Projet de Constitution de la République Démocrtique du

II
DES DISPOSITIONS GENERALES
Si l’on admet qu’une Constitution est un pacte entre les hommes, un pacte
sur l’essence de la communauté qu’ils veulent bâtir, il appert qu’une bonne
Constitution, celle qui est capable d’endurer les défis du temps, de s’inscrire
dans la durée et de stabiliser une société de manière réelle et durable, est
celle que les hommes se donnent librement et non celle que l’on impose sur
eux par la force ou par la manipulation. Il est tout aussi évident que des
hommes ne peuvent conclure un pacte valable entre eux que s’ils le font
dans une langue qu’ils maîtrisent. C’est donc à la fois se moquer du peuple
congolais et banaliser tout le processus que de lui demander de se prononcer
sur un texte qu’il n’a pas discuté et qui, de surcroît, est rédigé dans une
langue étrangère à la grande majorité de ses membres. C’est d’ailleurs une
nette manifestation du manque de volonté politique à démocratiser le Congo
que d’avoir refusé 6 d’élever les quatre 7 langues nationales congolaises
(lingala, kikongo, swahili et tshiluba) au niveau des langues officielles.
6 Il convient de faire remarquer ici que notre amendement à l’alinéa 7 de l’Article 1 er (du Projet de
Constitution) qui, afin d’aider à initier un véritable processus de démocratisation de la vie
politique nationale congolaise, visait à élever les quatre langues nationals congolaises (lingala,
kikongo, swahili et tshiluba) au niveau de langues officielles a été, au-delà de tout entendement,
sinon par manque de préoccupation réelle avec la démocratisation du pays, rejeté à l’Assemblée
nationale sans justification valable. Il revient dès lors au peuple congolais, au cours de son
examen du Projet de Constitution qui lui est soumis, de se prononcer définitivement sur la valeur
de cet amendement que nous reproduisons ici à son intention : “Ses langues officielles sont le
français, le kikongo, le lingala, le swahili et le tshiluba. Eu égard au statut historiquement
secondaire de langues nationales congolaises et à leur sous-utilisation, l'État doit prendre des
mesures pratiques et effectives pour assurer leur promotion sans discrimination.”
7 Par comparaison, l’Afrique du Sud, un pays d’environ quarante-cinq millions d’habitants – Le
Congo en a à peu près soixante millions – et dont la superficie est de moitié celle du Congo, a
onze langues officielles. En effet, dans les « Dispositions fondamentales » de la Constitution sudafricaine
(adoptée le 8 mai 1996 et amendée le 11 octobre 1996), on lit ce qui suit : « Les langues
officielles de la République sont le sepedi, le sesotho, le setswana, le siSwati, le tshivenda, le
xitsonga, l’afrikaans, l’anglais, l’isiNdebele, l’isiXhosa et l’isiZulu ».
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