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1 ANATOMIE DU SEIN ET PHYSIOLOGIE DE LA ... - Petit Fichier

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<strong>ANATOMIE</strong> <strong>DU</strong> <strong>SEIN</strong> <strong>ET</strong> <strong>PHYSIOLOGIE</strong> <strong>DE</strong> <strong>LA</strong> <strong>LA</strong>CTATION<br />

1. Anatomie du sein<br />

1.1 Introduction :<br />

La glande mammaire a la particularité de changer tout au long de la vie. Les modifications de taille,<br />

de forme et de fonction commencent avant la naissance. Elles se poursuivent pendant les premières<br />

années de vie, à la puberté, lors de la grossesse et de la lactation. La formation et le développement<br />

mammaires ont donc lieu en grande partie après la vie fœtale.<br />

Du point de vue de la physiologie, la lactation est l’aboutissement du processus reproductif de la<br />

femme.<br />

Le NN humain est particulièrement immature à la naissance. Pendant la grossesse, sans que la mère<br />

ait à intervenir activement, le sein se prépare à remplacer le placenta et à nourrir l’enfant à naître. Le<br />

sein est potentiellement fonctionnel dès la 16 ème semaine de gestation.<br />

1.2 Les composantes du sein féminin :<br />

Dans l’allaitement, le rôle de la mère et celui du bébé sont fondé sur la physiologie de la lactation,<br />

elle-même étant fonction de l’anatomie du sein. Une connaissance anatomique de la glande<br />

mammaire est donc essentielle à une gestion adéquate de l’allaitement.<br />

Le sein est un organe pair généralement placé à la hauteur de la 3 ème à la 7 ème côte, entre le<br />

sternum et le creux axillaire. Les seins atteignent leur taille adulte après la puberté.<br />

Le sein ou glande mammaire est fait de tissu glandulaire, de tissu conjonctif de soutien et de graisse.<br />

Il est soutenu par les muscles attachés aux côtes, à la clavicule et aux membres supérieurs à<br />

proximité de l’épaule.<br />

1.2.1 Le tissu glandulaire :<br />

L’alvéole ou acini sécrétoire est l’unité sécrétrice du lait. Composée d’une seule rangée de cellules<br />

épithéliales sécrétrices, dites cellules lactifères, elle est entourée par des cellules myoépithéliales,<br />

cellules contractiles responsables de l’éjection du lait. Le tout est soutenu par un stroma de tissu<br />

conjonctif très vascularisé contenant des adipocytes et des cellules fibreuses.<br />

Comme plusieurs raisins forment une grappe, plusieurs alvéoles ou acini forment un lobule. Selon le<br />

même principe, plusieurs lobules se regroupent autour d’un canal lactifère pour constituer un lobe.<br />

L’extrémité distale du canal lactifère aboutit au mamelon et s’ouvre sur l’extérieur grâce à un pore.<br />

Le tissu glandulaire est distribué un peu partout dans le sein et peut parfois s’étendre jusqu’à<br />

l’aisselle. Les récents travaux semblent confirmer que le nombre approximatif de canaux lactifères<br />

dans chaque sein – et donc de lobes – oscillerait plutôt autour de 9 avec un écart variant entre 4 et<br />

18. De plus, les lobes formeraient une structure enchevêtrée, difficile à séparer, plutôt que celle<br />

généralement décrite comme rayonnant de façon systématique à partir du mamelon.<br />

1


Ce sont les cellules lactifères qui sont responsables de la sécrétion du lait. Elles le sécrètent en<br />

continu dans la lumière des alvéoles où il est emmagasiné jusqu’à ce que les cellules myoépithéliales<br />

entourant l’alvéole se contractent sous l’effet de l’ocytocine et expulsent le lait dans les conduits<br />

lactifères vers l’extérieur du sein, ce que l’on appelle le reflexe d’éjection du lait. Les canaux lactifères<br />

s’élargiraient considérablement pendant le reflexe d’éjection puis redeviendraient ensuite à une<br />

taille normale. L’augmentation du diamètre pendant le réflexe d’éjection résulterait de la forte<br />

pression provoquée par l’expulsion du lait contenu dans les alvéoles couplée à la dilatation des<br />

conduits. Il y aurait donc une série d’élargissement et de rétrécissements sous l’effet de l’ocytocine.<br />

C’est la grande élasticité des parois du système de conduits lactifères qui permettrait cette<br />

augmentation substantielle du diamètre des canaux lors de réflexe d’éjection et pendant la<br />

production du lait.<br />

1.2.2 Le tissu adipeux et tissu conjonctif :<br />

Les seins sont soutenus par des bandes de tissu conjonctif, les ligaments de Cooper. Du tissu adipeux<br />

et du tissu conjonctif enveloppent et protègent les alvéoles, les canalicules et les canaux lactifères. Le<br />

tissu graisseux n’a pas de rôle comme tel dans la fabrication du lait, mais il est essentiel au<br />

développement des canaux lactifères. Il permet et supporte l’élongation de ces conduits pendant la<br />

mammogénèse (développement pubertaire de la glande mammaire). C’est principalement la<br />

quantité de tissu adipeux qui détermine la grosseur de seins. Puisque ce tissu ne contribue pas à la<br />

fabrication ni au transport du lait, la grosseur des seins n’est pas un indicateur de la capacité d’une<br />

femme à allaiter.<br />

1.2.3 Le système sanguin et lymphatique :<br />

Le sein est un organe hautement vascularisé. Pendant la grossesse et l’allaitement, la circulation<br />

sanguine dans le sein s’accroît considérablement. Le sang artériel y amène tous les nutriments<br />

nécessaires à la fabrication du lait. Un système veineux parallèle au système artériel assure<br />

l’évacuation des déchets sanguins du sein. La lymphe contribue aussi à, l’élimination des déchets.<br />

Pendant la lactation, les cellules plasmatiques responsables de la sécrétion des immunoglobulines<br />

dans le lait, se rapprochent de l’espace interstitiel. La majorité des vaisseaux lymphatiques suivent<br />

les canaux lactifères et converge vers le mamelon : ils se rejoignent sous l’aréole dans le plexus sousaréolaire.<br />

On observe une augmentation plus prononcée de l’apport sanguin au moment de la montée laiteuse.<br />

L’engorgement qui l’accompagne souvent n’est donc pas causé uniquement par l’augmentation de la<br />

production lactée. La pression du lait, jumelée à l’augmentation de l’apport sanguin, peut entraîner<br />

un ralentissement du retour lymphatique et causer de l’œdème.<br />

1.2.4 L’innervation :<br />

Le mamelon et l’aréole sont innervés par le 4 ème, 5 ème et 6 ème nerf intercostal, mais c’est le 4<br />

ème qui est responsable en grande partie de la sensibilité du mamelon et de l’aréole. Lorsque le<br />

2


ébé tète, la succion stimule les terminaisons nerveuses. Un message est envoyé au cerveau (réflexe<br />

neural). Cette stimulation du mamelon et de l’aréole par le bébé qui tète est responsable de la<br />

sécrétion des hormones de lactation par l’hypothalamus. Une stimulation adéquate du sein est donc<br />

une composante essentielle du maintien de la lactation.<br />

Cette innervation est importante quelque soit le type de chirurgie du sein (réduction, augmentation,<br />

biopsie, drainage d’un abcès) lorsqu’il y a coupure péri-aréolaire, il y a risque qu’une des branches du<br />

4 ème nerf intercostal soit sectionnée. Dans ce cas l’axe neural ne fonctionne plus à son plein<br />

potentiel et la sécrétion des hormones de lactation peut se trouver altérée. Il est difficile de prévoir<br />

le résultat d’une chirurgie mammaire, d’autant plus que les femmes qui en subissent peuvent vivre<br />

comme n’importent qu’elles autre mère des difficultés « ordinaires » d’allaitement.<br />

1.2.5 Le mamelon :<br />

Le mamelon est flexible et malléable. Avec l’aréole, il épouse la forme de la bouche du bébé. Il<br />

contient plusieurs pores par lesquels le lait devient accessible à ce dernier. Le mamelon contient<br />

également des fibres musculaires lisses. Il est hautement innervé et devient érectile à la suite d’une<br />

stimulation. La peau du mamelon est très sensible à la friction, mais lorsque le bébé tète bien, le<br />

mamelon vient se nicher au fond de la bouche du bébé, plus exactement à la jonction du palais dur<br />

et du palais mou. Placé à cet endroit, il ne subit aucune friction.<br />

1.2.6 L’aréole :<br />

Elle entoure le mamelon. Elle fonce et grossit avec la puberté, puis un peu plus lors d’une grossesse<br />

et pendant la lactation. Elle servirait de repère visuel au bébé pour qu’il prenne toute l’aréole dans sa<br />

bouche, pas seulement le mamelon, pour obtenir du lait. C’est en effet sous l’aréole, tout autour du<br />

mamelon, que la stimulation engendrée par la succion du bébé produit le maximum d’effets.<br />

En périphérie de l’aréole sont situés les tubercules ou glandes de Montgomery. Ces derniers<br />

contiennent des pores de glandes sébacées et de glandes lactifères. Les tubercules de Montgomery<br />

sécrètent une substance lubrifiante et antiseptique (maintien d’un pH peu propice à la croissance<br />

bactérienne) qui protège le mamelon et l’aréole. Une infime quantité de lait est sécrétée par ces<br />

tubercules.<br />

On y trouve aussi des glandes sudoripares, quelques glandes sébacées et des follicules pileux.<br />

L’odeur des différentes sécrétions du mamelon et de l’aréole constitue probablement un signe<br />

olfactif incitant le nouveau-né à téter.<br />

1.3 Les variations anatomiques :<br />

Il existe une grande variabilité sur le plan de la normalité. Il est vrai que certaines variations peuvent<br />

avoir des répercussions sur la facilité avec lesquelles le bébé prend le sein ou obtient du lait. Mais<br />

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cela ne veut pas pour autant dire que ces complications du début amèneront nécessairement à un<br />

sevrage précoce.<br />

Le sein est donc plus qu’un contenant de lait maternel. Il est à la fois une « usine », un « entrepôt »<br />

et un « service de livraison ». Il est également fonctionnel dans une grande variété de formes, de<br />

grosseurs et de couleurs. Plusieurs aspects pratiques de l’allaitement sont tributaires de son<br />

anatomie, de la prise du sein par le bébé et les mécanismes de succion de celui-ci.<br />

2. Physiologie de la lactation<br />

Le processus de sécrétion du lait s’enclenche normalement chez la plupart des femmes en postpartum.<br />

On estime que 95 % des femmes sont capables d’allaiter avec succès si elles ont un soutien<br />

approprié. Les vrais problèmes physiologiques sont généralement détectés au cours de la première<br />

semaine du post-partum. On en connaît encore mal les causes.<br />

Le sein est un organe incomplètement développé à la naissance. Sa croissance se poursuit lentement<br />

durant l’enfance et de façon plus intensive à l’adolescence. Avec la première grossesse, la glande<br />

mammaire entre dans le « cycle de la lactation » : on constate une phase rapide de développement<br />

de la glande avant que celle-ci ne commence à produire une faible quantité de lait. Après<br />

l’accouchement, la production augmente et s’adapte aux besoins du bébé. Avec le début du sevrage,<br />

la production de lait diminue, puis cesse lorsque le sevrage est complet. A ce moment là, la glande<br />

retrouve sensiblement l’état pré-gravidique et le cycle recommence lors de la grossesse suivante.<br />

Tous ces changements surviennent de façon continue, sans coupure réelle.<br />

Ce processus est divisé en 5 grandes étapes :<br />

- L’embryogénèse<br />

- La mammogénèse<br />

- La lactogénèse : son amorce et son activation (lactogénèse I et II)<br />

- La lactation<br />

- L’involution<br />

2.1 L’embryogénèse :<br />

La première partie du développement de la glande mammaire s’effectue pendant la croissance<br />

embryonnaire et fœtale. Les cellules qui formeront le tissu mammaire migrent vers l’endroit où se<br />

développera le sein.<br />

On peut voir chez certains individus des mamelons surnuméraires (polythélie) plus rarement<br />

accompagnés de glandes mammaires surnuméraires (polymastie). La polythélie serait associée à des<br />

anomalies rénales, plus rarement cardiaques. La polymastie concernerait 2 à 6 % des femmes. Des<br />

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glandes surnuméraires peuvent également se trouver dans la sphère uro-génitale, sur les fesses ou<br />

dans le dos. Le tissu glandulaire n’est pas forcément associé à un mamelon.<br />

Les bourgeons sont formés par un processus de division qui, à partir de la 28 ème semaine de<br />

gestation, se ferait sous l’influence des hormones placentaires qui, à ce moment pénètrent dans la<br />

circulation fœtale. Au fur et à mesure de la ramification, ils vont donner naissances aux lobules (20 à<br />

40 par lobes) et beaucoup plus tard aux acini ou alvéoles mammaires (10 à 100 par lobules).<br />

D’autres éléments se sont également développés : ils donneront les follicules pileux, les glandes<br />

sébacées et sudoripares et les glandes de Montgomery.<br />

A 32 semaines de gestation, une lumière s’est creusée au centre de tous les bourgeons de la glande :<br />

près du terme, une dizaine de canaux galactophores seront donc formés. Ces canaux s’ouvrent<br />

d’abord dans une dépression épithéliale. Cette dépression va se soulever et former le mamelon et<br />

l’aréole. Le mamelon est initialement invaginé avant d’émerger à l’extérieur.<br />

La présence de tissu adipeux dans la glande est nécessaire pour assurer la croissance de ces canaux<br />

qui ne se développeront pleinement qu’à l’adolescence.<br />

Sous l’influence des hormones maternelles, le nouveau né masculin ou féminin a une glande<br />

mammaire relativement volumineuse et sécrète, parfois pendant environ 3 semaines, une substance<br />

colostrale appelée « lait de sorcière ».<br />

Les tissus mammaires masculins et féminins sont tous deux capables qualitativement capables de<br />

synthétiser du lait.<br />

2.2 La mammogénèse :<br />

Pendant la période pré-pubère, le développement du sein suit principalement la croissance du corps.<br />

Puis, juste avant la puberté, on observe chez les filles une expansion plus rapide des canaux<br />

lactifères. Entre le début et la fin de l’adolescence, sous l’effet des œstrogènes et probablement de<br />

l’hormone de croissance, le sein subit plusieurs phases de développement. Le tissu glandulaire se<br />

développe par la croissance et la ramification des canaux, qui s’étendent dans le tissu adipeux, et par<br />

la formation de petits bourgeons qui deviendront des alvéoles. L’aréole et le mamelon grossissent et<br />

foncent. C’est le développement pubertaire de la glande mammaire.<br />

Par la suite, à chaque cycle menstruel, sous l’effet de la progestérone sécrétée par les ovaires, on<br />

observe un développement et une prolifération des canaux lactifères, suivis d’une régression lorsqu’il<br />

n’y a pas fécondation. La régression étant moindre que le développement, la quantité de tissu<br />

glandulaire augmente environ jusqu’à l’âge de 30 ans environ.<br />

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2.3 La lactogénèse :<br />

Une autre expansion rapide de la glande a lieu pendant la grossesse. Elle mène au plein<br />

développement alvéolaire et à maturation sous l’influence de la progestérone et probablement de la<br />

prolactine (la lactogène placentaire). Vers le milieu de la grossesse, la glande mammaire a déjà<br />

développé un important réseau de lobes, et de petites quantités sécrétions se forment. Son<br />

développement se poursuit jusqu’à l’accouchement. Le sein change d’apparence pendant la<br />

grossesse. Les seins deviennent plus gros, le mamelon plus érectile et l’aréole plus foncé. Celle-ci ne<br />

reviendra jamais à sa couleur originale même après l’accouchement. Les tubercules de Montgomery<br />

deviennent beaucoup plus visibles, et on remarque les veinules sous la peau plus distendue des<br />

seins. Ce phénomène varie considérablement d’une femme à l’autre. Les études ont montré qu’il n’y<br />

a pas de relation entre la croissance des seins et la quantité de lait produite à un mois de lactation.<br />

Mais devant une femme qui n’a pas présenté une légère modification du volume des seins doit nous<br />

alerter.<br />

La lactogénèse est le processus par lequel la glande mammaire développe la capacité de sécréter du<br />

lait. Elle précède la lactation qui correspond au processus de sécrétion. La lactogénèse inclut tous les<br />

changements nécessaires dans l’épithélium mammaire pour passer de la glande mammaire non<br />

différenciée en début de grossesse, à la lactation proprement dite dans les jours qui suivent<br />

l’accouchement. C’est un processus évolutif continu.<br />

Il existe deux stades de lactogénèse :<br />

- Le stade de l’amorce : lactogénèse I<br />

- Le stade de l’activation : lactogénèse II<br />

2.3.1 lactogénèse I : amorce<br />

La lactogénèse débute vers le milieu de la grossesse, lorsque les cellules de la glande mammaire<br />

atteignent un degré suffisant de différenciation pour produire de petites quantités de composantes<br />

particulières du lait, tel le lactose. C’est cette transition que l’on désigne l’amorce. Malgré la capacité<br />

sécrétrice de la glande, la production de lait (en quantité importante) est inhibée par les taux élevés<br />

de progestérone et peut être aussi des œstrogènes. De ce fait, le sein sécrète peu ou pas de liquide<br />

pendant la grossesse.<br />

Dans les 12 à 16 dernières semaines, la composition du colostrum, que l’on pourrait tirer, se<br />

caractérise par une forte concentration de sodium, de chlore et de substances protectrices comme<br />

les immunoglobulines et la lactoferrine. La caséine n’est pas encore présente et le lactose en<br />

concentration faible. Si du lactose est synthétisé, il est absorbé dans le sang et excrété dans les<br />

urines maternelles. Il a été retrouvé du lactose dans les urines dès 4 mois de grossesse.<br />

2.3.2 Lactogénèse II : activation<br />

Les taux hormonaux changent rapidement dans les heures qui suivent le décollement du placenta.<br />

Ces changements marquent la transition de la grossesse vers la lactation proprement dite :<br />

augmentation progressive mais rapide de la quantité de colostrum et de sa composition.<br />

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L’augmentation importante du volume de lait qui se produit environ 36 à 72 h après l’accouchement<br />

est rapidement suivie de la « montée de lait ».<br />

L’activation de la lactogénèse II est d’abord déclenchée par la chute de la progestérone plasmatique<br />

qui suit l’expulsion du placenta, alors que la prolactine reste élevée. Le déclenchement de cette<br />

étape est du à des fluctuations hormonales systémiques (intervention de l’insuline, du cortisol, des<br />

hormones thyroïdiennes, des œstrogènes en augmentant l’effet de la prolactine). Le démarrage du<br />

processus ne dépend pas de la succion du nouveau-né avant le 3 ème ou 4 ème jour du post-partum.<br />

Le moment de la première tétée et la fréquence de celles-ci les deux premiers jours ont une action<br />

positive sur la quantité de lait produite au 5 ème jour post natal.<br />

Il est donc important de s’assurer que le bébé puisse être mis au sein le plus tôt possible dans les<br />

heures qui suivent la naissance et être allaité aux signes d’éveil ensuite. Il faut aussi veiller à ce que<br />

la prise du sein permette au bébé de prélever une quantité optimale de lait.<br />

Il est important de connaitre les causes d’un retard à l’établissement de la lactogénèse II :<br />

- Rétention placentaire<br />

- Hémorragie (fuite de la prolactine)<br />

- Le diabète type 1 mal équilibré<br />

- Stress élevé chez la mère (césarienne non programmée, travail long, accouchement<br />

difficile…)<br />

- Césarienne +/-<br />

- Prématurité<br />

- médicaments<br />

- Surcharge pondérale maternelle (faible réponse de la prolactine à la succion du bébé ?)<br />

- Absence de succion ou stimulation, succion inefficace du bébé.<br />

Au-delà de 72 h, s’il n’y a pas eu de lactogénèse, c’est qu’il y a un problème.<br />

2.4 La lactation :<br />

Elle correspond au processus de sécrétion du lait. Elle se maintien aussi longtemps que le lait est<br />

prélevé du sein régulièrement. Ce processus dépend principalement de deux hormones : la<br />

prolactine (pour maintenir la sécrétion du lait) et l’ocytocine (pour produire le reflexe d’éjection),<br />

mais aussi les œstrogènes et la progestérone<br />

2.4.1 les œstrogènes :<br />

En combinaison avec d’autres hormones, les œstrogènes sont responsables du développement du<br />

réseau de canalicules et de lobules pendant la puberté et le cycle menstruel. Pendant la grossesse,<br />

leur rôle y serait surtout lié à la prolactine, dont ils amplifient l’action sur la mammogénèse. Etant<br />

également inhibiteurs de la sécrétion de lait pendant la grossesse, la chute du niveau d’œstrogènes<br />

dès les 5 à 6 jours qui suivent l’expulsion du placenta favorise la lactation. Leur niveau demeure<br />

faible pendant les premiers mois.<br />

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2.4.2 La progestérone :<br />

La progestérone est responsable du développement des lobules et des alvéoles pendant le cycle<br />

menstruel mais surtout pendant la grossesse. La chute de la progestérone plasmatique lors de<br />

l’expulsion du placenta est nécessaire au déclenchement de la lactogénèse II, permettant ainsi la<br />

montée laiteuse et la maturation du lait. L’effet inhibiteur de la progestérone sur la production lactée<br />

est si puissant qu’il suffit de quelques fragments fonctionnels de placenta non expulsé pour que la<br />

montée laiteuse soit retardée.<br />

2.4.3 La prolactine :<br />

Combinée à d’autres hormones, l’augmentation du taux de prolactine pendant la grossesse contribue<br />

à accélérer la croissance et le développement des tissus mammaires. La prolactine est aussi<br />

responsable de la synthèse et la sécrétion du lait. Cependant cette fonction est inhibée pendant la<br />

grossesse en raison des taux élevés d’autres hormones, particulièrement la progestérone.<br />

Chez la mère qui n’allaite pas, le taux de prolactine retourne à son niveau basal dans les 2 semaines<br />

du post-partum, avec ou sans traitement pour supprimer la lactation.<br />

Chez celle qui allaite, bien qu’il décline au cours des mois, le taux de prolactine demeure plus élevé<br />

que la normale pendant toute la période de lactation même si elle allaite pendant plusieurs années.<br />

C’est elle qui est responsable de l’aménorrhée et de la suppression de l’ovulation pendant les<br />

premiers mois de l’allaitement exclusif.<br />

La prolactine est sécrétée par l’adénohypophyse (hypophyse antérieure). Sa sécrétion est régulée<br />

dans l’hypothalamus par la sécrétion du Facteur Inhibiteur de la Prolactine (PIF). Lorsque le bébé<br />

tète, la succion stimule les terminaisons nerveuses du complexe mamelon-aréole, qui envoie un<br />

message à l’hypothalamus. Ce dernier cesse alors la sécrétion du PIF, permettant ainsi la sécrétion de<br />

prolactine par l’antéhypophyse. La prolactine à son tour déclenche l’action des cellules sécrétrices du<br />

lait.<br />

La prolactine est nécessaire à la production de lait, mais les variations quotidiennes de volume de lait<br />

relèvent de la fréquence de stimulation des mamelons et de la quantité de lait prélevé. Le taux<br />

maximum de prolactine soit le double de son taux basal est atteint 45 mn après le début de la tétée.<br />

2.4.4 L’ocytocine :<br />

L’ocytocine est responsable des contractions de l’utérus pendant l’accouchement et après la<br />

naissance. En période d’allaitement, elle est responsable de la contraction des cellules<br />

myoépithéliales entourant les alvéoles, contraction qui provoque le reflexe d’éjection du lait. Sans<br />

ocytocine, le reflexe est absent, l’allaitement est impossible. Sa sécrétion peut se manifester chez la<br />

mère par une sensation de soif, des bouffées de chaleur, des contractions utérines et un sentiment<br />

de bien être.<br />

Les mouvements de succion du bébé stimulent les terminaisons nerveuses du complexe mamelonaréole.<br />

Ces terminaisons nerveuses acheminent l’information vers l’hypothalamus qui répond alors<br />

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en stimulant la sécrétion d’ocytocine par la neurohypophyse (hypophyse postérieure). Le taux<br />

d’ocytocine dans le sang s’élève dans la minute qui suit le début de la stimulation. La sécrétion n’est<br />

pas continue mais pulsatile, ce qui signifie qu’il est possible d’observer plusieurs réflexes d’éjection<br />

au cours d’une même tétée, même si la mère ne les perçoit pas. La sécrétion d’ocytocine retourne à<br />

son niveau basal dans les 6 mn suivant la fin de la stimulation. D’autres stimuli, tels que voir,<br />

entendre, penser au bébé, peuvent provoquer la sécrétion d’ocytocine et déclencher un réflexe<br />

d’éjection. A l’opposé, un stress physique ou psychologique important peut inhiber sa production.<br />

Voila pourquoi il est important que la mère ait confiance dans sa capacité à allaiter et que son<br />

entourage la soutienne moralement et physiquement.<br />

Elle est très impliquée dans la création du lien mère-enfant : c’est l’hormone du maternage. Elle a un<br />

effet apaisant et relaxant.<br />

2.4.5 Mécanismes cellulaires de synthèse et de sécrétion du lait :<br />

La synthèse du lait est assurée par les cellules des alvéoles. La production est stimulée par la<br />

prolactine, elle-même stimulée, après les premiers jours, par la succion du bébé. Tous les<br />

constituants du lait sont sécrétés dans la lumière de l’alvéole par les cellules lactifères.<br />

Il existe 4 voies transcellulaires et une voie para cellulaire (entre les cellules). Cette dernière joue un<br />

rôle dans la composition de la sécrétion mammaire. Pendant la deuxième moitié de la grossesse et<br />

jusqu’à la montée laiteuse, l’espace intercellulaire est ouvert entre les cellules lactifères. Des cellules<br />

ou de grosses molécules, comme des macrophages, des lymphocytes, le sodium et certains<br />

médicaments à poids moléculaire élevé, peuvent alors passer directement du sang ou du liquide<br />

interstitiel vers le lait. Des composantes du lait peuvent également faire le chemin inverse et entrer<br />

dans le plasma où elles sont réabsorbées, ce qui permet leur évacuation.<br />

Lorsque débute l’activation de la lactogénèse II, cet espace intercellulaire entre les cellules se<br />

referment formant des jonctions étanches qui empêchent les échanges. Dans certaines situations, il<br />

est possible d’observer une réouverture de ces jonctions intercellulaires. C’est le cas lors de<br />

processus inflammatoire comme la mastite.<br />

2.5 L’involution :<br />

Dans le cadre d’un sevrage naturel et progressif, l’ajout d’aliments comble graduellement une partie<br />

de plus en plus grande des besoins de l’enfant. Ce dernier tête de moins en moins, retirant moins de<br />

lait. La glande mammaire réagit en diminuant la production lactée jusqu’à sa cessation lorsqu’il n’y a<br />

plus aucune stimulation.<br />

L’involution de la glande mammaire inclut aussi l’apoptose (mort cellulaire) des cellules lactifères,<br />

puis la dégradation et le remodelage des tissus du sein pour le ramener à l’état pré gravide. La<br />

période d’involution de la glande serait de 40 jours environ après la dernière tétée. Au cours de cette<br />

période, il est relativement facile de rétablir une lactation complète si le bébé tète fréquemment et<br />

efficacement.<br />

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3. Conclusion :<br />

L’importance d’une régulation hormonale paraît évidente. Plusieurs hormones sont impliquées tout<br />

au long du processus. Elles ont chacune leur importance. Le développement de la glande mammaire,<br />

la synthèse et la sécrétion du lait dans les premiers jours qui suivent l’accouchement en sont en<br />

grande partie tributaires. Par contre, une fois arrivée la montée laiteuse et jusqu’à l’involution, la<br />

régulation se fait alors de manière locale, à l’intérieur du sein. Les hormones continuent d’y jouer un<br />

rôle essentiel, mais elles ne sont plus les seules impliquées.<br />

Source : Beaudry M, Chiasson S, Lauzière J – « Biologie de l’allaitement : le sein, le lait, le geste. »<br />

Presses de l’université du Québec<br />

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