Mise en page NUM - eClassical
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À travers ce deuxième volume de musique profane, l’<strong>en</strong>semble<br />
vocal Aedes continue son exploration du répertoire choral a<br />
cappella des XX e et XXI e siècles. Dans le prolongem<strong>en</strong>t du<br />
premier <strong>en</strong>registrem<strong>en</strong>t (Ludus verbalis, Eloqu<strong>en</strong>s EL1128), nous<br />
avons sélectionné sept cycles où le mot, sa sonorité, et l’espace<br />
de jeu et d’imaginaire qu’il dégage, sont au c<strong>en</strong>tre de la création<br />
musicale.<br />
L’éclectisme est ainsi une nouvelle fois de mise : aux côtés de<br />
William Butler Yeats, Rainer Maria Rilke et Guillaume<br />
Apollinaire, nous retrouvons William Shakespeare et Paul Éluard.<br />
Nous avons par ailleurs choisi, pour ce disque, des textes<br />
anonymes légués par des peuples et des traditions, issus de<br />
l’Angleterre moy<strong>en</strong>âgeuse ou du folklore morave, ainsi qu’un<br />
cycle dont l’écrivain n’est autre que le compositeur lui-même.<br />
À nouveau, plusieurs critères ont guidé nos choix : l’alternance<br />
de grands classiques de la musique vocale et de <strong>page</strong>s moins<br />
célèbres du répertoire, une commande à un compositeur, la<br />
représ<strong>en</strong>tation de plusieurs pays de grande tradition chorale, la<br />
prépondérance de la chanson savante.<br />
Il nous a égalem<strong>en</strong>t paru intéressant d’illustrer la manière dont<br />
la culture et la tradition littéraires d’un pays peuv<strong>en</strong>t modeler,<br />
inspirer, infléchir voire parfois imposer un mode d’écriture<br />
musicale et vocale, notamm<strong>en</strong>t lorsque le compositeur<br />
s’approprie une langue qui n’est pas la si<strong>en</strong>ne.<br />
Sacred and Profane de B<strong>en</strong>jamin Britt<strong>en</strong> ouvre ce disque. Les<br />
textes sacrés, à l’image des textes profanes, y sont traités à la<br />
manière de madrigaux dépeignant des passions humaines. Ce<br />
cycle présage les deux derniers volumes qui compléteront<br />
cette série.<br />
Écrit un an avant sa mort par un compositeur à l’apogée de sa<br />
p<strong>en</strong>sée musicale, Sacred and Profane est un cycle fascinant<br />
qui prés<strong>en</strong>te une grande variété de styles et d’humeurs.<br />
L’amour charnel, l’amour divin, le divertissem<strong>en</strong>t champêtre…<br />
La musique ciselée magnifie les textes (profanes comme<br />
sacrés, <strong>en</strong> anci<strong>en</strong> anglais), notamm<strong>en</strong>t le dernier numéro dans<br />
lequel B<strong>en</strong>jamin Britt<strong>en</strong> (1913-1976) raconte <strong>en</strong> musique<br />
toutes les étapes de la mort d’un homme qui ne semble pas<br />
<strong>en</strong> être affecté !<br />
Nous souhaitions à notre manière prolonger cette grande<br />
tradition chorale anglaise <strong>en</strong> passant commande <strong>en</strong> 2011<br />
d’une œuvre au compositeur anglais Philip Lawson (né <strong>en</strong><br />
1957). « Depuis longtemps je suis un admirateur de la poésie<br />
de W. B. Yeats ; alors, quand l’Ensemble vocal Aedes m’a<br />
demandé de composer un cycle de trois pièces, j’ai tout de<br />
suite cherché à constituer pour le chœur une trilogie de ses<br />
poèmes. Ma petite séqu<strong>en</strong>ce retrace l'amour d'un homme<br />
pour une jeune femme. Au début, il <strong>en</strong>vie apparemm<strong>en</strong>t son<br />
innoc<strong>en</strong>ce, car elle n’a pas <strong>en</strong>core été blessée par l'amour. Le<br />
second mouvem<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>te le célèbre poème d'adoration,<br />
Had I the heav’n’s embroidered cloths, et dans le dernier, le<br />
poète imagine la jeune fille comme une vieille femme, et<br />
espère qu'elle se souvi<strong>en</strong>dra de lui, le “seul homme [qui] aima<br />
<strong>en</strong> toi l'âme de pèlerin”. »<br />
Quand Frank Martin (1890-1974), compositeur suisse et<br />
contemporain de Britt<strong>en</strong>, compose les Songs of Ariel <strong>en</strong> 1950,<br />
il ne se cont<strong>en</strong>te pas de mettre <strong>en</strong> musique des extraits de La<br />
Tempête de William Shakespeare : l’ag<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t du texte<br />
anglais et sa sonorité sembl<strong>en</strong>t « déteindre » sur son<br />
imagination et conduire son écriture musicale sur le chemin<br />
des maîtres anglais, tout <strong>en</strong> gardant la maîtrise de son propre<br />
langage musical, fondé notamm<strong>en</strong>t sur un singulier emploi