca.<br />
- Le montant global de ces investissem<strong>en</strong>ts avoisine les 5 milliards d’euros. Un des défis les<br />
plus importants pour la municipalité de Casablanca est d’assurer un montage financier<br />
fiable pour la réalisation des projets futurs (RER, métro, tramway).<br />
La dim<strong>en</strong>sion des projets prés<strong>en</strong>tés confirme la volonté de Casablanca de dev<strong>en</strong>ir une métropole<br />
solidaire de dim<strong>en</strong>sion internationale. Le choix fait ici est de « mettre la politique de la mobilité au<br />
service de la planification et de l’intégration urbaine » (Aicha AIT MHAND).<br />
86
DAMAS<br />
LA SECURISATION ET LA FACILITATION DE<br />
L’ACCES A LA MEDINA<br />
Mots clés :<br />
Planification ; Projets de transports publics ; Réhabilitation des cœurs de ville<br />
Monographie rédigée par Charles SIMON et Juli<strong>en</strong> ALLAIRE sur la base de l’interv<strong>en</strong>tion de Abdullah<br />
ABOUD et Amal HADDAD, ville de Damas (confér<strong>en</strong>ce de Marseille, 2010).<br />
Dernière mise à jour :<br />
15/11/2012<br />
87
Damas<br />
Considérée comme<br />
l’une des plus anci<strong>en</strong>nes<br />
cités du monde, Damas<br />
compte aujourd’hui<br />
<strong>en</strong>viron 3 millions<br />
d’habitants. La capitale<br />
syri<strong>en</strong>ne, située à l’ouest<br />
du pays et à 80 km des<br />
côtes méditerrané<strong>en</strong>nes,<br />
est bordée au nord et à<br />
l’ouest par des zones<br />
montagneuses. Damas,<br />
qui est inscrite au<br />
Patrimoine mondiale de<br />
l’UNESCO depuis 1979, a<br />
su conserver <strong>en</strong> son sein<br />
un c<strong>en</strong>tre anci<strong>en</strong> à forte<br />
valeur patrimoniale. Les<br />
autorités de la ville<br />
s’évertu<strong>en</strong>t à garantir la<br />
sécurité, l’accessibilité et<br />
l’attractivité de la Vieille<br />
Ville.<br />
LA SECURISATION ET LA FACILITATION DE L’ACCES A LA<br />
Syrie Damas Médina<br />
Population : 20 447 000<br />
hab.<br />
Population : 2<br />
600 000 hab.<br />
Population :<br />
30 000 hab.<br />
Superficie : 185 180 km² Superficie : 840 km² Superficie : 1,3<br />
km²<br />
D<strong>en</strong>sité : 110,4 hab. /<br />
km²<br />
Taux d’urbanisation :<br />
54,90 %<br />
Taux de croissance<br />
annuel de la population<br />
urbaine (2005-2010) :<br />
3,97 %<br />
PIB / habitant : 2 892,7<br />
$<br />
IDH : 0,632 / 1<br />
Taux de motorisation :<br />
30 véhicules pour 1 000<br />
hab.<br />
Véhicules par kilomètre<br />
de route : 20<br />
Accid<strong>en</strong>tologie : 1,41<br />
accid<strong>en</strong>t mortel pour<br />
10 000 hab.<br />
MEDINA<br />
D<strong>en</strong>sité : 3 100 hab.<br />
/ km²<br />
Population de<br />
l’agglomération<br />
prévue <strong>en</strong> 2025 : 3<br />
534 000 hab.<br />
Sources : Banque Mondiale – PNUD – Nations Unies – Guide Médinas<br />
Mots clés : Planification ; Projets de transports publics ; Réhabilitation des cœurs de ville<br />
D’après l’interv<strong>en</strong>tion d’Abdullah ABOUD et Amal HADDAD – chargés de Trafic et Transport de la Ville de<br />
Damas (confér<strong>en</strong>ce de Marseille, 2010).<br />
A la fin des années 1990, la Syrie s’est <strong>en</strong>gagée dans un processus d’intégration à l’économie<br />
mondiale. Sa capitale, Damas, a été divisée <strong>en</strong> 17 zones administratives selon les plans du Grand<br />
Schéma Directeur de 1999.<br />
La médina de Damas s’étale sur une superficie de 1,3 km² pour une population avoisinant les 30 000<br />
habitants et est délimitée par une muraille aux multiples points d’accès. Ce c<strong>en</strong>tre anci<strong>en</strong> a su<br />
conserver une forme urbaine cohér<strong>en</strong>te et fonctionnelle. Outre sa fonction résid<strong>en</strong>tielle, la médina<br />
ti<strong>en</strong>t un rôle économique important par la prés<strong>en</strong>ce de plusieurs grands marchés et d’une rue<br />
88
commerçante (rue Hamidiyeh). L’auth<strong>en</strong>ticité et la richesse patrimoniale de la ville 50 lui confère une<br />
attractivité touristique certaine.<br />
Cep<strong>en</strong>dant, <strong>en</strong>tre 1955 et 2005, la vétusté de certaines habitations a poussé <strong>en</strong>viron 20 000<br />
personnes à quitter la médina pour lui préférer des habitations plus modernes. Parallèlem<strong>en</strong>t, la<br />
mutation économique de la ville a <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dré la multiplication de restaurants et autres commerces au<br />
détrim<strong>en</strong>t des fonctions résid<strong>en</strong>tielles et notamm<strong>en</strong>t des plus pauvres. Un processus de<br />
g<strong>en</strong>trification s’est <strong>en</strong>cl<strong>en</strong>ché avec le risque d’une perte d’id<strong>en</strong>tité de la zone.<br />
Figure 12 : Portes d’accès à la médina.<br />
Le c<strong>en</strong>tre-ville est principalem<strong>en</strong>t desservi par des taxis et des voitures particulières. Outre un travail<br />
de réhabilitation du cadre bâti, le gouvernorat de Damas se donne pour objectif de répondre aux<br />
problèmes liés au trafic et au stationnem<strong>en</strong>t des voitures dans la médina. Un Plan de Transport de<br />
Damas a été réalisé <strong>en</strong> 1999 par l’ag<strong>en</strong>ce japonaise de la coopération internationale (JICA). Une mise<br />
à jour partielle a été réalisée <strong>en</strong> 2004 et 2008 par les études respectives d’Egis Bceom International 51<br />
et SYSTRA 52 . Le schéma directeur métropolitain de Damas réalisé par la JICA <strong>en</strong> 2008 a actualisé le<br />
Plan de Transport de Damas. Cep<strong>en</strong>dant cette révision n’a pas été approuvée. A l’heure actuelle,<br />
l’IAU-IDF <strong>en</strong> appui au consortium local G<strong>en</strong>eral Company for Engineering Studies and Consulting<br />
(GCEC) réalise une étude sur le Plan directeur de la ville de Damas, sa proche banlieue et sur la région<br />
de Damas. Cette étude qui vise à produire un diagnostic et des ori<strong>en</strong>tations n’a pas <strong>en</strong>core abouti.<br />
PROBLEMATIQUES DE CIRCULATION LIEES A LA MEDINA<br />
Actuellem<strong>en</strong>t l’accès à la médina de Damas se fait principalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> voitures particulières et taxis<br />
par les 14 <strong>en</strong>trées et sorties disponibles. Les 16 lignes publiques de bus et minibus qui desserv<strong>en</strong>t les<br />
50<br />
La médina de Damas compr<strong>en</strong>d une grande partie des principaux monum<strong>en</strong>ts historiques tels que la<br />
mosquée des Omeyyades, la Citadelle, le palais Azem, etc.<br />
51<br />
Groupe de conseil et d’ingénierie dans les domaines des transports, de la ville, du bâtim<strong>en</strong>t, de l’industrie, de<br />
l’eau, de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t et de l’énergie.<br />
52 Ingénierie de transport urbain et de transport ferroviaire<br />
89
abords de la Vieille Ville ne répond<strong>en</strong>t pas suffisamm<strong>en</strong>t aux besoins des usagers. D’autre part,<br />
l’unique ligne de transport qui traversait la Vieille Ville d’est <strong>en</strong> ouest a récemm<strong>en</strong>t été fermée.<br />
La situation telle que prés<strong>en</strong>tée ci–dessus pose des problèmes de circulation et de sécurité à<br />
l’intérieur même de la médina. Les flux circulatoires des taxis et véhicules particuliers congestionn<strong>en</strong>t<br />
la Vieille Ville et génèr<strong>en</strong>t des conflits <strong>en</strong>tre les piétons et les automobilistes. En effet, la voirie de la<br />
médina est actuellem<strong>en</strong>t partagée <strong>en</strong>tre les piétons et les voitures. Le stationnem<strong>en</strong>t de ces<br />
dernières n’est pas réglem<strong>en</strong>té et est donc pour le moins aléatoire. L’<strong>en</strong>combrem<strong>en</strong>t est d’autant<br />
plus acc<strong>en</strong>tué par le fait que cet espace constitue une zone de passage pour les véhicules motorisés.<br />
Les difficultés de circulation des piétons sont donc bi<strong>en</strong> réelles.<br />
Figure 13 : Plan du futur réseau de transport.<br />
PROGRAMME D’ACTION<br />
Afin d’améliorer la desserte de la Vieille Ville, le Plan de Transport <strong>en</strong> préparation prévoit la mise <strong>en</strong><br />
place de quatre nouvelles lignes de bus à forte capacité permettant la liaison de la médina avec le<br />
reste de l’agglomération. Ces lignes seront reliées <strong>en</strong>tre elles par un boulevard circulaire. Dans le<br />
même temps, le gouvernorat prévoit la mise <strong>en</strong> place d’une ligne de métro (ligne verte sur le plan)<br />
d’<strong>en</strong>viron 17 km. Deux stations sur dix-sept seront à proximité de la médina, facilitant une fois<br />
<strong>en</strong>core la liaison avec le reste de l’agglomération.<br />
Toutefois la réalisation de la ligne de métro peine à voir le jour. Le projet a été stoppé lors de<br />
l’adoption du nouveau plan quinqu<strong>en</strong>nal (2011-2015) pour des difficultés de financem<strong>en</strong>t.<br />
L’objectif fixé est de réduire s<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t les embouteillages et les nuisances causées par un<br />
stationnem<strong>en</strong>t anarchique. Le Plan Directeur des <strong>Transports</strong> Publics prévoit égalem<strong>en</strong>t la gestion du<br />
trafic au sein de la médina.<br />
90
- Interdiction pour les véhicules motorisés de pénétrer au sein de la médina.<br />
- Création d’axes réservés aux piétons.<br />
- Création de 6 parcs de stationnem<strong>en</strong>ts à proximité de la médina (trois d’<strong>en</strong>tre eux sont déjà<br />
<strong>en</strong> service pour une capacité d’accueil de 1 000 voitures). Ce dispositif sera complété par le<br />
développem<strong>en</strong>t réglem<strong>en</strong>té du stationnem<strong>en</strong>t sur voirie.<br />
- Les véhicules autorisés à circuler dans la médina devront être électriques. Des stations de<br />
recharge devront être mis <strong>en</strong> place à proximité de la médina (parkings ; voirie).<br />
- Aménager une ligne de transport circulaire (bus ou tramway) reliant les portes de la<br />
médina.<br />
La dim<strong>en</strong>sion religieuse et commerciale de la Vieille Ville contraint le gouvernorat à prévoir certaines<br />
exceptions pour éviter tout conflit avec les résid<strong>en</strong>ts.<br />
- Le chargem<strong>en</strong>t/déchargem<strong>en</strong>t pour les marchés sera limité tous les matins de 5h00 à 7h00<br />
et de 8h00 à 10h00.<br />
- L’approvisionnem<strong>en</strong>t des hôtels, restaurants, carburants, gaz, matériaux de construction,<br />
etc. se feront tous les jours de 5h00 à 7h00 le matin.<br />
- Les bus scolaire devront s’arrêter à l’<strong>en</strong>trée de la médina.<br />
SITUATION ACTUELLE<br />
La décision qui devait être prise <strong>en</strong> avril 2011 d’interdire l’accès aux véhicules motorisés et de fournir<br />
des véhicules électriques n’a finalem<strong>en</strong>t pas été prise.<br />
Concernant la ligne de métro, il semblerait qu’un financem<strong>en</strong>t par la v<strong>en</strong>te de terrains publics dans le<br />
cadre d’un BOT (Build Operate and Transfer) soit <strong>en</strong>visagé. Cette solution ne va pas pour plaire à<br />
certains professionnels du transport qui considère que le risque <strong>en</strong>couru par l’opérateur serait trop<br />
grand. Une deuxième solution qui fait suite à des études réalisées pour le gouvernorat de Damas,<br />
serait de procéder à la mise <strong>en</strong> place d’un Bus Rapid Transit (BRT) qui précèderait le projet de la ligne<br />
de métro.<br />
Toutefois, le contexte syri<strong>en</strong> veut que les projets d’infrastructures ne soit plus, à l’heure actuelle, une<br />
priorité.<br />
91
ESKISEHIR<br />
LA REDUCTION DU TRAFIC ET LE<br />
DEVELOPPEMENT D’ALTERNATIVES DANS UN<br />
CENTRE VILLE CONTRAINT<br />
Mots clés :<br />
Intégration des systèmes de transport ; Modes non motorisés ; Planification ; Projets de<br />
transports publics ; Réhabilitation des cœurs de ville<br />
Monographie rédigée par Camille MARTINET et Juli<strong>en</strong> ALLAIRE sur la base de l’interv<strong>en</strong>tion de Erhan<br />
ENBATAN, Estram (confér<strong>en</strong>ce de Marseille, 2010).<br />
Dernière mise à jour :<br />
15/11/2012<br />
92
Eskisehir<br />
Eskisehir, douzième<br />
ville de Turquie, est un pôle<br />
de développem<strong>en</strong>t industriel<br />
important situé à 230 km à<br />
l’ouest d’Ankara. La rapide<br />
croissance du nombre de<br />
véhicules a fait apparaître<br />
des problèmes<br />
<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>taux et de<br />
congestion. Pour les réduire,<br />
la municipalité a construit<br />
deux lignes de tramway. Elle<br />
a égalem<strong>en</strong>t rep<strong>en</strong>sé son<br />
système de transport pour<br />
donner plus de place à la<br />
marche et au vélo.<br />
LA REDUCTION DU TRAFIC ET LE DEVELOPPEMENT<br />
D’ALTERNATIVES DANS UN CENTRE-VILLE CONTRAINT<br />
Turquie Eskisehir<br />
Population : 72 752 000 hab. Population : 670 000 hab.<br />
Superficie : 783 562 km² Superficie : 13 650 km²<br />
D<strong>en</strong>sité : 92,8 hab. / km² D<strong>en</strong>sité : 49 hab. / km²<br />
Taux d’urbanisation : 69,60<br />
%<br />
Taux de croissance annuel<br />
de la population urbaine<br />
(2005-2010) : 1,93 %<br />
PIB / habitant : 10 094,1 $<br />
IDH : 0,699 / 1<br />
Taux de motorisation : 95<br />
véhicules pour 1 000 hab.<br />
Véhicules par kilomètre de<br />
route : 29<br />
Accid<strong>en</strong>tologie : 0,62<br />
accid<strong>en</strong>t mortel pour 10 000<br />
hab.<br />
Longueur des lignes :<br />
Tramway : 15 km (2004)<br />
Sources : Banque Mondiale – PNUD – Erhan Enbatan – FEDRE<br />
Mots clés : Intégration des systèmes de transport ; Modes non motorisés ; Planification ; Projets de<br />
transports publics ; Réhabilitation des cœurs de ville<br />
D’après l’interv<strong>en</strong>tion d’Erhan ENBATAN – manager général d’EsTram (confér<strong>en</strong>ce de Marseille, 2010).<br />
Eskisehir est un exemple rare <strong>en</strong> Turquie. Afin de remédier à ses problèmes de trafic, la ville<br />
n’a pas choisi de développer les infrastructures routières, mais plutôt de suivre une politique de<br />
mobilité durable <strong>en</strong> mettant <strong>en</strong> place deux lignes de tramway et la piétonisation du c<strong>en</strong>tre-ville.<br />
La politique de mobilité dans la ville turque repose sur trois principes : la diversification de l’offre de<br />
transport (bus, minibus, taxis collectifs, tramways, vélos) ; la réduction du trafic des véhicules<br />
motorisés dans le c<strong>en</strong>tre-ville via sa piétonisation ; l’amélioration des systèmes de transport collectif.<br />
UN PROJET DE TRAMWAY ET LA MISE EN ŒUVRE D’UN SYSTEME DE TRANSPORT INTEGRE<br />
En juillet 2002, la ville a lancé la construction de deux lignes de tramway. Ces deux lignes, d’une<br />
longueur totale d’<strong>en</strong>viron 15 kilomètres, ont été mises <strong>en</strong> service <strong>en</strong> décembre 2004. Ce projet,<br />
achevé <strong>en</strong> deux ans, a permis à la ville d’être récomp<strong>en</strong>sée par l’UITP pour son <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />
faveur du tramway.<br />
93
Figure 74 : Décongestion du c<strong>en</strong>tre-ville par la mise <strong>en</strong> place du tramway.<br />
Le financem<strong>en</strong>t provi<strong>en</strong>t de crédits à l'exportation suédois, ainsi que de crédits de banques<br />
d'investissem<strong>en</strong>t nordiques et europé<strong>en</strong>nes. Le projet de l’EsTram (Eskisehir Tramway) est<br />
d’implanter un transport de masse connecté aux trois modes de transport collectif de la ville.<br />
EsTram est conçu pour transporter jusqu’à 120 000 passagers par jour 53 . Les deux lignes, qui<br />
partag<strong>en</strong>t un tronçon commun <strong>en</strong> c<strong>en</strong>tre-ville, permett<strong>en</strong>t de relier les universités, la gare, les<br />
hôpitaux, les zones culturelles et de loisirs, la gare routière et le c<strong>en</strong>tre-ville. Selon les résultats de<br />
l’EsTram 54 , <strong>en</strong> 7 ans (2005-2011), le nombre d’usagers a augm<strong>en</strong>té de 19,2 %. En moy<strong>en</strong>ne, il est<br />
emprunté quotidi<strong>en</strong>nem<strong>en</strong>t par 94 000 passagers. Sur la base du plan directeur des transports, la<br />
ville a développé un système de transport intégré reliant les lignes de bus, les minibus et les taxis<br />
collectifs à l’armature d’EsTram. L’investissem<strong>en</strong>t dans un système billettique a permis une<br />
intégration tarifaire <strong>en</strong>tre ces différ<strong>en</strong>ts modes de transport. Le nombre de passagers par jour est de<br />
90 000 pour le bus, 60 000 pour les minibus et 12 500 pour les taxi-minibus.<br />
Selon Erhan ENBATAN, la mise <strong>en</strong> service du tramway aura permis de diminué le trafic de véhicules<br />
dans le c<strong>en</strong>tre-ville ainsi que la conc<strong>en</strong>tration des gaz toxiques dans l’air.<br />
Figure 15 : Plan de transport de la ville d'Eskisehir.<br />
53 http://www.bombardier.com/<br />
54 http://www.estram.com.tr/<strong>en</strong>g/statistics.php<br />
94
TRANSFORMATION DE LA VILLE : PIETONISATION DU CENTRE-VILLE ET VOLONTE DE DEVELOPPER<br />
LES MODES DOUX<br />
La mise <strong>en</strong> place du tramway s’est accompagnée d’une réorganisation de la ville. Dès le début des<br />
années 2000, la piétonisation des rues et le passage exclusif des tramways dans celles-ci ont été<br />
introduits dans le plan des transports de la ville. Les principales rues commerçantes ont été<br />
piétonnisées et les bords de la rivière Porsuk qui coule à travers le c<strong>en</strong>tre-ville ont été transformés.<br />
Eskisehir est une des rares villes turques à avoir limité la circulation routière pour favoriser les aires<br />
piétonnes. D’autres collectivités considèr<strong>en</strong>t qu’une restriction des accès peut avoir un effet négatif<br />
sur le commerce local.<br />
Le c<strong>en</strong>tre-ville est dev<strong>en</strong>u plus attractif pour les touristes, le shopping et les étudiants des deux<br />
universités de la ville. Plusieurs cafés et restaurants ont ouvert. Les rues piétonnisées se sont<br />
rapidem<strong>en</strong>t transformées <strong>en</strong> une aire de loisirs transformant ainsi l’image du c<strong>en</strong>tre-ville. La<br />
piétonisation d’Eskisehir a d’ailleurs été citée <strong>en</strong> exemple sur ELTIS, le portail d’information europé<strong>en</strong><br />
sur la mobilité urbaine. Les piétons et les propriétaires de magasins sont satisfaits des résultats et<br />
sont même favorables à une ext<strong>en</strong>sion de l’aire piétonne d’Eskisehir. Le plan des transports<br />
proposait une piétonisation complète du c<strong>en</strong>tre-ville. En 2011, seulem<strong>en</strong>t une partie du c<strong>en</strong>tre était<br />
piétonnisée. Etant donnés les résultats positifs de la phase initiale, une augm<strong>en</strong>tation de l’aire<br />
piétonne était prévue.<br />
La municipalité, souhaitant développer les modes doux, a mis <strong>en</strong> service un système de vélos <strong>en</strong><br />
libre-service. Ils sont situés près du c<strong>en</strong>tre-ville et des arrêts de tramway et de bus afin de r<strong>en</strong>forcer<br />
l’intermodalité. A sa mise <strong>en</strong> œuvre, le système comptait 288 vélos répartis dans 24 stations.<br />
Depuis juillet 2009, un système de navette fluviale a été mis <strong>en</strong> service. En période estivale, des<br />
calèches tractées par des chevaux permett<strong>en</strong>t de se prom<strong>en</strong>er dans le c<strong>en</strong>tre-ville suivant des<br />
itinéraires précis.<br />
CONCLUSION<br />
La municipalité s’est fixée comme objectifs d’être dotée d’un système de transport qui s’intègre<br />
parfaitem<strong>en</strong>t à la ville. Pour cela, elle a pour projet :<br />
- L’allongem<strong>en</strong>t des lignes de tramway.<br />
- L’augm<strong>en</strong>tation de la part modale des transports publics dans la part totale des transports.<br />
- L’amélioration du transport par voie fluviale.<br />
- L’amélioration des routes, panneaux et systèmes de signalisation 55 .<br />
La ville a montré qu’un plan de piétonisation peut relancer un c<strong>en</strong>tre-ville et jouer de manière<br />
positive sur l’économie locale. En Turquie, le projet de piétonisation à Eskisehir est vu comme un<br />
véritable succès. Il a de nombreuses fois été prés<strong>en</strong>té lors de discours et de réunions sur les<br />
politiques de transport. Malheureusem<strong>en</strong>t, aucune autre ville turque n’a pour l’instant eu le courage<br />
de mettre <strong>en</strong> place un tel projet.<br />
55 http://www.eskisehir-bld.gov.tr<br />
95
FERRARE<br />
UNE POLITIQUE GLOBALE POUR PROMOUVOIR<br />
LA PRATIQUE DU VELO<br />
Mots clés :<br />
Modes non motorisés ; Planification ; Réhabilitation des cœurs de ville<br />
Monographie rédigée par Camille MARTINET et Juli<strong>en</strong> ALLAIRE sur la base de l’interv<strong>en</strong>tion de Alberto<br />
CROCE, Ville de Ferrare (confér<strong>en</strong>ce de Marseille, 2010).<br />
Dernière mise à jour :<br />
15/11/2012<br />
96
Ferrare<br />
Ferrare est une ville itali<strong>en</strong>ne<br />
située à mi-chemin <strong>en</strong>tre Flor<strong>en</strong>ce<br />
et V<strong>en</strong>ise. Au milieu des années 90,<br />
deux élém<strong>en</strong>ts ont conduit la<br />
municipalité à rep<strong>en</strong>ser sa<br />
politique de déplacem<strong>en</strong>t : le<br />
classem<strong>en</strong>t de la ville au<br />
patrimoine de l’UNESCO et<br />
l’obligation pour les<br />
agglomérations itali<strong>en</strong>nes de plus<br />
de 30 000 habitants d’instaurer un<br />
Plan de Déplacem<strong>en</strong>ts Urbains. La<br />
municipalité a souhaité accroître<br />
l’accessibilité pour préserver le<br />
patrimoine et développer son<br />
tourisme. Les ori<strong>en</strong>tations prises<br />
par Ferrare ont fait de cette ville<br />
un exemple <strong>en</strong> méditerranée <strong>en</strong><br />
termes de politique cyclable.<br />
Italie Ferrare<br />
Population : 60 483 000 hab. Population : 135 000<br />
hab.<br />
Superficie : 301 336 km² Superficie : 405 km²<br />
D<strong>en</strong>sité : 200,7 hab. / km² D<strong>en</strong>sité : 330 hab. / km²<br />
Taux d’urbanisation : 68,40<br />
%<br />
Taux de croissance annuel<br />
de la population urbaine<br />
(2005-2010) : 0,71 %<br />
PIB / habitant : 34 075,1 $<br />
IDH : 0,874 / 1<br />
Taux de motorisation : 596<br />
véhicules pour 1 000 hab.<br />
Véhicules par kilomètre de<br />
route : 80<br />
Accid<strong>en</strong>tologie : 0,96<br />
accid<strong>en</strong>t mortel pour 10 000<br />
hab.<br />
Longueur des pistes<br />
cyclables : 86,1 km<br />
(2007)<br />
Parts modales :<br />
VP : 56 %<br />
TP : 5 %<br />
MA : 39 %<br />
Sources : Banque Mondiale – PNUD – Albert Croce – Pietro Osti –<br />
EPOMM<br />
Mots clés : Modes non motorisés ; Planification ; Réhabilitation des cœurs de ville<br />
D’après les interv<strong>en</strong>tions de :<br />
- Alberto CROCE – consultant et anci<strong>en</strong> directeur transport de la ville de Ferrare (confér<strong>en</strong>ce de<br />
Marseille, 2010).<br />
- La brochure 2010 de Pietro OSTI – « Ferrare à vélo ».<br />
La municipalité de Ferrare est composée d’un c<strong>en</strong>tre médiéval où viv<strong>en</strong>t les deux tiers de la<br />
population et de 42 villages aux al<strong>en</strong>tours de taille très variable. Pour r<strong>en</strong>forcer son attractivité<br />
touristique, Ferrare a dès la fin des années 60 restreint la circulation des véhicules motorisés. Le<br />
c<strong>en</strong>tre-ville historique a été fermé aux voitures et aux deux-roues motorisés au profit des piétons et<br />
des cyclistes 56 . Autour de cette zone piétonne (6,5 hectares), le trafic automobile est autorisé avec de<br />
multiples restrictions sur une zone d’<strong>en</strong>viron 130 hectares (ZTL – Zone de Trafic Limité).<br />
En Italie, selon la révision du Code de la Route <strong>en</strong> 1992, les villes de plus de 30 000 habitants ont été<br />
dans l’obligation de mettre <strong>en</strong> place un Plan de Déplacem<strong>en</strong>ts Urbains. A partir du milieu des années<br />
56 http://ec.europa.eu/<strong>en</strong>vironm<strong>en</strong>t/archives/cycling/cycling_fr.pdf<br />
UNE POLITIQUE GLOBALE POUR PROMOUVOIR LA PRATIQUE<br />
DU VELO EN VILLE<br />
97
1990, Ferrare a conçu une stratégie globale pour réduire le trafic automobile <strong>en</strong> ville et favoriser le<br />
report modal vers les modes actifs. La Zone de Trafic Limité, zone c<strong>en</strong>trale soumise au contrôle<br />
d’accès pour les véhicules motorisés, a été élargie et les règles d’accès à la ZTL ont été durcies,<br />
favorisant les véhicules les moins polluants :<br />
- Un « permis d’accès payant » a été introduit depuis 2004. Il est modulé sur la base de la<br />
typologie de véhicule, le niveau des émissions, les caractéristiques du sujet titulaire<br />
(résid<strong>en</strong>t, résid<strong>en</strong>t disposant d’un garage privé, visiteur, petit commerce, livraison).<br />
- Un système de contrôle automatique d’accès à la limite de la ZTL a été introduit – 16 points<br />
d’accès depuis avril 2012 – basé sur la lecture électronique de la plaque minéralogique des<br />
véhicules qui accèd<strong>en</strong>t au c<strong>en</strong>tre-ville.<br />
Ajouté à cette ZTL, le stationnem<strong>en</strong>t payant a été généralisé dans le cœur de ville et 8 parkings-relais<br />
ont été aménagés à la limite de l’<strong>en</strong>ceinte historique (remparts) offrants 2 530 places dont 880<br />
gratuites. Des services de navettes à haute fréqu<strong>en</strong>ce ont été mis <strong>en</strong> place pour assurer la liaison<br />
avec le c<strong>en</strong>tre. De plus, 80% du parc d’autobus <strong>urbains</strong> a été converti au gaz naturel. Ensuite, des<br />
plans de déplacem<strong>en</strong>ts ont été réalisés pour les établissem<strong>en</strong>ts publics, l’université, l’hôpital, les<br />
services de la mairie, etc.<br />
Mais la politique phare de la ville <strong>en</strong> termes de mobilité durable reste celle de la promotion de<br />
l’usage de la bicyclette. Aujourd’hui, Ferrare fait figure d’exemple <strong>en</strong> <strong>Méditerranée</strong> <strong>en</strong> termes de part<br />
modale vélo. Les caractéristiques topographiques de la ville, située dans la plaine du Pô, ne sont pas<br />
l’unique raison de cet <strong>en</strong>gouem<strong>en</strong>t. Le développem<strong>en</strong>t du vélo à Ferrare est le résultat de politiques<br />
locales perman<strong>en</strong>tes <strong>en</strong> faveur de ce mode de déplacem<strong>en</strong>t.<br />
LA PLACE DU VELO EN VILLE<br />
- En 1995 : la municipalité instaure la BICI card, carte à caractère touristique permettant de<br />
laisser sa voiture dans un parking et d’emprunter gratuitem<strong>en</strong>t un vélo, de visiter des<br />
musées sans payer l’<strong>en</strong>trée, de profiter d’avantages dans les hôtels, restaurants et<br />
magasins de la ville.<br />
- En 1996, un bureau spécifique (« Ufficio Biciclette ») est créé pour promouvoir l’usage du<br />
vélo. Ce fut le premier du g<strong>en</strong>re <strong>en</strong> Italie. Depuis 2005 le « Service Vélo » de Ferrara<br />
coordonne dans le cadre du « Réseau Ag<strong>en</strong>da 21 locaux », le réseau national des « Uffici<br />
Biciclette » qui regroupe plus de 30 villes itali<strong>en</strong>nes.<br />
- En 2000, un Biciplan a été mis <strong>en</strong> place. C’est l’instrum<strong>en</strong>t opérationnel de planification<br />
pour le développem<strong>en</strong>t du vélo dans l’agglomération de Ferrare. Il a été inséré dans le Plan<br />
Urbain de Trafic (PUT, 2004) et forme un pilier ess<strong>en</strong>tiel de la politique de la mobilité<br />
adopté par la ville dans le nouveau Plan de la Mobilité Urbaine (2009). Ses objectifs sont :<br />
o La création de conditions de circulation optimales pour le vélo à l’intérieur des zones<br />
urbaines d<strong>en</strong>ses, accompagnée d’une stratégie d’apaisem<strong>en</strong>t de la circulation<br />
motorisée dans la partie c<strong>en</strong>trale de la ville. Pour augm<strong>en</strong>ter l’attrait du vélo et de la<br />
98
marche dans le c<strong>en</strong>tre historique, les anci<strong>en</strong>s pavés ont été remplacés par de<br />
nouveaux plus plats et plus larges.<br />
o La réalisation de pistes cyclables offrant une accessibilité depuis les villages <strong>en</strong><br />
périphérie jusqu’au cœur de la ville.<br />
o La garantie d’un haut niveau de fonctionnem<strong>en</strong>t du réseau cyclable et son mainti<strong>en</strong><br />
dans le temps.<br />
o La sécurisation au maximum des parcours pour convaincre toutes les catégories<br />
d’usagers. Par exemple, pour réduire les risques d’accid<strong>en</strong>ts, des passages<br />
exclusivem<strong>en</strong>t réservés aux vélos (ponts et passages souterrains) ont été réalisés, des<br />
systèmes et des équipem<strong>en</strong>ts modérant la vitesse des automobilistes et séparant la<br />
circulation cycliste de la circulation routière ont été mis <strong>en</strong> place, etc.<br />
o La mise <strong>en</strong> place de services pour les cyclistes : stationnem<strong>en</strong>t adapté (places gratuites<br />
et places surveillées), pompes de gonflage publiques, carte du réseau cyclable,<br />
informations sur les c<strong>en</strong>tres de réparation, etc. Sur le plan de l’économie locale, la<br />
popularité du vélo permet la coexist<strong>en</strong>ce d’une tr<strong>en</strong>taine de réparateurs. 57<br />
Le programme Biciplan, qui a été révisé <strong>en</strong> 2011, a multiplié par trois le kilométrage d’aménagem<strong>en</strong>t<br />
cyclable et il a permis la réalisation de 8 passages souterrains. L’investissem<strong>en</strong>t global a été de 25<br />
millions d’euros, ce qui correspond à une dép<strong>en</strong>se de 20 euros par habitants et par an.<br />
Parmi les mesures qui ont accompagné ce plan vélo on peut égalem<strong>en</strong>t citer celles liées à la lutte<br />
contre le vol. A Ferrare, le vol de bicyclettes est le deuxième dommage le plus fréqu<strong>en</strong>t après les<br />
actes de vandalisme contre les maisons et voitures : respectivem<strong>en</strong>t 7,1 et 7,4 % des familles <strong>en</strong> ont<br />
été victime. Ferrare a fait la promotion de l’id<strong>en</strong>tification numérique des vélos sur tout le territoire<br />
itali<strong>en</strong> à l’aide d’une micro puce ainsi que l’inscription de son vélo au Registre Itali<strong>en</strong> des Bicyclettes.<br />
En 2001, un projet-pilote de vélo <strong>en</strong> libre-service, Bike<br />
Bus Key, a été mis <strong>en</strong> place pour <strong>en</strong>suite être amélioré<br />
et élargi au territoire communal. Une fois <strong>en</strong>registrés,<br />
les usagers peuv<strong>en</strong>t utiliser gratuitem<strong>en</strong>t un vélo<br />
public à l’aide d’une clé spéciale. Les 15 points de<br />
retrait – qui abrit<strong>en</strong>t 140 vélos <strong>en</strong> libre-service – sont<br />
installés près des parcs relais et des zones d’échange<br />
afin d’exploiter au mieux l’intermodalité, <strong>en</strong> particulier<br />
avec le réseau ferroviaire régional.<br />
Si la part modale du vélo est particulièrem<strong>en</strong>t élevée à Ferrare, la concurr<strong>en</strong>ce avec la voiture reste<br />
vive. La ville déti<strong>en</strong>t l’un des plus forts taux de motorisation d’Italie : 620 voitures pour 1 000<br />
habitants (<strong>en</strong> 2009 58 ). La voiture demeure le moy<strong>en</strong> de transport le plus utilisé (56 % 59 ). Malgré tout,<br />
grâce aux politiques <strong>en</strong>courageant l’usage de la bicyclette, la part modale du vélo <strong>en</strong> ville s’est<br />
toujours maint<strong>en</strong>ue au-dessus de 20 % depuis 25 ans. Elle a même atteint 27 % <strong>en</strong> 2008. En fait, la<br />
ville est parv<strong>en</strong>ue à développer une forte multimodalité des habitants de Ferrare : 89,5 % utilis<strong>en</strong>t<br />
57 http://ec.europa.eu/<strong>en</strong>vironm<strong>en</strong>t/archives/cycling/cycling_fr.pdf<br />
58 Voir : Statistiques de la région d'Italie Emilia-Romagna : taux de motorisation des ménages<br />
59 Enquête de 2008 dans la province de Ferrare<br />
Figure 16 : Bike Bus Key de Ferrare<br />
99
égulièrem<strong>en</strong>t leur vélo 60 . Ferrare a conçu une stratégie globale pour l’organisation de la circulation<br />
<strong>en</strong> ville qui cherche à intégrer les différ<strong>en</strong>ts modes de déplacem<strong>en</strong>t, dans le but de garantir et<br />
d’accroître l’accessibilité au c<strong>en</strong>tre-ville. La municipalité applique des mesures incitatives <strong>en</strong> faveur<br />
du vélo, mais aussi des mesures restrictives à l'usage de la voiture individuelle dans le c<strong>en</strong>tre-ville.<br />
Selon Alberto Croce « L’utilisation du vélo n’est pas une forme résiduelle de transport. Il contribue<br />
efficacem<strong>en</strong>t à la réduction des impacts négatifs de l’usage de la voiture ; il est un vecteur<br />
d’amélioration des conditions de santé et de qualité de vie ; et <strong>en</strong>fin il permet de faire des économies<br />
tant pour la collectivité que pour les ménages ».<br />
60 Stefanati 2009<br />
100
FES<br />
ACCESSIBILITE ET REAMENAGEMENT DANS LA<br />
MEDINA<br />
Mots clés :<br />
Logistique urbaine ; Planification ; Réhabilitation des cœurs de ville ; Systèmes de transports<br />
artisanaux<br />
Monographie rédigée par Charles SIMON et Juli<strong>en</strong> ALLAIRE sur la base des interv<strong>en</strong>tions de Patrick<br />
CARLES, SARECO (confér<strong>en</strong>ce de Marseille, 2010) et Fouad SERRHINI, ADER Fès (confér<strong>en</strong>ce de Marseille,<br />
2010).<br />
Dernière mise à jour :<br />
15/11/2012<br />
101
Fès<br />
Fès, avec plus d’un<br />
million d’habitants, est<br />
la troisième plus grande<br />
ville du Maroc. Sa<br />
médina est la plus<br />
anci<strong>en</strong>ne et la plus<br />
grande du monde. La<br />
d<strong>en</strong>sité de population<br />
est particulièrem<strong>en</strong>t<br />
élevée, ce qui soulève<br />
aujourd’hui de<br />
nombreux <strong>en</strong>jeux <strong>en</strong><br />
termes de mobilité. Un<br />
projet de réhabilitation<br />
de la médina fut initié au<br />
début des années 2000.<br />
Il compr<strong>en</strong>d un<br />
important volet de<br />
rénovation de la voirie.<br />
ACCESSIBILITE ET REAMENAGEMENT DANS LA MEDINA<br />
Maroc Fès Médina<br />
Population : 31 951 000<br />
hab.<br />
Population :<br />
1 065 000 hab.<br />
Population :<br />
100 000 hab.<br />
Superficie : 446 550 km² Superficie : 312 km² Superficie :<br />
3,5 km²<br />
D<strong>en</strong>sité : 71,6 hab. / km² D<strong>en</strong>sité : 3 413 hab.<br />
/ km²<br />
Taux d’urbanisation :<br />
56,70 %<br />
Taux de croissance<br />
annuel de la population<br />
urbaine (2005-2010) :<br />
2,27 %<br />
PIB / habitant : 2 795,5 $<br />
IDH : 0,582 / 1<br />
Taux de motorisation : 53<br />
véhicules pour 1 000 hab.<br />
Véhicules par kilomètre<br />
de route : 38<br />
Accid<strong>en</strong>tologie : 1,23<br />
accid<strong>en</strong>t mortel pour<br />
10 000 hab.<br />
Sources : Banque Mondiale – PNUD<br />
Population de<br />
l’agglomération<br />
prévue <strong>en</strong> 2025 :<br />
1 371 000 hab.<br />
D<strong>en</strong>sité :<br />
34 285 hab. /<br />
km²<br />
Croissance de<br />
la population :<br />
-1 % / an<br />
Mots clés : Logistique urbaine ; Planification ; Réhabilitation des cœurs de ville ; Systèmes de transports<br />
artisanaux<br />
D’après les interv<strong>en</strong>tions de :<br />
- Fouad SERRHINI – Directeur Général de l’ADER-Fès (confér<strong>en</strong>ce de Marseille, 2010).<br />
- Patrick CARLES – Directeur Général SARECO (confér<strong>en</strong>ce de Marseille, 2010).<br />
La médina millénaire de Fès prés<strong>en</strong>te un patrimoine bâti particulièrem<strong>en</strong>t riche. Bi<strong>en</strong> qu’il<br />
soit protégé il se trouve fragilisé avec le temps. Malgré l’apparition de la ville nouvelle, la médina a<br />
conservé une activité artisanale et touristique importante. La forte d<strong>en</strong>sité de la médina combinée à<br />
la multitude d’activités <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce provoque des difficultés importantes de mobilité et<br />
d’accessibilité. L’apparition des véhicules motorisés dans la médina et aux al<strong>en</strong>tours génère des<br />
problématiques de circulation et de stationnem<strong>en</strong>t. Très peu de parkings étai<strong>en</strong>t disponibles et les<br />
102
véhicules stationnai<strong>en</strong>t de manière anarchique sur la<br />
voirie. Par ailleurs, la voirie était défectueuse et les flux<br />
piétons mal répartis. De plus, les services de secours ne<br />
pouvai<strong>en</strong>t plus interv<strong>en</strong>ir dans certaines rues. Cette<br />
situation était globalem<strong>en</strong>t mal ress<strong>en</strong>tie par les<br />
usagers.<br />
Le projet de réhabilitation initié au début des années<br />
2000 par les communes de Fès Médina et Jdid<br />
Mechouar <strong>en</strong> part<strong>en</strong>ariat avec l’Ag<strong>en</strong>ce de<br />
Déd<strong>en</strong>sification et de Réaménagem<strong>en</strong>t de Fès (ADER- Figure 87 : Vue de la médina.<br />
Fès), s’est donné pour ambition de fluidifier la circulation <strong>en</strong> id<strong>en</strong>tifiant trois types de flux : les<br />
livraisons de marchandises, la circulation des services <strong>urbains</strong> (secours, sécurité et collecte des<br />
déchets), les flux touristiques.<br />
- Différ<strong>en</strong>tes actions ont été mises <strong>en</strong> œuvre pour limiter l’usage de modes motorisés dans la<br />
médina : La desserte par autobus des principales portes d’accès a été améliorée,<br />
notamm<strong>en</strong>t par une augm<strong>en</strong>tation de la fréqu<strong>en</strong>ce.<br />
- Des parkings ont été aménagés aux portes de la médina et les accès et pistes existantes ont<br />
été réaménagés.<br />
- Le nombre d’axes traversant la médina ont été réduits au profit de pénétrantes <strong>en</strong> cul de<br />
sac.<br />
- Un réseau de voirie d’urg<strong>en</strong>ce a été mis <strong>en</strong> place pour permettre la circulation des<br />
ambulances et autres <strong>en</strong>gins de protection civile de sécurité. Sur les 91 km de voirie de la<br />
médina, le réseau de voirie d’urg<strong>en</strong>ce constitue un linéaire de 14 km 61 . Des véhicules<br />
adaptés aux ruelles étroites ont été mis à disposition.<br />
- L’utilisation d’ânes pour le transport de marchandises et la collecte des déchets a été<br />
incitée. Par ailleurs, la collecte des ordures a été réorganisée à travers une délégation du<br />
service au secteur privé.<br />
- Des travaux sur la voirie ont été réalisés, dans le respect du style architectural antérieur,<br />
pour faciliter l’usage des modes de transport non motorisés, notamm<strong>en</strong>t pour le passage<br />
des charrettes.<br />
- Les flux touristiques qui étai<strong>en</strong>t conc<strong>en</strong>trés sur un axe principal ont été réori<strong>en</strong>tés grâce à la<br />
réalisation de six circuits touristiques. Ces parcours qui desserv<strong>en</strong>t les différ<strong>en</strong>ts sites<br />
remarquables sont représ<strong>en</strong>tés sur les panneaux installés dans la médina, ainsi que sur un<br />
guide disponible <strong>en</strong> quatre langues.<br />
Ces différ<strong>en</strong>ts investissem<strong>en</strong>ts et ce nouveau plan de circulation se sont faits conjointem<strong>en</strong>t avec un<br />
vaste programme de réhabilitation de la médina qui a permis de r<strong>en</strong>forcer le caractère touristique de<br />
la ville, <strong>en</strong> rénovant des monum<strong>en</strong>ts et des places publiques, ainsi qu’<strong>en</strong> délocalisant certaines<br />
activités polluantes.<br />
61 http://www.leconomiste.com/article/fes-un-plan-pour-decongestionner-la-medina<br />
103
Figure 18 : Exemples d'aménagem<strong>en</strong>ts.<br />
Le contexte est relativem<strong>en</strong>t favorable étant donné le faible taux de motorisation. Selon Patrick<br />
Carles, « le but est de créer avant l’explosion de la motorisation, des cultures correspondant à un<br />
usage modéré de la voiture particulière ». Il existe toutefois un risque d’accroissem<strong>en</strong>t du recours aux<br />
voitures particulières. Etant donné le contexte de la Médina de Fès, des politiques de stationnem<strong>en</strong>t<br />
plus contraignantes sont nécessaires. Enfin, il semble nécessaire de se prémunir face au risque d’une<br />
multiplication des deux-roues motorisés.<br />
104
ISTANBUL<br />
LA PLANIFICATION URBAINE DANS UNE<br />
MEGAPOLE<br />
Mots clés :<br />
Intégration des systèmes de transport ; Modes de gestion ; Projets de transports publics<br />
Monographie rédigée par Charles SIMON et Juli<strong>en</strong> ALLAIRE sur la base de l’interv<strong>en</strong>tion de Mustafa<br />
ILICALI, Municipalité d’Istanbul (confér<strong>en</strong>ce de Barcelone, 2011).<br />
Dernière mise à jour :<br />
15/11/2012<br />
105
Istanbul<br />
Véritable moteur du<br />
pays, Istanbul, métropole de<br />
plus de 12 millions d’habitants<br />
est la capitale politique,<br />
économique et<br />
démographique de la Turquie.<br />
Située à cheval <strong>en</strong>tre l’Europe<br />
et l’Asie, Istanbul s’est<br />
développée sur une c<strong>en</strong>taine<br />
de kilomètres le long des côtes<br />
de la mer de Marmara. Cette<br />
métropole de dim<strong>en</strong>sion<br />
internationale est aujourd’hui<br />
confrontée à une congestion<br />
importante. Pour faire face à<br />
ce problème plusieurs projets<br />
visant à développer le système<br />
ferroviaire urbain de la ville<br />
ont été <strong>en</strong>gagés.<br />
LA PLANIFICATION URBAINE DANS UNE MEGAPOLE<br />
Turquie Istanbul<br />
Population : 72 752 000 hab. Population :<br />
Agglomération : 12 600 000<br />
hab. (2007)<br />
Superficie : 783 562 km² Superficie : 5 390 km²<br />
D<strong>en</strong>sité : 92,8 hab. / km² D<strong>en</strong>sité : 2 338 hab. / km²<br />
Taux d’urbanisation : 69,60 % Longueur des lignes :<br />
Métro : 20 km<br />
Tramway : 22,3 km<br />
Taux de croissance annuel de<br />
la population urbaine (2005-<br />
2010) : 1,93 %<br />
PIB / habitant : 10 094,1 $<br />
IDH : 0,699 / 1<br />
Taux de motorisation : 95<br />
véhicules pour 1 000 hab.<br />
Véhicules par kilomètre de<br />
route : 29<br />
Accid<strong>en</strong>tologie : 0,62 accid<strong>en</strong>t<br />
mortel pour 10 000 hab.<br />
Parts modales :<br />
VP : 15,7 %<br />
TP : 35 %<br />
MA : 49,3 %<br />
Sources : Banque Mondiale – PNUD – Plan Bleu – UrbanRail.net<br />
Mots clés : Intégration des systèmes de transport ; Modes de gestion ; Projets de transports publics<br />
D’après l’interv<strong>en</strong>tion de Mustafa ILICALI – Istanbul Metropolitan Municipality (confér<strong>en</strong>ce de Barcelone,<br />
2011).<br />
Depuis les années 1950, Istanbul a connu une croissance démographique particulièrem<strong>en</strong>t<br />
forte, triplant <strong>en</strong> tr<strong>en</strong>te ans sa population. Si aujourd’hui, sa croissance urbaine s’est stabilisée autour<br />
de 3,3 % par an, il n’<strong>en</strong> reste pas moins que ce taux reste le plus élevé des régions métropolitaines<br />
des pays de l’OCDE.<br />
Pour pouvoir intégrer cette croissance démographique, la ville d’Istanbul a dû composer avec un<br />
espace morphologiquem<strong>en</strong>t déstructuré (relief accid<strong>en</strong>té et coupé <strong>en</strong> deux par le détroit de<br />
Bosphore). Cette complexité géographique a poussé les aménageurs à organiser la ville selon une<br />
logique polyc<strong>en</strong>trique.<br />
Economiquem<strong>en</strong>t, Istanbul est désormais parfaitem<strong>en</strong>t intégrée à l’économie mondiale et<br />
représ<strong>en</strong>te aujourd’hui un pôle urbain de premier ordre sur la scène internationale. Au niveau<br />
106
national, Istanbul s’impose sans conteste comme la première ville du pays. Entre 1990 et 2000,<br />
l’agglomération d’Istanbul a produit plus de 20 % du PIB total annuel de la Turquie 62 .<br />
Par ces dynamiques, Istanbul a nécessairem<strong>en</strong>t dû faire face à une forte urbanisation et de ce fait à<br />
une demande accrue <strong>en</strong> termes de mobilité. La difficulté première fut de coordonner la planification<br />
de la ville. La municipalité métropolitaine d’Istanbul (IMM) se décompose <strong>en</strong> 32 districts, soit 73<br />
municipalités. L’IMM est l’autorité organisatrice des transports <strong>urbains</strong> (AOTU) mais doit d’une part<br />
composer avec les 73 municipalités et d’autre part, les prises de décisions <strong>en</strong> matière de planification<br />
se font à différ<strong>en</strong>ts niveaux et par plusieurs institutions. On ne reti<strong>en</strong>dra ici que les deux principaux<br />
acteurs : UKOME (C<strong>en</strong>tre de coordination de transport) 63 et AYKOME (C<strong>en</strong>tre de coordination des<br />
infrastructures) 64 . Les différ<strong>en</strong>tes institutions et organismes ont des compét<strong>en</strong>ces et des champs<br />
d’actions parfois similaires ce qui n’est pas sans complexifier la mise <strong>en</strong> place d’une planification<br />
urbaine. Toutefois <strong>en</strong> part<strong>en</strong>ariat avec l’Ag<strong>en</strong>ce de coopération japonaise JICA, l’IMM a pu mettre <strong>en</strong><br />
place un Plan directeur des <strong>Transports</strong> pour Istanbul 2023.<br />
Figure 19 : Schéma Institutionnel du système de gouvernance de la mobilité urbaine.<br />
62<br />
Sylvain HOUPIN, Mobilité et développem<strong>en</strong>t durable <strong>en</strong> <strong>Méditerranée</strong> : diagnostic prospectif régional, Les<br />
Cahiers du Plan Bleu n° 9, 2010<br />
63<br />
Coordonne le secteur des transports avec les autorités et organismes concernés par la planification.<br />
64<br />
Complète l’UKOME <strong>en</strong> coordonnant les réseaux ferrés et <strong>en</strong>terrés.<br />
107
L’OFFRE DE TRANSPORT A ISTANBUL<br />
La demande de mobilité s’est considérablem<strong>en</strong>t accrue : on comptabilisait 11 millions de voyages<br />
journaliers <strong>en</strong> 2004 contre 23 millions <strong>en</strong> 2011. Cette explosion de mobilité s’est traduite par une<br />
augm<strong>en</strong>tation conséqu<strong>en</strong>te du nombre de véhicules particuliers. Mustafa ILICALI, de l’IMM, estime<br />
qu’il y a 600 voitures supplém<strong>en</strong>taires chaque jour dans les rues d’Istanbul. La forte dép<strong>en</strong>dance des<br />
Stambouliotes pour l’automobile et plus largem<strong>en</strong>t pour leur réseau routier <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dre une<br />
congestion quasi perman<strong>en</strong>te dans le c<strong>en</strong>tre urbain d’Istanbul.<br />
Pour autant, la capitale turque dispose d’un réseau de transport collectif important et varié. Le<br />
développem<strong>en</strong>t rapide du réseau de transport collectif a permis d’augm<strong>en</strong>ter la fréqu<strong>en</strong>tation tout<br />
<strong>en</strong> réduisant le temps moy<strong>en</strong> de parcours de ses usagers. De 2004 à 2010, le temps de déplacem<strong>en</strong>t<br />
s’est réduit de 4 minutes passant de 53 à 49 minutes.<br />
L’offre d’autobus et de minibus est particulièrem<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> développée, le réseau de bus compr<strong>en</strong>d<br />
591 lignes de bus et 123 lignes de minibus. L’exploitation du réseau est confiée à l’<strong>en</strong>treprise<br />
publique IETT ainsi qu’à plusieurs opérateurs privés. C’est aujourd’hui le mode de transport public le<br />
plus utilisé avec 83 % des déplacem<strong>en</strong>ts réalisés sur le réseau <strong>en</strong> 2010. Le projet de Bus Rapide<br />
Transit (BRT) d’Istanbul dont la première phase a été mise <strong>en</strong> service <strong>en</strong> septembre 2007 a contribué<br />
à l’amélioration de l’offre de bus. En 2011, à l’issue de la troisième phase qui a ét<strong>en</strong>du le réseau de<br />
BRT à 41 km, la cli<strong>en</strong>tèle est passée à 700 000 voyageurs/jour. Les temps de parcours se sont<br />
considérablem<strong>en</strong>t améliorés pour l’<strong>en</strong>semble des usagers.<br />
Le réseau ferré, d’une longueur totale de 138 km, compr<strong>en</strong>d un métro (8,5 km) ; un métro léger (19,3<br />
km), cinq tramways (36 km) ; deux funiculaires (1,2 km) ; et un chemin de fer de banlieue (72 km).<br />
Aujourd’hui le réseau par rail représ<strong>en</strong>te 13 % des déplacem<strong>en</strong>ts quotidi<strong>en</strong>s. La fréqu<strong>en</strong>tation des<br />
réseaux est <strong>en</strong> croissance rapide puisqu’<strong>en</strong> 2004, il comptait pour seulem<strong>en</strong>t 8,6 % et devrait<br />
compter pour 31 % <strong>en</strong> 2014 au détrim<strong>en</strong>t du bus.<br />
Le Plan directeur des <strong>Transports</strong> pour Istanbul 2023 s’est principalem<strong>en</strong>t conc<strong>en</strong>tré sur le<br />
développem<strong>en</strong>t de ce mode de transport afin d’amorcer la décongestion d’Istanbul.<br />
52 km de métro sont <strong>en</strong> construction et les chemins de fer totaliseront plus de 230 km. Un tunnel de<br />
13,5 km est <strong>en</strong> construction pour permettre de faciliter la traversée du Bosphore. Le coût de ce<br />
projet est de l’ordre de 2,8 milliards de dollars. Ce projet Marmaray, d’une longueur totale de 77 km<br />
sera connecté au réseau ferré sur 10 points différ<strong>en</strong>ts. Par ailleurs, 8 lignes de monorails d’une<br />
longueur totale de 48 km sont planifiées.<br />
L’offre de transport maritime représ<strong>en</strong>te 3 % des déplacem<strong>en</strong>ts quotidi<strong>en</strong>s et prés<strong>en</strong>te une t<strong>en</strong>dance<br />
à la baisse. Ce mode de transport est surtout utilisé pour faire une jonction <strong>en</strong>tre les deux rives du<br />
Bosphore.<br />
108
Figure 20 : Plan du réseau de transport par rail d’Istanbul.<br />
D’un point de vue financier, les différ<strong>en</strong>ts projets prés<strong>en</strong>tés sont économiquem<strong>en</strong>t viables et<br />
obti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t de bonnes appréciations auprès des ag<strong>en</strong>ces de notation internationales. Istanbul a pu<br />
bénéficier d’une aide financière importante <strong>en</strong> prov<strong>en</strong>ance de différ<strong>en</strong>tes institutions. L’exemple de<br />
la ligne de Lev<strong>en</strong>t – Ayazaga – Haciosman metro project est parlant puisqu’il est financé par l’AFD et<br />
la BEI à hauteur de 340 millions d’euros. Mais Mustafa ILICALI précise que plusieurs contraintes<br />
peuv<strong>en</strong>t v<strong>en</strong>ir se greffer aux projets : respect de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t, respect du patrimoine (plus<br />
exig<strong>en</strong>t si inscrit à l’UNESCO), etc. Celles-ci peuv<strong>en</strong>t prolonger la durée du processus d’approbation<br />
des crédits, voire causer des annulations de contrats (pour crédits inutilisés dans les temps négociés,<br />
par exemple).<br />
Figure 219 : le pôle multimodal de Seyrantepe.<br />
109
Pour pér<strong>en</strong>niser son modèle de financem<strong>en</strong>t des infrastructures de transport, la municipalité<br />
d’Istanbul s’est intéressée à la valorisation foncière et immobilière autour des stations et des gares.<br />
Ainsi, le pôle multimodal de Seyrantepe qui desservira le stade de Galatasaray et un hôpital devrait<br />
conc<strong>en</strong>trer de nombreuses activités : un c<strong>en</strong>tre de maint<strong>en</strong>ance (42 000 m²) et un dépôt (44 000 m²).<br />
De plus, la station située près d’un axe autoroutier proposera 136 000 m² de stationnem<strong>en</strong>t. Par<br />
ailleurs, il est prévu de construire des surfaces de commerce et de bureaux au-dessus de la station.<br />
La location de ces espaces devrait apporter des recettes substantielles à l’autorité organisatrice de<br />
transport.<br />
110
IZMIR<br />
UN SYSTEME DE TRANSPORT INTEGRE<br />
PERFORMANT<br />
Mots clés :<br />
Gouvernance urbaine ; Intégration des systèmes de transport<br />
Monographie rédigée par Camille MARTINET et Juli<strong>en</strong> ALLAIRE<br />
sur la base de l’interv<strong>en</strong>tion de Aysin Nalân YETMEN, Municipalité d’Izmir (confér<strong>en</strong>ce de Barcelone,<br />
2011).<br />
Dernière mise à jour :<br />
15/11/2012<br />
111
Izmir<br />
Izmir, située à l’ouest de<br />
la Turquie sur les côtes de la<br />
mer Egée, est la troisième<br />
agglomération du pays par<br />
son nombre d’habitants.<br />
Desservies par plusieurs lignes<br />
ferroviaires, elle est le<br />
deuxième port du pays après<br />
Istanbul. Afin de soulager la<br />
congestion routière dans cette<br />
métropole <strong>en</strong> pleine<br />
croissance, la municipalité a<br />
décidé de mettre <strong>en</strong> place un<br />
grand projet d’intégration des<br />
systèmes de transport.<br />
Mots clés : Gouvernance urbaine ; Intégration des systèmes de transport<br />
Turquie Izmir<br />
Population : 72 752 000 hab. Population : 4 000 000<br />
hab. (2010)<br />
Superficie : 783 562 km² Superficie : 11 810 km²<br />
D<strong>en</strong>sité : 92,8 hab. / km² D<strong>en</strong>sité : 340 hab. / km²<br />
Taux d’urbanisation : 69,60 % Longueur des lignes :<br />
Métro : 14,2 km<br />
Taux de croissance annuel de la<br />
population urbaine (2005-<br />
2010) : 1,93 %<br />
PIB / habitant : 10 094,1 $<br />
IDH : 0,699 / 1<br />
Taux de motorisation : 95<br />
véhicules pour 1 000 hab.<br />
Véhicules par kilomètre de<br />
route : 29<br />
Accid<strong>en</strong>tologie : 0,62 accid<strong>en</strong>t<br />
mortel pour 10 000 hab.<br />
Sources : Banque Mondiale – PNUD – Aysin Nalân YETMEN – Urbanrail.net<br />
D’après l’interv<strong>en</strong>tion d’Aysin Nalân YETMEN, Chef du départem<strong>en</strong>t Planification et <strong>Transports</strong>,<br />
Municipalité d’Izmir (confér<strong>en</strong>ce de Barcelone, 2011) 65 .<br />
En Turquie, il n’existe pas de structure nationale chargée de la coordination <strong>en</strong> matière de<br />
transports <strong>urbains</strong> 66 . Chaque municipalité déti<strong>en</strong>t la compét<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> matière de développem<strong>en</strong>t et de<br />
gestion. Il est fréqu<strong>en</strong>t d’avoir le même établissem<strong>en</strong>t public qui soit à la fois opérateur direct de<br />
transports publics et autorité de gestion des transports privés.<br />
UN PROCESSUS D’INTEGRATION TARIFAIRE PRECOCE<br />
Depuis le début des années 1990, la stratégie de la ville turque a été de mettre <strong>en</strong> place un système<br />
de transport totalem<strong>en</strong>t intégré. Elle débuta <strong>en</strong> 1991 lorsque les minibus privés ont été contraints à<br />
desservir uniquem<strong>en</strong>t les zones rurales.<br />
Le système de billetterie n’intégrait pas les différ<strong>en</strong>ts modes de transport et ne s’avérait pas<br />
performant : les usagers devai<strong>en</strong>t acheter des billets papier à usage unique pour les trajets <strong>en</strong> bus et<br />
65 Le transport public intégré à Izmir – Aysin Nalân YETMEN<br />
66 Mission économique d’Ankara – 2008<br />
UN SYSTEME DE TRANSPORT INTEGRE PERFORMANT<br />
112
des jetons pour les trajets <strong>en</strong> ferry. Ainsi, il représ<strong>en</strong>tait un coût important pour les usagers, aucune<br />
prév<strong>en</strong>tion contre la fraude n’était prévue et il ne permettait pas de collecter des données sur les<br />
voyages effectués. En 1999, un système de paiem<strong>en</strong>t électronique des services de transport a été mis<br />
<strong>en</strong> place. Il est contrôlé par ESHOT (l’établissem<strong>en</strong>t public <strong>en</strong> charge des transports à Izmir) et la<br />
Direction générale de la Municipalité Métropolitaine d’Izmir.<br />
Dès sa mise <strong>en</strong> service, la carte « K<strong>en</strong>tkart » a permis de voyager <strong>en</strong> bus et <strong>en</strong> ferry avec des tarifs<br />
avantageux par rapport aux utilisateurs des tickets papier. La plupart des passagers l’utilisai<strong>en</strong>t pour<br />
bénéficier de réductions sur les correspondances. Cette intégration tarifaire a précédé le lancem<strong>en</strong>t<br />
d’un vaste programme de transformation de l’offre de transport lancé conjointem<strong>en</strong>t à l’ouverture<br />
d’une nouvelle ligne de métro.<br />
LE PROGRAMME DE TRANSFORMATION DES TRANSPORTS<br />
En 2000, la municipalité d’Izmir a lancé son programme « Transformation des transports » destiné à<br />
restructurer l’offre de transports publics afin d’accroître leur usage. La voiture individuelle a pris de<br />
plus <strong>en</strong> plus de place dans la métropole turque au cours de ces dix dernières années, le nombre de<br />
véhicules motorisés a augm<strong>en</strong>té de 52 % <strong>en</strong>tre 1998 et 2005 67 . Le taux de motorisation à Izmir est<br />
supérieur à la moy<strong>en</strong>ne nationale : il était de 126 voitures pour 1 000 habitants <strong>en</strong> 2008 68 alors qu’il<br />
était de 95 <strong>en</strong> Turquie. Cela s’est évidemm<strong>en</strong>t traduit par une acc<strong>en</strong>tuation de la congestion.<br />
L’objectif du programme a été d’améliorer l’intégration <strong>en</strong>tre les différ<strong>en</strong>ts modes de transport et de<br />
r<strong>en</strong>dre les transports publics attractifs, particulièrem<strong>en</strong>t les transports ferroviaires et maritimes afin<br />
de décharger le réseau routier.<br />
Ainsi, lors de la première phase du programme, bus et ferries ont été intégrés dans le réseau des<br />
transports collectifs d’Izmir. La « K<strong>en</strong>tkart » était égalem<strong>en</strong>t utilisable pour ces deux modes. Par<br />
ailleurs, la tarification des bus a été revue. Désormais elle n’est plus forfaitaire mais relative à la<br />
distance parcourue selon 4 zones (bus de longue distance, de moy<strong>en</strong>ne distance et de courte<br />
distance et les bus de raccordem<strong>en</strong>t). Les bus de raccordem<strong>en</strong>t offr<strong>en</strong>t un voyage à bas prix et reli<strong>en</strong>t<br />
les pôles <strong>en</strong>tre les c<strong>en</strong>tres de transfert, les universités, le c<strong>en</strong>tre commercial, les nouvelles stations de<br />
métro et les ferries. Au niveau du transport maritime, la flotte de ferries a été développée, de<br />
nouveaux quais ont été aménagés et des parkings-relais ont été mis <strong>en</strong> place.<br />
Ces réformes annonçai<strong>en</strong>t la mise <strong>en</strong> service d’une première ligne de métro léger <strong>en</strong> mai 2000. D’une<br />
longueur de 11,5 km, ce tronçon est une première phase du projet de la ville qui souhaite construire<br />
50 km de ligne 69 . Cette première ligne pouvant, transporter jusqu’à 17 700 passagers par heure et<br />
par s<strong>en</strong>s, a rapidem<strong>en</strong>t dépassé les prévisions initiales qui étai<strong>en</strong>t de 40 000 voyages par jour. Dès<br />
avril 2011, le métro était utilisé pour 53 000 voyages quotidi<strong>en</strong>s. Le projet a été financé par des<br />
crédits à l’exportation du Royaume-Uni, de la Suède et de l’Allemagne et des prêts commerciaux de<br />
67 www.turkstat.gov.tr<br />
68 Tüik Izmir Directorate of Izmir Region.<br />
69 Bombardier a conçu, construit tunnels, viaducs et stations, installé et mis <strong>en</strong> service l’<strong>en</strong>semble du système<br />
http://www.bombardier.com/fr/transport/produits-et-services/systemes-de-transport/systemes-de-vehiculeslegers-sur-rail/izmir--turquie?docID=0901260d80014594<br />
113
consortiums bancaires internationaux. Dès sa mise <strong>en</strong> service, le métro <strong>en</strong>trait dans le champ<br />
d’application de la « K<strong>en</strong>tkart ».<br />
En 2004, les tickets de bus papier qu’utilisai<strong>en</strong>t les usagers occasionnels ont définitivem<strong>en</strong>t été<br />
abandonnés. Ils ont été remplacés par la « carte conducteur ». Mais cette carte a fait naître d’autres<br />
problèmes. Le fait que le conducteur de bus manipule de l’arg<strong>en</strong>t réduisait la vitesse commerciale et<br />
diminuait la sécurité.<br />
Cette année-là, le périmètre où s’exerce l’autorité de l’ESHOT a été ét<strong>en</strong>du. Les points de v<strong>en</strong>te de la<br />
« K<strong>en</strong>tKart » se sont multipliés à travers la ville et au niveau des quais et terminaux de bus. Les<br />
usagers bénéficiant de la gratuité (personnes âgées, fonctionnaires, personnes handicapées, etc.)<br />
doiv<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t utiliser une carte électronique « K<strong>en</strong>tKart » afin que les données concernant leurs<br />
trajets soi<strong>en</strong>t traitées.<br />
En octobre 2008, une nouvelle politique tarifaire est mise <strong>en</strong> place. Après un premier voyage payé<br />
plein tarif, le tarif est à moitié prix pour les correspondances p<strong>en</strong>dant 90 minutes. En août 2012, un<br />
seul et même ticket suffit et la politique tarifaire évolue car pour les transports dans le c<strong>en</strong>tre, suite à<br />
une première validation, il est possible de se déplacer avec l’<strong>en</strong>semble du réseau librem<strong>en</strong>t p<strong>en</strong>dant<br />
90 minutes. En revanche, pour l’usage des autobus provinciaux, il faut à nouveau payer.<br />
En 2010, c’est au tour du train de banlieue d’être intégré au réseau et de rejoindre le dispositif<br />
« K<strong>en</strong>tkart ». Ainsi l’<strong>en</strong>semble du réseau de transports publics d’Izmir est réuni dans un même<br />
système. On voit alors les pôles multimodaux se multiplier. On compte ainsi 5 stations de<br />
changem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre les ferries et les bus, 4 <strong>en</strong>tre bus et métro et 16 <strong>en</strong>tre bus et trains de banlieue.<br />
Depuis le 30 mars 2012, le tracé de la ligne de métro a été prolongé de 2,3 km. Sa mise <strong>en</strong> service a<br />
permis de lancer la deuxième phase du projet « transformation des transports ». Le réseau de bus a<br />
de nouveau été restructuré afin que l’intégration <strong>en</strong>tre l’<strong>en</strong>semble des modes soit la meilleure<br />
possible.<br />
114
En parallèle de ces opérations, ESHOT lance régulièrem<strong>en</strong>t des campagnes de communication sur les<br />
bénéfices qu’apport<strong>en</strong>t les transports collectifs.<br />
Aysin Nalân YETMEN liste les avantages d’un système de transport public intégré :<br />
- Réduction du trafic des bus et donc de la pollution dans la ville.<br />
- Des transports moins chers.<br />
- Un service de meilleure qualité et plus rapide.<br />
- Un temps d’att<strong>en</strong>te aux arrêts moins long.<br />
- Des économies pour les citoy<strong>en</strong>s grâce à des tarifs calculés <strong>en</strong> fonction de la distance.<br />
- Une meilleure productivité et une vitesse commerciale <strong>en</strong> croissance.<br />
- Des transports beaucoup plus efficaces et une mobilité plus int<strong>en</strong>se.<br />
- Une augm<strong>en</strong>tation des recettes (47 %).<br />
- La « K<strong>en</strong>tkart » permet de recueillir des données sur les déplacem<strong>en</strong>ts et de fournir suite à<br />
leur traitem<strong>en</strong>t des statistiques utiles pour la planification future de l’<strong>en</strong>semble du réseau 70 .<br />
LES PROJETS<br />
D’après son plan directeur des transports de l’aire métropolitaine à horizon 2030 71 , Izmir a pour<br />
projet d’ét<strong>en</strong>dre son réseau de trains de banlieue de 108 km puis de connecter tous les sites<br />
industriels et touristiques. La réhabilitation d’une ligne du réseau de trains de banlieue allant du nord<br />
au sud de la métropole 72 est égalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> projet. Elle sera intégrée au futur réseau urbain express. il<br />
est prévu de prolonger la partie de la ligne qui est déjà <strong>en</strong> fonctionnem<strong>en</strong>t et sur laquelle circul<strong>en</strong>t<br />
chaque jour 550 000 voyageurs – il n’y a qu’une ligne de trains de banlieue pour le mom<strong>en</strong>t (cf. plan<br />
du réseau)).<br />
La municipalité prévoit égalem<strong>en</strong>t de développer un tramway moderne pour diminuer le nombre<br />
d’autobus dans la circulation routière. De nouveaux sites de débarquem<strong>en</strong>t seront égalem<strong>en</strong>t<br />
aménagés pour augm<strong>en</strong>ter l’efficacité des ferries.<br />
La municipalité a égalem<strong>en</strong>t pour projet d’aménager les arrêts de bus avec des systèmes intellig<strong>en</strong>ts<br />
et d’intégrer les minibus (2012), le tramway (2015) et planifier l’intégration des taxis à l’<strong>en</strong>semble du<br />
réseau.<br />
Comme le prés<strong>en</strong>te le tableau ci-dessous, le réseau ferroviaire a vocation à dev<strong>en</strong>ir un des principaux<br />
modes de déplacem<strong>en</strong>t motorisé <strong>en</strong> captant la cli<strong>en</strong>tèle des bus <strong>urbains</strong> et des minibus. Par ailleurs<br />
la Municipalité mise égalem<strong>en</strong>t sur une diminution de la part modale de la voiture.<br />
70 Eltis – Faciliter les transports publics à Izmir : la carte de transport « K<strong>en</strong>tkart »<br />
71 http://www.izmir.bel.tr/<strong>en</strong>/projelerb.asp?pID=84&psID=0<br />
72 La Banque Europé<strong>en</strong>ne d’Investissem<strong>en</strong>t finance le projet à hauteur de 150 millions d’euros - Mission<br />
économique d’Ankara – 2008<br />
115
Figure 10 : Les parts modales des différ<strong>en</strong>ts modes de<br />
transports <strong>en</strong> 2005 et les parts modales à atteindre<br />
grâce au projet « Transformation des transports ».<br />
CONCLUSION<br />
Le développem<strong>en</strong>t d’un réseau intégré de transport et d’une politique tarifaire adapté a permis une<br />
augm<strong>en</strong>tation de 14 % de la fréqu<strong>en</strong>tation des transports publics <strong>en</strong>tre 1999 et 2003. En 2003, 36<br />
millions de personnes ont utilisé le réseau de l’agglomération 73 . Outre le bus qui a connu une baisse<br />
de fréqu<strong>en</strong>tation mom<strong>en</strong>tanée <strong>en</strong> raison de la restructuration int<strong>en</strong>sive du réseau, le nombre de<br />
passagers ne cesse d’augm<strong>en</strong>ter dans les différ<strong>en</strong>ts modes.<br />
73 Eltis – « Transformation in transportation » in Izmir<br />
116
LE CAIRE<br />
LE RENOUVELLEMENT DU PARC DE TAXIS POUR<br />
LUTTER CONTRE LA POLLUTION DE L’AIR<br />
Mots clés :<br />
Planification ; Politique <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tale ; Systèmes de transports artisanaux<br />
Monographie rédigée par Charles SIMON et Juli<strong>en</strong> ALLAIRE sur la base de l’interv<strong>en</strong>tion de Kawthar<br />
HEFNY, EEAA (confér<strong>en</strong>ce de Damas, 2010).<br />
Dernière mise à jour :<br />
15/11/2012<br />
117
Le Caire<br />
Située au bord du Nil,<br />
l’agglomération cairote<br />
plus communém<strong>en</strong>t appelé<br />
le Grand Caire, compr<strong>en</strong>d<br />
une population de plus de<br />
16 millions d’habitants pour<br />
une superficie totale de 1<br />
492 km². La capitale<br />
égypti<strong>en</strong>ne est la 4 ème ville<br />
la plus d<strong>en</strong>se des pays <strong>en</strong><br />
développem<strong>en</strong>t. Les<br />
niveaux de pollution dus au<br />
trafic sont particulièrem<strong>en</strong>t<br />
élevés. Un programme de<br />
r<strong>en</strong>ouvellem<strong>en</strong>t du parc de<br />
taxi a été <strong>en</strong>trepris.<br />
LE RENOUVELLEMENT DU PARC DE TAXIS POUR LUTTER<br />
Egypte Le Caire<br />
Population : 81 121 000 hab. Population : 11 001 000 hab.<br />
Superficie : 1 002 000 km² Superficie: 290 km²<br />
D<strong>en</strong>sité : 81 hab. / km² D<strong>en</strong>sité : 37 934 hab. / km²<br />
Taux d’urbanisation : 42,80 % Population de<br />
l’agglomération prévue <strong>en</strong><br />
2025 : 13 531 000 hab.<br />
Taux de croissance annuel de la<br />
population urbaine (2005-<br />
2010) : 1,99 %<br />
PIB / habitant : 2 698,4 $<br />
IDH : 0,644 / 1<br />
CONTRE LA POLLUTION DE L’AIR<br />
Taux de motorisation : 33<br />
véhicules pour 1 000 hab.<br />
Véhicules par kilomètre de<br />
route : 37<br />
Accid<strong>en</strong>tologie : 1,63 accid<strong>en</strong>t<br />
mortel pour 10 000 hab.<br />
Longueur des lignes : (2012)<br />
Métro : 70 km<br />
Sources : Banque Mondiale – PNUD – Sylvain Houpin : Les cahiers du plan<br />
bleu 9 – UrbanRail.net<br />
Mots clés : Planification ; Politique <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tale ; Systèmes de transports artisanaux<br />
D’après l’interv<strong>en</strong>tion de Kawthar HEFNY – Manager général EEAA (Egyptian Environm<strong>en</strong>tal Affairs<br />
Ag<strong>en</strong>cy), (confér<strong>en</strong>ce de Damas, 2010).<br />
Le Caire constitue la plus grande agglomération d’Afrique. Avec près de 39 000<br />
habitants/km², Le Caire est une des villes les plus d<strong>en</strong>ses du monde.<br />
A partir des années 80, la région du Grand Caire a voulu limiter la pression démographique dans le<br />
c<strong>en</strong>tre de l’agglomération <strong>en</strong> développant des zones d’activités dans les gouvernorats périphériques<br />
et <strong>en</strong> créant des villes nouvelles. Ces dernières qui devai<strong>en</strong>t constituer de nouvelles polarités ont eu<br />
un succès limité. Le Caire est resté une des villes les plus d<strong>en</strong>ses du monde avec un taux dix fois<br />
supérieur à celui de l’agglomération parisi<strong>en</strong>ne. Toutefois cette réorganisation spatiale a contribué à<br />
augm<strong>en</strong>ter le nombre et la distance des déplacem<strong>en</strong>ts domicile-travail.<br />
Le Caire génère près de 20 millions de déplacem<strong>en</strong>ts motorisés par jour. Les deux tiers sont effectués<br />
<strong>en</strong> transports collectifs.<br />
118
UNE OFFRE DE TRANSPORT COLLECTIF QUI PEINE A REPONDRE AUX BESOINS<br />
Le Caire fut la première ville africaine à disposer d’un métro avec l’ouverture <strong>en</strong> 1987 d’une ligne<br />
régionale. Avec la deuxième ligne urbaine mise <strong>en</strong> service <strong>en</strong> 2000, le métro transporte plus de 1,5<br />
million de voyageurs quotidi<strong>en</strong>nem<strong>en</strong>t pour 80 km de ligne. Le métro cairote constitue un des modes<br />
de transports les plus efficaces.<br />
Figure 22 : Plan de la ville du Caire.<br />
L’exploitation revi<strong>en</strong>t à la société égypti<strong>en</strong>ne Egyptian Company for Metro (ECM) sous la tutelle du<br />
ministère des transports. En revanche Cairo Transport Authority (CTA), <strong>en</strong>treprise publique de plus<br />
de 40 000 salariés, gère le tramway du Caire et le réseau de bus.<br />
Le tramway est un héritage de la période coloniale et ne représ<strong>en</strong>te aujourd’hui qu’une faible part<br />
modale. Le réseau de bus connait quant à lui une baisse significative de la fréqu<strong>en</strong>tation sur les lignes<br />
régulières depuis une dizaine d’années, passant de 40 % de parts modales à 20 % aujourd’hui.<br />
TRANSPORTS ARTISANAUX<br />
Au Caire ce sont des taxis, taxis collectifs et minibus.<br />
La part des minibus a t<strong>en</strong>dance à décroitre depuis le<br />
début des années 70. A l’inverse, la part modale des<br />
taxis et taxis collectifs a fortem<strong>en</strong>t augm<strong>en</strong>té passant<br />
de 6 % <strong>en</strong> 1987 à 37 % <strong>en</strong> 2011.<br />
Figure 23 : circulation des taxis au Caire.<br />
Le désamour pour le bus est <strong>en</strong> partie dû au succès du métro. Mais la dégradation du service est la<br />
principale raison. D’une part les conditions de circulation réduis<strong>en</strong>t l’attractivité du réseau et d’autre<br />
part l’ext<strong>en</strong>sion de l’agglomération n’a pas été accompagnée d’un redéploiem<strong>en</strong>t de l’offre dans les<br />
zones périphériques.<br />
119
Les taxis ont su bénéficier des défaillances des transports publics de surface pour accroitre leurs<br />
parts modales. L’adaptabilité de ce mode de transport le r<strong>en</strong>d plus rapide que les bus et permet de<br />
desservir des zones situées <strong>en</strong> périphérie.<br />
Toutefois, les taxis sont <strong>en</strong> grande partie responsables de l’<strong>en</strong>combrem<strong>en</strong>t de la circulation et<br />
particip<strong>en</strong>t largem<strong>en</strong>t à la dégradation de la qualité de l’air.<br />
UNE CONGESTION ET UNE POLLUTION DE L’AIR CHRONIQUE<br />
Le nombre de véhicules motorisés est <strong>en</strong> croissance constante dans la région du Grand Caire depuis<br />
les années 70. Plus de 1,5 million de véhicules roul<strong>en</strong>t actuellem<strong>en</strong>t dans la capitale égypti<strong>en</strong>ne. Si le<br />
taux de motorisation reste faible, 84 véhicules/1 000 habitants, les conditions de circulation sont<br />
considérées comme les plus mauvaises au monde du fait d’une abs<strong>en</strong>ce de gestion du trafic. La<br />
vitesse de circulation est <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne de 11 Km/h. La marche, qui reste le mode de déplacem<strong>en</strong>t<br />
dominant, pâtie de cette situation. Il devi<strong>en</strong>t de plus <strong>en</strong> plus dangereux de se déplacer à pied dans la<br />
ville.<br />
La pollution générée par la d<strong>en</strong>sité du trafic du Caire s’avère problématique. Les véhicules motorisés<br />
sont à l’origine de 90 % des émissions de particules, 90 % des émissions de monoxydes de carbone et<br />
50 % des oxydes d’azote. Les risques pour la santé et l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t ont conduit les autorités<br />
nationales à procéder d’une part à une surveillance accrue de la qualité de l’air et d’autres parts à<br />
des politiques de réduction des émissions de polluants selon les objectifs suivants :<br />
- R<strong>en</strong>ouveler le parc de vieux taxis du Grand Caire.<br />
- Réduire des émissions des deux-roues motorisées.<br />
- Interdire les moteurs deux-temps.<br />
- Utiliser le gaz naturel comme carburant des bus du transport public.<br />
UNE CAMPAGNE NATIONALE POUR LIMITER L’IMPACT ENVIRONNEMENTAL DES BUS ET DES<br />
TRANSPORTS ARTISANAUX<br />
En 2008, une loi sur la circulation a prévu l’interdiction de circuler pour tous les véhicules de<br />
transports collectifs et les taxis, âgés de plus de 20 ans, à partir de juillet 2011. Un Plan National de<br />
Remplacem<strong>en</strong>t des Taxis (PNRT) fut aussitôt <strong>en</strong>trepris pour permettre aux conducteurs de taxis de se<br />
conformer à celle-ci. A cette date, les autorités rec<strong>en</strong>sai<strong>en</strong>t 85 000 taxis et 30 000 minibus, dont la<br />
moitié avait plus de 25 ans.<br />
Pour <strong>en</strong>courager l’achat d’un véhicule neuf fonctionnant au Gaz Naturel pour Véhicule (GNV) des<br />
incitations économiques ont été mises <strong>en</strong> place 74 :<br />
- Exonération d’impôt sur l’achat du véhicule.<br />
74 Carburant automobile au gaz naturel. Constitué de 97 % de méthane, les émissions de CO2 sont réduites de<br />
25 % par rapport à l’ess<strong>en</strong>ce. Les émissions de particule sont quasi nulles.<br />
120
- Octroi d’une subv<strong>en</strong>tion <strong>en</strong> échange du dépôt de l’anci<strong>en</strong> véhicule dans les c<strong>en</strong>tres de<br />
recyclage.<br />
- Exonération des frais de lic<strong>en</strong>ce de taxi pour plusieurs années.<br />
- Abonnem<strong>en</strong>t gratuit au réseau de transport collectif pour un ou deux ans.<br />
- 25 % du prix du véhicule sera payé par le propriétaire qui bénéficiera d’un prêt de 6 ans à<br />
un taux d’intérêt annuel de 7,5 %.<br />
Les autorités du Caire prévoyai<strong>en</strong>t ainsi de remplacer 13 500 taxis et 4500 minibus par an p<strong>en</strong>dant<br />
trois ans. Ce qui devrait représ<strong>en</strong>ter une réduction annuelle des émissions de 4 926 tonnes pour<br />
l’oxyde d’azote, 30 359 tonnes pour le monoxyde de carbone et de 244 tonnes pour les particules. Si<br />
le coût total de ce programme est évalué à 1,2 milliard de livres égypti<strong>en</strong>nes, les bénéfices att<strong>en</strong>dus<br />
sont valorisés à près de 638 millions de livres égypti<strong>en</strong>nes.<br />
RESULTATS EN COURS<br />
Au cours de l’année 2012, 14 000 taxis sur 37 000 ont été remplacés <strong>en</strong> 8 mois. Les nouveaux taxis,<br />
de couleur blanche, sont relativem<strong>en</strong>t réc<strong>en</strong>ts et de construction locale. Ils dispos<strong>en</strong>t d’un compteur<br />
et de l’air conditionné. Ces résultats sont satisfaisants surtout qu’ils s’inscriv<strong>en</strong>t dans un contexte<br />
particulièrem<strong>en</strong>t délicat. Toutefois ces bons résultats ne s’appliqu<strong>en</strong>t pas au minibus.<br />
121
LYON<br />
LA DELEGATION DE SERVICE PUBLIC COMME<br />
MODE DE GESTION<br />
Mots clés :<br />
Gouvernance urbaine ; Modes de gestion<br />
Monographie rédigée par Camille MARTINET et Juli<strong>en</strong> ALLAIRE sur la base de l’interv<strong>en</strong>tion de Bernard<br />
RIVALTA, SYTRAL (confér<strong>en</strong>ce de Barcelone, 2011).<br />
Dernière mise à jour :<br />
15/11/2012<br />
122
Lyon<br />
Lyon, 2 ème aire<br />
urbaine de France par<br />
sa population, possède<br />
le deuxième réseau de<br />
transports publics<br />
urbain français : il<br />
dessert 1,3 millions<br />
d’habitants répartis sur<br />
un périmètre de 613<br />
km². Le réseau<br />
lyonnais est<br />
égalem<strong>en</strong>t la plus<br />
importante délégation<br />
de service publique <strong>en</strong><br />
Europe. A travers une<br />
conv<strong>en</strong>tion, le SYTRAL<br />
délègue l'exploitation<br />
des réseaux TCL et<br />
OPTIBUS à un<br />
opérateur privé :<br />
Kéolis Lyon.<br />
France Lyon<br />
Population : 64 895 000 hab. Population :<br />
Commune : 480 000 hab. (2009)<br />
Agglomération : 1 468 000 hab.<br />
Superficie : 640 394 km² Superficie :<br />
Commune : 48 km²<br />
Agglomération : 613 km²<br />
D<strong>en</strong>sité : 101,3 hab. / km² D<strong>en</strong>sité :<br />
Commune : 10 000 hab. / km²<br />
Agglomération : 2 395 hab. / km²<br />
Taux d’urbanisation : 77,80 % Population de l’agglomération<br />
prévue <strong>en</strong> 2025 : 1 575 000 hab.<br />
Taux de croissance annuel de la<br />
population urbaine (2005-2010) :<br />
1,41 %<br />
Longueur des lignes :<br />
Métro : 30,4 km<br />
Tramway : 48,3 km<br />
BHNS : 20,5 km (2007)<br />
PIB / habitant : 39 448,4 $ Parts modales :<br />
VP : 51 %<br />
TP : 15 %<br />
MA : 34 %<br />
IDH : 0,884 / 1<br />
Taux de motorisation : 496<br />
véhicules pour 1 000 hab.<br />
Mots clés : Gouvernance urbaine ; Modes de gestion<br />
Véhicules par kilomètre de route :<br />
39<br />
Accid<strong>en</strong>tologie : 0,75 accid<strong>en</strong>t<br />
mortel pour 10 000 hab.<br />
Sources : Banque Mondiale – PNUD – Insee – Sytral – UrbanRail.net – bhns.fr –<br />
EPOMM<br />
D’après l’interv<strong>en</strong>tion de Bernard RIVALTA – Présid<strong>en</strong>t du SYTRAL (confér<strong>en</strong>ce de Barcelone, 2011).<br />
LES ACTEURS DU RESEAU DE TRANSPORT LYONNAIS<br />
LA DELEGATION DE SERVICE PUBLIC COMME MODE DE<br />
GESTION<br />
Créé <strong>en</strong> 1985, le SYTRAL, Syndicat mixte des <strong>Transports</strong> pour le Rhône et l'Agglomération<br />
Lyonnaise, est l'autorité organisatrice des transports <strong>urbains</strong>. Son territoire de compét<strong>en</strong>ces<br />
correspond au Périmètre des <strong>Transports</strong> Urbains (PTU) de l’agglomération qui recouvre 65<br />
communes.<br />
123
Les décisions sont prises au sein d'un comité syndical composé de 26 élus issus du Grand Lyon et du<br />
départem<strong>en</strong>t du Rhône. Ces élus définiss<strong>en</strong>t la politique des transports <strong>urbains</strong> dans l'agglomération<br />
et contrôl<strong>en</strong>t sa mise <strong>en</strong> œuvre.<br />
Figure 24 : Tramway lyonnais.<br />
En collaboration avec les collectivités locales, le SYTRAL est<br />
chargé de réaliser le Plan de Déplacem<strong>en</strong>ts Urbains (PDU) :<br />
docum<strong>en</strong>t <strong>en</strong>cadrant la gestion et le développem<strong>en</strong>t de tous<br />
les déplacem<strong>en</strong>ts au niveau de l’agglomération lyonnaise. Ce<br />
plan est le résultat d’une réflexion m<strong>en</strong>ée par des groupes<br />
de travail rassemblant des technici<strong>en</strong>s, des acteurs du<br />
monde économique et associatif, et des élus (du SYTRAL, de<br />
la communauté urbaine de Lyon, du départem<strong>en</strong>t du Rhône,<br />
de l’Etat, de la région Rhône-Alpes).<br />
Les missions du SYTRAL sont de gérer l'offre de transports collectifs (lignes de bus, tramway, métro,<br />
etc.), déterminer la politique tarifaire et m<strong>en</strong>er les études pour le développem<strong>en</strong>t du réseau à<br />
l'échelle du PTU. La politique d’aménagem<strong>en</strong>t des transports publics du SYTRAL s’exprime à travers le<br />
plan de mandat. Il établit les investissem<strong>en</strong>ts de la collectivité pour les différ<strong>en</strong>ts objectifs et projets<br />
qui seront réalisés sur une période définie (actuellem<strong>en</strong>t 2008-2014).<br />
Le SYTRAL est le propriétaire de la<br />
marque TCL (<strong>Transports</strong> <strong>en</strong><br />
Commun Lyonnais), nom<br />
commercial du réseau. Le réseau<br />
TCL dispose de 4 lignes de métro, 2<br />
lignes de funiculaire, 4 lignes de<br />
tramway et plus de 120 lignes de<br />
bus. Les TCL sont le premier réseau<br />
après celui de l’Ile-de-France (1,4<br />
million de voyages chaque jour).<br />
Tous les 6 ans, le SYTRAL, choisit<br />
un opérateur pour l’exploitation de<br />
son réseau <strong>en</strong> délégation de<br />
service public (DSP) à travers une<br />
procédure d’appel d’offres. Le<br />
réseau urbain (TCL) et le transport<br />
de personnes à mobilité réduite<br />
(Optibus) sont exploités par Kéolis<br />
Lyon, filiale du groupe Kéolis,<br />
acteur majeur du transport public<br />
de voyageurs.<br />
Figure 115 : Plan du réseau TCL.<br />
124
SYTRAL ET KEOLIS, LIES PAR UN CONTRAT DE DELEGATION DE SERVICE PUBLIC (DSP)<br />
La Délégation de Service Public (DSP) est un contrat par lequel une personne morale de droit public<br />
confie la gestion d'un service public dont elle a la responsabilité à un délégataire public ou privé. La<br />
rémunération cette <strong>en</strong>treprise est substantiellem<strong>en</strong>t liée au résultat de l'exploitation du service. 75<br />
En France, il existe plusieurs modes de gestion des services de transport public qui se différ<strong>en</strong>ci<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong> fonction des risques contractuels portés par le délégataire :<br />
- Le Part<strong>en</strong>ariat Public-Privé (PPP) pour des investissem<strong>en</strong>ts publics financés et réalisés par<br />
un opérateur privé : c’est le schéma de délégation maximum des risques au part<strong>en</strong>aire<br />
privé. Dans ce cas, l’opérateur supporte à la fois le risque commercial, le risque industriel et<br />
le risque d’investissem<strong>en</strong>t.<br />
- La gestion déléguée <strong>en</strong> DSP (concession, affermage ou régie intéressée) ou <strong>en</strong> marché<br />
public (gérance ou contrat atypique) : l’investissem<strong>en</strong>t est porté par l’AOT, et selon le type<br />
de contrat choisi, le délégataire s’<strong>en</strong>gage vis-à-vis d’un niveau de recettes et de dép<strong>en</strong>ses.<br />
- La gestion directe <strong>en</strong> régie : l’AOT choisit de gérer le réseau de transport elle-même ou bi<strong>en</strong><br />
par une <strong>en</strong>treprise dont elle est l’unique propriétaire.<br />
La conv<strong>en</strong>tion liant le SYTRAL à Kéolis est du type régie intéressée. Cela signifie que la collectivité fait<br />
assurer le fonctionnem<strong>en</strong>t d’un service public par un délégataire tiers mais qu’elle conserve la<br />
responsabilité financière de l’exploitation.<br />
En France, un appel d’offres suppose l’exist<strong>en</strong>ce d’un Dossier de Consultation des Entreprises (DCE)<br />
consultable par les candidats intéressés. Il est obligatoire pour une mise <strong>en</strong> concurr<strong>en</strong>ce des<br />
opérateurs qui veul<strong>en</strong>t répondre à l’appel d’offres publique. Ce DCE est un cahier des charges qui<br />
comporte les élém<strong>en</strong>ts utiles à l’élaboration d’une candidature. Avec un montant du contrat sur six<br />
ans de 2,4 milliards d’euros, Lyon propose la plus grande délégation de service public de transport<br />
urbain d’Europe. Le dernier cahier des charges totalisait 14 000 pages.<br />
Le SYTRAL, lors de son dernier appel d’offres <strong>en</strong> 2009, avait fixé 5 exig<strong>en</strong>ces :<br />
- Placer les cli<strong>en</strong>ts du réseau TCL au c<strong>en</strong>tre du contrat.<br />
- Maitriser les charges pour continuer à améliorer l’offre.<br />
- Améliorer la gestion du patrimoine.<br />
- Respecter l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t et développer des nouvelles technologies.<br />
- Fiabiliser les informations.<br />
En 2010, au terme de la procédure d’appel d’offres, le SYTRAL a de nouveau attribué l’exploitation du<br />
réseau TCL à Kéolis.<br />
Dans le cadre de la conv<strong>en</strong>tion, les rôles <strong>en</strong>tre l’AOT et le délégataire sont répartis de la manière<br />
suivante. Dans son rôle d’AOT, le SYTRAL :<br />
- Définit la politique générale des transports, du niveau et de la consistance de l’offre.<br />
- Définit la politique tarifaire.<br />
- Fixe les objectifs à atteindre par l’exploitant.<br />
- Est la maîtrise d’ouvrage de l’<strong>en</strong>semble des moy<strong>en</strong>s techniques, équipem<strong>en</strong>ts et<br />
75 www.legifrance.gouv.fr<br />
125
infrastructures nécessaires.<br />
- Met à disposition du délégataire, sans redevance, les infrastructures, moy<strong>en</strong>s techniques,<br />
équipem<strong>en</strong>ts et matériels roulants nécessaires à la mise <strong>en</strong> œuvre du service et à la gestion<br />
du réseau TCL ainsi que les droits de marque.<br />
Le délégataire, Kéolis, a pour mission :<br />
- La mise <strong>en</strong> œuvre de la politique définie par l’AOT.<br />
- L’obligation de résultats.<br />
- La responsabilité des missions confiées.<br />
- La conservation des données techniques, économiques, commerciales et financières liées à<br />
la gestion du service.<br />
- D’assurer le bon <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> des bi<strong>en</strong>s mis à disposition par l'autorité organisatrice.<br />
Concernant les aspects financiers, la rémunération du délégataire consistera <strong>en</strong> :<br />
- Une contrepartie forfaitaire correspondant aux charges prévisionnelles du service évaluées<br />
au mom<strong>en</strong>t de la signature du contrat pour chaque année de son exécution.<br />
- La détermination d’un montant prévisionnel des recettes : si pour une année donnée, le<br />
montant des recettes collectées par le contractant pour le compte du sytral est inférieur au<br />
montant prévisionnel, la différ<strong>en</strong>ce sera déduite de la contrepartie forfaitaire. Si le montant<br />
des recettes effectives est supérieur au montant prévisionnel, cette différ<strong>en</strong>ce sera répartie<br />
<strong>en</strong>tre le délégataire et le Sytral.<br />
Le contrat s'articule donc autour d'un prix forfaitaire annuel indexé versé au délégataire et d'un<br />
<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t annuel sur les recettes, assorti d'un intéressem<strong>en</strong>t si les recettes réelles sont<br />
supérieures aux montants contractuellem<strong>en</strong>t fixés. Le contrat garantit au SYTRAL, a minima, les<br />
montants des recettes définies initialem<strong>en</strong>t. Il existe égalem<strong>en</strong>t des principes d’ajustem<strong>en</strong>t de la<br />
contribution financière et de l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t sur les recettes surtout <strong>en</strong> cas de fortes grèves ou d’aléas<br />
externes.<br />
Le SYTRAL doit assurer la gestion du réseau notamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> s'assurant que son délégataire respecte<br />
les conditions du contrat mais aussi <strong>en</strong> l’évaluant et <strong>en</strong> l’analysant pour mettre <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce<br />
d’év<strong>en</strong>tuelles pistes d'amélioration. Il mesure aussi la qualité de service public et évalue les<br />
performances du délégataire selon 6 indicateurs subdivisés <strong>en</strong> 34 critères. Un mécanisme financier<br />
de bonus / malus s'applique <strong>en</strong> fonction des résultats obt<strong>en</strong>us trimestriellem<strong>en</strong>t. Les données sont<br />
fournies tous les trimestres par le délégataire. Les bonus sont plafonnés à 3 millions d’euros par an et<br />
les malus à 6 millions par an. L’AOT a égalem<strong>en</strong>t défini 35 situations inacceptables décl<strong>en</strong>chant des<br />
pénalités suivant 3 catégories (1 000, 3 000 et 5 000 €). Les pénalités sont plafonnées à 4 millions<br />
d’euros par an.<br />
Le contrat de DSP établit <strong>en</strong>tre le SYTRAL et Kéolis comporte un volet social qui concerne les<br />
questions liées au managem<strong>en</strong>t (ligne hiérarchique rétrécie, prés<strong>en</strong>ce de managers sur le terrain), à<br />
la formation (contractualisation d’un volume de 16 000 jours annuels de formation) et au<br />
recrutem<strong>en</strong>t (femmes conductrices et s<strong>en</strong>iors).<br />
Pour Bernard Rivalta, la délégation de service public est le mode de gestion le plus adapté. L’autorité<br />
organisatrice de transport est propriétaire de toutes les infrastructures et des véhicules et <strong>en</strong> même<br />
126
temps, elle n’a pas à gérer directem<strong>en</strong>t les 4 500 personnes qui travaill<strong>en</strong>t quotidi<strong>en</strong>nem<strong>en</strong>t sur le<br />
réseau. En 2010, les résultats ont été particulièrem<strong>en</strong>t probant : Lyon a été le seul réseau de France à<br />
avoir réduit son déficit d’exploitation (recettes / dép<strong>en</strong>ses : R/D). Pour le présid<strong>en</strong>t de l’AOT<br />
lyonnaise, cette gestion rigoureuse est possible grâce à la DSP et elle permet d’investir dans le<br />
réseau : « dans le dernier contrat de 6 ans, le Sytral a investi un milliard d’euros, sans augm<strong>en</strong>ter la<br />
dette ».<br />
127
MARSEILLE<br />
LA TRANSFORMATION DU VIEUX PORT POUR<br />
FAIRE PLACE AUX PIETONS<br />
Mots clés :<br />
Modes non motorisés ; Planification ; Réhabilitation des cœurs de ville<br />
Monographie rédigée par Camille MARTINET et Juli<strong>en</strong> ALLAIRE sur la base des interv<strong>en</strong>tions de Christian<br />
BRUNNER, AGAM (confér<strong>en</strong>ce de Marseille, 2010) et Yves MORAINE, Ville de Marseille (confér<strong>en</strong>ce de<br />
Marseille, 2010).<br />
Dernière mise à jour :<br />
15/11/2012<br />
128
Marseille<br />
Marseille est la<br />
2 ème agglomération la<br />
plus peuplée de France.<br />
La désignation de<br />
Marseille comme<br />
capitale europé<strong>en</strong>ne de<br />
la culture <strong>en</strong> 2013 est<br />
un facteur<br />
d’accélération de<br />
projets. 2013 est une<br />
date clé dans le<br />
développem<strong>en</strong>t de la<br />
ville et le r<strong>en</strong>ouveau du<br />
c<strong>en</strong>tre historique, lieu<br />
emblématique de la<br />
ville : le vieux port.<br />
LA TRANSFORMATION DU VIEUX PORT POUR FAIRE PLACE<br />
France Marseille<br />
Population : 64 895 000 hab. Population :<br />
Commune : 850 000 hab. (2009)<br />
Aire urbaine : 1 432 000 hab.<br />
Superficie : 640 394 km² Superficie :<br />
Commune : 241 km²<br />
Aire urbaine : 1 290 km²<br />
D<strong>en</strong>sité : 101,3 hab. / km² D<strong>en</strong>sité :<br />
Commune : 3 527 hab. / km²<br />
Aire urbaine : 1 110 hab. / km²<br />
Taux d’urbanisation : 77,80 % Population de l’agglomération<br />
prévue <strong>en</strong> 2025 : 1 577 000 hab.<br />
Taux de croissance annuel de la<br />
population urbaine (2005-2010) :<br />
1,41 %<br />
Longueur des lignes :<br />
Métro : 21,5 km<br />
Tramway : 11,5 km<br />
PIB / habitant : 39 448,4 $ Parts modales :<br />
VP : 54 %<br />
TP : 11 %<br />
MA : 35 %<br />
IDH : 0,884 / 1<br />
Taux de motorisation : 496<br />
véhicules pour 1 000 hab.<br />
Véhicules par kilomètre de<br />
route : 39<br />
Accid<strong>en</strong>tologie : 0,75 accid<strong>en</strong>t<br />
mortel pour 10 000 hab.<br />
AUX PIETONS<br />
Sources : Banque Mondiale – PNUD – Insee – Annuaire-mairie.fr – UrbanRail.net –<br />
EPOMM<br />
Mots clés : Modes non motorisés ; Planification ; Réhabilitation des cœurs de ville<br />
D’après les interv<strong>en</strong>tions de :<br />
- Christian BRUNNER – directeur d’AGAM (confér<strong>en</strong>ce de Marseille, 2010).<br />
- Yves MORAINE – Présid<strong>en</strong>t du Groupe Majorité Municipale, Conseiller Municipal, Conseil<br />
Communautaire, Ville de Marseille (confér<strong>en</strong>ce de Marseille, 2010).<br />
La ville de Marseille mène actuellem<strong>en</strong>t trois projets <strong>urbains</strong> principaux :<br />
- Euroméditerranée 1 et 2. En novembre 1995 le processus de Barcelone a défini un cadre et<br />
des projets de coopération <strong>en</strong>tre les pays du pourtour méditerrané<strong>en</strong>. C'est dans ce<br />
129
contexte que naît à Marseille Euroméditerranée, Etablissem<strong>en</strong>t Public de l’Etat <strong>en</strong> charge<br />
d’un projet d'aménagem<strong>en</strong>t et de développem<strong>en</strong>t économique dans un secteur de la ville.<br />
La plus grande opération de rénovation urbaine d'Europe du sud <strong>en</strong>gage la réhabilitation<br />
d'un périmètre de 480 hectares au cœur de la métropole marseillaise. En 2007, un décret a<br />
acté l’ext<strong>en</strong>sion du périmètre d’Euroméditerranée.<br />
- Grand Est : la partie est de la ville fait l’objet d’un plan de requalification urbaine, à l’image<br />
de ce qu’est Euroméditerranée pour les quartiers nord.<br />
- C<strong>en</strong>tre-Ville / Vieux Port : le vieux port, emblème et c<strong>en</strong>tre historique de la ville, va dev<strong>en</strong>ir<br />
semi-piéton. Marseille va <strong>en</strong>fin se doter d’une vaste place piétonne propice à l’organisation<br />
de grands événem<strong>en</strong>ts.<br />
La requalification urbaine du c<strong>en</strong>tre-ville nécessite l’interv<strong>en</strong>tion conjointe de la ville de Marseille et<br />
de la communauté urbaine. Les deux collectivités, pourtant gouvernées par des familles politiques<br />
opposées, ont su se rapprocher pour aboutir à la validation d’un projet d’intérêt général. Le projet de<br />
réaménagem<strong>en</strong>t du vieux port est donc conjointem<strong>en</strong>t porté par Marseille Prov<strong>en</strong>ce Métropole et la<br />
ville de Marseille. Financièrem<strong>en</strong>t, il est sout<strong>en</strong>u par le Conseil Général des Bouches-du-Rhône et le<br />
Conseil Régional Prov<strong>en</strong>ce-Alpes-Côte d'Azur.<br />
En 2011, 80 % des quais n'étai<strong>en</strong>t pas accessibles au public <strong>en</strong> raison de barrières avec les clubs<br />
nautiques. Il s'agit donc de r<strong>en</strong>dre aux marseillais l'accès à la mer sans dénaturer pour autant<br />
l'activité nautique de la ville.<br />
L’objectif est de réaliser les travaux les plus significatifs et les plus symboliques d’ici le 1 er janvier<br />
2013 : date qui marquera le lancem<strong>en</strong>t de l’année durant laquelle Marseille-Prov<strong>en</strong>ce sera capitale<br />
europé<strong>en</strong>ne de la culture, et, notamm<strong>en</strong>t, la mise <strong>en</strong> place d’une semi-piétonisation du vieux port. Le<br />
Groupem<strong>en</strong>t de maîtrise d’œuvre composé du paysagiste Michel Desvigne, des cabinets<br />
d’architectures Foster and Partners et Tangram Architecture et du bureau d’étude Ingerop ont été<br />
choisis pour m<strong>en</strong>er ce projet.<br />
DEROULEMENT DU PROJET EN DEUX PHASES<br />
Le projet se déroule <strong>en</strong> deux phases : une première sera réalisée d’ici 2013 et une seconde pour<br />
2015. Les coûts sont estimés à 45 millions d’euros hors taxe pour la 1 ère phase et 35 millions d’euros<br />
hors taxe pour la seconde.<br />
La première phase concerne le réaménagem<strong>en</strong>t d’une partie des trois quais (comprise <strong>en</strong>tre l’Hôtel<br />
de Ville et la place aux Huiles ainsi que l’<strong>en</strong>semble du quai des Belges, désormais dénommé « quai de<br />
la Fraternité »), la réorganisation du plan de circulation et du plan d’eau. Afin de mettre <strong>en</strong> œuvre ce<br />
projet, la stratégie consiste à reporter les grands flux de circulation au-delà de l’hyper-c<strong>en</strong>tre et plus<br />
localem<strong>en</strong>t, à recomposer la circulation <strong>en</strong> c<strong>en</strong>tre-ville. L’espace public du vieux port sera alors<br />
modifié au profit des modes actifs et aux transports <strong>en</strong> commun. Les aménagem<strong>en</strong>ts prévus pour<br />
2013 sont :<br />
- La mise <strong>en</strong> place de deux voies de bus <strong>en</strong> site propre.<br />
Aujourd'hui, le quai des Belges est composé de neuf voies de circulation séparées par un terre-plein<br />
c<strong>en</strong>tral. En 2013, il n'<strong>en</strong> restera que quatre, deux pour les voitures et deux pour les bus. Les deux<br />
130
voies de bus <strong>en</strong> site propre créées autour du vieux port garantiront la régularité des lignes de bus qui<br />
l’emprunteront et de meilleurs temps de parcours.<br />
L’objectif est de réduire de 50 % le nombre de véhicules autour du vieux port pour limiter la pollution<br />
et le bruit et pour l’amélioration de la gestion urbaine de proximité. La circulation réduite des<br />
voitures contribuera à créer une ambiance plus apaisée et favorable à la prom<strong>en</strong>ade. Sur le quai de la<br />
Fraternité, les piétons auront 75 % d’espace <strong>en</strong> plus. Lors des grands événem<strong>en</strong>ts, les voies de<br />
circulation pourront être neutralisées pour dégager une vaste esplanade piétonne.<br />
En parallèle des deux voies dédiées aux transports <strong>en</strong> commun, une piste cyclable sera créée et<br />
permettra d’assurer une continuité d’itinéraire <strong>en</strong>tre les Catalans et le boulevard du Littoral (deux<br />
boulevards longeant la mer de part et d’autre du vieux port). Ainsi, piétons et vélos auront leur place.<br />
Les cars de tourisme emprunteront les voies de bus <strong>en</strong> site propre. Des lieux de dépose rapide et des<br />
aires de stationnem<strong>en</strong>t seront créés sur le vieux port et à proximité.<br />
- La mise <strong>en</strong> place d’une zone de limitation à 30 km/h sur les trois quais.<br />
Elle incitera les véhicules motorisés à circuler à une vitesse modérée et r<strong>en</strong>dra plus sûrs les<br />
déplacem<strong>en</strong>ts des piétons et des vélos. Les véhicules légers circuleront coté façade permettant ainsi<br />
la dépose des Personnes à Mobilité Réduite (PMR), l'accès aux livraisons et les accès riverains.<br />
- Le mainti<strong>en</strong> des accès aux parkings.<br />
En cas de fermeture des quais au trafic lors d’évènem<strong>en</strong>ts, les accès aux parkings seront maint<strong>en</strong>us.<br />
Une signalétique spécifique permettra de réori<strong>en</strong>ter le flux de véhicules circulant aux al<strong>en</strong>tours du<br />
vieux port p<strong>en</strong>dant les différ<strong>en</strong>tes manifestations. Des panneaux d'information dynamiques seront<br />
mis <strong>en</strong> place aux abords des zones concernées afin d’optimiser l’utilisation des parkings. Grâce à<br />
cette diffusion d’informations les automobilistes pourront mieux utiliser les parkings pour <strong>en</strong>suite<br />
emprunter les transports <strong>en</strong> commun. La mise ne place d’une signalisation dynamique est égalem<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong>visagée sur les autoroutes et les principales voies d’accès à Marseille (indiquant <strong>en</strong> temps réel la<br />
direction, l’état (ouvert ou fermé) et le nombre de places disponibles dans ces différ<strong>en</strong>ts parkings).<br />
- Un aménagem<strong>en</strong>t des boulevards <strong>urbains</strong>.<br />
Beaucoup d’automobilistes pass<strong>en</strong>t par le vieux port pour traverser le c<strong>en</strong>tre-ville. A partir de 2013,<br />
ceux qui voudront y accéder seront invités à utiliser les boulevards <strong>urbains</strong> du c<strong>en</strong>tre-ville et les<br />
parkings à proximité. Fluidifier la circulation sur le boulevard circulaire existant constitue un<br />
préalable indisp<strong>en</strong>sable pour limiter le transit via le vieux port.<br />
La circulation reportée sur la périphérie sera facilitée par des aménagem<strong>en</strong>ts réalisés sur plusieurs<br />
secteurs. Certains carrefours seront réaménagés et d’autres requalifiés (aménagem<strong>en</strong>t des espaces<br />
publics, plantation de végétaux, places de stationnem<strong>en</strong>t, etc.). La circulation devrait être plus fluide<br />
grâce à un système de vidéosurveillance / vidéo-verbalisation qui sera installé pour lutter contre le<br />
stationnem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> double file, fortem<strong>en</strong>t perturbant pour la circulation. Dès le mois de décembre<br />
2012, un c<strong>en</strong>tre de supervision urbaine va être mis <strong>en</strong> place pour verbaliser les contrev<strong>en</strong>ants<br />
comme c’est déjà le cas à Nice et Aix <strong>en</strong> Prov<strong>en</strong>ce. La capacité de circulation des boulevards <strong>urbains</strong><br />
devrait être fortem<strong>en</strong>t améliorée.<br />
Cette limitation du trafic <strong>en</strong> c<strong>en</strong>tre-ville passe notamm<strong>en</strong>t par le recul des portes d'<strong>en</strong>trée de ville. La<br />
rocade L2, dont la mise <strong>en</strong> service globale est <strong>en</strong>visagée pour fin 2016, constituera l'itinéraire de<br />
grand contournem<strong>en</strong>t de la ville. Elle contribuera à alléger le trafic dans les tunnels du c<strong>en</strong>tre-ville et<br />
dans la 1 ère rocade dite « rocade du Jarret ».<br />
131
- Un réaménagem<strong>en</strong>t des quais.<br />
Le bas de la Canebière, av<strong>en</strong>ue débouchant sur le quai des Belges, est réservé aux piétons, aux bus,<br />
aux vélos et aux taxis depuis le 5 mars 2012. Sur le vieux port, le projet d’aménagem<strong>en</strong>t est celui<br />
d’une surface minérale urbaine et continue sans trottoirs sur plus de 30 000 m². Le revêtem<strong>en</strong>t du<br />
sol, posé différemm<strong>en</strong>t selon les fonctionnalités (zone piétonne ou de circulation), est prévu <strong>en</strong><br />
pavage et dallage de pierre de granit et <strong>en</strong>fin, le site sera mis <strong>en</strong> lumière grâce à de nouveaux<br />
éclairages : de grands mâts d’éclairage s’élèveront à 23 mètres de hauteur.<br />
- La mise <strong>en</strong> place d’une « Ombrière ».<br />
Une « Ombrière », signe architectural du projet, sera implantée quai de la Fraternité. Sur une place<br />
très minérale, elle permettra d’apporter de l’ombre aux passants et d’accueillir des événem<strong>en</strong>ts<br />
festifs.<br />
- La réorganisation du plan d’eau.<br />
Pour r<strong>en</strong>dre l’accès à la mer aux Marseillais, les aires<br />
techniques de carénage, ainsi que les clubs des sociétés<br />
nautiques seront déplacées sur des estacades, sorte de quais<br />
flottants. Huit estacades vont être aménagées. Toutes les<br />
pannes de la zone seront changées. P<strong>en</strong>dant et après les<br />
travaux, le nombre de places dans le port sera inchangé.<br />
- La mise <strong>en</strong> place d’un jalonnem<strong>en</strong>t piétonnier.<br />
Se r<strong>en</strong>dre sur le vieux port à pied depuis les boulevards <strong>urbains</strong> qui l'<strong>en</strong>tour<strong>en</strong>t ne pr<strong>en</strong>dra pas plus<br />
de 15 minutes. Un jalonnem<strong>en</strong>t piétonnier, sous forme d’une signalétique, facilitera le trajet des<br />
prom<strong>en</strong>eurs.<br />
Figure 27 : Jalonnem<strong>en</strong>t piétonnier<br />
Figure 26 : Estacade<br />
Autour du vieux port, l'objectif est de diminuer le trafic automobile de transit tout <strong>en</strong> conservant<br />
l'accessibilité aux parkings et de favoriser le réflexe transport collectif et modes actifs. La<br />
réorganisation de la circulation automobile est <strong>en</strong> effet l'un des <strong>en</strong>jeux majeurs du projet. L'objectif<br />
est d’ori<strong>en</strong>ter les automobilistes vers les parkings relais à l'extérieur du c<strong>en</strong>tre-ville.<br />
132
Le projet du maître d’œuvre propose un parti d’aménagem<strong>en</strong>t à plus long terme très ambitieux<br />
débordant le strict périmètre du Vieux-Port. Il a pour but de recomposer le paysage marseillais et sa<br />
façade maritime. L’<strong>en</strong>trée du port retrouvera un aspect végétal et favorisera la prom<strong>en</strong>ade.<br />
Les propositions sont les suivantes :<br />
- La création d’une « chaîne des parcs ». Il s'agit de transformer les anci<strong>en</strong>s terrains militaires<br />
et les forts du vieux port <strong>en</strong> de vastes parcs accessibles au public. Ils abriteront pôle de<br />
congrès, hôtel, musées et village nautique. (1)<br />
- La création d’un s<strong>en</strong>tier de bord de mer sur un kilomètre. (4)<br />
- La création d’un jardin public au bord de l’eau. (4)<br />
- La création d’un Glacis. Au pied du fort Saint-Nicolas, où règne actuellem<strong>en</strong>t l'échangeur<br />
routier conduisant au tunnel du vieux port et du Prado-Carrénage, s'ét<strong>en</strong>dra une vaste<br />
prairie <strong>en</strong> p<strong>en</strong>te douce vers le port. Il liera ainsi la ville haute et le port. Ce nouvel espace<br />
vert au bord de l’eau, dédié aux loisirs, comportera égalem<strong>en</strong>t un village nautique. (5)<br />
- Des aménagem<strong>en</strong>ts pour les usagers du vieux port : création d’une nouvelle offre de<br />
navettes maritimes, reconfiguration de la gare maritime afin de dégager la vue sur le plan<br />
d’eau (une partie du ponton sera supprimée et les usagers des navettes et les touristes<br />
pourront att<strong>en</strong>dre les bateaux sous la grande « Ombrière »), création de nouvelles places<br />
sous le Glacis pour développer les capacités d’accueil (le Glacis recouvrira un port à sec, 300<br />
places de bateaux de 5 à 7 mètres, et une aire de stationnem<strong>en</strong>t pour les voitures et les bus<br />
de tourisme). (2, 5 et 7)<br />
- A l’échéance de la réalisation de la rocade L2, la circulation des véhicules légers pourrait<br />
être supprimée sur le quai de la Fraternité, pour le r<strong>en</strong>dre complètem<strong>en</strong>t piéton. (3)<br />
Figure 28 : Aménagem<strong>en</strong>t du vieux port<br />
133
L’ECHEANCE DE 2013<br />
Certaines personnalités politiques souhaitai<strong>en</strong>t depuis plusieurs années mettre <strong>en</strong> place un projet de<br />
réaménagem<strong>en</strong>t du vieux port mais cela ne s’est jamais concrétisé <strong>en</strong> raison de divers désaccords sur<br />
le projet à m<strong>en</strong>er.<br />
La nomination de Marseille-Prov<strong>en</strong>ce comme capitale europé<strong>en</strong>ne de la culture <strong>en</strong> 2013 a eu un<br />
effet de catalyseur de projet pour la ville. L’échéance que représ<strong>en</strong>te l’organisation d’un tel<br />
évènem<strong>en</strong>t permet de rassembler les différ<strong>en</strong>ts acteurs autour d’un projet commun. Sa réalisation<br />
devi<strong>en</strong>t impérative et l’<strong>en</strong>semble des parties pr<strong>en</strong>antes doiv<strong>en</strong>t agir dans ce s<strong>en</strong>s.<br />
Marseille ne peut se permettre d’avoir son vieux port, lieu emblématique de la ville, <strong>en</strong>core <strong>en</strong><br />
chantier lors de l’accueil de manifestations <strong>en</strong> 2013. De plus longues discussions aurai<strong>en</strong>t pu avoir<br />
comme conséqu<strong>en</strong>ce un retard dans l’avancée des travaux, le report du projet voire même sa non<br />
réalisation.<br />
CONCLUSION<br />
Le vieux port va être réhabilité pour offrir un vaste espace public continu autour du plan d’eau, pour<br />
diviser par deux le trafic automobile dans cette zone et mettre <strong>en</strong> place une circulation de bus <strong>en</strong> site<br />
propre. Ce projet contribue ainsi à réduire progressivem<strong>en</strong>t, mais résolum<strong>en</strong>t, la place accordée à la<br />
voiture sur les trois quais, au bénéfice des transports <strong>en</strong> commun et des piétons.<br />
Parallèlem<strong>en</strong>t, sont prévues dans les 5 ans à v<strong>en</strong>ir la généralisation des espaces piétons et semipiétons<br />
dans le c<strong>en</strong>tre-ville, un prolongem<strong>en</strong>t du tramway, une redéfinition des artères<br />
commerçantes et une politique d’habitat volontariste.<br />
Le vieux port va dev<strong>en</strong>ir l’une des plus vastes places piétonnes d’Europe 76 . Pour Jean Claude Gaudin,<br />
Sénateur-Maire de Marseille, « aménager le site emblématique du Vieux Port c'est écrire un nouveau<br />
chapitre de l'histoire de Marseille, un lieu où le plaisir de la prom<strong>en</strong>ade retrouvera ses lettres de<br />
noblesse, au coeur de Marseille Capitale Europé<strong>en</strong>ne de la Culture». Pour Jean Viard, vice-présid<strong>en</strong>t<br />
de la communauté urbaine, le projet relève autant d’une logique d’embellissem<strong>en</strong>t que d’une<br />
"logique économique" de développem<strong>en</strong>t du c<strong>en</strong>tre urbain car "au-delà de l'aspect pratique, avec des<br />
espaces de vie et de prom<strong>en</strong>ade <strong>en</strong> plus, cette évolution aura un impact fort sur l'économie du c<strong>en</strong>tre.<br />
Les commerçants ont compris que, si ces travaux vont leur compliquer la vie p<strong>en</strong>dant 6 mois, ils<br />
seront <strong>en</strong>suite les grands bénéficiaires de cette attractivité retrouvée" ². Selon Eugène Caselli,<br />
Présid<strong>en</strong>t de la communauté urbaine Marseille Prov<strong>en</strong>ce Métropole "Le Vieux-Port de Marseille est<br />
un formidable théâtre. Notre projet vise à le magnifier, dans une nouvelle mise <strong>en</strong> scène".<br />
76 http://www.laprov<strong>en</strong>ce.com/article/a-la-une/marseille-la-revolution-de-la-canebiere-est-<strong>en</strong>-marche<br />
134
MILAN<br />
LA MISE EN ŒUVRE D’UN PEAGE URBAIN<br />
ECOLOGIQUE<br />
Mots clés :<br />
Politique <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tale ; Réhabilitation des cœurs de ville<br />
Monographie rédigée par Camille MARTINET et Juli<strong>en</strong> ALLAIRE sur la base de l’interv<strong>en</strong>tion de Edoardo<br />
CROCI, IEFE, Université Bocconi (confér<strong>en</strong>ce de Dama, 2010).<br />
Dernière mise à jour :<br />
15/11/2012<br />
135
Milan<br />
Milan, capitale<br />
économique du Nord de<br />
l’Italie, est l’une des<br />
villes les plus d<strong>en</strong>ses du<br />
pays. Le taux de<br />
motorisation de la ville<br />
est très élevé : 570<br />
véhicules pour 1 000<br />
habitants<br />
77<br />
. La<br />
mauvaise qualité de l’air<br />
et les problèmes de<br />
congestion ont m<strong>en</strong>é les<br />
autorités à suivre une<br />
politique de mobilité<br />
durable. C’est dans ce<br />
contexte qu’<strong>en</strong> janvier<br />
2008, la ville a mis <strong>en</strong><br />
place son péage<br />
<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tal :<br />
Ecopass.<br />
LA MISE EN ŒUVRE D’UN PEAGE URBAIN ECOLOGIQUE<br />
Italie Milan<br />
Population : 60 483 000 hab. Population :<br />
Commune : 1 308 000 hab.<br />
Métropole : 3 900 000 hab.<br />
Superficie : 301 336 km² Superficie :<br />
Commune : 182 km²<br />
Métropole : 2 000 km²<br />
D<strong>en</strong>sité : 200,7 hab. / km² D<strong>en</strong>sité :<br />
Commune : 7 190 hab. / km²<br />
Métropole : 1 950 hab. /km²<br />
Taux d’urbanisation : 68,40 % Longueur des lignes :<br />
Métro : 75,5 km<br />
Tramway : 211,4 km<br />
Taux de croissance annuel de la<br />
population urbaine (2005-2010) :<br />
0,71 %<br />
PIB / habitant : 34 075,1 $<br />
IDH : 0,874 / 1<br />
Taux de motorisation : 596 véhicules<br />
pour 1 000 hab.<br />
Véhicules par kilomètre de route :<br />
80<br />
Accid<strong>en</strong>tologie : 0,96 accid<strong>en</strong>t<br />
mortel pour 10 000 hab.<br />
Parts modales :<br />
VP : 41 %<br />
TP : 27,5 %<br />
MA : 31,5 %<br />
Sources : Banque Mondiale – PNUD – Edoardo Croci – IAU-ÎdF – AMA (Ag<strong>en</strong>ce<br />
milanaise de la mobilité et de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t)<br />
Mots clés : Politique <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tale ; Réhabilitation des cœurs de ville<br />
D’après l’interv<strong>en</strong>tion d’Edoardo CROCI – IEFE, Université de Bocconi (confér<strong>en</strong>ce de Damas, 2010). 78<br />
La Lombardie est une des régions d’Europe où la qualité de l’air est la plus mauvaise.<br />
L’espérance de vie dans cette zone d’Italie serait diminuée de 9 à 36 mois <strong>en</strong> raison d’une forte<br />
conc<strong>en</strong>tration <strong>en</strong> PM10 et PM2.5, selon l’ag<strong>en</strong>ce europé<strong>en</strong>ne pour l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t. Ces particules<br />
provoquerai<strong>en</strong>t 10 à 30 morts prématurées par an pour 10 000 habitants. Dans l’agglomération<br />
milanaise, les limites concernant le dioxyde d’azote (NO2) et l’ozone (O3) sont souv<strong>en</strong>t dépassées. La<br />
situation géographique de la ville, dans la vallée du Pô et <strong>en</strong>tourée de montagnes, est défavorable à<br />
la dispersion des particules. Le trafic routier est responsable à 69 % des émissions de PM10.<br />
77 IAU-ÎdF<br />
78 Edoardo CROCI – IEFE : « Sustainable mobility in Milan : the pollution charge case », 2010<br />
136
Plus d’un million de personnes <strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t chaque jour dans la ville et 250 000 <strong>en</strong> sort<strong>en</strong>t. Ainsi, la<br />
commune de Milan totalise 2 millions d’habitants durant les heures de travail.<br />
Chaque jour, on compte plus de 5 millions de voyages sur ce territoire :<br />
- 50,3 % d’<strong>en</strong>tre eux ont lieu <strong>en</strong>tre la ville et l’aire métropolitaine. Dans ce cas, 67 % des<br />
déplacem<strong>en</strong>ts se font <strong>en</strong> voiture ou deux-roues motorisées et 33 % <strong>en</strong> transports publics.<br />
- 49,7 % des voyages ont lieu au sein même de la ville. Les parts modales sont alors de 36 %<br />
(voitures et deux roues), 35 % (transports publics), 24 % pour la marche à pied et 5 % pour<br />
les vélos.<br />
Compte t<strong>en</strong>u de la dégradation de la qualité de l’air à Milan, la ville a voulu aller plus loin dans la<br />
régulation de la circulation automobile et dans le même de la pollution atmosphérique.<br />
En 1992, la législation itali<strong>en</strong>ne a introduit le principe de Zone à Trafic Limité (ZTL) afin de permettre<br />
aux municipalités de mieux réguler le trafic. L’accès et la circulation dans ces zones est limitée par<br />
l’intermédiaire d’un péage urbain.<br />
ECOPASS : LA MISE EN PLACE D’UN PEAGE URBAIN ECOLOGIQUE<br />
Figure 29 : Moins de trafic et plus d'air pur.<br />
Depuis janvier 2008, un péage urbain <strong>en</strong> cordon, nommé Ecopass, limite l’accès au cœur historique<br />
de Milan aux véhicules les plus polluants. La zone de 8,2 km² concernée représ<strong>en</strong>te <strong>en</strong>viron 5 % de la<br />
superficie de la ville. Cette limitation est valable <strong>en</strong>tre 7h30 et 19h30 du lundi au v<strong>en</strong>dredi. Elle a été<br />
définie <strong>en</strong> raison du haut niveau de congestion et de l’exist<strong>en</strong>ce d’alternatives à l’usage de la voiture.<br />
Cette zone conc<strong>en</strong>tre un haut niveau de service de transports publics avec 28 lignes de surface et 3<br />
lignes souterraines.<br />
Milan est ainsi la première ville itali<strong>en</strong>ne à instaurer ce type de péage. Son objectif est de réduire la<br />
congestion, inciter les automobilistes à garer leurs véhicules <strong>en</strong> dehors de l'<strong>en</strong>ceinte historique afin<br />
de se r<strong>en</strong>dre au c<strong>en</strong>tre-ville <strong>en</strong> transports <strong>en</strong> commun, à vélo ou à pied et faire baisser le nombre de<br />
véhicules <strong>en</strong> transit.<br />
Ecopass se distingue des péages <strong>urbains</strong> de Londres et Stockholm par sa tarification. Le prix d’<strong>en</strong>trée<br />
dans la zone est différ<strong>en</strong>cié selon le niveau d’émissions de polluants. Les véhicules respectant les<br />
normes Ecopass catégorie 1 et 2 (la moitié des véhicules <strong>en</strong> circulation) <strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t gratuitem<strong>en</strong>t dans la<br />
zone, les autres pai<strong>en</strong>t un tarif journalier pouvant aller de 2 à 10 euros. Les résid<strong>en</strong>ts du c<strong>en</strong>tre-ville,<br />
<strong>en</strong>viron 80 000 personnes, bénéfici<strong>en</strong>t de 90 % de réduction. Il existe aussi des abonnem<strong>en</strong>ts ou des<br />
tickets pour plusieurs jours. Les véhicules de transport public, les deux roues, les taxis, les véhicules<br />
137
des PMR y accèd<strong>en</strong>t gratuitem<strong>en</strong>t. Ce système pourrait à l’av<strong>en</strong>ir se r<strong>en</strong>forcer avec l’instauration<br />
d’un péage pour les véhicules de catégorie 2.<br />
Un système de reconnaissance automatique des plaques d’immatriculation est implanté à chacune<br />
des 43 <strong>en</strong>trées de la zone. Il permet d’id<strong>en</strong>tifier les<br />
véhicules devant acquitter le péage et ayant activé leur<br />
vignette ou bi<strong>en</strong> étant inscrits au système de<br />
prélèvem<strong>en</strong>t bancaire. Les vignettes s’achèt<strong>en</strong>t par<br />
téléphone, dans les kiosques, dans les tabacs, aux<br />
distributeurs bancaires ou dans les points de v<strong>en</strong>te ATM<br />
(société des transports publics milanais). Les am<strong>en</strong>des<br />
s’élèv<strong>en</strong>t de 70 à 275 €.<br />
Figure 30 : Zone Ecopass à Milan.<br />
LES RESULTATS<br />
Ce péage écologique avait 3 objectifs : réduire de 30 % la<br />
conc<strong>en</strong>tration de PM10 dans la zone ; fluidifier le trafic<br />
<strong>en</strong> réduisant de 10 % le nombre de véhicules <strong>en</strong>trant<br />
dans la zone ; réinvestir les bénéfices dans le<br />
développem<strong>en</strong>t de la mobilité durable.<br />
Un an après l’implantation d’Ecopass, le bilan réalisé par l’ag<strong>en</strong>ce milanaise de la mobilité et de<br />
l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t a montré que le nombre d’<strong>en</strong>trées de véhicules dans la zone a diminué de 14,4 %<br />
(soit 22 000 véhicules <strong>en</strong> moins) <strong>en</strong> même temps que le trafic <strong>en</strong> dehors de la zone c<strong>en</strong>trale a baissé<br />
de 3,4 %. Parmi les conducteurs de véhicules polluants (Euro 3, 4 et 5) qui n’ont pas souhaité payer le<br />
péage, près de la moitié a changé de mode de déplacem<strong>en</strong>t. Un tiers ont changé d’itinéraire tandis<br />
que les autres ont utilisé un véhicule moins taxés.<br />
Parallèlem<strong>en</strong>t, la conc<strong>en</strong>tration des poussières fines a diminué de 19 % dans la zone (- 15 % pour les<br />
PM10 et - 12 % pour le NO2), Mais l’amélioration de la qualité de l’air a été constatée dans<br />
l’<strong>en</strong>semble de l’agglomération 79 .<br />
En 2008, le total des recettes du péage était de 12 millions d’euros, tandis que les am<strong>en</strong>des<br />
représ<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t le double. Les coûts de fonctionnem<strong>en</strong>t étai<strong>en</strong>t de 6,5 millions €. Les bénéfices, deux<br />
fois moins élevés que prévus, ont été totalem<strong>en</strong>t réinvestis dans l’implantation de nouveaux services<br />
et l’amélioration des transports publics.<br />
Dès 2009, les rev<strong>en</strong>us générés par le péage ont comm<strong>en</strong>cé à décliner. La raison principale est<br />
l’évolution du parc de véhicules. De nombreuses personnes ont acheté des voitures moins<br />
polluantes. Au début de l’année 2011, 80 % des véhicules <strong>en</strong>trai<strong>en</strong>t gratuitem<strong>en</strong>t dans la zone<br />
Ecopass car ils répondai<strong>en</strong>t aux normes requises 80 .<br />
79 http://www.iau-idf.fr/detail/etude/ecopass-le-peage-urbain-ecologique-de-milan.html<br />
80 http://www.eltis.org/index.php?id=13&study_id=2955<br />
138
CONCLUSION<br />
Même si les bénéfices <strong>en</strong> termes de réduction des coûts sociaux sont <strong>en</strong>-dessous des prévisions,<br />
l’instauration d’Ecopass a généré la première année:<br />
- Une diminution de la congestion : l’indice de congestion a baissé de 4,7 % 81 .<br />
- Une amélioration de la sécurité routière : baisse de 10,5 % des accid<strong>en</strong>ts et de 13,5 % des<br />
accid<strong>en</strong>ts avec blessés dans l’aire de la zone à péage.<br />
- ne amélioration de la vitesse commerciale des bus : 0,5 km/h <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne.<br />
- Une augm<strong>en</strong>tation de la fréqu<strong>en</strong>tation des transports collectifs : depuis l’introduction du<br />
péage, les transports collectifs accueill<strong>en</strong>t + 6 % de passagers <strong>en</strong> plus à destination de la<br />
zone.<br />
- Une amélioration de la qualité de l’air : <strong>en</strong> 2008, on comptait 111 jours de dépassem<strong>en</strong>t du<br />
seuil de conc<strong>en</strong>tration de particules PM10 alors qu’<strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne, sur la période 2002-2007,<br />
on <strong>en</strong> comptait 148. La norme europé<strong>en</strong>ne se situe, <strong>en</strong> 2010, à 10 jours.<br />
La principale réussite d’Ecopass a été l’évolution du parc de véhicules qui <strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t dans la zone. Avant<br />
Ecopass, près de la moitié des véhicules <strong>en</strong>trant étai<strong>en</strong>t des catégories 3,4,5 ; <strong>en</strong> 2009 ils ne<br />
représ<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t plus que 14 % du trafic. Les émissions de PM10 par véhicule sont passées de<br />
32mg/km <strong>en</strong> 2008 à 18,6mg/km <strong>en</strong> 2009<br />
Ecopass a été m<strong>en</strong>tionné comme bonne pratique par la Banque Mondiale et l’OCDE <strong>en</strong> 2009. Le<br />
péage urbain de Milan a été récomp<strong>en</strong>sé de la m<strong>en</strong>tion honorable lors de la remise du prix transport<br />
sout<strong>en</strong>able par l’institut des politiques de transport et de développem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> 2009 et a été<br />
sélectionné comme la meilleure pratique <strong>en</strong> 2008 par UN Habitat.<br />
L’application d’Ecopass a <strong>en</strong>trainé d’int<strong>en</strong>ses débats publics et politiques. Au départ, le projet avait<br />
été très mal accueilli que ce soit par les citoy<strong>en</strong>s ou les commerçants, et même au sein du parti du<br />
Maire de Milan, Letizia Moratti. Une grande campagne de communication avait donc été lancée<br />
(télévision, radio, presse, dépliants, lettre du Maire aux citoy<strong>en</strong>s, affichages publicitaires, réunions<br />
publiques).<br />
La question de la pollution demeure un sujet politique important à Milan. Lors d’importants pics de<br />
pollution, la circulation automobile a même été interdite dans le c<strong>en</strong>tre de la ville plusieurs jours <strong>en</strong><br />
2010, et <strong>en</strong> 2011 82 .<br />
81 Rapport débit (flux de véhicules) / capacité de la voie<br />
82 Circulation bloquée durant deux jours à Milan <strong>en</strong> raison de la pollution : www.lemonde.fr/europe<br />
139
MONTPELLIER<br />
LA MISE EN VALEUR DU CENTRE-VILLE<br />
Mots clés :<br />
Logistique urbaine ; Modes non motorisés ; Planification ; Projets de transports publics ;<br />
Réhabilitation des cœurs de ville<br />
Monographie rédigée par Camille MARTINET et Juli<strong>en</strong> ALLAIRE sur la base des interv<strong>en</strong>tions de Marc LE<br />
TOURNEUR, TAM / Transdev (confér<strong>en</strong>ces de Damas et de Marseille, 2010) et Vinc<strong>en</strong>t MEYER, Ville de<br />
Montpellier (confér<strong>en</strong>ce de Marseille, 2010).<br />
Dernière mise à jour :<br />
15/11/2012<br />
140
Montpellier<br />
Montpellier,<br />
quinzième<br />
agglomération<br />
française, est l’une des<br />
villes les plus<br />
dynamiques sur le plan<br />
démographique : elle<br />
accueille plus de 1 000<br />
nouveaux habitants<br />
par mois. Afin<br />
d’améliorer le cadre de<br />
vie et de dynamiser le<br />
c<strong>en</strong>tre historique, le<br />
quartier de l’Ecusson a<br />
été <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t<br />
piétonnisé.<br />
L’accessibilité <strong>en</strong><br />
transport collectif a été<br />
r<strong>en</strong>forcé et l’usage de<br />
la voiture découragé <strong>en</strong><br />
généralisant le<br />
stationnem<strong>en</strong>t payant.<br />
LA MISE EN VALEUR DU CENTRE VILLE DE MONTPELLIER<br />
France Montpellier<br />
Population : 64 895 000 hab. Population :<br />
Commune : 250 000 hab.<br />
Aire urbaine : 490 000 hab.<br />
Superficie : 640 394 km² Superficie :<br />
Commune : 57 km²<br />
Aire urbaine : 435 km²<br />
D<strong>en</strong>sité : 101,3 hab. / km² D<strong>en</strong>sité :<br />
Commune : 4 386 hab. / km²<br />
Aire urbaine : 1 126 hab. /km²<br />
Taux d’urbanisation : 77,80 % Longueur des lignes :<br />
Tramway : 56 km<br />
Taux de croissance annuel de la<br />
population urbaine (2005-2010) :<br />
1,41 %<br />
PIB / habitant : 39 448,4 $<br />
IDH : 0,884 / 1<br />
Taux de motorisation : 496<br />
véhicules pour 1 000 hab.<br />
Véhicules par kilomètre de route :<br />
39<br />
Accid<strong>en</strong>tologie : 0,75 accid<strong>en</strong>t<br />
mortel pour 10 000 hab.<br />
Parts modales :<br />
VP : 64 %<br />
TP : 8 %<br />
MA : 28 %<br />
Sources : Banque Mondiale – PNUD – Vinc<strong>en</strong>t Meyer – Montpellier-Agglo.com –<br />
EPOMM<br />
Mots clés : Logistique urbaine ; Modes non motorisés ; Planification ; Réhabilitation des cœurs de ville<br />
D’après les interv<strong>en</strong>tions de :<br />
- Marc LE TOURNEUR – expert Transdev (confér<strong>en</strong>ces de Damas et Marseille, 2010).<br />
- Vinc<strong>en</strong>t MEYER – responsable service déplacem<strong>en</strong>t observatoire à la ville de Montpellier<br />
(confér<strong>en</strong>ce de Marseille, 2010).<br />
A Montpellier, planification urbaine et politiques de transport sont liées car la ville se<br />
construit autour des lignes de tramways existantes.<br />
Le taux de croissance de la population est bi<strong>en</strong> supérieur à celui de la moy<strong>en</strong>ne nationale : 1,2 % à<br />
1,5 % par an à Montpellier contre 0,5 % <strong>en</strong> France. Montpellier ne cesse de croitre et d’accueillir de<br />
nouveaux habitants, notamm<strong>en</strong>t des jeunes du fait de la prés<strong>en</strong>ce de nombreuses universités. Un<br />
accroissem<strong>en</strong>t tel de la population pourrait m<strong>en</strong>er à une amplification des problèmes de congestion.<br />
141
La piétonisation de l’hyper-c<strong>en</strong>tre apparaît comme une opportunité pour améliorer la qualité de vie<br />
des habitants <strong>en</strong> privilégiant ainsi les modes doux plutôt que le « tout-automobile ». 83 En 2010,<br />
l’agglomération a décidé d’intégrer pour la première fois dans son PDU, un Plan Local de<br />
Déplacem<strong>en</strong>ts élaboré <strong>en</strong> concertation avec les habitants pour fixer des objectifs clairs :<br />
- Dissuader les flux de transit grâce à deux principaux itinéraires de contournem<strong>en</strong>t de la<br />
ville.<br />
- Améliorer les accès au c<strong>en</strong>tre-ville <strong>en</strong> passant d’une circulation à s<strong>en</strong>s unique à une<br />
circulation à double s<strong>en</strong>s sur l’anneau de distribution qui <strong>en</strong>toure l’hyper-c<strong>en</strong>tre.<br />
- Apaiser la circulation dans les quartiers résid<strong>en</strong>tiels <strong>en</strong> ét<strong>en</strong>dant les zones limitées à 30<br />
km/h.<br />
- Sécuriser les déplacem<strong>en</strong>ts pour une ville plus sûre et plus sereine.<br />
- Mieux partager la voirie et donner toute leur place aux modes alternatifs à la voiture.<br />
LE CENTRE HISTORIQUE<br />
La mairie a mis <strong>en</strong> place une règlem<strong>en</strong>tation de la circulation pour tous les véhicules à moteur afin de<br />
préserver son patrimoine urbain. Un périmètre a été délimité <strong>en</strong> vue de protéger l'<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t,<br />
d'améliorer le cadre de vie et la tranquillité des habitants et d'assurer la commodité de la<br />
circulation. 84 Les 3 mesures principales prises par la ville sont les suivantes :<br />
- Un stationnem<strong>en</strong>t payant généralisé dans le c<strong>en</strong>tre.<br />
Pour la ville de Montpellier, le stationnem<strong>en</strong>t payant représ<strong>en</strong>te un outil ess<strong>en</strong>tiel de la politique de<br />
déplacem<strong>en</strong>ts. Elle a mis <strong>en</strong> place une mesure simple : la totalité du stationnem<strong>en</strong>t sur voirie est<br />
payante dans la zone c<strong>en</strong>trale.<br />
La tarification est favorable aux résid<strong>en</strong>ts et défavorable aux employés (trajet domicile-travail) et<br />
varie selon les zones, tarifs dégressifs par cercles conc<strong>en</strong>triques. Par ailleurs, des parkings <strong>en</strong> ouvrage<br />
(<strong>en</strong> quantité limitée, 8 500 places de stationnem<strong>en</strong>t) sont facilem<strong>en</strong>t accessibles.<br />
En parallèle, l’agglomération a multiplié le nombre de parcs de stationnem<strong>en</strong>t consacrés à<br />
l’intermodalité. Ainsi, les parkings P+Tram permett<strong>en</strong>t de proposer une alternative crédible aux<br />
transports individuels.<br />
- Une accessibilité forte <strong>en</strong> transports collectifs.<br />
Le tramway est au cœur du projet d’agglomération. Il est à<br />
l’échelle des besoins et permet l’aménagem<strong>en</strong>t urbain. De<br />
1997 à 2012, 3 lignes de tramways ont été construites. Les 2<br />
premières lignes ont permis <strong>en</strong> 15 ans de multiplier par 3 la<br />
capacité d’accès <strong>en</strong> transport collectif au c<strong>en</strong>tre de<br />
Montpellier.<br />
En 2012, le réseau de transport collectif compr<strong>en</strong>d 4 lignes<br />
de tramways, 3 lignes radiales et une circulaire, une<br />
83 Projet de plan local de déplacem<strong>en</strong>t<br />
84 http://www.montpellier.fr/3489-acces-zone-pietonne.htm<br />
Figure 31 : Exemple d’intermodalité.<br />
142
cinquième et une sixième ligne sont prévues pour 2017, et 30 lignes de bus qui maill<strong>en</strong>t le territoire.<br />
Cette offre est complétée par un système de vélos <strong>en</strong> libre-service (Vélomagg’), des stationnem<strong>en</strong>tsvélo<br />
sécurisés à proximité du tramway et des c<strong>en</strong>tres d’autopartage (Modulauto). Ainsi,<br />
l’agglomération de Montpellier confirme son choix pour l’intermodalité.<br />
La construction d’une nouvelle ligne de tramway permet de r<strong>en</strong>ouveler le cadre de vie ; les rues aux<br />
al<strong>en</strong>tours sont <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t réaménagées, les espaces piétonniers sont redessinés, le bâti anci<strong>en</strong> est<br />
réhabilité et les animations extérieures des terrasses et des espaces culturels sont multipliées.<br />
- Une piétonisation ext<strong>en</strong>sive.<br />
Depuis le début des années 70, la piétonisation du c<strong>en</strong>tre-ville a eu un rôle dynamisant. Entre 1997<br />
et 2004, le nombre de personnes parcourant l’Ecusson a augm<strong>en</strong>té de 21 %. Depuis 2004, l’<strong>en</strong>semble<br />
du quartier de l’Ecusson a été piétonnisé : 22 kilomètres de rues sur 100 hectares ont ainsi été<br />
fermés à la circulation motorisée. Des bornes amovibles contrôl<strong>en</strong>t l’accès des modes de transports<br />
motorisés à la zone piétonne. Pour permettre les livraisons, la zone est complètem<strong>en</strong>t ouverte <strong>en</strong><br />
semaine de 4h à 10h du matin.<br />
Les mesures prises par la communauté d’agglomération s’avèr<strong>en</strong>t efficaces. L’accès au c<strong>en</strong>tre de<br />
Montpellier suit la répartition modale suivante :<br />
- <strong>Transports</strong> <strong>en</strong> commun (bus et tramway) : 40 %<br />
- Piétons et vélos : 35 % (hausse de 50 % <strong>en</strong> 10 ans de la marche à pied dans les rues)<br />
- Voitures : 25 %<br />
Par ailleurs, le taux de fréqu<strong>en</strong>tation des transports collectifs et le taux de couverture des coûts<br />
d’exploitation sur le réseau de l’agglomération sont parmi les plus élevés de France : un beau succès<br />
commercial associé à un coût mesuré pour la collectivité.<br />
Concernant l’opinion publique, elle est favorable à ces mesures et<br />
souti<strong>en</strong>t l’agglomération. Pour preuve, le c<strong>en</strong>tre-ville a connu une<br />
croissance démographique plus importante que la périphérie au<br />
cours de la dernière déc<strong>en</strong>nie. 85<br />
Cep<strong>en</strong>dant, la zone piétonne pose certaines problématiques :<br />
- La circulation demeure dans la zone piétonne, <strong>en</strong>viron<br />
3 500 véhicules par jour, et la fraude reste importante<br />
(dysfonctionnem<strong>en</strong>t du système de bornes, <strong>en</strong>trée de 2<br />
roues motorisées dans la zone, stationnem<strong>en</strong>t illégal de<br />
voitures).<br />
- Les accès aux hôtels sont très difficiles pour les touristes<br />
(parkings éloignés, taxis ne voulant pas <strong>en</strong>trer dans la zone,<br />
accès impossible pour les autocars).<br />
La zone piétonne pose aussi problème pour certaines activités ayant<br />
recours aux livraisons. Suite à un arrêt municipal de 2006, les règles<br />
sur les livraisons de marchandises ont été assouplies. Les livraisons<br />
85 http://www.insee.fr/fr/themes/docum<strong>en</strong>t.asp?ref_id=16187®_id=1#un<br />
Figure 32 : Logistique urbaine.<br />
143
sont toujours autorisées de 4h à 10h pour l’<strong>en</strong>semble des véhicules mais les horaires de livraisons<br />
ont été ét<strong>en</strong>dus pour les véhicules à propulsion électrique (de 4h à 12h et de 14h à 19h). Cette<br />
dernière mesure a eu pour effet une réorganisation des chaines logistiques des <strong>en</strong>treprises<br />
(équipem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> véhicules électriques, émerg<strong>en</strong>ce de nouveaux transporteurs dédiés au c<strong>en</strong>tre-ville<br />
et la création d’un lieu d’échanges pour livraisons). Toutefois, de nouvelles contraintes sont alors<br />
apparues (les véhicules électriques ne sont pas adaptés à certaines marchandises et les volumes<br />
pouvant être transportés sont faibles, la question de leur autonomie et malheureusem<strong>en</strong>t une<br />
démarche qui n’a concerné que la zone piétonne).<br />
Des solutions sont <strong>en</strong>visagées pour faciliter le transport de marchandises <strong>en</strong> c<strong>en</strong>tre-ville :<br />
- Utilisation de tramways-cargos.<br />
- Diversification des véhicules non polluants.<br />
- C<strong>en</strong>tres de distribution <strong>urbains</strong> (locaux fermés et surveillés) et espaces de livraisons<br />
aménagés à proximité de l’Ecusson.<br />
CONCLUSION<br />
Marc Le Tourneur soulève néanmoins quelques interrogations sur les risques qui peuv<strong>en</strong>t peser sur<br />
ces évolutions : le c<strong>en</strong>tre-ville ne devi<strong>en</strong>dra-t-il pas, à terme, l’archétype de la ville-musée ? Il se pose<br />
cette question pour 4 raisons :<br />
- Des investissem<strong>en</strong>ts aux coûts élevés pour un territoire emblématique mais limité.<br />
- Une disparition des couches sociales les plus modestes dans les quartiers c<strong>en</strong>traux.<br />
- Un commerce de c<strong>en</strong>tre-ville qui continue à évoluer dans une double direction : haut de<br />
gamme et spécialisation, triptyque culture-loisirs-restauration.<br />
- Un risque majeur <strong>en</strong> termes de déplacem<strong>en</strong>ts et d’étalem<strong>en</strong>t urbain : sous l’impact du prix<br />
élevé du foncier, les bureaux, les administrations et les établissem<strong>en</strong>ts d’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t<br />
continu<strong>en</strong>t à migrer vers la périphérie.<br />
144
NANTES<br />
LA PARTICIPATION CITOYENNE AU CŒUR DES<br />
POLITIQUES DE TRANSPORT<br />
Mots clés :<br />
Gouvernance urbaine ; Participation citoy<strong>en</strong>ne<br />
Monographie rédigée par Camille MARTINET et Juli<strong>en</strong> ALLAIRE sur la base de l’interv<strong>en</strong>tion de Christine<br />
LASSALLE, Semitan (confér<strong>en</strong>ce de Barcelone, 2011).<br />
Dernière mise à jour :<br />
15/11/2012<br />
145
Nantes<br />
Nantes, septième<br />
agglomération la plus<br />
peuplée de France, est<br />
située à 50 kilomètres de<br />
l’océan Atlantique. La<br />
communauté urbaine<br />
qui regroupe 24<br />
communes mène une<br />
politique qui vise<br />
l’équilibre <strong>en</strong>tre l'usage<br />
de l'automobile, les<br />
modes actifs et les<br />
transports collectifs.<br />
Traditionnellem<strong>en</strong>t,<br />
l’autorité organisatrice<br />
de transport associe sa<br />
population à<br />
l’élaboration et à la mise<br />
<strong>en</strong> œuvre des politiques<br />
de transport urbain.<br />
France Nantes<br />
Population : 64 895 000 hab. Population :<br />
Commune : 282 000 hab.<br />
Aire urbaine : 590 000 hab.<br />
Superficie : 640 394 km² Superficie :<br />
Commune : 65 km²<br />
Aire urbaine : 524 km²<br />
D<strong>en</strong>sité : 101,3 hab. / km² D<strong>en</strong>sité :<br />
Commune : 4 340 hab. / km²<br />
Aire urbaine : 1 126 hab. / km²<br />
Taux d’urbanisation : 77,80 % Longueur des lignes :<br />
Tramway : 43,4 km<br />
BHNS : 7 km<br />
Taux de croissance annuel de la<br />
population urbaine (2005-2010) :<br />
1,41 %<br />
PIB / habitant : 39 448,4 $<br />
IDH : 0,884 / 1<br />
Taux de motorisation : 496<br />
véhicules pour 1 000 hab.<br />
Véhicules par kilomètre de<br />
route : 39<br />
Accid<strong>en</strong>tologie : 0,75 accid<strong>en</strong>t<br />
mortel pour 10 000 hab.<br />
Mots clés : Gouvernance urbaine ; Participation citoy<strong>en</strong>ne<br />
LA PARTICIPATION CITOYENNE AU CŒUR DES POLITIQUES<br />
DE TRANSPORT<br />
Parts modales : (2008)<br />
VP : 57 %<br />
TP : 15 %<br />
MA : 28 %<br />
Sources : Banque Mondiale – PNUD – Christine Lassalle – BHNS.fr – Insee et Auran<br />
D’après l’interv<strong>en</strong>tion de Christine LASSALLE – responsable marketing et projets europé<strong>en</strong>s TAN<br />
(confér<strong>en</strong>ce de Barcelone, 2011).<br />
Depuis plusieurs déc<strong>en</strong>nies, Nantes connaît un étalem<strong>en</strong>t urbain important. De 1960 à 2008,<br />
la surface urbanisée de l’agglomération nantaise a été multipliée par 3,4 ; alors que la croissance<br />
démographique ne l’a été que de 1,6. Depuis 1980, la mobilité dans le périmètre de l’agglomération<br />
a augm<strong>en</strong>té de plus de 50 % pour atteindre, <strong>en</strong> 2008, 2 millions de déplacem<strong>en</strong>ts par jour.<br />
Depuis le début des années 1990, la part modale de la voiture se situe autour de 60 %. En 2008, elle<br />
est desc<strong>en</strong>due à 57 %.<br />
146
Grâce à des investissem<strong>en</strong>ts importants dans le tramway, les transports collectifs résist<strong>en</strong>t. Ils<br />
représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t 14 % des déplacem<strong>en</strong>ts. En 2008, leur part modale atteignait même 15 %. La marche se<br />
situe autour de 22 % avec là <strong>en</strong>core un résultat positif <strong>en</strong> 2008 puisqu’elle remontait à 24 %.<br />
Figure 33 : Tramway et bus de Nantes.<br />
L’agglomération a été la première de France à investir dans le tramway moderne <strong>en</strong> 1984. Le réseau<br />
de tramway à Nantes est l’un des plus fréqu<strong>en</strong>tés de France. Il compte 3 lignes et 42 kilomètres qui<br />
sont fréqu<strong>en</strong>tés par 267 300 voyageurs quotidi<strong>en</strong>nem<strong>en</strong>t. En 2006, ce réseau de transport de masse<br />
a été complété par une ligne de Bus à Haut Niveau de Service (le Busway) longue de 7 kilomètres qui<br />
accueille 27 500 voyageurs par jour. Cette quatrième ligne de Transport Collectif <strong>en</strong> Site Propre place<br />
une nouvelle fois Nantes Métropole parmi les agglomérations françaises les plus innovantes <strong>en</strong><br />
termes de transport.<br />
Figure 34 : Réseau de transport de Nantes.<br />
147
UNE VILLE A L’ECOUTE DE SES HABITANTS<br />
L’élaboration de la politique de déplacem<strong>en</strong>ts de Nantes Métropole se fait dans une démarche<br />
participative qui va au-delà des obligations légales apparues <strong>en</strong> 2002 avec la loi sur la démocratie de<br />
proximité. Celle-ci oblige les conseils municipaux des villes de plus de 80 000 habitants à délimiter<br />
des quartiers, et de les doter d’un conseil de quartier 86 .<br />
Le conseil de quartier est un lieu de<br />
réflexion qui donne des avis et fait des<br />
propositions sur les politiques publiques<br />
(transport, culture, etc.), les projets<br />
<strong>urbains</strong> et sociaux qui le concern<strong>en</strong>t. Il<br />
est majoritairem<strong>en</strong>t composé de ses<br />
habitants (une moitié est tirée au sort à<br />
partir des listes électorales et l’autre<br />
moitié sont des volontaires) et de<br />
membres d’associations (chaque<br />
association est représ<strong>en</strong>tée par un<br />
membre). Il informe régulièrem<strong>en</strong>t les<br />
habitants de ses réflexions et de son<br />
actualité. Les conseils de quartier ont<br />
pour vocation d’impliquer les nantais<br />
dans les décisions publiques, de les<br />
placer au cœur du projet municipal et<br />
Figure 35 : Organisation d’un conseils de quartier.<br />
de r<strong>en</strong>forcer les initiatives collectives. Ainsi, ils devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t acteurs de leur ville.<br />
En plus des conseils de quartier, la ville de Nantes organise :<br />
- Des conseils de la jeunesse. Nantes est l'une des villes les plus jeunes de france : 36 % de sa<br />
population a moins de 25 ans. Le conseil nantais de la jeunesse a pour mission d'accueillir,<br />
d'écouter et de dialoguer pour associer les jeunes à l'av<strong>en</strong>ir de la ville.<br />
- Des conseils des personnes handicapées pour r<strong>en</strong>forcer leur place dans la ville. En 2012,<br />
pour la troisième année consécutive, Nantes est la ville la plus accessible de France. Un<br />
grand effort d’accessibilité générale du réseau de transport a été fait. Tout le réseau<br />
tramway et busway ainsi que 90% du parc bus, sont accessibles aux personnes à mobilité<br />
réduite.<br />
- Des conseils pour la citoy<strong>en</strong>neté des étrangers. Son but est de permettre aux habitants qui<br />
n’ont pas le droit de vote d’exercer leur citoy<strong>en</strong>neté localem<strong>en</strong>t.<br />
Au niveau de la métropole, il existe un conseil de développem<strong>en</strong>t composé d’élus et de membres de<br />
la société civile. Il est consulté sur l’élaboration du projet d’agglomération. Par ailleurs, un projet<br />
intitulé « ma ville demain » a été développé pour permettre la participation des citoy<strong>en</strong>s afin de<br />
construire la métropole nantaise de 2030.<br />
86 Pour <strong>en</strong> savoir plus : Direction générale des collectivités locales, « La démocratie de proximité », Partie 2,<br />
Chapitre 7, 2002<br />
148
LA PRISE EN COMPTE DES USAGERS AU SEIN DE LA SEMITAN<br />
Dans les transports, la participation des associations d’usagers est égalem<strong>en</strong>t favorisée. Exploités par<br />
la Semitan, société d’économie mixte qui agit sous le contrôle de Nantes Métropole, son autorité<br />
organisatrice et principal actionnaire (65%), les transports nantais compt<strong>en</strong>t <strong>en</strong> effet parmi les<br />
membres de son conseil d’administration des associations de consommateurs, de déf<strong>en</strong>se de<br />
l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t, de représ<strong>en</strong>tants de personnes handicapées etc .<br />
La Semitan est donc dans un dialogue perman<strong>en</strong>t avec les représ<strong>en</strong>tants des usagers ce qui r<strong>en</strong>force<br />
ses actions <strong>en</strong> faveur de la satisfaction de sa cli<strong>en</strong>tèle. Elle s'est lancée dans un programme de<br />
certification de ses lignes et de ses services associés par l'AFNOR, organisme indép<strong>en</strong>dant. En 2010,<br />
85 % des voyages sont certifiés selon la norme NF Service. Ce label de qualité assure que le service<br />
ti<strong>en</strong>t compte des att<strong>en</strong>tes des usagers, que la qualité du service est conforme aux seuils exigés par la<br />
norme, que des actions sont m<strong>en</strong>ées si les seuils ne sont pas atteints et qu’une fiabilité allant de 80 à<br />
99 % est assurée concernant la régularité, la ponctualité, la propreté, la qualité de l'accueil, etc.<br />
La Semitan respecte 6 critères supplém<strong>en</strong>taires de qualité qui ont été définis par des associations de<br />
consommateurs, Nantes Métropole et la Semitan : l'accueil téléphonique, la qualité de l'information<br />
à distance et celle <strong>en</strong> situation perturbée, le traitem<strong>en</strong>t des réclamations, la propreté des arrêts de<br />
bus et la lutte contre la fraude. Pour compléter cette démarche, une <strong>en</strong>quête est réalisée chaque<br />
année par Internet (<strong>en</strong>viron 1 000 participants à chaque <strong>en</strong>quête) pour recueillir le point de vue des<br />
usagers.<br />
Depuis 2001, le nombre de voyageurs sur le réseau de transport collectif ne cesse d’augm<strong>en</strong>ter et la<br />
fidélité des utilisateurs se r<strong>en</strong>force régulièrem<strong>en</strong>t. Plus de 100 000 habitants déti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t un<br />
abonnem<strong>en</strong>t annuel ou m<strong>en</strong>suel. En parallèle de cette croissance, le nombre de réclamations reste<br />
stable. Pour 90 % des utilisateurs réguliers, l’image du réseau est positive ou très positive et 87 % des<br />
usagers considèr<strong>en</strong>t que le réseau est à l’écoute de leurs besoins. Pour Christine Lassalle « L’écoute<br />
des utilisateurs contribue à l’élaboration d’un système de transport de qualité pour tous. »<br />
LA PARTICIPATION CITOYENNE DANS LE CADRE DU PLAN DE DEPLACEMENTS URBAINS<br />
Dans le cadre de la révision de son Plan de Déplacem<strong>en</strong>ts Urbains 87 , Nantes Métropole fixe les<br />
objectifs de la politique de mobilité pour la période 2010-2020. Une première étape a consisté à<br />
évaluer la politique de déplacem<strong>en</strong>t m<strong>en</strong>ée au cours de la déc<strong>en</strong>nie précéd<strong>en</strong>te. Une <strong>en</strong>quête a été<br />
effectuée auprès de 1 000 personnes pour mesurer les effets des réalisations accomplies. Ce panel<br />
d’habitants a été interrogé sur ses pratiques et sur sa perception des services liés à la mobilité.<br />
Cette évaluation a été faite <strong>en</strong> collaboration avec le conseil de développem<strong>en</strong>t de l’agglomération<br />
nantaise et le « collectif transports », groupe d’associations mobilisées sur les déplacem<strong>en</strong>ts qui<br />
intervi<strong>en</strong>t au sein du conseil de développem<strong>en</strong>t dont trois associations sièg<strong>en</strong>t au conseil<br />
d’administration de la Semitan.<br />
87 http://www.nantesmetropole.fr/la-communaute-urbaine/compet<strong>en</strong>ces/le-plan-de-deplacem<strong>en</strong>ts-<strong>urbains</strong>-<br />
2010-2015-perspectives-2030-23842.kjsp?RH=1263456986849<br />
149
Cette évaluation participative a été suivie d’une phase de définition des <strong>en</strong>jeux et des objectifs à<br />
partir des usages des citoy<strong>en</strong>s et de leur vision de l’av<strong>en</strong>ir 88 . En 2009, un « atelier citoy<strong>en</strong> » a réuni 20<br />
habitants de l’agglomération pour recueillir leur vision des transports et dessiner avec eux des<br />
perspectives. Ce travail a permis de remettre un avis aux élus afin d’<strong>en</strong>richir le Plan de Déplacem<strong>en</strong>ts<br />
Urbains.<br />
Pour Jean-François Retière, vice-présid<strong>en</strong>t <strong>en</strong> charge des transports à Nantes Métropole, « L'avis des<br />
citoy<strong>en</strong>s que nous récoltons donne une meilleure perception des choses à améliorer et des nouveaux<br />
besoins des habitants.» 89 Mais pour les élus de Nantes Métropole, l’objectif est égalem<strong>en</strong>t de<br />
s’assurer que les choix à faire pour les années à v<strong>en</strong>ir soi<strong>en</strong>t partagés par les habitants de<br />
l’agglomération.<br />
88 http://www.nantesmetropole.fr/la-communaute-urbaine/dialogue-citoy<strong>en</strong>/<br />
89 http://www.nantesmetropole.fr/actualite/l-actualite-thematique/vers-le-nouveau-plan-de-deplacem<strong>en</strong>tsurbain-2010-2020-transport-et-deplacem<strong>en</strong>ts-23392.kjsp?RH=COMPETENCE_DEPLACEMENTS<br />
150
RABAT - SALE<br />
UN PROJET DE TRAMWAY POUR RELIER LES<br />
DEUX RIVES DE LA VALLEE DU BOUREGREG<br />
Mots clés :<br />
Gouvernance urbaine ; Modes de gestion ; Planification<br />
Monographie rédigée par Camille MARTINET et Juli<strong>en</strong> ALLAIRE.<br />
Dernière mise à jour :<br />
15/11/2012<br />
151
Rabat-Salé<br />
Rabat est la capitale du<br />
Maroc et Rabat-Salé est la<br />
deuxième plus grande<br />
agglomération du Royaume après<br />
Casablanca. Les principaux c<strong>en</strong>tres<br />
d’activités se développ<strong>en</strong>t de plus<br />
<strong>en</strong> plus loin des c<strong>en</strong>tres historiques<br />
des deux communes. Dans un<br />
contexte de croissance<br />
économique sout<strong>en</strong>ue,<br />
l’implantation de deux lignes de<br />
tramway apparaît comme un outil<br />
pour répondre à la croissance des<br />
besoins de déplacem<strong>en</strong>ts des<br />
habitants <strong>en</strong>tre les deux rives du<br />
Bouregreg.<br />
Maroc Rabat-Salé<br />
Population : 31 951 000<br />
hab.<br />
Population : 2 000 000<br />
hab. (2010)<br />
Superficie : 446 550 km² Superficie : 812 km²<br />
D<strong>en</strong>sité : 71,6 hab. / km² D<strong>en</strong>sité : 2 463 hab. / km²<br />
Taux d’urbanisation :<br />
56,70 %<br />
Mots clés : Gouvernance urbaine ; Modes de gestion ; Planification<br />
LE CONTEXTE MAROCAIN<br />
UN PROJET DE TRAMWAY POUR RELIER LES DEUX RIVES DE LA<br />
VALLEE DU BOUREGREG<br />
Longueur des lignes :<br />
Tramway : 19,5 km (2011)<br />
PIB / habitant : 2 795,5 $ Parts modales :<br />
VP : 17,5 %<br />
TC : 15,3 %<br />
MA : 67,2 %<br />
IDH : 0,582 / 1<br />
Taux de motorisation : 53<br />
véhicules pour 1 000 hab.<br />
Véhicules par kilomètre de<br />
route : 38<br />
Accid<strong>en</strong>tologie : 1,23<br />
accid<strong>en</strong>t mortel pour<br />
10 000 hab.<br />
Sources : Banque Mondiale – PNUD – Tramway Rabat-Salé<br />
Depuis 1964, les villes marocaines gérai<strong>en</strong>t leurs transports publics <strong>en</strong> régie. A partir de 1985,<br />
devant les performances très médiocres des régies, les agglomérations sont peu à peu rev<strong>en</strong>ues vers<br />
une gestion déléguée de leur réseau et parfois, <strong>en</strong> coexist<strong>en</strong>ce avec leur régie. Les régies ont<br />
progressivem<strong>en</strong>t disparu (sauf à Fès et Safi). En 2005, la loi sur la gestion déléguée des services<br />
publics est promulguée et de nombreuses agglomérations opt<strong>en</strong>t pour ce mode de gestion.<br />
Cep<strong>en</strong>dant, les transports artisanaux se sont maint<strong>en</strong>us et ont fortem<strong>en</strong>t concurr<strong>en</strong>cé les réseaux<br />
institutionnels qui se sont montrés défaillants : faiblesses institutionnelles, pénuries de ressources<br />
humaines, abs<strong>en</strong>ce de planification multimodale, mauvaise gestion du stationnem<strong>en</strong>t et de la<br />
circulation, etc. La congestion grandissante a affecté considérablem<strong>en</strong>t la fiabilité et les coûts<br />
opérationnels des services de transports publics. En outre, les ressources financières manquai<strong>en</strong>t,<br />
faute de subv<strong>en</strong>tions et d’une révision seulem<strong>en</strong>t partielle des tarifs car la continuité du service<br />
public primait sur les objectifs d’efficacité économique et de r<strong>en</strong>tabilité.<br />
152
LE DEVELOPPEMENT DE L’AGGLOMERATION RABAT - SALE<br />
L’agglomération de Rabat - Salé s’est développée à partir de la médina de Salé qui s’est ét<strong>en</strong>due vers<br />
le sud. La médina puis la ville de Rabat se sont alors développées. Les deux médinas aux ruelles<br />
étroites, bi<strong>en</strong> qu’interdites au trafic automobile, sont restées des lieux de vie, d’artisanat et de<br />
commerce importants. Mais aujourd’hui, les principaux c<strong>en</strong>tres d’activités sont éloignés des deux<br />
médinas. Des logem<strong>en</strong>ts sociaux et des quartiers résid<strong>en</strong>tiels se sont construits à la périphérie <strong>en</strong><br />
raison d’un développem<strong>en</strong>t important de la population (+ 50 % <strong>en</strong>tre 2004 et 2010 90 ).<br />
Les pôles de développem<strong>en</strong>t modernes se sont principalem<strong>en</strong>t développés autour de Rabat. Salé, qui<br />
est plus éloignée de ces pôles, est pénalisée par les difficultés de franchissem<strong>en</strong>t de la vallée du<br />
Bouregreg, une vallée de près de 6 000 hectares, qui sépare les deux villes. Le pont Moulay Al Hassan<br />
qui relie Salé à Rabat est particulièrem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>combré aux heures de pointe 91 ; ce qui augm<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t<br />
considérablem<strong>en</strong>t les temps de parcours.<br />
Les analyses liées à la problématique du transport <strong>en</strong>tre Rabat et Salé, m<strong>en</strong>ées dans le cadre du<br />
projet d'aménagem<strong>en</strong>t de la Vallée du Bouregreg, ont montré « qu’<strong>en</strong>viron 650 000 personnes<br />
transit<strong>en</strong>t chaque jour par la vallée. Dans les dix prochaines années, et dans un contexte de<br />
croissance économique sout<strong>en</strong>ue, la population t<strong>en</strong>dra tout naturellem<strong>en</strong>t à poursuivre son<br />
équipem<strong>en</strong>t automobile, motivée par le système de transport collectif actuel, <strong>en</strong>combré et peu<br />
attractif. Une politique volontariste <strong>en</strong> faveur de la fluidité et de la facilité d'accès aux moy<strong>en</strong>s de<br />
transport <strong>en</strong>tre les villes de Rabat et Salé s’avère donc nécessaire » 92 .<br />
L’un des objectifs principaux de l’aménagem<strong>en</strong>t de la vallée du Bouregreg est d'assurer la fluidité et<br />
la facilité d'accès aux moy<strong>en</strong>s de transport <strong>en</strong>tre les villes de Rabat et Salé, afin de répondre aux<br />
besoins croissants de déplacem<strong>en</strong>ts dans l'agglomération. Un projet de transport à haut niveau de<br />
service reliant les deux communes devrait alors permettre de faire face au problème de congestion<br />
et doterait ainsi la capitale d’un moy<strong>en</strong> de transport de masse répondant aux besoins croissants de<br />
déplacem<strong>en</strong>ts.<br />
LA MISE EN PLACE D’UN TRAMWAY<br />
Depuis la fin des années 1970, plusieurs études ont été m<strong>en</strong>ées concernant les transports et la<br />
mobilité (plan de transport de 1976, études <strong>en</strong> 1982). En 2003, les autorités de la ville ont évoqué la<br />
faisabilité de lignes de transport <strong>en</strong> commun <strong>en</strong> site propre (TCSP) dans l'agglomération. Les<br />
différ<strong>en</strong>tes études ont conclu à la possibilité de mettre <strong>en</strong> œuvre un système de tramway. Les<br />
années 2005 et 2006 ont été consacrées aux études préliminaires et d’avant projet.<br />
La conception, la réalisation et la mise <strong>en</strong> exploitation du Tramway ont été confiées à l'Ag<strong>en</strong>ce pour<br />
l'Aménagem<strong>en</strong>t de la Vallée du Bouregreg (AAVB) Elle a créé <strong>en</strong> mai 2009 la Société du Tramway de<br />
Rabat Salé (STRS) pour assurer la maîtrise d’ouvrage. Des représ<strong>en</strong>tants des deux communes sièg<strong>en</strong>t<br />
au conseil d’administration de la STRS.<br />
90<br />
Dossier de presse du tramway de Rabat - Salé<br />
91<br />
Guide Médinas<br />
92<br />
http://www.tramwayrabatsale.com/<br />
153
Pour fluidifier le trafic sur cet axe un nouveau pont de 2 x 3 voies, le pont Hassan II, a été construit<br />
pour remplacer le pont Moulay Al Hassan qui était un 2 x 2 voies. D’une longueur de 1,2 km, le pont<br />
est composé de trois tabliers : un dédié à deux voies piétonnes, au tramway et aux pistes cyclables et<br />
deux autres pour la circulation automobile.<br />
Les travaux de réalisation des deux lignes de tramway ont été lancés à la fin de l’année 2007. Le<br />
tramway a été mis <strong>en</strong> service <strong>en</strong> 2011. Constituées de 31 stations, deux lignes sont opérationnelles<br />
sur une longueur de 19,5 km. Elles permett<strong>en</strong>t de relier les pôles majeurs de l’agglomération (gares<br />
ferroviaires, facultés, hôpitaux, ministères, établissem<strong>en</strong>ts scolaires, etc.) ainsi que différ<strong>en</strong>ts<br />
quartiers d<strong>en</strong>ses. 110 sites majeurs sont ainsi desservis par le tramway 93 . Le tracé des deux lignes<br />
longe <strong>en</strong> partie les deux médinas qui sont desservies par des arrêts situés <strong>en</strong> face des principales<br />
portes.<br />
Figure 36 : Tracé des deux lignes de tramway de Rabat - Salé.<br />
Les deux lignes emprunt<strong>en</strong>t un tracé commun sur trois kilomètres. Elles travers<strong>en</strong>t la vallée du<br />
Bouregreg par le pont Hassan II. La réalisation de ce nouveau pont a réduit les temps de parcours<br />
pour les usagers des transports collectifs, mais elle a égalem<strong>en</strong>t permis de réduire le nombre de bus<br />
traversant le pont Moulay Al Hassan, qui était une des sources de congestion.<br />
Le tracé des deux lignes s’est <strong>en</strong> partie intégré aux infrastructures existantes ainsi qu’au réseau de<br />
bus et de taxis. En effet, huit pôles d’échanges avec des lignes de bus ont été mis <strong>en</strong> place et deux<br />
stations sont situées à proximité des gares. L’implantation de 3 parkings relais a pour objectif de<br />
capter les usagers réguliers de l’automobile.<br />
93 Dossier de presse sur le tramway de Rabat - Salé.<br />
154
Toutefois, on peut constater que contrairem<strong>en</strong>t à la stratégie des villes de la rive nord<br />
méditerrané<strong>en</strong>ne, l’aménagem<strong>en</strong>t des lignes du tramway ne contraint pas toujours la circulation<br />
automobile <strong>en</strong> ville, comme le prouve les élargissem<strong>en</strong>ts de voiries réalisés afin de restituer « leurs<br />
fonctions de circulation automobile et piétonne » 94 .<br />
Un contrat d’assistance technique de 3 ans a été signé <strong>en</strong> juillet 2010 avec le Grand Lyon afin<br />
d’accompagner la modernisation du secteur des transports au Maroc 95 .<br />
Le projet a coûté 3,8 milliards de Dirhams, soit <strong>en</strong>viron 340 millions d’euros. 50 % du budget provi<strong>en</strong>t<br />
des fonds propres de l’AAVB (32 %) et de la STRS (18 %), les 50 % restants de part<strong>en</strong>aires europé<strong>en</strong>s.<br />
Le montant de l’accord, financé par l’AFD, s’élève à 128 millions d’euros. Le budget se répartit de la<br />
manière suivante :<br />
CONCLUSION<br />
Figure 37 : Répartition du budget.<br />
Le tramway a réussi à s’intégrer facilem<strong>en</strong>t dans le paysage des deux villes. Il est même dev<strong>en</strong>u, pour<br />
certaines catégories de la population, notamm<strong>en</strong>t les étudiants, leur moy<strong>en</strong> de transport préféré 96 .<br />
En décembre 2011, six mois <strong>en</strong>viron après la mise <strong>en</strong> service du tramway, la directrice de la STRS<br />
constatait une « nette amélioration des recettes de la société qui ont atteint près de 12 millions de DH<br />
par mois. Ce qui permet de couvrir plus ou moins les charges d’exploitation. Le montant des charges<br />
globales, y compris celles relatives à l’amortissem<strong>en</strong>t de la dette, s’élève à 180 millions de DH par<br />
an ». Des ext<strong>en</strong>sions du réseau actuel, ainsi que la réalisation de trois lignes supplém<strong>en</strong>taires sont<br />
prévues sur le moy<strong>en</strong> terme.<br />
94 Article de prés<strong>en</strong>tation sur le site Internet officiel<br />
95 R. Maghari, - Signature du contrat d’assistance technique du tramway de Rabat – Salé<br />
96 Rabat tramway :70 000 déplacem<strong>en</strong>ts par jour, dans l’économiste, 23 décembre 2011<br />
155
SFAX<br />
UNE STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT URBAIN<br />
REVISITEE<br />
Mots clés :<br />
Gouvernance urbaine ; Planification ; Projets de transports publics<br />
Monographie rédigée par Charles SIMON et Juli<strong>en</strong> ALLAIRE sur la base de l’interv<strong>en</strong>tion de Riadh HAJ<br />
TAIEB, ATU (confér<strong>en</strong>ce de Marseille, 2010).<br />
Dernière mise à jour :<br />
15/11/2012<br />
156
Sfax<br />
Ville portuaire située à<br />
l’est de la Tunisie, Sfax est la<br />
deuxième commune du pays<br />
avec près de 300 000<br />
habitants pour 56 km².<br />
Second pôle économique<br />
après Tunis, l’agglomération<br />
de Sfax est constituée de 7<br />
communes qui totalis<strong>en</strong>t plus<br />
de 500 000 habitants pour<br />
une superficie totale de 220<br />
km². En matière de transport,<br />
la ville de Sfax est aujourd’hui<br />
confrontée à un étalem<strong>en</strong>t<br />
urbain de plus <strong>en</strong> plus<br />
marqué et à une dégradation<br />
de ses transports collectifs.<br />
UNE STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT URBAIN REVISITEE<br />
Population :<br />
10 549 000 hab.<br />
Tunisie Sfax<br />
Population : 265 000<br />
habitants<br />
Superficie : 163 610 km² Superficie : 56 km²<br />
D<strong>en</strong>sité : 64,5 hab. / km² D<strong>en</strong>sité : 4 732 hab. /<br />
km²<br />
Taux d’urbanisation : 67,30 %<br />
Taux de croissance annuel de<br />
la population urbaine (2005-<br />
2010) : 1,56 %<br />
PIB / habitant : 4 198,6 $<br />
IDH : 0,698 / 1<br />
Taux de motorisation : 76<br />
véhicules pour 1 000 hab.<br />
Véhicules par kilomètre de<br />
route : 61<br />
Accid<strong>en</strong>tologie : 1,45 accid<strong>en</strong>t<br />
mortel pour 10 000 hab.<br />
Sources : Banque mondiale – PNUD – Institut National de la Statistique<br />
de la Tunisie<br />
Mots clés : Gouvernance urbaine ; Planification ; Projets de transports publics<br />
D’après l’interv<strong>en</strong>tion du Dr. Riadh Haj Taieb – Association Tunisi<strong>en</strong>ne des Urbanistes – ATU (confér<strong>en</strong>ce<br />
de Marseille, 2010).<br />
Sfax t<strong>en</strong>d à dev<strong>en</strong>ir le moteur économique de la Tunisie <strong>en</strong> jouant un rôle majeur à<br />
l’international, notamm<strong>en</strong>t grâce à son port de commerce. Nationalem<strong>en</strong>t, outre son statut de<br />
deuxième ville du pays, Sfax dispose de quelques secteurs de prédilection (production oléicole,<br />
halieutique, énergétique, manufacturière, etc.) qui lui confèr<strong>en</strong>t un rôle prépondérant dans<br />
l’économique tunisi<strong>en</strong>ne.<br />
La commune de Sfax et les 6 municipalités al<strong>en</strong>tour, se sont constituées <strong>en</strong> un groupem<strong>en</strong>t<br />
intercommunal pour former le Grand Sfax qui compte 50 % de la population du gouvernorat de Sfax<br />
qui compr<strong>en</strong>d 16 communes au total. C’est dans cette configuration que fut élaborée <strong>en</strong> 2002, la<br />
Stratégie de Développem<strong>en</strong>t du Grand Sfax (SDGS) ; stratégie multi-volets : aménagem<strong>en</strong>t urbain,<br />
développem<strong>en</strong>t des infrastructures, amélioration du cadre de vie, développem<strong>en</strong>t économique. La<br />
SDGS accorde une att<strong>en</strong>tion toute particulière au secteur des transports.<br />
Sfax est l’agglomération tunisi<strong>en</strong>ne la plus ét<strong>en</strong>due. Sa d<strong>en</strong>sité est quatre fois plus faible qu’à Tunis.<br />
Toutefois, elle est égalem<strong>en</strong>t fortem<strong>en</strong>t polarisée. La ville c<strong>en</strong>tre accueille plus de la moitié de la<br />
population de l’intercommunalité. La formation radiale de la ville conc<strong>en</strong>tre la population et les<br />
157
activités dans le c<strong>en</strong>tre-ville de Sfax. Le littoral de la ville conc<strong>en</strong>tre près de 85 % des emplois. Le<br />
c<strong>en</strong>tre-ville se décompose <strong>en</strong> 4 pôles <strong>urbains</strong> :<br />
- La médina : c<strong>en</strong>tre historique de la ville qui compr<strong>en</strong>d une dim<strong>en</strong>sion résid<strong>en</strong>tielle,<br />
commerciale et patrimoniale importante. La médina fait aujourd’hui l’objet d’une att<strong>en</strong>tion<br />
particulière. Les autorités de Sfax ont <strong>en</strong>gagé un processus de préservation qui s’inscrit<br />
dans le cadre de l’Ag<strong>en</strong>da 21.<br />
- La ville europé<strong>en</strong>ne : née sous le protectorat français qui compr<strong>en</strong>d l’hôtel de ville et la<br />
gare.<br />
- Le quartier de Sfax Jadida : issu d’un grand projet d’aménagem<strong>en</strong>t initié dans les années<br />
80, ce quartier est ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t dédié aux affaires et aux commerces.<br />
- Taparura : nouveau pôle urbain, Taparura a été réaménagé pour recréer le li<strong>en</strong> <strong>en</strong>tre la ville<br />
et le littoral. Avec 6 km de plages, 0,6 km² de parcs et jardins publics, cet espace urbain a<br />
une forte vocation touristique. L’investissem<strong>en</strong>t réalisé pour réhabiliter Taparura est de 150<br />
M$, compr<strong>en</strong>ant la dépollution, la création de la plage et de la plateforme pour<br />
l’urbanisation.<br />
Figure 38 : Pôles <strong>urbains</strong> de la ville de Sfax.<br />
LES DIFFICULTES DU RESEAU DE TRANSPORT DE SFAX<br />
Cette organisation urbaine polarise les déplacem<strong>en</strong>ts vers le c<strong>en</strong>tre-ville ou la périphérie selon les<br />
horaires. Plusieurs spécialistes s’accord<strong>en</strong>t à dire que le réseau de transport de Sfax est aujourd’hui<br />
<strong>en</strong> proie à de grosses difficultés. Comme c’est le cas dans de nombreuses villes nord-africaines,<br />
l’étalem<strong>en</strong>t urbain ne s’accompagne pas d’un redéploiem<strong>en</strong>t de l’offre de transport, notamm<strong>en</strong>t<br />
dans la périphérie. Cela prés<strong>en</strong>te une difficulté conséqu<strong>en</strong>te dans la gestion du réseau.<br />
L’augm<strong>en</strong>tation de la part modale des véhicules particuliers :<br />
L’ouverture économique du pays couplée à l’étalem<strong>en</strong>t urbain, a contribué à l’augm<strong>en</strong>tation de la<br />
part modale des véhicules particuliers – 60 % <strong>en</strong> 2009 contre 37 % <strong>en</strong> 1996 – au détrim<strong>en</strong>t de celle<br />
des transports collectifs – de 28 à 20 % sur la même période.<br />
158
L’augm<strong>en</strong>tation du recours au véhicule particulier est égalem<strong>en</strong>t due à la mauvaise qualité de service<br />
de la SORETRAS – Société de transport du gouvernorat de Sfax. La qualité de l’offre se dégrade peu à<br />
peu avec pour principale cause des difficultés financières et un manque de planification 97 . L’abs<strong>en</strong>ce<br />
de desserte « porte à porte » incite les habitants de Sfax à recourir à des véhicules particuliers ou aux<br />
transports artisanaux. Ces derniers, se prés<strong>en</strong>tant généralem<strong>en</strong>t à Sfax sous forme de taxis collectifs,<br />
se sont récemm<strong>en</strong>t multipliés. Officiellem<strong>en</strong>t non reconnu car illégal, ce mode de transport prés<strong>en</strong>te<br />
l’avantage de pouvoir répondre aux besoins des habitants pour un prix très abordable.<br />
Un c<strong>en</strong>tre-ville congestionné :<br />
Difficulté déjà évoquée, les différ<strong>en</strong>ts pôles constituant le c<strong>en</strong>tre-ville attir<strong>en</strong>t une grande part des<br />
actifs de Sfax. La conc<strong>en</strong>tration des activités couplée à l’augm<strong>en</strong>tation des véhicules particuliers<br />
<strong>en</strong>train<strong>en</strong>t inexorablem<strong>en</strong>t des difficultés de circulation et un déficit de stationnem<strong>en</strong>t. Cette<br />
situation génère de la pollution, des difficultés de circulation et un stationnem<strong>en</strong>t anarchique.<br />
Le réseau de transport de Sfax n’est pas à la hauteur de ces ambitions. Toutefois, la SDGS initiée au<br />
début des années 2000 a fortem<strong>en</strong>t contribué à la mise à niveau du réseau. L’objectif affiché par le<br />
groupem<strong>en</strong>t intercommunal est d’inscrire sa politique des transports dans une logique de<br />
développem<strong>en</strong>t durable.<br />
Figure 39 : SDGS 2016 – L’aire métropolitaine du Grand Sfax.<br />
STRATEGIE DE DEVELOPPMENT DU GRAND SFAX : POUR UNE MOBILITE DURABLE<br />
La SDGS, mise <strong>en</strong> œuvre <strong>en</strong> 2002, s’est formée <strong>en</strong> 4 grandes étapes (diagnostic, scénario, vision, plan<br />
d’action) réunissant une multitude d’acteurs. Trois années de réflexion et d’études auront permis<br />
d’établir clairem<strong>en</strong>t quels étai<strong>en</strong>t les problèmes existants pour aboutir à l’élaboration d’un plan<br />
d’action pour 2016.<br />
97 Plan Bleu, Les obstacles à l’application de la planification du transport urbain pour le développem<strong>en</strong>t durable<br />
à Sfax, compte-r<strong>en</strong>du des travaux de l’atelier, 2005.<br />
159
En matière de transport, la SDGS se donne pour objectifs de fluidifier la circulation et de réduire les<br />
émissions de polluant tout <strong>en</strong> conservant un haut niveau d’attractivité économique.<br />
- Plan de circulation : <strong>en</strong> 2004, un plan de circulation de Sfax fut élaboré avec la volonté de<br />
maitriser le trafic automobile, promouvoir les modes alternatifs, faciliter le stationnem<strong>en</strong>t.<br />
L’évaluation de ce plan de circulation est <strong>en</strong> cours.<br />
- Zones de stationnem<strong>en</strong>t : la SDGS prévoit l’installation de plusieurs parkings à proximité du<br />
c<strong>en</strong>tre-ville. Ces zones de stationnem<strong>en</strong>ts doiv<strong>en</strong>t mettre fin au stationnem<strong>en</strong>t anarchique.<br />
Certains experts ont émis des réserves quant à l’efficacité réelle de cette politique,<br />
argum<strong>en</strong>tant que la mise <strong>en</strong> place de parkings n’est pas pour favoriser la réduction des<br />
véhicules particuliers.<br />
- Les zones bleues : les zones bleues permett<strong>en</strong>t de limiter la durée de stationnem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> le<br />
r<strong>en</strong>dant payant dans le c<strong>en</strong>tre-ville de Sfax. Cette mesure se veut incitative et <strong>en</strong>courage les<br />
automobilistes à avoir recours aux parkings mis à disposition. Toutefois, la mise <strong>en</strong> œuvre<br />
<strong>en</strong> 2010 de ces zones fut sujette à controverse. Dans un premier temps les habitants ont<br />
très mal perçu ce nouveau dispositif, considéré comme injustifié et coûteux. Mais le plus<br />
gros problème est surv<strong>en</strong>u lorsque des plaintes fur<strong>en</strong>t émises sur l’attribution du contrat de<br />
gestion à une société privée. Ce qui est par la suite dev<strong>en</strong>ue l’affaire de « la zone bleue », a<br />
donné lieu à la mise <strong>en</strong> exam<strong>en</strong> de quatre personnes liées à cette affaire <strong>en</strong> 2011, relâchées<br />
depuis. La mise <strong>en</strong> place de zones bleues reste un projet <strong>en</strong> cours, mais est aujourd’hui très<br />
mal perçu par la population.<br />
- Evaluation de SORETRAS : mise <strong>en</strong> route d’une étude pour évaluer le degré de<br />
performance des transports collectifs par bus de la SORETRAS.<br />
- Plan de Déplacem<strong>en</strong>ts Urbains : la ville de Sfax cherche à établir un PDU mais à l’heure<br />
actuelle aucune date n’est <strong>en</strong>visagée.<br />
- <strong>Transports</strong> <strong>en</strong> Commun <strong>en</strong> Site Propre : étude de faisabilité pour la réalisation d’un TCSP<br />
type métro léger ou tramway.<br />
- Médina : <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> de la voirie de la médina dans le respect des matériaux traditionnels.<br />
LA SDGS UN APPORT CERTAIN MAIS LIMITE<br />
Le plan d’action de la SDGS permet au Grand Sfax d’<strong>en</strong>gager des procédures de modernisation de son<br />
réseau de transport tout <strong>en</strong> cherchant à s’inscrire dans une logique de « développem<strong>en</strong>t durable et<br />
solidaire » 98 .<br />
Des interrogations ont toutefois été émises par certains professionnels sur la pertin<strong>en</strong>ce des<br />
ori<strong>en</strong>tations ret<strong>en</strong>ues. D’une part, la mise <strong>en</strong> œuvre d’un métro léger ou d’un tramway est sans<br />
doute un projet trop ambitieux. D’autre part, la mise <strong>en</strong> place d’un réseau de bus viable serait un<br />
travail préparatoire à la mise <strong>en</strong> place d’un tramway ou métro. Globalem<strong>en</strong>t la SGDS ne conti<strong>en</strong>t que<br />
trop peu de mesures visant à améliorer son système de transport collectif et se situe davantage dans<br />
la gestion des transports particuliers.<br />
98 Plan Bleu, Les obstacles à l’application de la planification du transport urbain pour le développem<strong>en</strong>t durable<br />
à Sfax, compte-r<strong>en</strong>du des travaux de l’atelier, 2005.<br />
160
Enfin, la constitution de la SDGS permet de multiplier le point de vue des acteurs, facilitant la mise <strong>en</strong><br />
œuvre d’une politique des transports cohér<strong>en</strong>te. Toutefois, malgré l’appar<strong>en</strong>te déc<strong>en</strong>tralisation, le<br />
système de gouvernance tunisi<strong>en</strong> reste très c<strong>en</strong>tralisé. L’autonomie de prise de décision est donc<br />
restreinte.<br />
161
TOULOUSE<br />
L’EVALUATION POUR AMELIORER LA<br />
PLANIFICATION<br />
Mots clés :<br />
Evaluation des docum<strong>en</strong>ts de planification ; Planification ; Projets de transports publics<br />
Monographie rédigée par Camille MARTINET et Juli<strong>en</strong> ALLAIRE sur la base de l’interv<strong>en</strong>tion de Nathalie<br />
de la FOURNIERE, Ag<strong>en</strong>ce d’urbanisme de Toulouse (confér<strong>en</strong>ce de Barcelone, 2011).<br />
Dernière mise à jour :<br />
15/11/2012<br />
162
Toulouse<br />
Toulouse, ville du sudouest<br />
de la France, est la 4 ème<br />
aire urbaine la plus peuplée<br />
de France. Elle connaît une<br />
forte croissance de sa<br />
population par rapport aux<br />
autres grandes villes<br />
françaises. L’évaluation de<br />
son Plan de Déplacem<strong>en</strong>ts<br />
Urbains (PDU), adopté <strong>en</strong><br />
2001 a été conduite par<br />
l’Observatoire du PDU. Cet<br />
Observatoire a une fonction<br />
primordiale de suivi et<br />
d'évaluation. Il s'assure de la<br />
réalisation de l’<strong>en</strong>semble des<br />
actions préconisées dans le<br />
PDU et r<strong>en</strong>d compte de leur<br />
efficacité. Il recueille, traite<br />
et analyse les informations<br />
quantitatives et qualitatives<br />
nécessaires à l’analyse des<br />
effets des actions <strong>en</strong>gagées.<br />
Mots clés : Evaluation des docum<strong>en</strong>ts de planification ; Planification<br />
D’après l’interv<strong>en</strong>tion de Nathalie de la FOURNIERE – Ag<strong>en</strong>ce d’Urbanisme de Toulouse (confér<strong>en</strong>ce de<br />
Barcelone, 2011).<br />
LES ENJEUX DU PLAN DE DEPLACEMENTS URBAINS<br />
L’EVALUATION POUR AMELIORER LA PLANIFICATION<br />
France Toulouse<br />
Population : 64 895 000<br />
hab.<br />
Population :<br />
Commune : 440 000 hab.<br />
Agglomération : 912 000 hab.<br />
Superficie : 640 394 km² Superficie :<br />
Commune : 118 km²<br />
Agglomération : 5 370 km²<br />
D<strong>en</strong>sité : 101,3 hab. / km² D<strong>en</strong>sité :<br />
Commune : 3 729 hab. / km²<br />
Agglomération : 170 hab. / km²<br />
Taux d’urbanisation :<br />
77,80 %<br />
Taux de croissance annuel<br />
de la population urbaine<br />
(2005-2010) : 1,41 %<br />
Population de l’agglomération<br />
prévue <strong>en</strong> 2025 : 1 003 000 hab.<br />
Longueur des lignes :<br />
Métro : 27,5 (2007)<br />
Tramway : 10,9 km (2010)<br />
BHNS : 11 km (2008)<br />
PIB / habitant : 39 448,4 $ Parts modales :<br />
VP : 75 %<br />
TP : 8 %<br />
MA : 17 %<br />
IDH : 0,884 / 1<br />
Taux de motorisation : 496<br />
véhicules pour 1 000 hab.<br />
Véhicules par kilomètre de<br />
route : 39<br />
Accid<strong>en</strong>tologie : 0,75<br />
accid<strong>en</strong>t mortel pour<br />
10 000 hab.<br />
Sources : Banque Mondiale – PNUD – Insee – Toulouse.fr – UrbanRail.net –<br />
BHNS.fr – EPOMM<br />
Pour conduire leur politique de déplacem<strong>en</strong>ts, les agglomérations françaises de plus de<br />
100 000 habitants ont l’obligation de réaliser un Plan de Déplacem<strong>en</strong>ts Urbains (PDU), d’<strong>en</strong> suivre les<br />
actions et d’<strong>en</strong> évaluer les effets cinq ans après. Le PDU est élaboré par la collectivité ayant <strong>en</strong> charge<br />
163
l’organisation et le financem<strong>en</strong>t des transports <strong>en</strong> commun. Il détermine la politique de<br />
déplacem<strong>en</strong>ts m<strong>en</strong>ée sur le territoire.<br />
La Loi d’Ori<strong>en</strong>tation des <strong>Transports</strong> Intérieurs (LOTI) instaurée <strong>en</strong> 1982 a donné naissance au PDU. En<br />
1996, la Loi sur l’Air et l’Utilisation Rationnelle de l’Energie (LAURE) a r<strong>en</strong>du les PDU obligatoires dans<br />
les agglomérations de plus de 100 000 habitants. Les trois premiers points de cette loi concern<strong>en</strong>t :<br />
l’amélioration de la sécurité des déplacem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> définissant un partage équilibré de la voirie pour<br />
chacune des différ<strong>en</strong>tes catégories d’usagers, la diminution du trafic automobile et le<br />
développem<strong>en</strong>t des transports <strong>en</strong> commun, de l’usage de la bicyclette et de la marche à pied.<br />
Le PDU, conduit par l’autorité organisatrice de transport, doit être <strong>en</strong> cohér<strong>en</strong>ce avec d’autres outils<br />
de planification et d’amélioration de la qualité de l’air. Il doit donc être compatible avec le Schéma de<br />
Cohér<strong>en</strong>ce Territoriale (SCoT), les Plans Régionaux de la Qualité de l’Air (PRQA) et les Plans de<br />
Protection de l’Atmosphère (PPA). Les Plans Locaux d’Urbanisme (PLU) qui intervi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t sur des<br />
territoires de plus petite taille doiv<strong>en</strong>t, quant à eux être compatibles avec les PDU. Les PDU doiv<strong>en</strong>t<br />
être révisés tous les 5 ans.<br />
LE PDU DE TOULOUSE<br />
Il revi<strong>en</strong>t au Syndicat Mixte des <strong>Transports</strong> <strong>en</strong> Communs (SMTC) de l'agglomération toulousaine<br />
d'élaborer ce PDU. Le PDU définit les principes généraux de l'organisation des transports, de la<br />
circulation et du stationnem<strong>en</strong>t dans le Périmètre des <strong>Transports</strong> Urbains (PTU). Une fois adopté par<br />
le SMTC, le PDU doit être approuvé par arrêté préfectoral.<br />
Le premier PDU de l'agglomération toulousaine a été approuvé <strong>en</strong> juin 2001. A la demande du Préfet,<br />
il a immédiatem<strong>en</strong>t été mis <strong>en</strong> révision pour considérer un périmètre élargi et viser des objectifs de<br />
réduction de la circulation et de la pollution atmosphérique plus ambitieux. Ce PDU prévoyait : le<br />
prolongem<strong>en</strong>t de la ligne A du métro, la création de la ligne B selon un axe nord-sud, la construction<br />
de nouveaux boulevards <strong>urbains</strong>, le réaménagem<strong>en</strong>t d’un grand échangeur routier au sud de<br />
Toulouse, et bi<strong>en</strong> d'autres projets routiers, la construction de nouveaux sites propres <strong>en</strong> plus de la<br />
voirie actuelle, la construction d'un tramway avec une branche vers l’aéroport de Toulouse-Blagnac.<br />
L’EVALUATION SELON L’OBSERVATOIRE DU PDU<br />
L’évaluation permet de suivre l’état d’avancem<strong>en</strong>t des actions du PDU et de suivre les effets des<br />
actions du PDU. Ce travail doit avant tout répondre aux questions suivantes : les actions du PDU sontelles<br />
<strong>en</strong>gagées ? Les principes du PDU sont-ils appliqués ? Les impacts des actions sont-ils conformes<br />
aux effets souhaités ?<br />
La mise <strong>en</strong> place de l’évaluation a été part<strong>en</strong>ariale. Elle a regroupé l’Autorité Organisatrice des<br />
<strong>Transports</strong> (SMTC), l’ag<strong>en</strong>ce d’urbanisme et d’aménagem<strong>en</strong>t (AUAT), les services de l’État <strong>en</strong> charge<br />
de l’urbanisme, des déplacem<strong>en</strong>ts et de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t, les collectivités et intercommunalités, la<br />
Chambre de Commerce et d’Industrie de Toulouse, des structures techniques (ADEME, SNCF,<br />
164
l’observatoire régional de l’air, l’ag<strong>en</strong>ce régional pour l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t) et l’exploitant du réseau des<br />
transports toulousains. Tous les part<strong>en</strong>aires ont participé à l’élaboration et apporté des données. De<br />
nombreuses réunions de partage des résultats ont eu lieu.<br />
15 thèmes de suivi déclinés <strong>en</strong> 108 indicateurs ont été validés <strong>en</strong> 2003. Pour chaque thème, il existe<br />
des indicateurs pour suivre la mise <strong>en</strong> œuvre des actions du PDU et des indicateurs pour mesurer les<br />
effets des actions du PDU. La décision d’un suivi annuel de ces indicateurs (rapport d’étape) a<br />
égalem<strong>en</strong>t été prise. En 2006, des rapports intermédiaires sont parus. En 2009, le projet de révision<br />
du PDU a été arrêté et l’Observatoire du PDU a publié une synthèse de l’évaluation faite sur la<br />
période 2001-2007.<br />
Parmi les thèmes d’évaluation, peuv<strong>en</strong>t être cités : la maîtrise des flux automobiles et le<br />
développem<strong>en</strong>t des boulevards <strong>urbains</strong>, une offre alternative de transport susceptible de mieux<br />
maîtriser l’usage de la voiture, l’organisation du stationnem<strong>en</strong>t ou <strong>en</strong>core, la sécurité routière, la<br />
pollution atmosphérique, les nuisances sonores et le financem<strong>en</strong>t des transports, etc.<br />
Dans le thème « organisation urbaine performante pour une réduction durable du trafic<br />
automobile », un des <strong>en</strong>jeux était de savoir si les zones de développem<strong>en</strong>t urbain ont été localisées à<br />
proximité des projets de TCSP. Les résultats ont montré que sur Toulouse, il existait une bonne<br />
cohér<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre les logem<strong>en</strong>ts neufs et les futurs TCSP. En 2003, comme <strong>en</strong> 2001, 66 % des permis<br />
de construire « logem<strong>en</strong>t » autorisés sont situés dans le couloir d’un TCSP ou d’un axe prioritaire<br />
pour les bus inscrit au PDU et 67 % de la surface de bureaux neufs se situe dans la zone d’influ<strong>en</strong>ce<br />
d’un TCSP (contre 47 % <strong>en</strong> 2001). L’Observatoire a constaté des progrès dans la cohér<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre<br />
l’urbanisme et les transports : depuis 2001, le SMTC donne son avis sur les docum<strong>en</strong>ts d’urbanisme<br />
et les périmètres d’études de TCSP ont été pris <strong>en</strong> compte dans les PLU. Cep<strong>en</strong>dant, les effets sont<br />
<strong>en</strong>core peu visibles et la desserte de transports <strong>en</strong> commun est <strong>en</strong>core inégale.<br />
Concernant le thème « r<strong>en</strong>forcer l’offre de transport <strong>en</strong> commun, la r<strong>en</strong>dre attractive », l’évaluation<br />
devait faire état des améliorations observées sur le réseau et de l’impact <strong>en</strong> termes de<br />
fréqu<strong>en</strong>tation. En 2004, l’offre de transport a augm<strong>en</strong>té de 9 % par rapport à 2003. Cela s’explique<br />
par la mise <strong>en</strong> service du prolongem<strong>en</strong>t de la ligne A du métro et à la restructuration du réseau de<br />
bus du secteur est (figure 1). De plus, qualitativem<strong>en</strong>t, les conditions de transport ont été<br />
améliorées : <strong>en</strong> 4 ans le nombre de kilomètres de voirie aménagée pour les bus a augm<strong>en</strong>té de 50 %<br />
(figure 2).<br />
Figure 40 : Offre kilométrique annuelle<br />
programmée.<br />
Figure 41 : Nombre de kilomètres de voirie<br />
aménagée.<br />
165
D’autres indicateurs tels que la fréqu<strong>en</strong>tation annuelle du réseau <strong>en</strong> nombre de voyages ou<br />
l’augm<strong>en</strong>tation des abonnés sur le réseau montr<strong>en</strong>t que l’offre devi<strong>en</strong>t plus attractive.<br />
Ces indicateurs montr<strong>en</strong>t des améliorations quantitatives et qualitatives sur le réseau qui<br />
s’accompagn<strong>en</strong>t d’une hausse de la fréqu<strong>en</strong>tation. Cep<strong>en</strong>dant, l’évaluation a démontré qu’il y avait<br />
du retard dans le développem<strong>en</strong>t annoncé du réseau de TCSP, que les objectifs de part modale<br />
n’avai<strong>en</strong>t pas été atteints et que la politique tarifaire intermodale était difficile à mettre <strong>en</strong> place.<br />
LA MISE EN PLACE D’UN DEUXIEME PDU<br />
L’évaluation du premier PDU a été la principale ressource pour établir le diagnostic du nouveau PDU<br />
dont le périmètre avait changé.<br />
En 2001, le PDU couvrait le PTU de Toulouse, soi<strong>en</strong>t 72 municipalités 99 . Pour le nouveau plan, il a été<br />
proposé d’inclure dans le périmètre toutes les municipalités couvertes par le Schéma de Cohér<strong>en</strong>ce<br />
Territoriale (SCoT) plus une municipalité, soit 118 municipalités.<br />
Le nouveau PDU, proposant des ori<strong>en</strong>tations pour l’horizon 2020, a fait l'objet d'une concertation<br />
publique du 16 novembre au 7 décembre 2011. Six réunions publiques ont été organisées pour<br />
informer le grand public sur la démarche <strong>en</strong>gagée, les étapes à v<strong>en</strong>ir, l'organisation future des<br />
réseaux de déplacem<strong>en</strong>t et pour recueillir l’avis des Toulousains sur le projet avant l'<strong>en</strong>quête<br />
publique.<br />
99 http://www.eltis.org<br />
Figure 42 : nombre de voyage par an et par type de titre.<br />
166
Du 30 janvier au 16 mars 2012 les habitants de l’agglomération ont été invités à s’exprimer sur les<br />
projets définis dans le cadre de la révision du PDU.<br />
Finalem<strong>en</strong>t, la mise <strong>en</strong> œuvre de l’Observatoire s’est avérée trop lourde (5 ans ont été nécessaires<br />
pour publier l’état initial 2001-2002). Différ<strong>en</strong>tes explications ont été avancées : il était difficile de<br />
recueillir certains indicateurs auprès des fournisseurs de données ; certaines données ne sont pas<br />
disponibles annuellem<strong>en</strong>t ou avec du retard.<br />
Il est apparu nécessaire de faire évoluer l’outil d’évaluation pour le nouveau PDU :<br />
- En réduisant le nombre de thèmes et d’indicateurs.<br />
- En «s’affranchissant» de la grille du CERTU et <strong>en</strong> répondant davantage au besoin local de<br />
suivi du PDU.<br />
- En distinguant des indicateurs de suivi des objectifs généraux du PDU, avec un bilan<br />
au terme des 5 ans, et des indicateurs de suivi des actions du PDU, avec un suivi<br />
annuel. En outre, le nouveau PDU a fait l’objet d’une évaluation <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tale<br />
qui précise, dès son adoption, les indicateurs de suivi.<br />
167
TRIPOLI<br />
L’AMELIORATION DE L’ACCESSIBILITE DE LA<br />
MEDINA<br />
Mots clés :<br />
Logistique urbaine ; Planification ; Réhabilitation des cœurs de ville<br />
Monographie rédigée par Charles SIMON et Juli<strong>en</strong> ALLAIRE sur la base de l’interv<strong>en</strong>tion de Fouad<br />
AWADA, Urbamed et Charbel CHALLITA, Egis (confér<strong>en</strong>ce de Marseille, 2010).<br />
Dernière mise à jour :<br />
15/11/2012<br />
168
Tripoli<br />
Située au nord-ouest<br />
de la Libye, avec une<br />
population de deux<br />
millions d’habitants,<br />
Tripoli est la ville la plus<br />
peuplée du pays. En tant<br />
que principal port du pays,<br />
la capitale liby<strong>en</strong>ne a un<br />
statut commercial de<br />
premier ordre. Sa médina,<br />
située à la pointe nord de<br />
la capitale, s’ét<strong>en</strong>d sur 0,4<br />
km². Trésor patrimonial<br />
de Tripoli, elle a fait<br />
l’objet de plusieurs plans<br />
d’action visant à protéger<br />
et intégrer cet espace au<br />
reste de la ville.<br />
Libye Tripoli Médina<br />
Population : 6 355 000<br />
hab.<br />
Superficie : 1 759 540<br />
km²<br />
Population :<br />
2 100 000 hab.<br />
(2010)<br />
Superficie : 400<br />
km²<br />
D<strong>en</strong>sité : 3,6 hab. / km² D<strong>en</strong>sité : 5 250<br />
hab. / km²<br />
Taux d’urbanisation :<br />
77,90 %<br />
Taux de croissance<br />
annuel de la population<br />
urbaine (2005-2010) :<br />
2,23 %<br />
PIB / habitant : 9 957,5 $<br />
IDH : 0,760 / 1<br />
Taux de motorisation :<br />
225 véhicules pour 1 000<br />
hab.<br />
Accid<strong>en</strong>tologie : 3,47<br />
accid<strong>en</strong>ts mortels pour<br />
10 000 hab.<br />
Sources : Banque Mondiale – PNUD<br />
Mots clés : Logistique urbaine ; Planification ; Réhabilitation des cœurs de ville<br />
Population :<br />
13 986 hab.<br />
(2006)<br />
Superficie :<br />
0,4 km²<br />
D’après l’interv<strong>en</strong>tion de Fouad AWADA – Urbamed, et Charbel CHALLITA – Egis (confér<strong>en</strong>ce de Marseille,<br />
2010).<br />
Membre de l’OPEP (Organisation des Pays<br />
Exportateurs de Pétrole) depuis 1962, la Libye<br />
dispose de la plus grande réserve de pétrole<br />
d’Afrique. Son économie repose <strong>en</strong> grande partie<br />
sur l’exportation du pétrole.<br />
Le prix de l’ess<strong>en</strong>ce, extrêmem<strong>en</strong>t faible <strong>en</strong> Libye<br />
(<strong>en</strong>viron 13 c<strong>en</strong>times d’euro le litre 100 ), apparaît<br />
être un élém<strong>en</strong>t propice à la motorisation du<br />
pays. En 2007, la Libye avait le taux de<br />
L’AMELIORATION DE L’ACCESSIBILITE DE LA MEDINA<br />
Figure 43 : médina de Tripoli.<br />
100 Source Codatu Banque mondiale (2008), Guide des déplacem<strong>en</strong>ts <strong>urbains</strong> <strong>en</strong> <strong>Méditerranée</strong><br />
169
motorisation le plus élevé d’Afrique avec 290 véhicules automobiles pour 1 000 personnes 101 .<br />
Parallèlem<strong>en</strong>t, la même année, on comptabilisait 375 morts sur la route par millions d’habitants, soit<br />
deux fois plus que la moy<strong>en</strong>ne des pays du Maghreb 102 .<br />
Figure 44 : Médina de Tripoli : <strong>en</strong> bleu les bâtim<strong>en</strong>ts patrimoniaux remarquables <strong>en</strong> orange le bâti réc<strong>en</strong>t<br />
La Libye a <strong>en</strong>gagé à partir de 2007 une réforme de sa stratégie de développem<strong>en</strong>t urbain incluant les<br />
déplacem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> li<strong>en</strong> avec l’urbanisme. L’Etablissem<strong>en</strong>t Public ECOU a été chargé de définir cette<br />
nouvelle stratégie. Il a travaillé <strong>en</strong> part<strong>en</strong>ariat avec l’IAU-IdF (Institut d’Aménagem<strong>en</strong>t et<br />
d’Urbanisme d’Ile de France) à la conception d’un Plan Local d’Urbanisme (PLU) pilote pour le cœur<br />
de ville de Tripoli <strong>en</strong> 2008 et avec EGIS International à la réforme du code de l’urbanisme et du<br />
ministère de l’urbanisme liby<strong>en</strong>s. Dans ce cadre, une stratégie de préservation et de mise <strong>en</strong> valeur<br />
du patrimoine, <strong>en</strong> particulier celui des médinas anci<strong>en</strong>nes, a été mise <strong>en</strong> œuvre.<br />
1970-2000 : UNE APPROCHE FONCTIONNALISTE<br />
A partir des années 1970 et jusqu’au début des années 2000, les conditions d’accès à la médina<br />
étai<strong>en</strong>t p<strong>en</strong>sées selon une approche fonctionnaliste. Concrètem<strong>en</strong>t, une voie rapide a été créée pour<br />
contourner celle-ci par le nord. Cette voie de contournem<strong>en</strong>t proche de l’anci<strong>en</strong> port coupait le li<strong>en</strong><br />
historique <strong>en</strong>tre la médina et le littoral. Dans le même temps, la voirie de la médina était ouverte aux<br />
voitures et des parcs de stationnem<strong>en</strong>t étai<strong>en</strong>t aménagés à l’intérieur même de la médina.<br />
101 Source : banque mondiale<br />
102 http://www.jeuneafrique.com<br />
170
Le quartier de la médina s’est dégradé au fil du temps. Les initiatives prises par les pouvoirs publics<br />
(comité de la vieille ville rattaché alors au ministère du tourisme) pour la préserver n’ont porté que<br />
sur les monum<strong>en</strong>ts emblématiques alors que les tissus d’habitat traditionnel continuai<strong>en</strong>t à dépérir.<br />
LES ANNEES 2000 : UNE APPROCHE CONTEXTUELLE<br />
Devant la dégradation persistante des conditions de vie et du cadre bâti et urbain, l’établissem<strong>en</strong>t<br />
public ECOU a <strong>en</strong>trepris à la demande du gouvernem<strong>en</strong>t la définition d’une nouvelle stratégie de<br />
réhabilitation conforme aux standards internationaux les plus avancés. Les politiques de<br />
réhabilitation devai<strong>en</strong>t être conçues dans le but de «retrouver du s<strong>en</strong>s et de r<strong>en</strong>ouer avec l’histoire<br />
de la ville » selon les termes de ECOU.<br />
Sur la base du PLU élaboré par l’IAU-IdF <strong>en</strong> 2008, un règlem<strong>en</strong>t (de type PSMV à la française) et un<br />
plan d’action pour la médina ont été élaborés par une équipe pluridisciplinaire d’experts<br />
internationaux dirigée par Fouad Awada et Karim B<strong>en</strong> Meriem (IAU-IdF) <strong>en</strong> li<strong>en</strong> étroit avec le groupe<br />
de conseil et d’ingénierie Egis<br />
Le PLU compr<strong>en</strong>ait déjà des préconisations importantes concernant les conditions d’accessibilité de<br />
la médina. Il proposait ainsi de r<strong>en</strong>dre la médina <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t piétonne sans pour autant la r<strong>en</strong>dre<br />
inaccessible ; de réaménager la voie littorale pour recréer un accès à la mer, y faire circuler un<br />
transport collectif <strong>en</strong> site propre et y aménager des pistes cyclables.<br />
Figure 45 : PLU proposé par l’IAU-IdF : plan de zonage<br />
171
LE PLAN D’ACTION POUR LA MEDINA<br />
Sur cette base, le règlem<strong>en</strong>t et le plan d’action de la médina de Tripoli ont préconisé :<br />
- L’interdiction des voitures à l’intérieur de la médina, qui devi<strong>en</strong>drait ainsi <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t<br />
piétonne sauf véhicules électriques assurant des services collectifs et de secours.<br />
- L’<strong>en</strong>terrem<strong>en</strong>t de la voie de circulation située au nord-est de la médina, au profit d’espaces<br />
verts. Action qui permettrait de recréer un li<strong>en</strong> <strong>en</strong>tre la médina et la mer.<br />
- La création de parkings de dissuasion – la plupart souterrains - tout autour de la médina et à<br />
proximité des portes d’accès et la suppression des parcs de stationnem<strong>en</strong>t situés à l’intérieur<br />
du c<strong>en</strong>tre historique.<br />
- La mise <strong>en</strong> place de plateformes logistiques (stationnem<strong>en</strong>t, marchandises, déchets) à<br />
proximité des portes de la médina. Ces plateformes sont conçues pour avoir un rôle<br />
économique fort. Placées à proximité des portes, elles doiv<strong>en</strong>t être le point de départ de la<br />
dynamique économique de la médina. Intégré aux plateformes logistiques, un service de<br />
véhicules électriques devra assurer le transport des personnes à mobilité réduite, des<br />
marchandises et des déchets<br />
Figure 46 : Plan de mobilité proposé pour la Médina : parkings autour et circuits de véhicules électriques<br />
traversant<br />
Depuis 2011, du fait de l’instabilité politique du pays, ces projets ont été arrêtés et ne sont plus d’actualité.<br />
172
TUNIS<br />
LIAISONS DE TRANSPORT ENTRE L’HYPER<br />
CENTRE ET LE RESTE DE L’AGGLOMERATION<br />
Mots clés :<br />
Planification ; Projets de transports publics ; Réhabilitation des cœurs de ville<br />
Monographie rédigée par Charles SIMON et Juli<strong>en</strong> ALLAIRE sur la base de l’interv<strong>en</strong>tion de Chiheb BEN<br />
YOUSSEF, TRANSTU (confér<strong>en</strong>ce de Marseille, 2010).<br />
Dernière mise à jour :<br />
15/11/2012<br />
173
Tunis<br />
L’agglomération<br />
de Tunis compte 2,4<br />
millions d’habitants. Elle<br />
s’est constituée autour<br />
de deux c<strong>en</strong>tralités, la<br />
médina et, à l’est de<br />
celle-ci, la ville<br />
europé<strong>en</strong>ne. Tunis<br />
dispose d’un réseau de<br />
transport développé et<br />
diversifié qui assure la<br />
desserte de l’hyperc<strong>en</strong>tre<br />
constitué de la<br />
médina et de la ville<br />
europé<strong>en</strong>ne. Toutefois,<br />
l’étalem<strong>en</strong>t spatial et<br />
l’accroissem<strong>en</strong>t de la<br />
motorisation dans la<br />
capitale tunisi<strong>en</strong>ne<br />
pos<strong>en</strong>t aujourd’hui<br />
question quant à la<br />
politique de mobilité.<br />
LIAISONS DE TRANSPORT ENTRE L’HYPER CENTRE ET LE RESTE<br />
Population :<br />
10 549 000 hab.<br />
Tunisie Tunis Médina<br />
Population :<br />
2 380 000 hab.<br />
(2007)<br />
Superficie : 163 610 km² Superficie : 235<br />
km²<br />
D<strong>en</strong>sité : 64,5 hab. / km² D<strong>en</strong>sité : 10 127<br />
hab. / km²<br />
Taux d’urbanisation : 67,30<br />
%<br />
Taux de croissance annuel<br />
de la population urbaine<br />
(2005-2010) : 1,56 %<br />
PIB / habitant : 4 198,6 $<br />
IDH : 0,698 / 1<br />
Taux de motorisation : 76<br />
véhicules pour 1 000 hab.<br />
Véhicules par kilomètre de<br />
route : 61<br />
Accid<strong>en</strong>tologie : 1,45<br />
accid<strong>en</strong>t mortel pour 10 000<br />
hab.<br />
DE L’AGGLOMERATION<br />
Longueur des<br />
lignes :<br />
Métro : 45,2 km<br />
Parts modales :<br />
VP : 31 %<br />
TP : 19 %<br />
MA : 50 %<br />
Population :<br />
120 000 hab.<br />
Superficie :<br />
2,7 km²<br />
Sources : Banque Mondiale – PNUD – Chiheb B<strong>en</strong> Youssef – Sami Yassine Turki :<br />
Système de transport et urbanisation dans le Grand Tunis – Transtu.tn – Sylvain<br />
Houpin : Les cahiers du plan bleu 9<br />
Mots clés : Planification ; Projets de transports publics ; Réhabilitation des cœurs de ville<br />
D’après l’interv<strong>en</strong>tion de Chiheb BEN YOUSSEF – responsable du trafic du métro léger, TRANSTU<br />
(confér<strong>en</strong>ce de Marseille, 2010).<br />
En 1956, année de l’indép<strong>en</strong>dance, Tunis comptait 560 000 habitants. Jusqu’<strong>en</strong> 1994 le taux<br />
de croissance annuel moy<strong>en</strong> a été de 2,9 %. Depuis il était plutôt de l’ordre de 2 %. Avec 2,4 millions<br />
d’habitants, l’agglomération de Tunis conc<strong>en</strong>tre près du tiers de la population urbaine tunisi<strong>en</strong>ne.<br />
A partir des années 70, la croissance démographique a été couplée à l’étalem<strong>en</strong>t spatial de<br />
l’agglomération. La d<strong>en</strong>sité dans l’hyper-c<strong>en</strong>tre a fortem<strong>en</strong>t diminué : la médina qui accueillait 30 %<br />
de la population dans les années 60, n’<strong>en</strong> compte aujourd’hui plus que 3,8 %. Au sud de<br />
l’agglomération, des zones industrielles ont vu le jour tandis que le développem<strong>en</strong>t de l’habitat<br />
informel à l’ouest a créé une spécificité résid<strong>en</strong>tielle sur cette partie du territoire.<br />
174
Jusque dans les années 80, le c<strong>en</strong>tre de Tunis, la ville europé<strong>en</strong>ne et la Kasbah conc<strong>en</strong>trai<strong>en</strong>t<br />
l’activité commerciale et administrative. Depuis, des zones d’emplois se sont développées au nord et<br />
à l’ouest élargissant ainsi le bassin d’emplois.<br />
Cette réorganisation spatiale a contribué à augm<strong>en</strong>ter de manière significative la distance des<br />
déplacem<strong>en</strong>ts domicile-travail. Parallèlem<strong>en</strong>t, l’ouverture du marché intérieur à la consommation à<br />
partir des années 80 a favorisé l’achat d’automobile et <strong>en</strong>traîné une explosion de son usage (part<br />
modale de 50 % <strong>en</strong> 2002). La volonté affirmée dès 1987 par les pouvoirs publics de limiter le nombre<br />
de voitures aux abords du c<strong>en</strong>tre-ville s’est aujourd’hui affaiblie. La motorisation des ménages a<br />
continué à croître rapidem<strong>en</strong>t. En 2006, l’immatriculation était estimée à 57 000 véhicules par an 103<br />
et le taux de motorisation à plus de 100 véhicules pour 1 000 habitants <strong>en</strong> 2008.<br />
Depuis le milieu des années 90, Tunis a régulièrem<strong>en</strong>t mis <strong>en</strong> place des schémas de planification<br />
urbaine. Le Schéma Directeur d’Aménagem<strong>en</strong>t (SDA) du grand Tunis à l’horizon 2021 a été élaboré<br />
<strong>en</strong> 1995. Parallèlem<strong>en</strong>t, un Plan directeur Régional des <strong>Transports</strong> (PDRT) a égalem<strong>en</strong>t été mis <strong>en</strong><br />
place. P<strong>en</strong>dant les années qui ont suivi, plusieurs dizaines de Schéma Directeur d’Aménagem<strong>en</strong>t et<br />
150 plans communaux ont été produits. Tunis connaît à l’heure actuelle une situation quelque peu<br />
confuse.<br />
D’une part, il n’existe pas de politique d’aménagem<strong>en</strong>t pour les territoires péri<strong>urbains</strong>. D’autre part,<br />
depuis 2007, des promoteurs du Golfe Persique élabor<strong>en</strong>t de grands projets <strong>urbains</strong> autour des<br />
principaux plans d’eau de la ville. Ces projets manqu<strong>en</strong>t de cohér<strong>en</strong>ce avec les docum<strong>en</strong>ts de<br />
planification existants.<br />
En 2002, la mobilité était estimée à 1,3 déplacem<strong>en</strong>t mécanisé par personne et par jour, dont 40 %<br />
sont assurés par les transports collectifs.<br />
Figure 47 : Réseau de bus du Grand Tunis.<br />
103 Chabbo (2008)<br />
175
Le réseau de transport de Tunis constitue sans doute le réseau le plus développé et diversifié de la<br />
région. Son organisation radiale et l’exist<strong>en</strong>ce de stations multimodales à proximité de l’hyper-c<strong>en</strong>tre<br />
facilit<strong>en</strong>t la connexion de la médina et de la ville europé<strong>en</strong>ne avec le reste de la ville. Le réseau de<br />
transport de Tunis couvre actuellem<strong>en</strong>t 80 % du territoire de l’agglomération. Une ligne de métro<br />
léger a même été tracée de façon à traverser l’aire piétonne de la médina.<br />
Depuis 2003, la Société des <strong>Transports</strong> de Tunis (TRANSTU), résultat de la fusion de la Société<br />
Nationale des <strong>Transports</strong> SNT et de la Société du métro léger de Tunis SMLT, exploite la plus grande<br />
partie du réseau. Plus de 330 millions de voyageurs empreint<strong>en</strong>t ses lignes dont 46,5 % d’élèves et<br />
d’étudiants.<br />
- 215 lignes de bus accueill<strong>en</strong>t 229,3 millions de voyageurs par an.<br />
- 6 lignes de métro léger d’une longueur totale de 70 km accueill<strong>en</strong>t 91,8 millions de<br />
voyageurs par an.<br />
- 1 ligne ferroviaire électrique d’une longueur totale de 18 km.<br />
- 2 gares routières situées à proximité des portes de la médina permett<strong>en</strong>t d’effectuer un<br />
transport régional par bus.<br />
Le secteur privé est égalem<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>t avec quatre opérateurs (TCV, TUT, TUS, STC) exploitant 35<br />
lignes de bus et une multitude de transporteurs artisanaux (taxis, microbus) qui desserv<strong>en</strong>t<br />
principalem<strong>en</strong>t le suburbain.<br />
Figure 48 : Plan du réseau de métro et ferroviaire de Tunis.<br />
176
En 2010, il était considéré que malgré la diversité de l’offre de transport, le réseau tunisois devait<br />
faire face à plusieurs difficultés :<br />
- Des difficultés de coordination du fait de la multitude d’acteurs publics (ministères,<br />
gouvernorats, communes, ag<strong>en</strong>ces et opérateurs publics).<br />
- Une saturation du réseau <strong>en</strong> heures de pointes et un taux de remplissage très faible aux<br />
heures creuses. Cette situation est liée à la trop grande couverture géographique et à la<br />
concurr<strong>en</strong>ce des transports artisanaux.<br />
- De faibles vitesses commerciales sur les lignes de bus du fait du manque de voies de bus<br />
aménagées.<br />
- Une congestion du c<strong>en</strong>tre-ville liée à l’accroissem<strong>en</strong>t de la motorisation.<br />
- Des difficultés pour connecter le c<strong>en</strong>tre-ville avec les banlieues de Tunis.<br />
Des grands projets devrai<strong>en</strong>t voir le jour dans les années à v<strong>en</strong>ir et pourrai<strong>en</strong>t restructurer la capitale<br />
tunisi<strong>en</strong>ne. La Société du Réseau Ferroviaire Rapide de Tunis a été créée <strong>en</strong> 2007 pour m<strong>en</strong>er les<br />
études liées au transport collectif du Grand Tunis à l'horizon 2021 et la réalisation du Réseau<br />
Ferroviaire Rapide (RFR). Le RFR sera à terme composé de 5 lignes et de 86 kilomètres dont le coût<br />
total est estimé à 3 milliards de dollars. La planification des transports d’ici 2021 prévoit égalem<strong>en</strong>t<br />
deux nouvelles lignes de métro léger, trois pôles d’échange <strong>en</strong> c<strong>en</strong>tre-ville et des lignes de bus <strong>en</strong> site<br />
propre.<br />
Le projet RFR a été relancé par le nouveau régime tunisi<strong>en</strong>. Ce projet, cofinancé par quatre bailleurs<br />
de fonds (AFD, BEI, KfW et FIV), pourrait égalem<strong>en</strong>t profiter des Mécanismes de Développem<strong>en</strong>t<br />
Propre prévus par le protocole de Kyoto.<br />
177
LISTE DES ACRONYMES, SIGLES ET SITES INTERNET<br />
AASQA : Associations Agréées pour la Surveillance de la Qualité de l'Air (France)<br />
ADEME : Ag<strong>en</strong>ce de l’Environnem<strong>en</strong>t et de la Maîtrise de l’Énergie (France)<br />
ADERE Fès : Ag<strong>en</strong>ce pour la Déd<strong>en</strong>sification et la Réhabilitation de la médina de Fès<br />
AFD : Ag<strong>en</strong>ce Française de Développem<strong>en</strong>t<br />
AGAM : Ag<strong>en</strong>ce d’urbanisme de l’agglomération marseillaise<br />
ALG-EP : Transportation, Infrastructure & Logistic – Europraxis<br />
AMB : Aire Métropolitaine de Barcelone<br />
AMT : Azi<strong>en</strong>da Municipale di Trasporto (Italie)<br />
AO (TU) : Autorité Organisatrice (des <strong>Transports</strong> Urbains)<br />
ATM : Autoritat del Transport Metropolità<br />
AUAT : Ag<strong>en</strong>ce d’urbanisme de l’Agglomération de Toulouse<br />
AYKOME : Altyapı Koordinasyon Merkezi (Infrastructural Coordination Departm<strong>en</strong>t of Istanbul)<br />
BEI : Banque Europé<strong>en</strong>ne d’Investissem<strong>en</strong>t<br />
BRT : Bus Rapid Transit (Bus à Haut Niveau de Service – BHNS)<br />
CERTU : C<strong>en</strong>tre d'études sur les réseaux, les transports, l'urbanisme et les constructions publiques<br />
(France)<br />
CETE : C<strong>en</strong>tre d'Études Techniques de l'Équipem<strong>en</strong>t (France)<br />
<strong>CMI</strong> : C<strong>en</strong>tre de Marseille pour l’Intégration <strong>en</strong> <strong>Méditerranée</strong><br />
CNRS : C<strong>en</strong>tre National de la Recherche Sci<strong>en</strong>tifique (France)<br />
CO2 : Dioxyde de carbone<br />
CODATU : Coopération pour le développem<strong>en</strong>t et l’amélioration des transports <strong>urbains</strong> et<br />
péri<strong>urbains</strong> (France)<br />
CRET-LOG : Laboratoire Universitaire de Recherche <strong>en</strong> Sci<strong>en</strong>ces de Gestion spécialisé <strong>en</strong> Logistique<br />
(France)<br />
DCE : Dossier de Consultation des <strong>en</strong>treprises<br />
DMQ : Municipio del Distrito Metropolitano de Quito<br />
DSP : Délégation de service public<br />
178
EEAA : Egyptian Environm<strong>en</strong>tal Affairs Ag<strong>en</strong>cy<br />
EMT : Entitat Metropolitana del Transport<br />
ENTPE : École Nationale des Travaux Publics de l’État (France)<br />
EPAU : École Polytechnique d’Architecture et d’Urbanisme (Alger)<br />
ESTRAM : Eskişehir Light Rail Transportation System (Turquie)<br />
ETUSA : Établissem<strong>en</strong>t de Transport Urbain et Suburbain d’Alger<br />
FGC : Ferrocarrils de la G<strong>en</strong>eralitat de Catalunya<br />
FUBicy : Fédération française des usagers de la bicyclette<br />
GES : Gaz à Effet de Serre<br />
GPL : Gaz de Pétrole Liquéfié<br />
IEFE : C<strong>en</strong>tre for Research on Energy and Environm<strong>en</strong>tal Economics and Policy (Italie)<br />
IETT : Istanbul Electricity, Tramway and Tunnel<br />
IEVP CT-MED: Instrum<strong>en</strong>t europé<strong>en</strong> de voisinage et de part<strong>en</strong>ariat pour a <strong>Méditerranée</strong><br />
IMM : Municipalité Métropolitaine d’Istanbul<br />
INRETS : Institut National de Recherche sur les <strong>Transports</strong> et leur Sécurité (France)<br />
ISTAT : Istituto nazionale di statistica (Italie)<br />
IUAR : Institut d'Urbanisme et d'Aménagem<strong>en</strong>t Régional (Aix-Marseille Université)<br />
KNA-MENA : Knowledge Networks Ag<strong>en</strong>cy for the Middle East and North Africa<br />
LAURE : Loi sur l’Aire et l’Utilisation Rationnelle de l’Énergie (France)<br />
LOTI : Loi d’Ori<strong>en</strong>tation sur les <strong>Transports</strong> Intérieurs (France)<br />
MEDDTL : Ministère de l’Écologie, du Développem<strong>en</strong>t Durable, des <strong>Transports</strong> et du Logem<strong>en</strong>t<br />
(France)<br />
NTU : Associação Nacional das Empresas de Transportes Urbanos (Brésil)<br />
OASA : Ath<strong>en</strong>s Urban Transport Organisation<br />
P+R : Park and Ride ou parking-relais<br />
PACA : Région Prov<strong>en</strong>ce-Alpes-Côte d’Azur<br />
PDU : Plan de Déplacem<strong>en</strong>ts Urbains<br />
PIB : Produit Intérieur Brut<br />
179
PLU : Plan Local d’Urbanisme<br />
PM10 : Particulate matter 10<br />
PMR : Personnes à Mobilité Réduite<br />
PPA : Plan de protection de l’atmosphère (France)<br />
PPP : Part<strong>en</strong>ariat-Public-Privé<br />
PRQA : Plans régionaux pour la qualité de l’air (France)<br />
PTU : Périmètre des <strong>Transports</strong> Urbains<br />
PUM : Plan Urbain de Mobilité<br />
RATP : Régie Autonome des <strong>Transports</strong> de Paris<br />
RER : Réseau Express Régional (d’Île-de-France)<br />
RFR : Réseau Ferroviaire Rapide de Tunis<br />
RSS : Rich Site Summary (Flux)<br />
SCoT : Schéma de Cohér<strong>en</strong>ce Territoriale<br />
SF : Secrétariat des Finances (Colombie)<br />
SNCF : Société Nationale des Chemins de Fer (France)<br />
SNCFT : Société Nationale des Chemins de Fer Tunisi<strong>en</strong>s<br />
SNTF : Société nationale des <strong>Transports</strong> Ferroviaires<br />
TAD : Transport à la demande<br />
TAM : <strong>Transports</strong> de l’Agglomération de Montpellier<br />
TAN : <strong>Transports</strong> de l’Agglomération de Nantes<br />
TCSP : Transport Collectif <strong>en</strong> Site Propre<br />
TCU : Transport Collectif Urbain<br />
TGM : Tunis-Goulette-Marsa (ligne ferroviaire)<br />
TGV : Train à Grande Vitesse<br />
TMB : <strong>Transports</strong> Metropolitans de Barcelona<br />
TRANSTU : Société des transports de Tunis<br />
TRANSUB (<strong>en</strong>treprise publique de transport collectif public à Alger)<br />
180
UITP : Union Internationale des <strong>Transports</strong> Publics<br />
UKOME : C<strong>en</strong>tre de coordination des transports pour Istanbul<br />
UNESCO : United Nations Educational, Sci<strong>en</strong>tific and Cultural Organization<br />
ZTL : Zone à Trafic Limité<br />
181
ABOUD Abdullah et HADDAD Amal – Ville de Damas : « The accessibility of the Old City of<br />
Damascus », 2010<br />
AGARWAL O.P. – La Banque Mondiale : « Structuring the Transit System – Exemples from India »,<br />
2010<br />
AIT MHAND Aicha – Ville de Casablanca : « Politique des déplacem<strong>en</strong>ts et intégration urbaine – cas de<br />
Casablanca », 2010<br />
AWADA Fouad – Urbamed et Charbel CHALLITA – Egis : « Pour une accessibilité apaisée – Cas de la<br />
Médina de Tripoli – Lybie », 2010<br />
BAOUNI Tahar – ENSA Alger : « Perspectives de la multimodalité à Alger », 2010<br />
BEN YOUSSEF Chibeb – TRANSTU : « Quelle desserte du c<strong>en</strong>tre-ville de Tunis par les transports<br />
publics, quelle connexion <strong>en</strong>tre réseau TP et portes de la vieille ville ? », 2010<br />
BONILLA Sandra - DMQ : « QUITO, EQUATEUR : La prise <strong>en</strong> compte des circulations douces », 2011<br />
BOUDOUIN Daniel – CRET-LOG : « La circulation des marchandises dans les c<strong>en</strong>tres anci<strong>en</strong>s », non<br />
daté<br />
BOUHRIZ Nadia – Casa Tramway : « Transport Planning in Casablanca », 2011<br />
BOURGET Christian – Ministère français de l’Écologie: « Le ‘modèle’ français d’organisation des<br />
transports <strong>urbains</strong> – caractéristiques et limites », 2011<br />
BRUNNER Christian – AGAM : « Semi-piétonisation du Vieux port », 2010<br />
CARLES Patrick – SARECO : « Métropoles émerg<strong>en</strong>tes et stationnem<strong>en</strong>t – La limitation des flux<br />
automobiles vers les c<strong>en</strong>tralités », 2010<br />
CASART Alicia – ALG-EP : « Le point de vue du consultant: Quels besoins vis-à-vis des docum<strong>en</strong>ts de<br />
planification pour les projets de transport de masse ? », 2011<br />
CERTU : « Plans de Déplacem<strong>en</strong>ts Urbains : prés<strong>en</strong>tation générale », 2003<br />
CHRISTOFOROU Zoï – OASA/UNTA: « Urban transports performance and lessons learned from the<br />
Ath<strong>en</strong>s Olympic Games », 2010<br />
CORNUT Bernard – ADEME: « Back to Sustainable Urban Mobility ? Few images as a pratical<br />
introduction… », 2010<br />
CROCE Alberto – Ville de Ferrare : « Une politique globale pour promouvoir la pratique du vélo <strong>en</strong><br />
ville – 15 ans de planification de la mobilité à Ferrara », 2010<br />
CROCHET Jean-Charles – La Banque Mondiale : « Citoy<strong>en</strong>, contribuable, usager, cli<strong>en</strong>t, opérateur :<br />
comm<strong>en</strong>t associer la population à l’élaboration et à la mise <strong>en</strong> oeuvre des politiques de transport<br />
urbain ? », 2011<br />
LISTE DES PRESENTATIONS<br />
182
CROCI Edoardo – IEFE: « Sustainable mobility in Milan : the pollution charge case », 2010<br />
DAVID Gilles – Ministère français du Développem<strong>en</strong>t Durable : « Qui paie quoi <strong>en</strong> matière de<br />
transports <strong>urbains</strong> ? Guide de bonnes pratiques », 2009<br />
DE LA FOURNIERE Nathalie – Ag<strong>en</strong>ce d’Urbanisme de l’Agglomération de Toulouse : « Évaluation et<br />
suivi du PDU l’exemple de l’Observatoire du PDU de l’agglomération toulousaine », 2011<br />
DE YZAGUIRRE Clara – Municipalité de Barcelone : « Le Pacte pour la Mobilité de Barcelone comme<br />
instrum<strong>en</strong>t de participation citoy<strong>en</strong>ne dans la gestion de la mobilité », 2011<br />
DESCAMPS Alain – Veolia Transdev : « Point de vue de l’opérateur Améliorer l’effici<strong>en</strong>ce des<br />
<strong>Transports</strong> Urbains au Sud de la <strong>Méditerranée</strong> avec les opérateurs locaux - Veolia », 2011<br />
ENBATAN Erhan – ESTRAM: « Sustainable urban transport in Eskisehir / Turkiy », 2010<br />
FOUCHARD B<strong>en</strong>jamin – CETE <strong>Méditerranée</strong> : « Évaluer pour évoluer : comm<strong>en</strong>t suivre et évaluer les<br />
docum<strong>en</strong>ts de planification » et « Conclusions de la session », 2011<br />
GODARD Xavier : « Transport artisanal, esquisse de bilan pour la mobilité durable », 2008<br />
GOUIN Thierry – CERTU : « Questioning: How to involve the people in the definition and<br />
implem<strong>en</strong>tation of urban transport policies? », 2011<br />
GUERIN Pierre-Dominique – Grand Lyon : « Plan Presqu’Ile », 2010<br />
HEFNY Kawsar – EEAA: « National project for old Taxi replacem<strong>en</strong>t », 2010<br />
HERNANDEZ Frédérique – IUAR Aix-Marseille Université : « Le tramway : projet de transport de<br />
masse et outil stratégique de la planification urbaine », 2011<br />
HOUPIN Sylvain – Plan Bleu : « Les déplacem<strong>en</strong>ts dans les cœurs de villes : Quel traitem<strong>en</strong>t de<br />
l’espace public ? », 2010<br />
HOUPIN Sylvain : « Mobilité et développem<strong>en</strong>t durable <strong>en</strong> <strong>Méditerranée</strong> : diagnostic prospectif<br />
régional », Les Cahiers du Plan Bleu n° 9, 2010<br />
HUYBRECHTS Éric – Institut d’Aménagem<strong>en</strong>t et d’Urbanisme d’Ile-de-France : « Planification urbaine<br />
et transport dans les métropoles du Maghreb méditerrané<strong>en</strong> », 2011<br />
ILICALI Mustafa – Municipalité Métropolitaine d’Istanbul : « Example of financing an infrastructure of<br />
urban transport by land value : The case of Istanbul », 2011<br />
JODAR Gabriel – FormaPlan / MedCités : « Traits de la politique multimodale des déplacem<strong>en</strong>ts<br />
<strong>urbains</strong> de la ville de Barcelone : <strong>en</strong>jeux et résultats », 2010<br />
KHATOUI Nawel : « Les Autorités Organisatrices de <strong>Transports</strong> publics Urbains <strong>en</strong> Algérie, analyse et<br />
perspectives d’évolution », ENTPE, 2011<br />
LARIA Silvia – Plan Bleu: « Urban Mobility and Sustainable Developm<strong>en</strong>t chall<strong>en</strong>ges in the<br />
Mediterranean Countries », Workshop on « Urban Mobility in Istanbul », 2008<br />
LASSALLE Christine – TAN : « Les transports nantais exemples d’interaction <strong>en</strong>tre le public et les<br />
acteurs », 2011<br />
183
LE TOURNEUR Marc : « Évolution des transports <strong>urbains</strong> dans le cœurs des villes françaises des<br />
années 1950 à nos jours », 2010<br />
LE TOURNEUR Marc : « Les transports à Montpellier : planification et cadre institutionnel », 2010<br />
LOPEZ Angel – Ville de Barcelone : « Les deux roues motorisées – Défis et opportunités », 2010<br />
MARTI ESCURSELL Josep-Maria – Mov<strong>en</strong>tis : « Pres<strong>en</strong>tation of MOVENTIS », 2011<br />
MARTINEZ Pelayo – AMB : « Planificación y gestión del transporte d<strong>en</strong>tro de un área metropolitana:<br />
el caso de Barcelona », 2011<br />
MEYER Vinc<strong>en</strong>t – Ville de Montpellier : « L’accès au c<strong>en</strong>tre-ville de Montpellier », 2010<br />
MEZGHANI Mohamed – IUTP : « Testimonials from International Association of Public Transport<br />
(UITP) », 2011<br />
MEZGHANI Mohamed – UITP : « Quelles autorités pour porter les politiques de transports <strong>urbains</strong> ? »,<br />
2011<br />
MILLOT Marine – CETE <strong>Méditerranée</strong> : « Multimodal organization », 2010 & « Technical<br />
monographs », 2010<br />
NALAN YETMEN Aysin – Municipalité Métropolitaine d’Izmir : « Integrated Public Transport in Izmir<br />
(TUR) », 2011<br />
NEHDI Yosr – Région Autonome de la Sardaigne : « Pres<strong>en</strong>tation of the cross-border cooperation<br />
program in Mediterranean IEVP CT MED of the EU », 2011<br />
NOUHA Hassan – Ministère marocain de l’Intérieur & Jean-Charles CROCHET – La Banque Mondiale :<br />
« <strong>Transports</strong> publics <strong>urbains</strong> : l’expéri<strong>en</strong>ce du Maroc », 2011<br />
PELAEZ DE LOÑO Luis – TMB : « TMB, <strong>Transports</strong> Metropolitans de Barcelona : Vers un nouveau<br />
réseau de bus à Barcelone (Bus à Haute Niveau de Service – BHNS) », 2011<br />
Plan Bleu : « Enjeux de développem<strong>en</strong>t durable <strong>en</strong> <strong>Méditerranée</strong>. Les perspectives du Plan Bleu à<br />
2015 », 2009<br />
REBELO Jorge – La Banque Mondiale : « Financing with new taxes on car used: The Latin America<br />
Experi<strong>en</strong>ce », 2011<br />
RIVALTA Bernard – Sytral : « Face à des opérateurs <strong>en</strong> évolution, comm<strong>en</strong>t assurer une exécution<br />
efficace et cohér<strong>en</strong>te du service de transport public ? », 2011<br />
ROBIN Dominique – Atmo PACA : « Modélisation de la qualité de l’air, pour l’intégration de nouveaux<br />
outils d’aide à la décision sur les aires métropolitaines marseillaises et niçoises », 2010<br />
ROSELLÒ Xavier – ATM : « Prés<strong>en</strong>tation de l’ATM, Autorité du Transport Métropolitain de<br />
Barcelone », 2011<br />
ROUSSET Jacques – BEI et part<strong>en</strong>aires : « MEDINAS 2030 – Étude docum<strong>en</strong>taire préliminaire », 2010<br />
Safak HENGIRMEN Safak – SUMPA-MED et CORNUT Bernard – ADEME: « AOTs in Turkey, Jordania<br />
and Syria : situations & perspectives », 2011<br />
184
SAINT-PAUL Florance – CETE Sud-Ouest : « Planification des déplacem<strong>en</strong>ts, Expéri<strong>en</strong>ce des villes<br />
europé<strong>en</strong>nes du bassin méditerrané<strong>en</strong> », 2011<br />
SAUVANT Alain – École des Ponts Paris Tech : « Le part<strong>en</strong>ariat public privé dans les projets de<br />
transports », 2008<br />
SEMAAN Rami – LEB: « Planification des <strong>Transports</strong> Urbains a l'Est », 2011<br />
SERRHINI Fouad – ADER Fès : « L’organisation de la circulation dans la Médina de Fès <strong>en</strong>tre nécessités<br />
et possibilités », 2010<br />
SMADI Ayman – Ville d’Amman : « Amman : Amman Transportation Strategy from Planning to<br />
Implem<strong>en</strong>tation », 2010<br />
STUCKI Martin – TRANSITEC : « Les déplacem<strong>en</strong>ts dans les cœurs de ville : quel traitem<strong>en</strong>t de l’espace<br />
urbain ? – Illustrations à travers le guide d’aménagem<strong>en</strong>t et d’exploitation de l’espace public urbain<br />
au Maroc », 2010<br />
TIRA Maurizio – Université de Brescia : « Italian experi<strong>en</strong>ce of the Restricted Traffic Zone (ZTL) », 2010<br />
TURRO Mateu – Université Polytechnique de Catalogne et Géraldine BONNET – CERTU : « Comm<strong>en</strong>t<br />
financer le transport public urbain ? Quelles nouvelles sources de financem<strong>en</strong>t mobiliser ? », 2011<br />
VIZCAINO Francisco Javier – Tram Barcelone : « The conditions for the private sector participation to<br />
finance infrastructure in urban transport. The case of the Tramway of Barcelona », 2011<br />
185
186
Partie 1<br />
187