Mise en page NUM - eClassical

Ludus verbalis vol.II
Benjamin Britten (Angleterre, 1975)
Sacred and Profane
1. St. Godric’s Hymn
2. I mon waxe wod
3. Lenten is come
4. The long night
5. Yic ic of luve can
solo Agathe Boudet
6. Carol
7. Ye that pasen by
8. A death
Philip Lawson (Angleterre, 2011)
commande de l’ensemble Aedes
A Yeats Trilogy
9. To A Child Dancing In The Wind
10. He Wishes For The Cloths Of Heaven
11. When You Are Old
Frank Martin (Suisse, 1950)
Songs of Ariel
12. Come unto these yellow sands (Acte I, sc. 2) 1’31
13. Full fathom five (Acte I, sc. 2)
3’12
14. Before you can say (Acte IV, sc. 1) 1’00
15. You are three men of sin (Acte III, sc. 3) 3’43
solo Pauline Leroy
16. Where the bee sucks (Acte V, sc. 1) 1’13
Bohuslav Martinů (République tchèque, 1959)
Čtyři madrigaly
17. Madrigal I
18. Madrigal II
19. Madrigal III
20. Madrigal IV
1’25
0’46
2’19
1’25
2’40
1’50
1’51
3’09
2’13
2’44
3’41
2’03
2’18
3’23
1’32
Maurice Ravel (France, 1915)
Trois Chansons
21. Nicolette
22. Trois beaux oiseaux du paradis
solo Laura Holm
23. Ronde
Francis Poulenc (France, 1937)
Sept Chansons
24. La Blanche Neige
25. A peine défigurée
26. Par une nuit nouvelle
27. Tous les droits
28. Belle et ressemblante
29. Marie
30. Luire
Paul Hindemith (Allemagne, 1939)
Six Chansons
31. La Biche
32. Un Cygne
33. Puisque tout passe
34. Printemps
35. En Hiver
36. Verger
1’54
2’43
2’03
1’06
1’29
1’20
2’33
1’49
1’59
1’49
1’15
1’57
0’27
1’28
1’07
1’03

Ensemble vocal Aedes
Mathieu Romano, direction
La Fondation Orange et la Fondation
Bettencourt Schueller sont les
principaux mécènes de l’ensemble
Aedes, qui bénéficie également du
soutien du Ministère de la Culture et de
la Communication - Directions
Régionales des Affaires Culturelles de
Bourgogne et de Picardie, de la
Fondation Safran pour la musique, du
Conseil Régional de Bourgogne, des
Conseils Généraux de l’Oise et de
l’Yonne, de Musique Nouvelle en Liberté
(MNL), du Fonds pour la Création
Musicale (FCM) et de la SPEDIDAM.
The Fondation Orange and Fondation
Bettencourt Schueller are the two
principal patrons of the ensemble
Aedes, which is also supported by the
French Ministry of Culture and
Communication – the Burgundy and
Picardy Regional Departments of
Cultural Affairs (DRAC), the Safran
Music Foundation, the Burgundy
Regional Council, the Oise and Yonne
General Councils, Musique Nouvelle en
Liberté (MNL), the Fonds pour la
Création Musicale (FCM) and
SPEDIDAM (Société de perception et de
distribution des droits des artistesinterprètes).
Sopranos
Agathe Boudet
Laura Holm
Judith Derouin
Angélique Pourreyron
Altos
Fiona McGown
Julia Beaumier
Anaïs Bertrand
Pauline Leroy
Ténors
Florent Thioux
Anthony Lo Papa
Camillo Angarita
Marc Valéro
Victor Jacob (sauf 9 à 11 et 17 à 20)
Basses
David Pergaud
Jérémie Delvert
Julien Guilloton
Nicolas Brooymans
Sorin Dumitrascu
Recorded in:
Ircam – Paris (France) in October 2011
Sound engineer, recording producer & editing: Florent Derex
Recording system Micros DPA
Recorded on Pyramix virtual studio in 24 bits/88,2 kHz
www.ensembleaedes.com
Liner notes by Mathieu Romano
Translation by Mary Pardoe (English)
Photos Inside © Y. Petit (Biography Ensemble vocal Aedes)
& Ensemble vocal Aedes
EL 1237

À travers ce deuxième volume de musique profane, l’ensemble
vocal Aedes continue son exploration du répertoire choral a
cappella des XX e et XXI e siècles. Dans le prolongement du
premier enregistrement (Ludus verbalis, Eloquens EL1128), nous
avons sélectionné sept cycles où le mot, sa sonorité, et l’espace
de jeu et d’imaginaire qu’il dégage, sont au centre de la création
musicale.
L’éclectisme est ainsi une nouvelle fois de mise : aux côtés de
William Butler Yeats, Rainer Maria Rilke et Guillaume
Apollinaire, nous retrouvons William Shakespeare et Paul Éluard.
Nous avons par ailleurs choisi, pour ce disque, des textes
anonymes légués par des peuples et des traditions, issus de
l’Angleterre moyenâgeuse ou du folklore morave, ainsi qu’un
cycle dont l’écrivain n’est autre que le compositeur lui-même.
À nouveau, plusieurs critères ont guidé nos choix : l’alternance
de grands classiques de la musique vocale et de pages moins
célèbres du répertoire, une commande à un compositeur, la
représentation de plusieurs pays de grande tradition chorale, la
prépondérance de la chanson savante.
Il nous a également paru intéressant d’illustrer la manière dont
la culture et la tradition littéraires d’un pays peuvent modeler,
inspirer, infléchir voire parfois imposer un mode d’écriture
musicale et vocale, notamment lorsque le compositeur
s’approprie une langue qui n’est pas la sienne.
Sacred and Profane de Benjamin Britten ouvre ce disque. Les
textes sacrés, à l’image des textes profanes, y sont traités à la
manière de madrigaux dépeignant des passions humaines. Ce
cycle présage les deux derniers volumes qui compléteront
cette série.
Écrit un an avant sa mort par un compositeur à l’apogée de sa
pensée musicale, Sacred and Profane est un cycle fascinant
qui présente une grande variété de styles et d’humeurs.
L’amour charnel, l’amour divin, le divertissement champêtre…
La musique ciselée magnifie les textes (profanes comme
sacrés, en ancien anglais), notamment le dernier numéro dans
lequel Benjamin Britten (1913-1976) raconte en musique
toutes les étapes de la mort d’un homme qui ne semble pas
en être affecté !
Nous souhaitions à notre manière prolonger cette grande
tradition chorale anglaise en passant commande en 2011
d’une œuvre au compositeur anglais Philip Lawson (né en
1957). « Depuis longtemps je suis un admirateur de la poésie
de W. B. Yeats ; alors, quand l’Ensemble vocal Aedes m’a
demandé de composer un cycle de trois pièces, j’ai tout de
suite cherché à constituer pour le chœur une trilogie de ses
poèmes. Ma petite séquence retrace l'amour d'un homme
pour une jeune femme. Au début, il envie apparemment son
innocence, car elle n’a pas encore été blessée par l'amour. Le
second mouvement présente le célèbre poème d'adoration,
Had I the heav’n’s embroidered cloths, et dans le dernier, le
poète imagine la jeune fille comme une vieille femme, et
espère qu'elle se souviendra de lui, le “seul homme [qui] aima
en toi l'âme de pèlerin”. »
Quand Frank Martin (1890-1974), compositeur suisse et
contemporain de Britten, compose les Songs of Ariel en 1950,
il ne se contente pas de mettre en musique des extraits de La
Tempête de William Shakespeare : l’agencement du texte
anglais et sa sonorité semblent « déteindre » sur son
imagination et conduire son écriture musicale sur le chemin
des maîtres anglais, tout en gardant la maîtrise de son propre
langage musical, fondé notamment sur un singulier emploi

expressif du chromatisme. Cet opus très figuraliste narre en
cinq mouvements certains monologues du génie bienfaisant
Ariel. Frank Martin s’amuse à restituer musicalement chaque
mot, chaque atmosphère ; des sables chauds des îles, jusqu’au
fond des mers, le génie danse, rit, se met en colère…
Neuf ans seulement séparent les Quatre Madrigaux et les
Songs of Ariel, mais l’inspiration est ici toute différente.
Bohuslav Martinu ů (1890-1959) écrit cette œuvre quelques
mois seulement avant sa mort. Puisant dans le folklore et la
danse traditionnelle, il mêle les mots et leurs sonorités à des
rythmes très cadencés, et privilégie l’atmosphère générale de
ces historiettes au figuralisme. L’amour et la mort sont les
sujets de ces quatre bijoux qui allient l’esprit du madrigal de
la Renaissance à une authentique tradition populaire.
Maurice Ravel (1875-1937) continue aujourd’hui encore
d’inspirer bon nombre de compositeurs. Au sein de sa
production, qui contient des chefs-d’œuvre comme le ballet
Daphnis et Chloé ou encore le célèbre Boléro, les Trois
Chansons, composées en 1915, sont la seule contribution de
Ravel au répertoire a cappella. Rédigeant lui-même ses textes,
il s’inscrit dans la tradition de la chanson polyphonique
française, volontiers naïve et légère, en y mêlant toutefois des
sentiments personnels forts sur l’horreur de la guerre qu’il vit
(notamment dans la pièce centrale, Trois beaux oiseaux du
paradis), usant de son grand art de l’harmonie et de la
transparence sonore.
poésie de ses contemporains Paul Éluard et Guillaume
Apollinaire. Des cloches de Marie, aux harmonies calmes et
silencieuses de Belle et ressemblante, en passant par toutes
les couleurs du soleil, de la lumière et de l’ombre, Poulenc
irradie et transfigure ces poésies surréalistes, où le ressenti
des mots importe peut-être plus que leur compréhension.
Compositeur allemand de la première moitié du XX e siècle,
Paul Hindemith (1895-1963) est poussé par la guerre à
s’exiler quelques années en Suisse en 1938, avant de partir
aux États-Unis en 1940. Il compose en 1939 ses Six chansons
d’après un autre artiste allemand qui a lui aussi vécu en
Suisse, Rainer Maria Rilke. Tirés du recueil Vergers, les six
poèmes sont ici consacrés à la confrontation de l’esprit du
poète avec la nature dans laquelle il cherche ses réponses. En
écrivant ces poèmes, Rilke répond aux exigences et aux
sonorités d’une langue différente. Hindemith suit la même
voie et compose de fait un cycle proche de la tradition
française, bien qu’empreint de culture germanique. Le résultat
est un opus sobre, recueilli et intense, qui dépeint avec
raffinement l’atmosphère des questionnements de Rilke.
Compositeur de près de cent cinquante mélodies et chansons,
Francis Poulenc (1899-1963) est peut-être l’un des musiciens
français du XX e siècle les plus connus des chanteurs. Il
compose ses Sept Chansons en 1936 mais, contrairement à
Debussy ou Ravel, délaisse les vers anciens, et fait appel à la

L’Ensemble vocal Aedes a pour vocation d’interpréter les
œuvres majeures et les pièces moins célèbres du répertoire
choral des cinq siècles passés, jusqu’à la création
contemporaine. Composé, selon les programmes, de seize à
trente-deux chanteurs professionnels, l’ensemble Aedes a
déjà inscrit à son répertoire de nombreux cycles a cappella. Il
collabore en outre régulièrement avec des ensembles tels que
Le Cercle de l’Harmonie ou Les Musiciens du Louvre Grenoble.
Son disque « Ludus verbalis (Vol. I) » a été récompensé d’un
Diapason Découverte et d’un Prix de la deutsche
Schallplattenkritik.
L’ensemble est en résidence à la Fondation Singer-Polignac,
au Théâtre Impérial de Compiègne ainsi qu’au Théâtre
d’Auxerre. Il est également lauréat 2009 du Prix Liliane
Bettencourt pour le chant choral, décerné par l’Académie des
Beaux-Arts.
Mathieu Romano mène une carrière de chef de chœur et de
chef d’orchestre. Il est diplômé du Conservatoire National
Supérieur de Musique de Paris en direction d'orchestre, flûte
traversière et musique de chambre. Il fonde l'Ensemble vocal
Aedes en 2005.

In this second volume devoted to secular music, the Ensemble
vocal Aedes continues its exploration of the a cappella choral
repertoire of the twentieth and twenty-first centuries.
Continuing along the same lines as the first volume (Ludus
verbalis, Eloquens EL1128) we have selected seven cycles in
which musical creativity centres on the word, its sonority, its
ludic aspect and its powers of evocation.
The texts are eclectic, with poems by William Butler Yeats,
Rainer Maria Rilke, Guillaume Apollinaire, Paul Éluard and
William Shakespeare, but also anonymous medieval English
pieces, traditional songs from Moravia, and one cycle with
texts by the composer himself.
Again, several criteria guided us in our choice: a wish to
alternate classics of the vocal repertoire with lesser-known
works (and a new one, a commission), to represent several
different countries, each with a rich choral tradition, and to
give priority to the art song.
We thought it would be interesting too to show how the
literary culture and tradition of a country can shape, inspire,
influence and sometimes dictate a mode of composition,
especially when a composer chooses pieces written in a
language that is not his own.
In Sacred and Profane by Benjamin Britten, which opens this
recording, the sacred texts, like the secular ones, are treated
in the manner of madrigals depicting human passions. This
cycle looks towards the last two volumes in this series of four,
which will be devoted to sacred music for a cappella choir.
Written a year before his death by a composer at the height
of his musical powers, Sacred and Profane is a fascinating
cycle, varied in its styles and moods. Carnal love, divine love,
country pleasures… The beautifully crafted music magnifies
the texts (both secular and sacred, in Old English), especially
in the last piece, A death, in which Benjamin Britten (1913-
1976) gives a musical account of all the stages in the death
of a man, who seems little affected by what is happening
to him!
In 2011, wishing to make our own contribution to the
continuance of the great English choral tradition, we
commissioned Philip Lawson (b. 1957) to compose a work
for us. Of this composition he wrote: ‘I have long been an
admirer of the poetry of W. B. Yeats. So when I was
approached to write a cycle of three pieces for the Ensemble
vocal Aedes, I worked on putting together a trilogy of Yeats’s
poems for the choir. My little sequence traces the love of a
man for a young lady, starting with his seeming envy of her
innocence, yet to be hurt by love. The second movement sets
Yeats’s famous poem of adoration, Had I the heav’n’s
embroidered cloths, and in the last the poet imagines the
girl as an old woman, and hopes she will remember him, the
“one man [who] loved the pilgrim soul in you”.’
When Frank Martin (1890-1974), a Swiss composer and
contemporary of Britten, composed his Songs of Ariel in
1950, he did not simply set to music excerpts from William
Shakespeare’s The Tempest: the arrangement of the English
text and its sound seem to have fired his imagination and
taken his music along the same path as the English masters,
although the musical language is distinctively his own,
based notably on a very expressive use of chromaticism. In
this opus, which makes extensive use of word-painting,

Martin presents five of Ariel’s monologues and takes obvious
pleasure in conveying every word and mood through his
music; from the warm sands of the islands to the depths of
the sea, Shakespeare’s ‘airy spirit’ dances, laughs, loses
his temper…
Only nine years separate the Four Madrigals from the Songs
of Ariel, but the inspiration is quite different here. Bohuslav
Martinu (1890-1959) wrote this piece just a few months
before his death. Drawing on folklore and traditional dances,
he combines words and their sounds with very lilting
rhythms, and favours the general atmosphere of each piece,
rather than choosing to use word-painting. Love and death
are the subjects of these four gems, which combine the
spirit of the Renaissance madrigal with an authentic folk
tradition.
ů
Maurice Ravel (1875-1937) still continues to inspire many
composers. Within his production, which includes
masterpieces such as the ballet Daphnis et Chloé and the
famous Boléro, the Trois Chansons, composed in 1915, are
Ravel’s only contribution to the a cappella repertoire.
Writing the texts himself, he joined the tradition of the
French polyphonic chanson, a readily light and naive genre,
while nevertheless mixing it with strong personal feelings
about the horrors of war (especially in the middle piece,
Trois beaux oiseaux du paradis), employing his great skill in
the arts of harmony and transparent sound.
Debussy or Ravel, he turned away from old poetry and
towards that of his contemporaries Paul Éluard and
Guillaume Apollinaire. From the bells in Marie to the calm,
quiet harmonies of Belle et ressemblante, through all the
colours of sunshine, light and shadow, Poulenc transforms
and gives radiance to these surrealist poems, in which the
feel of the words matters perhaps more than their actual
meaning.
A German composer of the first half of the twentieth
century, Paul Hindemith (1895-1963) was forced by the war
to spend a few years in exile in Switzerland from 1938,
before settling in the United States in 1940. He composed
his Six Chansons in 1939, to poems by another German
artist, also living in Switzerland, Rainer Maria Rilke (1875-
1926). Taken from the collection entitled Vergers, these six
poems are devoted to the confrontation between the poet's
spirit and nature, in which he seeks answers. In writing
these poems, Rilke complied with the requirements and
sounds of a different language. Hindemith followed the
same path and thus produced a cycle that is in fact close to
the French tradition, though also showing signs of Germanic
culture. The result is a sober, contemplative and intense
work, depicting with refinement the mood of Rilke’s poems.
Francis Poulenc (1899-1963), who composed almost a
hundred and fifty songs, is perhaps one of the twentiethcentury
French musicians best known to singers. He
composed his Sept Chansons in September 1936, but unlike

The Ensemble vocal Aedes aims to perform the major works as
well as lesser-known pieces from the choral repertoire of the past
five centuries, including new works by contemporary composers.
Composed of between sixteen and thirty-two professional
singers (depending on the programme performed), Aedes has
already included many a cappella cycles in its repertoire. In
parallel, it works regularly with various well-known soloists and
ensembles, such as Le Cercle de l’Harmonie and Les Musiciens du
Louvre Grenoble.
The first volume of Ludus verbalis was awarded a Diapason
‘Discovery’ Award (‘Découverte’) and a German record critics’
award.
The ensemble is in residence at the Fondation Singer-Polignac,
the Théâtre Impérial of Compiègne and the Theatre of Auxerre. It
was the winner in 2009 of the Liliane Bettencourt Prize for choral
singing, awarded by the Académie des Beaux-Arts.
The choral and orchestral conductor Mathieu Romano
studied at the Paris Conservatoire (CNSM) and graduated in
orchestra conducting, flute and chamber music. He founded
the Ensemble vocal Aedes in 2005.

Ce disque - magnifique de bout en bout – m’a notamment permis de redécouvrir un vrai chef d’œuvre : les Songs of Ariel, que Frank
Martin a composés d’après La Tempête de Shakespeare. L’ensemble vocal Aedes restitue à merveille la richesse de styles et de caractères
de ce recueil – se montrant aussi convaincant dans la poésie élégiaque de Full fathom five que dans l’intensité dramatique (superbe
solo d’alto !) de You are three men of sin. Un régal.
Philippe Hersant
This recording – beautiful from beginning to end – has enabled me to rediscover in particular a true masterpiece: the Songs of Ariel,
Frank Martin’s setting of songs from Shakespeare’s The Tempest. The vocal ensemble Aedes brings out perfectly the wealth of styles
and characters that is to be found in this cycle, and is as convincing in the elegiac poetry of Full fathom five as in the dramatic intensity
(superb alto solo!) of You are three men of sin. A treat!
Philippe Hersant
Translation Mary Pardoe
©
Victor Jacob

SACRED AND PROFANE
(Anonymous medieval lyrics)
1. St. Godric’s Hymn
Sainte Marye Virgine,
Moder Jesu Christes Nazarene,
Onfo, schild, help thin Godric,
Onfang, bring heyilich with thee in
Godes riche.
SACRED AND PROFANE
(Anonymous medieval lyrics)
1. St. Godric’s Hymn
St. Mary, the Virgin,
Mother of Jesus Christ of Nazareth,
Receive, defend and help thy Godric,
and, having received him, bring him
on high with thee in God's Kingdom.
SACRÉ ET PROFANE
(Textes médiévaux anonymes)
1. Prière de Saint-Godric
Marie, vierge bénie,
Mère de Jésus-Christ de Nazareth,
Recevez, défendez et aidez votre Godric,
Et emmenez-le avec vous au Royaume de Dieu.
Sainte Marye, Christes bur,
Maidenes clenhad, moderes flur,
Dilie min sinne, rix in min mod,
bring me to winne with the self God.
St. Mary, Christ 's bower,
Virgin among maidens, flower of motherhood,
Blot out my sin, reign in my heart,
bring me to bliss with that selfsame God.
Marie, demeure de Jésus,
Pure entre les vierges, fleur entre les mères,
Effacez mes péchés, régnez dans mon cœur,
Amenez-moi à la béatitude avec Dieu.
2. I mon waxe wod
Foweles in the frith,
The fisses in the flod,
And I mon waxe wod;
Mulch sorw I walke with
For beste of bon and blod.
3. Lenten is come
Lenten is come with love to toune,
With blosmen and with briddes roune,
That all this blisse bringeth.
Dayeseyes in this dales,
Notes swete of nightegales,
Uch fowl song singeth.
The threstelcok him threteth oo.
Away is huere winter wo
When woderofe springeth.
This fowles singeth ferly fele,
The wliteth on huere wynne wele,
That all the wode ringeth.
2. I mon waxe wod
Birds in the wood,
The fish in the river,
And I must go mad:
Much sorrow I live with
For the best of creatures alive.
3. Lenten is come
Spring has come with love among us,
With flowers and with the song of birds,
That brings all this happiness,
Daisies in these valleys,
The sweet notes of nightingales,
Each bird sings a song.
The thrush wrangles all the time.
Gone is their winter woe
When the woodruff springs.
These birds sing, wonderfully merry,
And warble in their abounding joy,
So that all the wood rings.
2. Je deviens fou
Oiseaux dans les bois,
Poissons dans les flots,
Moi je deviens fou ;
Tant me point toujours
La belle entre toutes.
3. Le printemps est là
Le printemps est là nous apportant l’amour,
Avec des fleurs et le chant des oiseaux,
Nous apportant toute cette joie.
Les pâquerettes (fleurissent) dans ces vallées,
Les chants des rossignols (sont) doux,
Chaque oiseau chante une chanson.
La grive s’égosille,
Et le méchant hiver s’enfuit
Quand fleurit le muguet.
Ces oiseaux chantent, réjouis,
Et fredonnent dans une joie abondante,
Le bosquet tout entier résonne.

The rose raileth hire rode,
The leves on the lighte wode
Waxen all with wille.
The mone mandeth hire ble,
The lilye is lossom to se,
The fennel and the fille.
Wowes this wilde drakes,
Miles murgeth huere makes,
Ase strem that striketh stille.
Mody meneth, so doth mo;
Ichot ich am on of tho
For love that likes ille.
The mone mandeth hire light,
So doth the semly sonne bright,
When briddes singeth breme.
Deawes donketh the dounes,
Deores with huere derne rounes
Domes for to deme.
Wormes woweth under cloude,
Wimmen waxeth wounder proude,
So well it wol hem seme.
Yef me shall wonte wille of on,
This wunne wele I wole forgon,
And wiht in wode be fleme.
4. The long night
Mirie it is, while sumer ilast,
With fugheles song.
Oc nu necheth windes blast
And weder strong.
Ey! ey! what this night is long!
And ich, with well michel wrong,
Soregh and murne and fast.
The rose puts on her rosy face
The leaves in the bright wood
All grow with pleasure.
The moon sends out her radiance,
The lily is lovely to see,
The fennel and the wild thyme.
These wild drakes make love,
Animals cheer their mates,
Like a stream that flows softly.
The passionate man complains, as do more:
I know that I am one of those
That is unhappy for love.
The moon sends out her light,
So does the fair, bright sun,
When birds sing gloriously.
Dews wet the downs,
Animals with their secret cries
For telling their tales.
Worms make love under ground,
Women grow exceedingly proud,
So well it will suit them.
If I don't have what I want of one,
All this happiness I will abandon,
And quickly in the woods be a fugitive.
4. The long night
Pleasant it is, while summer lasts,
With the birds' song.
But now the blast of the wind draws nigh
And severe weather.
Alas! how long this night is,
And I, with very great wrong,
Sorrow and mourn and fast.
La rose a mis son bel habit,
Les feuilles dans le bois brillant,
Tout pousse avec plaisir.
La lune répand sa lumière,
Le lys est si beau à voir,
Ainsi que l’aneth et le thym.
Les canards sauvages font l’amour,
Les animaux acclament leurs partenaires,
Tel un flot qui s’écoule tranquillement.
L’homme passionné se plaint, et (je) fais plus :
Je sais que je suis un de ceux-là que
L’amour rend malheureux.
La lune répand sa lumière,
Le clair soleil en fait autant,
Quand les oiseaux chantent glorieusement.
La rosée recouvre les sols,
Les bêtes usent de leurs cris secrets
Pour se raconter leurs histoires.
Les vers font l’amour sous la terre,
Les femmes deviennent si fières,
Tout à leur gré.
Si je n’obtiens pas de l’une d’elles ce que je veux,
J’abandonnerai toute cette joie
Et m’enfuirai dans la forêt.
4. La longue nuit
Il fait bon, tant que l’été dure,
Avec les chants d’oiseaux.
Mais à présent le souffle du vent s’approche
Et le temps (s’annonce) rude.
Ah ! que cette nuit est longue,
Et moi, plein de remords,
Je m’afflige, pleure et jeûne.

5. Yic ic of luve can
Whanne ic se on Rode
Jesu, my lemman,
And besiden him stonden
Marye and Johan,
And his rig iswongen,
And his side istungen,
For the luve of man;
Well ou ic to wepen,
And sinnes for to leten,
Yif ic of luve can.
6. Carol
Maiden in the mor lay,
In the mor lay;
Sevenight fulle,
Sevenight fulle,
Maiden in the mor lay;
In the mor lay,
Sevenight fulle and a day.
Welle was hire mete.
What was hire mete?
The primerole and the –
The primerole and the –
Welle was hire mete.
What was hire mete?
The primerole and the violet.
Welle was hire dring.
What was hire dring?
The chelde water of the –
The chelde water of the –
Welle was hire dring.
What was hire dring?
The chelde water of the welle-spring.
5. If I know (something about) love
When I see on the Cross
Jesu, my lover,
And beside him stand
Mary and John,
And his back scourged,
And his side pierced,
For the love of man,
Well ought I to weep
And sins to abandon,
If I know of love.
6. Carol
A maiden lay on the moor,
Lay on the moor;
A full week,
A full week,
A maiden lay on the moor;
Lay on the moor,
A full week and a day.
Good was her food.
What was her food?
The primrose and the -
The primrose and the -
Good was her food.
What was her food?
The primrose and the violet.
Good was her drink.
What was her drink?
The cold water of the -
The cold water of the -
Good was her drink.
What was her drink?
The cold water of the well-spring.
5. Si je connais (quelque chose de) l’amour
Quand je vois sur la croix
Jésus, mon bien-aimé,
Et derrière lui se tenant
Marie et Jean,
Et son dos lacéré,
Et son flanc percé,
Par amour pour l’Homme ;
Eh bien, je ne puis que pleurer
Et abandonner mes péchés
Si je connais (quelque chose de) l’amour.
6. Chanson
Une fille sur la lande,
Sur la lande ;
Toute une semaine.
Toute une semaine.
Une fille sur la lande,
Sur la lande ;
Toute une semaine et un jour de plus.
Bonne était sa nourriture.
Quelle était sa nourriture ?
La primevère et la…
La primevère et la…
Bonne était sa nourriture.
Quelle était sa nourriture ?
La primevère et la violette.
Bonne était sa boisson.
Quelle était sa boisson ?
L’eau froide de la…
L’eau froide de la…
Bonne était sa boisson.
Quelle était sa boisson ?
L’eau froide de la source.

Welle was hire bowr.
What was hire bowr?
The rede rose and the –
The rede rose and the –
Welle was hire bowr.
What was hire bowr?
The rede rose and the lilye flour.
7. Ye that pasen by
Ye that pasen by the weiye,
Abidet a little stounde.
Beholdet, all my felawes,
Yef any me lik is founde.
To the Tre with nailes thre
Wol fast I hange bounde;
With a spere all thoru my side
To mine herte is mad a wounde.
8. A death
Wanne mine eyhnen misten,
And mine heren sissen,
And my nose coldet,
And my tunge foldet,
And my rude slaket,
And mine lippes blaken,
And my muth grennet,
And my spotel rennet,
And mine her riset,
And mine herte griset,
And mine honden bivien,
And mine fet stivien -
Al to late! Al to late!
Wanne the bere is ate gate.
Thanne I schel flutte,
From bedde to flore,
Good was her bower.
What was her bower?
The red rose and the -
The red rose and the -
Good was her bower.
What was her bower?
The red rose and the lilyflower.
7. Ye that pasen by
You that pass by the way,
Stay a little while.
Behold, all my fellows,
If any like me is found.
To the Tree with three nails
Most fast I hang bound;
With a spear all through my side
To my heart is made a wound.
8. A death
When my eyes get misty,
And my ears are full of hissing,
And my nose gets cold,
And my tongue folds,
And my face goes slack,
And my lips blacken,
And my mouth grins,
And my spittle runs,
And my hair rises,
And my heart trembles,
And my hands shake,
And my feet stiffen -
All too late! All too late!
When the bier is at the gate.
Then shall I pass
From bed to floor,
Bon était son berceau.
Quel était son berceau ?
Les roses rouges et les…
Les roses rouges et les…
Bon était son berceau.
Quel était son berceau ?
Les roses rouges et les lys.
7. Vous qui passez
Vous qui passez sur ce chemin,
Restez un peu.
Voyez, mes amis,
Si quelqu’un comme moi est trouvé.
A un arbre avec trois clous,
Je suis inexorablement crucifié ;
Avec une lance à travers mon flanc
A mon cœur est faite une plaie.
8. Une mort
Quand mes yeux se troubleront,
Et mes oreilles siffleront,
Et mon nez deviendra froid,
Et ma langue se repliera,
Et mon visage s’affaissera,
Et mes lèvres noirciront,
Et ma bouche se tordra,
Et ma salive coulera,
Et mes cheveux se raidiront
Et mon cœur tremblera,
Et mes mains se secoueront,
Et mes pieds se raidiront,
(Il sera) trop tard !
Quand la bière sera sur le seuil de ma porte.
Alors je passerai
Du lit au plancher,

From flore to here,
From here to bere,
From bere to putte,
And the putt fordut.
Thanne lyd mine hus uppe mine nose.
Of al this world ne give I it a pese!
From floor to shroud,
From shroud to bier,
From bier to grave,
And the grave will be closed up.
Then rests my house upon my nose.
For the whole world I don’t care one jot.
Du plancher dans le linceul,
Du linceul au cercueil,
Du cercueil au tombeau,
Et la tombe sera fermée.
Alors reposera ma maison sur moi.
Du monde entier, je n’aurai plus rien à faire !
A YEATS TRILOGY
9. To A Child Dancing In The Wind
(W. B. Yeats, from Responsibilities and Other Poems, 1916)
Dance there upon the shore;
What need have you to care
For wind or water's roar?
And tumble out your hair
That the salt drops have wet;
Being young you have not known
The fool's triumph, nor yet
Love lost as soon as won,
Nor the best labourer dead
And all the sheaves to bind.
What need have you to dread
The monstrous crying of wind?
10. He Wishes For The Cloths Of Heaven
(W. B. Yeats, from The Wind Among the Reeds, 1899)
Had I the heavens' embroidered cloths,
Enwrought with golden and silver light,
The blue and the dim and the dark cloths
Of night and light and the half-light,
I would spread the cloths under your feet:
But I, being poor, have only my dreams;
I have spread my dreams under your feet;
Tread softly because you tread on my dreams.
TROIS POEMES DE YEATS
9. A un enfant qui danse au vent
(W. B. Yeats, extrait de Responsibilities and Other Poems, 1916)
Danse là sur le rivage
Pourquoi te soucierais-tu
Du vent ou de l'eau qui gronde ?
Et secoue tes cheveux
Qu'ont trempés les gouttes salées.
Étant jeune, tu n’as pas connu
Le triomphe de l’imbécile
Ni l'amour perdu aussitôt gagné
Ni la mort du meilleur manœuvre,
Qui laissa défaite toute la gerbe.
Pourquoi aurais-tu crainte
De l'horreur que clame le vent ?
10. Lui qui aurait voulu pouvoir offrir le ciel
(W. B. Yeats, extrait de The Wind Among the Reeds, 1899)
Si je possédais les nappes brodées des cieux,
Faites de lumières d’or et d’argent,
Les sombres nappes et les ternes et les bleues
De la nuit et du jour et du demi-jour,
J’étendrais ces nappes sous tes pieds :
Mais étant pauvre, je n’ai que mes rêves
J’ai étendu mes rêves sous tes pieds ;
Marche doucement, car tu marches sur mes rêves.

11. When You Are Old
(W. B. Yeats, from The Rose, 1893)
When you are old and grey and full of sleep,
And nodding by the fire, take down this book,
And slowly read, and dream of the soft look
Your eyes had once, and of their shadows deep;
How many loved your moments of glad grace,
And loved your beauty with love false or true,
But one man loved the pilgrim soul in you,
And loved the sorrows of your changing face;
And bending down beside the glowing bars,
Murmur, a little sadly, how Love fled
And paced upon the mountains overhead
And hid his face amid a crowd of stars.
11. Quand vous serez vieille
(W. B. Yeats, extrait de The Rose, 1893)
Quand vous serez vieille, grisonnante, ensommeillée,
Et assoupie au coin du feu, prenez ce livre,
Et lentement lisez, et rêvez du doux regard
Qu’avaient vos yeux d’antan, et de leurs ombres profondes ;
Combien aimèrent vos moments de grâce joyeuse,
Et aimèrent votre beauté d’amour sincère ou faux,
Mais seul un homme aima en vous votre âme voyageuse
Et aima les tourments sur votre visage changeant ;
Et, vous penchant vers les chenets rougeoyants,
Murmurez, un peu triste, comme l’Amour s’est enfui
Et, d’un grand pas, a franchi les montagnes lointaines
Et a caché son visage dans une multitude d’étoiles.
SONGS OF ARIEL
(W. Shakespeare, from The Tempest, 1611)
12. (Acte I, sc. 2)
Come unto this yellow sands
And then take hands
Courtsied when you have and kiss’d
The wild waves whist.
Foot it featly here and there,
And sweet sprites, the burthen bear.
Hark ! The watchdogs bark : Bowwow!
I hear the strain of strutting chanticleer cry:
Cock-a-diddle-dow!
13. (Acte I, sc. 2)
Full fathom five thy father lies,
Of his bones are coral made;
CHANSONS D’ARIEL
(W. Shakespeare, extraits de La Tempête, 1611)
12. (Acte I, sc. 2)
Venez sur ces sables jaunes
Et prenez-vous par les mains
Quand vous vous serez salués et baisés
(Les vagues turbulentes se taisent).
Pressez-les ça et là de vos pieds, précisément,
Et de doux esprits, le refrain apportent,
Ecoutez ! les chiens de garde aboient : bowwow !
J’entends la voix du coq crêté crier :
Cocorico !
13. (Acte I, sc. 2)
Par cinq brasses de fond repose ton père,
Ses os se sont changés en corail,

Those are pearls that were his eyes:
Nothing of him that doth fade,
But doth suffer a sea-change
Into something rich and strange.
Sea-nymphs hourly ring his knell:
Ding, dong, bell.
Hark! Now I hear them, - ding, dong bell.
14. (Acte IV, sc. 1)
Before you can say ‘come and go’
And breathe twice and cry ‘so-so’
Each one, tripping on his toe,
Will be here with mop and mow.
Do you love me, master? No?
15. (Acte III, sc. 3)
You are three men of sin,
Whom Destiny, that hath to instrument
This lower world, and what is in’t,
The never-surfeited sea hath caused
to belch up you; and on this island
Where man doth not inhabit ;
You ‘mongst men being most unfit to live.
I have made you mad:
And even with suchlike valour,
Men hang and drown their proper selves.
You fools!
I and my fellows are ministers of fate;
The elements, of whom your swords are temper’d
May as well wound the loud winds
Or with bemock’d at stabs
Kill the still closing waters,
As diminish one dowle that’s in my plume;
My fellow ministers are like invulnerable;
If you could hurt, your swords are now
Too massy for your strengths,
Ses yeux sont devenus des perles.
De lui rien n’a péri,
Mais la mer le change
En quelque riche et étrange chose.
D’heure en heure des naïades sonnent le glas :
Ding-ding-dong.
Écoutez ! Je les entends - ding ding dong.
14. (Acte IV, sc. 1)
Avant que vous ne puissiez dire : « Va et viens ! »
Respirer deux fois et crier « Allons, allons ! »
Chacun, allant sur la pointe du pied,
Sera là avec une moue et une grimace.
M’aimez-vous, maître ? Non ?
15. (Acte III, sc. 3)
Vous êtes trois hommes coupables,
Que la Destinée, qui a comme instruments
Ce bas monde et ce qui est dedans,
A fait vomir par la mer insatiable
Sur cette île, où l’homme n’habite pas,
Parce que, parmi les hommes,
Vous n’étiez pas dignes de vivre.
Je vous ai rendus fous :
Et même avec un tel courage
Des hommes se pendent et se noient.
Insensés !
Moi et mes camarades sommes les ministres
du destin ; les éléments dont vos épées sont forgées
Pourraient aussi bien blesser les vents bruyants
Ou par des coups risibles,
Fendre les eaux qui se referment à l’instant,
Que faire tomber une seule plume de mes ailes.
Mes compagnons sont aussi invulnérables.
À supposer que vous puissiez nous blesser,
vos épées seraient trop lourdes pour vos forces,

And will not be uplifted.
But, remember,
For that’s my business to you,
That you three from Milan
Did supplant good Prospero;
Expose’d unto the sea,
Which hath requit it,
Him, and his innocent child:
For which foul deed the powers delaying,
Not forgetting have incensed the seas and shores,
Yea, all the creatures,
Against your peace:
Thee, of thy son, Alonso, they have bereft;
And do pronounce by me,
Lingering perdition
Worth than any death can be at once,
Shall step by step attend you and your ways;
Whose wraths to guard you from,
Which here, in this most desolate isle,
Else falls upon your heads,
Is nothing but heart’s sorrow,
And a clear life ensuing.
16. (Acte V, sc. 1)
Where the bee sucks there suck I;
In a cowslip’s bell I lie:
There I couch when owls do cry.
On the bat’s back I do fly
After summer merrily.
Merrily shall I live now,
Under the blossom that hangs on the bough.
Et ne se laisseraient plus soulever.
Mais souvenez-vous-en,
Car c’est ce que j’ai à vous dire :
Vous trois, de Milan,
Avez supplanté le bon Prospero !
Vous l’avez exposé à la mer
(Qui vous a punis),
Lui, et sa fille innocente :
Pour cette odieuse action, les puissances qui tardent,
Mais n’oublient pas, ont déchaîné les mers,
Oui, toutes les créatures,
Contre votre repos…
Toi, Alonso, elles t’ont privé de ton fils ;
Et elles vous annoncent par ma voix
Une destruction lente,
Pire que n’importe quelle mort subite,
Pas à pas vous suivra dans vos chemins;
Pour vous préserver de leur fureur
Qui ici, sur cette île si désolée
Tomberaient autrement sur vos têtes,
Il ne vous reste rien que le repentir,
Et une vie désormais pure.
16. (Acte V, sc. 1)
Là où suce l’abeille, je suce, moi !
Dans la clochette d’une primevère je repose :
Je m’y couche quand les hiboux crient.
Sur le dos de la chauve-souris je m’envole
Après l’été, joyeusement.
Joyeusement je veux vivre désormais
Sous les fleurs suspendues à la branche.

ČCTYRI Č MADRIGALY
17. Madrigal I
Tam z tej strany Dunaja,
tam se chlapci zcházijú
a sobě hádky dávajú.
Kdo ten Dunaj přeplave,
ten to děvče dostane, heja hej!
A ten šohaj, mladý pán,
podepřel si své boky,
a pluje v Dunaj hluboký.
Dyž ku konci doplaval,
vesele si zazpíval, heja hej.
Hoja, chlapci, zpívejte vesele,
už to děvče moje je!
18. Madrigal II
Ej, jeden hájek,
dva hájíčky zelené,
ej, kdo vás bude dneska večer milovat,
moje líčka červené?
Ej, škoda teba, škoda mňa,
škoda teba nastokrát,
ej, nechtělas ně otevřít,
nechalas ňa venku stát.
19. Madrigal III
Na tom světě nic stálého,
on je všecek márny,
moje leta taky idú rovně s hodinami.
A dyž přijde amen,
složá na mne kámen,
duša v skrušenosti
FOUR MADRIGALS
(Moravian popular songs)
17. Madrigal I
On the other side of the Danube,
Yonder, the boys meet
And they argue.
The one who crosses the Danube,
Gets the girl. Heya, hey!
And one young man, a lad,
With his hands on his hips,
He sailed on the deep Danube.
Then as he swam to the bank,
Joyfully he sang, Heya, hey,
Oh, boys, sing merrily,
The girl is mine!
18. Madrigal II
Hey, there’s a grove,
Two small green groves,
Ah, who will love you tonight,
My rosy-cheeked girl?
Hey, it’s a pity for you, a pity for me,
A pity a hundred times,
Hey, you didn’t want to let me in,
You left me outside.
19. Madrigal III
In this world, nothing
Is permanent, all is in vain,
And my years fly by
And when the end comes,
I shall be buried;
My contrite soul
QUATRE MADRIGAUX
(Chansons populaires moraves)
17. Madrigal I
Là-bas de l´autre côté du Danube,
Là-bas se rencontrent les garçons
Et ils se disputent.
Qui traverse le Danube,
Gagnera cette fille, hé hé hé !
Et le garçon, un jeune homme,
mit ses mains sur sa taille,
et navigua sur le profond Danube.Quand il
approcha (en nageant) de la berge,
Il chanta joyeusement, hé hé hé.
Oh, les garçons, chantez joyeusement,
La fille est déjà mienne !
18. Madrigal II
Hé, un petit bosquet,
Deux petits bosquets verts,
Hé, qui vous aimera ce soir,
Mes joues rouges ?
Hé, dommage pour toi, dommage pour moi
Dommage cent fois,
Hé, tu n’as pas voulu m´ouvrir,
Tu m’as laissé dehors.
19. Madrigal III
Au monde rien n’est stable,
Tout est vain,
Mes années filent avec le temps
Et quand la fin sera venue,
On m´enterrera,
L´âme dans la componction

půjde do věčnosti
na examen.
Tentokráte se každý doví,
jaké to tam bude.
Budem-li mět dobré skutky,
dobře nám tam bude.
Ale ty zlé skutky,
ty nás budú hrýzti
po všechny věky.
Ale ty zlé skutky,
to budou zármutky
až po všechny věky, amen.
20. Madrigal IV
Will be sent
To be judged.
This time, everyone
Will know what it is.
If we do good deeds,
We’ll be happy yonder,
But bad deeds
Will bring us remorse
For ever more.
Bad deeds
Will mean sadness
For ever more. Amen.
20. Madrigal IV
Sera renvoyée
Pour être examinée.
Cette fois, tout le monde saura
Ce que c´est.
Si nous faisons bien,
Nous serons bien là-bas.
Mais les méfaits
Nous donneront des remords
Pour l’éternité.
Les méfaits
Seront tristesse
Pour l’éternité. Amen.
20. Madrigal IV
A ty si myslíš,
Že nevyem,
Ked’ty, já nyšt nepovyem,
Já vyem, čo študyruješ a kterú miluješ,
Ver, že o tom dobré vyem.
Ah, you think
I don’t know;
If you say nothing, I’ll say nothing either.
I know you’re looking for a girl to love,
Believe me, I know it.
Toi tu penses
Que je ne sais pas
Si tu ne dis rien, je ne dis rien non plus.
Je sais que tu cherches une fille à aimer,
Crois-moi, je le sais bien.
Tvoju tajnost dávno znám,
Po tebe ju poznávám,
Že myléj tu nemáš,
Sebe inú hladáš,
Hladaj si ju, hladaj, já nedbám.
Hladaj si ju, já nedbám,
O to sa málo starám.
Pozbudem milého, dostanem jiného,
O to se málo starám.
Zpomeň, milá, na sebe,
čo som vystál pro tebe,
Jak v zimě, tak v letě,
Velkém dešti, blátě,
Chodzyval sem k tebe.
I’ve known your secret for a long time,
I can tell from the way you behave:
You have no sweetheart here,
You’re looking for one.
Look for one, look, I don’t care,
Look for one, I don’t care,
It’s none of my business.
If I lost my sweetheart, I’d find another one.
I don’t care.
Remember, my sweetheart,
How I suffered for you,
Come winter, come summer,
In the rain and the mud,
When I passed before your house.
Ton secret, je le connais déjà depuis longtemps,
Je le lis dans ton comportement :
Tu n´as pas ici de bien-aimée,
Tu en cherches une.
Cherche-la, je m´en moque,
Cherche-la, je m´en moque,
Cela ne me regarde pas.
Si je perdais mon bien-aimé, j´en trouverais un autre,
Je ne m´en soucie pas.
Souviens-toi, ma bien-aimée,
Combien j´ai souffert pour toi,
L´hiver, l´été,
Sous la pluie, dans la boue,
Quand je passais devant chez toi.

THREE SONGS
(Texts by the composer)
21. Nicolette
Nicolette at eventide
Went walking in the meadow
To pick daisy,
Jonquil and lily-of-the-valley.
Skipping and bright,
She sought here, there, everywhere.
She met a grunting old wolf,
His coat a-bristle, with flashing eye.
'Ho, there! my Nicolette,
Are you coming to Grandma's?'
Nicolette fled, till she was out of breath,
Leaving behind her cap and white pattens.
She met a handsome young page
With hose of blue and grey doublet.
'Ho, there, my Nicolette!
Don't you want a sweetheart?'
Being a good girl, very slowly
Poor Nicolette turned away
For she was quite downhearted.
She met a hoary old lord,
Twisted, ugly, stinking and pot-bellied.
'Ho, there, my Nicolette!
Don't you want all these ducats?'
ln a trice good Nicolette
Was in his arms, and ne’er again
To the meadow did she return.
22. Three fine birds of paradise
Three fine birds of paradise
(My sweetheart's off at the wars)
TROIS CHANSONS
(Textes du compositeur)
21. Nicolette
Nicolette, à la vesprée,
S'allait promener au pré,
Cueillir la pâquerette,
La jonquille et le muguet.
Toute sautillante, toute guillerette,
Lorgnant ci, là, de tous les côtés.
Rencontra vieux loup grognant
Tout hérissé, l'œil brillant:
" Hé là ! ma Nicolette,
Viens-tu pas chez Mère Grand ? "
A perte d'haleine, s'enfuit Nicolette,
Laissant là cornette et socques blancs.
Rencontra page joli,
Chausses bleues et pourpoint gris:
" Hé là! ma Nicolette,
Veux-tu pas d'un doux ami ? "
Sage, s'en retourna,
Pauvre Nicolette,
Très lentement le cœur bien marri.
Rencontra seigneur chenu,
Tors, laid, puant et ventru.
" Hé là! ma Nicolette,
Veux-tu pas tous ces écus ? "
Vite fut en ces bras,
Bonne Nicolette,
Jamais au pré n'est plus revenue.
22. Trois beaux oiseaux du paradis
Trois beaux oiseaux du Paradis
(Mon ami z-il est à la guerre)

Three fine birds of paradise
Came along this way.
The first was bluer than the sky,
(My sweetheart's off at the wars)
The second was the colour of snow,
The third vermilion red.
'Fine little birds of paradise,
(My sweetheart's off at the wars),
Fine little birds of paradise,
What do you bring here?'
'I bring eyes the colour of the sky
(Your sweetheart's off at the wars)’
‘And on your lovely snow-white brow
I must place a kiss, purer still.'
Red bird of paradise,
(My sweetheart's off at the wars),
Red bird of paradise,
What do you thus bear?
'A pretty crimson heart
(Your sweetheart's off at the wars)'
'Ah! I feel my heart grow cold...
Take it away as well.'
23. Round
The old women:
Go not to Ormonde wood,
Young maidens, go not to the wood:
It's full of satyrs,
Centaurs, wily sorcerers,
Goblins and incubuses,
Ogres, mischievous sprites,
Fauns, pixies, tamias,
Trois beaux oiseaux du Paradis
Ont passé par ici.
Le premier était plus bleu que le ciel,
(Mon ami z-il est à la guerre)
Le second était couleur de neige,
Le troisième rouge vermeil.
" Beaux oiselets du Paradis,
(Mon ami z-il est à la guerre)
Beaux oiselets du Paradis,
Qu'apportez par ici ? "
" J'apporte un regard couleur d'azur
(Ton ami z-il est à la guerre) "
" Et moi, sur beau front couleur de neige,
Un baiser dois mettre, encore plus pur. "
Oiseau vermeil du Paradis,
(Mon ami z-il est à la guerre)
Oiseau vermeil du Paradis,
Que portez vous ainsi ?
" Un joli cœur tout cramoisi
(Ton ami z-il est à la guerre) "
Ha ! je sens mon cœur qui froidit...
Emportez-le aussi.
23. Ronde
Les vieilles :
N'allez pas au bois d'Ormonde,
Jeunes filles, n'allez pas au bois :
Il y a plein de satyres,
de centaures, de malins sorciers,
Des farfadets et des incubes,
Des ogres, des lutins,
Des faunes, des follets, des lamies,

Devils, little devils, imps,
Goat-footed creatures, gnomes, demons,
Werewolves, elves, myrmidons,
Wizards and seers,
Vampires, sylphs,
Bogeymen,
Cyclops, djinns,
Hobgoblins, leprechauns,
Necromans, kobolds...
Ah!
Go not to Ormonde wood,
Go not to the wood.
The old men:
Go not to Ormonde wood,
Young boys, go not to the wood:
It's full of she-fauns,
Bacchantes and wicked fairies,
Boys, go not to the wood.
Satyresses, ogresses,
And bogeymen,
She-centaurs, she-devils,
Ghouls from a witches' sabbath,
Brownies and she-demons,
Ghosts, nymphs,
She-myrmidons,
There are many demons
Hamadryads, dryads, naiads,
Maenads, thyiads,
She-sprites, lemures,
Gnomides, succubi,
Gorgons, she-goblins…
Go not to Ormonde wood,
Go not to the wood.
Diables, diablots, diablotins,
Des chèvre-pieds, des gnomes, des démons,
Des loups-garous, des elfes, des myrmidons,
Des enchanteurs et des mages,
Des stryges, des sylphes,
Des moines-bourrus,
Des cyclopes, des djinns,
Gobelins, korrigans,
Nécromants, kobolds...
Ah !
N'allez pas au bois d'Ormonde,
N'allez pas au bois.
Les vieux :
N'allez pas au bois d'Ormonde,
Jeunes garçons, n'allez pas au bois:
Il y a plein de faunesses,
De bacchantes et de males fées,
Garçons, n'allez pas au bois.
Des satyresses, des ogresses,
Et des babaiagas,
Des centauresses et des diablesses,
Goules sortant du sabbat,
Des farfadettes et des démones,
Des larves, des nymphes,
Des myrmidones,
Il y a plein de démones,
D'hamadryades, dryades, naïades,
Ménades, thyades,
Follettes, lémures,
Gnomides, succubes,
Gorgones, gobelines...
N'allez pas au bois d'Ormonde.
N'allez pas au bois.

The maidens / The boys:
We'll go no more to Ormonde wood,
Alas! We'll go no more to the wood.
There are no more satyrs,
No more nymphs and wicked fairies;
No more goblins, no more incubuses,
No more ogres, mischievous sprites,
No more ogresses,
Fauns, pixies, lamias,
Devils, little devils, imps,
Satyresses, no.
Goat-footed creatures, gnomes,
Demons.
No more she-fauns, no!
Nor werewolves, elves,
Or myrmidons.
No more wizards or seers,
Vampires, sylphs,
Or bogeymen,
Centauresses, naiads,
Or thyiads;
Nor maenads, hamadryads,
Or dryads,
She-sprites, lemures,
Gnomides, succubi,
Gorgons. she-goblins,
Cyclops, djinns, hobgoblins,
Evil spirits, aegypans,
Sylvans, goblins, leprechauns,
Necromans, kobolds...
Ah!
Go not to Ormonde wood,
Go not to the wood.
The blundering old women,
The blundering old men
Have frightened them all away – Ah!
Les filles / Les garçons :
N'irons plus au bois d'Ormonde,
Hélas ! Plus jamais n'irons au bois.
Il n'y a plus de satyres,
Plus de nymphes ni de males fées.
Plus de farfadets, plus d'incubes,
Plus d'ogres, de lutins,
Plus d'ogresses,
De faunes, de follets, de lamies,
Diables, diablots, diablotins,
De satyresses, non.
De chèvre-pieds, de gnomes,
De démons,
Plus de faunesses, non !
De loups-garous, ni d'elfes,
De myrmidons.
Plus d'enchanteurs ni de mages,
De stryges, de sylphes,
De moines-bourrus,
De centauresses, de naïades,
De thyades,
Ni de ménades, d'hamadryades,
Dryades,
Follettes, lémures,
Gnomides, succubes,
Gorgones, gobelines,
De cyclopes, de djinns, de diabloteaux,
D'éfrits, d'aegypans,
De sylvains, gobelins, korrigans,
Nécromans, kobolds...
Ah !
N'allez pas au bois d'Ormonde,
N'allez pas au bois.
Les malavisées vieilles,
Les malavisés vieux
Les ont effarouchés – Ah !

SEVEN SONGS
24. The White Snow
(Poem by G. Apollinaire, from Alcools, 1913)
Angels, angels in the sky
One is dressed as an officer
Another is dressed as a cook
And the others sing
Handsome officer colour of the sky
Long after Christmas, the sweet spring
Will present you with the medal
Of a fine sun.
The cook plucks his geese.
Ah! the snow is falling
Falling and if only I had
My beloved in my arms ...
25. Hardly disfigured
(Poem by P. Éluard, from La vie immédiate, 1932)
Farewell, sadness,
Good day, sadness.
You are inscribed in the lines on the ceiling
You are inscribed in the eyes I love
You are not quite misery itself
For the poorest lips betray you
With a smile.
Good day, sadness
Love of kind souls
Power of love,
Whose kindness rises up
Like a bodiless monster
Disappointed face
Sadness, lovely face
SEPT CHANSONS
24. La Blanche Neige
(Poème de G. Apollinaire, extrait de Alcools, 1913)
Les anges les anges dans le ciel
L'un est vêtu en officier
L'un est vêtu en cuisinier
Et les autres chantent
Bel officier couleur du ciel
Le doux printemps longtemps après Noël
Te médaillera
D'un beau soleil.
Le cuisinier plume les oies
Ah ! tombe neige
Tombe et que n'ai-je
Ma bien-aimée entre mes bras…
25. A peine défigurée
(Poème de P. Éluard, extrait de La vie immédiate, 1932)
Adieu tristesse
Bonjour tristesse
Tu es inscrite dans les lignes du plafond
Tu es inscrite dans les yeux que j’aime
Tu n’es pas tout à fait la misère
Car les lèvres les plus pauvres te dénoncent
Par un sourire
Bonjour tristesse
Amour des corps aimables
Puissance de l’amour
Dont l’amabilité surgit
Comme un monstre sans corps
Tête désappointée
Tristesse beau visage

26. A new night
(Poem by P. Éluard, from La vie immédiate, 1932)
Woman with whom I lived
Woman with whom I live
Woman with whom I shall live
Always the same.
You need a red coat
Red gloves a red mask
And black stockings
Motives proof
To see you quite naked
Pure nakedness oh perfect finery.
Your breasts oh my heart!
27. Every right
(Poem by P. Éluard, from La vie immédiate, 1932)
Feign
The florid shadow of hanging flowers in the spring
The shortest day of the year and the Eskimo night
The agony of autumn visionaries
The scent of roses, the clever nettle’s sting
Hang out transparent clothes
ln the clearing of your eyes
Show the devastation of fire its inspired deeds
And paradise in its ashes
The abstract phenomenon fighting
With the hands of the clock
The wounds of truth
unbending oaths
Show yourself
You can come out in a dress of crystal
Your beauty is everlasting
Your eyes shed tears
caresses, smiles
Your eyes have no secrets
No limits.
26. Par une nuit nouvelle
(Poème de P. Éluard, extrait de La vie immédiate, 1932)
Femme avec laquelle j’ai vécu
Femme avec laquelle je vis
Femme avec laquelle je vivrai
Toujours la même.
Il te faut un manteau rouge
Des gants rouges un masque rouge
Et des bas noirs
Des raisons des preuves
De te voir toute nue
Nudité pure ô parure parée
Seins ô mon cœur !
27. Tous les droits
(Poème de P. Éluard, extrait de La vie immédiate, 1932)
Simule
L’ombre fleurie des fleurs suspendues au printemps
Le jour le plus court de l’année et la nuit esquimau
L’agonie des visionnaires de l’automne
L’odeur des roses la savante brûlure de l’ortie
Étends des linges transparents
Dans la clairière de tes yeux
Montre les ravages du feu ses œuvres d’inspiré
Et le paradis de sa cendre
Le phénomène abstrait luttant
Avec les aiguilles de la pendule
Les blessures de la vérité
les serments qui ne plient pas
Montre-toi
Tu peux sortir en robe de cristal
Ta beauté continue
Tes yeux versent des larmes
des caresses des sourires
Tes yeux sont sans secret
Sans limites.

28. Beautiful and lifelike
(Poem by P. Éluard, from La vie immédiate, 1932)
A face at the end of the day,
A cradle in the day’s dead leaves.
A bouquet of naked rain,
Not a ray of sun in sight,
Every well-spring beneath the water
Every mirror of mirrors broken.
A face suspended in silence,
A stone amongst other stones
Thrown from the sling by the last light of day.
A face like all forgotten faces.
A cradle in the day’s dead leaves.
A bouquet of naked rain,
Not a ray of sun in sight.
29. Marie
(Poem by G. Apollinaire, from Alcools, 1913)
As a little girl you danced
Will you dance there as a grandmother
Clappers rebounding
All the bells will ring
When will you return Marie
The masques are silent
And the music is so distant
That it seems to come from the heavens
Yes, I want to love you, but only a little
Then my heartache will be a delight
Sheep go by in the snow,
Flakes of wool and those of silver
Soldiers pass by and if only I had
A heart in me this fickle heart
Fickle but then how do I know
28. Belle et ressemblante
(Poème de P. Éluard, extrait de La vie immédiate, 1932)
Un visage à la fin du jour,
Un berceau dans les feuilles mortes du jour.
Un bouquet de pluie nue,
Tout soleil caché,
Toute source des sources au fond de l'eau,
Tout miroir des miroirs brisés.
Un visage dans les balances du silence.
Un caillou parmi d'autres cailloux
Pour les frondes des dernières lueurs du jour.
Un visage semblable à tous les visages oubliés.
Un berceau dans les feuilles mortes,
Un bouquet de pluie nue.
Tout soleil caché.
29. Marie
(Poème de G. Apollinaire, extrait de Alcools, 1913)
Vous y dansiez petite fille
Y danserez-vous mère-grand
C'est la maclotte qui sautille
Toutes les cloches sonneront
Quand donc reviendrez-vous Marie
Les masques sont silencieux
Et la musique est si lointaine
Qu'elle semble venir des cieux
Oui je veux vous aimer mais vous aimer à peine
Et mon mal est délicieux
Les brebis s'en vont dans la neige
Flocons de laine et ceux d'argent
Des soldats passent et que n'ai-je
Un cœur à moi ce cœur changeant
Changeant et puis encor que sais-je

Do I know where your hair will go
Curly as foam-flecked sea
Do I know where your hair will go
And your hands like autumn leaves
Scattered too by our promises
I was walking by the Seine
With an old book under my arm
The river is like my heartache
lt flows and never runs dry
Oh when will the week end
Oh when will you return Marie
30. Gleaming
(Poem by G. Apollinaire, from Alcools, 1913)
Irreproachably cultivated earth,
Sweetness of dawn, blossoming sun,
Runner clutching by a thread onto the sleeper
(Bond of understanding)
And throwing him over his shoulder says:
'He has never been so new,
He has never been so heavy.’
Worn, he will become lighter,
Useful.
Bright summer sun with
lts warmth, gentleness, stillness
And, quickly,
The flower-carriers of the air touch the ground.
Sais-je où s'en iront tes cheveux
Crépus comme mer qui moutonne
Sais-je où s'en iront tes cheveux
Et tes mains feuilles de l'automne
Que jonchent aussi nos aveux
Je passais au bord de la Seine
Un livre ancien sous le bras
Le fleuve est pareil à ma peine
Il s'écoule et ne tarit pas
Quand donc finira la semaine
Quand donc reviendrez-vous Marie
30. Luire
(Poème de G. Apollinaire, extrait de Alcools, 1913)
Terre irréprochablement cultivée,
Miel d’aube, soleil en fleurs,
Coureur tenant encore par un fil au dormeur
(Nœud par intelligences)
Et le jetant sur son épaule :
« Il n’a jamais été plus neuf
Il n’a jamais été si lourd »
Usure, il sera plus léger,
Utile.
Clair soleil d’été avec
Sa chaleur, sa douceur, sa tranquillité,
Et, vite,
Les porteurs de fleurs en l’air touchent de la terre.
SIX SONGS
(poems by R. M. Rilke, from Vergers, 1926)
31. The Doe
O doe, what fair ancient forest depths
appear in your eyes reflected!
What confidence serene
SIX CHANSONS
(poèmes de R. M. Rilke, extraits de Vergers, 1926)
31. La Biche
Ô la biche : quel bel intérieur
d'anciennes forêts dans tes yeux abonde ;
combien de confiance ronde

Mixed with how much fear.
All this, borne by the brisk
Gracility of your bounds!
But nothing ever disturbs
the unpossessive
unawareness of your brow.
32. A Swan
A swan moves o’er the water
All wrapped up in itself,
Like a gliding tableau;
And so, at certain moments
A beloved being seems
Just like a moving space;
He draws near, doubled
Like this swan which swims,
Across our troubled soul…
Which adds to this being
The quivering image
Of happiness and doubt.
33. Since everything passes
Since everything passes,
Let us make fleeting melody.
The one that refreshes us
Shall alone prevail.
Let us sing of that which is leaving us
With love and art;
Let us be quicker,
Than its swift departure.
34. Springtime
O melody of the sap
Rising in the instruments
Of all these trees,
mêlée à combien de peur.
Tout cela, porté par la vive
gracilité de tes bonds.
Mais jamais rien n'arrive
à cette impossessive
ignorance de ton front.
32. Un Cygne
Un cygne avance sur l'eau
tout entouré de lui-même,
comme un glissant tableau ;
ainsi à certains instants
un être que l'on aime
est tout un espace mouvant.
Il se rapproche, doublé,
comme ce cygne qui nage,
sur notre âme troublée...
qui à cet être ajoute
la tremblante image
de bonheur et de doute.
33. Puisque tout passe
Puisque tout passe, faisons
la mélodie passagère ;
celle qui nous désaltère,
aura de nous raison.
Chantons ce qui nous quitte
avec amour et art ;
soyons plus vite
que le rapide départ.
34. Printemps
O mélodie de la sève
qui dans les instruments
de tous ces arbres s'élève,

Accompany the song
Of our too-short voices.
’Tis but for a few measures
That we follow
The endless variations
Of your long ecstasy,
O abundant nature.
After our song is ended,
Others will assume the part.
But meanwhile what can I do
To make my whole heart
A complement to you?
35. In Winter
In winter murderous Death
Enters the houses;
He seeks out sister and father,
And plays to them on the fiddle.
But when the spade turns
The earth in springtime,
Death runs through the streets,
And greets passers-by.
36. Orchard
Never is the earth more real
Than in your branches, O fair orchard,
Nor more airy than in the tracery
Of your lacy shadows upon the grass.
There we encounter what remains to us,
That which sustains and nourishes,
Along with the manifest passing
Of an infinite tenderness.
But at your centre the calm fountain,
Almost slumbering in its ancient circle,
Of these contrasts speaks hardly at all
Since of them it is so truly a part.
Accompagne le chant
de notre voix trop brève.
C'est pendant quelques mesures
seulement que nous suivons
les multiples figures
de ton long abandon,
ô abondante nature.
Quand il faudra nous taire,
d'autres continueront...
Mais à présent comment faire
pour te rendre mon
grand cœur complémentaire ?
35. En Hiver
En hiver, la mort meurtrière
entre dans les maisons ;
elle cherche la sœur, le père,
et leur joue du violon.
Mais quand la terre remue,
sous la bêche du printemps,
la mort court dans les rues
et salue les passants.
36. Verger
Jamais la terre n'est plus réelle
que dans tes branches, ô verger blond,
ni plus flottante que dans la dentelle
que font les ombres sur le gazon.
Là se rencontre ce qui nous reste,
ce qui pèse et ce qui nourrit,
avec le passage manifeste
de la tendresse infinie.
Mais à ton centre la calme fontaine,
presque dormant en son ancien rond,
de ce contraste parle à peine,
tant en elle il se confond.

Sing modestly. Do not bawl, so as to be heard above or distinct from the others, that you may not destroy the harmony; but strive to unite
your voices together, so as to make one clear melodious sound.
John Wesley, from Selected Hymns, 1761
Chantez modestement. Afin de ne pas détruire l’harmonie, ne cherchez pas, en criant, à vous faire entendre individuellement ; mais efforcezvous
d’unir vos voix pour créer un unique son clair et mélodieux.
John Wesley, Selected Hymns, 1761
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