Le journalisme à controverse

Cours électronique de journalisme scientifique – Leçon 6
Cours électronique de journalisme scientifique
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Leçon 6
Le journalisme à controverse
par KS Jayaraman
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Bienvenue au premier cours en ligne de journalisme scientifique. Il a été conçu par la
Fédération Mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) en étroite collaboration avec le
réseau de Science et Développement SciDev.Net.
6.1 Introduction ......................................................................................................3
6.2 Pourquoi écrire sur les controverses? ...............................................................4
6.3 Qu'est-ce qu'une controverse scientifique?.......................................................5
6.4 Comment trouver des controverses scientifiques? ............................................6
6.6 Les exigences de base du journalisme à controverse ......................................10
6.7 Éléments essentiels de l'article à controverse .................................................11
6.8 L'équilibre .......................................................................................................12
6.9 L'éthique du reportage à controverse..............................................................13
6.11 Le danger professionnel des reportages scientifiques à controverse.............16
6.12 Des exemples de reportages à controverse ...................................................17
6.13 Questions d'auto-apprentissage....................................................................18
6.14 Questions d'auto-apprentissage réponses.....................................................19
6.15 Travaux pratiques .........................................................................................20
Ce projet est financé par:
Le Centre de recherches pour le développement international (www.crdi.ca)
Department for International Development (UK) [ http://www.dfid.gov.uk/ ]
Swedish International Development Agency (Sweden) [ http://www.sida.se/ ]
Consultez les cours en ligne:
www.wfsj.org/course/
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6.1 Introduction
En 1988, une grève générale de ses médecins a paralysé un institut de recherche médicale
de Delhi. La couverture médiatique s’est concentrée sur la grève et son impact sur les
patients. Pour ma part, j’ai compris que c’était l’occasion d’aller chercher de l’information «
interne » auprès de médecins qui n’auraient rien dit en temps ordinaire. Cette fois, ils
seraient plus disposés à dévoiler des informations compromettantes pour la direction. J'ai
ainsi appris que des chercheurs avaient étranglé un fœtus avorté qui était sorti bien en vie
et en pleurs, pendant des tests sur l’efficacité d’un nouveau médicament anti-abortif de
fabrication suédoise.
Je n’ai pas publié l’article avant d’obtenir copie du dossier médical de la mère, avec de l’aide
de l’intérieur. Cette preuve m’a sauvé au lendemain de la publication, quand le directeur de
l’institut est arrivé dans mon bureau en menaçant d’intenter des poursuites. Ce directeur a
ensuite perdu son poste.
Cet incident montre combien certaines histoires peuvent porter à controverse. Il est
essentiel de bien se préparer avant de publier.
Il y a toutes sortes de controverses, certaines plus visibles que d’autres. La controverse
sera évidente si un chercheur prétend que la Terre est plate. À d’autres moments, l’origine
du conflit peut être moins claire (si un médicament est brusquement retiré du marché, par
exemple).
Bien sûr, la plupart des nouvelles scientifiques conventionnelles portent plutôt sur les
nouvelles technologies ou des découvertes; sur des entrevues de chercheurs, des
publications scientifiques, des conférences, des communiqués de presse à propos d’un
nouveau médicament, etc. Les deux premiers cours en ligne de cette série vous ont appris à
bien couvrir ces informations scientifiques ordinaires. Ce chapitre vous montrera comment
gérer la controverse avec aplomb.
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6.2 Pourquoi écrire sur les controverses?
Comme tout bon roman, les histoires scientifiques s’alimentent souvent de controverses et
de conflits, disait Christine Gorman, quand elle était responsable des pages scientifiques du
magazine Time.
Les lecteurs et les journalistes aiment les controverses. Le rédacteur en chef d’un journal
aura tendance à placer un article scientifique à la Une plutôt qu’en page trois si la
controverse qu’il contient aide à vendre le journal ou à animer le journal télévisé.
Les débats fournissent une bonne occasion de familiariser le public avec des enjeux plus
techniques comme le changement climatique et le SIDA.
La couverture d’un sujet controversé peut être très bénéfique pour le public. Par exemple,
en Inde, la publication de nouvelles sur les dangers de cuisiner sur les poêles à bois
traditionnels a amené le gouvernement à lancer son programme sur les « chulas sans
fumée ».
Les histoires controversées et jouissant d’une bonne visibilité sont rentables pour le
journaliste. Elles le font connaître dans la salle de nouvelles et dans la communauté
scientifique. Cela peut amener d’autres personnes à le contacter par la suite pour dévoiler
d’autres histoires controversées.
Tous les journalistes rêvent de faire de la controverse et du journalisme d’enquête au cours
de leur carrière. Les occasions semblent plus nombreuses pour les journalistes qui couvrent
l’activité criminelle ou politique mais vous avez d’aussi bonnes chances de faire de l’enquête
en science si vous savez reconnaître les occasions.
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6.3 Qu'est-ce qu'une controverse scientifique?
Tout point de vue nouveau qui remet en question les concepts, théories ou pratiques
généralement acceptés peut donner une histoire controversée. Par exemple, le
Créationnisme et l’origine de l’univers sont souvent des sujets à controverse.
Dès que les chercheurs font progresser la connaissance, ils peuvent jeter le doute sur les
mécanismes et des applications fondés sur les connaissances précédentes. Cela devient une
controverse. Par exemple, les organismes génétiquement modifiés (OGM), dont on dit qu’ils
pourraient fournir de meilleures récoltes, sont devenus un sujet « chaud » quand Nature a
publié un reportage sur le décès de papillons monarques dont les larves s’étaient nourries
de maïs transgénique. (Article en anglais à [
http://www.nature.com/nature/journal/v399/n6733/pdf/399214a0.pdf ]) Le gouvernement
du Québec a un site d’information et de vulgarisation sur les OGM: [
http://www.ogm.gouv.qc.ca/ ]
Vous avez matière à controverse dès qu’on accorde du financement public à un projet fondé
sur ce qui vous semble être de la mauvaise science ou sur des technologies douteuses. On
peut classer dans cette catégorie le déversement de fer dans l’océan pour favoriser
l’absorption du gaz carbonique ainsi que le projet indien « sethusamudram » qui propose de
draguer le fond de l’océan entre l’Inde et le Sri Lanka pour y aménager une voie de
navigation.
Des déclarations publiques de chercheurs de renom peuvent susciter la controverse. James
Watson, lauréat du prix Nobel, a dû démissionner de son poste au Cold Spring Harbor
Laboratory après avoir déclaré que les personnes de race noire sont moins intelligentes que
celles de race blanche. (Voyez plus loin dans cette portion du cours comment cette
controverse a été couverte.)
Les controverses scientifiques ont souvent des ramifications politiques ou religieuses. Le
débat sur le réchauffement climatique porte essentiellement sur les sciences de
l’atmosphère mais les intervenants sont des politiciens, des représentants des industries et
tous les citoyens ordinaires.
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6.4 Comment trouver des controverses scientifiques?
Elles ne vous arriveront pas toutes cuites dans le bec et surtout pas par communiqué de
presse.
Vous pouvez parfois découvrir des pistes de controverse en analysant avec soin des articles
scientifiques ou des conférences. Ensuite, il vous faut analyser la littérature, vous démener,
faire des entrevues et, à l’occasion, jouer un peu au détective. En Inde, entre 1976 et 1988,
1158 femmes ont été suivies pour voir comment évoluerait leur lésion précancéreuse du col
de l’utérus. Neuf ont eu un cancer invasif, 62 un carcinome localisé. Selon l’étude, aucun
traitement n’était offert avant l’atteinte d’un carcinome. Cette étude clinique a été déclarée
non éthique puisque les femmes n’avaient pas à donner leur consentement pour en faire
partie. Le reporter Ganapati Mudur a raconté cette histoire dans le British Medical Journal en
1997 (en anglais).[ http://www.bmj.com/cgi/content/full/314/7087/1065 ]
Ne prenez pas les communiqués de presse pour parole d’évangile. Vérifiez leur contenu
scientifique et la méthodologie utilisée. Consultez d’autres experts du même domaine pour
déterrer toute controverse dissimulée derrière une publication scientifique.
Quand la présentation d’un chercheur contient des éléments controversés, elle suscite
généralement des commentaires de la part de chercheurs rivaux. Ils ne les formuleront sans
doute pas au moment du congrès mais plutôt en privé, pendant la pause-café. Mêlez-vous
aux scientifiques et ayez l’oreille aux aguets. Il ne vous restera qu’à avoir assez de
connaissances scientifiques pour reconnaître cet aspect controversé et pour savoir à qui
parler ou quoi lui demander.
Vous pouvez aussi trouver des indices de controverse dans certaines allusions indirectes ou
imprudentes pendant une entrevue. Quand un représentant de l’Organisation mondiale de la
Santé (OMS) a dit à un journaliste que l’information qu’il recherchait pourrait être « délicate
pour les médias de l’Inde », ce journaliste a lancé une enquête qui a obligé le
Gouvernement indien à fermer le bureau local de l’OMS. Par exemple, un fonctionnaire
hindou a lancé dans une conversation informelle qu’il avait « détruit le jour même quelques
plantes qui contenaient des nématodes. » Il a ainsi déclenché une enquête journalistique
qui a mis au jour une fraude des brasseries qui fabriquaient de la bière avec du houblon de
mauvaise qualité en contournant les règlements de quarantaine. Cela a déclenché un débat
au Parlement de l’Inde et mené à des amendements à la loi sur la quarantaine.
Ayez toujours l’œil aux aguets et l’esprit en alerte car les idées d’articles à controverse
peuvent jaillir de vie de tous les jours. Un journaliste qui conduisait de nuit sur un pont très
long à Delhi a remarqué que les lumières vives qui scintillaient rapidement dans ses yeux
avaient un effet hallucinogène. Les responsables de la voirie, peut-être pour sauver de
l’argent, avaient installé les lumières juste au niveau des yeux, à tous les trois mètres sur
les garde-fous de part et d’autre de la route. Après avoir parlé à un neurologue, il a rédigé
un article disant que des lumières qui clignotent de manière rythmique peuvent déclencher
des crises d’épilepsie chez les enfants vulnérables. Cela a suscité une telle controverse que
les autorités ont modifié l’éclairage après qu’un autre médecin eut appuyé les conclusions
de l’article.
Les chroniqueurs politiques savent d’instinct que s’il y a une élection le mois suivant, il y
aura certainement des controverses entre-temps. Les journalistes scientifiques devraient
eux aussi sentir la controverse dès qu’une nouvelle technologie ou une percée médicale se
présente. Cela a toujours été le cas, qu’il s’agisse de biotechnologie, de téléphones mobiles
ou de transplantations cardiaques. La nanotechnologie (la vedette de l’heure!) a aussi son
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cortège de controverses. [ http://www.researches-nanoclusters.eu/fr/introductionaux-nanotechnologies-et-nanosciences/definition-des-nanotechnologies-nst-enjeux-etchamps-scientifi.html
]
La prochaine fois que quelqu’un annonce une percée, demandez-vous quel en sera l’impact
le plus probable et partez en chasse!
Vous trouverez probablement de la controverse dès qu’un projet, une expérience médicale
ou un essai clinique se déroule en secret derrière des portes closes. Continuez à frapper!
Il n’y a pas deux controverses identiques. Ce qui suscite un débat dans un pays pourrait ne
pas faire problème dans le pays voisin. Les déchets informatiques ne posent pas problème
dans les pays pauvres qui n’ont pas encore subi l’invasion des ordinateurs et des
technologies de l’information. L’impact négatif de la « révolution verte » suscitera la
controverse en Inde...mais pas en Grande-Bretagne!
Dans votre travail de journaliste, renseignez-vous sur les controverses des autres pays sur
les sites internet des médias étrangers. Il peut être important d’informer vos lecteurs de ces
controverses étrangères (qui pourraient un jour devenir importantes aussi pour eux).
Renseignez-vous surtout sur les controverses qui pourraient aussi s’appliquer chez vous.
Certains sujets locaux ont une pertinence universelle. C’est le cas de la pollution extrême de
certains lieux de l’Inde qui ont le triste record d’être dans les lieux les plus pollués du
monde. [
http://www.cyberpresse.ca/article/20070916/CPENVIRONNEMENT/70916074/6110/CPENVI
RONNEMENT01 ]
Universel, aussi, le cri d’alarme lancé par un journaliste indien sur le stockage de gaz
toxique dans une usine de pesticides à Bhopal. C’était au début une controverse locale. Mais
lorsqu’une fuite de ce gaz a tué des milliers de personnes en décembre 1984, cela a lancé
un débat mondial sur la responsabilité légale des grandes sociétés internationales. Les
prétentions des médecins traditionnels ou les essais cliniques dans les pays en
développement peuvent tout autant devenir objets de controverse. Les coûts de
l’exploration spatiale posent rarement problème en Occident mais il y a sujet à débat quand
c’est un pays pauvre qui entreprend de lancer des satellites habités ou des missions
lunaires.
Dans les pays où les chercheurs du gouvernement n’ont pas le droit de s’exprimer en public,
il est toujours utile d’entretenir de bonnes relations avec les dirigeants des syndicats et des
associations scientifiques ainsi qu’avec les chercheurs mécontents. Vous ne pourrez sans
doute pas les citer directement (pour les protéger ou parce qu’ils pourraient être biaisés)
mais ils peuvent vous fournir des pistes très utiles pour lancer des controverses. C’est un
dirigeant syndical qui a révélé à un journaliste qu’on avait dû hospitaliser quatre travailleurs
irradiés dans une centrale nucléaire indienne. Cela a amené le journaliste à découvrir des
manœuvres dangereuses dans la gestion du réacteur.
La plupart des débats scientifiques finissent par se résorber avec le temps mais il y en a
quelques-uns qui survivent longtemps. Par exemple, la fusion nucléaire à froid a été écartée
de la recherche scientifique officielle [
http://www.sciencepresse.qc.ca/archives/2006/cap1505065.html ] mais elle demeure
toujours bien en vie dans certains laboratoires. Les recherches se poursuivent même si ces
scientifiques ne sont pas encore parvenus à convaincre leurs collègues. Il est donc utile de
revisiter leurs sites Internet à l’occasion pour voir s’il n’y aurait pas de nouveaux
rebondissements. (en anglais) :[ http://newenergytimes.com/ ]
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6.5 Les genres de controverses et comment les traiter
Une des meilleures façons de s’initier à la couverture des controverses scientifiques serait
de consulter les rapports de la Fondation Nieman, surtout les numéros automne/hiver 2002
(sur l’environnement) et printemps/été 2003 (santé et médecine) (en anglais) [
http://www.nieman.harvard.edu/reports/contents.html ]. On peut aussi consulter le guide
pratique en anglais « Reporting on controversies in science » de Tim Radford, exchroniqueur
scientifique au Guardian. [ http://www.scidev.net/en/practicalguides/reporting-on-controversies-in-science.html
]
Sur Wikipédia, on trouve une liste des fameuses controverses à travers l’histoire, [
http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_de_controverses_scientifiques ] et voici la page consacrée
au journalisme d’investigation de l’École supérieure de journalisme de Lille en France. [
http://www.esj-lille.fr/spip.php?article506 ]
On peut distinguer au moins huit grandes catégories de reportages sur les controverses:
1. En mode de « couverture passive », le journaliste présente les divers points de vue qui
s’affrontent dans une controverse déjà bien établie en laissant le lecteur libre de sa
conclusion: La sélection du sexe des enfants est-elle responsable du petit nombre de
filles en Inde et en Chine? Les biocarburants sont-ils la réponse à la crise de l’énergie
dans les pays en développement et ont-ils un impact sur la crise alimentaire? Voici un
article à ce sujet : [ http://www.liberation.fr/actualite/economie_terre/337109.FR.php ]
2. Dans la « couverture active », c’est plutôt le journaliste lui-même qui lance la
controverse en révélant des informations qu’il a mises au jour au fil de son enquête. Ce
fut le cas de l’article « Silent Spring » dans lequel Rachel Carson expliquait les dangers
du DDT. Son article a lancé la campagne anti-DDT des environnementalistes. Ce
pesticide semble maintenant faire un retour en force... mais c’est une autre histoire!
3. Les fraudes, le plagiat et les autres formes d’inconduites sont généralement dévoilés par
les revues, d’autres chercheurs ou des délateurs. Le rôle du journaliste se résume ici à
raconter les événements et leurs suites ainsi qu’à analyser les répercussions de la
fraude. La récente controverse sur les cellules souches en Corée a d’abord surgi des
soupçons d’un journaliste de Nature dont voici l’article en anglais : [
http://www.nature.com/nature/journal/v429/n6987/full/429003a.html ] avant qu’un
réseau de télévision Sud-Coréen ne pousse l’enquête plus loin. Les suites ont été
documentées par l’équipe de Nature et par de nombreux autres médias. Les
controverses militaires peuvent soulever des enjeux de sécurité nationale très délicats.
Elles se prêtent à du journalisme d’enquête, surtout que les informations ne sont
généralement pas accessibles publiquement et qu’elles doivent être traitées avec doigté.
Par exemple, on mettait sérieusement en doute les prétentions de l’Inde qui disait avoir
fait exploser avec succès une bombe à hydrogène en 1998. Malgré l’absence
d’information officielle, il demeurait quand même possible de vérifier les faits comme
l’auteur de ces lignes l’a fait pour le compte du quotidien Hindu.(texte en anglais [
http://cndyorks.gn.apc.org/news/articles/asia/need.htm ] )
4. Quand il s’agit d’une « attaque personnelle », c’est le chercheur lui-même qui est dans
la mire, plutôt que ses recherches. Il est préférable de se tenir loin de ce genre de
controverse, à moins qu’elles n’aient un impact sur la gestion des fonds publics ou sur
une institution. La manière dont Nature a traité « la folie de Watson » est un magnifique
exemple de la manière d’aborder des controverses de ce genre, si jamais vous deviez le
faire dans votre carrière. [ http://www.sciencepresse.qc.ca/node/18909 ] Et voici un
article présentant les travaux controversés de Craig Venter qui a réussi à créer le
premier génome artificiel. [
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http://www.cyberpresse.ca/article/20080124/CPSCIENCES/80124142/5529/CPSCIENCE
S ]
5. Parfois, il s’agit plutôt de « gestion de crise », à la suite d’un tsunami, d’un tremblement
de terre, d’une catastrophe aérienne ou d’une inondation par exemple, quand le
journaliste doit plutôt favoriser une discussion publique posée et raisonnable, plutôt que
d’alimenter la controverse. Il s’agit ici de comprendre les besoins de la population, de
gagner sa confiance, de fournir des informations techniques ou des avis pratiques et de
partager avec le public les informations disponibles.
6. Il y a aussi des controverses où la science elle-même est remise en question par
d’autres systèmes de connaissance et d’autres idéologies (religions, médecine
alternative, etc.) Dans cette catégorie, c’est parfois la science qui conteste les autres
approches.
7. Enfin, il y a les controverses « socio-politico-économiques », où peuvent aussi intervenir
des membres de la communauté scientifique ainsi que des informations de nature
technique et scientifique. Il peut même arriver que le journaliste scientifique puisse
renouveler ces débats en mettant en lumière des considérations techniques ou
scientifiques méconnues. En Inde par exemple, quand l’État de Karnataka a décidé
d’exporter du minerai de fer pour des raisons économiques, c’est l’impact
environnemental de la décision qui a soulevé une controverse.
La couverture des controverses, les reportages sur les risques et le journalisme d’enquête
sont autant de variantes du journalisme à scandale et leurs frontières respectives sont
souvent bien floues. Leur principal point commun: elles doivent toutes s’appuyer fermement
sur des faits.
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6.6 Les exigences de base du journalisme à controverse
Il est toujours utile de maintenir de bons rapports avec les chercheurs et de gagner leur
confiance. Ils peuvent vous fournir des pistes sur des recherches controversées et vous
aurez besoin de leur collaboration pour confirmer vos informations au moment de rédiger
l’histoire.
En même temps, il est préférable de vous en tenir à des relations professionnelles avec vos
sources. Des relations trop intimes pourraient compromettre votre objectivité. S’il y a
conflit, vous devez être prêt à sacrifier une relation personnelle pour le bien de votre travail.
Le journalisme d’enquête de qualité demande beaucoup de temps - des jours, des semaines
et des mois - et il faut de la patience. Soyez prêts à envisager l’échec.
Le plus important, vous avez absolument besoin de l’appui de votre rédacteur en chef.
Gardez-le bien informé de vos démarches pour qu’il puisse résister à toute pression qui
pourrait vous empêcher de publier vos découvertes, et assurez-vous qu’il prendra charge de
votre défense en cas de poursuite.
Souvenez-vous que l'élément le plus caractéristique d’une bonne enquête, c’est qu’elle va
provoquer des réactions. Avant toute publication, conservez toutes les réponses et
documents en lieu sûr pour pouvoir répondre aux dénégations probables, aux répliques, aux
critiques et même aux poursuites en diffamation - comme l’auteur de ces lignes l’a constaté
en 1988 (voir l’histoire du tout-début de ce chapitre). Ne publiez donc aucun élément
controversé que vous n’êtes pas capable de prouver. Même s’il y a des choses croustillantes
que vous savez « vraies », vous ne devez pas les publier si vous n’êtes pas capable d’en
faire une preuve irréfutable devant un tribunal. Vous seriez alors passible d’une
condamnation pour diffamation. C’est pourquoi les grands médias ne publient aucun article
à controverse sans le soumettre d’abord à leurs avocats. (C’est bien connu, les avocats
seront plus exigeants que vous sur la solidité des preuves requises.) C’est frustrant pour le
journaliste qui doit souvent effacer des passa
ges dont il est fier. Par contre, cela vaut beaucoup mieux que de voir sa réputation
compromise parce que votre journal a dû faire des excuses publiques à des bandits que
vous avez accusés sans preuve irréfutable.
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6.7 Éléments essentiels de l'article à controverse
Votre histoire a-t-elle un angle qui suscite la controverse? Si oui, vous avez déjà fait la
moitié du travail.
Quelles controverses vaut-il la peine de fouiller? Vous prendrez la décision en fonction de
son impact potentiel sur l’ensemble de la société.
Quels sont les principaux angles de la controverse et qui sont les principaux protagonistes?
Vous pouvez les trouver en faisant une revue de la littérature sur internet et dans les
bibliothèques. Consultez vos informateurs et d’autres chercheurs - de préférence un groupe
rival - pour identifier ceux qui ont une perspective différente (ou opposée) sur l’enjeu.
Évaluez qui est crédible et qui ne l’est pas.
Seriez-vous en train de déformer le débat? Votre travail consiste à rédiger une bonne
histoire à partir des faits. Ne soyez pas biaisé. Des nouvelles déformées, surtout en matière
de santé, peuvent susciter de faux espoirs... ou des craintes non fondées.
Exagérez-vous le côté sensationnaliste de l’histoire? Une découverte médicale dont on
exagère la portée peut provoquer une frénésie médiatique sans fondement. Par exemple,
les reportages sur la maladie de la vache folle ont atteint un niveau d’hystérie absurde
quand les journalistes se sont mis à souligner les aspects les plus effrayants de l’histoire.
Cela a incité le gouvernement à dépenser des millions pour contrer un « risque infinitésimal
», selon David Ropeik du Centre d’analyse de risque de Harvard.
Manquez-vous de sobriété ou de retenue? Les manchettes et les mots utilisés pour définir
chaque position peuvent exagérer ou minimiser le conflit et colorer la réaction publique. Par
exemple, le projet indien Sethsamudram mentionné à 6.3 est devenu un débat politique
parce que les journalistes citent surtout les réactions des politiciens. Pourtant, il avait
débuté avec un enjeu qui était plutôt scientifique et environnemental.
Comme dans la fameuse histoire des cinq aveugles qui doivent décrire un éléphant, le
même enjeu peut être perçu différemment par des universitaires, des militants et, surtout,
par les diverses personnes directement impliquées dans la controverse. Dès lors, il est
important que le journaliste s’efforce de bien équilibrer sa présentation.
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6.8 L'équilibre
C’est une règle de base du journalisme: il faut donner les « deux » côtés de la médaille. Par
contre, cela n’implique pas nécessairement qu’on doive donner la même importance à
chaque point de vue. Il faut plutôt « faire une évaluation afin de donner à chaque élément
de la preuve scientifique l’importance qu’il mérite. », selon plusieurs journalistes
d’expérience qui donnent leur opinion en anglais dans le journal Science Editor, Vol 29,
2006: [ http://www.councilscienceeditors.org/members/securedDocuments/v29n3p099-
100.pdf ]
Même s’il faut présenter divers points de vue, on ne doit pas mettre sur le même pied les
déclarations d’une petite poignée de sceptiques et des données scientifiques qui jouissent
d’un consensus général. Un tel « équilibre » n’aiderait pas les lecteurs à se faire une opinion
équilibrée, comme le souligne Chris Mooney dans la Columbia Journalism Review: (en
anglais [ http://cjrarchives.org/issues/2004/6/mooney-science.asp ]) Les revues
scientifiques de haut niveau hésitent elles-mêmes à publier des remises en question des
théories qui font déjà consensus comme le réchauffement de la planète ou l’existence des
trous noirs. Dans ces cas, le fardeau de la preuve est alors beaucoup plus important.
Même si vous présentez les points de vue de chaque partie, donnez au lecteur des indices
qui lui permettront de juger qui a raison. Il est très difficile de départager qui est crédible et
qui ne l’est pas.
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6.9 L'éthique du reportage à controverse
Il serait irresponsable de créer une controverse de toutes pièces en fabriquant des
divergences d’opinion artificielles. Vous perdriez votre crédibilité - la principale richesse d’un
journaliste - et vous pourriez être perçu comme un pion manipulé par une des parties.
Les reportages à controverse doivent être conçus de manière à provoquer un débat dans la
communauté scientifique ou dans l’ensemble de la société si l’enjeu le justifie. Le journaliste
ne doit jamais donner l’impression qu’il a lui-même la vérité et le dernier mot.
Vous devez protéger à tout prix les personnes qui vous ont fait confiance en vous donnant
de l’information et qui pourraient se retrouver en danger si leur identité était connue. Vous
ne devez donc jamais dévoiler leur identité sans leur accord. (Souvenez-vous de
l’informateur secret de Bob Woodward, « Deep Throat » dans son enquête sur l’affaire du
Watergate.)
Les controverses donnent de bonnes histoires. Par contre, si la « victime » de votre
controverse est par la suite innocentée de toute fraude ou malversation, vous devez aussi
souligner cette conclusion, en toute justice.
Votre décision d’écrire un article sur une controverse devrait dépendre de son importance
scientifique et non seulement de sa popularité chez vos compétiteurs. (Voyez les exemples
de controverses plus loin dans cette section.)
Dans votre désir de rédiger un article qui aura « l’air » d’une controverse, vous ne devez
pas ignorer le point de vue des critiques les mieux informés sur le litige.
Les chercheurs mentionnés dans la controverse devraient être confrontés aux critiques des
autres experts de leur domaine. Il est injuste d’opposer des spécialistes informés à des
vedettes de cinéma, des athlètes ou des politiciens sans expertise. L’excellence dans un
domaine ne donne aucune autorité dans un autre domaine. On a souvent accusé les
journalistes scientifiques de citer des militants contre l’avortement plutôt que des
chercheurs dans le débat sur le lien possible entre l’avortement et le cancer du sein alors
qu’on possède des preuves écrasantes qu’il n’y a aucun lien entre les deux.
[ http://www.cancer.ca/Canada-wide/About%20us/CW-
Our%20positions%20and%20perspectives/Abortion%20and%20breast%20cancer.aspx?sc_l
ang=fr-CA ]
On a aussi reproché aux journalistes scientifiques d’écrire des articles sur le risque que le
vaccin contre la rougeole, la rubéole et les oreillons puisse déclencher l’autisme... même si
on n’a aucune preuve qu’il y ait le moindre lien entre les deux.
[ http://www.sciencepresse.qc.ca/archives/2003/cap1509036.html ]
Vous pourriez avoir de la difficulté à décider si vous devez publier un article sur un accident
ou une tragédie qui risque de se produire. Devriez-vous vous abstenir pour protéger les
personnes responsables qui seront impliquées dans la controverse? Souvenez-vous que
vous êtes d’abord redevable à de votre public. Il serait irresponsable de supprimer une
information importante pour le public sous prétexte que cela nuirait à la réputation de
personnes en autorité ou que cela pourrait créer une panique inutile dans la population.
Votre travail, c’est d’exposer les faits; la société a d’autres mécanismes pour faire face à la
panique.
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Il peut arriver que la couverture médiatique des controverses scientifiques puisse prendre
l’allure d’une épidémie. De la même manière qu’une infection se propage d’une personne à
l’autre, la découverte d’une controverse dans un journal incite les compétiteurs à enchaîner
avec une crise similaire et avec des amorces attirantes du genre: « Et dans ce nouveau
scandale... » Une fois les lecteurs appâtés avec de tels hors-d’œuvre, les journalistes
peuvent involontairement se lancer dans un festival de controverses en série. Ce genre de
surenchère risque d’entraîner les journalistes à oublier leurs normes d’éthique. En Inde, R.J.
Azmi de l’Institut Wadia sur la géologie de l’Himalaya a été victime de ces reportages en
série quand les fossiles qu’il avait découverts en Asie centrale en 1998 ont été considérés
comme des « faux » par des « experts » et dénoncés comme tels dans les médias. Azmi a
eu le malheur de présenter sa découverte juste après que Nature eut dénoncé le fossile
frauduleux d’un autre géologue indien, V.J. Gupta. Des géologues suédois ont ensuite
confirmé la découverte d’Azmi à la conférence de l’American Geological Society qui s’est
tenue à Colorado en octobre 2007. Selon Azmi, c’était trop tard. « On m’a refusé une
promotion et on m’a empêché de présenter mes nouvelles données. Le débat scientifique au
sein de la géologie indienne a été retardé de dix ans. » Avant de démolir la crédibilité d’un
chercheur en citant les critiques de soi-disant « experts », assurez-vous que leur crédibilité
est au moins comparable à celle du chercheur qu’ils dénoncent. La couverture de la
nanotechnologie ressemble aussi à une épidémie de ce genre. Il y a beaucoup plus d’articles
sur les risques possibles de cette technologie que sur ses bénéfices potentiels. Dans la
mesure du possible, la couverture de ce genre de sujets devrait inclure des analyses
risques/bénéfices pour maintenir l’équilibre.
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Cours électronique de journalisme scientifique – Leçon 6
6.10 Les obstacles aux reportages à controverse
Le premier obstacle est votre rédacteur en chef. Il vous faut le convaincre que votre histoire
controversée n’aura pas d’impact négatif sur les revenus publicitaires ou autres. Vous
pourriez avoir à vous battre avec un rédacteur en chef et avec des collègues qui n'ont pas
plus de culture scientifique que le reste de la population.
Les journalistes des pays en développement font face à des problèmes particuliers. Il leur
est plus difficile d’avoir accès à l’information.
Les reporters peuvent recevoir des menaces. On peut tenter de les acheter avec des potsde-vin
pour empêcher la publication de leur article. Les journalistes qui couvrent la santé et
la médecine (deux domaines qui deviennent de plus en plus commerciaux) sont plus
vulnérables qu’autrefois aux pressions économiques et commerciales, comme le montre la
controverse sur l’essence au plomb et la santé publique dès les années 1920.(article en
anglais : [ http://www.pubmedcentral.nih.gov/articlerender.fcgi?artid=1646253 ] Voici une
fiche d’information sur les dangers de l’exposition au plomb : [ http://www.hcsc.gc.ca/ewh-semt/contaminants/lead-plomb/sources_exposure-sources_expositionfra.php#7
]
Selon la nature de la controverse, les responsables de l’information peuvent être l’objet de
pressions de la part de politiciens ou de sociétés qui voudraient empêcher la publication de
l’article. Les gouvernements, surtout dans les pays en développement, peuvent bloquer la
publication ou la diffusion des histoires qu’ils jugent nuisibles pour la sécurité nationale ou
leurs intérêts économiques.
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6.11 Le danger professionnel des reportages scientifiques à
controverse
La rédaction d’un reportage d’enquête ou de controverse est aussi imprévisible qu’un
investissement à la bourse. Si vous avez raison, vous devenez un héros. Dans le cas
contraire, vous perdez la face dans les salles de nouvelles et dans le milieu scientifique.
Morale de l’histoire: ne lancez jamais de controverse sans avoir très bien vérifié vos
informations.
Que votre histoire tienne le coup ou pas, vous allez probablement vous mettre à dos les
chercheurs que vous avez ciblés dans votre article. C’est le prix à payer. Il ne faut pas
désespérer pour autant car vous allez aussi vous attirer des admirateurs, de nouveaux
informateurs et probablement de nouvelles pistes pour de nouvelles histoires.
Le jour où votre histoire est publiée, vous pouvez aussi bien recevoir des appels de
félicitations pour votre courage que des menaces de riposte ou de libelle diffamatoire de la
part des personnes que vous avez attaquées. Vous n’avez aucune raison de vous inquiéter
si vous avez l’appui de votre rédacteur en chef et si vos affirmations sont vraies.
Les personnes qui ont dénoncé la fraude peuvent aussi avoir des représailles. La vérité ne
gagne pas toujours, si par exemple des institutions se portent à la défense de leurs
scientifiques fautifs plutôt que de les condamner. Voyez cette histoire australienne qui n’a
eu de dénouement heureux que plusieurs années après la découverte de la fraude. [
http://www.sciencepresse.qc.ca/node/17239 ]
Il peut arriver que votre histoire ne provoque pas l’effet prévu. Consolez-vous alors avec ces
propos du psychologue George W. Albee de l’Université du Vermont: « Les découvertes
scientifiques peuvent susciter une opposition passionnée, la censure et la condamnation
officielle (séculière autant que religieuse) mais celles qui sont valides et fiables vont survivre
à leurs critiques. Il a fallu 500 ans pour que l’Église catholique reconnaisse publiquement
qu’elle a eu tort de s’opposer aux découvertes de Galilée. Au contraire, la génétique de
Lysenko, qui prétendait qu’on pouvait modifier les caractéristiques génétiques d'une plante
en agissant sur son environnement, était condamnée dès le départ, malgré l’appui du
pouvoir suprême soviétique.
[ http://fr.wikipedia.org/wiki/Trofim_Denissovitch_Lyssenko ]
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6.12 Des exemples de reportages à controverse
Il peut être utile de voir comment certains enjeux controversés ont été couverts dans la
presse et les revues professionnelles pour apprendre à rédiger des reportages à
controverse.
Un projet de 600 millions$ pour creuser l’océan entre l’Inde et le Sri Lanka appelé «
Sethusamudram Ship Channel Project (SSCP) » a été stoppé par une controverse, miscientifique
et mi-politique, avec un soupçon de religion par surcroît. La couverture de cette
controverse par Ramachandran dans le magazine Frontline est un véritable chef-d’œuvre.
L’article en anglais :[
http://www.frontlineonnet.com/fl2419/stories/20071005500500400.htm ]
La recherche sur les cellules-souche du Coréen Woo Suk Hwang a suscité la « plus célèbre
des controverses ». Voici comment le scandale a éclaté grâce aux journalistes. [
http://www.sciencepresse.qc.ca/archives/2006/cap0901063.html ] et la chronologie des
événements : [ http://www.sciencepresse.qc.ca/archives/2005/man191205.html
Est-ce une nouvelle forme d’exportation des emplois ou le signe que l’Inde devient
maintenant un pays de cobayes? La multiplication des essais cliniques de médicaments en
Inde est un bel exemple de controverse médicale qui pourrait aussi se transposer dans
plusieurs autre pays en développement. [
http://www.tsr.ch/tsr/index.html?siteSect=313001&sid=8037429&wysistatpr=ads_rss_text
e ]
Quelle leçon peut-on tirer de la couverture de la controverse du SRAS? Selon Sun Yu, un
boursier de la Fondation Nieman pour le journalisme à l’Université Harvard en 1999, « la
couverture du SRAS nous enseigne pourquoi les menaces de maladie devraient être traitées
de manière scientifique et pourquoi les journalistes ne devraient pas trop inciter le public à
réagir au danger. » Sur la couverture du SRAS : [
http://www.sciencepresse.qc.ca/node/15116 ] Mike Shanahan, qui a durement critiqué les
reportages sur le changement climatique dans divers pays, conclut que les reportages ne
s’améliorent pas, un point de vue aussi rapporté lors du congrès de l’Association américaine
pour l’avancement des sciences [ http://www.sciencepresse.qc.ca/node/19917 ]. Même si
les médias ne sont pas seuls à porter le blâme, ils pourraient faire beaucoup pour améliorer
leur couverture.
La création d’une banque de semences à titre d’assurance contre une famine mondiale
aurait dû être une histoire scientifique de routine. Mais quand Bill Gates et sa Gates
Foundation décident d’investir 30 millions $ dans « un coffre-fort de l’apocalypse » ou une «
Arche de Noé des semences » dans l’Arctique, à 1 100 km du Pôle Nord, cela éveille la
curiosité du journaliste d’enquête William Engdahl chez Global Research. Il en surgit une
grande controverse de type « couverture active » comme expliqué en 6.5. Lors de
l’inauguration de la voûte en février 2008, la controverse planait toujours.
[ http://www.notreplanete.info/actualites/actu_1580_inauguration_arche_noe_graines_coffre_fort_apocalypse.
php ]
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6.13 Questions d'auto-apprentissage
Question 1
Un hôpital diffuse un communiqué de presse disant que ses chirurgiens cardiaques ont
régénéré de nouveaux muscles dans un cœur endommagé en y injectant une enzyme
génétiquement modifiée.
Question: Quelle serait votre première question au porte-parole de l’hôpital si vous
cherchiez une controverse?
Question 2
Vous voyez des « recycleurs » qui ramassent (pour les revendre) des seringues usagées,
des bandages souillés et d’autres objets dans les poubelles d’un hôpital qui traite la
tuberculose.
Question: Quel serait votre prochaine démarche si vous voulez devenir journaliste
d’enquête?
Question 3
On vous donne un tuyau selon lequel les responsables d’une centrale nucléaire ont avisé les
autorités locales de se préparer à une éventuelle évacuation de la population autour de
l’usine. Par contre, ils ne voudraient pas publier l’information pour éviter une panique.
Question: Quelle sera votre réaction?
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Cours électronique de journalisme scientifique – Leçon 6
6.14 Questions d'auto-apprentissage réponses
Question 1
Un hôpital diffuse un communiqué de presse disant que ses chirurgiens cardiaques ont
régénéré de nouveaux muscles dans un cœur endommagé en y injectant une enzyme
génétiquement modifiée.
Question: Quelle serait votre première question au porte-parole de l’hôpital si vous
cherchiez une controverse?
Réponse: Avez-vous obtenu l’approbation des organismes de surveillance?
Question 2
Vous voyez des « recycleurs » qui ramassent (pour les revendre) des seringues usagées,
des bandages souillés et d’autres objets dans les poubelles d’un hôpital qui traite la
tuberculose.
Question: Quel serait votre prochaine démarche si vous voulez devenir journaliste
d’enquête?
Réponse: Suivre les « recycleurs » pour découvrir la destination de ces déchets et visiter
tous les hôpitaux de la région pour vérifier s’ils ont des incinérateurs de déchets
biomédicaux.
Question 3
On vous donne un tuyau selon lequel les responsables d’une centrale nucléaire ont avisé les
autorités locales de se préparer à une éventuelle évacuation de la population autour de
l’usine. Par contre, ils ne voudraient pas publier l’information pour éviter une panique.
Question: Quelle sera votre réaction?
Réponse: Vérifiez l’information et publiez-la.
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6.15 Travaux pratiques
Travail 1
Identifiez trois controverses dans votre pays, une sur la science, une sur l’environnement et
une sur la santé.
Pour chaque controverse, expliquez le contexte et les arguments des protagonistes. Évaluez
la couverture médiatique des enjeux. Faites la liste des ressources que vous auriez utilisées
pour faire un reportage sur le sujet et faites une liste de lectures utiles pour la couverture
de chaque controverse.
Travail 2
Vous entendez à la radio une nouvelle selon laquelle deux enfants de votre localité (sur 2
000) sont morts après avoir été vaccinés contre le choléra avec un vaccin étranger que
votre pays utilisait pour la première fois. Sentez-vous une controverse ici? Énumérez les
démarches qui vous permettraient de faire enquête et d’écrire un article.
Travail 3
On vante souvent la télémédecine en disant qu’elle permettra aux régions éloignées d’avoir
accès aux meilleurs soins de santé. Cette technologie exige la participation des opérateurs
de satellites, des fabricants d’équipement médical, des producteurs de logiciels et des
grands hôpitaux. Ne voyez-vous pas une possibilité d’enquête journalistique? (Est-ce que
les personnes visées en profitent vraiment?) Si oui, comment allez-vous procéder? Faites la
liste des lectures requises, des personnes que vous voudriez interroger, des documents que
vous voulez consulter et des endroits que vous devriez visiter.
Travail 4
Parcourez les sites Internet et les blogues suivants pour trouver des suggestions de
controverses potentielles.
[ http://www.sciencepresse.qc.ca ]
[ http://blogue.sciencepresse.info/ ]
[ http://www.liberation.fr/actualite/economie_terre/ ]
[ http://www.nationalgeographic.fr/ ]
[ http://www.centpapiers.com/+-Sciences-+ ]
[ http://www.rue89.com/ ]
[ http://blogs.arte.tv/LemondeselonMonsanto/frontUser.do?method=getHomePage ]
[ http://blogues.greenpeace.ca/ ]
[ http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_de_controverses_scientifiques ]
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