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BulletindeContre-infoenCévennes - Bulletin contre-info Cevennes

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10<br />

RessouRces humaines<br />

LES ASSEMBLÉES<br />

GÉNÉRALES INTERPRO<br />

Ces nombreuses activités de blocage<br />

sont issues pour l’essentiel des AG<br />

interpro, AG de ville ou AG de lutte<br />

(la dénomination pouvait varier selon<br />

les contextes locaux et les militants en<br />

présence). Elles ont donc en général<br />

reproduit les limites du mouvement :<br />

suivistes des initiatives syndicales,<br />

souvent soucieuses de respecter les<br />

règles et la mascarade de l’idéologie<br />

démocratique. Parfois, là où il n’y<br />

avait pas de grève phare à soutenir,<br />

elles marquaient la volonté de salariés<br />

et de citoyens de se retrouver pour<br />

discuter et faire quelque chose entre<br />

les manifs. Ailleurs, elles furent tout<br />

simplement la vitrine citoyenne des<br />

intersyndicales locales : presque rien<br />

ne se faisait sans la présence et l’accord<br />

de chefaillons (qui venaient, bien sûr,<br />

à titre individuel) ; les centrales ont<br />

ainsi redoré leur blason et recruté pour<br />

leurs actions. Presque partout, ces<br />

réunions ont pour l’essentiel rassemblé<br />

des militants (syndicalistes, partis<br />

d’extrême-gauche, associations, etc.).<br />

Dans certaines grosses villes, il y<br />

eut des assemblées plus autonomes visà-vis<br />

du discours syndical, mais pas<br />

forcément de la pratique : beaucoup<br />

de ces AG ont fait le coup-de-poing<br />

sur les piquets aux côtés des syndicats<br />

et se sont pliées à leur cadence.<br />

Ailleurs, elles n’ont pas évité l’écueil<br />

« mouvementiste », qui se caractérise<br />

par cette volonté tenace de « faire<br />

converger les luttes », de les coordonner<br />

(avec à la clé des AG d’AG), et ce,<br />

même quand les luttes en question sont<br />

embryonnaires voire inexistantes.<br />

Souvent, les plus critiques de ces<br />

AG envers les stratégies syndicales<br />

ont par <strong>contre</strong>coup magnifié les autres<br />

blocages. De plus, de nombreux<br />

militants ont tendance à fétichiser ces<br />

assemblées et à en faire une fin en<br />

soi, aussi vides soient-elles parfois de<br />

substance et de perspective.<br />

Il arrive fréquemment qu’on attende<br />

de ces assemblées des actions clés en<br />

main, alors qu’elles devraient plutôt<br />

être des points de ren<strong>contre</strong> (non pas de<br />

« convergence ») entre des luttes déjà<br />

existantes ; ou entre des perspectives<br />

de lutte qui partent de ses propres<br />

conditions de vie, au moins autant que<br />

par élan de solidarité avec d’autres.<br />

Le contexte et le rythme effréné<br />

d’un tel mouvement fait qu’il est<br />

difficile d’échapper à l’activisme, ou à<br />

cette espèce d’unité de façade militante<br />

dans les réunions et les actions, en dépit<br />

des divergences. Pourtant, ce devrait<br />

être des espaces attirant de nombreux<br />

exploités quels que soient leur statut ou<br />

situation particulière, des moments où<br />

la parole est libérée et où sont abordées<br />

les questions de fond, celles qui<br />

dérangent car elles cristallisent souvent<br />

les contradictions au sein même<br />

des opprimés.<br />

Par exemple, la critique du salariat<br />

fut quasi absente de cette lutte, alors<br />

même que le refus de travailler deux<br />

ans de plus en fut la question centrale.<br />

Pourtant, l’exploitation du travail est un<br />

pilier central de la domination à travers<br />

les siècles, bien avant l’avènement du<br />

capitalisme industriel. Dans le sillage<br />

de cette question, ce sont les conditions<br />

même de l’existence capitaliste qui<br />

méritaient d’être posées : produire et<br />

consommer des marchandises inutiles<br />

et destructrices (de la vie humaine<br />

et de la planète) accumulées comme<br />

seule perspective de bonheur, devenir<br />

propriétaire à crédit, vivre endetté,<br />

servir de cobaye aux industries de mort,<br />

crever seul relégué dans un mouroir<br />

tarifé. Toute cette vie qu’une retraite<br />

misérable vient couronner aurait pu être<br />

discutée, pour imaginer et réfléchir en<br />

d’autres termes que ce qui est toujours<br />

présenté comme indépassable, et pour<br />

ainsi dire « naturel ».<br />

Ainsi en est-il de la démocratie<br />

triomphante, pilier idéologique du<br />

capitalisme. La démocratie est vendue<br />

comme le meilleur des systèmes.<br />

L’exercice du Pouvoir y est certes<br />

moins violent qu’en dictature, mais<br />

c’est le principe même du Pouvoir<br />

‒ celui d’un seul, de quelques-uns<br />

ou de beaucoup sur d’autres ‒, qui<br />

est à l’origine des différentes formes

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