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La douleur en questions - CNRD

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2 e édition février 2008Société française d’étude et de traitem<strong>en</strong>t de la <strong>douleur</strong>Ministère de la Santé, de la Jeunesse et des Sports


Avant-propos 3Introduction 5Pourquoi <strong>La</strong> Douleur <strong>en</strong> <strong>questions</strong> ? 912345678910111213141516171819Mécanismes de la <strong>douleur</strong> . . . . . . . . . . . . . . . . . 10Douleur aiguë . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14Douleur neuropathique . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18Psychologie et <strong>douleur</strong> . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22Évaluer la <strong>douleur</strong> . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26Douleur provoquée par les soins . . . . . . . . . . . . . . 30Douleur postopératoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34Migraine et céphalées . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38Douleurs orofaciales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42Lombalgie chronique commune . . . . . . . . . . . . . . . 46Douleur du cancer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50Douleur de l’<strong>en</strong>fant 54Populations à risque : personnes non-communicantes,personnes handicapées, personnes agées non-communicantes . . . 58Médicam<strong>en</strong>ts de la <strong>douleur</strong> 62Opioïdes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66Moy<strong>en</strong>s non-pharmacologiques,principales approches alternatives . . . . . . . . . . . . . . 74Placebo 78Structures de prise <strong>en</strong> charge de la <strong>douleur</strong> chronique rebelle . . . . 82Pour s’informer et se former . . . . . . . . . . . . . . . . 86Le contrat d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t contre la <strong>douleur</strong> . . . . . . . . . . . . . 90Bibliographie 92Glossaire 95Remerciem<strong>en</strong>ts 96


L’h u m a n i t é peut se définir, mieux <strong>en</strong>core que par la Raison, parla capacité de se r<strong>en</strong>dre s<strong>en</strong>sible à la souffrance d’autrui et de sereprés<strong>en</strong>ter sa <strong>douleur</strong>. Cette s<strong>en</strong>sibilité, au lieu d’<strong>en</strong>fermer chacunsur lui-même, ouvre aux autres par la force de l’imagination. Ainsi,comme l’écrivait Rousseau « celui qui n’imagine ri<strong>en</strong> ne s<strong>en</strong>t que lui-même, ilest seul au milieu du G<strong>en</strong>re humain ».Le geste soignant implique par définition cette disposition éthique sans laquellele progrès des sci<strong>en</strong>ces et le perfectionnem<strong>en</strong>t des techniques ne saurai<strong>en</strong>tjustifier tant d’efforts. Le geste soignant, <strong>en</strong>tre tous, se déploie dans cet <strong>en</strong>trelacsd’humanité et de compét<strong>en</strong>ce qui donne s<strong>en</strong>s à la vocation médicale.Lutter contre la <strong>douleur</strong> constitue, dans cet esprit, l’ess<strong>en</strong>ce même de laphilosophie du soin. <strong>La</strong> souffrance d’autrui, <strong>en</strong> effet, est d’abord un appel ànotre consci<strong>en</strong>ce morale. C’est cette obligation qui fonde le droit des malades,reconnu par la loi du 4 mars 2002, à bénéficier des traitem<strong>en</strong>ts appropriés visantà soulager leur <strong>douleur</strong>, qu’elle soit aiguë ou chronique. C’est cette obligationqui a déterminé les pouvoirs publics à mettre <strong>en</strong> place un Plan d’améliorationde la prise <strong>en</strong> charge de la <strong>douleur</strong> 2006-2010. C’est ce même devoir qui nousimpose aujourd’hui de pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte cette question avec la plus grandeacuité, au travers notamm<strong>en</strong>t de grandes priorités présid<strong>en</strong>tielles (Alzheimer,cancer, soins palliatifs).Comme <strong>en</strong> atteste ce livret, produit d’un travail exemplaire, la <strong>douleur</strong>chronique exige tout particulièrem<strong>en</strong>t des modalités de prise <strong>en</strong> charge aulong cours qui suppos<strong>en</strong>t une réflexion pluridisciplinaire. C’est dans cetteperspective, ici clairem<strong>en</strong>t tracée, qu’il nous revi<strong>en</strong>t désormais de travailler,convaincus de la dim<strong>en</strong>sion éthique de notre <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t. Notre capacité àrépondre aux problèmes complexes posés par la maladie chronique pourraitmême constituer un des critères permettant d’évaluer plus globalem<strong>en</strong>t laqualité de notre système de santé.Roselyne Bachelot-NarquinMinistre de la Santé, de la Jeunesse et des Sports3


P<strong>en</strong>dant t ro p l o n g t e m p s la <strong>douleur</strong> a été vécue comme une fatalité. Etpourtant, l’évolution des connaissances nous donne aujourd’hui les moy<strong>en</strong>spermettant de réduire dans des proportions importantes certaines <strong>douleur</strong>s.Mais plus que les connaissances, ce sont les m<strong>en</strong>talités qui doiv<strong>en</strong>t évoluer.En effet, p<strong>en</strong>dant des siècles et maint<strong>en</strong>ant <strong>en</strong>core, la médecine ne s’est préoccupéequ’avec « parcimonie » ou plutôt un certain dédain de la <strong>douleur</strong> physique et de lasouffrance des hommes.Désormais, des considérations éthiques et morales ne peuv<strong>en</strong>t plus être écartées de l’élaborationet de la mise <strong>en</strong> application d’un projet de soins. Une information adaptéedoit être donnée, surtout <strong>en</strong> matière de prise <strong>en</strong> charge de la <strong>douleur</strong> : elle doit répondreà ce que le pati<strong>en</strong>t est <strong>en</strong> droit d’att<strong>en</strong>dre. Il n’est plus imaginable, aujourd’hui, dedévelopper un objectif prioritaire de santé publique, sans la participation de l’<strong>en</strong>sembledes soignants : médecins, infirmiers (ères), étudiants, kinésithérapeutes, psychologues,ag<strong>en</strong>ts hospitaliers… ainsi d’ailleurs que sans celle des représ<strong>en</strong>tants des usagersdu système de santé, c’est-à-dire le pati<strong>en</strong>t et sa famille. <strong>La</strong> lutte contre la <strong>douleur</strong> estinséparable de l’évolution de ces idées. Elle est un véritable <strong>en</strong>jeu de santé publique,critère de qualité et d’évolution d’un système de santé.<strong>La</strong> <strong>douleur</strong> n’est ni une rédemption ni une punition, son soulagem<strong>en</strong>t peut jouer unrôle dans la guérison de la personne malade. Socialem<strong>en</strong>t, la <strong>douleur</strong> peut être si invalidantequ’elle interdit ou empêche toute activité artisanale, agricole, sociale et professionnellepour celui qui souffre. <strong>La</strong> souffrance peut être si int<strong>en</strong>se qu’elle laisserades cicatrices indélébiles. Sa prise <strong>en</strong> charge répond à un objectif humaniste, éthiqueet de dignité de l’homme <strong>en</strong> raison des ret<strong>en</strong>tissem<strong>en</strong>ts physique et psychique. Elleinduit un handicap qui exclut progressivem<strong>en</strong>t ou brutalem<strong>en</strong>t le pati<strong>en</strong>t de la société,devi<strong>en</strong>t une source d’exclusion supplém<strong>en</strong>taire et un facteur d’inégalité sociale.Les systèmes de santé doiv<strong>en</strong>t se soucier autant du malade que de la maladie. Il n’estplus admissible que l’on se préoccupe exclusivem<strong>en</strong>t de l’efficacité des moy<strong>en</strong>s thérapeutiquesmis <strong>en</strong> œuvre. S’ils ne sont pas suffisants, car ils ne le sont jamais, lesmoy<strong>en</strong>s thérapeutiques permett<strong>en</strong>t de pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> charge une grande partie des <strong>douleur</strong>squi exist<strong>en</strong>t, mais sûrem<strong>en</strong>t pas toutes. Si les moy<strong>en</strong>s sont là ; les recommandations,les protocoles, les « guide-line » manqu<strong>en</strong>t ; la stratégie thérapeutique fait défaut ;il faut éduquer, il faut appr<strong>en</strong>dre, il faut concevoir, il faut diffuser les expéri<strong>en</strong>ces de5


chacun. Il faut que les soignants confront<strong>en</strong>t leur savoir faire et le fass<strong>en</strong>t savoir. C’estla raison de ce livret.Avec la fièvre et la fatigue, la <strong>douleur</strong> est un des premiers motifs de consultationmédicale. En France 1 : 31,7 % des pati<strong>en</strong>ts interrogés (20 605 000 Français) prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>tdes <strong>douleur</strong>s chroniques, pour 19,9 % (12 935 000) elles sont d’int<strong>en</strong>sité modérées àint<strong>en</strong>ses. 46,3 % d’<strong>en</strong>tre eux ont moins de 60 ans. <strong>La</strong> <strong>douleur</strong> est le principal symptôme<strong>en</strong>traînant un recours urg<strong>en</strong>t ou non programmé <strong>en</strong> médecine de ville (75 %des pati<strong>en</strong>ts DREES 2007) 2 . <strong>La</strong> <strong>douleur</strong> est égalem<strong>en</strong>t le symptôme principal desmaladies chroniques selon les usagers eux-mêmes. En Europe 3 : 20 % des adultes europé<strong>en</strong>sont une ou plusieurs <strong>douleur</strong>s. L’int<strong>en</strong>sité médiane est de 5 sur 10 sur une duréemédiane de 6 mois. Un tiers considère sa <strong>douleur</strong> comme insupportable et 1 pati<strong>en</strong>tsur 6 a déjà p<strong>en</strong>sé au suicide.Cette succession de chiffres montre s’il <strong>en</strong> était besoin l’importance de ce problèmede santé. Les <strong>douleur</strong>s chroniques rebelles sont sources d’incapacités, de handicaps,d’invalidité et d’altérations majeures de la qualité de vie. Outre les aspects humains oumédicaux, les <strong>douleur</strong>s chroniques ont des conséqu<strong>en</strong>ces économiques : abs<strong>en</strong>téismeau travail, puis arrêt de travail aboutissant à l’invalidité, incapacité des sujets à assumerleurs rôles familiaux et sociaux. L’<strong>en</strong>quête observationnelle, m<strong>en</strong>ée par la SFETD <strong>en</strong>2007 sur les pati<strong>en</strong>ts atteints de <strong>douleur</strong>s neuropathiques, montre que 65 % d’<strong>en</strong>treeux ont moins de 60 ans et que la majorité d’<strong>en</strong>tre eux sont <strong>en</strong> arrêt maladie prolongée(> 6 mois), voire <strong>en</strong> invalidité 1 re et 2 e catégorie 4 . Les répercussions financières sontimportantes : 100 milliards de Dollars par an aux USA 5 , il n’y a pas d’étude <strong>en</strong> France.<strong>La</strong> surv<strong>en</strong>ue de <strong>douleur</strong>s chroniques est plus fréqu<strong>en</strong>te chez les personnes âgées quechez les jeunes. D’autre part, l’espérance de vie à la naissance ne cesse d’augm<strong>en</strong>terdans notre pays et <strong>en</strong> Europe. <strong>La</strong> population vieillit du fait de la diminution régulièrede la fécondité que l’on observe depuis plusieurs années, mais aussi <strong>en</strong> raison d’uneforte réduction de la mortalité aux âges avancés depuis 1985. En 1998, l’espérance devie à la naissance atteint 74,6 ans pour les hommes et 82,2 ans pour les femmes, ellecontinuera d’augm<strong>en</strong>ter <strong>en</strong>core dans les années à v<strong>en</strong>ir, davantage pour les hommesque pour les femmes.D’après des projections basées sur des hypothèses modérées, le nombre de personnesâgées de 65 ans et plus qui était de 7,8 millions <strong>en</strong> 1990, va dépasser les 13 millions <strong>en</strong>2020 soit un accroissem<strong>en</strong>t de deux tiers. Quant au grand âge, celui des s<strong>en</strong>iors de 85ans et plus, il va exploser : son effectif de moins de 900 000 <strong>en</strong> 1990 va dépasser les 2millions <strong>en</strong> 2020, soit un coeffici<strong>en</strong>t multiplicateur de 2,4. Dès lors, on compr<strong>en</strong>d quela surv<strong>en</strong>ue de pathologie rhumatologique, cancéreuse et toute autre cause de <strong>douleur</strong>est à prévoir <strong>en</strong> plus grand nombre pour cette population.Mais la <strong>douleur</strong> peut, égalem<strong>en</strong>t et surtout, surv<strong>en</strong>ir sans que soit mise <strong>en</strong> jeu l’espérancede vie : ce sont les <strong>douleur</strong>s chroniques bénignes, qui d’ailleurs devrai<strong>en</strong>t êtreid<strong>en</strong>tifiées sous une autre appellation. En effet, une <strong>douleur</strong> qui persiste p<strong>en</strong>dantdes années, voir des dizaines d’années n’a vraim<strong>en</strong>t ri<strong>en</strong> de bénin. Elle va avoir desrépercussions tellem<strong>en</strong>t importantes que la vie du pati<strong>en</strong>t va être transformée <strong>en</strong>traînantabs<strong>en</strong>téisme voire chômage ou lic<strong>en</strong>ciem<strong>en</strong>t, difficultés familiales (rejet, rupture,divorce ou au contraire maternage, infantilisme…), psychologiques (anxiété, dépression…),médico-légales (invalidité, procès…). Ces <strong>douleur</strong>s-là ne vont pas diminuer lavie, mais vont la r<strong>en</strong>dre impossible. Elles doiv<strong>en</strong>t être prises <strong>en</strong> charge dans une structurespécialisée quand les thérapeutiques habituelles sont restées inefficaces.Le mom<strong>en</strong>t est v<strong>en</strong>u de changer les attitudes qui rest<strong>en</strong>t trop figées vis-à-vis de la<strong>douleur</strong> et <strong>en</strong>core plus vis-à-vis de la souffrance. L’introduction d’une « culture anti<strong>douleur</strong>» au sein des pratiques et des exercices nécessite le changem<strong>en</strong>t des comportem<strong>en</strong>tsde l’<strong>en</strong>semble des professionnels de santé, mais aussi celui des malades et deleurs proches.Demain, notre système de santé sera aussi jugé sur la façon dont il pr<strong>en</strong>d <strong>en</strong> comptela <strong>douleur</strong>. Elle est reconnue comme un droit fondam<strong>en</strong>tal de toute personne par laloi relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé du 4 mars 2002.Lutter contre la <strong>douleur</strong> est une obligation éthique pour les soignants, l’ess<strong>en</strong>ce mêmede la philosophie du soin. Elle devrait être reconnue comme une maladie, au mêmetitre que le diabète ou les pathologies cardio-vasculaires…<strong>La</strong> qualité d’un système de santé est définie par la prise <strong>en</strong> compte de l’efficacité dutraitem<strong>en</strong>t proposé mais aussi par le soulagem<strong>en</strong>t de la souffrance des pati<strong>en</strong>ts. Dèslors, l’amélioration de la prise <strong>en</strong> charge de la <strong>douleur</strong> doit être un de nos objectifsess<strong>en</strong>tiels.Alain SerriePrésid<strong>en</strong>t de la Sfetd6 7


Pourquoi<strong>La</strong> Douleur<strong>en</strong> <strong>questions</strong> ?<strong>La</strong> Douleur <strong>en</strong> <strong>questions</strong> est un mém<strong>en</strong>to destiné àl’<strong>en</strong>semble de la communauté des soignants. Conçupar un comité de rédacteurs experts, cet ouvrageconcrétise la volonté de créer un outil pratique pourque la <strong>douleur</strong> soit reconnue sous ses différ<strong>en</strong>tesformes et prise <strong>en</strong> charge <strong>en</strong> tant que telle.Avec pour objectif de diffuser largem<strong>en</strong>t ce message, le choix s’est porté surune rédaction ouverte, tout <strong>en</strong> respectant la pertin<strong>en</strong>ce du cont<strong>en</strong>u médical.Les textes élaborés à partir de propositions de la Société française d’étude etde traitem<strong>en</strong>t de la <strong>douleur</strong> (sfetd) ont été relus et validés par seize sociétéssavantes et collèges de la <strong>douleur</strong>.<strong>La</strong> Douleur <strong>en</strong> <strong>questions</strong> balise l’ess<strong>en</strong>tiel de ce que chaque soignant doitsavoir pour partager la somme minimale de connaissances nécessaires au soulagem<strong>en</strong>tde la <strong>douleur</strong> dans différ<strong>en</strong>tes situations cliniques.Cet outil pragmatique dans son cont<strong>en</strong>u et pratique d’utilisation par sonformat, est organisé <strong>en</strong> <strong>questions</strong>/réponses pour une lecture facile et immédiate.Les <strong>questions</strong> sont celles posées le plus fréquemm<strong>en</strong>t par les pati<strong>en</strong>ts. Ellesappell<strong>en</strong>t des réponses adaptées. <strong>La</strong> tonalité des échanges soignant-pati<strong>en</strong>t estdiffér<strong>en</strong>te selon que l’on traite par exemple d’opioïdes ou de lombalgie chroniquecommune. Ceci explique la prés<strong>en</strong>ce de plusieurs niveaux de langage dansl’expression des réponses.Dans l’esprit mém<strong>en</strong>to, chaque chapitre est autonome. Une lecture linéaire,chapitre après chapitre, fait apparaître des répétitions utiles pour une compréh<strong>en</strong>sioncomplète lors de la lecture d’un chapitre particulier. Ce principepermet de préserver l’unité de s<strong>en</strong>s autour d’une thématique.Les r<strong>en</strong>vois vers d’autres chapitres correspond<strong>en</strong>t à des complém<strong>en</strong>ts d’informationpar rapport au thème traité. Les notes <strong>en</strong> marge approfondiss<strong>en</strong>tquelques aspects importants et les remarques sur fond de couleur attir<strong>en</strong>t l’att<strong>en</strong>tionsur des points spécifiques.Les chapitres qui comport<strong>en</strong>t une ou plusieurs prescriptions,dont la pratique est réglem<strong>en</strong>tée et réservée aux professions médicalesautorisées, sont signalés par le pictogramme ci-contre.Prescripteurs<strong>La</strong> Douleur <strong>en</strong> <strong>questions</strong> est disponible sur les sites www.sante.gouv.fr,www.cnrd.fr et www.sfetd-<strong>douleur</strong>.org. Cette édition est la mise à jour 2008de la parution originale de novembre 2004.8 9


0. 1.Mécanismes de la <strong>douleur</strong>Pourquoi— j’ai mal ?— je souffre différemm<strong>en</strong>t selonles jours ou mes préoccupationsdu mom<strong>en</strong>t ?— la <strong>douleur</strong> ne s’arrête jamais ?les mécanismes sont mal connus (<strong>douleur</strong>s idiopathiques)ou résultant de troubles psycho-pathologiques(<strong>douleur</strong>s psychogènes).Pourquoi j’ai mal, mes exam<strong>en</strong>s sont normaux ?<strong>La</strong> <strong>douleur</strong> est le plus souv<strong>en</strong>t associée à une maladieorganique. Dans certains cas, au début surtout, ilpeut être difficile d’id<strong>en</strong>tifier son origine précise bi<strong>en</strong>que cette <strong>douleur</strong> soit réelle et incontestable. D<strong>en</strong>ombreuses <strong>douleur</strong>s se reconnaiss<strong>en</strong>t uniquem<strong>en</strong>tsur la clinique et l’origine demeure parfois imprécise.Quelques exemples : les exam<strong>en</strong>s pratiqués sontnormaux lors de crises de migraine, de <strong>douleur</strong> idiopathique,de <strong>douleur</strong> psychogène…Approcher la <strong>douleur</strong>c’est lier l’organiqueet le psychologiqueLes dissocier n’a pluslieu d’être, y comprispour la <strong>douleur</strong> aiguë :les exam<strong>en</strong>s révèl<strong>en</strong>tles mécanismeslésionnels, mais ner<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t aucun comptede la <strong>douleur</strong> perçue.Pourquoi j’ai mal ?<strong>La</strong> <strong>douleur</strong> est un signal d’alarme qui sert à repérerune agression et permet de réagir contre. Un exemple :la <strong>douleur</strong> provoquée par une blessure. Un messageest alors <strong>en</strong>voyé au cerveau pour l’alerter. Il s’agitd’une <strong>douleur</strong> nociceptive. <strong>La</strong> <strong>douleur</strong> peut aussi traduireune lésion du système nerveux lui-même. Dansce cas, le système qui transmet le message <strong>douleur</strong>(cerveau ou nerfs périphériques) est défaillant. C’estla <strong>douleur</strong> neuropathique. Un exemple : la <strong>douleur</strong>post-zostéri<strong>en</strong>ne (après un zona). Il existe égalem<strong>en</strong>td’auth<strong>en</strong>tiques <strong>douleur</strong>s sans pour autant qu’il y aitlésion. Schématiquem<strong>en</strong>t ce sont des <strong>douleur</strong>s dont<strong>La</strong> prise <strong>en</strong>charge de la <strong>douleur</strong>est une obligationréglem<strong>en</strong>taire (voirbibliographie) pourtout établissem<strong>en</strong>tde santé et pourtous les soignants.<strong>La</strong> <strong>douleur</strong>, ça se passe dans ma tête ?Une maladie dépressive peut s’exprimer uniquem<strong>en</strong>tsur un mode douloureux (migraines, lombalgie…).L’anxiété, surtout lorsqu’elle survi<strong>en</strong>t sous forme decrise, <strong>en</strong>traîne très souv<strong>en</strong>t des manifestations douloureuses.Qualifier une <strong>douleur</strong> de psychogène nepeut pas être un diagnostic par défaut. Il convi<strong>en</strong>td’étayer ce diagnostic sur des argum<strong>en</strong>ts psychopathologiques.L’aspect psychogène d’une <strong>douleur</strong>ne préjuge <strong>en</strong> ri<strong>en</strong> de sa perception par la personnemalade. <strong>La</strong> <strong>douleur</strong> psychogène appelle une prise <strong>en</strong>charge id<strong>en</strong>tique à celle de n’importe quelle autre<strong>douleur</strong>. Quelle que soit l’étiologie d’une <strong>douleur</strong>,même d’origine psychologique (deuil, traumatisme,séparation) elle est vécue par la personne comm<strong>en</strong>’importe quelle autre <strong>douleur</strong>.Un impératif :id<strong>en</strong>tifier les mécanismesgénérateursde la <strong>douleur</strong> avantla mise <strong>en</strong> placed’un traitem<strong>en</strong>t.10>11


0. 2.Douleur aiguëQue faire— devant une <strong>douleur</strong> aiguë ?— pour calmer une <strong>douleur</strong> sansrisquer de masquer un diagnostic ?— pour choisir un traitem<strong>en</strong>tantalgique efficace ?Prescripteursdès que ses caractéristiques ont été id<strong>en</strong>tifiées.Plusieurs études (voir bibliographie) ont démontréque l’administration d’opioïdes puissants à desmalades avec un tableau d’abdom<strong>en</strong> aigu ne pénalisepas la démarche diagnostique.Quel traitem<strong>en</strong>t choisir <strong>en</strong> première int<strong>en</strong>tion ?Le traitem<strong>en</strong>t antalgique pr<strong>en</strong>d <strong>en</strong> compte l’int<strong>en</strong>sitéde la <strong>douleur</strong> et le type de pathologie. Il arrive quela <strong>douleur</strong> prive la personne malade de tout moy<strong>en</strong>de s’exprimer. L’urg<strong>en</strong>ce est de la soulager pour luipermettre de communiquer ce qu’elle perçoit et del’évaluer (voir chap. 5). En prés<strong>en</strong>ce d’une <strong>douleur</strong>sévère, il convi<strong>en</strong>t de soulager la personne <strong>en</strong> utilisantde la morphine <strong>en</strong> première int<strong>en</strong>tion sauf danscertains cas comme par exemple : migraine, <strong>douleur</strong>neuropathique…Privilégier untraitem<strong>en</strong>t antalgiqueprécoce et efficaceCette mise <strong>en</strong> placelimite l’apparitionde phénomènesneurochimiquesqui peuv<strong>en</strong>t amplifierles messagesnociceptifs.14Que faire devant une <strong>douleur</strong> aiguë ?Réagir face à une <strong>douleur</strong> aiguë est une urg<strong>en</strong>ce.Diagnostic et traitem<strong>en</strong>t antalgique doiv<strong>en</strong>t êtrem<strong>en</strong>és <strong>en</strong> parallèle.À calmer une <strong>douleur</strong>, court-onle risque de masquer un diagnostic ?<strong>La</strong> <strong>douleur</strong> aiguë est un signal d’alarme utile au diagnosticétiologique. Néanmoins, il est nécessaire decomm<strong>en</strong>cer à la contrôler par une antalgie précoceQue faire d’autre pour soulagerune <strong>douleur</strong> aiguë ?<strong>La</strong> disponibilité, l’écoute empathique, la prés<strong>en</strong>cedes proches, la clarté des explications, t<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t àréduire l’anxiété du malade et à diminuer l’int<strong>en</strong>sitéde sa <strong>douleur</strong>. Ne pas oublier qu’il existe des traitem<strong>en</strong>tsspécifiques complém<strong>en</strong>taires : immobiliserles foyers de fracture ou procéder au strapping defractures costales…>15


X. 2.Douleur aiguëJ’ai une viol<strong>en</strong>te <strong>douleur</strong> dans la poitrine, est-ceque je fais un infarctus ? Est-ce psychologique ?L’anamnèse, l’exam<strong>en</strong> clinique, les exam<strong>en</strong>s paracliniquesori<strong>en</strong>tés permett<strong>en</strong>t le plus souv<strong>en</strong>t d’évoquerun diagnostic ou de programmer des exam<strong>en</strong>s complém<strong>en</strong>tairespour préciser les causes organiques de la<strong>douleur</strong>. À souligner qu’une anxiété majeure accompagnela plupart des <strong>douleur</strong>s aiguës somatiques(infarctus, embolie). À l’inverse, de très nombreusespersonnes arriv<strong>en</strong>t <strong>en</strong> état de crise aux urg<strong>en</strong>ces avecdes <strong>douleur</strong>s thoraciques qui se révèl<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t êtredes <strong>douleur</strong>s psychogènes. Les diagnostics les plusfréqu<strong>en</strong>ts sont : crise d’angoisse, dépression…Att<strong>en</strong>tion,certaines <strong>douleur</strong>saiguës sévères nerelèv<strong>en</strong>t pas desopioïdes (migraine,névralgie facialeess<strong>en</strong>tielle) et bi<strong>en</strong><strong>en</strong>t<strong>en</strong>du les <strong>douleur</strong>spsychogènes.Les antalgiquesopioïdes forts<strong>La</strong> morphine est leproduit de référ<strong>en</strong>cede cette classe. Sonadministration parvoie veineuse s’avèrela plus rapide et laplus fiable. En casd’urg<strong>en</strong>ce, choisirla titration (voirglossaire) par injectionsintraveineusesfractionnées répétéesjusqu’à l’état desoulagem<strong>en</strong>t. Unexemple <strong>en</strong> traumatologie: une posologiede 3 mg toutes les7 minutes est acceptablepour un adulte<strong>en</strong> bon état général.1617


3.Douleur neuropathiquePourquoi— j’ai des s<strong>en</strong>sations bizarresou franchem<strong>en</strong>t douloureuseset personne ne me croit ?— le moindre effleurem<strong>en</strong>t provoqueune <strong>douleur</strong> insupportable,et pourtant je ne souffre pasà cet <strong>en</strong>droit de mon corps ?— ma <strong>douleur</strong> augm<strong>en</strong>te quandje suis stressé ?Pourquoi j’ai des s<strong>en</strong>sations bizarresou franchem<strong>en</strong>t douloureuseset personne ne me croit ?Certaines <strong>douleur</strong>s exprim<strong>en</strong>t une altération dusystème nerveux lui-même (nerfs, moelle épinière,cerveau), et peuv<strong>en</strong>t se situer à distance de l’<strong>en</strong>droitlésé. Ainsi, une personne peut prés<strong>en</strong>ter une<strong>douleur</strong> ou une s<strong>en</strong>sation désagréable, de brûlurepar exemple, à un <strong>en</strong>droit indemne de toute lésion.C’est une structure nerveuse périphérique ou c<strong>en</strong>tralequi est alors <strong>en</strong> cause. Ces <strong>douleur</strong>s complexessont mal comprises par le malade et les soignants.Comm<strong>en</strong>t se repérer dans la définitiondes <strong>douleur</strong>s neuropathiques ?Anci<strong>en</strong>nem<strong>en</strong>t dénommées <strong>douleur</strong>s de désaffér<strong>en</strong>tationou neurogènes, elles sont consécutivesà une lésion nerveuse (réc<strong>en</strong>te ou anci<strong>en</strong>ne) quiinduit un dysfonctionnem<strong>en</strong>t du système nerveuxpériphérique ou c<strong>en</strong>tral (neuropathies du zona, dudiabète, postamputation, sur cicatrices d’interv<strong>en</strong>tionschirurgicales, lors de la sclérose <strong>en</strong> plaques…).Les s<strong>en</strong>sations liées à ces <strong>douleur</strong>s sont particulières,elles associ<strong>en</strong>t à des troubles s<strong>en</strong>sitifs (paresthésies 1 ,dysesthésies 2 , s<strong>en</strong>sations de brûlure) des fulgurancesbrutales (décharge électrique, coup de poignard).1. S<strong>en</strong>sation defourmillem<strong>en</strong>t nondouloureux.2. S<strong>en</strong>sation defourmillem<strong>en</strong>t,picotem<strong>en</strong>t, <strong>en</strong>gourdissem<strong>en</strong>tsdésagréablesvoire douloureux.18Le moindre effleurem<strong>en</strong>t provoqueune <strong>douleur</strong> effroyable !Un dysfonctionnem<strong>en</strong>t de la s<strong>en</strong>sibilité tactile estfréqu<strong>en</strong>t. <strong>La</strong> <strong>douleur</strong> se décl<strong>en</strong>che sur le frottem<strong>en</strong>td’un vêtem<strong>en</strong>t, le contact avec de l’eau – chaude oufroide – un courant d’air (allodynie 3 , hyperpathie 4 ).Ces signes sont caractéristiques des <strong>douleur</strong>s neuropathiques.3. Décl<strong>en</strong>chem<strong>en</strong>t d’une<strong>douleur</strong> par un stimulusnon douloureux.4. Syndrome douloureuxcaractérisé parune réponse retardéeexagérée et induite parun stimulus répétitif(nociceptif ou non).>19


3.Douleur neuropathiqueComm<strong>en</strong>t faire compr<strong>en</strong>dre que ma <strong>douleur</strong>augm<strong>en</strong>te quand je suis stressé ?Comme les autres types de <strong>douleur</strong>, la perceptionde la <strong>douleur</strong> neuropathique augm<strong>en</strong>te considérablem<strong>en</strong>tavec le stress, l’anxiété et la dépression. <strong>La</strong><strong>douleur</strong> neuropathique n’est ni un signe de folie niune inv<strong>en</strong>tion.Le médecin me dit que je suis guéri(ou que ma maladie ne s’aggrave pas)mais pourquoi ai-je toujours mal ?Les <strong>douleur</strong>s neuropathiques sont souv<strong>en</strong>t les séquellesd’une maladie ou d’une chirurgie. Elles peuv<strong>en</strong>tpersister longtemps après la guérison de la causeinitiale. C’est le cas du zona. Ces <strong>douleur</strong>s peuv<strong>en</strong>ts’avérer difficiles à soulager.Pourquoi, alors que j’ai pris des médicam<strong>en</strong>ts– même de la morphine – j’ai toujours mal ?Les antalgiques sont peu ou pas efficaces sur les <strong>douleur</strong>sneuropathiques. De fait, la morphine n’a pasd’action spécifique sur les dysfonctionnem<strong>en</strong>ts dusystème nerveux observés dans ce type de <strong>douleur</strong>.Les traitem<strong>en</strong>ts utilisés sont certains antidépresseurset antiépileptiques qui agiss<strong>en</strong>t spécifiquem<strong>en</strong>t surla conduction des fibres nerveuses lésées. Le traitem<strong>en</strong>test initié avec une posologie très faible et augm<strong>en</strong>téprogressivem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> fonction de la tolérance(somnol<strong>en</strong>ce, s<strong>en</strong>sations vertigineuses). Prév<strong>en</strong>irla personne que l’équilibre <strong>en</strong>tre efficacité et effetsFormationet <strong>douleur</strong>neuropathiqueFaute de formation,les professionnelsde santé se trouv<strong>en</strong>tsouv<strong>en</strong>t désemparéspour id<strong>en</strong>tifierdes <strong>douleur</strong>sneuropathiques.Ces <strong>douleur</strong>s sontdéconcertantes tantpour la personnemalade que pourle médecin. Cecontexte <strong>en</strong>traîne undouble risque pourle pati<strong>en</strong>t : un dénide sa <strong>douleur</strong> ouune psychiatrisationde son cas. Encouragerles soignantsà bénéficier d’uneformation spécifique<strong>en</strong> ce domaine estparticulièrem<strong>en</strong>trecommandé.indésirables peut être difficile et long à trouver.L’association d’autres méthodes est souv<strong>en</strong>t efficace: relaxation, stimulation électrique transcutanée(t e n s), hypnose… (voir chap. 16).Pourquoi j’ai toujours mal alors queje pr<strong>en</strong>ds des antidépresseurs ?Antidépresseurs, antidépresseurs tricycliques et anticonvulsivants,ont une action c<strong>en</strong>trale qui corrige <strong>en</strong>partie les dysfonctionnem<strong>en</strong>ts de la transmission etdes contrôles des messages nociceptifs. Les objectifsde ces traitem<strong>en</strong>ts doiv<strong>en</strong>t être particulièrem<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong>expliqués aux personnes malades ainsi que les délaisd’évaluation de l’efficacité.Est-ce que le cancer peut provoquerdes <strong>douleur</strong>s neuropathiques ?Les <strong>douleur</strong>s cancéreuses peuv<strong>en</strong>t être mixtes(nociceptive et neuropathique), associant lésionslocales inflammatoires ou tumorales et <strong>en</strong>vahissem<strong>en</strong>tdu système nerveux. Il faut alors, commeface à toute <strong>douleur</strong>, bi<strong>en</strong> les analyser pour repérercelles relevant d’un mécanisme neuropathique.Douleurneuropathiqueet opioïdesLes <strong>douleur</strong>s neuropathiquesréagiss<strong>en</strong>tde manière peuprévisible aux opioïdeselles ne peuv<strong>en</strong>ts’<strong>en</strong>visager qu’<strong>en</strong>2 e int<strong>en</strong>tion (aprèsépuisem<strong>en</strong>t de tousles traitem<strong>en</strong>tsspécifiques) aprèsavis spécialisé (depréfér<strong>en</strong>ce par uneéquipe <strong>en</strong>traînée etmultidisciplinaire).20 21


4.Psychologie et <strong>douleur</strong>Est-il vrai22— qu’une <strong>douleur</strong> puiss<strong>en</strong>e v<strong>en</strong>ir que de la tête ?— qu’une <strong>douleur</strong> puisseêtre liée à une dépression ?— que mon mode de vie puisseinflu<strong>en</strong>cer ma <strong>douleur</strong> ?<strong>La</strong> <strong>douleur</strong>, ça se passe dans ma tête ?Une maladie dépressive peut avoir pour expressionprincipale une <strong>douleur</strong> (migraines ou lombalgies,par exemple). L’anxiété, surtout lorsqu’elle survi<strong>en</strong>tsous forme de crise, <strong>en</strong>traîne très souv<strong>en</strong>t desmanifestations douloureuses. Néanmoins, qualifierune <strong>douleur</strong> de psychogène ne doit pas dev<strong>en</strong>ir undiagnostic par défaut. Il convi<strong>en</strong>t d’étayer ce diagnosticsur des argum<strong>en</strong>ts psycho-pathologiques.Dire qu’une dim<strong>en</strong>sion psychique est associée à une<strong>douleur</strong> ne veut pas dire que la personne malade vapour autant percevoir cela. Mais que cette dim<strong>en</strong>sionsoit perçue ou non, la <strong>douleur</strong> sera de toutefaçon vécue comme toutes les autres <strong>douleur</strong>s. Ilreste important dans tous les cas de figure que la<strong>douleur</strong> à forte composante psychique (due à untraumatisme, un deuil, une séparation…) puisseêtre prise <strong>en</strong> charge de façon id<strong>en</strong>tique à des <strong>douleur</strong>soù la dim<strong>en</strong>sion psychique sera moins importante,ou au second plan.Pour soigner ma <strong>douleur</strong>, le médecinm’ori<strong>en</strong>te vers un psychologueou un psychiatre, qu’<strong>en</strong> conclure ?L’état psychique influ<strong>en</strong>ce fortem<strong>en</strong>t la perceptionde la <strong>douleur</strong>. <strong>La</strong> <strong>douleur</strong> est plus difficile à supportersi la personne est déprimée ou anxieuse. D<strong>en</strong>ombreuses <strong>douleur</strong>s chroniques se r<strong>en</strong>contr<strong>en</strong>tdans les problématiques dites du li<strong>en</strong> (divorce,lic<strong>en</strong>ciem<strong>en</strong>t, retraite, décès, abus sexuel…). Alorsqu’une <strong>douleur</strong> qui persiste sans être correctem<strong>en</strong>tprise <strong>en</strong> charge peut provoquer secondairem<strong>en</strong>t untableau dépressif, une maladie dépressive premièrepeut s’exprimer de façon presque exclusive sur lemode douloureux. L’anxiété, surtout sous formede crise, se manifeste par des signes variés qui touch<strong>en</strong>tle corps et peuv<strong>en</strong>t être douloureux. Autantde raisons qui peuv<strong>en</strong>t justifier une prise <strong>en</strong> chargede type psychothérapique, psychocorporel, ou comportem<strong>en</strong>tal.>23


4. Psychologie et <strong>douleur</strong>Si je dis que je suis déprimé, va-t-onattribuer ma <strong>douleur</strong> à cet état dépressif ?<strong>La</strong> <strong>douleur</strong> chronique est fréquemm<strong>en</strong>t responsabled’un état dépressif : cet état n’a ri<strong>en</strong> de « honteux »ni de péjoratif pour la reconnaissance de la <strong>douleur</strong>.Être déprimé <strong>en</strong> réaction à une <strong>douleur</strong> chroniquedoit être considéré comme légitime et mériter untraitem<strong>en</strong>t. <strong>La</strong> souffrance psychologique se surajouteà la <strong>douleur</strong> et <strong>en</strong> augm<strong>en</strong>te la perception. Ilfaut sortir du cercle vicieux : <strong>douleur</strong>-dépression<strong>douleur</strong>.Un traitem<strong>en</strong>t uniquem<strong>en</strong>t fondé sur lesmédicam<strong>en</strong>ts antalgiques ne fera pas disparaître ladépression, car elle « s’ancre » au niveau psychique,non corporel.N’a-t-on pas t<strong>en</strong>dance à qualifierde « psychosomatique » une <strong>douleur</strong>dont on ne trouve pas la cause ?Le terme de somatisation est à utiliser avec prud<strong>en</strong>ce.Lorsque le bilan somatique est normal, il estcourant d’appliquer à tort et à travers les termes desomatisation, maladie fonctionnelle, hystérie… Cesmots sont perçus comme disqualifiants et insultants,ils peuv<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>forcer le symptôme qui n’a pas étéreconnu et pousser la personne à rechercher d’autressolutions (nomadisme médical…). Le diagnosticd’hystérie requiert l’avis d’un psychiatre ou d’unpsychologue clinici<strong>en</strong>, car il est souv<strong>en</strong>t surestimé,certains traits de personnalité ne constituant pas undiagnostic. <strong>La</strong> suspicion de simulation qui <strong>en</strong>toureles malades hystériques conduit parfois les soignantsà les exclure du système de soin. Le risque iatrogène<strong>La</strong> <strong>douleur</strong>psychogèneElle doit être prise <strong>en</strong>charge, avec la mêmerigueur que toutesles autres <strong>douleur</strong>s.Ne pas oublierque les codesculturels influ<strong>en</strong>c<strong>en</strong>tlargem<strong>en</strong>t l’expressionde la <strong>douleur</strong> etla perception qu’<strong>en</strong>ont les soignants.Selon la personne,la manifestation dela <strong>douleur</strong> peut êtretotalem<strong>en</strong>t différ<strong>en</strong>te: déferlem<strong>en</strong>tou rét<strong>en</strong>tion desémotions. L’expressionde la <strong>douleur</strong>ne préjuge <strong>en</strong> ri<strong>en</strong>de son int<strong>en</strong>sité.L’incompréh<strong>en</strong>sion<strong>en</strong>traîne bi<strong>en</strong>souv<strong>en</strong>t un dénide la <strong>douleur</strong> de lapart des soignants.est majeur. Or leur souffrance est bi<strong>en</strong> réelle. Dansle domaine de la <strong>douleur</strong>, la simulation reste exceptionnelle.<strong>La</strong> <strong>douleur</strong> m’empêche de vivre, que faire ?Avoir mal longtemps <strong>en</strong>traîne des changem<strong>en</strong>ts decomportem<strong>en</strong>t. Les personnes s’<strong>en</strong>ferm<strong>en</strong>t dansleur <strong>douleur</strong>. Les relations avec les autres se modifi<strong>en</strong>t.Souv<strong>en</strong>t, la personne malade est découragée,désespérée, se s<strong>en</strong>t isolée. Il est donc nécessaire defaire interv<strong>en</strong>ir un professionnel pour id<strong>en</strong>tifier avecelle quels sont les attitudes, les comportem<strong>en</strong>ts, lesreprés<strong>en</strong>tations (catastrophisme, abs<strong>en</strong>ce de projet,isolem<strong>en</strong>t, limitation de l’activité) qui r<strong>en</strong>forc<strong>en</strong>tet pér<strong>en</strong>nis<strong>en</strong>t le tableau douloureux. <strong>La</strong> stratégiethérapeutique doit intégrer obligatoirem<strong>en</strong>t tous cesélém<strong>en</strong>ts.<strong>La</strong> dépressionC’est l’état psychologiquele plussouv<strong>en</strong>t associé à la<strong>douleur</strong> chronique(au-delà de 50 %des cas). <strong>La</strong> spiraled’auto-<strong>en</strong>treti<strong>en</strong><strong>douleur</strong>-dépression-<strong>douleur</strong>méritetoujours des explicationsdétaillées.24 25


0. 5.Évaluer la <strong>douleur</strong>Comm<strong>en</strong>t— évaluer moi-même ma <strong>douleur</strong> ?— me croire si je dis que je n’ai plusmal maint<strong>en</strong>ant, alors que j’avaistrès mal ce matin ?— savoir si ma mère souffre,elle a une maladie d’Alzheimer…Puis-je évaluer, moi-même, ma <strong>douleur</strong> ?Personne d’autre n’est mieux placé que le pati<strong>en</strong>tpour décrire ce qu’il ress<strong>en</strong>t : préciser où il a mal,avec quelle int<strong>en</strong>sité… Lui seul déti<strong>en</strong>t la référ<strong>en</strong>cepersonnelle de sa <strong>douleur</strong>, ce qui lui permet de suivreson niveau d’int<strong>en</strong>sité selon le mom<strong>en</strong>t et le traitem<strong>en</strong>t<strong>en</strong> cours. Lui seul pourra dire s’il est soulagé.Comm<strong>en</strong>t évaluer ma <strong>douleur</strong> ?Aucun exam<strong>en</strong>, aucune prise de sang, aucun scanner,ne permet d’objectiver la <strong>douleur</strong>. Il faut donc évaluerson int<strong>en</strong>sité. Cette évaluation sert de référ<strong>en</strong>cepour vérifier l’efficacité des traitem<strong>en</strong>ts. L’approchepour quantifier la <strong>douleur</strong> d’une personne capablede communiquer s’appuie principalem<strong>en</strong>t sur troisméthodes : l’Échelle numérique, l’Échelle visuelleanalogique (e va) et l’Échelle verbale simple.Si je dis que je n’ai plus mal maint<strong>en</strong>ant,qui croira que j’ai eu très mal ce matin ?Certaines <strong>douleur</strong>s sont discontinues et survi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>tpar poussées. Évaluer la <strong>douleur</strong> d’une personnemalade revi<strong>en</strong>t à mesurer sa perception et ses variationsdans le temps. C’est fondam<strong>en</strong>tal pour trouverle traitem<strong>en</strong>t le mieux adapté. Pr<strong>en</strong>dre un médicam<strong>en</strong>tantalgique vise à réduire au maximum la<strong>douleur</strong>. Si la personne a nettem<strong>en</strong>t moins mal ouplus mal du tout, le traitem<strong>en</strong>t choisi fait preuve deson efficacité.Ma mère a la maladie d’Alzheimer,comm<strong>en</strong>t savoir si elle souffre ?Une personne atteinte de cette maladie, un maladeayant des troubles de communication, un petit<strong>en</strong>fant, un nourrisson, sont incapables d’évoquerl’int<strong>en</strong>sité de ce qu’ils éprouv<strong>en</strong>t. Il reste alors àobserver les comportem<strong>en</strong>ts et les mouvem<strong>en</strong>ts ducorps. Agitation, désintérêt, repli sur soi, crispationsÉchelle visuelleanalogique (eva),Échelle numériqueet Échelle verbalesimple.Les échelles inform<strong>en</strong>tsur l’int<strong>en</strong>sitéglobale perçue parla personne.26> 27


X. 5.Évaluer la <strong>douleur</strong>du visage, pleurs, gémissem<strong>en</strong>ts, gestes pour protégercertaines parties du corps, sont souv<strong>en</strong>t des signesrévélateurs de <strong>douleur</strong>. Ces comportem<strong>en</strong>ts sontd’autant plus significatifs, qu’ils sont inhabituels.Dans ce cadre, les outils d’auto-évaluation sont généralem<strong>en</strong>tinadaptés. Pour quantifier ces <strong>douleur</strong>s il estrecommandé d’utiliser les grilles d’observation comportem<strong>en</strong>tale(voir chap. 13). Il peut être nécessaired’interroger l’<strong>en</strong>tourage de la personne pour repérerd’év<strong>en</strong>tuels changem<strong>en</strong>ts de comportem<strong>en</strong>t.Comm<strong>en</strong>t mesure-t-on la <strong>douleur</strong> de l’<strong>en</strong>fant ?À partir de 3-4 ans, l’<strong>en</strong>fant peut dire lui-mêmecombi<strong>en</strong> il a mal si on lui propose 3 niveaux (unpeu/beaucoup/très mal) ou/et l’échelle de visage.À partir de 5-6 ans, il peut utiliser la réglette (e va).À partir de 7 ans, il peut donner une note <strong>en</strong>tre 0 et10 (échelle numérique).Pour les plus jeunes ou les <strong>en</strong>fants non communicants,les soignants dispos<strong>en</strong>t de grilles d’observationdu comportem<strong>en</strong>t. Les par<strong>en</strong>ts peuv<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>trepérer si l’<strong>en</strong>fant prés<strong>en</strong>te des modificationsdans ses activités : pleurs, jeu, sommeil, appétit,humeur…Les échelles :intérêts et limitesÉvaluer l’int<strong>en</strong>sité dela <strong>douleur</strong> permet desuivre une personnemalade et d’adapterson traitem<strong>en</strong>t. Maiscette évaluationne donne aucuneinformation ni surla cause ni sur lemécanisme de la<strong>douleur</strong>. Comm<strong>en</strong>tquantifier la part del’émotion ? Impossiblede comparer deuxmalades <strong>en</strong>tre eux àpartir de ces échelles…<strong>La</strong> <strong>douleur</strong> exige uneapproche globale(modèle multidim<strong>en</strong>sionnel)pour pr<strong>en</strong>dre<strong>en</strong> compte l’<strong>en</strong>sembledes facteurs. Dansla <strong>douleur</strong> chronique,cette approche ouvresur l’intégration depropositions thérapeutiquesdans unprogramme plurimodal(médicam<strong>en</strong>ts,suivis psychologiqueet physique).Échelle visuelle analogique (e va)<strong>La</strong> personne positionne le curseur <strong>en</strong> un point d’uneligne dont l’extrémité de gauche correspond à Pas de<strong>douleur</strong>-Pas mal du tout et celle de droite à Douleurtrès forte-Douleur maximale imaginable.Au verso, le soignant lit le chiffre correspondant à laposition du curseur sur une échelle de 0 à 100.Face prés<strong>en</strong>tée au pati<strong>en</strong>tPas de <strong>douleur</strong>Face vue par le pratici<strong>en</strong>Douleur maximaleimaginable100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0Échelle verbale simple<strong>La</strong> personne malade décrit l’int<strong>en</strong>sité de sa <strong>douleur</strong> àl’aide de mots simples : pas de <strong>douleur</strong>, faible, modérée,int<strong>en</strong>se. (Voir chap. 12 et 13.)Les échelles :résultats discordants<strong>La</strong> personne maladesemble surcôter ousous-côter sa <strong>douleur</strong>? Peut-être qu’ell<strong>en</strong>’a pas bi<strong>en</strong> comprisla méthode choisie.En proposer uneautre. Si l’incohér<strong>en</strong>cepersiste, elle doit êtrerelevée et donner lieuà un échange <strong>en</strong>tretous les interv<strong>en</strong>antsafin d’<strong>en</strong> connaîtrela signification.Description des ÉchellesÉchelle numérique (Voir chap. 12 et 13.)<strong>La</strong> personne attribue une note de 0 à 10pour décrire l’int<strong>en</strong>sité de sa <strong>douleur</strong>.0 = Pas de <strong>douleur</strong>-Pas mal du tout.10 = Douleur très forte-Douleur maximaleimaginable.2829


0. 6.Douleur provoquée par les soinsQuels sont30— les soins et les actes qui font mal ?— les médicam<strong>en</strong>ts qui permett<strong>en</strong>td’avoir moins mal ?— les autres moy<strong>en</strong>snon médicam<strong>en</strong>teux ?Quels sont les soins et les actes qui font mal ?Les soins de pratique courante sont très souv<strong>en</strong>tdouloureux. Il ne faut jamais méconnaître la <strong>douleur</strong>provoquée par les soins ni la banaliser.Les personnels de santé ont à leur disposition desmoy<strong>en</strong>s pour prév<strong>en</strong>ir et soulager la <strong>douleur</strong> lors :– de poses de sonde, cathéter ou chambre implantable,– de prélèvem<strong>en</strong>ts sanguins veineux, artériels,– de ponctions veineuses périphériques, c<strong>en</strong>trales,artérielles, de chambre implantable, de ponctionslombaire, pleurale, hépatique, d’ascite, de moelleosseuse ou de biopsies médullaire ou hépatique,Prescripteurs– de mise <strong>en</strong> place de perfusion, d’injections intraveineuses,– des pansem<strong>en</strong>ts (plaies, cicatrices, escarres, ulcères),– des soins d’hygiène et de confort (toilette, réfectiondu lit, installation ou mobilisation du malade),– des soins de cathéters veineux et artériels, de pochesde colostomie, de sonde de gastrostomie,– des transports ou mobilisations-installations pourexam<strong>en</strong> (radiologie, scanner) ou traitem<strong>en</strong>t (radiothérapie),– d’<strong>en</strong>doscopie,– de points de suture, de soins d<strong>en</strong>taires,– de séances de rééducation.Plus je fais d’exam<strong>en</strong>s, plus j’ai mal !Des soins douloureux qui se répèt<strong>en</strong>t sont de plus <strong>en</strong>plus difficiles à supporter.<strong>La</strong> hantise de leur retour augm<strong>en</strong>te l’anxiété dumalade et r<strong>en</strong>force sa perception de la <strong>douleur</strong>. Lessoins devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t de plus <strong>en</strong> plus difficiles et pluslongs à disp<strong>en</strong>ser.Faites quelque chose pour m’éviter d’avoir mal !En dehors du traitem<strong>en</strong>t antalgique, avant tout soin,quelques impératifs sont à observer : évaluer l’appréh<strong>en</strong>siondu malade, planifier le soin, regrouper lessoins douloureux (effectuer un seul prélèvem<strong>en</strong>tsanguin au lieu de trois), informer la personne surle déroulem<strong>en</strong>t du soin (différ<strong>en</strong>tes étapes, heure,lieu, durée, délai d’action du traitem<strong>en</strong>t antalgique),choisir du matériel adapté au soin, réfléchir avant>31


X. 6.Douleur provoquée par les soinsd’administrer un nouveau soin à quelqu’un qui <strong>en</strong>reçoit beaucoup.Quels sont les médicam<strong>en</strong>tsqui empêch<strong>en</strong>t d’avoir mal ?Il n’est pas toujours possible de faire disparaître totalem<strong>en</strong>tla <strong>douleur</strong> lors des soins. Sauf exception, lesmédicam<strong>en</strong>ts de niveau 1 et 2 (Voir chap. 14) sontinsuffisants pour contrôler efficacem<strong>en</strong>t ce type de<strong>douleur</strong>. Par contre, cette <strong>douleur</strong> peut être fortem<strong>en</strong>tatténuée par :– les anesthésiques topiques de la peau ou desmuqueuses (patch, crème anesthésiante, infiltrationtissulaire, spray local, gel de lidocaïne) ;– l’inhalation de Meopa (voir glossaire), associationd’une analgésie de surface et d’un effet anxiolytiquepour des soins douloureux de courte durée ;– les antalgiques de niveau 3 (voir chap. 14) <strong>en</strong> t<strong>en</strong>antcompte du délai d’action du produit ;– la prise <strong>en</strong> charge de l’anxiété (anxiolytique, relaxation).Anticiperet planifierIl faut t<strong>en</strong>ir comptedu délai d’actiondes produits :une à deux heurespour un patch decrème anesthésiante,généralem<strong>en</strong>tune heure pour lamorphine orale.personne p<strong>en</strong>dant et après le soin, l’inciter à exprimerce qu’elle ress<strong>en</strong>t, à dire quand il faut arrêter ouinterrompre le soin, à évaluer le niveau de sa <strong>douleur</strong>(voir chap. 5), favoris<strong>en</strong>t une prise <strong>en</strong> charge personnaliséeet adaptée (autres doses du même médicam<strong>en</strong>t,association d’un autre).Peut-on atténuer ma <strong>douleur</strong> par d’autresmoy<strong>en</strong>s que les médicam<strong>en</strong>ts ?Pour réaliser un soin dans des conditions optimales,il faut installer la personne dans une positionadaptée à son état physique, donner des explicationsp<strong>en</strong>dant le soin, veiller au calme de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t,<strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ir un état de décontraction (inciter à respirercalmem<strong>en</strong>t, dévier l’att<strong>en</strong>tion par le dialogue), userde gestes doux, habiles, att<strong>en</strong>tifs. (Voir chap. 16.)Des protocolesantalgiquesprév<strong>en</strong>tifs et curatifs<strong>La</strong> prév<strong>en</strong>tion et letraitem<strong>en</strong>t de la <strong>douleur</strong>provoquée parles soins s’inscriv<strong>en</strong>tdans les priorités duProgramme Nationalde Lutte contre laDouleur 2002-2005.Élaborer des protocolespour chaquesoin douloureux estparticulièrem<strong>en</strong>trecommandé.Le s<strong>en</strong>s du contactRester empathiqueet rassurant avant etp<strong>en</strong>dant le soin estfondam<strong>en</strong>tal. Faire <strong>en</strong>sorte que la personneait bi<strong>en</strong> compris l’informationsur le soinqu’elle va recevoir etle protocole antalgiquechoisi. Au besoins’<strong>en</strong>tourer d’un interprèteou d’un familier.Comm<strong>en</strong>t choisir et ajusterun traitem<strong>en</strong>t antalgique ?Avant tout geste pot<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t douloureux, lesprofessionnels de santé ont à prév<strong>en</strong>ir la <strong>douleur</strong> et àmettre <strong>en</strong> œuvre un traitem<strong>en</strong>t adapté.Le type d’antalgique, la dose, la voie et l’heure d’administrationdép<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t du soin à disp<strong>en</strong>ser, du traitem<strong>en</strong>tantalgique, de l’état clinique de la personneet du déroulem<strong>en</strong>t des soins antérieurs. Observer laÉchec à la <strong>douleur</strong>Si le soin restedouloureux malgré letraitem<strong>en</strong>t prév<strong>en</strong>tif,il est nécessaire dechanger de protocole,voire d’<strong>en</strong>visager uneanesthésie générale.3233


7.Douleur postopératoireJ’ai peur34— d’avoir mal après mon opération,— de subir une opération dansun service qui ne pr<strong>en</strong>dra pas<strong>en</strong> compte ma <strong>douleur</strong>,— de pr<strong>en</strong>dre de la morphine…J’ai peur d’avoir mal après mon opération…Les interv<strong>en</strong>tions chirurgicales sont sources de<strong>douleur</strong>, pour autant cette <strong>douleur</strong> ne doit être nibanalisée ni négligée. Quelle que soit son int<strong>en</strong>sité,cette <strong>douleur</strong> doit être prise <strong>en</strong> compte et traitée.Pour la contrôler efficacem<strong>en</strong>t, il faut prévoir uneévaluation régulière par la personne elle-même, etun traitem<strong>en</strong>t.PrescripteursUn impératifPrév<strong>en</strong>ir systématiquem<strong>en</strong>tl’inefficacitéou l’insuffisancedu traitem<strong>en</strong>t, <strong>en</strong>prévoyant dans laprescription : uneaugm<strong>en</strong>tation dela posologie, uneréduction de l’intervalledes prises, lerecours à un produitplus puissant…Comm<strong>en</strong>t repérer un service <strong>en</strong>gagédans la prise <strong>en</strong> charge de la <strong>douleur</strong> ?Lors de la consultation préanesthésique, les outils demesure et les méthodes d’évaluation de la <strong>douleur</strong> sontprés<strong>en</strong>tés au pati<strong>en</strong>t. Il est fait référ<strong>en</strong>ce aux protocolesde traitem<strong>en</strong>t de la <strong>douleur</strong> élaborés par le service.Un Contrat d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t contre la <strong>douleur</strong> conçu parle ministère de la Santé est systématiquem<strong>en</strong>t remis.Pour plus de précision : consulter www.sante.gouv.fr(accès simplifié par le thème Douleur).J’ai peur de pr<strong>en</strong>dre de la morphine ?Quel est le risque de dép<strong>en</strong>dance ?<strong>La</strong> morphine est l’un des produits de référ<strong>en</strong>ce pourtraiter la <strong>douleur</strong> postopératoire. L’utilisation de lamorphine <strong>en</strong> postopératoire n’<strong>en</strong>traîne aucun risquede dép<strong>en</strong>dance ni de toxicomanie. Pour les <strong>douleur</strong>spostopératoires modérées, il existe d’autres traitem<strong>en</strong>tsantalgiques comme le paracétamol, les antiinflamatoires,la codéine, le tramadol, le nefopam.Comm<strong>en</strong>t effectuer une titrationde morphine par voie veineuse ?Pour une <strong>douleur</strong> postopératoire, la titration (voirglossaire) consiste à administrer par voie intraveineuseune quantité fractionnée de morphine (2 à 3 mg chezl’adulte, 0,05 mg/kg chez l’<strong>en</strong>fant, toutes les 5-10minutes), jusqu’à obt<strong>en</strong>ir un soulagem<strong>en</strong>t jugé satisfaisantpar le pati<strong>en</strong>t. Et les protocoles pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>en</strong>compte le niveau de vigilance, la respiration et l’int<strong>en</strong>->35


7.Douleur postopératoiresité des <strong>douleur</strong>s. <strong>La</strong> dose totale de morphine administréelors de cette titration dép<strong>en</strong>d de différ<strong>en</strong>ts facteurs: la s<strong>en</strong>sibilité individuelle à l’action de l’opioïde,le niveau de <strong>douleur</strong> perçue, le type de chirurgie, letype d’anesthésie, la dose totale et la nature du morphiniqueutilisé <strong>en</strong> préopératoire. Pour les chirurgiesdouloureuses, la relation n’est pas établie <strong>en</strong>tre la doseinitiale de titration et la consommation ultérieure demorphiniques. Après ce soulagem<strong>en</strong>t initial, la morphinepeut être administrée selon plusieurs voies :– intraveineuse le plus souv<strong>en</strong>t grâce à une pompe pca ;– sous-cutanée (sc) ;– orale : morphine à libération immédiate parfois associéeà de la morphine à libération prolongée (selon lesrecommandations de la Société française d’anesthésieet de réanimation – sfar).compris les antidépresseurs, antiépileptiques, morphiniques),sous peine de risque de rebond de la <strong>douleur</strong>(ou d’accid<strong>en</strong>t de sevrage s’il s’agissait d’opioïde fort).Allez-vous me donner des médicam<strong>en</strong>tscontre la <strong>douleur</strong> à ma sortie ?Il ne doit pas y avoir de rupture dans la prise <strong>en</strong> chargede la <strong>douleur</strong> <strong>en</strong>tre les temps hospitalier et posthospitalier.L’ordonnance de sortie comporte systématiquem<strong>en</strong>tdes antalgiques adaptés à l’int<strong>en</strong>sité de la<strong>douleur</strong>. Prévoir un traitem<strong>en</strong>t de 2e int<strong>en</strong>tion <strong>en</strong> casd’échec (augm<strong>en</strong>tation de la posologie, réduction del’intervalle des prises, recours à un produit plus puissant).Le médecin traitant doit être informé rapidem<strong>en</strong>tpour pr<strong>en</strong>dre le relais du suivi médical.Prise <strong>en</strong> chargede la <strong>douleur</strong> : labonne démarcheLors de la visitepréanesthésique,prés<strong>en</strong>tation desmoy<strong>en</strong>s disponiblespour évaluerla <strong>douleur</strong> et lestraitem<strong>en</strong>ts utilisés(pompe à morphine,péridurale).Remise du Contratd’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>tcontre la <strong>douleur</strong>.Quelles sont les autres méthodespour calmer la <strong>douleur</strong> postopératoire ?Pour certaines interv<strong>en</strong>tions chirurgicales, des techniquesanalgésiques locales et/ou régionales (péridurale, blocsnerveux) sont très efficaces. Des techniques non médicam<strong>en</strong>teuses(chaud, froid, neurostimulation transcutanée,relaxation) complèt<strong>en</strong>t l’action des médicam<strong>en</strong>ts.J’ai une <strong>douleur</strong> chronique, faut-ilarrêter mon traitem<strong>en</strong>t antalgique ?Lors de la consultation préanesthésique, il est importantde faire le point sur le traitem<strong>en</strong>t antalgique habituelde la personne. Un traitem<strong>en</strong>t antalgique antérieur,sauf exception, ne doit pas être interrompu (yPassage de la voie IV à la voie orale<strong>La</strong> dose de morphine IV reçue dans les dernières24 heures (<strong>en</strong> mg) sera multipliée par 3 pour obt<strong>en</strong>ir ladose de sulfate de morphine à prescrire par voie oralesur 24 h. Cette dose sera répartie toutes les 4 h (6 prises)pour la morphine à libération immédiate (LI) outoutes les 12 h (2 prises) pour la morphine à libérationprolongée sur 12 heures (LP 12 h), ou toutes les 24 h (1prise) pour la morphine à libération prolongée sur 24heures (LP 24 h). Ainsi le pati<strong>en</strong>t qui recevait 40 mg demorphine IV par 24 h devra recevoir 120 mg de morphinepar voie orale 1 . En cas d’accès douloureux (voirglossaire) ou d’actes douloureux prévisibles, la possibilitéd’interdose supplém<strong>en</strong>taire (10 % de la dose totale)doit être anticipée par le prescripteur.1. Soit 20 mg toutesles 4 h avec de lamorphine à libérationimmédiate (LI) ou60 mg toutes les 12 havec de la morphineà libération prolongéesur 12 h (LP 12 h),ou 120 mg toutesles 24 h avec de lamorphine à libérationprolongée sur 24 h(LP 24 h).36 37


8.Migraine et les céphaléesEst-on38— vraim<strong>en</strong>t migraineux ?— prédisposé à la migraine ?— exposé au risque de céphaléechronique quotidi<strong>en</strong>ne ?Suis-je vraim<strong>en</strong>t migraineux ?Les critères symptomatiques de la migraine selon ladéfinition de l’International headache society (i h s)sont :1. le mal de tête évolue par crises (durée de quelquesheures à trois jours) <strong>en</strong>trecoupées de périodesde rémission ;2. au moins cinq crises ont été répertoriées ;3. le mal de tête prés<strong>en</strong>te au moins deux des aspectssuivants : localisé d’un côté de la tête, pulsatile, accrupar l’effort physique, <strong>douleur</strong> forte à très forte ;4. le mal de tête s’accompagne d’au moins l’un dessignes suivants : nausées ou vomissem<strong>en</strong>ts, gêne à lalumière et au bruit.Si la personne malade remplit les quatre critères dedéfinition de la migraine, elle est vraim<strong>en</strong>t migraineuse.Si elle <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>te trois sur quatre, elle estprobablem<strong>en</strong>t migraineuse. Dans tous les cas, l’exam<strong>en</strong>clinique est normal. Il existe très souv<strong>en</strong>t descéphalées de t<strong>en</strong>sion associées aux crises migraineuses: céphalées d’int<strong>en</strong>sité modérée, peu invalidantes,elles ne s’accompagn<strong>en</strong>t pas de nausées, de vomissem<strong>en</strong>tsou de phono/photophobie.Pourquoi suis-je migraineux ?Il est probable que la migraine touche des personnesayant une prédisposition génétique (prés<strong>en</strong>ced’autres migraineux dans la famille). Comme pourd’autres pathologies, une prédisposition n’est pasresponsable à elle seule de la maladie.Très souv<strong>en</strong>t les crises sont décl<strong>en</strong>chées par différ<strong>en</strong>tsfacteurs bi<strong>en</strong> connus du migraineux : stress, stimulationss<strong>en</strong>sorielles, certains alim<strong>en</strong>ts, changem<strong>en</strong>ts derythme de vie…Dois-je faire des exam<strong>en</strong>s ?Si le mal de tête de la personne correspond aux critèresde l’i h s et si, <strong>en</strong> dehors des crises, l’exam<strong>en</strong>clinique est strictem<strong>en</strong>t normal, il n’y a aucuneraison de procéder à un scanner, irm ou électro<strong>en</strong>céphalogramme.Contrairem<strong>en</strong>t à l’idée reçue, la<strong>douleur</strong> migraineuse n’a pas de li<strong>en</strong> avec les sinus,d<strong>en</strong>ts, vertèbres cervicales, yeux ou vésicule biliaire.Il est donc inutile de réaliser des exam<strong>en</strong>s pourexplorer ces organes.« Ça tape »L’aspect pulsatilede la <strong>douleur</strong> liée àla migraine est dûà une dist<strong>en</strong>siontransitoire desvaisseaux méningés.Les piègesdiagnostiquesIl faut p<strong>en</strong>ser à lamigraine pour toute<strong>douleur</strong> de la face(frontale et périorbitaire)et devantcertains troublesvisuels ou digestifs.>39


8.Migraine et les céphaléesQuels sont les risques des migraines ?Le risque majeur de la migraine est l’évolution progressivevers une céphalée chronique quotidi<strong>en</strong>ne.Les crises se font de plus <strong>en</strong> plus fréqu<strong>en</strong>tes et, <strong>en</strong>treles crises, le mal de tête persiste. Cette évolutionpeut être favorisée par l’anxiété, la dépression, l’utilisationexcessive de traitem<strong>en</strong>ts de crise. Elle résultesouv<strong>en</strong>t d’une prise <strong>en</strong> charge incomplète c<strong>en</strong>tréesur une approche pharmacologique considérant uniquem<strong>en</strong>tle traitem<strong>en</strong>t de crise et n’intégrant pas laglobalité de la maladie et ses composantes psychosociales.Comm<strong>en</strong>t raccourcir la duréede mes crises de migraine ?Le traitem<strong>en</strong>t de crise fait appel aux anti-inflammatoiresnon stéroïdi<strong>en</strong>s et à des médicam<strong>en</strong>ts antimigraineuxspécifiques vasoconstricteurs des vaisseauxméningés comme les dérivés de l’ergot de seigle etsurtout les triptans. Ce traitem<strong>en</strong>t sera d’autant plusefficace s’il est pris au tout début de la crise.<strong>La</strong> migraine,maladiepsychologique ?Non, mais des facteursdécl<strong>en</strong>chantspsychologiques(stress, anxiété,émotions) sontsouv<strong>en</strong>t à l’origined’une auth<strong>en</strong>tiquecrise migraineuse.<strong>La</strong> migrainechez l’<strong>en</strong>fant5 à 10 % des<strong>en</strong>fants sontsujets à la migraine(voir chap. 12).migraine et céphalée de t<strong>en</strong>sion afin d’éviter l’abusde médicam<strong>en</strong>ts et ses conséqu<strong>en</strong>ces : l’apparition decéphalées chroniques quotidi<strong>en</strong>nes.Comm<strong>en</strong>t diminuer le nombrede crises migraineuses ?Dans cette optique, il est nécessaire de repérer, et sipossible d’éviter, les facteurs décl<strong>en</strong>chants. En casde crises fréqu<strong>en</strong>tes, le médecin peut prescrire untraitem<strong>en</strong>t quotidi<strong>en</strong> (traitem<strong>en</strong>t de fond). D’autresméthodes – relaxation, meilleure gestion du stress –se révèl<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t très efficaces. Il est ess<strong>en</strong>tield’éduquer la personne migraineuse à différ<strong>en</strong>cierMorphineet migraineOn ne doit pasdonner d’opioïdesfaibles ou fortspour soulager unemigraine même si la<strong>douleur</strong> est viol<strong>en</strong>te.4041


9.Douleurs orofacialesPourquoi42— les d<strong>en</strong>ts font-elles si mal ?— j’ai mal à l’oreille et on meconseille d’aller chez le d<strong>en</strong>tiste ?— j’ai très mal à une d<strong>en</strong>tet on me dit que je n’ai ri<strong>en</strong> ?J’ai mal aux sinus, aux mâchoires,dans la bouche… à qui <strong>en</strong> parler ?Ori<strong>en</strong>ter la personne malade vers son d<strong>en</strong>tiste ou sonmédecin généraliste. Ces pratici<strong>en</strong>s sauront repérerquel est le domaine de compét<strong>en</strong>ce requis : chirurgied<strong>en</strong>taire, stomatologie, o r l, chirurgie maxillofaciale,neurologie, ophtalmologie…Pourquoi les d<strong>en</strong>ts font-elles si mal ?<strong>La</strong> face est la région la plus innervée du corps. Elleassure de multiples fonctions : manger, parler, voir,s<strong>en</strong>tir, <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre et communiquer. Les <strong>douleur</strong>s orofacialessont fréqu<strong>en</strong>tes, souv<strong>en</strong>t sévères et handicapantessocialem<strong>en</strong>t et psychologiquem<strong>en</strong>t.Peut-on soigner les <strong>douleur</strong>s d<strong>en</strong>tairesavec des médicam<strong>en</strong>ts ? Est-onobligé d’aller chez le d<strong>en</strong>tiste ?Les <strong>douleur</strong>s des d<strong>en</strong>ts et des g<strong>en</strong>cives sont le plussouv<strong>en</strong>t d’origine inflammatoire ou infectieuse.Même si les médicam<strong>en</strong>ts peuv<strong>en</strong>t soulager la <strong>douleur</strong>il est nécessaire de consulter un d<strong>en</strong>tiste. Car si lesinfections et les destructions de d<strong>en</strong>ts sont importantes(caries, fractures) il faut bénéficier des soins d’und<strong>en</strong>tiste. Certaines personnes n’os<strong>en</strong>t pas exprimerleur phobie des soins d<strong>en</strong>taires, les soignants doiv<strong>en</strong>tles <strong>en</strong>courager à <strong>en</strong> parler. Il existe actuellem<strong>en</strong>t d<strong>en</strong>ombreux moy<strong>en</strong>s pour soigner sans faire mal : anesthésielocale, prémédication, Meopa…J’ai mal à l’oreille <strong>en</strong> mangeant et l’Orlm’ori<strong>en</strong>te vers un d<strong>en</strong>tiste, pourquoi ?Ces <strong>douleur</strong>s ne sont pas forcém<strong>en</strong>t causées par lesoreilles (ni même par les d<strong>en</strong>ts). <strong>La</strong> personne peutsouffrir au niveau des articulations de la mâchoireet des muscles de la face (arthromyalgie). Ces <strong>douleur</strong>sont t<strong>en</strong>dance à s’ét<strong>en</strong>dre à la tête, au cou et auxoreilles.>43


9.Douleurs orofacialesJ’ai très mal à une d<strong>en</strong>t et on me dit queje n’ai ri<strong>en</strong>. Dois-je la faire arracher ?Au niveau de la face, comme pour les autres partiesdu corps, des lésions nerveuses peuv<strong>en</strong>t être responsablesde <strong>douleur</strong>. Ces <strong>douleur</strong>s neuropathiques(voir chap. 3) se trait<strong>en</strong>t avec des médicam<strong>en</strong>ts. <strong>La</strong>dévitalisation ou l’extraction de la d<strong>en</strong>t vi<strong>en</strong>draitév<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t aggraver la <strong>douleur</strong>.<strong>La</strong> langue et les g<strong>en</strong>cives me brûl<strong>en</strong>t.Personne ne me croit. Est-ce psychologique ?Ces <strong>douleur</strong>s assez courantes sont souv<strong>en</strong>t méconnues.Mal prises <strong>en</strong> charge, elles se révèl<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>tinvalidantes. Les soins d<strong>en</strong>taires (dépose d’amalgame,extraction) sont inefficaces. Les spécialistes connaiss<strong>en</strong>tbi<strong>en</strong> cette maladie (glossodynie) et peuv<strong>en</strong>tproposer des traitem<strong>en</strong>ts spécifiques. Les <strong>douleur</strong>s<strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t dans deux catégories différ<strong>en</strong>tes : symptomatiques(candidoses, anémies) ou idiopathiques (fréqu<strong>en</strong>tessouv<strong>en</strong>t après la ménopause)Qu’est-ce qu’une rage de d<strong>en</strong>t ?<strong>La</strong> pulpite aiguë est une <strong>douleur</strong> inflammatoire profonde,spontanée, exacerbée par la position allongée.Le traitem<strong>en</strong>t doit être strictem<strong>en</strong>t antalgique dansl’att<strong>en</strong>te d’une consultation d<strong>en</strong>taire. Recourir auxantibiotiques est inutile. Quand la pulpe d<strong>en</strong>taireest infectée, le signe clinique majeur est la <strong>douleur</strong> àla percussion : d<strong>en</strong>t intouchable. Le drainage chirur-gical s’impose. Le recours aux antibiotiques relèvede l’ét<strong>en</strong>due de l’infection et des facteurs de risquepropres à la personne.Comm<strong>en</strong>t pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> charge une arthromyalgie ?<strong>La</strong> prise <strong>en</strong> charge est comparable à celles des lombalgies.Fréqu<strong>en</strong>tes, les arthromyalgies sont fortem<strong>en</strong>tcorrélées à des états de stress et des déséquilibreshormonaux. Elles sont souv<strong>en</strong>t la manifestationfaciale de myalgies généralisées. <strong>La</strong> résolution spontanéeest de l’ordre de 50 %. Privilégier <strong>en</strong> 1 re int<strong>en</strong>tionles approches fonctionnelles et pluridisciplinaires(explications, traitem<strong>en</strong>ts physiques, pharmacologiques,orthopédiques, relaxation, thérapies cognitivo-comportem<strong>en</strong>tales,réadaptation fonctionnelle).Réserver le recours à la chirurgie (maxillo-faciale,d<strong>en</strong>taire, orthodontique ou prothétique) aux cas dedysmorphoses congénitales ou acquises avérées.Soins d<strong>en</strong>tairespour les <strong>en</strong>fants,les personneshandicapéeset les personnesphobiquesDans le cadre del’amm (voir glossaire),le Meopa(voir glossaire) estrecommandé pourles soins d<strong>en</strong>tairesdélivrés auprèsde ces personnes.Actuellem<strong>en</strong>tcette prescriptionest réservée auxodontologistes spécialem<strong>en</strong>tformés(voir chap. 12).Neuropathiesd<strong>en</strong>taires etmaxillairesCes <strong>douleur</strong>s sontsouv<strong>en</strong>t iatrogèneset rebelles. <strong>La</strong> spécificitéde l’innervationtrigéminale expliquela complexité et la sévéritéde ces <strong>douleur</strong>s.Mal connues, elles ontt<strong>en</strong>dance à conduireà des traitem<strong>en</strong>ts chirurgicauxinutiles quimajor<strong>en</strong>t la <strong>douleur</strong>.4445


10.Lombalgie chronique communePourquoi— j’ai mal au dos ?— on ne m’a pas refait de radio ?— les médicam<strong>en</strong>tsne sont pas suffisants ?Pourquoi j’ai mal au dos ?Dans une large majorité de cas, le mal de dos estune lombalgie commune. Le mot « commun » veutdire que les facteurs physiques n’ont aucun caractèrede gravité. Les radiographies ne permett<strong>en</strong>t pas dedistinguer si la personne souffre ou non de lombalgie,car les mêmes images serai<strong>en</strong>t observées chez despati<strong>en</strong>ts sans <strong>douleur</strong>.<strong>La</strong> lombalgie commune devi<strong>en</strong>t chronique aprèstrois mois d’évolution. Elle résulte le plus souv<strong>en</strong>tde plusieurs facteurs, généralem<strong>en</strong>t intriqués. Ondoit à ce stade considérer les facteurs physiques etles facteurs psychologiques et professionnels.On ne m’a pas refait de radiorécemm<strong>en</strong>t, est-ce normal ?L’imagerie n’apporte pas d’élém<strong>en</strong>t contributif ausuivi d’une lombalgie chronique commune stable.Le médecin prescrira des exam<strong>en</strong>s complém<strong>en</strong>taires(radiographie, scanner, irm) dans les cas où la<strong>douleur</strong> se modifie.Existe-t-il des traitem<strong>en</strong>ts autresque médicam<strong>en</strong>teux ?Tant pour la prise <strong>en</strong> charge de la lombalgie chroniquecommune que pour la prév<strong>en</strong>tion d’épisodesaigus surajoutés, il convi<strong>en</strong>t le plus souv<strong>en</strong>t de privilégierdes moy<strong>en</strong>s non-médicam<strong>en</strong>teux complém<strong>en</strong>taires:– l’approche psycho-comportem<strong>en</strong>tale (compréh<strong>en</strong>siondu problème posé, prise <strong>en</strong> compte du niveaud’anxiété et de démoralisation…) ;– éducation posturale, travail physique de perceptions<strong>en</strong>sitivo-motrice ;– reconditionnem<strong>en</strong>t à l’effort, restauration fonctionnelledu rachis avec remise <strong>en</strong> confiance (réappr<strong>en</strong>dreà faire plutôt qu’à éviter). (Voir Chap.18).Lors d’un épisode aigu, les médicam<strong>en</strong>ts ne sontpas non plus la seule réponse : massothérapie, physiothérapie,év<strong>en</strong>tuelle cont<strong>en</strong>tion de protection oude mainti<strong>en</strong> de façon mom<strong>en</strong>tanée. En se souv<strong>en</strong>antqu’il est important de maint<strong>en</strong>ir les activités physiquespossibles. Le repos n’est plus considéré commeune stratégie de traitem<strong>en</strong>t utile.Définitiondes lombalgieschroniques communes<strong>La</strong> lombalgie chroniquepeut être définiecomme une <strong>douleur</strong>lombo-sacrée (àhauteur des crêtesiliaques ou plus bas),médiane ou latéralisée,durant au moinstrois mois, quasiquotidi<strong>en</strong>ne, sanst<strong>en</strong>dance à l’amélioration.À la <strong>douleur</strong>lombo-sacrée peuv<strong>en</strong>tév<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t s’associerdes irradiationsqui ne dépass<strong>en</strong>t pasle g<strong>en</strong>ou et ne domin<strong>en</strong>tjamais le tableau.46>47


10.Lombalgie chronique communeComm<strong>en</strong>t poursuivre monactivité professionnelle ?Le contact avec le médecin du travail est ess<strong>en</strong>tielpour évaluer l’adaptation au poste de travail et <strong>en</strong>visagerun aménagem<strong>en</strong>t des conditions professionnelles: horaires, gestes et positions, cad<strong>en</strong>ces… Déciderd’un év<strong>en</strong>tuel arrêt de travail mérite de bi<strong>en</strong> analyserce que l’on peut <strong>en</strong> att<strong>en</strong>dre : il n’est souv<strong>en</strong>t pas unesolution tant au long cours que de façon itérative :risque de déconditionnem<strong>en</strong>t à l’effort, de désocialisation,voire de lic<strong>en</strong>ciem<strong>en</strong>t…Accid<strong>en</strong>t du travailLe cadre de l’accid<strong>en</strong>tde travail est uneprotection limitéedans le temps. Ilest souv<strong>en</strong>t causede litiges avec lesorganismes sociauxet de tracas administratifsqui peuv<strong>en</strong>tretarder la réinsertionprofessionnelle.sociale, professionnelle et l’amélioration de la qualitéde vie. Cette prise <strong>en</strong> charge doit être mise <strong>en</strong> œuvreprécocem<strong>en</strong>t : dès qu’une lombalgie comm<strong>en</strong>ce àdev<strong>en</strong>ir chronique.J’ai déjà beaucoup consulté, j’ai toujours malau dos, je ne sais plus vers qui me tourner…Il est souv<strong>en</strong>t nécessaire de recourir à une équipepluridisciplinaire comme celle existant dans unestructure spécialisée dans la prise <strong>en</strong> charge de la<strong>douleur</strong> chronique ou une structure de rééducationet réadaptation dédiée à la lombalgie chronique.Qu’apporte une prise <strong>en</strong> chargemultidisciplinaire ?Les programmes multidisciplinaires de réadaptationà l’effort conjugu<strong>en</strong>t, dans des proportionsvariables, techniques psycho-corporelles, thérapiescognitivo-comportem<strong>en</strong>tales, éducation posturale,reconditionnem<strong>en</strong>t physique, conseils et aménagem<strong>en</strong>tsergonomiques… Cette prise <strong>en</strong> charge pluridisciplinairedes dim<strong>en</strong>sions somatique, psychologique,sociale a pour finalité une réinsertion familiale,Prescrire unarrêt de travail ?Dans les <strong>douleur</strong>schroniqueslombaires, un arrêtde travail n’est pasune vraie solution. Ilpeut même s’avérernéfaste. Il risque dediminuer la tolérancede la <strong>douleur</strong>, deprovoquer un déconditionnem<strong>en</strong>tphysiqueet d’<strong>en</strong>fermerla personne dansles cercles vicieuxde la <strong>douleur</strong> et deses conséqu<strong>en</strong>ces.48 49


11.Douleur du cancerEst-ce que50— mon cancer s’aggrave :j’ai de plus <strong>en</strong> plus mal ?— la chimiothérapie va soulagermes <strong>douleur</strong>s ?— je risque des brûlures à causedes rayons ?J’ai de plus <strong>en</strong> plus mal,mon cancer s’aggrave-t-il ?<strong>La</strong> <strong>douleur</strong> peut être un signe d’aggravation ou derécidive du cancer. Mais la <strong>douleur</strong> n’est pas toujoursliée à une évolution de la maladie. De nombreusesautres causes peuv<strong>en</strong>t interv<strong>en</strong>ir : arthrose,lombalgie, <strong>douleur</strong> postopératoire, effets du traitem<strong>en</strong>t,anxiété…Pourquoi ai-je des <strong>douleur</strong>s,ma tumeur est toute petite ?<strong>La</strong> <strong>douleur</strong> ne dép<strong>en</strong>d pas uniquem<strong>en</strong>t de la taillede la tumeur. L’importance du contact avec les ramificationsnerveuses et l’inflammation sont les principauxfacteurs responsables. Ainsi, des tumeursét<strong>en</strong>dues peuv<strong>en</strong>t être presque indolores, alors qued’autres, plus localisées, sont hyperalgiques.Quels sont les effets des rayons sur ma <strong>douleur</strong> ?Les rayons peuv<strong>en</strong>t diminuer le volume de la tumeur,ce qui soulage le plus souv<strong>en</strong>t la <strong>douleur</strong>. Ils peuv<strong>en</strong>taussi réduire l’inflammation sans diminuer la tumeur,et ainsi réduire la <strong>douleur</strong>. Dans ce cadre, le nombreefficace de séances peut varier de 1 à 10 habituellem<strong>en</strong>t.Ce nombre est calculé selon des normes trèsprécises. Ce soulagem<strong>en</strong>t n’est pas forcém<strong>en</strong>t immédiat,il peut être retardé de plusieurs semaines. A contrario,il arrive que les rayons <strong>en</strong>traîn<strong>en</strong>t une inflammationtransitoire et aggrav<strong>en</strong>t les <strong>douleur</strong>s quelquesjours. Il est alors nécessaire d’augm<strong>en</strong>ter la dose dutraitem<strong>en</strong>t antalgique et/ou d’introduire des antiinflammatoires(souv<strong>en</strong>t des corticoïdes) p<strong>en</strong>dantcette période.Quelles peuv<strong>en</strong>t être les conséqu<strong>en</strong>cesde l’irradiation ? Dois-je craindre des brûlures ?Il peut être nécessaire de prévoir un traitem<strong>en</strong>tprév<strong>en</strong>tif de la <strong>douleur</strong> lors de l’installation de lapersonne sur la table d’exposition. Cette table estRémissionet persistancede <strong>douleur</strong>Les traitem<strong>en</strong>tspeuv<strong>en</strong>t <strong>en</strong>traînerdes <strong>douleur</strong>s séquellaires.Elles sontsouv<strong>en</strong>t neuropathiques.Elles doiv<strong>en</strong>têtre impérativem<strong>en</strong>tprises <strong>en</strong> charge.Toute modificationde ces <strong>douleur</strong>sou toute nouvelle<strong>douleur</strong> doit conduireà rechercherune récidive.>51


11.Douleur du cancerdure et la position à adopter peut être douloureusecomme il arrive souv<strong>en</strong>t <strong>en</strong> radiologie. Le risqued’inflammation des organes irradiés et de séquellesà long terme est de plus <strong>en</strong> plus faible car lescalculs de doses sont dev<strong>en</strong>us extrêmem<strong>en</strong>t précis.Il peut surv<strong>en</strong>ir quelques brûlures semblables àcelles d’un coup de soleil. Elles sont temporaires etdoiv<strong>en</strong>t faire l’objet d’un traitem<strong>en</strong>t local et d’uneprescription d’antalgiques.Est-ce que la chimiothérapieva soulager mes <strong>douleur</strong>s ?<strong>La</strong> chimiothérapie diminue le volume de la tumeur,ce qui soulage le plus souv<strong>en</strong>t la <strong>douleur</strong>, mais ell<strong>en</strong>’a pas d’action anti-inflammatoire spécifique. Ellepeut être aussi responsable de <strong>douleur</strong>s : certainesmolécules sont toxiques pour d’autres tissus (lesmuqueuses). D’év<strong>en</strong>tuels effets sur les fibres nerveusesprovoqu<strong>en</strong>t – surtout au niveau des mains etdes pieds – des perceptions de fourmillem<strong>en</strong>ts, debrûlure, de décharges électriques… (Voir chap. 3.)Si je comm<strong>en</strong>ce déjà à pr<strong>en</strong>dre de lamorphine, pourra-t-on me soulager plustard, même si ça va <strong>en</strong>core plus mal ?Il n’y a pas de dose de morphine maximale. <strong>La</strong> doseadministrée se module selon son seuil d’efficacité etl’apparition d’effets indésirables : la bonne dose estcelle qui soulage et qui est bi<strong>en</strong> tolérée. Il est toujourspossible d’adapter la posologie ou d’élaborerune autre stratégie.Est-ce que je cours le risquede dép<strong>en</strong>dance à la morphine ?<strong>La</strong> morphine utilisée comme antalgique, s’il n’y a paserreur d’indication, ne r<strong>en</strong>d pas dép<strong>en</strong>dant. Quandla personne est soulagée, il est possible de diminuerprogressivem<strong>en</strong>t les doses jusqu’à l’arrêt complet,sans problème.Morphineet dép<strong>en</strong>dance<strong>La</strong> morphine utiliséecomme antalgiqu<strong>en</strong>’<strong>en</strong>traîne pasde dép<strong>en</strong>dance.Il est toujourspossible d’arrêterun traitem<strong>en</strong>t demorphine s’il estdev<strong>en</strong>u inutile.Je pr<strong>en</strong>ds de la morphine, peut-ellecacher une récidive de mon cancer ?Les médicam<strong>en</strong>ts opioïdes bi<strong>en</strong> dosés agiss<strong>en</strong>t pourdiminuer la <strong>douleur</strong> et ne risqu<strong>en</strong>t pas de masquerdurablem<strong>en</strong>t une évolution ou une récidive. De plus,une personne soulagée est plus att<strong>en</strong>tive à ce qui sepasse dans son corps, elle est à même de mieux constateret signaler tout signe anormal.52 53


5412. Douleur de l’<strong>en</strong>fantEst-ce que— les bébés ress<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t la <strong>douleur</strong> ?— les <strong>en</strong>fants souffr<strong>en</strong>tde migraines ?— c’est possible de donnerde la morphine à un <strong>en</strong>fant ?À partir de quel âge a-t-on mal ?Dès la 24 e semaine de vie intra-utérine, la perceptionde la <strong>douleur</strong> est possible. Plus l’<strong>en</strong>fant est jeune,plus ses réactions à la <strong>douleur</strong> augm<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t : la répétitiond’actes douloureux <strong>en</strong> r<strong>en</strong>force l’int<strong>en</strong>sité. Il estprouvé que la peur, l’anxiété, la dépression major<strong>en</strong>tla perception de la <strong>douleur</strong>. Plus on a peur, plus ona mal. Il <strong>en</strong> va ainsi pour l’<strong>en</strong>fant qui ne compr<strong>en</strong>dpas ce qui lui arrive ou qui anticipe par expéri<strong>en</strong>cece qu’il doit subir même pour des soins anodinscomme le simple retrait d’un adhésif cutané.PrescripteursY a-t-il des <strong>douleur</strong>s utiles pour l’<strong>en</strong>fant ?Les bosses, les chutes… sont nécessaires pour luiappr<strong>en</strong>dre à repérer les limites de son corps, de son<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t et à structurer son schéma corporel.C’est aussi l’appr<strong>en</strong>tissage de la confiance <strong>en</strong> ses capacités.À l’inverse, les <strong>douleur</strong>s de la maladie ou celles provoquéespar un acte médical (interv<strong>en</strong>tion chirurgicale,ponction lombaire, parac<strong>en</strong>tèse) sont des expéri<strong>en</strong>cesnégatives parfois déstructurantes. Il est donc impératifde prév<strong>en</strong>ir et de traiter ces types de <strong>douleur</strong>s.Que faire pour les soins douloureux ?<strong>La</strong> <strong>douleur</strong> prévisible lors de soins et exam<strong>en</strong>s (piqûres,pansem<strong>en</strong>ts, pose de sondes), mais aussi de gestes quotidi<strong>en</strong>s(déplacer l’<strong>en</strong>fant, faire sa toilette), doit êtreprév<strong>en</strong>ue systématiquem<strong>en</strong>t. L’utilisation de la crèmeanesthésiante et l’inhalation de Meopa (voir glossaire)sont fondam<strong>en</strong>taux pour cette prév<strong>en</strong>tion. Il estimportant de solliciter – <strong>en</strong> toute circonstance – l’avisde l’<strong>en</strong>fant et de favoriser sa participation aux soins(<strong>en</strong>lever lui-même un pansem<strong>en</strong>t, t<strong>en</strong>ir le masque).Qu’est-ce que je peux faire poursoulager la <strong>douleur</strong> de mon <strong>en</strong>fant ?<strong>La</strong> prés<strong>en</strong>ce des par<strong>en</strong>ts est un souti<strong>en</strong> pour l’<strong>en</strong>fant,surtout lorsqu’il est très jeune, pour le rassurer, le distraire,l’<strong>en</strong>courager, le consoler. Les par<strong>en</strong>ts sont ceuxqui connaiss<strong>en</strong>t le mieux le comportem<strong>en</strong>t habituelde l’<strong>en</strong>fant face à la <strong>douleur</strong>. Leur prés<strong>en</strong>ce doit êtresollicitée malgré l’anxiété qu’elle peut générer pour lessoignants (crainte de mal faire le geste, de perdre lamaîtrise d’une situation). Cette prés<strong>en</strong>ce rassure l’<strong>en</strong>-Est-ce queles <strong>en</strong>fantsont des <strong>douleur</strong>sneuropathiques?Ces <strong>douleur</strong>ssont prés<strong>en</strong>tes etfréqu<strong>en</strong>tes chezl’<strong>en</strong>fant maisinsuffisamm<strong>en</strong>tdiagnostiquées.L’<strong>en</strong>fant peut avoirdes difficultés pourles décrire (voir chapitre3). Il utilise desmétaphores et desimages évocatricesou des dessins.Il n’existe pas decritères diagnostiquesvalidés commechez l’adulte maisl’adaptation d’outilsd’aide au diagnosticvalidés chez l’adulte(DN 4) permetactuellem<strong>en</strong>t unemeilleure reconnaissancede ces <strong>douleur</strong>s.Elles doiv<strong>en</strong>têtre recherchéessystématiquem<strong>en</strong>t.>55


12.Douleur de l’<strong>en</strong>fantfant même s’il peut s’autoriser plus facilem<strong>en</strong>t à exprimersa détresse.Peut-on mesurer la <strong>douleur</strong> de l’<strong>en</strong>fant ?L’int<strong>en</strong>sité de la <strong>douleur</strong> peut être évaluée quel quesoit l’âge de l’<strong>en</strong>fant. Cette évaluation est indisp<strong>en</strong>sablepour savoir comm<strong>en</strong>t traiter la <strong>douleur</strong>, et mesurerl’efficacité du traitem<strong>en</strong>t choisi. Les réactions vari<strong>en</strong>tselon l’âge, l’état émotionnel et les expéri<strong>en</strong>ces antérieures.Les <strong>en</strong>fants ne sav<strong>en</strong>t pas toujours dire où,quand, comm<strong>en</strong>t et combi<strong>en</strong> ils ont mal. Selon l’âgede l’<strong>en</strong>fant et ses capacités à communiquer, il existediffér<strong>en</strong>tes méthodes.Comm<strong>en</strong>t peut-on soulager mon <strong>en</strong>fant ?Quelle que soit la situation, l’<strong>en</strong>fant ress<strong>en</strong>tira moinsla <strong>douleur</strong> s’il est bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>touré, s’il a confiance et s’ilcompr<strong>en</strong>d bi<strong>en</strong> ce qui se passe. <strong>La</strong> qualité de la relationet la précision des informations contribu<strong>en</strong>t ausoulagem<strong>en</strong>t de sa <strong>douleur</strong> Les médicam<strong>en</strong>ts antalgiquesutilisés pour les <strong>en</strong>fants sont les mêmes que pourles adultes, mais la prescription se fait <strong>en</strong> fonction del’âge et du poids de l’<strong>en</strong>fant.Y a-t-il un danger à utiliserla morphine chez l’<strong>en</strong>fant ?À partir de 3 mois, les mécanismes d’élimination dela morphine sont fonctionnels, on peut donc l’utiliser(0,2 mg/kilo toutes les 4 heures par voie orale).<strong>La</strong> morphine permet de traiter les <strong>douleur</strong>s int<strong>en</strong>sesconsécutives à des actes chirurgicaux, des brûlures,des fractures… Il n’y a aucun risque de toxicomanieTrop calmeChez l’<strong>en</strong>fant, ilfaut se méfier d’uneattitude immobile,figée, trop calme,avec une abs<strong>en</strong>ce deréaction aux stimulationsextérieures.Cette prostrationpeut correspondreà une <strong>douleur</strong>très forte (inertiepsychomotrice).Comm<strong>en</strong>t mesuret-onla <strong>douleur</strong>de l’<strong>en</strong>fant ?À partir de 3-4 ans,l’<strong>en</strong>fant peut dire luimêmecombi<strong>en</strong> il a mal<strong>en</strong> lui proposant 3 niveaux(un peu/beaucoup/trèsmal) ou/etl’échelle de visage.À partir de 5-6ans, on utilise laréglette (eva) ou/etl’échelle de visage.À partir de 7 ans, <strong>en</strong>donnant une note<strong>en</strong>tre 0 et 10 (échell<strong>en</strong>umérique).Pour les plus jeunesou les <strong>en</strong>fants noncommunicants, lessoignants dispos<strong>en</strong>tde grilles d’observationdu comportem<strong>en</strong>tet des échelles ops nedi n, degr… accessiblessur le site www.cnrd.fr.Les par<strong>en</strong>ts peuv<strong>en</strong>tégalem<strong>en</strong>t repérersi l’<strong>en</strong>fant prés<strong>en</strong>tedes modificationsdans ses activités :pleurs, jeu, sommeil,appétit, humeur…quand la morphine est prescrite pour soulager ce typede <strong>douleur</strong> (voir chap. 15).Les <strong>en</strong>fants sont-ils sujets à la migraine ?Contrairem<strong>en</strong>t à l’idée reçue, la migraine est très fréqu<strong>en</strong>techez les <strong>en</strong>fants (<strong>en</strong>tre 5 et 10 % des <strong>en</strong>fantsde moins de 15 ans, recommandations anaes 2002).Pourtant, la majorité des <strong>en</strong>fants migraineux fontl’objet de diagnostics erronés : troubles de la vision,problèmes psychologiques, crises de foie, gastro<strong>en</strong>térite,sinusite… P<strong>en</strong>dant la crise, on observe unepâleur inaugurale, une photo-phonophobie associéesouv<strong>en</strong>t à des signes digestifs (nausées, vomissem<strong>en</strong>ts…).Contrairem<strong>en</strong>t à ce qui se passe chezl’adulte, la céphalée est majoritairem<strong>en</strong>t bilatéraleet les crises sont plus brèves, le sommeil est souv<strong>en</strong>tréparateur. Les comprimés d’ibuprofène donnés précocem<strong>en</strong>tconstitu<strong>en</strong>t le traitem<strong>en</strong>t de base de la crise.D’autres molécules <strong>en</strong> suppositoire ou <strong>en</strong> spray nasalpeuv<strong>en</strong>t être utilisées <strong>en</strong> cas de vomissem<strong>en</strong>ts et d<strong>en</strong>ausées importantes.Comm<strong>en</strong>t savoir si un service hospitalierpr<strong>en</strong>d vraim<strong>en</strong>t <strong>en</strong> charge la <strong>douleur</strong> ?Les services <strong>en</strong>gagés dans une réelle politique <strong>douleur</strong>sont facilem<strong>en</strong>t id<strong>en</strong>tifiables. Les équipes utilis<strong>en</strong>trégulièrem<strong>en</strong>t les principaux outils d’évaluation de la<strong>douleur</strong>. Il existe des protocoles écrits qui permett<strong>en</strong>tune utilisation quotidi<strong>en</strong>ne des principaux antalgiqueset notamm<strong>en</strong>t celle du Meopa pour les gestes douloureuxet de la crème anesthésiante pour les prélèvem<strong>en</strong>tssanguins. Dans les services d’urg<strong>en</strong>ce et les services dechirurgie, le Meopa doit être très facilem<strong>en</strong>t accessible.<strong>La</strong> migraine,une maladiepsychologique ?Non mais les facteursdécl<strong>en</strong>chantspsychologiques(stress, anxiété,émotions) sontsouv<strong>en</strong>t à l’origined’une auth<strong>en</strong>tiquecrise migraineuse.Opioïdeset migraineOn ne doit pasdonner d’opioïdesfaibles ou fortspour soulager unemigraine même si la<strong>douleur</strong> est viol<strong>en</strong>te.56 57


13.Populations à risque :personnes non-communicantes, personnespolyhandicapées, personnes âgées non-communicantes…Doit-on58— considérer qu’une personneâgée ou polyhandicapée quine se plaint pas, n’a pas mal ?— pr<strong>en</strong>dre des précautionsparticulières face à une personneâgée ou polyhandicapée pourprév<strong>en</strong>ir un geste douloureux ?Doit-on considérer qu’une personnequi ne se plaint pas, n’a pas mal ?Une personne âgée ou polyhandicapée qui ne seplaint pas, est particulièrem<strong>en</strong>t exposée, commetoute personne prés<strong>en</strong>tant des troubles de communicationverbale, à voir ignorer sa ou ses <strong>douleur</strong>s età ne pas bénéficier de traitem<strong>en</strong>t adéquat. Ces <strong>douleur</strong>sdoiv<strong>en</strong>t donc être évaluées et prises <strong>en</strong> chargeavec une vigilance particulière.Quand les personnes ont des difficultés pours’exprimer, comm<strong>en</strong>t évaluer leur <strong>douleur</strong> ?Cette évaluation se fait à partir d’un axiome : toutemodification de comportem<strong>en</strong>t chez une personne polyhandicapéepeut correspondre à une <strong>douleur</strong>. Quandune personne ne peut s’exprimer oralem<strong>en</strong>t, lemessage passe par son corps et son comportem<strong>en</strong>t.L’observation permet d’apprécier l’int<strong>en</strong>sité desa <strong>douleur</strong>. Ce sont surtout les modifications parrapport aux jours précéd<strong>en</strong>ts qui doiv<strong>en</strong>t alerter(gémissem<strong>en</strong>ts, grimaces, raidissem<strong>en</strong>t, agitation,gestes pour protéger certaines parties du corps) etd’autres signes comme le repli sur soi, le refus des’alim<strong>en</strong>ter, les troubles du sommeil, l’irritabilité…L’utilisation régulière des grilles d’évaluation facilitele repérage de ces modifications.Doit-on pr<strong>en</strong>dre des précautions particulièresavec les personnes non-communicantes,les personnes polyhandicapées ou lespersonnes âgées non communicantespour prév<strong>en</strong>ir un geste douloureux ?Pour ces personnes dont la coopération fait trèssouv<strong>en</strong>t défaut, une organisation particulière est àprévoir avant de réaliser un geste douloureux, parprincipe éthique et pour éviter des réactions incontrôlables(retrait ou agitation). Selon le geste àeffectuer, les professionnels de santé utilis<strong>en</strong>t <strong>en</strong>treautres : des anesthésiques locaux, des inhalations deMeopa (voir glossaire) ou d’autres techniques pour laréalisation du geste douloureux (voir chap. 6).Les personnesnon communicantesOn doit recherchersystématiquem<strong>en</strong>tles <strong>douleur</strong>s cheztoute personne prés<strong>en</strong>tantdes troublesde la communication: personnesaphasiques, troublesde la consci<strong>en</strong>ce,pati<strong>en</strong>ts intubés,troubles psychiatriques,personnesnon francophones…>59


13.Populations à risque…Quelles sont les <strong>douleur</strong>s les plus fréquemm<strong>en</strong>tr<strong>en</strong>contrées chez les personnes noncommunicantes,les personnes polyhandicapéesou les personnes âgées non communicantes ?Les <strong>douleur</strong>s les plus fréqu<strong>en</strong>tes sont liées aux pointsd’appui et aux postures, qu’il s’agisse d’immobilisationou de mobilisation des personnes (séances dekinésithérapie, toilette). Ces <strong>douleur</strong>s sont d’origineostéo-articulaire, musculo-t<strong>en</strong>dineuse ou cutanée.D’autres <strong>douleur</strong>s sont consécutives à la chirurgieou aux gestes invasifs (pose de cathéter, sonde, prélèvem<strong>en</strong>tsde sang ou d’urine). Certaines <strong>douleur</strong>ssont associées à des complications (ulcères variqueux,escarres, problèmes d<strong>en</strong>taires).Quel est le risque à ne pas reconnaîtreet ne pas traiter la <strong>douleur</strong> chez les personnesnon-communicantes, les personnespolyhandicapées ou les personnesâgées non communicantes ?En rappelant l’aspect éthique et soulignant le risquevital (signal d’alarme méconnu) que provoque cetteignorance, une <strong>douleur</strong> persistante non soulagée<strong>en</strong>traîne une aggravation du handicap, accélère laperte d’autonomie, favorise le repli sur soi…Quels sont les outils d’évaluation de la <strong>douleur</strong>des personnes âgées ou polyhandicapéesGrille San Salvadour, Echelle Doloplus 2 et Echellecomportem<strong>en</strong>tale personne âgée (ecpa) constitu<strong>en</strong>tdes supports d’hétéro-évaluation destinés à repéreret à graduer la <strong>douleur</strong> malgré les troubles de communicationverbale. Ces grilles peuv<strong>en</strong>t être consultéessur les sites : www.cnrd.fr et dans les recommandationsAn a e s (voir bibliographie).Polypathologieet polymédicationVigilance accrueLes personnes âgéesnon communicantesou polyhandicapéessont particulièrem<strong>en</strong>ts<strong>en</strong>sibles auxassociations detraitem<strong>en</strong>ts qui peuv<strong>en</strong>tmultiplier leseffets indésirables.Les médicam<strong>en</strong>tsantalgiques surdosésprovoqu<strong>en</strong>tdes problèmes dedésori<strong>en</strong>tation, desrisques de chute… Ilfaut bi<strong>en</strong> adapter lesmodalités thérapeuthiquespour éviterun risque iatrogèneimportant. Il peutêtre efficace d’<strong>en</strong>visagerd’associerdes traitem<strong>en</strong>ts nonmédicam<strong>en</strong>teux(voir chap. 16).60 61


14.Médicam<strong>en</strong>ts de la <strong>douleur</strong>Quels sont62— les critères de choixd’un traitem<strong>en</strong>t antalgique ?— les associations d’antalgiquesjustifiées ou contre-indiquées ?— les modalités de traitem<strong>en</strong>tdes <strong>douleur</strong>s neuropathiques ?Comm<strong>en</strong>t choisir un médicam<strong>en</strong>t antalgique ?En association avec le traitem<strong>en</strong>t étiologique, laprescription doit t<strong>en</strong>ir compte du mécanisme de la<strong>douleur</strong> (nociceptive, neuropathique), de ses caractéristiques(pathologie causale, type, int<strong>en</strong>sité, durée,localisation), des données psychosociales, des pathologiesassociées et de leurs traitem<strong>en</strong>ts, et des prescriptionsantalgiques <strong>en</strong> cours (y compris une év<strong>en</strong>tuelleautomédication).PrescripteursLes <strong>douleur</strong>spsychogènesElles ne relèv<strong>en</strong>tjamais de prescriptionsd’opioïdes.Quels sont les médicam<strong>en</strong>ts de la <strong>douleur</strong> ?Pour les <strong>douleur</strong>s nociceptives, il est recommandéd’utiliser des antalgiques périphériques (paracétamol,aspirine, a i n s) des opioïdes faibles et forts, desanesthésiques locaux (lidocaïne, crème anesthésiante)et le Meopa (voir glossaire). Pour les <strong>douleur</strong>sneuropathiques, on prescrit certains antidépresseurset antiépileptiques.Pour une <strong>douleur</strong> nociceptive,quelles sont les modalités pratiquesd’administration des antalgiques ?<strong>La</strong> stratégie thérapeutique dép<strong>en</strong>d de l’int<strong>en</strong>sité, dudécours temporel de la <strong>douleur</strong> et de la cinétiqued’action du produit choisi. L’ajustem<strong>en</strong>t posologiqueintervi<strong>en</strong>dra rapidem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> fonction de l’efficacitéou des effets indésirables du traitem<strong>en</strong>t. <strong>La</strong><strong>douleur</strong> continue nécessite un traitem<strong>en</strong>t de fond.Le décl<strong>en</strong>chem<strong>en</strong>t d’accès douloureux (voir glossaire)implique la prescription d’interdoses. Pour les <strong>douleur</strong>saiguës prévisibles, une administration anticipéedoit être mise <strong>en</strong> place (exemple : donner de la morphineorale <strong>en</strong> libération immédiate une heure avantun soin douloureux). (Voir chap. 15.)Quelles sont les associations d’antalgiquesjustifiées ou contre-indiquées ?Les associations se justifi<strong>en</strong>t quand il y a synergiepharmacologique (paracétamol/codéine, a i n s/opioïde, anesthésiques locaux/Meopa). Elles sontInformation auxpersonnes maladesLes personnes et leur<strong>en</strong>tourage doiv<strong>en</strong>tabsolum<strong>en</strong>t êtreinformés des effetsindésirables desantalgiques prescrits,<strong>en</strong> particulier le risquede somnol<strong>en</strong>ce… <strong>La</strong>conduite automobiledoit être contre-indiquée<strong>en</strong> cas designe manifeste dedépression du systèm<strong>en</strong>erveux c<strong>en</strong>tral.>63


14.Médicam<strong>en</strong>ts de la <strong>douleur</strong>contre-indiquées <strong>en</strong> cas d’antagonisme <strong>en</strong>tre deuxproduits (morphine/buprénorphine). L’associationde morphine à libération immédiate (LI) et libérationprolongée (LP) est conseillée pour la titrationorale et le contrôle des accès douloureux (voirchap. 15).Quelles sont les causes principales d’échecd’un traitem<strong>en</strong>t médicam<strong>en</strong>teux de la <strong>douleur</strong> ?Il peut s’agir : d’une erreur d’indication (morphineprescrite pour une crise migraineuse, <strong>douleur</strong> psychogène),d’une erreur de posologie ou de voied’administration, d’une abs<strong>en</strong>ce de suivi (efficacité,ajustem<strong>en</strong>t posologique, effets indésirables mal contrôlés,mauvaise observance), d’une insuffisance deprise <strong>en</strong> compte des facteurs psycho-sociaux.Comm<strong>en</strong>t traiter les <strong>douleur</strong>s nociceptives ?De faible int<strong>en</strong>sitéUtiliser les antalgiques de niveau 1 : antalgiques périphériquesnon opioïdes (paracétamol, anti-inflammatoiresnon-stéroïdi<strong>en</strong>s). En cas d’inefficacité (évaluationaprès 24 heures) passer au niveau 2.D’int<strong>en</strong>sité modéréeUtiliser les antalgiques de niveau 2 : antalgiquesopioïdes faibles (codéine, tramadol, dextropropoxyphèneet associations avec du paracétamol). Assurerun suivi régulier (<strong>en</strong> particulier si les sujets sont fragiles),car ces opioïdes faibles ont des effets indésirables(constipation, baisse de vigilance). Les prescrire avecprud<strong>en</strong>ce tant dans la posologie que dans la durée.Contre-indicationL’association de deuxopioïdes à LP (F<strong>en</strong>tanylpatch/MorphineLP) est à proscrire parrisque de surdosage.Composanted’un succès<strong>La</strong> réussite d’untraitem<strong>en</strong>t estaussi liée à laqualité relationnellesoignant-pati<strong>en</strong>t, età la précision de l’informationdonnée àla personne malade.D’int<strong>en</strong>sité forteUtiliser les antalgiques de niveau 3, antalgiquesopioïdes forts (produit de référ<strong>en</strong>ce : la morphine).Actuellem<strong>en</strong>t, on dispose <strong>en</strong> France d’autres produits: hydromorphone, oxycodone, f<strong>en</strong>tanyl. Lef<strong>en</strong>tanyl se prés<strong>en</strong>te sous trois formes galéniques :patch transdermique, dispositif pour applicationbuccale transmuqueuse et solution injectable. (Voirchap. 15).Comm<strong>en</strong>t traiter les <strong>douleur</strong>s neuropathiques ?Les traitem<strong>en</strong>ts utilisés <strong>en</strong> 1 re int<strong>en</strong>tion sont les antidépresseurset les antiépileptiques. Les objectifs deces traitem<strong>en</strong>ts doiv<strong>en</strong>t être clairem<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>tés auxpati<strong>en</strong>ts. Il est ess<strong>en</strong>tiel de faire compr<strong>en</strong>dre que laprescription de ces médicam<strong>en</strong>ts est <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>tliée à leur action sur la <strong>douleur</strong> sans que cela signifieque les personnes soi<strong>en</strong>t ou déprimées ou épileptiques.Le traitem<strong>en</strong>t doit débuter par une posologiefaible : le quart de la posologie habituelle. Il fautt<strong>en</strong>ir compte des effets indésirables (nausées, vomissem<strong>en</strong>ts,somnol<strong>en</strong>ce) pour adapter la posologie.Niveaux 1, 2, 3de l’o m sLe passage à niveausupérieur dansl’ordre 1, 2, 3 n’estpas systématique.Le choix d’un niveaus’effectue <strong>en</strong> fonctionde l’int<strong>en</strong>sitéde la <strong>douleur</strong> et deses composantes.Ainsi certaines<strong>douleur</strong>s chroniquesnon cancéreusesne justifi<strong>en</strong>t pasl’accès au niveau 3(voir chap. 14). Alorsqu’une <strong>douleur</strong>aiguë nécessitedans certains cas(traumatologie)le choix d’embléedu niveau 3.Simultanéitéet classepharmacologiqueNe pas utilisersimultaném<strong>en</strong>t 2produits de la mêmeclasse pharmacologique(par exemple :2 antidépresseurs).Opioïdes etcontre-indicationsCrises migraineuses,céphalées chroniques,névralgies facialesess<strong>en</strong>tielles, <strong>douleur</strong>spsychogènes64 65


15.OpioïdesQuand66— prescrire un traitem<strong>en</strong>t avecun opioïde faible ? Un opioïde fort ?— débuter un traitem<strong>en</strong>tavec la morphine ?— utiliser les autres opioïdes ?Qu’est-ce que les opioïdes ?Ils exist<strong>en</strong>t à l’état naturel dans notre organisme. D<strong>en</strong>ombreux organes (cerveau, tube digestif) fabriqu<strong>en</strong>tet libèr<strong>en</strong>t des substances appelées opioïdes<strong>en</strong>dogènes (<strong>en</strong>domorphine). Ces substances particip<strong>en</strong>tau bon fonctionnem<strong>en</strong>t de notre corps, notamm<strong>en</strong>tau contrôle de la <strong>douleur</strong>. Les opioïdes exogènesutilisés dans le traitem<strong>en</strong>t de la <strong>douleur</strong> sont soitextraits du pavot (codéine, morphine) soit des opioïdesde synthèse (dextropropoxyphène, tramadol). Ilspeuv<strong>en</strong>t être prescrits sous différ<strong>en</strong>tes formes galéniques: comprimé, gélule, solution buvable et injectable,patch…PrescripteursLes contre-indicationsdes opioïdesCrises migraineuses,céphalées chroniques,névralgies facialesess<strong>en</strong>tielles, <strong>douleur</strong>spsychogènes.Où agiss<strong>en</strong>t les opioïdes ?Les molécules agiss<strong>en</strong>t sur les récepteurs des opioïdes<strong>en</strong>dogènes et mim<strong>en</strong>t leur action. Les sitesantalgiques sont principalem<strong>en</strong>t médullaires, supramédullaireset périphériques lors d’une inflammation.Il existe des récepteurs opioïdes dans la plupartdes organes, ce qui explique d’autres effets (myosis,nausées, constipation).Tableau des Opioïdes faibles et fortset des agonistes partiels-antagonistes,agonistes antagonistes et antagonistes pursTyped’opioïdeFaiblesFortsAgonistes purscodéinedextropropoxyphènedihydrocodéinetramadolalf<strong>en</strong>tanilf<strong>en</strong>tanylhydromorphoneméthadone*morphineoxycodonepéthidinesuf<strong>en</strong>tanil* En France la méthadone n’a pas d’a m m pour la <strong>douleur</strong>.Agonistes partiels-antagonistesAgonistes-antagonistesAntagonistes pursbuprénorphin<strong>en</strong>albuphinep<strong>en</strong>tazocine>67


15.OpioïdesQuand prescrire un traitem<strong>en</strong>tpar opioïde faible (de niveau 2) ?Les opioïdes faibles sont prescrits pour des <strong>douleur</strong>snociceptives modérées, soit d’emblée, soit lorsd’échec d’un antalgique de niveau 1 (paracétamol,a i n s). Le délai d’évaluation doit être adapté à ladurée d’action de l’antalgique et le changem<strong>en</strong>t d<strong>en</strong>iveau effectué selon l’int<strong>en</strong>sité de la <strong>douleur</strong>. Il n’ya pas de critère absolu de choix. Les opioïdes faiblessont tous des agonistes purs.Quelles sont les indicationsdes opioïdes forts (de niveau 3) ?<strong>La</strong> prescription d’opioïdes forts est particulièrem<strong>en</strong>trecommandée pour des <strong>douleur</strong>s nociceptives, lorsd’échec d’un antalgique de niveau 2 ou d’embléepour une <strong>douleur</strong> int<strong>en</strong>se dans le cas de :– <strong>douleur</strong>s aiguës et subaiguës (chirurgie, urg<strong>en</strong>ces,actes invasifs, soins douloureux),– <strong>douleur</strong>s nociceptives persistantes ou récurr<strong>en</strong>tes(cancer, crise drépanocytaire).Pour la <strong>douleur</strong> du cancer, comm<strong>en</strong>t débuterun traitem<strong>en</strong>t avec la morphine ?<strong>La</strong> morphine est l’opioïde fort de première int<strong>en</strong>tionpour traiter la <strong>douleur</strong> cancéreuse. Dans la mesuredu possible, la voie orale est privilégiée. Du fait desgrandes variations inter-individuelles, il faut toujoursréaliser une titration (voir glossaire) initiale.Le traitem<strong>en</strong>t utilise des formes orales à libérationNalbuphine<strong>La</strong> nalbuphine(souv<strong>en</strong>t classée <strong>en</strong>niveau 3) possèdeune puissance limitéepar son effet plafond; <strong>en</strong> cas d’échecde ce produit, ilfaut savoir passerrapidem<strong>en</strong>t à unemolécule plus efficace(morphine…)<strong>La</strong> défaillanceviscéraleEn période terminale,ou <strong>en</strong> cas dedéfaillance polyviscéraleun traitem<strong>en</strong>tpar opioïdes peuts’appliquer <strong>en</strong> casde <strong>douleur</strong> sévère.<strong>La</strong> posologie seraadaptée pour soulagerla <strong>douleur</strong> et nonaccélérer la fin de vie.InterdosesUtilisées pour latitration et le contrôledes accès douloureux(voir glossaire)(prévisibles ou non)sous forme LI (voirglossaire) (10 % de ladose de 24 heures).Une personne quireçoit 400 mg demorphine/24 heures,aura des interdosesde 40 mg.immédiate ou libération prolongée <strong>en</strong> associationavec des interdoses. Lors de la titration initiale (oude toute modification posologique), une évaluationquotidi<strong>en</strong>ne est indisp<strong>en</strong>sable pour juger de l’efficacitéantalgique et de la tolérance du traitem<strong>en</strong>t.Pour la <strong>douleur</strong> du cancer, comm<strong>en</strong>teffectuer la titration initiale ?<strong>La</strong> posologie initiale est habituellem<strong>en</strong>t de 60 mg/jour :– soit 6 fois 10 mg de morphine LI (voir glossaire) ;– soit 2 fois 30 mg de morphine LP (voir glossaire).Si la personne n’est pas soulagée, prescrire des interdoses(5 à 10 mg) <strong>en</strong> respectant au minimum uneheure <strong>en</strong>tre chaque prise jusqu’à 6 à 8 prises par24 heures.<strong>La</strong> posologie initiale sera diminuée de moitié <strong>en</strong>vironchez les personnes fragiles (grand âge, insuffisantshépatiques, insuffisants rénaux, dénutris…).Quels sont les principaux effetsindésirables des opioïdes ?En administration chronique, la constipation estpratiquem<strong>en</strong>t inévitable et nécessite d’emblée desmesures hygiéno-diététiques et des laxatifs. <strong>La</strong> somnol<strong>en</strong>cesurvi<strong>en</strong>t ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t lors de la phase detitration du traitem<strong>en</strong>t et doit disparaître <strong>en</strong> quelquesjours. Sa réapparition ou sa persistance au-delàde cette limite doit faire rechercher un surdosage,un trouble métabolique, une pot<strong>en</strong>tialisation pardes traitem<strong>en</strong>ts associés. Certains troubles ont t<strong>en</strong>-Important :cas particulierSi un malade pr<strong>en</strong>d 4interdoses successivesà une heure d’intervalle,sans obt<strong>en</strong>irde soulagem<strong>en</strong>t, uneréévaluation médicalevoire une hospitalisations’impos<strong>en</strong>t. Iln’y a pas de limitesupérieure aux dosesd’opioïdes agonistesforts tant que leseffets indésirablessont contrôlés.68 69


15.Opioïdesdance eux aussi à s’éliminer avec le temps : nausées,vomissem<strong>en</strong>ts. Les sueurs, les cauchemars, la dysurie,le prurit, les troubles de l’att<strong>en</strong>tion, de la conc<strong>en</strong>tration,de la mémoire, les hallucinations, les myoclonies,peuv<strong>en</strong>t surv<strong>en</strong>ir et sont plus ou moins bi<strong>en</strong>tolérés.Pour la <strong>douleur</strong> du cancer, comm<strong>en</strong>t remplacerun opioïde par un autre (rotation) ?<strong>La</strong> diversité des opioïdes disponibles permet deremplacer un opioïde par un autre (rotation)quand survi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t des effets indésirables rebelles.L’hydromorphone (forme LP), l’oxycodone (LI etLP), le f<strong>en</strong>tanyl (patch transcutané à LP 72 heures)sont indiqués dans le traitem<strong>en</strong>t des <strong>douleur</strong>s d’originecancéreuse <strong>en</strong> cas de résistance ou d’intoléranceà la morphine. Le profil pharmacocinétique dupatch de f<strong>en</strong>tanyl doit inciter à une grande prud<strong>en</strong>cechez la personne âgée ou fragile. Le patch agit aubout de 12 heures, il faut donc, <strong>en</strong> même temps quela pose du patch, assurer l’antalgie de cette périodede 12 heures. Il ne faut pas oublier qu’après le retraitdu patch il reste <strong>en</strong>core actif durant 15 à 17 heures.Et pour les <strong>douleur</strong>s chroniquesnon cancéreuses ?<strong>La</strong> morphine est le seul opioïde qui ait l’a m m (voirglossaire) pour le traitem<strong>en</strong>t des <strong>douleur</strong>s non cancéreuses.<strong>La</strong> prescription n’est jamais systématique, depremière int<strong>en</strong>tion, ni une solution <strong>en</strong> elle-même.Dans les <strong>douleur</strong>s nociceptives non cancéreuses,cette prescription s’intègre dans un projet thérapeutiqueglobal avec des objectifs clairem<strong>en</strong>t définis(soulagem<strong>en</strong>t significatif avec amélioration fonctionnelle,reprise des activités). <strong>La</strong> prescription résulteobligatoirem<strong>en</strong>t d’une évaluation rigoureuse de l’<strong>en</strong>sembledes composantes (notamm<strong>en</strong>t psychosociales)de la <strong>douleur</strong>.Pour les <strong>douleur</strong>s non cancéreuses, quel suivi ?<strong>La</strong> prescription est effectuée par un même médecinqui, à tout mom<strong>en</strong>t, doit pouvoir remettre <strong>en</strong>cause l’indication du traitem<strong>en</strong>t. Ces signes d’alertepeuv<strong>en</strong>t être : un soulagem<strong>en</strong>t partiel (voire nul)mais une activité améliorée par l’effet psychiquede l’opioïde, la nécessité d’augm<strong>en</strong>ter les doses <strong>en</strong>dépit d’une pathologie non évolutive, la perte récurr<strong>en</strong>ted’ordonnance, le non-respect du suivi régulier(nomadisme médical…).Pour les <strong>douleur</strong>s non cancéreuses,quand faut-il arrêter le traitem<strong>en</strong>t ?Il est recommandé d’interrompre le traitem<strong>en</strong>t sila personne ne respecte pas les règles de la prise <strong>en</strong>charge, si le soulagem<strong>en</strong>t est insuffisant à la fin dupremier mois, si l’amélioration de la symptomatologiedouloureuse et la qualité de la vie de la personnesont liées à d’autres traitem<strong>en</strong>ts (non médicam<strong>en</strong>teuxpar exemple). Le prescripteur devra arrêterprogressivem<strong>en</strong>t le traitem<strong>en</strong>t et rechercher avecla personne une autre solution thérapeutique. Aumoindre doute sur l’indication d’un traitem<strong>en</strong>t parDCNCL’intérêt de la prescriptiond’opioïdesdans le traitem<strong>en</strong>tdes <strong>douleur</strong>schroniques noncancéreuses (dcnc)doit être évalué avecprécision afin de nepas administrer unmédicam<strong>en</strong>t peuou pas efficace, etde plus susceptibled’induire une toxicomanieiatrogène.Douleurs mécaniquesou inflammatoiresCertaines pousséesde <strong>douleur</strong>s rhumatismalesinflammatoiressont mieux contrôlées,<strong>en</strong> 1 re int<strong>en</strong>tion, pardes anti-inflammatoiresplutôt que par desopioïdes. L’horaireet la posologie desprises d’opioïdesdoiv<strong>en</strong>t être modulésselon le rythme dela <strong>douleur</strong> et lesexig<strong>en</strong>ces de l’activitéde la personne.7071


15.Opioïdesopioïde fort, il faut faire appel à une équipe <strong>en</strong>traînée(structure de lutte contre la <strong>douleur</strong> chroniquerebelle).Comm<strong>en</strong>t arrêter un traitem<strong>en</strong>tavec un opioïde fort ?Pour les <strong>douleur</strong>s non cancéreuses,quelles modalités de titration ?Adapter la forme galénique au rythme journalier dela <strong>douleur</strong> et aux facteurs décl<strong>en</strong>chants. Choisir depréfér<strong>en</strong>ce la morphine LP <strong>en</strong> excluant les produitsLP de plus de 12 heures. Débuter le traitem<strong>en</strong>t parune posologie faible 10 à 20 mg de morphine, deuxfois par jour, avec une adaptation posologique progressive.<strong>La</strong> dose maximale de morphine/jour estde 120 mg. Ne jamais utiliser la voie sous-cutanée,intraveineuse ou transdermique. Programmer uneconsultation de réévaluation hebdomadaire lepremier mois. En cas d’échec, ori<strong>en</strong>ter la personnevers une équipe spécialisée.Quand arrêter un traitem<strong>en</strong>tavec un opioïde fort ?L’arrêt ou la diminution du traitem<strong>en</strong>t se fonde surl’évaluation de l’int<strong>en</strong>sité de la <strong>douleur</strong> et le soulagem<strong>en</strong>tde la personne, et non sur l’évolution favorablede la pathologie.Douleurneuropathiqueet opioïdesLes <strong>douleur</strong>sneuropathiquesréagiss<strong>en</strong>t de manièrepeu prévisibleaux opioïdes qui nepeuv<strong>en</strong>t s’<strong>en</strong>visagerqu’<strong>en</strong> 2 e int<strong>en</strong>tion(épuisem<strong>en</strong>t detous les traitem<strong>en</strong>tsspécifiques) aprèsavis spécialisé (depréfér<strong>en</strong>ce par uneéquipe <strong>en</strong>traînée etmultidisciplinaire).Associations contreindiquéesd’opioïdesDes agonistespartiels et/ou antagonistes(voir glossaire)– buprénorphine, nalbuphine– ne doiv<strong>en</strong>tjamais être associés,sauf exception, auxagonistes purs (risquede compétition surles récepteurs).PrescriptionDurée de prescriptioninférieure à 48 heuresDoses de morphineinférieures à 60 mg/jour,durée de prescriptioninférieure à 7 joursDoses de morphinesupérieures à 60 mg/jour,durée de prescriptionsupérieure à 7 joursModalité d’arrêtArrêt simpleOpioïde faibleDiminutionpar paliersde 30-50 %Comm<strong>en</strong>t rédiger une ordonnance ?Les prescriptions d’opioïdes forts doiv<strong>en</strong>t être rédigées<strong>en</strong> toutes lettres sur des ordonnances sécuriséesdifficilem<strong>en</strong>t falsifiables. Ces ordonnances sontcommandées auprès d’imprimeurs agréés dont laliste actualisée peut se retirer auprès du Conseil del’Ordre des Médecins. Toutes les formes de morphinepeuv<strong>en</strong>t être prescrites pour une période maximalede 28 jours. Pour les formes injectables d’opioïdes,la durée de prescription est de 7 jours (sous-cutanéesou intraveineuses). Cette durée est de 28 jours lorsd’utilisation d’un système actif de perfusion.72 73


16.Moy<strong>en</strong>s non pharmacologiques,principales approches alternativesQu’est-ce querecours thérapeutiques – acupuncture, ostéopathie,homéopathie ou mésothérapie – bi<strong>en</strong> que nonconfirmés sci<strong>en</strong>tifiquem<strong>en</strong>t, peuv<strong>en</strong>t être efficacesauprès de certaines personnes.— la neurostimulation ?— la méthodologiepsycho-corporelle ?— l’hypnose ?Peut-on soulager ma <strong>douleur</strong> autrem<strong>en</strong>tque par la prise de médicam<strong>en</strong>ts ?Il existe des techniques non médicam<strong>en</strong>teusespour soulager la <strong>douleur</strong>. Les traitem<strong>en</strong>ts physiquessont nombreux : massages, kinésithérapie,physiothérapie (application de chaleur, de froid,de courant électrique), balnéothérapie, cont<strong>en</strong>tions(corset de mainti<strong>en</strong> lombaire, collier demousse, strapping), éducation posturale et gestuelle.D’autres méthodes, dites psycho-corporellesou comportem<strong>en</strong>tales, permett<strong>en</strong>t d’appr<strong>en</strong>dre àdiminuer l’anxiété et le stress, ce qui a pour effetde minorer la perception de la <strong>douleur</strong>. D’autres<strong>La</strong> qualitérelationnelle <strong>en</strong>tre lapersonne et le professionnelde santé,des explicationssimples et clairessur la maladie etson traitem<strong>en</strong>tsont les prérequisde toute prise <strong>en</strong>charge antalgique.Que m’apporte la neurostimulation ?<strong>La</strong> neurostimulation transcutanée consiste à appliquersur le territoire douloureux un courant électriquede faible int<strong>en</strong>sité délivré par un boîtier porté àla ceinture. <strong>La</strong> personne ress<strong>en</strong>t alors une s<strong>en</strong>sationnon douloureuse. Cette stimulation tactile superficielleferme la porte à la transmission de la <strong>douleur</strong>.Après une séance test, lors de la consultation initialepour ajuster les paramètres (localisation, int<strong>en</strong>sité,fréqu<strong>en</strong>ce), le courant est appliqué par la personne<strong>en</strong> ambulatoire, soit par intermitt<strong>en</strong>ce (par exemplelors d’une à deux séances par jour d’une vingtainede minutes <strong>en</strong>viron) soit <strong>en</strong> continu sur la journée.L’ajustem<strong>en</strong>t se fait <strong>en</strong> fonction de la durée du soulagem<strong>en</strong>tperçu. <strong>La</strong> neurostimulation transcutanéeproposée dans les structures de prise <strong>en</strong> charge dela <strong>douleur</strong> chronique rebelle est partiellem<strong>en</strong>t rembourséepar l’Assurance Maladie. Des équipes spécialiséesmaîtris<strong>en</strong>t d’autres techniques de neurostimulationnon plus périphérique mais c<strong>en</strong>trale.En quoi consist<strong>en</strong>t les méthodespsycho corporelles ?L’appr<strong>en</strong>tissage des techniques de relaxation (trainingautogène, sophrologie) s’effectue <strong>en</strong> séanceindividuelle ou <strong>en</strong> groupe. Des consignes ritua-Autres méthodesD’autres modalitésthérapeutiquesantalgiques sontliées à l’électricité : lecourant continu pourune galvanisationou une ionisation.74>75


16.Moy<strong>en</strong>s non pharmacologiques, principales approches alternativeslisées (s<strong>en</strong>sation de relâchem<strong>en</strong>t, de lourdeur, dechaleur, de bi<strong>en</strong>-être, respiration profonde, imageriem<strong>en</strong>tale) sont progressivem<strong>en</strong>t mises <strong>en</strong> place aufur et à mesure des acquisitions du pati<strong>en</strong>t. Selonles méthodes, une période de verbalisation sur lesperceptions, les expéri<strong>en</strong>ces ress<strong>en</strong>ties, les difficultésr<strong>en</strong>contrées, est réalisée.Comm<strong>en</strong>t agit l’hypnose ?L’hypnose induit une modification de l’état de consci<strong>en</strong>ceplus prononcée (un état de relaxation y estsouv<strong>en</strong>t associé). Le professionnel instaure une relationspécifique avec la personne pour l’accompagner,la guider <strong>en</strong> lui proposant des images m<strong>en</strong>tales agréablesde confort, de bi<strong>en</strong>-être. <strong>La</strong> suggestion directec<strong>en</strong>trée sur le symptôme (disparition de la <strong>douleur</strong>)n’est pas toujours la règle. En auto-hypnose, la personneappr<strong>en</strong>d <strong>en</strong> plusieurs séances à retrouver seulerapidem<strong>en</strong>t cet état de consci<strong>en</strong>ce modifié, déconnectépartiellem<strong>en</strong>t de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t externe.– l’appr<strong>en</strong>tissage du lâcher prise chez les personneshypervigilantes (migraineux) ;– la mobilisation des ressources psychiques personnelles;– une perception du corps, nouvelle et différ<strong>en</strong>te(agréable) ;– le déc<strong>en</strong>trage du symptôme, le déconditionnem<strong>en</strong>t,le détournem<strong>en</strong>t de l’att<strong>en</strong>tion…Qui pratique les méthodes psychocorporelles ?Plusieurs points communs uniss<strong>en</strong>t ces méthodes.Elles possèd<strong>en</strong>t un double impact corporel et psychique.<strong>La</strong> relaxation et l’hypnose correspond<strong>en</strong>tschématiquem<strong>en</strong>t à deux grands champs d’application: certains psychologues et psychiatres les pratiqu<strong>en</strong>tavec une visée de psychothérapie, d’autresprofessionnels de santé les utilis<strong>en</strong>t <strong>en</strong> se c<strong>en</strong>trantsur la modification de la perception de la <strong>douleur</strong>.Quel que soit le champ, une sélection préalable despati<strong>en</strong>ts doit être effectuée <strong>en</strong> respectant les contreindications.Donnéesexpérim<strong>en</strong>talesEn relaxationprofonde, on peut observerune action surle système nerveuxautonome : diminutionde la fréqu<strong>en</strong>cecardiaque et vasodilatationcutanée…Sous hypnose, il estpossible d’augm<strong>en</strong>terles seuils thermiquesde perceptionde la <strong>douleur</strong>Comm<strong>en</strong>t agiss<strong>en</strong>t les méthodespsychocorporelles ?Ces méthodes s’oppos<strong>en</strong>t aux situations de t<strong>en</strong>sionmusculaire et émotionnelle liées à la <strong>douleur</strong> et austress. Elles interromp<strong>en</strong>t le cercle vicieux <strong>douleur</strong>t<strong>en</strong>sion.<strong>La</strong> modification de la perception de la <strong>douleur</strong>obt<strong>en</strong>ue r<strong>en</strong>voie à plusieurs types d’explication :– la diminution de l’anxiété souv<strong>en</strong>t très importantechez les personnes douloureuses chroniques ;Traitem<strong>en</strong>tantimigraineuxLe recours aux méthodespsycho-corporelles <strong>en</strong> traitem<strong>en</strong>tde fond de la migraineest recommandé par l’a nae s(voir bibliographie), <strong>en</strong> particulierchez l’<strong>en</strong>fant et l’adolesc<strong>en</strong>t: « Les données dela littérature permett<strong>en</strong>t deconclure à l’efficacité de larelaxation, du rétro-contrôle,des thérapies comportem<strong>en</strong>taleset cognitives dans laprév<strong>en</strong>tion de la migrainechez l’<strong>en</strong>fant et l’adolesc<strong>en</strong>t,où ces méthodes sont préférablesde première int<strong>en</strong>tionaux traitem<strong>en</strong>ts médicam<strong>en</strong>teux.Il n’est pas possiblede conclure à la supérioritéd’une de ces thérapies parrapport aux autres. »76 77


17.PlaceboComm<strong>en</strong>tPrescripteursd’un symptôme ou de la maladie, on parle d’effetplacebo négatif, ou d’effet nocebo.78— définir le placebo ? L’effet placebo ?— ça marche un placebo ?— valoriser l’effet placebo ?Comm<strong>en</strong>t définir le placebo ?Le placebo est un moy<strong>en</strong> construit pour simuler unethérapeutique médicale, alors qu’il n’est pas sci<strong>en</strong>tifiquem<strong>en</strong>tc<strong>en</strong>sé posséder de propriétés thérapeutiquesspécifiques sur la cible choisie.Comm<strong>en</strong>t définir l’effet placebo ?L’effet placebo consiste <strong>en</strong> tout effet attribuable à unmédicam<strong>en</strong>t, une médication, une exploration, unacte, un geste, indép<strong>en</strong>damm<strong>en</strong>t de ses propriétéspharmacologiques ou spécifiques. L’effet placebon’est pas toujours lié à un procédé thérapeutique,il peut résulter de la qualité relationnelle soignantpati<strong>en</strong>t.Inversem<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce de l’aggravationComm<strong>en</strong>t ça marche ?Plusieurs mécanismes sont associés.• Les mécanismes cognitifs : anticipation du soulagem<strong>en</strong>tde la <strong>douleur</strong> (facilitée par l’att<strong>en</strong>te positive dumalade) et suggestion d’efficacité faite par le prescripteur.Efficacité favorisée par la conviction dupratici<strong>en</strong> et la confiance de la personne malade.• <strong>La</strong> réduction de l’anxiété : explications, réassuranceet attitude de souti<strong>en</strong> (empathie) des soignants.• L’activation des systèmes opioïdes : plusieurs étudesréc<strong>en</strong>tes (voir bibliographie) montr<strong>en</strong>t que l’effetplacebo est associé à une libération de substancespharmacologiquem<strong>en</strong>t actives dont les opioïdes<strong>en</strong>dogènes. C’est aussi par activation de systèmesopioïdes que l’activité des médicam<strong>en</strong>ts antalgiquesest r<strong>en</strong>forcée d’un effet placebo comme il aété démontré (voir bibliographie). Dès lors que desmécanismes neurobiologiques sont id<strong>en</strong>tifiés dansle cadre de l’antalgie placebo, il n’apparaît plusrationnel de définir le placebo comme étant totalem<strong>en</strong>tdépourvu d’activité spécifique sur le symptôme.L’effet placebo est réellem<strong>en</strong>t antalgique ; ilest omniprés<strong>en</strong>t dans toute activité thérapeutique ycompris la chirurgie.>79


17.PlaceboUn sujet placebo-répondeur est-ilpsychologiquem<strong>en</strong>t fragile ?Aucune étude n’a conclu sur ce sujet : les personnesqui répond<strong>en</strong>t positivem<strong>en</strong>t au placebo ne prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>tpas de profil psychologique spécifique. Toute personnemalade peut un jour ou l’autre être placebo-répondeur.Si le placebo est efficaceune fois, le sera-t-il après ?<strong>La</strong> reproductibilité de l’effet placebo n’est pas larègle. Ri<strong>en</strong> ne peut laisser présager qu’une personneplacebo-répondeur le sera <strong>en</strong>core le l<strong>en</strong>demain oudans une autre circonstance.Une <strong>douleur</strong>soulagée par unplacebo est-elleune <strong>douleur</strong>psychogène ?<strong>La</strong> réponse (positiveou négative) auplacebo n’a aucunevaleur diagnostiquequant au mécanismede la <strong>douleur</strong>.L’effet antalgiqueplacebo s’observedans tous les typesde <strong>douleur</strong>. Leplacebo n’a aucunevaleur <strong>en</strong> tant quetest thérapeutiqueQuand recourt-on systématiquem<strong>en</strong>tà un placebo ?Pour démontrer l’efficacité spécifique d’une nouvellemolécule, comme tout traitem<strong>en</strong>t a un effet placebo,il est nécessaire de recourir à des études randomisées<strong>en</strong> double aveugle contre un placebo. Cette utilisationpour conserver un cadre éthique doit comporterla possibilité d’une prescription antalgique desecours efficace pour le groupe placebo lorsque l<strong>en</strong>iveau de la <strong>douleur</strong> atteint un seuil prédéfini.Peut-on prescrire un placebo ?En tant que test thérapeutique, la prescription délibéréed’un placebo n’est plus admissible. Commetraitem<strong>en</strong>t antalgique, la prise <strong>en</strong> compte de toutesles composantes de la <strong>douleur</strong> du malade et la mise<strong>en</strong> place de protocoles antalgiques permett<strong>en</strong>t d’éviterd’y recourir.Comm<strong>en</strong>t valoriser l’effet placebo ?S’il n’y a pas lieu de prescrire un produit placebo, ilfaut par contre valoriser au maximum l’effet placebolors de toute proposition thérapeutique, c’est-à-diretout mettre <strong>en</strong> œuvre pour développer une relationde confiance soignant/pati<strong>en</strong>t.<strong>La</strong> mauvaise imagede l’effet placeboLes professionnels desanté ont <strong>en</strong> généralune représ<strong>en</strong>tationerronée de l’effet placebo.Sa constatationperturbe et dérangeles pratici<strong>en</strong>s et leséquipes soignantes,elle induit des attitudesnégatives vis-à-visdu malade. <strong>La</strong> plaintedu malade est alorsdisqualifiée. Cettesuspicion ruine la confianceindisp<strong>en</strong>sable àtoute relation de soin.80 81


18.Structures de prise <strong>en</strong> chargede la <strong>douleur</strong> chronique rebelleEst-ce possible82— d’avoir mal depuis des années ?— d’avoir mal sans arrêt : c’est dansma tête ou dans mon corps ?— qu’on me dirige versla consultation d’Évaluation etde traitem<strong>en</strong>t de la <strong>douleur</strong> (cetd) ?Est-ce possible d’avoir mal depuisdes années ? Que peut-on faire ?Par définition une <strong>douleur</strong> chronique rebelle auxtraitem<strong>en</strong>ts usuels peut durer des mois, parfois desannées : au minimum 3 mois selon la définitionde l’International association for the study of pain.Cette <strong>douleur</strong> nécessite d’être évaluée sous tous sesaspects (somatiques et psycho-sociaux), avant d’<strong>en</strong>visagerune thérapeutique adaptée.Quelles sont les causesdes <strong>douleur</strong>s chroniques ?Ces <strong>douleur</strong>s ont des origines diverses. Il existe des<strong>douleur</strong>s dues au cancer (évolution de la maladie ouséquelles des traitem<strong>en</strong>ts) ou au VIH, des <strong>douleur</strong>schroniques d’origine neurologique par lésion dusystème nerveux périphérique ou c<strong>en</strong>tral, des <strong>douleur</strong>srhumatologiques et musculo-squelettiques…Dans tous les cas, ces <strong>douleur</strong>s sont pluridim<strong>en</strong>sionnellesmêlant aux facteurs somatiques une dim<strong>en</strong>sionpsycho-affective. À l’inverse, une maladie dépressivepeut s’exprimer uniquem<strong>en</strong>t sur un mode douloureux(céphalées, lombalgies).Quels sont les mécanismesdes <strong>douleur</strong>s chroniques rebelles ?Ces <strong>douleur</strong>s-maladie ont des ret<strong>en</strong>tissem<strong>en</strong>ts générauxau-delà de l’organe ou de la partie du corpsconcernés. <strong>La</strong> composante psycho-affective de la<strong>douleur</strong> est déterminante. <strong>La</strong> personne maladeamplifie parfois inconsciemm<strong>en</strong>t sa plainte de peurque sa <strong>douleur</strong> soit niée ou mal comprise par son<strong>en</strong>tourage familial et professionnel. <strong>La</strong> crainte quecette <strong>douleur</strong> soit mise <strong>en</strong> doute par des soignantsconsultés et placés <strong>en</strong> échec thérapeutique. À laplainte douloureuse s’ajout<strong>en</strong>t une fatigabilité anormale,une perte d’intérêt, des troubles de l’att<strong>en</strong>tionou du sommeil, une modification du comportem<strong>en</strong>t(repli sur soi, baisse d’activité, désinvestissem<strong>en</strong>tgénéral…).Douleurchronique,<strong>douleur</strong> aiguëL’approche médicalede la <strong>douleur</strong> aiguë(recherche étiologiqueet traitem<strong>en</strong>tde la cause) est trèssouv<strong>en</strong>t inadaptéeà la <strong>douleur</strong>chronique rebellesous peine d’êtreinefficace et mêmeiatrogène (actesinvasifs inadaptés).Si la <strong>douleur</strong> restedifficile à contrôler,le traitem<strong>en</strong>t seraà visée ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>tréadaptative.C’est souv<strong>en</strong>t le caslors d’une longueévolution négligée.>83


18.Structures de prise <strong>en</strong> charge de la <strong>douleur</strong> chronique rebelleJ’ai toujours aussi mal, faut-il arrêterd’<strong>en</strong> chercher la cause ?L’excès de recours à la médecine (nomadisme médical,recherche vaine d’un diagnostic méconnu, exam<strong>en</strong>scomplém<strong>en</strong>taires répétés, abus médicam<strong>en</strong>teux, chirurgiesitératives) r<strong>en</strong>force la plainte douloureuse,voire crée des <strong>douleur</strong>s iatrogènes. Dans ce contexte,le handicap fonctionnel a t<strong>en</strong>dance à s’auto-<strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ir,non seulem<strong>en</strong>t par la <strong>douleur</strong> mais aussi par leseffets secondaires des traitem<strong>en</strong>ts.Quelles peuv<strong>en</strong>t être les répercussionssur le plan social ?<strong>La</strong> situation socioprofessionnelle et financière dela personne peut être gravem<strong>en</strong>t affectée induisantdes demandes d’indemnisations comp<strong>en</strong>satrices quiconstitu<strong>en</strong>t parfois des facteurs pervers de r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>tde la <strong>douleur</strong>. En situation d’accid<strong>en</strong>t dutravail, la consolidation est crainte par le malade quiredoute qu’elle ne conduise à un déni des <strong>douleur</strong>s etdes préjudices ress<strong>en</strong>tis. Le conflit avec l’employeuret les organismes sociaux favorise la chronicité des<strong>douleur</strong>s.Les structuresde prise <strong>en</strong> chargede la <strong>douleur</strong>chronique rebelleCes structures sontnécessairem<strong>en</strong>tpluridisciplinaires etpluriprofessionnelles(somatici<strong>en</strong>sde différ<strong>en</strong>tes spécialités,psychiatre,paramédicaux ettravailleurs sociaux).Il existe trois typesde structure : lesConsultations,les Unités (possibilitéd’hospitaliserles malades pourbilan et traitem<strong>en</strong>t),et les C<strong>en</strong>tres (<strong>en</strong>milieu hospitalouniversitaire,avecdes missions élargiesà l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t etla recherche cliniqueou/et fondam<strong>en</strong>tale)Ce sont des structuresde recours et non depremière int<strong>en</strong>tion.gique et sociale (approche bio-psycho-sociale). Ellecomporte notamm<strong>en</strong>t :– une analyse sémiologique pour préciser les mécanismesde la <strong>douleur</strong> chronique (hyperalgésie, allodynie...),(voir chap. 1) ;– une évaluation psychologique pour déterminer l’insertionde la <strong>douleur</strong> dans l’histoire de la personne(s<strong>en</strong>s donné à la <strong>douleur</strong>, représ<strong>en</strong>tations, att<strong>en</strong>tes,remaniem<strong>en</strong>ts affectifs) ;– un bilan social pour établir le ret<strong>en</strong>tissem<strong>en</strong>t dusyndrome douloureux chronique et repérer l’influ<strong>en</strong>cedes facteurs sociaux sur la pér<strong>en</strong>nité de la<strong>douleur</strong>.Par la suite, après la synthèse pluridisciplinaire, leprojet thérapeutique (multimodal) sera discuté avecla personne malade : explication, éducation, <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>tdans la durée, rôle des différ<strong>en</strong>ts part<strong>en</strong>aires(malade, famille, médecin traitant, structures<strong>douleur</strong>).Ce projet sera régulièrem<strong>en</strong>t évalué et réajusté. Lesuivi doit permettre de corriger les erreurs d’interprétationde la <strong>douleur</strong> et d’<strong>en</strong>rayer les cerclesvicieux comportem<strong>en</strong>taux et émotionnels <strong>en</strong> visantla reprise d’activités.Le part<strong>en</strong>ariatIl est ess<strong>en</strong>tiel <strong>en</strong>treles différ<strong>en</strong>ts acteursde santé et surtoutle médecin traitantafin de r<strong>en</strong>forcer lacollaboration et leséchanges pati<strong>en</strong>t-professionnels-structure.Il doit être ét<strong>en</strong>du auxorganismes sociauxet à la médecine dutravail pour favoriserla réinsertionsocio-professionnelledu malade.Quelle est la démarche spécifiquede ces structures « <strong>douleur</strong> » ?L’approche initiale est fondam<strong>en</strong>tale (une, voireplusieurs, consultations nécessairem<strong>en</strong>t de longuedurée) pour réaliser une évaluation pluridim<strong>en</strong>sionnelle: clinique et paraclinique, somatique, psycholo-Quand faire appel à une structurede la <strong>douleur</strong> chronique rebelle ?Dès que la <strong>douleur</strong> est jugée chronique et mêmesi possible avant qu’elle ne puisse être qualifiée derebelle, il faut contacter une structure <strong>douleur</strong>. Plus laprise <strong>en</strong> charge pluridisciplinaire est précoce plus leschances de contrôle et de réinsertion sont grandes.<strong>La</strong> liste actualiséede ces structuresest disponible surle site www.sante.gouv.fr (accès simplifiépar le ThèmeDouleur, puis Pland’amélioration…).84 85


19.Pour s’informer et se formerComm<strong>en</strong>t— acquérir les principeset les comportem<strong>en</strong>tsadaptés au quotidi<strong>en</strong> ?— accéder à des informationsactualisées ?— bénéficier d’actionsde formation continue ?Que peut-on att<strong>en</strong>dre des formations courtes ?Les formations courtes (quelques jours) de typeAdaptation à l’Emploi (non diplômante), s’adress<strong>en</strong>tà l’<strong>en</strong>semble des professionnels de santé (professionnelsmédicaux, paramédicaux et administratifs) quisouhait<strong>en</strong>t acquérir ou améliorer leurs connaissancesdans le domaine de la prise <strong>en</strong> charge de la <strong>douleur</strong>.Ces formations de courte durée sont notamm<strong>en</strong>tc<strong>en</strong>trées sur la dim<strong>en</strong>sion sociale et psychologiquede la <strong>douleur</strong> (complexité du phénomène douloureux,variabilité de sa perception et de son expression)ainsi que sur l’approche de la <strong>douleur</strong> (évaluationde l’int<strong>en</strong>sité de la <strong>douleur</strong>, élaboration etmise <strong>en</strong> place de protocoles de prise <strong>en</strong> charge dela <strong>douleur</strong>). Elles doiv<strong>en</strong>t permettre d’acquérir desconnaissances théoriques de base mais aussi susciterun changem<strong>en</strong>t de comportem<strong>en</strong>t de la part desprofessionnels. Ainsi, les connaissances acquises àl’issue de ces formations permettront d’<strong>en</strong>gager uneréflexion personnelle ou de toute une équipe sur lespratiques soignantes et aideront à la mise <strong>en</strong> placed’actions d’amélioration.86Comm<strong>en</strong>t choisir une formation ?Quelques <strong>questions</strong> à pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte pour sélectionnerune formation : quels sont vos besoins ?Quelle est votre pratique quotidi<strong>en</strong>ne ? Quel est votrecontexte professionnel ? Quels sont vos objectifs ?Vers quel type de formationuniversitaire se diriger ?Les formations universitaires portant sur la prise <strong>en</strong>charge de la <strong>douleur</strong> s’adress<strong>en</strong>t aux professionnelsde santé qui, dans le cadre d’un projet professionnel,souhait<strong>en</strong>t compléter et maîtriser les divers aspectsde la prise <strong>en</strong> charge de la <strong>douleur</strong>. Il est recommandéque les médecins responsables de structuresde prise <strong>en</strong> charge de la <strong>douleur</strong> chronique rebelle>87


19.Ressources pour s’informer et se formerainsi que les professionnels « ressources », dans ledomaine de la <strong>douleur</strong> (médecins, infirmiers) id<strong>en</strong>tifiésdans les établissem<strong>en</strong>ts de santé suiv<strong>en</strong>t cetype de formation.L’université propose plusieurs types de formationdans le domaine de la prise <strong>en</strong> charge de la <strong>douleur</strong> :les diplômes universitaires, interuniversitaires,la capacité et le Diplôme d’Études SpécialiséesComplém<strong>en</strong>taires (d e s c).Les Diplômes Universitaires (d u)Ces formations ont pour objectif d’apporter ou decompléter des connaissances dans le domaine de l’évaluationet du traitem<strong>en</strong>t de la <strong>douleur</strong> pour répondreaux besoins spécifiques des malades dans une approcheglobale et multidisciplinaire. Cet <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>tdisp<strong>en</strong>sé majoritairem<strong>en</strong>t sur une période de 1 an estouvert à de nombreux professionnels de santé : médecinsgénéralistes ou spécialistes, chirurgi<strong>en</strong>s-d<strong>en</strong>tistes,pharmaci<strong>en</strong>s, sages-femmes, infirmiers, kinésithérapeutes,psychologues, ergothérapeutes…Les Diplômes Inter-Universitaires (d i u) formationdes professionnels de santé à la prise <strong>en</strong>charge de la <strong>douleur</strong>Certains diplômes universitaires ont été transformés<strong>en</strong> diplômes Inter-Universitaires (d i u) formationdes professionnels de santé à la prise <strong>en</strong> charge dela <strong>douleur</strong>. Cette démarche, m<strong>en</strong>ée sous l’égide duCollège National des Enseignants Universitaires dela Douleur (c n e u d), a pour objectif d’harmoniserces formations dans leurs cont<strong>en</strong>us, durée, validationet d’y inclure un <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t pratique.Les organismesde formations courtesCes formations sontproposées, soit pardes associationset notamm<strong>en</strong>tpar l’Associationnationale pourla FormationPerman<strong>en</strong>te dupersonnel hospitalier(www.anfh.asso.fr)pour les personnelshospitaliers, soitpar des organismespublics commel’École nationalede Santé Publique(www.<strong>en</strong>sp.fr), lesUnions régionales desmédecins libéraux(www.urml.fr) ou desorganismes privés.<strong>La</strong> Capacité d’évaluation et de traitem<strong>en</strong>t de la<strong>douleur</strong>Enseignem<strong>en</strong>t théorique et pratique disp<strong>en</strong>sé surune période de 2 ans, et comportant 180 heuresde cours théoriques, sans omettre un stage pratiqued’une durée minimale d’un mois. Ce cursusest ouvert aux médecins déjà installés généralistesou spécialistes, aux pharmaci<strong>en</strong>s et aux chirurgi<strong>en</strong>sd<strong>en</strong>tistes.Le diplôme d’études spécialisées complém<strong>en</strong>tairesMédecine de la <strong>douleur</strong> et médecine palliativeNon qualifiant, du groupe 1, ouvert à toutes les spécialitésmédicales et chirurgicales, il est organisé àl’int<strong>en</strong>tion des médecins susceptibles d’intégrer oud’<strong>en</strong>cadrer « les structures <strong>douleur</strong>s » ou les structuresde soins palliatifs. Il est organisé sur 2 ans etcomporte 4 stages d’une durée de 6 mois chacun (2stages effectués au cours de l’internat, 2 stages <strong>en</strong>post-internat). L’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t théorique correspond<strong>en</strong>viron à 170 heures de cours et comporte au coursde la première année 6 séminaires (tronc commun)et <strong>en</strong> 2 e année 3 séminaires de l’ori<strong>en</strong>tation choisie,1 séminaire de l’ori<strong>en</strong>tation complém<strong>en</strong>taire et 2séminaires optionnels.Formation théoriqueet pratiqueLes di u propos<strong>en</strong>tun <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>tthéorique, sous formede cours d’une duréed’au moins 60 heures,et un <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>tpratique sous formed’ateliers et de tablesrondes. Le contrôle finaldes connaissancescompr<strong>en</strong>d au moinsune épreuve écrite.88 89


Contrat d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>tcontre la <strong>douleur</strong>L’amélioration del’information despati<strong>en</strong>ts est une desmesures prioritaires desprogrammes nationauxde lutte contre la <strong>douleur</strong>.Le Carnet <strong>douleur</strong> diffusé<strong>en</strong> 1998 est désormaisremplacé par le Contratd’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t contrela <strong>douleur</strong>. Cette fiched’information, intégréeau livret d’accueil,est remise à chaquepati<strong>en</strong>t dès le débutde son hospitalisation.Elle constitue un acted’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t dansune politique d’amélioration de la prise <strong>en</strong> chargede la <strong>douleur</strong>. Un espace est prévu sur cette ficheafin que chaque établissem<strong>en</strong>t de santé puissepréciser sa politique <strong>en</strong> matière de lutte contrela <strong>douleur</strong>. Il revi<strong>en</strong>t à chaque établissem<strong>en</strong>tde santé d’assurer l’impression de cette fiche,disponible uniquem<strong>en</strong>t par téléchargem<strong>en</strong>tsur le site Internet du ministère de la Santé :www.sante.gouv.fr, rubrique Douleur puisPlan d’amélioration…Pour letéléchargem<strong>en</strong>tde ce docum<strong>en</strong>t,il est nécessairede disposer dulogiciel AcrobatReader disponiblegratuitem<strong>en</strong>t surwww.adobe.fr90 91


BibliographieOuvrages de référ<strong>en</strong>ce1. Les Structures d’évaluation et detraitem<strong>en</strong>t de la <strong>douleur</strong>. Caractéristiqueset critères de l’activité. Recommandationsa n de m, novembre 1995.2. Évaluation et suivi de la <strong>douleur</strong>chronique chez l’adulte <strong>en</strong> médecineambulatoire. Recommandations etréfér<strong>en</strong>ces professionnelles. a nae sfévrier 1999.3. Évaluation et stratégies de prise <strong>en</strong>charge de la <strong>douleur</strong> aiguë chez l’<strong>en</strong>fantde 1 mois à 15 ans. Recommandations pourla pratique clinique. a nae s décembre 2000.4. Évaluation et prise <strong>en</strong> chargethérapeutique de la <strong>douleur</strong> chez lapersonne âgée ayant des troubles de lacommunication verbale. Recommandationspour la pratique clinique. a nae s octobre 2000.5. Diagnostic, prise <strong>en</strong> charge et suivi desmalades atteints de lombalgie chronique.a nae s décembre 2000.6. Prise <strong>en</strong> charge diagnostique etthérapeutique des lombalgies etlombosciatalgies communes de moins detrois mois d’évolution. a nae s février 2000.7. Prise <strong>en</strong> charge diagnostique etthérapeutique de la migraine chez l’adulteet chez l’<strong>en</strong>fant : aspects cliniqueset économiques. Recommandations pourla pratique clinique a nae s octobre 2002.8. Prise <strong>en</strong> charge de la <strong>douleur</strong> postopératoirechez l’adulte et l’<strong>en</strong>fant.Confér<strong>en</strong>ce de cons<strong>en</strong>sus. Sociétéfrançaise d’anesthésie et de réanimation,décembre 1997.9. Standards, options et recommandations2002 pour les traitem<strong>en</strong>ts antalgiquesmédicam<strong>en</strong>teux des <strong>douleur</strong>s cancéreusespar excès de nociception chez l’adulte.Fédération Nationale des C<strong>en</strong>tres de LutteContre le Cancer.10. Recommandations pour la pratiqueclinique : standards, options etrecommandations pour l’évaluation dela <strong>douleur</strong> chez l’adulte et l’<strong>en</strong>fant atteintsd’un cancer. Fédération Nationale desC<strong>en</strong>tres de Lutte Contre le Cancer.Référ<strong>en</strong>cesbibliographiquesspécifiquesn Édito1. Bouhassira D et al. Preval<strong>en</strong>ce of chronicpain with neuropathic characteristics inthe g<strong>en</strong>eral population. Pain, 2007,doi:10 1016 j.pain, 2007, 08. 013.2. G<strong>en</strong>èse des recours urg<strong>en</strong>ts ou nonprogrammés à la médecine générale,Études et résultats n° 607 novembre 2007,www.sante.gouv.fr/drees/etude-resultats/er607/er607.pdf3. Breivik H et al. Survey of chronic painin Europe: preval<strong>en</strong>ce, impact on dailylife and treatm<strong>en</strong>t. Eur J Pain, 2006 ; 10 :287-333.4. Étude observationnelle des pati<strong>en</strong>tsatteints de <strong>douleur</strong>s neuropathiques dansles structures de traitem<strong>en</strong>t de la <strong>douleur</strong><strong>en</strong> France. SFETD, mai-juin 2007, (1410pati<strong>en</strong>ts, 88 structures).5. National Institute of Health. NIHGuide : New Directions in Pain Research I.September 4 1998. August 6th, 2007-11-17.htpp://grants.nih.gov/grants/guide/pa-files/PA-98-102.htmln Chapitre 3 : L’administration demorphiniques pour un abdom<strong>en</strong> aigu1. Lee J.-S., Stiell I.G., Wells G.A.,Elder B.R., Vandemhe<strong>en</strong> K., Shapiro S.Adverse outcomes and opioid analgesicadministration in acute abdominal pain.Acad Emerg Med 2000 Sep ; 7(9) : 980-77(9) : 980-987.2. Thomas S.H., Sil<strong>en</strong> W., Cheema F.,Reisner A., Aman S., Goldstein J.N. etA.L. Effects of morphine analgesiaon diagnostic accuracy in Emerg<strong>en</strong>cyDepartm<strong>en</strong>t pati<strong>en</strong>ts with abdominal pain :a prospective, randomized trial. J Am CollSurg 2003 ; 196(1):18-31.3. McHale P.M., LoVecchio F. Narcoticanalgesia in the acute abdom<strong>en</strong> – a reviewof prospective trials. Eur J Emerg Med2001 ; 8(2):131-136.4. Kim M.K., Strait R.T., Sato T.T.,and H<strong>en</strong>nes H.M.A. Randomized clinicaltrial of analgesia in childr<strong>en</strong> with acuteabdominal pain. Acad. Emerg. Med., 2002 ;9 : 281-287.n Chapitre 9 : Douleurs oro-faciales1. Dallel R., Villanueva L., Woda A., Voisin D.Neurobiologie de la <strong>douleur</strong> trigéminale.L. Médecine et Sci<strong>en</strong>ces, 2003 ; 19 : 567-574.2. Woda A., Pionchon P. Tableausémiologique et hypothèsesphysiopathologiques des algiesoro-faciales idiopathiques.Rev. Neurol, 2001 ; 57 : 265-283.3. Boucher Y., Pionchon P., Les Douleuresorofaciales. Diagnostics et traitem<strong>en</strong>ts.Éd. CDP, paris 2006, 160 pages.n Chapitre 17 : Le placebo1. Amanzio M., Pollo A., Maggi G.,B<strong>en</strong>edetti F. Response variabilityto analgesics : a role for non-specificactivation of <strong>en</strong>dog<strong>en</strong>ous opioids.Pain, 2001, 90 (3) : 205-215.2. Hrobjartsson. A, Gotzche P.C. Is theplacebo powerless ? An analysis of clinicaltrials comparing placebo with no treatm<strong>en</strong>t.N Engl J Med, 2001 ; 345 : 1594-1602.3. Riet G. ter, de Cra<strong>en</strong> A.J.M., de Boer A.,Kessels G.H. Is placebo analgesiamediated by <strong>en</strong>dog<strong>en</strong>ous opioids ?A systematic review. Pain, 1998, 76 : 273-275.4. Rowbotham D.J. Endog<strong>en</strong>ous opioids,placebo response, and pain. <strong>La</strong>ncet, 2001,357(9272): 1901-1902.5. Vase L., Riley J.L., Price D.D. A comparisonof placebo effects in clinical trials versusstudies of placebo analgesia. Pain, 2002 ;99 : 443-452.Textes législatifset réglem<strong>en</strong>tairesArticle L.1110-5 du code de la santépublique (Loi n° 2002-303 du 4 mars2002 relative aux droits des malades età la qualité du système de santé) : « […]Toute personne a le droit de recevoir dessoins visant à soulager sa <strong>douleur</strong>. Celle-cidoit être <strong>en</strong> toute circonstance prév<strong>en</strong>ue,évaluée, prise <strong>en</strong> compte et traitée […] ».Article L.1112-4 du code de la santépublique (modifié par la Loi n° 99-477du 9 juin 1999 visant à garantir le droità l’accès aux soins palliatifs) : « lesétablissem<strong>en</strong>ts de santé publics ou privés92 93


Glossaireet les établissem<strong>en</strong>ts sociaux et médicosociauxmett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> œuvre les moy<strong>en</strong>spropres à pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> charge la <strong>douleur</strong> despersonnes malades qu’ils accueill<strong>en</strong>t età assurer les soins palliatifs que leur étatrequiert, quelles que soi<strong>en</strong>t l’unité ou lastructure de soins dans laquelle ils sontaccueillis […] Les obligations prévues pourles établissem<strong>en</strong>ts m<strong>en</strong>tionnés au prés<strong>en</strong>tarticle s’appliqu<strong>en</strong>t notamm<strong>en</strong>t lorsqu’ilsaccueill<strong>en</strong>t des mineurs, des majeursprotégés par la loi ou des personnes âgées ».Article R.4311-2 du code de la santépublique (Décret n° 2002-194 du 11 février2002 relatif aux actes professionnels età l’exercice de la profession d’infirmier -Article 2) : « les soins infirmiers […] ontpour objet, dans le respect de la personne,dans le souci de son éducation à la santéet <strong>en</strong> t<strong>en</strong>ant compte de la personnalité decelle-ci […] de participer à la prév<strong>en</strong>tion,à l’évaluation et au soulagem<strong>en</strong>t de la<strong>douleur</strong> et de la détresse physique etpsychique des personnes […] ».Décret 95-1000 du 6 septembre 1995portant code de déontologie médicale,article 37 : « En toutes circonstances, lemédecin doit s’efforcer de soulager lessouffrances de son malade […] »Adresses utilesSites Internet 2007Ministère de la Santé,de la Jeunesse et des Sportswww.sante.gouv.fr(rubrique Douleur)Ag<strong>en</strong>ce française de sécurité sanitairedes produits de santé (afssaps)www.afssaps.sante.frAssociation pour le traitem<strong>en</strong>tde la <strong>douleur</strong> de l’<strong>en</strong>fant (Pediadol)www.pediadol.orgC<strong>en</strong>tre national de ressourcesde lutte contre la <strong>douleur</strong> (cnrd)www.cnrd.frAssociation Sparadrawww.sparadrap.orgCollège national des chirurgi<strong>en</strong>s-d<strong>en</strong>tistesde la <strong>douleur</strong> (cncdd)www.sfetd-<strong>douleur</strong>.orgCollège national des médecinsde la <strong>douleur</strong> (c n m d)www.sfetd-<strong>douleur</strong>.orgCollège national des psychologuesde la <strong>douleur</strong> (cnpd)www.sfetd-<strong>douleur</strong>.orgFédération nationale des c<strong>en</strong>tresde lutte contre le cancer (fnclcc)www.fnclcc.frHaute Autorité de Santé (ha s)www.has-sante.frInstitut national du cancerwww.inca.frInstitut national de prév<strong>en</strong>tionet d’éducation pour la santé (inpes)www.inpes.sante.frInstitut Upsa de la <strong>douleur</strong>www.institut-upsa-<strong>douleur</strong>.orgLigue nationale contre le cancerwww.ligue-cancer.netSociété française d’étude des migraineset des céphalées (s f e m c)www.sf-neuro.orgSociété française d’étude et de traitem<strong>en</strong>tde la <strong>douleur</strong> (sfetd)www.sfetd-<strong>douleur</strong>.orgSociété française d’accompagnem<strong>en</strong>tet de soins palliatifs (sfap)www.sfap.orgSociété francaise d’anesthésieet de réanimation (sfar)www.sfar.orgSociété française de neurologiewww.f-neuro.orgSociété française de neurochirurgiewww.neurochirurgie.frSociété française de rhumatologiewww.rhumatologie.asso.frDéfinitionsgénéraleset abréviations• Accès douloureuxExacerbation transitoireet de courte durée dela <strong>douleur</strong>, d’int<strong>en</strong>sitémodérée à sévère, chezdes malades prés<strong>en</strong>tantdes <strong>douleur</strong>s persistanteshabituellem<strong>en</strong>t maîtriséespar un traitem<strong>en</strong>t antalgiquede fond. On peut différ<strong>en</strong>cierdes accès prévisibles(mouvem<strong>en</strong>t, miction…)et des accès non prévisibles(exacerbations de <strong>douleur</strong>ssomatiques ou viscérales).• AgonisteProduit qui se fixe à unrécepteur et qui l’activede façon plus ou moinscomplète.Un agoniste partielpossède un effet plafondface à des <strong>douleur</strong>sint<strong>en</strong>ses (buprénorphine,nalbuphine).Un agoniste pur possèdeune efficacité importantesans effet plafond (codéine,morphine, f<strong>en</strong>tanyl…).• AntagonisteProduit (naloxone…)qui se fixe à un récepteursans l’activer et s’opposeaux effets d’un agoniste<strong>en</strong> cas de surdosageou d’intolérance de cetagoniste.• AMMAutorisation de mise sur lemarché d’un médicam<strong>en</strong>t.• Effet plafondEffet pharmacologique quin’augm<strong>en</strong>te plus avec ladose administrée.• HyperalgésieRéponse anormalem<strong>en</strong>tint<strong>en</strong>se à une stimulationdouloureuse mécanique outhermique.• HyperesthésieS<strong>en</strong>sibilité accrue à toutestimulation douloureuseou non.• LILibération Immédiate.• LPLibération Prolongée.• MeopaMélange équimolaired’oxygène et de protoxyded’azote. Mélange gazeuxcombinant une actionantalgique et anxyolitique.• PCAPati<strong>en</strong>t controlled analgesia,ou acp (Antalgie contrôléepar le pati<strong>en</strong>t). Techniquequi permet à la personne des’auto-administrer à l’aided’une pompe des dosesprogrammées d’antalgiques(morphine) par voieveineuse ou sous-cutanée.• TitrationMéthode d’ajustem<strong>en</strong>tdes posologies d’unmédicam<strong>en</strong>t. Cette titrations’applique soit à l’initiationdu traitem<strong>en</strong>t (titrationinitiale) soit à un traitem<strong>en</strong>t<strong>en</strong> cours (titrationultérieure ou réajustem<strong>en</strong>tposologique).Sources :• iasp (Internationalassociation for studyof pain) Classification ofChronic Pain : Descriptionsof Chronic Pain Syndromesand Definitons of PainTerms. 2 nd ed. Seattle,usa : iasp Press 1994.• so r (Standards, Options& Recommandations) :Traitem<strong>en</strong>ts antalgiquesmédicam<strong>en</strong>teux des<strong>douleur</strong>s cancéreuses parexcès de nociception chezl’adulte. f n lclcc 2003.94 95


Remerciem<strong>en</strong>tsCollège national des chirurgi<strong>en</strong>s-d<strong>en</strong>tistesde la <strong>douleur</strong>Collège national des <strong>en</strong>seignants universitairesde la <strong>douleur</strong>Collège national des généralistes <strong>en</strong>seignantsCollège national des médecins de la <strong>douleur</strong>Collège national des psychologues de la <strong>douleur</strong>Fédération nationale des infirmiersSociété française d’accompagnem<strong>en</strong>tet de soins palliatifsSociété française d’anesthésieet de réanimationSociété française du cancerSociété française d’étude des migraineset céphaléesSociété française de neurochirurgieSociété française de neurologieSociété française de pédiatrieSociété française de psycho-oncologieSociété française de rhumatologieUnaformecDocteur An n equ i n DanielDocteur Bou r eau FrançoisProfesseur Cesselin FrançoisDocteur Collin ElisabethMadame Defontai n e-Cat t e a u Marie-ClaudeDocteur De lo r m e ThierryProfesseur Escha li e r AlainDocteur Fe rga n e BernardDocteur <strong>La</strong> nt e r i-m i n e t MichelProfesseur <strong>La</strong>u r e nt BernardDocteur Le Bars DanielDocteur Luu Maï ChristineDocteur Me m r a m NadineDocteur Mick GérardDocteur Pe r r ot SergeDocteur Pionchon PaulDocteur Pou l ai n PhilippeDocteur Rostai ng-Ri g at t i e r i SylvieDocteur Va s so rt ErikComité de rédaction 2004Docteur Vu i l le m i n Nicole, coordinatrice sf etdDocteur An n equ i n Daniel, chef de projetProgramme national de luttecontre la <strong>douleur</strong> 2002-2005Madame Be na ss is Françoise, rédactriceDocteur Collin Elisabeth, sf etd et c n m dMadame Cu llet Danièle, chef de projetProgramme national de luttecontre la <strong>douleur</strong> 2002-2005, dhosDocteur Krakowski Ivan, past presid<strong>en</strong>tde la sf etdDocteur Pionchon Paul, présid<strong>en</strong>t de la sf etdDocteur Polle z Bruno, dgsDocteur Vi nce nt Isabelle, i n pe sRelecteurs 2004InfirmièresMadame Malka GéraldineMadame Nada li n NathalieErgothérapeuteMonsieur Te xie r Frédéric, cadre de santéKinésithérapeuteMadame Ma c i e j e w s k i Catherine, cadre de santéMédecin généralisteDocteur Pete r Jean-MichelActualisation deuxième édition,février 2008Dr Éric Se rra – DGS, Mme DanièleCu llet – DHOS, Dr Christine Ricard,coordinatrice sf etd, les membres duconseil d’administration 2004-2007 de laSFETD : Dr <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t Balp, Dr Antoine Bi oy,Pr Serge Blon d, Dr Jean Bruxe lle,Pr Bernard Ca lvi no, Dr Claire De lo r m e-Mo r i n,Dr Mathieu Dou s s e, Dr Michel <strong>La</strong> ntér i-Mi net,Mme Jocelyne Le Gall, Dr Malou Nave z,Dr Paul Pionchon, Dr Christine Ricard,Dr Alain Se rri eDiffusionC<strong>en</strong>tre national de ressources de luttecontre la <strong>douleur</strong> (cnr d)26, av<strong>en</strong>ue du Dr Arnold Netter75012 ParisTél. : 01 44 73 54 21 – Fax : 01 44 73 54 22secretariat.cnrd@trs.aphp.frOuvrage financé par la Direction généralede la SantéDeuxième édition de février 2008, mise à jour de l’édition de novembre 2004.Toute reproduction, même partielle, interdite sans l’accord de la direction générale de la Santédu ministère de la Santé, de la Jeunesse et des Sports et de la Société française d’étude et de traitem<strong>en</strong>t de la <strong>douleur</strong>.Conception graphique : © François Caspar | Rédaction : © Françoise B<strong>en</strong>assis | Photographies : © Photodiscwww.francoiscaspar.com96


Au quotidi<strong>en</strong>, vous êtes au contact de personnes malades, à soigner,conforter, informer, accompagner… Ce mém<strong>en</strong>to est conçu pour vousproposer des élém<strong>en</strong>ts de réponses aux <strong>questions</strong> qui vous sontfréquemm<strong>en</strong>t posées dans différ<strong>en</strong>tes situations cliniques. Voustrouverez, <strong>en</strong> marge du texte, des précisions et des conseils pourmieux compr<strong>en</strong>dre et réagir face à la <strong>douleur</strong>. Une attitude d’écoute,une parole qui explique, suscit<strong>en</strong>t la confiance. C’est une étapeimportante pour apaiser et comm<strong>en</strong>cer à soulager une personne.

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