BulletindeContre-infoenCévennes - Bulletin contre-info Cevennes
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18<br />
RessouRces humaines<br />
la rengaine éternelle des amis de l’ordre<br />
qui cherchent à stigmatiser ceux qui,<br />
venant d’horizons et de milieux divers,<br />
osent enfin exprimer leur révolte<br />
autrement qu’en s’indignant <strong>contre</strong> un<br />
Berlusconi qui canalise la haine. Dès<br />
le lendemain, même s’il s’avère que<br />
les personnes arrêtées ne sont pas des<br />
« professionnels de la révolte », cela<br />
n’empêche pas les leaders étudiants de<br />
dénoncer la violence et de réclamer des<br />
manifestations pacifiques qui mettront<br />
petit à petit fin au mouvement. Le 23<br />
décembre, les manifestations sont<br />
essentiellement ponctuées d’actions<br />
symboliques et, pour ainsi dire,<br />
grotesques (distributions de fleurs,<br />
lectures d’extraits de la constitution,<br />
coloration des fontaines...). à Milan,<br />
Turin et Palerme, quelques blocages et<br />
affrontements avec la police viennent<br />
malgré tout ponctuer la journée.<br />
Grande-Bretagne<br />
En novembre et décembre, des<br />
dizaines de milliers d’étudiants, de<br />
lycéens et quelques parents d’élèves<br />
sont descendus dans la rue, jusque<br />
dans des petites villes et villages.<br />
Ils protestaient <strong>contre</strong> le projet<br />
gouvernemental d’augmenter les frais<br />
de scolarité dans les facultés, de réduire<br />
les budgets alloués à l’enseignement<br />
universitaire et surtout de supprimer<br />
l’Education Maintenance Allowance,<br />
allocation hebdomadaire qui sert aux<br />
étudiants et familles modestes pour<br />
payer déplacements au lycée, livres,<br />
papier et nourriture...<br />
Le 10 novembre,<br />
à Londres, certains<br />
pénètrent dans le<br />
siège du parti<br />
conservateur,<br />
saccageant vitres, plafonds et<br />
ordinateurs, avant de bousculer et de<br />
« bombarder » de bouteilles d’eau<br />
les policiers qui tentent d’encercler le<br />
bâtiment. La principale organisation<br />
étudiante (NUS) s’empresse de<br />
dénoncer cette attaque et celles<br />
qui suivront, prétextant, comme à<br />
l’accoutumée, qu’elles seraient le fait<br />
de minorités. S’en suit un mouvement<br />
d’occupation des écoles, collèges et<br />
universités qui démarre le 24 novembre.<br />
Les manifestations se poursuivent<br />
dans tout le pays. A Brighton, 400<br />
élèves tentent de prendre d’assaut un<br />
commissariat où leurs amis avaient été<br />
arrêtés. Le 9 décembre, affrontement à<br />
proximité de Westminster où la loi est<br />
votée. La limousine royale transportant<br />
le prince Charles et son épouse est<br />
arrosée de peintures, d’œufs et d’objets<br />
divers. Des vitrines du ministère des<br />
finances, du Trésor public et de la Cour<br />
suprême volent en éclat. Des fusées<br />
et des boules de billard sont jetées sur<br />
les forces de l’ordre. Le sapin de Noël<br />
géant de Trafalgar Square est incendié.<br />
La Grande-Bretagne est également<br />
en proie à des mesures d’austérité<br />
qui s’abattent sur l’ensemble de la<br />
population (coupes importantes sur<br />
les aides sociales, augmentation<br />
des taxes...). Le 26 mars, lors d’une<br />
journée de mobilisation à l’initiative<br />
des syndicats, des affrontements ont<br />
lieu à la fin des manifestations, prévues<br />
au nombre de 19 pour la seule capitale.<br />
Banques, magasins et hôtels de luxe sont<br />
pris pour cibles par différents groupes<br />
de personnes. La confédération des<br />
syndicats britanniques (Trades Union<br />
Congress, TUC) a aussitôt condamné<br />
les violences, tout en assurant<br />
qu’elles n’étaient pas le fait<br />
des manifestants...<br />
D ’ a u t r e s<br />
mobilisations<br />
ont eu lieu<br />
dans la<br />
quasi-totalité<br />
des pays<br />
e u r o p é e n s<br />
(et notamment<br />
au Portugal où<br />
s’est manifesté<br />
à la fin de<br />
l’hiver un<br />
mouvement de<br />
« la génération<br />
fauchée » qui<br />
dénonce une précarité<br />
toujours grandissante et se revendique<br />
indépendant vis à vis des partis, églises<br />
et syndicats).<br />
Ces deux dernières saisons,<br />
nombre d’européens ont pris la rue<br />
pour y exprimer leur ras-le-bol ou<br />
au moins leur refus de voir certaines<br />
restrictions et réformes s’appliquer.<br />
Pour autant, aucun des gouvernements<br />
n’a reculé d’un pouce, la préservation<br />
du système économique leur important<br />
évidemment bien plus que les<br />
aspirations des populations. Lesquelles<br />
n’ont d’ailleurs pas vraiment réussi à<br />
imposer un rapport de force à la hauteur<br />
des enjeux, se contentant trop souvent<br />
de suivre les mots d’ordre syndicaux<br />
au gré de journées de mobilisations<br />
clairsemées. On peut aussi constater<br />
un manque de solidarité entre les<br />
mobilisations des différents pays et<br />
également une absence de réflexions<br />
internationalistes. Pourtant, dans tous<br />
les pays membres et même au-delà, les<br />
mêmes mesures s’abattent sur tous.<br />
Il est nécessaire de prendre<br />
conscience que nos révoltes n’ont<br />
rien à gagner à rester confinées à des<br />
revendications partielles, enfermées<br />
dans des frontières nationales ou<br />
dans celles des catégories divisant le<br />
prolétariat. Espérons qu’elle ne sont pas<br />
non plus vouées simplement à garnir<br />
de quelques drapeaux les pages des<br />
journaux, alors même qu’une offensive<br />
majeure est lancée dans le monde entier<br />
à l’en<strong>contre</strong> de tous les prolétaires.<br />
Les prolétaires, ou, autrement dit,<br />
les travailleurs, actifs ou retraités, les<br />
chômeurs... ; ceux qui vendent leur<br />
force de travail à ceux qui possèdent<br />
les moyens de production, en échange<br />
d’une rémunération, et ceux à qui<br />
celle-ci est concédée dans l’attente de<br />
pouvoir se vendre (l’armée de réserve).<br />
La vague des mesures d’austérité<br />
n’épargnera personne parmi ceux qui<br />
« n’ont pas ». Le mythe de l’ascension<br />
sociale s’effondre et la menace de<br />
déclassement devient une réalité pour<br />
bon nombre, à l’image des désormais<br />
célèbres « diplômés chômeurs ». Bref,<br />
on nous retirera toujours plus des<br />
miettes concédées en échange de notre<br />
travail et de notre docilité.<br />
Gardons en tête que le capitalisme<br />
n’est pas un mastodonte inatteignable<br />
mais qu’il se répand partout, jusque<br />
dans chacun des rapports sociaux. Et<br />
c’est partout qu’il est à combattre, sous<br />
toutes ses formes.