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Tabac – Comprendre la dépendance pour agir<br />
mais les signaux annonçant l’arrivée de cette récompense. Au cours de son<br />
développement, chaque individu se constitue un ensemble de signaux qui lui<br />
sont propres et dont la perception lui permet d’anticiper une satisfaction et<br />
de s’adapter à son obtention. Un signal non suivi de récompense déclenche<br />
une frustration. La prise de substance psychoactive, en activant les systèmes<br />
dopaminergiques de façon intense, conduit l’individu à mémoriser des événements<br />
qui n’ont pas de réalité physiologique mais qui, parce qu’ils sont<br />
associés à la prise de produit, l’en rendent dépendant. Ainsi, les stimuli<br />
environnementaux sont particulièrement importants chez le fumeur, lequel a<br />
développé, souvent pendant des années, de multiples associations entre<br />
certaines situations et le fait de fumer. La seule présentation de ces stimuli<br />
peut conduire à une envie compulsive de tabac.<br />
L’effet récompensant du tabac fait intervenir<br />
les récepteurs dopaminergiques<br />
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Certaines données obtenues chez l’homme suggèrent que la stimulation des<br />
récepteurs dopaminergiques pourrait participer aux effets récompensants dus<br />
à la consommation de tabac. Ainsi, la prise d’halopéridol, un antagoniste<br />
dopaminergique, provoque une augmentation de la consommation de tabac,<br />
alors qu’un agoniste provoque une diminution de la consommation.<br />
La dopamine agit par l’intermédiaire de cinq récepteurs qui sont répartis en<br />
deux sous-familles, les récepteurs de type D1 (sous-types D 1 et D 5 ) qui stimulent<br />
l’activité de l’adénylyl cyclase par l’intermédiaire de protéines G et les<br />
récepteurs de type D2 (sous-types D 2 ,D 3 ,D 4 )négativement couplés à cette<br />
enzyme.<br />
Les souris mutantes ou des agents pharmacologiques sélectifs ont permis<br />
d’impliquer les récepteurs D 1 ,D 2 et D 3 de la dopamine dans la dépendance<br />
aux drogues. Ces récepteurs sont exprimés dans le noyau accumbens, contrairement<br />
aux récepteurs D 4 et D 5 qui ne sont pas ou pratiquement pas exprimés<br />
dans cette structure. Il n’existe à ce jour que peu d’études évaluant de façon<br />
sélective le rôle des récepteurs D 1 ,D 2 et D 3 de la dopamine dans les effets<br />
renforçants de la nicotine.<br />
L’administration de 6-hydroxydopamine (une neurotoxine détruisant les<br />
neurones dopaminergiques) dans le noyau accumbens du rat provoque une<br />
diminution de l’auto-administration de nicotine. La plupart des auteurs<br />
semblent tenir pour acquise l’implication des voies dopaminergiques dans les<br />
effets renforçants de la nicotine.<br />
Chez le rat, l’administration systémique de nicotine ou l’injection directe<br />
dans l’aire tegmentale ventrale et le noyau accumbens provoque, comme<br />
avec les autres substances psychotropes, une libération de dopamine au<br />
niveau du noyau accumbens. Les modifications de la neurotransmission qui