QuARTiers : les projets participatifs dans la - Banlieues d'Europe
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C'est une vieille rengaine, mais il se joue toujours en<br />
France une bataille entre l’État et <strong>les</strong> collectivités loca<strong>les</strong>. C’est<br />
d’autant plus vrai sur le terrain de <strong>la</strong> politique de <strong>la</strong> ville que<br />
celle-ci se fonde a priori sur le soutien du premier aux secondes.<br />
Première conséquence selon C<strong>la</strong>ude Di<strong>la</strong>in, maire de Clichy-sous-<br />
Bois entre 1995 et 2011 : « Si <strong>la</strong> politique de <strong>la</strong> ville n'est pas<br />
défendue au plus haut niveau de l'État par un Premier ministre<br />
capable de mobiliser tous <strong>les</strong> ministères, [elle] ne peut résoudre<br />
<strong>les</strong> problèmes des banlieues <strong>les</strong> plus diffici<strong>les</strong>, quelle que soit <strong>la</strong><br />
volonté affichée par <strong>les</strong> ministres ou secrétaires d'État successifs. »<br />
Vu l’absence d’évolution réelle malgré le remp<strong>la</strong>cement d’une<br />
secrétaire d’État (Fade<strong>la</strong> Amara) par un ministre (Maurice Leroy)<br />
en novembre 2010, <strong>la</strong> thèse du maire de Clichy-sous-Bois semble<br />
pertinente. Seconde conséquence : <strong>les</strong> contrats étant évalués par<br />
l’État, <strong>les</strong> collectivités sont incitées à suivre <strong>les</strong> axes prioritaires<br />
définis par l’administration centrale pour continuer à bénéficier de<br />
ses bonnes grâces. Avec un effet pervers : que l’État soit perçu<br />
comme un financeur et non comme un véritable partenaire.<br />
Pour sortir de ces rapports stéri<strong>les</strong>, <strong>les</strong> collectivités revendiquent<br />
régulièrement leur indépendance au point que Gérard Hamel et<br />
Pierre André en ont fait une des principa<strong>les</strong> préconisations du<br />
rapport qu'ils ont rendu en septembre 2009. Sous-entendant que<br />
<strong>les</strong> élus locaux connaissent leurs administrés mieux que quiconque,<br />
le député de l’Eure-et-Loir et le sénateur de l’Aisne insistaient<br />
pour que « <strong>les</strong> acteurs légitimes de proximité [<strong>la</strong> commune ou<br />
l’intercommunalité] disposent d’une autonomie renforcée pour cibler,<br />
en concertation avec l’État, leurs champs d’action en direction des<br />
quartiers et des publics qui justifient une intervention soutenue. »<br />
De fait, ce renforcement a eu lieu puisque <strong>les</strong> vil<strong>les</strong>, officiellement,<br />
pilotent <strong>les</strong> contrats. Mais le flou qui entoure <strong>la</strong> politique de<br />
<strong>la</strong> ville depuis quelques années, le report de <strong>la</strong> révision de <strong>la</strong><br />
géographie prioritaire qui ne sera probablement pas actée avant<br />
2014, le désengagement de l’État et <strong>la</strong> baisse des budgets publics,<br />
imposent aux collectivités de reprendre <strong>la</strong> main.<br />
C<strong>la</strong>ude Touchefeu, élue à <strong>la</strong> politique de <strong>la</strong> ville et aux<br />
solidarités à Toulouse, témoigne de cette évolution.<br />
<br />
e n-<br />
tretien<br />
avec C<strong>la</strong>ude Touchefeu<br />
Après l’annonce en 2009, puis en 2010, d’une possible renégociation<br />
des Contrats urbains de cohésion sociale (CUCS), on a appris en<br />
novembre 2010 qu’ils seraient prorogés jusqu’en 2014. Qu’est-ce<br />
que ce<strong>la</strong> a signifié pour <strong>la</strong> Ville de Toulouse ?<br />
Cette situation d’incertitude a pénalisé <strong>la</strong> nouvelle équipe<br />
municipale dirigée par Pierre Cohen depuis 2008. Nous<br />
envisagions de repenser collectivement un projet pour<br />
l’agglomération à partir des directives de l’État mais nous<br />
sommes restés le bec <strong>dans</strong> l’eau ! Aujourd’hui, notre volonté<br />
est de refonder nos propres orientations, indépendamment de<br />
l’État et du cadre qu’il était censé proposer.<br />
Une commune peut donc être, <strong>dans</strong> ce domaine, autonome vis-à-vis de l’État ?<br />
Avoir <strong>la</strong> soup<strong>les</strong>se de travailler indépendamment de l’État ne veut pas dire<br />
que nous revendiquons une autonomie absolue, ni qu’il doive se réduire à<br />
un simple financeur. Si nous avons pris cette décision, c’est par défaut. Ceci<br />
dit, une certaine autonomie est toujours possible d’autant que <strong>la</strong> politique<br />
de <strong>la</strong> ville ne se réduit pas aux CUCS. À<br />
Toulouse, nous nous servons des quartiers<br />
en difficulté comme de lieux pour évaluer <strong>les</strong><br />
besoins et <strong>la</strong> pertinence de certaines actions<br />
mais ces actions ne sont pas confinées sur<br />
<strong>les</strong> territoires prioritaires.<br />
Pourquoi ?<br />
C’est plus facile de suivre des tableaux<br />
de bord d’intervention qui finissent par<br />
devenir des sommes d’opérations, de<br />
réalisations, d’investissements. C’est<br />
plus difficile de définir des objectifs<br />
Comment cette approche globale de <strong>la</strong> ville peutelle<br />
se réaliser ?<br />
Notre comité de pilotage, par exemple, ne se<br />
limite pas au suivi des conventions passées<br />
avec l’ANRU mais se situe à l’échelle du<br />
grand projet de ville. C’est une position que<br />
nous défendons mais il faut avouer que<br />
nous avons du mal à le faire vivre de cette<br />
manière, c’est-à-dire à travailler avec <strong>les</strong><br />
différents partenaires à partir de leurs<br />
compétences respectives.<br />
stratégiques en matière d’évolution des situations socia<strong>les</strong>. Je pense<br />
par exemple à <strong>la</strong> façon dont il faut faire respecter <strong>les</strong> cartes sco<strong>la</strong>ires<br />
pour que <strong>les</strong> collégiens d’un quartier aillent <strong>dans</strong> <strong>les</strong> établissements<br />
censés <strong>les</strong> accueillir. Un tel objectif n’est pas consensuel ni facile à<br />
mettre en œuvre mais maintenant que nous savons travailler sur un<br />
p<strong>la</strong>n de rénovation urbaine, il est temps de passer à un autre niveau.<br />
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