À L'ECOLE DES HISTOIRES I. Mais pourquoi avons-nous ... - Cndp

More documents

Recommendations

Info

$frac champagne- ardenne plamen dejanoff 28.09.12- 30.12 ... - Cndp$

4. Une histoire vit entre le monde de l’action (personnages) et celui de la conscience (lecteur) Extérieur à l’histoire, le lecteur y participe mentalement lorsque les récits pensent à lui faire une place : juger le comportement extravagant d’un personnage 62 , deviner les intentions cachées d’un autre 63 ou se comparer à tel ou tel autre 64 . Prendre parti pour remettre en cause le sens donné par le héros à sa propre histoire 65 , s’engager en écrivant soi-même la conclusion de l’histoire, en se positionnant sur le projet d’écriture. 66 5. Le sens de certaines histoires émerge à partir du mot « Fin ». Certains albums sont organisés pour, in fine, donner la main au lecteur, à son action 67 : qu’il écrive ou qu’il réécrive ! Qu’il produise ! D’autres font intervenir le lecteur bien avant, lui proposant de relier à sa guise la place des feuillets, de choisir eux-mêmes les associations des doubles pages 68 . Parfois, un jeu de mots final alerte le lecteur sur la validité du sens qu’il avait donné à certains mots depuis le début : la confusion des sonorités (rapport entre chaîne orale et chaîne écrite) y est convoquée 69 . Quelques auteurs vont plus loin, organisant les divagations du sens sur les pages, poussant le lecteur dans ses retranchements… de lecteur, ses manières de voir, ses réflexes de preneur ou de faiseur de sens 70 . 6. On apprend à lire en lisant Les livres instaurent un rapport silencieux au monde de l’écrit : Chut ! on lit 71 . Le flux du texte est insécable, le sens finement tressé dans des heures d’écriture. Est-ce pour valider cet état de choses ou pour l’invalider que Philippe Corentin se permet d’intervenir dans son récit 72 ? Tout est fait pour que le lecteur se plonge dans le texte jusqu’au bout (Les Loups) en liant deux sentiments contradictoires : rêver et veiller, rêver éveillé. Ce doute du lecteur « qui voudrait bien croire » certains auteurs l’encouragent « physiquement » : Claude Ponti envoie et renvoie le lecteur en amont, en aval de la page de lecture 73 , Philippe Corentin entraîne un comportement de lecteur par album : l’implication du lecteur (Plouf !), l’anticipation (L’ogre, le loup, la petite fille et le gâteau), la prise d’indices (L’Afrique de Zigomar), l’écart entre chaîne orale et chaîne écrite (Zigomar n’aime pas les légumes), la recherche de l’énonciation (Machin Chouette), la place de l’auteur dans le livre (Pipioli la terreur), parodies (Mademoiselle-Sauve-qui- Peut). C’est dans le jeu intertextuel que la littérature prend le mieux les enfants au sérieux : rappels, croisements, tissages, échos, détournements… tout concourt à faire entrer les enfants non pas dans une suite d’histoires mais dans un système organisé, un grand répertoire. Les parodies se multiplient reprenant les contes un à un (Le petit chaperon rouge 74 , La Belle au bois dormant 75 , Les Trois petits cochons 76 , Boucle d’or 77 ou Le Petit Poucet 78 ) ou tous ensemble comme 62 L’Afrique de Zigomar, Philippe Corentin, L’école des loisirs 63 La Princesse arrive à quatre heures, Wolfdietrich Schnurre & Rotraut Susanne Berner, Seuil 64 Bascule, Yuichi Kimura & Koshiro, Didier 65 Toujours rien ?, Christian Voltz, Le Rouergue 66 La Fée aux renards, Komako Sakaï & Kimiko Aman, L’école des loisirs 67 Alboum, Christian Bruel & Nicole Claveloux, La Grande question, Wolf Erlbruch, Être 68 Les Chaperons loups, Christian Bruel & Nicole Claveloux, Être 69 <strong>À</strong> deux mains, Katie Couprie, Thierry Magnier 70 Lundi, Petites météorologies, Anne herbauts, Casterman 71 Les Loups, Emily Gravett, Kaléidoscope 72 Plouf !, L’Arbre en bois, Philippe Corentin, L’école des loisirs 73 Parci et Parla, Le Doudou méchant, Blaise et le château d’Anne Hiversère, Claude Ponti, L’école des loisirs. Voir le nom de l’auteur caché sur la couverture de Dans la forêt profonde. 74 Mademoiselle-Sauve-qui-Peut, Philippe Corentin, L’école des loisirs, John Chatterton détective, Yvan Pommaux, L’école des loisirs 75 Lilas, Yvan Pommaux, L’école des loisirs 76 Un monde de cochons (Ramos), Les Trois petites cochonnes (Sther), Trois cochons (Wiesner), Les trois petits loups et le grand méchant cochon ( Bayard), Le Loup, mon œil !, Susan Maddaugh, Autrement 4
dans l’œuvre de Geoffroy de Pennart 79 , celle de Mario Ramos 80 . Quelques albums mijotent ce que Rodari 81 appelle les « salades de contes » 82 invitant les enfants à vérifier leurs connaissances (les clamer) et apprécier, dans les écarts, un peu de sens que l’œuvre source n’avait pas entièrement livré. La culture du lecteur est prise dans un réseau de références : il s’habitue à l’idée qu’il n’y a pas un seul point de vue, un seul sens, mais une souplesse d’interprétation. Le sens n’est pas au bout du texte : il le traverse (Barthes). Le jugement s’exerce grâce à la confrontation (assidue) d’œuvres entretenant des liens entre elles. - représentation mentale du texte (tant de lectures finissent par agrandir les probabilités de prédiction sur l’allure des histoires). - lecture de soupçon du texte et de l’image (et pas seule association) : que disent leurs rapports 83 ? On lit avec les yeux : pas de croyance aveugle (aveugles, les 7 souris dans le noir ne pouvaient lire). 84 - prise en compte du chronotope du récit (temps et lieu). Les albums installent des lieux qui, à force de répétitions, deviennent lieux symboliques : la maison ou le château, le jardin 85 ou le désert 86 , la ville ou la campagne 87 … Il en va de même pour les animaux qui revêtent des valeurs symboliques. - grands rendez-vous littéraires (amis/ennemis, proies/prédateurs 88 ), avec les forces qui régissent le monde, l’amour 89 , la compétition, la guerre, le bonheur, la misère…) - recherche de la cohérence du récit : des éléments, chez Ponti, jouent les fils rouges (Adèle, Blaise, Fourmi à grosse voix, K’sar bolog’h…), les codes barres disent l’unité de l’œuvre. - pratique de la relecture : certaines fins renvoient au début 90 , qu’il s’agisse d’un détail (les deux feuilles aux pieds du père et de son fils 91 ) ou du parachèvement d’un cycle qu’on aime à voir se ré-accomplir 92 . - formation à la compréhension par des formes d’écriture non linéaires (emboîtements 93 , flash back 94 ) le croisement de données complexes et hétérogènes 95 77 Boucle d’or (Rascal), La Revanche des trois ours (Mijade) 78 Le Doudou méchant, Claude Ponti, L’école des loisirs 79 Balthazar, Boniface et Philibert, Le Déjeuner des loups, Igor et les trois petits cochons, Je suis revenu, Le loup est revenu, Le loup, la chèvre et les sept chevreaux, Le loup sentimental, Le Petit chapeau rond rouge, etc. 80 Je suis le plus fort, Un monde de cochons, Loup, Loup y es-tu ?, C’est moi le plus beau, etc., Pastel 81 Quel cafouillage !, Gianni Rodari & Alessandro Sanna, Kaléidoscope 82 Le Gentil Facteur (déjà cité), Dans la Forêt profonde (déjà cité), Où est maman ? Gerda Dendooven, Être 83 Mon papa, Ma maman, Mon frère, Anthony Browne, Kaléidoscope 84 Pourquoâââ, Voutch, Thierry Magnier 85 Le Voyage de l’escargot, Ruth Brown, Gallimard 86 La Chaise bleue, Claude Boujon, L’école des loisirs 87 La Chasse à l’ours, La Course… Ma petite usine, Rascal & Stéphane Girel, Rue du monde 88 Loulou, Grégoire Solotareff, L’école des loisirs, Ami-Ami, Rascal & Stéphane Girel, Pastel 89 Sur l’île des Zertes, Claude Ponti, L’école des loisirs 90 Crocs, griffes et dents, Christopher Wormell, Circonflexe 91 Dans la forêt profonde… 92 Les ouvrages de Iela et Enzo Mari, Zoom, Circonflexe 93 Le conte du prince en deux ou l’histoire d’une mémorable fessée, Olivier Douzou, Frédérique Bertrand, Seuil 94 La revanche de Lili Prune, Claude Ponti, L’école des loisirs 95 Jojo la mache, Douzou, Rouergue, Poussin noir, Petit lapin rouge, Rascal, Pastel, Yakouba, Dedieu, Seuil 5
Page 1 and 2: À L’ECOLE DES HISTOIRES I. Mais
Page 3: Claude Ponti parie sur de grands no

À L'ECOLE DES HISTOIRES I. Mais pourquoi avons-nous ... - Cndp

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

Delete template?

Save as template?