Bulletin N° 19 - Allemand @ Créteil - Académie de Créteil

sauf dans certaines pages. La complexité n’apparait que progressivement, au fur et à mesure qu’on avance
et se révèle être un facteur de motivation, de recherche, elle permet l’interrogation permanente du lecteur,
et ce jusqu’à la dernière page. (« sie holen ihn...wird er in der Operation sterben ? hat er Krebs ?Und
Hanna ? Was wird aus ihr ? Hat sie ihn geliebt ? »)
La complexité de la trame narrative nécessitera certes la mise en place de certaines aides et stratégies,
mais elle poussera les élèves à vouloir en savoir plus, à regarder plus loin , à chercher des réponses dans
le livre. (« Wann erfährt er, daß das Mädchen seine Tochter ist ? und sie ? Wird sie wissen, daß Walter ihr
Vater ist ?? »)
En juin, lors du bilan de l’année, les élèves ont souligné la complexité de l’œuvre, mais de façon
positive, en disant que le lecteur ne pouvait répondre à toutes les questions, qu’il restait encore des zones
d’ombre, que la force de l’œuvre résidait là et dans l’humour de Frisch que je m’étais efforcée de souligner
et qui ne transparait nullement dans le film.
- Il est plus facile d’avancer avec des élèves dans un roman s’il ménage une grande place au lecteur,
si celui-ci est sans arrêt sollicité : le récit du narrateur dans « Homo faber » pousse le lecteur à s’interroger
en permanence sur les motifs, les mobiles, la bonne-foi du narrateur, sur la position de l’auteur, oblige le
lecteur à se positionner ;
- par là-même un des obstacles à la lecture d’une œuvre complète est levé : l’installation de l’ennui,
de la lassitude. Cela ne dispensera pas l’enseignant de varier les entrées dans le texte et les exercices...
mais plus pour des raisons didactiques (telle stratégie est plus adaptée à tel type de passage qu’une autre)
que pour des raisons de motivation.
- Choisir une œuvre dont il existe une traduction accessible me parait aussi être un élèment non
négligeable. Le recours à cette traduction est possible, sous des formes variées, le travail de comparaison
avec leur propre travail de traduction très enrichissant.
Une lecture par le professeur, interprétative certes, à voix haute d’un passage important en français,
alors que les élèves ont le texte allemand sous les yeux, leur permet souvent d’aller plus loin dans la
compréhension du texte, d’en comprendre toutes les nuances.
Démarches, formes de travail, éléments de didactisation :
Ce travail s’est construit au cours de l’année, en fonction du projet de lecture, aussi en fonction des
réactions des élèves, des difficultés rencontrées... il n’a rien d’achevé.
Nous avons jusqu’à la fin de la « erste Station » travaillé en alternant film et roman. (Le film s’arrête là...
ce qui crée une attente chez les élèves concernant le contenu de la « zweite Station »)
La première séquence du film, qu’on retrouve à la fin, est sans doute une des scènes les plus réussies... ;
elle peut être travaillée pour elle-même... elle introduit, par l’alternance du noir et blanc et de la couleur
la notion de subjectivité du souvenir, un effet dramatique qui est un bon déclencheur de parole. Le film
permet de visualiser ce retour nostalgique à la situation passée qui a précédé la mort de Sabeth, à cet
« enchaînement des hasards » et des rencontres. Nous avons travaillé avec le film jusqu’à la scène de
l’accident d’avion. (Alternance d’arrêts sur image, de compréhension de l’oral, de recherche d’indices...
comme on peut le faire avec un début de film, où on découvre ensemble les personnages et ce qui les relie.
Ici la complexité des relations, les « Rückblende » permettent une mise en commun fructueuse)
L’entrée dans le roman a été ainsi très nettement facilitée, les élèves avaient envie de retrouver ce qu’ils
avaient vu, de comparer et pouvaient se concentrer sur autre chose que sur l’intrigue, notamment sur
l’écriture. Les consignes de lecture qui leur ont été données pour les dix premières pages portaient sur la
narration, elles seront les fils conducteurs de la lecture suivie : Pourquoi ce sous-titre « Bericht » ? Que
sous-entend-il ? Comment le narrateur rapporte-t-il les propos de son compagnon de voyage ? Est-ce un
rapport objectif ? Quelle image le narrateur donne-t-il de lui même dans ces quelques pages ?
Nous avons ainsi alterné le travail sur le film et sur le livre, visionnement précédant la lecture ou le
contraire, au gré des difficultés. Nous avons comparé des scènes du livre avec leurs transcriptions
cinématographiques. Ce fut l’occasion de discussions « réelles » entre les élèves, de véritables échanges
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