PLAN 2009-4 - Ordre des ingénieurs du Québec
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RENDEZ-VOUS AVEC LE GENIE:<br />
COLLOQUE SUR LES<br />
TRAVAUX PUBLICS,<br />
p. 26-27<br />
de la culée sert au raboutage <strong>des</strong> caissons centraux ; dans celle<br />
<strong>du</strong> centre, les autres éléments <strong>du</strong> tablier sont assemblés et<br />
raboutés aux caissons ; dans la troisième, on procède à la peinture<br />
et au montage <strong>des</strong> autres équipements tels les corniches,<br />
les écrans brise-vent latéraux et les grillages de protection.<br />
Lorsqu'une section est prête, elle est lancée vers le vide. Son<br />
déplacement est assuré par un système hydraulique de translateurs<br />
et prend deux jours au rythme de 9 m à l'heure. Les<br />
deux premiers tronçons de chaque côté étaient équipés de leur<br />
pylône et <strong>des</strong> haubans nécessaires au soutien de l'avancée <strong>du</strong><br />
tablier. Il y a eu 18 lançages en 15 mois : 12 à partir <strong>du</strong> sud, 6 à<br />
partir <strong>du</strong> nord, entre la fin de février 2003 et le 28 mai 2004,<br />
jour où les tabliers nord et sud se sont rencontrés. Le clavage<br />
ou soudage de leurs extrémités est réalisé en 24 heures. Suit<br />
l'installation <strong>des</strong> pylônes et <strong>des</strong> 154 haubans. En trois mois, tout<br />
est terminé. Reste à appliquer l'enrobé bitumineux dont la<br />
recette a été élaborée pour assurer une parfaite adhérence à l'acier.<br />
TABLIER EN ACIER<br />
Eiffage avait étudié un tablier en acier et un tablier en béton.<br />
Elle avait recommandé à l'administration française le tablier en<br />
acier. En effet, le choix d'un tablier métallique au lieu d'un tablier<br />
en béton offrait plusieurs avantages, nous dit Marc Legrand :<br />
« Il a permis d'accélérer la construction puisque les sections <strong>du</strong><br />
tablier ont été fabriquées en usine pendant<br />
la construction <strong>des</strong> piles. Avec un<br />
tablier bétonné, il aurait fallu procéder à<br />
l'édification <strong>des</strong> piles et au bétonnage en succès<br />
sion, sur le site même. De plus, la mise en place d'un<br />
tablier en béton aurait sans doute occasionné de nom<br />
breux arrêts, puisque les grues doivent cesser de travailler<br />
dès que les vents soufflent à 70 km/h. Durant l'installation<br />
tablier en acier, le vent pouvait nous arrêter seulement deux jours<br />
par mois, pas plus. Bref, le choix d'un tablier en acier a grandement<br />
facilité la planification <strong>des</strong> travaux, un atout non négligeable<br />
lorsque le temps est une contrainte majeure. »<br />
Lors de la signature <strong>du</strong> contrat en octobre 2001, Eiffage<br />
s'était engagée à faire vite. Promesse tenue, fait observer Marc<br />
Legrand : « Le 14 décembre 2004, trois ans jour pour jour après<br />
la pose de la première pierre, le via<strong>du</strong>c de Millau est inauguré<br />
par le président de la République. L'échéancier a été devancé,<br />
il n'y a pas de dépassement de coûts et aucun accident grave<br />
n'est survenu. » L'organisation <strong>du</strong> travail explique en grande partie<br />
ce bilan. « Un accès privé au chantier a été aménagé pour éviter<br />
toute interférence avec la circulation routière et ferroviaire<br />
locale, qui aurait pu retarder les déplacements, poursuit Marc<br />
Legrand. Chaque fois que possible, les travaux ont été réalisés<br />
en simultanéité : la fabrication <strong>du</strong> tablier et l'édification <strong>des</strong> piles,<br />
lesquelles ont également été construites en parallèle : sept piles,<br />
sept chantiers, sept chefs de chantier. La qualité et la rapidité<br />
<strong>des</strong> communications ont été un élément clé de même que la motivation<br />
<strong>des</strong> travailleurs, qui étaient fiers de participer à un projet<br />
aussi exceptionnel. »<br />
Autre élément clé, la préparation <strong>des</strong> travaux. La réflexion<br />
sur la meilleure façon de franchir la vallée <strong>du</strong> Tarn a commencé<br />
en 1989. Au cours <strong>des</strong> dix années suivantes, les étu<strong>des</strong>, essais<br />
et simulations se sont multipliés, en utilisant toute la puissance<br />
de calcul <strong>des</strong> nouveaux outils informatiques. « Il y a 30 ans, il<br />
n'aurait pas été possible de construire un tel via<strong>du</strong>c », reconnaît<br />
Marc Legrand.<br />
DÉFI ENVIRONNEMENTAL<br />
Aux défis techniques s'ajoutait un énorme défi environnemental<br />
qui a été pleinement relevé. D'abord par les concepteurs de<br />
l'ouvrage. L'architecte, sir Norman Foster, et l'ingénieur Michel<br />
Virlogeux ont conçu un ouvrage aux lignes épurées avec son tablier<br />
en acier plus mince qu'un tablier de béton, ses fûts et pylônes<br />
en partie dédoublés, retenus par <strong>des</strong> haubans. Leur proposition<br />
a été préférée à quatre autres : un pont à épaisseur constante,<br />
un pont à épaisseur variable, un via<strong>du</strong>c dont les haubans auraient<br />
été fixés sous le tablier, et un ouvrage à arches.<br />
Le via<strong>du</strong>c de Millau se fond presque dans le ciel de Millau et<br />
la nature a repris ses droits dans la vallée <strong>du</strong> Tarn grâce aux<br />
travaux de régénération complète <strong>des</strong> sites de travaux. « Selon<br />
un sondage, la population locale considère, dans ime proportion<br />
de 80 %, que le via<strong>du</strong>c s'intègre bien au paysage, rapporte Marc<br />
Legrand, qui souligne aussi que la préparation sur place <strong>des</strong><br />
<strong>PLAN</strong> : : MAI <strong>2009</strong> 13