Le journalisme à controverse

Cours électronique de journalisme scientifique – Leçon 6
Il peut arriver que la couverture médiatique des controverses scientifiques puisse prendre
l’allure d’une épidémie. De la même manière qu’une infection se propage d’une personne à
l’autre, la découverte d’une controverse dans un journal incite les compétiteurs à enchaîner
avec une crise similaire et avec des amorces attirantes du genre: « Et dans ce nouveau
scandale... » Une fois les lecteurs appâtés avec de tels hors-d’œuvre, les journalistes
peuvent involontairement se lancer dans un festival de controverses en série. Ce genre de
surenchère risque d’entraîner les journalistes à oublier leurs normes d’éthique. En Inde, R.J.
Azmi de l’Institut Wadia sur la géologie de l’Himalaya a été victime de ces reportages en
série quand les fossiles qu’il avait découverts en Asie centrale en 1998 ont été considérés
comme des « faux » par des « experts » et dénoncés comme tels dans les médias. Azmi a
eu le malheur de présenter sa découverte juste après que Nature eut dénoncé le fossile
frauduleux d’un autre géologue indien, V.J. Gupta. Des géologues suédois ont ensuite
confirmé la découverte d’Azmi à la conférence de l’American Geological Society qui s’est
tenue à Colorado en octobre 2007. Selon Azmi, c’était trop tard. « On m’a refusé une
promotion et on m’a empêché de présenter mes nouvelles données. Le débat scientifique au
sein de la géologie indienne a été retardé de dix ans. » Avant de démolir la crédibilité d’un
chercheur en citant les critiques de soi-disant « experts », assurez-vous que leur crédibilité
est au moins comparable à celle du chercheur qu’ils dénoncent. La couverture de la
nanotechnologie ressemble aussi à une épidémie de ce genre. Il y a beaucoup plus d’articles
sur les risques possibles de cette technologie que sur ses bénéfices potentiels. Dans la
mesure du possible, la couverture de ce genre de sujets devrait inclure des analyses
risques/bénéfices pour maintenir l’équilibre.
Créé par la WFSJ et SciDev.Net 14