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UNIVERSITÉ DE PARIS 1 - PANTHÉON-SORBONNE<br />
.UER HISTOIRE<br />
L'EXPLOITATION TRADITIONNELLE DE L'OR<br />
SUR LA RIVE GAUCHE DE LA VOLTA NOIRE<br />
(Région de POURA - Haute-Volta)<br />
<strong>THÈSE</strong><br />
Jean-Baptiste KIETHEGA<br />
sous la direction de Monsieur le Professeur Jean DEVISSE<br />
Paris 1980<br />
.TiA..Z.· "60. rue·Raymond·,du Tempis. ·94300 Vincennes· Tel. 374.69.27
"Quan.d l'olt pén.ètlte. dans le. ma/1.c.hé, l'altge.n.t n.'a<br />
pluJ.J qu'a J.J ' éc.lipJ.J e:n:":<br />
Proverbe africain - MOSSI
IlSi L' ho mme. pe.ut q ue.Lq ue. chos e., iL ne. do nne.Jta<br />
jamu!.J tout ce qu'iL pe.ut".<br />
Proverbe africain - KHASONKE
i<br />
AVANT - PROPOS<br />
L'intérêt pour la recherche archéologique en<br />
Haute-Volta est récent. L'impulsion a été donnée il y a seule<br />
ment sept ans par le Professeur Jean DEVISSE de l'Université<br />
de PARIS I. Certes, avant lui, des découvertes fortuites et<br />
des collectes ont été faites par des amateurs de "choses_<br />
anciennes". On enregistre même deux ou trois recherches<br />
d'intérêt historique et archéologique, mais isolées et sans<br />
lendemain 1. L'absence d'une structure nationale, de gens et<br />
de moyens pour l'archéologie ne pouvaient que limiter la<br />
recherche dans ce domaine aux initiatives extérieures, elles<br />
mêmes très rares.<br />
1) Nous pensons - aux recherches du Professeur R. MAUNY sur les<br />
ruines du LOBI,<br />
- aux recherches de A. SCHWEEGER-HEFEL en pays<br />
KORUMBA,<br />
·-aux fouilles du Professeur WAY OGHOSSOU à RIM<br />
dans le YATENGA.
v<br />
A tous ces Informateurs, à l'Administrateur Lazare SOUBEIGA,<br />
à l'équipe de manoeuvres et à toute la population de l'ancien<br />
arrondissement de FARA, nous disons ici un grand merci pour<br />
nous avoir accepté en leur sein pendant toutes ces années.<br />
Ce travail leur revient et nous le leur dédions.<br />
A nos proches et amis, présents aux moments<br />
des grandes épreuves que nous avons traversées ces dernières<br />
années, nous disons tout simplement que nous n'oublions pas.
Introduction<br />
vi<br />
PLA N<br />
==========<br />
Pour une méthodologie de la recherche<br />
archéologique sur l'or.<br />
1) L'objet de la recherche<br />
2)La méthodologie<br />
3)Les limites du travail<br />
Première partie: Une région productrice d'or Pourquoi?<br />
Chapitre l - Les raisons géologiques de la présence<br />
de l'or<br />
l - 1 : La structure géologique_ de la<br />
haute-volta dans le cadre de<br />
l'Afrique de l'Ouest<br />
l - 1-1 : le socle<br />
l - 1-2: les unités du précarnbrie n<br />
l - 1- 3: les étages du primaire<br />
l - 2 L'origine de l'or<br />
l - 3 : Les types de gisements<br />
./<br />
.::<br />
l - 3-1 : Les gisements magmatiques<br />
l - 3-2 : Les gîtes d r imprégnation et filonniens<br />
l - 3- 3: Les gîtes alluvionnaires et éluvion-<br />
naires<br />
l - 4 La morphologie des gisements de la<br />
rive gauche de la Volta Noire.
viii<br />
III - 2 Les résultats des fouilles<br />
III 2-1: Les sites de mines<br />
III - 2-2: Les sites de campement.<br />
Deuxi ème partie Les techniques traditionne lles de la<br />
production de l'or<br />
Chapitre IV - Les techniques et les méthodes<br />
d'exploitation<br />
IV - 1 : La prospection<br />
IV - 2<br />
IV - 3<br />
IV - 4<br />
L'extraction du minerai<br />
Le lavage<br />
L'organisation du travail<br />
Chapitre V La production d'or et son évolution<br />
V - 1<br />
V - 2<br />
Les conditions économiques,<br />
politiques et sociales de la<br />
production de l'or dans la région<br />
de PCURA.<br />
L' absence de chiffres et les<br />
estimations possib les.<br />
Troisième partie L'or dans la vie économique et sociale<br />
de·laregion de POURA
ix<br />
Chapitre VI L 'or dans l'économie<br />
VI - l Le conunerce de l'or<br />
VI - 2 La thésaurisation<br />
Chapitre VII L'or dans la société.<br />
CONCLUSION. : L' or de POURA: passé ré cent "et perspectives<br />
BIBLIOGRAPHIE<br />
ANNEXES<br />
LISTE DES CARTES<br />
LISTE DES PLANCHES<br />
LISTE DES PLANS<br />
LISTE DES PHOTOS<br />
TABLE DES MATIERES<br />
d'-avenir.<br />
o<br />
o o
- l N T R 0 DUC T ION -<br />
POUR UNE METHODOLOGIE DELA RECHERCHE ARCHEOLOGIQUE SUR L'OR
- 2 -<br />
La dernière décennie a été marquée pour les<br />
voltaïques par le spectre de la famine (1) mais aussi par<br />
beaucoup d'espérances: espérance d'établir un ordre social<br />
plus juste par l'intermédiaire de lois fondamentales succes<br />
sives : constitution de la 2ème République en juin 1970<br />
suivie par celle de la 3ème République en novembre 1977<br />
espérance surtout de briser les chaînes de la misère chro<br />
nique par la mise en oeuvre de grands projets miniers grâce<br />
à la découverte de gisements qui sont apparus à tous comme<br />
une aubaine de la nature dont il faut profiter.<br />
Jusqu'alors, on déniait à la Haute-Volta, un quel<br />
conque avenir dans l'industrie extractive. Or, il est main<br />
tenant établi que si les possibilités minières du pays sont<br />
réduites, elles ne sont pas inexistantes.<br />
Lors d'une conférence donnée en mars 1977 sur les<br />
grands projets miniers de la Haute-Volta par deux principaux<br />
responsables nationaux (2) de la recherche minière et des-<br />
(1) La catastrophe naturelle de la sécheresse qui frappe les pays<br />
sahéliens d'Afrique a touché très rudement la Haute Volta, surtout<br />
de 1972 à 1975. Depuis une dizaine d'années, le déficit céréalier<br />
(base de l'alimentation) est resté chronique, difficilement compensé<br />
par des aides extérieures. La gravité de la calamité en<br />
Haute-Volta, la position géographique du pays jointe, ont poussé<br />
les intervenants à placer le siège du C.I.L.S.S. (Comité International<br />
de Lutte contre la Sécheresse au SAHEL) à Ouagadougou.<br />
(2) Il s'agit de Messieurs GAMSORE P. Emile, Directeur du Bureau<br />
Géologique et Minier de Haute Volta et OUED RAO GO Philippe,<br />
Directeur de l"Office du Projet TAMBAO (pour l'exploitation du<br />
Manganèse de TAMBAO).
- 3 -<br />
tinée aux professeurs d'Histoire-Géographie membres de l'As<br />
sociation Ibn Battuta (1), il a été dit qu'au Nord-Est du<br />
pays, à 300 km de la capitale, le manganèsè de TAHBAO (2)<br />
constituait un gisement important de 12 000 000 tonnes avec<br />
une haute teneur de 54 à 55 % de manganèse. Dans la même<br />
région, l'existence de calcaires à ciment (3) accroit la<br />
rentabilité d'une opération industrielle.<br />
Dans l'Est du pays, autour d'ARLY, de KODJOARI et<br />
d'ALOUB-DJOUANA (4), 250 000 000 tonnes de phosphates à<br />
bonne teneur attendent d'être exploités. Si l'on sait qu'en<br />
Haute-Volta la priorité est accordée au Secteur Agricole et<br />
que tous nos engrais chimiques sont importés, l'on mesure la<br />
portée de cette découverte.<br />
Les plus grands espoirs sont cependant placés dans<br />
l'or dont des gisements appréciables existent en pays LOBI et<br />
autour de POURA en pays GURUNSI (5). L'on sait que cet or est<br />
exploité de longue date par les Africains dont les travaux<br />
ont guidé sur le terrain les prospecteurs coloniaux. On n'a<br />
d'ailleurs des informations sur les anciennes activités miniè<br />
res que par les prospecteurs coloniaux et par quelques rap<br />
ports administratifs.<br />
Parmi les provinces aurifères d'Afrique Occidentale,<br />
le BAMBUK, le BURE, l'ASHANTI, ont acquis une grande réputa<br />
tion grâce à l'historiographie arabe et aux récits coloniaux.<br />
La réputation de l'or du LOBI et du GURUNSI a franchi moins<br />
(1) Il existe une association très dynamique des Historiens et Géographes<br />
de Haute-Volta baptisée du nom du globetrotteur arabe Ibn BATTUTA.<br />
Elle a été créée en 1967. Parmi ses activités, figurent conférences,<br />
séminaires, études de terrain.<br />
(2) Voir carte l, page 4.<br />
(3) Il s'agit des calcaires à ciment de TIN RHASSAN à une centaine de<br />
kilomètres au Sud-Oues t de TAMBAO. Dans le projet de TMfBAO, il est<br />
prévu une cimenterie qui permettra de faire face aux besoins nationaux<br />
actuellement satisfaits exclusivement par l'importation.<br />
(4) Voir carte l, page 4<br />
(5) D'autres gisements d'or ont déjà été étudiés ou sont à l'étude dans<br />
la région de KAYA et DORI au Nord du pays.
- 5 -<br />
de frontières. Pourtant, certaines mines voltaïques ont connu,<br />
comme ailleurs, une exploitation contemporaine qui aurait dû<br />
contribuer à les faire mieux connaître. En plus, sur le ter<br />
rain, les vestiges divers des travaux anciens sont d'une<br />
telle importance qu'on est surpris du peu de cas fait dans<br />
les études surl'industrie aurifère de ces régions.<br />
1. L'OBJET DE CETTE ETUDE.-<br />
C'est un peu pour combler ce vide, en tout cas pour<br />
contribuer à la connaissance de cette partie de notre passé,<br />
que nous avons entrepris cette recherche sur la région de<br />
POURA.<br />
Cette thèse s'est donc fixé pour objectifs:<br />
de rechercher les origines de l'entrée du métal jaune dans<br />
la vie des populations de la région de POURA ;<br />
- d'identifier le mieux possible les orpailleurs du passé et<br />
d'analyser l'impact de la production de l'or sur leur vie<br />
économique et sociale ;<br />
- de reconstituer la technologie employée pour l'exploita-<br />
tion des mines d'or et le traitement du minerai afin d'en ti<br />
rer des propositions utiles pour l'avenir minier de la<br />
région<br />
- enfin, d'essayer une quantification des productions d'or<br />
en tenant compte des fluctuations possibles dues aux cir<br />
constances historiques.<br />
En effet, la parenthèse coloniale dans l'histoire du<br />
continent africain a parfois freiné, parfois accéléré les<br />
activités économiques traditionnelles, faussant aux yeux du<br />
présent, la mesure directe qu'on peut se faire du passé. Il<br />
est par conséquent profitable de jeter aussi un regard sur<br />
le passé récent qui fournit un éclairage sur le passé pré<br />
colonial et surle présent. Comment rassembler l'information<br />
pour 'atteindre ces objec t.dfs ? "Pour 'notre 'part, la méthodo<br />
logie fut la suivante :
- 7 -<br />
- la bibliothèque dela SODEMI (Société de Développement et<br />
d'Exploitation Minière) à Abidjan. Les rayons de cette<br />
bibliothèque et les cartons des archives nous ont été lar<br />
gement ouverts par le conservateur. La Bibliothèque de la<br />
SODEMI s'est révélée pour nous, aussi utile que celle du<br />
Bureau géologique et Minier de Ouagadougou. On pourrait<br />
s'interroger sur la présence là, de documents sur POURA.<br />
La raison est que, du fait du partage de la Haute-Volta<br />
en 1932, la région de POURA s'est trouvée dans la part<br />
attribuée à la Côte d'Ivoire. Or, la crise économique<br />
mondiale et les besoins de guerre ont ensuite entraîné<br />
dans les colonies, une intensification des recherches<br />
minières. Celles sur la région de POURA ayant été faites<br />
dans le cadre de la Côte d'Ivoire, c'est dans ce pays<br />
que les documents ont été conservés ;<br />
- les archives nationales de Côte d'Ivoire: il y existe<br />
des informations sur POURA pour les mêmes raisons que pré<br />
cédemment. Cependant, les informations touchant les mines<br />
et les industries européennes sont à la SODEMI;<br />
- des documents qui peuvent se trouver à DAKAR du fait de<br />
l'ancienne appartenance à la Haute-Volta à l'Afrique<br />
Occidentale Française, nous n'avons pu consulter que<br />
quelques photocopies que notre .compatriote ZIDOUEMBA<br />
Dominique a bien voulu nous faire et nous envoyer.<br />
Cette dispersion des documents d'archives voltaïques<br />
due à l'organisation administrative coloniale et à l'écar<br />
tèlement du pays de 1932 à 1947 constitue un préjudice très<br />
grand pour notre pays et un handicap sérieux pour les cher<br />
cheurs. Il est vrai que le rapatriement des archives est<br />
un problème pour l'ensemble du continent, mais ne peut-on<br />
déjà opérer des restitutions locales, ne serait-ce que<br />
sous forme de copies comme l'a préconisé l'Association des
- 9 -<br />
quérir l'information dans les archives des circonscriptions<br />
administratives où il faut d'abord répertorier soi-même<br />
les documents avant de pouvoir les employer. D'ailleurs,<br />
leur état de conservation décourage toute bonne volonté.<br />
Nous ne pouvons que souhaiter que des moyens suffisants<br />
soient rapidement mis à la disposition du service national<br />
des archives, clef de nombreuses recherches au niveau du<br />
pays, et que ses cadres rivalisent de dynamisme pour<br />
pallier le manque de moyen.<br />
L'obligation de rechercher l'information écrite<br />
hors du pays a fait que l'essentiel de celle-ci n'a été re<br />
cueillie que cette année, après donc nos recherches sur le<br />
terrain. Elle n'a donc pu servir souvent d'indication pour<br />
les enquêtes sur place.<br />
2.2. La tradition orale<br />
Avant d'entreprendre toute recherche sur le terrain,<br />
nous pensions nous trouver en face d'un seul groupe ethnique<br />
les GURUNSI. Il fallut dès les premières enquêtes nous con<br />
vaincre de la nécessité de travailler au sein d'une dizaine<br />
de groupes ethniques différents, en employant si possible<br />
la langue de chacun. En effet, une avalanche de peuples<br />
étant accourue sur la rive gauche de la Volta Noire, cela a<br />
abouti à un brassage ethnique donnant une situation où des<br />
étrangers ont fini par perdre leur langue pour prendre celle<br />
des autochtones GURUNSI et où on observe une interpénétration<br />
des groupes au sein du même village, chacun conservant tou<br />
tefois sa langue et sa culture.<br />
Pour le chercheur étranger à cette société, la situa<br />
tion paraît au début, incompréhensible et inextricable.<br />
Au niveau de l'organisation politique et sociale<br />
traditionnelle dont la connaissance doit permettre d'orienter<br />
les recherches, nous nous aperçûmes qu'il s'agissait pour<br />
tout le monde de sociétés lignagères où la chefferie n'a pris
ouverture existante a été réalisée en 1950 par l'I.G.N. à<br />
une échelle de 1/50 OOOème (1). A cette échelle, la resti<br />
tution des détails telle la localisation d'un puits de<br />
80 centimètres de diamètre est difficile. Les résultats de<br />
cette tentative que nous exposons dans cette thèse, même<br />
s'ils ne sont pas touj-ours probants; peuvent-êtreaiuéliorés.<br />
En tout cas, la photographie aérienne reste, à nos yeux, le<br />
moyen le plus rapide pour l'établissement de cartes archéo<br />
logiques précises. Il convient de disposer cependant de<br />
photographies de bonne qualité et à grande échelle permettant<br />
une bonne résolution et des repères connus au sol (éléments<br />
qui nous ont souvent manqué) .<br />
Tout en essayant de résoudre les problèmes de carto<br />
graphie, nous avons mené des fouilles sur des sites choisis<br />
en raison :<br />
de l'importance de la surface exploitée par les anciens<br />
mineurs,<br />
d'une impérieuse invitation de la tradition orale qui<br />
accorde une plus grande importance historique à certains<br />
sites,<br />
- de vestiges apparents peu communs.<br />
C'est certainement au niveau de la recherche de<br />
l'information archéologique que nous avons rencontré le plus<br />
d'obstacles. Toutes les difficultés pour accéder aux sources<br />
écrites, pour recueillir la tradition orale, pour réaliser<br />
l'information archéologique, ont forcément introduit des<br />
limites à nos objectifs.<br />
(I)Mission I.G.N., A.O.F. ]952, 006 Ne - JO . XXII
- 13 -<br />
3. LES LIMITES DE CE TRAVAIL.-<br />
Les limites spatiales imposées au sujet à étudier<br />
ont été dictées par nos possibilités restreintes de recher<br />
ches sur le terrain. L'espace à étudier normalement était<br />
très vaste (plus de 1 000 km2 et une centaine de villages<br />
tant pour la collecte des traditions orales que pour la<br />
prospection et les sondages archéologiques, compte tenu du<br />
temps et des moyens matériels à notre disposition. Aussi<br />
avons-nous limité géographiquement la zone d'étude à celle<br />
du canton de NABOU, où se trouve POURA, principal centre<br />
minier de toute la rive gauche de la Volta Noire. En raison<br />
de cette limitation, nous nous sommes interdit de caracté<br />
riser notre étude par un qualificatif généralisant du genre<br />
exploitation traditionnelle de l'or en pays GURUNSI, car<br />
cela ne couvrirait pas l'entière réalité.<br />
Par contre, nous n'avons pas voulu introduire de<br />
limite dans le temps car, d'une part, connaître les origines<br />
de la production de l'or est l'un des objectifs de cette<br />
recherche, et, d'autre part, voir quelle place tient l'ex<br />
ploitation minière dans la société contemporaine ne nous<br />
paraissait pas dénué de tout intérêt.<br />
La restriction du champ des enquêtes orales menées<br />
seulement auprès des chefs, conseils villageois, maîtres de<br />
terre et chefs de grande famille de quelques groupes ethni<br />
ques, a peut-être affecté la quantité et la qualité de notre<br />
information.<br />
Cependant, les critères de choix de nos informa<br />
teurs étaient tels qu'ils nous permettaient de toucher à<br />
coup sûr des détenteurs de traditions sur la production d'or<br />
traditionnelle, que leurs ancêtres aient été mineurs ou non.<br />
En même temps, nous évitions la perte d'un temps difficile à<br />
gagner à la recherche scientifique.
14 -<br />
En choisissant aussi de limiter nos sondages à quel<br />
ques sites et à certaines parties de ces sites, nous n'igno<br />
rions pas les risques de tomber à côté d'un gisement archéo<br />
logique riche en informations, mais les critères retenus pour<br />
le choix des sites nous garantissaient, nous semble-t-il<br />
encore, un échantillonnage judicieux.<br />
Toutes ces restrictions du champ d'études dans l'es<br />
pace nous étaient disctées par des préoccupations de dispo<br />
nibilité en temps et en moyens matériels.<br />
Elles ont été aggravées par notre isolement et l'ab<br />
sence ou le manque de disponibilité des laboratoires spécia<br />
lisés auxquels nous devions soumettre nous échantillons<br />
archéologiques. Ainsi, les objets métalliques, les ossements<br />
n'ont pu être étudiés que sous l'angle de l'ethno-zoologie.<br />
Peu d'échantillons de charbon de bois ou de matière organique<br />
datable par les moyens radio-actifs ont pu être datés par<br />
les laboratoires en raison de leur encombrement.<br />
Nos recherches ont aussi souffert du manque d'une<br />
structure et d'une équipe de recherche archéologique en<br />
Haute-Volta. Nous avons organisé nous-mêmes une cellule<br />
archéologique au sein du département d'Histoire de l'Univer<br />
sité de Ouagadougou. Mais, l'équipe est seulement en voie de<br />
constitution.<br />
Il aurait fallu disposer pour la recherche dont nous<br />
présentons ici les résultats :<br />
- d'un topographe-géomètre pour les multiples relevés dont<br />
une bonne partie reste encore à faire, ;<br />
- d'un géographe pour l'étude de l'action de l'érosion dans<br />
la constitution des alluvions aurifères de la région de<br />
POURA ;<br />
- d'un linguiste qui se serait saisi des problèmes de l'évo<br />
lution de la langue de BOBO-DYULA et des conditions de la<br />
perte de leur langue par les DAGARI et certains BOBO-DYULA<br />
fondus aujourd'hui dans le groupe GURUNSI.
- 15 -<br />
Nous avons le sentiment d'avoir mené une lutte<br />
solitaire sur un champ de bataille qui réclamait de nombreuses<br />
autres compétences.<br />
Les résultats de recherches qui sont ici proposées,<br />
ont été rédigés avec toujours présentes à l'esprit ces limites<br />
qui, d'une manière ou d'une autre, ont pu affecter la fia<br />
bilité de l'information orale ou archéologique.<br />
/<br />
/<br />
/
PRE MIE R E PAR T l E<br />
============================<br />
PRODUCTION D'OR POURQUOI ?
CHA PIT R E<br />
LES RAISONS GEOLOGIQUES DE LA PRESENCE DE L'OR
- 19 -<br />
Dans cette structure, il convient de distinguer<br />
trois grands ensembles<br />
- le socle,<br />
- les unités du précambrien,<br />
les étages du primaire.<br />
1.1.1. Le socle<br />
Le socle est le fondement non seulement de<br />
l'Afrique Occidentale, mais aussi de toute l'Afrique. Ce<br />
substratum est constitué de granits et de gneiss. Certains<br />
auteurs (1) pensent qu'il ne faut pas en faire un substratum<br />
absolu car des granits et des gneiss se trouvent parfois<br />
intercalés entre les couches sédimentaires subjacentes par<br />
rapport auxquelles elles sont ou bien contemporaines, ou<br />
bien postérieures. Néanmoins, le schéma classique retient un<br />
socle-substratum, aujourd'hui presque totalement arasé, cons<br />
titué de granit et de gneiss sur lesquels se sont déposées<br />
les couches sédimentaires du précambrien et du cambrien.<br />
Ces unités sont au nombre de trois<br />
- Le précambrien inférieur encore appelé DAHOMEEN ; il se<br />
localise au BENIN (ex DAHOMEY), au TOGO ; il est absent<br />
en Haute-Volta.<br />
- Le précambrien moyen, bien représenté en Haute-Volta et<br />
dans les Etats voisins par les formations birrimiennes.<br />
- Le précambrien supérieur qu'on rencontre dans les mêmes<br />
régions que le précambrien moyen. On l'appelle aussi<br />
TARKWAIEN du nom du centre aurifère ghanéen de TARKWA.<br />
(1) P. BARLET, essai de présentation géographique de la Haute-Volta,<br />
études voltaiques nO 3, Ouagadougou, 1962, page ]5.<br />
(2) Voir planche n" l, page 22 et planche n° II page 23.
ERE GEOLOGIQUE<br />
ERE Quaternaire<br />
ERE Tertiaire<br />
ERE Secondaire<br />
ERE Primaire<br />
ERE Précambrienne<br />
ARCHEEN?<br />
Les temps Géologiques et leur Chronologie<br />
EPOQUE<br />
Pliocène<br />
Miocène<br />
Oligocène<br />
Eocène<br />
Continental <br />
Terminal<br />
CRETACE<br />
JURASSIQUE<br />
TRIAS<br />
PERMIEN<br />
CARBONrr'ERE<br />
DEVQNIEN<br />
SIUJ'RIEN<br />
CAMBRIEN<br />
SUP: TARKWAIEN<br />
Moyen: BIRRI<br />
MIEN<br />
Inf: DAHONEEN<br />
EVENEMENTS DE L'HISTOIRE<br />
GEOLOGIQUE LOCALE<br />
Pénéplaine de 350m<br />
PL r<br />
D'après P. BARLET, La<br />
Haute Volta, essai de présentation<br />
géographique.<br />
Etudes VOLTAIQUES n" 3, 1962<br />
page 14.<br />
Remplissage de la cuvette<br />
du SENO (Continental Terminal)<br />
Pénéplaine à 550 m<br />
Grès de Bandiagara (orduvicien)<br />
Grès de BOBO<br />
Grès du Gobnangou (Voltaïen<br />
Sup. chaînes volcaniques<br />
Inf. plissement Huromie<br />
Chaînes du Birimien férien<br />
aujourd'hui aplanies<br />
AGE<br />
(en. millions'<br />
d'années<br />
0,7<br />
45<br />
190<br />
300<br />
450<br />
1500<br />
2000<br />
Note 1 Sont soulignées les formations représentées en H.V.<br />
En raison des différentes évaluations existantes concernant<br />
les ères géologiques, nous reproduisons telles quelles les<br />
données de cet auteur. -<br />
Les altitudes s'entendent au-dessus du niveau de la mer.
- 24 -<br />
Pendant tout le cambrien et le silurien supérieur<br />
(Orduvicien) (2), des dépôts d'origine marine et continentale<br />
formés surtout de grès et de schistes primaires ont développé<br />
l'immense massif appelé "plateau Handingue" et qui, en réa<br />
lité, s'étend depuis le Sénégal, passe au Fouta-Dyalou et<br />
atteint la Haute-Volta où les géologues distinguent trois<br />
étages de dépôts :<br />
Les grès inférieurs, les plus anciens, qui se subdivisent<br />
en grès de base (BANFORA) et grès de SIKASSO (MALI). La<br />
dernière série de cet étage donne des reliefs accusés<br />
comme le mont TENAKOUROU dans la région de SINDOU (Haute<br />
Volta) .<br />
- Les grès schisteux et dolomitiques, tendres et au relief<br />
adouci de la région de BOBO-DIOULASSO et de TOillJ.<br />
- Les grès supérieurs, orduviciens, largement représentés<br />
au Mali (KOUTIALA, BANDIAGARA) avec quelques franges en<br />
Haute-Volta (FO, DJIBASSO).<br />
Dans cette structure, si l'on excepte le socle,<br />
on peut regrouper les terrains les plus profonds et les plus<br />
anciens appartenant tous à la catégorie dite des schistes<br />
cristallins dont les principaux représentants sont les gneiss.<br />
C'est l'unité du précambrien inférieur et l'étage du<br />
Birrimien inférieur dans l'unité du précambrien moyen.<br />
Les schistes c r Lst.aLLi.ns qui les composent sont d'origine<br />
métamorphique. Ces terrains ne se trouvent oas en couches<br />
horizontales mais sont au contraire très plissés, ayant subi<br />
à plusieurs reprises des actions mécaniques extrêmement éner<br />
giques.<br />
(1) L'essentiel de l'information de ce chapitre est puisé dans<br />
P. BARLET, essai de présentation géographique de la Haute-Volta,<br />
Etudes 'Voltàiques n'o 3, Ouagadougou , 1962, pages 21-'22.<br />
(2) Voir planche n" l, page 22 et planche II, page 23.
- 26 -<br />
Au-dessus des schistes cristallins, on a une série<br />
semi-métamorphique dont les constituants varient selon les<br />
régions. Cette série se caractérise par un métamorphisme<br />
très faible qui permet de reconnaître assez aisément les<br />
roches originelles. Ainsi, ce métamorphisme a transformé<br />
des grès en quartzites, roche plus dure, presque entièrement<br />
faite de quartz, mais dont l'origine grèseuse n'a pas com<br />
plètement disparu. Cette série semi-métamorphique est plis<br />
sée comme la séné antérieure des schistes cristallins mais<br />
les actions mécaniques ont été plus faibles entraînant un<br />
plissement également plus atténué. La différence entre les<br />
deux types de plissement est nette sur le terrain. Cette<br />
série semi-métamorphique s'identifie avec ce que nous avons<br />
appelé plus haut le birrimien supérieur et la Tarkwaïen.<br />
Au-dessus, enfin, vient une série qui n'est ni<br />
métamorphique, ni plissée. Il s'agit de ce qu'on appelle<br />
communément la série des grès horizontaux. Nous les avons<br />
décrits plus haut dans les formations primaires.<br />
Ces trois séries : schistes cristallins métamor<br />
phiques, série semi-métamorphique, série des grès horizontaux,<br />
ont tous été traversés par des roches éruptives d'âges di<br />
vers (1).<br />
Cette sommaire reconstitution géologique opérée, la<br />
question reste de savoir où l'on rencontre l'or dans ce<br />
schéma.<br />
1.2. L'ORIGINE DE L'OR.-<br />
Tous les géologues qui ont travaillé dans la région<br />
semblent admettre que les concentrations aurifères qui con<br />
duisent à des exploitations profitables se trouvent dans la<br />
. (l) Voi-r planche III, 'page '2 -'7
- 31 -<br />
En d'autres termes, "la minéralisation aurifère<br />
magmatique est la plus élevée et la plus fréquente dans<br />
les rochés nettement basiques. Elle est sensiblement plus<br />
faible et moins étendue dans les roches neutres. Les roches<br />
franchement acides, sauf quelques exceptions, paraissent<br />
pratiquement stériles (1).<br />
En Haute-Volta, l'on semble donc être en relation<br />
avec plusieurs venues éruptives d'âge et de compositions<br />
différents parmi lesquelles, les gabbros et roches vertes<br />
anciennes du birrimien supérieur d'une part, et certaines<br />
dolèrites récentes d'autre part tiennent une place prépondé<br />
rante.<br />
Néanmoins, sachant que l'or a des facilités d'asso<br />
ciation avec un très grand nombre de substances chimiques et<br />
que sa volatilité est également connue, il est possible que<br />
l'or magmatique lié à un milieu basique ait pu s'associer<br />
avec d'autres corps dans un milieu acide. Mais nous passons<br />
dès lors du problème de métallogenèse à celui des types de<br />
gisements. Avant d'y arriver, on peut ajouter qu'il est<br />
certes difficile pour un profane d'arbitrer une controverse<br />
scientifique de cette nature, mais il peut néanmoins cons<br />
tater que les roches énumérées comme susceptibles d'être<br />
métallogènes en or en Afrique Occidentale se trouvent repré<br />
sentées en Haute-Volta de part et d'autre de la Volta Noire,<br />
avec des extensions jusqu'au Nord et l'Est du pays. Les<br />
recherches ont confirmé la présence d'or.<br />
(1) J. SAGATZKY, la géologie et les ressources minières de la Haute<br />
Volta méridionale.<br />
Bull. Direction des Mînes, mém. n° 13, J904, page 159.
- 33 -<br />
1.3. LES TYPES DE GISEMENTS.- (1)<br />
La question de savoir comment se présentent les<br />
gites aurifères est peut-être celle qui intéresse le plus<br />
le prospecteur pressé de passer à l'exploitation. Les clas<br />
sifications des géologues ont peu de différences entre elles,<br />
sauf que l'une ou l'autre gagne en précision sur l'autre.<br />
Dans l'imagerie populaire, l'or est presqu'exclusi<br />
vement filonien. En Haute-Volta, l'or ne se rencontre pas<br />
dans de vrais filons (2), mais dans des lentilles de quartz<br />
épaisses, disséminées dans les terrains encaissants. C'est<br />
l'érosion qui est cause de cette situation. En effet, celle<br />
ci, par action chimique ou mécanique, désagrège les roches<br />
superficielles, libérant lentement l'or qu'elles contiennent.<br />
Cet or ne reste pas en place mais descend jusqu'au niveau<br />
de la roche non altérée. On obtient alors des éluvions (3).<br />
Par ailleurs, les eaux de ruissellement entraînent les<br />
roches désagrégées et l'or qu'elles contiennent. L'ensemble<br />
de ces débris forme des dépôts au fond des rivières donnant<br />
les alluvions (4). Les eaux courantes peuvent entraîner les<br />
(1) L'étude de J. SAGATZKY sur les types de gisement paraît la plus pré-<br />
. cise et la plus claire. Voir fiLa géologie et les ressources minières<br />
de la Haute-Vol ta mê r i di onal e".<br />
Bull. de la Direction des Mines, mém. nO 13, Dakar 1954, pages<br />
160 à 166, d'où l'essentiel de nos renseignements est tiré.<br />
(2) Il semble, en effet, que dans les filons de quartz, la minéralisation<br />
en or n'est pas continue. On trouve généralement des filonnets ou<br />
de simples lentilles aurifères aux teneurs très variables. Cette<br />
situation rend l'exploitation industrielle de ces gisements difficile.<br />
A POURA-mines, les géologues ont cependant découvert un filon de<br />
minéralisation continue sur une longueur d'environ 600 mètres que<br />
les anciens ont en partie dépilé.<br />
(3) Voir planche IV, page28 .<br />
(4) "Vo i r planche IV, page 28.
- 34 -<br />
alluvions aurifères assez loin de la zone minéralisée. En<br />
Afrique Occidentale, le déplacement des alluvions peut at<br />
teindre un kilomètre. Ce sont là des données générales. Dans<br />
le détail, l'or en Haute-Volta adopte cinq types de gites,<br />
répartis en trois époques.<br />
1.3.1. Le premier type de gîte intéresse les gisements<br />
magmatiques. Il s'agit de l'or originel, profond. C'est la<br />
première époque. L'or magmatique se présente alors à l'état<br />
libre, en partie en association avec d'autres substances<br />
telles que les sulfures (1).<br />
1.3.2. Les second et troisième types de gîtes correspon<br />
dent à un déplacement de l'or sous une action physico<br />
chimique. Ce déplacement donne des gîtes d'imprégnation<br />
(2ème type) et des gîtes filoniens (3ème type) . La minérali<br />
sation par imprégnation touche les terrains perméables tels<br />
que les schistes et quelques roches arénacées et les zones<br />
d'écrasement,de broyage. Les véhicules de l'or sont alors le<br />
plus souvent le sulfure, la silice, le cuivre, l'argent. Dans<br />
le cas de zones de broyage, les filonnets et veinules de<br />
quartz restent très nombreux. Les grosses lentilles de quartz<br />
à teneur élevée d'or y occupent parfois la partie médiane<br />
de la zone de broyage. Dans le type d'imprégnation, les te<br />
neurs en or sont faibles: 7,3 g/t.<br />
Cl) L'or peut se trouver en association:<br />
- avec l'argent, pour donner l'électrum<br />
- avec le sulfure, pour donner la pyrite;<br />
- avec le sulfure et le cuivre pour donner la calcopyrite ;<br />
- avec le cuivre pour donner la tellure.<br />
L'or libre est celui qui se présente dans sa gangue sans association<br />
avec un autre métal.
- ,35 -<br />
Le type filonien (3ème type) a des teneurs en<br />
or élevées. La moyenne est de 31 gjt. Il s'agit de remplis<br />
sage de quartz à inclusions de schistes graphiteux. Ces<br />
filons sont encaissés dans les formations birrimiennes, cons<br />
tituées de roches volcaniques et pyroclastiques transformées<br />
par métamorphisme régional en schistes charbonneux avec<br />
quelques bancs plus durs d'arkoses et de cinérites. La miné<br />
ralisation est auro-argentifère pyriteuse à or + argent à<br />
l'état généralement libre, plus rarement à l'état combiné.<br />
On trouve dans ces quartz, d'autres substances<br />
tels le cuivre, l'étain, le chrome, le carbone, le plomb,<br />
l'arsenic, etc...<br />
D'une manière générale, les types d'imprégna<br />
tion et de filons se rencontrent dans des zones faillées,<br />
surtout près des contacts entre le Birrimienet le Tarkwaien,<br />
ou entre le Birrimien supérieur et le Birrimien inférieur.<br />
Les deux types de gisements sont en relation assez constante<br />
avec des intrusions telles que : massifs de granite sodique,<br />
de porphyre, de granito-diorite, de diorite.<br />
Ces deux types de gisement se rencontrent dans<br />
les régions de Gaoua, Batié, Boromo où ils constituent les<br />
éléments d'une chaine qui va de Bondoukou à Borim.<br />
G. ARNAUD à qui nous devons une partie de cette étude<br />
ajoute : "près de POURA, on connaît de beaux affleurements<br />
filoniens, puissamment exploités par les indigènes avant<br />
la conquête, mais qui n'ont malheureusement pas fait l'ob<br />
jet de recherches (1). C'était en 1944 ; depuis la région<br />
arrière de POURA a reçu la visite de nombreux géologues. La<br />
dernière mission de géologues à POURA est celle du B.R.G.M.<br />
pour le compte de la SOREMI et qui y a séjourné de 1974 à<br />
'(1) G.ÂRNAUD, Les ressources minières de l'AL Occidentale,<br />
Bull. Direction Mines A.O.F., mém. nO 8, Dakar, ]944, page 58.
- 38 -<br />
Sud-Est de Ouagadougou, un orpaillage corttr61é des placers<br />
alluvionnaires a étê réalisé en 1940-1941. Dans ces divers<br />
gisements alluvionnaires, l'or est à faible teneur (0,5 g/m3 au<br />
maximum ) et se localise : (1)<br />
- dans la masse de la roche décomposée sur place,<br />
- dans la masse de la latente formée aux dépens de<br />
cette roche,<br />
- dans la zone d'arénation aux points culminants du<br />
haut relief,<br />
- dans le creux des Thalwegs naissant à la crète<br />
d'une chaîne pétrographiquement homogène et non<br />
écrasée.<br />
1.4. MORPHOLOGIE DES REGIONS AURIFERES DE LA RIVE GAUCHE DE LA<br />
VOLTA NOlRE.-<br />
Le modelé du relief obéissant généralement à la<br />
constitution géologique, il serait intéressant de savoir à<br />
quel modelé typique correspondent les gisements aurifères.<br />
Par la suite, pour un observateur averti, l'examen du profil<br />
des accidents du relief ou la lecture d'une carte où le<br />
nivellement est porté en courbes, permettrait de reconnaître<br />
si une région a chance d'être aurifère ou non.<br />
Dans l ',ensemble, une grande monotonie de paysage<br />
caractérise le relief de l'Afrique Occidentale et tout par<br />
ticulièrement celui de la Haute-Volta. Des accidents excep<br />
tionnels surgissent çà et là sous forme de collines isolées<br />
dans la plaine, d'escarpements ou de reliefs plus accentués.<br />
On explique cette platitude du relief par un aplanissement<br />
généralisé affectant plus particulièrement les.formations<br />
primaires, par un faible soulèvement de l'ensemble et par<br />
(1) J. SAGATZKY, Géo.logie et ressources nn m.eres de la Haute-Volta<br />
méridionale, Bull. Direction Mines A.O.F., mém. n" 13, Dakar, 1954,<br />
page 163. Les chiffres des teneurs qui ront données ici, sont ceux<br />
obtenus à l'orpaillage contrôlé de Gahogo en 1940-1941.
- 39 -<br />
l'éloignement de la mer (1). Dans l'ensemble de l'Afrique<br />
Occidentale, on distingue aux différents niveaux: une<br />
plaine de 250 â30Q m d'altitude et des plateaux de<br />
500 â 600 mètres.<br />
Le relief. voltaïque ne se singularise pas beaucoup<br />
dans le paysage général ouest-africain. Il est pour l'essen<br />
tiel formé d'une pénéplaine à l'altitude moyenne de 300 m.<br />
De cette pénéplaine émergent les plateaux primaires de<br />
l'Ouest, les chaînes volcaniques qui s'échelonnent depuis le<br />
pays Lobi au Sud jusqu'au Yatenga au Nord, et les dômes<br />
granitiques du Sud du pays r'J1:ossi, du Nord et de l'Est.<br />
La région de POURA se situe dans l'axe de la chaîne<br />
discontinue formée d'accidents volcaniques comprenant au<br />
Sud, les monts du Lobi, passant ensuite par LARO, POURA, LABA<br />
sur la rive gauche de la Volta-Noire, et se prolongeant au<br />
Nord par les collines de REO, PILIMPIKOU, BOKUM, BOUSSOUMA,<br />
MEGUET, ZORGO (2). Cette chaîne s'étire ainsi sur plus de<br />
500 km entre KAMPTI au pays Lobi et KRYA au Nord-Ouest du<br />
pays Mossi. Deux formes caractérisent ces accidents (3)<br />
"1°) des collines à pente raide mais régulière, à<br />
faîte étroit, à la silhouette hardie (4)<br />
2°) des collines qui, dans leur partie basse, ne<br />
diffèrent guère des précédentes mais dont, â mi-hauteur, la<br />
perrte se redresse brusquement à la verticale pour aboutir à<br />
un sommet tabulaire d'une horizontalité presque parfaite" (5).<br />
(1) S. DAVEAU, Principaux types de paysages morphologiques des plaines et<br />
plateaux soudanais. Information géographique, 26ème année, Paris,<br />
mars-avril 1962, page 61.<br />
(2) H. HUBERT, Le relief de la boucle du Niger.<br />
(3) P. BARLET, la Haute-Volta, essai de présentation géographique.<br />
Etudes voltaiques nO 3, Ouagadougou, 1962, page 28.<br />
(4) Exemple<br />
(5) Exemple<br />
le mont KOYO près de GAOUA. Note faite par nous.<br />
le mont KONKOLIKO près de HOUNDE. Note faite par nous.
CHA PIT R E l l<br />
LES CONDITIONS HISTORIQUES ET HUMAINES
- 45 -<br />
Nous avons montré plus haut que la reglon de POURA<br />
est détentrice de gisements aurifères d'importance variable.<br />
Ces gisements ont fait l'objet d'une exploitation moderne,<br />
surtout entre 1961 et 1965.<br />
L'arrêt des activités de la société des mines de<br />
POURA en fin d'année 1965 n'a pas empêché que la production<br />
d'or soit encore aujourd'hui une opération estimée profitable<br />
pour la Haute-Volta.<br />
Les problèmes qui se posent à la remise en exploi<br />
tation de l'or de POURA capitaux, équipements techniques,<br />
main d'oeuvre et contexte économique mondial, soulèvent, avec<br />
plus d'acuité pour l'historien, le problème des conditions<br />
humaines, techniques et historiques qui furent nécessaires<br />
pour lancer l'exploitation traditionnelle. Aujourd'hui, l'en<br />
semble de la Haute-Volta est qualifié de manière un peu incom<br />
préhensible "de terre des hommes" mais le pays GURUNSI, dont<br />
la région de POURA, a une densité de population à peine<br />
supérieure à 10 habitants au km2. Or, l'exploitation de l'or,<br />
en l'absence de la technicité moderne, a pu recourir à une<br />
main-d'oeuvre nombreuse. Où pouvait-on la prendre? L'exploi<br />
tation de l'or a sûrement obéi à des impératifs économiques<br />
circonstanciés ou à des besoins sociologiques. Comment déter<br />
miner ces contextes ?<br />
Sur le plan démographique, deux facteurs paraissent<br />
importants et capables d'avoir, par le passé, attiré à la<br />
région de POURA une nombreuse population :
- 49 -<br />
Dès le Xème siècle, Ibn El Faqih et Masoudi évo<br />
quaient l'or du Ghana. Ibn El Faqih écrivait à ce propos:<br />
"On fait dans le sable des plantations d!or COTIUl1e on plante<br />
des carottes. La récolte est au point du jour" (1). Masoudi<br />
utilise la même image pour marquer l'abondance en or du<br />
Ghana "il y a deux plantes aurigènes... on creuse des trous<br />
et on trouve les racines d 'or sous forme de pierres...<br />
L'or COTIUl1ence à pousser au mois d'août, à l'époque où le Nil<br />
commence à s'élever et grossir" (2).<br />
Ces descriptions naïves des mines d'or du Ghana<br />
indiquent simplement que leurs auteurs les ignoraient et<br />
n'avaient pas pu obtenir d'informations précises sur les<br />
mines et sur la manière d'exploiter l'or. Tous les auteurs<br />
arabes resteront dans l'ignorance des techniques réelles<br />
d'exploitation de l'or au soudan)même si, avec beaucoup d'ef<br />
fort, ils réussissent à localiser approximativement les gise<br />
ments.<br />
EDRISI écrit au XII ème siècle : "C'est une île de<br />
trois cents milles de long sur cent cinquante milles de large,<br />
qui est entièrement entourée par le Nil" (3). Cette locali<br />
sation est celle du BAMBUK. Elle concerne la région située<br />
entre le Sénégal au Nord, le Tinkisso au Sud, la Falerne à<br />
l'Ouest et le Niger à l'Est. EDRISI ajoute que "la province<br />
renommée pour la quantité et la bonté de son or, c'est le<br />
BAMB UK " (4) •<br />
De nombreux auteurs arabes ont décrit les cours<br />
fastueuses des souverains du Ghana et du Mali où l'or rutilait<br />
partout à chaque cérémonie politique. Grâce à eux, est pas-<br />
(1) Cité par E.F. GAUTHIER, l'or en Soudan, Annales d'Histoire Economique<br />
et sociale, n° 32, Paris, 1935, page 115.<br />
(2) Ti,té-'par E.-F.GAUTHIER, op. cit. page 115.<br />
(3) Cité par H. LABOURET, in l'échange et le commerce dans les archipels<br />
du Pacifique et en Afrique Tropicale, in Lacour-Gaxet, Ed. d'Histoire<br />
du Commerce, t. 3, Paris, 1953, page 54.<br />
(4) Cité par E.F. GAUTHIER, op. cit. Page 114.
- 51 -<br />
Occidentale au Nord de la forêt, du point de vue de l'instal<br />
lation de nombreux négociants est-elle devenue peu à peu une<br />
annexe culturelle du monde arabe, étayée par l'islamisation"<br />
(1) •<br />
Comment se fait-il donc ,qu·'àlors "que certains<br />
placers étaient connus et localisés, la plupart n'aient pu<br />
être décrits par les auteurs arabes. La réponse la meilleure<br />
est que les Arabes n'ont jamais parcouru les champs auri<br />
fères. Ils en ont toujours été tenus à l'écart. L'explication<br />
du mystère qui a entouré, dès l'origine, l'or du Soudan,<br />
tient à la fois de raisons sociologiques et de raisons pure<br />
ment matérielles. Parmi les raisons sociologiques, le secret<br />
entourant les gisements aurifères s'explique par le carac<br />
tère sacré qu'on donne à l'or. "L'or est précieux mais dange<br />
reux" nous a-t-on répété souvent au cours CE notre enquête,<br />
comme à d'autres avant nous. On peut donner comme raison ma<br />
térielle la volonté des souverains noirs de maintenir crois<br />
sante la production d'or en satisfaisant aux exigences des<br />
mineurs. En effet, les souverains des anciens royaumes afri<br />
cains avaient observé que toute intervention de leur part pour<br />
conquête ou islamisation entraînait une chute de laproduction<br />
d'or. Plusieurs auteurs arabes témoignent des observations<br />
des rois africains.<br />
n'abord Al BAKRlau Xlème siècle qui dit que le<br />
roi de Ghana ne faisait occuper ni exploiter les placers,<br />
mais se contentait de recouvrer les redevances annuelles (2)<br />
Al OMARI, après un entretien avec la suite du<br />
Mansa Moussa, à son escale au Caire en partance pour la<br />
Mecque en 1324 donne ce témoignage : "Les habitants de ce<br />
pays sont des paysans sauvages et si le sultan le voulait,<br />
il les soumettrait. Mais les souverains de ce royaume appri-<br />
(l)R. MAUNY, op. cit., page 301.<br />
(2) Al BAKRI, cité par H. LABOURET in l'échange et le commerce dans<br />
les archipels du pacifique et en Afrique tropicale, in Lacour-Gaxet,<br />
éd. d'Histoire du Commerce, t. 3, Paris, 1953, page 53.
- 53 -<br />
TARIK soudanais Cl) ,le BITOU de DUARTE PACHECO PEREIRA (2).<br />
La seule certitude que nous possédions est que les mines<br />
étaient jadis intensément exploitées lors de l'arrivée des<br />
Portugais sur les cOtes vers 1470. Ce fut précisément la<br />
richesse du pays en or qui amène leur établissement à la<br />
Mina (1484) (3).<br />
Nous retenons pour notre part, l'argument de l'é<br />
loignement des centres commerciaux médiévaux ouest-<br />
africains en ce qui concerne la région de POURA. Certes, elle<br />
est plus proche des métropoles de la boucle du Niger (4) que<br />
les provinces aurifères du Ghana ou de COte d'Ivoire, mais<br />
on doit considérer que vu sa position juste aux frontières<br />
méridionales du MOSSI (5), ce dernier formait pour elle un<br />
écran véritable. L'on sait que les Etats MOSSI sont restés<br />
peu perméables à l'Islamn jusqu'à la fin du XVIIème siècle.<br />
En tout cas, tous les chercheurs travaillant sur cette partie<br />
du Soudan se convainquent rapidement que les auteurs arabes<br />
sont d'une aide négligeable.<br />
(1) Note faite par nous. Le Tarik es Sudan d'Abderraman es Saadi parle<br />
de BITOU}origine de l'or allant à Teghaza; voir pages 22 à 37.<br />
Quant au Tarik El Fetach de Mahmud Kati, il parle de Bitou comme<br />
d'une province ayant appartenu aux empereurs de Sonzai, voir pages<br />
68 à 94.<br />
Ces informations ont permis à BINGER d'identifier BITOU à BONDOUKOU<br />
au Nord-Est de la Côte d'Ivoire,<br />
(2) Note faite part nous. Cet auteur dans le Esmeralda de Situ Orbis<br />
pages 65 à 67, 125 à 177, parle de BEETU à propor de l'or du<br />
Cantor (GAMBIE) et du troc muet.<br />
(3) R.MAUNY, Tableau géographique de 1 "Oues t Africain au Moyen-Age.<br />
Mém. de 1 'IFA1\l, Dakar, 1966, page 298.<br />
(4 ) Voir carte XVI, routes du COIIlIIlerce, page 260.<br />
(5 ) Voir carte XVI,routes du commerce, page 260.
_ 54<br />
H. LABOURET écrit "Les champs aurifères de la<br />
Gold-Coast méridionale, des provinces Bété, Attyé, Baoulé,<br />
Agni, Yaouré de la Côte d'Ivoire, des contrées Bobo et Lobi<br />
de Haute-Volta, n'étaient pas connues des gens du Maghreb.<br />
Leur production semble n'être entrée dans le circuit commer<br />
cial qu'à partir du XVIème siècle. Seules les exploitations<br />
du Soudan méridional et de la Haute-Guinée avaient été<br />
identifiées et approximativement situées par les marchands<br />
arabo-berbères" (1).<br />
L. TAUXIER renchérit en précisant le cas des<br />
G6urounsi dont la région de POURA : "Les Gourounsi sont restés<br />
inconnus des auteurs arabes du Moyen-Age, depuis Masoudi et<br />
Ibn Hawgal jusqu'à Léon l'Africain (X-XVIème siècles). Ces<br />
auteurs ne connaissent que le Nord du Soudan, le cours Moyen<br />
et Inférieur du Sénégal, le cours moyen du Niger" (2).<br />
Même les Jarik soudanais qui parlent du Mossi (3)<br />
et connaissent le Gurma (4) ignorent le GUR UN SI et par con<br />
séquent, la région de.P0URA. On peut se demander si les rai<br />
sons sociologiques et économiques qui ont ailleurs maintenu à<br />
(1) H. LABOURET, L'échange et le commerce dans les archipels du Pacifique<br />
et en Afrique tropicale, in Lacour-Gaxet, Ed. Histoire du Commerce,<br />
t , 3, Paris, 1953, page 52.<br />
(2) L. TAUXIER, Nouvelles notes sur les MOSSI et les GOUROUNSI,<br />
Paris, Larose, 1924, page 36.<br />
(3) Le Tarik de Fettach parle à maintes reprises des MOSSI aux pages<br />
85, 89, 90, 92, 134, 135, 214, 333, 334<br />
Pour sa part, le Tarik Es Sudan mentionne ce peuple en pages<br />
16, 17, 46, 112, Il 3, 115, 121, 122; 168, 173, 179, 192, 284.<br />
(4) Des mentions sur le GURMA existent dans le Tarik El Fettach en<br />
pages 41, lOS, 115, 116, 147, 152, 154, ]56, 179,205,209,210,<br />
220,23],299,300,426,430,433,<br />
et dans le Tarik Es Sudan en pages 163, 188, 273, 275, 277, 298.
- 56 -<br />
siècle dernier, qui, établissant une carte des pays aurifères<br />
du monde, plaçait le BAI·ffiUK au premier rang mondial et bien<br />
au-dessus de la Californie. Toutes ces erreurs proviennent<br />
du manque d'information sur les localisations et la valeur<br />
réelle des gisements aurifères de l'Afrique Occidentale.<br />
L'explorateur COMPAGNON semble avoir été le premier européen<br />
à visiter leBAI1BUK en 1698 (l). En réalité, il faut attendre<br />
la deuxième moitié du XIxème siècle avec le " s c ramble" pour<br />
avoir des informations sur les placers i encore restent-elles<br />
souvent vagues. Les propriétaires des mines et ceux-là qui en<br />
vivent ont tenté de protéger les placers comme par le passé.<br />
En 1710, LA COURBE, directeur de la Compagnie du Sénégal dit<br />
que les Marabouts de TAMBAOURA empêchaient les étrangers<br />
d'approcher les mines (2). A la fin du XVIIIème siècle,<br />
MUNGO PARK fait la même observation. Auparavant, en 1724,<br />
l'explorateur PELAYS est assassiné près de TAt-l.BAOURA sans avoir<br />
atteint les mines (3). Certains pensent que le désir de con<br />
server le mystère autour de l'origine de l'or, a poussé pro<br />
bablement certains peuples à cesser l'exploitation à l'ar<br />
rivée des Européens. Aussi, F. BLONDEL (4) dans un rapport<br />
de 1936, après avoir constaté le maintien des exploitations<br />
traditionnelles d'or dans les régions de SIGUIRI, BOUGOUNI,<br />
SATADOUGOU et la disparition de celles-ci au Sud-Est et au<br />
Centre de la Côte d'Ivoire, son ralentissement au LOBI, pour<br />
suit: "Le première idée qui vient à l'esprit est que les<br />
(1) R. FURaN, Les ressources minières de l'Afrique,<br />
Paris, Payot, 1944, page 67.<br />
(2) H. LABOURET, L'échange et le commerce dans les archipels du Pacifique<br />
et en Afrique tropicale, in Lacour-Gaxet, Ed. Histoire du Commerce,<br />
t . 3, Paris, 1953, page 55.<br />
(3) R. FURaN, op. cit., page 67.<br />
(4) 'F. BLONDEL, Mission en Afrique Occidentale Française (fév. juin ]936),<br />
Archives Nationales Françaises. Section TP, carton 149, dossier 1,<br />
page 47.
- 57 -<br />
exploitations aurifères ont cessé à l'arrivée des Français<br />
par crainte de révéler à ces derniers une source importante<br />
de richesse. L'exception apparente de SIGUIRI proviendrait<br />
de l'assurance formelle (dont jusqu'à présent on n'a pas<br />
retrouvé de traces écrites mais qui est affirmée par tous les<br />
notables de la région) qu'aurait donnée le Général Galliéni<br />
lors de son arrivée à SIGUIRI : que les indigènes pourraient<br />
continuer en toute liberté d'exploiter l'or".<br />
Donc, même pour des régions d'accès plus facile<br />
aux Européens, tel le Soudan septentrional, il faudra souvent<br />
attendre le début du XXème siècle pour voir de vraies re<br />
cherches sur l'or de l'Afrique Occidentale.<br />
L'or de POURA apparaît dans les écrits pour la pre<br />
mière fois en 1888 sous la plume du Capitaine BINGER (1).<br />
L'explorateur passa à côté de POURA alors que des trois iti<br />
néraires qui lui étaient proposés pour se rendre au MOSSI,<br />
deux passaient par POURA. Il préféra l'itinéraire situé plus<br />
à l'Ouest afin d'éviter les raids ZEID1A qui tenaient la<br />
région de LEO. L'explorateur consacre d'ailleurs très peu de<br />
place à l'or de POURA. Il le signale premièrement en parlant<br />
des placers de BAGASSI (2) qu'il a traversés: "Ce bassin<br />
aurifère semble se prolonger jusque sur la rive gauche de la<br />
Volta. Les villages GURUNSI que j'aurai à traverser se<br />
livrent également à l'exploitation de l'or.<br />
Le métal de ces régions est d'un beau jaune, mais<br />
légèrement plus pâle que celui du LOBI, qui est lui-même plus<br />
pâle que celui de GOTTOGO (3).<br />
(1) Capi taine BINGER, Du Niger au Golfe de Guinée par le pays de KONG<br />
et le MOSSI (1887-1889).<br />
lêre édition, Hachette, 1892.<br />
2ême édition, Société des Africanistes, Paris, 1980, t. 1,513 pages<br />
t. 2,416 pages.<br />
(2) 'Voir carte L, page 4.<br />
(3) Capitaine BINGER, op. cité, page 415.
- 58 -<br />
Quelques pages plus loin , il nomme enfin POURA à<br />
propos des chemins menant au MOSSI :<br />
"Trois chemins conduisent de ROROMO vers le MOSSI<br />
- le premier passe à BAPORO , LADIO , BOUGANIENA et<br />
entre dans le 'MOSSI à BANIENA<br />
- ledelixième passe à POURA, TO, SILLE et se ratta<br />
che à KASSOGO au chemin WAGHADOUGOU-WA ; il rejoint le premier<br />
à BOUGANIENA ;<br />
- le troisième passe également à POURA , mais, de là,<br />
se dirige sur SATI, SAPOVI, BAOUEZA, WAGHADOUGOU" (l)<br />
et FANA (2).<br />
La Volta Noite, dit Binger, passe près de POURA<br />
L'explorateur note que l'exploitation tradition<br />
nelle de l'or se poursuit moins timidement à POURA que dans<br />
le reste du GURUNSI, mais passe en réalité rapidement sur les<br />
ressources aurifères de la région. On peut relever en effet<br />
successivement les passages suivants :<br />
"BAPORO et POURA (le gué se trouve à 7 km au Sud<br />
Est du gué de BAPORO) ont des relations assez suivies avec<br />
les MOSSI de BOROMO, auxquels ils vendent des cocons de<br />
vers à soie et un peu d'indigo. Les MOSSI, de leur côté,<br />
séjournent de temps à autre dans ces deux villages quand ils<br />
viennent chasser dans les environs" (3). Comme on peut le<br />
constater, il n'est pas question de commerce d'or entre la<br />
rive gauche et la rive droite dans le récit de Binger. Peut<br />
être n'a-t-il pas eu l'information; ou a-t-il oublié de le<br />
mentionner. Nous reviendrons sur la question à propos du com<br />
merce de l'or.<br />
(1) Capitaine BINGER, op. cit. page 428.<br />
(2) Capi taine BINGER, op. ci t , page 428. FANA du texte es t à. identifier<br />
avec FARA actuellement chef-lieu de sous-préfecture.<br />
(3) Capitaine BINGER, Du Niger au Golfe de Guinée par le pays de KONG<br />
et le MOSSI (1887-1889), Paris, Hachette, 1892, page 429.
- 63 -<br />
Le recensement général de 1975, quant à lui, a<br />
voulu délibérément ignorer le fait ethnique. Celui qui diri<br />
geait toutes les opérations du recensement, M. Georges SANOGO<br />
(1) s'en est expliqué à la télévision nationale lors d'une<br />
table ronde précédant le recensement. Au cours de celle-ci,<br />
les chercheurs présents ont exprimé leur désaccord pour cette<br />
prise de position politique. Le recensement s'est ainsi ef<br />
fectué par village. Pour chaque village, le fichier indi<br />
quait l'ethnie dominante sans préciser le nombre ni la propor<br />
tion de chaque groupe ethnique composant le village. On est<br />
donc en droit de ne pas se fier à la qualification de groupe<br />
ethnique dominant accolée à chaque village. L'exploitation<br />
des résultats du recensement général pourraient cependant<br />
être intéressante même pour l'histoire si l'on disposait<br />
de données plus anciennes sur le peuplement de la région.<br />
Cela n'est pas le cas.<br />
En nous limitant à la sous-préfecture (2) de PARA<br />
dans lequel se trouve notre zone d'étude, pour une popula<br />
tion totale de 42 767 habitants vivant dans 67 villages, on<br />
dénombre, suivant le recensement général de 1975<br />
- 32 villages à prédominance NUNA (GURUNSI) avec 12 548 habi-<br />
7 villages<br />
4 villages<br />
3 villages<br />
tants,<br />
- 14 villages à prédominance BOBO (sans distinction) avec<br />
12 796 habitants,<br />
à prédominance DAGARI avec<br />
à prédominance MOSSI avec<br />
à prédominance SISSALA et<br />
avec l 883 habitants,<br />
11 183 habitants,<br />
2 439 habitants,<br />
PUGULI (GURUNSI),<br />
(1) Monsieur Georges SANOGO, Docteur es-sciences démographiques, est<br />
présentement ministre du plan et de la coopération internationale<br />
de la République de Haute-Volta.<br />
(2) Au moment du recensement général en ]975, FARA n'était encore qu'un<br />
arrondissement. Il a été érigé en sous-préfecture en 1979 dans ses<br />
limites anciennes.
- 65 -<br />
De la somme des informations recueillies, il est<br />
apparu qu'aucun des groupes présents n'est vraiment autoch<br />
tone mais que les GURUNSI-NUNA pourraient jouer ce rôle<br />
d'autochtones. Les DAGARI seraient venus du Sud de même que<br />
certains DYAN.<br />
D'autres DYAN, les BWAWA (1) et les BOBO-DYULA se<br />
raient originaires de la rive droite de la Volta-Noire. La<br />
présence MOSSI est attestée à diverses époques difficiles<br />
à préciser mais ils paraissent être à l'origine de la création<br />
de certains villages, dont POURA. Il faut cependant souli<br />
gner que la plupart des MOSSI qui peuplent le secteur, se<br />
sont fixés là il Y a parfois à peine une quinzaine d'années,<br />
chassés des plateaux déshérités du centre du pays par l'en<br />
vahissement progressif du Sahel. On assiste encore aujourd 'hui<br />
à la naissance de villages MOSSI comme celui surgi en 1978<br />
au bord de la route de POURA, à 7 km de la bifurcation et qui<br />
compte déjà une dizaine de concessions (2).<br />
Si les MOSSI arrivent attirés par les terres plus<br />
fertiles et mieux arrosées de la vallée de la Volta-Noire,<br />
on rencontre à POURA quelques familles YORUBA et HAOUSSA<br />
vivant de commerce et installées là il Y a une vingtaine<br />
d'années au moment où l'or de POURA connaissant une exploi<br />
tation industrielle.<br />
On croise enfin des PEUL qui possèdent des campe<br />
ments et des troupeaux importants à côté de NABOU et de<br />
FITIEN. Certains sont des transitaires conduisant au Ghana<br />
distant d'à peine 80 km, des troupeaux de boeufs et de mou<br />
tons.<br />
(1) Ceux que l'ethnographie coloniale a désignés sous le nom de BOBO-OULE<br />
(Bobo rouges) s'appellent en réalisé BWA au singulier et<br />
BWAWA ou BWABA au pluriel. Leur langue et leur pays sont désignés<br />
:p.ar eux .pa r le .t.e rme BWAMU.<br />
(2) Concession: ce mot désigne ici un groupement de cases abritant<br />
les éléments d'une grande famille africaine. Nous l'emploierons<br />
toujours ici avec ce sens.
- 66 -<br />
Ce rapide tableau de la population actuelle montre<br />
sa diversité. On pourrait facilement conclure à l'attrait<br />
du métal précieux. Or, il n'en est rien si l'on suit les<br />
traditions unanimes pour désigner un groupe qui apparaît<br />
rarement dans les études ethnographiques mais qui se serait<br />
spécialisé dans le commerce et l'exploitation des mines d'or.<br />
Il s'agit des BOBO-DYULA que les GURUNSI ont bap<br />
tisés SANKURSI (au singulier SANKURA) (1), c'est-à-dire<br />
littéralement les "creuseurs d'or". Une longue analyse des<br />
traditions recueillies nous autorise à tracer ce cadre de<br />
mise en place du peuplement et à proposer les itinéraires<br />
de migrations suivants : (2)<br />
Les GURUNSI-NUNA semblent avoir occupé la rive<br />
gauche de la Volta en même temps ou juste avant l'arrivée des<br />
DYAN et des DAGARI.<br />
A la même période se situe une migration MOSSI<br />
venant de MANE, village situé à une centaine de kilomètres<br />
au Nord de Ouagadougou. Nous appellerons ces MOSSI, les<br />
"MOSSI anciens". C'est après les GURUNSI, les DYAN, les DAGARI<br />
et les MOSSI anciens qu'arrivent les BOBO-DYULA. Leur venue<br />
est très remarquée à cause de leur spécialisation de travail<br />
leurs des mines d'or. Les BWAWA et les MOSSI récents sont<br />
venus par la suite.<br />
(l) Ces "SANKURSI" même s'ils acceptent cette appellation par leurs<br />
hôtes GURUNSI, s'affirment être des BÜBÜ-DYULA. Aussi, les désigneronsnous<br />
par ce vocable, pour leur restituer leur identité réelle et pour<br />
réparer un peu le préjudice qui leur a été causé par des auteurs qui<br />
nous ont précédé et qui les ont classés parmi les GURUNSI.<br />
(2) Voir carte VIII: Carte des migrations dans les pays de la Volta<br />
Noire, page 67.
- 71 -<br />
La tradition à NABOU :<br />
La tradition de NABOU prétend qu'il n'y avait aucun<br />
autre village dans les environs à la création du village.<br />
Cette ancienneté et plus les conquêtes ultérieures, justi<br />
fieraient la présence là d'une chefferie de canton.<br />
Cette tradition donne aussi les GURUNSI comme<br />
premiers occupants des lieux. La première famille GURUNGA (1)<br />
de NABOU est celle des IDO. Elle est originaire de SATI,<br />
village situé près de LEO. Lorsqu'elle vint dans la brousse<br />
de NABOU, elle s'établit aux pieds de la colline KYE, aujour<br />
d'hui colline sacrée (2). L'ancêtre s'appelait IDO BATIBI<br />
YIN-YON.<br />
La deuxième famille GURUNSI à venir habiter NABOU<br />
est celle des NIGNAN. Ils sont originaires de VANDO-NAPONE<br />
vers SABOU. Leur ancêtre NIGNAN DOUMOUNOU aurait été un<br />
grand magicien. Il arriva à NABOU par la voie des airs.<br />
L'ancêtre IDO le pria de descendre et prendre quelques<br />
rafraichissements. Ce qu'il accepta.<br />
Lorsque les salutations d'usage furent échangées<br />
l'ancêtre IDO demanda au magicien d'user de ses pouvoirs<br />
surnaturels pour chasser les mauvais génies de la brousse<br />
de NABOU. Le magicien chassa les mauvais génies. L'ancêtre<br />
ISO demanda ensuite un médicament pour ses femmes, dont les<br />
grossesses finissaient par des fausses couches. Le magicien<br />
saigna et guérit les femmes de IDO BATIBI. Ce dernier retint<br />
auprès de lui cet hôte aux grands pouvoirs. Il conversa la<br />
maîtrise de la terre mais la famille NIGNAN partagea un peu<br />
ce pouvoir par les liens très étroits qui unirent IDO et<br />
NIGNAN.<br />
(1) GURUNGA : singulier de GURUNSI en MORE, langue des MOSSI qUl auraient<br />
forgé ce mot qu'aucun GURUNGA ne reconnaît.<br />
(2) Colline située à l'Est du village de NABOU. Elle recèle une grotte<br />
spacieuse (environ 100 m2) où se réfugie la population en cas de<br />
danger. Son entrée est masquée par de gros rochers.
- 78 -<br />
DAGARI - DYAN (1), on ne peut que situer à la fin du<br />
XVIIIème siècle, la mise en place du peuplement DYAN et<br />
DAGARI. Les MOSSI qui, dans la tradition} leur sont contem<br />
porains, sont donc également arrivés à la fin du XvrIIème<br />
siècle ou au début du XIXème siècle. Les autres n'ont pu<br />
arriver que plus tard.<br />
Le village de NABOU semble être le point de<br />
départ de l'expansion BOBO-DYULA sur la rive gauche de la<br />
Volta. En tout cas, la tradition nous dit que les premiers<br />
(1) Les chronologies de H. LABOURET et de G. SAVONNET à propos des migrations<br />
LOBI-DYAN-DAGARI apparentés, donnent des dates très proches.<br />
L'écart d'une dizaine d'années qui existe parfois présente à notre<br />
aViS très peu d'importance.<br />
Voir<br />
- H. LABOURET, nouvelles notes sur les tribus du rameau LOBI,<br />
mémoire nO 54, IFAN, Dakar, 1958, page 5].<br />
- G. SAVONNET, quelques notes sur l'histoire des DYAN<br />
bulletin IFAN, t. XXXVII, nO 3, Dakar, 1975.<br />
- Carte VII carte des migrations au XVlllème-XIXème siècles dans<br />
les pays de la Volta Noire, page 67.<br />
(2) A propos de l'origine des BOBO-DYULA, Y. PERSON donne les éléments<br />
suivants dans liEn quête d'une chronologie ivoirienne'; in<br />
:theHistorian in Tropical Africa, Oxford University, Press, ]964,<br />
page 332 : au XVlème siècle, des migrations pré-malinkés se seraient<br />
dirigées d'Ouest en Est aboutissant à la création des villes de<br />
BORON et de BEGO puis à la fin du siècle, à la constitution du<br />
royaume GONDJA.<br />
Au XVlème siècle, se situeraient également les premières<br />
migrations et implantations de DYULA à BOBO. Ces DYULA se mélangeant<br />
aux BOBO, anciens occupants, auraient donné les BOBO-DYULA Dans<br />
SAMORI, une révolution DYULA, page 97, le même auteur dis tingue<br />
les DYULA qui, dans les pays de la COMOE et de la VOLTA NOIRE<br />
auraient conservé une grande originalité basée sur la langue, le<br />
commerce et l'islam.
- 82 -<br />
mière occupation BOBO-DYULA, peut-être le temps d'une géné<br />
ration, un reflux sur la rive droite, répondant à l'appel de<br />
l'islam, et un retour récent sur la rive gauche pendant la<br />
période coloniale. Lès traditions en tout cas, font état<br />
d'un mouvement de va-et-vient entre les deux rives de la<br />
Volta.<br />
A TON, on conserve très peu de souvenirs sur les<br />
débuts de l'installation des BOBO-DYULA. "Ils sont arrivés<br />
après les DYAN" dit la tradition GURUNSI. "Nous sommes<br />
arrivés après les BWAWA et il n'y avait plus d'exploitation<br />
d'or" disent les deux familles SANOU qui résident à TON. L'une<br />
aurait quitté POURA après un différend avec les GURUNSI et<br />
après de courts séjours à SOUMBOU, HOURBONOU, WAHABOU,<br />
serait venue s'établir à TON. Le départ de POURA est effec<br />
tué par WETRE, le grand-père de notre informateur.<br />
La deuxième famille SANOU viendrai t de BANGA, dans<br />
la région de SAFANE. Dans sa migration, elle a séjourné à<br />
WAHABOU et SOUMBOU avant de venir à TON. Les-SANOU de BANGA<br />
ont trouvé aussi les BWAWA sur place et il n'y avait plus<br />
d'exploitation d'or.<br />
Il faut donc convenir que les nombreux puits qui<br />
relèvent de la terre de TON ont été creusés par d'autres<br />
BOBO-DYULA, peut-être les ancêtres lointains des actuels.<br />
Lorsqu'on considère dans son ensemble la mise en<br />
place du peuplement BOBO-DYULA sur la rive gauche, on peut<br />
retenir comme probable les faits suivants :<br />
1°) Le front pionnier a été constitué par les<br />
TRAORE et les SOUMOUNI de NABOU. Ce groupe ne semble pas<br />
avoir reçu un apport ultérieur. En tout cas, uaucne tradition<br />
ne mentionne l'arrivée et l'installation d'autres BOBO-DYULA<br />
à NABOU. Par contre, la tradition de NABOU parle d'expansion<br />
vers FARA , POURA, NANANO. Rien dans les traditions des<br />
villages concernés ne confirme cette expansion à partir de<br />
'NABOU.
- 86 -<br />
droite et d'où ils venaient commercer à POURA. Après avoir<br />
mené des relations avec la population locale, ils ont fini<br />
par se fixer sur la rive gauche. Du temps où ces MOSSI fai<br />
saient le commerce avec POURA à partir de BOROMO, les BOBO-DYULA<br />
exploitaient encore les mines. Mais ils avaient cessé cette<br />
activité quand les MOSSI de BOROMO vinrent s'installer à POURA.<br />
La deuxième catégorie est composée de MOSSI musul<br />
mans arrivés plus récemment (30 ans) et ayant ouvert des<br />
écoles coraniques à SANEMBOULSI et KONZENA.<br />
La troisième catégorie est faite de MOSSIS à la<br />
recherche de bonnes terres. Ils sont les plus nombreux et<br />
continuent d'arriver chaque année dans la région. L'annonce<br />
de la réouverture de la mine d'or de POURA semble avoir accru<br />
le mouvement migratoire mossi vers POURA. Plus nombreux à<br />
BOLMAKOTE (1), les migrants sont à l'origine d'une spéculation<br />
foncière.<br />
BWAWA et MOSSIS récents semblent avoir eu l'agricul<br />
ture comme activité principale depuis leur installation. En<br />
plus de cela, les MOSSI ont fait du commerce ou mené des<br />
actions religieuses.<br />
Dans cette présentation des peuples, il y a certai<br />
nement des omissions. Ainsi, nous n 1avons pas parlé des BOZO<br />
qui avant 1974 étaient nombreux à PARA et POURA et s'occupaient<br />
presqu'exclusivement de pêche. Nous nI avons pas enquêté en<br />
milieu peul qui élève et conduit des troupeaux de boeufs vers<br />
le GHANA voisin. Mais les groupes ici étudiés sont ceux<br />
dont les traditions peuvent contenir des éléments importants<br />
pour notre étude .<br />
.(]) BOLMAKOTE .aut·l?enom de .POURA-MINES.
CHA PIT R E l l l<br />
L'INFORMATION ARCHEOLOGIQUE
- 90 -<br />
111.1. LA CARTOGRAPHIE DES SITES<br />
AERIENNE. - .<br />
LE ROLE DE LA PHOTOGRAPHIE<br />
Parmi les grandes difficultés rencontrées lors de<br />
nos recherches dans la région minière dePOURA, figure la<br />
confection de la carte archéologique de l'or. Nous avons dû<br />
recourir à trois sources pour son établissement :<br />
- dans la documentation écrite existante, quatre cartes of<br />
fraient un intérêt archéologique certain. Elles portaient<br />
malheureusement seulement sur le secteur qui intéresse<br />
l'industrie moderne, à savoir les environs immédiats de<br />
POURA dans un rayon de la kilomètres,<br />
par la tradition orale, nous avons tenté un repérage des<br />
sites d'anciennes exploitations et des sites de campements<br />
lités aux exploitations. Malheureusement, l'enquête n'a pu<br />
être mené au-delà du canton de NABOU. Un avantage important<br />
de la tradition orale sur les cartes existantes est que<br />
dans certains cas, les informateurs ont pu nous donner une<br />
chronologie de l'exploitation au niveau des sites relevant<br />
d'un même village. La tradition orale a cependant une limite<br />
ici très gênante pour l'archéologue: de nos jours, les<br />
vestiges de l'exploitation minière n'offrent aucune valeur<br />
à leurs yeux. Aussi, les sites peu étendus, les puits isolés<br />
nombreux dans le paysage ne SOfrt plus connus et il faut les<br />
découvrir soi-même. Cela revient à dire qu'un recensement<br />
intégral des sites archéologiques de l'or sur la rive gauche<br />
de la Volta Noire implique un parcours de contrôle à l'in<br />
térieur du quadrilatère réputé minier et délimité au Nord<br />
par la route Ouagadougou-Bobo, à l'Est par celle qui va de<br />
SABOU à LEO, au Sud par la route LEO-WESSA et à l'Ouest,<br />
par la Volta Noire. Soir parcourir, de la manière la plus<br />
serrée, environ 800 km2.
- 97 -<br />
Le plan de SAGATZKY ne comprend malheureusement<br />
pas la région au Sud de FARA. Par conséquent, les sites que<br />
nous avons reconnus à NABOU ne s'y trouvent pas.<br />
- Le plan du Filon G. (1) en raison de la coincidence entre les<br />
tranchées et puits indigènes et le tracé géologique des<br />
éléments du filon G, livre un plan plus précis des travaux<br />
anciens aux abords des installations de l'usine moderne<br />
construite en proximité du filon G.<br />
- Le croquis de la colline de TON (2) en plus des données<br />
géologiques met en corrélation celles-ci avec les tailings<br />
et puits indigènes. Le croquis offre aussi les rapports<br />
entre le relief et les vestiges d'exploitation ancienne<br />
d'or.<br />
- Le croquis de DORA-BOUE (3) réalisé à la même échelle et<br />
très probablement par le même opérateur qu'à TON, nous<br />
donne aussi les puits et les tailings dans leur contexte<br />
géologique et orographique.<br />
Des plans détaillés comme ceux du Filon G, de la<br />
colline de TON et de DORA BOUE, nous auraient été très utiles<br />
avant les fouilles réalisées sur les sites relevant de FARA ,<br />
NABOU, NANANO et POURA. Nos essais pour en obtenir ont été<br />
vains à l'exception du minutieux travail de M. LEBOULAIRE (4)<br />
sur le site de ZANI réalisé à partir de photographies aériennes.<br />
(1) Plan du Filon G par le SMPC de POURA, 1950, archives du Bureau Géologique<br />
et Minier de Haute-Vol ta-Ouagadougou.<br />
Voir carte XI page 93.<br />
(2) Croquis de la Colline de TON par la SMPC de POURA ]950, archives du<br />
Bureau Géologique et Minier de Haute-Volta - Ouagadougou<br />
Voir carte XII page 94.<br />
(3) Croquis de DORA-BOUE par la SMPC de POURA, 1950, archives du Bureau<br />
Géologique et Minier de Haute-Volta - Ouagadougou<br />
Voir carte XIIlpage 95.<br />
(4) Voir carte XIV-page "96.
- 99 -<br />
La seule couverture photographique existante de la<br />
région provient d'une mission l .G.N. de 1952 (1) à l'échelle<br />
. de 1/50 OOOème. A cette échelle, les photographies aériennes<br />
ont permis le repérage et la cartographie de nombreux sites<br />
archéologiques de l'or.<br />
Les résultats obtenus à partir des photographies<br />
aériennes appellent cependant des observations dont certaines<br />
sont propres au système de photo-interprétation tandis que<br />
d'autres traduisent des insuffisances du travail sur le ter<br />
rain.<br />
Il nous a été impossible d'établir un décompte exact<br />
des anciens sites d'exploitation d'or. Toute la rive gauche<br />
de la Volta-Noire à la latitude de POURA et FARA est parsemée<br />
de puits, tranchées et tailings mais les contours de chaque<br />
exploitation ne sont pas suffisamment cernés. On passe par<br />
fois des limites territoriales d'un village à un autre sans<br />
interruption des vestiges d'exploitation de l'or. Parfois<br />
aussi, les ensembles exploités sont distants les uns des<br />
autres mais reliés entre eux par des puits isolés difficiles<br />
à cartographier. D'autre part, de chaque village dépendent<br />
plusieurs .ensernbLes d' exploitations et de c ampernents de<br />
mineurs. Comment, dans ces conditions, définir un site? Il<br />
nous a semblé expédient, en nous référant à chaque terroir<br />
villageois, de retenir comme site tout ensemble exploité,<br />
reconnu comme tel par la tradition orale et portant un nom<br />
donné par celle-ci, ou tout ensemble sans dénomination tradi<br />
tionnelle mais bien circonscrit par un élément de relief<br />
colline ou cours d'eau. Nous pouvons ainsi dénombrer:<br />
(1) Mission photo Aü 06/500, 1952, au 1/50 OOOème I.G.N. Dakar.<br />
(2) Voir carte IX page 88 et carte XV page 88.
- 101 -<br />
GUGORE et de la colline KYE peur le terroir de NABOU, du<br />
site de la colline GWELPON à FARA, celui de la colline de<br />
KUTRUKAFIGUE à NANANO et enfin de la colline de TON.<br />
Dans tous les cas, la carte archéologique de l'or<br />
présente une telle concentration autour des villages, princi<br />
palement autour de FARA , POURA et NANANO, qu'on est tenté<br />
de dire "site de FARA", ou site de "POURA", etc... On pour<br />
raît être tenté également de définir des ensembles tenant<br />
compte d'une chronologie fournie par les sources orales. Nous<br />
tentons, ci-après, la présentation de quelques sites, pré<br />
sentation qui tiendra compte dans la mesure du possible des<br />
éléments distinctifs de chacun.<br />
Les sites de FARA<br />
De la "maîtrise de terre" (1) de FARA relèvent<br />
trois sites importants d'exploitation aurifère.<br />
Le premier est au village même de FARA aux abords<br />
du marigot qui coule en hivernage à l'Est et au Sud. Il com<br />
porte des tas de terres stériles provenant des lavages auri<br />
fères.<br />
Le second et le plus vaste s'étend aux pieds et sur<br />
les versants des collines qui s'échelonnent du Sud au Nord<br />
en direction de POURA-MINES, longeant la Volta-Noire à<br />
quatre kilomètres à l'Est de celle-ci. La ,plus haute de ces<br />
collines (le GWELPON) se trouve à la limite sud de l'aligne<br />
ment. De la colline GWELPON jusqu'à la hauteur du village de<br />
DIENSI, il y a une continuité de vestiges d'exploitation<br />
minière puits, tranchées ou tailings. Il s'agit, en effet,<br />
d'un site de mines. L'élément dominant des vestiges est une<br />
grande tranchée de trois mètres de large sur soixante mètres<br />
de long, profonde de deux mètres. Cette tranchée, d'orientation<br />
Nord-Sud se prolonge à chaque extrémité par une tranchée<br />
(J) Le plus souvent dans la littérature ethnographique, on rencontre<br />
"chefferie de terre" ou "chef de terre" à la place de "maîtrise de<br />
la terre" ou "maître de la terre". Nous pensons, quant à nous, que les<br />
deux dernières expressions traduisent mieux le contenu du pouvoir<br />
que visent ces mots.
- 107 -<br />
des puits par le Sud et l'Ouest. Des tessons de poterie,<br />
des meules de granit, gisent en surface. Ces buttes sont<br />
couvertes d'épineux (accacia, albida) plus abondants cepen<br />
dant dans les périphéries des ruines.<br />
trois hectares.<br />
L'ensemble du site de LOGOFIELA couvre environ<br />
Les sites de NABOU<br />
Selon la tradition, c'est à NABOU qu'a démarré<br />
l'exploitation de l'or dans la région. Du terroir villageois<br />
relèvent deux sites d'exploitation ancienne d'or. L'un se<br />
trouve sur le bord Ouest d'une rivière appelée GUGORE qui<br />
coule au Nord-Est du village dans une direction Nord-Ouest,<br />
Sud-Est. Ce premier site est un ensemble-mine constitué de<br />
puits presqu'entièrement comblés et très rapprochés les uns<br />
des autres.<br />
On observe le manque de vallonnement correspondant<br />
habituellement aux tertres de rejets. Ce qui reste des ter<br />
res sorties des puits constitue des plaques minces dans l'in<br />
tervalle des puits. De toute évidence, l'érosion a emporté<br />
les terres. La partie Nord du site est couverte d'un épais<br />
fourré dans lequel il y a des puits creusés dans une cuirasse<br />
latéritique de plus de deux mètres d'épaisseur. Le site de<br />
GOUGOREcouvre un peu plus d'un hectare.<br />
Le second site de NABOU se trouve aux pieds de la<br />
colline de KYE, .inselberg latéritique d'environ 400 mètres<br />
d'altitude. Cette colline est sacrée pour les gens de NABOU.<br />
Ses flancs recèlent une grotte spacieuse et haute, d'une<br />
superficie voisine de 100 m2. On y circule debout à l'aise.<br />
L'entrée de la grotte située à l'Est, est dissimulée par<br />
des rochers. Cette grotte est un site archéologique en lui<br />
même qui devra être prospectée et fouillée car, selon la tra<br />
dition, elle servait jadis de refuge aux gens de NABOU en<br />
cas d'attaque ennemie.
- 109 -<br />
Au Nord-Ouest du site, on rencontre les puits les<br />
plus profonds : 10 mètres environ dans leur état actuel.<br />
C'est dans ceux-là qu'on trouve l'eau de boisson qui alimente<br />
le village agricole Mossi de SANE}ffiOULSI. A la limite Sud<br />
et Est du site, coule un marigot appelé ZOURAYOUROU (1). Plus<br />
on s.' approche du marigot et plus le comblement des puits est<br />
important. Aux abords immédiats de ZOURAYOUROU, il n'y a plus<br />
en surface qu'un sol jonché de cailloutis de quartz sans<br />
qu'on pùisse déceler l'emplacement présumé des puits (2).<br />
Dans la zone médiane entre le Nord du site et le<br />
marigot, les dépressions des puits sont plus marquées mais la<br />
couverture de végétation ligneuse est aussi plus dense. On<br />
compte même des cailcédrats géants, des baobabs gigantesques,<br />
des arbres à colle qui semblent avoir poussé après l'abandon<br />
des puits (3). L'ensemble du site est plat, très légèrement<br />
(1) Voir carte XIV page 96.<br />
(2) Il aurait été utile d'avoir une étude localisée des effets de l'érosion<br />
et particulièrement des données sur la vitesse de comblement des puits.<br />
Nous aurions pu en tirer des éléments de chronologie.<br />
(3) Les études de dendroclimatologie et de dendrochronologie en climat<br />
sahélien n'ont pas encore abouti à des résultats fiables. Un chercheur<br />
français, A. MARIAUX explique cette situation de cette manière<br />
"Enfin sur la chronologie et la climatologie :<br />
1°) Il faut considérer que la datation précise de tous les cernes avec<br />
une certitude absolue est au-dessus de nos possibilités actuelles<br />
en raison des cernes nulles et de l'accumulation de cernes infimes.<br />
2°) Les écarts individuels semblent suggérer de faire la moyenne de<br />
plusieurs arbres pour obtenir une variation moyenne régionale à<br />
rapprocher des facteurs climatiques.<br />
3°) Il est évidemment très grossier d'utiliser la hauteur de pluie<br />
annuelle et il serait intéressant de préciser les conditions les<br />
plus favorables à la formation d'une grosse quantité de bois. On<br />
peut penser que la pluie est bien le facteur limitant de l'activité<br />
du cambium dans ces régions très sèches, mais la longueur de<br />
la saison des pluies, sa continuité, les quantités inutiles éliminées<br />
par ruissellement, les variations d'humidité de l'air, l'effet<br />
cumulatif de plusieurs années sèches et bien d'autres facteurs<br />
de corrections devraient être pris en considération", in A. MARIAUX,<br />
essai de dendroclimatologie en climat sahélien par acacia<br />
raddiana, Bois et forêts des tropiques, Paris, 1975, nO 163, p. 35.<br />
Concernant la dendrochronologie en forêt humide, on peut consulter<br />
utilement: Anonyme, l'arrivée d'un ancien.<br />
Bois et forêts des tropiques, n" 162, Paris, 1975, p. 37-38.<br />
et aussi P. DETIENNE et A. MARIAUX, Nature et périodicité des cernes<br />
dans les bois de NIANGOM, Bois et forêts des tropiques, nO 159,<br />
Paris, 1975, pages 29-39.
- Hl -<br />
incliné vers le marigot. Dans la zone des puits encore pro<br />
fonds, nous avons peu de quartz en surface mais par contre<br />
d'importants tertres de rejets.<br />
A la limite de Est de l'ensemble-mine commence<br />
sernble-t-il un ensemble-campement aujourd'hui presque plat.<br />
Des fragments de poterie sont nombreux en surface. Des<br />
champs occupent le lieu désigné par la tradition.<br />
Les sites de POURA<br />
Le village de POURA compte quatre champs importants<br />
d'ancienne exploitation d'or.<br />
Le premier site est au Nord-Ouest des installations<br />
de l'usine de la Société des Mines de POURA. Il s'identifie<br />
avec le filon G (1) des géologues. Il s'agit d'un ensemble<br />
de tranchées et depuits de direction Nord-Sud, long de six<br />
cents mètres. Les derniers sondages de la SOREMI (2) entre<br />
1974 et 1976 ont légèrement transformé son apparence exté<br />
rieure par des rainures dans les puits et des coupes trans<br />
versales dans les tranchées. Ce site de POURA est apparemment<br />
celui découvert en 1934 par le Colonel BOUYSSON (3) pour le<br />
compte de la Société des Grands Travaux de l'Ouest Africain.<br />
Le deuxième site archéologique de l'or relevant de<br />
POURA et que nous rattachons à POURA-MINE est visible à un<br />
kilomètre au Sud de l'usine de la Société des Mines de POURA<br />
et à droite de la route qui mène à FARA. Il s'agit essentiel<br />
lement d'une exploitation par puits sur le flanc d'une colline<br />
cuirassée dont nous ignorons le nom. Ces puits sont presqu'en<br />
tièrement bouchés. Le sol environnant est très remué. Ce<br />
site qui couvre environ deux hectares porte aujourd'hui des<br />
cultures.<br />
(1) Voi r carte XI page 93.<br />
(2)Soèi'ê'té 'de"Rechercheet "d"e xp-l oi-t.atian minière cons tituée en 1972 pour<br />
réexploiter le gisement d'or de POURA.<br />
(3) Le potentiel minier de la Haute-Volta, Direction de la géologie rrun.<br />
1975, page 136.
- 113 -<br />
Le troisième champ minier est aussi le plus grand<br />
chaos qu'il nous a été donné d'observer dans la région minière<br />
de POURA. Il s'agit du site du lieu-dit ZIGUITIO. Il voisine<br />
avec un autre lieu-dit KANKIELOU lequel est partiellement<br />
occupé par un village de colonisation agricole Mossi.<br />
ZIGUITIO et KANKIELOU sont à 1,5 kmà l'Est de POURA-village<br />
où réside le chef traditionnel de tout POURA. ZIGUITIO<br />
est un ensemble-mine tandis que KANKIELOU est un ensemble<br />
campement. L'ensemble mine de ZIGUITIO est formé de milliers<br />
de puits, de tranchées, de galeries en partie effondrées et<br />
d'importantes collines de rejets.<br />
Le bouleversement du sol est réellement impression<br />
nant. Le tout forme aujourd'hui une topographie très vallon<br />
née où les parties hautes sont en surélévation par rapport<br />
au contexte, l'ensemble coiffé d'un bosquet très ombragé.<br />
Les tranchées sont larges (3 à 5 mètres), longues (la à 20<br />
mètres), et. profondes (2 mètres).<br />
On distingue sur les parois et au fond, des affleu<br />
rements de schiste blanchâtre et très friable. Les puits,<br />
presque comblés, n'ont plus que deux à trois mètres de pro<br />
fondeur au-dessous du niveau du sol actuel. On observe des<br />
éboulements des parois dans les puits en-dessous de la base<br />
de la cuirasse latéritique dont l'épaisseur atteint ici<br />
l,5 mètre. La Larqeu r et la forme des puits sont les mêmes<br />
partout. Le diamètre de 90 cm est le même de l'ouverture à la<br />
base du cuirassement latéritique. Des encoches disposées en<br />
quinconce sont parfois visibles.<br />
L'ensemble-campement de KANKIELOU est à 700 mètres<br />
au Sud de l'ensemble-mines de ZIGUITIO. Il est couvert par<br />
les champs de cases du village agricole Mossi. On distingue<br />
trois tell archéologiques disposés en triangle équilatéral<br />
de 50 m de côté et dont les sommets sont à l'Ouest, à l'Est<br />
et au Sud. Ces tell ont une forme circulaire de 30 mètres<br />
-envd-ron vde :di:amèt're.A la -s u r-f-ace , . on trouve des alignements
- 115 -<br />
Nous n'avons pu décrire ici que les sites visités,<br />
signalés par la tradition orale ou les cartes pré-existantes.<br />
Parmi tous les sites, nous en avons choisi sept pour y implan<br />
ter des fouilles.<br />
de fouille ont été :<br />
Les critères du choix lors dela première campagne<br />
- l'importance de la surface exploitée ZIGUITIO, GUELPON,<br />
ZANI ;<br />
- une impérieure invitation de la tradition orale qui accorde<br />
une plus grande ancienneté à certains sites: GOUGORE, KYE ;<br />
- des vestiges apparents peu communs : LOGOFIELA.<br />
Pour la seconde campagne de fouilles, nous avons<br />
décidé de ne fouiller que des sites de campements parce que<br />
nous les jugions plus susceptibles d'être plus riches en<br />
information.<br />
111.2. LES RESULTATS DES FOUILLES.-<br />
Les sites retenus pour les fouilles ont été sondés<br />
à des degrés divers. Les résultats n'ont été proportionnels<br />
ni à l'étendue du site, ni à celle de la surface fouillée.<br />
La technique de fouille qui a été la même partout<br />
est celle de la fouille stratigraphique. Les emplacements<br />
choisis sur chaque site ont été couverts par un carroyage dont<br />
l'unité est le carré de fouille de 3 ml 3 m. Chaque carré de<br />
fouille est ensuite divisé en petits carrés de 50 cm de côté.<br />
La fouille progresse par décapage à la pioche ou à la truelle<br />
selon les couches de terrain. Chaque levée correspond à une<br />
épaisseur de terre d'environ 10 cm. Dans les galeries, la<br />
progression se fait latéralement et non plus verticalement.<br />
Pour tous les sites, l'orientation a toujours été donnée par<br />
les points cardinaux.<br />
Dans la présentation des résultats, nous distingue<br />
.rons vcenx.vrecuet Lli s sur les sites de mines et ceux provenant
+<br />
+<br />
SITE de. 6WELPON ( FARA)<br />
E<br />
C<br />
i=<br />
1)<br />
A .$<br />
o 04 m<br />
, ,<br />
PLAN 1
des sites de campement.<br />
- 119 -<br />
III.2.1. Les sites de mines (1)<br />
Ils sont les plus nombreux, les plus vastes et les<br />
plus facilement reconnaissables. Nous en avons fouillé à FARA<br />
NABOU, NANANO et POURA.<br />
Les fouilles de FARA (2)<br />
Sur les ensembles-mines relevant de FARA, nous avons<br />
implanté deux fouilles.<br />
L'emplacement de la première fouille a été choisi<br />
sur le bord Est de la tranchée principale du site de GWELPON.<br />
L'avantage de ce choix était de permettre la fouille à la<br />
fois de puits presqu'entièrement bouchés, et les rejets dis<br />
posés en proximité. Six carrés de fouille ont été ouverts. Le<br />
tout forme un rectangle de 6 m de côté Est-Ouest et de 9 m<br />
de côté Nord-Sud. Sauf dans les puits, l'épaisseur de la cou<br />
che archéologique ne dépassait pas 110 cm.<br />
La seconde fouille a été pratiquée sur l'ensemble<br />
mine de LOGOFIELA. Le carroyage fut disposé de manière à<br />
recueillir un tas de cauris mis à jour par le piétinement des<br />
animaux, et à fouiller trois puits et une accumulation impor<br />
tante de rejets proches des puits. Il a fallu six carrés de<br />
fouilles pour recouvrir l'emplacement choisi. Toute la fouille<br />
représente un rectangle de 6 m de côté Nord-Sud et de 9 m de<br />
côté Est-Ouest. Ici, la couche archéologique est moins<br />
épaisse que sur le site de GWELPON.<br />
(1) Il n'y a pas pour l'instant de plans d'ensemble donnant la configuration<br />
de chacun des sites (mines ou campements) où des sondages ont<br />
été effectués. Nous avons expliqué plus haut les difficultés rencontrées<br />
pour la cartographie des sites. Ne seront ici présentés que<br />
.les plans des fouilles.<br />
( 2) Vo i r plans l - l l e t l l l PagesIl6, l 1 7, 1 1 8 .
- 121 -<br />
Les fouilles de NABOU(l)<br />
Les deux sites de NABOU sont des sites de mines.<br />
Nous avons opéré des sondages sur chaque site, dans l'espoir<br />
de voir se vérifier la chronologie établie entre eux par<br />
la tradition orale.<br />
La première fouille a été implantée sur le site<br />
de GUGORE. Deux carrés de fouilles (A et B) non jointifs<br />
ont été creusés. Le carré A se trouve dans la partie Sud du<br />
site. La démarcation Nord-Sud est donnée par une piste reliant<br />
NABOU au puits d'eau creusé dans le lit du GOUGORE. Le carré<br />
B est à 20 m au Sud-Est du carré A. Dans les deux cas, l'ob<br />
jectif visé était de fouiller des puits entièrement bouchés<br />
marqués seulement par de très légères dépressions dont les<br />
fonds sont à 30 cm environ du niveau du sol actuel.<br />
Aux pieds de la colline KYE, nous avons fouillé<br />
deux autres carrés de fouille (C et D). Les carrés C et D<br />
couvrent deux creux si proches qu'ils n'en faisaient pres<br />
que qu'un et dont le fond se trouvait à 45 cm à partir du<br />
niveau du sol actuel. En dehors du trou de l'ancien puits,<br />
on trouve une couronne de rejets qui ne dépasse pas 40 cm<br />
d'épaisseur.<br />
Les fouilles de NANANO<br />
(2)<br />
Sur le site de mines de ZANI, deux ensembles ont<br />
été fouillés. Le premier se situe au Nord-Ouest du site et<br />
le second au Sud-Ouest. Cent mètres environ les séparent.<br />
L'ensemble Nord-Ouest comprend vingt carrés de fouilles et<br />
l'ensemble Sud-Ouest quatre seulement. L'ensemble Nord<br />
Ouest a été choisi en raison de sa colline de rejets dont la<br />
dénivellation dépassait par endroit un mètre. Le périmètre<br />
des vingt carrés de fouilles a permis d'inclure dans les<br />
travaux et d'explorer trois puits dont les rejets de la<br />
colline semblent provenir.<br />
( 1) Voi r plan s IVe t V, pagel 20 .<br />
(2) Voir plans VI et VII pages 122, 123.
+<br />
G<br />
+<br />
+<br />
G<br />
G
- 125 -<br />
Tenant compte de la grande différence de comblement<br />
des puits à ZANI, nous avons ouvert également une fouille<br />
dans la partie Sud-Ouest du site où les rejets ont presque<br />
disparu probablement emportés par les vents et les eaux de<br />
ruissellement. Ces agents d'érosion ont aussi comblé les<br />
puits qui se signalent de nos jours par de faibles dépressions<br />
dans le sol dont les points les plus creux sont à 50 cm au<br />
dessous du niveau du sol actuel.<br />
Les quatre carrés de fouilles ont été disposés<br />
autour de deux puits bouchés. Le carré de six mètres de côté<br />
ainsi déterminé inclut une partie de la maigre couche de<br />
rejets voisine des puits.<br />
Les f OUl<br />
. 11 es··d e POURA (1)<br />
Neuf carrés de fouilles ont été ouverts au site de<br />
mines de ZIGUITIO. L'emplacement choisi pour le carroyage<br />
est l'extrémité Sud du site. Ce choix permet la fouille de<br />
puits et de rejets. Ces derniers restent importants en épais<br />
seur.<br />
Les informateurs et le matériel recueillis lors<br />
des différentes fouilles présentent de telles similitudes<br />
qu'il nous paraît plus intéressant de les livrer sous les<br />
thèmes suivants les puits de mines, les rejets, les objets<br />
recueillis.<br />
parfois fouillés.<br />
Les puits deGWELPON (2)<br />
III.2.1.1. Les puits miniers<br />
Au total, dix-sept puits ont été étudiés et<br />
Dans le périmètre fouillé à GWELPON, il y avait<br />
sept puits. Nous en avons fouillé trois. Ce sont les puits<br />
n° 2 en carré B, n° 3 en carré C et n° 6 en carré F.<br />
(1) Voi r plan VIII, page 124.<br />
(2) Voir photo VI,page 103.
- 126 -<br />
Le puits nO 2 en carré B était marqué à l'extérieur<br />
par deux buissons qui avaient poussé au centre de la dépres<br />
sion. Celle-ci avait 100 cm de largeur et 60 cm de profondeur.<br />
La fouille a livré ensuite successivement<br />
30 cm de terre noire, stérile,<br />
- 120 cm de terre argileuse contenant beaucoup de<br />
gravillon,<br />
- un kaolin blanc et jaune que nous avons fouillé<br />
jusqu'à - 400 cm, et qui provient probablement de<br />
la décomposition des schistes latéraux.<br />
A l'exception de la couche argileuse qui a livré un<br />
fragment de poterie, les deux autres couches sont stériles.<br />
La base du niveau de terre argileuse semble être la limite<br />
inférieure de la couche archéologique. Les puits avaient<br />
probablement 200 cm de profondeur. Aucune encoche ou amorce<br />
de galerie n'a été observée.<br />
Le puits nO 3 en carré C et le puits nO 6 en<br />
carré E-F se présentent à peu près de la même manière. Les<br />
diamètres à l'ouverture étaient tous de 100 cm et les profon-<br />
deurs 50 cm et 70 cm. Toutes ces mesures étant prises avant<br />
les fouilles. On constate la même succession de sols archéo-<br />
logiques pour le puits nO 2 :<br />
d'abord 40 cm et 20 cm de terre noire,<br />
- puis 125 cm et 120 cm de terre argileuse et<br />
gravillonneuse,<br />
- à partir de - 215 cm et - 210 cm se situe le con<br />
tact de la couche archéologique avec le sol kaoli<br />
nique.<br />
Le puits nO 3 a livré deux fragments de poterie<br />
et une pointe de flèche trouvés dans la couche de terre noire.<br />
Toutes les couches du puits nO 6 sont restées<br />
stériles. Par ailleurs, aucune encoche ou entrée de galerie<br />
n'ont été décelées. L'état de dissolution des sols était tel<br />
qu'il était très difficile de distinguer les terres de com-<br />
/
- 128 -<br />
blement des puits des couches de terrain originelles.<br />
Sous le niveau de terre noire, les trois puits<br />
avaient un diamètre voisin de 80 cm jusqu'à la fin de la<br />
couche archéologique.<br />
Les puits de LOGOFIELA (1)<br />
LOGOFIELA.<br />
Deux puits ont été fouillés sur le site de mines de<br />
Le puits nO l en carré B s'est arrêté brusquement<br />
à - 100 cm au contact d'une couche latéritique très dure:<br />
pas d'encoche, pas d'objets, pas de galeries i des parois<br />
cependant bien nettes et latéritiques. L'intérieur du puits<br />
contenant un sol cendreux de couleur grise. Nous tenons<br />
probablement ici un exemple de puits raté.<br />
Le puits nO 2 en carré E avait 425 cm de profondeur<br />
avant les fouilles, et un diamètre de 80 cm tant à l'ouver<br />
ture qu'au fond. Beaucoup de feuilles mortes, de moellons de<br />
latérite, de blocs de quartz s'y entassaient dans les 30 pre<br />
miers centimètres.<br />
- A - 450 cm est apparu un niveau d'argile gravil<br />
lonneuse, grise et humide, comportant encore de gros blocs<br />
de pierres i<br />
- A - 465 cm s'est présenté un kaolin jaune et<br />
humide dans lequel nous avons ,travaillé jusqu'à - 500 cm avant<br />
d'arrêter la fouille.<br />
Le puits nO 2 dont les parois sont latéritiques a<br />
des encoches disposées en quinconce du côté Est et Ouest. Les<br />
encoches sont distantes entre elles de 30 cm environ.<br />
- Entre - 360 cm et - 400 cm, le puits nO 2 se<br />
transforme en caverne circulaire. De cette caverne part en<br />
direction de l'Est une galerie assez large pour permettre le<br />
(l)Noi r plan IX, page 127.
- 130 -<br />
passage d'une personne; hauteur du boyau: 70 cm. La galerie<br />
était bouchée par .de gros blocs de latérite et de quartz<br />
pris dans de l'argile gravillonneuse. Elle contenait des<br />
fragments de poteries. La pente de la galerie n'est pas ré<br />
gulière. Cela lui donne une longueur de 7S0 cm au bout des<br />
quels on débouche dans un puits (nO 3). La distance en surface<br />
entre les deux puits est de 560 ·cmseulement. L'ouverture de<br />
la galerie dans le puits nO 3 est une voûte haute de 100 cm.<br />
Dans le puits nO 3, la galerie donne une caverne de 540 cm<br />
de diamètre.<br />
Nous n'avons pas fouillé le puits nO 3.<br />
Les puits de NABOU (1)<br />
Les puits nO 1 en carré A et nO 2 en carré B étaient<br />
comblés jusqu'à - 30 cm sous le niveau du sol actuel.<br />
Le puits nO 1 contenant :<br />
- 70 cm de terre noirs : dans cette couche il y avait beaucoup<br />
d'éclats de quartz et trois fragments de poterie;<br />
ISO cm d'argile grise très gravillonneuse : la couche<br />
contenait aussi de nombreux blocs de quartz. Dans cette<br />
couche, les parois des puits sont très nettement délimitées<br />
par la couche latéritique environnante. Aucune encoche<br />
n'est visible. Trois fragments de poterie ont été collec<br />
tés.<br />
- Entre - 280 cm et - 320 cm à partir du niveau de sol actuel<br />
se situent les entrées des deux galeries. L'une se dirige<br />
vers l'Est et l'autre vers l'Ouest. Le remblai est constitué<br />
d'argile gravillonneuse.<br />
- A partir de - 360 cm, l'argile devient rouge et sans quartz.<br />
Elle est complètement stérile. On est très probablement<br />
dans les produits de décomposition des schistes latéraux..<br />
(1) Voir plan X, page 129.
- 136 -<br />
Le bord circulaire et latéritique du puits nO 1<br />
était couvert par une très mince couche de terre grise d'à<br />
peine 5 cm. Le diamètre à l'ouverture est de 90 cm et la pro<br />
fondeur avant fouille de 170 cm. Jusqu'à cette profondeur,<br />
on compte quatre encoches coté Est et quatre autres côté<br />
Ouest disposées presqu'à la même hauteur. La fouille a été<br />
conduite jusqu'à - 455 cm en-dessous du niveau du sol actuel.<br />
Sont apparus successivement<br />
30 cm de feuilles mortes et d'argile grise,<br />
- 110 cm d'argile gravillonneuse de couleur rouge-jaune.<br />
Elle était compacte et dure à creuser. Elle fut<br />
entièrement stérile.<br />
- à - 310 cm apparaît une couche de kaolin blanc et jaune<br />
que nous fouillons inutilement jusqu'à - 455 cm.<br />
Il s'agit là encore de produits de décomposition des<br />
schistes.<br />
La cuirasse latéritique est ici épaisse de 170 cm.<br />
Juste en-dessous, le diamètre du puits nO 1 s'agrandit jusqu'à<br />
atteindre 135 cm. A la limite inférieure de la couche d'argile<br />
rouge, soit à - 310 cm, on retrouve un diamètre à peu près<br />
normal 80 cm.<br />
Le puits nO 2 en carré B n'apparaît qu'à - 80 cm<br />
lorsque la couche de rejets a été dégagée.<br />
De - 100 'crn à - '180 cm, le "puits contenait du<br />
kaolin blanc. Ses parois sont latéritiques. Dans ce kaolin<br />
il y a quelques fragments de poterie.<br />
Entre - 180 cm et - 220 cm, on fouille une couche<br />
d'argile jaune légèrement gravillonneuse, compacte et dure<br />
à creuser. La latérisation des parois est moins nette. La<br />
couche contient quelques fragments de poterie.<br />
A partir de - 230 cm, on retrouve le kaolin blanc<br />
qui semble constituer partout le sol vierge.<br />
Le puits nO 2 ne s'est pas effondré comme le premier<br />
en-dessous de la cudr asse vl.at.ê-ri t.Lque . Le diamètre est resté<br />
le même qu'à l'ouverture: 100 cm.
- 137 -<br />
Le puits nO 3 en carré E apparaît comme le prece<br />
dent à - 80 cm. Lediarnètre à l'ouverture est de 85 cm.<br />
De - 80 cm ) - Q80 cm, le contenu du puits nO 3<br />
est d'abord d'argile gravillonneuse pendant les 60 cm qui<br />
suivent, puis de l'argile jaune et compacte de - 140 cm à<br />
- 280 cm.<br />
A - 120 cm, apparaissent les premleres encoches<br />
côté Est et côté Ouest. Leur espacement est d'environ 30 cm.<br />
A - 260 cm apparaissent deux galeries, l'une se<br />
dirige vers l'Ouest, llautre semble rejoindre les puits<br />
nO 2 et 4 qui se trouvent à l'Ouest. La fouille des galeries<br />
n'a pas été conduite jusqu'à terme. Chacune avait une hauteur<br />
de 90 à 100 cm selon les endroits.<br />
Le plancher des galeries qui se trouve à - 360 cm<br />
semble marquer la fin de la couche archéologique. En effet,<br />
dans le prolongement du puits, il n'y a plus que du kaolin<br />
blanc comme dans les deux précédents.<br />
Le puits nO 4 en carré E apparaît comme les deux<br />
précédents à - 80 cm sous la couche de rejets. Son diamètre<br />
à l'ouverture est de 100 cm. Nous l'avons fouillé sur 20 cm,<br />
juste le temps de voir se confirmer les parois latéritiques.<br />
Il ressort de l'observation des différents puits,<br />
que ceux-ci ont été surcreusés dans la couche inférieure au<br />
niveau des galeries, couche généralement kaolinique ou<br />
schisteuse. Ce surcreusement suggère quelques hypothèses<br />
d'emploi<br />
1°) Les anciens mineurs ont-ils d'abord opéré des<br />
espèces de carottage avant de déterminer le niveau où creuser<br />
la galerie qui suit en principe la zone de plus forte miné<br />
ralisation en or ?<br />
2°) S'agirait-il plutôt de trous aménagés pour. re<br />
cevoir les rejets provenant des galeries ?<br />
Pour l'instant, nous n'avons pas de réponse à<br />
porter à ces questions.
- 139 -<br />
III.2.1.2. Les rejets<br />
Les rejets forment autour des<br />
anciens puits des couronnes en relief. Celles-ci ont été éga<br />
lement fouillées parce qu'elles pouvaient recéler des objets,<br />
ou tout au moins fournir des éléments de sols à analyser.<br />
Les rejets de ZAJ.'H( 1)<br />
La fouille du tertre de rejets sur l'ensemble l,<br />
à l'endroit des puits profonds a donné une même disposition<br />
de sols dans chaque carré. Seules les épaisseurs variaient<br />
- au sommet: 10 à 40 cm de sable tantôt compacté, tantôt<br />
pulvérulent. Dans la partie centrale du tertre de rejets,<br />
on relevait dans cette couche beaucoup de fragments de<br />
quartz dont des blocs d'environ deux kilogrammes. La couche<br />
sablonneuse contenait aussi des objets dont certains sont<br />
contemporains comme cette pièce de monnaie de lIA.O.F. datant<br />
de 1944 ;<br />
- à la couche sablonneuse succède une couche argileuse jaune<br />
ou rougeâtre, très épaisse. Elle atteint un mètre d'épais<br />
suer au centre du tertre. Cà et là, elle contient des<br />
amoncellements de blocs de quartz. Cette couche était pauvre<br />
en objets.;<br />
- enfin, on touchait une troisième couche faite d'argile<br />
compacte mais de couleur grise. Elle est peu épaisse: 20 cm.<br />
Elle repose sur la cuirasse latéritique ici partout présente<br />
et constituant le sol de support. Cette mince couche est<br />
plus riche en objets que les deux précédentes.<br />
Les rejets de l'ensemble II, là où les puits sont<br />
bouchés au Sud-Ouest du Site, l'épaisseur totale des rejets<br />
est d'environ SOcm. La base des rejets coïncide grossièrement<br />
avec le bord latéritique des puits. Les dispositions de sols<br />
sont les mêmes que pour l'ensemble I. Seules les épaisseurs<br />
varient :<br />
(1) Voir plan XI page 131.
- 142 -<br />
des sites de GUGORE et de KYE. Une érosion active, même<br />
rapide, ou un déblaiement lent, mais de grande durée,<br />
peuvent en fre les causes.<br />
III.2.1.3. Les objets<br />
A côté des sites de mines riches<br />
en matériel de tout genre comme LOGOFIELA et ZANI, nous avons<br />
travaillé aussi sur des sites très décevants comme GWELPON,<br />
GUGORE ou KYE.<br />
Les objets de GWELPON<br />
GWELPON siest caractérisé par une extrême pauvreté<br />
en objets. Au total, seize objets dont Il fragments de céra<br />
mique, en terre cuite, une pointe de flèche en fer, deux<br />
morceaux de bois pourri, un polissoir en granit et un fragment<br />
d'os. Les fragments de céramique sont très petits avec les<br />
décors usés.<br />
Les objets de GUGORE<br />
Le site de GUGORE a été également décevant sous<br />
llangle des objets. Seulement 15 fragments de céramique en<br />
terre cuite, du charbon de bois en faible quantité et un<br />
fragment dlos ont été recueillis. Les fragments de céramique<br />
sont de petites dimensions et très usés.<br />
Les objets de KYE<br />
La même désolation concerne le site de KYE. Neuf<br />
fragments de céramique en terre cuite et un peu de charbon<br />
de bois ont été trouvés. Les fragments sont minuscules et usés<br />
comme sur les sites ci-dessus mais on reconnaît parfois le<br />
décor.
Les objets de LOGOFIELA<br />
LOGOFIELA.<br />
- 143 -<br />
Le site de mine le plus riche en objets a été<br />
A la surface ont été dénombrés 12 373 cauris jadis<br />
contenus dans une jarre dont nous avons trouvé les fragments<br />
épars en proximité, très légèrement enfouis.<br />
Une autre jarre qui paraît la jumelle de la première,<br />
trouvée presque intacte avec le fond reposant à-55 cm, ne<br />
contenait que deux cauris et des fragments d'une autre jarre.<br />
Le site a livré au total 322 (1) objets dont 20 fragments de<br />
pipe en terre cuite, dix fragments de bracelets en marbre,<br />
deux broyeurs en dolérite, trois objets en fer parmi lesquels<br />
nous identifions une spatule, des fragments d'os et un peu de<br />
charbon de bois. Le reste est constitué par des tessons<br />
de céramique en terre cuite au décor varié, moins usés que<br />
sur les sites précédents.<br />
Les objets de ZANI<br />
Le site de ZANI a été aussi riche que celui de<br />
LOGOFIELA, mais les objets présentent une moins grande<br />
variété.<br />
L'ensemble des fouilles à ZANI a livré 340 objets<br />
dont deux pointes de flèches, un anneau en fer, trois cauris,<br />
une pièce de monnaie datant de 1944, quatrebolas en quartz,<br />
deus objets en pierre à usage indéterminé, du charbon de bois.<br />
Les tessons de céramique en terre cuite qui forment le reste<br />
du lot offrent les mêmes caractéristiques que sur le site<br />
de LOGOFIELA. Il y a des fragments de pipes mais pas de<br />
bracelets ou marbre.<br />
Cl) Ce chiffre et les suivants du genre concernent les objets conservés.
Les objets de ZIGUITTO<br />
- 146 -<br />
Le site de ZIGUITIO est aussi pauvre en objets que<br />
les sites de GU GO RE , KYE, GWELPON. Au total, trente fragments<br />
de poterie ont été dégagés. Ils sont tous de petites dimen<br />
sions et les décors généralement imprimés sont à présent<br />
partiellement effacés par l'usure. Il n'y a eu aucun objet<br />
métallique ou en pierre.<br />
En résumé, les différents sites de mines ont livré<br />
- des métaux,<br />
des objets en pierre,<br />
- des coquillages,<br />
de la céramique dans laquelle de nombreuses pipes<br />
et autres objets usuels,<br />
- des ossements et des charbons.<br />
Une présentation rapide de ce matériel peut être<br />
tentée par l'intermédiaire des pièces suivantes:<br />
Les objets métalliques<br />
Les sites de mines ont livré peu de métaux. Sur un<br />
total de sept objets métalliques pour l'ensemble des sites<br />
de mines, on peut reconnaître trois pointes de flèches très<br />
oxydées, une spatule, un fragment de lame de couteau ou de<br />
rasoir, un anneau à usage indéterminé et enfin une courte tige<br />
.qui, .pourr aît; être la soie d 'une armatu-rede flècye. Tous ces<br />
objets sont très oxydés et on n'y retrouve aucun décor. Même<br />
les flèches ne se reconnaissent qu'à leur allure générale.<br />
Nous pensons que "ces objets peuvent être de fa<br />
brication locale. Toutes les traditions d'origine parlent<br />
d'usage d'arcs et de flèches en fer portés par les ancêtres<br />
chasseurs. Le minerai de fer existe dans les cuirasses laté<br />
ritiques qui coiffent la plupart des collines. Lors de pros<br />
pections sur le fer en Haute-Volta, nous avons pu constater<br />
que le minerai de fer était extrait de ces cuirasses un peu
- 148 -<br />
partout (1). La fusion se faisant le plus souvent en proxi<br />
mité des mines.<br />
Dans la rubrique des métaux, il convient de signaler<br />
qu'aucun autre métal que le fer n'a été retrouvé: ni or,<br />
ni argent, ni cuivre.<br />
Les objets en pierre<br />
On en distingue trois catégories :<br />
l - Les objets de pierre qui semblent avoir participé au<br />
traitement de l'or i<br />
2 - Les parures i<br />
3 - Objets à rôle non défini.<br />
Les objets en pierre qui semblent avoir participé<br />
au traitement de l'or sont les meules et les boryeurs. Nous<br />
en avons trouvé tantôt en surface, tantôt enfouis. Les meules<br />
se rencontrent en grand nombre à l'intérieur des villages<br />
actuels. Ils servent de siègent sur les places de marchés,<br />
de soubassement des maisons ou des greniers. Ces meules sont<br />
en dolérite ou en granit. Les collines de roches vertes berri<br />
miennes sont nombreuses dans le paysage environnant et ont dû<br />
fournir facilement la matière première. Les affleurements de<br />
granit par contre n'existent qu'au bord de la route de<br />
BOBO-DIOULASSO-OUAGADOUGOU, soit à plus de 30 km parfois<br />
des sites. Il a fallu alors le transporter sur cette distance.<br />
Les meules ou. mortiers ont une base à peine façonnée. Il<br />
faut les caler pour qu'ils tiennent dans la bonne position.<br />
Leur face est creusée comme un mortier mais comporte un<br />
replat qui fait également penser au moule.<br />
Les broyeurs sont tirés des mêmes roches que les<br />
meules et mortiers. Ils sont soit cylindriques, soit grossiè<br />
rement ovales avec une face plane.<br />
(1) Les rapports de prospection archéologiques en Haute-Volta de 1973,<br />
1974, 1975, 1976 contiennent des indications sur l'archéologie du fer<br />
en Haute-Volta. Il existe aussi un rapport de fouilles sur le site<br />
de SYAN, région de KAYA, où des crassiers ont été fouillés en 1979<br />
par nous-mêmes et une équipe d'étudiants de l'Université de Ouagadougou.<br />
Ces documents sont détenus au Laboratoire d'Archéologie de l'Université<br />
de Ouagado ugou.
c<br />
( --)<br />
(:)<br />
1<br />
(--)<br />
FRAGMENTS DE BRACELETS EN PIERRE POLte<br />
PL VI<br />
J<br />
l .Ie.<br />
o 2.CM
o 2CM<br />
j<br />
r :J<br />
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4<br />
PL VJ!I<br />
FRAGMENTS DE BRACELETS<br />
E N PIE R R E PO LIE<br />
3<br />
5<br />
"
- 155 -<br />
sont connues par B. DUDOT (1).<br />
Les bracelets étaient portés au poignet, au coude ou<br />
au haut du bras. Ces bracelets de pierre sont des parures qui<br />
dans le Sahara et en Afrique Occidentale existeraient depuis<br />
le Néolithique (2).<br />
(1) A propos de la fabrication des bracele ts de pierre dans l'AIR,<br />
B. DUDOT écrit dans les Notes Africaines, nO ]22, 1969, page 59<br />
"1. La roche schisteuse est extraite du sol, puis débitée en plaques<br />
grossièrement rectangulaires de 25 cm sur 12 cm environ et de<br />
3 à 5 cm d'épaisseur; le type d'anneaux que l'on fabriquera dépendra<br />
de l'épaisseur et des dimensions des plaques; une plaque aux dimensions<br />
indiquées ci-dessus permet d'obtenir 4 anneaux du type "asket"<br />
ou 2 anneaux du type "agosrer".<br />
2. La plaque rectangulaire est divisée en 2 morceaux sensiblement<br />
carrés; puis, chacun est arrondi à coup d'herminette, et creusé<br />
sur les deux faces d'un sillon circulaire avec le même outil ; la<br />
partie centrale de la pierre se détachera lorsque les deux sillons<br />
se seront rejoints: on obtient alors un anneau de pierre brute,<br />
appelé "maraba" qui es t coupé en deuxà la scie, dans le sens du plan<br />
circulaire, quand on veut ob tenir 2 anneaux du type "asket" ; l'anneau<br />
brut n'est pas scié quand il s'agit d'obtenir des modèles plus épais,<br />
comme les types"agosrer, abambey ou imi-n-ezenou".<br />
3. On donne alors l'ébauche de la forme particulière de l'anneau avec<br />
une herminette à fer plus petit et plus étroit.<br />
On désigne les anneaux de bras en général, ainsi que la pierre dont<br />
ils sont tirés, par le nom: "iwuki" (prononcé par certains "awuki").<br />
Mais chaque type d'anneau porte un nom qui lui es t propre<br />
"asket ; abambey ; agosrer ; imi-n-ezenou (ou baki-n-toulou, en<br />
1. hausa)."<br />
4. Les anneaux sont ensuite polis à .l a lime douce.<br />
5. Enfin, ils sont enduits de matière grasse, huile ou beurre, puis<br />
exposés à la fumée et à la flamme d'un feu de paille durant quelques<br />
instants; frottés ensuite avec un Chiffon, ils apparaissent recouverts<br />
d'un beau poli noir.<br />
La sueur, le frottement sur la peau de celui qui le portera,<br />
et aussi l'indigo des vêtements, donneront à l'anneau sa patine définitive.<br />
(2) J. BERNOLLES, Permanence de la parure et du masque africains, Paris,<br />
Maisonneuve, ]966, page 70
- 162 -<br />
originellement 12373 cauris. Dans l'autre, trouvé au même<br />
niveau, dans le même carré de fouille, nous n'avons découvert<br />
que deux cauris et des tessons d'une autre jarre.<br />
De l'étude de ces jarres et des fragments aux formes<br />
encore perceptibles, nous pouvons émettre l'avis qu'il s'agis<br />
sait pour l'ensemble de formes sphéroïdes à fond convexe de<br />
même genre que la forme dominante de la poterie locale<br />
contemporaine.<br />
L'épaisseur des parois semble varier avec la dimen<br />
sion du vase. Lorsque le grand diamètre de celui-ci est com<br />
pris entre 10 à 15 cm, l'épaisseur de la paroi est d'environ<br />
un demi-centimètre. Au-delà de 20 centimètres de diamètre, les<br />
poteries ont une épaisseur comprise entre 1 et 1,5 centimètre.<br />
L'observation directe des pâtes montre la présence<br />
de petits grains de quartz et de latérite, de paillettes de<br />
mica jaune, de nodules de vieilles céramiques écrasées.<br />
Les d2cors sont presque toujours disposés sur les<br />
bords et les épaules des vases (1). Les types principaux de<br />
décors proviennent d'impression de matrices variées. On<br />
trouve aussi les incisions, le piquetage. Sur quelques frag<br />
ments de jarre, nous avons observé un décor peint.<br />
Les décors imprimés sont très variés. La forme cou<br />
rante est l'impression en chevrons ou en vagues réalisée pro-'<br />
,bablementavec de La vpai.l.Le vtres sêe . ,Nous n'avons pas pu, par<br />
observation, déterminer la nature exacte des matrices utili<br />
sées.<br />
Les incisions sont aussi nombreuses que les impres<br />
sions. Elles déterminent des figures géométriques d'une grande<br />
variété parmi lesquelles les chevrons, les vagues ou tout<br />
simplement les lignes horizontales et verticales qui encadrent<br />
d'autres décors.<br />
Cl -) 'Vo-i r rpI-arrche-s IX à -XII pages 15'6 à 159.
_ 163-<br />
FRAGMENTS DE PIPES EN TERRE CUITE BASES<br />
P LXII,
a<br />
o leM<br />
\<br />
\<br />
-1&5 -<br />
FRAGMENTS DE PIPES EN TERRE CUITE<br />
..<br />
FOURNEAUX<br />
Pl x,v
o 2 c:'"<br />
1<br />
/<br />
/<br />
1<br />
PL XV'<br />
FRAGMENTS DE PIPES EN TERRE CUITE<br />
TUYERES
- 167 -<br />
Le décor peint (en blanc) souligne le dessus et<br />
le dessous des moulures.<br />
Le plus souvent, sur un même fragment, on trouve une<br />
combinaison de types et de formes de décors . Nous pouvons,<br />
sans hésiter, rapprocher nos objets archéologiques de la<br />
poterie contemporaine GURUNSI pour les formes et surtout de<br />
la poterie contemporaine BWA et BOBO-DYULA tant pour les formes<br />
que pour les décors. Nous nous gardons cependant, de vite<br />
conclure en l'absence d'une étude typologique, malgré l'abon<br />
dance du corpus des échantillons en mauvais état, que nous<br />
détenons ; et aussi à cause de l'absence dl études ethnogra<br />
phiques sur les poteries GURUNSI, BWA ou BOBO-DYULA.<br />
Les formes et les décors des fragments de pipes n'ont<br />
pas surpris les manoeuvres GURUNSI et BOBO-DYULA qui ont tra<br />
vaillé avec nous. Ces objets leur semblaient familiers quoique<br />
nous ayions observé rarement l'usage de la pipe dans les<br />
concessions où nous sommes entré. -Les fragments archéologiques<br />
ont un fourneau cylindrique terminé par un bord plat, légère<br />
ment éversé ou en bourrelet. Ce fourneau est décoré de ner<br />
vures horizontales ou verticales plus ou moins profondes.<br />
Parfois, il s'agit d'un décor peint en blanc. Le fourneau<br />
repose sur une base en forme de demi-cône à fond plat..Ce<br />
demi-cône est strié de rainures profondes ou d'incisions plus<br />
fines, toutes convergentes vers le haut. C'est au niveau de<br />
la rencontre entre le fourneau et le demi-cône que part la<br />
tuyère cylindrique. Elle forme un angle de 45° environ avec<br />
le fourneau. La tuyère se termine par un embout en bourrelet<br />
décoré de rainures ou simplement lissé.<br />
La pâte des pipes est apparemment plus fine que<br />
celle du matériel mobilier. Les épaisseurs aussi sont minces<br />
(partout inférieures au demi-centimètre) .<br />
La découverte de pipes sur un site archéologique<br />
sub-saharien soulève chaque fois la difficile question de la<br />
diffusion de l'usage du tabac et de la détermination de
- 169 -<br />
plantes fumées en Afrique Noire avant l'impact européen,<br />
voire arabe. Jadis utilisée comme fossile directeur en chro<br />
nologie, la présence de pipe dans un site archéologique n' of<br />
fre plus le même intérêt aujourd'hui. Nous voyons s'ouvrir à<br />
nous une autre filière d'enquêtes: le tabac, les plantes<br />
fumées et la manière de les fumer.<br />
Les coguillages<br />
Certes quelques fragments de moules de rivière et<br />
d'escargot (nous sommes en proximité de la Volta Noire) ont<br />
été découverts, mais une grande découverte fut celle de<br />
nombreux cauris (cyprea moneta) à ZANI et à LOGOFIELA. A<br />
LOGOFIELA, les cauris de la jarre Log 77 KI 3 étaient au<br />
nombre de 12 373. D'autres cauris ont aussi été découverts<br />
épars dans les autres carrés de fouilles. L'examen visuel<br />
des cauris montre qu'il y en a de deux sortes à proportion<br />
presqu'égale: de tout petits, généralement perforés et de<br />
gros. Il semble que les petits cauris proviennent des iles<br />
Maldives et les gros de Zanzibar, par conséquent, tous vien<br />
draient de l'Océan Indien (1). Personne n'ignore à présent<br />
la valeur du cauris comme monnaie d'échange au Sud du Sahara<br />
dans le passé. C'est son introduction dans chaque population<br />
et dans chaque région qui est difficile à repérer chronolo<br />
'giquemen,t.<br />
A chaque champ d'exploitation pourrait correspondre<br />
un site de campement. Ainsi, à proximité des sites de mines<br />
de ZANI, LOGOFIELA et ZIGUITIO, nos informateurs nous ont<br />
indiqué les sites d'habitat des exploitants des mines. Nous<br />
(]) J. LACOUR-GAYET, Histoire du Commerce, S.P.I.D., t. III, ]953,<br />
page ]·OS.
- 173 -<br />
breuses pierres éparses dans les carrés de fouille. Les<br />
assises existantes ont été construites avec des blocs de<br />
latérite non travaillés. Entre la première et la deuxième<br />
assise, il n'y a pas de niveau horizontal aménagé mais de<br />
nombreux fragments de quartz et de latérite s'intercalaient<br />
entre les grosses pierres en les calant. Ces petits éléments<br />
se trouvent parfois pris dans le mortier. Nous avons trouvé<br />
du banco compact à l'extérieur et aux environs immédiats de<br />
l'enceinte. Ce banco fait d'argile grise qui se reconnaît<br />
facilement dans un milieu d'argile gravillonneuse rougeâtre,<br />
a pu servir de matériau d'élévation du mur de l'enceinte,<br />
en surélèvement au-dessus du niveau de pierre. Cependant,<br />
ce mur ne semble pas s'être élevé à plus d'un mètre de<br />
hauteur. On trouve, en effet, peu d'argile grise. Il en<br />
reste 30 centimètres d'épaisseur et juste tout autour de<br />
l'alignement de p'ierres.<br />
Les endroits où il manque des pierre pourraient<br />
avoir été des ouvertures. En tout cas, cela est très probable<br />
pour le viQe qui se trouve au Nord-Ouest de l'enceinte (1).<br />
Pour le vide au Nord-Est, les pierres ont pu être déplacées.<br />
On en trouve beaucoup pas très loin. L'ouverture aurait<br />
été, par conséquent, unique et tournée vers le Nord-Ouest.<br />
Les découvertes faites à l'intérieur de l'enceinte<br />
ont Boule;v:é 'pour nous des questions quant à la destination de<br />
la construction. En effet, à 20 centimètres sous le niveau<br />
de base de l'alignement de pierres, nous avons rencontré un<br />
sol de terreau compacté de couleur rouge. L'épaisseur de ce<br />
sol compacté était de 15 centimètres. Il ne recouvrait pas<br />
tout l'intérieur de l'enceinte. Cette couche de terreau était<br />
totalement stérile en objets. Or, au-dessus et en-dessous,<br />
nous avons trouvé beaucoup d'objets: fragments de poterie<br />
en terre cuite, objets métalliques, matériel lithique au-dessus,<br />
(1) Voir plan XIII page 171.
- 178 -<br />
Mais il existe une autre preuve que nous n'avons<br />
pas ailleurs: nous avons trouvé les restes pulvérulents d'un<br />
des habitants. L'inhumation a été faite dans un hypogée (1)<br />
formé d'un puits vertical de 120 cm de profondeur auquel<br />
succède une chambre circulaire de 50 cm de hauteur et de<br />
200 cm de diamètre. Le diamètre à l'ouverture du puits est<br />
d'environ un mètre. Cette ouverture est apparue d'une façon<br />
imprécise à - 40 cm en-dessous du niveau du sol actuel. Elle<br />
ne devient nette qu'à - 70 cm avec un diamètre rétréci à<br />
80 centimètres. Nous avions pensé au début à un puits d'eau<br />
potable jusqu'à l'apparition de la chambre mortuaire et des<br />
éléments du squelette. La tête était au Nord, à 20 centimètres<br />
de l"extrémité de la cavité. Le visage était tourné vers<br />
l'Ouest. Des traînées blanchâtres indiquent la position du<br />
tronc et des membres s'étendent sur 150 cm vers le Sud. Là<br />
aussi, il reste un espace entre le fond de la cavité et le<br />
haut de la traînée blanchâtre. Aucune parure, aucun objet<br />
n'accompagnait le corps. Nous en avons été surpris d'autant<br />
plus que les traditions nous ont informésque les hommes,<br />
pères de famille étaient enterrés avec de l'or dans la poche,<br />
parfois plein la poche avant du boubou. Peut-être ne s'agit-<br />
il pas d'un homme mais d'une femme. La position du corps<br />
confirme cette dernière hypothèse, les femmes dans nos sociétés<br />
étant généralement ensevelies le regard vers l'Ouest tandis<br />
que l'homme regarde toujours vers l'Est.<br />
Si avec tous ces éléments, il paraît établi que<br />
KANKIELOU et les tertres de LOGOFIELA donnés par la tradition<br />
comme ensembles-campements, pouvaient définitivement en être,<br />
il reste à jeter un coup d'oeil sur les vestiges archéologiques<br />
en recherchant les arguments pour un rapprochement sites de<br />
mines et sites de campements et les preuves pour identifier la<br />
civilisation des mineurs avec celle des BOBO-DYULA d'aujourd'hui.<br />
(1) Voir plan III page 118.
- 179 -<br />
III.2.2.2. Les objets<br />
On retrouve à peu près les mêmes<br />
outillages et les mêmes objets usuels mobiliers sur les sites<br />
de campements que sur les sites de mines. Les campements ont<br />
livré cependant plus de tessons de céramique que les mines.<br />
Ils ont livré aussi plus de pipes de terre cuite, et des<br />
fusaioles. Ces dernières n'étaient pas apparues sur les sites<br />
de mines.<br />
Les objets métalliques (1)<br />
Des points de flèches, mais aussi des lames de<br />
couteau, deux lames de pioche et une lame de daba figurent parmi<br />
les objets métalliques identifiables trouvés à KANKIELOU et<br />
LOGOFIELA.<br />
Le reste des trouvailles en fer est fait de bouts<br />
de métaux plus ou moins longs, plus ou moins courbes. Ainsi,<br />
une sorte d'anneau (Kan 78 K II 75) (1) dont l'utilisation est<br />
difficile à préciser.<br />
Nous comptons aussi parmi les objets métalliques les<br />
laitiers et scories de fer trouvés à KANKIELOU. Il n'yen<br />
avait pas en masse mais nous en avons trouvé des morceaux.<br />
Laitier et scories ressemblent à ce que nous avons déjà trou<br />
vé sur des sites de fourneaux de fonte du fer. Le creuset (2)<br />
dont nous n'avons que le fond n'était évidemment pas destiné<br />
au fer. Peut-on alors se permettre de supposer une fusion d'or<br />
pour purification ou mise en lingot? L'extérieur du creuset<br />
est vitrifié et présente une irisation verdâtre, mais l'in<br />
térieur est propre comme s'il n'avait jamais servi. Aucune<br />
adhérence.<br />
(1) Voir planche V page 145.<br />
(2) Voir photoXx..X page 175.
- 181 -<br />
en marbre noir de HOMBORI, en schiste et stéatites. Ces bra<br />
celets sont de formes et de sections semblables à ceux dé<br />
couverts sur les sites de mines.<br />
Les résultats de fouilles peuvent sembler n'avoir<br />
pas reçu toute l'exploitation souhaitable. En effet, certains<br />
matériaux tels que les prélèvement de sols, les ossements<br />
n'ont pas du tout été étudiés en laboratoire. La faute revient<br />
au sous-équipement du continent en analyses scientifiques.<br />
Même les échantillons de charbon de bois prélevés tant dans<br />
des puits de minesque sur des sites de campement n'ont pas<br />
tous obtenus d'être datés au radiocarbone, en dépit de nos<br />
efforts. Les cinq résultats de datation sur douze échantil<br />
lons envoyés réalisés par le Labor at.of.r-e de 14 C de DAKAR<br />
permettent de situer déjà les puits miniers de ZANI et GWELPON<br />
et GHGORE, au plus tôt à la fin du XIVème siècle. Nous revien<br />
drons sur la question.<br />
o<br />
o o
D EUX 1 E M E PAR T 1 E<br />
LES TECHNIQUES TRADITIONNELLES DE LA PRODUCTION DE L'OR
CHA PIT R E l V<br />
LES TECHNIQUES ET LES METHODES D'EXPLOITATION
- 185<br />
Les étapes principales du travail des mineurs<br />
africains semblent avoir été :<br />
la prospection, aux méthodes empiriques,<br />
- l'extraction du minerai qui nécessite le plus<br />
souvent des opérations difficiles telles que le<br />
fonçage des puits, galeries et tranchées,<br />
- le lavage, précédé d'un transport laborieux et<br />
d'un broyage éreintant.<br />
Ces étapes ne constituent que les éléments princi<br />
paux d'une chaîne opératoire que nous avons essayée de recons<br />
tituer en entier grâce à la tradition orale et à l'archéologie.<br />
Pareille reconstitution nécessite habituellement l'observation<br />
directe de l'activité étudiée. Mais l'abandon presque total<br />
de l'orpaillage et total de l'exploitation filonienne ne nous<br />
a pas permis la constatation directe. Partant, des tâches<br />
stratégiques, certaines dimensions temporelles de la techno<br />
logie de l'exploitation de l'or n'ont pu être cernées comme<br />
nous l'aurions souhaitées. En effet, les imprécisions com<br />
préhensibles de la tradition orale,même lorsque les acteurs<br />
sociaux peuvent être identifiés, ne permettent pas de recons<br />
titution fidèle d'une technologie traditionnelle aujourd'hui<br />
disparueou profondément altérée par les innovations.<br />
Les opérations minières antérieures peuvent se clas<br />
ser en deux catégories :<br />
l'exploitation des alluvions de fonds de rivière et des<br />
éluvions de pentes,<br />
- l'exploitation des filons de quartz.
- 186 -<br />
A chaque catégorie de mines semble correspondre<br />
des pratiques opératoires différentes au niveau de la pros<br />
pection et de l'extraction. Il faut cependant signaler les<br />
énormes difficultés pour classifier en opérations de mines<br />
et opérations d'orpaillage les travaux anciens.<br />
IV.I. LA PROSPECTION.-<br />
On peut distinguer deux types de prospection : la<br />
prospection alluvionnaire et éluvionnaire, et la prospection<br />
filonienne. La première s'appuie beaucoup' sur les découvertes<br />
fortuites tandis que la seconde réclame plus d'expérience de<br />
la part du mineur. Toutes les traditions recueillies auprès<br />
des BOBO-DYULA spécialistes de l'exploitation de l'or accor<br />
dent une importance à la prospection qui n'était pas néces<br />
sairement aussitôt suivie d'exploitation.<br />
En ce qui concerne la prospection alluvionnaire, le<br />
hasard est maître. Après une grande pluie d'hivernage, les<br />
mineurs suivent les lits des marigots et prélèvent, de temps<br />
en temps, de la boue dans laquelle il leur arrive de déceler<br />
des paillettes d'or. Ainsi à NABOU, les BOBO DYULA disent<br />
reconnaître de cette façon des paillettes d'or dans le lit<br />
du GOUGORE. La légende relative à l'arrivée du premier<br />
BOBO DYULA à NABOU rapporte même que la présence d'or dans<br />
la région lui fut révélée par des pépites abondantes dans la<br />
nature. Le banco des cases en contenait ! L'ancêtre BOBO DYULA<br />
par simple ramassage avait rempli un sac de peau de bouc de<br />
pépites.<br />
Quoique la chose ne nous ait pas été signalée dans<br />
la région, il est probable que les grands arbres arrachés par<br />
les vents violents des tornades de début et de fin d'hivernage<br />
ont pu mettre à découvert des paillettes ou des pépites d'or
- 187 -<br />
retenues par les racines. Cela en tout cas a été observé<br />
ailleurs (1).<br />
Dans le cas de gisement alluvionnaire, la découverte<br />
fortuite d'une paillette qui brille au soleil dans le sable<br />
d'une rivière est une indication suffisante permettant au<br />
mineur de remonter au gîte. Il ouvre des puits tout autour<br />
du lieu de découverte à la recherche d'une zone de riche<br />
minéralisation. Pour ce faire, la prospection par puits peut<br />
le conduire à plus de cent mètres en amont du lieu de décou<br />
verte. Ces puits de prospection sont à la fois des puits<br />
d'exploitation dont le nombre et l'ordre sont déterminés par<br />
la richesse et la forme du gisement.<br />
La prospection alluvionnaire par observation des<br />
sables de rivière ne laisse naturellement pas de trace archéo<br />
logique. Les puits creusés dans le lit de la rivière sont<br />
comblés à chaque hivernage comme cela rrive aux puits d'ali<br />
mentation en eau que la sécheresse actuelle oblige à creuser<br />
dans les lits des rivières GUGORE à NABOU ou ZOURAYOUROU à<br />
NANANO. Au bord des mêmes rivières, les puits de mines les<br />
plus proches des berges sont également bouchés mais recon<br />
naissables.<br />
La prospection filonienne utilise aussi la décou<br />
verte fortuite d'or. Il arrive ainsi qu'en creusant un puits<br />
d' alimentaionen eau, on tombe s'ur une pépite ou qu Ion recon<br />
naisse des paillettes d'or. Mais l'expérience du mineur est<br />
(1) Il semble même selon H. LABOURET dans Lacour-Gaxet, Histoire du Commerce,<br />
tome III, S.P.I.D., Paris, 1953, page 55, que certaines plantes<br />
serviraient en Afrique Occidentale à repérer les gites aurifères.<br />
Il en serait ainsi:<br />
- du BAUHINIA RETICULATA (Nyama en mandié) = légumineuse cisalpinée<br />
- du HEUDELOTIANA (So en Mandé) = légumineuse cisalpinée<br />
- du DIAPYROS MESPILIFORMIS (Sousoun en manding) = ébénacée.<br />
Nous il' avons pas pu vérifier cette information en pays GURUNSI.
- 188 -<br />
son meilleure auxiliaire. Comme le cultivateur qui sait recon<br />
naitre une terre riche et appropriée a chaque type de culture,<br />
le mineur expérimenté possède une image du gite aurifère<br />
type de sa région. Il fait attention à l'orographie, a l'as<br />
pect des roches affleurantes. Il sait qu'ici c'est le quartz<br />
qui est le plus minéralisé. A NABOU et a POURA, les chercheurs<br />
d'or affirment savoir reconnaitre l'ordre de succession des<br />
roches. "Au fond, disent-ils, il Y a une pierre rouge et dure<br />
qui n'a pas d'or. Au dessus .de celle-ci, une roche blanche<br />
qui contient l'or. Au sommet, la roche qu'on délàisse". Cette<br />
description correspond a un schéma où l'or se concentre a la<br />
limite du bedrock et des roches altérées. Le bedrock est cons<br />
titué par des schistes non altérés surmontés de schistes<br />
altérés, le tout recouvert de latérite. Les filons de quartz qui<br />
traversent les schistes ne libèrent leur or que dans la<br />
partie altérée qui correspond a la zone des schistes altérés.<br />
En pareil cas, la prospection consiste a creuser<br />
un puits vertical de profondeur variable jusqu'a atteindre<br />
le filon de quartz. Dès que le filon est reconnu, on le suit<br />
par puits ou par tranchées ouvertes tout au long de son dé<br />
veloppement. De bonnes illustrations de ce mode d'exploitation<br />
sont données par la tranchée de GWELPON (1) et celle du filon G<br />
de POURA-HINES (2).<br />
Au villagede'PkRA,les;BOBODYULA auraient des<br />
personnes spécialisées (3) dans la détection des filons auri<br />
fères. Ces personnes utilisaient des pouvoirs magiques et<br />
un outil qui est une tige de fer d'environ un mètre de long,<br />
avec une extrémité en pointe et l'autre formant une poignée en<br />
(1) Voir photo VIlpage 104.<br />
(2) Voir carte XI page 933.<br />
(3) Voir photo XXXlIpage 176; l'auteur qui signe D.H. signale l'existence<br />
de voyant de l'or à SIGUIRI. Voir Siguiri et les placers d'or.<br />
Bull. d'information et de Renseignements nO 198, Dakar, 1938, page 277.
- 190 -<br />
A l'endroit où le métal meurt, on trouve en creusant, des<br />
pépites. On ne pourrait traduire suffisamment par des mots,<br />
la crainte que l'or inspire aux populations.<br />
La prospection filonienne laisse des traces<br />
archéologiques qui se conservent longtemps. Les nombreux puits<br />
isolés aux alentours parsemés d'éclats de cuartz et qu'on<br />
trouve dans toutes les brousses de la région attestent d'ex<br />
plorations sans doute malheureuses. Dans les champs de mines<br />
où la densité de puits est grande, il est difficile de dis<br />
tinguer les puits de prospection des puits d'exploitation.<br />
Dans tous les camps, les puits de prospection sont aussi des<br />
puits d'exploitation.<br />
Il semble que pour toutes les formes de prospection,<br />
la saison de l' hivernage soit plus favorable _ Retenus par les<br />
travaux champêtres et par les nombreux inconvénients que<br />
comporte l'ouverture de puits de mines en saison de pluies,<br />
les chercheurs d'or se contenteraient pendant cette période<br />
de localiser les gîtes pour une exploitation en fin de saison<br />
surtout.<br />
IV.2. L'EXTRACTION DU MINERAI.-<br />
L'extraction des roches aurifères requiert des mé<br />
thodes et des techniques toutes différentes selon qu'il s'a<br />
gisse d'alluvions ou d'éluvions sous forme de terres végétales<br />
ou de graviers superficiels, ou qu'il s'agisse de filons recou<br />
verts par une importante couche stérile.<br />
Dans le premier cas, J. SAGATZKY résume de la<br />
façon suivante les méthodes traditionnelles d'extraction en<br />
pays LOBI et dans la région de POURA. : "La terre végétale,<br />
le gravier de surface sont exploités par grattages, excava<br />
tions ou petites carrières. Leur étendue dépend de la cortti<br />
nuité de la minéralisation.
- 191 -<br />
Dans le fond d'un cours d'eau, le gravier de sur<br />
face est prélevé sur le bedrock et dans les berges. Dès que<br />
la teneur tombe, l 'orpailleuse (1) s'en va plus loin et re<br />
cherche un autre point minéralisé. Le bedrock n'est jamais<br />
entièrement dégagé, ni raclé. Le stérile est rejeté sur<br />
place" (2).<br />
Les vestiges d'exploitations par ces méthodes sont<br />
très abondants dans la région de POURA. Presque tous les<br />
sites que nous avons reconnus et signalés combinent le déca<br />
page des terres superficielles et le laborieux fonçage de<br />
puits, galeries et tranchées. Les exemples les plus caracté<br />
ristiques de l'exploitation par décapage, grattage, excava<br />
tions et petites tranchées sont fournis par les sites de TON<br />
et de DORA-BOUE. Là, dans les dépressions aux pieds de colli<br />
nes exploitées par puits, les stériles de décapage abandonnés<br />
sur place forment de petites buttes rapprochées les unes des<br />
autres, parfois séparées par une excavation plus profonde.<br />
Le tout aboutit à un paysage moutonné très pittoresque lorsque<br />
les buttes sont dénudées après la récole du sorgho ou du<br />
coton qu'on y plante aujourd'hui.<br />
Pour le travail de décapage, la pioche ,la même<br />
que celle qui sert à déterrer les souches d'antropogon lors<br />
des défrichages des champs de culture, est le principal ins<br />
trument ... Elle permet de travailler même dans l'argile très<br />
compacte. C'est ainsi qu'on l'utilise aussi pour détacher du<br />
(1) Contrairement à ce qu'affirme ici SAGATZKY, dans la région de POURA,<br />
il n'y avait pas que des orpailleuses mais aussi et surtout des<br />
orpailleurs, et des mineurs qui s'attaquaient aux gisements filoniens.<br />
(2) J. SAGATZKY, La géologie et les ressources minières de la Haute<br />
Volta méridionale. .<br />
Bull. Direct. Mines A.O.F. nO 13, Dakar, 1954.
- 198 -<br />
Les travaux sur les filons de quartz ont été les<br />
plus méthodiques à POURA.<br />
Le filon était suivi sur toute l'étendue de sa miné<br />
ralisation en or libre par des tranchées longitudinales.<br />
Celles-ci s'arrêtaient en profondeur au niveau hydrostatique<br />
ou aux limites de la minéralisation apparente" (1).<br />
Pour le mineur ancien, la profondeur plus que la<br />
nature du gisement déterminait les techniques à employer. Ces<br />
techniques sont décrites par la tradition orale. Ce qui reste<br />
comme vestiges confirme ces récits.<br />
Pour le fonçage d'un puits de mine, on procède en<br />
réalité de la même manière que pour un puits d'eau potable à la<br />
différence qu'on n'atteignait pas toujours le niveau hydro<br />
statique. En effet, la tradition dit qu'on atteignait les<br />
quartz avant l'eau. Or, sur le site de ZANI, en fouillant deux<br />
puits de mines, nous avons été refoulés par l'eau avant d'avoir<br />
atteint le sol vierge (2). Pourtant, la fouille s'est faite<br />
au mois de mars, soit le milieu de la saison sèche, et en<br />
plus les dernières années de sécheresse auraient dû abaisser<br />
le niveau de la nappe phréatique. Il est donc vraisemblable<br />
que les anciens mineurs rencontraient parfois l'eau, particu<br />
lièrement en creusant des puits en bordure des marigots.<br />
L'outil principal de forrçage est un piochon que cer<br />
tains auteurs (3) appellent creuson (4). Le piochon est fait<br />
(1) J. SAGATZKY, la géologie et les ressources minières de la Haute<br />
Volta méridionale.<br />
Bull. Direction Mines A.O.F., n° 13, Dakar, 1954, p. 178.<br />
(2) Voir coupe page 131.<br />
(3) C'est le cas pour H. de MATHELIN de PAPIGNY dans Notes sur les<br />
exploitations indigènes de SATADOUGOU.<br />
BCEHS-AUF t. 8, n° 3, Dakar, 1925, p. 397.<br />
(4) Voir pho t oçp.age ,193.
- 199 -<br />
d'une lame puissante en fer emmanchée toute droite au bout<br />
d'un pieu court et massif. La lame se termine en pointe comme<br />
un pic. Le forgeron aiguise cette pointe chaque fois qu'elle<br />
s'émousse. Selon la tradition de NANANO, les lames fabriquées<br />
avec le fer local étaient plus résistantes que celles faites<br />
de nos jours avec du fer d'importation européenne.<br />
Le manche en bois, très court (trente centimètres<br />
environ) permettait au mineur de se tenir accroupi dans le<br />
trou et de creuser les bras le long du corps, en pivotant<br />
sur lui-même pour descendre régulièrement les parois du puits.<br />
Cependant, ce n'était pas avec le piochon qu'on<br />
démarrait le fonçage mais avec la pioche. Lorsqu'on a délimité<br />
par un cercle l'ouverture du puits (80 cm de diamètre<br />
environ), on emploie la pioche pour enlever les terres vege<br />
tales. Puis la lame de la pioche est fixée à l'autre extrémité<br />
du manche. On l'emploie alors comme une barre à mine à la<br />
manière des ASHANTI (1). Ainsi emmanchée (2), la pioche<br />
permet de creuser facilement et rapidement tout en conservant<br />
au puits une bonne verticalité des parois, l'argile compacte<br />
et gravillonneuse qu'on trouve sous la mince épaisseur<br />
d'humus.<br />
En réalité, la pioche est vite abandonnée pour le<br />
piochon plus commode lorsqu'on attaque la cuirasse latéritique<br />
généralement très -dure, apparai-ssant à 50 cm de profondeur<br />
et pouvant se maintenir sur trois mètres d'épaisseur comme à<br />
ZANI.<br />
Lefonçage est un art. Il faut savoir débiter les<br />
roches en conservant au puits la régularité des parois donc le<br />
(1) E. PERREGAUX, Chez les ASHANTI.<br />
Bull. de la Société Neuchateloise de Géographie.<br />
1-XVII, 1906, page 102.<br />
(2) Voir croquis .p age -200.
- 201 -<br />
diamètre à l'ouverture tout le temps. Nulle part, nous n'a<br />
vons trouvé dans la région des puits à section carrée comme<br />
ceux que signale LEVAT dans le BAOULE (1).<br />
Dans sa progression, le mineur taille des encoches<br />
dans la paroi qui lui permettront tous déplacements ultérieurs<br />
entre le fond et l'extérieur de puits. Ces encoches (2), le<br />
plus souvent, s'opposent en alternance avec un écart de<br />
30 à 40 centimètres entre elles. Quelquefois, elles sont<br />
face à face. Elles sont taillées tantôt Est-Ouest, tantôt<br />
Nord-Sud. Nous ne savons cependant pas s'il y avait des rai<br />
sons qui imposaient ces deux seules orientations. Ni échelles,<br />
ni cordages n'étaient utilisés par le mineur pour descendre<br />
ou remonter. Il s'aidait uniquement des mains et des pieds<br />
qui avaient prises grâce aux encoches (3).<br />
Le mineur accroupi au fond du puits avait à portée<br />
de la main un fragment d'écuelle en bois lui servant à assem<br />
bler et ramasser les terres débitées. Ces terres étaient mises<br />
dans un panier qu'un aide lui descendait au bout d'unecorde<br />
en fibre de da. L'aide remontait ensuite le panier. La sélec<br />
tion était faite par le mineur du bas. L'aide rejetait au bord<br />
du puits les stériles et plaçait dans des corbeilles les pré<br />
lèvements riches. Pour ces prélèvements, la présence de pail-<br />
(1) V. LEVAT, Rapport sur les mines d'or de la Société du BANDAMA<br />
(CSte d'Ivoire), 1912, page 8.<br />
Archives SUDEMI, Abidjan.<br />
(2) Voir photo page 138.<br />
(3) Dans l'ASHANTI, on se déplaçait autrement dans les puits.<br />
Sêlon E. PERREGAUX, chez les ASHANTI, Bull. Sté Neuchateloise de<br />
Géographie, T. XVII, 1906, pages 101-102, pour descendre dans les<br />
puits: "il (mineur) faisait des niches sur l'un des cStés ; il<br />
plante l'extrémité de sa bêche dans l'une des niches et appuie l'autre<br />
extrémité contre la paroi opposée. Se suspendant à cette barre,<br />
il place ses pieds sur un degré inférieur puis arcboutant son dos<br />
con'tre la paroi, 'il descend la bèche d'un degré, et ainsi de suite",<br />
C'est ce qu'illustre le croquis de la page 102 du texte repris par<br />
K. ARHIN en page 96, voir page 200.
- 202 -<br />
lettes, l'expérience surtout aidait le mineur (1).<br />
Lorsqu'on rencontrait le quartz qui était en fait<br />
la roche activement recherchée, ses parties les plus friables<br />
étaient attaquées au piochon et la masse compacte au feu par<br />
utilisation du procédé de la rapide variation thermique qui<br />
entraîne une désagrégation des roches. Pour cela, on fait<br />
chauffer le quartz par un feu de branchages puis on verse là<br />
dessus de l'eau froide. Le quartz craque sous l'effet de la<br />
variation rapide de température et livre ainsi des blocs qui<br />
peuvent être hissés à la surface. Là, s'opère une sélection.<br />
Les quartz reconnus riches en or sont emportés pour le broyage<br />
et le lavage tandis que ceux estimés stériles sont abandonnés<br />
sur place. Ce sont ceux-là qui jonchent les champs de mines<br />
et qui constituent pour l'archéologue un indicateur pré-<br />
cieux pendant la prospection. On trouve aussi ces stériles<br />
en fouillant les tertres de rejets.<br />
La sélection quartz riches, quartz pauvres est<br />
empirique et s'appuie essentiellement sur l'expérience. Pour<br />
la tradition, l'or ronge la pierre et choisit un endroit où<br />
il s'installe. Il faut le tuer avant de le sortir de la<br />
pierre. Des paroles magiques, des chants même, servent de<br />
révélateurs de l'or et à neutraliser sa puissance maléfique.<br />
Cet empirisme explique peut-être que les mineurs anciens aient<br />
.Lai.ssê ven place une '.grandepartie de la masse de quartz. On<br />
ne s'attaquait qu'aux endroits où des paillettes d'or étaient<br />
visibles.<br />
(l) J. DUPUIS, cité par V. KACHINSKY en page ]93 dit que, dans l'ASHANTI,<br />
la terre d'excavation étaitsimplement soupesée et si elle était<br />
lourde, on l'envoyait en surface où elle était lavée.<br />
V. KACHINSKY, les aspects historiques et sociaux de la question de<br />
l'or au TOGO, Togo-Cameroun, Paris, ]935.
- 204 -<br />
c'est le dépilage du filon qui entraîne le creuse<br />
ment des galeries. On creusait les puits par équipes de deux.<br />
Pour l'attaque d'un filon on ouvrait deux puits à quelque<br />
distance l'un de l'autre et on les descendait verticalement<br />
jusqu'à ce qu'on soit au niveau du quartz. Les deux équipes<br />
l'atteignaient presqu'au même moment. Les équipes creusaient<br />
alors latéralement en direction l'une de l'autre. Elles déga<br />
geaient les terres autour du filon et progressaient jusqu'à<br />
se rencontrer entre les deux puits (1). Le filon mis à nu,<br />
on l'attaquait au piochon avant d'y mettre le feu. Des vei<br />
nules de quartz pouvaient être entièrement exploitées mais le<br />
plus souvent, on ne prélevait qu'une partie de la masse.<br />
Dans tous les cas, le toit de la galerie ne s'effondrait pas<br />
parce que constitué d'une cuirasse latéritique dure.<br />
Plusieurs puits peuvent être reliés entre eux de<br />
cette façon sans que le toit ne s'effondre parce qu'il demeu<br />
rait toujours aussi des piliers de terre auxquels on ne tou<br />
chait pas. Un mineur pouvait aussi suivre en galerieun filon à<br />
partir d'un seul puits. Il semble cependant que partir de<br />
deux puits offrait plus de sécurité. En cas d'effondrement,<br />
on pouvait sortir par le puits non condamné. Les effondre<br />
ments étaient rares. Lorsque cela arrivait et qu'il y avait<br />
mort d'homme, on abandonnait le site pour un autre. La tra-<br />
dit.Lon de .POURA-village rel,ate,une .cat.as t rophe qui aurai t fai t<br />
cent victimes. Voici comment elles est rapportée: "Ils (les<br />
mineurs) entraient à plus de vingt personnes dansun puits<br />
pour creuser. C'est ainsi qu'un jour une galerie s'est effon<br />
drée et a tué plus de cent SANKURSI dans un lieu appelé<br />
MUMUGU. Ce MUMUGU est ainsi appelé à cause de la catastrophe<br />
(1) Comment creuser l'un en direction de l'autre sans se voir? Les<br />
encoches faites dans les parois des puits fournissaient peut-être<br />
une vraie orientation.
- 206 -<br />
rien de tel n'existe et les fouilles n'ont donné aucun indice<br />
de boisage ou de contrefort en pierre.<br />
D'ailleurs, la galerre n'était pas toujours néces<br />
saire. Lorsque le filon n'était pas très profond (2 à 3 mètres<br />
de profondeur), le travail de terrassement consistait à dé<br />
broussailler le terrain, à attaquer le stérile à coups de<br />
pioche en le rejetant de côté. Puis, à coups de piochon, on<br />
désagrégeait le gravier compact de la cuirasse et les parties<br />
tendres du quartz. La masse est ensuite soumise au débitage<br />
par variation thermique rapide comme nous l'avons décrit plus<br />
haut. Les gros blocs sont soulevés par des leviers en bois pre<br />
nant appui sur des caillous (1). Ils sont roulés, cassés à la<br />
recherche de zones de forte minéralisation. Les quartz consi<br />
dérés stériles sont abandonnés sur le carreau de mine i le<br />
reste est emporté par le broyage. Ce dépilage du filon à ciel<br />
ouvert est observé sur les sites de POURA-MINES, GWELPON et<br />
ZIGUITIO. Il donne ces larges tranchées semblables à des<br />
lits encaissés de marigots.<br />
L'orientation des tranchées, l'alignement des puits<br />
lorsqu'on parvient à discerner une certaine organisation,<br />
peuvent constituer des indices de repérage de filons auri<br />
fères. Ce sont ces indices qu'ont utilisé les géologues pour<br />
la reconnaissance en profondeur des filons de POURA-MINES.<br />
,Les .di f f i.cuLt.ê s det·raitement du qua-rtz ont rendu<br />
très rare l'exploitation filonnienne traditionnelle en Afrique<br />
Occidentale. Les mines de HIRE en Côte d'Ivoire et celles<br />
de Guinée ont été les seules avec les mines de la région de<br />
POURA à avoir un dépilage des filons de quartz (2).<br />
(J) On retrouve la même technique en RHODESIE. Voir R. SUMMERS<br />
op. cit., dessin de couverture.<br />
(2) J. ARCHAMBAULT, Notes sur les travaux miniers indigènes de la moyenne<br />
Côte d'Ivoire.<br />
Annexe au rapport sur les gisements aurifères dela région de DIMBOKRO,<br />
TOUMODI, TIASSALE, oUME , BOUAFLE (C.I.), Dakar, 1934, page 2
IV.3. LE LAVAGE.-<br />
- 207 -<br />
L'observation des actes effectués de nos jours,<br />
par les orpailleurs ne donnent qu'une idée des efforts fournis<br />
parle passé (1). Ne pratiquant plus que le lavage de terres<br />
végétales et de sables de rivière, le dur travail de broyage<br />
est absent.<br />
En effet, pour les terres végétales et les sables<br />
de rivière, il n'y a aucune préparation préalable au lavage<br />
à la batée.<br />
Les instruments dont se servent les laveuses sont :<br />
- une grande terrine en terre cuite aujourd'hui remplacée par<br />
une bassine métallique. Ce récipient pouvait contenir<br />
15 à 20 litres d'eau;<br />
- deux calebasses une de taille moyenne (5 litres), l'autre<br />
petite (1 litre) formaient avec la terrine les outils indis<br />
pensables de la laveuse ;<br />
- une petite écuelle en bois complétait cet outillage. Elle<br />
servait à prendre une portion de terre à laver dans le tas<br />
disposé à même le sol à côté de l'orpailleuse pour la pla<br />
cer dans la calebasse de taille moyenne en vue du débour<br />
bage. La charge de terre est plongée dans la terrine d'eau.<br />
La terre mouillée est malaxée à la main. Les cailloux sont<br />
triés et rejetés après examen. Lorsqu'il ne reste que de la<br />
terre sans cailloux, la laveuse exécute une série de mouve<br />
ments, oscillatoires, en inclinarttde temps en temps la<br />
calebasse vers elle. L'eau boueuse se déverse alors dans la<br />
terrine en entraînant avec elle les matières légères. La<br />
laveuse renouvelle de temps en temps l'eau de la calebasse<br />
en en prenant dans la terrine. Progressivement, il ne demeure<br />
au fond de la calebasse qu'un résidu composé de gros grains<br />
de quartz, d'oxyde de fer noir, de paillettes d'or. Encore<br />
un tri manuel, un rinçage par apport d'eau propre prélevée<br />
Cl) Voir photo page 192.
- 20'8 -<br />
dans une jarre posée en proximité, et le résultat du lavage,<br />
une fine poudre noire avec des reflets jaunes, est versée dans<br />
la petite calebasse. La laveuse reprend les déchets au fond<br />
de la terrine pour un ou deux lavages de contrôle. Puis,<br />
les déchets boueux sont définitivement abandonnés en tas.<br />
La laveuse reprend une nouvelle charge de terre dans sa<br />
calebasse de taille moyenne, et le même manège recommence.<br />
Elle accumule successivement dans la petite calebasse les<br />
concentrés noirâtres. Le dernier lavage qui-sépare la poudre<br />
d'or de la limaille de fer et des derniers éclats de quartz<br />
a lieu à l'intérieur des cases.<br />
Cette technique de lavage à la batée peut encore<br />
être observée de nos jours. Les ustensiles habituels sont<br />
cependant remplacés par des récipients métalliques. Une autre<br />
innovation consisterait dans l'emploi de mercure pour retenir<br />
et dissoudre les plus faibles parcelles d'or contenues dans<br />
le sable. Nous n'avons pas vu opérer mais un géologue consulté<br />
sur les avantages de l'emploi du mercure n'a pas marqué de sur<br />
prise mais du scepticisme quant à la possibilité pour l'or<br />
pailleuse de réussir toutes les conditions de la réaction<br />
chimique de l'amalgamation par le mercure. Le mercure n'existe<br />
pas en Haute-Volta et n'était pas connu des habitants de la<br />
région de POURA avant sonutilisation par les Français dans<br />
l'exploitat·ion de l'or ;de·'POURA. "L'eau de l'or" comme on<br />
appelle le mercure, utilisée par les orpailleurs aujourd 'hui"<br />
provient des citernes abandonnées par la Société des Mines<br />
de POURA.<br />
Aujourd'hui, les orpailleurs s'installent pour<br />
laver à l'ombre des arbres en proximité des puits de l'usine<br />
de POURA. Jadis, ils allaient aux bords des marigots ou de<br />
la Volta Noire. Le minerai, après avoir subi un triage<br />
grossier au bord de la mine qui séparait les blocs de quartz<br />
à or visible, était emporté vers le village ou les points de<br />
lavage. "Dans des 'mortiers de roches vàlcaniques, on concas-
- 209 -<br />
sait et pulvérisait aussi finement que possible les quartz<br />
sélectionnés à la mine. On emportait ensuite les sables ob<br />
tenus pour le lavage. La tradition insiste sur le broyage<br />
au lieu du lavage tout comme dans les concessions. Hais nous<br />
sommes enclin à penser qu'il avait surtout lieu dans les con<br />
cessions. En effet, c'est sur les places de marché et sous<br />
les hangars de repos qu'on retrouve aujourd'hui ces mortiers,<br />
transformés en sièges. La fouille des sites de mines n'a<br />
donné aucun mortier. Nous en avons trouvé par contre mais en<br />
petit nombre sur les sites de campements. Les mortiers auraient<br />
été rapportés dans les villages pour les usages qu'on en fait<br />
maintenant. Cela est incontestable au moins pour les mortiers<br />
des places de marché. Ceux des concessions peuvent s'y trouver<br />
depuis longtemps.<br />
On paraît avoir ignoré le lavage à la batée dans le<br />
lit des marigots. Cette opération implique une longue station<br />
dans l'eau. De même, d'autres méthodes de récupération de<br />
l'or telle que la sluice .(1) sont ici inconnues.<br />
La poudre d'or obtenue par lavage ne subissait aucune<br />
transformation par les orpailleurs eux-mêmes. Ces derniers<br />
les conservaient dans des creux de tiges, d'os ou de corne<br />
bouchés par une pièce de tissu.<br />
(1) La sluice est un appareil rudimentaire servant au lavage des graviers<br />
aurifères. Elle est faite d'un chenal en bois garni de chicanes.<br />
Installée en position inclinée, on y fait couler de l'eau et on y<br />
verse les graviers aurifères à la tête du chenal. Le gravier, le<br />
sable, et la terre sont captés par le courant d'eau alors que l'or<br />
demeure dans les chicanes. Sur cette technique en Afrique Occidentale,<br />
on peut consulter M. PERRON, la méthode du sluicing dans l'exploitation<br />
des terrains aurifères de la région de BAMBOUK et de la FALEME<br />
GAMBIE, Bull. Agence Générale des Colonies, n° 272, Paris, 1932,<br />
pages 1426 à 1430.
- 210 -<br />
IV.4. L'ORGANISATION DUTRAVAIL.-<br />
Comme la plupart des activités artisanales, l'ex<br />
ploitation aurifère avait lieu pendant la morte saison, c'est<br />
à-dire la saison sèche qui s'étale longuement et grosso-modo<br />
de la mi-novembre à la mi-juin. Pendant l'hivernage (mi-<br />
juin à la mi-novembre), les activités agricoles occupaient<br />
toutes les énergies. Dans le domaine minier, l'hivernage est<br />
cependant une période de prospection. D'une part, on avait<br />
besoin de bras pour la culture des champs, et d'autre part,<br />
l'exploitation filonienne et alluvionnaire telle qu'elle<br />
était pratiquée était impossible, en tout cas dangereux en<br />
saison de pluies. On ne plongeait pas sous l'eau comme dans<br />
l'ASHANTI pour ramener les terres aurifères. Les puits et les<br />
galeries se remplissaient d'eau. On peut le constater encore<br />
aujourd'hui à chaque hivernage. Il fallait donc attendre que<br />
l'eau s'infiltre assez profondément, que la terre redevienne<br />
ferme pour éviter l'écroulement des voûtes de galeries. Selon<br />
le mode local d'exploitation de l'or, on n'avait pas besoin<br />
de beaucoup d'eau pour le lavage.<br />
Pendant nos enquêtes, nous n'avons rencontré qu'un<br />
seul informateur assurant que ses ascendants ignoraient la<br />
culture des champs, leur unique activité étant l'orpaillage.<br />
Ils orpaillaient toute l'année avec l'aide d'esclaves dont<br />
quelques-uns étaient distraits pendant l'hivernage pour les<br />
champs de cultures.<br />
Le travail des mines semble avoir été à la fois<br />
l'oeuvre d'hommes libres et d'esclaves, une activité masculine<br />
et féminine.<br />
Au niveau de la division sexuelle du travail, les<br />
hommes tenaient les rôles les plus durs physiquement. Ils<br />
opéraient les prospections. Ce sont les hommes qui "voyaient<br />
l'or", qui pouvaient "tuer l'or". Les hommes creusaient<br />
les puits dans les placers ou pour rechercher les filons de
- 211 -<br />
quartz. Concurremment avec les femmes, ils-assuraient le<br />
transport du minerai de la mine aux points de lavage. Ils<br />
assuraient seuls le broyage des quartz mais laissaient de<br />
préférence le lavage aux femmes. Cette dernière activité<br />
n'était pas interdite aux hommes, mais elle se composait de<br />
gestes que les femmes exécutaient journellement dans leur vie<br />
de ménagère lorsqu'elles séparent par exemple des céréales<br />
des caillous qui peuvent s'y mêler lors de la récolte. Aussi<br />
les femmes ont-elles la patience et le geste plus sûrs que<br />
les hommes. Aujourd'hui, sous les arbres auprès des pentes<br />
de l'usine de POURA, on voit aussi bien des hommes que des<br />
femmes laver les terres végétales car on ne fait plus d'exca<br />
vations à la recherche de zones de forte minéralisation.<br />
Le rôle des enfants était nul, même si par la suite<br />
ils avaient leur part au partage de la poudre d'or.<br />
En effet, l'exploitation de l'or revêtait un carac<br />
tère familial. Y participaient les hommes, les femmes et les<br />
esclaves de la famille. La mine comme les champs de culture<br />
familial était placée sous le contrôle du chef de famille.<br />
Le rôle des esclaves dans cette activité industrielle<br />
nous est présenté de deux manières :<br />
Partout, la tradition BOBO DYULA reconnaît que les<br />
familles détenaient des esclaves avant l'arrivée des Français<br />
à la fin du siècle dernier. Mais, à NABOU, on prétend que<br />
c'étaient des esclaves domestiques qui n'étaient pas destinés<br />
aux mines. "On y employait pas d'autres personnes que nous<br />
mêmes, car l'or les mangerait 11 nous a-t-on répondu à propos<br />
de l'emploi d'esclaves dans les mines.<br />
A POURA-village,cà FARA et à NANANO par contre, on<br />
s'enorgueillit encore des quantités d'esclaves que chaque<br />
famille détenait. A POURA-village, la tradition dit que<br />
chaque famille avait environ 60 esclaves qu'on nourrissait<br />
au "tô" (1), comme tout le monde, et qu'il n'y avait pas de<br />
(J) Le " t ô" es t une espèce de gâteau préparé avec de la farine de mi 1. Il<br />
est l'aliment de base dans les savanes soudanaises.
CHA PIT R E V<br />
LA PRODUCTION D'OR ET SON EVOLUTION
- 216 -<br />
Les quantités d'or produites par les mines exploi<br />
tées traditionnellement en Afrique Noire sont liées à de nom<br />
breux facteurs autres que les conditions géologiques et hu<br />
maines dont les éléments principaux ont été développés plus<br />
haut. Il y a des facteurs politiques parmi lesquels le niveau<br />
etle mode d'organisation politique de la société des mineurs<br />
concernés. Il y a aussi des facteurs sociaux parmi lesquels<br />
nous relèverons<br />
- la main-d'oeuvre: celle-ci peut être nombreuse ou insuf<br />
fisante, libre ou servile;<br />
- la place de l'or dans la Société l'or, objet de commerce<br />
ou de thésaurisation.<br />
Par dessus tout, la condition essentielle de la<br />
production aurifère reste la sécurité au niveau local, comme<br />
au niveau régional.<br />
L'historien rencontre toujours des difficultés,<br />
voire des obstacles quasi insurmontables à chiffrer en quan<br />
tités absolues la production d'or .pendant la période précolo<br />
niale. Les estimations faites ici et là au tout début de la<br />
colonisation ou postérieurement, restent imprécises, très<br />
entachées de subjectivité. Elles autorisent difficilement<br />
des extrapolations pour les périodes antérieures.<br />
Pour cerner la production d'or de la région de<br />
POURA pendant la période précoloniale, nous avons, quant à<br />
nous, essayé d'utiliser les données des orpaillages contrôlés<br />
tant en Haute-Volta que sur des placers Ouest-Africains aux<br />
conditions géologiques semblables. Nous avons recouru aussi
- 217 -<br />
à l'archéologie pour évaluer le nombre de puits creusés, le<br />
volume des minerais extraits, les quantités d'or produites.<br />
Le caractère très approximatif des résultats obtenus<br />
transparaît clairement, mais il ne semble pas exister à notre<br />
avis mille manières d'aborder la question.<br />
V.l. LES CONDITIONS ECONOMIQUES, POLITIQUES ET SOCIALES DE LA<br />
PRODUCTION D'OR DANS LA REGION DE POURA.-<br />
Le type de société semble avoir été déterminant dans<br />
la production aurifère de l'Afrique Occidentale. Il est indé<br />
niable que l'organisation étatique offrait les conditions les<br />
meilleures pour le travail des mines. L'Etat fort assurait<br />
la sécurité et la paix régionale. L'Etat organisé pouvait<br />
récupérer des droits sur les mines sans pour autant faire<br />
peser sa domination sur les groupes habitant les régions mi<br />
nières. Nous avons vu plus haut comment du temps des empires<br />
soudanais du Ghana ou du Mali, les habitants des régions pro<br />
ductrices d'or s'opposaient à toute conquête et gardaient<br />
jalousement leur autonomie. Pourtant, ce fut le temps où<br />
l'Afrique Occidentale connut ses plus fortes productions d'or<br />
(l) .<br />
L'association Etats forts - exploitations minières se<br />
confirme plus .qu'ailleurs en pays ASHANTI et au BAOULE. A la<br />
(1) R. MAUNY évolue la production annuelle d'or aux temps des grands empires<br />
à environ 10 tonnes, sur lesquelles six étaient prélevées pour l'exportation.<br />
Au début de la colonisation, la production de l'Afrique<br />
Occidentale française où se trouvaient la plupart des mines, ne produisait<br />
plus plus que 3 à 5 tonnes annuelles :<br />
- 3 560 kg en 1936 selon J. MALAVOY in L'or en Afrique Occidentale<br />
Française, Cahiers Coloniaux nO 762, 1937, page 59.;<br />
- 4 650 kg en 1939 selon P. SEYER in Notes sur l'orpaillage indigène<br />
en Côte d'Ivoire. Service des Mines de l'A.O.F., Dakar, 1940,<br />
page 1.<br />
La production aurait donc baissé de moitié depuis la fin du XVIème<br />
-sirèc l e •
- 219 -<br />
Pour la région de POURA dont il est question dans<br />
ce travail, il n'y eut en effet aucune structure politique<br />
au-dessus de la chefferie villageoise. Les GURUNSI sont des<br />
agriculteurs pacifiques qui ont toujours admis sans difficulté<br />
dans le voisinage de leurs villages et même dans leurs vil<br />
lages, des populations de cultivateurs comme eux, et aussi<br />
des étrangers aux activités diverses. C'est ainsi que les<br />
BOBO DYULA se sont installés auprès dieux pour le commerce,<br />
le travail des mines d'or, l'artisanat: le tissage en par<br />
ticulier.<br />
Le développement des immigrations en provenance du<br />
Sud, de l'Est ou de l'Ouest (1) a provoqué dans la région de<br />
POURA des brassages ethniques sans toutefois parvenir à la<br />
constitution d'un pouvoir centralisé régional qui aurait pu<br />
appuyer son essor sur la production aurifère. Les anciens vil<br />
lages tels NABOU, NANANO, POURA, ont certes, au cours de cette<br />
évolution, changé de direction politique, celle-ci ayant été<br />
souvent confisquée par les nouveaux arrivants, mais des vil<br />
lages nouveaux ont également surgi avec une organisation poli<br />
tique propre aux populations qui les ont fait naïtre. Il en<br />
est ainsi des nombreux villages BWAWA, des villages BOBO-DYULA<br />
et plus récemment des villages MOSSI.<br />
Chaque village de la reglon a conservé son autonomie<br />
"endépit de quelques tentatives des YARO de NABOU de placer<br />
certains villages sous leur "ombre" (2). Même les alliances<br />
circonstantielles comme lors de l'invasion ZERMA, faites sous<br />
la direction du village réputé le plus ancien (NABOU) ne<br />
(1) cf. Chapitre II.<br />
(2) YARO signifie "l'ombre" : c'est une invitation aux voisins à venir<br />
se placer sous leur protection.
- 220 -<br />
traduisaient nullement des liens de dépendance politique. Les<br />
villages de la région de POURA ont vécu jusqu'à la conquête<br />
coloniale au stade de la chefferie village avec le pouvoir<br />
politique aux mains d'un lignage souvent venu d'ailleurs,<br />
alors que la maîtrise de la terre restait entre les mains<br />
des autochtones GURUNSI. Nous rappelons le caractère cosmo<br />
polite de ces villages alors qu'aujourd'hui encore, on per<br />
çoit le village en Afrique Noire comme composé d'un groupe<br />
ethnique homogène. Même la tradition officielle de NABOU le<br />
reconnaît, c'est l'administration française qui a fait de<br />
NABOU un chef-lieu de canton regroupant ainsi artificiellement<br />
des villages qui aujourd'hui rejettent ce rattachement<br />
arbitraire.<br />
La production d'or dans la région de POURA ne peut<br />
être imputée à un Etat fort et organisé. Elle a été, comme<br />
cela apparaît dans toutes les traditions, une activité libre,<br />
menée par une population d'immigrants ayant trouvé l'hospita<br />
lité auprès des agriculteurs GURUNSI. La production d'or s'est<br />
donc faite sans nulle autre protection, mais elle a connu des<br />
aléas des crises politiques et économiques qui ont surgi à<br />
certaines époques sur les deux rives de la Volta Noire.<br />
Celles-ci ont entraîné un certain regroupement de la vente<br />
de l'or en les mains de personnes pouvant se procurer une pro<br />
tection.<br />
En effet, société étatique ou lignagère, une condi<br />
tion indispensable pour le travail des mines est la sécurité<br />
pour l'exploitation et la sécurité pour le commerce. Les<br />
guerres, les invasions et les razzias pour l'esclavage étaient<br />
d'un effet néfaste sur le travail des mines. Partout en Afrique<br />
de l'Ouest elles ont provoqué le ralentissement, voire l'ar<br />
rêt de toute activité minière. De nombreux témoignages en<br />
font foi. Ainsi, selon J. DUPUIS, que cite KACHINSKY, les<br />
peuples soumis aux ASHANTI (FANTI, les gens de QUAHO et
- 223 -<br />
fànçage des puits n'existait encore. Certaines cachettes<br />
sont encore aujourd'hui connues de la tradition. A NABOU,<br />
le vieux TRAORE SOUMOUNI, représentant actuel des BOBO-DYULA,<br />
sait où sont cachés dans la montagne l'outillage des anciens<br />
mineurs. Lorsque nous lui avons demandé de nous montrer la<br />
cachette, il a répondu que cela était faisable mais qu'aupa<br />
ravant, il lui fallait accomplir des sacrifices. Nous nous<br />
sommes proposé pour offrir les éléments (non énumérés)<br />
de ces sacrifices. Il s'y est opposé en disant que ce n'était<br />
pas notre affaire. Et finalement, lui-même n'a rien entrepris<br />
donc ne nous a rien montré. A PARA, au site de GWELPON, des<br />
outils seraient cachés dans une galerie qui part "du puits à<br />
échelle" (1) et se dirigeant vers l'Est. La fouille de ce<br />
puits et de ladite galerie n'a pu être réalisée au cours de<br />
nos recherches.<br />
Les mines ne furent pas les seules à être abandon<br />
nées. Les champs de cultures furent également délaissés en<br />
raison de l'insécurité. On s'éloignait le moins possible des<br />
villages. Cependant, aucun village de l'actuel canton de<br />
NABOU ne fut détruit. Il n'y eut même pas de passage de pil<br />
lards ZEIU·1A.<br />
Le village de DIO dans le canton voisin de SILLI<br />
fut par contre détruit. Dans tout le pays GURUNSI, beaucoup<br />
de qeris vfurent pris et vendus comme esclaves. Un homme valait<br />
100 000 cauris et une femme le double. Nous avons pu -recueil<br />
lir le témoignage d'un vieillard, fils d'un captif fait par<br />
les ZERMA à KAMPALA, en pays GURUNSI-KASSENA. L'esclave emmené<br />
dans la région de LEO a dû sa liberté à l'intervention fran<br />
çaise. Resté en pays GURUNSI-NUNA, il y épousa une fille NUNA<br />
de qui naquit notre informateur (2).<br />
(1) Voir chapi tre III : l'information archéologique.<br />
(2) Notre informateur qui n'appelle NEBIE Baproui habite POURA-village.<br />
Il est âgé d'environ 55 ans. Il aurait servi dans l'armée française.
- 225 -<br />
l'on sait que partout où on a essayé d'asservir les habitants<br />
des régions aurifères, les exploitations en ont souffert. Il<br />
est donc probable que les guerres pour esclaves ont provoqué<br />
la cessation des activités minières là où on les menait sur<br />
les deux rives de la Volta Noire. On pourrait être surpris<br />
que chefs et aventuriers se soient plus intéressés aux esclaves<br />
qu'à l'or. On est cependant éclairé en lisant KACHINSKY :<br />
"La chasse à l'homme a été d'un rapport de beaucoup supérieur<br />
à celui d'un placer aurifère, même le plus riche" (1). Le<br />
même auteur qui met en comparaison le produit annuel de l'ex<br />
ploitation de l'or en Afrique et celui de la vente des escla<br />
ves sur le même continent révèle que l'or rapportait seule<br />
ment 5 750 000 francs par an tandis que les revenus de la<br />
vente des esclaves rapportaient aux partenaires africains<br />
de la traite 420 000 000 francs, soit 80 fois plus que le rap<br />
port de l'or. Ces chiffres étant établis sur la base des prix<br />
pratiqués en Afrique, dans les pays du Golfe de Guinée, on<br />
comprend pourquoi souverains et courtiers ont pu préférer<br />
les expéditions esclavagistes au maintien de la sécurité pro<br />
pice au travail des mines. Dès lors, ne pouvaient avoir de<br />
l'or que ceux disposant de mines et d'esclaves pour les mettre<br />
en valeur.<br />
En tout cas, les guerres pour esclaves dans le pays<br />
GURUNSI et dans les populations environnantes ont eu des<br />
effets négatifs sur la production d'or.<br />
Cependant, c'est à l'occupation française que la<br />
tradition attribue la cessation complète de toute activité<br />
minière. La suppression de la traite et de l'esclavage imposée<br />
par le nouveau conquérant aurait été aux mineurs (les BOBO<br />
DYULA) la main-d'oeuvre servile dont ils se servaient pour les<br />
travaux les plus durs. Il y a donc là un paradoxe qui peut<br />
(1) V. KACHINSKY, les aspects historiques et sociaux de la question de<br />
l'or du TOGO, Togo-Cameroun, Paris, 1935, page 192.
- 228 -<br />
la disparition presque complète de la même activité à LOBI<br />
(l) .<br />
L'auteur relève l'existence de travaux anciens<br />
à POURA mais ne dit rien de la situation de l'industrie mi<br />
nière traditionnelle en 1936. Cependant, on lit èntre les<br />
lignes que la situation y était plus grave qu'au LOBI et<br />
qu'en réalité il n'y avait plus d'activité minière tradition<br />
nelle.<br />
Trois ans plus tard, à partir de 1939, les efforts<br />
de Jean SAGATZKY pour relancer l'exploitation ne semblent pas<br />
avoir rencontré des échos favorables. On peut donc considérer<br />
que depuis la conquête coloniale, tïndustrie aurifère tradi<br />
tionnelle dans la région de POURA était morte, en tout cas<br />
moribonde. Aujourd'hui, on dénombre à peine une dizaine d'or<br />
pailleurs, hommes comme femmes qui s'adonnent en saison sèche<br />
au lavage des terres végétales à proximité de l'usine aban<br />
donnée de POURA-Mines. Dans les autres villages, toute activité<br />
d'extraction ou de lavage a cessé.<br />
Si nous pouvons ainsi déterminer dans le temps la<br />
limite supérieure de l'exploitation traditionnelle de l'or<br />
dans la région de POURA et même affirmer qu'à partir du<br />
milieu du XIXème siècle, il n'y eût plus d'exploitation inten<br />
sive des mines, il nous est plus difficile de proposer une<br />
chronologie -dm f é r Le.u-re . qui marquerait la découverte et le<br />
début de l'exploitation de l'or dans la région.<br />
En reprenant l'ensemble de nos informations, trois<br />
grandes périodes semblent marquer la production aurifère :<br />
1°) Une première période qui se situe avant l'arrivée des<br />
BOBO-DYULA. Sont déjà présents dans la région de POURA les<br />
groupes GURUNSI, DAGARI et DYAN. Des MOSSI venus du Nord du<br />
pays MOSSI se sont intégrés aux GURUNSI de POURA. Durant cette<br />
Cl) F. BLONDEL, Mission en Afrique Occidentale Française (fév. juin 1936),<br />
Arch. Nat. Française, Section T.P., carton 149, dos. l, pages 47 à 63.
- 229 -<br />
période, la tradition nie toute activité de recherche aurifère.<br />
Mais elle ajoute incidemment que dans le banco des cases,<br />
on remarquait des paillettes et des pépites d'or. Cela laisse<br />
supposer que l'or était connu, peut être exploité même si<br />
la production était alors insignifiante. Nous avons, pour<br />
notre part, toujours été intrigué par cette histoire de MOSSI<br />
immigrant dès cette époque en provenance du pays HOSSI. Ne<br />
s'agirait-il pas plutôt de MANDE-DYULA de la famille de<br />
ceux qui, très tôt, se sont installés d'abord dans le YATENGA<br />
puis sont descendus jusqu'au Sud du pays Mossi semant l'islam<br />
sous leurs pas. Ces DYULA spécialisés dans le commerce sont<br />
appelés YARSE par les MOSSI et OUANGARBE par les PEULS. Les<br />
plus anciens au pays MOSSI seraient d'origine SONINKE.<br />
D'après TAUXIER (1), c'est sous le règne de KOUDOUHIE, sixième<br />
MOGHO NABA de OUAGADOUGOU dont l'auteur fixe le règne entre<br />
1350 et 1380 que ces SONINKES commerçants sont arrivés en<br />
pays MOSSI venant de la région de SEGOU. Au XVIIIème siècle,<br />
d'autres SONINKES parlant BAMBARA recrutés par NABA KANGO du<br />
YATENGA vinrent grossir les rangs des MANDE DYULA. Dans le<br />
même temps, des MANDE DYULA venant de la région de BOBO<br />
DIOULASSO se sont également établis en pays MOSSI.<br />
On connait la facilité d'assimilation de ces DYULA<br />
commerçants aux populations locales au sein desquelles ils<br />
exercent leur métier. Il.ne serait donc pas étonnant qu'un<br />
groupe MANDE DYULA de la première vague, assimilé aux MOSSI<br />
en raison d'un long séjour dans ce pays, soit perçu par les<br />
GURUNSI de POURA comme des MOSSIS. L'histoire des MOSSI montre<br />
que ce peuple a plutôt tendance à assimiler qu'à s'assimiler.<br />
Si nous retenons l'hypothèse que les NIGNAN de POURA<br />
sont en réalité des MANDE DYULA commerçants et non des MOSSI<br />
(1) L. TAUXIER, Le noir du YATENGA, Paris, Larose, 1917, pages 551 à 560.
- 231 -<br />
L'invasion ZERMA, les convulsions politiques sur la<br />
rive droite de la Volta Noire provoquées par la naissance<br />
du WAHABOU et la poussée migratoire BWA au milieu du XIXème<br />
siècle freineront très sérieusement les efforts de cette<br />
deuxième période à laquelle mettra fin la conquête française.<br />
En effet, si l'intervention des colonnes françaises<br />
est perçue par la tradition comme ayant marqué un coup d'arrêt<br />
brutal aux activités minières, il faut comme nous l'avons dit<br />
plus haut, introduire quelque modération.<br />
3°) Nous pensons en effet qu'il existe une 3ème période qui<br />
part de l'occupation française et qui dure encore aujourd'hui.<br />
Elle a été marquée par le retour des BOBO-DYULA qui pour des<br />
raisons de sécurité ou pour se joindre aux guerres saintes<br />
du WAHABOU avaient quitté la rive gauche à la fin du XIXème<br />
siècle. La paix revenue, plusieurs sont rentrés de WAHABOU<br />
et de SAFANE. Ils s'orientent dorénavant vers l'agriculture<br />
et particulièrement la culture du coton. Ils abandonnent l'ex<br />
ploitation filonnienne de IJor et d'une manière générale<br />
l'exploitation minière. QUelques rares individus ont poursuivi<br />
avec tenacité l'orpaillage en lavant au bord des puits et<br />
des marigots les terres végétales ou de vieux rejets. Il faut<br />
les surprendre au travail, autrement, ils n'avouent pas<br />
d' ernbléele.ur ..act i,vité.<br />
Pendant cette troisième période, les migrations des<br />
BWAWA jadis gênées par les conflits, s'intensifient. Les BWAWA<br />
ne se sont occupés que de cultures et se sont depuis rendus<br />
champions dans la production cotonnière (1). De nombreux MOSSI<br />
fuyant le plateau central surpeuplé et de plus en plus déser<br />
tique sont venus également s'installer. Parmi ces derniers,<br />
(1) Le coton était pendant la période coloniale, et l'est demeuré<br />
aujourd'hui encore, la principale culture de rente en Haute-Volta.<br />
,Sa production a certainement eu des effets négatifs sur l'orpaillage.<br />
Au moment où les BAOULE abandonnaient leurs mines d'or pour la<br />
culture du café ou du cacao, la même reconversion économique se seraitelle<br />
produite en pays GURUNSI et B\V'A ?
- 232 -<br />
certains s'adonnaient au commerce et à l'exploitation minière<br />
jadis monopole des seuls BOBO DYULA. Il n'y a donc plus au<br />
jourd'hui de groupe spécialisé dans l'orpaillage, c'est une<br />
activité qui n'attire presque personne.<br />
Les fouilles archéologiques ont livré suffisamment<br />
de charbon de bois et d'autres matières organiques sur lesquels<br />
nous comptions pour avoir des datations absolues. Mais l'encom<br />
brement des laboratoires, notre isolement scientifique, nlont<br />
pas permis de soumettre tous les échantillons à la datation<br />
au C 14 (1). Seulement, sept échantillons ont pu être datés<br />
et ont donné les résultats suivants :<br />
Laboratoire Site N° de l'échan- Age proposé<br />
tillon<br />
1 IFAN-DAKAR NABOU NAB 77 KI B9 -230 + - - 110 B . P. , soit<br />
1720 + - 110 ap. J.C.<br />
2 - IFAN-DAKAR NABOU NAB 77 KI B 14 114 + 112 B. p. , soit<br />
lS06 + - 112 ap , J.C.<br />
3 - IFAN-DAKAR FARA FAR 77 KI Dll contemporain<br />
4 - IFAN-DAKAR SANEMBOULSI SAN 77 KIW335 457 + 110 BP, soit<br />
(ZANI)<br />
1493 + - 110 ap , J.C.<br />
5 - IFAN-DAKAR SANEMBOULSI SAN 77 KIW339 150 + 112 BP, soit<br />
(ZANI)<br />
lS00 + - 112 ap. J.C.<br />
6 - CNRS-CEA LOGOFIELA LOG 7SKIIG307 110 + -<br />
lS40<br />
60 BP, soit<br />
+ - 60 ap. J.C.<br />
7 - CNRS-CEA KANKIELOU KAN 7SKII B47 60 + - 60 BP, soit<br />
lS90 + - 60 ap. J.C.<br />
été les suivantes :<br />
Les conditions de collecte de ces échantillons ont<br />
(l) Le Laboratoire de Radiocarbone de l'IFAN de Dakar sous la direction du<br />
Professeur CHEIK ANTA DIOP a assuré cinq datations sur douze échan-<br />
-t-i.l-I onsvp ropos ês .<br />
Le Centre des faibles radio-activités du laboratoire mixte CNRS-CEA<br />
de GIF-sur-YVETTE (FRANCE) sous la direction de Madame DELIBRIAS,<br />
n'a pu, de son côté, dater que deux échantillons.<br />
-<br />
-
- 235 -<br />
à prendre avec toutes les précautions d'usage'd'autant plus<br />
que nous ne pouvons faire de recoupements sur un nombre élevé<br />
d'échantillons datés.<br />
A notre avis cependant, le groupement des âges indi<br />
qués entre le début de XVII ème siècle et le début du XXème<br />
siècle va dansle sens des informations fournies par la tradition<br />
orale pour qui aucune exploitation d'or n'aurait eu lieu<br />
avant l'arrivée des BOBO DYULA. Or, nous savons qu'ils sont<br />
venus après les DYAN et les DAGARI. Nous savons aussi que les<br />
migrations DYAN et DAGARI du Nord GHANA en Haute-Volta (1) se<br />
situent dans la seconde moitié du XVIIIème siècle (2). Les<br />
BOBO-DYULA qui sont arrivés après, n'ont pu s'établir sur<br />
la rive gauche qu'à partir de la fin du XVIIIème siècle. Ils<br />
auraient alors comme tout le monde le reconnaît exploité<br />
l'or pendant tout le XIXème siècle comme le confirment les<br />
datations obtenues au C14.<br />
Cependant, si nous émettons des réserves sur la va<br />
leur de la datation de l'échantillon SAN 77 KI W 335 en raison<br />
de l'anomalie liée à la position stratigraphique de l'échan-<br />
(1) Voir carte des migrations page 67.<br />
(2) Concernant la migration DYAN-LOBI-DAGARI, on consultera avec profit<br />
1 -.H. LABOURET, Les tribus du rame auLobi<br />
Travaux et mémoires de l'Institut d'Ethnologie,<br />
Paris, 1931<br />
2 - H. LABOURET, Nouvelles notes sur les tribus du rameau Lobi<br />
Mémoire de l'IFAN, n° 54, 1958<br />
3 - L. TAUXIER , Nouvelles notes sur les Mossi et les Gurunsi<br />
Paris, Larose, 1924<br />
4 - S. HEBERT Les Dagara, CNRS Ouagadougou, 1968, 49 pages dactylo<br />
5 - R.P. GEERDES Histoire des Dyan<br />
Conférence à la Maison des Jeunes et de la Culture<br />
de Ouagadougou, 18 mal 1961<br />
6 - G. SAVONNET, Quelques notes sur l'histoire des Dyan<br />
(Cercles de Diebougou et Léo)<br />
Bull. l FAN , t. XXXVII, série B, n° 3, 1975, pages<br />
619-645.
- 237 -<br />
la culture, des ressources plus rémunératrices que dans l'ex<br />
traction de l'or.<br />
Ces ressources se raréfiant par suite de la crise,<br />
les indigènes ont repris depuis deux ans leurs travaux d'or<br />
paillage sur de nombreux placers et le total des opérations<br />
d'or de l'A.O.F. qui sont presqu'exclusivement dues aux<br />
exploitations indigènes, s'est élevé à 2 000 kg en 1932" (1).<br />
La situation dans l'ensemble a bien évolué depuis<br />
avec la prise en main par les Européens et par les Etats<br />
indépendants des activités industrielles.<br />
V.2. L'ABSENCE DE CHIFFRES ET LES ESTIMATIONS POSSIBLES.-<br />
L'administrateur colonial H. LABOURET qui a servi<br />
en pays LOBI pendant de longues années écrivait ceci en<br />
1930 : "Après plus de 25 ans d'occupation, on peut dire<br />
quenous ne possédons sur l'extraction de l'or et son rendement<br />
que des notions vagues et inexactes, sur lesquelles ont été<br />
basées des estimations paraissant en général très exagérées"<br />
(2) •<br />
A notre connaissance, les "estimations exagérées"<br />
dont parle LABOURET sont même extrêmement rares et ne con<br />
cernent que la production locale du LOBI ou la production<br />
totale de la Haute-Volta. Rien de semblable n'existe concer<br />
nant l'a -rég·j:on· de POURA.<br />
J. MENIAUD dans sa géographie économique du Haut<br />
Sénégal - Niger, écrit par exemple: "Au lieu des Lobi, une<br />
femme qui travaille à l'orpaillage en dehors de ses occupations<br />
(1) G. DAUMAIN, L'or en AfriqueOccidentale Française, Chronique des<br />
Mînes coloniales nO 18, Paris, 1933, page 408.<br />
(2) H. LABOURET, Les tribus du rameau Lobi,<br />
travaux et mémoires de l'Institut d'Ethnologie, Paris,<br />
1931, page 76.
- 238 -<br />
domestiques déjà très absorbantes, recueille 40 à 50 francs<br />
d'or par an, et dans les bons placers de KOUBEO, SANHOUARA,<br />
GONGOMBILI, on trouve en moyenne un baraféré (18 grammes)<br />
par puits de 50 cm de largeur sur deux mètres de profondeur,<br />
ce qui ferait près de 50 g à la tonne. Ces teneurs très<br />
élevées doivent être admises sous toute réserve" (1). Lui<br />
même s'appuyant sur ces rendements évalue à 250, 300 kg,<br />
la quantité d'or vendue annuellement en pays Lobi.<br />
Comme le relève H. LABOURET (2), de pareilles esti<br />
mations, basées sur des informations faites d'impressions<br />
personnelles de personnes ayant séjourné plus ou moins long<br />
temps en pays Lobi, n'offrent aucune garantie. J. MENIAUD<br />
lui-même le reconnaît.<br />
D'autres estimations de la production d'or tradition<br />
nelle semblent s'appuyer sur des bases plus solides. Il<br />
s'agit par exemple des indications sur les orpaillages contrô<br />
lés. H. LABOURET rapporte les données de trois expériences<br />
faites en 1923 dans la région d'IRIDIAKA en pays LOBI :<br />
"elles ont consisté chaque fois à faire traiter par des or<br />
pailleuses un volume d'un mètre cube d'alluvions prélevés sur<br />
un placer fréquenté. La récolte a été respectivement de<br />
2 g 600, de 1 g 537, de 2 g 250, ce qui est très éloigné<br />
des teneurs indiquées par MENIAUD" (3).-<br />
Pour H. LABOURET, ces données, jointes aux obser<br />
vations que lui-même a rassemblées pendant plusieurs années<br />
au LOBI, permettraient de fixer aux alentours de 52 kg d'or,<br />
la production annuelle de tout le pays LOBI.<br />
( ] ) :'4. MENIAUD •. Géographie économique du Haut-Sénégal - Niger<br />
Paris, Larose, 19 ]'2, page 198<br />
(2 ) H. LABOURET, op. cit. page 77.<br />
(3) H. LABOURET, op. cit. page 77.
- 239 -<br />
Les premiers contrôles administratifs de la produc<br />
tion d'or des Africains ne furent faits qu'entre le 26 fé<br />
vrier 1940 et le 7 mai 1941,sous la direction du géologue<br />
J. SAGATZKY (1).<br />
Le contrôle aurait porté sur toute la Haute-Volta<br />
et dans le même temps un orpaillage sous surveillance était<br />
fait sur les placers de DIOSSO dans la région de HOUNDE et de<br />
GAOHO .. dans le lit de la Volta Blanche aux environs de KOMBISSIRI<br />
( 2) •<br />
Dans les rapports (3) établis par le géologue que<br />
nous avons pu consulter, les méthodes d'orpaillage sont dé<br />
crites, de même que les propositions sont faites pour amélio<br />
rer la production. Il n'y est cependant pas question des chif<br />
fres de rendement par puits, par cubage de terre, par homme,<br />
par équipe ; bref, aucun de ces chiffres qui permettent ensuite<br />
des comparaisons et des extrapolations.<br />
Pour la durée de l'orpaillage contrôlé (du 26 fé<br />
vrier 1940 au 7 mai 1941) SAGATZKY a évalué à 26 kg 791 g 05,<br />
la totalité de la production voltaïque en or. De cette quan-<br />
(1) J. SAGATZKY, la géologie et les ressources mlnleres de la Haute-Volta<br />
méridionale. Bull. du Sce des Mines AOF, n" ]3, Dakar, 1954, p. 179.<br />
(2) J. SAGATZKY, Problèmes d'organisation de l'orpaillage contrôlé en<br />
cHaute-Volta,GA0UA, '12 -jui Ll e t 1941, 6 pages.<br />
(3) J. SAGATZKY a en effet rédigé une série de rapports sur ces experlences<br />
non publiés, ils sont consultables aux archives de la SODEMI à<br />
Abidjan. Nous avons pu consulter 7 rapports formant un tout qui s'intitule<br />
: Problèmes d'organisation de l'orpaillage contrôlé en Haute-Volta<br />
] - Introduction<br />
l Domaine économique<br />
II - Domaine politique, Abidjan, 23 juillet 1940, 7 pages.<br />
2 - III<br />
3 _III<br />
bis<br />
4 - IV<br />
5 - V<br />
6 - VI<br />
- Domaine administratif, Gaoua, 2] juillet 1941, 4 pages<br />
Organisation de l'orpaillage indigène Lobi en saison sèche.<br />
- Gaoua, 26 octobre 1940, 2 pages.<br />
- Personnel indigène, Volta Blanche, 25 avril 1941, 6 pages<br />
- Campagne de prospection. Gaoua, 17 juin 1941, 6 pages<br />
- Méthodes d'exploitation des gites filonniens à envisager.<br />
Gaoua, 19 juin 1941,5 pages.<br />
7 - VII - Organisation de l'orpaillage contrôlé. Gaoua, 12 juillet 1941,<br />
6 pages.
- 240 -<br />
tité, 2 kg 481 g 43 sont soustraits au titre d'apports impré<br />
vus (or thésaurisé réapparaissant sur le marché). Ce qui laisse<br />
à la production réelle annuelle le chiffre de 24 kg 309 g 62<br />
que l'auteur arrondit à 25 kg d'or brut par an pour toute la<br />
Haute-Volta (1).<br />
Ce chiffre de production annuelle de 25 kg est<br />
bien loin de celui retenu par LABOURET pour la seule région<br />
du LOBI (52 kg), lequel est déjà très éloigné de l'estimation<br />
de MENIAUD pour la même région (250 kg). Nous ne disposons<br />
pas des observations relevées par SAGATZKY et ayant servi à<br />
ces évaluations pour juger de la qualité du chiffre proposé.<br />
Aussi, pour nous, les trois chiffres: MENIAUD, LABOURET,<br />
SAGATZKY sont tous à utiliser avec précaution.<br />
Dans tous les cas, même l'orpaillage contrôlé pré<br />
sente des limites dont il convient de tenir compte dans les<br />
déductions faites à partir des résultats obtenus :<br />
- Les mines exploitées pendant la période de<br />
'C 0 nt r ô l e choisies en l '''absence de toute recherche géolo<br />
gique et minéralogique approfondie et détaillée, peuvent ne pas<br />
se trouver parmi les plus riches du pays. Or, on sait que les<br />
anciens recherchaient et n'exploitaient que les zones de très<br />
fortes minéralisation. Ainsi, selon LABOURET (2), l'année<br />
1910 ayant connu un hivernage particulièrement pluvieux, il<br />
s'en suivit un ruissellement intense qui provoqua un creuse<br />
ment des vallées. On découvrit alors aux environs de TONHOURE<br />
une grosse pépite qui fut aussitôt débitée. Un commerçant<br />
de BOBO DIOULASSO aurait pu en récupérer pour 15 kg. Or,<br />
l'année suivante (1911) le même commerçant n'aurait réussi à<br />
récolter dans tout le Lobi que 1 kg 700 d'or.<br />
(1) J. SAGATZKY, la géologie et les ressources minières de la Haute-Volta<br />
'mé·ridionale.Bùn.du·Servi·ce de s rHi.nes AOF, n" 13, Dakar, 1954, p. 179.<br />
(2) H. LABOURET, Les tribus du rameau Lobi, Travaux et mémoires de l'Institut<br />
d'Ethnologie, Paris, 1931, page 77
- 245 -<br />
ment supérieur dans le passé. Même si cela avait été, les<br />
mineurs (les BOBO DYULA) recensés avec les BWAWA ne forment<br />
qu'un groupe de 12 796 habitants. Il faut donc compter à<br />
peu près 6 000 BOBO DYULA. Sur cette population, si on élimine<br />
les enfants, soit 20 % de l'ensemble, on obtient environ<br />
4 800, quant aux personnes en âge de travailler aux mines.<br />
Si chaque mineur extrayait annuellement 33 g comme NAMAN<br />
Koumba à SIGUIRI, la production annuelle totale de la région<br />
serait d'environ 158 kg 400. Ce chiffre est recevable si on<br />
considère en plus que dans le passé, les BOBO DYULA utili<br />
saient des esclaves, oequi contribuait à accroître la population<br />
des mines.<br />
Nous avons pensé à d'autres moyens d'obtenir d'autres<br />
approximations de laproduction aurifère régionale.<br />
J. SAGATZKY dit que les Travaux de l'Ouest Africain ont<br />
traité 320 000 t de rejets qui ont livré 151 kg (1) avec une<br />
teneur moyenne de 1,5 gjt. Or, on sait que dans les rejets<br />
d'exploitation traditionnelle de l'or, il reste 15 à 30 % d'or<br />
(2) ainsi perdus à cause des techniques rudi m entaires utili<br />
sées. Si nous prenons une moyenne de perte de 20 %, les 151 kg<br />
ne représentent que 20 % du total d'or jadis contenu dans<br />
les 320 000 t de rejets. On peut estimer par déduction à<br />
604 kg, l'or extrait par les Africains des 320 000 t de rejets.<br />
Il existe dans la ré'gion de POURA une dizaine de sites d'ex<br />
ploitation traditionnelle d'or dont l'importance des vestiges<br />
peut être comparée à celle du site de POURA où d'ailleurs<br />
(1) J. SAGATZKY, La géologie et les ressources minières de la Haute-Volta<br />
méridionale<br />
Bull. service Mînes A.O.F., nO 13, Dakar, 1954, page 175.<br />
(2) H. de MATHELIN de PAPIGNY, Notes sur les exploitations indigènes de<br />
SATADOUGOU<br />
B. C.E. H. S . -A.a .F., t , VIIl, n° 3, Dak a r , 1925, p. 39 7 .
- 246 -<br />
tous les rejets n'ont pas encore été réexploités. Pour<br />
dix sites semblables à POURA, on obtient un minimum de<br />
6 040 kg d'or. Cette production est à reporter en principe<br />
sur toute la période d'exploitation depuis la découverte des<br />
premiers placers. Si on retient l'hypothèse que les BOBO<br />
DYULA n'ont pu arriver sur la rive gauche avant le milieu<br />
du XVIII ème siècle et que ce sont eux qui ont industrialisé<br />
la production aurifère, les 6 040 kg ne peuvent être reportés<br />
que sur un siècle et demi d'exploitation. Cela donne une<br />
production annuelle d'or de 40 kg 26. Ce chiffre très bas<br />
représente cependant le double de celui proposé par<br />
SAGATZKY pour l'ensemble de la Haute-Volta.<br />
Il est certain que tous ces chiffres n'offrent pas<br />
de satisfaction suffisante et surtout entière. Aussi avons<br />
nous encore tenté un autre moyen de cerner la production<br />
aurifère de la région de POURA. Sur un agrandissement au<br />
1/20 OOOème de la couverture photographique aérienne de la<br />
région de POURA (1), nous avons essayé de repérer les puits<br />
de mines et de les compter. Nous avons choisi de travailler<br />
sur les sites relevant de NANANO et de TON où, à l'observation<br />
directe, les puits étaient le plus à découvert. Ainsi,<br />
1 434 excavations aux formes circulaires qùi pourraient être<br />
des puits ont été dénombrés sur l 500 ha. Nous savons que ce<br />
chiffre est bien en-deçà de la réalité car nous-même, avec<br />
des photos numérotés, avions dénombré en avril 1975, plus de<br />
1 200 puits sur l'unique site de ZANI. Nous avions, à l'époque,<br />
arrêté l'opération dans la zone des puits bouchés à proximité<br />
de la rivière ZOURAYOUROU. Les l 200 puits avaient été comptés<br />
sur 6 ha seulement, soit une moyenne de 200 puits par ha.<br />
Il est par conséquent évident que l'interprétation photogra-<br />
(1) Voir carte XIV page 96.
- 248 -<br />
il resterai t à apprécier les quantités de terre prélevées<br />
dans les marigots et par décapage.<br />
2°) Appliquer au cubage obtenu la teneur moyenne dans la<br />
région, soit 1,5 g/t et la proportion d'or récupérable<br />
par les méthodes traditionnelles, soit 80 %.<br />
Le chiffre résultant de ces opérations devrait s'ap<br />
procher de la réalité pour l'ensemble de la production an<br />
cienne d'or.<br />
En tout état de cause, 5 kg et 50 kg paraissent<br />
être le minimum et le maximum acceptables pour la production<br />
annuelle d'or de la région de POURA. On peut même raisonna<br />
blement retenir une production moyenne annuelle de 20 kg,<br />
en prenant en compte les fluctuations dues à des causes<br />
socio-politiques et celles imputables à la plus ou moins<br />
grande .ri.chess e des gisements en cours d 'exploitation.<br />
C'est entre la fin du XVIIIème siècle et le milieu<br />
du XIXème siècle qu'il convient aussi de situer la période<br />
de grande exploitation des mines, même si dans la période<br />
antérieure et cela dès le XVIème siècle peut-être, et dans<br />
la période postérieure jusq'uau présent, des exploitations<br />
ont pu avoir lieu ou sont observées.<br />
S'il paraît difficile de déterminer l'importance de<br />
la production d'or de la région de POURA dans le passé et<br />
surtout d'en suivre l'évolution, il ne reste pas moins que<br />
quelque chose peut être fait aujourd'hui pour ranimer cette<br />
vieille activité économique qui a n'en pas douter, plus que<br />
le coton et même l'élevage, peut améliorer rapidement les<br />
conditions de vie des 45 000 habitants de la sous-préfecture<br />
de FARA. Les vieux BOBO-DYULA rappellent avec un regret dans<br />
la voix, le temps où chaque vieillard était enterré à sa<br />
mort, la poche avant du grand boubou remplie d'or.
- 249 -<br />
Certains obstacles à la reprise sont d'ores et<br />
déjà entièrement ou en partie effacés. Ainsi la Tsé-Tsé et<br />
les simuli, vecteurs de la trypanosomiase (maladie du som<br />
meil) et de l'onchocercose (cécité des rivières) ont reculé<br />
et disparaissent vaincues par la lutte opiniâtre des services<br />
sanitaires de la période coloniale, aujourd'hui relayés par<br />
l'Autorité de l'Aménagement des Vallées des Volta (A.V.V.)<br />
et le projet onchocercose de l'O.M.S.<br />
Que reste-t-il à faire ?<br />
1°) Eduquer une nouvelle race de mineurs, en les amenant à<br />
utiliser des techniques moins rudimentaires<br />
2°) Encourager le travail d'équipe de manière à dépasser le<br />
cadre de l'exploitation familiale<br />
3°) Rechercher et mettre à la disposition des mineurs des gise<br />
ments peu profonds et faciles à alimenter en eau ;<br />
4°) Etudier un outillage peu complexe, mais de bon rendement<br />
permettant le fonçage rapide, le broyage fin des quartz,<br />
le lavage sans grande déperdition.<br />
A défaut de capitaux financiers pour rouvrir la<br />
mine moderne noyée depuis 1966, ne reste-t-il pas notre<br />
capital humain, disponible et travailleur?
T ROI SIE M E PAR T l E<br />
L'OR DANS LA VIE ECONOMIQUE ET SOCIALE DE LA<br />
REGION DE POURA
- 251-<br />
Il est évident que la reconstitution de l'histoire de<br />
l'exploitation traditionnelle de l'or offre un grand intérêt<br />
historique. Pour les communautés villageoises contemporaines<br />
l'intérêt du :passé porte sur les conséquences que la produc<br />
tion de l'or a eues sur la vie économique et sociale régionale.<br />
Quelle utilité pratique a donc pu avoir l'or pour les gens de<br />
la rive gauche de la Volta Noire? Il se dégage des données de<br />
l'enquête, des éléments prouvant que la production d'or a eu<br />
quelques conséquences heureuses pour les gens du pays et<br />
particulièrement pour les mineurs Bobo-Dyula. Il apparaît<br />
aussi qu'en plus des utilisations écqnomiques, le métal<br />
jaune jouait un rôle sociologique important.
CHA PIT R E VI<br />
L'OR DANS L'ECONOMIE
- 253 -<br />
Il s'agit avant tout de savoir quelle part du métal<br />
précieux entrait dans le circuit commercial qui la menait<br />
comme nous le savons, à l'exportation hors du monde noir.<br />
On peut aussi re demander sous quelles formes l'or était<br />
commercialisé. Quelle proportion de la production était<br />
conservée dans les trésors familiaux? De quelle manière<br />
conservait-on l'or thésaurisé? On le voit, les questions<br />
surgissent nombreuses auxquelles la tradition ne peut pas<br />
toujours apporter des réponses immédiates.<br />
VI - l Le commerce de l'or<br />
Des relations commerciales anciennes entre communautés<br />
villageoises avec des ramifications qui débouchent sur de<br />
grands axes de commerce régionaux, sont attestés par.les<br />
traditions. Celles-ci, lorsqu'elles traitent des origines des<br />
villages, distinguent chaque fois les ancêtres chasseurs, les<br />
ancêtres commerçants, et ceux ayant su une vocation uniquement<br />
agricole ou pastorale. Dans la régionde Poura les ancêtres<br />
commerçants se puisent dans le groupe des Bobo-Dyula. Ce groupe<br />
aurait toujours animé un commerce local, mais aussi un commerce<br />
régional dont l'un des éléments du trafic était l'or. Dans une<br />
position à mi-chemin entre la forêt et les ports caravaniers
- 256 -<br />
parce que les producteurs étaient en même temps les vendeurs. A<br />
leur arrivée sur la rive gauche de la Volta Noire les Bobo-Dyula<br />
étaient déjà conunerçants. Ainsi les ZONOU de FARA et de NANANO<br />
originaires de DlMA(l), les TRAORE de NANANO originaires de<br />
KOFILA, les TRAORE de NABOU qui sont venus de SATIRI, les SANOU<br />
de NANANO et les SOUMOUNI de NABOU qui tirent leurs origines de<br />
SYA (Bobo-dioulasso), les SANOU de TON qui sont venus de BANGA,<br />
village proche de SAFANE, tous ont quitté des centres commerciaux<br />
déjà réputés, courant derrière la fortune avec l'opportunisme<br />
qui caractérise le Dyula.<br />
L'importance de Bobo-Dioulasso comme centre commercial<br />
précolonial n'est plus à démontrer (2). L'on sait également que<br />
l'arrivée dans cette région, des Mandé Dyula est à l'origine de<br />
l'expansion de la ville à partir du XVlè siècle (3). Les autres<br />
villages cités ont eu un essor moindre que celui de Bobo-Dioulas<br />
so mais par exemple, concernant SATIRI, situé sur la route du<br />
Mossi à 44 km de Bobo-Dioulasso, nous pouvons lire ceci dans<br />
BINGER :"SATERE, où je fais étape est un grand village de 700 à<br />
800 habitants, dont la majeur partie est Bobo-Dioula. Les Bobofing<br />
sont peu nombreux et il n'y a dans ce village que deux familles<br />
de FOULBE.<br />
(1) Pour les localisations de ce chapitre voir carte page 67 et page 260.<br />
(2) Sur le commerce de Bobo-Dioulasso avant la colonisation on peut utilement<br />
consulter<br />
- BINGER, du Niger au Golfe de Guinée par le pays de KONG et le MOSSI<br />
(1887-1888) Paris Hachette, 1892, t. l, 513 pages.<br />
- TIENDREBEOGO Alice, Bobo-Dioulasso à la veille de l'arrivée des<br />
Français.<br />
Mémoire Maîtrise E.S.L.S.H.<br />
Université de Ouagadougou, [979, 99 pages.<br />
- TOURE Yacouba, L'économie d'échanges et son influence sociale à Bobo<br />
Dioulasso à la fin du XIXè sicèle et au début du XXè (187&-1920).<br />
Mémoire Maîtrise Université de Nantes, 1974.<br />
(3) PERSON Y. Enquête d'une chronologie ivoirienne in the Historian ln<br />
Tropical Africa.<br />
Oxford University, Press, 1964, page 332.
- 258 -<br />
Il fallait donc d'autres intermédiaires entre les producteurs<br />
et les exportateurs arabo-berbères ou européens. Ce sera l'oeuvre<br />
de Mandé-Dyula venant de l'Ouest et de Mossi venant de l'Est.<br />
Les premiers, lointains parents de Dyula (YARSE) dont nous<br />
avons parlé plus haut, font partie des dyula orientaux dont Y.<br />
PERSON donne la description suivante pour ceux des pays de<br />
l'Ouest Volta. ,"Sur le cornoé et la Volta, tout change. Les Dyula<br />
forment ici des noyaux enquistés au sein d'un monde dont la langue<br />
les isole. Ils opposent au milieu ambiant une culture mandingue<br />
originale, fondée sur le commerce et l'Islam, même s'ils ont suivi<br />
au départ une arisrocratie païenne. Ces Dyula de l'Est ont même<br />
developpé un dialecte particulier assez différent de celui des<br />
MANINKA-MORI, mais proche du BAMBARA oriental et du DAFIN. L'anthro<br />
pologie physique révèle qu'ils ont asorbé des éléments de toutes<br />
origines, vérifiés par une culture conquérante. On peut donc parler<br />
d'un peuple Dyula mais la valeur éthnique de ce nom est récente<br />
et secondaire'! (1) .Si ontrouve aujourd'hui des éléments de ce<br />
groupe dans la sous-préfecture de Léo, il n'en existe par contre<br />
pas dans celle de FARA, c'est à dire dans la région minière.<br />
Les Mossi semblent apparaître tardivement dans le commerce<br />
régional. Ce n'est cependant pas la conquête coloniale qui les a<br />
lancés sur les pistes caravanières connues, l'affirme ici L.<br />
TAUXIER: "En un mot, l'es 'Mossi se mettent en ce moment au commerce<br />
sous le coup d'une pressante nécessité. Nénamoins, on ne peut guère<br />
considérer le Mossi comme un commerçant. Il l'est depuis infiniment<br />
peu de temps et excessivement peu encore." (2) Implantés semble-t-il<br />
dès le XIXè siècle à BORGiO, ils viennent de la région de OUAGADOU-<br />
(1) PERSON (Y.), SAMORI, une révolution DYULA.<br />
Mémoire IFAN, nO 8& Dakar, 1968, t. l, p. 96.<br />
(2) 'TAUXI'ER '(L) ,Le noir 'du Soudan, pays MOSSI et GOUROUNSI.<br />
Paris, Larose, 1912, p. 538.
- 261 -<br />
VI-1-2;Les marchés<br />
Il convient de hiérarchiser ces marchés en distinguant<br />
les marchés locaux qui offraient aux marchands étrangers l'occa<br />
sion de rendre visite aux producteurs d'or, et les marchés<br />
régionaux par lesquels le métal jaune transitait avant d'être<br />
exporté du monde noir.<br />
- Les marchés locaux<br />
Les marchés locaux de la période coloniale sont seulement<br />
au nombre de trois: NABOU, NANANO, BAKOLO (KOUMBIA).<br />
Le marché de NABOU qui serait le plus ancien se tenait<br />
sous trois grands arbres (un fromager un mimoza<br />
acasia Faidherbia, et un figuier ). Seul le figuier est<br />
toujours debout, presque désséché à l'entrée du village, au Nord<br />
Ouest.<br />
Le marché de NABOU qui se tenait tous les trois jours avec<br />
un grand marché tous les six jours, recevait surtout la clientèle<br />
habituelle des marchés locaux, c'est à dire de nombreuses femmes<br />
qui proposent, achètent en troquent des denrées de consommations<br />
locales. Il était cependant fréquenté par des marchands venant de<br />
la rive droite de la Volta, des Dioula et des Mossi. Personne ne<br />
venait du Sud.<br />
Le marché de NABOU fonctionna régulièrement jusqu'au milieu<br />
du Xlxè siècle. Il fut alors supprimé et transféré à KABOUROU, un<br />
village tout proche, afin d'éviter d'attirer les esclavagistes qui<br />
capturaient les gens pris de boisson les jours àe marché. Un<br />
informateur a parlé de "vol àu marché de NABOU par les gens de<br />
KABOUROU" mais nous n'avons eu aucun autre écho de ce forfait ni<br />
d' informations sur la manière dont on pouvait voler un marché.<br />
Aujourd"hui NABOU a de nouveau un marché qui se tient tous les trois<br />
jours, s'animant tout particulièrement tous les six jours.
- 265 -<br />
le Lobi, et acquérait par conséquent un "label" qui n'était pas<br />
le sien. Nous voyons dans la tradition rapportée plus haut que<br />
les marchands dans leur opportunisme fréquentaient tous les marchés<br />
de l'or. L'or de Poura était ainsi d'abord acheminé vers GAOUA<br />
où on le mélait à l'or du Lobi avant de faire prendre à l'ensemble<br />
une destination qui pouvait être le Sud ou le Nord.<br />
suivis par llor.<br />
Cela nous amène à parler des routes et des itinéraires<br />
VI l - 3<br />
Les voies commerciales de l'or<br />
En 1940, J. SAGATZKY donnait les directions suivantes à<br />
l'or exporté en provenance des colonies de Côte dlIvoire et de<br />
Haute Volta : " Les renseignements divers réunis par curiosité<br />
professionnelle depuis 1928, semblent indiquer plusieurs chemins<br />
de l'or exporté, anciens et actuels, qui s'écartent sensiblement<br />
de la voie normale uColonie-France"<br />
1°) Maroc et Pays du SAHARA: Placers de Poura, de Bagassi,<br />
de Zomo, en général l'or des régions du Nord (Soudanaises) fortement<br />
islamisées.<br />
2°) Gold Coast: Placers du Lobi, directement ou par les<br />
intermédiaires Dioulas.<br />
3°) Libéria : Placers du Lobi et autres du centre de la<br />
Côte d'Ivoire par les Dioulas venant du Sud (Bouna, Abengourou) ou<br />
de l'Ouest (Guinée Française) .<br />
L'or métal des colonies françaises y a été transféré toujours<br />
par le Dioula voyageant à pied, à dos d'âne, de chameau ou en camion.<br />
Le rôle historique du Dioula dans le commerce de l'or est ainsi<br />
.t.r'è.s-vc.La.i-r, .danq.er eux de tous les points de vue. En plus de cela,<br />
(1) Voir carte XVI page 260.<br />
0)
- 271 -<br />
par le MOSSI. Entre ces deux axes, la présence de mines d'or<br />
dans la région de POURA et sur la rive droite dans la région<br />
de HOUNDE, a permis de tisser un réseau étroit de pistes<br />
orientées grossièrement Est-Ouest. On ne peut cependant parler<br />
de l'existence d'un vrai carrefcur et à plus forte raison<br />
de métropole commerciale pour POURA, en raison du volume<br />
apparemment restreint des échanges.<br />
VI - 1 - 4 LES ECHANGES : L'OR DANS LES<br />
- LES EXPORTATIONS :<br />
ECHANGES DE POURA<br />
L'or était le principal produit d'exportation de<br />
la région de POURA. Cependant, les ventes ne portaient pas<br />
seulement sur l'or. L'artisanat local fournissait des tissus<br />
de cotonnade blanche qu'on envoyait teindre à l'indigo en<br />
-J<br />
pays DAFIN. Les tisserands étaient surtout les BOBO-DYULA.<br />
Toutefois, dès le début de leur installation sur la rive<br />
gauche, ces derniers ont accordé plus d'importance au travail<br />
des mines qu'au tissage. Bon nombre d'entre eux ont repris<br />
aujourd'hui le métier de tisserand.<br />
BINGER cite parmi les produits d'exportation de<br />
la région des cocons de vers à soie (l)et de l'indigo:<br />
"BAPORO et: POURA (fe. gué. .s e t.n.ouv o: à !.le.pt k.ifomètJte.!.l au Sud<br />
E!.lt du gué. de. BAPOROl ont de.!.l Jte.fation!.l a!.l!.le.z !.luivie.!.l ave.c<br />
fe.!.l MOSSI de. BOROMO, auxque.f!.l if!.l ve.nde.nt de.!.l cocon!.l de. ve.Jt!.l<br />
à !.loie. e.t un pe.u d'indigo". (2)<br />
(1) - Nous n'avons pas de trace de cette activité dont parle<br />
BINGER. Cependant, certaines populations de l'Ouest-Volta<br />
t,rav,ersé ,pariBINGER c o n.sornme n t deschenilles qui se vendent<br />
au marché comme les autres denrées alimentaires, on<br />
peut se demander si l'auteur n'a pas pris ces chenilles<br />
pour des vers à soie.<br />
(2) - BINGER. Du Niger au Golfe de Guinée par le pays de KONG<br />
et le MOSSI (1887-1888), Paris, Hachette 1892, t.1, p. 429.
- 272 -<br />
Dans les productions locales dont une part est<br />
exportée, on peut encore noter le beurre de Karité (Brutyros<br />
permurn Parkia) très apprécié dans tous le pays GEUROUSI où<br />
l'on l'utilise abondamment dans la cuisine et en pays<br />
DAFIN où il entre pour une grande part dans les soins du<br />
corps.<br />
- LES IMPORTATIONS<br />
L'or était échangé contre du mil, des esclaves<br />
et du bétail: boeufs, ânes, moutons. On l'échangeait aussi<br />
contre la Kola, le sel, de grands boubous d'apparat venant<br />
de BONDOUKOU et peut-être de KONG par BOBO-DIOULASSO, des pa<br />
gnes teints à l'indigo. On se faisait aussi de la monnaie<br />
en l'échangeant contre des cauris.<br />
Les marchands étrangers DYULA, BOBO-DYULA ou MOSSI<br />
étaient tenus de montrer d'abord leurs marchandises avant<br />
que l'or ne soit sorti des cachettes. Le troc était de coutume<br />
pour les grosses transactions. L'or converti en cauris, on<br />
obtenait une monnaie plus maniable pour les petites emplettes<br />
outils oratoires et des mines, denrées de consommation locale.<br />
Le mil (sorgho blanc en particulier) provenait<br />
de la -rive·droite du\fleuve, du pays BWA et du DAFIN. Un chef<br />
de famille BOBO DYULA de la région de POURA désireux d'ache<br />
ter du mil se rendait avec son or dans les villages où de<br />
bonnes récoltes étaient signalées. Là il achetait le contenu<br />
d'un grenier entier au prix de gros. Ce mil encore à l'épi<br />
est égrené, ensaché dans des sacs faits de pagnes de cotonnade<br />
dont les bords sont grossièrement cousus de manière à ce que<br />
les pagnes soient réutilisables en tant que tels. Ainsi con<br />
ditionné le mil est ramené au village a dos d'ânes ou porté par<br />
des esclaves.<br />
LES BOBO-DYULA producteurs d'or répugnaient eux<br />
mêmes au travail des champs. Certes, ils pouvaient employer
- 273 -<br />
leurs esclaves pour la culture des champs, mais l'activité<br />
agricole elle-même était considérée par les riches marchands<br />
comme dégradante. C'est avec un certain dépit que nos infor<br />
mateurs BOBO-DYULA parlent de la nécessité où ils se trouvent<br />
aujourd'hui de cultiver eux-mêmes leurs champs.<br />
Les esclaves furent d'abord acquis sur les marchés<br />
de la rive droite : BOROMO et OUARKOYE surtout. Ces esclaves<br />
venaient du BWAMU principalement. Plus tard, lorsque les<br />
ZERMA envahirent le pays, on se ravitailla auprès des chefs<br />
GURUNSI qui les razzièrent dans les villages avec l'appui des<br />
guerriers ZERMA et réduisirent des populations entières en<br />
esclavage . Ainsi SATI devint avant sa destruction par les ZERMA<br />
un marché important d'esclaves pris aux confins occidentaux<br />
du pays MOSSI (chez les KIPIRSI), chez les GURUNSI eux-mêmes<br />
et chez les BISSA. Le prix d'un esclave nous dit-on était de<br />
100 000 cauris pour un homme et le double pour une femme ,<br />
soit environ 65 grammes d'or pour l'un et 130 grammes d'or<br />
pour l'autre.<br />
Les traditions orales insistent sur l'utilisation<br />
domestique qu'on faisait de ces captifs. Considérés comme<br />
membres de la famille ils s'occupaient des tâches domestiques,<br />
\cultiva:·ientles.champs. Dans certains villages : POURA, FARA,<br />
on les employaient aux mines. Ils n'étaient cédés qu'en cas<br />
d'absolue nécessité provoquée par un revers de fortune et la<br />
famine. Lorsque les Français libérèrent les esclaves en péné<br />
trant dans la région, certains choisirent de rester dans la<br />
zone minière. Aujourd'hui, on peut deviner l'origine servile<br />
de certains habitants par le patronyme qu'ils portent, géné<br />
ralement local, et qui est étranger au groupe ethnique dont<br />
ils se réclament. Rares sont ceux qui avouent leur ascendance<br />
servile. Toute la population est d'ailleurs très discrète<br />
sur La rques t-i.on .<br />
Le bétail provenait des contrées voisines, princi-
- 274 -<br />
paIement là où vivaient des communautés peules auxquelles les<br />
agriculteurs ont coutume de confier leur gros bétail. Un<br />
mouton à OUAHABOU se vendait 7 à 10 000 cauris, soit environ<br />
6 grammes d'or (1)<br />
Les vêtements d'apparat, les cotonnade d'impor<br />
tation étaient de provenances diverses. Les BOBO-DYULA en<br />
délaissant le tissage se trouvaient obligés d'en importer<br />
beaucoup pour les fêtes et pour les besoins de la coutume.<br />
La famille d'un vieillard était deshonorée si à sa mort il<br />
n'était pas enterré drapé dans un grand boubou d'apparat<br />
dont la poche avant est remplie d'or. Ces vêtements pouvaient<br />
être d'origine lointaine: BONDOUKOU, KONG, mais transi<br />
taient par les centres commerciaux de l'Ouest Volta, ce qui<br />
accroissait leur valeur, rendus dans la région de POURA.<br />
Les noix de Kola (Sterculia acuminata) venaient<br />
tant par les routes de l'Ouest que par celles du Sud. Un<br />
âne bien chargé ramenait des forêts productices 5000 à 6000<br />
noix (2). A OUAHABOU (3), nous dit BINGER, une noix de Kola<br />
se vendait entre 50 et 60 cauris en 1888. Son prix devait<br />
être voisin dans la région de POURA si proche.<br />
Le sel jamais suffisant au pays des Noirs, venant<br />
ici du MOSSI mais aussi de l'Ouest et du Sud. Nous tenons aussi<br />
ces informations de l'informateur Binger : "... d'après les<br />
renseignements que je crois avoir puisés à bonne source, le<br />
sel de TAO DENI ne dépasse pas à l'Ouest SARO et SAN. La route<br />
(1) - SINGER. Du Niger au Golfe de Guinée par le pays de KONG et le MOSSI<br />
(1887-1888). Paris. Hachette 1832. p. 423.<br />
(2) - H. BARTH. Travels and discoveries in North and Central Africa.<br />
London. 1857 • Vol. II. p. 364.<br />
(3) - OUAHABOU • Ville musulmane située à 60 km au Nord-Ouest de POURA<br />
sur la rive droite de la Volta.
- 281 -<br />
cachette uniquement connue du chef de la grande famille. S'il<br />
arrivait un accident à ce dernier et qu'il mourait sans trans<br />
mettre le secret, le trésor était perdu. C'est l'aventure que<br />
vit aujourd'hui la chefferie de NANANO dont le trésor familial<br />
se perdit à la mort subite du grand père du Chef SANOU KALO<br />
lui-même décède en 1976 sans aboutir dans ses tentatives de<br />
découverte de l'or enfoui.<br />
L'or thésaurisé, à un moment ou à un autre, rentrait<br />
dans le circuit de l'économie marchande, d'autant plus qu'on<br />
ne l'utilisait pas en bijouterie. Aussi pensons-nous qu'à<br />
l'exception de l'or qui retournait à la terre avec les morts,<br />
l'essentiel de la production était conunerciale.
CHA PIT R E V II<br />
L'OR DANS LA SOCIETE
- 284 -<br />
L'or est un q eni.e présent dans la ffu""Ilille. Aucun<br />
mineur ne devait faire la cour à la fermne d'un griot<br />
d'un parent ou d'un ami.<br />
Toute tentative de production d'or était vouée à<br />
l'échec s'il n'y avait pas d'entente dans la famille. Car<br />
la production d'or est avant tout familiale, de même que<br />
l'est celle des champs de cultures.<br />
De ce fait, le régime des mines ne connaît pas<br />
d'autres règles que le régime des terres. Celles-ci sont<br />
communautaires et le maître de la terre, représentant de la<br />
famille la plus anciennement établie dans le village, ou ayant<br />
reçu délégation d'une autre famille (l), assure la gestion<br />
des terres pour l'ensemble de la communauté villageoise.<br />
La terre est inaliénable et toute terre non exploitée ne<br />
peut être refusée à quelqu'un qui en fait la demande. Tous<br />
les exploitants n'ont que l'usufruit de la terre et des<br />
arbres qu'elle porte.<br />
Lorsque quelqu'un désire un champ de culture, il<br />
parcourt lui-même la brousse à la recherche d'un sol fertile.<br />
Puis il avise le maître de la terre de son choix. Ce dernier<br />
lefa.i't -accompaqne.r en 'brousse par un vmembre de sa famille<br />
pour voir si le terrain n'appartient pas déjà à quelqu'un<br />
d'autre. L'exploitant et le parent du maître de la terre<br />
délimitent ensemble la surface à défricher.<br />
(1) - A NANANO, la tradition dit que les premiers occupants du<br />
village étaient des GURUNSI (NUNA) sui quittèrent le<br />
pays à l'arrivée des BOBo-DYULA, confiant à la maîtrise<br />
de la terre aux BoBD-DYULA et aux DYAN, en précisant qu'ils<br />
reprendraient leurs droits à leur retour. Depuis ils ne<br />
sont pas revenus aussi lorsqu'on tue un poulet à la terre,<br />
la première patte est pour les BOBO DIOULA, la seconde<br />
po u-r ·'·1
- 285 -<br />
Puis tous deux reviennent auprès du maître de terre rendre<br />
compte. Le maître de terre autorise alors l'exploitant<br />
à défricher mais perçoit auparavant un droit qui ne dépasse<br />
jamais deux poulets qui sont sacrifiés sur l'autel de la<br />
terre, et 250 cauris. Rien ne peut être entrepris sur le nou<br />
veau champs tant que les poulets n'ont pas été sacrifiés.<br />
En aucun cas il ne s'agit de vente de terre, mais de terre mise<br />
à la disposition d'un exploitant qui en a l'usufruit tant qu'il<br />
l'exporte. Il perd aussitôt ce droits'il laisse le. champ en<br />
jachère. Quelqu'un d'autre peut alors y pratiquer des cultures<br />
et se réserver la cueillette des fruits à condition d'avoir<br />
au préalable versé les droits coûtwniers. Il s'agit ici de<br />
la coutume des GURUNSI (NUNA), premiers occupants de la région,<br />
que les autres groupes ethniques ont respectée même lorsqu'ils<br />
ont été chargés de la maîtrise de la terre. A NANANO et FARA,<br />
les BOBO-DYULA détiennent cette maîtrise de la terre, fonction<br />
qu'ils cwnulent avec la chefferie politique.<br />
Le maître de la terre était naturellement le maître<br />
des mines. Pour ouvrir une mine on procédait de la même manière<br />
que pour défricher un champ. Et une mine abandonnée peut être<br />
reprise par quelqu'un d'autre. Avec les droits perçus le<br />
maître de la terre faisait un sacrifice à la terre et un<br />
'sacrifice à l'or. Une seule tradition (FARA), nous dit que le<br />
mineur devait lui-même, s'il voulait obtenir beaucoup d'or,<br />
offrir le sacrifice d'un albinos à l'endroit oü il se propose<br />
de travailler. Nous n'avons pu vérifier ailleurs ce récit.<br />
Il est de coutwne que le premier or cueilli sur<br />
une mine revienne au maître de la terre qu'il soit GURUNSI<br />
ou BOBO DYULA. Par la suite, les mineurs donnaient au maître<br />
de la terre de petites quantités d'or. Cependant, ces cadeaux<br />
étaient facultatifs et n'avaient pour but que d'entretenir<br />
"1' arnitié'avec1esmaîtres des lieux .
CON C LU S ION<br />
------------------<br />
L'OR DE POURA : PASSE RECENT ET PERSPECTIVES D'AVENIR
A<br />
An<br />
A.L.A.<br />
A.O.I.<br />
A.E.C.S.<br />
A.G.<br />
A.H.E.S.<br />
A.H.M.C.<br />
A.T.M.<br />
-305 -<br />
B l B L l 0 G R A PHI E<br />
SIGNIFICATION DES SIGLES ET ABREVIATIONS EMPLOYES<br />
BCEAO - N.I.S.<br />
B.A.E. - A.O.F.<br />
B.A.G.C.<br />
B.A.N.<br />
B.F.T.<br />
B.C.E.H.S.-A.O.F.<br />
B.C.A.F.<br />
B.S.G.C.P.<br />
B.I. - A.O.F.<br />
,'·B-:-,L."·P,.;A·. N •<br />
= Africa<br />
= Anthropologie<br />
= Afrique Littéraire et Artistique<br />
= l'Afrique Occidentale Illustrée<br />
= Annales Economies Sociétés Civilisations<br />
= Annales de Géographie<br />
= Annales d'Histoire Economique et Sociale<br />
= Annales d'Hygiène et de Médecine<br />
Coloniale<br />
= A Travers le Monde<br />
= BCEAO : Notes d'Informations et de<br />
Statistiques<br />
= Bulletin de l'Agence Economique de<br />
l'A.O.F.<br />
= Bulletin de l'Agence Générale des<br />
Colonies<br />
= Bulletin de l'Afrique Noire<br />
= Bois et Forêts des Tropiques<br />
= Bulletin du Comité d'Etudes Historiques<br />
et Scientifiques de l'A.O.F.<br />
= Bulletin du Comité de l'Afrique<br />
Française<br />
Bulletin de la Société de Géographie<br />
Commerciale de Paris<br />
= Bulletin d'Information de l'A.O.F.<br />
= Bulletin de l'IFAN
S.I.F.A.<br />
S.A.H.<br />
T.C.<br />
T.H.S.G.<br />
T.D. - ORSTOM<br />
T.M.<br />
T.A. Ibn Battuta<br />
- 307 -<br />
= Séances de l'Institut Français d'Anthropologie<br />
= Studies in African History<br />
= Togo-Cameroun<br />
= Transactions of the Historical Society<br />
of Ghana<br />
= Travaux et Documents de l'ORSTOM<br />
= Le Tour du Monde<br />
= Travaux de l'Association Ibn Battuta
- 309 -<br />
carton 149, dossier 5 = Permis de recherches<br />
carton 149, dossier 6 = Permis de recherches de 1905 à 1908<br />
carton 149, dossier 7 = Tableau des sociétés minières en<br />
Guinée,<br />
carton 149, dossier 8 = Groupes miniers en Guinée 1906-1907<br />
- carton 149, dossier 9 = Demandes de permis de recherches<br />
minières<br />
carton 149 , dossier 10 = Graphique du mouvement minier 1903-<br />
1908<br />
- carton 149, dossier Il = Rapport sur les centres miniers du<br />
cercle de SIGUIRI par l'administrateur<br />
BILLAULD, janvier 1908<br />
carton 149 , dossier 12 = Tableau indiquant la marche des valeurs<br />
des mines d'or,juillet 1908<br />
- carton 149, dossier 13 = Etat des permis miniers du Sénégal,<br />
1908<br />
- carton 149, dossier 14 =; Renseignements statistiques 1906-1907<br />
- carton 149, dossier 15 = Réclamations<br />
- carton 149 , dossier 16 = Demande de concession de la Cie<br />
Française du Haut-Niger (au LOBI)<br />
- carton 149, dossier 17 = Exposition de Marseille, 1906 : Notice<br />
sur les mines du Haut-Sénégal Niger<br />
- carton 149, dossier 18 == Sables aurifères de la FALEME<br />
- carton 149, dossier 19 == Renseignements de police<br />
- carton 149, dossier 20 == Remboursements de sommes à des réclamations<br />
- carton 149, dossier 21 = Renseignernents sur les Compagnies<br />
Minières en A.O.F.<br />
- carton 149, dossier 22 = Renseignements statistiques, 1903<br />
carton 149 , dossier 23 = Renseignements de polices sur sociétés<br />
minières<br />
- carton 149 , dossier 24 = Etat des Permis à la date du 1er août<br />
1908.
- BAUD L.<br />
1945<br />
- BEL J. M. ,<br />
1913<br />
- BERGER R.,<br />
1937<br />
- BERTON Y.,<br />
1962<br />
- 311 -<br />
Raport de mission en Haute Côte d'Ivoire,<br />
septembre 1944, août 1945.<br />
Rapport sur les gisements aurifères de la<br />
S.M.F.B. (C.I.), 64 pages<br />
Rapport sur le gisement de la Société M.I.C.I.<br />
(KOKUMBO), 21 pages<br />
Rapport de fin demission avril 1961, mars<br />
1962<br />
- BOLGARSKY M. et BARDIN M., Rapport sur les vérifications<br />
1940 effectuées dans la région de TOUMODI<br />
- BOLGARSKY, Rapport général sur l'activité de la mission<br />
1941 de YSSOURE en Moyenne C.I.<br />
- BOUIGE L., Rapport sur l'or de la région de MANKOSSO,<br />
1934 BOUAFLE, TIDUNOU, 16 pages<br />
- BOUIGE L., Rapport sur l'or de la région de BOUAKE,<br />
1935 KATIOLA, GROUMANIA, OUELLE, BORANDA,<br />
- CHERMETTE A.,<br />
1935<br />
- CHERMETTE A.,<br />
1935<br />
- GAUTHEROT,<br />
1911<br />
- GOLOUBINOV R.,<br />
1939<br />
- GOLOUBINOV V.,<br />
1939<br />
- GOLOUBINOV R.,<br />
- JORDAN,<br />
1904<br />
- LEGOUX P.,<br />
1934<br />
- LEVAT D.<br />
1912<br />
TOURNEE 1934-1935, 16 pages<br />
Les filons de quartz aurifères de HIRE (C.I.),<br />
15 pages<br />
L'or dans le massif du YAOURE, Il pages<br />
Rapport de tournée dans le BAOULE Sud,<br />
mai 1911, 10 pages<br />
Sur le lessivage des quartz aurifères en pays<br />
latéritique<br />
Rapport sur les possibilités industrielles<br />
en or dans la Haute-Volta française<br />
L'or en Guinée Française<br />
Mission à la Côte d'Ivoire<br />
Notes sur la concession de KOKUMBO, 8 pages<br />
Rapport sur les mines d'or de la Société du<br />
BANDAMA (C.I.), 64 pages
- TRINQUARD R.<br />
1965<br />
- 313 -<br />
1.1.3. Archives du Bureau Géologigue et Hinier de<br />
Hauté-Volta - OUAGADOUGOU<br />
Densité, amalgamation, fabrication de plaques<br />
minces, étude de concentrées.<br />
D.G.M. Ouagadougou<br />
- S.M.P. Rapport d'activité et d'exploitation de la<br />
1964 Mine de POURA, 1963<br />
- Rapport CALAME, 14 octobre 1952<br />
- Rapport chinois CHOU LIAN CHIN et TAN LI PIN, 1968<br />
- Rapport GRANGEON, expert des Nations Unies, 1962<br />
- Statuts de la SOREMI,. 28 juin 1976<br />
- Ordonnance n° 77/033/PRES/CODIM autorisant la signature de<br />
la convention d'établissement n° 4 entre l'Etat et la<br />
Société de Recherches et d'Exploitations Minières (SOREMI)<br />
du 29 septembre 1977<br />
- Convention d'établissement n° 4 entre la République de<br />
Haute-Volta et la Société de Recherche et d'Exploitations<br />
Minières (SOREMI) du 29 septembre 1977<br />
- RAUCQP, activités géologiques et minières en Haute-Volta<br />
- Lettre n° J.G./SF 2364 datée de Paris le 20 août 1966 adres-<br />
sée par le P.D.G. de la S.M.P. à Monsieur le Ministre des<br />
Finances et du Commerce, Ouagadougou, 4 pages<br />
- Décrêt n° 7J/064/PM/PL. H1 octroyant à la Société de Recherches<br />
et d'Exploitations Minières un permis d'exploitation à POURA,<br />
en date du 26 mars 1973,<br />
- Accord entre la République de Haute-Volta et la Société<br />
des Mines de POURA, en date du 18 août 1971
- 1.G. 327<br />
- Microfilm<br />
- Microfilm<br />
- Microfilm<br />
- 314 -<br />
I.l.4. Archives de l'IFAN de DAKAR<br />
Lieutenant GREIGERT, Aperçu de la situation<br />
politique dans la région de DIEBOUGOU 1904-1905<br />
Doc IV-4 B (20), 5, Arbault, exploitations<br />
aurifères de POURA (H.V.), 1952, 2 pages<br />
741, E. RUELLE, Notes sur quelques ruines<br />
d'habitations en pierre de l'Afrique Occi<br />
dentale Française<br />
Doc. XII/2, J.A. HEUZY, Rapport sur l'arti<br />
sanat indigène BAOULE, LOBI, MOSSI, BOBO.<br />
1936.
- 317 -<br />
Village de TON :<br />
- Tradition officielle recueillie auprès du chef YARO Bayegue<br />
entouré de son conseil, en avril 1977.<br />
- Traditions des BWAWA recueillies séparément en avril 1977<br />
Informateurs : BOGNINI Dofinizoumou<br />
BOGNINI Nahiri<br />
GNOUMOU Sibiri<br />
BAYE Guidé<br />
- Traditions des BOBO-DYULA recueillies séparément en avril 1977<br />
Informateurs : SANOU Bibi<br />
SANOU Zeri.<br />
Village de FARA<br />
Seuls les DYAN par la voix de TRAORE Dagaï ont<br />
accepté répondre à nos questions. Le chef ZONOU Issa s'est<br />
refusé à tout interview, répondant inlassablement qu'il ne<br />
savait rien sur les questions qu'on lui posait.
- 318 -<br />
l .3. Les sources archéologiques:<br />
Il s'agit d'abord de rapports de prospec<br />
tion archéologique en Haute-Volta réalisée par Monsieur le<br />
Professeur J. DEVISSE et nous-même. Ces rapports ne sont<br />
pas publiés mais sont consultables au Laboratoire d'Histoire<br />
et d'Archéologie de l'Université de Ouagadougou.<br />
- DEVISSE J. Rapport de mission en Haute-Volta, 1973<br />
- DEVISSE J. et KIETHEGA J.B. Rapport de prospection archéologique<br />
en Haute-Volta, 1974<br />
- DEVISSE J. et KIETHEGA J.B., rapport de prospection archéologique<br />
en Haute-Volta, 1975<br />
- DEVISSE.J. et KIETHEGA J.B., rapport de prospection archéologiqueen<br />
Haute-Volta, 1976<br />
- KIETHEGA J.B., Rapport préliminaire sur les fouilles de<br />
POURA (campagne mars-mai 1977)<br />
- KIETHEGA J.B. Rapport préliminaire sur les fouilles de<br />
POURA (campagne mars-mai 1978)<br />
Ces rapports ne donnant que des informations<br />
sommaires sur ce qui a été observé ou collecté sur le plan<br />
archéologique, il convient, avant tout, de se reporter aux<br />
collections entreposées au Laboratoire d'Histoire et<br />
d'Archéologie de l'Université de Ouagadougou et aux cahiers<br />
de fouilles et fichiers se rapportant aux recherches sur<br />
l'or de POURA.
- 319 -<br />
II - OUVRAGES, TRAVAUX, PERIODIQUES;.-<br />
- Al BAKRI<br />
II.1. Pour la géographie et l'histoire l"ocales<br />
1965<br />
- Al OMARI,<br />
1968<br />
- AMISSAH J.B.<br />
1968<br />
- Anonyme,<br />
1975<br />
- ARBAULT J.<br />
1952<br />
- ARHIN K.,<br />
1965<br />
- AVENARD J .M. ,<br />
1966<br />
- AXELSON E.<br />
1973<br />
-BA.ILLOT E.,<br />
1902<br />
- BARTH H.<br />
1968<br />
- BERNOLLES J.,<br />
1966<br />
Description de l'Afrique Septentrionale<br />
Trad. M.G. de SLANE, Librairie d'Amérique et<br />
de l'Orient, A Maisonneuve, Paris, 1965,<br />
405 pages.<br />
Masalik el Absar fi Hamalik el amsar<br />
l'Afrique moins l'Egypte<br />
Trad. Gaudefroy-Desmombynes, Paris, Geuthner,<br />
284 pages<br />
Introducing descriptions and historical<br />
account of the golden Kingdom of Guinea<br />
by Peter Mareer<br />
THSG, vol. IX, Legon<br />
L'arrivée d'un ancien<br />
B . F . T. n 0 16 2, Paris, p. 3 7- 38<br />
Exploitations aurifères de POURA (Haute-Volta)<br />
Mie. Doc IV.4. B(20) IFAN Dakar<br />
Market settlements in North Western Ashanti<br />
R.R., supplément nO l, Legon, 185 pages<br />
Tentative de corrélation des périodes qua<br />
ternaires de l'Ouest Africain d'après diffé<br />
rents auteurs, C. ORSTOM, Paris.<br />
Portuguese in South-East Africa 1488-1600,<br />
Le Cap, p. 49 à 50<br />
Sur les routes du Soudan<br />
Toulouse, Privat, 336 pages<br />
Travels and discoveries in North and Central<br />
Africa, Ed. Casso Londres, t. II<br />
Permanence de la parure et dumasque africains<br />
Maisonneuve, Paris, 632 pages
- BERNUS E. ,<br />
1960<br />
- BERTHO J . ,<br />
1952<br />
- BINGER Capt,<br />
1886<br />
- BINGER Capt,<br />
1890<br />
- BINGER Capt,<br />
1890<br />
- BINGER Capt,<br />
1891<br />
- BINGER Capt,<br />
1892<br />
- BINGER Capt,<br />
1970<br />
- BONNAT M.J.,<br />
1875<br />
- BONNAT M.J.,<br />
1875<br />
- BONNAT M.J.,<br />
- 320 -<br />
Kong et sa région<br />
E.E. t. VIII, Abidjan, pages 236-324<br />
Nouvelles ruines de pierres en pays LOBI<br />
N.A. nO 54, Dakar<br />
Les routes commerciales du Soudan occidental<br />
Gazette géographique, Paris, 15 pages<br />
Contrées entre le Niger et la Côte d'or<br />
Pages 77-90<br />
Du Niger au Golfe de Guinée par KONG<br />
Imprimerie de E. Cagniard, Rouen, 36 pages<br />
Esclavage, islamisme et christianisme<br />
Société des Ed. scientifiques, Paris, 112 pages<br />
Du Niger au Golfe de Guinée par le pays de<br />
KONG et le MOSSI (1887-1888)<br />
Hachette, Paris, t. l, 513 pages<br />
t. 2, 416 pages<br />
réédité par la Société des Africanistes,<br />
Paris, 1980.<br />
Transactions, objets de commerce, monnaies<br />
des contrées entre le Niger et la Côte d'Or<br />
B.C.E.A.O., Notes d'Informations et de sta<br />
tistiques, nO 179, 12 pages.<br />
Les Ashanti, moeurs et coutumes<br />
E. t. II, nO 47-53, Paris, ?ages 289, 370,<br />
460, 465-466, 565, 589, 621-624.<br />
M. BONNAT et le pays des Ashanti<br />
E. t. l, n ? 13-17, Paris, pages 50, 121, 143,<br />
292, 487-488.<br />
Les Ashantis d'après les relations de<br />
M. BONNAT. E. t. III, nO 49-54, Paris,<br />
pages 1-3, 36-38, 53, 82-83, 112-113,<br />
139-141.
- CROZAT Dr.,<br />
1891<br />
- 322 -<br />
- CIRE-BA B., Les BOBO, la famille, les coûtumes<br />
1954 E.A. nO 23, Dakar, pages 61-76<br />
- CIRE-BA B., Esquisse historique des BOBO et des BOBO DYULA<br />
1954 E.A. nO 24, Dakar<br />
- CLAPPERTON H., Second voyage dans l'intérieur de l'Afrique<br />
1826 Paris, A. Bertrand, Vol. II, page 66<br />
- CLOZEL F.J. et R. VILLAMUZ, Les coutumes indigènes<br />
1902 de Côte d'Ivoire<br />
- CUOQ J .M. ,<br />
1975<br />
- DAUBREE,<br />
1868<br />
- DAVEAU S.,<br />
1960<br />
- DAVEAU S.,<br />
1962<br />
Paris, Challamel, 539 pages<br />
Mission au MOSSI, KINIAN, décembre 1890<br />
janvier 1891.<br />
Extrait du J.O. de la République Française<br />
- lundi 5 octobre 1891<br />
- mardi 6 octobre 1891<br />
- mercredi 7 octobre 1891<br />
- jeudi 8 octobre 1891<br />
- vendredi 9 octobre 1891<br />
Recueil des sources arabes concernant l'Afrique<br />
Occidentale du VIII ème au XVIème siècles'<br />
(Bilad al Sudan)<br />
C.N.R.S., Paris, 490 pages<br />
Aperçu historique sur l'exploitation des<br />
métaux dans la Gaule.<br />
Revue d'archéologie, Paris, avril 1868<br />
Les plateaux du S.O. de la Haute-Volta<br />
Fac. Lettres Dakar, 64 pages<br />
Principaux types de paysages morphologiques<br />
des plaines et plateaux soudanais<br />
I.G. mars-avril, Paris, pages 61-72<br />
- DAVEAU S., LAMOTHE M., ROUGERIE G., Cuirasses et chaînes<br />
1962 birrimiennes en Haute-Volta<br />
A.G. septembre-octobre, Paris, pages 460-482
- DELAFOSSE M.,<br />
1900<br />
- DELAFOSSE M.,<br />
1911-1914<br />
- 323 -<br />
Haute Côte d'Ivoire<br />
An. t. XI, Paris<br />
A propos de ruines de constructions en pierres<br />
maçonnées existant dans le LOBI<br />
SIFA, t. r , 1911-1913 et T. II, 1913-1914,<br />
Paris.<br />
- DELONCLE P., La parure féminine aux colonies,<br />
- DETIENNE P. et MARIAUX A., Nature et périodicité<br />
1975 cernes dans le bois de NIANGOM<br />
- DEVISSE J.,<br />
1972<br />
- DEVISSE J.<br />
1972<br />
- DEVISSE J.,<br />
1978<br />
- DEVISSE J.,<br />
- DIOP C.A.,<br />
- DIOP C.A.,<br />
1974<br />
-DOUTEG.,<br />
1971<br />
- DUDOT B.,<br />
B.F. T. nO 159, Paris, p. 29-39<br />
32 pages<br />
des<br />
Une enquête à développer : le problème de la<br />
propriété des ruines en Afrique de l'Ouest du<br />
VIII ème au XVI ème siècles<br />
Bull. Inst. Belge de Rome, XLIV, pages 201-219.<br />
Routes de commerce et échanges en Afrique<br />
Occidentale en relation avec la méditerranée<br />
Un essai sur le commerce médiéval du Xlème<br />
au XVlème siècles.<br />
R.H.E.S. vol. L., nO 1 et 3, Paris, pages<br />
42 à 73.<br />
L'arrière plan africain des relations inter<br />
nationales au Xème siècle<br />
Actes du colloque des rédiévistes, Dijon.<br />
Pour une histoire totale de la céramique<br />
africaine. Mélanges Mauny (à paraître)<br />
A propos de la chronologie<br />
Bull. IFAN Dakar, série B, t. XXIX<br />
Physique nucléaire et chronologie absolue<br />
N.E .A., Dakar, 155 pages<br />
La République de Haute-Volta<br />
NDV, Ouagadougou<br />
Notes sur la fabrication des anneaux de bras<br />
en pierre portés par les Touareg de l'AIR<br />
N.A. .n ? 122, Dak a r , pages 58-61.
1956<br />
- JOHNSON M. ,<br />
- KATI Mahmud,<br />
1964<br />
- KI-ZERBO J . ,<br />
1972<br />
- LABOURET H. ,<br />
1920<br />
- LABOURET H. ,<br />
1931<br />
- LABOURET H. ,<br />
1953<br />
- LABOURET H.,<br />
- 326 -<br />
- Jean Léon l'Africain, Description de l'Afrique<br />
1958<br />
- LAPORTE A.J.<br />
1960<br />
- LEPRUN J.C.,<br />
1971<br />
- LE MOAL G.,<br />
1968<br />
- LE BOAL G.,<br />
1:91'6<br />
trad. E. POULARD, Paris, 2 V., 632 pages<br />
Salaga papers, vol. l, Legon<br />
Tarik el FETTACH<br />
(trad. de HOUDAS o. et DELAFOSSE M.) ,<br />
Maisonneuve, Paris<br />
Histoire de l'Afrique d'hier à demain<br />
Hatier, Paris, réédition 1980, 702 pages<br />
Le mystère des ruines de LOBI<br />
R.E.T.P. Paris<br />
Les tribu s du rameau LOBI<br />
Travaux et mémoires del'Institut d'Ethnologie<br />
Paris, 507 pages.<br />
L'échange et le commerce dans les archipels<br />
du Pacifique et en Afrique Tropicale<br />
in Lacour-Gaxet, ed. Histoire du Commerce,<br />
t. III, Paris.<br />
Nouvelles notes sur les tribus du rameau LOBI<br />
Mémoire IFAN nO 54, Dakar, pages 21 à 54.<br />
L'archéologie et l'histoire au service de la<br />
recherche minière. Un exemple d'application:<br />
les gisements aurifères du LIMOUSIN et de la<br />
MARCHE.<br />
Thèse de géologie de Paris V, 447 pages +<br />
planches<br />
Les cuirasses ferrugineuses des pays cris<br />
tallins de l'Afrique Occidentale sèche<br />
genèse, transformation, dégradation<br />
Thèse d'Etat Strasbourg, UER des Sciences<br />
de la Vie et de la terre, 222 pages + annexes<br />
Enquête sur l'histoire du peuple BOBO<br />
N.D.V. janvier-mars 1968, Ouagadougou<br />
Le peuplement du pays BOBO, bilan d'une<br />
1957<br />
- 328 -<br />
- MAUNY R., Etat actuel de nos connaissances sur la<br />
préhistoire et l'archéologie de la Haute<br />
Volta.<br />
N.A. n° 73, Dakar.<br />
- MAUNY R., Tableau géographique de l'Ouest Africain<br />
1961 au Moyen-Age, Dakar, l FAN , 587 pages.<br />
- MEILLASSOUX Cl. ,Etat et conditions des esclaves à Gill·mU (I4ALI)<br />
1973 au XIXème siècle<br />
- MENIAUD J.<br />
1912<br />
J. AH XIV, 3, London, pages 429-452.<br />
Géographie économique du Haut-Sénégal,<br />
Niger<br />
- MONNIER Marcel, France Noire<br />
1894<br />
- MONNIER M. ,<br />
- NICOLAS F. J . ,<br />
1952<br />
- PALLIER G. ,<br />
1977<br />
- PEREIRA P. ,<br />
1956<br />
- PERSON Y. ,<br />
1964<br />
- PERSON Y. ,<br />
1968<br />
- PERSON Y. ,<br />
1970<br />
Paris, Larose, 198 pages<br />
Paris, Plon, 298 pages<br />
Une jeune colonie: Côte d'Ivoire et Soudan<br />
méridional,<br />
A.G. t. III, Paris nO 2, pages 409-427.<br />
Laquuestion de l'ethnie GURUNSI en Haute<br />
Volta;<br />
A. Vol. 22, nO 2, Paris, pages 170-172.<br />
Géographie générale de la Haute-Volta<br />
Limoges, Université, 233 pages<br />
Esmeraldo de Situ Orbis<br />
Ed. Mauny, Bissau, 226 pages<br />
Tradition orale et chronologie<br />
C.E.A., II, 7, Paris, pages 426-476.<br />
SAMORI, une révolution DIOULA<br />
mémoire l FAN , n° 80, t. l, Dakar, 600 pages.<br />
Le Soudan Nigérien et la Guinée Occidentale<br />
in Histoire Générale de l'Afrique Noire de<br />
H. Deschamps, P.U.P.<br />
- PEUCHGARIC N., Côte Occidentale d'Afrique: côte d'or,<br />
géographie, commerce, moeurs,<br />
Paris, 52 pages.
- PONTON L.,<br />
1933<br />
- PROST A.,<br />
1970<br />
- 329 -<br />
Les GURUNSI du groupe voltaïque<br />
O.M. p02 et 3, Paris.<br />
- ROBERTSON G.A., Notes on Africa<br />
1819<br />
- ROUCHE J.,<br />
1960<br />
- ROUCH J.,<br />
1973<br />
- RUELLE<br />
1904<br />
- SAVONNET G. ,<br />
1956<br />
- SAVONNET G. ,<br />
1962<br />
- SAVONNET G. ,<br />
1975<br />
- SAVONNET G.,<br />
- SCHAPPER B.,<br />
1961<br />
Deux langues GURUNSI : le Kassem et le Nuna<br />
BIFAN, t. XXXII, B, nO 4, Dakar<br />
Sherwood, London, 460 pages<br />
Problèmes relatifs à l'étude des migrations<br />
traditionnelles et des migrations actuelles<br />
en Afrique Occidentale<br />
BIFAN, série B, n° 3-4, Dakar<br />
BABATU et la conquête ZERMA en pays GURUNSI<br />
1856-1900<br />
N.D.V. t. 6 (oct. 72- sept. 73) Ouagadougou.<br />
Notes anthropologiques, ethnologiques et so<br />
ciologiques sur quelques populations noires<br />
du 2ème territoire mulitaire de l'A.O.F.<br />
An. t. XV, Paris, pages 519-703<br />
Notes sur quelques ruines situées dans la<br />
région de LEO (Haute-Volta)<br />
N.A. nO 71, Dakar<br />
Quelques notes sur les GAN et sur le rituel<br />
d'intronisation de leur chef<br />
E.V. nO 4, Ouagadougou<br />
Quelques notes sur l'histoire des DYAN<br />
(cercles de DIEBOUGOU et LEO)<br />
BIFAN t. 37, série B, n° 3, Dakar, pages<br />
619-645.<br />
Les régimes fonciers des populations du<br />
s.o. de la Haute-Volta<br />
N.D.V., Ouagadougou<br />
La politique et le commerce français dans<br />
le Golfe de Guinée<br />
Paris, Mouton, 286 pages
- WILKS I.,<br />
- YAKUBI,<br />
1937<br />
- YORK R.N.,<br />
1972<br />
- ZAHAN D.,<br />
1954<br />
- 331 -<br />
The MOSSI and AKAN States<br />
in History of West Africa vol. l, pages<br />
344-386 de Ajayi et Crowder<br />
Le pays<br />
Trad. G. WIET<br />
Le Caire, 1937, 291 pages<br />
Cowries as type-fossils in Ghanian<br />
archeology<br />
W.A.J.A., vol. 2, O.U.P. Ibadan<br />
Notes sur les marchés Mossi du YATENGA<br />
A. Vol. 24, nO 4, Paris, pages 370-377
- ABEL H.,<br />
1956<br />
- ABEL H.,<br />
1961<br />
- Anonyme,<br />
1936<br />
- Anonyme,<br />
1936<br />
- Anonyme,<br />
1939<br />
- Anonyme,<br />
1964<br />
- Anonyme,<br />
1968<br />
- Anonyme,<br />
1970<br />
- Anonyme,<br />
1976<br />
- ARNAUD G.,<br />
1945<br />
- ARHIN K.,<br />
1978<br />
- 332 -<br />
II.2. Sur les métaux et particulièrement l'or<br />
Le déchiffrement des poids à peser l'or de<br />
la Côte d'Ivoire<br />
N. nO 3250, Paris, pages 41-46<br />
Poids à peser l'or de Côte d'Ivoire<br />
BCEAO-N.I.S. nO 69, Paris, 12 pages<br />
Les mines d'or de Gold Coast<br />
B.1.R.G.G.-A.O.F. nO 106, Dakar, pages 13-15.<br />
Deux industries au SOudan français: l'or<br />
paillage indigène en 1935<br />
BAE - A.O.F., Paris<br />
Les instruments à peser l'or en Afrique Occi<br />
dentale<br />
MH-BM, nO 4, Paris, pages 5-6.<br />
Tableau des industries en Haute-Volta en 1964<br />
B.A.N. nO 335, Paris, pages 6 801-6 803.<br />
Bilan de l'activité des recherches minières<br />
en Haute-Volta.<br />
B.A.N. nO 540, Paris, page 10 890<br />
Situation et perspective de l'industrie en<br />
Haute-Volta<br />
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- 346 -<br />
Q Comment êtes-vous devenus Gurunsi puisque votre ancêtre<br />
était Dagara?<br />
YIMA: Ce changement de langue est dû aux mariages que nos ancêtres<br />
ont contractés avec les filles Gurunsi du pays. Cependant<br />
nos coutumes sont restées toujours Dagara. Quand un vieillard<br />
meurt chez nous, nous appliquons les coutumes Dagara.<br />
Q : Quel est votre nom de famille?<br />
YIMA: YARO<br />
Q Votre ancêtre portait-il le même nom?<br />
YIMA: Oui, c'était YAPD aussi.<br />
Q Quelles ethnies votre ancêtre a trouvées dans la brousse<br />
de NABOU?<br />
YIMA: Il a trouvé les Bwaba et d'autres Gurunsi<br />
Q Comment les Bobo-Dyula sont-ils arrivés dans votre région?<br />
YIMA: Ils sont venus à la recherche de l'or. Ils sont venus dire<br />
à notre ancêtre que sa terre contenait de l'or et qu'il<br />
désirait s'y installer pour l'exploiter. Et notre ancêtre<br />
leur a donné son autorisation pour toutes les terres qui<br />
lui appartenaient. C'est pourquoi certains se sont installés<br />
à PARA, NANANO, POURA. Lorsqu'ils se furent installés, des<br />
guerriers sont venus les combattre et notre ancêtre est allé<br />
chasser les envahisseurs.<br />
,Q _. Que·l·le légende entoure l'arrivée des Bobo-Dyula?<br />
YIMA: Nous ne connaissons pas de légende.
- 347 -<br />
Q : Les familles Bobo-Dyula en connaissent-elles?<br />
YIMA: Eux aussi ne peuvent pas savoir.<br />
Q Les Bobo Dyula ont-ils creusé des puits d'or à NABOU?<br />
YIMA: Non.<br />
Q Revenons à l'origine de l'ancêtre. Venait-il du pays Dagara<br />
actuel ou d'un autre lieu?<br />
YIMA: Il venait de son village natal, Kaboutié entre BON et PAYALO<br />
C'est toujours aujourd'hui un pays Dagara. Là-bas il<br />
commandait tous les petits villages jusqu'à la Volta.<br />
Q Que savez-vous des ZERMA?<br />
YIMA: Ils sont venus jusqu'ici.<br />
Q Vous-êtes vous battus contre eux?<br />
YLMA: Oui, nos grands parents ont aidé les villages voisins atta<br />
qué à chasser lesZERMA.<br />
Q Les ZERMA ont-ils laissé des constructions dans la région<br />
de NABOU?<br />
YIMA: Oui, mais lorsque la paix est revenue nous avons cassé leurs<br />
constructions pour rebâtir nos maisons.<br />
Q Ont-ils pillé votre village?<br />
YIMA: NON, ils n'ont pas réussi à nous vaincre.
- 349 -<br />
d'utiliser seule le produit de travail de l'or. On partageait<br />
l'or et les enfants même avaient leur part. Mes parents<br />
m'ont montré l'endroit où on cachait l'or, mais je n'ai pas<br />
le droit de le montrer.<br />
Q Connaissez-vous les instruments de travail de l'or?<br />
Réponse de SOUMOUNI: Non, parce que j'ai vécu au Ghana. A mon<br />
retour, j'ai demandé à mon petit frère s'il savait où les<br />
instruments ont été cachés. Lui aussi ignorait la cachette.<br />
Q Je vous demanderai donc de continuer vos recherches et de<br />
me tenir informé.<br />
Réponse de SOUMOUNI: D'accord, je reprendrai les recherches.<br />
Q Avez-vous quelque chose d'autre à me dire que les Bobo-Dyula?<br />
Réponse de SOUMOUNI: Non. Mais il y a des interdits que je dois<br />
respecter et des rites à accomplir auparavent.<br />
Q Si je peux aider matériellement à la réalisation des rites<br />
jevouspropose,m0n aide.<br />
Réponse de SOUMOUNI: Ce n'est pas votre travail, mais le notre.
TEXTE B<br />
- 350 -<br />
NABOU, chez le maître de terre IDO Paré<br />
13 Mars 1975.<br />
Q J'aimerai connaître votre nom et prénom.<br />
R Je m'appelle IDO Paré<br />
Q Comment s'appelait votre 1er ancêtre?<br />
R Il s'appelait NIGNAN Batibié<br />
Q (à un vieux qui veut intervenir): Comment vous appelez-vous?<br />
R Je m'appelle NIGNAN Proubi.<br />
Q Qui était votre 1er ancêtre? (toujours au vieux Proubi)<br />
R Il s'appelait NIGNAN DOUMOUNOU. Les NIGNAN sont les seconds<br />
à arriver à NABOUi les YARO sont les troisième. Les YARO,<br />
ce sont la famille du chef. Ils sont d'origine DAGARA.<br />
Les T.RAORE sont les quatrièmes à venir s' installer, puis<br />
on a les NEBIE, puis les COULIBALY.<br />
Q Connaissez-vous l'origine des Bobo-Dyula.<br />
R Quand leur ancêtre est arrivé ici, il adit que son travail<br />
c'est de creuser l'or, et notre ancêtre l'a autorisé à<br />
faire son travail. Les Bobo-Dyula ont de quoi se protéger<br />
contre l'ori alors que les Gurunsi risquent de mourrir en<br />
voyant un petit morceaux d'or.<br />
TIEJJDKQ; Comment se fait-il que les Bobo-Dyula se soient disper<br />
sés?
- 352 -<br />
KABOUTIE. KABOUTIE est situé entre BON et PAYALO.<br />
BAMON était chasseur. Dans la région de NABOU il<br />
trouvabeacoup de gibier. Il en tua tant, qu'il<br />
n'arrivait pas à les dépecer. Il retourna à KABOUTIE<br />
ramener sa famille à l'endroit qu'il appela NABOU<br />
c.a.d. "forêt de gibier".<br />
BAMON vécut longtemps à NABOU. Il en connaissait tous<br />
les coins. Avec sa troupe, il attaquait les petits<br />
villages autour de NABOU. Avant l'arrivée de la<br />
"peau blanche" NABOU commandait plusieurs petits<br />
villages. Dès l'arrivée de la "Peau Blanche" NABOU<br />
a été fait CANTON.<br />
Q Comment se fait-il que l'ancêtre soit Dagara alors que<br />
maintenant vous êtes tous Gurunsi?<br />
R BAMON s'installa à NABOU et se maria à un fille Gurunsi.<br />
Voila pourquoi tous parlent le Gurunsi mais ils font<br />
les mêmes coutumes que les Dagara.<br />
Q Quel est le patronyme de l'ancêtre?<br />
R Il se nommait YARO.<br />
Q Qui YARO a trouvé dans la brousse de NABOU?<br />
R Il Y avait les villages de FITIEN, KAPA, LASSINI, BLADJO<br />
BAZENA, KASSOU, BOUZOUROU, KABOUROU, POME, DAKAYE, TIALA<br />
DAHO, FARA.<br />
Q : Comment et quand sont arrivés les SANKURSI?<br />
R Les SANKURSI sont venus à la recherche de l'or. Ils ont<br />
demandé au chef une place pour s'installer. Le chef les
- 353 -<br />
a installés et c'est ainsi que sont nés les trois villages<br />
de PARA, POURA, NANANO.<br />
Q Qui était le premier SANKURA venu ici?<br />
R Personne ne connait son nOID.<br />
Q Y-a-t'il parmi vous un SANKURA connaissant leur histoire?<br />
R Non. Les SANKURSI ont oublié même leur langue. ILs parlent<br />
tous Gurunsi sauf ceux de FARA, NANANO, POURA. Ceux-là<br />
peuvent peut-être connaitre l'histoire de leurs ancêtres.<br />
Q Peut-on me donner des légendes sur l'or et me parler des<br />
instruments du travail de l'or?<br />
R Tous les objets qui servaient à creuser l'or ont été volés<br />
un nuit par des inconnus.<br />
Q Revenons à l'ancêtre Dagara: venait-il du pays Dagara Ou<br />
d'une autre région?<br />
R Son village c'est Kaboutié. C'est là qu'il est né avant<br />
de venir à NABOU. A l'époque ils étaient tous Dagari et<br />
l'ancêtre commandait beaucoup de petits villages.
- 355 -<br />
Q D'Où sont venus les YARO?<br />
IDO Paré : La famille YARO est venue de KABOUTIE en pays<br />
DAGARA entre BON et PAYALO.<br />
Q Donc les YARO à l'origine étaient DAGARI?<br />
NIKOYA Oui, les YORO étaient DAGARI à l'origine.<br />
Q Conunen t aujourd.' hui sont-ils devenus Gurunsi?<br />
NIKOYA : Ils sont Gurunsi parce que quand ils sont arrivés<br />
ici, tout le monde était Gurunsi.<br />
Q Est-ce que les YARO en arrivant portaient déjà le nom<br />
YARO?<br />
BAMON Oui, nous étions YARO depuis KABOUTIE.<br />
Q Que signifie YARO?<br />
,BAMON: YARO veut dire "l'ombre". Nous sommes "l'ombre" où<br />
tout le monde vient s'abriter.<br />
Q On me dit qu'ils étaient chasseurs; quels armes employ<br />
aient-ils pour chasser?<br />
BAMON On avait des arcs et des flèches pour chasser.<br />
Q Qui a donné le nom NABOU au village, les maîtres de<br />
terre ou les chasseurs?<br />
BAMON : C'est notre ancêtre le chasseur qui a donné le nom<br />
NABOU.
- 358 -<br />
IDO Paré: Les NIGNAN sont venus de TITA, tout près de POUNI<br />
Q Et les TAGNON?<br />
IDO Paré: Les TAGNON sont de MENO, vers NIABOURY. Ils<br />
sont SISSALA<br />
Q Et les TAY?<br />
IDO Paré: Les TAY sont venus de derrière la Volta, mais nous<br />
ne savons pas exactement le village.<br />
Q Et les Goulibaly?<br />
IDO Paré : Les Goulibaly sont venus de HOUNDE de BOUOHOUN<br />
précisement.<br />
Q Quelles sont les ethnies vivant à NABOU?<br />
NIKOYA ; Il Y a les Gurunsi, les SANKURSI, les Bwaba, les<br />
Dagara.<br />
Q Y a-t-il des DYAN et des MOSSI?<br />
NIKOYA Non, il n'y a pas de Mossi, ni de DYAN.<br />
Q Qu'est-ce qu'a provoqué le départ des IDO pour NABOU?<br />
IDO Paré: C'est la guerre qui se faisait en ce temps qui a<br />
poussé nos ancêtres à partir pour ne pas être tués.<br />
Q Quelle était cette guerre?<br />
IDO Paré C'est celle des ZERMA.
- 359 -<br />
Q Est-ce bien pendant la guerre des ZERMA qu'ils sont venus<br />
à NABOU?<br />
IDO Paré: Oui, c'est pendant cette guerre qu'ils sont venus<br />
à NABOU.<br />
Q Et les autres familles, par exemple les TRAORE, qu'est-ce<br />
qui a provoqué leur départ pour NABOU?<br />
TRAORE : C'est le commerce qui a amené notre ancêtre à NABOUi<br />
Il était commerçant et quand il arrivait dans un village<br />
il inspectait la terre et si celle-ci était riche en or,<br />
il s'installait dans ce village pour creuser des puits<br />
d'or. Comme il a trouvé que la terre de NABOU était riche<br />
en or, il s'est installer ici pour creuser l'or.<br />
Q Pourquoi les NIGNAN sont-ils venus à NABOU?<br />
BELl Eux aussi c'est la guerre qui les a amenés à NABOU.<br />
Q Et les Bwaba: NEBIE, COULlBALY, BIGNINI, pour quelles<br />
raisons sont-ils venus à NABOU?<br />
IDO Paré: Comme il n'y a pas une personne de leur famille<br />
dans cette maison, qui peut connaitre ce qui les a<br />
amenés à NABOU?<br />
Q Maintenant je voudrais poser des questions sur l'organisa<br />
tion du village. Je commencerai par vous demander le<br />
rôle du chef du village et celui du maître de la terre.<br />
BAMON Les YARO sont les chefs de village.
- 360 -<br />
Q : Quel est leur rôle, surtout dans le passé?<br />
BAMON : Notre rôle dans l'ancien temps, c'est à dire avant<br />
l'arrivée des blancs, était de protéger les villages<br />
voisins. Pendant les guerres entre noirs, les villages<br />
venaient demander notre protection. Dès qu'un village avait<br />
la protection de NABOU, aucun autre village n'osait<br />
l'attaquer.<br />
Q Que recevait les chefs de NABOU en contre partie de cette<br />
protection?<br />
BAMON : Nous, on ne réclamait rien à ceux qui étaient protégés,<br />
mais seulement nous voulions qu'ils restent sous notre<br />
influence, pour que nous soyons nombreux et que le canton<br />
devienne vaste.<br />
Q Quels sont les signes distinctifs de la chefferie?<br />
BAMON : Dans l'ancien temps, quand on désigne un chef, les jeu<br />
nes gens du village et ceux des villages voisins allaient<br />
piller dans certains villages du bétail qu'ils remettaient<br />
'au nouveau chef ·de NABOU. Mais depuis que les blancs sont<br />
venus cela n'est plus possible.<br />
Q Comment se faisait la succession?<br />
BAMON : C'est tout l'ensemble du village qui élisait le<br />
nouveau chef.<br />
Q Comment se faisait l'élection?<br />
":B:A:MON·:·En.ce .t.emp s , pour élire un nouveau chef 1 tous les<br />
vieux se rassemblent et désignent celui qui parait le<br />
plus sérieux et le plus capable de diriger le village.
- 361 -<br />
Ils le montre ensutte au public en disant que c'est le<br />
nouveau chef.<br />
Q Est-ce qu'on pouvait élire un chef dans quelle famille<br />
du village?<br />
BAMON : On ne pouvait pàs élire un chef dans n'importe quelle<br />
famille, ou désigner quelqu'un parce qu'il est riche, grand<br />
ou gros. Non, il faut que le nouveau chef soit toujours de<br />
la f amille de l 'année; c'est à dire de la f amille YARO<br />
seulement.<br />
Q Est-ce qu'on peut laisser le fils du chef défunt pour<br />
choisir un autre YARO?<br />
BELl: Tous les YARO sont les enfants d'un homme et de son<br />
petit frère. Les enfants de l'aîné étant chefs, les enfants<br />
du cadet n'ont pas la chefferie.<br />
Q Mais dans la descendance de l'aîné, la succession se<br />
fait-elle de père en fils ou de frère en frère?<br />
NIKOYA : Chez eux dans le temps, quand un chef meurt, son<br />
frère qui le suit le remplace. Maintenant avec le temps<br />
actuel, la chefferie reste dans la famille de l'aîné<br />
seulement.<br />
Q Est-ce que le chef a des insignes, par exemple des objets<br />
qui montre qu'il est chef?<br />
BELl: Jadis oui, mais maintenant la vie a changé et ils ne<br />
peuvent .plus les porter.<br />
Q Qu'est-ce que c'était?
- 365 -<br />
Q Je voudrais qu'on m'informe sur la manière dont on<br />
exploitait cet or.<br />
TRAORE : Comme i'exploitation de l'or était notre ancien métier<br />
depuis SATRI, notre ancêtre n'a eu aucune peine à reconnaî<br />
tre les traces d'or. Par exemple, pendant l'hivernage,<br />
s'il pleut, l'eau en ruisselant passe avec l'or dans les<br />
fossés. Moi-même, j'en ai ramassé dans le "BOUZON-KOLOU"<br />
derrière les montagnes sur la route de Fitien et je suis<br />
venu le donner à un de nos parents nommé NAKOUAZEN.<br />
Comme nos parents savaient comment reconnaître l'or et nous<br />
..__1 ';-;';"t' montré, nous devons aussi le savoir.<br />
Q Les TRAORE savent-ils déjà extraire l'or dans la région<br />
de Bobo-Diuolasso?<br />
TRAORE : Oui, c'est ce que j'ai dit<br />
qu'ils faisaient.<br />
A SATRI c'est le métier<br />
Q Dans quelle région de BobO-Dioulasso il y avait de l'or?<br />
TRAORE Il Y avait de l'or à SATRI.<br />
Q Pouvez-vous me dire en Gurunsi les noms des pierres dans<br />
lesquelles il y avait de l'or?<br />
TRAORE : Pour nous, ils creusaient des puits. Arrivés à la<br />
pierre où il y a l'or, ils reconnaissaient les traces d'or<br />
Ils cassaient la pierre et l'enlevaient. On ne nous a<br />
pas précisé dans quelle pierre il y avait l'or mais moi<br />
je sais que le "Cadjempo" est fréquent dans les puits d'or.<br />
QEst-ce que dans le "Cadj emp o" il y avait de l'or?<br />
TRAORE Oui, il Y a avait de l'or dans cette pierre.
- 368 -<br />
Q Y avait-il des bijoutiers?<br />
TRAORE : Oui, il y avait des bijoutiers mais nos parents ne<br />
leur apportaient pas leur ori ils le gardaient avec eux<br />
dans les tiges.<br />
Q Les gens de Poura-mines utilisent aujourd'hui du mercure<br />
pour laver l'or. Est-ce que dans le temps on employait<br />
le mercure?<br />
TRAORE : Jadis, il n'y avait pas de mercure. Nos parents<br />
gardaient l'or comme cela dans illstiges. Ce sont les<br />
acheteurs qui avaient le nécessaire pour transformer l'or.<br />
Q Comment lavait-on les sables des marigots?<br />
TRAORE : On ne connaissait pas l'or dans le sable. Mais les<br />
petites boules d'or qu'ils trouvaient ils les mettaient<br />
dans les bambous.<br />
Q Pesait-on l'or pour le vendre?<br />
TRAORE Oui, on avait des balances traditionnelles.<br />
Q A quoi cela ressemblait-il?<br />
TRAORE : On avait quelque chose faite en morceaux de Calebrasse<br />
taillés à la même dimensions et reliés par des ficelles<br />
à un bâtonnet au milieu.<br />
Q Qu'est-ce qu'ils utilisaient comme poids?<br />
TRAORE : Nos pères nous ont dit que leurs poids étaient un<br />
fer dont tout le monde connaissait la valeur.
- 370 -<br />
Q Il Y avait environ combien de cauris par panier?<br />
TRAORE : Cela dépendait du panier. Il y avait des paniers à<br />
20 000 cauris et d'autres à 40 000 cauris.<br />
Q Quel poids représente 20 000 Cauris?<br />
TRAORE : Il y a quelques temps, j'aurais pu vous trouver les<br />
poids en fer, mais maintenant nous avons perdu ces objets.<br />
Q Que reste-t'il camme outils d'exploitation de l'or?<br />
TRAORE : Il y avait les pioches. Nous les avons utilisées<br />
pour creuser notre puits d'eau dans lequel nous avons<br />
trouvé l'or; mais à- mon retour de Ghana, j'ai demandé<br />
à mon frère oü se trouvaient ces instruments, mais il<br />
n'a pas pu m'indiquer l'endroit où on les avait jeter du<br />
vivant de mon grand frère, le nommé ZOURE qui les détenait.<br />
Q Quels étaient les marchés où on vendait l'or?<br />
TRAORE : Ily a derrière nos cases un grand arbre sous lequel<br />
on vendait l'or.<br />
Q Donc NABOU était un marché où on venait acheter de l'or?<br />
TRAORE Oui, il Y avait un marché d'or.<br />
Q Allait-on vendre l'or ailleurs aussi?<br />
TRAORE : On pouvait aller derrière la Volta comme nous pouvions<br />
attendre les commerçants dans notre marché. D'ailleurs<br />
c'est toujours avec le nom de ces arbres que les griots<br />
chantent nos louanges les jours de fête.
- 371 -<br />
Q Quelle main d'oeuvre employait-on pour exploiter l'or?<br />
TRAORE c'est nous-mêmes qui faisions le travail.<br />
NIKOYA : Est-ce qu'en ce temps vous n'aviez pas des esclaves<br />
qui vous aidaient?<br />
TRAORE : Même si nous avions des esclaves, on ne peut pas<br />
les appeler nos esclaves. Ce sont nos enfants, du moment<br />
que c'est nous qui les avons achetés avec notre argent.<br />
C'est comme s'ils étaient de nous.<br />
Q Combien d'esclaves y avait-il par famille?<br />
TRAORE : Si c'est pour aller travailler, tout le monde sortait<br />
sauf les malades.<br />
Q Comment obtenait-on l'autorisation de creuser des puits d'or?<br />
TRAORE : Cela s'est passé quand je n'étais pas né. Mais je<br />
pense que lorsque nos ancêtres venus de SATRI ont demandé<br />
aux maîtres de la terre un endroit pour sïnstaller et<br />
pour exploiter l'or, les maîtres de terre ont été aussitôt<br />
d'accord. Je ne vois pas pourquoi les maîtres de terre<br />
auraient refusé.<br />
Q Je pose maintenant la question au maître de la terre<br />
Comment vous cédiez les mines d'or aux SANKURSI?<br />
IDO Paré : Comme nos ancêtres ont donné des terres aux<br />
SANKURSI, lorsque ceux-ci t.rouvai.en t; de l'or, ils en<br />
donnaient une partie au maître de la terre, pour que<br />
celui-cipu±sse ·scl'a'èheterquelque chose.
- 373 -<br />
2°)Nous ne marions pas les filles des griots qui chantent<br />
nos louanges les jours de fête: c'est un de nos grands<br />
interdits. Nous ne fréquentons jamais leurs femmes aussi.<br />
Celui qui ne respectait pas tout cela restait un jour<br />
dans un puits.<br />
Q Y-a-t'il dans les environs des lieux interdits mais dont<br />
le passé est lié à l'or?<br />
TRAORE : Tl y a des lieux interdits mais les maîtres de terre<br />
connaissent bien ces lieux.<br />
Q Y-a-t'il d'autres légendes sur l'or?<br />
TRAORE Non, c'est tout ce que j'ai appris.<br />
Q Y-a-t'il des sacrifices à faire avant d'ouvrir un puits<br />
d'or.<br />
TRAORE : Qui, il faut d'abord tuer des poulets qu'on offre à<br />
la terre et à l'or avant de commencer.<br />
Q Comment avez-vous récupéré l'or trouvé dans votre<br />
puits d'eau?<br />
TRAORE: Cela est arrivé quand j'étais grand. On a fait<br />
descendre un chiffon dans lequel on a enroulé la pierre<br />
et l'or et on a envoyé le tout au chef de village. On lui<br />
a envoyé l'or car la terre est à eux et puis cet or n'a<br />
pas été trouvé au cours d'une exploitation, mais dans un<br />
puits d'eau.<br />
Q Il parait que KYE est une colline sacrée?
- 374 -<br />
NIKOYA : Oui, c'est là que notre ancêtre s'était installé et<br />
c'est de derrière cette colline que le chasseur a entendu<br />
le chant du coq.<br />
Il y a des grottes dans la colline.<br />
Q Puis-je visiter la colline et les grottes?<br />
NIKOYA La colline est sacrée mais vous pouvez visiter.<br />
Q Est-ce qu'il y a des puits d'or derrière la colline?<br />
NIKOYA Oui, il Y a des puits d'or.<br />
Q Est-ce que ces puits sont plus anciens que ceux du<br />
bord du marigot?<br />
NIKOYA Oui, ces puits sont plus anciens.
Le chef<br />
- 378 -<br />
On vendait de l'or à qui voulait l'acheter.<br />
Q Dans quoi conservait-on l'or?<br />
Le chef : Les anciens savaient garder leurs trésors pour<br />
qu'ils ne se perdent pas. Mais ils ne nous ont pas montré<br />
l'endroit où ils les cachaient.<br />
Q Où se faisait la vente de l'or? dedans ou en dehors des<br />
concessions?<br />
Le chef: La vente de l'or pouvait se faire partout. On<br />
pouvait discuter le prix dehors et l'échange se faire dans<br />
la maison.<br />
Q Qui achetait l'or derrière la Volta?<br />
Le chef: Je ne sais pas qui achetait l'or. On ne me lia<br />
pas dit. Je ne peux pas mentir.<br />
Q C'étaient des hommes ou des femmes qui achetaient l'or<br />
derrière la Volta?<br />
Le chef: Vous savez que normalement l'or est l'affaire des<br />
hommes. Ce sont les hommes qui achètent mais une femme<br />
peut aussi acheter de l'or.<br />
Q Entre le site que vous nous avez montré ce matin et<br />
SANEMBOULSI, quel est le plus ancien?<br />
Le chef : Ce sont les puits de SANEMBOULSI qui sont les plus<br />
.anc.ieri.s ,
379<br />
Q Après le pillage du village, est-ce que vos pères ont<br />
continué l'exploitation de l'or?<br />
Le chef Non, Ils ont alors cessé de creuser l'or.<br />
Q Je voudrais maintenant qu'on me dise comment chaque<br />
famille est venue à NANANO. Commençons par celle du chef.<br />
Le chef: J'essayerai de vous dire ce que j'ai appris de mon<br />
père. Mon père m'a dit que nos parents ne faisaient que<br />
creuser des puits d'or. Et c'est vrai. A notre naissance<br />
nous avons trouvé ces puits d'or. Malheureusement nous ne<br />
connaissons plus ce métier, sinon nous continuerions ce<br />
travail au lieu de souffrir dans la culture des champs.<br />
Certaines familles avaient même encore de l'or dans leurs<br />
maisons. Mais par peur ils l'ont enterré. Notre grand-père<br />
a enterré le sien. Monpère et moi nous avons cherché cet<br />
or partout et en vain. Mon père est mort. J'ai continué<br />
les recherches et jusqu'à ce jour je ne l'ai pas encore<br />
trouvé. Avoir de l'or dans sa maison est une preuve que<br />
nos pères exploitaient l'or.<br />
Q Entre les SANOU, les ZONOU et les TRAORE, quels sont les<br />
premiers à NANANO?<br />
Le chef Ce sont les SANOU qui sont arrivés les premiers.<br />
Q Et ensuite?<br />
TRAORE YEZOUMA : Ce sont mes ancêtres les TRAORE qui ont suivi.<br />
Puis sont venus les ZONOU.<br />
Q Votre ancêtre a donc trouvé les SANOU ici?
381<br />
Le lenàemain on les reprenait pour travailler. Au<br />
sixième jour il a plu la nuit et quand le matin on est<br />
parti creuser le puits on a trouvé que le marigot êtait<br />
plein d'eau, le puits aussi. A la fin de l'hivernage le<br />
puits était bouché avec nos instruments au fond.<br />
Q Reconnaissez-vous l'endroit où le puits a été creusé?<br />
Le chef: Oui, nous pouvons retrouver l'endroit dans le lit<br />
du marigot.<br />
Q Je voudrais voir ces instruments. Puis-je faire des<br />
recherches à l'endroit du puits?<br />
Le chef: Il n'y a pas d'interdit mais·il y a très longtemps<br />
que nous avons creusé ce puits.<br />
TRAORE YEZOUMA : Ce sont nos pères qui ont creusé le puits.<br />
Nous étions .alors tout petits. C'était du vivant du père<br />
du chef.<br />
ZONOU SOUROU : Oui, on était tous enfants quand on creusait<br />
ce puits.<br />
Q Si vous retrouvez le lieu, j'engagerai dix personnes pour<br />
recreuser le puits. Je vais d'ailleurs travailler de la<br />
même manière à SANEMBOULSI.<br />
Le chef; Je ne crois pas qu'on puisse retrouver des morceaux<br />
d'instruments mais on peut essayer.<br />
Q Comment cassait-on le quartz?
382<br />
Le chef: C'est avec les piochons à bout pointu qu'ils<br />
cassaient tout ce qui était dur.<br />
Q Comment fait-vous aujourd'hui pour fabriquer vos meules?<br />
Le chef Nous ne les fabriquons pas.<br />
Q Comment distinguait-on l'or de la pierre?<br />
Le chef : Nous ne le savons pas. Si on le savait on aurait<br />
continuer le travail au lieu de souffrir comme nous le<br />
faisons.<br />
Q Que faisait-on de l'or produit?<br />
Le chef: Nous ne le savons pas. D'ailleurs certains d'entre<br />
nous n'ont vu de l'or qu'à l'usine de POURA.<br />
Q Vous dites que vos pères ne savaient faire rien d'autre<br />
que creuser les puits d'or? Qui leur donnait à manger?<br />
Le chef: L'homme mange le fruit de 'son travail. C'est à dire<br />
qu'ils échangeaient l'or contre de la nourriture.<br />
Q Est-ce qu'une partie de l'or était remise aux forgerons<br />
pour qu'ils en fassent des bijoux?<br />
Le chef: Non, on avait pas de forgerons qui faisaient les<br />
bijoux.<br />
Q : Le Bobo-Dyula étaient-ils aidés par des esclaves pour le<br />
,trav:a:i,L,:,de ,1 '..or}<br />
Le chef Non. Ils travaillaient seuls.
TEXTE E<br />
383<br />
POURA, chez le chef NIGNAN Boubjé Décembre 1974<br />
----'-------<br />
Q Je suis venu dans votre village pour vous interroger sur<br />
ses ori.gjnes.<br />
Le chef: Nous sommes Gurunsi. Nous venons de MANE dans le pays<br />
Mossi. Nos pêres nous ont dit qu'à MANE à la mort du maitre<br />
, dei terre, notre" ancêtre et son ainé se sont disputé la suc<br />
cession. Notre ancêtre fâché est parti vers le pays Gurunsi.<br />
Il s'installa d'abord à BREDIE et de là venait à la chasse<br />
dans la région de Poura accompagné de son jeune frère. C'est<br />
le jeune frère qui le premier à découvert le village de Poura.<br />
Il y venait souvent tuer les animaux et allait les vendre.<br />
Le jeune frère a trouvé ici quelqu'un qui vivait avec sa<br />
femme et son enfant. Il s'appelait YARO.<br />
Q YARO était-il Gurunsi?<br />
Le chef: Oui, cette famille était Gurunsi. Il n'y avait que<br />
l'homme, la femme et leur enfant.<br />
Avant que notre ancêtre n'entre à Poura, il était allé<br />
au bord du fleuve (la Volta). C'est en chassant qu'il est<br />
tombé sur la case de YARO. Un jour YARO lui dit "Il m'ar<br />
rive quelque chose que je voudrais te confier". Notre<br />
ancêtre lui dit qu'il pouvait lui confier son histoire<br />
YARO reprit "Je suis riche et seul avec ma famille dans cette<br />
brousse. Quand la nuit vient, il y a des DYAN armés d'arcs<br />
qui se mettent à nous tirer dessus. Je fais alors rentrer<br />
ma famille dans la case et nous nous enfermons. Ainsi ces<br />
gens n'arrivent pas à nous tuer. Ils s'en vont et reviennent<br />
la nuit suivante".<br />
Notre ancêtre dit que puisqu'il en est ainsi, il ne retour<br />
«nenaLt..:pas.au'·f-1euve .rna.i-s ·pes·terait ici à attendre les<br />
guerriers. La nuit venue, les guerriers vinrent en effet,<br />
et se mirent à tirer sur la case de YARO. Notre ancêtre
384<br />
sortit avec son fusil et tira plusieurs coups. Quand les<br />
guerriers s'aperçurent qu'il y avait quelqu'un d'autre que<br />
YARO dans la case, et qui faisait ce que l'autre ne faisait<br />
pas, ils s'enfuirent et ne revinrent jamais. YARO dit alors<br />
à notre ancêtre: "Puisque vous m'avez aider à chasser mes<br />
ennemis, ne retournez plus au fleuve. Vous êtes célibataire<br />
Je vous donne ma fille en mariage". Notre ancêtre se maria<br />
avec la fille de YARO. Il s'installa à côté de son beau-<br />
père qui un jour lui dit: "Puisque tu m'a sauvé, je te confie<br />
le gris-gris de ma terre".<br />
Un autre jour, notre ancêtre dit: "Lorsque je·chassais là<br />
bas (en montrant l'Ouest) j'ai vu une grande étendue d'eau".<br />
YARO répliqua qu'il avait découvert la même étendue d'eau.<br />
Ils allaient se disputer à savoir qui avait découvert le<br />
premier l'étendue d'eau, lorsque notre ancêtre proposa que<br />
chacun apporte un témoignage de ce qu'il dit. Lui-même dit<br />
il lorsqu'il a vu l'étendue d'eau, il y a jeté une grosse<br />
pierre. YARO répondit que lui avait marqué sa découverte<br />
en jetant dans l'eau une grosse termitière. Tous deux se<br />
rendirent au bord du fleuve (La Volta). Notre ancêtre entra<br />
dans l'eau et ramena sa grosse pierre. YARO entra à son tour<br />
dans l'eau mais ne retrouva pas la termitière qui avait<br />
fondu. YARO reconnut son échec et dit que désormais le fleuve<br />
appartenait à notre ancêtre. Notre ancêtre à marié la fille<br />
de YARO et nos aïeux ont épousé des filles Gurunsi et c'est<br />
pourquoi nous sommes de leur ethnie et de leur langue.<br />
Q Donc vous êtes d'origine Mossi. Connaissez-vous le patronyme<br />
et le prénom de votre ancêtre?<br />
Le chef: Oui, notre origine est Mossi et le patronyme de notre<br />
ancêtre est NEA (NIGNAN?) son prénom est pilare.<br />
Q: D'où venaient les DYAN qui attaquaient YARO?<br />
Le chef Ils venaient de DIEBOUGOU
385<br />
Q S'ils venaient de Diébougou derrière la Volta, avec quoi<br />
traversaient-ils le fleuve?<br />
Le chef: Ils ne pouvaient pas venir en hivernage. Ils venaient<br />
en saison sèche. Ils traversaient à pieds.<br />
Q YARO connaissait-il la présence de l'or dans la région?<br />
Le chef: Non, YARO ne le savait pas. C'est quand les Bobo-Dyula<br />
sont arrivés qu'ils ont découvert l'or.<br />
Q Poura avait-il beaucoup de gens à l'arrivée des Bobo-Dyula?<br />
Le chef: Oui, a l'arrivée des Bobo-Dyula le village était<br />
peuplé. Mais la famille YARO avait disparue, emportée par<br />
un mal qui venait du fleuve.<br />
Q Votre famille est donc restée la seule famille Gurunsi?<br />
Le chef Oui, notre famille est restée la seule famille Gurunsi.<br />
Q Où trouve-t-on des membres de votre famille?<br />
Le chef A Poura, Ton, Bredie.<br />
Q Est-ce que les Bobo-Dyula ont trouvé les YARO?<br />
Le chef: Non, quand les Bobo-Dyula sont arrivés, il n'y avait<br />
plus de YARO. Les Bobo-Dyula avaient leur métier. Ils deman<br />
daient un endroit où s'installer. Dans notre village, le<br />
premier or qu'ils ont trouvé, ils sont venus le donner à<br />
notre ancêtre.<br />
Q D'où venaient les Bobo-Duyla?<br />
Le chef: Certains sont venus de SAFANE et d'autres de Bobo<br />
dioulasso.
387<br />
Q Mais est-ce que les ZERMA ont accepté passer comme cela<br />
sans vous piller?<br />
Le chef: Oui, ils sont passés sans rien prendre. Sinon un<br />
cadeau que nous leur avions fait. Pour les blancs, nous<br />
avions donné un poulet blanc pour leur dire que nous ne<br />
voulons pas la guerre.<br />
Q Les blancs suivaient-ils les ZERMA ou étaient-ils seuls?<br />
Le chef: Les blancs n'ont pas suivi les ZERMA. Les ZERMA ne<br />
choisissent pas. ILs font la guerre pour piller les faibles.<br />
Quant aux blancs, celui qui signe avec eux, ils ne font plus<br />
la guerre à son village. Les ZERMA tuaient au hasard. Les<br />
blancs ont dit que celui qui acceptait "payer sa vie"<br />
n'était plus leur ennemi. Ainsi les blancs nous ont sauvé<br />
des mains des ZERMA.<br />
Q Comment les blancs ont su qu'il y avait de l'or ici?<br />
Le chef : Ils avaient des machines avec lesquelles ils<br />
regardaient partout. Et puis les Bobo-Dyula vendaient l'or et<br />
tout le monde achetait. Or une fois qu'une chose est partie<br />
dehors n'importe qui peut la voir et c'est comme ça que les<br />
blancs ont su vite.<br />
Q Les ZERMA ou les Blancs ont-ils forcé les Bobo-Dyula à<br />
chercher de l'or pour eux?<br />
Le chef : Non, ils ne les ont pas forcé. Ceux que les ZERMA<br />
ont fait captifs, ce sont ceux qu'ils ont forcés à creuser<br />
l'or.<br />
Q Quand sont arrivés les Mossi?<br />
Le chef: Nous avons habité longtemps ici avant l'arrivée des<br />
Mossi.
388<br />
Q Quand sont arrivés les Mossi: vers quelle année à peu près?<br />
Le chef: Il n'y a pas longtemps que les Mossi sont venus à<br />
Poura . Moumouni et son frère sont des Mossi de Borono,<br />
tout près d'ici.<br />
Q Y-a-t'il des Mossi à TON, et à BREDIE?<br />
Le chef: Là-bas les Mossi sont nombreux. Mais ils sont arrivés<br />
il n'y'-a"pas longtemps. On peut mêmeconnaître la date d'ar<br />
rivée de certaines personnes.<br />
Q Les Mossi ont-ils exploité l'or?<br />
Le chef: Non, ils n'ont pas exploité l'or. Le travail de<br />
l'or est propre aux Bobo-Dyula.<br />
Q Pourquoi refusez-vous de chercher de l'or?<br />
Le chef: C'est notre totême. Par exemple si je vends un morceau<br />
d'or et que j'utilise l'argent acquis, je mourrai.<br />
Q Que faites vous avec l'or qu'on vous donne?<br />
Le chef: Pour cela, c'est le chef de famille qui le vendait<br />
pour les dépenses de la famille. En ce moment il ne mourrait<br />
pas puisqu'il emploie l'argent pour les besoins de toute la<br />
famille.<br />
Mais quant aux Bobo-Dyula, même un petit enfant pouvait vendre<br />
de l'or. Vous savez, l'or n'est pas bien. C'est un objet qui<br />
peut se déplacer. On peut le garder dans un lieu et le<br />
lendemain il est ailleurs. Voilà pourquoi il tuait facilement<br />
les gens.<br />
Q Comment vos ancêtres ont trouvé Poura à leur arrivée?
389<br />
Le chef: Ils nous ont fait savoir que Poura était une grande<br />
forêt pleine d'animaux féroces. C'est grâce à son fusil que<br />
notre ancêtre a pu s'approcher de ces lieux.<br />
Q Où les Bobo-Dyula vendaient-ils leur or?<br />
Le chef: Sur ce sujet je ne sais pas grand chose. On m'a dit<br />
que jadis, dans les cantons comme NABOU, BOROMO, lorsque le<br />
chef voulait l'or, il envoyait un homme dire à notre parent<br />
qu'il avait besoin de la chose rouge à acheter. Notre parent<br />
savait aussitôt de quoi il s'agissait et prévenait les Bobo<br />
Dyula qui allaient dans ce canton vendre leur or.<br />
Q Que signifie Poura?<br />
Le chef: Poura signifie "orrvats'augmerrter-" YARO vivait seul. Puis<br />
notre ancêtre est venu. Puis ce furent les Bobo-Dyula et<br />
les DYAN.<br />
Q Etes-vous du même groupe Gurunsi qu' à NABOU?<br />
Le chef: Oui. Il y a des Gurunsi à NABOU et nous sommes du même<br />
groupe. Il y a certains NIGNAN là-bas qui sont nos parents.<br />
Q Est-ce qu'avant les blancs, il y avait un marché ici à POURA<br />
Le chef: Oui, il y avait un marché ici avant l'arrivée des blancs<br />
On y vendait de l'or, du mil, et presque tout ce qui peut<br />
faire plaisir à quelqu'un. Des étrangers venaient vendre des<br />
pagnes noirs.<br />
Q Est-ce qu'il y avait un marché à FARA?<br />
Le chef: Oui, Fara avait un marché, mais il n'était pas aussi<br />
.'grand que le notre. KABOUROU aussi avai t un grand marché.<br />
Q Est-ce que NABOU était grand à cette époque?
Le Chef<br />
391<br />
Une seule personne pouvait avoir jusqu'à 60 esclaves.<br />
Q Que donnait-on à manger à tant d'esclaves?<br />
Le chef: On leur donnait à manger du tô. Les esclaves ne<br />
pouvaient pas mourir dans les puits puisque les Bobo-Dyula<br />
offraient un sacrifice : un poulet ou autre chose au puits<br />
pour que les esclaves puissent travailler en parfaite santé.<br />
Q Comment creusait-on les puits et les galeries?<br />
Le chef: On fait les galeries quand on a rencontré une place<br />
pierreuse. Ces dans ces pierres qu'il y a l'or. Pour nous<br />
les galeries sont les traces de l'or. Quand deux creuseurs<br />
d'or voient cette trace, ils creusent et se rencontrent.<br />
Q Quand les mineurs rencontraient le quartz, comment faisaient<br />
ils pour les casser?<br />
Le chef: ILs avaient un médicament qu'ils mélangeaient à du<br />
beurre de Karité. Puis ils frottaient le quartz avec le<br />
beurre. Le lendemain ils trouvaient cette partie toute cassée.<br />
Il n'y a plus qu'à faire sortir les morceaux de quartz.<br />
Q Comment distinguait-on l'or de la terre qu'on sortait des<br />
puits?<br />
Le chef: Cela n'était pas difficile. IL y avait des pierres<br />
taillées comme des mortiers. On pilait dedans la terre<br />
sortie du puits. Puis on lavait la poudre au fleuve. La<br />
terrese séparait de l'or. D'ailleurs on a toujours ces<br />
pierres en forme de mortiers au village.<br />
Q Trouvait-on parfois une pépite d'or?<br />
Le chef Oui, ils trouvaient parfois une boule d'or collée à
la pierre.<br />
392<br />
Q Vous dites qu'il y a les pierres mortiers chez vous?<br />
Le chef: Non, c'est chez les Bobo-Duyla qu'elles se trouvent<br />
et non chez moi.<br />
Q Me permettra-t-on de voir ces pierres mortiers?<br />
Le chef: Pourquoi refuseraient-ils? Mais je ne sais pas, c'est<br />
leur décision qui compte.<br />
o<br />
o o
PLANCHEI<br />
II<br />
III<br />
IV<br />
V<br />
VI<br />
VII<br />
VIII<br />
IX<br />
X<br />
xr<br />
XII<br />
XIII<br />
- 394 -<br />
LISTE DES PLANCHES<br />
==================<br />
- Les temps géologiques et chronologlques<br />
.<br />
- Tableau de correspondance...•.....••••.<br />
- Schéma de la constitution géologique<br />
de l'Afrique Occidentale•.•..•.........<br />
- Formation éluvionnaire et alluvionnaire<br />
- DABA ébréchée..................•.......<br />
- Fragments de bracelets en pierre polie.<br />
- Fragments de bracelets en pierre polie.<br />
- Fragments de bracelets en pierre polie.<br />
- Fragments de poterie en terre cuite.•..<br />
- Fragments d'anses en terre cuite....••.<br />
- Fragments de bord de poterie en terre<br />
cuite .<br />
- Fragments de poterie en terre cuite•.••<br />
- Fragments de pipes en terre cuite :<br />
22<br />
23<br />
27<br />
28<br />
145<br />
150<br />
151<br />
152<br />
156<br />
157<br />
158<br />
159<br />
bases.................................. 163<br />
XIV - Fragments de pipes en terre cuite :<br />
bases.................................. 164<br />
xv - Fragments de pipes en terre cuite :<br />
fourreaux. . . . . . . . . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165<br />
XVI - Fragments de pipes en terre cuite :<br />
XVII<br />
"X'VŒJ:-r<br />
XIX<br />
tuyères .<br />
- Piochon selon Sllft..MERS .<br />
- Outils de mineurs par ARHIN ........•...<br />
- Balance traditionnelle par BINGER .<br />
166<br />
194<br />
200<br />
266
PLAN l<br />
II<br />
III<br />
IV<br />
V<br />
VI<br />
VII<br />
VIII<br />
IX<br />
X<br />
XI<br />
XII<br />
XIII<br />
- 395 -<br />
LISTE DES PIANS<br />
=============<br />
- Site de Gwelpon (PARA) .•...........<br />
- Site de Logofiela - mines (PARA) ...<br />
- Site de Logofiela -campement (PARA)<br />
- Site de GUGORE (NABOU) •.•••........<br />
- Site de KYE (NABOU) ..••.•........•.<br />
- Site de ZANI (ensemble l NANANO) ...<br />
- Site de ZANI (ensemble II NANANO) ..<br />
- Site de ZIGUITIO (POURA) .••....•...<br />
- Puits de LOGOLIELA (PARA) •....•..•.<br />
- Puits de GUGORE (NABOU) ..••........<br />
- Puits de ZANI (NANANO) ........•....<br />
- Puits de ZIGUITIO (POURA) .....•....<br />
- Enceinte de KANKIELOU (POURA) .•.••.<br />
116<br />
117<br />
118<br />
120<br />
120<br />
122<br />
123<br />
124<br />
127<br />
129<br />
131<br />
134<br />
171
- 396 -<br />
LISTE DES PHOTOS<br />
================<br />
PHOTO l - Le conseil de NABOU..................... 72<br />
II - La fête de l'eau à PARA 72<br />
III - Le maître de terre de PARA devant<br />
un puits d'or 102<br />
IV - Site de Gwelpon : site sous couvert<br />
végétal 102<br />
V - Site de Logofiela : campement..•........ 103<br />
VII - Site de Gwelpon : tranchée longitu-<br />
VIII<br />
IX<br />
X<br />
XI<br />
XII<br />
XIII<br />
XIV<br />
XV<br />
XVI<br />
XVII<br />
XVIII<br />
XIX<br />
XX<br />
,·XXI<br />
XXII<br />
dinale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 104<br />
Site .de.Gwelpon : amorce de galerie..... 104<br />
- Site de KYE : puits bouchées•......•.... 106<br />
- Site de ZANI : ZOURAYOUROU en septembre 106<br />
- Site de ZANI : Caîlcédrat dans un puits 110<br />
- Site de ZANI: Arbre à colle........•.. 110<br />
- Site de ZIGUITIO sol en écumoire 112<br />
- Site de ZIGUITIO : couvert végétal 112<br />
- Site de ZIGUITIO : les encoches du<br />
puits . n " 3•... · ,.' '. . . 138<br />
- Site de ZIGUITIO : la galerie du puits<br />
n? 3................................... 138<br />
- Site de Logofiela : tas de cauris 144<br />
Site de Logofiela : jarre 144<br />
- Région de POURA : armatures de flèches. 147<br />
- Région de POURA : fusaiolles 147<br />
-Si,te -.de Logofiela : meules et broyeurs<br />
in situ................................ 149<br />
- Site de Logofiela : fragments de pipes.. 149
XXIII<br />
XXIV<br />
XXV<br />
XXVI<br />
XXVII<br />
XXVIII<br />
XXIX<br />
XXX<br />
XXXI<br />
XXXII<br />
XXXIII<br />
XXXIV<br />
XXXV<br />
XXXVI<br />
XXXVII<br />
XXXVIII<br />
XXXIX<br />
XL<br />
XLI<br />
- 397 -<br />
- Région de POURA : fragments de bracelets•..• 154<br />
- FARA : vase de gemelléité•.•.••••.••.••.•.•• 154<br />
- Site de Logofiela : jarre in situ••.••...•.• 161<br />
- Site de Logofiela : poteries in situ•..•.... 161<br />
- Région de POURA : fragments de poterie•....• 168<br />
- Site de ZIGUITIO : puits nO 2•....•..•...•.• 168<br />
- Site de ZIGUITIO : puits nO 3•....•..•....•. 175<br />
- Site de KANKIELOU : creuset....•.....•.....• 175<br />
- Site de KANKIELOU : lampe à huile.•.....•••. 176<br />
- FARA : fer de prospection..•..••...•.•••.... 176<br />
- NANANO : balance traditionnelle•••..••••.••• 192<br />
- POURA-MINES : ORPAILLEUSE•••••.••.•.•..•..•• 192<br />
- POURA-MINES : ORPAILLEURS .••.•..•••...••••.. 193<br />
- NANANO : PIOCHON............................ 193<br />
- SITE DE ZANI: Sanon Salif dans un puits•.•. 196<br />
- POURA-MINES : terres végétales••••••...•••.• 196<br />
- Site de KANKIELOU : l'enceinte•.••.••••••••. 267<br />
- Site de ZANI: colporteur.•••..•.•.•.••••... 267<br />
- FARA : entraves pour esclaves ••••••••.•••••. 213