Médiations spirituelles et diversité des spiritualités - Nouvelle Revue ...

628 CH, A, BERNARD, S.J.
relation de promotion. L'enfant, qui doit être peu à peu conduit
a, la plénitude de son développement et de l'autonomie personnelle,
requiert des parents une attention soutenue et continue aux conditions
de sa formation. Exercer la paternité, c'est participer à la
paternité de Dieu « de qui toute paternité au ciel et sur la terre tire
son nom» (E? 3, 15). La. médiation ici s'exerce en un sens descendant
: il faut découvrir et appliquer la volonté de Dieu sur la vie
d'une personne que l'on conduit de la dépendance enfantine à l'autonomie
adulte. Faut-il insister sur la grandeur et la plénitude, la joie
et les souffrances d'une telle action ? L'enfant, comme médiation,
n'est pas moins exigeant que le conjoint.
Choisir l'état de mariag-e implique donc un certain mode de vivre
la charité universelle. On ne renonce pas à celle-ci — peut-on renoncer
à l'essence de la loi évangélique ? — mais on la vit sous ce mode
particulier de la médiation conjugale et familiale. A la fois subordonnée
et suffisante, magnifique et difficile, cette modalité appartient
de plein droit à la spiritualité chrétienne. Sans cesse en évolution,
en raison de sa dépendance de l'environnement sociologique, elle
exige du chrétien un ajustement constant qui tienne compte de toutes
les composantes des relations personnelles. Elle peut fonder un style
de sainteté» ou du moins, entrer comme élément fondamental de
l'élan du fidèle vers la plénitude spîrituelle-
Sacerdoce
Dans la période actuelle de recherche et de crise de l'identité
sacerdotale, cela semble une gageure de définir en quelques lignes
une telle spiritualité. Mais si l'on accepte les positions générales de
cet article, il est possible de tirer quelques conclusions éclairantes
sur ce problème difficile.
Puisque le point décisif demeure la distinction de l'état sacerdotal
et de l'état laîc, proposons celle-ci : le laïc est celui qui est
membre de l'Alliance avec Dieu dans le Christ, le prêtre, ou plus
généralement celui qui participe au sacrement de l'ordre, peut en
être considéré comme le serviteur. Celui qui accepte d'entrer dans
la hiérarchie constituée par le sacrement de l'ordre, accepte de se
mettre au service de l'Alliance, et entre dans une relation particulière
avec l'Eglise et les autres.
Cette considération entraîne une conséquence capitale : l'opposition
entre laïc et prêtre n'est pas une opposition dialectique qui exprimerait
quelque rivalité ! Le prêtre, en effet, avant d'être serviteur de
l'Alliance, en est un membre ; et le laïc participe au service de l'Eglise
et des autres. Le degré de participation seul diffère ! Mais il est
suffisant ; premièrement pour fonder une distinction adéquate dans