Le journalisme à controverse

Cours électronique de journalisme scientifique – Leçon 6
6.5 Les genres de controverses et comment les traiter
Une des meilleures façons de s’initier à la couverture des controverses scientifiques serait
de consulter les rapports de la Fondation Nieman, surtout les numéros automne/hiver 2002
(sur l’environnement) et printemps/été 2003 (santé et médecine) (en anglais) [
http://www.nieman.harvard.edu/reports/contents.html ]. On peut aussi consulter le guide
pratique en anglais « Reporting on controversies in science » de Tim Radford, exchroniqueur
scientifique au Guardian. [ http://www.scidev.net/en/practicalguides/reporting-on-controversies-in-science.html
]
Sur Wikipédia, on trouve une liste des fameuses controverses à travers l’histoire, [
http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_de_controverses_scientifiques ] et voici la page consacrée
au journalisme d’investigation de l’École supérieure de journalisme de Lille en France. [
http://www.esj-lille.fr/spip.php?article506 ]
On peut distinguer au moins huit grandes catégories de reportages sur les controverses:
1. En mode de « couverture passive », le journaliste présente les divers points de vue qui
s’affrontent dans une controverse déjà bien établie en laissant le lecteur libre de sa
conclusion: La sélection du sexe des enfants est-elle responsable du petit nombre de
filles en Inde et en Chine? Les biocarburants sont-ils la réponse à la crise de l’énergie
dans les pays en développement et ont-ils un impact sur la crise alimentaire? Voici un
article à ce sujet : [ http://www.liberation.fr/actualite/economie_terre/337109.FR.php ]
2. Dans la « couverture active », c’est plutôt le journaliste lui-même qui lance la
controverse en révélant des informations qu’il a mises au jour au fil de son enquête. Ce
fut le cas de l’article « Silent Spring » dans lequel Rachel Carson expliquait les dangers
du DDT. Son article a lancé la campagne anti-DDT des environnementalistes. Ce
pesticide semble maintenant faire un retour en force... mais c’est une autre histoire!
3. Les fraudes, le plagiat et les autres formes d’inconduites sont généralement dévoilés par
les revues, d’autres chercheurs ou des délateurs. Le rôle du journaliste se résume ici à
raconter les événements et leurs suites ainsi qu’à analyser les répercussions de la
fraude. La récente controverse sur les cellules souches en Corée a d’abord surgi des
soupçons d’un journaliste de Nature dont voici l’article en anglais : [
http://www.nature.com/nature/journal/v429/n6987/full/429003a.html ] avant qu’un
réseau de télévision Sud-Coréen ne pousse l’enquête plus loin. Les suites ont été
documentées par l’équipe de Nature et par de nombreux autres médias. Les
controverses militaires peuvent soulever des enjeux de sécurité nationale très délicats.
Elles se prêtent à du journalisme d’enquête, surtout que les informations ne sont
généralement pas accessibles publiquement et qu’elles doivent être traitées avec doigté.
Par exemple, on mettait sérieusement en doute les prétentions de l’Inde qui disait avoir
fait exploser avec succès une bombe à hydrogène en 1998. Malgré l’absence
d’information officielle, il demeurait quand même possible de vérifier les faits comme
l’auteur de ces lignes l’a fait pour le compte du quotidien Hindu.(texte en anglais [
http://cndyorks.gn.apc.org/news/articles/asia/need.htm ] )
4. Quand il s’agit d’une « attaque personnelle », c’est le chercheur lui-même qui est dans
la mire, plutôt que ses recherches. Il est préférable de se tenir loin de ce genre de
controverse, à moins qu’elles n’aient un impact sur la gestion des fonds publics ou sur
une institution. La manière dont Nature a traité « la folie de Watson » est un magnifique
exemple de la manière d’aborder des controverses de ce genre, si jamais vous deviez le
faire dans votre carrière. [ http://www.sciencepresse.qc.ca/node/18909 ] Et voici un
article présentant les travaux controversés de Craig Venter qui a réussi à créer le
premier génome artificiel. [
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