PENTAGRAMMA - ROMANIAN LIBRARY
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du Millionnaire). La prose de Fãnuº Neagu (L’Ange a clamé, fragment d’épos<br />
paysan) est révélatrice pour ce prototype. Si ces œuvres que nous venons<br />
de citer atteignent à une substance éthique fondamentale et la communiquent,<br />
celles qui configurent des cycles sociologiques, représentant des catégories<br />
sociales dans leur mouvement historique inhérent, n’en sont pas moins<br />
éloquentes. C’est le cas de Francisc Pâcurariu (dans le cycle de romans qui<br />
comprend Le Labyrinthe et Les Tatouages ne se laissent pas au vestiaire), de<br />
George Bãlãiþã (L’Apprenti désobéissant), de Dumitru Po-pescu (Le Poing<br />
et la Main), de Dinu Sãraru (Amour et révolution), de Cor-neliu Leu (Le Pouvoir),<br />
d’Aurel Mihale (Chronique de guerre), de Radu Theodoru (Reconnaissance<br />
éloignée), qui affirment un principe de la monu-mentalité quantitative<br />
(de même que les romans à formule expérimentale, de Nicolae Breban<br />
et d’Augustin Buzura). Cependant, la formule de synthèse est celle du roman<br />
intégral (contenant à la fois des éléments d’histoire, de mythologie et de<br />
géopolitique) admirablement illustré par Paul Anghel dans son gigantesque<br />
cycle romanesque Les Neiges d’il y a cent ans (dont ont paru neuf volumes<br />
des dix projetés). À ses côtés, l’idée d’une «phénoménologie de la spiritualité<br />
roumaine», comme la développe Mihail Diaconescu (les Couleurs du<br />
Sang, Le Chemin qui mène aux dieux, L’Êloignement et le temps) illustre plutôt<br />
une formule de réaction historique, possible sur le plan des grandes consciences.<br />
Enfin, s’en détachant, se révèle une parabole historique, aspiration<br />
à exprimer un scénario d’invariables qui agissent dans l’histoire roumaine,<br />
formes d’une nouvelle mythologie moderne, exempli-fiée avant tout par<br />
Eugen Barbu, dans les romans de l’esprit phanariote (Le Prince, La Semaine<br />
des fous) mais aussi par le byzantinisme crépusculaire, agonique, de la prose<br />
d’Alice Botez (L’Hiver Fimboul) et de Mircea Ciobanu (le cycle Histoires<br />
I-V). C’est dans la même catégorie que s’intègre Eugen Uricaru qui tente<br />
d’expliquer le mystère roumain (Vladia, Le Brasier, Le Miel, La Mémoire) et<br />
Traian Filip (La Danse du feu et surtout L’In-conscient de Venise), évoquant<br />
un monde crépusculaire à la fois byzantin et autochtone. L’esprit inventif<br />
est par conséquent, visible dans les cycles de la civilisation rurale (avec la formule<br />
du réalisme magique danubien) dans le roman intégral et phénoménologique<br />
et, enfin, dans la parabole historique exprimant des invariants. Ces<br />
romans, conçus pour la plupart dans l’esprit du monumental, témoignent<br />
du désir évident de récupérer toute l’histoire roumaine.<br />
La dramaturgie du mythe et de l’«hypothèse»<br />
L’innovation dans le théâtre, parfois exprimée dans la création de la<br />
dimension d’un cycle à fondement programmatique, consiste avant tout dans<br />
l’Hypothèse dramatique initiée dans la Semaine de la passion de Paul Anghel<br />
(«hypothèse dramatique d’un moyen âge moldave»). L’hypothèse dramatique<br />
devait être une démythisation de l’image historique courante (habituellement<br />
réductionniste), puis, une mythisation dans les données d’une<br />
psychologie du quotidien, transformant l’histoire, comprise dans un esprit<br />
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