L'INDUSTRIE MUSICALE Ã L'AUBE DU XXIe SIÃCLE - Irma
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INTRO<strong>DU</strong>CTION<br />
Prendre au sérieux l’industrie musicale<br />
Jacob T. MATTHEWS<br />
Financés par la fondation des Maisons des Sciences de l’Homme et<br />
l’Université Paris 8, les travaux ayant nourri cet ouvrage 1 émanent d’une<br />
double interrogation. D’abord, il nous a semblé que les délimitations<br />
courantes des diverses composantes de l’industrie musicale devaient être<br />
fondamentalement réexaminées. Il s’agissait ainsi de s’interroger sur la<br />
viabilité, notamment à l’ère des réseaux numériques, du modèle traditionnel<br />
de structuration de la filière entre des acteurs alternatifs/indépendants, d’un<br />
côté, et l’oligopole, les majors, de l’autre. Nous sommes en effet partis de<br />
l’hypothèse que ladite « crise » de l’industrie musicale était peut-être à<br />
concevoir comme un bouleversement des équilibres traditionnels, une<br />
mutation de la structuration de cette filière. Cette intensification de<br />
partenariats et de collaborations relativement inédits, entre acteurs de tailles<br />
différentes et aux logiques fort diverses a été pressenti par Bernard Miège<br />
dès la fin des années 1990 :<br />
« [les industries du contenu] connaîtront effectivement l’essor<br />
généralement attendu (…) seulement si l’auto-médiation laisse la<br />
place – hypothèse maintenant très vraisemblable – à<br />
l’intermédiation, c’est-à-dire à la multiplication (et à la<br />
superposition) d’espaces de médiations individuels et collectifs,<br />
de dimension très variable, fonctionnant ou non dans une<br />
temporalité instantanée et impulsés selon les cas par des agents<br />
sociaux spécialisés ; ces espaces sont susceptibles de se<br />
constituer en “places de marché”. Et si cette perspective se<br />
vérifie, ce n’est pas à la fin des médiations qu’il faut s’attendre,<br />
mais au contraire à leur renforcement, ou plutôt à leur<br />
prolifération. » (MIÈGE, 2000 : 101)<br />
Notre travail d’observation et d’analyse des rapports entre les différents<br />
acteurs de l’industrie musicale s’est accompagné d’un second constat<br />
préliminaire, à savoir que cette « crise » apparaît en même temps comme<br />
l’occasion d’expérimenter un certain nombre de nouvelles modalités de<br />
valorisation économique de la musique. En attestent aussi bien l’importance<br />
croissante de la promotion en ligne et du marketing dit « viral », ainsi que la