Dimension 3 n° 2009/4 (septembre-octobre 2009)
Dimension 3 n° 2009/4 (septembre-octobre 2009)
Dimension 3 n° 2009/4 (septembre-octobre 2009)
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Service Public Fédéral<br />
L'Afrique se démasque à Tervuren<br />
Jusqu’au 3 janvier 2010<br />
se tient au Musée Royal<br />
de l’Afrique Centrale une<br />
exposition passionnante.<br />
Persona explore le thème<br />
de l’identité par le biais<br />
du masque au sens propre<br />
et figuré.<br />
Editeur responsable: Dirk Achten, Président du comité de direction, rue des Petits Carmes 15 B- 1000 Bruxelles<br />
Persona situe 180 masques<br />
africains dans le contexte<br />
de leur utilisation et de leur<br />
signification. Ceux-ci ne sont<br />
d’ailleurs pas confectionnés<br />
uniquement pour leur beauté<br />
– comme le voient le plus souvent<br />
nos yeux occidentaux –<br />
mais sont en premier lieu des<br />
objets à usage rituel. Les masques<br />
représentent souvent un<br />
être immatériel, par exemple,<br />
une divinité ou un esprit de la<br />
nature. Le danseur qui porte le<br />
masque met sa propre personnalité<br />
à l’arrière-plan afin que<br />
le dieu ou l'esprit puisse s’incarner en lui.<br />
L’esprit évoqué peut combattre l'injustice,<br />
favoriser la fertilité ou accorder certaines<br />
faveurs. Les masques d'animaux font souvent<br />
office de critique à l'égard du comportement<br />
humain. Les masques sont également<br />
utilisés lors de cérémonies d’initiation des<br />
jeunes garçons pour devenir des hommes<br />
responsables. Les garçons subissent une<br />
mort symbolique et acquièrent une nouvelle<br />
identité. Pour tout dire, les masques sont<br />
une réponse à des phénomènes que nous<br />
connaissons tous: affronter des problèmes,<br />
la morale, accéder à l'âge adulte…<br />
La persona des migrants<br />
L'exposition veut toutefois se dégager<br />
des stéréotypes. L'Afrique évolue avec<br />
le temps, ses masques suivent le mouvement.<br />
De nombreux artistes contemporains<br />
ont trouvé un nouveau port d’attache en<br />
Europe. Mais dans quelle mesure y sont-ils<br />
vraiment chez eux ? Et dans quelle mesure<br />
doivent- ils adopter une autre persona<br />
(= masque, rôle, personnage) dans la<br />
société européenne ? Le MRAC a invité 14<br />
artistes immigrés à répondre à cette thématique<br />
dans la langue de leur art.<br />
Mpane s’est représenté lui-même comme<br />
un homme en allumettes, fragile, devant<br />
un bac de douche dans lequel il voit le nom<br />
de ses ancêtre fondre et disparaître vers<br />
les égouts. Mpane veut exprimer le déchirement<br />
vécu par un migrant congolais à<br />
Bruxelles. "D’un côté je dois respecter la<br />
tradition d'aider la famille<br />
demeurée au Congo. De<br />
l'autre, en Europe, je dois<br />
porter le masque de celui<br />
qui a réussi dans la vie…!"<br />
Mais l'identité n'est pas une<br />
donnée immuable. "L'altérité,<br />
être l'autre, c’est être<br />
multiple et sans limites."<br />
Résidant en Belgique, le burundais Ntakiyica<br />
joue avec sa propre identité en se pavanant<br />
en danseur écossais, toréro espagnol, promeneur<br />
tyrolien. Ou encore, comme un clin<br />
d’œil, rend hommage à René Magritte (voir<br />
couverture)… L’art fait connaître l’autre,<br />
dans son individualité et dans sa similitude.<br />
online<br />
www.africamuseum.be/persona<br />
© Aimé Ntakiyica<br />
24 dimension s e p t e m b r e-o c t o b r e <strong>2009</strong>