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THÈSE

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UNIVERSITÉ DE PARIS 1 - PANTHÉON-SORBONNE<br />

.UER HISTOIRE<br />

L'EXPLOITATION TRADITIONNELLE DE L'OR<br />

SUR LA RIVE GAUCHE DE LA VOLTA NOIRE<br />

(Région de POURA - Haute-Volta)<br />

<strong>THÈSE</strong><br />

Jean-Baptiste KIETHEGA<br />

sous la direction de Monsieur le Professeur Jean DEVISSE<br />

Paris 1980<br />

.TiA..Z.· "60. rue·Raymond·,du Tempis. ·94300 Vincennes· Tel. 374.69.27


"Quan.d l'olt pén.ètlte. dans le. ma/1.c.hé, l'altge.n.t n.'a<br />

pluJ.J qu'a J.J ' éc.lipJ.J e:n:":<br />

Proverbe africain - MOSSI


IlSi L' ho mme. pe.ut q ue.Lq ue. chos e., iL ne. do nne.Jta<br />

jamu!.J tout ce qu'iL pe.ut".<br />

Proverbe africain - KHASONKE


i<br />

AVANT - PROPOS<br />

L'intérêt pour la recherche archéologique en<br />

Haute-Volta est récent. L'impulsion a été donnée il y a seule­<br />

ment sept ans par le Professeur Jean DEVISSE de l'Université<br />

de PARIS I. Certes, avant lui, des découvertes fortuites et<br />

des collectes ont été faites par des amateurs de "choses_<br />

anciennes". On enregistre même deux ou trois recherches<br />

d'intérêt historique et archéologique, mais isolées et sans<br />

lendemain 1. L'absence d'une structure nationale, de gens et<br />

de moyens pour l'archéologie ne pouvaient que limiter la<br />

recherche dans ce domaine aux initiatives extérieures, elles­<br />

mêmes très rares.<br />

1) Nous pensons - aux recherches du Professeur R. MAUNY sur les<br />

ruines du LOBI,<br />

- aux recherches de A. SCHWEEGER-HEFEL en pays<br />

KORUMBA,<br />

·-aux fouilles du Professeur WAY OGHOSSOU à RIM<br />

dans le YATENGA.


v<br />

A tous ces Informateurs, à l'Administrateur Lazare SOUBEIGA,<br />

à l'équipe de manoeuvres et à toute la population de l'ancien<br />

arrondissement de FARA, nous disons ici un grand merci pour<br />

nous avoir accepté en leur sein pendant toutes ces années.<br />

Ce travail leur revient et nous le leur dédions.<br />

A nos proches et amis, présents aux moments<br />

des grandes épreuves que nous avons traversées ces dernières<br />

années, nous disons tout simplement que nous n'oublions pas.


Introduction<br />

vi<br />

PLA N<br />

==========<br />

Pour une méthodologie de la recherche<br />

archéologique sur l'or.<br />

1) L'objet de la recherche<br />

2)La méthodologie<br />

3)Les limites du travail<br />

Première partie: Une région productrice d'or Pourquoi?<br />

Chapitre l - Les raisons géologiques de la présence<br />

de l'or<br />

l - 1 : La structure géologique_ de la<br />

haute-volta dans le cadre de<br />

l'Afrique de l'Ouest<br />

l - 1-1 : le socle<br />

l - 1-2: les unités du précarnbrie n<br />

l - 1- 3: les étages du primaire<br />

l - 2 L'origine de l'or<br />

l - 3 : Les types de gisements<br />

./<br />

.::<br />

l - 3-1 : Les gisements magmatiques<br />

l - 3-2 : Les gîtes d r imprégnation et filonniens<br />

l - 3- 3: Les gîtes alluvionnaires et éluvion-<br />

naires<br />

l - 4 La morphologie des gisements de la<br />

rive gauche de la Volta Noire.


viii<br />

III - 2 Les résultats des fouilles<br />

III 2-1: Les sites de mines<br />

III - 2-2: Les sites de campement.<br />

Deuxi ème partie Les techniques traditionne lles de la<br />

production de l'or<br />

Chapitre IV - Les techniques et les méthodes<br />

d'exploitation<br />

IV - 1 : La prospection<br />

IV - 2<br />

IV - 3<br />

IV - 4<br />

L'extraction du minerai<br />

Le lavage<br />

L'organisation du travail<br />

Chapitre V La production d'or et son évolution<br />

V - 1<br />

V - 2<br />

Les conditions économiques,<br />

politiques et sociales de la<br />

production de l'or dans la région<br />

de PCURA.<br />

L' absence de chiffres et les<br />

estimations possib les.<br />

Troisième partie L'or dans la vie économique et sociale<br />

de·laregion de POURA


ix<br />

Chapitre VI L 'or dans l'économie<br />

VI - l Le conunerce de l'or<br />

VI - 2 La thésaurisation<br />

Chapitre VII L'or dans la société.<br />

CONCLUSION. : L' or de POURA: passé ré cent "et perspectives<br />

BIBLIOGRAPHIE<br />

ANNEXES<br />

LISTE DES CARTES<br />

LISTE DES PLANCHES<br />

LISTE DES PLANS<br />

LISTE DES PHOTOS<br />

TABLE DES MATIERES<br />

d'-avenir.<br />

o<br />

o o


- l N T R 0 DUC T ION -<br />

POUR UNE METHODOLOGIE DELA RECHERCHE ARCHEOLOGIQUE SUR L'OR


- 2 -<br />

La dernière décennie a été marquée pour les<br />

voltaïques par le spectre de la famine (1) mais aussi par<br />

beaucoup d'espérances: espérance d'établir un ordre social<br />

plus juste par l'intermédiaire de lois fondamentales succes­<br />

sives : constitution de la 2ème République en juin 1970<br />

suivie par celle de la 3ème République en novembre 1977<br />

espérance surtout de briser les chaînes de la misère chro­<br />

nique par la mise en oeuvre de grands projets miniers grâce<br />

à la découverte de gisements qui sont apparus à tous comme<br />

une aubaine de la nature dont il faut profiter.<br />

Jusqu'alors, on déniait à la Haute-Volta, un quel­<br />

conque avenir dans l'industrie extractive. Or, il est main­<br />

tenant établi que si les possibilités minières du pays sont<br />

réduites, elles ne sont pas inexistantes.<br />

Lors d'une conférence donnée en mars 1977 sur les<br />

grands projets miniers de la Haute-Volta par deux principaux<br />

responsables nationaux (2) de la recherche minière et des-<br />

(1) La catastrophe naturelle de la sécheresse qui frappe les pays<br />

sahéliens d'Afrique a touché très rudement la Haute Volta, surtout<br />

de 1972 à 1975. Depuis une dizaine d'années, le déficit céréalier<br />

(base de l'alimentation) est resté chronique, difficilement compensé<br />

par des aides extérieures. La gravité de la calamité en<br />

Haute-Volta, la position géographique du pays jointe, ont poussé<br />

les intervenants à placer le siège du C.I.L.S.S. (Comité International<br />

de Lutte contre la Sécheresse au SAHEL) à Ouagadougou.<br />

(2) Il s'agit de Messieurs GAMSORE P. Emile, Directeur du Bureau<br />

Géologique et Minier de Haute Volta et OUED RAO GO Philippe,<br />

Directeur de l"Office du Projet TAMBAO (pour l'exploitation du<br />

Manganèse de TAMBAO).


- 3 -<br />

tinée aux professeurs d'Histoire-Géographie membres de l'As­<br />

sociation Ibn Battuta (1), il a été dit qu'au Nord-Est du<br />

pays, à 300 km de la capitale, le manganèsè de TAHBAO (2)<br />

constituait un gisement important de 12 000 000 tonnes avec<br />

une haute teneur de 54 à 55 % de manganèse. Dans la même<br />

région, l'existence de calcaires à ciment (3) accroit la<br />

rentabilité d'une opération industrielle.<br />

Dans l'Est du pays, autour d'ARLY, de KODJOARI et<br />

d'ALOUB-DJOUANA (4), 250 000 000 tonnes de phosphates à<br />

bonne teneur attendent d'être exploités. Si l'on sait qu'en<br />

Haute-Volta la priorité est accordée au Secteur Agricole et<br />

que tous nos engrais chimiques sont importés, l'on mesure la<br />

portée de cette découverte.<br />

Les plus grands espoirs sont cependant placés dans<br />

l'or dont des gisements appréciables existent en pays LOBI et<br />

autour de POURA en pays GURUNSI (5). L'on sait que cet or est­<br />

exploité de longue date par les Africains dont les travaux<br />

ont guidé sur le terrain les prospecteurs coloniaux. On n'a<br />

d'ailleurs des informations sur les anciennes activités miniè­<br />

res que par les prospecteurs coloniaux et par quelques rap­<br />

ports administratifs.<br />

Parmi les provinces aurifères d'Afrique Occidentale,<br />

le BAMBUK, le BURE, l'ASHANTI, ont acquis une grande réputa­<br />

tion grâce à l'historiographie arabe et aux récits coloniaux.<br />

La réputation de l'or du LOBI et du GURUNSI a franchi moins<br />

(1) Il existe une association très dynamique des Historiens et Géographes<br />

de Haute-Volta baptisée du nom du globetrotteur arabe Ibn BATTUTA.<br />

Elle a été créée en 1967. Parmi ses activités, figurent conférences,<br />

séminaires, études de terrain.<br />

(2) Voir carte l, page 4.<br />

(3) Il s'agit des calcaires à ciment de TIN RHASSAN à une centaine de<br />

kilomètres au Sud-Oues t de TAMBAO. Dans le projet de TMfBAO, il est<br />

prévu une cimenterie qui permettra de faire face aux besoins nationaux<br />

actuellement satisfaits exclusivement par l'importation.<br />

(4) Voir carte l, page 4<br />

(5) D'autres gisements d'or ont déjà été étudiés ou sont à l'étude dans<br />

la région de KAYA et DORI au Nord du pays.


- 5 -<br />

de frontières. Pourtant, certaines mines voltaïques ont connu,<br />

comme ailleurs, une exploitation contemporaine qui aurait dû<br />

contribuer à les faire mieux connaître. En plus, sur le ter­<br />

rain, les vestiges divers des travaux anciens sont d'une<br />

telle importance qu'on est surpris du peu de cas fait dans<br />

les études surl'industrie aurifère de ces régions.<br />

1. L'OBJET DE CETTE ETUDE.-<br />

C'est un peu pour combler ce vide, en tout cas pour<br />

contribuer à la connaissance de cette partie de notre passé,<br />

que nous avons entrepris cette recherche sur la région de<br />

POURA.<br />

Cette thèse s'est donc fixé pour objectifs:<br />

de rechercher les origines de l'entrée du métal jaune dans<br />

la vie des populations de la région de POURA ;<br />

- d'identifier le mieux possible les orpailleurs du passé et<br />

d'analyser l'impact de la production de l'or sur leur vie<br />

économique et sociale ;<br />

- de reconstituer la technologie employée pour l'exploita-<br />

tion des mines d'or et le traitement du minerai afin d'en ti­<br />

rer des propositions utiles pour l'avenir minier de la<br />

région<br />

- enfin, d'essayer une quantification des productions d'or<br />

en tenant compte des fluctuations possibles dues aux cir­<br />

constances historiques.<br />

En effet, la parenthèse coloniale dans l'histoire du<br />

continent africain a parfois freiné, parfois accéléré les<br />

activités économiques traditionnelles, faussant aux yeux du<br />

présent, la mesure directe qu'on peut se faire du passé. Il<br />

est par conséquent profitable de jeter aussi un regard sur<br />

le passé récent qui fournit un éclairage sur le passé pré­<br />

colonial et surle présent. Comment rassembler l'information<br />

pour 'atteindre ces objec t.dfs ? "Pour 'notre 'part, la méthodo­<br />

logie fut la suivante :


- 7 -<br />

- la bibliothèque dela SODEMI (Société de Développement et<br />

d'Exploitation Minière) à Abidjan. Les rayons de cette<br />

bibliothèque et les cartons des archives nous ont été lar­<br />

gement ouverts par le conservateur. La Bibliothèque de la<br />

SODEMI s'est révélée pour nous, aussi utile que celle du<br />

Bureau géologique et Minier de Ouagadougou. On pourrait<br />

s'interroger sur la présence là, de documents sur POURA.<br />

La raison est que, du fait du partage de la Haute-Volta<br />

en 1932, la région de POURA s'est trouvée dans la part<br />

attribuée à la Côte d'Ivoire. Or, la crise économique<br />

mondiale et les besoins de guerre ont ensuite entraîné<br />

dans les colonies, une intensification des recherches<br />

minières. Celles sur la région de POURA ayant été faites<br />

dans le cadre de la Côte d'Ivoire, c'est dans ce pays<br />

que les documents ont été conservés ;<br />

- les archives nationales de Côte d'Ivoire: il y existe<br />

des informations sur POURA pour les mêmes raisons que pré­<br />

cédemment. Cependant, les informations touchant les mines<br />

et les industries européennes sont à la SODEMI;<br />

- des documents qui peuvent se trouver à DAKAR du fait de<br />

l'ancienne appartenance à la Haute-Volta à l'Afrique<br />

Occidentale Française, nous n'avons pu consulter que<br />

quelques photocopies que notre .compatriote ZIDOUEMBA<br />

Dominique a bien voulu nous faire et nous envoyer.<br />

Cette dispersion des documents d'archives voltaïques<br />

due à l'organisation administrative coloniale et à l'écar­<br />

tèlement du pays de 1932 à 1947 constitue un préjudice très<br />

grand pour notre pays et un handicap sérieux pour les cher­<br />

cheurs. Il est vrai que le rapatriement des archives est<br />

un problème pour l'ensemble du continent, mais ne peut-on<br />

déjà opérer des restitutions locales, ne serait-ce que<br />

sous forme de copies comme l'a préconisé l'Association des


- 9 -<br />

quérir l'information dans les archives des circonscriptions<br />

administratives où il faut d'abord répertorier soi-même<br />

les documents avant de pouvoir les employer. D'ailleurs,<br />

leur état de conservation décourage toute bonne volonté.<br />

Nous ne pouvons que souhaiter que des moyens suffisants<br />

soient rapidement mis à la disposition du service national<br />

des archives, clef de nombreuses recherches au niveau du<br />

pays, et que ses cadres rivalisent de dynamisme pour<br />

pallier le manque de moyen.<br />

L'obligation de rechercher l'information écrite<br />

hors du pays a fait que l'essentiel de celle-ci n'a été re­<br />

cueillie que cette année, après donc nos recherches sur le<br />

terrain. Elle n'a donc pu servir souvent d'indication pour<br />

les enquêtes sur place.<br />

2.2. La tradition orale<br />

Avant d'entreprendre toute recherche sur le terrain,<br />

nous pensions nous trouver en face d'un seul groupe ethnique<br />

les GURUNSI. Il fallut dès les premières enquêtes nous con­<br />

vaincre de la nécessité de travailler au sein d'une dizaine<br />

de groupes ethniques différents, en employant si possible<br />

la langue de chacun. En effet, une avalanche de peuples<br />

étant accourue sur la rive gauche de la Volta Noire, cela a<br />

abouti à un brassage ethnique donnant une situation où des<br />

étrangers ont fini par perdre leur langue pour prendre celle<br />

des autochtones GURUNSI et où on observe une interpénétration<br />

des groupes au sein du même village, chacun conservant tou­<br />

tefois sa langue et sa culture.<br />

Pour le chercheur étranger à cette société, la situa­<br />

tion paraît au début, incompréhensible et inextricable.<br />

Au niveau de l'organisation politique et sociale<br />

traditionnelle dont la connaissance doit permettre d'orienter<br />

les recherches, nous nous aperçûmes qu'il s'agissait pour<br />

tout le monde de sociétés lignagères où la chefferie n'a pris


ouverture existante a été réalisée en 1950 par l'I.G.N. à<br />

une échelle de 1/50 OOOème (1). A cette échelle, la resti­<br />

tution des détails telle la localisation d'un puits de<br />

80 centimètres de diamètre est difficile. Les résultats de<br />

cette tentative que nous exposons dans cette thèse, même<br />

s'ils ne sont pas touj-ours probants; peuvent-êtreaiuéliorés.<br />

En tout cas, la photographie aérienne reste, à nos yeux, le<br />

moyen le plus rapide pour l'établissement de cartes archéo­<br />

logiques précises. Il convient de disposer cependant de<br />

photographies de bonne qualité et à grande échelle permettant<br />

une bonne résolution et des repères connus au sol (éléments<br />

qui nous ont souvent manqué) .<br />

Tout en essayant de résoudre les problèmes de carto­<br />

graphie, nous avons mené des fouilles sur des sites choisis<br />

en raison :<br />

de l'importance de la surface exploitée par les anciens<br />

mineurs,<br />

d'une impérieuse invitation de la tradition orale qui<br />

accorde une plus grande importance historique à certains<br />

sites,<br />

- de vestiges apparents peu communs.<br />

C'est certainement au niveau de la recherche de<br />

l'information archéologique que nous avons rencontré le plus<br />

d'obstacles. Toutes les difficultés pour accéder aux sources<br />

écrites, pour recueillir la tradition orale, pour réaliser<br />

l'information archéologique, ont forcément introduit des<br />

limites à nos objectifs.<br />

(I)Mission I.G.N., A.O.F. ]952, 006 Ne - JO . XXII


- 13 -<br />

3. LES LIMITES DE CE TRAVAIL.-<br />

Les limites spatiales imposées au sujet à étudier<br />

ont été dictées par nos possibilités restreintes de recher­<br />

ches sur le terrain. L'espace à étudier normalement était<br />

très vaste (plus de 1 000 km2 et une centaine de villages<br />

tant pour la collecte des traditions orales que pour la<br />

prospection et les sondages archéologiques, compte tenu du<br />

temps et des moyens matériels à notre disposition. Aussi<br />

avons-nous limité géographiquement la zone d'étude à celle<br />

du canton de NABOU, où se trouve POURA, principal centre<br />

minier de toute la rive gauche de la Volta Noire. En raison<br />

de cette limitation, nous nous sommes interdit de caracté­<br />

riser notre étude par un qualificatif généralisant du genre<br />

exploitation traditionnelle de l'or en pays GURUNSI, car<br />

cela ne couvrirait pas l'entière réalité.<br />

Par contre, nous n'avons pas voulu introduire de<br />

limite dans le temps car, d'une part, connaître les origines<br />

de la production de l'or est l'un des objectifs de cette<br />

recherche, et, d'autre part, voir quelle place tient l'ex­<br />

ploitation minière dans la société contemporaine ne nous<br />

paraissait pas dénué de tout intérêt.<br />

La restriction du champ des enquêtes orales menées<br />

seulement auprès des chefs, conseils villageois, maîtres de<br />

terre et chefs de grande famille de quelques groupes ethni­<br />

ques, a peut-être affecté la quantité et la qualité de notre<br />

information.<br />

Cependant, les critères de choix de nos informa­<br />

teurs étaient tels qu'ils nous permettaient de toucher à<br />

coup sûr des détenteurs de traditions sur la production d'or<br />

traditionnelle, que leurs ancêtres aient été mineurs ou non.<br />

En même temps, nous évitions la perte d'un temps difficile à<br />

gagner à la recherche scientifique.


14 -<br />

En choisissant aussi de limiter nos sondages à quel­<br />

ques sites et à certaines parties de ces sites, nous n'igno­<br />

rions pas les risques de tomber à côté d'un gisement archéo­<br />

logique riche en informations, mais les critères retenus pour<br />

le choix des sites nous garantissaient, nous semble-t-il<br />

encore, un échantillonnage judicieux.<br />

Toutes ces restrictions du champ d'études dans l'es­<br />

pace nous étaient disctées par des préoccupations de dispo­<br />

nibilité en temps et en moyens matériels.<br />

Elles ont été aggravées par notre isolement et l'ab­<br />

sence ou le manque de disponibilité des laboratoires spécia­<br />

lisés auxquels nous devions soumettre nous échantillons<br />

archéologiques. Ainsi, les objets métalliques, les ossements<br />

n'ont pu être étudiés que sous l'angle de l'ethno-zoologie.<br />

Peu d'échantillons de charbon de bois ou de matière organique<br />

datable par les moyens radio-actifs ont pu être datés par<br />

les laboratoires en raison de leur encombrement.<br />

Nos recherches ont aussi souffert du manque d'une<br />

structure et d'une équipe de recherche archéologique en<br />

Haute-Volta. Nous avons organisé nous-mêmes une cellule<br />

archéologique au sein du département d'Histoire de l'Univer­<br />

sité de Ouagadougou. Mais, l'équipe est seulement en voie de<br />

constitution.<br />

Il aurait fallu disposer pour la recherche dont nous<br />

présentons ici les résultats :<br />

- d'un topographe-géomètre pour les multiples relevés dont<br />

une bonne partie reste encore à faire, ;<br />

- d'un géographe pour l'étude de l'action de l'érosion dans<br />

la constitution des alluvions aurifères de la région de<br />

POURA ;<br />

- d'un linguiste qui se serait saisi des problèmes de l'évo­<br />

lution de la langue de BOBO-DYULA et des conditions de la<br />

perte de leur langue par les DAGARI et certains BOBO-DYULA<br />

fondus aujourd'hui dans le groupe GURUNSI.


- 15 -<br />

Nous avons le sentiment d'avoir mené une lutte<br />

solitaire sur un champ de bataille qui réclamait de nombreuses<br />

autres compétences.<br />

Les résultats de recherches qui sont ici proposées,<br />

ont été rédigés avec toujours présentes à l'esprit ces limites<br />

qui, d'une manière ou d'une autre, ont pu affecter la fia­<br />

bilité de l'information orale ou archéologique.<br />

/<br />

/<br />

/


PRE MIE R E PAR T l E<br />

============================<br />

PRODUCTION D'OR POURQUOI ?


CHA PIT R E<br />

LES RAISONS GEOLOGIQUES DE LA PRESENCE DE L'OR


- 19 -<br />

Dans cette structure, il convient de distinguer<br />

trois grands ensembles<br />

- le socle,<br />

- les unités du précambrien,<br />

les étages du primaire.<br />

1.1.1. Le socle<br />

Le socle est le fondement non seulement de<br />

l'Afrique Occidentale, mais aussi de toute l'Afrique. Ce<br />

substratum est constitué de granits et de gneiss. Certains<br />

auteurs (1) pensent qu'il ne faut pas en faire un substratum<br />

absolu car des granits et des gneiss se trouvent parfois<br />

intercalés entre les couches sédimentaires subjacentes par<br />

rapport auxquelles elles sont ou bien contemporaines, ou<br />

bien postérieures. Néanmoins, le schéma classique retient un<br />

socle-substratum, aujourd'hui presque totalement arasé, cons­<br />

titué de granit et de gneiss sur lesquels se sont déposées<br />

les couches sédimentaires du précambrien et du cambrien.<br />

Ces unités sont au nombre de trois<br />

- Le précambrien inférieur encore appelé DAHOMEEN ; il se<br />

localise au BENIN (ex DAHOMEY), au TOGO ; il est absent<br />

en Haute-Volta.<br />

- Le précambrien moyen, bien représenté en Haute-Volta et<br />

dans les Etats voisins par les formations birrimiennes.<br />

- Le précambrien supérieur qu'on rencontre dans les mêmes<br />

régions que le précambrien moyen. On l'appelle aussi<br />

TARKWAIEN du nom du centre aurifère ghanéen de TARKWA.<br />

(1) P. BARLET, essai de présentation géographique de la Haute-Volta,<br />

études voltaiques nO 3, Ouagadougou, 1962, page ]5.<br />

(2) Voir planche n" l, page 22 et planche n° II page 23.


ERE GEOLOGIQUE<br />

ERE Quaternaire<br />

ERE Tertiaire<br />

ERE Secondaire<br />

ERE Primaire<br />

ERE Précambrienne<br />

ARCHEEN?<br />

Les temps Géologiques et leur Chronologie<br />

EPOQUE<br />

Pliocène<br />

Miocène<br />

Oligocène<br />

Eocène<br />

Continental ­<br />

Terminal<br />

CRETACE<br />

JURASSIQUE<br />

TRIAS<br />

PERMIEN<br />

CARBONrr'ERE<br />

DEVQNIEN<br />

SIUJ'RIEN<br />

CAMBRIEN<br />

SUP: TARKWAIEN<br />

Moyen: BIRRI­<br />

MIEN<br />

Inf: DAHONEEN<br />

EVENEMENTS DE L'HISTOIRE<br />

GEOLOGIQUE LOCALE<br />

Pénéplaine de 350m<br />

PL r<br />

D'après P. BARLET, La<br />

Haute Volta, essai de présentation<br />

géographique.<br />

Etudes VOLTAIQUES n" 3, 1962<br />

page 14.<br />

Remplissage de la cuvette<br />

du SENO (Continental Terminal)<br />

Pénéplaine à 550 m<br />

Grès de Bandiagara (orduvicien)<br />

Grès de BOBO<br />

Grès du Gobnangou (Voltaïen<br />

Sup. chaînes volcaniques<br />

Inf. plissement Huromie<br />

Chaînes du Birimien férien<br />

aujourd'hui aplanies<br />

AGE<br />

(en. millions'<br />

d'années<br />

0,7<br />

45<br />

190<br />

300<br />

450<br />

1500<br />

2000<br />

Note 1 Sont soulignées les formations représentées en H.V.<br />

En raison des différentes évaluations existantes concernant<br />

les ères géologiques, nous reproduisons telles quelles les<br />

données de cet auteur. -<br />

Les altitudes s'entendent au-dessus du niveau de la mer.


- 24 -<br />

Pendant tout le cambrien et le silurien supérieur<br />

(Orduvicien) (2), des dépôts d'origine marine et continentale<br />

formés surtout de grès et de schistes primaires ont développé<br />

l'immense massif appelé "plateau Handingue" et qui, en réa­<br />

lité, s'étend depuis le Sénégal, passe au Fouta-Dyalou et<br />

atteint la Haute-Volta où les géologues distinguent trois<br />

étages de dépôts :<br />

Les grès inférieurs, les plus anciens, qui se subdivisent<br />

en grès de base (BANFORA) et grès de SIKASSO (MALI). La<br />

dernière série de cet étage donne des reliefs accusés<br />

comme le mont TENAKOUROU dans la région de SINDOU (Haute­<br />

Volta) .<br />

- Les grès schisteux et dolomitiques, tendres et au relief<br />

adouci de la région de BOBO-DIOULASSO et de TOillJ.<br />

- Les grès supérieurs, orduviciens, largement représentés<br />

au Mali (KOUTIALA, BANDIAGARA) avec quelques franges en<br />

Haute-Volta (FO, DJIBASSO).<br />

Dans cette structure, si l'on excepte le socle,<br />

on peut regrouper les terrains les plus profonds et les plus<br />

anciens appartenant tous à la catégorie dite des schistes<br />

cristallins dont les principaux représentants sont les gneiss.<br />

C'est l'unité du précambrien inférieur et l'étage du<br />

Birrimien inférieur dans l'unité du précambrien moyen.<br />

Les schistes c r Lst.aLLi.ns qui les composent sont d'origine<br />

métamorphique. Ces terrains ne se trouvent oas en couches<br />

horizontales mais sont au contraire très plissés, ayant subi<br />

à plusieurs reprises des actions mécaniques extrêmement éner­<br />

giques.<br />

(1) L'essentiel de l'information de ce chapitre est puisé dans<br />

P. BARLET, essai de présentation géographique de la Haute-Volta,<br />

Etudes 'Voltàiques n'o 3, Ouagadougou , 1962, pages 21-'22.<br />

(2) Voir planche n" l, page 22 et planche II, page 23.


- 26 -<br />

Au-dessus des schistes cristallins, on a une série<br />

semi-métamorphique dont les constituants varient selon les<br />

régions. Cette série se caractérise par un métamorphisme<br />

très faible qui permet de reconnaître assez aisément les<br />

roches originelles. Ainsi, ce métamorphisme a transformé<br />

des grès en quartzites, roche plus dure, presque entièrement<br />

faite de quartz, mais dont l'origine grèseuse n'a pas com­<br />

plètement disparu. Cette série semi-métamorphique est plis­<br />

sée comme la séné antérieure des schistes cristallins mais<br />

les actions mécaniques ont été plus faibles entraînant un<br />

plissement également plus atténué. La différence entre les<br />

deux types de plissement est nette sur le terrain. Cette<br />

série semi-métamorphique s'identifie avec ce que nous avons<br />

appelé plus haut le birrimien supérieur et la Tarkwaïen.<br />

Au-dessus, enfin, vient une série qui n'est ni<br />

métamorphique, ni plissée. Il s'agit de ce qu'on appelle<br />

communément la série des grès horizontaux. Nous les avons<br />

décrits plus haut dans les formations primaires.<br />

Ces trois séries : schistes cristallins métamor­<br />

phiques, série semi-métamorphique, série des grès horizontaux,<br />

ont tous été traversés par des roches éruptives d'âges di­<br />

vers (1).<br />

Cette sommaire reconstitution géologique opérée, la<br />

question reste de savoir où l'on rencontre l'or dans ce<br />

schéma.<br />

1.2. L'ORIGINE DE L'OR.-<br />

Tous les géologues qui ont travaillé dans la région<br />

semblent admettre que les concentrations aurifères qui con­<br />

duisent à des exploitations profitables se trouvent dans la<br />

. (l) Voi-r planche III, 'page '2 -'7


- 31 -<br />

En d'autres termes, "la minéralisation aurifère<br />

magmatique est la plus élevée et la plus fréquente dans<br />

les rochés nettement basiques. Elle est sensiblement plus<br />

faible et moins étendue dans les roches neutres. Les roches<br />

franchement acides, sauf quelques exceptions, paraissent<br />

pratiquement stériles (1).<br />

En Haute-Volta, l'on semble donc être en relation<br />

avec plusieurs venues éruptives d'âge et de compositions<br />

différents parmi lesquelles, les gabbros et roches vertes<br />

anciennes du birrimien supérieur d'une part, et certaines<br />

dolèrites récentes d'autre part tiennent une place prépondé­<br />

rante.<br />

Néanmoins, sachant que l'or a des facilités d'asso­<br />

ciation avec un très grand nombre de substances chimiques et<br />

que sa volatilité est également connue, il est possible que<br />

l'or magmatique lié à un milieu basique ait pu s'associer<br />

avec d'autres corps dans un milieu acide. Mais nous passons<br />

dès lors du problème de métallogenèse à celui des types de<br />

gisements. Avant d'y arriver, on peut ajouter qu'il est<br />

certes difficile pour un profane d'arbitrer une controverse<br />

scientifique de cette nature, mais il peut néanmoins cons­<br />

tater que les roches énumérées comme susceptibles d'être<br />

métallogènes en or en Afrique Occidentale se trouvent repré­<br />

sentées en Haute-Volta de part et d'autre de la Volta Noire,<br />

avec des extensions jusqu'au Nord et l'Est du pays. Les<br />

recherches ont confirmé la présence d'or.<br />

(1) J. SAGATZKY, la géologie et les ressources minières de la Haute­<br />

Volta méridionale.<br />

Bull. Direction des Mînes, mém. n° 13, J904, page 159.


- 33 -<br />

1.3. LES TYPES DE GISEMENTS.- (1)<br />

La question de savoir comment se présentent les<br />

gites aurifères est peut-être celle qui intéresse le plus<br />

le prospecteur pressé de passer à l'exploitation. Les clas­<br />

sifications des géologues ont peu de différences entre elles,<br />

sauf que l'une ou l'autre gagne en précision sur l'autre.<br />

Dans l'imagerie populaire, l'or est presqu'exclusi­<br />

vement filonien. En Haute-Volta, l'or ne se rencontre pas<br />

dans de vrais filons (2), mais dans des lentilles de quartz<br />

épaisses, disséminées dans les terrains encaissants. C'est<br />

l'érosion qui est cause de cette situation. En effet, celle­<br />

ci, par action chimique ou mécanique, désagrège les roches<br />

superficielles, libérant lentement l'or qu'elles contiennent.<br />

Cet or ne reste pas en place mais descend jusqu'au niveau<br />

de la roche non altérée. On obtient alors des éluvions (3).<br />

Par ailleurs, les eaux de ruissellement entraînent les<br />

roches désagrégées et l'or qu'elles contiennent. L'ensemble<br />

de ces débris forme des dépôts au fond des rivières donnant<br />

les alluvions (4). Les eaux courantes peuvent entraîner les<br />

(1) L'étude de J. SAGATZKY sur les types de gisement paraît la plus pré-<br />

. cise et la plus claire. Voir fiLa géologie et les ressources minières<br />

de la Haute-Vol ta mê r i di onal e".<br />

Bull. de la Direction des Mines, mém. nO 13, Dakar 1954, pages<br />

160 à 166, d'où l'essentiel de nos renseignements est tiré.<br />

(2) Il semble, en effet, que dans les filons de quartz, la minéralisation<br />

en or n'est pas continue. On trouve généralement des filonnets ou<br />

de simples lentilles aurifères aux teneurs très variables. Cette<br />

situation rend l'exploitation industrielle de ces gisements difficile.<br />

A POURA-mines, les géologues ont cependant découvert un filon de<br />

minéralisation continue sur une longueur d'environ 600 mètres que<br />

les anciens ont en partie dépilé.<br />

(3) Voir planche IV, page28 .<br />

(4) "Vo i r planche IV, page 28.


- 34 -<br />

alluvions aurifères assez loin de la zone minéralisée. En<br />

Afrique Occidentale, le déplacement des alluvions peut at­<br />

teindre un kilomètre. Ce sont là des données générales. Dans<br />

le détail, l'or en Haute-Volta adopte cinq types de gites,<br />

répartis en trois époques.<br />

1.3.1. Le premier type de gîte intéresse les gisements<br />

magmatiques. Il s'agit de l'or originel, profond. C'est la<br />

première époque. L'or magmatique se présente alors à l'état<br />

libre, en partie en association avec d'autres substances<br />

telles que les sulfures (1).<br />

1.3.2. Les second et troisième types de gîtes correspon­<br />

dent à un déplacement de l'or sous une action physico­<br />

chimique. Ce déplacement donne des gîtes d'imprégnation<br />

(2ème type) et des gîtes filoniens (3ème type) . La minérali­<br />

sation par imprégnation touche les terrains perméables tels<br />

que les schistes et quelques roches arénacées et les zones<br />

d'écrasement,de broyage. Les véhicules de l'or sont alors le<br />

plus souvent le sulfure, la silice, le cuivre, l'argent. Dans<br />

le cas de zones de broyage, les filonnets et veinules de<br />

quartz restent très nombreux. Les grosses lentilles de quartz<br />

à teneur élevée d'or y occupent parfois la partie médiane<br />

de la zone de broyage. Dans le type d'imprégnation, les te­<br />

neurs en or sont faibles: 7,3 g/t.<br />

Cl) L'or peut se trouver en association:<br />

- avec l'argent, pour donner l'électrum<br />

- avec le sulfure, pour donner la pyrite;<br />

- avec le sulfure et le cuivre pour donner la calcopyrite ;<br />

- avec le cuivre pour donner la tellure.<br />

L'or libre est celui qui se présente dans sa gangue sans association<br />

avec un autre métal.


- ,35 -<br />

Le type filonien (3ème type) a des teneurs en<br />

or élevées. La moyenne est de 31 gjt. Il s'agit de remplis­<br />

sage de quartz à inclusions de schistes graphiteux. Ces<br />

filons sont encaissés dans les formations birrimiennes, cons­<br />

tituées de roches volcaniques et pyroclastiques transformées<br />

par métamorphisme régional en schistes charbonneux avec<br />

quelques bancs plus durs d'arkoses et de cinérites. La miné­<br />

ralisation est auro-argentifère pyriteuse à or + argent à<br />

l'état généralement libre, plus rarement à l'état combiné.<br />

On trouve dans ces quartz, d'autres substances<br />

tels le cuivre, l'étain, le chrome, le carbone, le plomb,<br />

l'arsenic, etc...<br />

D'une manière générale, les types d'imprégna­<br />

tion et de filons se rencontrent dans des zones faillées,<br />

surtout près des contacts entre le Birrimienet le Tarkwaien,<br />

ou entre le Birrimien supérieur et le Birrimien inférieur.<br />

Les deux types de gisements sont en relation assez constante<br />

avec des intrusions telles que : massifs de granite sodique,<br />

de porphyre, de granito-diorite, de diorite.<br />

Ces deux types de gisement se rencontrent dans<br />

les régions de Gaoua, Batié, Boromo où ils constituent les<br />

éléments d'une chaine qui va de Bondoukou à Borim.<br />

G. ARNAUD à qui nous devons une partie de cette étude<br />

ajoute : "près de POURA, on connaît de beaux affleurements<br />

filoniens, puissamment exploités par les indigènes avant<br />

la conquête, mais qui n'ont malheureusement pas fait l'ob­<br />

jet de recherches (1). C'était en 1944 ; depuis la région<br />

arrière de POURA a reçu la visite de nombreux géologues. La<br />

dernière mission de géologues à POURA est celle du B.R.G.M.<br />

pour le compte de la SOREMI et qui y a séjourné de 1974 à<br />

'(1) G.ÂRNAUD, Les ressources minières de l'AL Occidentale,<br />

Bull. Direction Mines A.O.F., mém. nO 8, Dakar, ]944, page 58.


- 38 -<br />

Sud-Est de Ouagadougou, un orpaillage corttr61é des placers<br />

alluvionnaires a étê réalisé en 1940-1941. Dans ces divers<br />

gisements alluvionnaires, l'or est à faible teneur (0,5 g/m3 au<br />

maximum ) et se localise : (1)<br />

- dans la masse de la roche décomposée sur place,<br />

- dans la masse de la latente formée aux dépens de<br />

cette roche,<br />

- dans la zone d'arénation aux points culminants du<br />

haut relief,<br />

- dans le creux des Thalwegs naissant à la crète<br />

d'une chaîne pétrographiquement homogène et non<br />

écrasée.<br />

1.4. MORPHOLOGIE DES REGIONS AURIFERES DE LA RIVE GAUCHE DE LA<br />

VOLTA NOlRE.-<br />

Le modelé du relief obéissant généralement à la<br />

constitution géologique, il serait intéressant de savoir à<br />

quel modelé typique correspondent les gisements aurifères.<br />

Par la suite, pour un observateur averti, l'examen du profil<br />

des accidents du relief ou la lecture d'une carte où le<br />

nivellement est porté en courbes, permettrait de reconnaître<br />

si une région a chance d'être aurifère ou non.<br />

Dans l ',ensemble, une grande monotonie de paysage<br />

caractérise le relief de l'Afrique Occidentale et tout par­<br />

ticulièrement celui de la Haute-Volta. Des accidents excep­<br />

tionnels surgissent çà et là sous forme de collines isolées<br />

dans la plaine, d'escarpements ou de reliefs plus accentués.<br />

On explique cette platitude du relief par un aplanissement<br />

généralisé affectant plus particulièrement les.formations<br />

primaires, par un faible soulèvement de l'ensemble et par<br />

(1) J. SAGATZKY, Géo.logie et ressources nn m.eres de la Haute-Volta<br />

méridionale, Bull. Direction Mines A.O.F., mém. n" 13, Dakar, 1954,<br />

page 163. Les chiffres des teneurs qui ront données ici, sont ceux<br />

obtenus à l'orpaillage contrôlé de Gahogo en 1940-1941.


- 39 -<br />

l'éloignement de la mer (1). Dans l'ensemble de l'Afrique<br />

Occidentale, on distingue aux différents niveaux: une<br />

plaine de 250 â30Q m d'altitude et des plateaux de<br />

500 â 600 mètres.<br />

Le relief. voltaïque ne se singularise pas beaucoup<br />

dans le paysage général ouest-africain. Il est pour l'essen­<br />

tiel formé d'une pénéplaine à l'altitude moyenne de 300 m.<br />

De cette pénéplaine émergent les plateaux primaires de<br />

l'Ouest, les chaînes volcaniques qui s'échelonnent depuis le<br />

pays Lobi au Sud jusqu'au Yatenga au Nord, et les dômes<br />

granitiques du Sud du pays r'J1:ossi, du Nord et de l'Est.<br />

La région de POURA se situe dans l'axe de la chaîne<br />

discontinue formée d'accidents volcaniques comprenant au<br />

Sud, les monts du Lobi, passant ensuite par LARO, POURA, LABA<br />

sur la rive gauche de la Volta-Noire, et se prolongeant au<br />

Nord par les collines de REO, PILIMPIKOU, BOKUM, BOUSSOUMA,<br />

MEGUET, ZORGO (2). Cette chaîne s'étire ainsi sur plus de<br />

500 km entre KAMPTI au pays Lobi et KRYA au Nord-Ouest du<br />

pays Mossi. Deux formes caractérisent ces accidents (3)<br />

"1°) des collines à pente raide mais régulière, à<br />

faîte étroit, à la silhouette hardie (4)<br />

2°) des collines qui, dans leur partie basse, ne<br />

diffèrent guère des précédentes mais dont, â mi-hauteur, la<br />

perrte se redresse brusquement à la verticale pour aboutir à<br />

un sommet tabulaire d'une horizontalité presque parfaite" (5).<br />

(1) S. DAVEAU, Principaux types de paysages morphologiques des plaines et<br />

plateaux soudanais. Information géographique, 26ème année, Paris,<br />

mars-avril 1962, page 61.<br />

(2) H. HUBERT, Le relief de la boucle du Niger.<br />

(3) P. BARLET, la Haute-Volta, essai de présentation géographique.<br />

Etudes voltaiques nO 3, Ouagadougou, 1962, page 28.<br />

(4) Exemple<br />

(5) Exemple<br />

le mont KOYO près de GAOUA. Note faite par nous.<br />

le mont KONKOLIKO près de HOUNDE. Note faite par nous.


CHA PIT R E l l<br />

LES CONDITIONS HISTORIQUES ET HUMAINES


- 45 -<br />

Nous avons montré plus haut que la reglon de POURA<br />

est détentrice de gisements aurifères d'importance variable.<br />

Ces gisements ont fait l'objet d'une exploitation moderne,<br />

surtout entre 1961 et 1965.<br />

L'arrêt des activités de la société des mines de<br />

POURA en fin d'année 1965 n'a pas empêché que la production<br />

d'or soit encore aujourd'hui une opération estimée profitable<br />

pour la Haute-Volta.<br />

Les problèmes qui se posent à la remise en exploi­<br />

tation de l'or de POURA capitaux, équipements techniques,<br />

main d'oeuvre et contexte économique mondial, soulèvent, avec<br />

plus d'acuité pour l'historien, le problème des conditions<br />

humaines, techniques et historiques qui furent nécessaires<br />

pour lancer l'exploitation traditionnelle. Aujourd'hui, l'en­<br />

semble de la Haute-Volta est qualifié de manière un peu incom­<br />

préhensible "de terre des hommes" mais le pays GURUNSI, dont<br />

la région de POURA, a une densité de population à peine<br />

supérieure à 10 habitants au km2. Or, l'exploitation de l'or,<br />

en l'absence de la technicité moderne, a pu recourir à une<br />

main-d'oeuvre nombreuse. Où pouvait-on la prendre? L'exploi­<br />

tation de l'or a sûrement obéi à des impératifs économiques<br />

circonstanciés ou à des besoins sociologiques. Comment déter­<br />

miner ces contextes ?<br />

Sur le plan démographique, deux facteurs paraissent<br />

importants et capables d'avoir, par le passé, attiré à la<br />

région de POURA une nombreuse population :


- 49 -<br />

Dès le Xème siècle, Ibn El Faqih et Masoudi évo­<br />

quaient l'or du Ghana. Ibn El Faqih écrivait à ce propos:<br />

"On fait dans le sable des plantations d!or COTIUl1e on plante<br />

des carottes. La récolte est au point du jour" (1). Masoudi<br />

utilise la même image pour marquer l'abondance en or du<br />

Ghana "il y a deux plantes aurigènes... on creuse des trous<br />

et on trouve les racines d 'or sous forme de pierres...<br />

L'or COTIUl1ence à pousser au mois d'août, à l'époque où le Nil<br />

commence à s'élever et grossir" (2).<br />

Ces descriptions naïves des mines d'or du Ghana<br />

indiquent simplement que leurs auteurs les ignoraient et<br />

n'avaient pas pu obtenir d'informations précises sur les<br />

mines et sur la manière d'exploiter l'or. Tous les auteurs<br />

arabes resteront dans l'ignorance des techniques réelles<br />

d'exploitation de l'or au soudan)même si, avec beaucoup d'ef­<br />

fort, ils réussissent à localiser approximativement les gise­<br />

ments.<br />

EDRISI écrit au XII ème siècle : "C'est une île de<br />

trois cents milles de long sur cent cinquante milles de large,<br />

qui est entièrement entourée par le Nil" (3). Cette locali­<br />

sation est celle du BAMBUK. Elle concerne la région située<br />

entre le Sénégal au Nord, le Tinkisso au Sud, la Falerne à<br />

l'Ouest et le Niger à l'Est. EDRISI ajoute que "la province<br />

renommée pour la quantité et la bonté de son or, c'est le<br />

BAMB UK " (4) •<br />

De nombreux auteurs arabes ont décrit les cours<br />

fastueuses des souverains du Ghana et du Mali où l'or rutilait<br />

partout à chaque cérémonie politique. Grâce à eux, est pas-<br />

(1) Cité par E.F. GAUTHIER, l'or en Soudan, Annales d'Histoire Economique<br />

et sociale, n° 32, Paris, 1935, page 115.<br />

(2) Ti,té-'par E.-F.GAUTHIER, op. cit. page 115.<br />

(3) Cité par H. LABOURET, in l'échange et le commerce dans les archipels<br />

du Pacifique et en Afrique Tropicale, in Lacour-Gaxet, Ed. d'Histoire<br />

du Commerce, t. 3, Paris, 1953, page 54.<br />

(4) Cité par E.F. GAUTHIER, op. cit. Page 114.


- 51 -<br />

Occidentale au Nord de la forêt, du point de vue de l'instal­<br />

lation de nombreux négociants est-elle devenue peu à peu une<br />

annexe culturelle du monde arabe, étayée par l'islamisation"<br />

(1) •<br />

Comment se fait-il donc ,qu·'àlors "que certains<br />

placers étaient connus et localisés, la plupart n'aient pu<br />

être décrits par les auteurs arabes. La réponse la meilleure<br />

est que les Arabes n'ont jamais parcouru les champs auri­<br />

fères. Ils en ont toujours été tenus à l'écart. L'explication<br />

du mystère qui a entouré, dès l'origine, l'or du Soudan,<br />

tient à la fois de raisons sociologiques et de raisons pure­<br />

ment matérielles. Parmi les raisons sociologiques, le secret<br />

entourant les gisements aurifères s'explique par le carac­<br />

tère sacré qu'on donne à l'or. "L'or est précieux mais dange­<br />

reux" nous a-t-on répété souvent au cours CE notre enquête,<br />

comme à d'autres avant nous. On peut donner comme raison ma­<br />

térielle la volonté des souverains noirs de maintenir crois­<br />

sante la production d'or en satisfaisant aux exigences des<br />

mineurs. En effet, les souverains des anciens royaumes afri­<br />

cains avaient observé que toute intervention de leur part pour<br />

conquête ou islamisation entraînait une chute de laproduction<br />

d'or. Plusieurs auteurs arabes témoignent des observations<br />

des rois africains.<br />

n'abord Al BAKRlau Xlème siècle qui dit que le<br />

roi de Ghana ne faisait occuper ni exploiter les placers,<br />

mais se contentait de recouvrer les redevances annuelles (2)<br />

Al OMARI, après un entretien avec la suite du<br />

Mansa Moussa, à son escale au Caire en partance pour la<br />

Mecque en 1324 donne ce témoignage : "Les habitants de ce<br />

pays sont des paysans sauvages et si le sultan le voulait,<br />

il les soumettrait. Mais les souverains de ce royaume appri-<br />

(l)R. MAUNY, op. cit., page 301.<br />

(2) Al BAKRI, cité par H. LABOURET in l'échange et le commerce dans<br />

les archipels du pacifique et en Afrique tropicale, in Lacour-Gaxet,<br />

éd. d'Histoire du Commerce, t. 3, Paris, 1953, page 53.


- 53 -<br />

TARIK soudanais Cl) ,le BITOU de DUARTE PACHECO PEREIRA (2).<br />

La seule certitude que nous possédions est que les mines<br />

étaient jadis intensément exploitées lors de l'arrivée des<br />

Portugais sur les cOtes vers 1470. Ce fut précisément la<br />

richesse du pays en or qui amène leur établissement à la<br />

Mina (1484) (3).<br />

Nous retenons pour notre part, l'argument de l'é­<br />

loignement des centres commerciaux médiévaux ouest-<br />

africains en ce qui concerne la région de POURA. Certes, elle<br />

est plus proche des métropoles de la boucle du Niger (4) que<br />

les provinces aurifères du Ghana ou de COte d'Ivoire, mais<br />

on doit considérer que vu sa position juste aux frontières<br />

méridionales du MOSSI (5), ce dernier formait pour elle un<br />

écran véritable. L'on sait que les Etats MOSSI sont restés<br />

peu perméables à l'Islamn jusqu'à la fin du XVIIème siècle.<br />

En tout cas, tous les chercheurs travaillant sur cette partie<br />

du Soudan se convainquent rapidement que les auteurs arabes<br />

sont d'une aide négligeable.<br />

(1) Note faite par nous. Le Tarik es Sudan d'Abderraman es Saadi parle<br />

de BITOU}origine de l'or allant à Teghaza; voir pages 22 à 37.<br />

Quant au Tarik El Fetach de Mahmud Kati, il parle de Bitou comme<br />

d'une province ayant appartenu aux empereurs de Sonzai, voir pages<br />

68 à 94.<br />

Ces informations ont permis à BINGER d'identifier BITOU à BONDOUKOU<br />

au Nord-Est de la Côte d'Ivoire,<br />

(2) Note faite part nous. Cet auteur dans le Esmeralda de Situ Orbis<br />

pages 65 à 67, 125 à 177, parle de BEETU à propor de l'or du<br />

Cantor (GAMBIE) et du troc muet.<br />

(3) R.MAUNY, Tableau géographique de 1 "Oues t Africain au Moyen-Age.<br />

Mém. de 1 'IFA1\l, Dakar, 1966, page 298.<br />

(4 ) Voir carte XVI, routes du COIIlIIlerce, page 260.<br />

(5 ) Voir carte XVI,routes du commerce, page 260.


_ 54<br />

H. LABOURET écrit "Les champs aurifères de la<br />

Gold-Coast méridionale, des provinces Bété, Attyé, Baoulé,<br />

Agni, Yaouré de la Côte d'Ivoire, des contrées Bobo et Lobi<br />

de Haute-Volta, n'étaient pas connues des gens du Maghreb.<br />

Leur production semble n'être entrée dans le circuit commer­<br />

cial qu'à partir du XVIème siècle. Seules les exploitations<br />

du Soudan méridional et de la Haute-Guinée avaient été<br />

identifiées et approximativement situées par les marchands<br />

arabo-berbères" (1).<br />

L. TAUXIER renchérit en précisant le cas des<br />

G6urounsi dont la région de POURA : "Les Gourounsi sont restés<br />

inconnus des auteurs arabes du Moyen-Age, depuis Masoudi et<br />

Ibn Hawgal jusqu'à Léon l'Africain (X-XVIème siècles). Ces<br />

auteurs ne connaissent que le Nord du Soudan, le cours Moyen<br />

et Inférieur du Sénégal, le cours moyen du Niger" (2).<br />

Même les Jarik soudanais qui parlent du Mossi (3)<br />

et connaissent le Gurma (4) ignorent le GUR UN SI et par con­<br />

séquent, la région de.P0URA. On peut se demander si les rai­<br />

sons sociologiques et économiques qui ont ailleurs maintenu à<br />

(1) H. LABOURET, L'échange et le commerce dans les archipels du Pacifique<br />

et en Afrique tropicale, in Lacour-Gaxet, Ed. Histoire du Commerce,<br />

t , 3, Paris, 1953, page 52.<br />

(2) L. TAUXIER, Nouvelles notes sur les MOSSI et les GOUROUNSI,<br />

Paris, Larose, 1924, page 36.<br />

(3) Le Tarik de Fettach parle à maintes reprises des MOSSI aux pages<br />

85, 89, 90, 92, 134, 135, 214, 333, 334<br />

Pour sa part, le Tarik Es Sudan mentionne ce peuple en pages<br />

16, 17, 46, 112, Il 3, 115, 121, 122; 168, 173, 179, 192, 284.<br />

(4) Des mentions sur le GURMA existent dans le Tarik El Fettach en<br />

pages 41, lOS, 115, 116, 147, 152, 154, ]56, 179,205,209,210,<br />

220,23],299,300,426,430,433,<br />

et dans le Tarik Es Sudan en pages 163, 188, 273, 275, 277, 298.


- 56 -<br />

siècle dernier, qui, établissant une carte des pays aurifères<br />

du monde, plaçait le BAI·ffiUK au premier rang mondial et bien<br />

au-dessus de la Californie. Toutes ces erreurs proviennent<br />

du manque d'information sur les localisations et la valeur<br />

réelle des gisements aurifères de l'Afrique Occidentale.<br />

L'explorateur COMPAGNON semble avoir été le premier européen<br />

à visiter leBAI1BUK en 1698 (l). En réalité, il faut attendre<br />

la deuxième moitié du XIxème siècle avec le " s c ramble" pour<br />

avoir des informations sur les placers i encore restent-elles<br />

souvent vagues. Les propriétaires des mines et ceux-là qui en<br />

vivent ont tenté de protéger les placers comme par le passé.<br />

En 1710, LA COURBE, directeur de la Compagnie du Sénégal dit<br />

que les Marabouts de TAMBAOURA empêchaient les étrangers<br />

d'approcher les mines (2). A la fin du XVIIIème siècle,<br />

MUNGO PARK fait la même observation. Auparavant, en 1724,<br />

l'explorateur PELAYS est assassiné près de TAt-l.BAOURA sans avoir<br />

atteint les mines (3). Certains pensent que le désir de con­<br />

server le mystère autour de l'origine de l'or, a poussé pro­<br />

bablement certains peuples à cesser l'exploitation à l'ar­<br />

rivée des Européens. Aussi, F. BLONDEL (4) dans un rapport<br />

de 1936, après avoir constaté le maintien des exploitations<br />

traditionnelles d'or dans les régions de SIGUIRI, BOUGOUNI,<br />

SATADOUGOU et la disparition de celles-ci au Sud-Est et au<br />

Centre de la Côte d'Ivoire, son ralentissement au LOBI, pour­<br />

suit: "Le première idée qui vient à l'esprit est que les<br />

(1) R. FURaN, Les ressources minières de l'Afrique,<br />

Paris, Payot, 1944, page 67.<br />

(2) H. LABOURET, L'échange et le commerce dans les archipels du Pacifique<br />

et en Afrique tropicale, in Lacour-Gaxet, Ed. Histoire du Commerce,<br />

t . 3, Paris, 1953, page 55.<br />

(3) R. FURaN, op. cit., page 67.<br />

(4) 'F. BLONDEL, Mission en Afrique Occidentale Française (fév. juin ]936),<br />

Archives Nationales Françaises. Section TP, carton 149, dossier 1,<br />

page 47.


- 57 -<br />

exploitations aurifères ont cessé à l'arrivée des Français<br />

par crainte de révéler à ces derniers une source importante<br />

de richesse. L'exception apparente de SIGUIRI proviendrait<br />

de l'assurance formelle (dont jusqu'à présent on n'a pas<br />

retrouvé de traces écrites mais qui est affirmée par tous les<br />

notables de la région) qu'aurait donnée le Général Galliéni<br />

lors de son arrivée à SIGUIRI : que les indigènes pourraient<br />

continuer en toute liberté d'exploiter l'or".<br />

Donc, même pour des régions d'accès plus facile<br />

aux Européens, tel le Soudan septentrional, il faudra souvent<br />

attendre le début du XXème siècle pour voir de vraies re­<br />

cherches sur l'or de l'Afrique Occidentale.<br />

L'or de POURA apparaît dans les écrits pour la pre­<br />

mière fois en 1888 sous la plume du Capitaine BINGER (1).<br />

L'explorateur passa à côté de POURA alors que des trois iti­<br />

néraires qui lui étaient proposés pour se rendre au MOSSI,<br />

deux passaient par POURA. Il préféra l'itinéraire situé plus<br />

à l'Ouest afin d'éviter les raids ZEID1A qui tenaient la<br />

région de LEO. L'explorateur consacre d'ailleurs très peu de<br />

place à l'or de POURA. Il le signale premièrement en parlant<br />

des placers de BAGASSI (2) qu'il a traversés: "Ce bassin<br />

aurifère semble se prolonger jusque sur la rive gauche de la<br />

Volta. Les villages GURUNSI que j'aurai à traverser se<br />

livrent également à l'exploitation de l'or.<br />

Le métal de ces régions est d'un beau jaune, mais<br />

légèrement plus pâle que celui du LOBI, qui est lui-même plus<br />

pâle que celui de GOTTOGO (3).<br />

(1) Capi taine BINGER, Du Niger au Golfe de Guinée par le pays de KONG<br />

et le MOSSI (1887-1889).<br />

lêre édition, Hachette, 1892.<br />

2ême édition, Société des Africanistes, Paris, 1980, t. 1,513 pages<br />

t. 2,416 pages.<br />

(2) 'Voir carte L, page 4.<br />

(3) Capitaine BINGER, op. cité, page 415.


- 58 -<br />

Quelques pages plus loin , il nomme enfin POURA à<br />

propos des chemins menant au MOSSI :<br />

"Trois chemins conduisent de ROROMO vers le MOSSI<br />

- le premier passe à BAPORO , LADIO , BOUGANIENA et<br />

entre dans le 'MOSSI à BANIENA<br />

- ledelixième passe à POURA, TO, SILLE et se ratta­<br />

che à KASSOGO au chemin WAGHADOUGOU-WA ; il rejoint le premier<br />

à BOUGANIENA ;<br />

- le troisième passe également à POURA , mais, de là,<br />

se dirige sur SATI, SAPOVI, BAOUEZA, WAGHADOUGOU" (l)<br />

et FANA (2).<br />

La Volta Noite, dit Binger, passe près de POURA<br />

L'explorateur note que l'exploitation tradition­<br />

nelle de l'or se poursuit moins timidement à POURA que dans<br />

le reste du GURUNSI, mais passe en réalité rapidement sur les<br />

ressources aurifères de la région. On peut relever en effet<br />

successivement les passages suivants :<br />

"BAPORO et POURA (le gué se trouve à 7 km au Sud­<br />

Est du gué de BAPORO) ont des relations assez suivies avec<br />

les MOSSI de BOROMO, auxquels ils vendent des cocons de<br />

vers à soie et un peu d'indigo. Les MOSSI, de leur côté,<br />

séjournent de temps à autre dans ces deux villages quand ils<br />

viennent chasser dans les environs" (3). Comme on peut le<br />

constater, il n'est pas question de commerce d'or entre la<br />

rive gauche et la rive droite dans le récit de Binger. Peut­<br />

être n'a-t-il pas eu l'information; ou a-t-il oublié de le<br />

mentionner. Nous reviendrons sur la question à propos du com­<br />

merce de l'or.<br />

(1) Capitaine BINGER, op. cit. page 428.<br />

(2) Capi taine BINGER, op. ci t , page 428. FANA du texte es t à. identifier<br />

avec FARA actuellement chef-lieu de sous-préfecture.<br />

(3) Capitaine BINGER, Du Niger au Golfe de Guinée par le pays de KONG<br />

et le MOSSI (1887-1889), Paris, Hachette, 1892, page 429.


- 63 -<br />

Le recensement général de 1975, quant à lui, a<br />

voulu délibérément ignorer le fait ethnique. Celui qui diri­<br />

geait toutes les opérations du recensement, M. Georges SANOGO<br />

(1) s'en est expliqué à la télévision nationale lors d'une<br />

table ronde précédant le recensement. Au cours de celle-ci,<br />

les chercheurs présents ont exprimé leur désaccord pour cette<br />

prise de position politique. Le recensement s'est ainsi ef­<br />

fectué par village. Pour chaque village, le fichier indi­<br />

quait l'ethnie dominante sans préciser le nombre ni la propor­<br />

tion de chaque groupe ethnique composant le village. On est<br />

donc en droit de ne pas se fier à la qualification de groupe<br />

ethnique dominant accolée à chaque village. L'exploitation<br />

des résultats du recensement général pourraient cependant<br />

être intéressante même pour l'histoire si l'on disposait<br />

de données plus anciennes sur le peuplement de la région.<br />

Cela n'est pas le cas.<br />

En nous limitant à la sous-préfecture (2) de PARA<br />

dans lequel se trouve notre zone d'étude, pour une popula­<br />

tion totale de 42 767 habitants vivant dans 67 villages, on<br />

dénombre, suivant le recensement général de 1975<br />

- 32 villages à prédominance NUNA (GURUNSI) avec 12 548 habi-<br />

7 villages<br />

4 villages<br />

3 villages<br />

tants,<br />

- 14 villages à prédominance BOBO (sans distinction) avec<br />

12 796 habitants,<br />

à prédominance DAGARI avec<br />

à prédominance MOSSI avec<br />

à prédominance SISSALA et<br />

avec l 883 habitants,<br />

11 183 habitants,<br />

2 439 habitants,<br />

PUGULI (GURUNSI),<br />

(1) Monsieur Georges SANOGO, Docteur es-sciences démographiques, est<br />

présentement ministre du plan et de la coopération internationale<br />

de la République de Haute-Volta.<br />

(2) Au moment du recensement général en ]975, FARA n'était encore qu'un<br />

arrondissement. Il a été érigé en sous-préfecture en 1979 dans ses<br />

limites anciennes.


- 65 -<br />

De la somme des informations recueillies, il est<br />

apparu qu'aucun des groupes présents n'est vraiment autoch­<br />

tone mais que les GURUNSI-NUNA pourraient jouer ce rôle<br />

d'autochtones. Les DAGARI seraient venus du Sud de même que<br />

certains DYAN.<br />

D'autres DYAN, les BWAWA (1) et les BOBO-DYULA se­<br />

raient originaires de la rive droite de la Volta-Noire. La<br />

présence MOSSI est attestée à diverses époques difficiles<br />

à préciser mais ils paraissent être à l'origine de la création<br />

de certains villages, dont POURA. Il faut cependant souli­<br />

gner que la plupart des MOSSI qui peuplent le secteur, se<br />

sont fixés là il Y a parfois à peine une quinzaine d'années,<br />

chassés des plateaux déshérités du centre du pays par l'en­<br />

vahissement progressif du Sahel. On assiste encore aujourd 'hui<br />

à la naissance de villages MOSSI comme celui surgi en 1978<br />

au bord de la route de POURA, à 7 km de la bifurcation et qui<br />

compte déjà une dizaine de concessions (2).<br />

Si les MOSSI arrivent attirés par les terres plus<br />

fertiles et mieux arrosées de la vallée de la Volta-Noire,<br />

on rencontre à POURA quelques familles YORUBA et HAOUSSA<br />

vivant de commerce et installées là il Y a une vingtaine<br />

d'années au moment où l'or de POURA connaissant une exploi­<br />

tation industrielle.<br />

On croise enfin des PEUL qui possèdent des campe­<br />

ments et des troupeaux importants à côté de NABOU et de<br />

FITIEN. Certains sont des transitaires conduisant au Ghana<br />

distant d'à peine 80 km, des troupeaux de boeufs et de mou­<br />

tons.<br />

(1) Ceux que l'ethnographie coloniale a désignés sous le nom de BOBO-OULE<br />

(Bobo rouges) s'appellent en réalisé BWA au singulier et<br />

BWAWA ou BWABA au pluriel. Leur langue et leur pays sont désignés<br />

:p.ar eux .pa r le .t.e rme BWAMU.<br />

(2) Concession: ce mot désigne ici un groupement de cases abritant<br />

les éléments d'une grande famille africaine. Nous l'emploierons<br />

toujours ici avec ce sens.


- 66 -<br />

Ce rapide tableau de la population actuelle montre<br />

sa diversité. On pourrait facilement conclure à l'attrait<br />

du métal précieux. Or, il n'en est rien si l'on suit les<br />

traditions unanimes pour désigner un groupe qui apparaît<br />

rarement dans les études ethnographiques mais qui se serait<br />

spécialisé dans le commerce et l'exploitation des mines d'or.<br />

Il s'agit des BOBO-DYULA que les GURUNSI ont bap­<br />

tisés SANKURSI (au singulier SANKURA) (1), c'est-à-dire<br />

littéralement les "creuseurs d'or". Une longue analyse des<br />

traditions recueillies nous autorise à tracer ce cadre de<br />

mise en place du peuplement et à proposer les itinéraires<br />

de migrations suivants : (2)<br />

Les GURUNSI-NUNA semblent avoir occupé la rive<br />

gauche de la Volta en même temps ou juste avant l'arrivée des<br />

DYAN et des DAGARI.<br />

A la même période se situe une migration MOSSI<br />

venant de MANE, village situé à une centaine de kilomètres<br />

au Nord de Ouagadougou. Nous appellerons ces MOSSI, les<br />

"MOSSI anciens". C'est après les GURUNSI, les DYAN, les DAGARI<br />

et les MOSSI anciens qu'arrivent les BOBO-DYULA. Leur venue<br />

est très remarquée à cause de leur spécialisation de travail­<br />

leurs des mines d'or. Les BWAWA et les MOSSI récents sont<br />

venus par la suite.<br />

(l) Ces "SANKURSI" même s'ils acceptent cette appellation par leurs<br />

hôtes GURUNSI, s'affirment être des BÜBÜ-DYULA. Aussi, les désigneronsnous<br />

par ce vocable, pour leur restituer leur identité réelle et pour<br />

réparer un peu le préjudice qui leur a été causé par des auteurs qui<br />

nous ont précédé et qui les ont classés parmi les GURUNSI.<br />

(2) Voir carte VIII: Carte des migrations dans les pays de la Volta<br />

Noire, page 67.


- 71 -<br />

La tradition à NABOU :<br />

La tradition de NABOU prétend qu'il n'y avait aucun<br />

autre village dans les environs à la création du village.<br />

Cette ancienneté et plus les conquêtes ultérieures, justi­<br />

fieraient la présence là d'une chefferie de canton.<br />

Cette tradition donne aussi les GURUNSI comme<br />

premiers occupants des lieux. La première famille GURUNGA (1)<br />

de NABOU est celle des IDO. Elle est originaire de SATI,<br />

village situé près de LEO. Lorsqu'elle vint dans la brousse<br />

de NABOU, elle s'établit aux pieds de la colline KYE, aujour­<br />

d'hui colline sacrée (2). L'ancêtre s'appelait IDO BATIBI<br />

YIN-YON.<br />

La deuxième famille GURUNSI à venir habiter NABOU<br />

est celle des NIGNAN. Ils sont originaires de VANDO-NAPONE<br />

vers SABOU. Leur ancêtre NIGNAN DOUMOUNOU aurait été un<br />

grand magicien. Il arriva à NABOU par la voie des airs.<br />

L'ancêtre IDO le pria de descendre et prendre quelques<br />

rafraichissements. Ce qu'il accepta.<br />

Lorsque les salutations d'usage furent échangées<br />

l'ancêtre IDO demanda au magicien d'user de ses pouvoirs<br />

surnaturels pour chasser les mauvais génies de la brousse<br />

de NABOU. Le magicien chassa les mauvais génies. L'ancêtre<br />

ISO demanda ensuite un médicament pour ses femmes, dont les<br />

grossesses finissaient par des fausses couches. Le magicien<br />

saigna et guérit les femmes de IDO BATIBI. Ce dernier retint<br />

auprès de lui cet hôte aux grands pouvoirs. Il conversa la<br />

maîtrise de la terre mais la famille NIGNAN partagea un peu<br />

ce pouvoir par les liens très étroits qui unirent IDO et<br />

NIGNAN.<br />

(1) GURUNGA : singulier de GURUNSI en MORE, langue des MOSSI qUl auraient<br />

forgé ce mot qu'aucun GURUNGA ne reconnaît.<br />

(2) Colline située à l'Est du village de NABOU. Elle recèle une grotte<br />

spacieuse (environ 100 m2) où se réfugie la population en cas de<br />

danger. Son entrée est masquée par de gros rochers.


- 78 -<br />

DAGARI - DYAN (1), on ne peut que situer à la fin du<br />

XVIIIème siècle, la mise en place du peuplement DYAN et<br />

DAGARI. Les MOSSI qui, dans la tradition} leur sont contem­<br />

porains, sont donc également arrivés à la fin du XvrIIème<br />

siècle ou au début du XIXème siècle. Les autres n'ont pu<br />

arriver que plus tard.<br />

Le village de NABOU semble être le point de<br />

départ de l'expansion BOBO-DYULA sur la rive gauche de la<br />

Volta. En tout cas, la tradition nous dit que les premiers<br />

(1) Les chronologies de H. LABOURET et de G. SAVONNET à propos des migrations<br />

LOBI-DYAN-DAGARI apparentés, donnent des dates très proches.<br />

L'écart d'une dizaine d'années qui existe parfois présente à notre<br />

aViS très peu d'importance.<br />

Voir<br />

- H. LABOURET, nouvelles notes sur les tribus du rameau LOBI,<br />

mémoire nO 54, IFAN, Dakar, 1958, page 5].<br />

- G. SAVONNET, quelques notes sur l'histoire des DYAN<br />

bulletin IFAN, t. XXXVII, nO 3, Dakar, 1975.<br />

- Carte VII carte des migrations au XVlllème-XIXème siècles dans<br />

les pays de la Volta Noire, page 67.<br />

(2) A propos de l'origine des BOBO-DYULA, Y. PERSON donne les éléments<br />

suivants dans liEn quête d'une chronologie ivoirienne'; in<br />

:theHistorian in Tropical Africa, Oxford University, Press, ]964,<br />

page 332 : au XVlème siècle, des migrations pré-malinkés se seraient<br />

dirigées d'Ouest en Est aboutissant à la création des villes de<br />

BORON et de BEGO puis à la fin du siècle, à la constitution du<br />

royaume GONDJA.<br />

Au XVlème siècle, se situeraient également les premières<br />

migrations et implantations de DYULA à BOBO. Ces DYULA se mélangeant<br />

aux BOBO, anciens occupants, auraient donné les BOBO-DYULA Dans<br />

SAMORI, une révolution DYULA, page 97, le même auteur dis tingue<br />

les DYULA qui, dans les pays de la COMOE et de la VOLTA NOIRE<br />

auraient conservé une grande originalité basée sur la langue, le<br />

commerce et l'islam.


- 82 -<br />

mière occupation BOBO-DYULA, peut-être le temps d'une géné­<br />

ration, un reflux sur la rive droite, répondant à l'appel de<br />

l'islam, et un retour récent sur la rive gauche pendant la<br />

période coloniale. Lès traditions en tout cas, font état<br />

d'un mouvement de va-et-vient entre les deux rives de la<br />

Volta.<br />

A TON, on conserve très peu de souvenirs sur les<br />

débuts de l'installation des BOBO-DYULA. "Ils sont arrivés<br />

après les DYAN" dit la tradition GURUNSI. "Nous sommes<br />

arrivés après les BWAWA et il n'y avait plus d'exploitation<br />

d'or" disent les deux familles SANOU qui résident à TON. L'une<br />

aurait quitté POURA après un différend avec les GURUNSI et<br />

après de courts séjours à SOUMBOU, HOURBONOU, WAHABOU,<br />

serait venue s'établir à TON. Le départ de POURA est effec­<br />

tué par WETRE, le grand-père de notre informateur.<br />

La deuxième famille SANOU viendrai t de BANGA, dans<br />

la région de SAFANE. Dans sa migration, elle a séjourné à<br />

WAHABOU et SOUMBOU avant de venir à TON. Les-SANOU de BANGA<br />

ont trouvé aussi les BWAWA sur place et il n'y avait plus<br />

d'exploitation d'or.<br />

Il faut donc convenir que les nombreux puits qui<br />

relèvent de la terre de TON ont été creusés par d'autres<br />

BOBO-DYULA, peut-être les ancêtres lointains des actuels.<br />

Lorsqu'on considère dans son ensemble la mise en<br />

place du peuplement BOBO-DYULA sur la rive gauche, on peut<br />

retenir comme probable les faits suivants :<br />

1°) Le front pionnier a été constitué par les<br />

TRAORE et les SOUMOUNI de NABOU. Ce groupe ne semble pas<br />

avoir reçu un apport ultérieur. En tout cas, uaucne tradition<br />

ne mentionne l'arrivée et l'installation d'autres BOBO-DYULA<br />

à NABOU. Par contre, la tradition de NABOU parle d'expansion<br />

vers FARA , POURA, NANANO. Rien dans les traditions des<br />

villages concernés ne confirme cette expansion à partir de<br />

'NABOU.


- 86 -<br />

droite et d'où ils venaient commercer à POURA. Après avoir<br />

mené des relations avec la population locale, ils ont fini<br />

par se fixer sur la rive gauche. Du temps où ces MOSSI fai­<br />

saient le commerce avec POURA à partir de BOROMO, les BOBO-DYULA<br />

exploitaient encore les mines. Mais ils avaient cessé cette<br />

activité quand les MOSSI de BOROMO vinrent s'installer à POURA.<br />

La deuxième catégorie est composée de MOSSI musul­<br />

mans arrivés plus récemment (30 ans) et ayant ouvert des<br />

écoles coraniques à SANEMBOULSI et KONZENA.<br />

La troisième catégorie est faite de MOSSIS à la<br />

recherche de bonnes terres. Ils sont les plus nombreux et<br />

continuent d'arriver chaque année dans la région. L'annonce<br />

de la réouverture de la mine d'or de POURA semble avoir accru<br />

le mouvement migratoire mossi vers POURA. Plus nombreux à<br />

BOLMAKOTE (1), les migrants sont à l'origine d'une spéculation<br />

foncière.<br />

BWAWA et MOSSIS récents semblent avoir eu l'agricul­<br />

ture comme activité principale depuis leur installation. En<br />

plus de cela, les MOSSI ont fait du commerce ou mené des<br />

actions religieuses.<br />

Dans cette présentation des peuples, il y a certai­<br />

nement des omissions. Ainsi, nous n 1avons pas parlé des BOZO<br />

qui avant 1974 étaient nombreux à PARA et POURA et s'occupaient<br />

presqu'exclusivement de pêche. Nous nI avons pas enquêté en<br />

milieu peul qui élève et conduit des troupeaux de boeufs vers<br />

le GHANA voisin. Mais les groupes ici étudiés sont ceux<br />

dont les traditions peuvent contenir des éléments importants<br />

pour notre étude .<br />

.(]) BOLMAKOTE .aut·l?enom de .POURA-MINES.


CHA PIT R E l l l<br />

L'INFORMATION ARCHEOLOGIQUE


- 90 -<br />

111.1. LA CARTOGRAPHIE DES SITES<br />

AERIENNE. - .<br />

LE ROLE DE LA PHOTOGRAPHIE<br />

Parmi les grandes difficultés rencontrées lors de<br />

nos recherches dans la région minière dePOURA, figure la<br />

confection de la carte archéologique de l'or. Nous avons dû<br />

recourir à trois sources pour son établissement :<br />

- dans la documentation écrite existante, quatre cartes of­<br />

fraient un intérêt archéologique certain. Elles portaient<br />

malheureusement seulement sur le secteur qui intéresse<br />

l'industrie moderne, à savoir les environs immédiats de<br />

POURA dans un rayon de la kilomètres,<br />

par la tradition orale, nous avons tenté un repérage des<br />

sites d'anciennes exploitations et des sites de campements<br />

lités aux exploitations. Malheureusement, l'enquête n'a pu<br />

être mené au-delà du canton de NABOU. Un avantage important<br />

de la tradition orale sur les cartes existantes est que<br />

dans certains cas, les informateurs ont pu nous donner une<br />

chronologie de l'exploitation au niveau des sites relevant<br />

d'un même village. La tradition orale a cependant une limite<br />

ici très gênante pour l'archéologue: de nos jours, les<br />

vestiges de l'exploitation minière n'offrent aucune valeur<br />

à leurs yeux. Aussi, les sites peu étendus, les puits isolés<br />

nombreux dans le paysage ne SOfrt plus connus et il faut les<br />

découvrir soi-même. Cela revient à dire qu'un recensement<br />

intégral des sites archéologiques de l'or sur la rive gauche<br />

de la Volta Noire implique un parcours de contrôle à l'in­<br />

térieur du quadrilatère réputé minier et délimité au Nord<br />

par la route Ouagadougou-Bobo, à l'Est par celle qui va de<br />

SABOU à LEO, au Sud par la route LEO-WESSA et à l'Ouest,<br />

par la Volta Noire. Soir parcourir, de la manière la plus<br />

serrée, environ 800 km2.


- 97 -<br />

Le plan de SAGATZKY ne comprend malheureusement<br />

pas la région au Sud de FARA. Par conséquent, les sites que<br />

nous avons reconnus à NABOU ne s'y trouvent pas.<br />

- Le plan du Filon G. (1) en raison de la coincidence entre les<br />

tranchées et puits indigènes et le tracé géologique des<br />

éléments du filon G, livre un plan plus précis des travaux<br />

anciens aux abords des installations de l'usine moderne<br />

construite en proximité du filon G.<br />

- Le croquis de la colline de TON (2) en plus des données<br />

géologiques met en corrélation celles-ci avec les tailings<br />

et puits indigènes. Le croquis offre aussi les rapports<br />

entre le relief et les vestiges d'exploitation ancienne<br />

d'or.<br />

- Le croquis de DORA-BOUE (3) réalisé à la même échelle et<br />

très probablement par le même opérateur qu'à TON, nous<br />

donne aussi les puits et les tailings dans leur contexte<br />

géologique et orographique.<br />

Des plans détaillés comme ceux du Filon G, de la<br />

colline de TON et de DORA BOUE, nous auraient été très utiles<br />

avant les fouilles réalisées sur les sites relevant de FARA ,<br />

NABOU, NANANO et POURA. Nos essais pour en obtenir ont été<br />

vains à l'exception du minutieux travail de M. LEBOULAIRE (4)<br />

sur le site de ZANI réalisé à partir de photographies aériennes.<br />

(1) Plan du Filon G par le SMPC de POURA, 1950, archives du Bureau Géologique<br />

et Minier de Haute-Vol ta-Ouagadougou.<br />

Voir carte XI page 93.<br />

(2) Croquis de la Colline de TON par la SMPC de POURA ]950, archives du<br />

Bureau Géologique et Minier de Haute-Volta - Ouagadougou<br />

Voir carte XII page 94.<br />

(3) Croquis de DORA-BOUE par la SMPC de POURA, 1950, archives du Bureau<br />

Géologique et Minier de Haute-Volta - Ouagadougou<br />

Voir carte XIIlpage 95.<br />

(4) Voir carte XIV-page "96.


- 99 -<br />

La seule couverture photographique existante de la<br />

région provient d'une mission l .G.N. de 1952 (1) à l'échelle<br />

. de 1/50 OOOème. A cette échelle, les photographies aériennes<br />

ont permis le repérage et la cartographie de nombreux sites<br />

archéologiques de l'or.<br />

Les résultats obtenus à partir des photographies<br />

aériennes appellent cependant des observations dont certaines<br />

sont propres au système de photo-interprétation tandis que<br />

d'autres traduisent des insuffisances du travail sur le ter­<br />

rain.<br />

Il nous a été impossible d'établir un décompte exact<br />

des anciens sites d'exploitation d'or. Toute la rive gauche<br />

de la Volta-Noire à la latitude de POURA et FARA est parsemée<br />

de puits, tranchées et tailings mais les contours de chaque<br />

exploitation ne sont pas suffisamment cernés. On passe par­<br />

fois des limites territoriales d'un village à un autre sans<br />

interruption des vestiges d'exploitation de l'or. Parfois<br />

aussi, les ensembles exploités sont distants les uns des<br />

autres mais reliés entre eux par des puits isolés difficiles<br />

à cartographier. D'autre part, de chaque village dépendent<br />

plusieurs .ensernbLes d' exploitations et de c ampernents de<br />

mineurs. Comment, dans ces conditions, définir un site? Il<br />

nous a semblé expédient, en nous référant à chaque terroir<br />

villageois, de retenir comme site tout ensemble exploité,<br />

reconnu comme tel par la tradition orale et portant un nom<br />

donné par celle-ci, ou tout ensemble sans dénomination tradi­<br />

tionnelle mais bien circonscrit par un élément de relief<br />

colline ou cours d'eau. Nous pouvons ainsi dénombrer:<br />

(1) Mission photo Aü 06/500, 1952, au 1/50 OOOème I.G.N. Dakar.<br />

(2) Voir carte IX page 88 et carte XV page 88.


- 101 -<br />

GUGORE et de la colline KYE peur le terroir de NABOU, du<br />

site de la colline GWELPON à FARA, celui de la colline de<br />

KUTRUKAFIGUE à NANANO et enfin de la colline de TON.<br />

Dans tous les cas, la carte archéologique de l'or<br />

présente une telle concentration autour des villages, princi­<br />

palement autour de FARA , POURA et NANANO, qu'on est tenté<br />

de dire "site de FARA", ou site de "POURA", etc... On pour­<br />

raît être tenté également de définir des ensembles tenant<br />

compte d'une chronologie fournie par les sources orales. Nous<br />

tentons, ci-après, la présentation de quelques sites, pré­<br />

sentation qui tiendra compte dans la mesure du possible des<br />

éléments distinctifs de chacun.<br />

Les sites de FARA<br />

De la "maîtrise de terre" (1) de FARA relèvent<br />

trois sites importants d'exploitation aurifère.<br />

Le premier est au village même de FARA aux abords<br />

du marigot qui coule en hivernage à l'Est et au Sud. Il com­<br />

porte des tas de terres stériles provenant des lavages auri­<br />

fères.<br />

Le second et le plus vaste s'étend aux pieds et sur<br />

les versants des collines qui s'échelonnent du Sud au Nord<br />

en direction de POURA-MINES, longeant la Volta-Noire à<br />

quatre kilomètres à l'Est de celle-ci. La ,plus haute de ces<br />

collines (le GWELPON) se trouve à la limite sud de l'aligne­<br />

ment. De la colline GWELPON jusqu'à la hauteur du village de<br />

DIENSI, il y a une continuité de vestiges d'exploitation<br />

minière puits, tranchées ou tailings. Il s'agit, en effet,<br />

d'un site de mines. L'élément dominant des vestiges est une<br />

grande tranchée de trois mètres de large sur soixante mètres<br />

de long, profonde de deux mètres. Cette tranchée, d'orientation<br />

Nord-Sud se prolonge à chaque extrémité par une tranchée<br />

(J) Le plus souvent dans la littérature ethnographique, on rencontre<br />

"chefferie de terre" ou "chef de terre" à la place de "maîtrise de<br />

la terre" ou "maître de la terre". Nous pensons, quant à nous, que les<br />

deux dernières expressions traduisent mieux le contenu du pouvoir<br />

que visent ces mots.


- 107 -<br />

des puits par le Sud et l'Ouest. Des tessons de poterie,<br />

des meules de granit, gisent en surface. Ces buttes sont<br />

couvertes d'épineux (accacia, albida) plus abondants cepen­<br />

dant dans les périphéries des ruines.<br />

trois hectares.<br />

L'ensemble du site de LOGOFIELA couvre environ<br />

Les sites de NABOU<br />

Selon la tradition, c'est à NABOU qu'a démarré<br />

l'exploitation de l'or dans la région. Du terroir villageois<br />

relèvent deux sites d'exploitation ancienne d'or. L'un se<br />

trouve sur le bord Ouest d'une rivière appelée GUGORE qui<br />

coule au Nord-Est du village dans une direction Nord-Ouest,<br />

Sud-Est. Ce premier site est un ensemble-mine constitué de<br />

puits presqu'entièrement comblés et très rapprochés les uns<br />

des autres.<br />

On observe le manque de vallonnement correspondant<br />

habituellement aux tertres de rejets. Ce qui reste des ter­<br />

res sorties des puits constitue des plaques minces dans l'in­<br />

tervalle des puits. De toute évidence, l'érosion a emporté<br />

les terres. La partie Nord du site est couverte d'un épais<br />

fourré dans lequel il y a des puits creusés dans une cuirasse<br />

latéritique de plus de deux mètres d'épaisseur. Le site de<br />

GOUGOREcouvre un peu plus d'un hectare.<br />

Le second site de NABOU se trouve aux pieds de la<br />

colline de KYE, .inselberg latéritique d'environ 400 mètres<br />

d'altitude. Cette colline est sacrée pour les gens de NABOU.<br />

Ses flancs recèlent une grotte spacieuse et haute, d'une<br />

superficie voisine de 100 m2. On y circule debout à l'aise.<br />

L'entrée de la grotte située à l'Est, est dissimulée par<br />

des rochers. Cette grotte est un site archéologique en lui­<br />

même qui devra être prospectée et fouillée car, selon la tra­<br />

dition, elle servait jadis de refuge aux gens de NABOU en<br />

cas d'attaque ennemie.


- 109 -<br />

Au Nord-Ouest du site, on rencontre les puits les<br />

plus profonds : 10 mètres environ dans leur état actuel.<br />

C'est dans ceux-là qu'on trouve l'eau de boisson qui alimente<br />

le village agricole Mossi de SANE}ffiOULSI. A la limite Sud<br />

et Est du site, coule un marigot appelé ZOURAYOUROU (1). Plus<br />

on s.' approche du marigot et plus le comblement des puits est<br />

important. Aux abords immédiats de ZOURAYOUROU, il n'y a plus<br />

en surface qu'un sol jonché de cailloutis de quartz sans<br />

qu'on pùisse déceler l'emplacement présumé des puits (2).<br />

Dans la zone médiane entre le Nord du site et le<br />

marigot, les dépressions des puits sont plus marquées mais la<br />

couverture de végétation ligneuse est aussi plus dense. On<br />

compte même des cailcédrats géants, des baobabs gigantesques,<br />

des arbres à colle qui semblent avoir poussé après l'abandon<br />

des puits (3). L'ensemble du site est plat, très légèrement<br />

(1) Voir carte XIV page 96.<br />

(2) Il aurait été utile d'avoir une étude localisée des effets de l'érosion<br />

et particulièrement des données sur la vitesse de comblement des puits.<br />

Nous aurions pu en tirer des éléments de chronologie.<br />

(3) Les études de dendroclimatologie et de dendrochronologie en climat<br />

sahélien n'ont pas encore abouti à des résultats fiables. Un chercheur<br />

français, A. MARIAUX explique cette situation de cette manière<br />

"Enfin sur la chronologie et la climatologie :<br />

1°) Il faut considérer que la datation précise de tous les cernes avec<br />

une certitude absolue est au-dessus de nos possibilités actuelles<br />

en raison des cernes nulles et de l'accumulation de cernes infimes.<br />

2°) Les écarts individuels semblent suggérer de faire la moyenne de<br />

plusieurs arbres pour obtenir une variation moyenne régionale à<br />

rapprocher des facteurs climatiques.<br />

3°) Il est évidemment très grossier d'utiliser la hauteur de pluie<br />

annuelle et il serait intéressant de préciser les conditions les<br />

plus favorables à la formation d'une grosse quantité de bois. On<br />

peut penser que la pluie est bien le facteur limitant de l'activité<br />

du cambium dans ces régions très sèches, mais la longueur de<br />

la saison des pluies, sa continuité, les quantités inutiles éliminées<br />

par ruissellement, les variations d'humidité de l'air, l'effet<br />

cumulatif de plusieurs années sèches et bien d'autres facteurs<br />

de corrections devraient être pris en considération", in A. MARIAUX,<br />

essai de dendroclimatologie en climat sahélien par acacia<br />

raddiana, Bois et forêts des tropiques, Paris, 1975, nO 163, p. 35.<br />

Concernant la dendrochronologie en forêt humide, on peut consulter<br />

utilement: Anonyme, l'arrivée d'un ancien.<br />

Bois et forêts des tropiques, n" 162, Paris, 1975, p. 37-38.<br />

et aussi P. DETIENNE et A. MARIAUX, Nature et périodicité des cernes<br />

dans les bois de NIANGOM, Bois et forêts des tropiques, nO 159,<br />

Paris, 1975, pages 29-39.


- Hl -<br />

incliné vers le marigot. Dans la zone des puits encore pro­<br />

fonds, nous avons peu de quartz en surface mais par contre<br />

d'importants tertres de rejets.<br />

A la limite de Est de l'ensemble-mine commence<br />

sernble-t-il un ensemble-campement aujourd'hui presque plat.<br />

Des fragments de poterie sont nombreux en surface. Des<br />

champs occupent le lieu désigné par la tradition.<br />

Les sites de POURA<br />

Le village de POURA compte quatre champs importants<br />

d'ancienne exploitation d'or.<br />

Le premier site est au Nord-Ouest des installations<br />

de l'usine de la Société des Mines de POURA. Il s'identifie<br />

avec le filon G (1) des géologues. Il s'agit d'un ensemble<br />

de tranchées et depuits de direction Nord-Sud, long de six<br />

cents mètres. Les derniers sondages de la SOREMI (2) entre<br />

1974 et 1976 ont légèrement transformé son apparence exté­<br />

rieure par des rainures dans les puits et des coupes trans­<br />

versales dans les tranchées. Ce site de POURA est apparemment<br />

celui découvert en 1934 par le Colonel BOUYSSON (3) pour le<br />

compte de la Société des Grands Travaux de l'Ouest Africain.<br />

Le deuxième site archéologique de l'or relevant de<br />

POURA et que nous rattachons à POURA-MINE est visible à un<br />

kilomètre au Sud de l'usine de la Société des Mines de POURA<br />

et à droite de la route qui mène à FARA. Il s'agit essentiel­<br />

lement d'une exploitation par puits sur le flanc d'une colline<br />

cuirassée dont nous ignorons le nom. Ces puits sont presqu'en­<br />

tièrement bouchés. Le sol environnant est très remué. Ce<br />

site qui couvre environ deux hectares porte aujourd'hui des<br />

cultures.<br />

(1) Voi r carte XI page 93.<br />

(2)Soèi'ê'té 'de"Rechercheet "d"e xp-l oi-t.atian minière cons tituée en 1972 pour<br />

réexploiter le gisement d'or de POURA.<br />

(3) Le potentiel minier de la Haute-Volta, Direction de la géologie rrun.<br />

1975, page 136.


- 113 -<br />

Le troisième champ minier est aussi le plus grand<br />

chaos qu'il nous a été donné d'observer dans la région minière<br />

de POURA. Il s'agit du site du lieu-dit ZIGUITIO. Il voisine<br />

avec un autre lieu-dit KANKIELOU lequel est partiellement<br />

occupé par un village de colonisation agricole Mossi.<br />

ZIGUITIO et KANKIELOU sont à 1,5 kmà l'Est de POURA-village<br />

où réside le chef traditionnel de tout POURA. ZIGUITIO<br />

est un ensemble-mine tandis que KANKIELOU est un ensemble­<br />

campement. L'ensemble mine de ZIGUITIO est formé de milliers<br />

de puits, de tranchées, de galeries en partie effondrées et<br />

d'importantes collines de rejets.<br />

Le bouleversement du sol est réellement impression­<br />

nant. Le tout forme aujourd'hui une topographie très vallon­<br />

née où les parties hautes sont en surélévation par rapport<br />

au contexte, l'ensemble coiffé d'un bosquet très ombragé.<br />

Les tranchées sont larges (3 à 5 mètres), longues (la à 20<br />

mètres), et. profondes (2 mètres).<br />

On distingue sur les parois et au fond, des affleu­<br />

rements de schiste blanchâtre et très friable. Les puits,<br />

presque comblés, n'ont plus que deux à trois mètres de pro­<br />

fondeur au-dessous du niveau du sol actuel. On observe des<br />

éboulements des parois dans les puits en-dessous de la base<br />

de la cuirasse latéritique dont l'épaisseur atteint ici<br />

l,5 mètre. La Larqeu r et la forme des puits sont les mêmes<br />

partout. Le diamètre de 90 cm est le même de l'ouverture à la<br />

base du cuirassement latéritique. Des encoches disposées en<br />

quinconce sont parfois visibles.<br />

L'ensemble-campement de KANKIELOU est à 700 mètres<br />

au Sud de l'ensemble-mines de ZIGUITIO. Il est couvert par<br />

les champs de cases du village agricole Mossi. On distingue<br />

trois tell archéologiques disposés en triangle équilatéral<br />

de 50 m de côté et dont les sommets sont à l'Ouest, à l'Est<br />

et au Sud. Ces tell ont une forme circulaire de 30 mètres<br />

-envd-ron vde :di:amèt're.A la -s u r-f-ace , . on trouve des alignements


- 115 -<br />

Nous n'avons pu décrire ici que les sites visités,<br />

signalés par la tradition orale ou les cartes pré-existantes.<br />

Parmi tous les sites, nous en avons choisi sept pour y implan­<br />

ter des fouilles.<br />

de fouille ont été :<br />

Les critères du choix lors dela première campagne<br />

- l'importance de la surface exploitée ZIGUITIO, GUELPON,<br />

ZANI ;<br />

- une impérieure invitation de la tradition orale qui accorde<br />

une plus grande ancienneté à certains sites: GOUGORE, KYE ;<br />

- des vestiges apparents peu communs : LOGOFIELA.<br />

Pour la seconde campagne de fouilles, nous avons<br />

décidé de ne fouiller que des sites de campements parce que<br />

nous les jugions plus susceptibles d'être plus riches en<br />

information.<br />

111.2. LES RESULTATS DES FOUILLES.-<br />

Les sites retenus pour les fouilles ont été sondés<br />

à des degrés divers. Les résultats n'ont été proportionnels<br />

ni à l'étendue du site, ni à celle de la surface fouillée.<br />

La technique de fouille qui a été la même partout<br />

est celle de la fouille stratigraphique. Les emplacements<br />

choisis sur chaque site ont été couverts par un carroyage dont<br />

l'unité est le carré de fouille de 3 ml 3 m. Chaque carré de<br />

fouille est ensuite divisé en petits carrés de 50 cm de côté.<br />

La fouille progresse par décapage à la pioche ou à la truelle<br />

selon les couches de terrain. Chaque levée correspond à une<br />

épaisseur de terre d'environ 10 cm. Dans les galeries, la<br />

progression se fait latéralement et non plus verticalement.<br />

Pour tous les sites, l'orientation a toujours été donnée par<br />

les points cardinaux.<br />

Dans la présentation des résultats, nous distingue­<br />

.rons vcenx.vrecuet Lli s sur les sites de mines et ceux provenant


+<br />

+<br />

SITE de. 6WELPON ( FARA)<br />

E<br />

C<br />

i=<br />

1)<br />

A .$<br />

o 04 m<br />

, ,<br />

PLAN 1


des sites de campement.<br />

- 119 -<br />

III.2.1. Les sites de mines (1)<br />

Ils sont les plus nombreux, les plus vastes et les<br />

plus facilement reconnaissables. Nous en avons fouillé à FARA<br />

NABOU, NANANO et POURA.<br />

Les fouilles de FARA (2)<br />

Sur les ensembles-mines relevant de FARA, nous avons<br />

implanté deux fouilles.<br />

L'emplacement de la première fouille a été choisi<br />

sur le bord Est de la tranchée principale du site de GWELPON.<br />

L'avantage de ce choix était de permettre la fouille à la<br />

fois de puits presqu'entièrement bouchés, et les rejets dis­<br />

posés en proximité. Six carrés de fouille ont été ouverts. Le<br />

tout forme un rectangle de 6 m de côté Est-Ouest et de 9 m<br />

de côté Nord-Sud. Sauf dans les puits, l'épaisseur de la cou­<br />

che archéologique ne dépassait pas 110 cm.<br />

La seconde fouille a été pratiquée sur l'ensemble<br />

mine de LOGOFIELA. Le carroyage fut disposé de manière à<br />

recueillir un tas de cauris mis à jour par le piétinement des<br />

animaux, et à fouiller trois puits et une accumulation impor­<br />

tante de rejets proches des puits. Il a fallu six carrés de<br />

fouilles pour recouvrir l'emplacement choisi. Toute la fouille<br />

représente un rectangle de 6 m de côté Nord-Sud et de 9 m de<br />

côté Est-Ouest. Ici, la couche archéologique est moins<br />

épaisse que sur le site de GWELPON.<br />

(1) Il n'y a pas pour l'instant de plans d'ensemble donnant la configuration<br />

de chacun des sites (mines ou campements) où des sondages ont<br />

été effectués. Nous avons expliqué plus haut les difficultés rencontrées<br />

pour la cartographie des sites. Ne seront ici présentés que<br />

.les plans des fouilles.<br />

( 2) Vo i r plans l - l l e t l l l PagesIl6, l 1 7, 1 1 8 .


- 121 -<br />

Les fouilles de NABOU(l)<br />

Les deux sites de NABOU sont des sites de mines.<br />

Nous avons opéré des sondages sur chaque site, dans l'espoir<br />

de voir se vérifier la chronologie établie entre eux par<br />

la tradition orale.<br />

La première fouille a été implantée sur le site<br />

de GUGORE. Deux carrés de fouilles (A et B) non jointifs<br />

ont été creusés. Le carré A se trouve dans la partie Sud du<br />

site. La démarcation Nord-Sud est donnée par une piste reliant<br />

NABOU au puits d'eau creusé dans le lit du GOUGORE. Le carré<br />

B est à 20 m au Sud-Est du carré A. Dans les deux cas, l'ob­<br />

jectif visé était de fouiller des puits entièrement bouchés<br />

marqués seulement par de très légères dépressions dont les<br />

fonds sont à 30 cm environ du niveau du sol actuel.<br />

Aux pieds de la colline KYE, nous avons fouillé<br />

deux autres carrés de fouille (C et D). Les carrés C et D<br />

couvrent deux creux si proches qu'ils n'en faisaient pres­<br />

que qu'un et dont le fond se trouvait à 45 cm à partir du<br />

niveau du sol actuel. En dehors du trou de l'ancien puits,<br />

on trouve une couronne de rejets qui ne dépasse pas 40 cm<br />

d'épaisseur.<br />

Les fouilles de NANANO<br />

(2)<br />

Sur le site de mines de ZANI, deux ensembles ont<br />

été fouillés. Le premier se situe au Nord-Ouest du site et<br />

le second au Sud-Ouest. Cent mètres environ les séparent.<br />

L'ensemble Nord-Ouest comprend vingt carrés de fouilles et<br />

l'ensemble Sud-Ouest quatre seulement. L'ensemble Nord­<br />

Ouest a été choisi en raison de sa colline de rejets dont la<br />

dénivellation dépassait par endroit un mètre. Le périmètre<br />

des vingt carrés de fouilles a permis d'inclure dans les<br />

travaux et d'explorer trois puits dont les rejets de la<br />

colline semblent provenir.<br />

( 1) Voi r plan s IVe t V, pagel 20 .<br />

(2) Voir plans VI et VII pages 122, 123.


+<br />

G<br />

+<br />

+<br />

G<br />

G


- 125 -<br />

Tenant compte de la grande différence de comblement<br />

des puits à ZANI, nous avons ouvert également une fouille<br />

dans la partie Sud-Ouest du site où les rejets ont presque<br />

disparu probablement emportés par les vents et les eaux de<br />

ruissellement. Ces agents d'érosion ont aussi comblé les<br />

puits qui se signalent de nos jours par de faibles dépressions<br />

dans le sol dont les points les plus creux sont à 50 cm au­<br />

dessous du niveau du sol actuel.<br />

Les quatre carrés de fouilles ont été disposés<br />

autour de deux puits bouchés. Le carré de six mètres de côté<br />

ainsi déterminé inclut une partie de la maigre couche de<br />

rejets voisine des puits.<br />

Les f OUl<br />

. 11 es··d e POURA (1)<br />

Neuf carrés de fouilles ont été ouverts au site de<br />

mines de ZIGUITIO. L'emplacement choisi pour le carroyage<br />

est l'extrémité Sud du site. Ce choix permet la fouille de<br />

puits et de rejets. Ces derniers restent importants en épais­<br />

seur.<br />

Les informateurs et le matériel recueillis lors<br />

des différentes fouilles présentent de telles similitudes<br />

qu'il nous paraît plus intéressant de les livrer sous les<br />

thèmes suivants les puits de mines, les rejets, les objets<br />

recueillis.<br />

parfois fouillés.<br />

Les puits deGWELPON (2)<br />

III.2.1.1. Les puits miniers<br />

Au total, dix-sept puits ont été étudiés et<br />

Dans le périmètre fouillé à GWELPON, il y avait<br />

sept puits. Nous en avons fouillé trois. Ce sont les puits<br />

n° 2 en carré B, n° 3 en carré C et n° 6 en carré F.<br />

(1) Voi r plan VIII, page 124.<br />

(2) Voir photo VI,page 103.


- 126 -<br />

Le puits nO 2 en carré B était marqué à l'extérieur<br />

par deux buissons qui avaient poussé au centre de la dépres­<br />

sion. Celle-ci avait 100 cm de largeur et 60 cm de profondeur.<br />

La fouille a livré ensuite successivement<br />

30 cm de terre noire, stérile,<br />

- 120 cm de terre argileuse contenant beaucoup de<br />

gravillon,<br />

- un kaolin blanc et jaune que nous avons fouillé<br />

jusqu'à - 400 cm, et qui provient probablement de<br />

la décomposition des schistes latéraux.<br />

A l'exception de la couche argileuse qui a livré un<br />

fragment de poterie, les deux autres couches sont stériles.<br />

La base du niveau de terre argileuse semble être la limite<br />

inférieure de la couche archéologique. Les puits avaient<br />

probablement 200 cm de profondeur. Aucune encoche ou amorce<br />

de galerie n'a été observée.<br />

Le puits nO 3 en carré C et le puits nO 6 en<br />

carré E-F se présentent à peu près de la même manière. Les<br />

diamètres à l'ouverture étaient tous de 100 cm et les profon-<br />

deurs 50 cm et 70 cm. Toutes ces mesures étant prises avant<br />

les fouilles. On constate la même succession de sols archéo-<br />

logiques pour le puits nO 2 :<br />

d'abord 40 cm et 20 cm de terre noire,<br />

- puis 125 cm et 120 cm de terre argileuse et<br />

gravillonneuse,<br />

- à partir de - 215 cm et - 210 cm se situe le con­<br />

tact de la couche archéologique avec le sol kaoli­<br />

nique.<br />

Le puits nO 3 a livré deux fragments de poterie<br />

et une pointe de flèche trouvés dans la couche de terre noire.<br />

Toutes les couches du puits nO 6 sont restées<br />

stériles. Par ailleurs, aucune encoche ou entrée de galerie<br />

n'ont été décelées. L'état de dissolution des sols était tel<br />

qu'il était très difficile de distinguer les terres de com-<br />

/


- 128 -<br />

blement des puits des couches de terrain originelles.<br />

Sous le niveau de terre noire, les trois puits<br />

avaient un diamètre voisin de 80 cm jusqu'à la fin de la<br />

couche archéologique.<br />

Les puits de LOGOFIELA (1)<br />

LOGOFIELA.<br />

Deux puits ont été fouillés sur le site de mines de<br />

Le puits nO l en carré B s'est arrêté brusquement<br />

à - 100 cm au contact d'une couche latéritique très dure:<br />

pas d'encoche, pas d'objets, pas de galeries i des parois<br />

cependant bien nettes et latéritiques. L'intérieur du puits<br />

contenant un sol cendreux de couleur grise. Nous tenons<br />

probablement ici un exemple de puits raté.<br />

Le puits nO 2 en carré E avait 425 cm de profondeur<br />

avant les fouilles, et un diamètre de 80 cm tant à l'ouver­<br />

ture qu'au fond. Beaucoup de feuilles mortes, de moellons de<br />

latérite, de blocs de quartz s'y entassaient dans les 30 pre­<br />

miers centimètres.<br />

- A - 450 cm est apparu un niveau d'argile gravil­<br />

lonneuse, grise et humide, comportant encore de gros blocs<br />

de pierres i<br />

- A - 465 cm s'est présenté un kaolin jaune et<br />

humide dans lequel nous avons ,travaillé jusqu'à - 500 cm avant<br />

d'arrêter la fouille.<br />

Le puits nO 2 dont les parois sont latéritiques a<br />

des encoches disposées en quinconce du côté Est et Ouest. Les<br />

encoches sont distantes entre elles de 30 cm environ.<br />

- Entre - 360 cm et - 400 cm, le puits nO 2 se<br />

transforme en caverne circulaire. De cette caverne part en<br />

direction de l'Est une galerie assez large pour permettre le<br />

(l)Noi r plan IX, page 127.


- 130 -<br />

passage d'une personne; hauteur du boyau: 70 cm. La galerie<br />

était bouchée par .de gros blocs de latérite et de quartz<br />

pris dans de l'argile gravillonneuse. Elle contenait des<br />

fragments de poteries. La pente de la galerie n'est pas ré­<br />

gulière. Cela lui donne une longueur de 7S0 cm au bout des­<br />

quels on débouche dans un puits (nO 3). La distance en surface<br />

entre les deux puits est de 560 ·cmseulement. L'ouverture de<br />

la galerie dans le puits nO 3 est une voûte haute de 100 cm.<br />

Dans le puits nO 3, la galerie donne une caverne de 540 cm<br />

de diamètre.<br />

Nous n'avons pas fouillé le puits nO 3.<br />

Les puits de NABOU (1)<br />

Les puits nO 1 en carré A et nO 2 en carré B étaient<br />

comblés jusqu'à - 30 cm sous le niveau du sol actuel.<br />

Le puits nO 1 contenant :<br />

- 70 cm de terre noirs : dans cette couche il y avait beaucoup<br />

d'éclats de quartz et trois fragments de poterie;<br />

ISO cm d'argile grise très gravillonneuse : la couche<br />

contenait aussi de nombreux blocs de quartz. Dans cette<br />

couche, les parois des puits sont très nettement délimitées<br />

par la couche latéritique environnante. Aucune encoche<br />

n'est visible. Trois fragments de poterie ont été collec­<br />

tés.<br />

- Entre - 280 cm et - 320 cm à partir du niveau de sol actuel<br />

se situent les entrées des deux galeries. L'une se dirige<br />

vers l'Est et l'autre vers l'Ouest. Le remblai est constitué<br />

d'argile gravillonneuse.<br />

- A partir de - 360 cm, l'argile devient rouge et sans quartz.<br />

Elle est complètement stérile. On est très probablement<br />

dans les produits de décomposition des schistes latéraux..<br />

(1) Voir plan X, page 129.


- 136 -<br />

Le bord circulaire et latéritique du puits nO 1<br />

était couvert par une très mince couche de terre grise d'à<br />

peine 5 cm. Le diamètre à l'ouverture est de 90 cm et la pro­<br />

fondeur avant fouille de 170 cm. Jusqu'à cette profondeur,<br />

on compte quatre encoches coté Est et quatre autres côté<br />

Ouest disposées presqu'à la même hauteur. La fouille a été<br />

conduite jusqu'à - 455 cm en-dessous du niveau du sol actuel.<br />

Sont apparus successivement<br />

30 cm de feuilles mortes et d'argile grise,<br />

- 110 cm d'argile gravillonneuse de couleur rouge-jaune.<br />

Elle était compacte et dure à creuser. Elle fut<br />

entièrement stérile.<br />

- à - 310 cm apparaît une couche de kaolin blanc et jaune<br />

que nous fouillons inutilement jusqu'à - 455 cm.<br />

Il s'agit là encore de produits de décomposition des<br />

schistes.<br />

La cuirasse latéritique est ici épaisse de 170 cm.<br />

Juste en-dessous, le diamètre du puits nO 1 s'agrandit jusqu'à<br />

atteindre 135 cm. A la limite inférieure de la couche d'argile<br />

rouge, soit à - 310 cm, on retrouve un diamètre à peu près<br />

normal 80 cm.<br />

Le puits nO 2 en carré B n'apparaît qu'à - 80 cm<br />

lorsque la couche de rejets a été dégagée.<br />

De - 100 'crn à - '180 cm, le "puits contenait du<br />

kaolin blanc. Ses parois sont latéritiques. Dans ce kaolin<br />

il y a quelques fragments de poterie.<br />

Entre - 180 cm et - 220 cm, on fouille une couche<br />

d'argile jaune légèrement gravillonneuse, compacte et dure<br />

à creuser. La latérisation des parois est moins nette. La<br />

couche contient quelques fragments de poterie.<br />

A partir de - 230 cm, on retrouve le kaolin blanc<br />

qui semble constituer partout le sol vierge.<br />

Le puits nO 2 ne s'est pas effondré comme le premier<br />

en-dessous de la cudr asse vl.at.ê-ri t.Lque . Le diamètre est resté<br />

le même qu'à l'ouverture: 100 cm.


- 137 -<br />

Le puits nO 3 en carré E apparaît comme le prece­<br />

dent à - 80 cm. Lediarnètre à l'ouverture est de 85 cm.<br />

De - 80 cm ) - Q80 cm, le contenu du puits nO 3<br />

est d'abord d'argile gravillonneuse pendant les 60 cm qui<br />

suivent, puis de l'argile jaune et compacte de - 140 cm à<br />

- 280 cm.<br />

A - 120 cm, apparaissent les premleres encoches<br />

côté Est et côté Ouest. Leur espacement est d'environ 30 cm.<br />

A - 260 cm apparaissent deux galeries, l'une se<br />

dirige vers l'Ouest, llautre semble rejoindre les puits<br />

nO 2 et 4 qui se trouvent à l'Ouest. La fouille des galeries<br />

n'a pas été conduite jusqu'à terme. Chacune avait une hauteur<br />

de 90 à 100 cm selon les endroits.<br />

Le plancher des galeries qui se trouve à - 360 cm<br />

semble marquer la fin de la couche archéologique. En effet,<br />

dans le prolongement du puits, il n'y a plus que du kaolin<br />

blanc comme dans les deux précédents.<br />

Le puits nO 4 en carré E apparaît comme les deux<br />

précédents à - 80 cm sous la couche de rejets. Son diamètre<br />

à l'ouverture est de 100 cm. Nous l'avons fouillé sur 20 cm,<br />

juste le temps de voir se confirmer les parois latéritiques.<br />

Il ressort de l'observation des différents puits,<br />

que ceux-ci ont été surcreusés dans la couche inférieure au<br />

niveau des galeries, couche généralement kaolinique ou<br />

schisteuse. Ce surcreusement suggère quelques hypothèses<br />

d'emploi<br />

1°) Les anciens mineurs ont-ils d'abord opéré des<br />

espèces de carottage avant de déterminer le niveau où creuser<br />

la galerie qui suit en principe la zone de plus forte miné­<br />

ralisation en or ?<br />

2°) S'agirait-il plutôt de trous aménagés pour. re­<br />

cevoir les rejets provenant des galeries ?<br />

Pour l'instant, nous n'avons pas de réponse à<br />

porter à ces questions.


- 139 -<br />

III.2.1.2. Les rejets<br />

Les rejets forment autour des<br />

anciens puits des couronnes en relief. Celles-ci ont été éga­<br />

lement fouillées parce qu'elles pouvaient recéler des objets,<br />

ou tout au moins fournir des éléments de sols à analyser.<br />

Les rejets de ZAJ.'H( 1)<br />

La fouille du tertre de rejets sur l'ensemble l,<br />

à l'endroit des puits profonds a donné une même disposition<br />

de sols dans chaque carré. Seules les épaisseurs variaient<br />

- au sommet: 10 à 40 cm de sable tantôt compacté, tantôt<br />

pulvérulent. Dans la partie centrale du tertre de rejets,<br />

on relevait dans cette couche beaucoup de fragments de<br />

quartz dont des blocs d'environ deux kilogrammes. La couche<br />

sablonneuse contenait aussi des objets dont certains sont<br />

contemporains comme cette pièce de monnaie de lIA.O.F. datant<br />

de 1944 ;<br />

- à la couche sablonneuse succède une couche argileuse jaune<br />

ou rougeâtre, très épaisse. Elle atteint un mètre d'épais­<br />

suer au centre du tertre. Cà et là, elle contient des<br />

amoncellements de blocs de quartz. Cette couche était pauvre<br />

en objets.;<br />

- enfin, on touchait une troisième couche faite d'argile<br />

compacte mais de couleur grise. Elle est peu épaisse: 20 cm.<br />

Elle repose sur la cuirasse latéritique ici partout présente<br />

et constituant le sol de support. Cette mince couche est<br />

plus riche en objets que les deux précédentes.<br />

Les rejets de l'ensemble II, là où les puits sont<br />

bouchés au Sud-Ouest du Site, l'épaisseur totale des rejets<br />

est d'environ SOcm. La base des rejets coïncide grossièrement<br />

avec le bord latéritique des puits. Les dispositions de sols<br />

sont les mêmes que pour l'ensemble I. Seules les épaisseurs<br />

varient :<br />

(1) Voir plan XI page 131.


- 142 -<br />

des sites de GUGORE et de KYE. Une érosion active, même<br />

rapide, ou un déblaiement lent, mais de grande durée,<br />

peuvent en fre les causes.<br />

III.2.1.3. Les objets<br />

A côté des sites de mines riches<br />

en matériel de tout genre comme LOGOFIELA et ZANI, nous avons<br />

travaillé aussi sur des sites très décevants comme GWELPON,<br />

GUGORE ou KYE.<br />

Les objets de GWELPON<br />

GWELPON siest caractérisé par une extrême pauvreté<br />

en objets. Au total, seize objets dont Il fragments de céra­<br />

mique, en terre cuite, une pointe de flèche en fer, deux<br />

morceaux de bois pourri, un polissoir en granit et un fragment<br />

d'os. Les fragments de céramique sont très petits avec les<br />

décors usés.<br />

Les objets de GUGORE<br />

Le site de GUGORE a été également décevant sous<br />

llangle des objets. Seulement 15 fragments de céramique en<br />

terre cuite, du charbon de bois en faible quantité et un<br />

fragment dlos ont été recueillis. Les fragments de céramique<br />

sont de petites dimensions et très usés.<br />

Les objets de KYE<br />

La même désolation concerne le site de KYE. Neuf<br />

fragments de céramique en terre cuite et un peu de charbon<br />

de bois ont été trouvés. Les fragments sont minuscules et usés<br />

comme sur les sites ci-dessus mais on reconnaît parfois le<br />

décor.


Les objets de LOGOFIELA<br />

LOGOFIELA.<br />

- 143 -<br />

Le site de mine le plus riche en objets a été<br />

A la surface ont été dénombrés 12 373 cauris jadis<br />

contenus dans une jarre dont nous avons trouvé les fragments<br />

épars en proximité, très légèrement enfouis.<br />

Une autre jarre qui paraît la jumelle de la première,<br />

trouvée presque intacte avec le fond reposant à-55 cm, ne<br />

contenait que deux cauris et des fragments d'une autre jarre.<br />

Le site a livré au total 322 (1) objets dont 20 fragments de<br />

pipe en terre cuite, dix fragments de bracelets en marbre,<br />

deux broyeurs en dolérite, trois objets en fer parmi lesquels<br />

nous identifions une spatule, des fragments d'os et un peu de<br />

charbon de bois. Le reste est constitué par des tessons<br />

de céramique en terre cuite au décor varié, moins usés que<br />

sur les sites précédents.<br />

Les objets de ZANI<br />

Le site de ZANI a été aussi riche que celui de<br />

LOGOFIELA, mais les objets présentent une moins grande<br />

variété.<br />

L'ensemble des fouilles à ZANI a livré 340 objets<br />

dont deux pointes de flèches, un anneau en fer, trois cauris,<br />

une pièce de monnaie datant de 1944, quatrebolas en quartz,<br />

deus objets en pierre à usage indéterminé, du charbon de bois.<br />

Les tessons de céramique en terre cuite qui forment le reste<br />

du lot offrent les mêmes caractéristiques que sur le site<br />

de LOGOFIELA. Il y a des fragments de pipes mais pas de<br />

bracelets ou marbre.<br />

Cl) Ce chiffre et les suivants du genre concernent les objets conservés.


Les objets de ZIGUITTO<br />

- 146 -<br />

Le site de ZIGUITIO est aussi pauvre en objets que<br />

les sites de GU GO RE , KYE, GWELPON. Au total, trente fragments<br />

de poterie ont été dégagés. Ils sont tous de petites dimen­<br />

sions et les décors généralement imprimés sont à présent<br />

partiellement effacés par l'usure. Il n'y a eu aucun objet<br />

métallique ou en pierre.<br />

En résumé, les différents sites de mines ont livré<br />

- des métaux,<br />

des objets en pierre,<br />

- des coquillages,<br />

de la céramique dans laquelle de nombreuses pipes<br />

et autres objets usuels,<br />

- des ossements et des charbons.<br />

Une présentation rapide de ce matériel peut être<br />

tentée par l'intermédiaire des pièces suivantes:<br />

Les objets métalliques<br />

Les sites de mines ont livré peu de métaux. Sur un<br />

total de sept objets métalliques pour l'ensemble des sites<br />

de mines, on peut reconnaître trois pointes de flèches très<br />

oxydées, une spatule, un fragment de lame de couteau ou de<br />

rasoir, un anneau à usage indéterminé et enfin une courte tige<br />

.qui, .pourr aît; être la soie d 'une armatu-rede flècye. Tous ces<br />

objets sont très oxydés et on n'y retrouve aucun décor. Même<br />

les flèches ne se reconnaissent qu'à leur allure générale.<br />

Nous pensons que "ces objets peuvent être de fa­<br />

brication locale. Toutes les traditions d'origine parlent<br />

d'usage d'arcs et de flèches en fer portés par les ancêtres<br />

chasseurs. Le minerai de fer existe dans les cuirasses laté­<br />

ritiques qui coiffent la plupart des collines. Lors de pros­<br />

pections sur le fer en Haute-Volta, nous avons pu constater<br />

que le minerai de fer était extrait de ces cuirasses un peu


- 148 -<br />

partout (1). La fusion se faisant le plus souvent en proxi­<br />

mité des mines.<br />

Dans la rubrique des métaux, il convient de signaler<br />

qu'aucun autre métal que le fer n'a été retrouvé: ni or,<br />

ni argent, ni cuivre.<br />

Les objets en pierre<br />

On en distingue trois catégories :<br />

l - Les objets de pierre qui semblent avoir participé au<br />

traitement de l'or i<br />

2 - Les parures i<br />

3 - Objets à rôle non défini.<br />

Les objets en pierre qui semblent avoir participé<br />

au traitement de l'or sont les meules et les boryeurs. Nous<br />

en avons trouvé tantôt en surface, tantôt enfouis. Les meules<br />

se rencontrent en grand nombre à l'intérieur des villages<br />

actuels. Ils servent de siègent sur les places de marchés,<br />

de soubassement des maisons ou des greniers. Ces meules sont<br />

en dolérite ou en granit. Les collines de roches vertes berri­<br />

miennes sont nombreuses dans le paysage environnant et ont dû<br />

fournir facilement la matière première. Les affleurements de<br />

granit par contre n'existent qu'au bord de la route de<br />

BOBO-DIOULASSO-OUAGADOUGOU, soit à plus de 30 km parfois<br />

des sites. Il a fallu alors le transporter sur cette distance.<br />

Les meules ou. mortiers ont une base à peine façonnée. Il<br />

faut les caler pour qu'ils tiennent dans la bonne position.<br />

Leur face est creusée comme un mortier mais comporte un<br />

replat qui fait également penser au moule.<br />

Les broyeurs sont tirés des mêmes roches que les<br />

meules et mortiers. Ils sont soit cylindriques, soit grossiè­<br />

rement ovales avec une face plane.<br />

(1) Les rapports de prospection archéologiques en Haute-Volta de 1973,<br />

1974, 1975, 1976 contiennent des indications sur l'archéologie du fer<br />

en Haute-Volta. Il existe aussi un rapport de fouilles sur le site<br />

de SYAN, région de KAYA, où des crassiers ont été fouillés en 1979<br />

par nous-mêmes et une équipe d'étudiants de l'Université de Ouagadougou.<br />

Ces documents sont détenus au Laboratoire d'Archéologie de l'Université<br />

de Ouagado ugou.


c<br />

( --)<br />

(:)<br />

1<br />

(--)<br />

FRAGMENTS DE BRACELETS EN PIERRE POLte<br />

PL VI<br />

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o 2.CM


o 2CM<br />

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_tS.z.-<br />

4<br />

PL VJ!I<br />

FRAGMENTS DE BRACELETS<br />

E N PIE R R E PO LIE<br />

3<br />

5<br />

"


- 155 -<br />

sont connues par B. DUDOT (1).<br />

Les bracelets étaient portés au poignet, au coude ou<br />

au haut du bras. Ces bracelets de pierre sont des parures qui<br />

dans le Sahara et en Afrique Occidentale existeraient depuis<br />

le Néolithique (2).<br />

(1) A propos de la fabrication des bracele ts de pierre dans l'AIR,<br />

B. DUDOT écrit dans les Notes Africaines, nO ]22, 1969, page 59<br />

"1. La roche schisteuse est extraite du sol, puis débitée en plaques<br />

grossièrement rectangulaires de 25 cm sur 12 cm environ et de<br />

3 à 5 cm d'épaisseur; le type d'anneaux que l'on fabriquera dépendra<br />

de l'épaisseur et des dimensions des plaques; une plaque aux dimensions<br />

indiquées ci-dessus permet d'obtenir 4 anneaux du type "asket"<br />

ou 2 anneaux du type "agosrer".<br />

2. La plaque rectangulaire est divisée en 2 morceaux sensiblement<br />

carrés; puis, chacun est arrondi à coup d'herminette, et creusé<br />

sur les deux faces d'un sillon circulaire avec le même outil ; la<br />

partie centrale de la pierre se détachera lorsque les deux sillons<br />

se seront rejoints: on obtient alors un anneau de pierre brute,<br />

appelé "maraba" qui es t coupé en deuxà la scie, dans le sens du plan<br />

circulaire, quand on veut ob tenir 2 anneaux du type "asket" ; l'anneau<br />

brut n'est pas scié quand il s'agit d'obtenir des modèles plus épais,<br />

comme les types"agosrer, abambey ou imi-n-ezenou".<br />

3. On donne alors l'ébauche de la forme particulière de l'anneau avec<br />

une herminette à fer plus petit et plus étroit.<br />

On désigne les anneaux de bras en général, ainsi que la pierre dont<br />

ils sont tirés, par le nom: "iwuki" (prononcé par certains "awuki").<br />

Mais chaque type d'anneau porte un nom qui lui es t propre<br />

"asket ; abambey ; agosrer ; imi-n-ezenou (ou baki-n-toulou, en<br />

1. hausa)."<br />

4. Les anneaux sont ensuite polis à .l a lime douce.<br />

5. Enfin, ils sont enduits de matière grasse, huile ou beurre, puis<br />

exposés à la fumée et à la flamme d'un feu de paille durant quelques<br />

instants; frottés ensuite avec un Chiffon, ils apparaissent recouverts<br />

d'un beau poli noir.<br />

La sueur, le frottement sur la peau de celui qui le portera,<br />

et aussi l'indigo des vêtements, donneront à l'anneau sa patine définitive.<br />

(2) J. BERNOLLES, Permanence de la parure et du masque africains, Paris,<br />

Maisonneuve, ]966, page 70


- 162 -<br />

originellement 12373 cauris. Dans l'autre, trouvé au même<br />

niveau, dans le même carré de fouille, nous n'avons découvert<br />

que deux cauris et des tessons d'une autre jarre.<br />

De l'étude de ces jarres et des fragments aux formes<br />

encore perceptibles, nous pouvons émettre l'avis qu'il s'agis­<br />

sait pour l'ensemble de formes sphéroïdes à fond convexe de<br />

même genre que la forme dominante de la poterie locale<br />

contemporaine.<br />

L'épaisseur des parois semble varier avec la dimen­<br />

sion du vase. Lorsque le grand diamètre de celui-ci est com­<br />

pris entre 10 à 15 cm, l'épaisseur de la paroi est d'environ<br />

un demi-centimètre. Au-delà de 20 centimètres de diamètre, les<br />

poteries ont une épaisseur comprise entre 1 et 1,5 centimètre.<br />

L'observation directe des pâtes montre la présence<br />

de petits grains de quartz et de latérite, de paillettes de<br />

mica jaune, de nodules de vieilles céramiques écrasées.<br />

Les d2cors sont presque toujours disposés sur les<br />

bords et les épaules des vases (1). Les types principaux de<br />

décors proviennent d'impression de matrices variées. On<br />

trouve aussi les incisions, le piquetage. Sur quelques frag­<br />

ments de jarre, nous avons observé un décor peint.<br />

Les décors imprimés sont très variés. La forme cou­<br />

rante est l'impression en chevrons ou en vagues réalisée pro-'<br />

,bablementavec de La vpai.l.Le vtres sêe . ,Nous n'avons pas pu, par<br />

observation, déterminer la nature exacte des matrices utili­<br />

sées.<br />

Les incisions sont aussi nombreuses que les impres­<br />

sions. Elles déterminent des figures géométriques d'une grande<br />

variété parmi lesquelles les chevrons, les vagues ou tout<br />

simplement les lignes horizontales et verticales qui encadrent<br />

d'autres décors.<br />

Cl -) 'Vo-i r rpI-arrche-s IX à -XII pages 15'6 à 159.


_ 163-<br />

FRAGMENTS DE PIPES EN TERRE CUITE BASES<br />

P LXII,


a<br />

o leM<br />

\<br />

\<br />

-1&5 -<br />

FRAGMENTS DE PIPES EN TERRE CUITE<br />

..<br />

FOURNEAUX<br />

Pl x,v


o 2 c:'"<br />

1<br />

/<br />

/<br />

1<br />

PL XV'<br />

FRAGMENTS DE PIPES EN TERRE CUITE<br />

TUYERES


- 167 -<br />

Le décor peint (en blanc) souligne le dessus et<br />

le dessous des moulures.<br />

Le plus souvent, sur un même fragment, on trouve une<br />

combinaison de types et de formes de décors . Nous pouvons,<br />

sans hésiter, rapprocher nos objets archéologiques de la<br />

poterie contemporaine GURUNSI pour les formes et surtout de<br />

la poterie contemporaine BWA et BOBO-DYULA tant pour les formes<br />

que pour les décors. Nous nous gardons cependant, de vite<br />

conclure en l'absence d'une étude typologique, malgré l'abon­<br />

dance du corpus des échantillons en mauvais état, que nous<br />

détenons ; et aussi à cause de l'absence dl études ethnogra­<br />

phiques sur les poteries GURUNSI, BWA ou BOBO-DYULA.<br />

Les formes et les décors des fragments de pipes n'ont<br />

pas surpris les manoeuvres GURUNSI et BOBO-DYULA qui ont tra­<br />

vaillé avec nous. Ces objets leur semblaient familiers quoique<br />

nous ayions observé rarement l'usage de la pipe dans les<br />

concessions où nous sommes entré. -Les fragments archéologiques<br />

ont un fourneau cylindrique terminé par un bord plat, légère­<br />

ment éversé ou en bourrelet. Ce fourneau est décoré de ner­<br />

vures horizontales ou verticales plus ou moins profondes.<br />

Parfois, il s'agit d'un décor peint en blanc. Le fourneau<br />

repose sur une base en forme de demi-cône à fond plat..Ce<br />

demi-cône est strié de rainures profondes ou d'incisions plus<br />

fines, toutes convergentes vers le haut. C'est au niveau de<br />

la rencontre entre le fourneau et le demi-cône que part la<br />

tuyère cylindrique. Elle forme un angle de 45° environ avec<br />

le fourneau. La tuyère se termine par un embout en bourrelet<br />

décoré de rainures ou simplement lissé.<br />

La pâte des pipes est apparemment plus fine que<br />

celle du matériel mobilier. Les épaisseurs aussi sont minces<br />

(partout inférieures au demi-centimètre) .<br />

La découverte de pipes sur un site archéologique<br />

sub-saharien soulève chaque fois la difficile question de la<br />

diffusion de l'usage du tabac et de la détermination de


- 169 -<br />

plantes fumées en Afrique Noire avant l'impact européen,<br />

voire arabe. Jadis utilisée comme fossile directeur en chro­<br />

nologie, la présence de pipe dans un site archéologique n' of­<br />

fre plus le même intérêt aujourd'hui. Nous voyons s'ouvrir à<br />

nous une autre filière d'enquêtes: le tabac, les plantes<br />

fumées et la manière de les fumer.<br />

Les coguillages<br />

Certes quelques fragments de moules de rivière et<br />

d'escargot (nous sommes en proximité de la Volta Noire) ont<br />

été découverts, mais une grande découverte fut celle de<br />

nombreux cauris (cyprea moneta) à ZANI et à LOGOFIELA. A<br />

LOGOFIELA, les cauris de la jarre Log 77 KI 3 étaient au<br />

nombre de 12 373. D'autres cauris ont aussi été découverts<br />

épars dans les autres carrés de fouilles. L'examen visuel<br />

des cauris montre qu'il y en a de deux sortes à proportion<br />

presqu'égale: de tout petits, généralement perforés et de<br />

gros. Il semble que les petits cauris proviennent des iles<br />

Maldives et les gros de Zanzibar, par conséquent, tous vien­<br />

draient de l'Océan Indien (1). Personne n'ignore à présent<br />

la valeur du cauris comme monnaie d'échange au Sud du Sahara<br />

dans le passé. C'est son introduction dans chaque population<br />

et dans chaque région qui est difficile à repérer chronolo­<br />

'giquemen,t.<br />

A chaque champ d'exploitation pourrait correspondre<br />

un site de campement. Ainsi, à proximité des sites de mines<br />

de ZANI, LOGOFIELA et ZIGUITIO, nos informateurs nous ont<br />

indiqué les sites d'habitat des exploitants des mines. Nous<br />

(]) J. LACOUR-GAYET, Histoire du Commerce, S.P.I.D., t. III, ]953,<br />

page ]·OS.


- 173 -<br />

breuses pierres éparses dans les carrés de fouille. Les<br />

assises existantes ont été construites avec des blocs de<br />

latérite non travaillés. Entre la première et la deuxième<br />

assise, il n'y a pas de niveau horizontal aménagé mais de<br />

nombreux fragments de quartz et de latérite s'intercalaient<br />

entre les grosses pierres en les calant. Ces petits éléments<br />

se trouvent parfois pris dans le mortier. Nous avons trouvé<br />

du banco compact à l'extérieur et aux environs immédiats de<br />

l'enceinte. Ce banco fait d'argile grise qui se reconnaît<br />

facilement dans un milieu d'argile gravillonneuse rougeâtre,<br />

a pu servir de matériau d'élévation du mur de l'enceinte,<br />

en surélèvement au-dessus du niveau de pierre. Cependant,<br />

ce mur ne semble pas s'être élevé à plus d'un mètre de<br />

hauteur. On trouve, en effet, peu d'argile grise. Il en<br />

reste 30 centimètres d'épaisseur et juste tout autour de<br />

l'alignement de p'ierres.<br />

Les endroits où il manque des pierre pourraient<br />

avoir été des ouvertures. En tout cas, cela est très probable<br />

pour le viQe qui se trouve au Nord-Ouest de l'enceinte (1).<br />

Pour le vide au Nord-Est, les pierres ont pu être déplacées.<br />

On en trouve beaucoup pas très loin. L'ouverture aurait<br />

été, par conséquent, unique et tournée vers le Nord-Ouest.<br />

Les découvertes faites à l'intérieur de l'enceinte<br />

ont Boule;v:é 'pour nous des questions quant à la destination de<br />

la construction. En effet, à 20 centimètres sous le niveau<br />

de base de l'alignement de pierres, nous avons rencontré un<br />

sol de terreau compacté de couleur rouge. L'épaisseur de ce<br />

sol compacté était de 15 centimètres. Il ne recouvrait pas<br />

tout l'intérieur de l'enceinte. Cette couche de terreau était<br />

totalement stérile en objets. Or, au-dessus et en-dessous,<br />

nous avons trouvé beaucoup d'objets: fragments de poterie<br />

en terre cuite, objets métalliques, matériel lithique au-dessus,<br />

(1) Voir plan XIII page 171.


- 178 -<br />

Mais il existe une autre preuve que nous n'avons<br />

pas ailleurs: nous avons trouvé les restes pulvérulents d'un<br />

des habitants. L'inhumation a été faite dans un hypogée (1)<br />

formé d'un puits vertical de 120 cm de profondeur auquel<br />

succède une chambre circulaire de 50 cm de hauteur et de<br />

200 cm de diamètre. Le diamètre à l'ouverture du puits est<br />

d'environ un mètre. Cette ouverture est apparue d'une façon<br />

imprécise à - 40 cm en-dessous du niveau du sol actuel. Elle<br />

ne devient nette qu'à - 70 cm avec un diamètre rétréci à<br />

80 centimètres. Nous avions pensé au début à un puits d'eau<br />

potable jusqu'à l'apparition de la chambre mortuaire et des<br />

éléments du squelette. La tête était au Nord, à 20 centimètres<br />

de l"extrémité de la cavité. Le visage était tourné vers<br />

l'Ouest. Des traînées blanchâtres indiquent la position du<br />

tronc et des membres s'étendent sur 150 cm vers le Sud. Là<br />

aussi, il reste un espace entre le fond de la cavité et le<br />

haut de la traînée blanchâtre. Aucune parure, aucun objet<br />

n'accompagnait le corps. Nous en avons été surpris d'autant<br />

plus que les traditions nous ont informésque les hommes,<br />

pères de famille étaient enterrés avec de l'or dans la poche,<br />

parfois plein la poche avant du boubou. Peut-être ne s'agit-<br />

il pas d'un homme mais d'une femme. La position du corps<br />

confirme cette dernière hypothèse, les femmes dans nos sociétés<br />

étant généralement ensevelies le regard vers l'Ouest tandis<br />

que l'homme regarde toujours vers l'Est.<br />

Si avec tous ces éléments, il paraît établi que<br />

KANKIELOU et les tertres de LOGOFIELA donnés par la tradition<br />

comme ensembles-campements, pouvaient définitivement en être,<br />

il reste à jeter un coup d'oeil sur les vestiges archéologiques<br />

en recherchant les arguments pour un rapprochement sites de<br />

mines et sites de campements et les preuves pour identifier la<br />

civilisation des mineurs avec celle des BOBO-DYULA d'aujourd'hui.<br />

(1) Voir plan III page 118.


- 179 -<br />

III.2.2.2. Les objets<br />

On retrouve à peu près les mêmes<br />

outillages et les mêmes objets usuels mobiliers sur les sites<br />

de campements que sur les sites de mines. Les campements ont<br />

livré cependant plus de tessons de céramique que les mines.<br />

Ils ont livré aussi plus de pipes de terre cuite, et des<br />

fusaioles. Ces dernières n'étaient pas apparues sur les sites<br />

de mines.<br />

Les objets métalliques (1)<br />

Des points de flèches, mais aussi des lames de<br />

couteau, deux lames de pioche et une lame de daba figurent parmi<br />

les objets métalliques identifiables trouvés à KANKIELOU et<br />

LOGOFIELA.<br />

Le reste des trouvailles en fer est fait de bouts<br />

de métaux plus ou moins longs, plus ou moins courbes. Ainsi,<br />

une sorte d'anneau (Kan 78 K II 75) (1) dont l'utilisation est<br />

difficile à préciser.<br />

Nous comptons aussi parmi les objets métalliques les<br />

laitiers et scories de fer trouvés à KANKIELOU. Il n'yen<br />

avait pas en masse mais nous en avons trouvé des morceaux.<br />

Laitier et scories ressemblent à ce que nous avons déjà trou­<br />

vé sur des sites de fourneaux de fonte du fer. Le creuset (2)<br />

dont nous n'avons que le fond n'était évidemment pas destiné<br />

au fer. Peut-on alors se permettre de supposer une fusion d'or<br />

pour purification ou mise en lingot? L'extérieur du creuset<br />

est vitrifié et présente une irisation verdâtre, mais l'in­<br />

térieur est propre comme s'il n'avait jamais servi. Aucune<br />

adhérence.<br />

(1) Voir planche V page 145.<br />

(2) Voir photoXx..X page 175.


- 181 -<br />

en marbre noir de HOMBORI, en schiste et stéatites. Ces bra­<br />

celets sont de formes et de sections semblables à ceux dé­<br />

couverts sur les sites de mines.<br />

Les résultats de fouilles peuvent sembler n'avoir<br />

pas reçu toute l'exploitation souhaitable. En effet, certains<br />

matériaux tels que les prélèvement de sols, les ossements<br />

n'ont pas du tout été étudiés en laboratoire. La faute revient<br />

au sous-équipement du continent en analyses scientifiques.<br />

Même les échantillons de charbon de bois prélevés tant dans<br />

des puits de minesque sur des sites de campement n'ont pas<br />

tous obtenus d'être datés au radiocarbone, en dépit de nos<br />

efforts. Les cinq résultats de datation sur douze échantil­<br />

lons envoyés réalisés par le Labor at.of.r-e de 14 C de DAKAR<br />

permettent de situer déjà les puits miniers de ZANI et GWELPON<br />

et GHGORE, au plus tôt à la fin du XIVème siècle. Nous revien­<br />

drons sur la question.<br />

o<br />

o o


D EUX 1 E M E PAR T 1 E<br />

LES TECHNIQUES TRADITIONNELLES DE LA PRODUCTION DE L'OR


CHA PIT R E l V<br />

LES TECHNIQUES ET LES METHODES D'EXPLOITATION


- 185<br />

Les étapes principales du travail des mineurs<br />

africains semblent avoir été :<br />

la prospection, aux méthodes empiriques,<br />

- l'extraction du minerai qui nécessite le plus<br />

souvent des opérations difficiles telles que le<br />

fonçage des puits, galeries et tranchées,<br />

- le lavage, précédé d'un transport laborieux et<br />

d'un broyage éreintant.<br />

Ces étapes ne constituent que les éléments princi­<br />

paux d'une chaîne opératoire que nous avons essayée de recons­<br />

tituer en entier grâce à la tradition orale et à l'archéologie.<br />

Pareille reconstitution nécessite habituellement l'observation<br />

directe de l'activité étudiée. Mais l'abandon presque total<br />

de l'orpaillage et total de l'exploitation filonienne ne nous<br />

a pas permis la constatation directe. Partant, des tâches<br />

stratégiques, certaines dimensions temporelles de la techno­<br />

logie de l'exploitation de l'or n'ont pu être cernées comme<br />

nous l'aurions souhaitées. En effet, les imprécisions com­<br />

préhensibles de la tradition orale,même lorsque les acteurs<br />

sociaux peuvent être identifiés, ne permettent pas de recons­<br />

titution fidèle d'une technologie traditionnelle aujourd'hui<br />

disparueou profondément altérée par les innovations.<br />

Les opérations minières antérieures peuvent se clas­<br />

ser en deux catégories :<br />

l'exploitation des alluvions de fonds de rivière et des<br />

éluvions de pentes,<br />

- l'exploitation des filons de quartz.


- 186 -<br />

A chaque catégorie de mines semble correspondre<br />

des pratiques opératoires différentes au niveau de la pros­<br />

pection et de l'extraction. Il faut cependant signaler les<br />

énormes difficultés pour classifier en opérations de mines<br />

et opérations d'orpaillage les travaux anciens.<br />

IV.I. LA PROSPECTION.-<br />

On peut distinguer deux types de prospection : la<br />

prospection alluvionnaire et éluvionnaire, et la prospection<br />

filonienne. La première s'appuie beaucoup' sur les découvertes<br />

fortuites tandis que la seconde réclame plus d'expérience de<br />

la part du mineur. Toutes les traditions recueillies auprès<br />

des BOBO-DYULA spécialistes de l'exploitation de l'or accor­<br />

dent une importance à la prospection qui n'était pas néces­<br />

sairement aussitôt suivie d'exploitation.<br />

En ce qui concerne la prospection alluvionnaire, le<br />

hasard est maître. Après une grande pluie d'hivernage, les<br />

mineurs suivent les lits des marigots et prélèvent, de temps<br />

en temps, de la boue dans laquelle il leur arrive de déceler<br />

des paillettes d'or. Ainsi à NABOU, les BOBO DYULA disent<br />

reconnaître de cette façon des paillettes d'or dans le lit<br />

du GOUGORE. La légende relative à l'arrivée du premier<br />

BOBO DYULA à NABOU rapporte même que la présence d'or dans<br />

la région lui fut révélée par des pépites abondantes dans la<br />

nature. Le banco des cases en contenait ! L'ancêtre BOBO DYULA<br />

par simple ramassage avait rempli un sac de peau de bouc de<br />

pépites.<br />

Quoique la chose ne nous ait pas été signalée dans<br />

la région, il est probable que les grands arbres arrachés par<br />

les vents violents des tornades de début et de fin d'hivernage<br />

ont pu mettre à découvert des paillettes ou des pépites d'or


- 187 -<br />

retenues par les racines. Cela en tout cas a été observé<br />

ailleurs (1).<br />

Dans le cas de gisement alluvionnaire, la découverte<br />

fortuite d'une paillette qui brille au soleil dans le sable<br />

d'une rivière est une indication suffisante permettant au<br />

mineur de remonter au gîte. Il ouvre des puits tout autour<br />

du lieu de découverte à la recherche d'une zone de riche<br />

minéralisation. Pour ce faire, la prospection par puits peut<br />

le conduire à plus de cent mètres en amont du lieu de décou­<br />

verte. Ces puits de prospection sont à la fois des puits<br />

d'exploitation dont le nombre et l'ordre sont déterminés par<br />

la richesse et la forme du gisement.<br />

La prospection alluvionnaire par observation des<br />

sables de rivière ne laisse naturellement pas de trace archéo­<br />

logique. Les puits creusés dans le lit de la rivière sont<br />

comblés à chaque hivernage comme cela rrive aux puits d'ali­<br />

mentation en eau que la sécheresse actuelle oblige à creuser<br />

dans les lits des rivières GUGORE à NABOU ou ZOURAYOUROU à<br />

NANANO. Au bord des mêmes rivières, les puits de mines les<br />

plus proches des berges sont également bouchés mais recon­<br />

naissables.<br />

La prospection filonienne utilise aussi la décou­<br />

verte fortuite d'or. Il arrive ainsi qu'en creusant un puits<br />

d' alimentaionen eau, on tombe s'ur une pépite ou qu Ion recon­<br />

naisse des paillettes d'or. Mais l'expérience du mineur est<br />

(1) Il semble même selon H. LABOURET dans Lacour-Gaxet, Histoire du Commerce,<br />

tome III, S.P.I.D., Paris, 1953, page 55, que certaines plantes<br />

serviraient en Afrique Occidentale à repérer les gites aurifères.<br />

Il en serait ainsi:<br />

- du BAUHINIA RETICULATA (Nyama en mandié) = légumineuse cisalpinée<br />

- du HEUDELOTIANA (So en Mandé) = légumineuse cisalpinée<br />

- du DIAPYROS MESPILIFORMIS (Sousoun en manding) = ébénacée.<br />

Nous il' avons pas pu vérifier cette information en pays GURUNSI.


- 188 -<br />

son meilleure auxiliaire. Comme le cultivateur qui sait recon­<br />

naitre une terre riche et appropriée a chaque type de culture,<br />

le mineur expérimenté possède une image du gite aurifère<br />

type de sa région. Il fait attention à l'orographie, a l'as­<br />

pect des roches affleurantes. Il sait qu'ici c'est le quartz<br />

qui est le plus minéralisé. A NABOU et a POURA, les chercheurs<br />

d'or affirment savoir reconnaitre l'ordre de succession des<br />

roches. "Au fond, disent-ils, il Y a une pierre rouge et dure<br />

qui n'a pas d'or. Au dessus .de celle-ci, une roche blanche<br />

qui contient l'or. Au sommet, la roche qu'on délàisse". Cette<br />

description correspond a un schéma où l'or se concentre a la<br />

limite du bedrock et des roches altérées. Le bedrock est cons­<br />

titué par des schistes non altérés surmontés de schistes<br />

altérés, le tout recouvert de latérite. Les filons de quartz qui<br />

traversent les schistes ne libèrent leur or que dans la<br />

partie altérée qui correspond a la zone des schistes altérés.<br />

En pareil cas, la prospection consiste a creuser<br />

un puits vertical de profondeur variable jusqu'a atteindre<br />

le filon de quartz. Dès que le filon est reconnu, on le suit<br />

par puits ou par tranchées ouvertes tout au long de son dé­<br />

veloppement. De bonnes illustrations de ce mode d'exploitation<br />

sont données par la tranchée de GWELPON (1) et celle du filon G<br />

de POURA-HINES (2).<br />

Au villagede'PkRA,les;BOBODYULA auraient des<br />

personnes spécialisées (3) dans la détection des filons auri­<br />

fères. Ces personnes utilisaient des pouvoirs magiques et<br />

un outil qui est une tige de fer d'environ un mètre de long,<br />

avec une extrémité en pointe et l'autre formant une poignée en<br />

(1) Voir photo VIlpage 104.<br />

(2) Voir carte XI page 933.<br />

(3) Voir photo XXXlIpage 176; l'auteur qui signe D.H. signale l'existence<br />

de voyant de l'or à SIGUIRI. Voir Siguiri et les placers d'or.<br />

Bull. d'information et de Renseignements nO 198, Dakar, 1938, page 277.


- 190 -<br />

A l'endroit où le métal meurt, on trouve en creusant, des<br />

pépites. On ne pourrait traduire suffisamment par des mots,<br />

la crainte que l'or inspire aux populations.<br />

La prospection filonienne laisse des traces<br />

archéologiques qui se conservent longtemps. Les nombreux puits<br />

isolés aux alentours parsemés d'éclats de cuartz et qu'on<br />

trouve dans toutes les brousses de la région attestent d'ex­<br />

plorations sans doute malheureuses. Dans les champs de mines<br />

où la densité de puits est grande, il est difficile de dis­<br />

tinguer les puits de prospection des puits d'exploitation.<br />

Dans tous les camps, les puits de prospection sont aussi des<br />

puits d'exploitation.<br />

Il semble que pour toutes les formes de prospection,<br />

la saison de l' hivernage soit plus favorable _ Retenus par les<br />

travaux champêtres et par les nombreux inconvénients que<br />

comporte l'ouverture de puits de mines en saison de pluies,<br />

les chercheurs d'or se contenteraient pendant cette période<br />

de localiser les gîtes pour une exploitation en fin de saison<br />

surtout.<br />

IV.2. L'EXTRACTION DU MINERAI.-<br />

L'extraction des roches aurifères requiert des mé­<br />

thodes et des techniques toutes différentes selon qu'il s'a­<br />

gisse d'alluvions ou d'éluvions sous forme de terres végétales<br />

ou de graviers superficiels, ou qu'il s'agisse de filons recou­<br />

verts par une importante couche stérile.<br />

Dans le premier cas, J. SAGATZKY résume de la<br />

façon suivante les méthodes traditionnelles d'extraction en<br />

pays LOBI et dans la région de POURA. : "La terre végétale,<br />

le gravier de surface sont exploités par grattages, excava­<br />

tions ou petites carrières. Leur étendue dépend de la cortti­<br />

nuité de la minéralisation.


- 191 -<br />

Dans le fond d'un cours d'eau, le gravier de sur­<br />

face est prélevé sur le bedrock et dans les berges. Dès que<br />

la teneur tombe, l 'orpailleuse (1) s'en va plus loin et re­<br />

cherche un autre point minéralisé. Le bedrock n'est jamais<br />

entièrement dégagé, ni raclé. Le stérile est rejeté sur<br />

place" (2).<br />

Les vestiges d'exploitations par ces méthodes sont<br />

très abondants dans la région de POURA. Presque tous les<br />

sites que nous avons reconnus et signalés combinent le déca­<br />

page des terres superficielles et le laborieux fonçage de<br />

puits, galeries et tranchées. Les exemples les plus caracté­<br />

ristiques de l'exploitation par décapage, grattage, excava­<br />

tions et petites tranchées sont fournis par les sites de TON<br />

et de DORA-BOUE. Là, dans les dépressions aux pieds de colli­<br />

nes exploitées par puits, les stériles de décapage abandonnés<br />

sur place forment de petites buttes rapprochées les unes des<br />

autres, parfois séparées par une excavation plus profonde.<br />

Le tout aboutit à un paysage moutonné très pittoresque lorsque<br />

les buttes sont dénudées après la récole du sorgho ou du<br />

coton qu'on y plante aujourd'hui.<br />

Pour le travail de décapage, la pioche ,la même<br />

que celle qui sert à déterrer les souches d'antropogon lors<br />

des défrichages des champs de culture, est le principal ins­<br />

trument ... Elle permet de travailler même dans l'argile très<br />

compacte. C'est ainsi qu'on l'utilise aussi pour détacher du<br />

(1) Contrairement à ce qu'affirme ici SAGATZKY, dans la région de POURA,<br />

il n'y avait pas que des orpailleuses mais aussi et surtout des<br />

orpailleurs, et des mineurs qui s'attaquaient aux gisements filoniens.<br />

(2) J. SAGATZKY, La géologie et les ressources minières de la Haute­<br />

Volta méridionale. .<br />

Bull. Direct. Mines A.O.F. nO 13, Dakar, 1954.


- 198 -<br />

Les travaux sur les filons de quartz ont été les<br />

plus méthodiques à POURA.<br />

Le filon était suivi sur toute l'étendue de sa miné­<br />

ralisation en or libre par des tranchées longitudinales.<br />

Celles-ci s'arrêtaient en profondeur au niveau hydrostatique<br />

ou aux limites de la minéralisation apparente" (1).<br />

Pour le mineur ancien, la profondeur plus que la<br />

nature du gisement déterminait les techniques à employer. Ces<br />

techniques sont décrites par la tradition orale. Ce qui reste<br />

comme vestiges confirme ces récits.<br />

Pour le fonçage d'un puits de mine, on procède en<br />

réalité de la même manière que pour un puits d'eau potable à la<br />

différence qu'on n'atteignait pas toujours le niveau hydro­<br />

statique. En effet, la tradition dit qu'on atteignait les<br />

quartz avant l'eau. Or, sur le site de ZANI, en fouillant deux<br />

puits de mines, nous avons été refoulés par l'eau avant d'avoir<br />

atteint le sol vierge (2). Pourtant, la fouille s'est faite<br />

au mois de mars, soit le milieu de la saison sèche, et en<br />

plus les dernières années de sécheresse auraient dû abaisser<br />

le niveau de la nappe phréatique. Il est donc vraisemblable<br />

que les anciens mineurs rencontraient parfois l'eau, particu­<br />

lièrement en creusant des puits en bordure des marigots.<br />

L'outil principal de forrçage est un piochon que cer­<br />

tains auteurs (3) appellent creuson (4). Le piochon est fait<br />

(1) J. SAGATZKY, la géologie et les ressources minières de la Haute­<br />

Volta méridionale.<br />

Bull. Direction Mines A.O.F., n° 13, Dakar, 1954, p. 178.<br />

(2) Voir coupe page 131.<br />

(3) C'est le cas pour H. de MATHELIN de PAPIGNY dans Notes sur les<br />

exploitations indigènes de SATADOUGOU.<br />

BCEHS-AUF t. 8, n° 3, Dakar, 1925, p. 397.<br />

(4) Voir pho t oçp.age ,193.


- 199 -<br />

d'une lame puissante en fer emmanchée toute droite au bout<br />

d'un pieu court et massif. La lame se termine en pointe comme<br />

un pic. Le forgeron aiguise cette pointe chaque fois qu'elle<br />

s'émousse. Selon la tradition de NANANO, les lames fabriquées<br />

avec le fer local étaient plus résistantes que celles faites<br />

de nos jours avec du fer d'importation européenne.<br />

Le manche en bois, très court (trente centimètres<br />

environ) permettait au mineur de se tenir accroupi dans le<br />

trou et de creuser les bras le long du corps, en pivotant<br />

sur lui-même pour descendre régulièrement les parois du puits.<br />

Cependant, ce n'était pas avec le piochon qu'on<br />

démarrait le fonçage mais avec la pioche. Lorsqu'on a délimité<br />

par un cercle l'ouverture du puits (80 cm de diamètre<br />

environ), on emploie la pioche pour enlever les terres vege­<br />

tales. Puis la lame de la pioche est fixée à l'autre extrémité<br />

du manche. On l'emploie alors comme une barre à mine à la<br />

manière des ASHANTI (1). Ainsi emmanchée (2), la pioche<br />

permet de creuser facilement et rapidement tout en conservant<br />

au puits une bonne verticalité des parois, l'argile compacte<br />

et gravillonneuse qu'on trouve sous la mince épaisseur<br />

d'humus.<br />

En réalité, la pioche est vite abandonnée pour le<br />

piochon plus commode lorsqu'on attaque la cuirasse latéritique<br />

généralement très -dure, apparai-ssant à 50 cm de profondeur<br />

et pouvant se maintenir sur trois mètres d'épaisseur comme à<br />

ZANI.<br />

Lefonçage est un art. Il faut savoir débiter les<br />

roches en conservant au puits la régularité des parois donc le<br />

(1) E. PERREGAUX, Chez les ASHANTI.<br />

Bull. de la Société Neuchateloise de Géographie.<br />

1-XVII, 1906, page 102.<br />

(2) Voir croquis .p age -200.


- 201 -<br />

diamètre à l'ouverture tout le temps. Nulle part, nous n'a­<br />

vons trouvé dans la région des puits à section carrée comme<br />

ceux que signale LEVAT dans le BAOULE (1).<br />

Dans sa progression, le mineur taille des encoches<br />

dans la paroi qui lui permettront tous déplacements ultérieurs<br />

entre le fond et l'extérieur de puits. Ces encoches (2), le<br />

plus souvent, s'opposent en alternance avec un écart de<br />

30 à 40 centimètres entre elles. Quelquefois, elles sont<br />

face à face. Elles sont taillées tantôt Est-Ouest, tantôt<br />

Nord-Sud. Nous ne savons cependant pas s'il y avait des rai­<br />

sons qui imposaient ces deux seules orientations. Ni échelles,<br />

ni cordages n'étaient utilisés par le mineur pour descendre<br />

ou remonter. Il s'aidait uniquement des mains et des pieds<br />

qui avaient prises grâce aux encoches (3).<br />

Le mineur accroupi au fond du puits avait à portée<br />

de la main un fragment d'écuelle en bois lui servant à assem­<br />

bler et ramasser les terres débitées. Ces terres étaient mises<br />

dans un panier qu'un aide lui descendait au bout d'unecorde<br />

en fibre de da. L'aide remontait ensuite le panier. La sélec­<br />

tion était faite par le mineur du bas. L'aide rejetait au bord<br />

du puits les stériles et plaçait dans des corbeilles les pré­<br />

lèvements riches. Pour ces prélèvements, la présence de pail-<br />

(1) V. LEVAT, Rapport sur les mines d'or de la Société du BANDAMA<br />

(CSte d'Ivoire), 1912, page 8.<br />

Archives SUDEMI, Abidjan.<br />

(2) Voir photo page 138.<br />

(3) Dans l'ASHANTI, on se déplaçait autrement dans les puits.<br />

Sêlon E. PERREGAUX, chez les ASHANTI, Bull. Sté Neuchateloise de<br />

Géographie, T. XVII, 1906, pages 101-102, pour descendre dans les<br />

puits: "il (mineur) faisait des niches sur l'un des cStés ; il<br />

plante l'extrémité de sa bêche dans l'une des niches et appuie l'autre<br />

extrémité contre la paroi opposée. Se suspendant à cette barre,<br />

il place ses pieds sur un degré inférieur puis arcboutant son dos<br />

con'tre la paroi, 'il descend la bèche d'un degré, et ainsi de suite",<br />

C'est ce qu'illustre le croquis de la page 102 du texte repris par<br />

K. ARHIN en page 96, voir page 200.


- 202 -<br />

lettes, l'expérience surtout aidait le mineur (1).<br />

Lorsqu'on rencontrait le quartz qui était en fait<br />

la roche activement recherchée, ses parties les plus friables<br />

étaient attaquées au piochon et la masse compacte au feu par<br />

utilisation du procédé de la rapide variation thermique qui<br />

entraîne une désagrégation des roches. Pour cela, on fait<br />

chauffer le quartz par un feu de branchages puis on verse là­<br />

dessus de l'eau froide. Le quartz craque sous l'effet de la<br />

variation rapide de température et livre ainsi des blocs qui<br />

peuvent être hissés à la surface. Là, s'opère une sélection.<br />

Les quartz reconnus riches en or sont emportés pour le broyage<br />

et le lavage tandis que ceux estimés stériles sont abandonnés<br />

sur place. Ce sont ceux-là qui jonchent les champs de mines<br />

et qui constituent pour l'archéologue un indicateur pré-<br />

cieux pendant la prospection. On trouve aussi ces stériles<br />

en fouillant les tertres de rejets.<br />

La sélection quartz riches, quartz pauvres est<br />

empirique et s'appuie essentiellement sur l'expérience. Pour<br />

la tradition, l'or ronge la pierre et choisit un endroit où<br />

il s'installe. Il faut le tuer avant de le sortir de la<br />

pierre. Des paroles magiques, des chants même, servent de<br />

révélateurs de l'or et à neutraliser sa puissance maléfique.<br />

Cet empirisme explique peut-être que les mineurs anciens aient<br />

.Lai.ssê ven place une '.grandepartie de la masse de quartz. On<br />

ne s'attaquait qu'aux endroits où des paillettes d'or étaient<br />

visibles.<br />

(l) J. DUPUIS, cité par V. KACHINSKY en page ]93 dit que, dans l'ASHANTI,<br />

la terre d'excavation étaitsimplement soupesée et si elle était<br />

lourde, on l'envoyait en surface où elle était lavée.<br />

V. KACHINSKY, les aspects historiques et sociaux de la question de<br />

l'or au TOGO, Togo-Cameroun, Paris, ]935.


- 204 -<br />

c'est le dépilage du filon qui entraîne le creuse­<br />

ment des galeries. On creusait les puits par équipes de deux.<br />

Pour l'attaque d'un filon on ouvrait deux puits à quelque<br />

distance l'un de l'autre et on les descendait verticalement<br />

jusqu'à ce qu'on soit au niveau du quartz. Les deux équipes<br />

l'atteignaient presqu'au même moment. Les équipes creusaient<br />

alors latéralement en direction l'une de l'autre. Elles déga­<br />

geaient les terres autour du filon et progressaient jusqu'à<br />

se rencontrer entre les deux puits (1). Le filon mis à nu,<br />

on l'attaquait au piochon avant d'y mettre le feu. Des vei­<br />

nules de quartz pouvaient être entièrement exploitées mais le<br />

plus souvent, on ne prélevait qu'une partie de la masse.<br />

Dans tous les cas, le toit de la galerie ne s'effondrait pas<br />

parce que constitué d'une cuirasse latéritique dure.<br />

Plusieurs puits peuvent être reliés entre eux de<br />

cette façon sans que le toit ne s'effondre parce qu'il demeu­<br />

rait toujours aussi des piliers de terre auxquels on ne tou­<br />

chait pas. Un mineur pouvait aussi suivre en galerieun filon à<br />

partir d'un seul puits. Il semble cependant que partir de<br />

deux puits offrait plus de sécurité. En cas d'effondrement,<br />

on pouvait sortir par le puits non condamné. Les effondre­<br />

ments étaient rares. Lorsque cela arrivait et qu'il y avait<br />

mort d'homme, on abandonnait le site pour un autre. La tra-<br />

dit.Lon de .POURA-village rel,ate,une .cat.as t rophe qui aurai t fai t<br />

cent victimes. Voici comment elles est rapportée: "Ils (les<br />

mineurs) entraient à plus de vingt personnes dansun puits<br />

pour creuser. C'est ainsi qu'un jour une galerie s'est effon­<br />

drée et a tué plus de cent SANKURSI dans un lieu appelé<br />

MUMUGU. Ce MUMUGU est ainsi appelé à cause de la catastrophe<br />

(1) Comment creuser l'un en direction de l'autre sans se voir? Les<br />

encoches faites dans les parois des puits fournissaient peut-être<br />

une vraie orientation.


- 206 -<br />

rien de tel n'existe et les fouilles n'ont donné aucun indice<br />

de boisage ou de contrefort en pierre.<br />

D'ailleurs, la galerre n'était pas toujours néces­<br />

saire. Lorsque le filon n'était pas très profond (2 à 3 mètres<br />

de profondeur), le travail de terrassement consistait à dé­<br />

broussailler le terrain, à attaquer le stérile à coups de<br />

pioche en le rejetant de côté. Puis, à coups de piochon, on<br />

désagrégeait le gravier compact de la cuirasse et les parties<br />

tendres du quartz. La masse est ensuite soumise au débitage<br />

par variation thermique rapide comme nous l'avons décrit plus<br />

haut. Les gros blocs sont soulevés par des leviers en bois pre­<br />

nant appui sur des caillous (1). Ils sont roulés, cassés à la<br />

recherche de zones de forte minéralisation. Les quartz consi­<br />

dérés stériles sont abandonnés sur le carreau de mine i le<br />

reste est emporté par le broyage. Ce dépilage du filon à ciel<br />

ouvert est observé sur les sites de POURA-MINES, GWELPON et<br />

ZIGUITIO. Il donne ces larges tranchées semblables à des<br />

lits encaissés de marigots.<br />

L'orientation des tranchées, l'alignement des puits<br />

lorsqu'on parvient à discerner une certaine organisation,<br />

peuvent constituer des indices de repérage de filons auri­<br />

fères. Ce sont ces indices qu'ont utilisé les géologues pour<br />

la reconnaissance en profondeur des filons de POURA-MINES.<br />

,Les .di f f i.cuLt.ê s det·raitement du qua-rtz ont rendu<br />

très rare l'exploitation filonnienne traditionnelle en Afrique<br />

Occidentale. Les mines de HIRE en Côte d'Ivoire et celles<br />

de Guinée ont été les seules avec les mines de la région de<br />

POURA à avoir un dépilage des filons de quartz (2).<br />

(J) On retrouve la même technique en RHODESIE. Voir R. SUMMERS<br />

op. cit., dessin de couverture.<br />

(2) J. ARCHAMBAULT, Notes sur les travaux miniers indigènes de la moyenne<br />

Côte d'Ivoire.<br />

Annexe au rapport sur les gisements aurifères dela région de DIMBOKRO,<br />

TOUMODI, TIASSALE, oUME , BOUAFLE (C.I.), Dakar, 1934, page 2


IV.3. LE LAVAGE.-<br />

- 207 -<br />

L'observation des actes effectués de nos jours,<br />

par les orpailleurs ne donnent qu'une idée des efforts fournis<br />

parle passé (1). Ne pratiquant plus que le lavage de terres<br />

végétales et de sables de rivière, le dur travail de broyage<br />

est absent.<br />

En effet, pour les terres végétales et les sables<br />

de rivière, il n'y a aucune préparation préalable au lavage<br />

à la batée.<br />

Les instruments dont se servent les laveuses sont :<br />

- une grande terrine en terre cuite aujourd'hui remplacée par<br />

une bassine métallique. Ce récipient pouvait contenir<br />

15 à 20 litres d'eau;<br />

- deux calebasses une de taille moyenne (5 litres), l'autre<br />

petite (1 litre) formaient avec la terrine les outils indis­<br />

pensables de la laveuse ;<br />

- une petite écuelle en bois complétait cet outillage. Elle<br />

servait à prendre une portion de terre à laver dans le tas<br />

disposé à même le sol à côté de l'orpailleuse pour la pla­<br />

cer dans la calebasse de taille moyenne en vue du débour­<br />

bage. La charge de terre est plongée dans la terrine d'eau.<br />

La terre mouillée est malaxée à la main. Les cailloux sont<br />

triés et rejetés après examen. Lorsqu'il ne reste que de la<br />

terre sans cailloux, la laveuse exécute une série de mouve­<br />

ments, oscillatoires, en inclinarttde temps en temps la<br />

calebasse vers elle. L'eau boueuse se déverse alors dans la<br />

terrine en entraînant avec elle les matières légères. La<br />

laveuse renouvelle de temps en temps l'eau de la calebasse<br />

en en prenant dans la terrine. Progressivement, il ne demeure<br />

au fond de la calebasse qu'un résidu composé de gros grains<br />

de quartz, d'oxyde de fer noir, de paillettes d'or. Encore<br />

un tri manuel, un rinçage par apport d'eau propre prélevée<br />

Cl) Voir photo page 192.


- 20'8 -<br />

dans une jarre posée en proximité, et le résultat du lavage,<br />

une fine poudre noire avec des reflets jaunes, est versée dans<br />

la petite calebasse. La laveuse reprend les déchets au fond<br />

de la terrine pour un ou deux lavages de contrôle. Puis,<br />

les déchets boueux sont définitivement abandonnés en tas.<br />

La laveuse reprend une nouvelle charge de terre dans sa<br />

calebasse de taille moyenne, et le même manège recommence.<br />

Elle accumule successivement dans la petite calebasse les<br />

concentrés noirâtres. Le dernier lavage qui-sépare la poudre<br />

d'or de la limaille de fer et des derniers éclats de quartz<br />

a lieu à l'intérieur des cases.<br />

Cette technique de lavage à la batée peut encore<br />

être observée de nos jours. Les ustensiles habituels sont<br />

cependant remplacés par des récipients métalliques. Une autre<br />

innovation consisterait dans l'emploi de mercure pour retenir<br />

et dissoudre les plus faibles parcelles d'or contenues dans<br />

le sable. Nous n'avons pas vu opérer mais un géologue consulté<br />

sur les avantages de l'emploi du mercure n'a pas marqué de sur­<br />

prise mais du scepticisme quant à la possibilité pour l'or­<br />

pailleuse de réussir toutes les conditions de la réaction<br />

chimique de l'amalgamation par le mercure. Le mercure n'existe<br />

pas en Haute-Volta et n'était pas connu des habitants de la<br />

région de POURA avant sonutilisation par les Français dans<br />

l'exploitat·ion de l'or ;de·'POURA. "L'eau de l'or" comme on<br />

appelle le mercure, utilisée par les orpailleurs aujourd 'hui"<br />

provient des citernes abandonnées par la Société des Mines<br />

de POURA.<br />

Aujourd'hui, les orpailleurs s'installent pour<br />

laver à l'ombre des arbres en proximité des puits de l'usine<br />

de POURA. Jadis, ils allaient aux bords des marigots ou de<br />

la Volta Noire. Le minerai, après avoir subi un triage<br />

grossier au bord de la mine qui séparait les blocs de quartz<br />

à or visible, était emporté vers le village ou les points de<br />

lavage. "Dans des 'mortiers de roches vàlcaniques, on concas-


- 209 -<br />

sait et pulvérisait aussi finement que possible les quartz<br />

sélectionnés à la mine. On emportait ensuite les sables ob­<br />

tenus pour le lavage. La tradition insiste sur le broyage<br />

au lieu du lavage tout comme dans les concessions. Hais nous<br />

sommes enclin à penser qu'il avait surtout lieu dans les con­<br />

cessions. En effet, c'est sur les places de marché et sous<br />

les hangars de repos qu'on retrouve aujourd'hui ces mortiers,<br />

transformés en sièges. La fouille des sites de mines n'a<br />

donné aucun mortier. Nous en avons trouvé par contre mais en<br />

petit nombre sur les sites de campements. Les mortiers auraient<br />

été rapportés dans les villages pour les usages qu'on en fait<br />

maintenant. Cela est incontestable au moins pour les mortiers<br />

des places de marché. Ceux des concessions peuvent s'y trouver<br />

depuis longtemps.<br />

On paraît avoir ignoré le lavage à la batée dans le<br />

lit des marigots. Cette opération implique une longue station<br />

dans l'eau. De même, d'autres méthodes de récupération de<br />

l'or telle que la sluice .(1) sont ici inconnues.<br />

La poudre d'or obtenue par lavage ne subissait aucune<br />

transformation par les orpailleurs eux-mêmes. Ces derniers<br />

les conservaient dans des creux de tiges, d'os ou de corne<br />

bouchés par une pièce de tissu.<br />

(1) La sluice est un appareil rudimentaire servant au lavage des graviers<br />

aurifères. Elle est faite d'un chenal en bois garni de chicanes.<br />

Installée en position inclinée, on y fait couler de l'eau et on y<br />

verse les graviers aurifères à la tête du chenal. Le gravier, le<br />

sable, et la terre sont captés par le courant d'eau alors que l'or<br />

demeure dans les chicanes. Sur cette technique en Afrique Occidentale,<br />

on peut consulter M. PERRON, la méthode du sluicing dans l'exploitation<br />

des terrains aurifères de la région de BAMBOUK et de la FALEME­<br />

GAMBIE, Bull. Agence Générale des Colonies, n° 272, Paris, 1932,<br />

pages 1426 à 1430.


- 210 -<br />

IV.4. L'ORGANISATION DUTRAVAIL.-<br />

Comme la plupart des activités artisanales, l'ex­<br />

ploitation aurifère avait lieu pendant la morte saison, c'est­<br />

à-dire la saison sèche qui s'étale longuement et grosso-modo<br />

de la mi-novembre à la mi-juin. Pendant l'hivernage (mi-<br />

juin à la mi-novembre), les activités agricoles occupaient<br />

toutes les énergies. Dans le domaine minier, l'hivernage est<br />

cependant une période de prospection. D'une part, on avait<br />

besoin de bras pour la culture des champs, et d'autre part,<br />

l'exploitation filonienne et alluvionnaire telle qu'elle<br />

était pratiquée était impossible, en tout cas dangereux en<br />

saison de pluies. On ne plongeait pas sous l'eau comme dans<br />

l'ASHANTI pour ramener les terres aurifères. Les puits et les<br />

galeries se remplissaient d'eau. On peut le constater encore<br />

aujourd'hui à chaque hivernage. Il fallait donc attendre que<br />

l'eau s'infiltre assez profondément, que la terre redevienne<br />

ferme pour éviter l'écroulement des voûtes de galeries. Selon<br />

le mode local d'exploitation de l'or, on n'avait pas besoin<br />

de beaucoup d'eau pour le lavage.<br />

Pendant nos enquêtes, nous n'avons rencontré qu'un<br />

seul informateur assurant que ses ascendants ignoraient la<br />

culture des champs, leur unique activité étant l'orpaillage.<br />

Ils orpaillaient toute l'année avec l'aide d'esclaves dont<br />

quelques-uns étaient distraits pendant l'hivernage pour les<br />

champs de cultures.<br />

Le travail des mines semble avoir été à la fois<br />

l'oeuvre d'hommes libres et d'esclaves, une activité masculine<br />

et féminine.<br />

Au niveau de la division sexuelle du travail, les<br />

hommes tenaient les rôles les plus durs physiquement. Ils<br />

opéraient les prospections. Ce sont les hommes qui "voyaient<br />

l'or", qui pouvaient "tuer l'or". Les hommes creusaient<br />

les puits dans les placers ou pour rechercher les filons de


- 211 -<br />

quartz. Concurremment avec les femmes, ils-assuraient le<br />

transport du minerai de la mine aux points de lavage. Ils<br />

assuraient seuls le broyage des quartz mais laissaient de<br />

préférence le lavage aux femmes. Cette dernière activité<br />

n'était pas interdite aux hommes, mais elle se composait de<br />

gestes que les femmes exécutaient journellement dans leur vie<br />

de ménagère lorsqu'elles séparent par exemple des céréales<br />

des caillous qui peuvent s'y mêler lors de la récolte. Aussi<br />

les femmes ont-elles la patience et le geste plus sûrs que<br />

les hommes. Aujourd'hui, sous les arbres auprès des pentes<br />

de l'usine de POURA, on voit aussi bien des hommes que des<br />

femmes laver les terres végétales car on ne fait plus d'exca­<br />

vations à la recherche de zones de forte minéralisation.<br />

Le rôle des enfants était nul, même si par la suite<br />

ils avaient leur part au partage de la poudre d'or.<br />

En effet, l'exploitation de l'or revêtait un carac­<br />

tère familial. Y participaient les hommes, les femmes et les<br />

esclaves de la famille. La mine comme les champs de culture<br />

familial était placée sous le contrôle du chef de famille.<br />

Le rôle des esclaves dans cette activité industrielle<br />

nous est présenté de deux manières :<br />

Partout, la tradition BOBO DYULA reconnaît que les<br />

familles détenaient des esclaves avant l'arrivée des Français<br />

à la fin du siècle dernier. Mais, à NABOU, on prétend que<br />

c'étaient des esclaves domestiques qui n'étaient pas destinés<br />

aux mines. "On y employait pas d'autres personnes que nous­<br />

mêmes, car l'or les mangerait 11 nous a-t-on répondu à propos<br />

de l'emploi d'esclaves dans les mines.<br />

A POURA-village,cà FARA et à NANANO par contre, on<br />

s'enorgueillit encore des quantités d'esclaves que chaque<br />

famille détenait. A POURA-village, la tradition dit que<br />

chaque famille avait environ 60 esclaves qu'on nourrissait<br />

au "tô" (1), comme tout le monde, et qu'il n'y avait pas de<br />

(J) Le " t ô" es t une espèce de gâteau préparé avec de la farine de mi 1. Il<br />

est l'aliment de base dans les savanes soudanaises.


CHA PIT R E V<br />

LA PRODUCTION D'OR ET SON EVOLUTION


- 216 -<br />

Les quantités d'or produites par les mines exploi­<br />

tées traditionnellement en Afrique Noire sont liées à de nom­<br />

breux facteurs autres que les conditions géologiques et hu­<br />

maines dont les éléments principaux ont été développés plus<br />

haut. Il y a des facteurs politiques parmi lesquels le niveau<br />

etle mode d'organisation politique de la société des mineurs<br />

concernés. Il y a aussi des facteurs sociaux parmi lesquels<br />

nous relèverons<br />

- la main-d'oeuvre: celle-ci peut être nombreuse ou insuf­<br />

fisante, libre ou servile;<br />

- la place de l'or dans la Société l'or, objet de commerce<br />

ou de thésaurisation.<br />

Par dessus tout, la condition essentielle de la<br />

production aurifère reste la sécurité au niveau local, comme<br />

au niveau régional.<br />

L'historien rencontre toujours des difficultés,<br />

voire des obstacles quasi insurmontables à chiffrer en quan­<br />

tités absolues la production d'or .pendant la période précolo­<br />

niale. Les estimations faites ici et là au tout début de la<br />

colonisation ou postérieurement, restent imprécises, très<br />

entachées de subjectivité. Elles autorisent difficilement<br />

des extrapolations pour les périodes antérieures.<br />

Pour cerner la production d'or de la région de<br />

POURA pendant la période précoloniale, nous avons, quant à<br />

nous, essayé d'utiliser les données des orpaillages contrôlés<br />

tant en Haute-Volta que sur des placers Ouest-Africains aux<br />

conditions géologiques semblables. Nous avons recouru aussi


- 217 -<br />

à l'archéologie pour évaluer le nombre de puits creusés, le<br />

volume des minerais extraits, les quantités d'or produites.<br />

Le caractère très approximatif des résultats obtenus<br />

transparaît clairement, mais il ne semble pas exister à notre<br />

avis mille manières d'aborder la question.<br />

V.l. LES CONDITIONS ECONOMIQUES, POLITIQUES ET SOCIALES DE LA<br />

PRODUCTION D'OR DANS LA REGION DE POURA.-<br />

Le type de société semble avoir été déterminant dans<br />

la production aurifère de l'Afrique Occidentale. Il est indé­<br />

niable que l'organisation étatique offrait les conditions les<br />

meilleures pour le travail des mines. L'Etat fort assurait<br />

la sécurité et la paix régionale. L'Etat organisé pouvait<br />

récupérer des droits sur les mines sans pour autant faire<br />

peser sa domination sur les groupes habitant les régions mi­<br />

nières. Nous avons vu plus haut comment du temps des empires<br />

soudanais du Ghana ou du Mali, les habitants des régions pro­<br />

ductrices d'or s'opposaient à toute conquête et gardaient<br />

jalousement leur autonomie. Pourtant, ce fut le temps où<br />

l'Afrique Occidentale connut ses plus fortes productions d'or<br />

(l) .<br />

L'association Etats forts - exploitations minières se<br />

confirme plus .qu'ailleurs en pays ASHANTI et au BAOULE. A la<br />

(1) R. MAUNY évolue la production annuelle d'or aux temps des grands empires<br />

à environ 10 tonnes, sur lesquelles six étaient prélevées pour l'exportation.<br />

Au début de la colonisation, la production de l'Afrique<br />

Occidentale française où se trouvaient la plupart des mines, ne produisait<br />

plus plus que 3 à 5 tonnes annuelles :<br />

- 3 560 kg en 1936 selon J. MALAVOY in L'or en Afrique Occidentale<br />

Française, Cahiers Coloniaux nO 762, 1937, page 59.;<br />

- 4 650 kg en 1939 selon P. SEYER in Notes sur l'orpaillage indigène<br />

en Côte d'Ivoire. Service des Mines de l'A.O.F., Dakar, 1940,<br />

page 1.<br />

La production aurait donc baissé de moitié depuis la fin du XVIème<br />

-sirèc l e •


- 219 -<br />

Pour la région de POURA dont il est question dans<br />

ce travail, il n'y eut en effet aucune structure politique<br />

au-dessus de la chefferie villageoise. Les GURUNSI sont des<br />

agriculteurs pacifiques qui ont toujours admis sans difficulté<br />

dans le voisinage de leurs villages et même dans leurs vil­<br />

lages, des populations de cultivateurs comme eux, et aussi<br />

des étrangers aux activités diverses. C'est ainsi que les<br />

BOBO DYULA se sont installés auprès dieux pour le commerce,<br />

le travail des mines d'or, l'artisanat: le tissage en par­<br />

ticulier.<br />

Le développement des immigrations en provenance du<br />

Sud, de l'Est ou de l'Ouest (1) a provoqué dans la région de<br />

POURA des brassages ethniques sans toutefois parvenir à la<br />

constitution d'un pouvoir centralisé régional qui aurait pu<br />

appuyer son essor sur la production aurifère. Les anciens vil­<br />

lages tels NABOU, NANANO, POURA, ont certes, au cours de cette<br />

évolution, changé de direction politique, celle-ci ayant été<br />

souvent confisquée par les nouveaux arrivants, mais des vil­<br />

lages nouveaux ont également surgi avec une organisation poli­<br />

tique propre aux populations qui les ont fait naïtre. Il en<br />

est ainsi des nombreux villages BWAWA, des villages BOBO-DYULA<br />

et plus récemment des villages MOSSI.<br />

Chaque village de la reglon a conservé son autonomie<br />

"endépit de quelques tentatives des YARO de NABOU de placer<br />

certains villages sous leur "ombre" (2). Même les alliances<br />

circonstantielles comme lors de l'invasion ZERMA, faites sous<br />

la direction du village réputé le plus ancien (NABOU) ne<br />

(1) cf. Chapitre II.<br />

(2) YARO signifie "l'ombre" : c'est une invitation aux voisins à venir<br />

se placer sous leur protection.


- 220 -<br />

traduisaient nullement des liens de dépendance politique. Les<br />

villages de la région de POURA ont vécu jusqu'à la conquête<br />

coloniale au stade de la chefferie village avec le pouvoir<br />

politique aux mains d'un lignage souvent venu d'ailleurs,<br />

alors que la maîtrise de la terre restait entre les mains<br />

des autochtones GURUNSI. Nous rappelons le caractère cosmo­<br />

polite de ces villages alors qu'aujourd'hui encore, on per­<br />

çoit le village en Afrique Noire comme composé d'un groupe<br />

ethnique homogène. Même la tradition officielle de NABOU le<br />

reconnaît, c'est l'administration française qui a fait de<br />

NABOU un chef-lieu de canton regroupant ainsi artificiellement<br />

des villages qui aujourd'hui rejettent ce rattachement<br />

arbitraire.<br />

La production d'or dans la région de POURA ne peut<br />

être imputée à un Etat fort et organisé. Elle a été, comme<br />

cela apparaît dans toutes les traditions, une activité libre,<br />

menée par une population d'immigrants ayant trouvé l'hospita­<br />

lité auprès des agriculteurs GURUNSI. La production d'or s'est<br />

donc faite sans nulle autre protection, mais elle a connu des<br />

aléas des crises politiques et économiques qui ont surgi à<br />

certaines époques sur les deux rives de la Volta Noire.<br />

Celles-ci ont entraîné un certain regroupement de la vente<br />

de l'or en les mains de personnes pouvant se procurer une pro­<br />

tection.<br />

En effet, société étatique ou lignagère, une condi­<br />

tion indispensable pour le travail des mines est la sécurité<br />

pour l'exploitation et la sécurité pour le commerce. Les<br />

guerres, les invasions et les razzias pour l'esclavage étaient<br />

d'un effet néfaste sur le travail des mines. Partout en Afrique<br />

de l'Ouest elles ont provoqué le ralentissement, voire l'ar­<br />

rêt de toute activité minière. De nombreux témoignages en<br />

font foi. Ainsi, selon J. DUPUIS, que cite KACHINSKY, les<br />

peuples soumis aux ASHANTI (FANTI, les gens de QUAHO et


- 223 -<br />

fànçage des puits n'existait encore. Certaines cachettes<br />

sont encore aujourd'hui connues de la tradition. A NABOU,<br />

le vieux TRAORE SOUMOUNI, représentant actuel des BOBO-DYULA,<br />

sait où sont cachés dans la montagne l'outillage des anciens<br />

mineurs. Lorsque nous lui avons demandé de nous montrer la<br />

cachette, il a répondu que cela était faisable mais qu'aupa­<br />

ravant, il lui fallait accomplir des sacrifices. Nous nous<br />

sommes proposé pour offrir les éléments (non énumérés)<br />

de ces sacrifices. Il s'y est opposé en disant que ce n'était<br />

pas notre affaire. Et finalement, lui-même n'a rien entrepris<br />

donc ne nous a rien montré. A PARA, au site de GWELPON, des<br />

outils seraient cachés dans une galerie qui part "du puits à<br />

échelle" (1) et se dirigeant vers l'Est. La fouille de ce<br />

puits et de ladite galerie n'a pu être réalisée au cours de<br />

nos recherches.<br />

Les mines ne furent pas les seules à être abandon­<br />

nées. Les champs de cultures furent également délaissés en<br />

raison de l'insécurité. On s'éloignait le moins possible des<br />

villages. Cependant, aucun village de l'actuel canton de<br />

NABOU ne fut détruit. Il n'y eut même pas de passage de pil­<br />

lards ZEIU·1A.<br />

Le village de DIO dans le canton voisin de SILLI<br />

fut par contre détruit. Dans tout le pays GURUNSI, beaucoup<br />

de qeris vfurent pris et vendus comme esclaves. Un homme valait<br />

100 000 cauris et une femme le double. Nous avons pu -recueil­<br />

lir le témoignage d'un vieillard, fils d'un captif fait par<br />

les ZERMA à KAMPALA, en pays GURUNSI-KASSENA. L'esclave emmené<br />

dans la région de LEO a dû sa liberté à l'intervention fran­<br />

çaise. Resté en pays GURUNSI-NUNA, il y épousa une fille NUNA<br />

de qui naquit notre informateur (2).<br />

(1) Voir chapi tre III : l'information archéologique.<br />

(2) Notre informateur qui n'appelle NEBIE Baproui habite POURA-village.<br />

Il est âgé d'environ 55 ans. Il aurait servi dans l'armée française.


- 225 -<br />

l'on sait que partout où on a essayé d'asservir les habitants<br />

des régions aurifères, les exploitations en ont souffert. Il<br />

est donc probable que les guerres pour esclaves ont provoqué<br />

la cessation des activités minières là où on les menait sur<br />

les deux rives de la Volta Noire. On pourrait être surpris<br />

que chefs et aventuriers se soient plus intéressés aux esclaves<br />

qu'à l'or. On est cependant éclairé en lisant KACHINSKY :<br />

"La chasse à l'homme a été d'un rapport de beaucoup supérieur<br />

à celui d'un placer aurifère, même le plus riche" (1). Le<br />

même auteur qui met en comparaison le produit annuel de l'ex­<br />

ploitation de l'or en Afrique et celui de la vente des escla­<br />

ves sur le même continent révèle que l'or rapportait seule­<br />

ment 5 750 000 francs par an tandis que les revenus de la<br />

vente des esclaves rapportaient aux partenaires africains<br />

de la traite 420 000 000 francs, soit 80 fois plus que le rap­<br />

port de l'or. Ces chiffres étant établis sur la base des prix<br />

pratiqués en Afrique, dans les pays du Golfe de Guinée, on<br />

comprend pourquoi souverains et courtiers ont pu préférer<br />

les expéditions esclavagistes au maintien de la sécurité pro­<br />

pice au travail des mines. Dès lors, ne pouvaient avoir de<br />

l'or que ceux disposant de mines et d'esclaves pour les mettre<br />

en valeur.<br />

En tout cas, les guerres pour esclaves dans le pays<br />

GURUNSI et dans les populations environnantes ont eu des<br />

effets négatifs sur la production d'or.<br />

Cependant, c'est à l'occupation française que la<br />

tradition attribue la cessation complète de toute activité<br />

minière. La suppression de la traite et de l'esclavage imposée<br />

par le nouveau conquérant aurait été aux mineurs (les BOBO<br />

DYULA) la main-d'oeuvre servile dont ils se servaient pour les<br />

travaux les plus durs. Il y a donc là un paradoxe qui peut<br />

(1) V. KACHINSKY, les aspects historiques et sociaux de la question de<br />

l'or du TOGO, Togo-Cameroun, Paris, 1935, page 192.


- 228 -<br />

la disparition presque complète de la même activité à LOBI<br />

(l) .<br />

L'auteur relève l'existence de travaux anciens<br />

à POURA mais ne dit rien de la situation de l'industrie mi­<br />

nière traditionnelle en 1936. Cependant, on lit èntre les<br />

lignes que la situation y était plus grave qu'au LOBI et<br />

qu'en réalité il n'y avait plus d'activité minière tradition­<br />

nelle.<br />

Trois ans plus tard, à partir de 1939, les efforts<br />

de Jean SAGATZKY pour relancer l'exploitation ne semblent pas<br />

avoir rencontré des échos favorables. On peut donc considérer<br />

que depuis la conquête coloniale, tïndustrie aurifère tradi­<br />

tionnelle dans la région de POURA était morte, en tout cas<br />

moribonde. Aujourd'hui, on dénombre à peine une dizaine d'or­<br />

pailleurs, hommes comme femmes qui s'adonnent en saison sèche<br />

au lavage des terres végétales à proximité de l'usine aban­<br />

donnée de POURA-Mines. Dans les autres villages, toute activité<br />

d'extraction ou de lavage a cessé.<br />

Si nous pouvons ainsi déterminer dans le temps la<br />

limite supérieure de l'exploitation traditionnelle de l'or<br />

dans la région de POURA et même affirmer qu'à partir du<br />

milieu du XIXème siècle, il n'y eût plus d'exploitation inten­<br />

sive des mines, il nous est plus difficile de proposer une<br />

chronologie -dm f é r Le.u-re . qui marquerait la découverte et le<br />

début de l'exploitation de l'or dans la région.<br />

En reprenant l'ensemble de nos informations, trois<br />

grandes périodes semblent marquer la production aurifère :<br />

1°) Une première période qui se situe avant l'arrivée des<br />

BOBO-DYULA. Sont déjà présents dans la région de POURA les<br />

groupes GURUNSI, DAGARI et DYAN. Des MOSSI venus du Nord du<br />

pays MOSSI se sont intégrés aux GURUNSI de POURA. Durant cette<br />

Cl) F. BLONDEL, Mission en Afrique Occidentale Française (fév. juin 1936),<br />

Arch. Nat. Française, Section T.P., carton 149, dos. l, pages 47 à 63.


- 229 -<br />

période, la tradition nie toute activité de recherche aurifère.<br />

Mais elle ajoute incidemment que dans le banco des cases,<br />

on remarquait des paillettes et des pépites d'or. Cela laisse<br />

supposer que l'or était connu, peut être exploité même si<br />

la production était alors insignifiante. Nous avons, pour<br />

notre part, toujours été intrigué par cette histoire de MOSSI<br />

immigrant dès cette époque en provenance du pays HOSSI. Ne<br />

s'agirait-il pas plutôt de MANDE-DYULA de la famille de<br />

ceux qui, très tôt, se sont installés d'abord dans le YATENGA<br />

puis sont descendus jusqu'au Sud du pays Mossi semant l'islam<br />

sous leurs pas. Ces DYULA spécialisés dans le commerce sont<br />

appelés YARSE par les MOSSI et OUANGARBE par les PEULS. Les<br />

plus anciens au pays MOSSI seraient d'origine SONINKE.<br />

D'après TAUXIER (1), c'est sous le règne de KOUDOUHIE, sixième<br />

MOGHO NABA de OUAGADOUGOU dont l'auteur fixe le règne entre<br />

1350 et 1380 que ces SONINKES commerçants sont arrivés en<br />

pays MOSSI venant de la région de SEGOU. Au XVIIIème siècle,<br />

d'autres SONINKES parlant BAMBARA recrutés par NABA KANGO du<br />

YATENGA vinrent grossir les rangs des MANDE DYULA. Dans le<br />

même temps, des MANDE DYULA venant de la région de BOBO<br />

DIOULASSO se sont également établis en pays MOSSI.<br />

On connait la facilité d'assimilation de ces DYULA<br />

commerçants aux populations locales au sein desquelles ils<br />

exercent leur métier. Il.ne serait donc pas étonnant qu'un<br />

groupe MANDE DYULA de la première vague, assimilé aux MOSSI<br />

en raison d'un long séjour dans ce pays, soit perçu par les<br />

GURUNSI de POURA comme des MOSSIS. L'histoire des MOSSI montre<br />

que ce peuple a plutôt tendance à assimiler qu'à s'assimiler.<br />

Si nous retenons l'hypothèse que les NIGNAN de POURA<br />

sont en réalité des MANDE DYULA commerçants et non des MOSSI<br />

(1) L. TAUXIER, Le noir du YATENGA, Paris, Larose, 1917, pages 551 à 560.


- 231 -<br />

L'invasion ZERMA, les convulsions politiques sur la<br />

rive droite de la Volta Noire provoquées par la naissance<br />

du WAHABOU et la poussée migratoire BWA au milieu du XIXème<br />

siècle freineront très sérieusement les efforts de cette<br />

deuxième période à laquelle mettra fin la conquête française.<br />

En effet, si l'intervention des colonnes françaises<br />

est perçue par la tradition comme ayant marqué un coup d'arrêt<br />

brutal aux activités minières, il faut comme nous l'avons dit<br />

plus haut, introduire quelque modération.<br />

3°) Nous pensons en effet qu'il existe une 3ème période qui<br />

part de l'occupation française et qui dure encore aujourd'hui.<br />

Elle a été marquée par le retour des BOBO-DYULA qui pour des<br />

raisons de sécurité ou pour se joindre aux guerres saintes<br />

du WAHABOU avaient quitté la rive gauche à la fin du XIXème<br />

siècle. La paix revenue, plusieurs sont rentrés de WAHABOU<br />

et de SAFANE. Ils s'orientent dorénavant vers l'agriculture<br />

et particulièrement la culture du coton. Ils abandonnent l'ex­<br />

ploitation filonnienne de IJor et d'une manière générale<br />

l'exploitation minière. QUelques rares individus ont poursuivi<br />

avec tenacité l'orpaillage en lavant au bord des puits et<br />

des marigots les terres végétales ou de vieux rejets. Il faut<br />

les surprendre au travail, autrement, ils n'avouent pas<br />

d' ernbléele.ur ..act i,vité.<br />

Pendant cette troisième période, les migrations des<br />

BWAWA jadis gênées par les conflits, s'intensifient. Les BWAWA<br />

ne se sont occupés que de cultures et se sont depuis rendus<br />

champions dans la production cotonnière (1). De nombreux MOSSI<br />

fuyant le plateau central surpeuplé et de plus en plus déser­<br />

tique sont venus également s'installer. Parmi ces derniers,<br />

(1) Le coton était pendant la période coloniale, et l'est demeuré<br />

aujourd'hui encore, la principale culture de rente en Haute-Volta.<br />

,Sa production a certainement eu des effets négatifs sur l'orpaillage.<br />

Au moment où les BAOULE abandonnaient leurs mines d'or pour la<br />

culture du café ou du cacao, la même reconversion économique se seraitelle<br />

produite en pays GURUNSI et B\V'A ?


- 232 -<br />

certains s'adonnaient au commerce et à l'exploitation minière<br />

jadis monopole des seuls BOBO DYULA. Il n'y a donc plus au­<br />

jourd'hui de groupe spécialisé dans l'orpaillage, c'est une<br />

activité qui n'attire presque personne.<br />

Les fouilles archéologiques ont livré suffisamment<br />

de charbon de bois et d'autres matières organiques sur lesquels<br />

nous comptions pour avoir des datations absolues. Mais l'encom­<br />

brement des laboratoires, notre isolement scientifique, nlont<br />

pas permis de soumettre tous les échantillons à la datation<br />

au C 14 (1). Seulement, sept échantillons ont pu être datés<br />

et ont donné les résultats suivants :<br />

Laboratoire Site N° de l'échan- Age proposé<br />

tillon<br />

1 IFAN-DAKAR NABOU NAB 77 KI B9 -230 + - - 110 B . P. , soit<br />

1720 + - 110 ap. J.C.<br />

2 - IFAN-DAKAR NABOU NAB 77 KI B 14 114 + 112 B. p. , soit<br />

lS06 + - 112 ap , J.C.<br />

3 - IFAN-DAKAR FARA FAR 77 KI Dll contemporain<br />

4 - IFAN-DAKAR SANEMBOULSI SAN 77 KIW335 457 + 110 BP, soit<br />

(ZANI)<br />

1493 + - 110 ap , J.C.<br />

5 - IFAN-DAKAR SANEMBOULSI SAN 77 KIW339 150 + 112 BP, soit<br />

(ZANI)<br />

lS00 + - 112 ap. J.C.<br />

6 - CNRS-CEA LOGOFIELA LOG 7SKIIG307 110 + -<br />

lS40<br />

60 BP, soit<br />

+ - 60 ap. J.C.<br />

7 - CNRS-CEA KANKIELOU KAN 7SKII B47 60 + - 60 BP, soit<br />

lS90 + - 60 ap. J.C.<br />

été les suivantes :<br />

Les conditions de collecte de ces échantillons ont<br />

(l) Le Laboratoire de Radiocarbone de l'IFAN de Dakar sous la direction du<br />

Professeur CHEIK ANTA DIOP a assuré cinq datations sur douze échan-<br />

-t-i.l-I onsvp ropos ês .<br />

Le Centre des faibles radio-activités du laboratoire mixte CNRS-CEA<br />

de GIF-sur-YVETTE (FRANCE) sous la direction de Madame DELIBRIAS,<br />

n'a pu, de son côté, dater que deux échantillons.<br />

-<br />

-


- 235 -<br />

à prendre avec toutes les précautions d'usage'd'autant plus<br />

que nous ne pouvons faire de recoupements sur un nombre élevé<br />

d'échantillons datés.<br />

A notre avis cependant, le groupement des âges indi­<br />

qués entre le début de XVII ème siècle et le début du XXème<br />

siècle va dansle sens des informations fournies par la tradition<br />

orale pour qui aucune exploitation d'or n'aurait eu lieu<br />

avant l'arrivée des BOBO DYULA. Or, nous savons qu'ils sont<br />

venus après les DYAN et les DAGARI. Nous savons aussi que les<br />

migrations DYAN et DAGARI du Nord GHANA en Haute-Volta (1) se<br />

situent dans la seconde moitié du XVIIIème siècle (2). Les<br />

BOBO-DYULA qui sont arrivés après, n'ont pu s'établir sur<br />

la rive gauche qu'à partir de la fin du XVIIIème siècle. Ils<br />

auraient alors comme tout le monde le reconnaît exploité<br />

l'or pendant tout le XIXème siècle comme le confirment les<br />

datations obtenues au C14.<br />

Cependant, si nous émettons des réserves sur la va­<br />

leur de la datation de l'échantillon SAN 77 KI W 335 en raison<br />

de l'anomalie liée à la position stratigraphique de l'échan-<br />

(1) Voir carte des migrations page 67.<br />

(2) Concernant la migration DYAN-LOBI-DAGARI, on consultera avec profit<br />

1 -.H. LABOURET, Les tribus du rame auLobi<br />

Travaux et mémoires de l'Institut d'Ethnologie,<br />

Paris, 1931<br />

2 - H. LABOURET, Nouvelles notes sur les tribus du rameau Lobi<br />

Mémoire de l'IFAN, n° 54, 1958<br />

3 - L. TAUXIER , Nouvelles notes sur les Mossi et les Gurunsi<br />

Paris, Larose, 1924<br />

4 - S. HEBERT Les Dagara, CNRS Ouagadougou, 1968, 49 pages dactylo<br />

5 - R.P. GEERDES Histoire des Dyan<br />

Conférence à la Maison des Jeunes et de la Culture<br />

de Ouagadougou, 18 mal 1961<br />

6 - G. SAVONNET, Quelques notes sur l'histoire des Dyan<br />

(Cercles de Diebougou et Léo)<br />

Bull. l FAN , t. XXXVII, série B, n° 3, 1975, pages<br />

619-645.


- 237 -<br />

la culture, des ressources plus rémunératrices que dans l'ex­<br />

traction de l'or.<br />

Ces ressources se raréfiant par suite de la crise,<br />

les indigènes ont repris depuis deux ans leurs travaux d'or­<br />

paillage sur de nombreux placers et le total des opérations<br />

d'or de l'A.O.F. qui sont presqu'exclusivement dues aux<br />

exploitations indigènes, s'est élevé à 2 000 kg en 1932" (1).<br />

La situation dans l'ensemble a bien évolué depuis<br />

avec la prise en main par les Européens et par les Etats<br />

indépendants des activités industrielles.<br />

V.2. L'ABSENCE DE CHIFFRES ET LES ESTIMATIONS POSSIBLES.-<br />

L'administrateur colonial H. LABOURET qui a servi<br />

en pays LOBI pendant de longues années écrivait ceci en<br />

1930 : "Après plus de 25 ans d'occupation, on peut dire<br />

quenous ne possédons sur l'extraction de l'or et son rendement<br />

que des notions vagues et inexactes, sur lesquelles ont été<br />

basées des estimations paraissant en général très exagérées"<br />

(2) •<br />

A notre connaissance, les "estimations exagérées"<br />

dont parle LABOURET sont même extrêmement rares et ne con­<br />

cernent que la production locale du LOBI ou la production<br />

totale de la Haute-Volta. Rien de semblable n'existe concer­<br />

nant l'a -rég·j:on· de POURA.<br />

J. MENIAUD dans sa géographie économique du Haut­<br />

Sénégal - Niger, écrit par exemple: "Au lieu des Lobi, une<br />

femme qui travaille à l'orpaillage en dehors de ses occupations<br />

(1) G. DAUMAIN, L'or en AfriqueOccidentale Française, Chronique des<br />

Mînes coloniales nO 18, Paris, 1933, page 408.<br />

(2) H. LABOURET, Les tribus du rameau Lobi,<br />

travaux et mémoires de l'Institut d'Ethnologie, Paris,<br />

1931, page 76.


- 238 -<br />

domestiques déjà très absorbantes, recueille 40 à 50 francs<br />

d'or par an, et dans les bons placers de KOUBEO, SANHOUARA,<br />

GONGOMBILI, on trouve en moyenne un baraféré (18 grammes)<br />

par puits de 50 cm de largeur sur deux mètres de profondeur,<br />

ce qui ferait près de 50 g à la tonne. Ces teneurs très<br />

élevées doivent être admises sous toute réserve" (1). Lui­<br />

même s'appuyant sur ces rendements évalue à 250, 300 kg,<br />

la quantité d'or vendue annuellement en pays Lobi.<br />

Comme le relève H. LABOURET (2), de pareilles esti­<br />

mations, basées sur des informations faites d'impressions<br />

personnelles de personnes ayant séjourné plus ou moins long­<br />

temps en pays Lobi, n'offrent aucune garantie. J. MENIAUD<br />

lui-même le reconnaît.<br />

D'autres estimations de la production d'or tradition­<br />

nelle semblent s'appuyer sur des bases plus solides. Il<br />

s'agit par exemple des indications sur les orpaillages contrô­<br />

lés. H. LABOURET rapporte les données de trois expériences<br />

faites en 1923 dans la région d'IRIDIAKA en pays LOBI :<br />

"elles ont consisté chaque fois à faire traiter par des or­<br />

pailleuses un volume d'un mètre cube d'alluvions prélevés sur<br />

un placer fréquenté. La récolte a été respectivement de<br />

2 g 600, de 1 g 537, de 2 g 250, ce qui est très éloigné<br />

des teneurs indiquées par MENIAUD" (3).-<br />

Pour H. LABOURET, ces données, jointes aux obser­<br />

vations que lui-même a rassemblées pendant plusieurs années<br />

au LOBI, permettraient de fixer aux alentours de 52 kg d'or,<br />

la production annuelle de tout le pays LOBI.<br />

( ] ) :'4. MENIAUD •. Géographie économique du Haut-Sénégal - Niger<br />

Paris, Larose, 19 ]'2, page 198<br />

(2 ) H. LABOURET, op. cit. page 77.<br />

(3) H. LABOURET, op. cit. page 77.


- 239 -<br />

Les premiers contrôles administratifs de la produc­<br />

tion d'or des Africains ne furent faits qu'entre le 26 fé­<br />

vrier 1940 et le 7 mai 1941,sous la direction du géologue<br />

J. SAGATZKY (1).<br />

Le contrôle aurait porté sur toute la Haute-Volta<br />

et dans le même temps un orpaillage sous surveillance était<br />

fait sur les placers de DIOSSO dans la région de HOUNDE et de<br />

GAOHO .. dans le lit de la Volta Blanche aux environs de KOMBISSIRI<br />

( 2) •<br />

Dans les rapports (3) établis par le géologue que<br />

nous avons pu consulter, les méthodes d'orpaillage sont dé­<br />

crites, de même que les propositions sont faites pour amélio­<br />

rer la production. Il n'y est cependant pas question des chif­<br />

fres de rendement par puits, par cubage de terre, par homme,<br />

par équipe ; bref, aucun de ces chiffres qui permettent ensuite<br />

des comparaisons et des extrapolations.<br />

Pour la durée de l'orpaillage contrôlé (du 26 fé­<br />

vrier 1940 au 7 mai 1941) SAGATZKY a évalué à 26 kg 791 g 05,<br />

la totalité de la production voltaïque en or. De cette quan-<br />

(1) J. SAGATZKY, la géologie et les ressources mlnleres de la Haute-Volta<br />

méridionale. Bull. du Sce des Mines AOF, n" ]3, Dakar, 1954, p. 179.<br />

(2) J. SAGATZKY, Problèmes d'organisation de l'orpaillage contrôlé en<br />

cHaute-Volta,GA0UA, '12 -jui Ll e t 1941, 6 pages.<br />

(3) J. SAGATZKY a en effet rédigé une série de rapports sur ces experlences<br />

non publiés, ils sont consultables aux archives de la SODEMI à<br />

Abidjan. Nous avons pu consulter 7 rapports formant un tout qui s'intitule<br />

: Problèmes d'organisation de l'orpaillage contrôlé en Haute-Volta<br />

] - Introduction<br />

l Domaine économique<br />

II - Domaine politique, Abidjan, 23 juillet 1940, 7 pages.<br />

2 - III<br />

3 _III<br />

bis<br />

4 - IV<br />

5 - V<br />

6 - VI<br />

- Domaine administratif, Gaoua, 2] juillet 1941, 4 pages<br />

Organisation de l'orpaillage indigène Lobi en saison sèche.<br />

- Gaoua, 26 octobre 1940, 2 pages.<br />

- Personnel indigène, Volta Blanche, 25 avril 1941, 6 pages<br />

- Campagne de prospection. Gaoua, 17 juin 1941, 6 pages<br />

- Méthodes d'exploitation des gites filonniens à envisager.<br />

Gaoua, 19 juin 1941,5 pages.<br />

7 - VII - Organisation de l'orpaillage contrôlé. Gaoua, 12 juillet 1941,<br />

6 pages.


- 240 -<br />

tité, 2 kg 481 g 43 sont soustraits au titre d'apports impré­<br />

vus (or thésaurisé réapparaissant sur le marché). Ce qui laisse<br />

à la production réelle annuelle le chiffre de 24 kg 309 g 62<br />

que l'auteur arrondit à 25 kg d'or brut par an pour toute la<br />

Haute-Volta (1).<br />

Ce chiffre de production annuelle de 25 kg est<br />

bien loin de celui retenu par LABOURET pour la seule région<br />

du LOBI (52 kg), lequel est déjà très éloigné de l'estimation<br />

de MENIAUD pour la même région (250 kg). Nous ne disposons<br />

pas des observations relevées par SAGATZKY et ayant servi à<br />

ces évaluations pour juger de la qualité du chiffre proposé.<br />

Aussi, pour nous, les trois chiffres: MENIAUD, LABOURET,<br />

SAGATZKY sont tous à utiliser avec précaution.<br />

Dans tous les cas, même l'orpaillage contrôlé pré­<br />

sente des limites dont il convient de tenir compte dans les<br />

déductions faites à partir des résultats obtenus :<br />

- Les mines exploitées pendant la période de<br />

'C 0 nt r ô l e choisies en l '''absence de toute recherche géolo­<br />

gique et minéralogique approfondie et détaillée, peuvent ne pas<br />

se trouver parmi les plus riches du pays. Or, on sait que les<br />

anciens recherchaient et n'exploitaient que les zones de très<br />

fortes minéralisation. Ainsi, selon LABOURET (2), l'année<br />

1910 ayant connu un hivernage particulièrement pluvieux, il<br />

s'en suivit un ruissellement intense qui provoqua un creuse­<br />

ment des vallées. On découvrit alors aux environs de TONHOURE<br />

une grosse pépite qui fut aussitôt débitée. Un commerçant<br />

de BOBO DIOULASSO aurait pu en récupérer pour 15 kg. Or,<br />

l'année suivante (1911) le même commerçant n'aurait réussi à<br />

récolter dans tout le Lobi que 1 kg 700 d'or.<br />

(1) J. SAGATZKY, la géologie et les ressources minières de la Haute-Volta<br />

'mé·ridionale.Bùn.du·Servi·ce de s rHi.nes AOF, n" 13, Dakar, 1954, p. 179.<br />

(2) H. LABOURET, Les tribus du rameau Lobi, Travaux et mémoires de l'Institut<br />

d'Ethnologie, Paris, 1931, page 77


- 245 -<br />

ment supérieur dans le passé. Même si cela avait été, les<br />

mineurs (les BOBO DYULA) recensés avec les BWAWA ne forment<br />

qu'un groupe de 12 796 habitants. Il faut donc compter à<br />

peu près 6 000 BOBO DYULA. Sur cette population, si on élimine<br />

les enfants, soit 20 % de l'ensemble, on obtient environ<br />

4 800, quant aux personnes en âge de travailler aux mines.<br />

Si chaque mineur extrayait annuellement 33 g comme NAMAN<br />

Koumba à SIGUIRI, la production annuelle totale de la région<br />

serait d'environ 158 kg 400. Ce chiffre est recevable si on<br />

considère en plus que dans le passé, les BOBO DYULA utili­<br />

saient des esclaves, oequi contribuait à accroître la population<br />

des mines.<br />

Nous avons pensé à d'autres moyens d'obtenir d'autres<br />

approximations de laproduction aurifère régionale.<br />

J. SAGATZKY dit que les Travaux de l'Ouest Africain ont<br />

traité 320 000 t de rejets qui ont livré 151 kg (1) avec une<br />

teneur moyenne de 1,5 gjt. Or, on sait que dans les rejets<br />

d'exploitation traditionnelle de l'or, il reste 15 à 30 % d'or<br />

(2) ainsi perdus à cause des techniques rudi m entaires utili­<br />

sées. Si nous prenons une moyenne de perte de 20 %, les 151 kg<br />

ne représentent que 20 % du total d'or jadis contenu dans<br />

les 320 000 t de rejets. On peut estimer par déduction à<br />

604 kg, l'or extrait par les Africains des 320 000 t de rejets.<br />

Il existe dans la ré'gion de POURA une dizaine de sites d'ex­<br />

ploitation traditionnelle d'or dont l'importance des vestiges<br />

peut être comparée à celle du site de POURA où d'ailleurs<br />

(1) J. SAGATZKY, La géologie et les ressources minières de la Haute-Volta<br />

méridionale<br />

Bull. service Mînes A.O.F., nO 13, Dakar, 1954, page 175.<br />

(2) H. de MATHELIN de PAPIGNY, Notes sur les exploitations indigènes de<br />

SATADOUGOU<br />

B. C.E. H. S . -A.a .F., t , VIIl, n° 3, Dak a r , 1925, p. 39 7 .


- 246 -<br />

tous les rejets n'ont pas encore été réexploités. Pour<br />

dix sites semblables à POURA, on obtient un minimum de<br />

6 040 kg d'or. Cette production est à reporter en principe<br />

sur toute la période d'exploitation depuis la découverte des<br />

premiers placers. Si on retient l'hypothèse que les BOBO<br />

DYULA n'ont pu arriver sur la rive gauche avant le milieu<br />

du XVIII ème siècle et que ce sont eux qui ont industrialisé<br />

la production aurifère, les 6 040 kg ne peuvent être reportés<br />

que sur un siècle et demi d'exploitation. Cela donne une<br />

production annuelle d'or de 40 kg 26. Ce chiffre très bas<br />

représente cependant le double de celui proposé par<br />

SAGATZKY pour l'ensemble de la Haute-Volta.<br />

Il est certain que tous ces chiffres n'offrent pas<br />

de satisfaction suffisante et surtout entière. Aussi avons­<br />

nous encore tenté un autre moyen de cerner la production<br />

aurifère de la région de POURA. Sur un agrandissement au<br />

1/20 OOOème de la couverture photographique aérienne de la<br />

région de POURA (1), nous avons essayé de repérer les puits<br />

de mines et de les compter. Nous avons choisi de travailler<br />

sur les sites relevant de NANANO et de TON où, à l'observation<br />

directe, les puits étaient le plus à découvert. Ainsi,<br />

1 434 excavations aux formes circulaires qùi pourraient être<br />

des puits ont été dénombrés sur l 500 ha. Nous savons que ce<br />

chiffre est bien en-deçà de la réalité car nous-même, avec<br />

des photos numérotés, avions dénombré en avril 1975, plus de<br />

1 200 puits sur l'unique site de ZANI. Nous avions, à l'époque,<br />

arrêté l'opération dans la zone des puits bouchés à proximité<br />

de la rivière ZOURAYOUROU. Les l 200 puits avaient été comptés<br />

sur 6 ha seulement, soit une moyenne de 200 puits par ha.<br />

Il est par conséquent évident que l'interprétation photogra-<br />

(1) Voir carte XIV page 96.


- 248 -<br />

il resterai t à apprécier les quantités de terre prélevées<br />

dans les marigots et par décapage.<br />

2°) Appliquer au cubage obtenu la teneur moyenne dans la<br />

région, soit 1,5 g/t et la proportion d'or récupérable<br />

par les méthodes traditionnelles, soit 80 %.<br />

Le chiffre résultant de ces opérations devrait s'ap­<br />

procher de la réalité pour l'ensemble de la production an­<br />

cienne d'or.<br />

En tout état de cause, 5 kg et 50 kg paraissent<br />

être le minimum et le maximum acceptables pour la production<br />

annuelle d'or de la région de POURA. On peut même raisonna­<br />

blement retenir une production moyenne annuelle de 20 kg,<br />

en prenant en compte les fluctuations dues à des causes<br />

socio-politiques et celles imputables à la plus ou moins<br />

grande .ri.chess e des gisements en cours d 'exploitation.<br />

C'est entre la fin du XVIIIème siècle et le milieu<br />

du XIXème siècle qu'il convient aussi de situer la période<br />

de grande exploitation des mines, même si dans la période<br />

antérieure et cela dès le XVIème siècle peut-être, et dans<br />

la période postérieure jusq'uau présent, des exploitations<br />

ont pu avoir lieu ou sont observées.<br />

S'il paraît difficile de déterminer l'importance de<br />

la production d'or de la région de POURA dans le passé et<br />

surtout d'en suivre l'évolution, il ne reste pas moins que<br />

quelque chose peut être fait aujourd'hui pour ranimer cette<br />

vieille activité économique qui a n'en pas douter, plus que<br />

le coton et même l'élevage, peut améliorer rapidement les<br />

conditions de vie des 45 000 habitants de la sous-préfecture<br />

de FARA. Les vieux BOBO-DYULA rappellent avec un regret dans<br />

la voix, le temps où chaque vieillard était enterré à sa<br />

mort, la poche avant du grand boubou remplie d'or.


- 249 -<br />

Certains obstacles à la reprise sont d'ores et<br />

déjà entièrement ou en partie effacés. Ainsi la Tsé-Tsé et<br />

les simuli, vecteurs de la trypanosomiase (maladie du som­<br />

meil) et de l'onchocercose (cécité des rivières) ont reculé<br />

et disparaissent vaincues par la lutte opiniâtre des services<br />

sanitaires de la période coloniale, aujourd'hui relayés par<br />

l'Autorité de l'Aménagement des Vallées des Volta (A.V.V.)<br />

et le projet onchocercose de l'O.M.S.<br />

Que reste-t-il à faire ?<br />

1°) Eduquer une nouvelle race de mineurs, en les amenant à<br />

utiliser des techniques moins rudimentaires<br />

2°) Encourager le travail d'équipe de manière à dépasser le<br />

cadre de l'exploitation familiale<br />

3°) Rechercher et mettre à la disposition des mineurs des gise­<br />

ments peu profonds et faciles à alimenter en eau ;<br />

4°) Etudier un outillage peu complexe, mais de bon rendement<br />

permettant le fonçage rapide, le broyage fin des quartz,<br />

le lavage sans grande déperdition.<br />

A défaut de capitaux financiers pour rouvrir la<br />

mine moderne noyée depuis 1966, ne reste-t-il pas notre<br />

capital humain, disponible et travailleur?


T ROI SIE M E PAR T l E<br />

L'OR DANS LA VIE ECONOMIQUE ET SOCIALE DE LA<br />

REGION DE POURA


- 251-<br />

Il est évident que la reconstitution de l'histoire de<br />

l'exploitation traditionnelle de l'or offre un grand intérêt<br />

historique. Pour les communautés villageoises contemporaines<br />

l'intérêt du :passé porte sur les conséquences que la produc­<br />

tion de l'or a eues sur la vie économique et sociale régionale.<br />

Quelle utilité pratique a donc pu avoir l'or pour les gens de<br />

la rive gauche de la Volta Noire? Il se dégage des données de<br />

l'enquête, des éléments prouvant que la production d'or a eu<br />

quelques conséquences heureuses pour les gens du pays et<br />

particulièrement pour les mineurs Bobo-Dyula. Il apparaît<br />

aussi qu'en plus des utilisations écqnomiques, le métal<br />

jaune jouait un rôle sociologique important.


CHA PIT R E VI<br />

L'OR DANS L'ECONOMIE


- 253 -<br />

Il s'agit avant tout de savoir quelle part du métal<br />

précieux entrait dans le circuit commercial qui la menait<br />

comme nous le savons, à l'exportation hors du monde noir.<br />

On peut aussi re demander sous quelles formes l'or était<br />

commercialisé. Quelle proportion de la production était<br />

conservée dans les trésors familiaux? De quelle manière<br />

conservait-on l'or thésaurisé? On le voit, les questions<br />

surgissent nombreuses auxquelles la tradition ne peut pas<br />

toujours apporter des réponses immédiates.<br />

VI - l Le commerce de l'or<br />

Des relations commerciales anciennes entre communautés<br />

villageoises avec des ramifications qui débouchent sur de<br />

grands axes de commerce régionaux, sont attestés par.les<br />

traditions. Celles-ci, lorsqu'elles traitent des origines des<br />

villages, distinguent chaque fois les ancêtres chasseurs, les<br />

ancêtres commerçants, et ceux ayant su une vocation uniquement<br />

agricole ou pastorale. Dans la régionde Poura les ancêtres<br />

commerçants se puisent dans le groupe des Bobo-Dyula. Ce groupe<br />

aurait toujours animé un commerce local, mais aussi un commerce<br />

régional dont l'un des éléments du trafic était l'or. Dans une<br />

position à mi-chemin entre la forêt et les ports caravaniers


- 256 -<br />

parce que les producteurs étaient en même temps les vendeurs. A<br />

leur arrivée sur la rive gauche de la Volta Noire les Bobo-Dyula<br />

étaient déjà conunerçants. Ainsi les ZONOU de FARA et de NANANO<br />

originaires de DlMA(l), les TRAORE de NANANO originaires de<br />

KOFILA, les TRAORE de NABOU qui sont venus de SATIRI, les SANOU<br />

de NANANO et les SOUMOUNI de NABOU qui tirent leurs origines de<br />

SYA (Bobo-dioulasso), les SANOU de TON qui sont venus de BANGA,<br />

village proche de SAFANE, tous ont quitté des centres commerciaux<br />

déjà réputés, courant derrière la fortune avec l'opportunisme<br />

qui caractérise le Dyula.<br />

L'importance de Bobo-Dioulasso comme centre commercial<br />

précolonial n'est plus à démontrer (2). L'on sait également que<br />

l'arrivée dans cette région, des Mandé Dyula est à l'origine de<br />

l'expansion de la ville à partir du XVlè siècle (3). Les autres<br />

villages cités ont eu un essor moindre que celui de Bobo-Dioulas­<br />

so mais par exemple, concernant SATIRI, situé sur la route du<br />

Mossi à 44 km de Bobo-Dioulasso, nous pouvons lire ceci dans<br />

BINGER :"SATERE, où je fais étape est un grand village de 700 à<br />

800 habitants, dont la majeur partie est Bobo-Dioula. Les Bobofing<br />

sont peu nombreux et il n'y a dans ce village que deux familles<br />

de FOULBE.<br />

(1) Pour les localisations de ce chapitre voir carte page 67 et page 260.<br />

(2) Sur le commerce de Bobo-Dioulasso avant la colonisation on peut utilement<br />

consulter<br />

- BINGER, du Niger au Golfe de Guinée par le pays de KONG et le MOSSI<br />

(1887-1888) Paris Hachette, 1892, t. l, 513 pages.<br />

- TIENDREBEOGO Alice, Bobo-Dioulasso à la veille de l'arrivée des<br />

Français.<br />

Mémoire Maîtrise E.S.L.S.H.<br />

Université de Ouagadougou, [979, 99 pages.<br />

- TOURE Yacouba, L'économie d'échanges et son influence sociale à Bobo<br />

Dioulasso à la fin du XIXè sicèle et au début du XXè (187&-1920).<br />

Mémoire Maîtrise Université de Nantes, 1974.<br />

(3) PERSON Y. Enquête d'une chronologie ivoirienne in the Historian ln<br />

Tropical Africa.<br />

Oxford University, Press, 1964, page 332.


- 258 -<br />

Il fallait donc d'autres intermédiaires entre les producteurs<br />

et les exportateurs arabo-berbères ou européens. Ce sera l'oeuvre<br />

de Mandé-Dyula venant de l'Ouest et de Mossi venant de l'Est.<br />

Les premiers, lointains parents de Dyula (YARSE) dont nous<br />

avons parlé plus haut, font partie des dyula orientaux dont Y.<br />

PERSON donne la description suivante pour ceux des pays de<br />

l'Ouest Volta. ,"Sur le cornoé et la Volta, tout change. Les Dyula<br />

forment ici des noyaux enquistés au sein d'un monde dont la langue<br />

les isole. Ils opposent au milieu ambiant une culture mandingue<br />

originale, fondée sur le commerce et l'Islam, même s'ils ont suivi<br />

au départ une arisrocratie païenne. Ces Dyula de l'Est ont même<br />

developpé un dialecte particulier assez différent de celui des<br />

MANINKA-MORI, mais proche du BAMBARA oriental et du DAFIN. L'anthro­<br />

pologie physique révèle qu'ils ont asorbé des éléments de toutes<br />

origines, vérifiés par une culture conquérante. On peut donc parler<br />

d'un peuple Dyula mais la valeur éthnique de ce nom est récente<br />

et secondaire'! (1) .Si ontrouve aujourd'hui des éléments de ce<br />

groupe dans la sous-préfecture de Léo, il n'en existe par contre<br />

pas dans celle de FARA, c'est à dire dans la région minière.<br />

Les Mossi semblent apparaître tardivement dans le commerce<br />

régional. Ce n'est cependant pas la conquête coloniale qui les a<br />

lancés sur les pistes caravanières connues, l'affirme ici L.<br />

TAUXIER: "En un mot, l'es 'Mossi se mettent en ce moment au commerce<br />

sous le coup d'une pressante nécessité. Nénamoins, on ne peut guère<br />

considérer le Mossi comme un commerçant. Il l'est depuis infiniment<br />

peu de temps et excessivement peu encore." (2) Implantés semble-t-il<br />

dès le XIXè siècle à BORGiO, ils viennent de la région de OUAGADOU-<br />

(1) PERSON (Y.), SAMORI, une révolution DYULA.<br />

Mémoire IFAN, nO 8& Dakar, 1968, t. l, p. 96.<br />

(2) 'TAUXI'ER '(L) ,Le noir 'du Soudan, pays MOSSI et GOUROUNSI.<br />

Paris, Larose, 1912, p. 538.


- 261 -<br />

VI-1-2;Les marchés<br />

Il convient de hiérarchiser ces marchés en distinguant<br />

les marchés locaux qui offraient aux marchands étrangers l'occa­<br />

sion de rendre visite aux producteurs d'or, et les marchés<br />

régionaux par lesquels le métal jaune transitait avant d'être<br />

exporté du monde noir.<br />

- Les marchés locaux<br />

Les marchés locaux de la période coloniale sont seulement<br />

au nombre de trois: NABOU, NANANO, BAKOLO (KOUMBIA).<br />

Le marché de NABOU qui serait le plus ancien se tenait<br />

sous trois grands arbres (un fromager un mimoza<br />

acasia Faidherbia, et un figuier ). Seul le figuier est<br />

toujours debout, presque désséché à l'entrée du village, au Nord<br />

Ouest.<br />

Le marché de NABOU qui se tenait tous les trois jours avec<br />

un grand marché tous les six jours, recevait surtout la clientèle<br />

habituelle des marchés locaux, c'est à dire de nombreuses femmes<br />

qui proposent, achètent en troquent des denrées de consommations<br />

locales. Il était cependant fréquenté par des marchands venant de<br />

la rive droite de la Volta, des Dioula et des Mossi. Personne ne<br />

venait du Sud.<br />

Le marché de NABOU fonctionna régulièrement jusqu'au milieu<br />

du Xlxè siècle. Il fut alors supprimé et transféré à KABOUROU, un<br />

village tout proche, afin d'éviter d'attirer les esclavagistes qui<br />

capturaient les gens pris de boisson les jours àe marché. Un<br />

informateur a parlé de "vol àu marché de NABOU par les gens de<br />

KABOUROU" mais nous n'avons eu aucun autre écho de ce forfait ni<br />

d' informations sur la manière dont on pouvait voler un marché.<br />

Aujourd"hui NABOU a de nouveau un marché qui se tient tous les trois<br />

jours, s'animant tout particulièrement tous les six jours.


- 265 -<br />

le Lobi, et acquérait par conséquent un "label" qui n'était pas<br />

le sien. Nous voyons dans la tradition rapportée plus haut que<br />

les marchands dans leur opportunisme fréquentaient tous les marchés<br />

de l'or. L'or de Poura était ainsi d'abord acheminé vers GAOUA<br />

où on le mélait à l'or du Lobi avant de faire prendre à l'ensemble<br />

une destination qui pouvait être le Sud ou le Nord.<br />

suivis par llor.<br />

Cela nous amène à parler des routes et des itinéraires<br />

VI l - 3<br />

Les voies commerciales de l'or<br />

En 1940, J. SAGATZKY donnait les directions suivantes à<br />

l'or exporté en provenance des colonies de Côte dlIvoire et de<br />

Haute Volta : " Les renseignements divers réunis par curiosité<br />

professionnelle depuis 1928, semblent indiquer plusieurs chemins<br />

de l'or exporté, anciens et actuels, qui s'écartent sensiblement<br />

de la voie normale uColonie-France"<br />

1°) Maroc et Pays du SAHARA: Placers de Poura, de Bagassi,<br />

de Zomo, en général l'or des régions du Nord (Soudanaises) fortement<br />

islamisées.<br />

2°) Gold Coast: Placers du Lobi, directement ou par les<br />

intermédiaires Dioulas.<br />

3°) Libéria : Placers du Lobi et autres du centre de la<br />

Côte d'Ivoire par les Dioulas venant du Sud (Bouna, Abengourou) ou<br />

de l'Ouest (Guinée Française) .<br />

L'or métal des colonies françaises y a été transféré toujours<br />

par le Dioula voyageant à pied, à dos d'âne, de chameau ou en camion.<br />

Le rôle historique du Dioula dans le commerce de l'or est ainsi<br />

.t.r'è.s-vc.La.i-r, .danq.er eux de tous les points de vue. En plus de cela,<br />

(1) Voir carte XVI page 260.<br />

0)


- 271 -<br />

par le MOSSI. Entre ces deux axes, la présence de mines d'or<br />

dans la région de POURA et sur la rive droite dans la région<br />

de HOUNDE, a permis de tisser un réseau étroit de pistes<br />

orientées grossièrement Est-Ouest. On ne peut cependant parler<br />

de l'existence d'un vrai carrefcur et à plus forte raison<br />

de métropole commerciale pour POURA, en raison du volume<br />

apparemment restreint des échanges.<br />

VI - 1 - 4 LES ECHANGES : L'OR DANS LES<br />

- LES EXPORTATIONS :<br />

ECHANGES DE POURA<br />

L'or était le principal produit d'exportation de<br />

la région de POURA. Cependant, les ventes ne portaient pas<br />

seulement sur l'or. L'artisanat local fournissait des tissus<br />

de cotonnade blanche qu'on envoyait teindre à l'indigo en<br />

-J<br />

pays DAFIN. Les tisserands étaient surtout les BOBO-DYULA.<br />

Toutefois, dès le début de leur installation sur la rive<br />

gauche, ces derniers ont accordé plus d'importance au travail<br />

des mines qu'au tissage. Bon nombre d'entre eux ont repris<br />

aujourd'hui le métier de tisserand.<br />

BINGER cite parmi les produits d'exportation de<br />

la région des cocons de vers à soie (l)et de l'indigo:<br />

"BAPORO et: POURA (fe. gué. .s e t.n.ouv o: à !.le.pt k.ifomètJte.!.l au Sud­<br />

E!.lt du gué. de. BAPOROl ont de.!.l Jte.fation!.l a!.l!.le.z !.luivie.!.l ave.c<br />

fe.!.l MOSSI de. BOROMO, auxque.f!.l if!.l ve.nde.nt de.!.l cocon!.l de. ve.Jt!.l<br />

à !.loie. e.t un pe.u d'indigo". (2)<br />

(1) - Nous n'avons pas de trace de cette activité dont parle<br />

BINGER. Cependant, certaines populations de l'Ouest-Volta<br />

t,rav,ersé ,pariBINGER c o n.sornme n t deschenilles qui se vendent<br />

au marché comme les autres denrées alimentaires, on<br />

peut se demander si l'auteur n'a pas pris ces chenilles<br />

pour des vers à soie.<br />

(2) - BINGER. Du Niger au Golfe de Guinée par le pays de KONG<br />

et le MOSSI (1887-1888), Paris, Hachette 1892, t.1, p. 429.


- 272 -<br />

Dans les productions locales dont une part est<br />

exportée, on peut encore noter le beurre de Karité (Brutyros<br />

permurn Parkia) très apprécié dans tous le pays GEUROUSI où<br />

l'on l'utilise abondamment dans la cuisine et en pays<br />

DAFIN où il entre pour une grande part dans les soins du<br />

corps.<br />

- LES IMPORTATIONS<br />

L'or était échangé contre du mil, des esclaves<br />

et du bétail: boeufs, ânes, moutons. On l'échangeait aussi<br />

contre la Kola, le sel, de grands boubous d'apparat venant<br />

de BONDOUKOU et peut-être de KONG par BOBO-DIOULASSO, des pa­<br />

gnes teints à l'indigo. On se faisait aussi de la monnaie<br />

en l'échangeant contre des cauris.<br />

Les marchands étrangers DYULA, BOBO-DYULA ou MOSSI<br />

étaient tenus de montrer d'abord leurs marchandises avant<br />

que l'or ne soit sorti des cachettes. Le troc était de coutume<br />

pour les grosses transactions. L'or converti en cauris, on<br />

obtenait une monnaie plus maniable pour les petites emplettes<br />

outils oratoires et des mines, denrées de consommation locale.<br />

Le mil (sorgho blanc en particulier) provenait<br />

de la -rive·droite du\fleuve, du pays BWA et du DAFIN. Un chef<br />

de famille BOBO DYULA de la région de POURA désireux d'ache­<br />

ter du mil se rendait avec son or dans les villages où de<br />

bonnes récoltes étaient signalées. Là il achetait le contenu<br />

d'un grenier entier au prix de gros. Ce mil encore à l'épi<br />

est égrené, ensaché dans des sacs faits de pagnes de cotonnade<br />

dont les bords sont grossièrement cousus de manière à ce que<br />

les pagnes soient réutilisables en tant que tels. Ainsi con­<br />

ditionné le mil est ramené au village a dos d'ânes ou porté par<br />

des esclaves.<br />

LES BOBO-DYULA producteurs d'or répugnaient eux­<br />

mêmes au travail des champs. Certes, ils pouvaient employer


- 273 -<br />

leurs esclaves pour la culture des champs, mais l'activité<br />

agricole elle-même était considérée par les riches marchands<br />

comme dégradante. C'est avec un certain dépit que nos infor­<br />

mateurs BOBO-DYULA parlent de la nécessité où ils se trouvent<br />

aujourd'hui de cultiver eux-mêmes leurs champs.<br />

Les esclaves furent d'abord acquis sur les marchés<br />

de la rive droite : BOROMO et OUARKOYE surtout. Ces esclaves<br />

venaient du BWAMU principalement. Plus tard, lorsque les<br />

ZERMA envahirent le pays, on se ravitailla auprès des chefs<br />

GURUNSI qui les razzièrent dans les villages avec l'appui des<br />

guerriers ZERMA et réduisirent des populations entières en<br />

esclavage . Ainsi SATI devint avant sa destruction par les ZERMA<br />

un marché important d'esclaves pris aux confins occidentaux<br />

du pays MOSSI (chez les KIPIRSI), chez les GURUNSI eux-mêmes<br />

et chez les BISSA. Le prix d'un esclave nous dit-on était de<br />

100 000 cauris pour un homme et le double pour une femme ,<br />

soit environ 65 grammes d'or pour l'un et 130 grammes d'or<br />

pour l'autre.<br />

Les traditions orales insistent sur l'utilisation<br />

domestique qu'on faisait de ces captifs. Considérés comme<br />

membres de la famille ils s'occupaient des tâches domestiques,<br />

\cultiva:·ientles.champs. Dans certains villages : POURA, FARA,<br />

on les employaient aux mines. Ils n'étaient cédés qu'en cas<br />

d'absolue nécessité provoquée par un revers de fortune et la<br />

famine. Lorsque les Français libérèrent les esclaves en péné­<br />

trant dans la région, certains choisirent de rester dans la<br />

zone minière. Aujourd'hui, on peut deviner l'origine servile<br />

de certains habitants par le patronyme qu'ils portent, géné­<br />

ralement local, et qui est étranger au groupe ethnique dont<br />

ils se réclament. Rares sont ceux qui avouent leur ascendance<br />

servile. Toute la population est d'ailleurs très discrète<br />

sur La rques t-i.on .<br />

Le bétail provenait des contrées voisines, princi-


- 274 -<br />

paIement là où vivaient des communautés peules auxquelles les<br />

agriculteurs ont coutume de confier leur gros bétail. Un<br />

mouton à OUAHABOU se vendait 7 à 10 000 cauris, soit environ<br />

6 grammes d'or (1)<br />

Les vêtements d'apparat, les cotonnade d'impor­<br />

tation étaient de provenances diverses. Les BOBO-DYULA en<br />

délaissant le tissage se trouvaient obligés d'en importer<br />

beaucoup pour les fêtes et pour les besoins de la coutume.<br />

La famille d'un vieillard était deshonorée si à sa mort il<br />

n'était pas enterré drapé dans un grand boubou d'apparat<br />

dont la poche avant est remplie d'or. Ces vêtements pouvaient<br />

être d'origine lointaine: BONDOUKOU, KONG, mais transi­<br />

taient par les centres commerciaux de l'Ouest Volta, ce qui<br />

accroissait leur valeur, rendus dans la région de POURA.<br />

Les noix de Kola (Sterculia acuminata) venaient<br />

tant par les routes de l'Ouest que par celles du Sud. Un<br />

âne bien chargé ramenait des forêts productices 5000 à 6000<br />

noix (2). A OUAHABOU (3), nous dit BINGER, une noix de Kola<br />

se vendait entre 50 et 60 cauris en 1888. Son prix devait<br />

être voisin dans la région de POURA si proche.<br />

Le sel jamais suffisant au pays des Noirs, venant<br />

ici du MOSSI mais aussi de l'Ouest et du Sud. Nous tenons aussi<br />

ces informations de l'informateur Binger : "... d'après les<br />

renseignements que je crois avoir puisés à bonne source, le<br />

sel de TAO DENI ne dépasse pas à l'Ouest SARO et SAN. La route<br />

(1) - SINGER. Du Niger au Golfe de Guinée par le pays de KONG et le MOSSI<br />

(1887-1888). Paris. Hachette 1832. p. 423.<br />

(2) - H. BARTH. Travels and discoveries in North and Central Africa.<br />

London. 1857 • Vol. II. p. 364.<br />

(3) - OUAHABOU • Ville musulmane située à 60 km au Nord-Ouest de POURA<br />

sur la rive droite de la Volta.


- 281 -<br />

cachette uniquement connue du chef de la grande famille. S'il<br />

arrivait un accident à ce dernier et qu'il mourait sans trans­<br />

mettre le secret, le trésor était perdu. C'est l'aventure que<br />

vit aujourd'hui la chefferie de NANANO dont le trésor familial<br />

se perdit à la mort subite du grand père du Chef SANOU KALO<br />

lui-même décède en 1976 sans aboutir dans ses tentatives de<br />

découverte de l'or enfoui.<br />

L'or thésaurisé, à un moment ou à un autre, rentrait<br />

dans le circuit de l'économie marchande, d'autant plus qu'on<br />

ne l'utilisait pas en bijouterie. Aussi pensons-nous qu'à<br />

l'exception de l'or qui retournait à la terre avec les morts,<br />

l'essentiel de la production était conunerciale.


CHA PIT R E V II<br />

L'OR DANS LA SOCIETE


- 284 -<br />

L'or est un q eni.e présent dans la ffu""Ilille. Aucun<br />

mineur ne devait faire la cour à la fermne d'un griot<br />

d'un parent ou d'un ami.<br />

Toute tentative de production d'or était vouée à<br />

l'échec s'il n'y avait pas d'entente dans la famille. Car<br />

la production d'or est avant tout familiale, de même que<br />

l'est celle des champs de cultures.<br />

De ce fait, le régime des mines ne connaît pas<br />

d'autres règles que le régime des terres. Celles-ci sont<br />

communautaires et le maître de la terre, représentant de la<br />

famille la plus anciennement établie dans le village, ou ayant<br />

reçu délégation d'une autre famille (l), assure la gestion<br />

des terres pour l'ensemble de la communauté villageoise.<br />

La terre est inaliénable et toute terre non exploitée ne<br />

peut être refusée à quelqu'un qui en fait la demande. Tous<br />

les exploitants n'ont que l'usufruit de la terre et des<br />

arbres qu'elle porte.<br />

Lorsque quelqu'un désire un champ de culture, il<br />

parcourt lui-même la brousse à la recherche d'un sol fertile.<br />

Puis il avise le maître de la terre de son choix. Ce dernier<br />

lefa.i't -accompaqne.r en 'brousse par un vmembre de sa famille<br />

pour voir si le terrain n'appartient pas déjà à quelqu'un<br />

d'autre. L'exploitant et le parent du maître de la terre<br />

délimitent ensemble la surface à défricher.<br />

(1) - A NANANO, la tradition dit que les premiers occupants du<br />

village étaient des GURUNSI (NUNA) sui quittèrent le<br />

pays à l'arrivée des BOBo-DYULA, confiant à la maîtrise<br />

de la terre aux BoBD-DYULA et aux DYAN, en précisant qu'ils<br />

reprendraient leurs droits à leur retour. Depuis ils ne<br />

sont pas revenus aussi lorsqu'on tue un poulet à la terre,<br />

la première patte est pour les BOBO DIOULA, la seconde<br />

po u-r ·'·1


- 285 -<br />

Puis tous deux reviennent auprès du maître de terre rendre<br />

compte. Le maître de terre autorise alors l'exploitant<br />

à défricher mais perçoit auparavant un droit qui ne dépasse<br />

jamais deux poulets qui sont sacrifiés sur l'autel de la<br />

terre, et 250 cauris. Rien ne peut être entrepris sur le nou­<br />

veau champs tant que les poulets n'ont pas été sacrifiés.<br />

En aucun cas il ne s'agit de vente de terre, mais de terre mise<br />

à la disposition d'un exploitant qui en a l'usufruit tant qu'il<br />

l'exporte. Il perd aussitôt ce droits'il laisse le. champ en<br />

jachère. Quelqu'un d'autre peut alors y pratiquer des cultures<br />

et se réserver la cueillette des fruits à condition d'avoir<br />

au préalable versé les droits coûtwniers. Il s'agit ici de<br />

la coutume des GURUNSI (NUNA), premiers occupants de la région,<br />

que les autres groupes ethniques ont respectée même lorsqu'ils<br />

ont été chargés de la maîtrise de la terre. A NANANO et FARA,<br />

les BOBO-DYULA détiennent cette maîtrise de la terre, fonction<br />

qu'ils cwnulent avec la chefferie politique.<br />

Le maître de la terre était naturellement le maître<br />

des mines. Pour ouvrir une mine on procédait de la même manière<br />

que pour défricher un champ. Et une mine abandonnée peut être<br />

reprise par quelqu'un d'autre. Avec les droits perçus le<br />

maître de la terre faisait un sacrifice à la terre et un<br />

'sacrifice à l'or. Une seule tradition (FARA), nous dit que le<br />

mineur devait lui-même, s'il voulait obtenir beaucoup d'or,<br />

offrir le sacrifice d'un albinos à l'endroit oü il se propose<br />

de travailler. Nous n'avons pu vérifier ailleurs ce récit.<br />

Il est de coutwne que le premier or cueilli sur<br />

une mine revienne au maître de la terre qu'il soit GURUNSI<br />

ou BOBO DYULA. Par la suite, les mineurs donnaient au maître<br />

de la terre de petites quantités d'or. Cependant, ces cadeaux<br />

étaient facultatifs et n'avaient pour but que d'entretenir<br />

"1' arnitié'avec1esmaîtres des lieux .


CON C LU S ION<br />

------------------<br />

L'OR DE POURA : PASSE RECENT ET PERSPECTIVES D'AVENIR


A<br />

An<br />

A.L.A.<br />

A.O.I.<br />

A.E.C.S.<br />

A.G.<br />

A.H.E.S.<br />

A.H.M.C.<br />

A.T.M.<br />

-305 -<br />

B l B L l 0 G R A PHI E<br />

SIGNIFICATION DES SIGLES ET ABREVIATIONS EMPLOYES<br />

BCEAO - N.I.S.<br />

B.A.E. - A.O.F.<br />

B.A.G.C.<br />

B.A.N.<br />

B.F.T.<br />

B.C.E.H.S.-A.O.F.<br />

B.C.A.F.<br />

B.S.G.C.P.<br />

B.I. - A.O.F.<br />

,'·B-:-,L."·P,.;A·. N •<br />

= Africa<br />

= Anthropologie<br />

= Afrique Littéraire et Artistique<br />

= l'Afrique Occidentale Illustrée<br />

= Annales Economies Sociétés Civilisations<br />

= Annales de Géographie<br />

= Annales d'Histoire Economique et Sociale<br />

= Annales d'Hygiène et de Médecine<br />

Coloniale<br />

= A Travers le Monde<br />

= BCEAO : Notes d'Informations et de<br />

Statistiques<br />

= Bulletin de l'Agence Economique de<br />

l'A.O.F.<br />

= Bulletin de l'Agence Générale des<br />

Colonies<br />

= Bulletin de l'Afrique Noire<br />

= Bois et Forêts des Tropiques<br />

= Bulletin du Comité d'Etudes Historiques<br />

et Scientifiques de l'A.O.F.<br />

= Bulletin du Comité de l'Afrique<br />

Française<br />

Bulletin de la Société de Géographie<br />

Commerciale de Paris<br />

= Bulletin d'Information de l'A.O.F.<br />

= Bulletin de l'IFAN


S.I.F.A.<br />

S.A.H.<br />

T.C.<br />

T.H.S.G.<br />

T.D. - ORSTOM<br />

T.M.<br />

T.A. Ibn Battuta<br />

- 307 -<br />

= Séances de l'Institut Français d'Anthropologie<br />

= Studies in African History<br />

= Togo-Cameroun<br />

= Transactions of the Historical Society<br />

of Ghana<br />

= Travaux et Documents de l'ORSTOM<br />

= Le Tour du Monde<br />

= Travaux de l'Association Ibn Battuta


- 309 -<br />

carton 149, dossier 5 = Permis de recherches<br />

carton 149, dossier 6 = Permis de recherches de 1905 à 1908<br />

carton 149, dossier 7 = Tableau des sociétés minières en<br />

Guinée,<br />

carton 149, dossier 8 = Groupes miniers en Guinée 1906-1907<br />

- carton 149, dossier 9 = Demandes de permis de recherches<br />

minières<br />

carton 149 , dossier 10 = Graphique du mouvement minier 1903-<br />

1908<br />

- carton 149, dossier Il = Rapport sur les centres miniers du<br />

cercle de SIGUIRI par l'administrateur<br />

BILLAULD, janvier 1908<br />

carton 149 , dossier 12 = Tableau indiquant la marche des valeurs<br />

des mines d'or,juillet 1908<br />

- carton 149, dossier 13 = Etat des permis miniers du Sénégal,<br />

1908<br />

- carton 149, dossier 14 =; Renseignements statistiques 1906-1907<br />

- carton 149, dossier 15 = Réclamations<br />

- carton 149 , dossier 16 = Demande de concession de la Cie<br />

Française du Haut-Niger (au LOBI)<br />

- carton 149, dossier 17 = Exposition de Marseille, 1906 : Notice<br />

sur les mines du Haut-Sénégal Niger<br />

- carton 149, dossier 18 == Sables aurifères de la FALEME<br />

- carton 149, dossier 19 == Renseignements de police<br />

- carton 149, dossier 20 == Remboursements de sommes à des réclamations<br />

- carton 149, dossier 21 = Renseignernents sur les Compagnies<br />

Minières en A.O.F.<br />

- carton 149, dossier 22 = Renseignements statistiques, 1903<br />

carton 149 , dossier 23 = Renseignements de polices sur sociétés<br />

minières<br />

- carton 149 , dossier 24 = Etat des Permis à la date du 1er août<br />

1908.


- BAUD L.<br />

1945<br />

- BEL J. M. ,<br />

1913<br />

- BERGER R.,<br />

1937<br />

- BERTON Y.,<br />

1962<br />

- 311 -<br />

Raport de mission en Haute Côte d'Ivoire,<br />

septembre 1944, août 1945.<br />

Rapport sur les gisements aurifères de la<br />

S.M.F.B. (C.I.), 64 pages<br />

Rapport sur le gisement de la Société M.I.C.I.<br />

(KOKUMBO), 21 pages<br />

Rapport de fin demission avril 1961, mars<br />

1962<br />

- BOLGARSKY M. et BARDIN M., Rapport sur les vérifications<br />

1940 effectuées dans la région de TOUMODI<br />

- BOLGARSKY, Rapport général sur l'activité de la mission<br />

1941 de YSSOURE en Moyenne C.I.<br />

- BOUIGE L., Rapport sur l'or de la région de MANKOSSO,<br />

1934 BOUAFLE, TIDUNOU, 16 pages<br />

- BOUIGE L., Rapport sur l'or de la région de BOUAKE,<br />

1935 KATIOLA, GROUMANIA, OUELLE, BORANDA,<br />

- CHERMETTE A.,<br />

1935<br />

- CHERMETTE A.,<br />

1935<br />

- GAUTHEROT,<br />

1911<br />

- GOLOUBINOV R.,<br />

1939<br />

- GOLOUBINOV V.,<br />

1939<br />

- GOLOUBINOV R.,<br />

- JORDAN,<br />

1904<br />

- LEGOUX P.,<br />

1934<br />

- LEVAT D.<br />

1912<br />

TOURNEE 1934-1935, 16 pages<br />

Les filons de quartz aurifères de HIRE (C.I.),<br />

15 pages<br />

L'or dans le massif du YAOURE, Il pages<br />

Rapport de tournée dans le BAOULE Sud,<br />

mai 1911, 10 pages<br />

Sur le lessivage des quartz aurifères en pays<br />

latéritique<br />

Rapport sur les possibilités industrielles<br />

en or dans la Haute-Volta française<br />

L'or en Guinée Française<br />

Mission à la Côte d'Ivoire<br />

Notes sur la concession de KOKUMBO, 8 pages<br />

Rapport sur les mines d'or de la Société du<br />

BANDAMA (C.I.), 64 pages


- TRINQUARD R.<br />

1965<br />

- 313 -<br />

1.1.3. Archives du Bureau Géologigue et Hinier de<br />

Hauté-Volta - OUAGADOUGOU<br />

Densité, amalgamation, fabrication de plaques<br />

minces, étude de concentrées.<br />

D.G.M. Ouagadougou<br />

- S.M.P. Rapport d'activité et d'exploitation de la<br />

1964 Mine de POURA, 1963<br />

- Rapport CALAME, 14 octobre 1952<br />

- Rapport chinois CHOU LIAN CHIN et TAN LI PIN, 1968<br />

- Rapport GRANGEON, expert des Nations Unies, 1962<br />

- Statuts de la SOREMI,. 28 juin 1976<br />

- Ordonnance n° 77/033/PRES/CODIM autorisant la signature de<br />

la convention d'établissement n° 4 entre l'Etat et la<br />

Société de Recherches et d'Exploitations Minières (SOREMI)<br />

du 29 septembre 1977<br />

- Convention d'établissement n° 4 entre la République de<br />

Haute-Volta et la Société de Recherche et d'Exploitations<br />

Minières (SOREMI) du 29 septembre 1977<br />

- RAUCQP, activités géologiques et minières en Haute-Volta<br />

- Lettre n° J.G./SF 2364 datée de Paris le 20 août 1966 adres-<br />

sée par le P.D.G. de la S.M.P. à Monsieur le Ministre des<br />

Finances et du Commerce, Ouagadougou, 4 pages<br />

- Décrêt n° 7J/064/PM/PL. H1 octroyant à la Société de Recherches<br />

et d'Exploitations Minières un permis d'exploitation à POURA,<br />

en date du 26 mars 1973,<br />

- Accord entre la République de Haute-Volta et la Société<br />

des Mines de POURA, en date du 18 août 1971


- 1.G. 327<br />

- Microfilm<br />

- Microfilm<br />

- Microfilm<br />

- 314 -<br />

I.l.4. Archives de l'IFAN de DAKAR<br />

Lieutenant GREIGERT, Aperçu de la situation<br />

politique dans la région de DIEBOUGOU 1904-1905<br />

Doc IV-4 B (20), 5, Arbault, exploitations<br />

aurifères de POURA (H.V.), 1952, 2 pages<br />

741, E. RUELLE, Notes sur quelques ruines<br />

d'habitations en pierre de l'Afrique Occi­<br />

dentale Française<br />

Doc. XII/2, J.A. HEUZY, Rapport sur l'arti­<br />

sanat indigène BAOULE, LOBI, MOSSI, BOBO.<br />

1936.


- 317 -<br />

Village de TON :<br />

- Tradition officielle recueillie auprès du chef YARO Bayegue<br />

entouré de son conseil, en avril 1977.<br />

- Traditions des BWAWA recueillies séparément en avril 1977<br />

Informateurs : BOGNINI Dofinizoumou<br />

BOGNINI Nahiri<br />

GNOUMOU Sibiri<br />

BAYE Guidé<br />

- Traditions des BOBO-DYULA recueillies séparément en avril 1977<br />

Informateurs : SANOU Bibi<br />

SANOU Zeri.<br />

Village de FARA<br />

Seuls les DYAN par la voix de TRAORE Dagaï ont<br />

accepté répondre à nos questions. Le chef ZONOU Issa s'est<br />

refusé à tout interview, répondant inlassablement qu'il ne<br />

savait rien sur les questions qu'on lui posait.


- 318 -<br />

l .3. Les sources archéologiques:<br />

Il s'agit d'abord de rapports de prospec­<br />

tion archéologique en Haute-Volta réalisée par Monsieur le<br />

Professeur J. DEVISSE et nous-même. Ces rapports ne sont<br />

pas publiés mais sont consultables au Laboratoire d'Histoire<br />

et d'Archéologie de l'Université de Ouagadougou.<br />

- DEVISSE J. Rapport de mission en Haute-Volta, 1973<br />

- DEVISSE J. et KIETHEGA J.B. Rapport de prospection archéologique<br />

en Haute-Volta, 1974<br />

- DEVISSE J. et KIETHEGA J.B., rapport de prospection archéologique<br />

en Haute-Volta, 1975<br />

- DEVISSE.J. et KIETHEGA J.B., rapport de prospection archéologiqueen<br />

Haute-Volta, 1976<br />

- KIETHEGA J.B., Rapport préliminaire sur les fouilles de<br />

POURA (campagne mars-mai 1977)<br />

- KIETHEGA J.B. Rapport préliminaire sur les fouilles de<br />

POURA (campagne mars-mai 1978)<br />

Ces rapports ne donnant que des informations<br />

sommaires sur ce qui a été observé ou collecté sur le plan<br />

archéologique, il convient, avant tout, de se reporter aux<br />

collections entreposées au Laboratoire d'Histoire et<br />

d'Archéologie de l'Université de Ouagadougou et aux cahiers<br />

de fouilles et fichiers se rapportant aux recherches sur<br />

l'or de POURA.


- 319 -<br />

II - OUVRAGES, TRAVAUX, PERIODIQUES;.-<br />

- Al BAKRI<br />

II.1. Pour la géographie et l'histoire l"ocales<br />

1965<br />

- Al OMARI,<br />

1968<br />

- AMISSAH J.B.<br />

1968<br />

- Anonyme,<br />

1975<br />

- ARBAULT J.<br />

1952<br />

- ARHIN K.,<br />

1965<br />

- AVENARD J .M. ,<br />

1966<br />

- AXELSON E.<br />

1973<br />

-BA.ILLOT E.,<br />

1902<br />

- BARTH H.<br />

1968<br />

- BERNOLLES J.,<br />

1966<br />

Description de l'Afrique Septentrionale<br />

Trad. M.G. de SLANE, Librairie d'Amérique et<br />

de l'Orient, A Maisonneuve, Paris, 1965,<br />

405 pages.<br />

Masalik el Absar fi Hamalik el amsar<br />

l'Afrique moins l'Egypte<br />

Trad. Gaudefroy-Desmombynes, Paris, Geuthner,<br />

284 pages<br />

Introducing descriptions and historical<br />

account of the golden Kingdom of Guinea<br />

by Peter Mareer<br />

THSG, vol. IX, Legon<br />

L'arrivée d'un ancien<br />

B . F . T. n 0 16 2, Paris, p. 3 7- 38<br />

Exploitations aurifères de POURA (Haute-Volta)<br />

Mie. Doc IV.4. B(20) IFAN Dakar<br />

Market settlements in North Western Ashanti<br />

R.R., supplément nO l, Legon, 185 pages<br />

Tentative de corrélation des périodes qua­<br />

ternaires de l'Ouest Africain d'après diffé­<br />

rents auteurs, C. ORSTOM, Paris.<br />

Portuguese in South-East Africa 1488-1600,<br />

Le Cap, p. 49 à 50<br />

Sur les routes du Soudan<br />

Toulouse, Privat, 336 pages<br />

Travels and discoveries in North and Central<br />

Africa, Ed. Casso Londres, t. II<br />

Permanence de la parure et dumasque africains<br />

Maisonneuve, Paris, 632 pages


- BERNUS E. ,<br />

1960<br />

- BERTHO J . ,<br />

1952<br />

- BINGER Capt,<br />

1886<br />

- BINGER Capt,<br />

1890<br />

- BINGER Capt,<br />

1890<br />

- BINGER Capt,<br />

1891<br />

- BINGER Capt,<br />

1892<br />

- BINGER Capt,<br />

1970<br />

- BONNAT M.J.,<br />

1875<br />

- BONNAT M.J.,<br />

1875<br />

- BONNAT M.J.,<br />

- 320 -<br />

Kong et sa région<br />

E.E. t. VIII, Abidjan, pages 236-324<br />

Nouvelles ruines de pierres en pays LOBI<br />

N.A. nO 54, Dakar<br />

Les routes commerciales du Soudan occidental<br />

Gazette géographique, Paris, 15 pages<br />

Contrées entre le Niger et la Côte d'or<br />

Pages 77-90<br />

Du Niger au Golfe de Guinée par KONG<br />

Imprimerie de E. Cagniard, Rouen, 36 pages<br />

Esclavage, islamisme et christianisme<br />

Société des Ed. scientifiques, Paris, 112 pages<br />

Du Niger au Golfe de Guinée par le pays de<br />

KONG et le MOSSI (1887-1888)<br />

Hachette, Paris, t. l, 513 pages<br />

t. 2, 416 pages<br />

réédité par la Société des Africanistes,<br />

Paris, 1980.<br />

Transactions, objets de commerce, monnaies<br />

des contrées entre le Niger et la Côte d'Or<br />

B.C.E.A.O., Notes d'Informations et de sta­<br />

tistiques, nO 179, 12 pages.<br />

Les Ashanti, moeurs et coutumes<br />

E. t. II, nO 47-53, Paris, ?ages 289, 370,<br />

460, 465-466, 565, 589, 621-624.<br />

M. BONNAT et le pays des Ashanti<br />

E. t. l, n ? 13-17, Paris, pages 50, 121, 143,<br />

292, 487-488.<br />

Les Ashantis d'après les relations de<br />

M. BONNAT. E. t. III, nO 49-54, Paris,<br />

pages 1-3, 36-38, 53, 82-83, 112-113,<br />

139-141.


- CROZAT Dr.,<br />

1891<br />

- 322 -<br />

- CIRE-BA B., Les BOBO, la famille, les coûtumes<br />

1954 E.A. nO 23, Dakar, pages 61-76<br />

- CIRE-BA B., Esquisse historique des BOBO et des BOBO DYULA<br />

1954 E.A. nO 24, Dakar<br />

- CLAPPERTON H., Second voyage dans l'intérieur de l'Afrique<br />

1826 Paris, A. Bertrand, Vol. II, page 66<br />

- CLOZEL F.J. et R. VILLAMUZ, Les coutumes indigènes<br />

1902 de Côte d'Ivoire<br />

- CUOQ J .M. ,<br />

1975<br />

- DAUBREE,<br />

1868<br />

- DAVEAU S.,<br />

1960<br />

- DAVEAU S.,<br />

1962<br />

Paris, Challamel, 539 pages<br />

Mission au MOSSI, KINIAN, décembre 1890­<br />

janvier 1891.<br />

Extrait du J.O. de la République Française<br />

- lundi 5 octobre 1891<br />

- mardi 6 octobre 1891<br />

- mercredi 7 octobre 1891<br />

- jeudi 8 octobre 1891<br />

- vendredi 9 octobre 1891<br />

Recueil des sources arabes concernant l'Afrique<br />

Occidentale du VIII ème au XVIème siècles'<br />

(Bilad al Sudan)<br />

C.N.R.S., Paris, 490 pages<br />

Aperçu historique sur l'exploitation des<br />

métaux dans la Gaule.<br />

Revue d'archéologie, Paris, avril 1868<br />

Les plateaux du S.O. de la Haute-Volta<br />

Fac. Lettres Dakar, 64 pages<br />

Principaux types de paysages morphologiques<br />

des plaines et plateaux soudanais<br />

I.G. mars-avril, Paris, pages 61-72<br />

- DAVEAU S., LAMOTHE M., ROUGERIE G., Cuirasses et chaînes<br />

1962 birrimiennes en Haute-Volta<br />

A.G. septembre-octobre, Paris, pages 460-482


- DELAFOSSE M.,<br />

1900<br />

- DELAFOSSE M.,<br />

1911-1914<br />

- 323 -<br />

Haute Côte d'Ivoire<br />

An. t. XI, Paris<br />

A propos de ruines de constructions en pierres<br />

maçonnées existant dans le LOBI<br />

SIFA, t. r , 1911-1913 et T. II, 1913-1914,<br />

Paris.<br />

- DELONCLE P., La parure féminine aux colonies,<br />

- DETIENNE P. et MARIAUX A., Nature et périodicité<br />

1975 cernes dans le bois de NIANGOM<br />

- DEVISSE J.,<br />

1972<br />

- DEVISSE J.<br />

1972<br />

- DEVISSE J.,<br />

1978<br />

- DEVISSE J.,<br />

- DIOP C.A.,<br />

- DIOP C.A.,<br />

1974<br />

-DOUTEG.,<br />

1971<br />

- DUDOT B.,<br />

B.F. T. nO 159, Paris, p. 29-39<br />

32 pages<br />

des<br />

Une enquête à développer : le problème de la<br />

propriété des ruines en Afrique de l'Ouest du<br />

VIII ème au XVI ème siècles<br />

Bull. Inst. Belge de Rome, XLIV, pages 201-219.<br />

Routes de commerce et échanges en Afrique<br />

Occidentale en relation avec la méditerranée<br />

Un essai sur le commerce médiéval du Xlème<br />

au XVlème siècles.<br />

R.H.E.S. vol. L., nO 1 et 3, Paris, pages<br />

42 à 73.<br />

L'arrière plan africain des relations inter­<br />

nationales au Xème siècle<br />

Actes du colloque des rédiévistes, Dijon.<br />

Pour une histoire totale de la céramique<br />

africaine. Mélanges Mauny (à paraître)<br />

A propos de la chronologie<br />

Bull. IFAN Dakar, série B, t. XXIX<br />

Physique nucléaire et chronologie absolue<br />

N.E .A., Dakar, 155 pages<br />

La République de Haute-Volta<br />

NDV, Ouagadougou<br />

Notes sur la fabrication des anneaux de bras<br />

en pierre portés par les Touareg de l'AIR<br />

N.A. .n ? 122, Dak a r , pages 58-61.


1956<br />

- JOHNSON M. ,<br />

- KATI Mahmud,<br />

1964<br />

- KI-ZERBO J . ,<br />

1972<br />

- LABOURET H. ,<br />

1920<br />

- LABOURET H. ,<br />

1931<br />

- LABOURET H. ,<br />

1953<br />

- LABOURET H.,<br />

- 326 -<br />

- Jean Léon l'Africain, Description de l'Afrique<br />

1958<br />

- LAPORTE A.J.­<br />

1960<br />

- LEPRUN J.C.,<br />

1971<br />

- LE MOAL G.,<br />

1968<br />

- LE BOAL G.,<br />

1:91'6<br />

trad. E. POULARD, Paris, 2 V., 632 pages<br />

Salaga papers, vol. l, Legon<br />

Tarik el FETTACH<br />

(trad. de HOUDAS o. et DELAFOSSE M.) ,<br />

Maisonneuve, Paris<br />

Histoire de l'Afrique d'hier à demain<br />

Hatier, Paris, réédition 1980, 702 pages<br />

Le mystère des ruines de LOBI<br />

R.E.T.P. Paris<br />

Les tribu s du rameau LOBI<br />

Travaux et mémoires del'Institut d'Ethnologie<br />

Paris, 507 pages.<br />

L'échange et le commerce dans les archipels<br />

du Pacifique et en Afrique Tropicale<br />

in Lacour-Gaxet, ed. Histoire du Commerce,<br />

t. III, Paris.<br />

Nouvelles notes sur les tribus du rameau LOBI<br />

Mémoire IFAN nO 54, Dakar, pages 21 à 54.<br />

L'archéologie et l'histoire au service de la<br />

recherche minière. Un exemple d'application:<br />

les gisements aurifères du LIMOUSIN et de la<br />

MARCHE.<br />

Thèse de géologie de Paris V, 447 pages +<br />

planches<br />

Les cuirasses ferrugineuses des pays cris­<br />

tallins de l'Afrique Occidentale sèche<br />

genèse, transformation, dégradation<br />

Thèse d'Etat Strasbourg, UER des Sciences<br />

de la Vie et de la terre, 222 pages + annexes<br />

Enquête sur l'histoire du peuple BOBO<br />

N.D.V. janvier-mars 1968, Ouagadougou<br />

Le peuplement du pays BOBO, bilan d'une<br />


1957<br />

- 328 -<br />

- MAUNY R., Etat actuel de nos connaissances sur la<br />

préhistoire et l'archéologie de la Haute­<br />

Volta.<br />

N.A. n° 73, Dakar.<br />

- MAUNY R., Tableau géographique de l'Ouest Africain<br />

1961 au Moyen-Age, Dakar, l FAN , 587 pages.<br />

- MEILLASSOUX Cl. ,Etat et conditions des esclaves à Gill·mU (I4ALI)<br />

1973 au XIXème siècle<br />

- MENIAUD J.<br />

1912<br />

J. AH XIV, 3, London, pages 429-452.<br />

Géographie économique du Haut-Sénégal,<br />

Niger<br />

- MONNIER Marcel, France Noire<br />

1894<br />

- MONNIER M. ,<br />

- NICOLAS F. J . ,<br />

1952<br />

- PALLIER G. ,<br />

1977<br />

- PEREIRA P. ,<br />

1956<br />

- PERSON Y. ,<br />

1964<br />

- PERSON Y. ,<br />

1968<br />

- PERSON Y. ,<br />

1970<br />

Paris, Larose, 198 pages<br />

Paris, Plon, 298 pages<br />

Une jeune colonie: Côte d'Ivoire et Soudan<br />

méridional,<br />

A.G. t. III, Paris nO 2, pages 409-427.<br />

Laquuestion de l'ethnie GURUNSI en Haute­<br />

Volta;<br />

A. Vol. 22, nO 2, Paris, pages 170-172.<br />

Géographie générale de la Haute-Volta<br />

Limoges, Université, 233 pages<br />

Esmeraldo de Situ Orbis<br />

Ed. Mauny, Bissau, 226 pages<br />

Tradition orale et chronologie<br />

C.E.A., II, 7, Paris, pages 426-476.<br />

SAMORI, une révolution DIOULA<br />

mémoire l FAN , n° 80, t. l, Dakar, 600 pages.<br />

Le Soudan Nigérien et la Guinée Occidentale<br />

in Histoire Générale de l'Afrique Noire de<br />

H. Deschamps, P.U.P.<br />

- PEUCHGARIC N., Côte Occidentale d'Afrique: côte d'or,<br />

géographie, commerce, moeurs,<br />

Paris, 52 pages.


- PONTON L.,<br />

1933<br />

- PROST A.,<br />

1970<br />

- 329 -<br />

Les GURUNSI du groupe voltaïque<br />

O.M. p02 et 3, Paris.<br />

- ROBERTSON G.A., Notes on Africa<br />

1819<br />

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1960<br />

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1973<br />

- RUELLE<br />

1904<br />

- SAVONNET G. ,<br />

1956<br />

- SAVONNET G. ,<br />

1962<br />

- SAVONNET G. ,<br />

1975<br />

- SAVONNET G.,<br />

- SCHAPPER B.,<br />

1961<br />

Deux langues GURUNSI : le Kassem et le Nuna<br />

BIFAN, t. XXXII, B, nO 4, Dakar<br />

Sherwood, London, 460 pages<br />

Problèmes relatifs à l'étude des migrations<br />

traditionnelles et des migrations actuelles<br />

en Afrique Occidentale<br />

BIFAN, série B, n° 3-4, Dakar<br />

BABATU et la conquête ZERMA en pays GURUNSI<br />

1856-1900<br />

N.D.V. t. 6 (oct. 72- sept. 73) Ouagadougou.<br />

Notes anthropologiques, ethnologiques et so­<br />

ciologiques sur quelques populations noires<br />

du 2ème territoire mulitaire de l'A.O.F.<br />

An. t. XV, Paris, pages 519-703<br />

Notes sur quelques ruines situées dans la<br />

région de LEO (Haute-Volta)<br />

N.A. nO 71, Dakar<br />

Quelques notes sur les GAN et sur le rituel<br />

d'intronisation de leur chef<br />

E.V. nO 4, Ouagadougou<br />

Quelques notes sur l'histoire des DYAN<br />

(cercles de DIEBOUGOU et LEO)<br />

BIFAN t. 37, série B, n° 3, Dakar, pages<br />

619-645.<br />

Les régimes fonciers des populations du<br />

s.o. de la Haute-Volta<br />

N.D.V., Ouagadougou<br />

La politique et le commerce français dans<br />

le Golfe de Guinée<br />

Paris, Mouton, 286 pages


- WILKS I.,<br />

- YAKUBI,<br />

1937<br />

- YORK R.N.,<br />

1972<br />

- ZAHAN D.,<br />

1954<br />

- 331 -<br />

The MOSSI and AKAN States<br />

in History of West Africa vol. l, pages<br />

344-386 de Ajayi et Crowder<br />

Le pays<br />

Trad. G. WIET<br />

Le Caire, 1937, 291 pages<br />

Cowries as type-fossils in Ghanian<br />

archeology<br />

W.A.J.A., vol. 2, O.U.P. Ibadan<br />

Notes sur les marchés Mossi du YATENGA<br />

A. Vol. 24, nO 4, Paris, pages 370-377


- ABEL H.,<br />

1956<br />

- ABEL H.,<br />

1961<br />

- Anonyme,<br />

1936<br />

- Anonyme,<br />

1936<br />

- Anonyme,<br />

1939<br />

- Anonyme,<br />

1964<br />

- Anonyme,<br />

1968<br />

- Anonyme,<br />

1970<br />

- Anonyme,<br />

1976<br />

- ARNAUD G.,<br />

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L'archéologie et l'histoire au service de la<br />

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- 346 -<br />

Q Comment êtes-vous devenus Gurunsi puisque votre ancêtre<br />

était Dagara?<br />

YIMA: Ce changement de langue est dû aux mariages que nos ancêtres<br />

ont contractés avec les filles Gurunsi du pays. Cependant<br />

nos coutumes sont restées toujours Dagara. Quand un vieillard<br />

meurt chez nous, nous appliquons les coutumes Dagara.<br />

Q : Quel est votre nom de famille?<br />

YIMA: YARO<br />

Q Votre ancêtre portait-il le même nom?<br />

YIMA: Oui, c'était YAPD aussi.<br />

Q Quelles ethnies votre ancêtre a trouvées dans la brousse<br />

de NABOU?<br />

YIMA: Il a trouvé les Bwaba et d'autres Gurunsi<br />

Q Comment les Bobo-Dyula sont-ils arrivés dans votre région?<br />

YIMA: Ils sont venus à la recherche de l'or. Ils sont venus dire<br />

à notre ancêtre que sa terre contenait de l'or et qu'il<br />

désirait s'y installer pour l'exploiter. Et notre ancêtre<br />

leur a donné son autorisation pour toutes les terres qui<br />

lui appartenaient. C'est pourquoi certains se sont installés<br />

à PARA, NANANO, POURA. Lorsqu'ils se furent installés, des<br />

guerriers sont venus les combattre et notre ancêtre est allé<br />

chasser les envahisseurs.<br />

,Q _. Que·l·le légende entoure l'arrivée des Bobo-Dyula?<br />

YIMA: Nous ne connaissons pas de légende.


- 347 -<br />

Q : Les familles Bobo-Dyula en connaissent-elles?<br />

YIMA: Eux aussi ne peuvent pas savoir.<br />

Q Les Bobo Dyula ont-ils creusé des puits d'or à NABOU?<br />

YIMA: Non.<br />

Q Revenons à l'origine de l'ancêtre. Venait-il du pays Dagara<br />

actuel ou d'un autre lieu?<br />

YIMA: Il venait de son village natal, Kaboutié entre BON et PAYALO<br />

C'est toujours aujourd'hui un pays Dagara. Là-bas il<br />

commandait tous les petits villages jusqu'à la Volta.<br />

Q Que savez-vous des ZERMA?<br />

YIMA: Ils sont venus jusqu'ici.<br />

Q Vous-êtes vous battus contre eux?<br />

YLMA: Oui, nos grands parents ont aidé les villages voisins atta­<br />

qué à chasser lesZERMA.<br />

Q Les ZERMA ont-ils laissé des constructions dans la région<br />

de NABOU?<br />

YIMA: Oui, mais lorsque la paix est revenue nous avons cassé leurs<br />

constructions pour rebâtir nos maisons.<br />

Q Ont-ils pillé votre village?<br />

YIMA: NON, ils n'ont pas réussi à nous vaincre.


- 349 -<br />

d'utiliser seule le produit de travail de l'or. On partageait<br />

l'or et les enfants même avaient leur part. Mes parents<br />

m'ont montré l'endroit où on cachait l'or, mais je n'ai pas<br />

le droit de le montrer.<br />

Q Connaissez-vous les instruments de travail de l'or?<br />

Réponse de SOUMOUNI: Non, parce que j'ai vécu au Ghana. A mon<br />

retour, j'ai demandé à mon petit frère s'il savait où les<br />

instruments ont été cachés. Lui aussi ignorait la cachette.<br />

Q Je vous demanderai donc de continuer vos recherches et de<br />

me tenir informé.<br />

Réponse de SOUMOUNI: D'accord, je reprendrai les recherches.<br />

Q Avez-vous quelque chose d'autre à me dire que les Bobo-Dyula?<br />

Réponse de SOUMOUNI: Non. Mais il y a des interdits que je dois<br />

respecter et des rites à accomplir auparavent.<br />

Q Si je peux aider matériellement à la réalisation des rites<br />

jevouspropose,m0n aide.<br />

Réponse de SOUMOUNI: Ce n'est pas votre travail, mais le notre.


TEXTE B<br />

- 350 -<br />

NABOU, chez le maître de terre IDO Paré<br />

13 Mars 1975.<br />

Q J'aimerai connaître votre nom et prénom.<br />

R Je m'appelle IDO Paré<br />

Q Comment s'appelait votre 1er ancêtre?<br />

R Il s'appelait NIGNAN Batibié<br />

Q (à un vieux qui veut intervenir): Comment vous appelez-vous?<br />

R Je m'appelle NIGNAN Proubi.<br />

Q Qui était votre 1er ancêtre? (toujours au vieux Proubi)<br />

R Il s'appelait NIGNAN DOUMOUNOU. Les NIGNAN sont les seconds<br />

à arriver à NABOUi les YARO sont les troisième. Les YARO,<br />

ce sont la famille du chef. Ils sont d'origine DAGARA.<br />

Les T.RAORE sont les quatrièmes à venir s' installer, puis<br />

on a les NEBIE, puis les COULIBALY.<br />

Q Connaissez-vous l'origine des Bobo-Dyula.<br />

R Quand leur ancêtre est arrivé ici, il adit que son travail<br />

c'est de creuser l'or, et notre ancêtre l'a autorisé à<br />

faire son travail. Les Bobo-Dyula ont de quoi se protéger<br />

contre l'ori alors que les Gurunsi risquent de mourrir en<br />

voyant un petit morceaux d'or.<br />

TIEJJDKQ; Comment se fait-il que les Bobo-Dyula se soient disper­<br />

sés?


- 352 -<br />

KABOUTIE. KABOUTIE est situé entre BON et PAYALO.<br />

BAMON était chasseur. Dans la région de NABOU il<br />

trouvabeacoup de gibier. Il en tua tant, qu'il<br />

n'arrivait pas à les dépecer. Il retourna à KABOUTIE<br />

ramener sa famille à l'endroit qu'il appela NABOU<br />

c.a.d. "forêt de gibier".<br />

BAMON vécut longtemps à NABOU. Il en connaissait tous<br />

les coins. Avec sa troupe, il attaquait les petits<br />

villages autour de NABOU. Avant l'arrivée de la<br />

"peau blanche" NABOU commandait plusieurs petits<br />

villages. Dès l'arrivée de la "Peau Blanche" NABOU<br />

a été fait CANTON.<br />

Q Comment se fait-il que l'ancêtre soit Dagara alors que<br />

maintenant vous êtes tous Gurunsi?<br />

R BAMON s'installa à NABOU et se maria à un fille Gurunsi.<br />

Voila pourquoi tous parlent le Gurunsi mais ils font<br />

les mêmes coutumes que les Dagara.<br />

Q Quel est le patronyme de l'ancêtre?<br />

R Il se nommait YARO.<br />

Q Qui YARO a trouvé dans la brousse de NABOU?<br />

R Il Y avait les villages de FITIEN, KAPA, LASSINI, BLADJO<br />

BAZENA, KASSOU, BOUZOUROU, KABOUROU, POME, DAKAYE, TIALA<br />

DAHO, FARA.<br />

Q : Comment et quand sont arrivés les SANKURSI?<br />

R Les SANKURSI sont venus à la recherche de l'or. Ils ont<br />

demandé au chef une place pour s'installer. Le chef les


- 353 -<br />

a installés et c'est ainsi que sont nés les trois villages<br />

de PARA, POURA, NANANO.<br />

Q Qui était le premier SANKURA venu ici?<br />

R Personne ne connait son nOID.<br />

Q Y-a-t'il parmi vous un SANKURA connaissant leur histoire?<br />

R Non. Les SANKURSI ont oublié même leur langue. ILs parlent<br />

tous Gurunsi sauf ceux de FARA, NANANO, POURA. Ceux-là<br />

peuvent peut-être connaitre l'histoire de leurs ancêtres.<br />

Q Peut-on me donner des légendes sur l'or et me parler des<br />

instruments du travail de l'or?<br />

R Tous les objets qui servaient à creuser l'or ont été volés<br />

un nuit par des inconnus.<br />

Q Revenons à l'ancêtre Dagara: venait-il du pays Dagara Ou<br />

d'une autre région?<br />

R Son village c'est Kaboutié. C'est là qu'il est né avant<br />

de venir à NABOU. A l'époque ils étaient tous Dagari et<br />

l'ancêtre commandait beaucoup de petits villages.


- 355 -<br />

Q D'Où sont venus les YARO?<br />

IDO Paré : La famille YARO est venue de KABOUTIE en pays<br />

DAGARA entre BON et PAYALO.<br />

Q Donc les YARO à l'origine étaient DAGARI?<br />

NIKOYA Oui, les YORO étaient DAGARI à l'origine.<br />

Q Conunen t aujourd.' hui sont-ils devenus Gurunsi?<br />

NIKOYA : Ils sont Gurunsi parce que quand ils sont arrivés<br />

ici, tout le monde était Gurunsi.<br />

Q Est-ce que les YARO en arrivant portaient déjà le nom<br />

YARO?<br />

BAMON Oui, nous étions YARO depuis KABOUTIE.<br />

Q Que signifie YARO?<br />

,BAMON: YARO veut dire "l'ombre". Nous sommes "l'ombre" où<br />

tout le monde vient s'abriter.<br />

Q On me dit qu'ils étaient chasseurs; quels armes employ­<br />

aient-ils pour chasser?<br />

BAMON On avait des arcs et des flèches pour chasser.<br />

Q Qui a donné le nom NABOU au village, les maîtres de<br />

terre ou les chasseurs?<br />

BAMON : C'est notre ancêtre le chasseur qui a donné le nom<br />

NABOU.


- 358 -<br />

IDO Paré: Les NIGNAN sont venus de TITA, tout près de POUNI<br />

Q Et les TAGNON?<br />

IDO Paré: Les TAGNON sont de MENO, vers NIABOURY. Ils<br />

sont SISSALA<br />

Q Et les TAY?<br />

IDO Paré: Les TAY sont venus de derrière la Volta, mais nous<br />

ne savons pas exactement le village.<br />

Q Et les Goulibaly?<br />

IDO Paré : Les Goulibaly sont venus de HOUNDE de BOUOHOUN<br />

précisement.<br />

Q Quelles sont les ethnies vivant à NABOU?<br />

NIKOYA ; Il Y a les Gurunsi, les SANKURSI, les Bwaba, les<br />

Dagara.<br />

Q Y a-t-il des DYAN et des MOSSI?<br />

NIKOYA Non, il n'y a pas de Mossi, ni de DYAN.<br />

Q Qu'est-ce qu'a provoqué le départ des IDO pour NABOU?<br />

IDO Paré: C'est la guerre qui se faisait en ce temps qui a<br />

poussé nos ancêtres à partir pour ne pas être tués.<br />

Q Quelle était cette guerre?<br />

IDO Paré C'est celle des ZERMA.


- 359 -<br />

Q Est-ce bien pendant la guerre des ZERMA qu'ils sont venus<br />

à NABOU?<br />

IDO Paré: Oui, c'est pendant cette guerre qu'ils sont venus<br />

à NABOU.<br />

Q Et les autres familles, par exemple les TRAORE, qu'est-ce<br />

qui a provoqué leur départ pour NABOU?<br />

TRAORE : C'est le commerce qui a amené notre ancêtre à NABOUi<br />

Il était commerçant et quand il arrivait dans un village<br />

il inspectait la terre et si celle-ci était riche en or,<br />

il s'installait dans ce village pour creuser des puits<br />

d'or. Comme il a trouvé que la terre de NABOU était riche<br />

en or, il s'est installer ici pour creuser l'or.<br />

Q Pourquoi les NIGNAN sont-ils venus à NABOU?<br />

BELl Eux aussi c'est la guerre qui les a amenés à NABOU.<br />

Q Et les Bwaba: NEBIE, COULlBALY, BIGNINI, pour quelles<br />

raisons sont-ils venus à NABOU?<br />

IDO Paré: Comme il n'y a pas une personne de leur famille<br />

dans cette maison, qui peut connaitre ce qui les a<br />

amenés à NABOU?<br />

Q Maintenant je voudrais poser des questions sur l'organisa­<br />

tion du village. Je commencerai par vous demander le<br />

rôle du chef du village et celui du maître de la terre.<br />

BAMON Les YARO sont les chefs de village.


- 360 -<br />

Q : Quel est leur rôle, surtout dans le passé?<br />

BAMON : Notre rôle dans l'ancien temps, c'est à dire avant<br />

l'arrivée des blancs, était de protéger les villages<br />

voisins. Pendant les guerres entre noirs, les villages<br />

venaient demander notre protection. Dès qu'un village avait<br />

la protection de NABOU, aucun autre village n'osait<br />

l'attaquer.<br />

Q Que recevait les chefs de NABOU en contre partie de cette<br />

protection?<br />

BAMON : Nous, on ne réclamait rien à ceux qui étaient protégés,<br />

mais seulement nous voulions qu'ils restent sous notre<br />

influence, pour que nous soyons nombreux et que le canton<br />

devienne vaste.<br />

Q Quels sont les signes distinctifs de la chefferie?<br />

BAMON : Dans l'ancien temps, quand on désigne un chef, les jeu­<br />

nes gens du village et ceux des villages voisins allaient<br />

piller dans certains villages du bétail qu'ils remettaient<br />

'au nouveau chef ·de NABOU. Mais depuis que les blancs sont<br />

venus cela n'est plus possible.<br />

Q Comment se faisait la succession?<br />

BAMON : C'est tout l'ensemble du village qui élisait le<br />

nouveau chef.<br />

Q Comment se faisait l'élection?<br />

":B:A:MON·:·En.ce .t.emp s , pour élire un nouveau chef 1 tous les<br />

vieux se rassemblent et désignent celui qui parait le<br />

plus sérieux et le plus capable de diriger le village.


- 361 -<br />

Ils le montre ensutte au public en disant que c'est le<br />

nouveau chef.<br />

Q Est-ce qu'on pouvait élire un chef dans quelle famille<br />

du village?<br />

BAMON : On ne pouvait pàs élire un chef dans n'importe quelle<br />

famille, ou désigner quelqu'un parce qu'il est riche, grand<br />

ou gros. Non, il faut que le nouveau chef soit toujours de<br />

la f amille de l 'année; c'est à dire de la f amille YARO<br />

seulement.<br />

Q Est-ce qu'on peut laisser le fils du chef défunt pour<br />

choisir un autre YARO?<br />

BELl: Tous les YARO sont les enfants d'un homme et de son<br />

petit frère. Les enfants de l'aîné étant chefs, les enfants<br />

du cadet n'ont pas la chefferie.<br />

Q Mais dans la descendance de l'aîné, la succession se<br />

fait-elle de père en fils ou de frère en frère?<br />

NIKOYA : Chez eux dans le temps, quand un chef meurt, son<br />

frère qui le suit le remplace. Maintenant avec le temps<br />

actuel, la chefferie reste dans la famille de l'aîné<br />

seulement.<br />

Q Est-ce que le chef a des insignes, par exemple des objets<br />

qui montre qu'il est chef?<br />

BELl: Jadis oui, mais maintenant la vie a changé et ils ne<br />

peuvent .plus les porter.<br />

Q Qu'est-ce que c'était?


- 365 -<br />

Q Je voudrais qu'on m'informe sur la manière dont on<br />

exploitait cet or.<br />

TRAORE : Comme i'exploitation de l'or était notre ancien métier<br />

depuis SATRI, notre ancêtre n'a eu aucune peine à reconnaî­<br />

tre les traces d'or. Par exemple, pendant l'hivernage,<br />

s'il pleut, l'eau en ruisselant passe avec l'or dans les<br />

fossés. Moi-même, j'en ai ramassé dans le "BOUZON-KOLOU"<br />

derrière les montagnes sur la route de Fitien et je suis<br />

venu le donner à un de nos parents nommé NAKOUAZEN.<br />

Comme nos parents savaient comment reconnaître l'or et nous<br />

..__1 ';-;';"t' montré, nous devons aussi le savoir.<br />

Q Les TRAORE savent-ils déjà extraire l'or dans la région<br />

de Bobo-Diuolasso?<br />

TRAORE : Oui, c'est ce que j'ai dit<br />

qu'ils faisaient.<br />

A SATRI c'est le métier<br />

Q Dans quelle région de BobO-Dioulasso il y avait de l'or?<br />

TRAORE Il Y avait de l'or à SATRI.<br />

Q Pouvez-vous me dire en Gurunsi les noms des pierres dans<br />

lesquelles il y avait de l'or?<br />

TRAORE : Pour nous, ils creusaient des puits. Arrivés à la<br />

pierre où il y a l'or, ils reconnaissaient les traces d'or<br />

Ils cassaient la pierre et l'enlevaient. On ne nous a<br />

pas précisé dans quelle pierre il y avait l'or mais moi<br />

je sais que le "Cadjempo" est fréquent dans les puits d'or.<br />

QEst-ce que dans le "Cadj emp o" il y avait de l'or?<br />

TRAORE Oui, il Y a avait de l'or dans cette pierre.


- 368 -<br />

Q Y avait-il des bijoutiers?<br />

TRAORE : Oui, il y avait des bijoutiers mais nos parents ne<br />

leur apportaient pas leur ori ils le gardaient avec eux<br />

dans les tiges.<br />

Q Les gens de Poura-mines utilisent aujourd'hui du mercure<br />

pour laver l'or. Est-ce que dans le temps on employait<br />

le mercure?<br />

TRAORE : Jadis, il n'y avait pas de mercure. Nos parents<br />

gardaient l'or comme cela dans illstiges. Ce sont les<br />

acheteurs qui avaient le nécessaire pour transformer l'or.<br />

Q Comment lavait-on les sables des marigots?<br />

TRAORE : On ne connaissait pas l'or dans le sable. Mais les<br />

petites boules d'or qu'ils trouvaient ils les mettaient<br />

dans les bambous.<br />

Q Pesait-on l'or pour le vendre?<br />

TRAORE Oui, on avait des balances traditionnelles.<br />

Q A quoi cela ressemblait-il?<br />

TRAORE : On avait quelque chose faite en morceaux de Calebrasse<br />

taillés à la même dimensions et reliés par des ficelles<br />

à un bâtonnet au milieu.<br />

Q Qu'est-ce qu'ils utilisaient comme poids?<br />

TRAORE : Nos pères nous ont dit que leurs poids étaient un<br />

fer dont tout le monde connaissait la valeur.


- 370 -<br />

Q Il Y avait environ combien de cauris par panier?<br />

TRAORE : Cela dépendait du panier. Il y avait des paniers à<br />

20 000 cauris et d'autres à 40 000 cauris.<br />

Q Quel poids représente 20 000 Cauris?<br />

TRAORE : Il y a quelques temps, j'aurais pu vous trouver les<br />

poids en fer, mais maintenant nous avons perdu ces objets.<br />

Q Que reste-t'il camme outils d'exploitation de l'or?<br />

TRAORE : Il y avait les pioches. Nous les avons utilisées<br />

pour creuser notre puits d'eau dans lequel nous avons<br />

trouvé l'or; mais à- mon retour de Ghana, j'ai demandé<br />

à mon frère oü se trouvaient ces instruments, mais il<br />

n'a pas pu m'indiquer l'endroit où on les avait jeter du<br />

vivant de mon grand frère, le nommé ZOURE qui les détenait.<br />

Q Quels étaient les marchés où on vendait l'or?<br />

TRAORE : Ily a derrière nos cases un grand arbre sous lequel<br />

on vendait l'or.<br />

Q Donc NABOU était un marché où on venait acheter de l'or?<br />

TRAORE Oui, il Y avait un marché d'or.<br />

Q Allait-on vendre l'or ailleurs aussi?<br />

TRAORE : On pouvait aller derrière la Volta comme nous pouvions<br />

attendre les commerçants dans notre marché. D'ailleurs<br />

c'est toujours avec le nom de ces arbres que les griots<br />

chantent nos louanges les jours de fête.


- 371 -<br />

Q Quelle main d'oeuvre employait-on pour exploiter l'or?<br />

TRAORE c'est nous-mêmes qui faisions le travail.<br />

NIKOYA : Est-ce qu'en ce temps vous n'aviez pas des esclaves<br />

qui vous aidaient?<br />

TRAORE : Même si nous avions des esclaves, on ne peut pas<br />

les appeler nos esclaves. Ce sont nos enfants, du moment<br />

que c'est nous qui les avons achetés avec notre argent.<br />

C'est comme s'ils étaient de nous.<br />

Q Combien d'esclaves y avait-il par famille?<br />

TRAORE : Si c'est pour aller travailler, tout le monde sortait<br />

sauf les malades.<br />

Q Comment obtenait-on l'autorisation de creuser des puits d'or?<br />

TRAORE : Cela s'est passé quand je n'étais pas né. Mais je<br />

pense que lorsque nos ancêtres venus de SATRI ont demandé<br />

aux maîtres de la terre un endroit pour sïnstaller et<br />

pour exploiter l'or, les maîtres de terre ont été aussitôt<br />

d'accord. Je ne vois pas pourquoi les maîtres de terre<br />

auraient refusé.<br />

Q Je pose maintenant la question au maître de la terre<br />

Comment vous cédiez les mines d'or aux SANKURSI?<br />

IDO Paré : Comme nos ancêtres ont donné des terres aux<br />

SANKURSI, lorsque ceux-ci t.rouvai.en t; de l'or, ils en<br />

donnaient une partie au maître de la terre, pour que<br />

celui-cipu±sse ·scl'a'èheterquelque chose.


- 373 -<br />

2°)Nous ne marions pas les filles des griots qui chantent<br />

nos louanges les jours de fête: c'est un de nos grands<br />

interdits. Nous ne fréquentons jamais leurs femmes aussi.<br />

Celui qui ne respectait pas tout cela restait un jour<br />

dans un puits.<br />

Q Y-a-t'il dans les environs des lieux interdits mais dont<br />

le passé est lié à l'or?<br />

TRAORE : Tl y a des lieux interdits mais les maîtres de terre<br />

connaissent bien ces lieux.<br />

Q Y-a-t'il d'autres légendes sur l'or?<br />

TRAORE Non, c'est tout ce que j'ai appris.<br />

Q Y-a-t'il des sacrifices à faire avant d'ouvrir un puits<br />

d'or.<br />

TRAORE : Qui, il faut d'abord tuer des poulets qu'on offre à<br />

la terre et à l'or avant de commencer.<br />

Q Comment avez-vous récupéré l'or trouvé dans votre<br />

puits d'eau?<br />

TRAORE: Cela est arrivé quand j'étais grand. On a fait<br />

descendre un chiffon dans lequel on a enroulé la pierre<br />

et l'or et on a envoyé le tout au chef de village. On lui<br />

a envoyé l'or car la terre est à eux et puis cet or n'a<br />

pas été trouvé au cours d'une exploitation, mais dans un<br />

puits d'eau.<br />

Q Il parait que KYE est une colline sacrée?


- 374 -<br />

NIKOYA : Oui, c'est là que notre ancêtre s'était installé et<br />

c'est de derrière cette colline que le chasseur a entendu<br />

le chant du coq.<br />

Il y a des grottes dans la colline.<br />

Q Puis-je visiter la colline et les grottes?<br />

NIKOYA La colline est sacrée mais vous pouvez visiter.<br />

Q Est-ce qu'il y a des puits d'or derrière la colline?<br />

NIKOYA Oui, il Y a des puits d'or.<br />

Q Est-ce que ces puits sont plus anciens que ceux du<br />

bord du marigot?<br />

NIKOYA Oui, ces puits sont plus anciens.


Le chef<br />

- 378 -<br />

On vendait de l'or à qui voulait l'acheter.<br />

Q Dans quoi conservait-on l'or?<br />

Le chef : Les anciens savaient garder leurs trésors pour<br />

qu'ils ne se perdent pas. Mais ils ne nous ont pas montré<br />

l'endroit où ils les cachaient.<br />

Q Où se faisait la vente de l'or? dedans ou en dehors des<br />

concessions?<br />

Le chef: La vente de l'or pouvait se faire partout. On<br />

pouvait discuter le prix dehors et l'échange se faire dans<br />

la maison.<br />

Q Qui achetait l'or derrière la Volta?<br />

Le chef: Je ne sais pas qui achetait l'or. On ne me lia<br />

pas dit. Je ne peux pas mentir.<br />

Q C'étaient des hommes ou des femmes qui achetaient l'or<br />

derrière la Volta?<br />

Le chef: Vous savez que normalement l'or est l'affaire des<br />

hommes. Ce sont les hommes qui achètent mais une femme<br />

peut aussi acheter de l'or.<br />

Q Entre le site que vous nous avez montré ce matin et<br />

SANEMBOULSI, quel est le plus ancien?<br />

Le chef : Ce sont les puits de SANEMBOULSI qui sont les plus<br />

.anc.ieri.s ,


379<br />

Q Après le pillage du village, est-ce que vos pères ont<br />

continué l'exploitation de l'or?<br />

Le chef Non, Ils ont alors cessé de creuser l'or.<br />

Q Je voudrais maintenant qu'on me dise comment chaque<br />

famille est venue à NANANO. Commençons par celle du chef.<br />

Le chef: J'essayerai de vous dire ce que j'ai appris de mon<br />

père. Mon père m'a dit que nos parents ne faisaient que<br />

creuser des puits d'or. Et c'est vrai. A notre naissance<br />

nous avons trouvé ces puits d'or. Malheureusement nous ne<br />

connaissons plus ce métier, sinon nous continuerions ce<br />

travail au lieu de souffrir dans la culture des champs.<br />

Certaines familles avaient même encore de l'or dans leurs<br />

maisons. Mais par peur ils l'ont enterré. Notre grand-père<br />

a enterré le sien. Monpère et moi nous avons cherché cet<br />

or partout et en vain. Mon père est mort. J'ai continué<br />

les recherches et jusqu'à ce jour je ne l'ai pas encore<br />

trouvé. Avoir de l'or dans sa maison est une preuve que<br />

nos pères exploitaient l'or.<br />

Q Entre les SANOU, les ZONOU et les TRAORE, quels sont les<br />

premiers à NANANO?<br />

Le chef Ce sont les SANOU qui sont arrivés les premiers.<br />

Q Et ensuite?<br />

TRAORE YEZOUMA : Ce sont mes ancêtres les TRAORE qui ont suivi.<br />

Puis sont venus les ZONOU.<br />

Q Votre ancêtre a donc trouvé les SANOU ici?


381<br />

Le lenàemain on les reprenait pour travailler. Au<br />

sixième jour il a plu la nuit et quand le matin on est<br />

parti creuser le puits on a trouvé que le marigot êtait<br />

plein d'eau, le puits aussi. A la fin de l'hivernage le<br />

puits était bouché avec nos instruments au fond.<br />

Q Reconnaissez-vous l'endroit où le puits a été creusé?<br />

Le chef: Oui, nous pouvons retrouver l'endroit dans le lit<br />

du marigot.<br />

Q Je voudrais voir ces instruments. Puis-je faire des<br />

recherches à l'endroit du puits?<br />

Le chef: Il n'y a pas d'interdit mais·il y a très longtemps<br />

que nous avons creusé ce puits.<br />

TRAORE YEZOUMA : Ce sont nos pères qui ont creusé le puits.<br />

Nous étions .alors tout petits. C'était du vivant du père<br />

du chef.<br />

ZONOU SOUROU : Oui, on était tous enfants quand on creusait<br />

ce puits.<br />

Q Si vous retrouvez le lieu, j'engagerai dix personnes pour<br />

recreuser le puits. Je vais d'ailleurs travailler de la<br />

même manière à SANEMBOULSI.<br />

Le chef; Je ne crois pas qu'on puisse retrouver des morceaux<br />

d'instruments mais on peut essayer.<br />

Q Comment cassait-on le quartz?


382<br />

Le chef: C'est avec les piochons à bout pointu qu'ils<br />

cassaient tout ce qui était dur.<br />

Q Comment fait-vous aujourd'hui pour fabriquer vos meules?<br />

Le chef Nous ne les fabriquons pas.<br />

Q Comment distinguait-on l'or de la pierre?<br />

Le chef : Nous ne le savons pas. Si on le savait on aurait<br />

continuer le travail au lieu de souffrir comme nous le<br />

faisons.<br />

Q Que faisait-on de l'or produit?<br />

Le chef: Nous ne le savons pas. D'ailleurs certains d'entre<br />

nous n'ont vu de l'or qu'à l'usine de POURA.<br />

Q Vous dites que vos pères ne savaient faire rien d'autre<br />

que creuser les puits d'or? Qui leur donnait à manger?<br />

Le chef: L'homme mange le fruit de 'son travail. C'est à dire<br />

qu'ils échangeaient l'or contre de la nourriture.<br />

Q Est-ce qu'une partie de l'or était remise aux forgerons<br />

pour qu'ils en fassent des bijoux?<br />

Le chef: Non, on avait pas de forgerons qui faisaient les<br />

bijoux.<br />

Q : Le Bobo-Dyula étaient-ils aidés par des esclaves pour le<br />

,trav:a:i,L,:,de ,1 '..or}<br />

Le chef Non. Ils travaillaient seuls.


TEXTE E<br />

383<br />

POURA, chez le chef NIGNAN Boubjé Décembre 1974<br />

----'-------<br />

Q Je suis venu dans votre village pour vous interroger sur<br />

ses ori.gjnes.<br />

Le chef: Nous sommes Gurunsi. Nous venons de MANE dans le pays<br />

Mossi. Nos pêres nous ont dit qu'à MANE à la mort du maitre<br />

, dei terre, notre" ancêtre et son ainé se sont disputé la suc­<br />

cession. Notre ancêtre fâché est parti vers le pays Gurunsi.<br />

Il s'installa d'abord à BREDIE et de là venait à la chasse<br />

dans la région de Poura accompagné de son jeune frère. C'est<br />

le jeune frère qui le premier à découvert le village de Poura.<br />

Il y venait souvent tuer les animaux et allait les vendre.<br />

Le jeune frère a trouvé ici quelqu'un qui vivait avec sa<br />

femme et son enfant. Il s'appelait YARO.<br />

Q YARO était-il Gurunsi?<br />

Le chef: Oui, cette famille était Gurunsi. Il n'y avait que<br />

l'homme, la femme et leur enfant.<br />

Avant que notre ancêtre n'entre à Poura, il était allé<br />

au bord du fleuve (la Volta). C'est en chassant qu'il est<br />

tombé sur la case de YARO. Un jour YARO lui dit "Il m'ar­<br />

rive quelque chose que je voudrais te confier". Notre<br />

ancêtre lui dit qu'il pouvait lui confier son histoire<br />

YARO reprit "Je suis riche et seul avec ma famille dans cette<br />

brousse. Quand la nuit vient, il y a des DYAN armés d'arcs<br />

qui se mettent à nous tirer dessus. Je fais alors rentrer<br />

ma famille dans la case et nous nous enfermons. Ainsi ces<br />

gens n'arrivent pas à nous tuer. Ils s'en vont et reviennent<br />

la nuit suivante".<br />

Notre ancêtre dit que puisqu'il en est ainsi, il ne retour­<br />

«nenaLt..:pas.au'·f-1euve .rna.i-s ·pes·terait ici à attendre les<br />

guerriers. La nuit venue, les guerriers vinrent en effet,<br />

et se mirent à tirer sur la case de YARO. Notre ancêtre


384<br />

sortit avec son fusil et tira plusieurs coups. Quand les<br />

guerriers s'aperçurent qu'il y avait quelqu'un d'autre que<br />

YARO dans la case, et qui faisait ce que l'autre ne faisait<br />

pas, ils s'enfuirent et ne revinrent jamais. YARO dit alors<br />

à notre ancêtre: "Puisque vous m'avez aider à chasser mes<br />

ennemis, ne retournez plus au fleuve. Vous êtes célibataire<br />

Je vous donne ma fille en mariage". Notre ancêtre se maria<br />

avec la fille de YARO. Il s'installa à côté de son beau-<br />

père qui un jour lui dit: "Puisque tu m'a sauvé, je te confie<br />

le gris-gris de ma terre".<br />

Un autre jour, notre ancêtre dit: "Lorsque je·chassais là­<br />

bas (en montrant l'Ouest) j'ai vu une grande étendue d'eau".<br />

YARO répliqua qu'il avait découvert la même étendue d'eau.<br />

Ils allaient se disputer à savoir qui avait découvert le<br />

premier l'étendue d'eau, lorsque notre ancêtre proposa que<br />

chacun apporte un témoignage de ce qu'il dit. Lui-même dit­<br />

il lorsqu'il a vu l'étendue d'eau, il y a jeté une grosse<br />

pierre. YARO répondit que lui avait marqué sa découverte<br />

en jetant dans l'eau une grosse termitière. Tous deux se<br />

rendirent au bord du fleuve (La Volta). Notre ancêtre entra<br />

dans l'eau et ramena sa grosse pierre. YARO entra à son tour<br />

dans l'eau mais ne retrouva pas la termitière qui avait<br />

fondu. YARO reconnut son échec et dit que désormais le fleuve<br />

appartenait à notre ancêtre. Notre ancêtre à marié la fille<br />

de YARO et nos aïeux ont épousé des filles Gurunsi et c'est<br />

pourquoi nous sommes de leur ethnie et de leur langue.<br />

Q Donc vous êtes d'origine Mossi. Connaissez-vous le patronyme<br />

et le prénom de votre ancêtre?<br />

Le chef: Oui, notre origine est Mossi et le patronyme de notre<br />

ancêtre est NEA (NIGNAN?) son prénom est pilare.<br />

Q: D'où venaient les DYAN qui attaquaient YARO?<br />

Le chef Ils venaient de DIEBOUGOU


385<br />

Q S'ils venaient de Diébougou derrière la Volta, avec quoi<br />

traversaient-ils le fleuve?<br />

Le chef: Ils ne pouvaient pas venir en hivernage. Ils venaient<br />

en saison sèche. Ils traversaient à pieds.<br />

Q YARO connaissait-il la présence de l'or dans la région?<br />

Le chef: Non, YARO ne le savait pas. C'est quand les Bobo-Dyula<br />

sont arrivés qu'ils ont découvert l'or.<br />

Q Poura avait-il beaucoup de gens à l'arrivée des Bobo-Dyula?<br />

Le chef: Oui, a l'arrivée des Bobo-Dyula le village était<br />

peuplé. Mais la famille YARO avait disparue, emportée par<br />

un mal qui venait du fleuve.<br />

Q Votre famille est donc restée la seule famille Gurunsi?<br />

Le chef Oui, notre famille est restée la seule famille Gurunsi.<br />

Q Où trouve-t-on des membres de votre famille?<br />

Le chef A Poura, Ton, Bredie.<br />

Q Est-ce que les Bobo-Dyula ont trouvé les YARO?<br />

Le chef: Non, quand les Bobo-Dyula sont arrivés, il n'y avait<br />

plus de YARO. Les Bobo-Dyula avaient leur métier. Ils deman­<br />

daient un endroit où s'installer. Dans notre village, le<br />

premier or qu'ils ont trouvé, ils sont venus le donner à<br />

notre ancêtre.<br />

Q D'où venaient les Bobo-Duyla?<br />

Le chef: Certains sont venus de SAFANE et d'autres de Bobo­<br />

dioulasso.


387<br />

Q Mais est-ce que les ZERMA ont accepté passer comme cela<br />

sans vous piller?<br />

Le chef: Oui, ils sont passés sans rien prendre. Sinon un<br />

cadeau que nous leur avions fait. Pour les blancs, nous<br />

avions donné un poulet blanc pour leur dire que nous ne<br />

voulons pas la guerre.<br />

Q Les blancs suivaient-ils les ZERMA ou étaient-ils seuls?<br />

Le chef: Les blancs n'ont pas suivi les ZERMA. Les ZERMA ne<br />

choisissent pas. ILs font la guerre pour piller les faibles.<br />

Quant aux blancs, celui qui signe avec eux, ils ne font plus<br />

la guerre à son village. Les ZERMA tuaient au hasard. Les<br />

blancs ont dit que celui qui acceptait "payer sa vie"<br />

n'était plus leur ennemi. Ainsi les blancs nous ont sauvé<br />

des mains des ZERMA.<br />

Q Comment les blancs ont su qu'il y avait de l'or ici?<br />

Le chef : Ils avaient des machines avec lesquelles ils<br />

regardaient partout. Et puis les Bobo-Dyula vendaient l'or et<br />

tout le monde achetait. Or une fois qu'une chose est partie<br />

dehors n'importe qui peut la voir et c'est comme ça que les<br />

blancs ont su vite.<br />

Q Les ZERMA ou les Blancs ont-ils forcé les Bobo-Dyula à<br />

chercher de l'or pour eux?<br />

Le chef : Non, ils ne les ont pas forcé. Ceux que les ZERMA<br />

ont fait captifs, ce sont ceux qu'ils ont forcés à creuser<br />

l'or.<br />

Q Quand sont arrivés les Mossi?<br />

Le chef: Nous avons habité longtemps ici avant l'arrivée des<br />

Mossi.


388<br />

Q Quand sont arrivés les Mossi: vers quelle année à peu près?<br />

Le chef: Il n'y a pas longtemps que les Mossi sont venus à<br />

Poura . Moumouni et son frère sont des Mossi de Borono,<br />

tout près d'ici.<br />

Q Y-a-t'il des Mossi à TON, et à BREDIE?<br />

Le chef: Là-bas les Mossi sont nombreux. Mais ils sont arrivés<br />

il n'y'-a"pas longtemps. On peut mêmeconnaître la date d'ar­<br />

rivée de certaines personnes.<br />

Q Les Mossi ont-ils exploité l'or?<br />

Le chef: Non, ils n'ont pas exploité l'or. Le travail de<br />

l'or est propre aux Bobo-Dyula.<br />

Q Pourquoi refusez-vous de chercher de l'or?<br />

Le chef: C'est notre totême. Par exemple si je vends un morceau<br />

d'or et que j'utilise l'argent acquis, je mourrai.<br />

Q Que faites vous avec l'or qu'on vous donne?<br />

Le chef: Pour cela, c'est le chef de famille qui le vendait<br />

pour les dépenses de la famille. En ce moment il ne mourrait<br />

pas puisqu'il emploie l'argent pour les besoins de toute la<br />

famille.<br />

Mais quant aux Bobo-Dyula, même un petit enfant pouvait vendre<br />

de l'or. Vous savez, l'or n'est pas bien. C'est un objet qui<br />

peut se déplacer. On peut le garder dans un lieu et le<br />

lendemain il est ailleurs. Voilà pourquoi il tuait facilement<br />

les gens.<br />

Q Comment vos ancêtres ont trouvé Poura à leur arrivée?


389<br />

Le chef: Ils nous ont fait savoir que Poura était une grande<br />

forêt pleine d'animaux féroces. C'est grâce à son fusil que<br />

notre ancêtre a pu s'approcher de ces lieux.<br />

Q Où les Bobo-Dyula vendaient-ils leur or?<br />

Le chef: Sur ce sujet je ne sais pas grand chose. On m'a dit<br />

que jadis, dans les cantons comme NABOU, BOROMO, lorsque le<br />

chef voulait l'or, il envoyait un homme dire à notre parent<br />

qu'il avait besoin de la chose rouge à acheter. Notre parent<br />

savait aussitôt de quoi il s'agissait et prévenait les Bobo<br />

Dyula qui allaient dans ce canton vendre leur or.<br />

Q Que signifie Poura?<br />

Le chef: Poura signifie "orrvats'augmerrter-" YARO vivait seul. Puis<br />

notre ancêtre est venu. Puis ce furent les Bobo-Dyula et<br />

les DYAN.<br />

Q Etes-vous du même groupe Gurunsi qu' à NABOU?<br />

Le chef: Oui. Il y a des Gurunsi à NABOU et nous sommes du même<br />

groupe. Il y a certains NIGNAN là-bas qui sont nos parents.<br />

Q Est-ce qu'avant les blancs, il y avait un marché ici à POURA<br />

Le chef: Oui, il y avait un marché ici avant l'arrivée des blancs<br />

On y vendait de l'or, du mil, et presque tout ce qui peut<br />

faire plaisir à quelqu'un. Des étrangers venaient vendre des<br />

pagnes noirs.<br />

Q Est-ce qu'il y avait un marché à FARA?<br />

Le chef: Oui, Fara avait un marché, mais il n'était pas aussi<br />

.'grand que le notre. KABOUROU aussi avai t un grand marché.<br />

Q Est-ce que NABOU était grand à cette époque?


Le Chef<br />

391<br />

Une seule personne pouvait avoir jusqu'à 60 esclaves.<br />

Q Que donnait-on à manger à tant d'esclaves?<br />

Le chef: On leur donnait à manger du tô. Les esclaves ne<br />

pouvaient pas mourir dans les puits puisque les Bobo-Dyula<br />

offraient un sacrifice : un poulet ou autre chose au puits<br />

pour que les esclaves puissent travailler en parfaite santé.<br />

Q Comment creusait-on les puits et les galeries?<br />

Le chef: On fait les galeries quand on a rencontré une place<br />

pierreuse. Ces dans ces pierres qu'il y a l'or. Pour nous<br />

les galeries sont les traces de l'or. Quand deux creuseurs<br />

d'or voient cette trace, ils creusent et se rencontrent.<br />

Q Quand les mineurs rencontraient le quartz, comment faisaient­<br />

ils pour les casser?<br />

Le chef: ILs avaient un médicament qu'ils mélangeaient à du<br />

beurre de Karité. Puis ils frottaient le quartz avec le<br />

beurre. Le lendemain ils trouvaient cette partie toute cassée.<br />

Il n'y a plus qu'à faire sortir les morceaux de quartz.<br />

Q Comment distinguait-on l'or de la terre qu'on sortait des<br />

puits?<br />

Le chef: Cela n'était pas difficile. IL y avait des pierres<br />

taillées comme des mortiers. On pilait dedans la terre<br />

sortie du puits. Puis on lavait la poudre au fleuve. La<br />

terrese séparait de l'or. D'ailleurs on a toujours ces<br />

pierres en forme de mortiers au village.<br />

Q Trouvait-on parfois une pépite d'or?<br />

Le chef Oui, ils trouvaient parfois une boule d'or collée à


la pierre.<br />

392<br />

Q Vous dites qu'il y a les pierres mortiers chez vous?<br />

Le chef: Non, c'est chez les Bobo-Duyla qu'elles se trouvent<br />

et non chez moi.<br />

Q Me permettra-t-on de voir ces pierres mortiers?<br />

Le chef: Pourquoi refuseraient-ils? Mais je ne sais pas, c'est<br />

leur décision qui compte.<br />

o<br />

o o


PLANCHEI<br />

II<br />

III<br />

IV<br />

V<br />

VI<br />

VII<br />

VIII<br />

IX<br />

X<br />

xr<br />

XII<br />

XIII<br />

- 394 -<br />

LISTE DES PLANCHES<br />

==================<br />

- Les temps géologiques et chronologlques<br />

.<br />

- Tableau de correspondance...•.....••••.<br />

- Schéma de la constitution géologique<br />

de l'Afrique Occidentale•.•..•.........<br />

- Formation éluvionnaire et alluvionnaire<br />

- DABA ébréchée..................•.......<br />

- Fragments de bracelets en pierre polie.<br />

- Fragments de bracelets en pierre polie.<br />

- Fragments de bracelets en pierre polie.<br />

- Fragments de poterie en terre cuite.•..<br />

- Fragments d'anses en terre cuite....••.<br />

- Fragments de bord de poterie en terre<br />

cuite .<br />

- Fragments de poterie en terre cuite•.••<br />

- Fragments de pipes en terre cuite :<br />

22<br />

23<br />

27<br />

28<br />

145<br />

150<br />

151<br />

152<br />

156<br />

157<br />

158<br />

159<br />

bases.................................. 163<br />

XIV - Fragments de pipes en terre cuite :<br />

bases.................................. 164<br />

xv - Fragments de pipes en terre cuite :<br />

fourreaux. . . . . . . . . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165<br />

XVI - Fragments de pipes en terre cuite :<br />

XVII<br />

"X'VŒJ:-r<br />

XIX<br />

tuyères .<br />

- Piochon selon Sllft..MERS .<br />

- Outils de mineurs par ARHIN ........•...<br />

- Balance traditionnelle par BINGER .<br />

166<br />

194<br />

200<br />

266


PLAN l<br />

II<br />

III<br />

IV<br />

V<br />

VI<br />

VII<br />

VIII<br />

IX<br />

X<br />

XI<br />

XII<br />

XIII<br />

- 395 -<br />

LISTE DES PIANS<br />

=============<br />

- Site de Gwelpon (PARA) .•...........<br />

- Site de Logofiela - mines (PARA) ...<br />

- Site de Logofiela -campement (PARA)<br />

- Site de GUGORE (NABOU) •.•••........<br />

- Site de KYE (NABOU) ..••.•........•.<br />

- Site de ZANI (ensemble l NANANO) ...<br />

- Site de ZANI (ensemble II NANANO) ..<br />

- Site de ZIGUITIO (POURA) .••....•...<br />

- Puits de LOGOLIELA (PARA) •....•..•.<br />

- Puits de GUGORE (NABOU) ..••........<br />

- Puits de ZANI (NANANO) ........•....<br />

- Puits de ZIGUITIO (POURA) .....•....<br />

- Enceinte de KANKIELOU (POURA) .•.••.<br />

116<br />

117<br />

118<br />

120<br />

120<br />

122<br />

123<br />

124<br />

127<br />

129<br />

131<br />

134<br />

171


- 396 -<br />

LISTE DES PHOTOS<br />

================<br />

PHOTO l - Le conseil de NABOU..................... 72<br />

II - La fête de l'eau à PARA 72<br />

III - Le maître de terre de PARA devant<br />

un puits d'or 102<br />

IV - Site de Gwelpon : site sous couvert<br />

végétal 102<br />

V - Site de Logofiela : campement..•........ 103<br />

VII - Site de Gwelpon : tranchée longitu-<br />

VIII<br />

IX<br />

X<br />

XI<br />

XII<br />

XIII<br />

XIV<br />

XV<br />

XVI<br />

XVII<br />

XVIII<br />

XIX<br />

XX<br />

,·XXI<br />

XXII<br />

dinale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 104<br />

Site .de.Gwelpon : amorce de galerie..... 104<br />

- Site de KYE : puits bouchées•......•.... 106<br />

- Site de ZANI : ZOURAYOUROU en septembre 106<br />

- Site de ZANI : Caîlcédrat dans un puits 110<br />

- Site de ZANI: Arbre à colle........•.. 110<br />

- Site de ZIGUITIO sol en écumoire 112<br />

- Site de ZIGUITIO : couvert végétal 112<br />

- Site de ZIGUITIO : les encoches du<br />

puits . n " 3•... · ,.' '. . . 138<br />

- Site de ZIGUITIO : la galerie du puits<br />

n? 3................................... 138<br />

- Site de Logofiela : tas de cauris 144<br />

Site de Logofiela : jarre 144<br />

- Région de POURA : armatures de flèches. 147<br />

- Région de POURA : fusaiolles 147<br />

-Si,te -.de Logofiela : meules et broyeurs<br />

in situ................................ 149<br />

- Site de Logofiela : fragments de pipes.. 149


XXIII­<br />

XXIV<br />

XXV<br />

XXVI<br />

XXVII<br />

XXVIII<br />

XXIX<br />

XXX<br />

XXXI<br />

XXXII<br />

XXXIII<br />

XXXIV<br />

XXXV<br />

XXXVI<br />

XXXVII<br />

XXXVIII<br />

XXXIX<br />

XL<br />

XLI<br />

- 397 -<br />

- Région de POURA : fragments de bracelets•..• 154<br />

- FARA : vase de gemelléité•.•.••••.••.••.•.•• 154<br />

- Site de Logofiela : jarre in situ••.••...•.• 161<br />

- Site de Logofiela : poteries in situ•..•.... 161<br />

- Région de POURA : fragments de poterie•....• 168<br />

- Site de ZIGUITIO : puits nO 2•....•..•...•.• 168<br />

- Site de ZIGUITIO : puits nO 3•....•..•....•. 175<br />

- Site de KANKIELOU : creuset....•.....•.....• 175<br />

- Site de KANKIELOU : lampe à huile.•.....•••. 176<br />

- FARA : fer de prospection..•..••...•.•••.... 176<br />

- NANANO : balance traditionnelle•••..••••.••• 192<br />

- POURA-MINES : ORPAILLEUSE•••••.••.•.•..•..•• 192<br />

- POURA-MINES : ORPAILLEURS .••.•..•••...••••.. 193<br />

- NANANO : PIOCHON............................ 193<br />

- SITE DE ZANI: Sanon Salif dans un puits•.•. 196<br />

- POURA-MINES : terres végétales••••••...•••.• 196<br />

- Site de KANKIELOU : l'enceinte•.••.••••••••. 267<br />

- Site de ZANI: colporteur.•••..•.•.•.••••... 267<br />

- FARA : entraves pour esclaves ••••••••.•••••. 213

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