Le massif des Vosges, un territoire en devenir - (CCI) de Strasbourg ...

M a s s i f V o s g i e n
DOSSIER
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Le massif
des Vosges,
un territoire
en devenir
Eaux, forêts, paysages fondent l’identité du massif vosgien
et constituent le socle de son développement industriel ou
touristique. Aujourd’hui plus encore qu’hier, il s’agira de
concilier le développement économique de ce territoire
avec la préservation d’un environnement remarquable.
La CCI de Strasbourg et du Bas-Rhin a pris la mesure de
cet enjeu et lance un plan d’action pour promouvoir l’essor d’un
massif que d’aucuns qualifient de magique.. >>
Magazine de la chambre de commerce et d’industrie de strasbourg et du bas-rhin

18 Dossier
Massif Vosgien
Entrepreneurs, professionnels du
tourisme, commerçants etc.
Tous ont leur regard et leur
approche du massif.
Se dégagent une identité forte et
une déclinaison en nuance du
sentiment d’appartenance à une
région d’exception.
Vosges et CCI 13 actions en partenariat et un cahier spécial à l’automne
Le massif vosgien vu
par ceux qui y vivent
Territoire de moyenne montagne
s’étirant sur 200 km
aux marges de trois régions
– l’Alsace, la Lorraine et
la Franche-Comté – le
massif des Vosges reste
dans l’esprit des étrangers un
signe fort, une entité à part
entière. Pour un Belge, « la ligne
bleue des Vosges » se découpant
à l’horizon indique l’entrée
en de nouveaux paysages où
s’inscrit la montagne, fut-elle
moyenne. Le « plat pays » est
derrière soi… René Char parle
des « Parages d’Alsace » en
évoquant la région de La Petite
Pierre et sa forêt, « haute mer
végétale où le ciel naît aux branches
»… Les Vosges existent, au
moins dans l’imaginaire collectif.
Reste qu’administrativement,
elles couvrent trois régions,
sept départements et comptent
600 000 habitants, c’est-à-dire
80 au km 2 , record de France en
zone montagneuse. Une mosaïque
au sein de laquelle il ne va
pas de soi de se définir comme
« Vosgien ». Des hauteurs aux
piémonts et vallées en passant
par les versants abrupts, des
identités spécifiques apparaissent
et prédominent souvent
sur une appartenance collective
au massif. C’est cependant l’espace
géographique vosgien dans
son ensemble qui a été défini
pour cadre des actions lancées
afin de faire face aux mutations
économiques et sociales nées
de la transformation de l’économie
mondiale. Dès 2003, fut
créée l’Agence interrégionale
du Massif des Vosges réunissant
le Bas-Rhin et le Haut-Rhin, la
Meurthe-et-Moselle, la Moselle
et les Vosges pour la Lorraine, la
Haute-Saône et le territoire de
Belfort pour la Franche-Comté.
En 2006, le « Schéma interrégional
du Massif des Vosges à
l’horizon 2020 » a été adopté
en tant que « projet de développement
durable et ambition
pour le massif ». Et à Villé,
le 12 juin dernier, la CCI de
Strasbourg et du Bas-Rhin a
lancé un programme de treize
actions regroupées sous l’intitulé
« Le Massif des Vosges :
un projet partagé en faveur du
développement économique ».
Une initiative qui sera menée,
comme l’a souligné Philippe
Colson, Directeur général, dans
le cadre de partenariats élargis
avec les acteurs locaux du Bas-
Rhin et les autres CCI du massif
vosgien. À l’automne prochain,
un Cahier de la CCI sera consacré
au développement économique
du massif. Préambule à
ces actions, ce dossier donne la
parole à différents acteurs de
tous les secteurs d’activité pour
définir leur sentiment d’appartenance
à ce territoire et leurs
attentes.
Le Point éco • septembre 2007 • n° 260
www.strasbourg.cci.fr

Dossier
Massif Vosgien
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Chiffres 44 % de la superficie du massif vosgien se
trouve en Alsace. 140 communes du Bas-Rhin sur 526
y sont situées et sa population représente 13,5 % de
celle de l’ensemble du département.
Autocars Mugler,
pour une
communication
globale
Basée aujourd’hui à Ingwiller, cette
société a été fondée à La Petite-Pierre
en 1875. Frédéric Mugler, arrièregrand
père de Louis, le PDG actuel, y
avait ouvert une liaison régulière jusqu’à
Saverne. « Nous véhiculons sur
toutes les routes d’Europe des gens
qui sortent du massif, explique Andrée
Traut, responsable des voyages de
groupes. Mais nous avons aussi des
lignes scolaires et une clientèle de
touristes qui visitent la région. La
demande porte surtout sur Strasbourg,
Colmar, Obernai, la route des vins,
celle des Crêtes, etc. Dans le cadre de
séjours plus longs, de deux jours minimum,
nous suggérons les Vosges du
Nord qu’ils découvrent toujours avec
surprise. Les gens viennent de partout,
d’Europe de l’Est mais aussi d’Australie,
d’Amérique du Sud via des tours
opérateurs basés à Paris. Ils ont souvent
une image cliché de l’Alsace et il
me semble qu’une communication sur
l’ensemble du massif serait un plus. »
• contact • 03 88 89 40 53
>> Tourisme et commerce, des intérêts croisés
Hôtels et restaurants, à chacun ses Vosges
Quatre hôtels non pas aux quatre coins du
massif mais dans des territoires différents.
Quatre regards sur les Vosges.
Le Vignoble à Dambach-la-ville,
une halte en Alsace
Selon Caroline Martin, responsable
depuis un an de l’hôtel
Le Vignoble à Dambachla-ville,
l’hôtel est le point
d’ancrage de touristes qui visitent
Strasbourg, Colmar ou des sites
comme le Haut Koenigsbourg, le
Parc des cigognes ou la montagne
des singes. « Certains font aussi
halte chez nous lorsqu’ils partent
plus loin en France ou en Europe,
précise-t-elle, mais ils ont alors
le sentiment de s’arrêter en Alsace,
sur la Route des vins et non dans les
Vosges. »
• site • www.hotel-vignoble-alsace.fr
Hôtel d’Alsace, à Wissembourg au cœur
du massif
Tout au Nord, entre collines et
montagnes, Wissembourg est
pour les clients allemands le
« départ des Vosges » après avoir
eu le plaisir de passer une frontière »,
raconte Jean-Pierre Coquilleau
propriétaire de l’Hôtel d’Alsace.
Lui se sent partie prenante du
massif, de sa forêt et de son imaginaire
médiéval.
• site • www.hotel-alsace.fr
Hôtel-restaurant des Vosges
à La Petite-Pierre, Vosges du Nord
d’abord
Pour Jean Wehrung, propriétaire
de l’établissement, la
notion de massif vosgien
est trop vague pour qu’il s’y
reconnaisse. Celle des Vosges du
Nord est beaucoup plus forte,
notamment grâce à l’existence
du Parc régional. « Les touristes
viennent chez nous pour la nature,
la forêt. Certains, plus littéraires,
Hôtel-restaurant Gimbelhof, à Lembach,
Vosges du Nord encore
Les touristes qui viennent chez
nous, pensent « Vosges du Nord »,
explique Julien Gander.
Ils viennent d’Allemagne, du
Luxembourg, de Belgique ou de
France. Quelques Anglais aussi, ainsi
que des Néerlandais dont certains ont
des résidences dans la région. Situé à
évoquent René Char ou Erckmann-
Chatrian. Se mêlent les paysages et la
culture, une dimension de nature sauvage
qui frappe déjà les habitants des
villages du vignoble, explique-t-il.
Pour un habitant de Riquewihr, venir
à La Petite-Pierre est dépaysant. »
• SITE • www.hotel-des-vosges.com
l’extérieur du village, notre établissement
accueille les randonneurs lors
d’une halte-déjeuner. Les châteaux
sont un grand atout pour la région, de
même que la neige en hiver. »
• site • www.gimbelhof.com
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20 Dossier
Massif Vosgien
>> Les saveurs du massif
À l’orée des Vosges,
la distillerie Massenez
Pour Manou Massenez, la distillerie
qu’elle dirige à Villé
est implantée aux portes des
Vosges. « Mon sentiment d’appartenance
au massif est cependant
total explique-t-elle en parlant
de la forêt comme d’une corne
d’abondance. Les fruits qu’elle
nous fournit sont exceptionnels. Baies
sauvages telles celles de l’alisier, du
sureau, du sorbier, prunelles, myrtilles
et framboises que nous apportent
les paysans. La distillerie est une
activité traditionnelle du Val de Villé,
les eaux-de-vie sont nées chez nous, à
une époque où il n’y avait pas encore
de vignes. La survivance de cette activité
témoigne du lien entre l’homme et
la nature qui est toujours vivace ici.
Les touristes qui connaissent notre
marque s’arrêtent chez nous lorsqu’ils
marchent dans la nature, arpentent
des routes tellement moins balisées que
celles de la Forêt-Noire et découvrent
des villages qui ont gardé leur charme
vosgien. Si je devais formuler un
espoir, ce serait que le tourisme en Val
de Villé garde son authenticité et son
bon goût. »
• site • www.massenez.com
Au sommet du col, Les confitures du Climont
Les Confitures du Climont
sont vendues sous l’étiquette
« Tradition Alsace » et fabriquées
avec des fruits sauvages
du massif vosgien. « Nous sommes
une petite entreprise de montagne,
confie Fabrice Krencker, propriétaire
de l’entreprise et nous
nous sentons « massif » par notre
situation. La moitié de notre production
est vendue dans des boutiques
alsaciennes, l’autre sur place, à des
locaux et à des touristes qui visitent
les vallées de Villé, de la Bruche et
de la Fave et nous découvrent à cette
occasion. » Cette connexion avec
MANOU MASSENEZ
L’authenticité et le bon
goût doivent rester
l’image de marque
du massif
le tourisme, Fabrice Krencker
la consolide chaque année en
distribuant 10 000 tracts dans un
rayon de 40 km autour de son
entreprise. Dans les campings,
les VVF, les offices de tourisme
de Molsheim, Sélestat, Sainte-
Marie-aux-Mines, Saint-Dié. Il
a des contacts avec la Lorraine
toute proche et ses visiteurs sont
de toutes nationalités. La preuve,
ses documents de promotion sont
traduits en huit langues ! « Nous
accueillons beaucoup d’Allemands,
de Suisses et de Belges, précise-t-il,
des Parisiens aussi. Tous ont le sentiment
d’être dans les Vosges quand ils
arrivent ici. Pour les Alsaciens, par
contre, c’est clairement la vallée de la
Bruche. » Pour lui, pas de doute,
sorti du « petit Est », il faut communiquer
sur le massif vosgien
dans son ensemble.
• site •
www.confituresduclimont.com
Treize actions
de la CCI
de Strasbourg
et du Bas-Rhin
parmi lesquelles :
• Création d’un observatoire
socio-économique du Massif
des Vosges.
• Mise en réseau, pour chacune
d’elles, des acteurs des filières
grès et bois, du producteur au
consommateur.
• Accompagnement des PME
de la filière automobile dans
une démarche d’anticipation
et de changement en les aidant
à envisager de nouvelles orientations
stratégiques.
• Étude permettant d’identifier
les leviers d’action pour une
relance du tourisme vosgien à
partir de l’analyse approfondie
de la situation en Forêt Noire.
Le Barela, le sens de la proximité
à Neuve-Église
À2 km de Villé, le Barela de
Neuve-Église est un commerce
multi-services. Bar
tabac, dépôt de pains, petite
restauration de tartes flambées et
pizzas, Barbara Mathieu et son
mari ne manquent pas d’énergie
pour proposer aux habitants du
village un large éventail de produits
et services. « Des touristes
passent, explique la propriétaire
des lieux, mais ce sont surtout les
gens de la région qui viennent. Nous
ne sommes pas au cœur du massif.
C’est sûr que nous confectionnons plus
de tartes en été quand il y a du monde
dans la vallée, mais la clientèle extérieure
n’est pas notre cible. »
• contact • 03 88 57 11 27
À l’automne,
un cahier
de la CCI sera
consacré au
développement
économique
du massif.
contact
CCI
Tania Desfossez
t.desfossez@strasbourg.cci.fr
• Réalisation d’un état des lieux
des services à la personne et
aux entreprises.
• Encourager et accompagner
les rencontres entre acteurs
économiques et décideurs
politiques locaux tels que les
maires afin de favoriser une
vision partagée du territoire
et décliner des actions concrètes
renforçant l’attractivité du
Massif.
Le Point éco • septembre 2007 • n° 260
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Dossier
Massif Vosgien
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>> Les ATOUTS de l’industrie
De Dietrich croit au développement des PME
Les entreprises De Dietrich se
sont installées à Zinswiller
depuis 1590, dans un site
généreux en eau et en bois
nécessaires à l’alimentation
des hauts fourneaux. Elles ont
ensuite connu de nombreuses
évolutions, se sont étendues à
la Suisse et à l’Allemagne mais
aussi en Chine, aux États‐Unis, à
Singapour, au Brésil, en Afrique
du Sud. Ses dirigeants ont cependant
toujours voulu préserver
une large part du savoir-faire De
Dietrich à Zinswiller. « Nous y
employons aujourd’hui 450 personnes,
explique Régis Bello,
son Président et membre titulaire
de la CCI de Strasbourg
et du Bas-Rhin. La plupart sont
originaires du massif, du Bas-
Rhin et de Moselle. » Selon lui,
à l’heure actuelle, ce territoire
peut difficilement se définir
comme un secteur promis à une
grande industrialisation mais,
très bien situé à proximité du
TGV, de l’autoroute de l’Est, du
Luxembourg et de l’Allemagne,
il dispose de sérieux atouts pour
que s’y développent des domaines
tels que le tertiaire ou la
construction. « Des PME peuvent y
prospérer comme c’est le cas en Forêt
Noire, précise-t-il en ajoutant que
dans le massif, les valeurs promues
dans le travail sont en lien avec celles
qui prévalent dans le territoire. Le
goût du travail bien fait, le sens de
la formation et l’investissement à
long terme. Ces valeurs anciennes
sont très pertinentes. Il faut les lier à
une capacité d’adaptation indispensable
désormais. L’environnement
économique va bouger et cela aura
des répercussions jusque dans le
massif », conclut-il.
• site • www.dedietrich.com
Régis Bello Faire du
sens des valeurs propre
aux habitants du massif
un atout dans un monde
économique en mutation
>> Le grès et le bois, les richesses du massif
La scierie Friederich, à Rosheim :
« préserver les enjeux régionaux face à la mondialisation »
Nicolas Friederich, conseiller
technique intuitu personae de
la CCI de Strasbourg et du
Bas-Rhin, dirige une entreprise
familiale fondée en 1936 et
établie aujourd’hui à Rosheim.
« L’exploitation des ressources forestières
dans les Vosges est très différente
de celle qui se pratique dans
les pays scandinaves, explique-t-il.
Comme partout en Europe centrale,
nous avons une gestion patrimoniale
de forêts diversifiées. La sylviculture
s’adapte aux besoins de l’industrie.
Ce fut le cas pour la construction
navale au XVII e siècle, ensuite pour
les hauts fourneaux des mines et de
la métallurgie. Dans les pays du
Nord, l’exploitation est « agricole ».
La plantation et la récolte sont programmées
comme tout autre produit
de la terre, ce qui permet de disposer
de grands volumes. » La forêt
vosgienne a trois vocations selon
Nicolas Friederich, les loisirs,
l’environnement et l’économie.
Il faut les concilier et il est fier
de signaler que son exploitation
a obtenu la « certification forestière
» qui atteste du respect de
l’environnement par l’utilisation
d’huiles bio, le respect des cours
d’eau et l’engagement à ne pas
récolter plus que la forêt ne peut
produire. « Le bois est une ressource
renouvelable mais sur une ou deux
générations », rappelle-t-il. Parmi
les difficultés propres à son activité,
il cite la lourdeur des investissements
au regard de la valeur
ajoutée. Son souhait pour l’avenir
serait que soit mise en place
une solidarité de la filière par
le biais de contrats tant avec les
propriétaires forestiers qu’avec
les entreprises. « Nous travaillons
à 75 % pour des charpentiers de
la région, explique-t-il, et nous
employons une douzaine de personnes
du village ou des environs. Il est
important d’assurer un lien entre les
différents acteurs pour pérenniser
l’activité en tant que facteur de développement
régional. »
• site • www.lascierie.com
Carole Scheckle du syndicat du grès : « La communication sera essentielle »
Modernité Le grès est
un matériau noble qui a sa
place dans l’architecture
contemporaine
Loin d’être un matériau obsolète,
le grès a l’avenir devant
lui. Carole Scheckle, chargée
de mission à l’Union
Nationale des Industries
de Carrières et Matériaux de
Construction (UNICEM) Alsace,
en est persuadée. « Pour s’en
convaincre, il suffit de penser à des
bâtiments tels que la Cité de la musique
et de la danse à Strasbourg ou
l’École de chimie de Schiltigheim »
souligne-t-elle. Marié au verre
dans de nombreuses architectures
contemporaines, ce matériau
a une réelle modernité. Le
syndicat regroupe actuellement
sept entreprises qui emploient,
pour les plus importantes, une
vingtaine de personnes et pour
les plus petites, de six à huit.
« Il ne s’agit plus des carrières de
jadis, souligne Carole Scheckle.
Le contexte économique mais aussi
réglementaire a changé. La profession
s’est modernisée dans ses outils
de production. Aux explosifs de
naguère s’est substituée une technique
de découpage à même la montagne
et parfois au jet d’eau. Une exploitation
en galeries souterraines est
même à l’essai. » L’avenir pour
elle va de pair avec la communication.
« Il faut que les architectes
mesurent que le grès est un matériau
contemporain et c’est en ce sens que
nous souhaitons élaborer un catalogue
standard qui en expose tous
les produits types : dalles de façades,
dalles de sols, moellons, etc. »
Un grès, des nuances et un futur
à construire. Le massif des Vosges
pourrait trouver en cette pierre
qui le constitue, la métaphore de
son avenir.
• site • www.unicem.fr
fin de dossier
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