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Douleur et pansements d'ulcères de jambes à domicile ... - CNRD

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<strong>Douleur</strong> <strong>et</strong> <strong>pansements</strong> d’ulcères <strong>de</strong> <strong>jambes</strong> à <strong>domicile</strong><br />

Gaillard isabelle, infirmière libérale, Poisat ( 38)<br />

Introduction<br />

Infirmière à <strong>domicile</strong>, je suis amenée à effectuer <strong>de</strong> nombreux <strong>pansements</strong> d’ulcères <strong>de</strong><br />

<strong>jambes</strong>. Les douleurs induites par ce soin m’ont souvent interpellée, <strong>et</strong> les prendre en charge<br />

s’est révélé être à mes yeux une priorité. Ce questionnement a été le thème <strong>de</strong> mon mémoire<br />

lors du Diplôme universitaire Plaies <strong>et</strong> cicatrisation, passé en 2007.<br />

Ce travail m’a permis <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en lumière les origines diverses <strong>de</strong> la douleur, ainsi que les<br />

différentes possibilités dont dispose le soignant pour y faire face en secteur extra hospitalier.<br />

Bien qu’ayant <strong>de</strong> nombreuses similitu<strong>de</strong>s avec celle qui serait proposée en structure <strong>de</strong> soin,<br />

la prise en charge <strong>de</strong> la douleur à <strong>domicile</strong> revêt certaines spécificités.<br />

La notion <strong>de</strong> travail en réseau y a toute son importance, <strong>et</strong> bien qu’étant seul au <strong>domicile</strong> du<br />

patient, l’infirmier est en lien avec <strong>de</strong> nombreux intervenants. La communication entre les<br />

différents professionnels <strong>de</strong> santé influence n<strong>et</strong>tement la qualité <strong>de</strong>s soins prodigués au<br />

patient.<br />

Je propose donc d’évoquer les différents aspects <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te prise en charge du patient.<br />

Pourquoi soulager la douleur ?<br />

Tout d’abord parce que c’est une obligation légale pour tout soignant. La loi du 4 mars 2002<br />

relative aux droits <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s, reconnaît le soulagement <strong>de</strong> la douleur comme un droit<br />

fondamental : « toute personne a le droit <strong>de</strong> recevoir <strong>de</strong>s soins visant à soulager sa douleur.<br />

Celle-ci doit être en toute circonstance prévenue, évaluée, prise en compte <strong>et</strong> traitée.»<br />

D’autre part, la douleur a <strong>de</strong> nombreux eff<strong>et</strong>s délétères sur le patient : A l’heure actuelle, il<br />

est prouvé que le cerveau réactive, à partir d’une douleur nouvelle, son patrimoine douleur. La<br />

douleur non soulagée lors d’un pansement entraînera une majoration <strong>de</strong>s douleurs ultérieures.<br />

Au fil du temps, les soins <strong>de</strong>viennent insupportables. Le patient ressent <strong>de</strong> l’appréhension, a<br />

peur <strong>de</strong>s soins, <strong>de</strong>vient irritable, jusqu’à refuser les soins. La relation avec le soignant peut se<br />

détériorer très rapi<strong>de</strong>ment.<br />

De plus, la douleur entraîne la libération <strong>de</strong> cytokines qui influent défavorablement sur les<br />

phénomènes cellulaires entrant en jeu lors <strong>de</strong> la cicatrisation.<br />

Pour le soignant, la douleur est également un obstacle: il est difficile <strong>de</strong> réaliser le soin <strong>de</strong><br />

manière efficace : Laver <strong>et</strong> déterger la plaie <strong>de</strong>vient problématique, <strong>de</strong> peur <strong>de</strong> faire mal. Des<br />

difficultés <strong>de</strong> positionnement vis a vis du soin peuvent apparaître : Une certaine ambivalence


survient, avec <strong>de</strong>ux concepts qui coexistent <strong>et</strong> s’opposent malgré tout : Le soin est source <strong>de</strong><br />

douleur, mais il soulage <strong>et</strong> guérit à plus long terme. S’il reste insuffisamment soulagé, il est<br />

redouté tant par le soignant que par le patient.<br />

<strong>Douleur</strong> <strong>et</strong> ulcère :<br />

L’ulcère est une plaie chronique douloureuse. A la douleur aigue liée aux soins, se mêle une<br />

douleur <strong>de</strong> fond, ressentie parfois tout au long <strong>de</strong> la journée.<br />

Il est reconnu que la douleur est plus ou moins intense selon l’ étiologie. L’ulcère artériel est<br />

considéré comme plus douloureux que l’ulcère veineux. Cependant l’évaluation <strong>et</strong> le<br />

traitement <strong>de</strong> la douleur ne peuvent en aucun cas reposer sur l’étiologie <strong>de</strong> l’ulcère !<br />

Un ulcère veineux peut se révéler extrêmement douloureux, la douleur étant ressentie <strong>et</strong> vécue<br />

<strong>de</strong> façon singulière <strong>et</strong> propre à chacun.<br />

<strong>Douleur</strong> <strong>et</strong> <strong>pansements</strong> : La réfection d’un pansement d’ulcère est répétée, voir quotidienne,<br />

<strong>et</strong> les douleurs induites sont d’origine nociceptives, pouvant éventuellement s’associer à <strong>de</strong>s<br />

douleurs psychogènes ou neuropathiques. Le déroulement d’un soin perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en<br />

lumière les manipulations susceptibles <strong>de</strong> provoquer <strong>de</strong>s douleurs plus ou moins violentes :<br />

Le r<strong>et</strong>rait du pansement, le n<strong>et</strong>toyage, la détersion mécanique <strong>de</strong> la plaie, la réfection du<br />

bandage sont autant d’étapes génératrices <strong>de</strong> douleurs . Nous verrons que chacun <strong>de</strong> ces gestes<br />

peut être effectué <strong>de</strong> façon à limiter les stimulations inutiles.<br />

L’incontournable évaluation : Elle est réalisée au moyen d’échelles validées, dont le choix<br />

est fonction <strong>de</strong>s capacités d’expression du patient. Les échelles unidimensionnelles sont <strong>de</strong>s<br />

outils simples <strong>et</strong> rapi<strong>de</strong>s d’utilisation : L’échelle visuelle analogique (EVA) , l’échelle verbale<br />

simple (EVS), l’échelle numérique simple (ENS) sont d’une gran<strong>de</strong> utilité lors <strong>de</strong>s soins. Le<br />

soignant doit s’approprier pleinement l’outil d’évaluation choisi, <strong>et</strong> l’intégrer à sa pratique.<br />

L’évaluation est réalisée avant, pendant <strong>et</strong> après le soin. L’évaluation qui précè<strong>de</strong> le soin<br />

perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en lumière une douleur <strong>de</strong> fond, indépendante <strong>de</strong> toute stimulation<br />

nociceptive. Durant le soin, elle perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> juger <strong>de</strong> l’impact douloureux <strong>de</strong>s différents gestes,<br />

<strong>et</strong> m<strong>et</strong> parfois en évi<strong>de</strong>nce l’insuffisance <strong>de</strong> la couverture antalgique. Le traitement sera ainsi<br />

réajusté en fonction <strong>de</strong> l’intensité <strong>de</strong> la douleur.


Evaluer nécessite d’entendre la souffrance du patient telle qu’elle est réellement. L’évaluation<br />

est réalisée par le patient, elle n’est en aucun cas une estimation du soignant, qui doit éviter<br />

<strong>de</strong> relier la douleur aux caractéristiques <strong>de</strong> la plaie (localisation, dimensions) <strong>et</strong> au <strong>de</strong>gré<br />

d’expression du patient (certaines douleurs peuvent ne pas être exprimées).<br />

Les différents traitements médicamenteux : Le choix <strong>de</strong>s antalgiques est réalisé par le<br />

mé<strong>de</strong>cin traitant, <strong>et</strong> l’infirmier a un rôle primordial concernant leur utilisation. En eff<strong>et</strong>, la<br />

connaissance <strong>de</strong>s délais <strong>et</strong> durées d’action <strong>de</strong> chaque antalgique perm<strong>et</strong> une prise adaptée <strong>et</strong><br />

judicieuse, selon l’heure <strong>de</strong> réalisation du soin. Quel que soit leur palier, la plupart <strong>de</strong>s<br />

antalgiques oraux ont un délai d’action compris entre 30 minutes <strong>et</strong> une heure. Les durées<br />

d’action sont <strong>de</strong> 4 <strong>et</strong> 6 heures. Ainsi, la prise idéale du traitement est d’environ 1à 2 heures<br />

avant le soin.<br />

Les traitements par voie injectable sont très efficaces. Certains mé<strong>de</strong>cins hospitaliers ou<br />

libéraux les ont couramment intégré à leur pratique, <strong>et</strong> à leurs habitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> prescriptions.<br />

Cependant, il existe encore <strong>de</strong>s réticences concernant l’usage <strong>de</strong>s morphiniques par voie sous<br />

cutanée lors <strong>de</strong>s réfections <strong>de</strong> <strong>pansements</strong>. Ces traitements sont inconsciemment assimilés <strong>et</strong><br />

réservés aux traitements <strong>de</strong>s maladies chroniques, ou en sta<strong>de</strong> très avancé . Ces préjugés<br />

<strong>de</strong>meurent toujours présents au sein du mon<strong>de</strong> soignant, ce qui est regr<strong>et</strong>table.<br />

L’analgésie locale peut être réalisée avec une crème à base <strong>de</strong> lidocaine <strong>et</strong> prilocaine<br />

(EMLA). La crème est appliquée sur l’ulcère, sans dépasser 10grammes, puis recouverte d’un<br />

film occlusif. Le temps <strong>de</strong> pose est <strong>de</strong> 30 minutes environ .C<strong>et</strong> usage doit être limité à 8<br />

applications successives. Le spray <strong>de</strong> xylocaine peut également être utilisé, vaporisé sur la<br />

plaie, tout en la recouvrant <strong>de</strong> compresses imbibées <strong>de</strong> produit.<br />

Certains mé<strong>de</strong>cins établissent <strong>de</strong>s protocoles préétablis afin <strong>de</strong> pouvoir réajuster le traitement<br />

rapi<strong>de</strong>ment lorsque cela est nécessaire. Ces prescriptions anticipées perm<strong>et</strong>tent d’avoir une<br />

gran<strong>de</strong> réactivité lors <strong>de</strong>s soins, <strong>et</strong> le patient s’en trouve sécurisé.<br />

Les moyens non médicamenteux : De nombreux soignants se forment à différentes<br />

techniques, telles que la sophrologie ou l’hypnose. L’eff<strong>et</strong> antalgique <strong>de</strong> ces métho<strong>de</strong>s est<br />

indéniable <strong>et</strong> leur mise en place lors <strong>de</strong>s réfections <strong>de</strong> pansement est très simple. L’usage <strong>de</strong> la<br />

distraction se révèle être elle aussi très efficace.<br />

Une discussion anodine, ne concernant pas le soin, perm<strong>et</strong> au patient <strong>de</strong> fixer son attention sur<br />

un suj<strong>et</strong> agréable, distrayant, <strong>et</strong> d’être moins centré sur sa plaie, <strong>et</strong> les gestes inhérents au soin.


S’il le souhaite, le patient peut laisser la télévision allumée, écouter une musique qui l’apaise,<br />

ou rester en compagnie d’un proche. Gar<strong>de</strong>r une certaine souplesse, rester ouvert à <strong>de</strong>s<br />

propositions semblant parfois hors du commun est un aspect essentiel. L’objectif étant que le<br />

patient intègre un cadre rassurant, <strong>et</strong> qu’il vive c<strong>et</strong> instant déjà difficile avec un maximum <strong>de</strong><br />

sérénité.<br />

Une approche limitant l ’anxiété :<br />

Les soins d’ulcère étant quotidiens, ils prennent une place importance dans la vie du patient. Il<br />

est primordial que celui ci puisse choisir le moment du soin afin <strong>de</strong> maintenir une vie sociale<br />

<strong>et</strong> familiale satisfaisante. Le soignant doit ainsi faire un compromis entre ses contraintes<br />

horaires <strong>et</strong> le respect <strong>de</strong> la vie du patient.<br />

Expliquer le déroulement du soin, répondre aux différents questionnements perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> limiter<br />

l’angoisse <strong>de</strong> l’inconnu, sachant que l’imaginaire fait parfois supposer le pire. L’installation<br />

doit être confortable, afin <strong>de</strong> limiter les tensions inutiles. Maintenir le dialogue durant le<br />

pansement perm<strong>et</strong> à la fois d’évaluer la douleur, mais aussi <strong>de</strong> parler <strong>de</strong> tout autre chose, afin<br />

que le soin soit un moment d’échange agréable. Donner une dimension humaine à c<strong>et</strong> instant<br />

est essentiel. C<strong>et</strong>te approche, empreinte <strong>de</strong> douceur <strong>et</strong> <strong>de</strong> souplesse, limite l’angoisse, la peur,<br />

<strong>et</strong> le patient, plus rassuré, sera moins centré sur ses perceptions douloureuses. Marquer un<br />

temps d’arrêt au cours du soin peut être également bénéfique lorsque la douleur survient.<br />

Des gestes limitant la douleur : La technique qu’utilise le soignant lors du soin influence<br />

n<strong>et</strong>tement l’apparition <strong>de</strong>s douleurs.<br />

Lors du r<strong>et</strong>rait du pansement, maintenir la peau péri-lésionnelle limite la traction <strong>de</strong> tissus<br />

déjà bien fragilisés. Humidifier le pansement perm<strong>et</strong> d’en limiter l’adhérence. Cela peut être<br />

réalisé simplement, avec du sérum physiologique ou sous la douche. Le douchage <strong>de</strong> la plaie<br />

est réalisé <strong>de</strong> manière douce, <strong>et</strong> l’intensité du j<strong>et</strong> sera réglée en fonction <strong>de</strong> la douleur. Les<br />

propriétés antalgiques du chaud ou du froid seront variables d’un patient à l’autre, <strong>et</strong> ce<br />

moment peut être un réel soulagement .<br />

La détersion <strong>de</strong>s zones nécrotiques ou fibrineuses doit être effectuée <strong>de</strong> manière franche, avec<br />

du matériel <strong>de</strong> qualité, afin d’éviter les manipulations excessives <strong>et</strong> traumatisantes. Le<br />

soignant doit être à l’aise avec sa technique <strong>et</strong> le matériel qu’il choisit. Il est important <strong>de</strong> ne<br />

pas exercer <strong>de</strong> pressions inutiles au niveau <strong>de</strong>s berges <strong>de</strong> la plaie <strong>et</strong> <strong>de</strong>s zones <strong>de</strong><br />

bourgeonnement très vascularisées.


Enfin, le choix du pansement utilisé a toute son importance, <strong>et</strong> maintenir un taux d’humidité<br />

idéal perm<strong>et</strong> d’éviter les douleurs inutiles. Un pansement trop absorbant <strong>de</strong>sséchera la plaie,<br />

sera très adhérent, provoquant <strong>de</strong>s douleurs ne se limitant pas au r<strong>et</strong>rait. A l’inverse, un<br />

pansement peu absorbant sur une plaie très exsudative provoquera <strong>de</strong>s irritations, l’exsudat<br />

restant au contact <strong>de</strong> la plaie <strong>et</strong> <strong>de</strong> la peau péri lésionnelle. Le choix du pansement, selon<br />

l’exsudat, fait partie intégrante <strong>de</strong> la prévention <strong>de</strong> la douleur, au <strong>de</strong>là <strong>de</strong>s bénéfices reconnus<br />

concernant la cicatrisation. Le milieu doit être maintenu humi<strong>de</strong>, mais sans excès.<br />

L’usage d’adhésifs est à éviter, la peau péri lésionnelle étant très fragile. De plus, le r<strong>et</strong>rait du<br />

pansement sera source <strong>de</strong> douleur. Utiliser <strong>de</strong>s ban<strong>de</strong>s en coton est préférable, en évitant<br />

d’appliquer une pression excessive. Le pansement doit être agréable à porter, <strong>et</strong> facile à<br />

r<strong>et</strong>irer.<br />

Rester vigilant : Soulager la douleur est une priorité pour chaque soignant, mais cela ne doit<br />

pas lui faire oublier d’en rechercher la cause. En eff<strong>et</strong>, la douleur reste un « signal d’alarme »,<br />

<strong>et</strong>, dans certains cas, elle doit alerter le soignant. Une douleur excessive peut être liée à une<br />

infection locale, un exsudat très irritant, <strong>de</strong>s lésions <strong>de</strong>rmatologiques, une ischémie, ou un<br />

œdème important. Il faut donc faire preuve <strong>de</strong> discernement, <strong>et</strong> rechercher l’étiologie <strong>de</strong> la<br />

douleur (induite par les soins, liée à la plaie ou à diverses complications.)<br />

L’éducation : Elle est un aspect essentiel <strong>de</strong> la prise en charge. Tout d’abord concernant le<br />

délai d’action <strong>de</strong>s antalgiques, car le patient est amené à prendre son traitement seul, bien<br />

avant le passage du soignant . Il doit donc connaître la cinétique <strong>de</strong> l’antalgique afin que son<br />

eff<strong>et</strong> soit maximum lors du soin. Expliquer les eff<strong>et</strong>s secondaires <strong>de</strong> certains traitements peut<br />

être nécessaire afin d’effectuer une surveillance adaptée <strong>et</strong> judicieuse. Le patient doit rester<br />

acteur <strong>de</strong> sa prise en charge, <strong>et</strong> il est important <strong>de</strong> ne pas le dépossé<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s choix le<br />

concernant <strong>et</strong> <strong>de</strong>s actes qu’il peut effectuer <strong>de</strong> façon autonome. Certaines craintes concernant<br />

les traitements, le risque d’accoutumance, <strong>de</strong> perte <strong>de</strong> vigilance, sont extrêmement répandues,<br />

mais peu exprimées. Il est important <strong>de</strong> déceler ces appréhensions afin <strong>de</strong> rassurer le patient<br />

concernant l’usage <strong>de</strong> certains antalgiques.<br />

Le patient face à la douleur : il n’est pas rare que le patient donne une signification à sa<br />

douleur, selon ses croyances, sa culture, ou son éducation. La douleur est parfois considérée<br />

comme le prix à payer pour guérir, ou ayant un pouvoir quelconque sur la guérison. La<br />

souffrance peut aussi être rattachée à une conduite reprouvée <strong>et</strong> être jugée <strong>de</strong> ce fait


« méritée ». C<strong>et</strong>te conception est peut exprimée, mais inconsciemment très présente dans<br />

notre société judéo chrétienne. L’expression ou l’acceptation <strong>de</strong> la douleur seront bien sur<br />

influencées par <strong>de</strong> telles interprétations. Tout en respectant les croyances <strong>de</strong> chacun, le<br />

soignant peut tout <strong>de</strong> même insister sur le fait que la douleur n’a aucune action bénéfique sur<br />

la cicatrisation <strong>de</strong> la plaie, cela étant même le contraire à long terme.<br />

Le travail en réseau : La prise en charge <strong>de</strong> la douleur est pluridisciplinaire. La<br />

communication entre tous les professionnels <strong>de</strong> santé est indispensable, <strong>et</strong> dépend <strong>de</strong> la<br />

rigueur, <strong>de</strong> la disponibilité <strong>et</strong> <strong>de</strong> la bonne volonté <strong>de</strong> chacun. Chaque soignant doit pouvoir<br />

établir <strong>de</strong>s relations efficaces avec ses collègues afin d’être cohérent <strong>et</strong> suffisamment réactif<br />

lorsque cela est nécessaire. Le milieu libéral doit être en lien avec le secteur hospitalier. Le<br />

patient qui est suivi en structure <strong>de</strong> soins doit pouvoir réintégrer son <strong>domicile</strong> sereinement,<br />

sachant que les soins seront poursuivis <strong>de</strong> manière cohérente <strong>et</strong> adaptée à son état. Ainsi les<br />

professionnels, qu’ils exercent en secteur intra ou extra hospitalier, doivent assurer <strong>de</strong>s<br />

transmissions détaillées concernant les soins, la douleur, les différents traitements instaurés, <strong>et</strong><br />

l’efficacité <strong>de</strong> chacun.<br />

Faire appel à une structure spécialisée dans la prise en charge <strong>de</strong> la douleur peut être une<br />

démarche intéressante lorsque les différentes thérapeutiques envisagées se sont révélées être<br />

inefficaces. Savoir accepter ses limites, faire appel à d’autres compétences que les siennes, est<br />

une démarche empreinte <strong>de</strong> bon sens <strong>et</strong> d’humilité. La prise en charge <strong>de</strong> la douleur est un<br />

travail d’équipe, qui requiert les compétences, les valeurs, <strong>et</strong> la sensibilité <strong>de</strong> chaque<br />

soignant, quel que soit son gra<strong>de</strong> ou son statut.<br />

La formation : L’évolution <strong>de</strong>s recherches, <strong>de</strong>s thérapeutiques, <strong>et</strong> <strong>de</strong>s outils d’évaluation,<br />

nécessite <strong>de</strong> s’informer régulièrement. Les vecteurs d’accès à l’information sont riches <strong>et</strong><br />

variés, <strong>et</strong> chaque professionnel peut ainsi l’intégrer à sa pratique. La mise à jour <strong>de</strong>s<br />

connaissances est essentielle à une prise en charge <strong>de</strong> qualité, mais relève d’une démarche<br />

volontaire <strong>et</strong> propre à chaque soignant. Savoir faire le bilan <strong>de</strong> ses compétences <strong>et</strong> <strong>de</strong> ses<br />

lacunes, perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> cibler les formations les plus judicieuses à envisager.<br />

Se rem<strong>et</strong>tre en question : Le soulagement optimal <strong>de</strong> la douleur repose sur une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

gestes simples, pouvant <strong>de</strong> ce fait paraître sans importance. Par habitu<strong>de</strong>, lassitu<strong>de</strong>, manque<br />

<strong>de</strong> temps, ou <strong>de</strong> motivation, ils peuvent être totalement occultés.


Le soignant doit aussi accepter le fait que les soins soient douloureux. Il peut parfois nier<br />

l’intensité <strong>de</strong> la douleur car celle ci le dérange : Elle r<strong>et</strong>ar<strong>de</strong> l’exécution du soin, nécessite<br />

d’appeler un mé<strong>de</strong>cin, d’administrer <strong>de</strong>s antalgiques . Ce phénomène <strong>de</strong> déni, doit être mis en<br />

lumière afin d’en comprendre l’origine, <strong>et</strong> <strong>de</strong> le dépasser.<br />

Chaque soignant <strong>de</strong>vrait pouvoir marquer un temps d’arrêt, afin d’analyser ses pratiques <strong>et</strong><br />

se rem<strong>et</strong>tre en question en toute honnêt<strong>et</strong>é. C<strong>et</strong>te démarche ne doit pas être culpabilisante,<br />

mais à l’inverse, être positive, <strong>et</strong> constructive. Chacun a un cheminement propre, <strong>et</strong> les<br />

expériences <strong>de</strong> soin, les rencontres, toujours uniques, façonnent ses valeurs, sa maturité <strong>et</strong> son<br />

humanité. Ces notions sont au cœur <strong>de</strong> la conscience soignante, <strong>et</strong> en font toute la richesse.<br />

Conclusion :<br />

« Tout être humain a le droit d’être libéré <strong>de</strong> sa douleur dans les limites ou nos<br />

connaissances perm<strong>et</strong>tent aux professionnels <strong>de</strong> la santé <strong>de</strong> le faire » Ronald Melzack <strong>et</strong><br />

Patrick Wall, le défi <strong>de</strong> la douleur<br />

La douleur bouleverse tout sur son passage, elle rend fragile <strong>et</strong> vulnérable, <strong>et</strong> le patient a plus<br />

que jamais besoin d’ai<strong>de</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> réconfort.<br />

C<strong>et</strong>te ai<strong>de</strong> est une obligation légale pour tout professionnel <strong>de</strong> santé. Soulager les douleurs<br />

induites par les soins est une priorité, sachant que c<strong>et</strong>te douleur est prévisible, <strong>et</strong> que le<br />

soignant dispose <strong>de</strong> nombreux moyens pour y parvenir.<br />

L’attitu<strong>de</strong> soignante face à la douleur restera toujours très personnelle, <strong>et</strong> au sein d’une prise<br />

en charge si délicate, chaque soignant donne plus que jamais le refl<strong>et</strong> <strong>de</strong> lui même.<br />

Ses connaissances <strong>et</strong> compétences, si nécessaires <strong>et</strong> soli<strong>de</strong>s soient elles, ne sauront remplacer<br />

la richesse d’une écoute juste, respectueuse <strong>et</strong> bienveillante.<br />

Bibliographie<br />

Fiche <strong>de</strong> soins " Utilisation <strong>de</strong> la crème EMLA chez l'adulte <strong>et</strong> la personne âgée" E Malaquin-<br />

Pavan, P Thibault<br />

Cours "les antalgiques" Dr Nicolas Saffon, disponible sur www.geocities.com<br />

EWMA. La douleur au changement d'un pansement. 1988:17.


Ouvrages :<br />

LE BRETON D. Anthropologie <strong>de</strong> la douleur. PARIS: EDITIONS METAILIE; 2006.<br />

MEAUME S, DEREURE O, TEOT L. Plaies <strong>et</strong> cicatrisations. PARIS: MASSON; 2005.<br />

Articles :<br />

DE LA BRIERE A, FROMANTIN I. <strong>Douleur</strong>s <strong>et</strong> soins <strong>de</strong> plaies. SOINS 2010;Dossier "La<br />

douleur induite par les soins"(749):44-46.<br />

DE SAINT LEGER A-S, MOIZIARD A-S, MEAUME S. Les plaies <strong>de</strong> la personne âgée ou<br />

très âgée. SOINS 2009(734):21-26.<br />

MEAUME S, Collectif. Plaies <strong>et</strong> détersion. SOINS 2011;Dossier(752):29-57.<br />

TOUSSAINT P. La détersion <strong>de</strong>s ulcères <strong>de</strong> la jambe. SOINS 2011;Dossier Plaies <strong>et</strong><br />

détersion(752):52.<br />

Mémoire :<br />

GAILLARD I. <strong>Douleur</strong> <strong>et</strong> pansement d'ulcère à <strong>domicile</strong> [Mémoire Diplôme universitaire].<br />

GRENOBLE: Université Joseph Fourier; 2007.

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