Médiations spirituelles et diversité des spiritualités - Nouvelle Revue ...

622 CH. A. BERNARD, S.J.
Simplement au lieu d'être connue globalement à travers le devoir
d'état, la volonté de Dieu devient l'objet d'une recherche préalable
et d'une découverte.
Le champ d'application est immense ! Depuis la participation directe
à l'apostolat jusqu'à l'engagement social et politique, il convient
à chacun de se demander ce que .requiert de lui la volonté de
Dieu. Peut-il le faire sans essayer d'entrer dans une vue prospective
de l'histoire, sans scruter les « signes des temps » ? Lorsque, en fonction
d'une réflexion chrétienne, il aura perçu en quel sens il doit
s'engager, il verra en cet engagement une volonté actuelle de Dieu
sur lui. Dès lors, dans la mesure où îl s'efforcera de répondre à
cette volonté, il entrera dans une union plus intime avec Dieu en
coopérant à l'avènement du Royaume.
IÏ est important de souligner ici que le mouvement spirituel porte
d'abord sur l'accomplissement de la volonté de Dieu sur soi et non
sur l'obtention d'un résultat particulier dans lequel on verrait la
volonté de Dieu à réaliser nécessairement. Car îl faut bien reconnaître
qu'à moins d'être naïf ou sectaire, on ne saurait prétendre
déterminer dans le concret l'absolu de la volonté de Dîeu. L'engagement
social, par exemple, suppose qu'on se forme, de la solution des
problèmes, une opinion fondée mais qu'on ne saurait estimer infaillible.
Un certain pluralisme est normal et même nécessaire. Quî, si
expert qu'il soit, prétendrait connaître et manipuler sans erreur les
mécanismes monétaires et économiques ? A plus forte raison, dès
qu'on entre dans le domaine politique, s'entremêlent inextricablement
les questions de doctrines, de personnes, d'évaluation des faits, de
réactions passionnelles. En ce domaine, la recherche de la volonté
de Dieu ne peut être que patiente et modeste.
Deux excès à éviter. Le premier, de croire que le Royaume de
Dieu se révèle en sa pureté dans l'histoire humaine : l'Evangile
nous avertit que tout est mélangé, le bon grain avec l'ivraie. Le
second, de se retirer de tout engagement de peur de se salir les
mains : « on n'allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau,
mais bien sur le lampadaire, où elle brille pour tous ceux qui sont
dans la maison» {Mt 5, 15).
Finalement, la vie spirituelle doit s'unifier dans l'accomplissement
de la volonté de Dieu. On pourrait dire que cette volonté comporte
deux moments. Dans un premier moment, la volonté de Dieu s'exprime
dans le dynamisme de l'humanité forgeant son histoire. Participer
par son travail et son action au développement du corps de
l'humanité se centrant toujours plus sur elle-même, c'est s'intégrer
au Dessein de Dieu. Le faire consciemment, dans la foi et dans
l'amour, c'est s'unir à Dieu et progresser spirituellement, .tout en
s'unissant à l'espérance des hommes. Dans un second moment la