Patrimoine naturel de SAINT-BON COURCHEVEL - Parc national ...
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Découvrir<br />
le patrimoine <strong>naturel</strong> <strong>de</strong><br />
<strong>SAINT</strong>-<strong>BON</strong> <strong>COURCHEVEL</strong>
Préface<br />
La Vanoise, massif <strong>de</strong> montagne, niche son âme au sein d’une communauté <strong>de</strong> villages,<br />
réunis autour du <strong>Parc</strong> <strong>national</strong>. Là, une mosaïque <strong>de</strong> milieux <strong>naturel</strong>s, un vivier d’espèces,<br />
offrent un assemblage généreux <strong>de</strong> formes et <strong>de</strong> couleurs, où s’imbriquent espaces<br />
sauvages et terres utilisées par l’homme.<br />
Les milieux <strong>naturel</strong>s, visages multiples <strong>de</strong> la montagne, façonnés par l’homme comme par<br />
les aléas d’une nature rétive, donnent son i<strong>de</strong>ntité et son caractère au territoire. Expression<br />
d’équilibres riches et diversifiés, toujours en <strong>de</strong>venir, ces milieux portent notre mémoire et<br />
se livrent en héritage. Ils sont une chance pour <strong>de</strong>main, et imposent un <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> respect<br />
qui fait appel à la responsabilité <strong>de</strong> chacun.<br />
Depuis plusieurs années déjà, le <strong>Parc</strong> <strong>national</strong> <strong>de</strong> la Vanoise et ses partenaires financiers,<br />
se sont engagés dans une collaboration originale pour la valorisation et la gestion <strong>de</strong> ces<br />
milieux <strong>naturel</strong>s remarquables. Ce partenariat vise à ai<strong>de</strong>r les gestionnaires, valoriser les<br />
savoir-faire dans le domaine <strong>de</strong> l’environnement et développer la sensibilisation du public.<br />
La commune <strong>de</strong> Saint-Bon Courchevel s’est aujourd’hui investie dans cette démarche, aux<br />
côtés du <strong>Parc</strong> <strong>national</strong> <strong>de</strong> la Vanoise, avec la collaboration du Conservatoire du<br />
patrimoine <strong>naturel</strong> <strong>de</strong> la Savoie.<br />
“Découvrir le patrimoine <strong>naturel</strong> <strong>de</strong> Saint-Bon Courchevel” est le reflet d’un ensemble<br />
vivant, foisonnant, <strong>de</strong> faune, flore, forêts, pelouses, éboulis, torrents… Au-<strong>de</strong>là du regard<br />
quotidien sur notre environnement, ce document aiguise notre perception et nous révèle<br />
la mesure véritable <strong>de</strong> ce patrimoine. Il s’agit <strong>de</strong> mieux le connaître pour rechercher les<br />
moyens <strong>de</strong> le préserver et, dans toutes les actions <strong>de</strong> la commune, <strong>de</strong> l’envisager comme<br />
un bel enjeu pour <strong>de</strong>main.
Le mot du Maire<br />
Fière <strong>de</strong> son domaine skiable, la commune <strong>de</strong> Saint-Bon Courchevel peut aussi<br />
s’enorgueillir <strong>de</strong> possé<strong>de</strong>r un patrimoine <strong>naturel</strong> d’une très gran<strong>de</strong> richesse.<br />
Mieux connaître l’environnement exceptionnel qui nous entoure à travers la diversité <strong>de</strong>s<br />
paysages, la géologie, la faune et la flore, tel est l’objectif <strong>de</strong> cet ouvrage réalisé par le <strong>Parc</strong><br />
<strong>national</strong> <strong>de</strong> la Vanoise en collaboration avec le Conservatoire du patrimoine <strong>naturel</strong> <strong>de</strong> la<br />
Savoie.<br />
Grâce au remarquable travail d’investigation qui a été mené sur notre territoire, nous<br />
disposons désormais d’un inventaire précis <strong>de</strong>s espèces et <strong>de</strong>s milieux qu’il convient <strong>de</strong><br />
protéger et <strong>de</strong> valoriser.<br />
Sentiers forestiers, pelouses d’altitu<strong>de</strong>, lacs et cours d’eau… voilà autant d’occasions <strong>de</strong><br />
découvrir <strong>de</strong>s milieux <strong>naturel</strong>s uniques et fascinants. La protection <strong>de</strong> ces milieux est<br />
indispensable puisqu’ils renferment un grand nombre d’espèces faunistiques et floristiques<br />
essentielles au maintien <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> notre environnement.<br />
Mieux connaître pour mieux protéger. Protéger pour mieux aménager, <strong>de</strong> façon<br />
harmonieuse et durable, dans le respect <strong>de</strong>s sites et du patrimoine local qui font l’i<strong>de</strong>ntité<br />
<strong>de</strong> nos vallées. C’est toute la réflexion que doit avoir notre commune, garante <strong>de</strong> son<br />
territoire et <strong>de</strong> l’avenir <strong>de</strong>s générations futures.<br />
Je souhaite que ce document éveille la curiosité <strong>de</strong>s lecteurs, les sensibilise à la richesse <strong>de</strong><br />
notre patrimoine <strong>naturel</strong>, et leur donne ainsi l’envie et le <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> le respecter.<br />
Gilbert BLANC-TAILLEUR,<br />
Maire <strong>de</strong> Saint-Bon Courchevel
Sommaire<br />
Préface p. 1<br />
Le mot du Maire p. 3<br />
Quelles richesses <strong>naturel</strong>les sur la commune ? p. 7<br />
Un aperçu <strong>de</strong> la commune p. 9<br />
Dimension économique p. 16<br />
Paysages <strong>de</strong> Saint-Bon Courchevel p. 21<br />
Diversité <strong>de</strong> la flore p. 26<br />
Diversité <strong>de</strong> la faune p. 34<br />
Connaissance, protection et gestion du patrimoine <strong>naturel</strong> p. 37<br />
Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie p. 43<br />
Préambule p. 45<br />
Fiche-milieu n°1 : Le village, les hameaux et leurs abords p. 46<br />
Fiche-milieu n°2 : Les cours d'eau, les lacs et les zones humi<strong>de</strong>s d’altitu<strong>de</strong> p. 54<br />
Fiche-milieu n°3 : Les prairies <strong>de</strong> fauche p. 67<br />
Fiche-milieu n°4 : Les forêts p. 74<br />
Fiche-milieu n°5 : Les lan<strong>de</strong>s, les landines et les fourrés <strong>de</strong> saules d’altitu<strong>de</strong> p. 84<br />
Fiche-milieu n°6 : Les pelouses d’altitu<strong>de</strong> et les combes à neige p. 91<br />
Fiche-milieu n°7 : Les éboulis, les moraines et les glaciers rocheux p. 102<br />
Fiche-milieu n°8 : Les rochers et les falaises p. 110<br />
Conclusion p. 119<br />
Regard sur quelques espèces p. 123<br />
Fiche-espèce n°1 : Le sabot <strong>de</strong> Vénus p. 124<br />
Fiche-espèce n°2 : L’hormin <strong>de</strong>s Pyrénées p. 126<br />
Fiche-espèce n°3 : L’ancolie <strong>de</strong>s Alpes p. 128<br />
Fiche-espèce n°4 : Le pin à crochets p. 130<br />
Fiche-espèce n°5 : La swertie vivace p. 133<br />
Fiche-espèce n°6 : L’androsace helvétique p. 135<br />
Fiche-espèce n°7 : Le chevreuil p. 137<br />
Fiche-espèce n°8 : La niverolle alpine p. 140<br />
Fiche-espèce n°9 : La perdrix bartavelle p. 142<br />
Fiche-espèce n°10 : L’aeschne <strong>de</strong>s joncs p. 145<br />
Fiche-espèce n°11 : Le cristimover p. 148<br />
Fiche-espèce n°12 : La gélinotte <strong>de</strong>s bois p. 151<br />
Annexes p. 155<br />
Lexique* p. 157<br />
Bibliographie p. 161<br />
Liste <strong>de</strong>s plantes d’intérêt patrimonial p. 165<br />
In<strong>de</strong>x <strong>de</strong>s noms d’espèces p. 166<br />
(*) Les mots en italique suivis d’un astérisque dans le texte sont définis dans le lexique.<br />
Découvrir le patrimoine <strong>naturel</strong> <strong>de</strong> Saint-Bon Courchevel - 5
Quelles richesses <strong>naturel</strong>les<br />
sur la commune ?<br />
Présentation
Présentation<br />
Reliefs et cours d’eau <strong>de</strong> Saint-Bon Courchevel<br />
8 - Quelles richesses <strong>naturel</strong>les sur la commune ?
Un aperçu général<br />
<strong>de</strong> la commune<br />
Présentation<br />
La commune <strong>de</strong> Saint-Bon Courchevel se situe en Savoie, dans la vallée <strong>de</strong> la Tarentaise,<br />
au sein <strong>de</strong>s Alpes internes du Nord. Elle partage <strong>de</strong>s cols et sommets (<strong>de</strong>nt du Villard, col<br />
<strong>de</strong> la Chal, col <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Pierre, rocher <strong>de</strong> Plassa, Petit mont Blanc, col du Mône,<br />
Roche Nue, aiguille <strong>de</strong> Chanrossa, col <strong>de</strong> Chanrouge, Grosse Tête, aiguille du Fruit, col<br />
du Fruit, Croix <strong>de</strong> Verdon, rocher <strong>de</strong> la Loze, sommet <strong>de</strong> la Saulire) avec six communes<br />
limitrophes : Pralognan-la-Vanoise, Les Allues, La Perrière, Montagny, Bozel et Le<br />
Planay. Saint-Bon Courchevel est rattachée administrativement au canton <strong>de</strong> Bozel.<br />
D’une surface <strong>de</strong> 5 902 ha, Saint-Bon Courchevel fait partie <strong>de</strong>s communes du <strong>Parc</strong> <strong>national</strong><br />
<strong>de</strong> la Vanoise. Son territoire comprend 441 ha dans le cœur du <strong>Parc</strong>, le reste se trouve<br />
inclus dans le périmètre optimal.<br />
Saint-Bon Courchevel, commune du <strong>Parc</strong> <strong>national</strong> <strong>de</strong> la Vanoise<br />
Géologie<br />
Saint-Bon Courchevel se situe dans la<br />
gran<strong>de</strong> unité géologique <strong>de</strong>s Alpes appelée<br />
zone briançonnaise*, et plus précisément<br />
dans la sous-unité <strong>de</strong> la zone houillère.<br />
Cette <strong>de</strong>rnière zone signifie que le socle, ou<br />
substratum, n’a pas ou peu subi <strong>de</strong><br />
transformation appelée métamorphisme.<br />
Les plus vieilles roches se sont formées il y<br />
a 300 millions d’années au cours <strong>de</strong> l’ère<br />
primaire. À cette pério<strong>de</strong> la Vanoise se<br />
Quelles richesses <strong>naturel</strong>les sur la commune ? - 9
Présentation<br />
situait sur un continent peu élevé et<br />
marécageux. Ce continent connaît une<br />
légère élévation et un climat <strong>de</strong> plus en plus<br />
ari<strong>de</strong>. Les roches <strong>de</strong> cette pério<strong>de</strong> ancienne<br />
se situent à l’ouest <strong>de</strong> la commune. La veine<br />
<strong>de</strong> houille <strong>de</strong>s mines du Tal, la montagne <strong>de</strong><br />
Pralong, le col du Fruit en sont les témoins.<br />
Plus tard au secondaire, il y a 230 millions<br />
d’années, Saint-Bon Courchevel se trouve<br />
sous une mer peu profon<strong>de</strong>, où se déposent<br />
<strong>de</strong>s quantités phénoménales <strong>de</strong> sable, <strong>de</strong><br />
crustacés, et qui connaît <strong>de</strong>s épiso<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />
recul et d’avancée. Les sables ont donné<br />
une roche dure et blanche : le quartzite,<br />
dont le rocher <strong>de</strong> la Loze est constitué. Les<br />
ondulations créées par les vagues <strong>de</strong> cette<br />
mer ancienne sont encore visibles au<br />
sommet <strong>de</strong> cette montagne. L’accumulation<br />
<strong>de</strong>s crustacés est à l’origine <strong>de</strong> roches<br />
calcaires. Les <strong>de</strong>nts <strong>de</strong> la Portetta en sont<br />
les plus représentatives.<br />
Puis, sous un climat tropical, la mer a<br />
reculé par évaporation. Ce phénomène est<br />
à l’origine d’une roche particulière : le<br />
gypse, une roche tendre et calcaire, très<br />
soluble dans l’eau. Bien représenté sur la<br />
PNV - Christophe Gotti<br />
PNV - Ludovic Imberdis<br />
L’aiguille du Fruit<br />
Versant ouest <strong>de</strong> la <strong>de</strong>nt du Villard. Entonnoirs <strong>de</strong> dissolution<br />
10 - Quelles richesses <strong>naturel</strong>les sur la commune ?
PNV - Ludovic Imberdis<br />
Tour carré <strong>de</strong> la Portetta<br />
commune <strong>de</strong> Saint-Bon Courchevel, le gypse<br />
constitue le massif <strong>de</strong> la crête du mont<br />
Charvet et <strong>de</strong> la <strong>de</strong>nt du Villard. Les<br />
entonnoirs <strong>de</strong> dissolution sur la crête <strong>de</strong> ce<br />
<strong>de</strong>rnier sont très caractéristiques. Leur<br />
diamètre varie <strong>de</strong> 5 à 10 m et leur profon<strong>de</strong>ur<br />
<strong>de</strong> 5 à 15 m.<br />
Quelques dizaines <strong>de</strong> millions d’années plus<br />
tard, la mer couvre à nouveau la commune,<br />
ce qui est à l’origine <strong>de</strong> la formation <strong>de</strong><br />
roches calcaires. L’aiguille du Fruit s’est<br />
formée à cette pério<strong>de</strong> et renferme <strong>de</strong>s<br />
fossiles d’une étonnante variété, comme <strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> requin.<br />
L’ère tertiaire se caractérise par le soulèvement<br />
et le plissement <strong>de</strong>s Alpes. Le secteur<br />
<strong>de</strong> Saint-Bon Courchevel émergea ainsi<br />
définitivement il y a environ 40 millions<br />
d’années.<br />
Sur ces reliefs en place, l’érosion glaciaire<br />
réalisée par le glacier <strong>de</strong> l’Isère, il y a 50 000<br />
et 100 000 ans, a raboté les roches superficielles<br />
et formé <strong>de</strong>s vallées caractérisées par<br />
leur forme en U, comme le vallon <strong>de</strong>s Creux<br />
ou la vallée <strong>de</strong>s Avals.<br />
Le gypse<br />
Chauffé entre 110°C et 130°C, le gypse se<br />
transforme en poudre. Mélangée à <strong>de</strong><br />
l'eau, cette poudre <strong>de</strong>vient du plâtre. Si le<br />
gypse est chauffé à plus <strong>de</strong> 130°C, le<br />
plâtre n'a plus <strong>de</strong> cohésion avec l'eau : on<br />
dit que le plâtre est “mort”.<br />
PNV - Jacques Perrier<br />
Présentation<br />
PNV - Ludovic Imberdis<br />
Érosion chimique sur calcaire<br />
Source <strong>de</strong>s Poux. Détail <strong>de</strong> gypse<br />
Quelles richesses <strong>naturel</strong>les sur la commune ? - 11
Présentation<br />
Morphologie<br />
<strong>de</strong> Saint-Bon Courchevel<br />
La commune s’étend sur un versant principalement<br />
exposé au nord, “sur l’envers”.<br />
Plusieurs vallons, confluant avec la vallée <strong>de</strong><br />
Bozel, chevauchent ce versant. Ils correspon<strong>de</strong>nt<br />
aux trois ruisseaux principaux<br />
drainant la commune avant <strong>de</strong> rejoindre le<br />
Doron <strong>de</strong> Bozel. À l’est, le ruisseau <strong>de</strong> la<br />
Rosière est le plus important <strong>de</strong> ces cours<br />
d’eau. Il est alimenté par plusieurs sources et<br />
lacs d’altitu<strong>de</strong> (lacs Merlet, lac du Rateau)<br />
dispersés dans le cirque glaciaire qui<br />
s’étend entre le Petit mont Blanc (2 677 m)<br />
et l’aiguille du Fruit (3 051 m). Ce torrent <strong>de</strong><br />
montagne effectue l’essentiel <strong>de</strong> sa course au<br />
fond d’un vallon au relief marqué, la vallée<br />
<strong>de</strong>s Avals, et dominé par plusieurs sommets<br />
: la <strong>de</strong>nt Portetta (2 629 m), la <strong>de</strong>nt du<br />
Villard (2 284 m), etc. Son affluent principal,<br />
au parcours parallèle, est le ruisseau<br />
<strong>de</strong>s Gravelles. Ces <strong>de</strong>ux ruisseaux entourent<br />
le vaste promontoire qui s’étend <strong>de</strong>s lacs<br />
Merlet jusqu’à Courchevel 1650. Plus à<br />
PNV - Ludovic Imberdis<br />
Hameau <strong>de</strong> la Jairaz, entouré <strong>de</strong> boisements<br />
PNV - Christophe Gotti<br />
La vallée <strong>de</strong>s Avals. Au fond, le massif <strong>de</strong> la Portetta, les aiguilles <strong>de</strong> Péclet-Polset et l’aiguille du Fruit<br />
12 - Quelles richesses <strong>naturel</strong>les sur la commune ?
PNV - Christophe Gotti<br />
La montagne <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Val et la vallée <strong>de</strong>s Avals<br />
l’est le ruisseau <strong>de</strong> Montgela prend sa<br />
source au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> Courchevel 1850, au<br />
pied du rocher <strong>de</strong> la Loze.<br />
La partie inférieure <strong>de</strong> la commune<br />
concentre les hameaux et les zones agricoles.<br />
D’importants boisements ceinturent toutes<br />
ces zones d’habitations. À mi-hauteur, le<br />
secteur du Praz offre un replat exceptionnel.<br />
Les boisements sont tous <strong>de</strong>s boisements <strong>de</strong><br />
pentes. Ils recouvrent les versants <strong>de</strong>s parties<br />
inférieures <strong>de</strong>s vallons du ruisseau <strong>de</strong>s<br />
Gravelles et du ruisseau <strong>de</strong> la Rosière. Le<br />
reste <strong>de</strong>s boisements occupe la partie basse<br />
<strong>de</strong> la commune, principalement en amont et<br />
en aval du replat du Praz.<br />
La partie supérieure du versant présente peu<br />
<strong>de</strong> rupture dans son relief, à l’exception du<br />
vallon <strong>de</strong> la Rosière. À l’ouest <strong>de</strong> ce vallon,<br />
<strong>de</strong> petites formations rocheuses façonnées<br />
par l’érosion glaciaire du quaternaire<br />
concourent à la diversité du paysage, comme<br />
le roc Mugnier et le mont Bel-Air.<br />
La commune se caractérise également par<br />
une forte amplitu<strong>de</strong> altitudinale, <strong>de</strong> 685 m<br />
dans la vallée du Doron <strong>de</strong> Bozel à 3 051 m<br />
au sommet <strong>de</strong> l’aiguille du Fruit. Ceci se<br />
traduit sur le milieu <strong>naturel</strong> par l’existence<br />
<strong>de</strong> quatre étages <strong>de</strong> végétation* : collinéen,<br />
montagnard, subalpin et alpin, lequel est<br />
prolongé au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> 2 700 à 3 000 m<br />
d’altitu<strong>de</strong> par un étage nival.<br />
PNV - Christophe Gotti<br />
Présentation<br />
Montagne <strong>de</strong> Pralong séparant le ruisseau <strong>de</strong>s Gravelles et le ruisseau <strong>de</strong> la Rosière<br />
Quelles richesses <strong>naturel</strong>les sur la commune ? - 13
Présentation<br />
L’habitat<br />
Le chef-lieu, implanté dans la partie basse <strong>de</strong><br />
la commune à environ 1 100 m d’altitu<strong>de</strong>,<br />
résulte <strong>de</strong> la juxtaposition <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux agglomérations,<br />
Saint-Bon le Haut et Saint-Bon le<br />
Bas. Quelques centaines <strong>de</strong> mètres plus haut,<br />
le hameau principal du Praz est <strong>de</strong>venu une<br />
station-village. Autour <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux villages,<br />
<strong>de</strong> nombreux hameaux se succè<strong>de</strong>nt : le<br />
Grand Carrey, le Petit Carrey, la Cuerdy, le<br />
Grenier, le Fay, le Fontanil, le Buisson, le<br />
Tal, le Freney, la Jairaz, la Choulière,<br />
Montgela, la Corbière et Montcharvet.<br />
Tous ces petits hameaux traduisent une<br />
présence humaine importante, dont le développement,<br />
contraint par le relief, respectait<br />
l’équilibre entre espaces bâtis et ressources<br />
<strong>naturel</strong>les disponibles. Les hameaux ne<br />
grandissaient pas, ils se multipliaient.<br />
Au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> ces agglomérations, trois stations<br />
d’altitu<strong>de</strong> se succè<strong>de</strong>nt : Courchevel 1550,<br />
Courchevel 1650 à Moriond et Courchevel<br />
1850 au lieu-dit les Tovets. L’habitat saintbonnais<br />
se caractérise également par :<br />
- <strong>de</strong>s chalets d’alpage : les chalets <strong>de</strong><br />
Pralong, Praméruel, Pralin-Mugnier, <strong>de</strong> la<br />
Gran<strong>de</strong> Val, d’Ariondaz, <strong>de</strong>s Creux, etc.<br />
- <strong>de</strong>s refuges d’altitu<strong>de</strong> : le refuge <strong>de</strong>s lacs<br />
Merlet et du Grand Plan.<br />
PNV - Alexandre Garnier<br />
PNV - Patrick Folliet<br />
Hameau le Grenier<br />
Chalet <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Val<br />
PNV - Alexandre Garnier<br />
Saint-Bon Courchevel, chef-lieu<br />
14 - Quelles richesses <strong>naturel</strong>les sur la commune ?
<strong>COURCHEVEL</strong>… UN PEU D'ÉTYMOLOGIE - David Déréani<br />
L’origine du nom <strong>de</strong> Courchevel est issue du terroir local et <strong>de</strong>s pratiques agro-pastorales<br />
qui ont régi l’ensemble du territoire pendant sept siècles.<br />
Ainsi, au printemps, lors <strong>de</strong> la transhumance <strong>de</strong>s troupeaux <strong>de</strong> vaches tarines en altitu<strong>de</strong>,<br />
à l'étage <strong>de</strong>s montagnettes, entre 1500 et 1800 m, on prenait gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> faire pâturer le<br />
troupeau aux endroits les plus propices et sans danger pour les jeunes veaux. Au droit du<br />
ruisseau <strong>de</strong> Montgela, près <strong>de</strong>s hameaux <strong>de</strong>s Brigues, <strong>de</strong>s Rois, du Lételé, <strong>de</strong>s Grangettes<br />
et <strong>de</strong>s Provères, les bergers avaient interdiction <strong>de</strong> faire stationner les veaux sur les ban<strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong> terre où poussait une herbe verte et drue (conséquence <strong>de</strong> la nature du sol), appétissante<br />
mais capable <strong>de</strong> couper la langue <strong>de</strong>s veaux, voire <strong>de</strong> “l'écorcher”. D'où la dénomination<br />
du lieu, “écortzevé” en patois saint-bonnais qui, au fil <strong>de</strong>s siècles et avec la transmission<br />
orale, est <strong>de</strong>venue “cortzevé” puis “corchevé”, “corchevel” et enfin “courchevel”. Au<br />
XIX e siècle, les cartes mentionnent le lieu-dit "les chalets <strong>de</strong> Corchevel", aujourd'hui<br />
“Courchevel 1550”. Le nom <strong>de</strong> Courchevel se fixe définitivement au début du XX e siècle.<br />
PNV - Alexandre Garnier<br />
PNV - Christophe Gotti<br />
Présentation<br />
Saint-Bon Courchevel, chef-lieu<br />
Les stations <strong>de</strong> ski <strong>de</strong> Courchevel<br />
La population<br />
Le développement <strong>de</strong>s stations entre 1946<br />
et 1982 s’est accompagné d’un mouvement<br />
croissant <strong>de</strong> la population saint-bonnaise.<br />
Entre 1968 et 1975, cette augmentation<br />
atteint environ 18 %. Depuis les années<br />
1980, cette évolution est plus modérée, avec<br />
une moyenne <strong>de</strong> 5,5 % tous les huit ans.<br />
Au recensement <strong>de</strong> 1999, Saint-Bon<br />
Courchevel comptait 1 850 habitants,<br />
répartis dans les différentes agglomérations<br />
<strong>de</strong> la commune selon le tableau suivant.<br />
Nombre d’habitants<br />
permanents<br />
Saint-Bon 221<br />
Le Praz 365<br />
Courchevel 1550 226<br />
Courchevel 1650 237<br />
Courchevel 1850 629<br />
Hameaux secondaires 172<br />
TOTAL 1 850<br />
Avec près <strong>de</strong> 32 habitants au km 2 , la<br />
population <strong>de</strong> Saint-Bon Courchevel<br />
présente une <strong>de</strong>nsité élevée.<br />
Quelles richesses <strong>naturel</strong>les sur la commune ? - 15
Présentation<br />
Dimension économique<br />
L’activité agro-pastorale a été la première ressource économique <strong>de</strong> la vallée <strong>de</strong> Saint-Bon.<br />
La population vivait <strong>de</strong> l’élevage, du fromage, <strong>de</strong>s vergers et <strong>de</strong>s potagers. Elle cultivait<br />
<strong>de</strong>s champs <strong>de</strong> blé, d’orge et <strong>de</strong> seigle jusqu’à 1 600 m d’altitu<strong>de</strong>. Cette activité, complétée<br />
en hiver par l’exploitation <strong>de</strong>s forêts, est pratiquée par une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> la population<br />
jusqu’au début du XX e siècle. Le passage d’une économie <strong>de</strong> subsistance à une économie<br />
<strong>de</strong> marché a provoqué le déclin dans les années 1950 et 1960 du système agro-pastoral <strong>de</strong><br />
montagne. Ce changement et le développement du tourisme hivernal, que la commune<br />
connaît <strong>de</strong>puis la moitié du XX e siècle, ont donné à ces activités d’origine un caractère<br />
plus marginal, mais essentiel au maintien <strong>de</strong>s paysages.<br />
L’agriculture<br />
PNV - Ludovic Imberdis<br />
En 2005, Saint-Bon Courchevel compte<br />
quatre exploitations agricoles, soit huit<br />
exploitations <strong>de</strong> moins qu’en 1988. Trois<br />
agriculteurs travaillent sur ces exploitations,<br />
un seul possè<strong>de</strong> <strong>de</strong>s bêtes toute l’année. Au<br />
<strong>de</strong>rnier recensement agricole <strong>de</strong> 2000, la<br />
surface agricole communale utilisée est<br />
<strong>de</strong> 767 ha. Cette partie hors alpage, est<br />
uniquement constituée <strong>de</strong> prairies <strong>naturel</strong>les<br />
pâturées et/ou fauchées et se situe au<strong>de</strong>ssous<br />
<strong>de</strong> 1 600 m d’altitu<strong>de</strong>.<br />
Il existe quatre secteurs d’alpage sur Saint-<br />
Bon Courchevel : les Avals, Ariondaz,<br />
Pralong-Les Creux et Pralin-Mugnier. Un<br />
cinquième secteur, localisé à Grand Pralin,<br />
est une propriété <strong>de</strong> la commune <strong>de</strong> Bozel.<br />
Vaches <strong>de</strong> race Tarine montant à l'alpage<br />
PNV - Patrick Folliet<br />
Portrait d’une vache <strong>de</strong> race Tarine<br />
Ces alpages couvrent une surface <strong>de</strong><br />
1 230 ha. Toutes les exploitations pratiquent<br />
l’inalpage* et sont axées sur l’élevage bovin<br />
laitier. Un groupement pastoral gère l’alpage<br />
<strong>de</strong>s Avals.<br />
En 2005 le cheptel bovin totalise environ<br />
140 têtes. Ces vaches pâturent autour <strong>de</strong>s<br />
villages jusqu’en juin, puis montent en<br />
alpage. Leur présence sur la commune dure<br />
environ huit mois. Le reste <strong>de</strong> l’année, en<br />
pério<strong>de</strong> hivernale, elles quittent Saint-Bon<br />
Courchevel pour être transférées dans la<br />
vallée. À ce cheptel s’ajoutent environ<br />
635 bovins transhumants, constitués d’environ<br />
570 vaches laitières et <strong>de</strong> 65 génisses,<br />
présents sur les alpages <strong>de</strong> la commune entre<br />
juin et septembre. Au nombre <strong>de</strong> 30 têtes en<br />
2003, le cheptel ovin est <strong>de</strong> 20 moutons en<br />
2005.<br />
16 - Quelles richesses <strong>naturel</strong>les sur la commune ?
PNV - Alexandre Garnier<br />
PNV - Alexandre Garnier<br />
Grange et ruches dans le hameau du Fontanil<br />
Saint-Bon Courchevel se trouve dans la zone<br />
d’appellation d’origine contrôlée Beaufort.<br />
En saison d’alpage le fromage, fabriqué sur<br />
place, peut bénéficier du label Beaufort<br />
d’alpage. Ce Beaufort correspond à 85 % <strong>de</strong><br />
la transformation du lait. Le reste <strong>de</strong> l’année<br />
le lait est collecté à la coopérative laitière <strong>de</strong><br />
Moûtiers pour la fabrication <strong>de</strong> Beaufort et<br />
<strong>de</strong> tomme. La production annuelle est<br />
d’environ 70 t <strong>de</strong> Beaufort.<br />
Tous les exploitants pratiquent une double<br />
activité liée au tourisme. En pério<strong>de</strong><br />
hivernale, ils <strong>de</strong>viennent moniteurs <strong>de</strong> ski,<br />
commerçants, employés du service <strong>de</strong>s pistes<br />
ou <strong>de</strong>s remontées mécaniques.<br />
La rupture contemporaine entre une<br />
agriculture permanente en déclin et une<br />
agriculture saisonnière, localisée sur les<br />
alpages, encore bien développée, pose la<br />
question <strong>de</strong> l’avenir <strong>de</strong> cette activité<br />
économique sur Saint-Bon Courchevel.<br />
Le tourisme<br />
Le secteur touristique est présent <strong>de</strong>puis<br />
le début du XX e siècle sur la commune. Il<br />
s’adressait alors à une population <strong>de</strong> curistes<br />
fortunés séduits par les charmes <strong>de</strong> la<br />
montagne.<br />
C’est à travers le tourisme d’hiver, et plus<br />
particulièrement à travers le développement<br />
du ski alpin, que <strong>de</strong>puis 1946 la commune a<br />
élaboré les bases <strong>de</strong> ce secteur d’économie.<br />
Le domaine skiable <strong>de</strong> Saint-Bon Courchevel<br />
couvre 528 ha en 2005. Il est relié à celui<br />
<strong>de</strong> Méribel - Les Allues par le sommet <strong>de</strong> la<br />
Saulire. Il appartient au domaine skiable<br />
“Les Trois vallées” (Doron <strong>de</strong> Bozel, Doron<br />
<strong>de</strong>s Allues et Doron <strong>de</strong>s Belleville), l’un<br />
<strong>de</strong>s plus vastes du mon<strong>de</strong>, aujourd’hui<br />
géré en partie par la Société <strong>de</strong>s Trois<br />
Vallées. La fréquentation <strong>de</strong>s vacanciers<br />
est la plus forte pendant les vacances<br />
scolaires (Noël et février). Au cours <strong>de</strong> cette<br />
pério<strong>de</strong>, la population peut avoisiner les<br />
30 000 habitants (comprenant vacanciers et<br />
salariés saisonniers).<br />
PNV - Ludovic Imberdis<br />
Présentation<br />
Ruches dans le hameau du Fontanil<br />
Randonneurs observant le glacier <strong>de</strong> Gébroulaz<br />
Quelles richesses <strong>naturel</strong>les sur la commune ? - 17
Présentation<br />
La saison touristique d’été existe <strong>de</strong>puis une<br />
époque antérieure au tourisme d’hiver. Elle<br />
s’est en partie développée avec la création du<br />
<strong>Parc</strong> <strong>national</strong> <strong>de</strong> la Vanoise. Avec un maximum<br />
<strong>de</strong> 15 000 habitants au cours <strong>de</strong> la<br />
première semaine du mois d’août, le<br />
développement <strong>de</strong> ce tourisme constitue un<br />
enjeu pour la commune.<br />
Le nombre <strong>de</strong> lits touristiques s’élève environ<br />
à 31 900 en 2005, répartis essentiellement<br />
sur Courchevel 1850 et Courchevel 1650.<br />
Ces lits se traduisent par <strong>de</strong> nombreuses<br />
rési<strong>de</strong>nces secondaires (environ 50 % du parc<br />
d’accueil touristique), 40 hôtels et <strong>de</strong>s<br />
rési<strong>de</strong>nces collectives.<br />
Bien que dominant, le ski alpin ne<br />
représente qu’une <strong>de</strong>s nombreuses activités<br />
<strong>de</strong> plein air et <strong>de</strong> découverte <strong>de</strong> la<br />
nature que propose la commune (lire<br />
l’encadré p. 20). Ces activités combinent la<br />
découverte <strong>de</strong>s patrimoines <strong>naturel</strong> et<br />
culturel, et les activités sportives d’été et<br />
d’hiver.<br />
La gestion <strong>de</strong> la population touristique<br />
est assurée par “Courchevel Tourisme”, et<br />
par une centrale <strong>de</strong> réservation “Courchevel<br />
Réservation”. Par ailleurs un ensemble <strong>de</strong><br />
professionnels <strong>de</strong> la montagne organise<br />
et encadre différentes activités : en 2005 il<br />
s’agit <strong>de</strong> 848 moniteurs <strong>de</strong> ski, cinq<br />
PNV - Christophe Gotti<br />
Gare d’arrivée du téléphérique <strong>de</strong> la Saulire<br />
PNV - Ludovic Imberdis<br />
Refuge <strong>de</strong>s lacs Merlet<br />
18 - Quelles richesses <strong>naturel</strong>les sur la commune ?
PNV - Ludovic Imberdis<br />
Présentation<br />
Sommet <strong>de</strong> la Saulire, côté Courchevel<br />
accompagnateurs <strong>de</strong> moyenne montagne et<br />
huit gui<strong>de</strong>s <strong>de</strong> haute montagne.<br />
Au départ <strong>de</strong> Courchevel 1650 et Courchevel<br />
1850, <strong>de</strong> nombreux sentiers <strong>de</strong> randonnée<br />
traversent la commune, pour rejoindre les<br />
alpages et les lacs d’altitu<strong>de</strong>. Le vallon <strong>de</strong> la<br />
Rosière peut être parcouru <strong>de</strong>puis le hameau<br />
<strong>de</strong> la Jairaz. Au cours <strong>de</strong> l’été sont<br />
organisées <strong>de</strong>s manifestations <strong>de</strong> découverte<br />
et <strong>de</strong> sport <strong>de</strong> plein air : course VTT, raid et<br />
cross <strong>de</strong> montagne.<br />
L’industrie<br />
Le ruisseau <strong>de</strong> la Rosière alimente la<br />
centrale hydroélectrique d’Électricité <strong>de</strong><br />
France <strong>de</strong> Bozel construite en 1910. La prise<br />
d’eau se trouve dans le ruisseau <strong>de</strong> la<br />
Rosière, à environ 1 500 m d’altitu<strong>de</strong>. Le lac<br />
<strong>de</strong> la Rosière, qui est en amont <strong>de</strong> cette prise<br />
d’eau, joue le rôle <strong>de</strong> lac <strong>de</strong> décantation.<br />
Plusieurs kilomètres <strong>de</strong> galeries souterraines<br />
conduisent cette eau au fond <strong>de</strong> la vallée du<br />
Doron <strong>de</strong> Bozel. Au cours <strong>de</strong> ce parcours, un<br />
aqueduc traversant le ruisseau <strong>de</strong>s Gravelles<br />
amène l’eau dans un grand bassin <strong>de</strong><br />
décantation, situé en amont <strong>de</strong> la station <strong>de</strong><br />
Courchevel 1550.<br />
PNV - Christophe Gotti<br />
Courchevel 1850. Téléphérique <strong>de</strong> la Saulire<br />
PNV - Christophe Gotti<br />
Barrage EDF sur le lac <strong>de</strong> la Rosière<br />
Quelles richesses <strong>naturel</strong>les sur la commune ? - 19
Présentation<br />
ACTIVITÉS DE DÉCOUVERTE SUR LA COMMUNE<br />
DE <strong>SAINT</strong>-<strong>BON</strong> <strong>COURCHEVEL</strong><br />
Découverte du patrimoine <strong>naturel</strong> :<br />
- soirées-rencontres “<strong>Parc</strong> <strong>national</strong> <strong>de</strong> la Vanoise” ;<br />
- sorties <strong>de</strong> découverte dans le <strong>Parc</strong> ;<br />
- sentier botanique <strong>de</strong> la Rosière.<br />
Découverte du patrimoine culturel :<br />
- visite <strong>de</strong> Courchevel 1850 ;<br />
- découverte <strong>de</strong> l'art baroque (chef-lieu, hameau du Praz) ;<br />
- visite <strong>de</strong> la fromagerie du Praz et <strong>de</strong> la ferme <strong>de</strong> l'Ariondaz (fabrication du Beaufort).<br />
Activités sportives d’été :<br />
- parcours d'orientation, randonnées en montagne, VTT (centre VTT agréé par la<br />
Fédération française <strong>de</strong> cyclisme) ;<br />
- alpinisme, escala<strong>de</strong> et via ferrata ;<br />
- sports d'eaux vives : canyoning, rafting, pêche en lac, etc. ;<br />
- équitation, golf, piscine, tennis, tir à l'arc, etc.<br />
Et sports d’hiver :<br />
- ski alpin et ski nordique ;<br />
- luge (piste <strong>de</strong> 2 km), raquettes, patinoire.<br />
Autres<br />
Les autres activités économiques sont liées<br />
aux commerces (alimentation générale,<br />
magasins <strong>de</strong> sport, ameublement, librairie,<br />
tabac, restaurant, etc.), aux petites entreprises<br />
(taxi, salon <strong>de</strong> coiffure, garagiste, etc.)<br />
et à la gestion forestière.<br />
La commune dispose d’une gran<strong>de</strong> diversité<br />
<strong>de</strong> services surtout localisées dans les<br />
stations <strong>de</strong> ski : altiport, agence SNCF,<br />
annexe <strong>de</strong> la poste, centre <strong>de</strong>s pompiers,<br />
trois salles polyvalentes, crèche, école<br />
primaire, service médical, etc.<br />
Les milieux <strong>naturel</strong>s où il n’y a pas d’équipement touristique sont le support d’activités<br />
essentielles, telles que le pastoralisme et le tourisme vert. La qualité <strong>de</strong> son environnement<br />
et <strong>de</strong> son patrimoine bâti est l’un <strong>de</strong>s atouts majeurs <strong>de</strong> la commune. C’est une source <strong>de</strong><br />
richesse non négligeable : l’activité touristique estivale <strong>de</strong> Saint-Bon Courchevel repose<br />
pleinement sur cette dimension patrimoniale.<br />
La pérennité <strong>de</strong>s activités pratiquées dépendra pour beaucoup <strong>de</strong> l’attention qui sera<br />
portée à cette nature.<br />
20 - Quelles richesses <strong>naturel</strong>les sur la commune ?
Paysages <strong>de</strong> Saint-Bon Courchevel<br />
Présentation photographique<br />
<strong>de</strong>s grands types <strong>de</strong> milieux<br />
PNV - Ludovic Imberdis<br />
Présentation<br />
La <strong>de</strong>nt du Villard et la crête du mont Charvet<br />
Quelles richesses <strong>naturel</strong>les sur la commune ? - 21
PNV - Christophe Gotti<br />
Présentation<br />
Le lac Merlet supérieur et l'aiguille du Fruit<br />
22 - Quelles richesses <strong>naturel</strong>les sur la commune ?
PNV - Ludovic Imberdis<br />
Présentation<br />
Milieu humi<strong>de</strong> au Plan du Pêtre et la montagne <strong>de</strong> Grosse Tête<br />
Quelles richesses <strong>naturel</strong>les sur la commune ? - 23
PNV - Alexandre Garnier<br />
Présentation<br />
Hameaux <strong>de</strong> Saint-Bon Courchevel : le Fay et le Buisson<br />
24 - Quelles richesses <strong>naturel</strong>les sur la commune ?
PNV - Alexandre Garnier<br />
Présentation<br />
Combe <strong>de</strong>s Verdons et la Croix <strong>de</strong> Verdon ou Dent <strong>de</strong> Burgin<br />
Quelles richesses <strong>naturel</strong>les sur la commune ? - 25
Présentation<br />
Diversité <strong>de</strong> la flore<br />
Il n’existe pas d’inventaire exhaustif <strong>de</strong> la flore <strong>de</strong> Saint-Bon Courchevel mais, à l’échelle<br />
du massif <strong>de</strong> la Vanoise et pour une altitu<strong>de</strong> supérieure à 1 500 m, les scientifiques ont pu<br />
évaluer la diversité spécifique à environ 1 000 espèces différentes <strong>de</strong> fougères et <strong>de</strong> plantes<br />
à fleurs et près <strong>de</strong> 200 espèces <strong>de</strong> mousses. Cette évaluation donne un ordre <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur<br />
<strong>de</strong> la richesse floristique potentielle à Saint-Bon Courchevel.<br />
Parmi ces nombreuses espèces, certaines présentent un intérêt particulier, qu’il soit lié à<br />
leur rareté, à leur usage (médicinal, culinaire, fourrager, etc.), à leur beauté ou à leur<br />
caractère symbolique.<br />
Lichens et champignons<br />
En Vanoise, la flore mycologique a fait<br />
l’objet d’inventaires et d’étu<strong>de</strong>s approfondies<br />
<strong>de</strong>puis une trentaine d’années. Ce<br />
sont plus particulièrement les champignons<br />
à lames qui ont fait l’objet <strong>de</strong> ces étu<strong>de</strong>s. On<br />
a actuellement recensé plus <strong>de</strong> 400 espèces<br />
différentes <strong>de</strong> champignons en Vanoise.<br />
Certaines espèces <strong>de</strong> champignons sont très<br />
spécialisées et subissent les mêmes évolutions<br />
que les milieux rares qui les abritent.<br />
Association entre un champignon et une<br />
algue, les lichens colonisent <strong>de</strong>s milieux très<br />
variés. On les trouve sur les vieux murs, les<br />
falaises et les rochers, sur les troncs <strong>de</strong><br />
conifères, sur les mousses et à même la terre.<br />
Les étu<strong>de</strong>s réalisées entre 1972 et 1990 ont<br />
permis <strong>de</strong> recenser plus <strong>de</strong> 460 espèces<br />
différentes <strong>de</strong> lichens en Vanoise.<br />
Plantes rares et menacées<br />
Si l’on ne dispose pas aujourd’hui d’inventaire<br />
exhaustif <strong>de</strong> la flore, il existe, en<br />
revanche, un important travail <strong>de</strong> recensement<br />
<strong>de</strong>s espèces protégées ou rares,<br />
effectué par les gar<strong>de</strong>s-moniteurs du <strong>Parc</strong><br />
<strong>national</strong> <strong>de</strong> la Vanoise, les agents <strong>de</strong> l’Office<br />
<strong>national</strong> <strong>de</strong>s forêts et les associations<br />
PNV - Michel Delmas<br />
Tofieldie boréale<br />
naturalistes. Celui-ci permet <strong>de</strong> bien<br />
connaître la flore à forte valeur patrimoniale<br />
<strong>de</strong> la commune et d’établir les statistiques<br />
suivantes.<br />
On dénombre actuellement à Saint-Bon<br />
Courchevel 21 espèces <strong>de</strong> plantes protégées<br />
(voir les espèces notées en gras dans la<br />
liste <strong>de</strong>s plantes d’intérêt patrimonial p. 165).<br />
Trois d’entre elles présentent un intérêt<br />
majeur du fait <strong>de</strong> leur gran<strong>de</strong> rareté en<br />
France (le chardon bleu <strong>de</strong>s Alpes, la<br />
tofieldie boréale et la violette à feuilles<br />
pennées). Elles sont <strong>de</strong> ce fait considérées<br />
comme <strong>de</strong>s espèces “prioritaires”, en termes<br />
<strong>de</strong> protection, par les botanistes. À ce titre,<br />
elles sont inscrites au Livre rouge <strong>national</strong><br />
<strong>de</strong> la flore française.<br />
Saint-Bon Courchevel compte :<br />
- 20 % <strong>de</strong>s espèces protégées présentes dans<br />
le <strong>Parc</strong> <strong>national</strong> <strong>de</strong> la Vanoise, soit une sur<br />
cinq.<br />
26 - Quelles richesses <strong>naturel</strong>les sur la commune ?
CPNS - Virginie Bourgoin<br />
Chardon bleu <strong>de</strong>s Alpes<br />
- près <strong>de</strong> 8 % <strong>de</strong>s plantes “prioritaires” du<br />
Livre rouge <strong>national</strong> présentes dans le <strong>Parc</strong>.<br />
Parmi les espèces à forte valeur biologique,<br />
on recense :<br />
- la tofieldie boréale, espèce protégée très<br />
rare et menacée, présente en France uniquement<br />
en Savoie et dans les Hautes-<br />
Alpes où elle est en forte régression ;<br />
- le chardon bleu <strong>de</strong>s Alpes, espèce protégée,<br />
présente en France dans l’Ain, la Haute-<br />
Savoie, la Savoie, l’Isère, les Hautes-Alpes<br />
et les Alpes-<strong>de</strong>-Haute-Provence. Cette<br />
espèce est reconnue d’intérêt européen au<br />
titre <strong>de</strong> la directive “Habitats*” ;<br />
- la saxifrage fausse mousse, une plante<br />
endémique* <strong>de</strong>s Alpes, rare et protégée,<br />
très localisée, présente en France<br />
uniquement en Savoie, Haute-Savoie et<br />
Hautes-Alpes ;<br />
- le sabot <strong>de</strong> Vénus, espèce protégée en<br />
régression en France en plaine ou à basse<br />
altitu<strong>de</strong>. Cette espèce est reconnue<br />
d’intérêt européen au titre <strong>de</strong> la directive<br />
“Habitats*” ;<br />
-l’hormin <strong>de</strong>s Pyrénées, espèce protégée<br />
rare dans les Alpes françaises, en Vanoise<br />
uniquement en Tarentaise à Saint-Bon<br />
Courchevel ;<br />
-la violette à feuilles pennées, espèce<br />
protégée et rare en France dans les vallées<br />
internes <strong>de</strong>s Alpes <strong>de</strong> Savoie, <strong>de</strong>s Hautes-<br />
Alpes et <strong>de</strong>s Alpes <strong>de</strong> Haute-Provence.<br />
Elle est toujours très localisée et peu<br />
abondante.<br />
PNV - Philippe Benoît<br />
Présentation<br />
PNV - Philippe Benoît<br />
Saxifrage fausse mousse<br />
Violette à feuilles pennées<br />
Quelles richesses <strong>naturel</strong>les sur la commune ? - 27
Présentation<br />
Sensibilité floristique du territoire communal <strong>de</strong> Saint-Bon Courchevel - Observations <strong>de</strong> 1956 à 2004<br />
Commentaire :<br />
L’intérêt floristique d’un territoire dépend<br />
du nombre d’espèces végétales connues et <strong>de</strong><br />
la valeur patrimoniale <strong>de</strong> chacune <strong>de</strong> ces<br />
espèces.<br />
Un certain nombre d’espèces végétales fait<br />
l’objet d’un inventaire systématique par les<br />
gar<strong>de</strong>s-moniteurs du <strong>Parc</strong> <strong>national</strong>. Leur<br />
valeur patrimoniale est estimée en tenant<br />
compte, notamment :<br />
- <strong>de</strong> l’aire globale <strong>de</strong> distribution,<br />
- <strong>de</strong> l’importance <strong>de</strong>s populations recensées<br />
en Vanoise par rapport à l’ensemble <strong>de</strong>s<br />
populations connues en France, dans le<br />
mon<strong>de</strong>,<br />
- <strong>de</strong>s menaces pesant sur l’espèce et son<br />
milieu <strong>de</strong> vie.<br />
Ainsi, plus le nombre d’espèces recensées est<br />
important, et plus leur valeur patrimoniale<br />
est élevée, plus l’intérêt floristique d’un<br />
territoire est important.<br />
En complément <strong>de</strong> l’évaluation <strong>de</strong> l’intérêt<br />
floristique, l’observation dans une maille<br />
d’au moins une plante inscrite sur les listes<br />
<strong>national</strong>es ou régionales d’espèces végétales<br />
protégées est indiquée par un symbole (rond<br />
orange).<br />
Les mailles blanches sont <strong>de</strong>s mailles qui<br />
n’ont pas encore été prospectées, ou bien<br />
dans lesquelles aucune espèce “rare ou<br />
protégée” n’a encore été observée.<br />
Le <strong>Parc</strong> <strong>national</strong> <strong>de</strong> la Vanoise travaille sur<br />
l’inventaire d’un peu plus <strong>de</strong> 200 espèces<br />
pour la pério<strong>de</strong> 2003-2009. Parmi ces<br />
28 - Quelles richesses <strong>naturel</strong>les sur la commune ?
200 espèces, 29 espèces sont actuellement<br />
recensées sur la commune <strong>de</strong> Saint-Bon<br />
Courchevel (voir la liste <strong>de</strong>s plantes d’intérêt<br />
patrimonial p. 165).<br />
La répartition par type d’habitat* <strong>de</strong> ces<br />
plantes prioritaires pour le <strong>Parc</strong> <strong>national</strong> <strong>de</strong><br />
la Vanoise met en évi<strong>de</strong>nce l’intérêt<br />
floristique relatif <strong>de</strong>s grands types <strong>de</strong><br />
milieux (une espèce pouvant pousser dans<br />
plusieurs habitats* différents) :<br />
- forêts (10 espèces) ;<br />
- éboulis, moraines et rochers (9 espèces) ;<br />
- pelouses d’altitu<strong>de</strong>s (7 espèces) ;<br />
- lan<strong>de</strong>s et saulaies d’altitu<strong>de</strong> (6 espèces) ;<br />
- milieux humi<strong>de</strong>s et aquatiques (6 espèces).<br />
PNV - Michel Filliol<br />
Gentiane printanière<br />
Présentation<br />
Plantes symboliques<br />
Le patrimoine floristique <strong>de</strong> Saint-Bon<br />
Courchevel englobe aussi toutes les plantes<br />
“chères” aux habitants ou aux touristes qui<br />
fréquentent la commune, pour leur beauté et<br />
aussi parce qu’elles symbolisent la flore <strong>de</strong><br />
montagne, telles :<br />
- le lis martagon,<br />
-l’ancolie <strong>de</strong>s Alpes,<br />
- les différentes espèces <strong>de</strong> gentianes bleues,<br />
- le sabot <strong>de</strong> Vénus,<br />
- le chardon bleu <strong>de</strong>s Alpes, etc.<br />
PNV - Alexandre Garnier<br />
Chardon bleu <strong>de</strong>s Alpes<br />
Plantes utilisées par l’homme<br />
Certaines d’entre elles sont aussi protégées<br />
(ex. l’ancolie <strong>de</strong>s Alpes, le sabot <strong>de</strong> Vénus, le<br />
chardon bleu <strong>de</strong>s Alpes).<br />
Les végétaux chlorophylliens revêtent une<br />
importance capitale pour les hommes comme<br />
pour la faune sauvage et domestique. Ils sont<br />
à la base <strong>de</strong>s chaînes alimentaires*.<br />
Le premier usage est pastoral : consommation<br />
par les troupeaux domestiques, frais<br />
ou sous forme <strong>de</strong> foin.<br />
L’homme a longtemps prélevé les plantes<br />
dans la nature, pour se nourrir, se soigner,<br />
pour <strong>de</strong>s utilisations pratiques : cordage,<br />
PNV - Michel Delmas<br />
Lis martagon<br />
coloration <strong>de</strong> tissus, parfum, construction<br />
en bois, sculpture sur bois, boissons, etc.<br />
La cueillette <strong>de</strong> certaines plantes à <strong>de</strong>s fins<br />
alimentaires, médicinales, décoratives, fait<br />
Quelles richesses <strong>naturel</strong>les sur la commune ? - 29
Présentation<br />
partie <strong>de</strong>s usages qui, s’ils ne sont pas<br />
régulés, peuvent avoir un impact fort sur les<br />
populations <strong>de</strong> ces espèces et menacer la<br />
pérennité même <strong>de</strong> ces pratiques.<br />
Les plantes à usage pastoral<br />
L’utilisation <strong>de</strong>s plantes à <strong>de</strong>s fins pastorales<br />
constitue sans doute l’usage actuellement le<br />
plus important d’un point <strong>de</strong> vue économique<br />
et culturel à Saint-Bon Courchevel.<br />
Celui-ci concerne <strong>de</strong> vastes surfaces sur la<br />
commune (prairies <strong>de</strong> fauche et alpages). Par<br />
ailleurs, le pastoralisme est l’usage qui a le<br />
plus d’influence sur la végétation : le pâturage<br />
contrôle la dynamique <strong>naturel</strong>le <strong>de</strong>s<br />
prés qui, en son absence, évolueraient vers la<br />
lan<strong>de</strong>, puis la forêt. Le pâturage doit être<br />
adapté pour préserver la ressource fourragère,<br />
tant sur le plan quantitatif que qualitatif,<br />
le surpâturage pouvant entraîner une<br />
dégradation <strong>de</strong> la composition floristique<br />
<strong>de</strong>s prairies.<br />
gran<strong>de</strong>s fleurs blanches. Odorantes et<br />
sucrées, ces fleurs formaient les “fruits” du<br />
printemps. Elles étaient trempées dans une<br />
pâte à beignet, pour donner une délicieuse<br />
pâtisserie : les beignets d’acacia.<br />
Les jeunes feuilles <strong>de</strong> pissenlit sont utilisées<br />
en sala<strong>de</strong>.<br />
Plus haut en altitu<strong>de</strong>, les reposoirs <strong>de</strong> vaches<br />
aux abords <strong>de</strong>s chalets <strong>de</strong>viennent <strong>de</strong><br />
véritables champs d’ortie et <strong>de</strong> rhubarbe <strong>de</strong>s<br />
moines. Les hommes vivant dans ces chalets<br />
ont donné à ces plantes <strong>de</strong> multiples usages.<br />
Elles leur permettaient notamment <strong>de</strong><br />
compléter leur alimentation. Ainsi l’ortie<br />
était la première plante utilisée au printemps.<br />
Les plantes à usage alimentaire<br />
Présent à basse altitu<strong>de</strong> le robinier fauxacacia<br />
est un arbre formant <strong>de</strong>s grappes <strong>de</strong><br />
PNV - Jacques Perrier<br />
Pissenlit officinal<br />
BEIGNETS D’ACACIAS DE MA GRAND-MÈRE<br />
Edmond Davignon<br />
Ingrédients :<br />
200 g <strong>de</strong> farine, 2 œufs, 1 cuillère à soupe d’huile d’olive, 1 pincée <strong>de</strong> sel, 2 dl <strong>de</strong> lait ou<br />
d’eau, 1 dizaine <strong>de</strong> grappes <strong>de</strong> fleurs d’acacia, huile <strong>de</strong> friture, sucre en poudre<br />
• égrapper les fleurs d’acacia, les laver, les sécher et les mettre à tremper dans l’eau <strong>de</strong> vie<br />
pendant une vingtaine <strong>de</strong> minutes,<br />
• dans une terrine, mélanger la farine, les oeufs, le sel, l’huile,<br />
• ajouter le lait ou l’eau <strong>de</strong> manière à obtenir une pâte ni trop claire ni trop épaisse,<br />
• laisser reposer pendant une heure,<br />
• faire chauffer l’huile pour la friture,<br />
• mettre les fleurs dans la pâte,<br />
• répartir le mélange dans chaque louche,<br />
• faire frire les beignets <strong>de</strong> chaque côté puis égoutter et saupoudrer <strong>de</strong> sucre.<br />
30 - Quelles richesses <strong>naturel</strong>les sur la commune ?
SOUPE AUX PETITES ORTIES DU PRINTEMPS<br />
Edmond Davignon<br />
• cueillir à la fraîcheur du matin un gros bouquet <strong>de</strong> jeunes orties,<br />
• les laver, ébouillanter, rafraîchir, égoutter et hacher grossièrement,<br />
• d’autre part, préparer un potage blanc avec les légumes qui restent à la cave,<br />
• cuire cette soupe et la mouliner,<br />
• ajouter les orties hachées et refaire bouillir,<br />
• servir dans l’assiette avec un bon morceau <strong>de</strong> beurre et du poivre noir,<br />
• Pas <strong>de</strong> fromage dans cette soupe.<br />
Présentation<br />
inflorescence formée <strong>de</strong> capitules<br />
disposés en épi lâche<br />
(les inférieurs écartés <strong>de</strong> la tige)<br />
fleurs jaunes, poilues à l’extrémité<br />
PNV - Michel Delmas<br />
Génépi jaune<br />
feuilles toutes pétiolées<br />
inflorescence formée <strong>de</strong> capitules larges et <strong>de</strong>nses <strong>de</strong> forme plus<br />
ou moins arrondie<br />
fleurs nombreuses jaune doré,<br />
non velues<br />
feuilles toutes pétiolées<br />
inflorescence formée<br />
<strong>de</strong> capitules<br />
disposés en épi serré,<br />
compact<br />
Génépi <strong>de</strong>s glaciers<br />
PNV – Michel Delmas<br />
fleurs jaunes non velues<br />
PNV - Louis Bantin<br />
Génépi vrai<br />
feuilles sans pétiole<br />
Quelles richesses <strong>naturel</strong>les sur la commune ? - 31
Présentation<br />
PNV - Philippe Benoît<br />
Gentiane jaune<br />
Encore appelée rumex ou oseille <strong>de</strong>s Alpes,<br />
la rhubarbe <strong>de</strong>s moines est une plante<br />
robuste qui peut atteindre une hauteur d’un<br />
mètre. Sa consommation concerne la tige,<br />
les feuilles et les jeunes pousses, tendres et<br />
légèrement acidulées.<br />
Les génépis et les bourgeons <strong>de</strong> pin à<br />
crochets sont consommés en liqueur et en<br />
infusion. Les racines <strong>de</strong> gentiane jaune sont<br />
utilisées dans la préparation d’un digestif.<br />
- pour agir sur la toux et les problèmes<br />
respiratoires : la pensée éperonnée, le<br />
tussilage pas d’âne, le pin à crochets. Pour<br />
ces <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnières plantes les habitants<br />
prélevaient les bourgeons. La pensée<br />
éperonnée, appelée encore pensée <strong>de</strong>s<br />
Alpes ou violette <strong>de</strong>s montagnes, se<br />
consommait sous forme d’infusion <strong>de</strong><br />
fleurs. Le nom du tussilage, composé <strong>de</strong><br />
tussis : toux, et agere : chasser, souligne<br />
bien cet usage ;<br />
- pour soigner les coupures ou les brûlures :<br />
les longs pétales blancs du lis <strong>de</strong> Saint-<br />
Bruno formaient la base d’une préparation<br />
efficace ;<br />
- pour faciliter la digestion et soigner la<br />
toux, le thym serpolet est une plante<br />
aromatique également utilisée en infusion.<br />
En bain <strong>de</strong> bouche il soulageait les aphtes<br />
et l’inflammation <strong>de</strong>s gencives ;<br />
- pour soulager les hématomes et autres<br />
traumatismes sans plaie, la macération <strong>de</strong>s<br />
fleurs d’arnica <strong>de</strong>s montagnes permettait<br />
d’obtenir une huile <strong>de</strong> massage.<br />
Les plantes à usage médicinal<br />
Parmi ces plantes qui renferment un ou<br />
plusieurs principes actifs capables <strong>de</strong><br />
prévenir, soulager ou guérir <strong>de</strong>s maladies, les<br />
Saint-Bonnais utilisaient notamment :<br />
PNV - Michel Filliol<br />
Arnica <strong>de</strong>s montagnes<br />
PNV - Ludovic Imberdis<br />
Pensée éperonnée<br />
La liste <strong>de</strong>s plantes médicinales est longue.<br />
Aujourd’hui, à Saint-Bon Courchevel, ces<br />
plantes sont encore utilisées par certains<br />
habitants.<br />
32 - Quelles richesses <strong>naturel</strong>les sur la commune ?
PNV - Philippe Benoît<br />
Les plantes toxiques<br />
Il existe aussi <strong>de</strong>s plantes dont les hommes et<br />
le bétail ont appris à se méfier. Il y a les<br />
aconits paniculé et tue-loup, le colchique et<br />
le vérâtre, facilement confondu avec la<br />
gentiane jaune mais dont les feuilles sont<br />
alternes, alors que la gentiane jaune a <strong>de</strong>s<br />
feuilles opposées.<br />
Verâtre blanc<br />
Les plantes d’intérêt culturel<br />
et touristique<br />
Il existe <strong>de</strong>puis quelques années à Saint-Bon<br />
Courchevel, et plus généralement en<br />
Vanoise, une valorisation culturelle et<br />
touristique <strong>de</strong> la flore locale. La commune,<br />
les professionnels du tourisme et le <strong>Parc</strong><br />
<strong>national</strong> <strong>de</strong> la Vanoise proposent <strong>de</strong><br />
découvrir la flore grâce à plusieurs formules,<br />
telles que <strong>de</strong>s sorties et <strong>de</strong>s séjours organisés<br />
par <strong>de</strong>s accompagnateurs en montagne<br />
spécialisés, alliant randonnée et découverte<br />
<strong>de</strong>s plantes <strong>de</strong> montagne. Cet usage est en<br />
plein développement. Il répond à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>s touristes ou <strong>de</strong>s habitants, curieux <strong>de</strong><br />
mieux connaître la nature qui les entoure.<br />
Parallèlement à ces activités, un sentier<br />
botanique dans le vallon <strong>de</strong> la Rosière,<br />
baptisé sentier du Père Fritsch, permet <strong>de</strong><br />
découvrir <strong>de</strong> nombreuses espèces végétales.<br />
Situé entre la forêt <strong>de</strong> la <strong>de</strong>nt du Villard et<br />
celle du Laition, et traversant une gran<strong>de</strong><br />
diversité <strong>de</strong> milieux, ce sentier débute à<br />
Courchevel 1650, <strong>de</strong>scend jusqu’au lac <strong>de</strong> la<br />
Rosière, avant <strong>de</strong> monter sur une partie du<br />
vallon.<br />
De même les forêts <strong>de</strong> la commune, et<br />
notamment la réserve biologique domaniale<br />
<strong>de</strong> la <strong>de</strong>nt du Villard, sont aménagées pour<br />
accueillir <strong>de</strong>s visiteurs. Cette <strong>de</strong>rnière est<br />
sillonnée par plusieurs sentiers : sentiers <strong>de</strong>s<br />
Pins, <strong>de</strong>s Dolines, <strong>de</strong> la Dent, du col <strong>de</strong><br />
la Chal, etc., parfois accompagnés <strong>de</strong><br />
panneaux d’information.<br />
Les plantes à autres usages<br />
Plusieurs essences ont fait l’objet <strong>de</strong> divers<br />
usages locaux. Le bois <strong>de</strong> bouleau<br />
permettait la confection <strong>de</strong>s becs <strong>de</strong> luge.<br />
Très souple et résistant aux chocs, le bois <strong>de</strong><br />
frêne constituait la carcasse, les brancards et<br />
les bâts <strong>de</strong>s charriots. Il était également<br />
utilisé pour fabriquer les skis. Les bâtons <strong>de</strong><br />
ski étaient réalisés en bois <strong>de</strong> noisetier. Les<br />
rameaux <strong>de</strong> sapin formaient le cerclage <strong>de</strong>s<br />
tonneaux. Stockés à l’automne dans les<br />
étables, où régnait une certaine humidité, les<br />
rameaux gagnaient en souplesse avant d’être<br />
travaillés.<br />
La paille <strong>de</strong> seigle était récupérée pour<br />
fabriquer <strong>de</strong>s ruches ron<strong>de</strong>s.<br />
PNV - Philippe Benoît<br />
Sapin pectiné<br />
Présentation<br />
Quelles richesses <strong>naturel</strong>les sur la commune ? - 33
Présentation<br />
Diversité <strong>de</strong> la faune<br />
Tout comme pour la flore, l’inventaire exhaustif <strong>de</strong> la faune <strong>de</strong> Saint-Bon Courchevel, et en<br />
particulier <strong>de</strong>s invertébrés, n’est pas encore terminé. Toutefois, un important travail <strong>de</strong><br />
recueil <strong>de</strong> données par les gar<strong>de</strong>s-moniteurs du <strong>Parc</strong> et d’autres experts permet <strong>de</strong> bien<br />
connaître quelques groupes tels que les vertébrés et les papillons diurnes.<br />
Ainsi, 103 espèces différentes <strong>de</strong> vertébrés (mammifères, oiseaux, amphibiens, reptiles et<br />
poissons) ont été dénombrées sur la commune, soit 36 % <strong>de</strong>s espèces présentes en Vanoise<br />
et environ 25 % <strong>de</strong> la faune vertébrée savoyar<strong>de</strong>.<br />
Outre les animaux à large répartition, la faune <strong>de</strong> Saint-Bon Courchevel se compose d’espèces<br />
typiques <strong>de</strong>s montagnes, adaptées à <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> vie difficiles (froid, pente et vent).<br />
Faune vertébrée<br />
Parmi la faune vertébrée, certains<br />
“groupes” font (ou ont fait) l’objet d’étu<strong>de</strong>s<br />
et <strong>de</strong> suivis plus précis ; c’est le cas par<br />
exemple <strong>de</strong>s ongulés sauvages (bouquetin,<br />
chamois), <strong>de</strong>s chiroptères, <strong>de</strong>s galliformes <strong>de</strong><br />
montagne et <strong>de</strong>s rapaces. Les données qui en<br />
résultent sont centralisées dans <strong>de</strong>s bases <strong>de</strong><br />
données au <strong>Parc</strong> <strong>national</strong> <strong>de</strong> la Vanoise.<br />
PNV - Ludovic Imberdis<br />
Renard roux<br />
Les mammifères<br />
Parmi les 17 espèces <strong>de</strong> mammifères, soit<br />
près d’un tiers <strong>de</strong> celles présentes dans le<br />
<strong>Parc</strong>, évoluent <strong>de</strong>s espèces typiques du<br />
milieu alpestre telles que la marmotte alpine,<br />
le lièvre variable, le bouquetin <strong>de</strong>s Alpes, le<br />
chamois. Des espèces à répartition <strong>national</strong>e<br />
plus large telles que renard, blaireau, fouine,<br />
écureuil, lièvre brun, sanglier, cerf, chevreuil<br />
sont aussi présentes.<br />
Les oiseaux<br />
Saint-Bon Courchevel ne compte pas moins<br />
<strong>de</strong> 70 espèces différentes d’oiseaux nicheurs<br />
sur les 120 présentes en Vanoise. Neuf<br />
autres espèces d’oiseaux sont observées,<br />
régulièrement ou exceptionnellement, au<br />
cours <strong>de</strong> leur passage.<br />
Citons :<br />
- parmi les espèces nicheuses propres aux<br />
milieux alpestres : la gélinotte <strong>de</strong>s bois, le<br />
PNV - Maurice Mollard<br />
PNV - Patrick Folliet<br />
Marmotte <strong>de</strong>s Alpes<br />
Tétras-lyre<br />
34 - Quelles richesses <strong>naturel</strong>les sur la commune ?
Les reptiles<br />
Parmi les 13 espèces <strong>de</strong> reptiles recensées en<br />
Savoie, trois sont répertoriées à Saint-Bon<br />
Courchevel : <strong>de</strong>ux espèces <strong>de</strong> lézard, le<br />
lézard vivipare et le lézard <strong>de</strong>s murailles, et<br />
une espèce <strong>de</strong> serpent, la vipère aspic.<br />
Présentation<br />
PNV<br />
Jeune <strong>de</strong> cassenoix moucheté<br />
PNV - Christophe Gotti<br />
lagopè<strong>de</strong> alpin, le tétras-lyre, la perdrix<br />
bartavelle, la chouette <strong>de</strong> Tengmalm, le<br />
pipit spioncelle, l’accenteur alpin, le<br />
cassenoix moucheté, le chocard à bec<br />
jaune, la niverolle alpine, le sizerin flammé ;<br />
- parmi les espèces plus communes et plus<br />
discrètes à la fois, mais nichant également<br />
à Saint-Bon Courchevel, différents passereaux<br />
: les fauvettes babillar<strong>de</strong>, <strong>de</strong>s jardins<br />
et à tête noire, plusieurs espèces <strong>de</strong><br />
pouillots dont le pouillot <strong>de</strong> Bonelli, le<br />
roitelet huppé, les mésanges boréale,<br />
huppée, noire et charbonnière, le beccroisé<br />
<strong>de</strong>s sapins, le bouvreuil pivoine, etc.<br />
PNV - Philippe Benoît<br />
Vipère aspic<br />
Les amphibiens<br />
Trois espèces d’amphibiens ont été trouvées<br />
sur les six que compte la Vanoise : la<br />
grenouille rousse observée jusqu’à 2 400 m<br />
d’altitu<strong>de</strong>, le triton alpestre qui est présent<br />
dans le vallon <strong>de</strong> la Rosière, et le crapaud<br />
commun, dans le lac du Praz.<br />
Bec-croisé <strong>de</strong>s sapins<br />
PNV - Joël Blanchemain<br />
PNV - Christophe Ferrier<br />
Lézard <strong>de</strong>s murailles<br />
Grenouille rousse<br />
Quelles richesses <strong>naturel</strong>les sur la commune ? - 35
Présentation<br />
PNV - Christian Balais<br />
Triton alpestre<br />
Les poissons<br />
Huit espèces se trouvent dans les lacs et les<br />
cours d’eau <strong>de</strong> Saint-Bon Courchevel : la<br />
truite <strong>de</strong> rivière ou truite fario, la truite arcen-ciel,<br />
le cristivomer, l’omble chevalier, le<br />
saumon <strong>de</strong> fontaine, la loche franche, le<br />
goujon et le vairon. La truite fario est la<br />
seule espèce <strong>de</strong> salmonidé <strong>naturel</strong>lement<br />
présente dans la commune, les quatre autres<br />
espèces <strong>de</strong> cette famille (truite arc-en-ciel,<br />
cristivomer, omble chevalier, saumon <strong>de</strong><br />
fontaine) ont été introduites.<br />
Les lépidoptères (ou papillons) représentent<br />
59 espèces différentes connues à ce jour sur<br />
la commune, dont 58 papillons <strong>de</strong> jour, soit<br />
près <strong>de</strong> 5 % <strong>de</strong>s espèces connues en Savoie.<br />
Certaines sont spectaculaires comme le<br />
machaon et le grand nacré. Quatre d’entre<br />
elles sont protégées : le grand et le petit<br />
apollon, le solitaire, et le damier <strong>de</strong> la<br />
succise.<br />
Quelques données sur les orthoptères<br />
(l’ordre <strong>de</strong>s insectes qui regroupe les<br />
criquets, grillons et sauterelles), sont également<br />
disponibles. Ainsi, sur les 58 espèces<br />
connues dans le <strong>Parc</strong>, 11 ont été inventoriées<br />
(<strong>de</strong> manière incomplète) à Saint-Bon<br />
Courchevel, telles que le criquet <strong>de</strong>s pâtures,<br />
le criquet jacasseur, la miramelle alpestre, la<br />
sauterelle cymbalière, la <strong>de</strong>cticelle<br />
montagnar<strong>de</strong>.<br />
PNV - Joël Blanchemain<br />
Faune invertébrée<br />
Parmi la faune invertébrée <strong>de</strong> Saint-Bon<br />
Courchevel, la classe <strong>de</strong>s insectes est celle<br />
qui bénéficie <strong>de</strong>s meilleures connaissances<br />
(ou <strong>de</strong>s inventaires les plus avancés).<br />
Machaon<br />
Virginie Bourgoin<br />
Grand apollon<br />
Vingt-cinq espèces d’odonates (l’ordre <strong>de</strong>s<br />
insectes regroupant les libellules et les<br />
<strong>de</strong>moiselles) ont été recensées à ce jour dans<br />
le <strong>Parc</strong>. Sur la commune <strong>de</strong> Saint-Bon<br />
Courchevel, trois espèces ont été observées.<br />
Il s’agit <strong>de</strong> l’aeschne <strong>de</strong>s joncs (lire la ficheespèce<br />
n°10), l’aeschne bleue et la petite<br />
nymphe au corps <strong>de</strong> feu.<br />
36 - Quelles richesses <strong>naturel</strong>les sur la commune ?
Connaissance, protection et gestion<br />
du patrimoine <strong>naturel</strong><br />
Présentation<br />
<strong>Parc</strong> <strong>national</strong> <strong>de</strong> la Vanoise<br />
Au cœur <strong>de</strong> la zone intra-alpine <strong>de</strong>s Alpes<br />
occi<strong>de</strong>ntales, le <strong>Parc</strong> <strong>national</strong> <strong>de</strong> la Vanoise<br />
couvre un territoire <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 200 000 ha.<br />
Près <strong>de</strong> 53 000 ha sont classés dans le cœur<br />
du <strong>Parc</strong>, espace soumis à une protection<br />
forte, par une réglementation spécifique.<br />
Autour <strong>de</strong> cette zone s’étend le périmètre<br />
optimal. Ce premier <strong>Parc</strong> <strong>national</strong> français,<br />
créé en juillet 1963, concerne 28 communes<br />
<strong>de</strong>s vallées <strong>de</strong> la Maurienne et <strong>de</strong> la<br />
Tarentaise. Il forme, en continuité avec le<br />
<strong>Parc</strong> <strong>national</strong> italien du Grand Paradis, le<br />
plus grand espace <strong>naturel</strong> protégé d’Europe<br />
occi<strong>de</strong>ntale.<br />
Saint-Bon Courchevel est l’une <strong>de</strong> ces<br />
28 communes. L’ensemble <strong>de</strong> son territoire<br />
est situé dans le <strong>Parc</strong>. La zone protégée,<br />
ou cœur du <strong>Parc</strong>, concerne 8 % <strong>de</strong> la<br />
surface <strong>de</strong> la commune, elle est située<br />
sur un secteur d’altitu<strong>de</strong> au pied <strong>de</strong><br />
l’aiguille du Fruit, grossièrement limitée<br />
par quatre cols : le col <strong>de</strong> Chanrossa, le<br />
col du Fruit, le col <strong>de</strong> Chanrouge et le<br />
col <strong>de</strong> la Platta.<br />
Les 92 % restants se trouvent dans le<br />
périmètre optimal.<br />
<strong>Parc</strong> <strong>national</strong> <strong>de</strong> la Vanoise à Saint-Bon Courchevel<br />
Quelles richesses <strong>naturel</strong>les sur la commune ? - 37
Présentation<br />
Réserve biologique domaniale<br />
<strong>de</strong> la <strong>de</strong>nt du Villard<br />
Cette réserve englobe toute la forêt<br />
domaniale du même nom, dont les terrains<br />
ont été acquis par l’État <strong>de</strong> 1891 à 1894 au<br />
titre <strong>de</strong>s lois sur la restauration <strong>de</strong>s terrains<br />
en montagne. Elle abrite un milieu rare en<br />
Europe : la forêt <strong>de</strong> pins à crochets sur<br />
gypse.<br />
Elle couvre une superficie <strong>de</strong> 309 ha, entre<br />
940 à 2284 m d’altitu<strong>de</strong>, sur les communes<br />
<strong>de</strong> Saint-Bon Courchevel (60%), Bozel et Le<br />
Planay.<br />
L’Office <strong>national</strong> <strong>de</strong>s forêts est le<br />
gestionnaire <strong>de</strong> cet espace. Il est chargé <strong>de</strong><br />
l’application du plan <strong>de</strong> gestion élaboré<br />
pour la pério<strong>de</strong> 1999-2014. Les objectifs<br />
prioritaires que ce document a mis en<br />
évi<strong>de</strong>nce sont le maintien <strong>de</strong> la forêt <strong>de</strong> pins<br />
à crochets, la meilleure connaissance <strong>de</strong>s<br />
richesses <strong>naturel</strong>les du site et la sensibilisation<br />
du public à ce patrimoine <strong>naturel</strong><br />
d’exception.<br />
Zonages ZNIEFF & ZICO<br />
Les inventaires nationaux <strong>de</strong>s Zones<br />
Naturelles d’Intérêt Écologique, Faunistique<br />
et Floristique (ZNIEFF) et <strong>de</strong>s Zones<br />
Importantes pour la Conservation <strong>de</strong>s<br />
Oiseaux (ZICO) sont <strong>de</strong>s inventaires scientifiques.<br />
Ils n’ont pas <strong>de</strong> valeur réglementaire<br />
directe mais recensent la présence <strong>de</strong>s<br />
espèces protégées et déterminantes. Ces<br />
inventaires font référence, en matière <strong>de</strong><br />
connaissance et d’évaluation du patrimoine<br />
<strong>naturel</strong> remarquable du territoire <strong>national</strong>.<br />
Les ZICO concernent plus précisément les<br />
Délimitation <strong>de</strong>s ZNIEFF <strong>de</strong> type 1 (2 e génération)<br />
38 - Quelles richesses <strong>naturel</strong>les sur la commune ?
sites d’intérêt majeur qui hébergent <strong>de</strong>s<br />
effectifs importants d’oiseaux sauvages jugés<br />
d’importance communautaire. Les ZNIEFF<br />
répertorient les zones <strong>de</strong> présence <strong>de</strong> milieux<br />
<strong>naturel</strong>s rares et d’espèces animales et<br />
végétales patrimoniales ou protégées. Ces<br />
inventaires sont <strong>de</strong>s outils d’information et<br />
<strong>de</strong> communication <strong>de</strong>stinés à éclairer le<br />
choix <strong>de</strong>s déci<strong>de</strong>urs dans leur préoccupation<br />
<strong>de</strong> gestion et d’aménagement du territoire.<br />
Les ZNIEFF<br />
Le premier inventaire, élaboré en 1982 a été<br />
actualisé en 2004. Les zones repérées sont<br />
classées en ZNIEFF <strong>de</strong> type 1 ou <strong>de</strong> type 2.<br />
Les ZNIEFF <strong>de</strong> type 1 correspon<strong>de</strong>nt à <strong>de</strong>s<br />
surfaces <strong>de</strong> taille petite à moyenne. Elles<br />
sont caractérisées par la présence d’espèces,<br />
d’associations* d’espèces ou <strong>de</strong> milieux<br />
rares ou menacés. Les ZNIEFF <strong>de</strong> type 2<br />
sont constituées <strong>de</strong> grands ensembles<br />
<strong>naturel</strong>s riches et peu modifiés, offrant <strong>de</strong>s<br />
potentialités biologiques importantes. Des<br />
ZNIEFF <strong>de</strong> type 1 peuvent être reconnues<br />
au sein <strong>de</strong>s ZNIEFF <strong>de</strong> type 2.<br />
Sur l’ensemble du territoire communal <strong>de</strong><br />
Saint-Bon Courchevel, plusieurs ZNIEFF<br />
ont été proposées par les scientifiques et sont<br />
en cours <strong>de</strong> validation :<br />
ZNIEFF <strong>de</strong> type 1 :<br />
- Massif du Rocher <strong>de</strong> Villeneuve<br />
(n°73150007)<br />
- Montagnes <strong>de</strong> la petite Val et <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong><br />
Val (n°73150018)<br />
La ZNIEFF <strong>de</strong> type 2 :<br />
- Massif <strong>de</strong> la Vanoise (n°7315)<br />
Présentation<br />
Délimitation <strong>de</strong> la ZICO “<strong>Parc</strong> <strong>national</strong> <strong>de</strong> la Vanoise” à Saint-Bon Courchevel<br />
Quelles richesses <strong>naturel</strong>les sur la commune ? - 39
Présentation<br />
Les ZICO<br />
Une partie du territoire <strong>de</strong> Saint-Bon<br />
Courchevel est incluse dans la ZICO<br />
n°RA11 “<strong>Parc</strong> <strong>national</strong> <strong>de</strong> la Vanoise”. Elle<br />
correspond au vallon <strong>de</strong> la Rosière et à<br />
l’ensemble <strong>de</strong>s zones globalement situées<br />
au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> 2000 m d’altitu<strong>de</strong>, au sud <strong>de</strong><br />
la commune. L’ensemble <strong>de</strong> ce territoire a<br />
été désigné du fait <strong>de</strong> son intérêt<br />
ornithologique général, notamment avec la<br />
présence remarquable <strong>de</strong> la gélinotte <strong>de</strong>s<br />
bois, du tétras-lyre, <strong>de</strong> la perdrix bartavelle,<br />
du lagopè<strong>de</strong> alpin, du tichodrome échelette,<br />
<strong>de</strong> la chouette <strong>de</strong> Tengmalm et du passage<br />
régulier du gypaète barbu.<br />
Inventaire <strong>de</strong>s zones humi<strong>de</strong>s<br />
Le <strong>Parc</strong> <strong>national</strong> <strong>de</strong> la Vanoise a entrepris<br />
un travail global sur les marais et tourbières<br />
du cœur du <strong>Parc</strong> et du périmètre optimal :<br />
marais, tourbières, plans d’eau, suintements<br />
et prés humi<strong>de</strong>s. Il consiste en une localisation<br />
et une typologie fine <strong>de</strong>s groupements<br />
végétaux <strong>de</strong>s zones humi<strong>de</strong>s<br />
d’une surface minimale <strong>de</strong> 100 m 2 . Sur la<br />
commune <strong>de</strong> Saint-Bon Courchevel trois<br />
zones humi<strong>de</strong>s ont été inventoriées dans le<br />
cœur du <strong>Parc</strong>. Elles couvrent une surface<br />
inférieure à <strong>de</strong>ux hectares et sont localisées<br />
aux environs <strong>de</strong>s lacs Merlet et du<br />
Pêtre.<br />
PNV - Ludovic Imberdis<br />
Zone humi<strong>de</strong> au plan du Pêtre<br />
40 - Quelles richesses <strong>naturel</strong>les sur la commune ?
Ce travail qui a été conduit entre 2001 et<br />
2003, est étendu <strong>de</strong>puis 2005 à tout le<br />
périmètre optimal. Plusieurs zones humi<strong>de</strong>s<br />
ont été localisées sur la commune, dont les<br />
plus importantes sont liées au lac <strong>de</strong> la<br />
Rosière et au lac du Pêtre.<br />
permettant d’assurer leur maintien ou leur<br />
rétablissement dans un état <strong>de</strong> conservation<br />
satisfaisant. Ces mesures doivent prendre en<br />
compte les réalités économiques, sociales ou<br />
culturelles locales. Elles engagent la<br />
responsabilité <strong>national</strong>e.<br />
Présentation<br />
Zonage Natura 2000<br />
Les directives “Habitats*” et “Oiseaux”<br />
sont <strong>de</strong>ux directives européennes dont<br />
l’objectif est <strong>de</strong> maintenir la diversité<br />
biologique du patrimoine <strong>naturel</strong> <strong>de</strong>s États<br />
membres. Elles <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt à ces États <strong>de</strong><br />
conserver un réseau représentatif et viable<br />
<strong>de</strong> milieux <strong>naturel</strong>s spécifiques présents sur<br />
le territoire <strong>de</strong> la Communauté Européenne,<br />
ainsi que les habitats* <strong>de</strong> certaines espèces<br />
rares <strong>de</strong> la faune et <strong>de</strong> la flore sauvages.<br />
Les États doivent prendre les mesures<br />
Les habitats <strong>naturel</strong>s* et les espèces<br />
considérés comme rares ou menacés au<br />
niveau <strong>de</strong> la Communauté européenne sont<br />
désignés comme étant d’intérêt communautaire.<br />
Un inventaire <strong>de</strong> ces habitats*<br />
et <strong>de</strong> ces espèces a été réalisé. Il a permis <strong>de</strong><br />
définir d’ores et déjà un certain nombre <strong>de</strong><br />
Sites d’Importance Communautaire (d’autres<br />
sont en cours <strong>de</strong> désignation), qui<br />
peuvent abriter plusieurs habitats* ou<br />
espèces d’intérêt communautaire.<br />
À terme, l’ensemble <strong>de</strong>s sites i<strong>de</strong>ntifiés<br />
comme d’importance communautaire au<br />
titre <strong>de</strong>s directives européennes “Habitats*”<br />
PNV - Alexandre Garnier<br />
Zone humi<strong>de</strong> sous l’arrivée <strong>de</strong> la télécabine <strong>de</strong>s Chenus<br />
Quelles richesses <strong>naturel</strong>les sur la commune ? - 41
Présentation<br />
et “Oiseaux” constituera, à l’échelle européenne,<br />
un réseau cohérent <strong>de</strong> sites <strong>naturel</strong>s,<br />
appelé “Réseau Natura 2000”.<br />
Saint-Bon Courchevel est concerné par le<br />
site Natura 2000 “Massif <strong>de</strong> la Vanoise”<br />
qui coïnci<strong>de</strong>, sur cette commune, avec le<br />
territoire classé dans le cœur du <strong>Parc</strong><br />
<strong>national</strong> et avec le massif <strong>de</strong> la <strong>de</strong>nt du<br />
Villard (lire “Réserve biologique domaniale<br />
<strong>de</strong> la <strong>de</strong>nt du Villard” p. 38). Ce site recèle<br />
un très grand nombre <strong>de</strong> milieux <strong>naturel</strong>s<br />
et d’espèces d’intérêt européen, représentatifs<br />
<strong>de</strong>s Alpes du Nord françaises. Le<br />
document d’objectifs <strong>de</strong> ce site d’importance<br />
communautaire a été élaboré à partir<br />
<strong>de</strong>s éléments scientifiques disponibles et<br />
approuvé par l’État en 1998. Il est complété<br />
en 2006 par un document d’objectifs<br />
opérationnel, dont l’élaboration est pilotée<br />
par le <strong>Parc</strong> <strong>national</strong> <strong>de</strong> la Vanoise, en<br />
étroite collaboration avec les acteurs du<br />
territoire.<br />
Délimitation du zonage Natura 2000 à Saint-Bon Courchevel<br />
42 - Quelles richesses <strong>naturel</strong>les sur la commune ?
Les milieux <strong>naturel</strong>s,<br />
<strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie<br />
Fiches-milieux
Préambule<br />
Le paysage végétal se compose <strong>de</strong> plusieurs grands ensembles (pelouses, lan<strong>de</strong>s, forêts,<br />
etc.), appelés ici “milieux”, qui se déclinent notamment selon différents critères<br />
écologiques (climat, nature du substrat, exposition, pente, etc.).<br />
Fiche-milieu<br />
Les milieux les plus représentatifs <strong>de</strong> Saint-Bon Courchevel font l’objet d’une fiche<br />
<strong>de</strong>scriptive dans cette <strong>de</strong>uxième partie.<br />
Le choix qui a été fait <strong>de</strong> décrire le patrimoine <strong>naturel</strong> à travers chacun <strong>de</strong>s grands types<br />
<strong>de</strong> milieux qui composent le territoire communal doit permettre au lecteur d’i<strong>de</strong>ntifier<br />
chacun d’entre eux à partir, d’une part <strong>de</strong> la définition qui en est faite, et d’autre part <strong>de</strong>s<br />
espèces citées. Le <strong>de</strong>rnier paragraphe intitulé “Équilibre entre l’homme et son milieu”<br />
éclaire le lecteur sur les relations (passées ou actuelles) entre l’homme et son milieu,<br />
l’évolution qui s’ensuit et, quand elles existent, les propositions <strong>de</strong> gestion parfois très<br />
simples, qui peuvent être mises en œuvre pour concilier au mieux la préservation du<br />
patrimoine <strong>naturel</strong> <strong>de</strong> la commune et les activités humaines qui influent sur le milieu<br />
<strong>naturel</strong>.<br />
Cette présentation, milieu par milieu, exclut <strong>de</strong> fait les écotones*, ces zones <strong>de</strong> transition<br />
entre <strong>de</strong>ux écosystèmes voisins (comme la zone <strong>de</strong> combat, située entre la limite supérieure<br />
<strong>de</strong> la forêt et les alpages, ou les lisières forestières). Bien que non traités dans cet ouvrage,<br />
ces espaces présentent une valeur naturaliste remarquable, car ils sont riches d’organismes<br />
appartenant aux <strong>de</strong>ux communautés voisines, ainsi que d’espèces ubiquistes*.<br />
Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie - 45
Fiche-milieu n°1<br />
Fiche-milieu n°1<br />
Le village, les hameaux<br />
et leurs abords<br />
PNV - Ludovic Imberdis<br />
Hameau <strong>de</strong> la Jairaz<br />
PNV - Alexandre Garnier<br />
Verger et maisons au hameau du Grenier<br />
Cette fiche concerne l’habitat humain et ses<br />
dépendances. Cela comprend le bâti, ancien<br />
et mo<strong>de</strong>rne (habitations, granges, grangettes<br />
et monuments divers), les terrasses et murets<br />
et les équipements divers.<br />
L’habitat saint-bonnais se caractérise par un<br />
habitat traditionnel <strong>de</strong> type groupé, disposé<br />
en escalier et constitué <strong>de</strong> bâtiments dissociés<br />
et accolés : maisons d’habitation, granges<br />
et écuries. À cet habitat, partiellement<br />
restauré, se sont ajoutées <strong>de</strong>s rési<strong>de</strong>nces<br />
secondaires mo<strong>de</strong>rnes. Le chef-lieu et la<br />
station-village du Praz, qui ont connu le<br />
développement le plus important, ont<br />
ainsi conservé leur unité architecturale<br />
d’origine. La pierre, la chaux, le bois, la<br />
lauze et l’ardoise sont les principaux<br />
matériaux utilisés. Tous les villages et<br />
46 - Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie
hameaux sont construits dans le sens <strong>de</strong> la<br />
pente, hormis le village du Praz, construit<br />
sur un replat et bénéficiant d’un urbanisme<br />
particulier.<br />
Au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> ces agglomérations anciennes<br />
s’est ajouté un habitat individuel et collectif<br />
lié au domaine skiable. Majoritaires sur la<br />
commune, ces bâtiments se sont surtout<br />
développés entre 1946 et 1982. Ces stations<br />
<strong>de</strong> ski se caractérisent par une forme en<br />
croissant autour du front <strong>de</strong> neige. La<br />
plus ancienne, Courchevel 1850, fut bâtie<br />
selon un concept nouveau, en rupture totale<br />
avec le village ancien, sur un site vierge,<br />
<strong>de</strong>venant un modèle d’aménagement en<br />
altitu<strong>de</strong> pour les stations dites intégrées.<br />
Plusieurs architectures concernent cet<br />
habitat d’altitu<strong>de</strong>. La plus célèbre est le<br />
“chalet en porte-à-faux” ou “chalet à<br />
pattes” conçu par Denys Pra<strong>de</strong>lle et<br />
l’Atelier d’architecture <strong>de</strong> Courchevel <strong>de</strong><br />
1950, avec son toit à un seul pan. À l’image<br />
<strong>de</strong>s anciennes habitations, ce chalet fut<br />
élaboré pour une clientèle citadine en<br />
intégrant les contraintes <strong>de</strong> climat et <strong>de</strong><br />
pente du milieu montagnard. Une partie <strong>de</strong><br />
ces constructions mo<strong>de</strong>rnes utilise <strong>de</strong>s<br />
matériaux <strong>naturel</strong>s pris sur place (bois et<br />
pierres notamment).<br />
mitoyennes à l’habitation. Certains forment<br />
<strong>de</strong>s groupements ; ils dépen<strong>de</strong>nt alors <strong>de</strong>s<br />
habitations du cœur <strong>de</strong> village.<br />
À proximité <strong>de</strong>s bâtiments d’élevage et<br />
principalement <strong>de</strong>s chalets d’alpage, se<br />
trouvent <strong>de</strong>s milieux particuliers, fortement<br />
enrichis par les déjections animales. Ils sont<br />
colonisés par une végétation herbacée <strong>de</strong>nse<br />
et haute, caractérisée par la dominance <strong>de</strong><br />
plantes à larges feuilles, telles que la<br />
rhubarbe <strong>de</strong>s moines.<br />
Flore<br />
Les plantes trouvent dans ces milieux<br />
investis par l’homme <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> vie<br />
particulières auxquelles elles sont adaptées.<br />
Plusieurs plantes <strong>naturel</strong>lement présentes<br />
sur les milieux rocheux, ont aussi adopté les<br />
constructions en pierre : mur et toit <strong>de</strong>s<br />
maisons, muret. Certaines ont développé <strong>de</strong>s<br />
adaptations très particulières à la sécheresse.<br />
Parmi elles se trouvent la très rustique<br />
joubarbe <strong>de</strong>s toits aux fleurs rose carmin, ou<br />
encore l’orpin blanc, plus petit et décoré<br />
d’un ensemble <strong>de</strong> fleurs blanches. Leurs<br />
Fiche-milieu n°1<br />
Fiche-milieu n°1<br />
Les zones d’habitation incluent aussi <strong>de</strong>s<br />
vergers, <strong>de</strong>s jardins potagers et d’agrément,<br />
plus ou moins abondamment fleuris. Ils<br />
constituent <strong>de</strong>s endroits fréquentés par une<br />
petite faune sauvage, adaptée à la présence<br />
<strong>de</strong> l’homme, et notamment les insectes, les<br />
oiseaux et <strong>de</strong> petits mammifères.<br />
Les vergers ont occupé et occupent encore<br />
aujourd’hui une surface importante autour<br />
<strong>de</strong> Saint-Bon Courchevel et <strong>de</strong> tous les<br />
hameaux localisés au-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> 1200 m<br />
d’altitu<strong>de</strong> : le Fontanil, le Buisson, le Fay, le<br />
Grenier, la Cuerdy, le Petit et le Grand<br />
Carrey, le Freney et la Jairaz.<br />
Les jardins <strong>de</strong>s villages <strong>de</strong> bas <strong>de</strong> versant<br />
occupent <strong>de</strong> petites parcelles plus ou moins<br />
PNV - Philippe Benoît<br />
Jourbarbe <strong>de</strong>s toits<br />
Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie - 47
Fiche-milieu n°1<br />
Fiche-milieu n°1<br />
PNV - Jacques Perrier<br />
feuilles plus découpées, avec une forme<br />
typique en éventail pour cette <strong>de</strong>rnière. Les<br />
mousses en coussinet viennent compléter ce<br />
cortège <strong>de</strong> plantes saxicoles.<br />
Plus haut en altitu<strong>de</strong>, les abords <strong>de</strong> certaines<br />
constructions, telles que les chalets d’alpage<br />
ou les reposoirs à bestiaux, connaissent une<br />
transformation <strong>de</strong> leur végétation. Ces<br />
milieux peuvent être exclusivement colonisés<br />
par l’ortie, l’épinard sauvage et la<br />
rhubarbe <strong>de</strong>s moines. Le développement <strong>de</strong><br />
leur taille et <strong>de</strong> leurs feuilles traduit leur<br />
affinité pour ces milieux, excessivement<br />
enrichis en matière organique <strong>de</strong> type<br />
azotée. Une fois installée, cette végétation<br />
peut perdurer <strong>de</strong>s décennies, alors que les<br />
troupeaux ne fréquentent plus le site (lire<br />
“Plantes utilisées par l’homme” p. 29).<br />
Orpin blanc<br />
feuilles charnues, qualifiées <strong>de</strong> succulentes,<br />
sont un lieu <strong>de</strong> stockage <strong>de</strong> l’eau et<br />
constituent l’une <strong>de</strong> ces adaptations à la<br />
sécheresse.<br />
Quelques espèces <strong>de</strong> petites fougères<br />
affectionnent également les substrats<br />
rocheux offerts par l’habitat humain. Leur<br />
installation dépend d’une combinaison <strong>de</strong><br />
facteurs écologiques (nature <strong>de</strong> la roche,<br />
exposition) et <strong>de</strong> la présence <strong>de</strong> fissures où<br />
elles trouvent un terrain d’ancrage favorable<br />
au lacis <strong>de</strong> leurs racines. Une <strong>de</strong>s plus<br />
communes est le capillaire rouge dont les<br />
feuilles sont simplement ovales. Les<br />
doradilles noire et rue-<strong>de</strong>s-murailles ont <strong>de</strong>s<br />
Virginie Bourgoin<br />
PNV - Jacques Perrier<br />
Ortie dioïque<br />
PNV - Alfred Moulin<br />
Doradille noire<br />
Rhubarbe <strong>de</strong>s moines<br />
48 - Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie
PNV - Christophe Gotti<br />
Faune<br />
Sans être toujours la plus remarquable, la<br />
faune <strong>de</strong> ces milieux n’en est pas moins fort<br />
intéressante, et certaines espèces sont même<br />
menacées.<br />
Tout comme les plantes, beaucoup <strong>de</strong> petits<br />
animaux se sont rapprochés <strong>de</strong>s habitations<br />
humaines jusqu’à, pour certains d’entre<br />
eux, <strong>de</strong>venir complètement attachés à ce<br />
milieu. Ils trouvent la nourriture et les<br />
abris nécessaires pour se réfugier et élever<br />
les jeunes.<br />
Moineau domestique<br />
Christine Garin<br />
Hiron<strong>de</strong>lle <strong>de</strong> fenêtre<br />
faça<strong>de</strong> <strong>de</strong>s maisons. Pour cela elle choisit<br />
l’angle entre le mur et l’avancée <strong>de</strong> la toiture.<br />
Plus ubiquiste*, elle occupe aussi les <strong>de</strong>ssous<br />
<strong>de</strong>s ponts et les falaises.<br />
Présent <strong>de</strong>puis le niveau <strong>de</strong> la mer jusqu’à<br />
l’étage nival, le rougequeue noir est nicheur<br />
en Vanoise jusque vers 3 000 m d’altitu<strong>de</strong>.<br />
Typique <strong>de</strong>s zones rocheuses à végétation<br />
rase, cet oiseau est <strong>de</strong>venu l’une <strong>de</strong>s espèces<br />
les plus caractéristiques <strong>de</strong>s zones<br />
d’habitations. Il niche à l’abri <strong>de</strong>s toits<br />
pouvant, le cas échéant, utiliser d’anciens<br />
nids d’hiron<strong>de</strong>lles.<br />
Fiche-milieu n°1<br />
Fiche-milieu n°1<br />
Avec une répartition quasi mondiale, le<br />
moineau domestique est l’exemple typique<br />
<strong>de</strong> ce phénomène. Il est présent partout où<br />
l’homme s’installe, et affectionne particulièrement<br />
les vieilles maisons entourées <strong>de</strong><br />
jardins, <strong>de</strong> cultures et <strong>de</strong> prairies.<br />
Parmi les mammifères anthropophiles, la<br />
fouine fréquente les alentours <strong>de</strong>s villages et<br />
<strong>de</strong>s hameaux. C’est un animal omnivore qui<br />
chasse les petits mammifères et les oiseaux,<br />
et se nourrit principalement <strong>de</strong> fruits en été<br />
et en automne.<br />
Occupant jadis l’intérieur <strong>de</strong> nos grottes<br />
préhistoriques, l’hiron<strong>de</strong>lle <strong>de</strong> cheminée<br />
continue à nous accompagner, installant son<br />
nid uniquement à l’intérieur <strong>de</strong>s bâtiments.<br />
Son alimentation, composée d’insectes, est<br />
l’une <strong>de</strong>s raisons qui explique sa préférence<br />
pour les bâtiments liés à l’élevage. Plus<br />
petite, et présentant un plumage moins<br />
coloré, sa cousine l’hiron<strong>de</strong>lle <strong>de</strong> fenêtre<br />
maçonne son nid en forme <strong>de</strong> coupe, sur la<br />
PNV - Christian Balais<br />
PNV - Alexandre Garnier<br />
Bruant jaune (capturé pour la pose d’une bague<br />
d’i<strong>de</strong>ntification)<br />
À la recherche d’arbres pour se percher ou<br />
pour faire leur nid le bruant jaune, le<br />
chardonneret élégant et le serin cini, ani-<br />
Chardonneret élégant<br />
Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie - 49
Fiche-milieu n°1<br />
Fiche-milieu n°1<br />
ment à la belle saison les bosquets et vergers<br />
aux abords <strong>de</strong>s villages. Le verger forme<br />
aussi un milieu très accueillant pour le gobemouche<br />
gris, qui trouve dans les arbres<br />
fruitiers les cavités qu’il recherche pour nicher.<br />
Ce petit passereau originaire d’Afrique,<br />
arrive tardivement dans nos vallées <strong>de</strong><br />
montagne. Très discret, le gobemouche noir<br />
serait à rechercher sur la commune où il<br />
n’est pas encore connu.<br />
Egalement très dépendantes <strong>de</strong> la présence<br />
<strong>de</strong> cavités et <strong>de</strong> fissures dans les arbres ou les<br />
bâtiments pour hiberner ou pour élever les<br />
jeunes, les chauves-souris trouvent dans les<br />
habitations et leurs abords <strong>de</strong> nombreux<br />
refuges. Leur petite taille, leur mo<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
communication inaudible et leurs mœurs<br />
nocturnes, ren<strong>de</strong>nt difficile la connaissance<br />
<strong>de</strong> ces mammifères.<br />
Des papillons tels que la petite tortue, la<br />
piéri<strong>de</strong> <strong>de</strong> la rave et la belle dame profitent<br />
<strong>de</strong>s ressources, fleurs et fruits, qu’offrent<br />
encore les jardins en automne à une pério<strong>de</strong><br />
où les prairies fauchées ne peuvent assurer<br />
leur subsistance. Grand papillon <strong>de</strong> teinte<br />
orange et noire sur le <strong>de</strong>ssus, la belle dame<br />
fait partie <strong>de</strong>s quelques papillons migrateurs<br />
connus aujourd’hui. Les vols d’automne sont<br />
les plus visibles, les individus se déplacent<br />
alors jusqu’au bassin méditerranéen, parfois<br />
jusqu’en Afrique du nord.<br />
Équilibre entre l’homme<br />
et son milieu<br />
Usages, intérêts économiques<br />
et représentations<br />
Le village, lieu <strong>de</strong> vie pour les hommes, fait<br />
aussi l’objet d’une cohabitation directe avec<br />
certaines espèces animales et végétales<br />
anthropophiles. La nature se mêle aux<br />
constructions humaines et l’ambiance <strong>de</strong>s<br />
villages ne serait plus la même si elle venait<br />
à disparaître.<br />
Les vergers sont les témoins d’une économie<br />
traditionnelle en Tarentaise, déjà signalée aux<br />
XVIII e et XIX e siècles, notamment dans la<br />
commune voisine <strong>de</strong>s Allues. De nombreuses<br />
variétés avaient été plantées comme la calville<br />
et la reinette, et leurs consommations revêtaient<br />
<strong>de</strong>s formes tout aussi multiples. Des<br />
pommes étaient ainsi amenées au broyeur <strong>de</strong><br />
Saint-Bon le Bas pour faire le cidre.<br />
PNV - Alexandre Garnier<br />
Hameau “le Freney”<br />
50 - Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie
Intérêts biologique<br />
et patrimonial du milieu<br />
Les groupements bâtis traditionnels<br />
présentent un intérêt architectural fort. La<br />
commune compte d’ailleurs quelques<br />
bâtiments remarquables à ce titre : l’église<br />
<strong>de</strong> Saint-Bon (XVII e siècle), avec ses<br />
surprenants retables baroques, est inscrite<br />
au titre <strong>de</strong>s monuments historiques <strong>de</strong>puis<br />
1972. Côtoyant ce bâti ancien, Courchevel<br />
1850 fut pendant <strong>de</strong> longues années l’un<br />
<strong>de</strong>s modèles <strong>de</strong> station dans le mon<strong>de</strong>.<br />
À l’initiative <strong>de</strong> la direction régionale<br />
<strong>de</strong>s affaires culturelles Rhône-Alpes, un<br />
inventaire général du bâti <strong>de</strong> cette station a<br />
été réalisé en 1996. Les principes <strong>de</strong> composition<br />
et d’évolution <strong>de</strong> l’urbanisme, ainsi<br />
que les différentes typologies architecturales<br />
les plus remarquables, ont été mis en<br />
évi<strong>de</strong>nce. La protection <strong>de</strong> ce patrimoine du<br />
XX e siècle a fait l’objet <strong>de</strong> différentes actions<br />
et réflexions.<br />
Les éléments construits peuvent aussi jouer<br />
un rôle important pour la faune et la flore.<br />
Ce milieu abrite <strong>de</strong>s espèces qui ont<br />
accompagné les établissements humains<br />
jusqu’à l’apparition <strong>de</strong> l’architecture mo<strong>de</strong>rne<br />
(lézard <strong>de</strong>s murailles, chauves-souris, etc.).<br />
Certaines espèces telles que le martinet noir<br />
et l’hiron<strong>de</strong>lle <strong>de</strong> cheminée, grands<br />
consommateurs <strong>de</strong> mouches et moustiques,<br />
PNV - Ludovic Imberdis<br />
Chapelle du hameau du Fay<br />
sont particulièrement liées à l’environnement<br />
humain, au moins pour une phase<br />
<strong>de</strong> leur développement, lorsque certaines<br />
conditions sont réunies : présence d’espaces<br />
verts (jardins, haies, etc.), constructions à<br />
surfaces riches en anfractuosités. Contrairement<br />
aux constructions mo<strong>de</strong>rnes aux<br />
surfaces lisses et uniformes, l’habitat en<br />
pierres présente <strong>de</strong>s anfractuosités, <strong>de</strong>s<br />
PNV - Christian Balais<br />
Fiche-milieu n°1<br />
Fiche-milieu n°1<br />
Verger en fleurs<br />
Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie - 51
Fiche-milieu n°1<br />
Fiche-milieu n°1<br />
irrégularités qui offrent à la faune (petits<br />
mammifères, oiseaux, reptiles) un refuge<br />
pour se protéger <strong>de</strong> la prédation, pour se<br />
reproduire et un support pour l’enracinement<br />
<strong>de</strong> plantes telles que les doradilles<br />
noire et rue-<strong>de</strong>-muraille.<br />
Au sein <strong>de</strong> la faune, les chauves-souris et<br />
certaines espèces d’oiseaux en particulier<br />
confèrent à ce bâti en pierres une valeur<br />
biologique importante. L’habitat traditionnel<br />
constitue en effet un lieu <strong>de</strong> vie privilégié<br />
pour ces espèces à la fois rares et sensibles.<br />
Les vergers traditionnels, <strong>de</strong> type haute tige,<br />
présentent plusieurs intérêts. Ils remplissent<br />
un rôle d’accueil et d’embellissement <strong>de</strong>s<br />
abords <strong>de</strong> villages. Au niveau écologique, ils<br />
forment <strong>de</strong>s éléments <strong>de</strong> liaison entre les<br />
boisements et les prairies. Les arbres fruitiers<br />
sont une source <strong>de</strong> nourriture et d’abris<br />
pour les insectes, les oiseaux et les chauvessouris.<br />
Issue d’une arboriculture fruitière<br />
ancienne, <strong>de</strong> nombreuses variétés <strong>de</strong> pommiers<br />
et <strong>de</strong> poiriers ont été plantées sur la<br />
commune. Certaines <strong>de</strong> ces variétés sont<br />
encore présentes, comme la “poire à livre”<br />
ou “poire <strong>de</strong> livre” au hameau du Grand<br />
Carrey. Cette variété doit son nom à la taille<br />
importante <strong>de</strong>s fruits. Ces poires étaient<br />
traditionnellement cueillies en novembre.<br />
Elles étaient le plus souvent consommées<br />
avant leur mûrissement, <strong>de</strong> janvier à mai.<br />
Elles étaient alors cuites dans le vin rouge, le<br />
cidre ou dans les soupes, ou bien cuisinées et<br />
mangées avec du sucre.<br />
Évolution et transformation du milieu<br />
En Vanoise comme ailleurs, l’évolution <strong>de</strong><br />
l’économie et <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> vie a entraîné<br />
une nouvelle façon <strong>de</strong> construire. Celle-ci se<br />
traduit par l’abandon <strong>de</strong>s centres anciens et<br />
<strong>de</strong> certains chalets d’alpage et hameaux <strong>de</strong><br />
gran<strong>de</strong> qualité architecturale, au profit <strong>de</strong><br />
constructions excentrées. Cet abandon est<br />
aussi lié au problème d’indivision lors <strong>de</strong><br />
successions qui concernent un grand<br />
nombre d’héritiers pour un bien unique.<br />
Toutefois ce problème a tendance à<br />
s’estomper.<br />
De plus, l’avènement du tourisme a fait<br />
fleurir <strong>de</strong>s bâtiments très volumineux dont<br />
l’architecture est radicalement différente,<br />
voire étrangère au style traditionnel <strong>de</strong>s<br />
vallées <strong>de</strong> Vanoise. Certaines granges sont<br />
aussi réaménagées en appartements. À<br />
PNV - Ludovic Imberdis<br />
Chef-lieu avec son église inscrite au titre <strong>de</strong>s monuments historiques<br />
52 - Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie
Saint-Bon Courchevel, ces bâtiments <strong>de</strong> type<br />
collectif se concentrent essentiellement dans<br />
les stations <strong>de</strong> ski.<br />
Des granges-écuries ont été transformées en<br />
maisons d’habitation à Saint-Bon le Bas et à<br />
la Cuerdy. Des bâtiments ont été restaurés,<br />
comme l’ancienne cave à fromage <strong>de</strong> la<br />
Gran<strong>de</strong> Val, ainsi que plusieurs chapelles<br />
rurales : au Fay, au Grenier, au Grand<br />
Carrey, au Praz, etc.<br />
La restauration du bâti ancien peut s’avérer<br />
très préjudiciable aux chauves-souris et aux<br />
oiseaux quand elle est réalisée sans tenir<br />
compte <strong>de</strong> l’écologie <strong>de</strong> ces espèces. Ainsi, la<br />
fermeture <strong>de</strong>s accès aux combles et le<br />
traitement chimique <strong>de</strong>s charpentes sont<br />
<strong>de</strong>ux causes courantes <strong>de</strong> régression <strong>de</strong><br />
certaines colonies <strong>de</strong> chauves-souris, comme<br />
le petit murin ou le petit rhinolophe.<br />
Le caractère original <strong>de</strong> certains groupements<br />
bâtis nécessite que soit portée une<br />
gran<strong>de</strong> attention à la restauration <strong>de</strong>s<br />
bâtiments et à l’insertion <strong>de</strong>s nouvelles<br />
constructions dans le paysage.<br />
La transformation <strong>de</strong> l’activité rurale du<br />
XX e siècle s’est soldée par l’abandon<br />
progressif <strong>de</strong>s vergers. Ne bénéficiant plus<br />
d’entretien, ni <strong>de</strong> régénération, ces vergers<br />
vieillissants sont <strong>de</strong>stinés à disparaître.<br />
Propositions <strong>de</strong> gestion<br />
Les petits éléments bâtis traditionnels<br />
méritent d’être conservés pour leur intérêt<br />
<strong>naturel</strong> et culturel. D’autre part, il existe <strong>de</strong>s<br />
recommandations techniques <strong>de</strong> restauration<br />
d’habitations pour favoriser l’occupation<br />
<strong>de</strong>s lieux par certaines espèces <strong>de</strong><br />
chauves-souris. Le <strong>Parc</strong> <strong>national</strong> <strong>de</strong> la<br />
Vanoise et le Centre Ornithologique Rhône-<br />
Alpes ont édité <strong>de</strong>s cahiers techniques (lire la<br />
bibliographie) qui indiquent les précautions<br />
à prendre dans cet objectif (traitements<br />
chimiques <strong>de</strong>s charpentes avec certaines<br />
substances non toxiques, création d’accès<br />
discrets à <strong>de</strong>s combles, etc).<br />
En 2006, une vingtaine d’espèces <strong>de</strong><br />
chauves-souris sont connues en Vanoise.<br />
Saint-Bon Courchevel fait partie <strong>de</strong>s<br />
communes qui mériteraient d’être<br />
prospectées pour détecter la présence <strong>de</strong><br />
chauves-souris, et préserver au mieux ces<br />
animaux menacés à l’échelle <strong>national</strong>e et<br />
européenne, tous protégés en France.<br />
PNV - Ludovic Imberdis<br />
Fiche-milieu n°1<br />
Fiche-milieu n°1<br />
Station <strong>de</strong> Courchevel 1550<br />
Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie - 53
Fiche-milieu n°2<br />
Fiche-milieu n°2<br />
Les cours d’eau, les lacs<br />
et les zones humi<strong>de</strong>s d’altitu<strong>de</strong><br />
PNV - Christophe Gotti<br />
Les lacs Merlet<br />
PNV - Christophe Gotti<br />
Le lac <strong>de</strong> la Rosière et son marais<br />
Cette fiche concerne l’ensemble <strong>de</strong>s lacs et<br />
du réseau hydrographique qui draine le<br />
territoire <strong>de</strong> Saint-Bon Courchevel. Il s’agit<br />
pour l’essentiel du ruisseau <strong>de</strong> la Rosière et<br />
<strong>de</strong> son affluent, les Gravelles, ainsi que <strong>de</strong>s<br />
berges boisées.<br />
La dynamique <strong>de</strong> la Rosière conditionne<br />
l’existence, le maintien et l’évolution <strong>de</strong>s<br />
entités écologiques qui lui sont associées.<br />
Lors <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> forts débits, le courant<br />
entraîne <strong>de</strong> violents phénomènes d’érosion.<br />
Les ruisseaux <strong>de</strong> la Rosière et <strong>de</strong>s Gravelles,<br />
dont les lits sont composés <strong>de</strong> gypses et<br />
<strong>de</strong> cargneules*, <strong>de</strong>ux roches sensibles à<br />
l’érosion par l’eau, sont d’autant plus<br />
soumis à ce phénomène.<br />
De même le ruisseau <strong>de</strong> Pralong, collectant<br />
les eaux provenant <strong>de</strong> la zone <strong>de</strong> l’altiport,<br />
54 - Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie
est susceptible <strong>de</strong> connaître <strong>de</strong>s crues<br />
importantes.<br />
Aux endroits où le courant s’atténue, dans<br />
les zones <strong>de</strong> replats, <strong>de</strong>s alluvions moins<br />
grossières se déposent dans le lit ou sur les<br />
bords du cours d’eau.<br />
Le long du cours d’eau apparaît une végétation<br />
arbustive <strong>de</strong> saules, d’aulnes blancs et<br />
<strong>de</strong> bouleaux, adaptée aux conditions <strong>de</strong> sol<br />
fréquemment détrempé et capable <strong>de</strong> résister<br />
aux fortes perturbations mécaniques. Elle<br />
permet la stabilisation <strong>de</strong>s berges et la<br />
formation d’un premier humus où viendront<br />
s’implanter d’autres essences, comme les<br />
conifères et le bouleau. Ce cordon boisé<br />
longeant la rivière est appelé ripisylve*.<br />
La strate herbacée y est bien développée<br />
avec le populage <strong>de</strong>s marais et les pétasites.<br />
Les lacs <strong>naturel</strong>s d’altitu<strong>de</strong> doivent le plus<br />
souvent leur origine à <strong>de</strong>s dépressions<br />
creusées par <strong>de</strong>s glaciers, ainsi qu’aux<br />
dépôts morainiques engendrés par leur<br />
retrait. Ces retenues d’eau <strong>naturel</strong>les s’échelonnent<br />
entre 2 100 et 2 600 m d’altitu<strong>de</strong>.<br />
Certains d’entre eux, comme le lac Blanc, se<br />
caractérisent par la présence <strong>de</strong> quelques<br />
plantes aquatiques (rubaniers). Les autres<br />
ne sont pas végétalisés, comme le Lac Merlet<br />
supérieur, classé dans la catégorie <strong>de</strong>s lacs<br />
froids.<br />
Là où existent <strong>de</strong>s rivages peu profonds, une<br />
végétation <strong>de</strong>nse <strong>de</strong> bord <strong>de</strong>s eaux s’installe,<br />
principalement <strong>de</strong>s cypéracées. De la<br />
linaigrette se développe ainsi sur les berges<br />
du lac du Rateau.<br />
Les autres lacs, en particulier les retenues<br />
artificielles, ne sont généralement pas<br />
favorables à l’apparition d’une végétation<br />
lacustre. Le lac <strong>de</strong>s Verdons, le plan du Vah,<br />
le lac du Praz et le lac <strong>de</strong> la Rosière sont<br />
dans cette catégorie. Ce <strong>de</strong>rnier, localisé à<br />
Fiche-milieu n°2<br />
Fiche-milieu n°2<br />
Les cours d’eau, les lacs et les zones humi<strong>de</strong>s d’altitu<strong>de</strong><br />
Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie - 55
Fiche-milieu n°2<br />
Fiche-milieu n°2<br />
PNV - Ludovic Imberdis<br />
Ruisseau <strong>de</strong> la Rosière<br />
1 530 m d’altitu<strong>de</strong> forme une retenue artificielle<br />
<strong>de</strong>puis la création <strong>de</strong> l’usine hydroélectrique<br />
<strong>de</strong> Bozel. Cependant son histoire<br />
est celle d’un lac <strong>naturel</strong> d’origine glaciaire<br />
qui s’est <strong>naturel</strong>lement transformé<br />
en marais, avant d’être submergé par la<br />
retenue.<br />
Les zones humi<strong>de</strong>s d’altitu<strong>de</strong> se caractérisent<br />
par <strong>de</strong>s sols au moins saisonnièrement<br />
détrempés. Ces zones humi<strong>de</strong>s regroupent à<br />
la fois <strong>de</strong>s zones <strong>de</strong> suintement, <strong>de</strong>s zones<br />
humi<strong>de</strong>s <strong>de</strong> pente et <strong>de</strong>s marais.<br />
Les suintements se situent généralement aux<br />
abords <strong>de</strong>s sources et <strong>de</strong>s ruisseaux. Leur<br />
végétation est dominée par les mousses,<br />
qu’une strate herbacée basse vient compléter<br />
et colorer ponctuellement. Les sources <strong>de</strong>s<br />
Poux dans le vallon <strong>de</strong> la Rosière, en amont<br />
du lac, sont parmi les plus belles <strong>de</strong> la<br />
commune.<br />
Les marais sont <strong>de</strong>s zones alimentées par <strong>de</strong>s<br />
eaux plus ou moins minéralisées après avoir<br />
circulé dans le sol. Ces milieux, pauvres en<br />
graminées, se signalent par l’abondance <strong>de</strong><br />
cypéracées (tels que les laîches) <strong>de</strong> petite<br />
taille.<br />
À Saint-Bon Courchevel, on rencontre <strong>de</strong>ux<br />
types <strong>de</strong> marais répartis sur le territoire <strong>de</strong> la<br />
commune :<br />
- les marais aci<strong>de</strong>s, les plus fréquents à<br />
Saint-Bon Courchevel et les moins diversifiés<br />
floristiquement, se caractérisent par<br />
un tapis <strong>de</strong>nse <strong>de</strong> plantes liées à <strong>de</strong>s<br />
substrats pauvres en calcaire (telles que la<br />
laîche brune). On les trouve par exemple<br />
autour du lac du Rateau ;<br />
- les marais alcalins, alimentés par <strong>de</strong>s eaux<br />
calcaires, sont caractérisés par la laîche <strong>de</strong><br />
Davall. Un tel marais se développe au sud<br />
du lac <strong>de</strong> la Rosière. En effet l’envasement<br />
<strong>naturel</strong> du lac du barrage <strong>de</strong> la Rosière<br />
redonne au site sa configuration originelle<br />
<strong>de</strong> zone humi<strong>de</strong>, plus particulièrement<br />
dans sa partie sud. Son nom, qui signifie<br />
roselière, un ensemble <strong>de</strong> roseaux, nous<br />
rappelle l’origine <strong>de</strong> ce site. Un marais<br />
alcalin est également présent au nord du<br />
lac du Pêtre, à proximité <strong>de</strong> la source du<br />
ruisseau <strong>de</strong>s Avals, aujourd’hui transformée<br />
en zone <strong>de</strong> captage.<br />
Parmi les marais alcalins, on distingue un<br />
type <strong>de</strong> zone humi<strong>de</strong> particulièrement<br />
intéressant du point <strong>de</strong> vue floristique. Il<br />
s’agit <strong>de</strong> marais sur sol neutre à alcalin,<br />
colonisant les alluvions sablonneuses <strong>de</strong>s<br />
torrents d’altitu<strong>de</strong> pauvres en matière<br />
organique. Ce type <strong>de</strong> milieu doit son<br />
existence aux facteurs mécaniques <strong>de</strong><br />
rajeunissement (micro-glissements <strong>de</strong><br />
terrain, ruissellement, érosion et apports<br />
d’alluvions, phénomène <strong>de</strong> gel/dégel) et ne<br />
supporte pas les températures trop élevées.<br />
Sur ces marais se développent <strong>de</strong>s<br />
groupements végétaux pionniers <strong>de</strong>s bords<br />
<strong>de</strong> torrents alpins appelés Caricion bicoloriatrofuscae.<br />
Ce nom s’inspire <strong>de</strong> celui <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>ux <strong>de</strong>s huit espèces végétales carac-<br />
56 - Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie
téristiques qui permettent d’i<strong>de</strong>ntifier ce<br />
marais : la laîche bicolore et la laîche rouge<br />
noirâtre. Ce type <strong>de</strong> marais, rare à Saint-Bon<br />
Courchevel, existe vers les lacs Merlet, à la<br />
faveur d’un petit ruissellement reliant les<br />
<strong>de</strong>ux lacs.<br />
Flore<br />
Le fort courant <strong>de</strong>s torrents n’autorise pas<br />
le développement d’une végétation proprement<br />
aquatique. En revanche, les bords <strong>de</strong><br />
ruisseaux sont très riches en mousses <strong>de</strong><br />
différents genres : Aulacomnium, Cratoneurum<br />
et Calliergonella. Comme toutes les<br />
zones humi<strong>de</strong>s, ils accueillent une flore<br />
spécifique et variable selon le <strong>de</strong>gré<br />
d’humidité et la nature du sol.<br />
La ripisylve* abrite différentes espèces<br />
d’arbres pionniers, telles que le bouleau<br />
blanc, le saule noircissant aux feuilles<br />
<strong>de</strong>venant noires à la <strong>de</strong>ssiccation et le saule<br />
faux daphné, typique <strong>de</strong> ces zones<br />
buissonnantes alluviales dont les rameaux<br />
sont recouverts d’une fine pruine bleuâtre.<br />
Le long <strong>de</strong> cette ripisylve* se forment <strong>de</strong><br />
petites zones humi<strong>de</strong>s où se développe la<br />
gran<strong>de</strong> prêle. Cette plante présente <strong>de</strong>ux<br />
types <strong>de</strong> tige : <strong>de</strong>s tiges fertiles, brunâtres et<br />
dépourvues <strong>de</strong> ramification, et <strong>de</strong>s tiges<br />
stériles garnies d’une ramification verte et<br />
dont la forme a donné à la plante le surnom<br />
<strong>de</strong> queue <strong>de</strong> renard.<br />
Parmi la strate herbacée, se trouve la pyrole<br />
à feuilles ron<strong>de</strong>s, une plante aux feuilles<br />
brillantes, disposées en rosette basale. Assez<br />
commune dans les fourrés d’arbustes, sur<br />
sols frais à humi<strong>de</strong>s, elle porte <strong>de</strong><br />
nombreuses fleurs blanches en clochettes<br />
penchées, qui laissent dépasser le style.<br />
La laîche bicolore fait partie <strong>de</strong>s huit espèces<br />
caractéristiques qui, isolées ou associées les<br />
unes aux autres, permettent d’i<strong>de</strong>ntifier les<br />
groupements pionniers <strong>de</strong> bord <strong>de</strong> torrent.<br />
Cette plante est dite arctico-alpine*, c’est-àdire<br />
présente à la fois dans les régions<br />
arctiques ou subarctiques et dans la chaîne<br />
alpine. Elle est protégée et rare en France.<br />
PNV - Jacques Perrier<br />
Fiche-milieu n°2<br />
Fiche-milieu n°2<br />
Bouleau blanc<br />
Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie - 57
Fiche-milieu n°2<br />
PNV - Christian Balais<br />
PNV - Patrick Folliet<br />
Laîche bicolore<br />
Grassette commune<br />
“Tête courbée”, se redressant à maturité, la<br />
benoîte <strong>de</strong>s ruisseaux, recherche aussi la<br />
fraîcheur <strong>de</strong>s bords <strong>de</strong> ruisseaux.<br />
Quelques rares espèces <strong>de</strong> plantes à fleurs<br />
parviennent à se développer dans certains<br />
lacs. C’est le cas du rubanier à feuilles<br />
étroites, dans le lac Blanc, dont le développement<br />
<strong>de</strong>s feuilles, jusqu’à 1 m <strong>de</strong> long,<br />
donne au milieu aquatique une dimension<br />
végétale étonnante et peu commune.<br />
PNV - Christian Balais<br />
Épipactis <strong>de</strong>s marais<br />
PNV - Philippe Benoît<br />
Benoîte <strong>de</strong>s ruisseaux<br />
Les plantes <strong>de</strong>s zones humi<strong>de</strong>s doivent<br />
s’adapter à <strong>de</strong>s conditions difficiles : sol<br />
asphyxiant et, parfois, pauvreté minérale.<br />
Beaucoup plus fréquente, la saxifrage faux<br />
aïzoon, plante-hôte d’un papillon appelé<br />
petit apollon, croît typiquement près <strong>de</strong>s<br />
sources, sur les rochers où suinte l’eau<br />
d’infiltration. La swertie vivace à corolle<br />
violet livi<strong>de</strong> veiné <strong>de</strong> violet foncé, pousse<br />
dans les marais alcalins (lire la fiche-espèce<br />
n°5). La tofieldie boréale ou tofieldie naine<br />
se plaît dans les milieux humi<strong>de</strong>s tourbeux,<br />
jusqu’à 2 500 m d’altitu<strong>de</strong>. Elle y dresse du<br />
haut <strong>de</strong> sa petite tige, <strong>de</strong>s “boules” <strong>de</strong> fleurs<br />
jaune pâle. En France elle est connue en<br />
Vanoise. La grassette commune est une<br />
plante extrêmement adaptée. Ses feuilles,<br />
transformées en pièges à animaux microscopiques,<br />
lui permettent d’ingérer la matière<br />
azotée difficilement accessible dans le sol.<br />
L’épipactis <strong>de</strong>s marais en pleine floraison<br />
déploie son label <strong>de</strong> <strong>de</strong>ntelle blanche.<br />
Comme toutes les orchidées, la fleur se<br />
compose d’une panoplie d’ingéniosités<br />
élaborée pour attirer l’insecte pollinisateur,<br />
facteur indispensable à sa reproduction<br />
sexuée. Ainsi l’insecte voit <strong>de</strong>rrière ce beau<br />
label en <strong>de</strong>ntelle une bonne piste d’atter-<br />
58 - Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie
PNV - Ludovic Imberdis<br />
rissage. Préférant les milieux humi<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />
plaine, l’épipactis <strong>de</strong>s marais est plus rare en<br />
montagne. Sur Saint-Bon Courchevel, un<br />
seul site est connu. La régression <strong>de</strong> cette<br />
espèce est liée à la diminution <strong>de</strong> ses<br />
habitats*, les milieux humi<strong>de</strong>s.<br />
Faune<br />
Linaigrette <strong>de</strong> Scheuchzer au Plan du Pêtre<br />
Typique <strong>de</strong>s eaux courantes, le cincle<br />
plongeur est le seul passereau à s’immerger<br />
totalement dans les torrents pour prélever<br />
les larves d’insectes (comme les éphémères et<br />
les plecoptères*) dont il se nourrit. Il se sert<br />
<strong>de</strong> ses ailes et du courant pour se plaquer au<br />
fond <strong>de</strong> l’eau. La bergeronnette <strong>de</strong>s<br />
ruisseaux est étroitement inféodée aux cours<br />
d’eau bordés <strong>de</strong> berges nues. En hiver, le gel<br />
et l’enneigement <strong>de</strong>s ruisseaux d’altitu<strong>de</strong> la<br />
chassent vers <strong>de</strong>s cours d’eau <strong>de</strong> vallée. C’est<br />
une migratrice altitudinale.<br />
Moins inféodés à l’eau, mais attirés par la<br />
présence d’une végétation riveraine buissonnante,<br />
plusieurs petits passereaux se sont<br />
rapprochés <strong>de</strong>s cours d’eau. Il s’agit <strong>de</strong> la<br />
rousserolle ver<strong>de</strong>rolle, du troglodyte mignon<br />
ou du pouillot véloce.<br />
Poisson <strong>de</strong>s eaux courantes fraîches et bien<br />
oxygénées, la truite fario ou truite <strong>de</strong> rivière<br />
est l’un <strong>de</strong>s poissons les plus répandus <strong>de</strong>s<br />
torrents <strong>de</strong> Savoie. Cette espèce est très<br />
exigeante vis-à-vis <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> son<br />
habitat*. Ce <strong>de</strong>rnier doit contenir <strong>de</strong>s zones<br />
<strong>de</strong> frai, <strong>de</strong>s zones <strong>de</strong> chasse et <strong>de</strong>s zones <strong>de</strong><br />
repos. Aujourd’hui elle ne parvient plus à se<br />
reproduire dans la plupart <strong>de</strong>s cours d’eau<br />
qu’elle occupe. Elle s’y maintient grâce aux<br />
alevinages annuels.<br />
Dans les lacs, plusieurs espèces ont été<br />
introduites comme le cristivomer ou omble<br />
du Canada (lire la fiche-espèce n°11) et la<br />
truite arc-en-ciel. Le maintien <strong>de</strong> ces espèces<br />
dans ces milieux est aussi soutenu par <strong>de</strong><br />
l’alevinage.<br />
Fiche-milieu n°2<br />
PNV - Jacques Perrier<br />
Triton alpestre<br />
PNV - Maurice Mollard<br />
Cincle plongeur<br />
Le triton alpestre, qui fréquente les points<br />
d’eau <strong>de</strong> plaine uniquement pendant la<br />
pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> reproduction, peut <strong>de</strong>meurer<br />
aquatique toute l’année en altitu<strong>de</strong>. Espèce<br />
protégée et vulnérable en France, cet<br />
Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie - 59
Fiche-milieu n°2<br />
PNV - Philippe Benoît<br />
PNV - Ludovic Imberdis<br />
Petit apollon<br />
amphibien occupe les points d’eau stagnante<br />
liés au ruisseau <strong>de</strong> la Rosière.<br />
Certains groupes d’insectes comme les<br />
plécoptères*, dont les larves vivent au fond<br />
<strong>de</strong>s torrents, sont <strong>de</strong> bons indicateurs <strong>de</strong> la<br />
qualité <strong>de</strong>s cours d’eaux. Leur disparition<br />
signalerait une dégradation <strong>de</strong> la qualité du<br />
milieu.<br />
Le petit apollon longe les bords <strong>de</strong> ruisseaux<br />
où pousse la saxifrage faux aïzoon, la plante<br />
nourricière <strong>de</strong> sa chenille. Ce papillon <strong>de</strong><br />
montagne se distingue par le contraste <strong>de</strong> ses<br />
gros points rouges sur un fond d’écailles<br />
blanchâtres.<br />
Grenouille rousse<br />
Du fait <strong>de</strong>s conditions écologiques particulières<br />
régnant en altitu<strong>de</strong>, la faune <strong>de</strong>s<br />
zones humi<strong>de</strong>s y est plus pauvre que dans<br />
d’autres zones marécageuses. La grenouille<br />
rousse est l’amphibien le plus commun <strong>de</strong><br />
ces milieux. C’est un amphibien essentiellement<br />
terrestre qui gagne l’eau lors <strong>de</strong> la<br />
pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> reproduction et éventuellement<br />
pour hiberner. C’est l’une <strong>de</strong>s trois espèces<br />
d’amphibiens les plus répandues en Savoie,<br />
PNV - Ludovic Imberdis<br />
avec le crapaud commun et la salamandre<br />
tachetée.<br />
Le lézard vivipare se déplace essentiellement<br />
au sol, à travers la végétation <strong>de</strong>s milieux<br />
humi<strong>de</strong>s. Il est, <strong>de</strong> ce fait, difficile à détecter.<br />
À l’instar <strong>de</strong> la grenouille rousse, ce petit<br />
reptile peut atteindre dans les Alpes <strong>de</strong>s<br />
records d’altitu<strong>de</strong> avoisinant les 3 000 m.<br />
L’aeschne <strong>de</strong>s joncs est une gran<strong>de</strong> libellule à<br />
l’abdomen bleu-vert rayé <strong>de</strong> noir également<br />
très commune dans ces milieux (lire la ficheespèce<br />
n°10).<br />
Équilibre entre l’homme<br />
et son milieu<br />
Lézard vivipare<br />
Usages, intérêts économiques<br />
et représentations<br />
D’un point <strong>de</strong> vue pastoral, les cours d’eau<br />
et les lacs d’altitu<strong>de</strong> présentent un intérêt<br />
non négligeable pour l’alimentation en eau<br />
du bétail. L’eau est soit dérivée pour remplir<br />
<strong>de</strong>s abreuvoirs, soit directement accessible<br />
aux bêtes. En cas <strong>de</strong> stationnement prolongé,<br />
les impacts occasionnés sur la<br />
végétation <strong>de</strong>s berges peuvent être conséquents<br />
et les risques d’eutrophisation <strong>de</strong>s<br />
plans d’eau sont réels.<br />
Les torrents et sources sont localement<br />
utilisés pour l’alimentation en eau <strong>de</strong>s<br />
refuges et <strong>de</strong>s chalets d’alpage.<br />
Parmi les usages actuels <strong>de</strong>s milieux<br />
aquatiques, on peut citer le prélèvement<br />
60 - Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie
pour l’alimentation en eau potable, la pêche<br />
(à la truite notamment) et la production<br />
d’énergie hydraulique.<br />
Pour développer la pêche, <strong>de</strong>s empoissonnements<br />
sont réalisés. Les poissons<br />
présents dans les lacs du Pêtre, du Rateau et<br />
dans les lacs Merlet proviennent d’alevinages.<br />
La truite arc-en-ciel, le cristivomer, le<br />
saumon <strong>de</strong> fontaine et l’omble chevalier ont<br />
ainsi été introduits. Le lac <strong>de</strong> la Rosière<br />
reçoit <strong>de</strong>s alevins <strong>de</strong> truite commune et <strong>de</strong><br />
truite arc-en-ciel.<br />
Bien que situé en <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> 1 300 m<br />
d’altitu<strong>de</strong>, le lac du Praz peut atteindre <strong>de</strong>s<br />
températures suffisamment basses en hiver<br />
pour geler. Ce lac était exploité au début du<br />
XX e pour alimenter en glace les restaurants<br />
et hôtels <strong>de</strong> la vallée <strong>de</strong> Bozel.<br />
Parmi les usages <strong>de</strong> l’eau, celui lié au<br />
fonctionnement <strong>de</strong>s stations <strong>de</strong> ski est le plus<br />
important. De nombreux points <strong>de</strong> captages<br />
ponctuent ainsi la commune, et servent à<br />
l’approvisionnement en eau <strong>de</strong>s habitants et<br />
à la production <strong>de</strong> neige <strong>de</strong> culture. La commune<br />
compte en 2005 plus <strong>de</strong> 560 canons à<br />
neige.<br />
Les retenues collinaires constituent <strong>de</strong>s<br />
réservoirs artificiels d’eau permettant<br />
d’alimenter les canons à neige. Elles sont<br />
souvent créées pour répondre aux besoins<br />
PNV - Alexandre Garnier<br />
PNV - Christophe Gotti<br />
Fiche-milieu n°2<br />
Canons à neige. Courchevel 1850<br />
Pêche au lac du Praz<br />
Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie - 61
Fiche-milieu n°2<br />
Un nouveau projet <strong>de</strong> retenue collinaire<br />
est programmé en 2006. D’une capacité<br />
<strong>de</strong> 130 000 m 3 , celle-ci doublera la quantité<br />
d’eau disponible pour l’alimen-tation <strong>de</strong>s<br />
canons à neige <strong>de</strong> la vallée <strong>de</strong> Courchevel.<br />
Situé sur le secteur <strong>de</strong> l’Ariondaz (domaine<br />
skiable <strong>de</strong> 1650), ce lac artificiel sera<br />
alimenté principalement par prélè-vement<br />
sur le ruisseau <strong>de</strong> la Rosière.<br />
Les zones humi<strong>de</strong>s sont généralement<br />
incluses dans les alpages fréquentés par les<br />
troupeaux domestiques. Essentiellement<br />
formée <strong>de</strong> laîches et <strong>de</strong> joncs, leur végétation,<br />
peu <strong>de</strong>nse, présente une faible valeur<br />
pastorale.<br />
PNV - Christophe Gotti<br />
Pêche au lac Merlet inférieur<br />
en neige <strong>de</strong> culture <strong>de</strong>s stations <strong>de</strong> ski.<br />
Dominant la station <strong>de</strong> Courchevel 1850, le<br />
lac <strong>de</strong>s Verdons est une retenue créée pour<br />
recevoir les eaux du ruisseau <strong>de</strong>s Verdons.<br />
Intérêts biologique<br />
et patrimonial du milieu<br />
Les milieux humi<strong>de</strong>s et aquatiques sont <strong>de</strong>s<br />
milieux intéressants sur le plan biologique et<br />
forment une ressource indispensable pour<br />
l’homme. Ils s’inscrivent aussi comme un<br />
élément majeur du paysage.<br />
Les lacs et torrents constituent un <strong>de</strong>s<br />
principaux buts <strong>de</strong> randonnée pour les<br />
touristes (vallon <strong>de</strong> la Rosière, lacs Merlet,<br />
etc.).<br />
PNV - Christophe Gotti<br />
Randonneurs se dirigeant vers le lac Merlet inférieur<br />
62 - Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie
Les zones humi<strong>de</strong>s participent à la<br />
régulation <strong>de</strong>s écoulements d’eau sur les<br />
versants.<br />
L’ensemble <strong>de</strong>s zones humi<strong>de</strong>s est riche en<br />
espèces rares et spécifiques, la plupart sont<br />
vulnérables vis-à-vis <strong>de</strong>s modifications du<br />
milieu engendrées par les activités humaines.<br />
Les milieux écologiquement contraignants,<br />
tels que les zones humi<strong>de</strong>s et les falaises,<br />
possè<strong>de</strong>nt une flore et une faune très particulières,<br />
qui leur sont propres. S’ils venaient<br />
à disparaître, la commune perdrait une part<br />
non négligeable <strong>de</strong> sa biodiversité. D’autre<br />
part, la présence d’espèces rares et protégées<br />
<strong>de</strong> gran<strong>de</strong> valeur, telles que la swertie vivace,<br />
la laîche bicolore et la tofieldie boréale,<br />
confère une valeur biologique forte à ces<br />
milieux.<br />
Parmi ces zones humi<strong>de</strong>s, les groupements<br />
pionniers <strong>de</strong>s bords <strong>de</strong> torrents présentent<br />
l’intérêt biologique le plus fort. Ce<br />
milieu, très rare au niveau mondial et<br />
composé d’espèces protégées <strong>de</strong> gran<strong>de</strong><br />
valeur, constitue une richesse <strong>naturel</strong>le<br />
importante <strong>de</strong> la commune. La Communauté<br />
européenne l’a classé comme “milieu<br />
d’intérêt communautaire prioritaire”. Sa<br />
présence sur la commune a motivé l’intégration<br />
du massif <strong>de</strong> la Vanoise au réseau<br />
Natura 2000.<br />
PNV - Alexandre Garnier<br />
PNV - Ludovic Imberdis<br />
Fiche-milieu n°2<br />
Le lac du Rateau et le roc du Mône (à droite)<br />
Le lac du Praz<br />
Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie - 63
Fiche-milieu n°2<br />
Fiche-milieu n°2<br />
Évolution et transformation du milieu<br />
Toute activité humaine modifiant la qualité<br />
ou la quantité d’eau influe directement sur<br />
les lacs et les cours d’eau et donc sur la faune<br />
et la flore qui y sont associées. L’artificialisation<br />
du régime d’écoulement <strong>de</strong>s eaux,<br />
la pollution du cours d’eau, pénalisent le<br />
maintien <strong>de</strong> ces milieux et <strong>de</strong> leur richesse<br />
biologique.<br />
De même, les écoulements à débit constant<br />
imposés par la gestion du barrage du lac <strong>de</strong><br />
la Rosière, et donc l’absence d’effet “chasse<br />
d’eau” <strong>naturel</strong>, ne permettent pas à la rivière<br />
<strong>de</strong> renouveler les dépôts <strong>de</strong> limons et <strong>de</strong><br />
graviers où se développe un cortège d’espèces<br />
pionnières remarquables. Il est par<br />
ailleurs important <strong>de</strong> réserver au torrent un<br />
débit suffisant en pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> basses eaux.<br />
Parallèlement à ces prélèvements, le phénomène<br />
<strong>de</strong> sécheresse qui se fait sentir en<br />
Savoie se traduit à Saint-Bon Courchevel par<br />
le tarissement <strong>de</strong> certaines sources. Il en<br />
résulte <strong>de</strong>s problématiques importantes <strong>de</strong><br />
gestion et <strong>de</strong> distribution <strong>de</strong> l’eau en lien avec<br />
les différents usages (domestiques, agricoles<br />
et touristiques), et ce, au risque <strong>de</strong> dégra<strong>de</strong>r<br />
certains milieux humi<strong>de</strong>s et aquatiques.<br />
Les pollutions domestiques, particulièrement<br />
en pério<strong>de</strong> hivernale, peuvent<br />
dégra<strong>de</strong>r durablement la qualité <strong>de</strong> l’eau <strong>de</strong>s<br />
Le lac <strong>de</strong>s Creux à la fin <strong>de</strong> l’été<br />
torrents et compromettre les conditions <strong>de</strong><br />
vie et <strong>de</strong> reproduction <strong>de</strong>s truites et autres<br />
animaux aquatiques.<br />
L’évolution <strong>naturel</strong>le <strong>de</strong>s lacs se traduit sur<br />
le long terme par un assèchement progressif,<br />
PNV - Philippe Benoît<br />
PNV - Jacques Perrier<br />
Lit <strong>de</strong> torrent à sec<br />
64 - Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie
l’atterrissement*, qui conduit à l’apparition<br />
<strong>de</strong> différents types <strong>de</strong> végétation <strong>de</strong> zone<br />
humi<strong>de</strong>.<br />
Le lac <strong>de</strong>s Creux connaît aujourd’hui une<br />
telle évolution. Ces lacs comblés n’en sont<br />
pas moins très intéressants, notamment<br />
grâce aux grains <strong>de</strong> pollen qu’ils contiennent.<br />
Ceux-ci permettent, en effet, <strong>de</strong><br />
retracer l’histoire <strong>de</strong> la végétation <strong>de</strong>puis la<br />
fin <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière gran<strong>de</strong> glaciation, il y a<br />
10 000 à 15 000 ans (paléoécologie).<br />
La France connaît une régression généralisée<br />
<strong>de</strong>s zones humi<strong>de</strong>s, en plaine comme en<br />
montagne. Le drainage et les assèchements à<br />
<strong>de</strong>s fins d’aménagements divers en sont<br />
responsables. Plus d’un tiers <strong>de</strong> ces zones a<br />
disparu ces 30 <strong>de</strong>rnières années.<br />
Cette situation n’est pas sans conséquences<br />
importantes : en court-circuitant une partie<br />
du cycle <strong>de</strong> l’eau, ces disparitions <strong>de</strong> zones<br />
humi<strong>de</strong>s aggravent les effets <strong>de</strong>s inondations<br />
en pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> crues et accentuent les effets <strong>de</strong><br />
la sécheresse, les nappes phréatiques ne<br />
disposant plus <strong>de</strong>s surfaces nécessaires pour<br />
se recharger.<br />
Les Alpes en général et la Vanoise en<br />
particulier n’échappent pas à ce phénomène.<br />
De nombreuses petites zones humi<strong>de</strong>s ont<br />
déjà disparu et la construction <strong>de</strong> retenues<br />
d’eau artificielles, <strong>de</strong>stinées à la production<br />
hydroélectrique ou à l’alimentation <strong>de</strong>s<br />
canons à neige, a entraîné en Vanoise<br />
l’immersion <strong>de</strong> vastes milieux.<br />
Les impacts <strong>de</strong>s modifications <strong>de</strong> la qualité<br />
et <strong>de</strong> la quantité d’eau sur la faune et la flore<br />
<strong>de</strong>s zones humi<strong>de</strong>s sont les mêmes que pour<br />
les milieux “cours d’eau et lacs”.<br />
La préservation <strong>de</strong>s zones humi<strong>de</strong>s est<br />
<strong>de</strong>venue une priorité en France et fait l’objet<br />
<strong>de</strong> programmes d’actions aux niveaux<br />
<strong>national</strong>, régional et départemental.<br />
Propositions <strong>de</strong> gestion<br />
Une vaste opération sur la gestion <strong>de</strong> l’eau<br />
en Tarentaise est en cours d’étu<strong>de</strong>. Il s’agit<br />
du contrat <strong>de</strong> rivière “Isère en Tarentaise”,<br />
piloté par l’assemblée <strong>de</strong> Pays Tarentaise<br />
Vanoise et donnant lieu à diverses<br />
commissions <strong>de</strong> travail. Différentes facettes<br />
<strong>de</strong> la gestion <strong>de</strong> l’eau y sont traitées : qualité<br />
<strong>de</strong> l’eau, risques <strong>naturel</strong>s, restauration <strong>de</strong>s<br />
milieux <strong>naturel</strong>s, etc. Dans ce cadre on<br />
trouvera donc la réalisation <strong>de</strong> nouvelles<br />
stations d’épuration, l’élimination d’arrivées<br />
d’eaux polluées dans les rivières, <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s<br />
piscicoles, <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s concernant les milieux<br />
humi<strong>de</strong>s, ou encore <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong><br />
prévention contre les crues.<br />
PNV - Ludovic Imberdis<br />
Fiche-milieu n°2<br />
Fiche-milieu n°2<br />
Le ruisseau et le lac <strong>de</strong> la Rosière<br />
Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie - 65
Fiche-milieu n°2<br />
En 2005, les eaux usées <strong>de</strong> la commune sont<br />
traitées à la station d’épuration <strong>de</strong> Bozel,<br />
gérée par le Syndicat intercommunal d’assainissement<br />
<strong>de</strong> la Vanoise. La réalisation<br />
d’une nouvelle unité <strong>de</strong> traitement d’une<br />
capacité plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux fois supérieure à celle<br />
<strong>de</strong> Bozel <strong>de</strong>vrait apporter une nette<br />
amélioration à la qualité <strong>de</strong>s eaux rejetées.<br />
Les ruisseaux <strong>de</strong> la Rosière, <strong>de</strong>s Gravelles,<br />
<strong>de</strong> Montgela, du Praz et du Grand Carrey<br />
font l’objet d’un programme pluriannuel<br />
d’entretien par le SIVOM <strong>de</strong> Bozel, réalisé<br />
en lien avec la commune et les autres acteurs<br />
locaux (APPMA, RTM, etc.). Le Conseil<br />
général apporte une ai<strong>de</strong> technique au<br />
maître d’ouvrage, et finance les travaux avec<br />
l’Agence <strong>de</strong> l’eau. Ces entretiens, concernent<br />
le lit et les berges <strong>de</strong>s cours d’eau et visent :<br />
- le maintien <strong>de</strong>s boisements <strong>de</strong> berges et<br />
l’entretien <strong>de</strong>s gros embâcles,<br />
- la protection contre les risques d’érosion<br />
<strong>de</strong>s berges, notamment au niveau <strong>de</strong>s<br />
secteurs aménagés,<br />
- le maintien <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong> loisirs liées au<br />
cours d’eau (promena<strong>de</strong> et pêche).<br />
Pour les milieux humi<strong>de</strong>s, aucune gestion<br />
particulière n’est à envisager à court terme,<br />
si ce n’est <strong>de</strong> prendre en compte systématiquement<br />
ces zones précieuses, dans le<br />
cadre <strong>de</strong> tout nouveau projet d’aménagement,<br />
afin d’en assurer la préservation et<br />
d’éviter toute forme d’incitation au drainage<br />
<strong>de</strong>s petites zones humi<strong>de</strong>s restantes.<br />
Parmi ces milieux humi<strong>de</strong>s, celui <strong>de</strong> la<br />
Rosière est l’un <strong>de</strong>s plus sensibles. Le curage<br />
du lac <strong>de</strong> barrage <strong>de</strong>vra tenir compte <strong>de</strong> la<br />
formation <strong>de</strong> cette zone humi<strong>de</strong> et <strong>de</strong> la<br />
présence d’un nombre important d’espèces<br />
protégées.<br />
Ponctuellement, la mise en défens <strong>de</strong> marais<br />
particuliers peut s’avérer nécessaire pour<br />
limiter l’impact du piétinement par les bêtes<br />
en certaines pério<strong>de</strong>s.<br />
De même, quand c’est possible, le choix <strong>de</strong><br />
l’emplacement <strong>de</strong>s machines à traire <strong>de</strong>vrait<br />
tenir compte <strong>de</strong> la présence <strong>de</strong> zones<br />
humi<strong>de</strong>s, afin d’éviter que le lessivage par les<br />
eaux <strong>de</strong> pluie ou l’écoulement direct <strong>de</strong>s<br />
déjections animales et <strong>de</strong>s effluents laitiers<br />
(eaux <strong>de</strong> lavage, etc.) ne génèrent <strong>de</strong>s apports<br />
organiques répétés dans les zones humi<strong>de</strong>s<br />
voisines.<br />
Du fait du caractère vital et irremplaçable<br />
<strong>de</strong> l’eau pour l’homme, chacun <strong>de</strong>vrait<br />
prendre conscience du rôle qu’il peut<br />
jouer pour économiser et respecter cette<br />
ressource précieuse, même si elle paraît<br />
localement intarissable, comme à Saint-<br />
Bon-Courchevel.<br />
PNV - Christophe Gotti<br />
Marais au sud du lac <strong>de</strong> la Rosière<br />
66 - Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie
Les prairies <strong>de</strong> fauche<br />
PNV - Ludovic Imberdis<br />
Fiche-milieu n°3<br />
Prairie <strong>de</strong> fauche sous un verger au hameau du Cuerdy<br />
Les prairies <strong>de</strong> fauche sont <strong>de</strong>s prés dont un<br />
cycle <strong>de</strong> végétation au moins est fauché.<br />
L’herbe récoltée, après séchage, forme le foin<br />
<strong>de</strong>stiné à l’alimentation hivernale <strong>de</strong>s<br />
troupeaux.<br />
Toutes les prairies <strong>de</strong> fauche <strong>de</strong> Saint-<br />
Bon-Courchevel s’éten<strong>de</strong>nt entre 800 m et<br />
1 600 m d’altitu<strong>de</strong>. Elles se situent aux<br />
environs <strong>de</strong>s hameaux du Grand et du Petit<br />
Carrey, du Fontanil, du Fay, du Buisson, du<br />
Freney, <strong>de</strong> Montcharvet, autour <strong>de</strong> Saint-<br />
Bon et du Praz. Elles couvrent une surface<br />
<strong>de</strong> 112 ha. Selon les cas, la prairie peut<br />
aussi être pâturée, en tout début ou en fin <strong>de</strong><br />
saison.<br />
Choisies par les agriculteurs parmi les<br />
parcelles les plus productives <strong>de</strong> leur<br />
exploitation et celles dont les conditions <strong>de</strong><br />
travail (pente, éloignement et accès) sont les<br />
moins contraignantes, ces prairies se caractérisent<br />
généralement par une couverture<br />
végétale herbacée plus ou moins <strong>de</strong>nse et<br />
continue atteignant 50 à 80 cm <strong>de</strong> hauteur à<br />
la floraison.<br />
PNV - Ludovic Imberdis<br />
Prairie <strong>de</strong> fauche au hameau du Buisson<br />
Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie - 67
Fiche-milieu n°3<br />
En <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> 1 200 m d’altitu<strong>de</strong>, beaucoup<br />
<strong>de</strong> ces prairies constituent aussi le tapis<br />
végétal <strong>de</strong>s vergers.<br />
Composées en majeure partie <strong>de</strong> graminées,<br />
les prairies <strong>de</strong> fauche n’en <strong>de</strong>meurent pas<br />
moins très colorées. C’est surtout au mois <strong>de</strong><br />
juillet, au moment du pic <strong>de</strong> floraison, que<br />
l’œil du promeneur est comblé par ces<br />
couleurs.<br />
Il existe une gran<strong>de</strong> diversité <strong>de</strong> prairies en<br />
fonction <strong>de</strong>s conditions écologiques<br />
environnantes, tenant notamment à leur<br />
situation dans le paysage. À Saint-Bon<br />
Courchevel on trouve <strong>de</strong>s prairies <strong>de</strong> fauche<br />
plutôt maigres et sèches, très diversifiées et<br />
riches en espèces végétales telles que le<br />
sainfoin <strong>de</strong>s montagnes et la sauge <strong>de</strong>s prés.<br />
Ces <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnières espèces sont considérées<br />
aussi comme d’excellentes plantes fourragères.<br />
Pouvant dépasser un mètre <strong>de</strong><br />
hauteur, la kœlérie pyramidale est une<br />
graminée typique <strong>de</strong>s prairies maigres sur<br />
calcaire.<br />
Rarement dominantes, les plantes à fleurs<br />
colorées sont néanmoins les espèces les plus<br />
voyantes <strong>de</strong> ces milieux. Elles donnent leur<br />
éclat aux prairies <strong>de</strong> fauche et nombre<br />
d’entre elles comptent parmi les plantes les<br />
plus familières.<br />
Flore<br />
Une prairie <strong>de</strong> fauche se caractérise par la<br />
prédominance <strong>de</strong> poacées (ou graminées)<br />
qui lui confèrent sa physionomie, sa<br />
structure et une part essentielle <strong>de</strong> son<br />
intérêt fourrager.<br />
Parmi celles-ci, on trouve pour les prairies<br />
plutôt grasses <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s graminées comme<br />
le dactyle aggloméré et le trisète jaunâtre.<br />
PNV - Ludovic Imberdis<br />
Marguerite<br />
PNV - Maurice Mollard<br />
Trisète jaunâtre<br />
Ainsi les prairies fraîches et grasses sont le<br />
lieu <strong>de</strong> développement <strong>de</strong> la marguerite, du<br />
salsifis sauvage et du pissenlit officinal. Ces<br />
<strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnières plantes ont aussi eu pour<br />
l’homme un intérêt lié à la consommation<br />
très variée qu’il pouvait en faire. Toutes ces<br />
espèces appartiennent à la famille <strong>de</strong>s<br />
astéracées ou composées, la fleur est en<br />
réalité une juxtaposition <strong>de</strong> plusieurs fleurs.<br />
Avec une diversité floristique beaucoup plus<br />
élevée, les prairies maigres sont aussi les plus<br />
richement colorées avec le sainfoin, le lotier<br />
cornu, la sauge <strong>de</strong>s prés, les rhinanthes,<br />
et les centaurées. Ce cortège floristique<br />
68 - Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie
PNV - Félix Grosset<br />
PNV - Philippe Benoît<br />
PNV - Jacques Perrier<br />
Fiche-milieu n°3<br />
Salsifis sauvage<br />
s’accompagne <strong>de</strong> différentes ombellifères<br />
telles que la gran<strong>de</strong> berce, dont l’inflorescence<br />
en ombelle sert <strong>de</strong> piste d’atterrissage<br />
aux insectes qui y trouvent un nectar<br />
abondant.<br />
Rhinante velu<br />
ouverts. Il est présent en France <strong>de</strong>puis les<br />
bords <strong>de</strong> mer jusqu’à l’étage subalpin.<br />
La taupe, ce curieux petit mammifère au<br />
pelage d’une étonnante douceur, occupe<br />
tous les sols suffisamment riches et meubles<br />
où elle se nourrit <strong>de</strong> vers <strong>de</strong> terre. Elle signe<br />
sa présence par <strong>de</strong>s amoncellements <strong>de</strong> terre,<br />
très visibles en plein champ et qui peuvent<br />
être confondus avec ceux du campagnol<br />
terrestre, appelé aussi rat taupier.<br />
Pour le renard et le blaireau, gîtant dans <strong>de</strong>s<br />
terriers forestiers aux environs <strong>de</strong>s villages,<br />
Gran<strong>de</strong> berce<br />
Faune<br />
En ce qui concerne les mammifères, les<br />
prairies fraîches sont fréquentées par le<br />
lièvre brun à une altitu<strong>de</strong> inférieure à<br />
2 000 m. Peu exigeant quant à son habitat*,<br />
il s’adapte à une gran<strong>de</strong> variété <strong>de</strong> milieux<br />
PNV - Maurice Mollatd<br />
Lièvre brun<br />
Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie - 69
Fiche-milieu n°3<br />
la prairie est avant tout un terrain <strong>de</strong> chasse.<br />
Le renard y déambule à l’affût du moindre<br />
bruit émis par les petits rongeurs circulant<br />
sous la surface du sol. Le blaireau, quant à<br />
lui, creuse le sol à la recherche <strong>de</strong> vers <strong>de</strong><br />
terre, d’insectes et <strong>de</strong> rongeurs.<br />
prairies <strong>de</strong> fauche sèches ou fraîches, et le<br />
grand nacré dont la chenille est attachée aux<br />
violettes sauvages.<br />
Très répandu, évitant toutefois les milieux<br />
trop humi<strong>de</strong>s ou trop ari<strong>de</strong>s, le criquet <strong>de</strong>s<br />
pâtures est l’une <strong>de</strong>s rares espèces<br />
d’orthoptères à pouvoir survivre dans les<br />
prairies grasses très enrichies en fumures.<br />
Le timbre <strong>de</strong> ses stridulations, répétées<br />
environ toutes les trois secon<strong>de</strong>s, évoque le<br />
grincement du cuir neuf.<br />
PNV - Alexandre Garnier<br />
PNV - Joël Blanchemain<br />
Tarier <strong>de</strong>s prés<br />
Migrateur transsaharien, le tarier <strong>de</strong>s prés a<br />
une prédilection pour les prairies <strong>de</strong> fauche<br />
grasses et fournies. Les plantes les plus<br />
gran<strong>de</strong>s telles que les ombellifères (comme la<br />
carotte ou la gran<strong>de</strong> berce) servent <strong>de</strong><br />
perchoir pour le chant, ainsi que <strong>de</strong> poste <strong>de</strong><br />
guet. C’est un prédateur <strong>de</strong> petits insectes,<br />
abondants dans ce type <strong>de</strong> végétation<br />
(sauterelles, criquets, papillons, etc.). La<br />
présence <strong>de</strong> boisements, tels les vergers, est<br />
aussi tolérée par cette espèce.<br />
Les floraisons opulentes <strong>de</strong>s prairies <strong>de</strong><br />
fauche sont particulièrement convoitées par<br />
les insectes consommateurs <strong>de</strong> pollen et <strong>de</strong><br />
nectar. Ceux-ci se remarquent par leur<br />
diversité et leur abondance. Les plus visibles<br />
sont les papillons <strong>de</strong> jour dont le damier <strong>de</strong><br />
la succise, présent indifféremment dans les<br />
Damier <strong>de</strong> la succise<br />
Équilibre entre l’homme<br />
et son milieu<br />
Usages, intérêts économiques<br />
et représentations<br />
Les prairies <strong>de</strong> fauche font l’objet <strong>de</strong><br />
plusieurs perceptions.<br />
D’une part elles représentent pour les<br />
naturalistes un milieu riche d’une faune et<br />
d’une flore originales, et d’autre part un<br />
milieu agricole qui fait l’objet <strong>de</strong> pratiques<br />
<strong>de</strong>stinées à en améliorer la qualité<br />
fourragère. En forte diminution sur Saint-<br />
Bon Courchevel, ces prairies sont aujourd’hui<br />
utilisées par quelques agriculteurs<br />
propriétaires <strong>de</strong> vaches, <strong>de</strong> moutons et <strong>de</strong><br />
chèvres.<br />
L’intérêt d’une prairie ne se réduit pas à la<br />
quantité <strong>de</strong> fourrage produite. D’autres critères<br />
doivent être pris en compte : qualité<br />
nutritive du fourrage, appétence, tenue du<br />
foin lors <strong>de</strong> la récolte, évolution <strong>de</strong> la quantité<br />
au cours <strong>de</strong> la saison, etc. Par exemple, si<br />
les prairies fraîches fertilisées produisent du<br />
foin en plus gran<strong>de</strong> quantité, la qualité <strong>de</strong><br />
celui-ci baisse très rapi<strong>de</strong>ment s’il n’est pas<br />
coupé à temps. À contrario, l’échelonnement<br />
<strong>de</strong>s floraisons <strong>de</strong>s prairies <strong>de</strong> fauche maigres<br />
et sèches, riches en espèces, permet <strong>de</strong><br />
maintenir la qualité du foin plus longtemps et<br />
favorise une souplesse d’exploitation.<br />
Par ailleurs, à Saint-Bon Courchevel ces<br />
prairies font l’objet d’une perception<br />
70 - Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie
PNV - Joël Blanchemain<br />
Criquet <strong>de</strong>s pâtures<br />
particulière <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s habitants. Elles<br />
offrent un cadre <strong>de</strong> vie accueillant que les<br />
Saint-Bonnais souhaitent conserver, et<br />
constituent également un espace qui les<br />
préserve du risque d’incendie.<br />
Cet objectif paysager, prioritaire pour la<br />
commune, est à l’origine d’un programme <strong>de</strong><br />
gestion soutenu par la municipalité. Une<br />
prime à l’hectare entretenu est versée aux<br />
agriculteurs en contrepartie <strong>de</strong> la fauche<br />
qu’ils réalisent sur les prairies. Ce programme<br />
a démarré en 1995 avec un travail<br />
important <strong>de</strong> restauration sur <strong>de</strong>s parcelles<br />
alors recouvertes d’arbres. Le Freney, le Petit<br />
et le Grand Carrey, la Jairaz ont fait l’objet<br />
<strong>de</strong> tels travaux. Chaque prairie <strong>de</strong> fauche<br />
résulte du travail <strong>de</strong>s agriculteurs et donc <strong>de</strong>s<br />
pratiques qui peuvent s’y exercer : la fauche<br />
(dont les modalités sont variables : dates,<br />
fréquence, matériel utilisé), la fertilisation,<br />
la <strong>de</strong>struction <strong>de</strong> plantes indésirables, etc. À<br />
Saint-Bon Courchevel la fauche <strong>de</strong>s prairies<br />
est complétée par le broyage <strong>de</strong> la végétation<br />
la plus ligneuse et par du pâturage.<br />
Intérêts biologique<br />
et patrimonial du milieu<br />
La diversité <strong>de</strong>s pratiques agricoles,<br />
combinée avec <strong>de</strong>s conditions écologiques<br />
variables, produit une gran<strong>de</strong> diversité <strong>de</strong><br />
prairies, qui constituent autant <strong>de</strong> milieux<br />
originaux d’un point <strong>de</strong> vue naturaliste, et<br />
distincts sur le plan paysager.<br />
La valeur floristique <strong>de</strong>s prairies <strong>de</strong> fauche<br />
n’est généralement pas liée à la présence <strong>de</strong><br />
telle ou telle plante remarquable, mais à leur<br />
diversité floristique.<br />
Celle-ci est d’autant plus importante que la<br />
fauche est tardive et la fertilisation modérée<br />
(maximum 25 t <strong>de</strong> fumier par ha et par an).<br />
Dans ces conditions optimales, pour la flore,<br />
on peut compter jusqu’à une cinquantaine<br />
d’espèces végétales dans une seule prairie.<br />
Une forte fertilisation réduit la diversité <strong>de</strong>s<br />
fleurs (en nombre d’espèces), mais pas<br />
nécessairement leur abondance. En revanche,<br />
une fauche précoce, répétée dans le<br />
temps, diminue à la fois la diversité et la<br />
quantité <strong>de</strong> fleurs <strong>de</strong> la prairie tout en<br />
affectant la nidification d’oiseaux précoces,<br />
comme le tarier <strong>de</strong>s prés, et la pollinisation<br />
par les insectes.<br />
L’abondance <strong>de</strong> fleurs appartenant à un grand<br />
nombre d’espèces différentes attire une gran<strong>de</strong><br />
quantité d’insectes et confère à ces prairies<br />
une valeur entomologique remarquable.<br />
Le décalage dans le temps <strong>de</strong> la fauche <strong>de</strong>s<br />
différentes parcelles offre la possibilité à la<br />
faune (et principalement aux oiseaux et<br />
aux insectes) <strong>de</strong> trouver refuge dans les<br />
prairies non encore fauchées. Sachant que les<br />
insectes constituent l’alimentation <strong>de</strong> base <strong>de</strong><br />
toute une foule <strong>de</strong> petits prédateurs (micromammifères,<br />
oiseaux, reptiles), on comprend<br />
l’importance <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gestion diversifiés<br />
<strong>de</strong>s prairies pour la richesse <strong>de</strong> la faune locale.<br />
Enfin, ces prairies entretenues par <strong>de</strong>s<br />
générations d’agriculteurs ont une valeur<br />
patrimoniale au sens familial et affectif, liée<br />
au travail accumulé et aux souvenirs<br />
associés.<br />
Fiche-milieu n°3<br />
Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie - 71
Fiche-milieu n°3<br />
Évolution et transformation du milieu<br />
Le contexte général alpin est marqué par<br />
une régression généralisée <strong>de</strong>s prairies <strong>de</strong><br />
fauche <strong>de</strong> montagne, particulièrement<br />
importante en altitu<strong>de</strong>. Cette régression<br />
généralisée se traduit par un abandon <strong>de</strong>s<br />
prairies les moins productives et surtout les<br />
plus difficiles à exploiter (du fait <strong>de</strong><br />
l’éloignement, <strong>de</strong>s problèmes d’accès, <strong>de</strong> la<br />
pente) et une intensification corrélative <strong>de</strong>s<br />
prairies proches <strong>de</strong>s exploitations et plus<br />
productives. Ceci entraîne une diminution<br />
<strong>de</strong> la valeur biologique et paysagère.<br />
Dans la plupart <strong>de</strong>s régions alpines, on a<br />
assisté, au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières décennies,<br />
à la disparition <strong>de</strong> la fauche au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong><br />
1 800 - 2 000 m. À Saint-Bon Courchevel,<br />
plus aucune prairie <strong>de</strong> fauche n’existe au<strong>de</strong>ssus<br />
<strong>de</strong> 1 600 m d’altitu<strong>de</strong>. Toutes sont<br />
localisées dans l’étage montagnard et l’étage<br />
subalpin et sont à l’origine <strong>de</strong> déforestations<br />
anciennes. Leur évolution spontanée est le<br />
boisement. Une telle évolution est très<br />
rapi<strong>de</strong>, seulement 10 à 15 ans suffisent pour<br />
voir l’installation <strong>de</strong>s premiers arbustes.<br />
Cette installation a suivi la déprise agricole<br />
<strong>de</strong>s années cinquante, pério<strong>de</strong> au cours <strong>de</strong><br />
laquelle les pratiques agricoles traditionnelles<br />
ont été abandonnées (fauche, pratique<br />
<strong>de</strong> la “feuille” pour limiter le développement<br />
<strong>de</strong>s haies, etc.). La pratique <strong>de</strong> la “feuille”<br />
consistait à élaguer les rameaux. Ces<br />
<strong>de</strong>rniers étaient séchés avant <strong>de</strong> servir à<br />
l’alimentation <strong>de</strong>s chèvres.<br />
En Vanoise, on observe un meilleur maintien<br />
global <strong>de</strong>s prairies <strong>de</strong> fauche du fait <strong>de</strong><br />
l’autonomie fourragère préconisée pour la<br />
production <strong>de</strong> Beaufort, sous appellation<br />
d’origine contrôlée (AOC).<br />
À Saint-Bon Courchevel, les anciens secteurs<br />
<strong>de</strong> fauche ont été abandonnés comme<br />
à Montcharvet, la Jairaz, le bois <strong>de</strong>s<br />
Chésaux au-<strong>de</strong>ssus du Grand Carrey. D’autres<br />
ont été transformés en pâturages comme<br />
sur le secteur du Grand Pralin.<br />
Les capacités d’assimilation <strong>de</strong>s prairies sont<br />
limitées, surtout en montagne où le sol est<br />
généralement peu épais et la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
végétation plus courte qu’en plaine. Au-<strong>de</strong>là<br />
d’un certain seuil <strong>de</strong> fumure, les prairies<br />
restituent les excé<strong>de</strong>nts dans les rivières et les<br />
nappes phréatiques, entraînant une pollution<br />
néfaste pour la faune et la flore comme<br />
pour la ressource en eau.<br />
La superficie <strong>de</strong>s prairies <strong>de</strong> fauche les plus<br />
intéressantes sur le plan biologique (prairies<br />
d’altitu<strong>de</strong>, prairies sèches et prairies extensives)<br />
a fortement diminué à Saint-Bon<br />
PNV - Alexandre Garnier<br />
Pâturage dans un verger au hameau du Grenier<br />
72 - Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie
Courchevel au profit <strong>de</strong> types <strong>de</strong> prairies à la<br />
flore plus banale.<br />
Grands consommateurs d’espaces, l’urbanisation,<br />
mais aussi les infrastructures <strong>de</strong><br />
transport et les aménagements <strong>de</strong> loisir,<br />
menacent souvent les prairies <strong>de</strong> fond <strong>de</strong><br />
vallée. Ils font peser sur les <strong>de</strong>rniers secteurs<br />
<strong>de</strong> fauche une pression foncière d’autant<br />
plus importante que l’activité agricole a une<br />
tendance générale à régresser.<br />
Propositions <strong>de</strong> gestion<br />
Les remarques précé<strong>de</strong>ntes plai<strong>de</strong>nt en<br />
faveur d’une diversité <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> conduite<br />
<strong>de</strong>s prairies <strong>de</strong> fauche, favorable à la flore et<br />
à la faune, tout en assurant <strong>de</strong>s ressources<br />
fourragères suffisantes et <strong>de</strong> qualité.<br />
Le retour à <strong>de</strong>s pratiques plus extensives sur<br />
certaines parcelles est donc souhaitable :<br />
baisse <strong>de</strong> la pression <strong>de</strong> pâturage et <strong>de</strong> la<br />
fertilisation sur les prairies en voie <strong>de</strong><br />
dégradation, pratique d’une fauche tardive,<br />
maintien <strong>de</strong> prairies <strong>de</strong> fauche “extensives”<br />
peu productives, voire rétablissement <strong>de</strong> la<br />
fauche sur certaines parcelles d’exploitation<br />
difficile.<br />
Afin <strong>de</strong> favoriser le maintien d’une faune<br />
prairiale, toute pratique <strong>de</strong> fauche permettant<br />
à celle-ci <strong>de</strong> fuir au moment <strong>de</strong> la<br />
récolte (telle que la fauche centrifuge - du<br />
centre vers la périphérie - si la forme <strong>de</strong> la<br />
parcelle le permet) est recommandée.<br />
Dans ce même objectif, le décalage <strong>de</strong>s dates<br />
<strong>de</strong> fauche permettra aux espèces animales,<br />
tant vertébrées (mammifères, oiseaux, etc.)<br />
qu’invertébrées (insectes), <strong>de</strong> se réfugier<br />
dans les prairies non encore fauchées et <strong>de</strong><br />
finir leur cycle <strong>de</strong> vie.<br />
L’AOC Beaufort est une <strong>de</strong>s démarches<br />
susceptibles <strong>de</strong> freiner l’abandon <strong>de</strong>s prairies<br />
<strong>de</strong> fauche car les éleveurs, par le biais du<br />
cahier <strong>de</strong>s charges, s’engagent à tendre vers<br />
l’autosuffisance en foin. Ils s’engagent aussi<br />
à respecter un co<strong>de</strong> <strong>de</strong> bonnes pratiques en<br />
matière <strong>de</strong> protection <strong>de</strong> la ressource en<br />
eau et <strong>de</strong> préservation <strong>de</strong> la biodiversité.<br />
L’objectif pour les agriculteurs présents à<br />
Saint-Bon Courchevel est d’avoir jusqu’à au<br />
moins 75 % d’autonomie fourragère.<br />
Fiche-milieu n°3<br />
PNV - Ludovic Imberdis<br />
Prairie <strong>de</strong> fauche fleurie<br />
Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie - 73
Fiche-milieu n°4<br />
Les forêts<br />
Forêts d’épicéas à Saint-Bon Courchevel <strong>de</strong>puis le col <strong>de</strong> la Dent<br />
PNV - Christophe Gotti<br />
PNV - Christophe Gotti<br />
Forêts sur le mont Charvet. Versant ouest<br />
Sur le territoire <strong>de</strong> la commune, la forêt<br />
s’étend entre 685 m et 2 000 m d’altitu<strong>de</strong>.<br />
Elle occupe une surface <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 1 000 ha,<br />
soit un peu moins d’un cinquième du<br />
territoire, où elle est essentiellement située<br />
sur les versants <strong>de</strong>s vallons <strong>de</strong>s ruisseaux <strong>de</strong><br />
la Rosière et <strong>de</strong>s Gravelles, ainsi que sur<br />
toute la partie inférieure <strong>de</strong> la commune.<br />
Elle se compose <strong>de</strong> la forêt domaniale <strong>de</strong> la<br />
<strong>de</strong>nt du Villard, <strong>de</strong>s forêts communales du<br />
Praz, <strong>de</strong> la Rosière, du bois du Ban et du<br />
Laition, ainsi que <strong>de</strong> forêts privées.<br />
Les forêts <strong>de</strong> Vanoise sont essentiellement<br />
composées <strong>de</strong> résineux : sapin, épicéa, pin sylvestre,<br />
pin à crochets, pin cembro et mélèze.<br />
74 - Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie
Fiche-milieu n°4<br />
Les forêts<br />
Ces essences s’associent pour former <strong>de</strong>s<br />
peuplements qui diffèrent selon les<br />
conditions écologiques locales (altitu<strong>de</strong>,<br />
exposition au soleil et au vent, nature du sol<br />
et <strong>de</strong> la roche-mère, humidité).<br />
Les épicéas, omniprésents en Vanoise,<br />
forment <strong>de</strong>s pessières* dites sèches ou<br />
fraîches selon l’exposition adret/ubac. À<br />
l’étage montagnard et en versant nord, les<br />
sapins se mêlent aux épicéas pour former la<br />
sapinière-pessière. Plus haut en altitu<strong>de</strong>, on<br />
passe aux peuplements purs d’épicéa. Des<br />
boisements <strong>de</strong> sapinière-pessière* se<br />
développent dans la partie inférieure <strong>de</strong> la<br />
forêt du Praz, ainsi que sur une gran<strong>de</strong><br />
partie <strong>de</strong> la forêt du Laition. Les peuplements<br />
purs d’épicéa sont bien représentés<br />
dans le bois du Ban et dans la partie<br />
supérieure <strong>de</strong> la forêt du Praz.<br />
PNV - Ludovic Imberdis<br />
Forêts autour du hameau <strong>de</strong> Montgellaz<br />
Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie - 75
Fiche-milieu n°4<br />
Fiche-milieu n°4<br />
au développement <strong>de</strong> la hêtraie. Le hêtre est<br />
présent, accompagné <strong>de</strong> plusieurs résineux :<br />
épicéa, pin à crochets et pin sylvestre.<br />
Les boisements purs <strong>de</strong> feuillus apparaissent<br />
en <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> 800 m. Ils sont composés<br />
d’arbres fruitiers, robinier faux-acacia,<br />
chêne, etc.<br />
La forêt communale, bénéficiaire du régime<br />
forestier, est essentiellement constituée d’une<br />
pessière*.<br />
Flore<br />
PNV - Ludovic Imberdis<br />
Boisement <strong>de</strong> conifères et <strong>de</strong> feuillus dans la vallée <strong>de</strong>s Avals<br />
Les forêts les plus sèches se trouvent à<br />
l’étage subalpin. Il s’agit <strong>de</strong> la pineraie <strong>de</strong><br />
pin à crochets, essence adaptée aux versants<br />
abrupts, à <strong>de</strong>s sols maigres et <strong>de</strong>s situations<br />
<strong>de</strong> crêtes. Elle prédomine sur calcaire et<br />
gypse. Cette forêt est présente sur toute la<br />
partie supérieure <strong>de</strong> la forêt <strong>de</strong> la <strong>de</strong>nt du<br />
Villard (lire la fiche-espèce n°4).<br />
Un peuplement <strong>de</strong> pin cembro occupe un<br />
secteur <strong>de</strong> crêtes situé entre le col <strong>de</strong> la Chal<br />
et le col <strong>de</strong> la Dent.<br />
Ces différents types <strong>de</strong> peuplements induisent<br />
une gran<strong>de</strong> variété <strong>de</strong> formations<br />
végétales <strong>de</strong> sous-bois : tapis <strong>de</strong>nse <strong>de</strong> sousarbrisseaux<br />
et <strong>de</strong> plantes herbacées pour les<br />
pineraies sèches, (bugrane à feuilles ron<strong>de</strong>s,<br />
etc.), couverture quasi-continue <strong>de</strong> sousarbrisseaux<br />
(myrtille, raisin d’ours commun,<br />
airelle) dans la pessière* subalpine, etc.<br />
Les feuillus occupent les étages inférieurs <strong>de</strong><br />
la commune. À l’étage montagnard, un substrat<br />
calcaire exposé en adret est favorable<br />
PNV - Christian Balais<br />
Arbre principal <strong>de</strong> l’étage montagnard en<br />
Vanoise, l’épicéa est l’essence dominante <strong>de</strong><br />
l’ensemble <strong>de</strong>s massifs forestiers <strong>de</strong> Saint-<br />
Bon Courchevel. Cet arbre tolère <strong>de</strong>s conditions<br />
écologiques variées et forme <strong>de</strong>s forêts<br />
fraîches ou sèches, pures ou en mélange.<br />
Cette espèce robuste peut vivre jusqu’à<br />
400 ans. Son bois clair est utilisé en bois<br />
d’ouvrage (charpente, bardages etc.).<br />
Épicéa (rameau et cônes)<br />
Le pin à crochets est une espèce typiquement<br />
montagnar<strong>de</strong>, adaptée aux conditions climatiques<br />
contrastées <strong>de</strong> l’altitu<strong>de</strong>. Son nom lui<br />
vient <strong>de</strong> ses cônes, dont les écailles sont<br />
toutes munies d’un petit crochet (lire la<br />
fiche-espèce n°4).<br />
Espèce <strong>de</strong> l’étage montagnard, la bugrane à<br />
feuilles ron<strong>de</strong>s est bien représentée dans les<br />
clairières <strong>de</strong>s pinè<strong>de</strong>s sèches. Elle arbore <strong>de</strong>s<br />
fleurs roses réunies par <strong>de</strong>ux ou trois ainsi<br />
76 - Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie
Virginie Cottrel<br />
PNV - Philippe Benoît<br />
PNV - Philippe Benoît<br />
PNV - Philippe Benoît<br />
Fiche-milieu n°4<br />
Fiche-milieu n°4<br />
Pin à crochets<br />
Bugrane à feuilles ron<strong>de</strong>s<br />
que <strong>de</strong>s feuilles découpées en trois folioles<br />
ron<strong>de</strong>s et <strong>de</strong>ntées.<br />
La bruyère <strong>de</strong>s neiges, appelée encore<br />
bruyère herbacée ou bruyère carnée, a <strong>de</strong>s<br />
fleurs rose carné qui s’épanouissent <strong>de</strong> mars<br />
à mai, alors que la neige est encore bien<br />
présente. Elle recherche les pinè<strong>de</strong>s claires et<br />
fraîches, où elle peut former <strong>de</strong>s tapis <strong>de</strong>nses<br />
<strong>de</strong> 10 à 25 cm <strong>de</strong> hauteur. Très répandue en<br />
Maurienne, en Tarentaise elle n’est présente<br />
que dans la forêt <strong>de</strong> la <strong>de</strong>nt du Villard. Cette<br />
Bruyère <strong>de</strong>s neiges<br />
Myrtille<br />
plante, protégée en Rhône-Alpes, se trouve<br />
en Vanoise en limite occi<strong>de</strong>ntale <strong>de</strong> son aire<br />
<strong>de</strong> répartition.<br />
L’arbrisseau le plus répandu dans les<br />
pessières* d’ubac est la myrtille, dont les<br />
fruits comestibles possè<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s propriétés<br />
médicinales (baies toniques et riches en<br />
provitamine A). Ils sont cueillis pour faire<br />
<strong>de</strong>s confitures et <strong>de</strong>s pâtisseries. Il est<br />
pru<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> cuire les myrtilles avant <strong>de</strong> les<br />
consommer, car elles peuvent êtres recouvertes<br />
d’œufs minuscules et invisibles<br />
d’Echinococcus multilocularis. Ce <strong>de</strong>rnier<br />
est un petit ver parasite <strong>de</strong>s canidés (chien,<br />
renard, loup) et <strong>de</strong>s félidés (chat, lynx),<br />
transmissible à d’autres mammifères, comme<br />
les rongeurs ou l’homme. Ce ver provoque<br />
une maladie appelée échinococcose<br />
alvéolaire. Pour l’homme, les premiers<br />
vecteurs <strong>de</strong> contamination par ce parasite<br />
sont le chien et le chat domestique. Les<br />
végétaux ramassés près du sol et consommés<br />
crus, comme les myrtilles, le pissenlit, les<br />
fraises <strong>de</strong>s bois constituent une autre source<br />
<strong>de</strong> contamination.<br />
Le framboisier est un arbuste qui se<br />
développe en lisière <strong>de</strong> forêts. Il y forme <strong>de</strong>s<br />
“massifs” plus ou moins étendus, atteignant<br />
une hauteur <strong>de</strong> 2 m. Cette espèce est très<br />
présente à Saint-Bon Courchevel.<br />
Le sabot <strong>de</strong> Vénus pousse en sous-bois<br />
ouvert <strong>de</strong> conifères (pins sylvestre et<br />
cembro, épicéa et sapin). Cette orchidée<br />
spectaculaire aux très gran<strong>de</strong>s fleurs jaunes<br />
en forme <strong>de</strong> sabot est volontiers reconnue<br />
Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie - 77
Fiche-milieu n°4<br />
appelé racine d’or en raison <strong>de</strong> la couleur<br />
jaune doré <strong>de</strong> son bulbe. Il est facilement<br />
reconnaissable grâce à ses gran<strong>de</strong>s fleurs<br />
rose violacé dont les pétales sont ponctués<br />
<strong>de</strong> pourpre et recourbés en turban. Cette<br />
espèce n’est pas strictement inféodée aux<br />
forêts résineuses, elle pousse également dans<br />
les prairies fraîches et les mégaphorbiaies*.<br />
Tout comme le lis martagon, l’ancolie <strong>de</strong>s<br />
Alpes pousse dans <strong>de</strong>s milieux très variés,<br />
tous caractérisés par une certaine fraîcheur<br />
(lire fiche-espèce n°3).<br />
PNV - Christian Balais<br />
Sabot <strong>de</strong> Vénus<br />
comme le symbole <strong>de</strong> la protection végétale<br />
en France. Le développement <strong>de</strong> cette espèce<br />
dans la forêt <strong>de</strong> la <strong>de</strong>nt du Villard a motivé<br />
la désignation <strong>de</strong> cet espace en réserve<br />
biologique domaniale (lire la fiche-espèce<br />
n°1).<br />
Dans les forêts <strong>de</strong> Saint-Bon Courchevel se<br />
développent plusieurs espèces <strong>de</strong> pyroles. La<br />
pyrole à une fleur se plaît sur les tapis <strong>de</strong><br />
mousse <strong>de</strong>s forêts d’épicéas. Elle se caractérise<br />
par son unique fleur blanche à<br />
l’extrémité <strong>de</strong> la tige et une rosette basale <strong>de</strong><br />
feuilles ron<strong>de</strong>s. Les autres pyroles forment<br />
toutes <strong>de</strong>s grappes <strong>de</strong> fleurs. Les pyroles<br />
verdâtre et intermédiaire sont les plus<br />
remarquables sur la commune, avec un seul<br />
site connu pour cette <strong>de</strong>rnière. Ces <strong>de</strong>ux<br />
pyroles sont protégées.<br />
La racine <strong>de</strong> corail recherche les sous-bois<br />
frais <strong>de</strong>s forêts <strong>de</strong> conifères. La rareté <strong>de</strong><br />
cette orchidée, et sa discrétion en font une<br />
espèce difficile à observer. Un seul site est<br />
connu sur la commune. Pourvue <strong>de</strong> feuilles<br />
réduites à <strong>de</strong>s écailles, la racine <strong>de</strong> corail a<br />
une couleur blanc verdâtre, et doit s’associer<br />
à <strong>de</strong>s champignons pour se nourrir.<br />
Beaucoup plus commun que les plantes<br />
précé<strong>de</strong>ntes, le lis martagon est encore<br />
PNV - Alexandre Garnier<br />
PNV - Philippe Benoît<br />
Faune<br />
Les forêts abritent une très gran<strong>de</strong> diversité<br />
d’espèces animales. Beaucoup <strong>de</strong> mammifères<br />
y trouvent leur nourriture, mais la<br />
couverture forestière est avant tout, et pour<br />
tous, un véritable refuge. Parmi eux se<br />
trouvent <strong>de</strong> nombreux ongulés comme le<br />
chamois, le sanglier, le mouflon, le chevreuil<br />
(lire la fiche-espèce n°7) et le cerf élaphe.<br />
Grand herbivore, le cerf élaphe occupe<br />
Cerf élaphe<br />
Sanglier<br />
78 - Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie
indifféremment les forêts <strong>de</strong> conifères ou<br />
<strong>de</strong> feuillus. Il consomme l’extrémité <strong>de</strong>s<br />
rameaux et l’écorce <strong>de</strong>s arbres. Au<br />
printemps, il ne dédaigne pas non plus<br />
l’herbe tendre <strong>de</strong>s alpages.<br />
Essentiellement forestière, la martre <strong>de</strong>s pins<br />
fréquente tout type <strong>de</strong> boisement, jusqu’à<br />
plus <strong>de</strong> 2 000 m d’altitu<strong>de</strong>. Elle y chasse les<br />
petits mammifères et les passereaux,<br />
une nourriture qu’elle complète <strong>de</strong> fruits<br />
sauvages en été et en automne.<br />
Les boisements frais d’épicéas rassemblent<br />
une gran<strong>de</strong> diversité <strong>de</strong> petits passereaux : la<br />
mésange huppée, la mésange noire, la<br />
mésange boréale, le sizerin flammé, le<br />
roitelet huppé, le bouvreuil pivoine sont <strong>de</strong>s<br />
espèces caractéristiques <strong>de</strong> ces milieux.<br />
La pessière* peut abriter au sein <strong>de</strong> ses vieux<br />
peuplements une chouette adaptée au milieu<br />
froid, la chouette ou nyctale <strong>de</strong> Tengmalm.<br />
Dans ce milieu elle trouve les cavités nécessaires<br />
à sa reproduction et une nourriture à<br />
base <strong>de</strong> petits oiseaux et <strong>de</strong> rongeurs. La<br />
chouette <strong>de</strong> Tengmalm est un rapace nocturne,<br />
beaucoup plus petit que la chouette<br />
hulotte, qui se distingue par ses yeux jaunes<br />
et son regard étonné. Incapable <strong>de</strong> creuser<br />
elle-même sa loge au sein <strong>de</strong>s arbres, cette<br />
chouette n’est présente que dans les forêts<br />
occupées par le pic noir.<br />
PNV - Jean-Pierre Martinot<br />
PNV - Maurice Mollard<br />
Pic épeiche<br />
Fiche-milieu n°4<br />
Mésange bleue<br />
PNV - Didier Jalabert<br />
Chouette <strong>de</strong> Tengmalm<br />
L’autour <strong>de</strong>s palombes est un rapace nicheur<br />
dans les forêts <strong>de</strong> Saint-Bon Courchevel. Il se<br />
nourrit d’autres oiseaux : pigeons, grives,<br />
geais, etc.<br />
Les pics jouent un rôle fondamental en forêt,<br />
en offrant <strong>de</strong>s cavités <strong>de</strong> nidification à d’autres<br />
animaux cavernicoles, eux-mêmes<br />
incapables <strong>de</strong> forer <strong>de</strong>s trous. Avec leur bec<br />
puissant et aiguisé comme <strong>de</strong>s ciseaux à<br />
bois, ils frappent vigoureusement sur le<br />
tronc <strong>de</strong>s arbres, à la fois pour se nourrir et<br />
pour se créer une loge. Les pic épeiche, pic<br />
vert et pic noir sont tous nicheurs à Saint-<br />
Bon Courchevel. Les cavités qu’ils percent<br />
constituent un refuge pour <strong>de</strong> nombreuses<br />
autres espèces animales, telles que l’écureuil,<br />
mais également pour d’autres oiseaux comme<br />
les mésanges bleue, noire et charbonnière,<br />
ou comme la sittelle torchepot.<br />
Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie - 79
Fiche-milieu n°4<br />
PNV - Ludovic Imberdis<br />
Mésange charbonnière<br />
La grive musicienne s’installe en forêt, mais<br />
elle affiche une certaine préférence pour les<br />
formations sur sol humi<strong>de</strong> et ombragé. En<br />
effet, sa présence est conditionnée par celle<br />
<strong>de</strong>s vers et escargots, ses mets <strong>de</strong> prédilection.<br />
Elle a la particularité d’être un <strong>de</strong>s<br />
rares oiseaux à savoir se servir d’un outil,<br />
une forge, qui est un caillou sur lequel elle<br />
brise les escargots pour en extraire la chair.<br />
En revanche, la gélinotte <strong>de</strong>s bois, galliforme<br />
rare en Vanoise du fait <strong>de</strong> l’absence <strong>de</strong><br />
hêtraie, affectionne les forêts mixtes <strong>de</strong><br />
l’étage montagnard. Elle y trouve un sousbois<br />
suffisamment <strong>de</strong>nse à travers lequel elle<br />
se déplace au sol (lire la fiche-espèce n°12).<br />
par an pour la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> 1975 à 1994. Ce<br />
bois est constitué essentiellement d’épicéas.<br />
Pour le bois <strong>de</strong> feu, <strong>de</strong>s lots d’affouage sont<br />
périodiquement attribués aux habitants <strong>de</strong><br />
Saint-Bon Courchevel. Ces lots représentent<br />
<strong>de</strong>s coupes <strong>de</strong> moindre qualité, et sont<br />
délivrés à une cinquantaine <strong>de</strong> personnes par<br />
an. Ils représentent en moyenne 350 m 3 par<br />
an sur l’ensemble <strong>de</strong> la forêt.<br />
Les objectifs <strong>de</strong> protection physique du<br />
document d’aménagement forestier visent à<br />
une protection générale contre l’érosion du<br />
sol, le ravinement et les départs d’avalanches.<br />
Perçues dans leur globalité, les forêts structurent<br />
le paysage <strong>de</strong> la commune et offrent<br />
un cadre idéal à <strong>de</strong> nombreuses activités <strong>de</strong><br />
plein air (randonnée, équitation, etc.). La<br />
quasi-totalité <strong>de</strong> la forêt communale est<br />
fréquentée en été, notamment sur les secteurs<br />
du plan du Vah et du lac <strong>de</strong> la Rosière.<br />
Les espaces boisés <strong>de</strong> Courchevel 1850, non<br />
soumis au régime forestier, et propriétés <strong>de</strong><br />
la commune et du département <strong>de</strong> la Savoie,<br />
font l’objet d’un plan <strong>de</strong> gestion spécifique<br />
<strong>de</strong>puis 1995. Situés entre 1850 et 1900 m,<br />
sur un plateau au lieu-dit “Jardin alpin”, ils<br />
couvrent une dizaine d’hectares et sont gérés<br />
Équilibre entre l’homme<br />
et son milieu<br />
Usages, intérêts économiques<br />
et représentations<br />
Une partie <strong>de</strong> la surface boisée est propriété<br />
<strong>de</strong> la commune et gérée par l’Office <strong>national</strong><br />
<strong>de</strong>s forêts. Cette forêt occupe une surface<br />
<strong>de</strong> 475 ha, dont 20% ne sont pas boisés<br />
(couloirs d’avalanche, pierriers et emprises<br />
diverses, dont celles liées à la station <strong>de</strong> ski).<br />
Ce boisement est géré en futaie jardinée* par<br />
bouquets. Les coupes <strong>de</strong> la forêt communale<br />
sont achetées par un petit nombre <strong>de</strong> scieurs<br />
en Tarentaise. Le bois est utilisé pour la<br />
menuiserie, la charpente et le coffrage. La<br />
récolte moyenne annuelle a été <strong>de</strong> 1200 m 3<br />
PNV - Christophe Gotti<br />
Vététiste sur la piste <strong>de</strong> la vallée <strong>de</strong>s Avals<br />
80 - Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie
PNV - Christophe Gotti<br />
Fiche-milieu n°4<br />
Piste dans la forêt du Laition<br />
par l’Office <strong>national</strong> <strong>de</strong>s forêts. Ces boisements<br />
ont un rôle paysager prédominant.<br />
La forêt domaniale <strong>de</strong> la <strong>de</strong>nt du Villard<br />
occupe 185 ha. Cette forêt, totalement<br />
classée en réserve biologique, n’a pas connu<br />
<strong>de</strong> coupe <strong>de</strong>puis 1896. Aujourd’hui, elle est<br />
avant tout affectée à la protection du milieu<br />
et à l’accueil du public. Par ailleurs, ses<br />
boisements, notamment la pineraie <strong>de</strong> pins à<br />
crochets, jouent un rôle important dans la<br />
protection <strong>de</strong>s sols contre l’érosion.<br />
Les surfaces <strong>de</strong> forêts privées sont relativement<br />
importantes à Saint-Bon Courchevel.<br />
En 2004 elles représentent 365 ha pour<br />
237 propriétaires. Des récoltes ponctuelles<br />
<strong>de</strong> bois <strong>de</strong> chauffage sont réalisées dans ces<br />
forêts.<br />
Intérêts biologique<br />
et patrimonial du milieu<br />
Les pessières* représentent dans les vallées<br />
<strong>de</strong> Vanoise une part importante <strong>de</strong> la forêt,<br />
particulièrement en Tarentaise avec un plus<br />
grand développement en ubac. Leur intérêt<br />
biologique est sensiblement i<strong>de</strong>ntique d’une<br />
commune à l’autre.<br />
La forêt <strong>de</strong> pin à crochets sur gypse constitue<br />
un milieu <strong>de</strong> fort intérêt patrimonial au<br />
niveau européen, que la Communauté<br />
européenne a classé comme “milieu d’intérêt<br />
communautaire prioritaire”.<br />
Sa présence sur la commune a motivé<br />
l’intégration du massif <strong>de</strong> la Vanoise au<br />
réseau Natura 2000.<br />
L’existence, à l’échelle d’un versant, d’une<br />
diversité <strong>de</strong> sta<strong>de</strong>s <strong>de</strong> développement<br />
<strong>de</strong>s peuplements (clairières avec arbustes,<br />
jeunes semis, fourrés, perchis par bouquets,<br />
futaie jardinée, très gros bois, vieux arbres),<br />
est particulièrement favorable à la faune. Si<br />
la présence <strong>de</strong> vieux arbres à cavités et<br />
d’arbres morts est indispensable pour un<br />
grand nombre d’oiseaux, <strong>de</strong> mammifères et<br />
d’insectes (rapaces nocturnes, écureuil,<br />
coléoptères se nourrissant <strong>de</strong> bois en<br />
décomposition, etc.), la gélinotte <strong>de</strong>s bois,<br />
par exemple, préfère les jeunes peuplements<br />
et les clairières.<br />
Les sous-bois abritent <strong>de</strong>s plantes à haute<br />
valeur patrimoniale telle que la bruyère <strong>de</strong>s<br />
neiges, le sabot <strong>de</strong> Vénus, les pyroles verdâtre<br />
et intermédiaire.<br />
Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie - 81
Fiche-milieu n°4<br />
La présence du tétras-lyre dans la partie<br />
supérieure <strong>de</strong>s forêts participe également à<br />
l’intérêt biologique <strong>de</strong> celles-ci.<br />
Les forêts contribuent fortement à la diversité<br />
biologique et paysagère <strong>de</strong> la commune.<br />
Elles jouent aussi un rôle <strong>de</strong> protection<br />
contre les avalanches, les chutes <strong>de</strong> pierres et<br />
<strong>de</strong> blocs et l’érosion du sol. Elles constituent<br />
un facteur <strong>de</strong> régulation <strong>de</strong>s écarts climatiques<br />
et diminuent les risques <strong>de</strong> crues<br />
torrentielles. À travers leur mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> nutrition<br />
qui utilise le gaz carbonique présent<br />
dans l’atmosphère, les forêts remplissent une<br />
fonction <strong>de</strong> stockage du carbone, et contribuent<br />
à modérer et différer la problématique<br />
<strong>de</strong> l’effet <strong>de</strong> serre occasionnée par notre<br />
société.<br />
PNV - Christophe Gotti<br />
Trous <strong>de</strong> pic noir sur un pin<br />
PNV - Christophe Gotti<br />
Forêt d’épicéas aux environs du lac <strong>de</strong> la Rosière<br />
Évolution et transformation du milieu<br />
Les forêts d’épicéas <strong>de</strong> l’étage subalpin sont<br />
<strong>de</strong>s formations végétales très stables qui<br />
n’évoluent guère en l’absence <strong>de</strong> perturbation.<br />
À l’étage montagnard, dans les<br />
hêtraies-sapinières ou les sapinières-pessières<br />
climaciques*, le sapin dominera progressivement<br />
l’épicéa, en pourcentage d’essences.<br />
Outre la <strong>de</strong>struction <strong>de</strong> boisement pour<br />
l’aménagement <strong>de</strong> pistes <strong>de</strong> ski et <strong>de</strong><br />
remontées mécaniques, le tourisme d’hiver<br />
affecte également la forêt du fait <strong>de</strong> la<br />
pratique du ski hors piste, qui a lui même un<br />
impact sur la régénération <strong>naturel</strong>le, les skis<br />
sectionnant le sommet <strong>de</strong>s jeunes pousses.<br />
La randonnée hivernale (skis, raquettes,<br />
etc.) peut provoquer le dérangement <strong>de</strong> la<br />
faune (comme le tétras-lyre et la gélinotte<br />
<strong>de</strong>s bois) à une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’année où elle est<br />
très vulnérable.<br />
La fréquentation <strong>de</strong>s forêts par <strong>de</strong>s motos<br />
“trial”, pourtant interdite par la loi 4x4 en<br />
<strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s routes ouvertes à la circulation,<br />
provoque la dégradation <strong>de</strong> sentiers et du<br />
couvert végétal <strong>de</strong> sous-bois, ainsi que <strong>de</strong>s<br />
nuisances sonores importantes pour les<br />
riverains, les touristes et pour la faune <strong>de</strong> ces<br />
milieux.<br />
Emblèmes <strong>de</strong>s milieux montagnards, le<br />
tétras-lyre, ainsi que nombre <strong>de</strong> rapaces,<br />
diurnes ou nocturnes, ont <strong>de</strong>s exigences<br />
territoriales strictes. Ils ne se maintiennent<br />
qu’à la faveur <strong>de</strong> vastes espaces préservés<br />
qui leur assurent gîte, nourriture et tranquillité,<br />
en particulier en saison hivernale.<br />
La multiplication <strong>de</strong>s câbles <strong>de</strong> remontées<br />
mécaniques en forêt, ou plus haut dans les<br />
lan<strong>de</strong>s, est un danger permanent pour ces<br />
oiseaux.<br />
Le morcellement progressif <strong>de</strong> l’espace par<br />
la création d’équipements nouveaux qui<br />
s’ajoutent à ceux déjà existants (pistes <strong>de</strong><br />
ski, pistes forestières, lignes électriques, etc.)<br />
82 - Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie
crée une réduction <strong>de</strong> l’espace vital <strong>de</strong><br />
certaines espèces sensibles et parfois très<br />
rares (telles que le tétras-lyre) qui y trouvent<br />
refuge. Il peut aussi provoquer la<br />
<strong>de</strong>struction directe <strong>de</strong> plantes protégées.<br />
La création <strong>de</strong> toute nouvelle piste forestière<br />
augmente inévitablement la fréquentation<br />
humaine et motorisée, qui peut <strong>de</strong>venir<br />
difficilement contrôlable par la suite (VTT,<br />
raquettes, motos, etc.).<br />
Une trop forte pression <strong>de</strong> dérangement à<br />
une pério<strong>de</strong> sensible <strong>de</strong> leur cycle <strong>de</strong> vie peut<br />
entraîner une régression, voire la disparition,<br />
<strong>de</strong> certaines populations animales <strong>de</strong><br />
tout un secteur. En résumé, la multiplication<br />
<strong>de</strong>s équipements conduit au fractionnement<br />
<strong>de</strong>s territoires <strong>de</strong> la faune sauvage et diminue<br />
la qualité <strong>de</strong>s paysages qui constituent<br />
l’un <strong>de</strong>s atouts du tourisme local.<br />
Propositions <strong>de</strong> gestion<br />
La prise en compte <strong>de</strong>s enjeux naturalistes<br />
dans les documents d’aménagement forestier<br />
doit permettre <strong>de</strong> concilier les objectifs<br />
<strong>de</strong> production forestière ou d’accueil<br />
du public avec les exigences <strong>de</strong> leur<br />
préservation.<br />
Une exploitation forestière permettant<br />
l’existence d’un nombre suffisant <strong>de</strong> vieux<br />
arbres à cavités, ainsi qu’un pourcentage<br />
important <strong>de</strong> bois morts à différents<br />
sta<strong>de</strong>s <strong>de</strong> décomposition, est favorable à la<br />
faune arboricole et aux insectes xylophages<br />
(coléoptères en particulier), ainsi qu’aux<br />
mousses, lichens et champignons.<br />
Il faut pouvoir assurer la quiétu<strong>de</strong> nécessaire<br />
aux espèces vulnérables <strong>de</strong> la faune, durant<br />
les pério<strong>de</strong>s sensibles que sont l’hiver et le<br />
printemps. Cela consiste à réguler la<br />
circulation motorisée dans le milieu <strong>naturel</strong><br />
et à sensibiliser les randonneurs à skis et à<br />
raquettes à la fragilité <strong>de</strong> certains endroits<br />
qu’ils sont amenés à fréquenter.<br />
Cela exige un effort pédagogique en<br />
direction du public, expliquant le nécessaire<br />
respect <strong>de</strong> la tranquillité <strong>de</strong>s lieux et<br />
l’utilisation d’itinéraires balisés.<br />
L’installation <strong>de</strong> dispositifs <strong>de</strong> signalisation<br />
<strong>de</strong>s câbles <strong>de</strong> remontées mécaniques<br />
pourrait atténuer l’impact <strong>de</strong> ceux-ci sur les<br />
populations <strong>de</strong> tétraonidés forestiers. Une<br />
telle action a été réalisée sur le télésiège <strong>de</strong>s<br />
Chapelets et pourrait être menée sur les<br />
téléskis du Sta<strong>de</strong> et <strong>de</strong> la Loze.<br />
PNV - Ludovic Imberdis<br />
Fiche-milieu n°4<br />
Bois du Biolley à l’automne (Courchevel 1650)<br />
Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie - 83
Fiche-milieu n°5<br />
Fiche-milieu n°5<br />
Les lan<strong>de</strong>s, les landines et<br />
les fourrés <strong>de</strong> saules d’altitu<strong>de</strong><br />
Lan<strong>de</strong>s et forêts au sommet <strong>de</strong> la <strong>de</strong>nt du Villard<br />
PNV - Alexandre Garnier<br />
PNV - Fabrice Darinot<br />
Lan<strong>de</strong> mixte avec genévrier commun, rhodo<strong>de</strong>ndron ferrugineux et myrtille vers le rocher <strong>de</strong> la Loze<br />
Ce sont <strong>de</strong>s formations végétales dominées<br />
par une végétation arbustive <strong>de</strong> hauteur<br />
inférieure à celle du manteau neigeux. Composées<br />
d’arbustes et arbrisseaux à feuilles<br />
persistantes ou non, ces lan<strong>de</strong>s peuvent être<br />
plus ou moins <strong>de</strong>nses.<br />
On rencontre aux étages montagnard et<br />
subalpin les lan<strong>de</strong>s sèches ou lan<strong>de</strong>s à<br />
genévriers nains, les lan<strong>de</strong>s fraîches ou<br />
lan<strong>de</strong>s à éricacées (rhodo<strong>de</strong>ndron, camarine,<br />
airelles, etc.) et <strong>de</strong>s formations buissonnantes<br />
à saule glauque.<br />
84 - Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie
Fiche-milieu n°5<br />
Fiche-milieu n°5<br />
Les lan<strong>de</strong>s, les landines et les fourrés <strong>de</strong> saules d’altitu<strong>de</strong><br />
Ces formations peuvent atteindre plusieurs<br />
décimètres <strong>de</strong> hauteur. À l’étage alpin, on ne<br />
rencontre plus que les lan<strong>de</strong>s basses à<br />
éricacées (notamment à camarine et airelle<br />
<strong>de</strong>s marais) et les landines à azalée naine<br />
dont la hauteur ne dépasse pas quelques<br />
centimètres.<br />
Alors que les lan<strong>de</strong>s et les landines <strong>de</strong> l’étage<br />
alpin constituent généralement un milieu<br />
primaire*, l’essentiel <strong>de</strong>s lan<strong>de</strong>s montagnar<strong>de</strong>s<br />
et subalpines sont <strong>de</strong>s milieux<br />
secondaires*. Elles résultent en effet <strong>de</strong> la<br />
reconquête <strong>de</strong>s espaces autrefois déforestés<br />
au profit <strong>de</strong>s alpages, puis abandonnés ou<br />
sous-pâturés. Par ailleurs, <strong>de</strong> tous temps se<br />
sont développées <strong>de</strong>s lan<strong>de</strong>s intra-forestières<br />
liées aux cycles <strong>de</strong> perturbation affectant la<br />
forêt (avalanches, chablis, etc.).<br />
Les formations à saule glauque, dont la taille<br />
varie <strong>de</strong> 1 à 2 m, se situent essentiellement<br />
en versant nord, sur <strong>de</strong>s terrains régulièrement<br />
alimentés par une eau pauvre en<br />
matières minérales et sur sol squelettique.<br />
Sur <strong>de</strong>s substrats plus riches en humus et<br />
moins humi<strong>de</strong>s, cette saulaie subalpine cè<strong>de</strong><br />
la place à la végétation <strong>de</strong>s lan<strong>de</strong>s à éricacées.<br />
De belles formations à saule glauque<br />
tapissent les crêtes <strong>de</strong> la <strong>de</strong>nt du Villard. À<br />
cet endroit ces saules se trouvent souvent en<br />
association avec une diversité <strong>de</strong> groupements<br />
végétaux liés aux entonnoirs <strong>de</strong><br />
dissolution : pelouse <strong>de</strong> combe à neige,<br />
landine à drya<strong>de</strong> à huit pétales et à raisind’ours,<br />
etc.<br />
Les stations fraîches et humi<strong>de</strong>s présentent<br />
les conditions optimales pour le dévelop-<br />
Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie - 85
Fiche-milieu n°5<br />
pement <strong>de</strong> la lan<strong>de</strong> à rhodo<strong>de</strong>ndron ferrugineux.<br />
Très sensible au gel et à la<br />
<strong>de</strong>ssiccation, le rhodo<strong>de</strong>ndron s’installe<br />
préférentiellement sur les versants d’ubac<br />
longuement enneigés où il est protégé <strong>de</strong>s<br />
rigueurs hivernales par le manteau neigeux.<br />
Cette lan<strong>de</strong> fait souvent transition entre les<br />
forêts et les pelouses alpines. De petits<br />
groupements sont aussi présents sur le<br />
sommet <strong>de</strong> la <strong>de</strong>nt du Villard, près du col <strong>de</strong><br />
la Chal. Plus largement, le rhodo<strong>de</strong>ndron<br />
couvre les versants du rocher <strong>de</strong> la Loze.<br />
La lan<strong>de</strong> à genévrier nain se limite aux<br />
versants ari<strong>de</strong>s et ensoleillés jusqu’à 2 500-<br />
2 700 m d’altitu<strong>de</strong>. Le genévrier nain y est<br />
souvent associé au raisin d’ours, encore<br />
appelé busserole. Ce type <strong>de</strong> lan<strong>de</strong> occupe<br />
quelques secteurs du vallon <strong>de</strong>s Creux. Il<br />
occupe également une combe surplombant<br />
le lac <strong>de</strong> la Rosière, dans la forêt <strong>de</strong> la <strong>de</strong>nt<br />
du Villard.<br />
Dans les secteurs les plus élevés, apparaissent<br />
les landines alpines, dont la<br />
végétation ne dépasse pas 20 cm <strong>de</strong> hauteur.<br />
Elles sont dominées par la camarine<br />
hermaphrodite et l’airelle à petites feuilles.<br />
En conditions plus extrêmes se trouve la<br />
landine à azalée naine. Celle-ci affectionne<br />
les crêtes et les croupes ventées soumises à<br />
<strong>de</strong> très basses températures. De nombreux<br />
lichens y sont associés. Nous pouvons<br />
observer cette végétation dans le secteur du<br />
lac du Rateau, au col <strong>de</strong> Chanrouge, ou<br />
encore, dans le secteur <strong>de</strong> l’Ariondaz.<br />
PNV - Christian Balais<br />
Rhodo<strong>de</strong>ndron ferrugineux<br />
développement du rhodo<strong>de</strong>ndron est très<br />
lent. Il faut environ 150 ans pour qu’une<br />
pelouse en soit totalement recouverte, alors<br />
que la myrtille ne met qu’une vingtaine<br />
d’années. Ce développement se fait essentiellement<br />
par marcottage. Ainsi <strong>de</strong>s surfaces<br />
<strong>de</strong> rhodo<strong>de</strong>ndron peuvent être constituées<br />
<strong>de</strong>s clones d’un seul et même individu.<br />
Assez indifférent à la nature du substrat, le<br />
genévrier nain recherche les situations<br />
ensoleillées et ari<strong>de</strong>s. Ses feuilles transformées<br />
en aiguilles lui permettent <strong>de</strong> réduire<br />
ses pertes en eau. Cet arbrisseau pionnier<br />
souvent couché au sol est une espèce arcticoalpine*<br />
assez commune à l’étage subalpin <strong>de</strong>s<br />
principales montagnes françaises.<br />
Accompagnant l’une et l’autre <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux<br />
<strong>de</strong>rnières espèces l’airelle rouge développe<br />
<strong>de</strong>s feuilles vert foncé, luisantes <strong>de</strong>ssus,<br />
mates et ponctuées <strong>de</strong> glan<strong>de</strong>s brunes<br />
<strong>de</strong>ssous. De la même famille que la myrtille<br />
et la bruyère, ses fleurs ont la forme typique<br />
<strong>de</strong> petits grelots.<br />
Flore<br />
La face inférieure <strong>de</strong>s feuilles du<br />
rhodo<strong>de</strong>ndron ferrugineux semble tachée <strong>de</strong><br />
rouille. Elle est en fait tapissée <strong>de</strong> minuscules<br />
écailles serrées, glanduleuses et odorantes,<br />
renfermant un poison qui rend la plante<br />
toxique à l’état frais et la protège <strong>de</strong> la <strong>de</strong>nt<br />
du bétail, qui se gar<strong>de</strong> bien <strong>de</strong> la brouter. Le<br />
PNV - Maurice Mollard<br />
Airelle rouge<br />
86 - Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie
PNV - Christian Balais<br />
Saule glauque<br />
Arbrisseau touffu pourvu <strong>de</strong> rameaux<br />
tortueux et <strong>de</strong> feuilles très soyeuses, le saule<br />
glauque est une espèce protégée caractéristique<br />
<strong>de</strong> la saulaie buissonnante subalpine.<br />
Il est présent en France uniquement<br />
en Savoie, en Haute-Savoie et dans le<br />
Dauphiné. Dans les formations végétales<br />
où il domine, il peut être accompagné du<br />
saule hasté, du saule appendiculé et du<br />
cotonéaster à feuilles entières.<br />
à rameaux d’un an. Cette petite fougère se<br />
développe aussi dans les boisements<br />
d’épicéas. Dans tous les cas elle exige un<br />
milieu frais. Un seul site est connu sur la<br />
commune.<br />
Présent en alpage, mais aussi dans la lan<strong>de</strong>,<br />
le pseudorchis blanchâtre, encore appelé<br />
orchis miel en raison <strong>de</strong> son o<strong>de</strong>ur miellée,<br />
est une orchidée caractérisée par ses petites<br />
fleurs blanchâtres, regroupées en épi <strong>de</strong>nse.<br />
Faune<br />
Les lan<strong>de</strong>s sont fréquentées par <strong>de</strong>s espèces<br />
<strong>de</strong> passage. Ainsi l’hermine, aux activités<br />
tant nocturnes que diurnes, peut y être<br />
observée. Tout comme le lièvre variable et le<br />
lagopè<strong>de</strong> alpin, l’hermine revêt un “blanc<br />
manteau” en pério<strong>de</strong> hivernale. Provoqué<br />
Virginie Bourgoin<br />
PNV - Christian Balais<br />
Fiche-milieu n°5<br />
Lycopo<strong>de</strong> à rameaux d’un an<br />
Azalée naine<br />
Adaptée aux conditions climatiques extrêmes<br />
<strong>de</strong>s crêtes ventées, dégagées <strong>de</strong> neige en<br />
hiver, l’azalée naine, aux fleurs roses, ne<br />
dépasse guère 5 cm <strong>de</strong> hauteur. Elle est<br />
souvent associée à <strong>de</strong> nombreux lichens.<br />
On rencontre plusieurs espèces <strong>de</strong> lycopo<strong>de</strong>s<br />
dans les lan<strong>de</strong>s peu <strong>de</strong>nses, dont le lycopo<strong>de</strong><br />
PNV - Nathhalie Tissot<br />
Hermine en pelage d’hiver<br />
Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie - 87
PNV - Ludovic Imberdis<br />
PNV - Julien Charron<br />
Fiche-milieu n°5<br />
Renard roux<br />
par la diminution <strong>de</strong>s jours, ce changement<br />
<strong>de</strong> pelage offre à l’animal <strong>de</strong> meilleures<br />
possibilités <strong>de</strong> camouflage dans un<br />
environnement blanchi par la neige. Seul un<br />
pinceau <strong>de</strong> poils noirs persiste au bout <strong>de</strong> sa<br />
queue.<br />
Le renard roux, qui investit <strong>de</strong>s habitats*<br />
très diversifiés, fréquente également ce<br />
milieu. Bien qu’il consomme nombre <strong>de</strong><br />
rongeurs et autres petites proies, il s’alimente<br />
également <strong>de</strong>s baies qu’il trouve dans<br />
ces lan<strong>de</strong>s en fin d’été et à l’automne. Cette<br />
nourriture, parfois dominante, se retrouve<br />
dans la couleur noire à violacée <strong>de</strong>s<br />
excréments rejetés par l’animal.<br />
Sous nos latitu<strong>de</strong>s, le tétras-lyre est un<br />
oiseau essentiellement subalpin dont<br />
l’habitat* <strong>naturel</strong> se limite à la zone <strong>de</strong><br />
transition entre l’étage supérieur <strong>de</strong> la forêt<br />
et les pelouses vers 1 900 à 2 100 m<br />
d’altitu<strong>de</strong>. Cette interface forêts/alpages lui<br />
est favorable car elle regroupe sur une<br />
surface réduite <strong>de</strong> quoi satisfaire ses besoins,<br />
très divers au cours <strong>de</strong> l’année : zones<br />
dégagées pour ses para<strong>de</strong>s nuptiales, places<br />
abritées pour établir le nid, lan<strong>de</strong>s et alpages<br />
pour son alimentation et celle <strong>de</strong>s jeunes,<br />
arbres utilisés à la fois comme perchoirs et<br />
comme ressource alimentaire (bourgeons)<br />
en pério<strong>de</strong> hivernale. Dans les montagnes<br />
françaises, la végétation arbustive d’altitu<strong>de</strong><br />
accueille aussi en été le merle à plastron.<br />
Ressemblant au merle noir, mâle et femelle<br />
PNV - Marie-Geneviève Bourgeois<br />
Merle à plastron<br />
s’en distinguent grâce au croissant blanc, ou<br />
plastron, qui traverse leur poitrine.<br />
Oiseau typique <strong>de</strong>s formations végétales<br />
basses et sèches, la linotte mélodieuse fréquente<br />
les lan<strong>de</strong>s à genévrier. Au plumage<br />
terne et discret <strong>de</strong> la femelle, le mâle oppose<br />
une version beaucoup plus fantaisie, enrichie<br />
<strong>de</strong> rouge sur la tête et sur la poitrine.<br />
La vipère aspic trouve dans les lan<strong>de</strong>s la<br />
diversité et la multiplicité <strong>de</strong>s refuges dont<br />
elle a besoin pour s’abriter et pour chasser<br />
les petits rongeurs qui constituent la base <strong>de</strong><br />
son alimentation. À haute altitu<strong>de</strong>, cette<br />
espèce peut présenter une coloration plus<br />
foncée, jusqu’à développer <strong>de</strong>s écailles<br />
complètement noires. Animal à sang froid,<br />
la vipère craint le froid. Ces écailles noires<br />
fonctionnent alors comme <strong>de</strong> véritables<br />
petits capteurs solaires.<br />
Le solitaire est un papillon qui fréquente les<br />
lan<strong>de</strong>s pour sa reproduction. Cette espèce<br />
pond ses oeufs sur les feuilles <strong>de</strong> l’airelle <strong>de</strong>s<br />
marais, la plante hôte <strong>de</strong>s chenilles.<br />
Solitaire<br />
88 - Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie
PNV - Alexandre Garnier<br />
Fiche-milieu n°5<br />
Gare <strong>de</strong> départ du téléphérique <strong>de</strong> la Saulire<br />
Équilibre entre l’homme<br />
et son milieu<br />
Usages, intérêts économiques<br />
et représentations<br />
D’un point <strong>de</strong> vue pastoral, la lan<strong>de</strong> est un<br />
milieu peu productif et difficilement pénétrable<br />
(fourrés et lan<strong>de</strong>s “hautes” et <strong>de</strong>nses) ;<br />
elle est donc inexploitée par l’homme.<br />
Autrefois, les lan<strong>de</strong>s et les forêts d’altitu<strong>de</strong><br />
ont été défrichées pour augmenter les<br />
surfaces en alpage.<br />
Sur Saint-Bon Courchevel la réduction <strong>de</strong><br />
ces milieux tient surtout au développement<br />
<strong>de</strong>s aménagements liés au ski alpin au cours<br />
du XX e siècle.<br />
La cueillette <strong>de</strong> baies reste une activité<br />
marginale.<br />
ou quand les myrtilliers rougissent à<br />
l’automne, elles ont une forte valeur<br />
paysagère.<br />
Elles protègent le sol <strong>de</strong> l’érosion et assurent<br />
la stabilité du manteau neigeux.<br />
Elles jouent un rôle <strong>de</strong> refuge pour la faune<br />
sauvage et constituent un gar<strong>de</strong>-manger<br />
pour les galliformes <strong>de</strong> montagne et autres<br />
animaux (renard, merle à plastron, grives)<br />
qui se nourrissent <strong>de</strong> baies.<br />
Intérêts biologique<br />
et patrimonial du milieu<br />
On peut rencontrer dans les lan<strong>de</strong>s quelques<br />
espèces végétales protégées, telles que le lycopo<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>s Alpes dont c’est l’unique habitat*.<br />
La présence du saule glauque confère aux<br />
saulaies buissonnantes subalpines une forte<br />
valeur patrimoniale.<br />
Les lan<strong>de</strong>s à éricacées participent pleinement<br />
à l’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong>s paysages montagnards. Au<br />
moment <strong>de</strong> la floraison du rhodo<strong>de</strong>ndron,<br />
PNV - Ludovic Imberdis<br />
Lan<strong>de</strong>s et éboulis au passage <strong>de</strong>s Chapelets<br />
Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie - 89
PNV - Alexandre Garnier<br />
Fiche-milieu n°5<br />
Lan<strong>de</strong> mixte avec genévrier commun et rhodo<strong>de</strong>ndron ferrugineux vers le rocher <strong>de</strong> la Loze<br />
Les lan<strong>de</strong>s à rhodo<strong>de</strong>ndrons représentent un<br />
<strong>de</strong>s habitats* privilégiés du territoire du<br />
tétras-lyre, espèce emblématique. Mais la<br />
seule présence <strong>de</strong> cet habitat* ne suffit pas à<br />
ce galliforme qui a aussi besoin <strong>de</strong> places<br />
<strong>de</strong> chant dégagées, d’arbres, etc., pour<br />
accomplir son cycle <strong>de</strong> vie.<br />
La présence dans ces lan<strong>de</strong>s d’espèces<br />
végétales protégées et leur rôle <strong>de</strong> refuge<br />
pour une faune alpine <strong>de</strong> plus en plus<br />
concurrencée par les activités humaines en<br />
font <strong>de</strong>s secteurs à ne pas négliger en matière<br />
<strong>de</strong> conservation.<br />
Évolution et transformation du milieu<br />
Les lan<strong>de</strong>s sont <strong>de</strong>s milieux qui évoluent<br />
lentement.<br />
Ainsi, une pelouse d’altitu<strong>de</strong> peut se transformer<br />
<strong>naturel</strong>lement en lan<strong>de</strong> après arrêt du<br />
pâturage, puis en forêt si l’altitu<strong>de</strong> le permet.<br />
Sur Saint-Bon Courchevel, les superficies<br />
occupées par les lan<strong>de</strong>s sont globalement<br />
stables.<br />
Les gares d’arrivée <strong>de</strong>s remontées mécaniques<br />
sont bien souvent créées sur les places<br />
<strong>de</strong> chant du tétras-lyre, impact venant<br />
s’ajouter à celui <strong>de</strong>s câbles qui traversent<br />
leurs domaines vitaux.<br />
Par ailleurs, le ski hors piste et la pratique <strong>de</strong><br />
la raquette occasionnent un dérangement<br />
important <strong>de</strong> la faune. Il peut en résulter une<br />
régression marquée <strong>de</strong>s populations <strong>de</strong><br />
tétras-lyre.<br />
Propositions <strong>de</strong> gestion<br />
Le passage <strong>de</strong>s troupeaux à travers les<br />
lan<strong>de</strong>s, s’il reste modéré, peut favoriser le<br />
renouvellement <strong>de</strong> micro-habitats favorables<br />
au maintien <strong>de</strong> certaines espèces :<br />
orchidées, lycopo<strong>de</strong>s, reptiles.<br />
Un retour du pâturage peut être envisagé,<br />
voire encouragé, dans le cas <strong>de</strong>s lan<strong>de</strong>s<br />
secondaires* en extension.<br />
Le maintien, à l’échelle du territoire<br />
communal, d’un certain équilibre entre les<br />
lan<strong>de</strong>s et les pelouses à bonne valeur<br />
pastorale, suppose une gestion adéquate. En<br />
effet, il est plus intéressant d’un point <strong>de</strong> vue<br />
pastoral d’avoir <strong>de</strong>s pelouses d’alpage et <strong>de</strong>s<br />
lan<strong>de</strong>s bien distinctes, plutôt que <strong>de</strong>s petits<br />
ilôts <strong>de</strong> lan<strong>de</strong>s au sein <strong>de</strong>s alpages. La gestion<br />
par pâturage est alors plus efficace.<br />
Dans un contexte d’extension <strong>de</strong> la lan<strong>de</strong> et<br />
<strong>de</strong> diminution <strong>de</strong> la pression pastorale à<br />
l’échelle du territoire communal, mieux vaut<br />
voir se fermer les zones à moins bonne valeur<br />
pastorale et concentrer l’effort <strong>de</strong> contrôle <strong>de</strong><br />
la lan<strong>de</strong> sur les alpages les meilleurs.<br />
90 - Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie
Les pelouses d’altitu<strong>de</strong><br />
et les combes à neige<br />
PNV - Christophe Gotti<br />
Fiche-milieu n°6<br />
Alpage <strong>de</strong>s Avals<br />
PNV - Alexandre Garnier<br />
Pelouse fleurie dans l’alpage <strong>de</strong> Pralin-Mugnier<br />
Les pelouses correspon<strong>de</strong>nt à <strong>de</strong>s formations<br />
herbacées dont la hauteur dépasse<br />
rarement 30 cm. On distingue dans cette<br />
fiche les pelouses d’altitu<strong>de</strong> et les combes à<br />
neige.<br />
Les pelouses d’altitu<strong>de</strong> couvrent <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s<br />
surfaces en montagne, <strong>de</strong> l’étage subalpin à<br />
l’étage alpin (à partir <strong>de</strong> 1700 m à Saint-Bon<br />
Courchevel) et sont le plus souvent<br />
exploitées par les troupeaux domestiques et<br />
les ongulés sauvages.<br />
Leur diversité est due à l’action combinée <strong>de</strong><br />
plusieurs facteurs écologiques tels que : la<br />
nature <strong>de</strong> la roche-mère sous-jacente et du<br />
substrat, le régime d’enneigement et <strong>de</strong><br />
Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie - 91
Fiche-milieu n°6<br />
Fiche-milieu n°6<br />
Pelouses d’altitu<strong>de</strong> et combes à neige.<br />
température, l’exposition au soleil et au<br />
vent, l’humidité, l’épaisseur du sol et sa<br />
proportion <strong>de</strong> cailloux.<br />
Ce milieu se définit donc plus exactement<br />
comme une mosaïque <strong>de</strong> différents types <strong>de</strong><br />
pelouses : pelouses sèches d’adret / fraîches<br />
d’ubac, pelouses aci<strong>de</strong>s / calcaires, pelouses<br />
maigres / grasses, etc.<br />
À Saint-Bon Courchevel <strong>de</strong>s pelouses maigres<br />
se trouvent entre le col <strong>de</strong> la Platta et le<br />
refuge <strong>de</strong>s lacs Merlet, également entre le col<br />
<strong>de</strong>s Saulces et la combe <strong>de</strong>s Roches. Des pelouses<br />
aci<strong>de</strong>s, où se développe le nard rai<strong>de</strong>,<br />
occupent les versants du rocher <strong>de</strong> la Loze.<br />
Des pelouses calcaires se trouvent sur les<br />
versants <strong>de</strong> la crête du mont Charvet et <strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> la Portetta.<br />
La présence et le type d’herbivores (domestiques<br />
ou sauvages), ainsi que l’utilisation<br />
pastorale <strong>de</strong> ces pelouses, en influant sur la<br />
richesse en éléments nutritifs du sol (en<br />
PNV - Jacques Perrier<br />
Combe à neige<br />
92 - Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie
particulier l’azote), conditionnent aussi<br />
fortement la nature <strong>de</strong> la végétation.<br />
Les combes à neige sont <strong>de</strong>s types <strong>de</strong><br />
pelouses particulières dont la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
végétation est réduite à moins <strong>de</strong> trois mois,<br />
du fait <strong>de</strong> la persistance <strong>de</strong> la neige. On les<br />
rencontre plus fréquemment dans <strong>de</strong>s petites<br />
dépressions, sur les replats ou dans les<br />
pentes faibles <strong>de</strong> haute altitu<strong>de</strong>, longuement<br />
enneigés. Qu’ils soient ligneux ou herbacés,<br />
les végétaux n’y dépassent pas 10 cm, voire<br />
5 cm, <strong>de</strong> hauteur.<br />
Sur certaines <strong>de</strong> ces pelouses sont associées<br />
<strong>de</strong>s plantes spécialisées, capables <strong>de</strong> survivre<br />
malgré la brièveté <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> végétation,<br />
comme la soldanelle <strong>de</strong>s Alpes, l’alchémille<br />
à cinq folioles et la laîche féti<strong>de</strong>. De<br />
telles formations se trouvent au pas du Roc<br />
Merlet et dans la cuvette du lac du Rateau.<br />
Sur d’autres pelouses, ce sont <strong>de</strong>s saules<br />
rampants qui dominent.<br />
Contrairement aux autres types <strong>de</strong> pelouses,<br />
les graminées y sont très peu abondantes,<br />
souvent remplacées par <strong>de</strong>s laîches. De tels<br />
groupements se développent dans la vallée<br />
<strong>de</strong>s Avals, également sous le col <strong>de</strong><br />
Chanrouge.<br />
PNV - Ludovic Imberdis<br />
plus rares. Ces <strong>de</strong>ux gentianes sont inféodées<br />
aux substrats calcaires.<br />
Le botryche lunaire est une petite fougère<br />
<strong>de</strong>s pelouses rases, où elle passe souvent<br />
inaperçue. À qui la découvre, cette plante<br />
procure un certain plaisir tant elle étonne<br />
par ses formes. En plein développement elle<br />
arbore une petite “grappe <strong>de</strong> raisin”, ses<br />
sporanges, protégée par une arborescence <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>mi-lunes, ses feuilles ou fron<strong>de</strong>s.<br />
Tout aussi difficile à déceler, avec ses fines<br />
feuilles lancéolées, sa petite taille et sa teinte<br />
générale verte, l’orchis nain <strong>de</strong>s Alpes<br />
pousse dans les pelouses calcaires ou gypseuses<br />
<strong>de</strong>s crêtes ventées. Plus petite<br />
orchidée <strong>de</strong> Vanoise, cette espèce fait partie<br />
<strong>de</strong>s plantes rares et protégées.<br />
Fiche-milieu n°6<br />
Fiche-milieu n°6<br />
Flore<br />
Les pelouses d’altitu<strong>de</strong> sont le domaine <strong>de</strong>s<br />
petites gentianes bleues comme la gentiane<br />
printanière et la gentiane <strong>de</strong> Koch, l’une <strong>de</strong>s<br />
Pensée éperonnée<br />
C’est aussi généralement sur calcaire que se<br />
développe la très commune pensée éperonnée,<br />
appelée encore pensée <strong>de</strong>s Alpes.<br />
(lire “Plantes utilisées par l’homme” p. 29).<br />
La pédiculaire du mont Cenis, avec sa lèvre<br />
PNV - Christian Balais<br />
PNV - Maurice Mollard<br />
Botryche lunaire<br />
Pédiculaire du mont Cenis<br />
Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie - 93
Fiche-milieu n°6<br />
PNV - Philippe Benoît<br />
Pédiculaire d’Allioni ou pédiculaire rose<br />
supérieure en casque pourpre foncé terminé<br />
en long bec cylindrique, est une plante <strong>de</strong>s<br />
pelouses rocailleuses. Cette espèce est assez<br />
commune en Vanoise, tout comme la<br />
pédiculaire d’Allioni. L’hormin <strong>de</strong>s Pyrénées<br />
est une plante peu connue <strong>de</strong> la famille <strong>de</strong>s<br />
sauges. Ses nombreuses fleurs bleu-violet<br />
sont toutes orientées du même côté <strong>de</strong> la tige<br />
(lire la fiche-espèce n°2).<br />
Le nard rai<strong>de</strong> constitue souvent la graminée<br />
dominante <strong>de</strong>s pelouses aci<strong>de</strong>s fraîches. En<strong>de</strong>hors<br />
<strong>de</strong>s jeunes pousses, ses feuilles, riches<br />
en silice, sont généralement délaissées par<br />
les troupeaux domestiques. Lorsqu’ils sont<br />
correctement exploités, les alpages à nard<br />
peuvent présenter une diversité floristique<br />
remarquable. Dans ces mêmes pelouses,<br />
l’arnica, la gentiane acaule et le trèfle <strong>de</strong>s<br />
Alpes sont <strong>de</strong>s plantes fréquentes et caractéristiques.<br />
Ce <strong>de</strong>rnier est surnommé réglisse<br />
<strong>de</strong>s montagnes en raison <strong>de</strong> l’o<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> sa<br />
tige souterraine.<br />
Le silène <strong>de</strong> Suè<strong>de</strong> occupe les pelouses<br />
également aci<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l’étage alpin jusqu’à<br />
2800 m d’altitu<strong>de</strong>. Ce silène se distingue par<br />
le regroupement en formation serrée <strong>de</strong> ses<br />
fleurs roses au sommet d’une tige unique.<br />
Cette espèce est protégée en Rhône-Alpes.<br />
La fléole <strong>de</strong>s Alpes est une graminée arcticoalpine*<br />
<strong>de</strong>s pelouses sur sols frais et riches<br />
en éléments minéraux. C’est une bonne<br />
plante fourragère <strong>de</strong> l’étage subalpin, elle<br />
pousse jusqu’à 2 700 m d’altitu<strong>de</strong>. Le pâturin<br />
<strong>de</strong>s Alpes, graminée alpine commune, se<br />
rencontre souvent dans les pelouses grasses<br />
d’altitu<strong>de</strong>. Cette plante très résistante, a<br />
poussé son adaptation à l’altitu<strong>de</strong> à travers<br />
un phénomène rare dans le règne végétal : la<br />
viviparité. Elle est en effet capable <strong>de</strong><br />
développer <strong>de</strong> nouveaux pieds à partir <strong>de</strong> ses<br />
fleurs, sans passer par la germination dans<br />
le sol. Ces <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnières espèces sont<br />
très utilisées pour le “réengazonnement” <strong>de</strong>s<br />
pistes <strong>de</strong> ski.<br />
PNV - Marie-Geneviève Bourgeois<br />
Saule herbacé<br />
PNV - Maurice Mollard<br />
Gentiane acaule<br />
Le saule herbacé, fréquent et abondant dans<br />
les combes à neige aci<strong>de</strong>s, est un arbre nain<br />
ne dépassant guère 5 cm <strong>de</strong> haut.<br />
Plante <strong>de</strong>s combes à neige plutôt calcaires, la<br />
soldanelle <strong>de</strong>s Alpes aux pétales découpés en<br />
lanières est capable <strong>de</strong> fleurir avant même<br />
que la neige ait complètement fondu.<br />
94 - Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie
Faune<br />
Les oiseaux et les mammifères sont, parmi<br />
la faune vertébrée <strong>de</strong>s pelouses d’altitu<strong>de</strong>, les<br />
<strong>de</strong>ux classes les mieux représentées.<br />
Les couverts herbacés les plus ras d’où<br />
émergent <strong>de</strong>s buttes constituent l’habitat <strong>de</strong><br />
prédilection du pipit spioncelle, oiseau très<br />
commun entre 2 000 et 2 500 m. En hiver<br />
l’espèce regagne les plaines. En Savoie il<br />
recherche alors la fraîcheur <strong>de</strong>s prairies<br />
humi<strong>de</strong>s et <strong>de</strong>s rives <strong>de</strong>s lacs et du Rhône.<br />
Dans les pelouses rocailleuses il est accompagné<br />
par la niverolle alpine (lire la ficheespèce<br />
n°8) et le traquet motteux, facilement<br />
i<strong>de</strong>ntifiable grâce au motif noir en forme <strong>de</strong><br />
“T renversé” qui traverse la queue blanche et<br />
qui est très visible lorsque l’oiseau s’envole.<br />
Alors que les populations <strong>de</strong> plaine <strong>de</strong><br />
l’alouette <strong>de</strong>s champs sont attachées aux prairies<br />
et cultures, celles d’altitu<strong>de</strong> sont inféodées<br />
aux seuls pâturages et alpages. C’est<br />
un oiseau <strong>de</strong>s milieux très ouverts, dépourvus<br />
d’arbres et <strong>de</strong> haies. Elle signale sa présence<br />
en pério<strong>de</strong> nuptiale par un chant continu<br />
qu’elle émet tout en s’élevant dans le ciel.<br />
PNV - Alain Chastin<br />
alpin, ou perdrix blanche, niche à même le<br />
sol, à l’abri d’un buisson et parfois sans<br />
aucune protection. Il fréquente aussi les lan<strong>de</strong>s<br />
alpines pour se nourrir <strong>de</strong> baies comme<br />
celles <strong>de</strong> la camarine hermaphrodite dont<br />
il est friand, et en hiver <strong>de</strong> bourgeons<br />
dont ceux du rhodo<strong>de</strong>ndron. À Saint-Bon<br />
Courchevel, cette espèce est suivie : <strong>de</strong>s<br />
fiches “contact” sont remplies par les agents<br />
<strong>de</strong> terrain et <strong>de</strong>s crottes sont prélevées, ceci<br />
afin <strong>de</strong> déterminer la présence d’un parasite<br />
lié à l’oiseau.<br />
Chevrée <strong>de</strong> chamois avec 4 éterlous, un cabri et une femelle<br />
Les pelouses sont aussi <strong>de</strong>s milieux largement<br />
fréquentés par le chamois, le bouquetin<br />
<strong>de</strong>s Alpes et la marmotte, pour la<br />
ressource alimentaire qu’elles leur procu-<br />
PNV - Philippe Benoît<br />
Fiche-milieu n°6<br />
Traquet motteux<br />
La perdrix bartavelle fréquente les barres<br />
rocheuses entrecoupées <strong>de</strong> pelouses sèches et<br />
les pâtures extensives ensoleillées et pentues<br />
où elle trouve les graminées dont elle se<br />
nourrit (lire la fiche-espèce n°9). Typique <strong>de</strong>s<br />
pelouses écorchées parsemées d’éboulis<br />
rocheux, en haute montagne, le lagopè<strong>de</strong><br />
PNV - Christophe Gotti<br />
Marmotte <strong>de</strong>s Alpes<br />
Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie - 95
Fiche-milieu n°6<br />
rent. Cette <strong>de</strong>rnière est même une<br />
“habitante” permanente <strong>de</strong> ces lieux. Elle y<br />
recherche les sols les plus meubles pour y<br />
creuser les terriers dans lesquelles elle s’abrite.<br />
En été elle anime les pelouses <strong>de</strong> son cri<br />
<strong>de</strong>stiné à alerter sa colonie en cas <strong>de</strong> danger<br />
tout autant qu’à entretenir les liens sociaux.<br />
Très aigu, celui-ci est souvent confondu avec<br />
les sifflements d’un oiseau. À partir d’octobre<br />
et jusqu’au mois d’avril, elle hiberne dans<br />
une chambre <strong>de</strong> repos au sein d’un système<br />
complexe <strong>de</strong> galeries.<br />
Les friches résultant <strong>de</strong> l’abandon <strong>de</strong>s prés<br />
sont favorables à toute une petite faune et<br />
constituent le territoire <strong>de</strong> chasse du renard,<br />
prédateur opportuniste, présent aussi bien<br />
aux abords <strong>de</strong>s villes qu’à l’étage alpin.<br />
Les pelouses et pentes rocailleuses, ainsi que<br />
les combes à neige <strong>de</strong> l’étage alpin, ont la<br />
faveur du moiré cendré. Le nard rai<strong>de</strong><br />
constitue la plante hôte <strong>de</strong>s chenilles <strong>de</strong> ce<br />
papillon boréo-alpin*.<br />
Les pentes abruptes couvertes <strong>de</strong> graminées<br />
constituent l’habitat* <strong>de</strong> prédilection du<br />
moiré fauve, un papillon <strong>de</strong> jour aux ailes<br />
fauves traversées d’une large ban<strong>de</strong> orange.<br />
Localisé mais assez abondant dans les Alpes<br />
et les Pyrénées, l’azuré <strong>de</strong> l’oxytropi<strong>de</strong> fréquente<br />
typiquement les prairies maigres et<br />
les pelouses jusqu’à 2 500 m d’altitu<strong>de</strong>. Le<br />
mâle <strong>de</strong> ce petit papillon arbore une robe<br />
bleu clair brillant bordée <strong>de</strong> noir au-<strong>de</strong>ssus,<br />
tandis que la femelle présente une couleur<br />
brun noir. Pour se reproduire il est particulièrement<br />
lié à plusieurs plantes <strong>de</strong> la famille<br />
<strong>de</strong>s légumineuses, comme le sainfoin <strong>de</strong>s<br />
montagnes ou l’oxytropi<strong>de</strong>.<br />
En voie <strong>de</strong> régression du fait <strong>de</strong> la diminution<br />
<strong>de</strong>s milieux qui lui sont favorables, le<br />
grand apollon vole au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s pelouses<br />
sèches d’altitu<strong>de</strong>, du mois <strong>de</strong> juin au mois<br />
d’août.<br />
La virgule survole également ces milieux<br />
jusqu’à environ 2400 m d’altitu<strong>de</strong>. Ce papillon<br />
orange et brun, doit son nom à la ligne<br />
d’écailles noires qui se distinguent sur le<br />
PNV - Maurice Mollard<br />
PNV - Joël Blanchemain<br />
Grand apollon<br />
<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> son aile antérieure. Ces écailles servent<br />
aussi à diffuser les phéromones qu’elles<br />
abritent. Ces substances chimiques, véritables<br />
parfums <strong>de</strong> séduction dans le mon<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>s papillons, seront dégagées par le mâle, le<br />
temps <strong>de</strong>s amours venu !<br />
D’une taille presque égale à celle <strong>de</strong> la<br />
gran<strong>de</strong> sauterelle verte, le <strong>de</strong>ctique verrucivore<br />
est une espèce souvent très commune<br />
sur les pelouses rases d’altitu<strong>de</strong>s. Le terme<br />
verrucivore provient d’une ancienne croyance,<br />
selon laquelle il convenait <strong>de</strong> faire mordre<br />
les verrues par cette sauterelle, puis <strong>de</strong><br />
les brûler en y déposant le suc intestinal<br />
caustique <strong>de</strong> l’animal !<br />
Dectique verrucivore, femelle en train <strong>de</strong> pondre<br />
96 - Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie
Équilibre entre l’homme<br />
et son milieu<br />
Usages, intérêts économiques<br />
et représentations<br />
Aux yeux <strong>de</strong>s populations locales comme à<br />
ceux <strong>de</strong>s vacanciers, les pelouses d’altitu<strong>de</strong><br />
évoquent surtout les alpages, c’est-à-dire les<br />
pelouses pâturées par les troupeaux<br />
domestiques pendant l’estive. Ces représentations<br />
sont fondées sur l’importance <strong>de</strong><br />
l’usage pastoral, tant en termes <strong>de</strong><br />
superficies concernées que <strong>de</strong> poids dans<br />
l’économie agricole locale. La commune<br />
compte plusieurs secteurs d’alpage (lire<br />
“L’agriculture” p. 16).<br />
Les pelouses d’altitu<strong>de</strong> font l’objet d’un<br />
usage pastoral essentiel pour l’agriculture<br />
locale et constituent un réel enjeu <strong>de</strong> gestion.<br />
Elles fournissent l’alimentation <strong>de</strong>s troupeaux<br />
pendant trois mois environ. Leur<br />
valeur pastorale est très variable et peut<br />
s’apprécier à travers plusieurs critères tels<br />
que la productivité, la qualité fourragère,<br />
l’appétence, la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> qualité optimum,<br />
etc. Cette valeur n’est pas une caractéristique<br />
immuable d’un alpage. Selon la<br />
façon dont la pelouse est gérée, notamment<br />
à travers la conduite du troupeau, elle peut<br />
se dégra<strong>de</strong>r ou s’améliorer. Le maintien <strong>de</strong> la<br />
valeur pastorale est un gage <strong>de</strong> pérennité<br />
pour l’activité agricole.<br />
PNV - Ludovic Imberdis<br />
Fiche-milieu n°6<br />
Troupeau <strong>de</strong> vaches <strong>de</strong> race Tarentaise montant à l’alpage <strong>de</strong>s Avals<br />
PNV - Christophe Gotti<br />
Granges à Pralin-Mugnier<br />
Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie - 97
Fiche-milieu n°6<br />
Ce sont par ailleurs <strong>de</strong>s milieux propices à la<br />
pratique <strong>de</strong> la randonnée pé<strong>de</strong>stre. Enfin,<br />
ces pelouses détiennent une valeur récréative<br />
pour les touristes.<br />
Les pelouses d’altitu<strong>de</strong> font partie <strong>de</strong>s<br />
milieux exploités pour l’aménagement <strong>de</strong>s<br />
pistes <strong>de</strong> ski.<br />
Sur Saint-Bon Courchevel, plus <strong>de</strong> la moitié<br />
<strong>de</strong> ces milieux coïnci<strong>de</strong>nt avec le domaine<br />
skiable. Le pâturage remplit ici une véritable<br />
fonction d’entretien <strong>de</strong> ce domaine.<br />
Intérêts biologique<br />
et patrimonial du milieu<br />
L’intérêt biologique <strong>de</strong>s pelouses d’altitu<strong>de</strong> et<br />
<strong>de</strong>s combes à neige est principalement lié à la<br />
diversité <strong>de</strong>s communautés végétales qui s’y<br />
côtoient, et donc <strong>de</strong> la flore qui les compose.<br />
Cette flore très diversifiée comporte plusieurs<br />
espèces à forte valeur patrimoniale : l’orchis<br />
nain <strong>de</strong>s Alpes, l’hor-min <strong>de</strong>s Pyrénées, les<br />
pédiculaires d’Allioni et du mont Cenis, le<br />
silène <strong>de</strong> Suè<strong>de</strong>, la tozzie <strong>de</strong>s Alpes, etc.<br />
Elle présente aussi <strong>de</strong> nombreuses espèces<br />
“symboliques” <strong>de</strong> la montagne aux yeux <strong>de</strong>s<br />
touristes (gentianes bleues, e<strong>de</strong>lweiss, etc.).<br />
Cette diversité végétale est également fondamentale<br />
pour donner son goût et sa<br />
personnalité au Beaufort d’alpage.<br />
L’enracinement <strong>de</strong>s plantes joue un rôle<br />
essentiel <strong>de</strong> stabilisation <strong>de</strong>s sols en terrains<br />
pentus et acci<strong>de</strong>ntés, très fréquents aux étages<br />
subalpin et alpin et contribue ainsi à limiter<br />
l’érosion.<br />
PNV - Alexandre Garnier<br />
Troupeau <strong>de</strong> vaches <strong>de</strong> races Tarentaise et Abondance<br />
PNV - Christophe Gotti<br />
Randonneurs au retour du refuge <strong>de</strong>s lacs Merlet<br />
98 - Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie
Évolution et transformation du milieu<br />
À partir <strong>de</strong>s années 1960, on a assisté, à<br />
l’échelle <strong>de</strong>s Alpes, à une régression<br />
pastorale générale qui s’est traduite par<br />
l’abandon <strong>de</strong> nombreux alpages. En<br />
Vanoise, en revanche, la vie pastorale s’est<br />
globalement mieux maintenue, grâce notamment<br />
à la dynamique “AOC Beaufort”, ainsi<br />
qu’à la possibilité <strong>de</strong> pluriactivité en stations<br />
<strong>de</strong> ski, entraînant le maintien d’actifs<br />
agricoles sur ces territoires.<br />
Si Saint-Bon Courchevel a connu ce mouvement<br />
général, les alpages <strong>de</strong> la commune<br />
ont retrouvé une dynamique locale, liée à<br />
l’importance <strong>de</strong>s vaches transhumantes et à<br />
l’économie basée sur le Beaufort d’alpage.<br />
Contrairement aux pelouses situées à l’étage<br />
alpin, pour lesquelles la dynamique natu-relle<br />
<strong>de</strong> colonisation par les espèces ligneuses est<br />
quasiment nulle, celles présentes sous la limite<br />
supérieure <strong>de</strong> la forêt, à l’étage sub-alpin,<br />
n’existent et ne se maintiennent dans un état<br />
herbacé que grâce à <strong>de</strong>s activités pastorales.<br />
À ces altitu<strong>de</strong>s, l’abandon du pâturage engendre<br />
la fermeture* du milieu et son évolution<br />
progressive vers la lan<strong>de</strong> puis la forêt.<br />
Certains mo<strong>de</strong>s d’utilisation, lorsqu’ils sont<br />
pratiqués, compromettent le maintien <strong>de</strong> la<br />
valeur biologique et la qualité pastorale.<br />
Le piétinement excessif du bétail peut<br />
entraîner <strong>de</strong>s phénomènes d’érosion qui<br />
menacent la qualité <strong>de</strong>s alpages.<br />
L’utilisation trop longue <strong>de</strong>s places <strong>de</strong> traite<br />
engendre le stationnement du bétail et donc<br />
PNV - Alexandre Garnier<br />
Fiche-milieu n°6<br />
Prairie alpine fleurie en amont du chalet d’Ariondaz<br />
PNV - Ludovic Imberdis<br />
Alpages sur la montagne <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Val<br />
Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie - 99
PNV - Christophe Gotti<br />
Fiche-milieu n°6<br />
Fiche-milieu n°6<br />
Salle <strong>de</strong> traite mobile dans l’alpage près du refuge du Grand Plan<br />
l’enrichissement du milieu en éléments<br />
organiques azotés, avec pour conséquence<br />
une modification <strong>de</strong> la composition végétale<br />
initiale au profit d’une végétation <strong>de</strong> type<br />
reposoir (lire la fiche milieu n°1) <strong>de</strong> faible<br />
valeur pastorale et floristique. La gestion <strong>de</strong><br />
certains troupeaux, avec le déplacement <strong>de</strong>s<br />
places <strong>de</strong> traite réalisé tous les <strong>de</strong>ux jours,<br />
vise à éviter ce phénomène.<br />
Le rejet du lactosérum issu <strong>de</strong> la production<br />
du fromage, s’il est effectué directement<br />
dans le milieu, peut entraîner lui aussi une<br />
modification <strong>de</strong> la flore et <strong>de</strong>s pollutions<br />
locales du sol ou <strong>de</strong>s eaux.<br />
Ces pelouses représentent un capital, un<br />
patrimoine pastoral, durement entretenu<br />
pendant <strong>de</strong>s générations et qui, en l’absence<br />
<strong>de</strong> gestion adéquate, pourrait aujourd’hui se<br />
déprécier, voire disparaître définitivement.<br />
Ainsi, l’extension du nard rai<strong>de</strong> diminue<br />
l’intérêt pastoral d’un secteur d’alpage.<br />
Le nivellement <strong>de</strong>s pistes <strong>de</strong> ski détruit<br />
le micro-relief et la végétation elle-même.<br />
Or, en altitu<strong>de</strong>, du fait <strong>de</strong> la superficialité<br />
du sol, <strong>de</strong> la faible dynamique <strong>naturel</strong>le<br />
<strong>de</strong>s espèces <strong>de</strong>s pelouses d’altitu<strong>de</strong> et <strong>de</strong><br />
la courte pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> végétation, la reconstitution<br />
<strong>de</strong> la pelouse “<strong>naturel</strong>le” est très<br />
lente. Il faudra plusieurs dizaines d’années<br />
pour retrouver le cortège floristique<br />
d’origine.<br />
Quant à la valeur paysagère, l’aspect uniforme<br />
<strong>de</strong>s pistes remaniées ne correspond<br />
pas au caractère <strong>naturel</strong> <strong>de</strong> ces espaces<br />
montagnards d’altitu<strong>de</strong>, même après une<br />
revégétalisation aujourd’hui maîtrisée.<br />
Du fait même du meilleur enneigement dont<br />
elles bénéficient, les combes à neige<br />
accueillent souvent <strong>de</strong>s gares <strong>de</strong> télésièges. Les<br />
dégâts occasionnés sur les peuplements <strong>de</strong><br />
saules rampants y sont alors irréversibles à<br />
une échelle <strong>de</strong> temps humaine, la dynamique<br />
<strong>de</strong> la végétation y étant extrêmement lente.<br />
Propositions <strong>de</strong> gestion<br />
La réalisation d’un diagnostic local <strong>de</strong>s<br />
ressources pastorales, <strong>de</strong> leur état et <strong>de</strong>s<br />
enjeux écologiques, <strong>de</strong>vrait permettre <strong>de</strong><br />
proposer <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> gestion pastorale<br />
adaptées à chaque type d’alpage <strong>de</strong> Saint-<br />
Bon Courchevel, conciliant les besoins <strong>de</strong><br />
l’exploitation pastorale actuelle et le maintien<br />
<strong>de</strong> leur valeur pastorale et écologique.<br />
Certaines évolutions, comme le développement<br />
excessif du nard rai<strong>de</strong> au détriment<br />
<strong>de</strong>s autres espèces, constituent une dégradation<br />
à la fois <strong>de</strong> la valeur fourragère et <strong>de</strong><br />
l’intérêt écologique <strong>de</strong>s pelouses concernées.<br />
Un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> conduite pastorale adapté permettrait<br />
d’éviter <strong>de</strong> telles évolutions ou d’en<br />
réparer les effets. La mise en œuvre <strong>de</strong> ces<br />
mesures suppose une conduite rigoureuse <strong>de</strong>s<br />
100 - Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie
troupeaux qui nécessite le plus souvent un<br />
gardiennage ou un parcage. Depuis le début<br />
<strong>de</strong>s années 2000, certains secteurs d’alpages<br />
ont fait l’objet d’une gestion visant à faire<br />
reculer le nard rai<strong>de</strong>. Cette gestion a consisté<br />
notamment à apporter du fumier en parquant<br />
les vaches sur les zones à nard rai<strong>de</strong>.<br />
Concernant le traitement sanitaire du bétail,<br />
l’emploi <strong>de</strong>s substances i<strong>de</strong>ntifiées comme les<br />
moins pénalisantes pour la faune et l’environnement,<br />
surtout en alpage, est recommandé.<br />
Elles permettent d’éviter l’apparition<br />
<strong>de</strong> formes résistantes <strong>de</strong>s parasites, la nonbiodégradabilité<br />
<strong>de</strong>s déjections animales et<br />
l’empoisonnement <strong>de</strong> la chaîne alimentaire*,<br />
<strong>de</strong>s oiseaux insectivores en particulier.<br />
Le maintien d’un espace <strong>de</strong> découverte intact<br />
très apprécié <strong>de</strong>s estivants assurera l’avenir<br />
d’une activité touristique vitale pour l’économie<br />
<strong>de</strong> la commune. De ce fait, tout projet<br />
d’aménagement doit préserver au maximum<br />
cette précieuse couverture végé-tale, unique<br />
en son genre, dont la cicatri-sation est lente et<br />
difficile, et qui pourrait être ainsi banalisée,<br />
même si un ré-engazonnement en atténue<br />
l’impact paysager.<br />
Des recherches sont en cours pour limiter<br />
l’impact négatif d’une surconcentration<br />
locale d’effluents. Ainsi, <strong>de</strong>s dispositifs<br />
d’épuration du lactosérum par lombricompostage<br />
pourraient être mis en place en<br />
alpage dans le cœur du <strong>Parc</strong>, à l’échéance<br />
2008. Une telle expérimentation est en cours<br />
sur l’alpage <strong>de</strong>s Avals.<br />
PNV - Ludovic Imberdis<br />
Fiche-milieu n°6<br />
Fiche-milieu n°6<br />
Courchevel 1850 : domaine skiable et altiport sur la montagne <strong>de</strong> Pralong<br />
PNV - Patrick Folliet<br />
Drailles : terrassements dus aux passages répétés <strong>de</strong>s vaches<br />
Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie - 101
Fiche-milieu n°7<br />
Fiche-milieu n°7<br />
Les éboulis, les moraines<br />
et les glaciers rocheux<br />
PNV - Philippe Benoît<br />
Éboulis. Versant ouest <strong>de</strong> l’aiguille du Rateau<br />
PNV - Alexandre Garnier<br />
Glacier rocheux près du rocher <strong>de</strong> l'Ombre<br />
Les éboulis et moraines se définissent<br />
comme <strong>de</strong>s zones d’accumulation d’éléments<br />
rocheux plus ou moins grossiers. Ce<br />
sont <strong>de</strong>s milieux minéraux et généralement<br />
dépourvus <strong>de</strong> sol. Cette contrainte biologique,<br />
couplée à la mobilité <strong>de</strong>s fragments<br />
qui composent ces milieux, est peu<br />
favorable à l’installation <strong>de</strong> la végétation.<br />
Ils représentent une surface importante à<br />
Saint-Bon Courchevel.<br />
Dans le cas <strong>de</strong>s éboulis, l’érosion <strong>de</strong> la<br />
roche-mère sous l’action <strong>de</strong> l’alternance<br />
gel-dégel, la pente et les précipitations<br />
entraînent le déplacement <strong>de</strong>s matériaux.<br />
Les principaux types d’éboulis se distin-<br />
102 - Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie
Fiche-milieu n°7<br />
Fiche-milieu n°7<br />
Les éboulis, les moraines et les glaciers rocheux<br />
guent par la nature <strong>de</strong> la roche qui les<br />
compose, la taille <strong>de</strong>s éléments, la stabilité<br />
ou l’instabilité <strong>de</strong> l’ensemble.<br />
Dans le cas d’éboulis actifs, l’apport régulier<br />
<strong>de</strong> matériaux empêche l’installation d’un<br />
couvert végétal permanent, et sélectionne la<br />
présence <strong>de</strong> certaines plantes.<br />
À Saint-Bon Courchevel, les éboulis calcaires<br />
sont les plus fréquents. Ils se localisent<br />
sous les <strong>de</strong>nts <strong>de</strong> la Portetta, le rocher <strong>de</strong><br />
Plassa, etc. L’éboulis qui <strong>de</strong>scend <strong>de</strong> l’aiguille<br />
du Fruit dans le vallon <strong>de</strong>s Creux est<br />
particulièrement important. Des éboulis <strong>de</strong><br />
calcaire fin et <strong>de</strong> gypse sont également<br />
présents dans la forêt <strong>de</strong> la <strong>de</strong>nt du Villard.<br />
L’éboulis entre le rocher <strong>de</strong> la Loze et le<br />
rocher <strong>de</strong> l’Ombre est <strong>de</strong> nature siliceuse.<br />
Les moraines sont constituées <strong>de</strong> matériaux<br />
arrachés, transportés et déposés par les<br />
glaciers. Elles bénéficient d’une certaine<br />
humidité lorsqu’elles sont proches <strong>de</strong>s<br />
PNV - Ludovic Imberdis<br />
glaciers mais, du fait du gel, celle-ci n’est pas<br />
toujours disponible pour les plantes.<br />
Une moraine ancienne, aujourd’hui recouverte<br />
<strong>de</strong> végétation, se trouve à proximité <strong>de</strong><br />
la combe du Rateau.<br />
Les glaciers rocheux sont constitués<br />
d’épaisses couches <strong>de</strong> matériaux animées<br />
par la présence <strong>de</strong> glace sous-jacente ou <strong>de</strong><br />
Éboulis au pied du roc Merlet<br />
Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie - 103
Fiche-milieu n°7<br />
glace interstitielle. Ce type <strong>de</strong> glacier se<br />
traduit par la présence en surface <strong>de</strong><br />
bourrelets multiples, <strong>de</strong> ri<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> creux<br />
allongés dans le sens <strong>de</strong> la pente ou<br />
transversales à elle.<br />
L’aiguille du Rateau est typiquement entourée<br />
par <strong>de</strong>s glaciers rocheux. Un autre petit<br />
glacier rocheux est visible quelques centaines<br />
<strong>de</strong> mètres au nord du rocher <strong>de</strong><br />
l’Ombre. Ancien, ce <strong>de</strong>rnier est partiellement<br />
recouvert <strong>de</strong> végétation.<br />
Dans tous les cas, seuls les végétaux pionniers<br />
spécifiquement adaptés à la mobilité <strong>de</strong><br />
leur support vont être capables <strong>de</strong> s’implanter<br />
; ils seront, soit “migrateurs”, comme<br />
la linaire <strong>de</strong>s Alpes ou la campanule alpestre<br />
et se déplaçant avec les matériaux, soit<br />
“recouvreurs” (telle la benoîte rampante) et à<br />
même <strong>de</strong> stabiliser les cailloux.<br />
La nature <strong>de</strong> la roche-mère (aci<strong>de</strong> ou calcaire)<br />
conditionne aussi les espèces présentes.<br />
La colonisation végétale peut faire évoluer<br />
ces milieux, essentiellement minéraux, vers<br />
d’autres milieux végétalisés (pelouses,<br />
lan<strong>de</strong>s). Il existe tous les sta<strong>de</strong>s <strong>de</strong> transition<br />
entre l’éboulis brut et la pelouse sur ancien<br />
éboulis, ou ancienne moraine.<br />
Flore<br />
Les éboulis, les moraines et les glaciers<br />
rocheux, milieux écologiquement très<br />
contraignants, déterminent une flore<br />
originale.<br />
La végétation <strong>de</strong>s éboulis instables est<br />
essentiellement caractérisée par <strong>de</strong>s plantes<br />
herbacées à feuillage réduit. En revanche,<br />
dès que les éboulis ten<strong>de</strong>nt vers une<br />
stabilisation et une moindre sécheresse, en<br />
bas <strong>de</strong> pente, la végétation se fait plus<br />
luxuriante, avec <strong>de</strong>s plantes <strong>de</strong> plus haute<br />
taille et à feuillage plus large.<br />
La benoîte rampante est une plante<br />
caractéristique et fréquente <strong>de</strong>s moraines et<br />
éboulis siliceux actifs. Elle a la particularité<br />
PNV - Christian Balais<br />
PNV - Ludovic Imberdis<br />
Benoîte rampante<br />
d’émettre <strong>de</strong> longs stolons rougeâtres<br />
pouvant atteindre 1 m <strong>de</strong> long. Ces pousses<br />
flexibles lui permettent notamment <strong>de</strong><br />
maintenir son substrat tout en colonisant <strong>de</strong><br />
nouveaux espaces. Ses graines sont munies<br />
d’une aigrette soyeuse qui facilite la<br />
dissémination <strong>de</strong>s fruits par le vent, balayant<br />
fréquemment les éboulis.<br />
Linaire <strong>de</strong>s Alpes<br />
La linaire <strong>de</strong>s Alpes s’établit fréquemment<br />
dans <strong>de</strong>s éboulis calcaires. Bien adaptée à la<br />
mobilité <strong>de</strong> son substrat, elle possè<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
longues tiges rampantes qui lui permettent<br />
<strong>de</strong> regagner la surface du pierrier après avoir<br />
été ensevelie pendant la saison d’hiver.<br />
D’une hauteur maximale <strong>de</strong> 10 cm, cette<br />
linaire offre au regard ses corolles<br />
généralement bleu violacé à palais safrané.<br />
Les trois espèces <strong>de</strong> génépi, le génépi <strong>de</strong>s<br />
glaciers, le génépi jaune et le génépi vrai,<br />
peuvent se rencontrer sur les éboulis et les<br />
moraines. Le génépi vrai est l’espèce qui<br />
croît le plus typiquement sur ces milieux ; les<br />
104 - Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie
PNV - Philippe Benoît<br />
PNV - Christian Balais<br />
Génépi vrai<br />
Renoncule <strong>de</strong>s glaciers<br />
autres affectionnent davantage les rochers et<br />
falaises. En revanche, aucune <strong>de</strong> ces trois<br />
espèces n’est strictement liées à une nature<br />
<strong>de</strong> roche (aci<strong>de</strong>/basique). L’achillée naine fréquente<br />
les moraines et éboulis assez fins<br />
dans les régions siliceuses. De la même<br />
famille <strong>de</strong> fleurs que les génépis, elle a <strong>de</strong>s<br />
propriétés aromatiques proches <strong>de</strong> celles <strong>de</strong><br />
ces <strong>de</strong>rniers.<br />
PNV - Jacques Perrier<br />
Fiche-milieu n°7<br />
Gypsophile rampante<br />
PNV - Michel Delmas<br />
Achillée naine<br />
Présente jusqu’à l’étage nival le plus souvent<br />
sur substrat aci<strong>de</strong>, la renoncule <strong>de</strong>s glaciers<br />
affectionne les éboulis fins et humi<strong>de</strong>s,<br />
généralement à proximité <strong>de</strong> plaques <strong>de</strong><br />
neige fondante.<br />
La gypsophile rampante à l’allure d’un petit<br />
œillet. Ses tiges, nombreuses, se déploient en<br />
bouquets <strong>de</strong> fleurs blanches, légèrement<br />
rosées à l’extérieur. Commune, elle adopte<br />
les éboulis calcaires, particulièrement dans<br />
les gypses et les cargneules*.<br />
La trisète distique est une graminée<br />
particulièrement bien adaptée aux éboulis<br />
actifs. Discrète, elle se distingue par son<br />
réseau <strong>de</strong> racines remarquable et remarqué<br />
<strong>de</strong>s agriculteurs qui l’utilisaient autrefois en<br />
alpage pour filtrer le lait. Plante naine<br />
poussant sous forme <strong>de</strong> coussinet, la<br />
saxifrage fausse mousse affectionne les<br />
éboulis et rocailles aux endroits frais et<br />
longuement enneigés. Cette espèce végétale<br />
<strong>de</strong> haute montagne est une plante<br />
endémique* <strong>de</strong>s Alpes, rare, présente en<br />
France uniquement en Savoie, Haute-Savoie<br />
et Hautes-Alpes. À Saint-Bon Courchevel<br />
elle n’est connue que dans un seul site.<br />
Le saule à <strong>de</strong>nts courtes est un arbuste nain<br />
aux feuilles oblongues dont les bordures<br />
sont régulièrement et finement <strong>de</strong>ntées. Il se<br />
développe sur les éboulis et les moraines,<br />
jusqu’à 2600 m d’altitu<strong>de</strong>.<br />
Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie - 105
PNV - Jacques Perrier<br />
PNV - Maurice Mollard<br />
Faune<br />
Marmotte <strong>de</strong>s Alpes<br />
Animal recherché <strong>de</strong>s touristes, la marmotte<br />
affectionne les éboulis partiellement<br />
stabilisés où elle peut trouver un refuge entre<br />
les blocs et y creuser <strong>de</strong>s galeries. Elle se<br />
nourrit <strong>de</strong> plantes en quantité dans les<br />
pelouses voisines afin d’assurer son engraissement<br />
avant l’hibernation. À l’automne, on<br />
peut la voir transporter <strong>de</strong> grosses touffes <strong>de</strong><br />
foin <strong>de</strong>stinées à l’isolation <strong>de</strong> son terrier. Le<br />
chamois et le bouquetin sont <strong>de</strong> passage<br />
dans les éboulis et les moraines sans pour<br />
autant en faire leur domaine <strong>de</strong> prédilection.<br />
Lièvre variable<br />
couleur au fil <strong>de</strong>s saisons : blanche comme<br />
neige en hiver, sa livrée <strong>de</strong>vient fauve à brune<br />
en été, en passant par un pelage bigarré au<br />
printemps et à l’automne. À la nuit tombée,<br />
ce lièvre <strong>de</strong>scend dans les lan<strong>de</strong>s et la partie<br />
supérieure <strong>de</strong> la forêt, afin <strong>de</strong> se nourrir,<br />
notamment d’écorces <strong>de</strong> saules.<br />
PNV - Maurice Mollard<br />
Fiche-milieu n°7<br />
Lagopè<strong>de</strong> alpin<br />
PNV - Ludovic Imberdis<br />
Bouquetin <strong>de</strong>s Alpes<br />
Les éboulis <strong>de</strong> gros blocs entrecoupés <strong>de</strong><br />
végétation constituent un gîte diurne <strong>de</strong><br />
choix pour le lièvre variable qui y trouve <strong>de</strong>s<br />
caches contre les prédateurs (l’aigle royal et<br />
le renard). Comme c’est le cas pour le lagopè<strong>de</strong><br />
alpin ou perdrix blanche, qui fréquente<br />
aussi ce type <strong>de</strong> milieux, sa robe change <strong>de</strong><br />
Oiseau alpestre par excellence, l’accenteur<br />
alpin évolue dans l’univers acci<strong>de</strong>nté<br />
qu’offrent les éboulis et les chaos <strong>de</strong> gros<br />
blocs. Afin <strong>de</strong> trouver sa pitance, insectes et<br />
graines, il fréquente également les fragments<br />
<strong>de</strong> pelouses rases qui apparaissent entre les<br />
rochers. C’est un oiseau coloré et peu farouche.<br />
Il n’hésite pas à explorer les abords <strong>de</strong>s<br />
habitations et <strong>de</strong>s stations <strong>de</strong> ski, où son<br />
aspect <strong>de</strong> moineau peut prêter à confusion.<br />
Dérangé, il préfère souvent se glisser vers<br />
106 - Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie
quelques blocs plus loin plutôt que <strong>de</strong><br />
prendre son envol. Tout comme d’autres<br />
passereaux <strong>de</strong> montagne, cette espèce connaît<br />
une migration altitudinale au cours <strong>de</strong><br />
l’hiver. C’est ainsi que <strong>de</strong>s accenteurs alpins<br />
ont été observés au lac du Bourget.<br />
Papillon présent en France uniquement<br />
sur l’Arc alpin, le chamoisé <strong>de</strong>s glaciers<br />
vole <strong>de</strong> début juin à mi-août au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s<br />
lieux herbeux secs parmi les éboulis et les<br />
rochers. Pour sa reproduction, il a besoin <strong>de</strong><br />
la fétuque ovine sur laquelle il pond ses<br />
œufs. En 2005, ce papillon n’est pas encore<br />
connu sur la commune <strong>de</strong> Saint-Bon<br />
Courchevel.<br />
Fiche-milieu n°7<br />
Équilibre entre l’homme<br />
et son milieu<br />
Usages, intérêts économiques<br />
et représentations<br />
Les éboulis et les moraines sont empruntés<br />
par les alpinistes pour accé<strong>de</strong>r aux glaciers<br />
et à certaines voies d’escala<strong>de</strong>. Ils peuvent<br />
PNV - Ludovic Imberdis<br />
Éboulis et aiguille du Rateau<br />
être également fréquentés en été par les<br />
cueilleurs <strong>de</strong> génépi.<br />
Impropres au pâturage, les éboulis,<br />
moraines et les glaciers rocheux ne sont<br />
traditionnellement pas exploités par les<br />
troupeaux domestiques, même s’il arrive à<br />
ceux-ci <strong>de</strong> les traverser.<br />
Par le passé, les éboulis ont fourni les<br />
matériaux pour la construction <strong>de</strong>s chalets<br />
d’alpage.<br />
PNV - Alexandre Garnier<br />
Éboulis et face ouest du roc Merlet<br />
Intérêts biologique<br />
et patrimonial du milieu<br />
L’intérêt pastoral <strong>de</strong> ces éboulis et moraines<br />
est faible, voire nul, compte-tenu du faible<br />
développement <strong>de</strong> la végétation et <strong>de</strong><br />
l’absence <strong>de</strong> plantes fourragères.<br />
Ils sont par contre bien utilisés par le<br />
bouquetin <strong>de</strong>s Alpes et le lièvre variable qui<br />
en apprécient les quelques plantes présentes,<br />
et pour lesquels ils constituent <strong>de</strong>s zones <strong>de</strong><br />
repos diurnes appréciées.<br />
Ces milieux présentent une forte valeur<br />
floristique. Ils accueillent un cortège<br />
d’espèces spécialisées absentes <strong>de</strong>s autres<br />
Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie - 107
Fiche-milieu n°7<br />
Fiche-milieu n°7<br />
types <strong>de</strong> milieux dont plusieurs plantes rares<br />
et/ou protégées.<br />
Sur le territoire communal, cinq espèces<br />
végétales d’intérêt patrimonial sont<br />
inféodées aux éboulis, moraines et glaciers<br />
rocheux. Parmi elles, le saule à <strong>de</strong>nts<br />
courbes, la saxifrage fausse mousse sont<br />
protégés en France. Ces plantes contribuent<br />
à la richesse floristique globale <strong>de</strong> Saint-Bon<br />
Courchevel.<br />
De plus, l’action fixatrice <strong>de</strong>s végétaux<br />
pionniers favorise la colonisation par la<br />
végétation d’un milieu originellement<br />
presque entièrement minéral.<br />
Évolution et transformation du milieu<br />
L’instabilité du milieu, la forte spécialisation<br />
<strong>de</strong>s espèces, le petit nombre d’individus<br />
présents et leur faible dynamique <strong>de</strong><br />
croissance sont les causes principales <strong>de</strong> la<br />
fragilité <strong>de</strong>s écosystèmes <strong>de</strong>s éboulis, <strong>de</strong>s<br />
moraines et <strong>de</strong>s glaciers rocheux.<br />
PNV - Philippe Benoît<br />
Petite gorge vers le col <strong>de</strong> Chanrouge<br />
PNV - Ludovic Imberdis<br />
Éboulis au pied <strong>de</strong>s falaises du roc du Mône<br />
108 - Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie
PNV - Christophe Gotti<br />
Fiche-milieu n°7<br />
Fiche-milieu n°7<br />
Déclencheur d’avalanche près du col <strong>de</strong> Chanrossa<br />
Aujourd’hui, avec le recul <strong>de</strong>s glaciers, la<br />
surface <strong>de</strong>s moraines a plutôt tendance à<br />
s’accroître.<br />
Les avalanches déclenchées pour la sécurité<br />
<strong>de</strong>s skieurs au cours <strong>de</strong> la saison hivernale,<br />
peuvent entraîner la mort d’animaux qui se<br />
font surprendre par ces phénomènes<br />
artificiels, comme le lièvre variable ou le<br />
lagopè<strong>de</strong> alpin.<br />
Leur répétition pourrait affecter les<br />
populations <strong>de</strong> ces animaux sur Saint-Bon<br />
Courchevel.<br />
Propositions <strong>de</strong> gestion<br />
À Saint-Bon Courchevel, aucune gestion<br />
particulière n’est à envisager à court terme<br />
pour ces milieux, si ce n’est <strong>de</strong> prendre en<br />
compte systématiquement ces zones<br />
particulières dans le cadre <strong>de</strong> tout nouveau<br />
projet d’aménagement, afin d’en assurer la<br />
préservation et d’éviter toute forme <strong>de</strong><br />
dégradation.<br />
Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie - 109
Fiche-milieu n°8<br />
Les rochers et les falaises<br />
PNV - Christophe Gotti<br />
La croix du Verdon ou <strong>de</strong>nt <strong>de</strong> Burgin<br />
PNV - Christophe Gotti<br />
L’aiguille <strong>de</strong> Mey<br />
Les rochers et falaises sont <strong>de</strong>s milieux<br />
minéraux dont la pente forte, voire verticale,<br />
empêche le dépôt ne serait-ce que d’une<br />
fine pellicule <strong>de</strong> terre. Les fissures et autres<br />
anfractuosités constituent l’unique support<br />
pour l’installation <strong>de</strong>s plantes. Seuls les<br />
mousses et les lichens sont capables <strong>de</strong> se<br />
développer à même la roche.<br />
Des adaptations particulières sont nécessaires<br />
aux animaux et plantes pour survivre<br />
dans les conditions climatiques contrastées,<br />
<strong>de</strong> type continental, <strong>de</strong>s étages alpin et<br />
nival : l’absence <strong>de</strong> couverture neigeuse en<br />
hiver expose les surfaces à <strong>de</strong>s températures<br />
très basses, dont l’effet est amplifié par <strong>de</strong>s<br />
vents froids. En revanche, les falaises<br />
110 - Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie
Fiche-milieu n°8<br />
Les rochers et les falaises<br />
ensoleillées peuvent s’échauffer très fortement<br />
en été. Ces milieux subissent <strong>de</strong> fortes<br />
variations thermiques entre le jour et la nuit.<br />
Dans la forêt, les rochers beaucoup plus<br />
humi<strong>de</strong>s sont généralement recouverts <strong>de</strong><br />
mousses. Les conditions sont moins extrêmes<br />
et la végétation bénéficie <strong>de</strong> la protection<br />
<strong>de</strong>s arbres qui atténuent la rigueur du<br />
climat.<br />
Même s’ils paraissent hostiles à toute forme<br />
<strong>de</strong> vie, les rochers et les falaises constituent<br />
l’habitat <strong>de</strong> prédilection pour les animaux et<br />
les plantes ayant développé certaines<br />
adaptations. Ils offrent un refuge efficace<br />
contre les prédateurs aux animaux capables<br />
<strong>de</strong> grimper (tel le bouquetin), les oiseaux y<br />
nichent, <strong>de</strong>s chauves-souris s’y abritent le<br />
jour dans les fissures. En outre, la ru<strong>de</strong>sse<br />
<strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> vie, en sélectionnant un<br />
petit nombre d’espèces aptes à survivre,<br />
limite la concurrence végétale.<br />
PNV - Christophe Gotti<br />
La brèche Portetta<br />
Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie - 111
Fiche-milieu n°8<br />
Fiche-milieu n°8<br />
En l’absence <strong>de</strong> sol susceptible d’atténuer les<br />
effets directs <strong>de</strong> la roche-mère, la nature<br />
siliceuse ou calcaire <strong>de</strong> celle-ci constitue un<br />
facteur écologique déterminant pour les<br />
espèces qu’elle supporte.<br />
À Saint-Bon Courchevel, les groupements<br />
végétaux <strong>de</strong>s substrats calcaires sont<br />
dominants, les rochers siliceux étant moins<br />
abondants. Les <strong>de</strong>nts <strong>de</strong> la Portetta,<br />
l’aiguille <strong>de</strong> Chanrossa, l’aiguille du Fruit, la<br />
Croix <strong>de</strong> Verdon et le rocher <strong>de</strong> la Loze<br />
offrent les zones rocheuses les plus<br />
imposantes.<br />
PNV - Ludovic Imberdis<br />
Androsace helvétique<br />
PNV - Jacques Perrier<br />
Flore<br />
Les plantes <strong>de</strong>s rochers et falaises ont<br />
développé <strong>de</strong> nombreuses adaptations :<br />
forme en coussinet pour résister au vent et<br />
conserver eau et chaleur ou port en rosette<br />
<strong>de</strong> feuilles appliquées au sol, multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
radicelles ou longue racine en pivot pour<br />
puiser l’eau, tiges souples pour résister à la<br />
chute <strong>de</strong>s pierres, feuilles moins nombreuses<br />
et coriaces pour supporter la sécheresse,<br />
plantes souvent velues pour lutter contre la<br />
déshydratation.<br />
Saxifrage bleuâtre<br />
Comme leur nom le souligne, les saxifrages,<br />
<strong>de</strong> saxi : pierre et fraga : briser, sont très<br />
présentes dans ces milieux. La saxifrage<br />
bleuâtre doit son nom à la couleur <strong>de</strong> ses<br />
petites feuilles à partir <strong>de</strong>squelles elle<br />
développe <strong>de</strong> fines hampes florales. Rare au<br />
niveau mondial, la saxifrage fausse diapensie<br />
reste relativement bien représentée en<br />
Vanoise. Cette espèce protégée fleurit sur le<br />
roc Merlet. Ces <strong>de</strong>ux plantes affectionnent<br />
les rochers calcaires. C’est dans ce substrat<br />
qu’elles trouvent le calcaire présent sous<br />
forme d’incrustations dans leurs feuilles<br />
basales.<br />
L’androsace helvétique est une espèce très<br />
localisée <strong>de</strong>s rochers calcaires ensoleillés, et<br />
qui bénéficie d’une protection <strong>national</strong>e.<br />
Cette plante naine, parfaitement adaptée à<br />
son milieu, peut procurer à celui qui<br />
l’observe une certaine impression <strong>de</strong> pureté,<br />
à travers les formes et les couleurs qu’elle<br />
affiche (lire la fiche-espèce n°6). L’androsace<br />
pubescente fréquente le même type <strong>de</strong><br />
milieux que la précé<strong>de</strong>nte. Également<br />
protégée par la loi française, elle est connue<br />
aujourd’hui à Saint-Bon Courchevel au<br />
moins sur <strong>de</strong>ux sites : le roc Merlet et le<br />
massif <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nts <strong>de</strong> la Portetta.<br />
La laîche faux pied d’oiseau est une petite<br />
espèce. Ses tiges penchées donnent l’impression<br />
que la plante a toujours la “tête<br />
courbée”. Elle pousse dans les pierriers calcaires<br />
longuement enneigés jusqu’à près <strong>de</strong><br />
112 - Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie
gorge blanche et un peu farineuse. Ses<br />
feuilles sont aussi plus longues et molles.<br />
Toutes <strong>de</strong>ux recherchent les fentes <strong>de</strong>s parois<br />
siliceuses.<br />
La drave <strong>de</strong> Fladniz peut être confondue<br />
avec une saxifrage, mais ses fleurs ne<br />
comptent que quatre pétales, au lieu <strong>de</strong> cinq<br />
chez la saxifrage, et ses feuilles poilues n’ont<br />
pas la dureté <strong>de</strong> cette <strong>de</strong>rnière. Cette plante<br />
se plaît surtout dans les rochers siliceux et<br />
ensoleillés.<br />
PNV - Maurice Mollard<br />
Fiche-milieu n°8<br />
Fiche-milieu n°8<br />
Violette à feuilles pennées<br />
3000 m d’altitu<strong>de</strong>. Cette espèce protégée,<br />
rare, est très localisée et toujours peu<br />
abondante dans ses stations.<br />
La violette à feuille pennée est une plante<br />
discrète se dissimulant dans les rochers.<br />
Outre son attachement aux rochers, cette<br />
espèce se distingue <strong>de</strong> la très commune<br />
pensée <strong>de</strong>s Alpes, par la forme <strong>de</strong> ses feuilles,<br />
à la fois palmées et profondément divisées.<br />
PNV - Michel Delmas<br />
Drave <strong>de</strong> Fladniz<br />
Faune<br />
PNV - Joël Blanchemain<br />
Primevère hérissée<br />
La primevère hérissée est une petite plante<br />
localement répandue en Vanoise. Sa taille et<br />
sa corolle rose violacé à gorge blanche non<br />
farineuse la distinguent <strong>de</strong> la primevère à<br />
larges feuilles qui est plus gran<strong>de</strong> et dont les<br />
fleurs ont une couleur pourpre violet, à<br />
Les adaptations <strong>de</strong> la faune aux milieux <strong>de</strong><br />
falaises ont trait aux déplacements : insectes<br />
aux ailes plus courtes pour ne pas se laisser<br />
emporter par le vent, sabots <strong>de</strong>s bouquetins<br />
adaptés aux déplacements sur les rochers,<br />
qui en épousent la forme et donnent <strong>de</strong><br />
l’adhérence, utilisation <strong>de</strong>s courants ascendants<br />
par les oiseaux rupestres (aux ailes<br />
plus larges) tels que les rapaces ou le tichodrome<br />
échelette. On notera aussi l’adaptation<br />
à la ru<strong>de</strong>sse du climat : couleur<br />
Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie - 113
PNV - Christophe Ferrier<br />
Fiche-milieu n°8<br />
Femelle et cabris <strong>de</strong> bouquetin <strong>de</strong>s Alpes<br />
PNV - Ludovic Imberdis<br />
sombre <strong>de</strong>s lézards <strong>de</strong>s murailles pour<br />
absorber la chaleur.<br />
Le bouquetin <strong>de</strong>s Alpes est sans doute le<br />
mammifère le plus représentatif <strong>de</strong> ces<br />
rochers et falaises, symbolisant le mieux la<br />
Vanoise (il fut à l’origine du classement<br />
d’une partie <strong>de</strong> ce territoire en <strong>Parc</strong> <strong>national</strong><br />
en 1963). Il fréquente les parois rocheuses à<br />
différents moments <strong>de</strong> l’année : en été à<br />
haute altitu<strong>de</strong> où il recherche les endroits<br />
frais et la tranquillité, en hiver sur les crêtes<br />
déneigées par le vent puis dans <strong>de</strong>s falaises<br />
exposées au sud et enfin en pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> mise<br />
bas, lorsque les femelles s’isolent sur <strong>de</strong><br />
petites vires.<br />
Chocard à bec jaune<br />
Parmi les espèces nichant typiquement dans<br />
les falaises, le chocard à bec jaune est un<br />
oiseau facilement reconnaissable à son<br />
plumage noir, à son bec jaune et à ses cris,<br />
parmi les plus familiers du milieu montagnard.<br />
Très aérien, il utilise ce milieu<br />
également à la recherche <strong>de</strong>s ascendances<br />
dues à la présence <strong>de</strong>s falaises. Après la<br />
pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> reproduction, il peut se regrouper<br />
pour former <strong>de</strong>s troupes <strong>de</strong> plusieurs<br />
centaines d’oiseaux. Opportuniste et<br />
présentant une alimentation très éclectique,<br />
en hiver certains d’entre eux restent en<br />
altitu<strong>de</strong>, se nourrissant <strong>de</strong>s déchets produits<br />
par les activités humaines, aux abords <strong>de</strong>s<br />
stations <strong>de</strong> ski notamment.<br />
Le crave à bec rouge n’est pas un oiseau<br />
strictement d’altitu<strong>de</strong>, mais il dépend <strong>de</strong>s<br />
reliefs très marqués qui lui fournissent <strong>de</strong>s<br />
zones inaccessibles pour nicher. À Saint-Bon<br />
Courchevel, le crave à bec rouge fréquente<br />
les falaises du roc Merlet et la vallée <strong>de</strong>s<br />
Avals au cours <strong>de</strong> l’été ; cependant, sa<br />
nidification n’a pas encore été observée.<br />
Le faucon crécerelle installe son aire dans les<br />
falaises et chasse sur les alpages. Ce petit<br />
rapace se caractérise par un vol stationnaire,<br />
114 - Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie
PNV - Ludovic Imberdis<br />
Rare et craintif, le merle <strong>de</strong> roche fréquente<br />
les rochers bien exposés. Le plumage<br />
flamboyant du mâle (tête et gorge bleu<br />
ardoisé, poitrine et ventre orangé roux)<br />
contraste avec celui plus sombre <strong>de</strong>s autres<br />
“merles”. Les blocs lui servent <strong>de</strong> poste<br />
d’affût et <strong>de</strong> chant, ainsi que <strong>de</strong> site <strong>de</strong><br />
nidification. Insectivore stricte, cette espèce<br />
passe l’hiver au sud du Sahara.<br />
Fiche-milieu n°8<br />
Jeune d’aigle royal au nid<br />
face au vent, queue déployée et dénommé<br />
vol du “Saint-Esprit”. D’autres rapaces ont<br />
été observés au cours <strong>de</strong> leurs déplacements.<br />
Il s’agit <strong>de</strong> l’aigle royal, du gypaète barbu et<br />
du faucon pèlerin.<br />
PNV - Patrick Folliet<br />
PNV<br />
Gypaète barbu<br />
Nicheur sur Saint-Bon Courchevel, le tichodrome<br />
échelette est aussi lié aux parois<br />
rocheuses. Mais contrairement aux planeurs<br />
cités ci-<strong>de</strong>ssus, le tichodrome utilise ce<br />
milieu d’une tout autre manière. Son vol, sa<br />
morphologie, son bec sont les outils dont il<br />
est paré pour dénicher les insectes au fond<br />
<strong>de</strong>s fissures <strong>de</strong> la roche. En hiver il est obligé<br />
<strong>de</strong> <strong>de</strong>scendre en plaine pour trouver cette<br />
nourriture. Il peut être alors observé<br />
parcourant les faça<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s bâtiments <strong>de</strong><br />
gran<strong>de</strong>s villes.<br />
L’hiron<strong>de</strong>lle <strong>de</strong> rochers niche en petites<br />
colonies dans les barres rocheuses du vallon<br />
<strong>de</strong> la Rosière, à l’aval du lac. Elle se nourrit<br />
<strong>de</strong> petits insectes happés au vol, près <strong>de</strong> sa<br />
falaise, mais aussi au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s cours d’eau<br />
et <strong>de</strong>s prairies.<br />
PNV - Michel Bouche<br />
Merle <strong>de</strong> roche<br />
Rare en Vanoise, le hibou grand-duc, le plus<br />
grand <strong>de</strong>s rapaces nocturnes <strong>de</strong> France,<br />
installe son aire <strong>de</strong> reproduction sur <strong>de</strong>s<br />
falaises, mais aussi en forêt, à même le sol.<br />
Les rochers et boisements <strong>de</strong> la forêt <strong>de</strong> la<br />
<strong>de</strong>nt du Villard pourraient convenir à cette<br />
espèce qui n’a pas encore été repérée à ce<br />
jour sur la commune.<br />
Hibou grand duc<br />
Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie - 115
Fiche-milieu n°8<br />
Équilibre entre l’homme<br />
et son milieu<br />
Usages, intérêts économiques<br />
et représentations<br />
Il n’existe pas d’usage traditionnel associé à<br />
ces milieux. En revanche, on assiste actuellement<br />
en Vanoise à un développement<br />
généralisé <strong>de</strong> nouvelles pratiques sportives,<br />
notamment en falaises : escala<strong>de</strong> et via<br />
ferrata. Sur Saint-Bon Courchevel <strong>de</strong>ux sites<br />
sont aménagés en via ferrata : celui <strong>de</strong> la<br />
Croix <strong>de</strong> Verdon – <strong>de</strong>nt <strong>de</strong> Burgin et celui du<br />
lac <strong>de</strong> la Rosière. Trois autres sites sont<br />
utilisés pour faire <strong>de</strong> l’escala<strong>de</strong> : la montagne<br />
<strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Val, l’aiguille <strong>de</strong> Mey et la<br />
brèche Portetta.<br />
L’aplomb <strong>de</strong> ces falaises est également<br />
fréquenté par les parapentistes et les<br />
“volivelistes” du fait <strong>de</strong>s mouvements<br />
d’ascendance qu’elles engendrent.<br />
PNV - Christophe Gotti<br />
Via ferrata en rive droite du ruisseau <strong>de</strong> la Rosière.<br />
Vallée <strong>de</strong>s Avals<br />
PNV - Alfred Moulin<br />
PNV - Philippe Benoît<br />
Escala<strong>de</strong> à la <strong>de</strong>nt <strong>de</strong> Burgin<br />
Le col et l’aiguille du Rateau<br />
116 - Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie
PNV - Christophe Gotti<br />
Le roc Merlet<br />
Intérêts biologique<br />
et patrimonial du milieu<br />
Le sommet <strong>de</strong> la <strong>de</strong>nt du Villard présente<br />
une formation rocheuse particulière : les<br />
entonnoirs <strong>de</strong> dissolution. Ces entonnoirs <strong>de</strong><br />
gypse comptent parmi les plus spectaculaires<br />
<strong>de</strong>s Alpes occi<strong>de</strong>ntales, d’autant<br />
plus qu’ils sont aujourd’hui dépourvus <strong>de</strong><br />
tout équipement.<br />
L’intérêt biologique <strong>de</strong>s rochers et <strong>de</strong>s<br />
falaises est du même ordre que celui <strong>de</strong>s<br />
“éboulis et moraines”. Il est essentiellement<br />
dû à la présence d’espèces spécialisées qui ne<br />
peuvent pas vivre <strong>naturel</strong>lement dans<br />
d’autres milieux et dont plusieurs sont rares<br />
et remarquables : la violette à feuille pennée,<br />
la saxifrage fausse diapensie, l’androsace<br />
helvétique.<br />
Les barres rocheuses exposées au sud<br />
constituent <strong>de</strong>s zones d’hivernage très<br />
appréciées <strong>de</strong>s chamois.<br />
PNV - Christophe Gotti<br />
Fiche-milieu n°8<br />
Dent du Villard. Entonnoirs <strong>de</strong> dissolution<br />
Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie - 117
PNV - Ludovic Imberdis<br />
Fiche-milieu n°8<br />
Fiche-milieu n°8<br />
Gravure <strong>de</strong> berger sur la pierre dans la vallée <strong>de</strong>s Avals<br />
Évolution et transformation du milieu<br />
À l’instar <strong>de</strong>s éboulis et <strong>de</strong>s moraines, c’est<br />
la discontinuité <strong>de</strong>s populations végétales et<br />
leur faible dynamique qui sont à l’origine <strong>de</strong><br />
la sensibilité <strong>de</strong> ces milieux à toute<br />
perturbation.<br />
Cependant, les risques d’impact sur la flore<br />
<strong>de</strong>s pratiques sportives sont a priori faibles<br />
du fait du caractère ponctuel <strong>de</strong>s<br />
équipements, surtout si l’on essaie <strong>de</strong> tenir<br />
compte, pour leur implantation, <strong>de</strong> la<br />
présence éventuelle d’une flore remarquable.<br />
Toutefois les populations d’espèces rares<br />
étant souvent localisées et en faible effectif,<br />
tout nouvel équipement peut compromettre<br />
<strong>de</strong> façon importante leurs chances <strong>de</strong> survie.<br />
En revanche, les menaces sont bien réelles<br />
pour les oiseaux rupestres (faucon<br />
crécerelle, tichodrome échelette, etc.), très<br />
sensibles aux dérangements pendant la<br />
pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> reproduction.<br />
Cette menace est plus marquée pour les via<br />
ferrata et les voies d’escala<strong>de</strong> équipées, dont<br />
la sécurisation entraîne une fréquentation<br />
plus importante que celle <strong>de</strong>s voies<br />
d’escala<strong>de</strong> non équipées. Dans la vallée <strong>de</strong>s<br />
Avals, l’équipement <strong>de</strong> falaises pour la<br />
pratique <strong>de</strong> l’escala<strong>de</strong> constitue une source<br />
<strong>de</strong> dérangement pour <strong>de</strong>s oiseaux nicheurs<br />
comme le faucon crécerelle.<br />
Propositions <strong>de</strong> gestion<br />
Aux échelles communale et intercommunale,<br />
tout nouveau projet d’équipement<br />
doit permettre <strong>de</strong> concilier le développement<br />
raisonnable <strong>de</strong>s sports <strong>de</strong> nature et le<br />
maintien d’une faune et d’une flore riches.<br />
Pour cela, la réalisation d’étu<strong>de</strong>s préalables<br />
et la consultation d’experts du milieu <strong>naturel</strong>,<br />
comme les gar<strong>de</strong>s-moniteurs du <strong>Parc</strong><br />
<strong>national</strong>, paraissent indispensables, pour<br />
assurer la prise en compte <strong>de</strong> l’intérêt<br />
naturaliste et <strong>de</strong> la vulnérabilité <strong>de</strong>s sites.<br />
Une surveillance <strong>de</strong>s zones <strong>de</strong> nidification<br />
concernées et <strong>de</strong> leur fréquentation en<br />
pério<strong>de</strong> sensible peut s’avérer nécessaire, en<br />
particulier au-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> 2 500 m d’altitu<strong>de</strong>.<br />
118 - Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie
Conclusion<br />
L’ensemble <strong>de</strong>s huit grands types <strong>de</strong> milieux<br />
présentés dans ces fiches couvre l’intégralité<br />
du territoire <strong>de</strong> la commune <strong>de</strong> Saint-Bon<br />
Courchevel.<br />
Le choix d’une <strong>de</strong>scription, milieu par<br />
milieu, ne doit pas faire oublier que ceux-ci<br />
sont liés les uns aux autres et que la<br />
transition entre tel et tel habitat* est<br />
rarement évi<strong>de</strong>nte sur le terrain. Un marais<br />
dépend <strong>de</strong> son bassin versant, une clairière<br />
est tributaire <strong>de</strong>s herbivores forestiers, les<br />
éboulis et les moraines sont alimentés par les<br />
falaises et les glaciers, etc. La subtilité <strong>de</strong><br />
cette imbrication se reflète dans l’instabilité<br />
<strong>de</strong>s contours <strong>de</strong> cette mosaïque qui résulte<br />
<strong>de</strong>s mécanismes d’érosion et <strong>de</strong> la dynamique<br />
<strong>naturel</strong>le <strong>de</strong> la végétation. À ces<br />
facteurs <strong>naturel</strong>s s’ajoute l’effet, souvent<br />
direct, <strong>de</strong>s activités humaines.<br />
Fiches-milieux - Conclusion<br />
Les points abordés dans chacune <strong>de</strong>s fichesmilieux<br />
concernent les milieux indépendamment<br />
les uns <strong>de</strong>s autres. Or, certains<br />
problèmes <strong>de</strong> gestion ont trait à l’équilibre<br />
entre ces milieux : un milieu évolue au<br />
détriment d’un autre sous tous les aspects<br />
(<strong>naturel</strong>, paysager, économique, etc.). Ce<br />
phénomène est à prendre en compte par les<br />
gestionnaires du territoire.<br />
La diversité <strong>de</strong>s richesses <strong>naturel</strong>les et <strong>de</strong>s<br />
milieux, participe à la protection contre les<br />
aléas climatiques. Elle génère <strong>de</strong>s ressources<br />
propres (eau, bois, fourrage, énergie, plantes<br />
utilitaires et ornementales, etc). Elle peut<br />
être un atout <strong>de</strong> taille pour le maintien et la<br />
diversification <strong>de</strong>s activités agricoles,<br />
touristiques et commerciales <strong>de</strong> la commune.<br />
Elle est une source durable <strong>de</strong> qualité<br />
<strong>de</strong> vie pour les habitants <strong>de</strong> Saint-Bon<br />
Courchevel.<br />
Pour la commune, le maintien d’une<br />
diversité <strong>de</strong>s milieux <strong>naturel</strong>s (qui en plus<br />
PNV - Ludovic Imberdis<br />
Lac du Rateau et zone humi<strong>de</strong> avec linaigrettes<br />
augmente le panel d’espèces présentes) peut<br />
donc constituer un objectif <strong>de</strong> gestion<br />
durable <strong>de</strong> son territoire. Dans le contexte<br />
socio-économique qui est le sien, tout en<br />
conservant une vision sur le long terme,<br />
chaque commune tendra vers un équilibre<br />
optimal <strong>de</strong>s milieux. Le déplacement <strong>de</strong> cet<br />
équilibre étant fonction <strong>de</strong> facteurs <strong>naturel</strong>s<br />
et humains, il y a <strong>de</strong>s évolutions inéluctables<br />
et d’autres sur lesquelles il est possible<br />
d’intervenir.<br />
Dès lors que l’on considère le patrimoine<br />
<strong>naturel</strong> <strong>de</strong> la commune comme un élément<br />
constitutif <strong>de</strong> son cadre <strong>de</strong> vie et <strong>de</strong> son<br />
économie au sens large, la préservation et la<br />
Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie - 119
PNV - Ludovic Imberdis<br />
Fiches-milieux - Conclusion<br />
Crête du mont Charvet et l’aiguille du Fruit au fond<br />
bonne gestion <strong>de</strong>s milieux <strong>naturel</strong>s<br />
<strong>de</strong>viennent <strong>de</strong>s éléments “clé” <strong>de</strong> la gestion<br />
et <strong>de</strong> l’aménagement <strong>de</strong> son territoire.<br />
À Saint-Bon Courchevel, tous les milieux<br />
<strong>naturel</strong>s et semi-<strong>naturel</strong>s ne font pas l’objet<br />
<strong>de</strong> menaces immédiates, directes ou<br />
indirectes et ils ne présentent pas tous les<br />
mêmes enjeux patrimoniaux.<br />
Deux cas <strong>de</strong> figure sont à prendre en compte :<br />
- le cas <strong>de</strong>s milieux rares ou vulnérables et à<br />
forte biodiversité. La préservation <strong>de</strong> ces<br />
milieux doit être intégrée à tout projet <strong>de</strong><br />
gestion ou d’aménagement. Il s’agit par<br />
exemple <strong>de</strong> la forêt <strong>de</strong> pins à crochets sur<br />
gypse ou <strong>de</strong>s zones humi<strong>de</strong>s d’altitu<strong>de</strong>.<br />
- le cas <strong>de</strong>s milieux plus ou moins exploités<br />
par l’homme, dont la biodiversité pourrait<br />
être préservée grâce à une exploitation<br />
durable <strong>de</strong>s ressources agricoles et forestières.<br />
Il s’agit notamment <strong>de</strong>s prairies <strong>de</strong><br />
fauche situées dans la moitié inférieure <strong>de</strong> la<br />
commune.<br />
À partir <strong>de</strong>s années 1950, les activités<br />
touristiques d’hiver liées à la neige se<br />
sont beaucoup développées. L’aménagement<br />
<strong>de</strong>s domaines skiables a eu pour conséquence<br />
une modification profon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />
milieux et du micro-relief. Cette anthropisation<br />
<strong>de</strong>s milieux favorise l’introduction<br />
d’espèces plus banales que celles du<br />
milieu d’origine, ce qui appauvrit leur<br />
intérêt floristique et faunistique. Les<br />
équipements associés à la pratique du ski<br />
alpin (téléskis, téléphériques, etc.) ont<br />
également <strong>de</strong>s conséquences importantes sur<br />
certaines espèces <strong>de</strong> faune telles que le<br />
tétras-lyre (<strong>de</strong>struction <strong>de</strong>s places <strong>de</strong> chant<br />
pour l’installation <strong>de</strong> gares <strong>de</strong> départ ou<br />
d’arrivée, mortalité accrue liée aux impacts<br />
<strong>de</strong>s oiseaux en vol avec les câbles<br />
120 - Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie
PNV - Ludovic Imberdis<br />
Fiches-milieux - Conclusion<br />
Vue sur l’aiguille du Rateau et le glacier <strong>de</strong> Gébroulaz<br />
<strong>de</strong> téléski et les lignes électriques). Des<br />
dispositifs <strong>de</strong> visualisation <strong>de</strong>s câbles dangereux<br />
et la création d’espaces <strong>de</strong><br />
tranquillité sont <strong>de</strong>s mesures nécessaires à<br />
l’accomplissement du cycle vital <strong>de</strong> ces<br />
espèces et souvent simples à mettre en<br />
oeuvre.<br />
La commune dispose d’outils lui permettant<br />
<strong>de</strong> prendre en compte la préservation <strong>de</strong> la<br />
plupart <strong>de</strong>s milieux <strong>naturel</strong>s, et les enjeux<br />
économiques s’y rapportant.<br />
Il est souhaitable <strong>de</strong> veiller à ce qu’une<br />
action retenue en faveur d’un milieu <strong>naturel</strong><br />
remarquable donné ne porte pas atteinte à<br />
d’autres milieux ou espèces intéressantes.<br />
Tout projet d’équipement doit s’accompagner<br />
<strong>de</strong> mesures garantissant l’avenir <strong>de</strong>s<br />
populations d’espèces menacées, aussi bien<br />
végétales qu’animales.<br />
Une information en direction du public<br />
(skieurs, raquetteurs), sur la sensibilité <strong>de</strong>s<br />
milieux montagnards et <strong>de</strong> la faune est à<br />
envisager.<br />
Les milieux <strong>naturel</strong>s, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> vie - 121
Regard sur<br />
quelques espèces<br />
Fiches-espèces
Fiche-espèce n°1<br />
Fiche-espèce n°1<br />
Le sabot <strong>de</strong> Vénus<br />
Il existe environ 150 espèces d’orchidées en France, mais aucune d’entre elles ne ressemble<br />
au sabot <strong>de</strong> Vénus (Cypripedium calceolus). Du grec Cypris (= aphrodite) et du latin calceus<br />
(= chaussure), le sabot <strong>de</strong> Vénus, encore appelé soulier <strong>de</strong> la Vierge, se caractérise par la<br />
forme en sabot <strong>de</strong> son labelle*. C’est une orchidée spectaculaire, la plus gran<strong>de</strong> <strong>de</strong> France et<br />
d’Europe, intégralement protégée <strong>de</strong>puis 1982. La commune <strong>de</strong> Saint-Bon Courchevel<br />
accueille l’une <strong>de</strong>s plus belles populations <strong>de</strong> sabot <strong>de</strong> Vénus connues en Savoie.<br />
sépale brun pourpre<br />
labelle* long <strong>de</strong> 4 à 5 cm,<br />
jaune vif luisant et renflé, revêtu<br />
intérieurement <strong>de</strong> poils visqueux<br />
tige anguleuse et ru<strong>de</strong> au toucher<br />
PNV – Frédéric Fima<br />
Sabot <strong>de</strong> Vénus<br />
3 à 5 gran<strong>de</strong>s, longues et larges<br />
feuilles, ovales lancéolées et à<br />
nervures saillantes<br />
Écologie<br />
Espèce vivace <strong>de</strong>s étages montagnard et<br />
subalpin, le sabot <strong>de</strong> Vénus est une plante <strong>de</strong><br />
mi-ombre qui affectionne les forêts claires et<br />
les clairières. Il a besoin d’un substrat calcaire<br />
à neutre et d’un sol frais, au moins en<br />
profon<strong>de</strong>ur. Il pousse en petites colonies ou<br />
en populations plus étendues. Les tiges et les<br />
nouvelles feuilles émergent à partir d’un<br />
bourgeon souterrain dès le mois d’avril. La<br />
floraison a lieu essentiellement en juin.<br />
Comme toutes les orchidées sa pollinisation<br />
est assurée par les insectes. Fonctionnant<br />
comme un piège à insectes, le labelle* du<br />
sabot <strong>de</strong> Vénus est l’une <strong>de</strong>s adaptations<br />
utilisée par la plante pour sa pollinisation.<br />
L’insecte piégé se couvre <strong>de</strong> pollen en se<br />
124 - Regard sur quelques espèces
PNV – Christian Balais<br />
débattant. Puis il ressort, transportant ce<br />
pollen vers une autre fleur <strong>de</strong> sabot <strong>de</strong> Vénus.<br />
Les graines sont disséminées en septembre<br />
avant d’entrer dans une phase <strong>de</strong> dormance*<br />
hivernale. Le développement d’une graine<br />
est très lent et très aléatoire. Il ne se fait<br />
qu’en association avec un champignon<br />
microscopique présent dans le sol. La plante<br />
ainsi développée fleurit seulement au bout<br />
<strong>de</strong> 8 à 15 ans.<br />
Intérêts biologiques<br />
et valeurs d’usage<br />
Le sabot <strong>de</strong> Vénus possè<strong>de</strong> une aire <strong>de</strong><br />
répartition géographique largement circumboréale*<br />
(Europe, Sibérie et Amérique du<br />
Nord). En Europe, il a disparu <strong>de</strong> Belgique<br />
et du Luxembourg. En France, il est rare <strong>de</strong><br />
la Lorraine aux Alpes, et très rare dans les<br />
Pyrénées et les grands Causses. En Vanoise,<br />
le sabot <strong>de</strong> Vénus est assez bien représenté,<br />
puisqu’il est connu dans 17 <strong>de</strong>s 28 communes<br />
du <strong>Parc</strong> <strong>national</strong>. Ce territoire<br />
Fleur <strong>de</strong> sabot <strong>de</strong> Vénus<br />
constitue dès lors un réservoir exceptionnel<br />
pour la conservation <strong>de</strong> l’espèce. À Saint-<br />
Bon Courchevel, le sabot <strong>de</strong> Vénus est<br />
surtout localisé dans les forêts qui couvrent<br />
le versant ouest <strong>de</strong>s massifs <strong>de</strong> la <strong>de</strong>nt du<br />
Villard et du mont Charvet.<br />
Menaces<br />
À l’échelle <strong>de</strong> ses localités françaises, cette<br />
orchidée spectaculaire est menacée par la<br />
cueillette et l’arrachage par <strong>de</strong>s promeneurs,<br />
ainsi que par la <strong>de</strong>struction <strong>de</strong> son habitat*<br />
lors d’aménagements ou d’exploitations<br />
forestières. Malgré sa protection intégrale, le<br />
sabot <strong>de</strong> Vénus continue d’être cueilli.<br />
L’évolution <strong>de</strong> ses habitats* par <strong>de</strong>nsification<br />
du couvert forestier peut parfois<br />
aussi lui être défavorable.<br />
Protection<br />
et propositions <strong>de</strong> gestion<br />
Le sabot <strong>de</strong> Vénus fait partie <strong>de</strong>s orchidées<br />
protégées en France ; à ce titre, sa cueillette<br />
et sa <strong>de</strong>struction sont interdites. D’intérêt<br />
européen, il compte parmi les très rares<br />
espèces que l’Union européenne <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />
aux pays membres <strong>de</strong> protéger (directive<br />
“Habitats*” - annexe 2).<br />
Le maintien <strong>de</strong> l’espèce passe notamment<br />
par une sensibilisation du public et une<br />
information <strong>de</strong>s touristes sur son statut<br />
d’espèce protégée.<br />
Fiche-espèce n°1<br />
Fiche-espèce n°1<br />
Le saviez-vous ?<br />
• Le sabot <strong>de</strong> Vénus est volontiers reconnu comme le symbole <strong>de</strong> la protection végétale,<br />
hélas à juste raison. En effet, il a disparu <strong>de</strong> plusieurs <strong>de</strong>s départements français où il<br />
était autrefois présent. C'est la <strong>de</strong>struction <strong>de</strong> ses milieux, ainsi que sa cueillette (on<br />
l'utilisait entre autres aux siècles passés à l'occasion <strong>de</strong> fêtes populaires), qui ont<br />
provoqué sa disparition <strong>de</strong> régions entières : Alsace, Auvergne, etc.<br />
• Il a été choisi comme emblème par la Société française d'orchidophilie.<br />
Regard sur quelques espèces - 125
Fiche-espèce n°2<br />
Fiche-espèce n°2<br />
L’hormin <strong>de</strong>s Pyrénées<br />
L’hormin <strong>de</strong>s Pyrénées (Horminum pyrenaicum), appelée aussi horminelle, appartient à la<br />
famille botanique <strong>de</strong>s lamiacées. Ses fleurs forment <strong>de</strong>s tubes, sa tige est quadrangulaire et<br />
les feuilles <strong>de</strong> sa tige sont opposées. Il n’existe qu’une seule espèce d’hormin en France. Il<br />
peut être confondu avec la très commune sauge <strong>de</strong>s prés (Salvia pratensis), dont les fleurs,<br />
plus nombreuses, sont réparties tout autour <strong>de</strong> la tige. S’il est bien représenté à Saint-Bon<br />
Courchevel, l’hormin <strong>de</strong>s Pyrénées est une espèce très rare dans les Alpes, puisque cette<br />
commune savoyar<strong>de</strong> compte parmi les trois localités connues dans les Alpes françaises.<br />
gran<strong>de</strong> fleur,<br />
jusqu’à 2 cm <strong>de</strong> long<br />
style* dépassant<br />
légèrement la corolle<br />
fleurs bleu-violet<br />
foncé, toutes<br />
orientées du même<br />
côté <strong>de</strong> la tige, et<br />
groupées par 4 ou 6.<br />
PNV – Christophe Gotti<br />
taille moyenne,<br />
inférieure à 40 cm<br />
Hormin <strong>de</strong>s Pyrénées<br />
gran<strong>de</strong>s feuilles<br />
basales, ovales et<br />
quadrillées <strong>de</strong><br />
nervures<br />
Fleurs d’hormin <strong>de</strong>s Pyrénées<br />
PNV - Philippe Benoît<br />
fleurs disposées autour <strong>de</strong> la tige<br />
gran<strong>de</strong>s fleurs bleu-violet,<br />
jusqu’à 2,5 cm <strong>de</strong> long<br />
style* dépassant largement la corolle<br />
entre 30<br />
et 60 cm<br />
<strong>de</strong> hauteur<br />
Sauge <strong>de</strong>s prés<br />
PNV - Michel Filliol<br />
Écologie<br />
L’hormin <strong>de</strong>s Pyrénées est une plante vivace<br />
<strong>de</strong> montagne qui se développe principalement<br />
aux étages montagnard et subalpin entre<br />
800 et 2 200 mètres d’altitu<strong>de</strong>. Il s’installe<br />
préférentiellement dans les pelouses à<br />
végétation clairsemée, caractérisées par un<br />
substrat calcaire. Il peut aussi se développer<br />
dans <strong>de</strong>s boisements clairs.<br />
126 - Regard sur quelques espèces
À Saint-Bon Courchevel, l’hormin <strong>de</strong>s<br />
Pyrénées est bien présent. Il a été observé en<br />
plusieurs endroits entre 1 500 et 2 500 m<br />
d’altitu<strong>de</strong>, particulièrement dans la vallée <strong>de</strong>s<br />
Avals. Sa floraison a lieu <strong>de</strong> juin à août,<br />
pério<strong>de</strong> pendant laquelle les insectes assurent<br />
sa pollinisation.<br />
Intérêts biologiques<br />
et valeurs d’usage<br />
L’hormin <strong>de</strong>s Pyrénées est répandu dans les<br />
Pyrénées et reste très rare dans les Alpes<br />
françaises, où il n’est connu que dans les<br />
départements <strong>de</strong>s Alpes-Maritimes et <strong>de</strong> la<br />
Savoie (Saint-Bon Courchevel et Bozel).<br />
Menaces<br />
La modification et l’aménagement <strong>de</strong> ses<br />
habitats*, constituent les principales<br />
menaces pour l’hormin <strong>de</strong>s Pyrénées. La<br />
régression du pâturage peut <strong>de</strong>venir, en<br />
certains cas, un facteur important <strong>de</strong><br />
modification <strong>de</strong> l’habitat* <strong>de</strong> cette espèce<br />
qui se développe surtout sur <strong>de</strong>s zones<br />
d’alpage. Par ailleurs, un pâturage trop<br />
précoce s’avère incompatible avec la<br />
conservation <strong>de</strong> l’hormin <strong>de</strong>s Pyrénées, dont<br />
le cycle <strong>de</strong> végétation est très court et tardif.<br />
Protection et gestion<br />
L’hormin <strong>de</strong>s Pyrénées est protégé en Rhône-<br />
Alpes, où sa cueillette et sa <strong>de</strong>struction sont<br />
strictement interdites.<br />
Fiche-espèce n°2<br />
Fiche-espèce n°2<br />
Répartition <strong>de</strong> l’hormin <strong>de</strong>s Pyrénées en Vanoise<br />
Le saviez-vous ?<br />
• Avec plus d'une centaine <strong>de</strong> données recueillies entre 1992 et 2004, l'hormin <strong>de</strong>s<br />
Pyrénées compte parmi les espèces végétales importantes pour le <strong>Parc</strong> <strong>national</strong> <strong>de</strong> la<br />
Vanoise les plus observées sur Saint-Bon Courchevel. Ces observations ont eu lieu entre<br />
1 500 et 3 000 m d'altitu<strong>de</strong>.<br />
Regard sur quelques espèces - 127
Fiche-espèce n°3<br />
Fiche-espèce n°3<br />
L’ancolie <strong>de</strong>s Alpes<br />
Appartenant à la famille botanique <strong>de</strong>s renonculacées, les ancolies se reconnaissent à la forme<br />
très particulière <strong>de</strong> leurs fleurs, dont chacun <strong>de</strong>s cinq pétales représente un cornet évasé, prolongé<br />
à la base par un éperon plus ou moins courbé. Il existe en Savoie trois espèces différentes<br />
d’ancolie : l’ancolie <strong>de</strong>s Alpes (Aquilegia alpina), l’ancolie noirâtre (Aquilegia atrata) et l’ancolie<br />
vulgaire (Aquilegia vulgaris). Seules les <strong>de</strong>ux premières fleurissent à Saint-Bon Courchevel.<br />
Contrairement aux <strong>de</strong>ux autres, l’ancolie <strong>de</strong>s Alpes est une plante rare dans les Alpes.<br />
fleurs bleu-azur clair,<br />
grosses <strong>de</strong> 6 à 9 cm <strong>de</strong> diamètre,<br />
composées <strong>de</strong> 5 pétales<br />
éperon gros, droit<br />
ou arqué, peu incurvé<br />
en crochet<br />
étamines ne<br />
dépassant guère<br />
les pétales<br />
PNV – Patrick Folliet<br />
Ancolie <strong>de</strong>s Alpes<br />
PNV - Michel Filliol<br />
Fleur d’ancolie <strong>de</strong>s Alpes<br />
fleurs violet-noirâtre,<br />
<strong>de</strong> taille plus réduite<br />
(2 à 5 cm)<br />
éperon nettement recourbé<br />
en crochet<br />
à son extrémité<br />
étamines dépassant<br />
longuement les pétales<br />
Ancolie noirâtre<br />
PNV - Ludovic Imberdis<br />
Écologie<br />
L’ancolie <strong>de</strong>s Alpes est une plante vivace <strong>de</strong><br />
montagne qui se développe principalement à<br />
l’étage subalpin. Elle affectionne surtout les<br />
prairies humi<strong>de</strong>s, les éboulis calcaires frais, les<br />
buissons et les forêts claires. C’est une espèce<br />
<strong>de</strong> <strong>de</strong>mi-ombre qui a besoin d’un sol frais.<br />
Sa floraison s’observe aux mois <strong>de</strong> juin et<br />
juillet, une pério<strong>de</strong> au cours <strong>de</strong> laquelle sa<br />
pollinisation est assurée par <strong>de</strong>s insectes,<br />
essentiellement <strong>de</strong>s bourdons.<br />
Intérêt écologique<br />
et valeurs d’usage<br />
L’ancolie <strong>de</strong>s Alpes est endémique* <strong>de</strong>s<br />
Alpes occi<strong>de</strong>ntales : on ne la trouve qu’en<br />
France, Suisse, Autriche et Italie. Bien que<br />
128 - Regard sur quelques espèces
présente en France dans les sept départements<br />
alpins, l’ancolie <strong>de</strong>s Alpes y est<br />
partout peu abondante. À Saint-Bon<br />
Courchevel, elle est présente dans les<br />
boisements d’épicéa et <strong>de</strong> pin à crochets qui<br />
couvrent le versant ouest du massif <strong>de</strong> la<br />
<strong>de</strong>nt du Villard et du mont Charvet. Une<br />
localité est aussi connue sous le col <strong>de</strong><br />
Chanrouge. Cette plante est cultivée pour<br />
ornementer les rocailles.<br />
Menaces<br />
La valeur esthétique <strong>de</strong>s fleurs <strong>de</strong> l’ancolie<br />
<strong>de</strong>s Alpes fait d’elle une plante potentiellement<br />
menacée par les cueilleurs qui<br />
prennent plaisir à en faire <strong>de</strong>s bouquets.<br />
Protection et gestion<br />
L’ancolie <strong>de</strong>s Alpes est protégée en France.<br />
D’intérêt européen, elle fait partie <strong>de</strong>s<br />
espèces que l’Union européenne <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />
aux pays membres <strong>de</strong> protéger (directive<br />
“Habitats*” - annexe 4).<br />
Le maintien <strong>de</strong> l’espèce passe notamment<br />
par une sensibilisation <strong>de</strong>s cueilleurs et une<br />
information auprès <strong>de</strong>s touristes, <strong>de</strong>s<br />
habitants et <strong>de</strong>s professionnels du tourisme<br />
sur son statut d’espèce protégée.<br />
Fiche-espèce n°3<br />
Fiche-espèce n°3<br />
Répartition <strong>de</strong> l’ancolie <strong>de</strong>s Alpes<br />
Le saviez-vous ?<br />
• L’ancolie <strong>de</strong>s Alpes est une plante mellifère. Son nectar, stocké dans les éperons <strong>de</strong>s<br />
fleurs, est utilisé par les abeilles pour élaborer le miel.<br />
• Comme beaucoup d’autres espèces <strong>de</strong> la même famille (aconit tue-loup, hellébore féti<strong>de</strong>,<br />
anémone du mont Baldo, etc.) l’ancolie <strong>de</strong>s Alpes est une plante toxique, surtout à l’état<br />
frais. Elle contient <strong>de</strong> l’aci<strong>de</strong> cyanhydrique. L’ingestion <strong>de</strong> ses graines peut se révéler<br />
mortelle, et le contact <strong>de</strong> sa sève sur la peau peut provoquer <strong>de</strong>s irritations.<br />
Regard sur quelques espèces - 129
Fiche-espèce n°4<br />
Fiche-espèce n°4<br />
Le pin à crochets<br />
Trois espèces <strong>de</strong> pins se développent dans les montagnes <strong>de</strong>s Alpes du nord : le pin cembro<br />
(Pinus cembra), le pin sylvestre (Pinus sylvestris) et le pin à crochets (Pinus uncinata). Parmi<br />
ces trois espèces le pin cembro se distingue très facilement avec ses longues aiguilles réunies<br />
par cinq. Le risque <strong>de</strong> confusion est plus important entre le pin sylvestre (présent jusqu’à<br />
2 000 m d’altitu<strong>de</strong>) et le pin à crochets, <strong>de</strong>ux espèces capables <strong>de</strong> s’hybri<strong>de</strong>r entre elles.<br />
Le pin à crochets est remarquable par sa capacité à résister à <strong>de</strong>s conditions extrêmes. Ainsi sur<br />
<strong>de</strong>s substrats <strong>de</strong> calcaire et <strong>de</strong> gypse, il forme <strong>de</strong>s forêts dont l’intérêt est prioritaire en Europe.<br />
Hauteur entre 4 et 25 m<br />
aiguilles groupées par 2,<br />
serrées, longues<br />
<strong>de</strong> 4 à 6 cm, vert foncé<br />
écorce gris<br />
noirâtre,<br />
écailleuse<br />
Cimes <strong>de</strong> pins à crochets<br />
PNV – Philippe Benoît<br />
cône femelle dissymétrique<br />
dont les écailles présentent<br />
un écusson plus ou moins<br />
saillant en forme <strong>de</strong> crochet<br />
PNV – Karine Moussiegt<br />
Rameau <strong>de</strong> pins à crochets<br />
aiguilles groupées<br />
par 2, serrées,<br />
longues <strong>de</strong> 3 à 8 cm,<br />
vert pâle<br />
Hauteur jusqu’à 40 m<br />
écorce saumonée<br />
sur la partie<br />
supérieure<br />
du tronc<br />
cône femelle<br />
symétrique<br />
écaille sans<br />
protubérance<br />
Pin sylvestre<br />
PNV - Christian Balais<br />
130 - Regard sur quelques espèces
Écologie<br />
Ayant besoin <strong>de</strong> lumière pour se développer,<br />
le pin à crochets supporte difficilement<br />
la concurrence <strong>de</strong>s autres arbres. Hormis<br />
cette exigence, il possè<strong>de</strong> une résistance<br />
remarquable à la sécheresse, au vent et au<br />
froid, et peut s’installer sur <strong>de</strong>s milieux <strong>de</strong><br />
montagne qui présentent <strong>de</strong>s conditions<br />
ru<strong>de</strong>s <strong>de</strong> climat et <strong>de</strong> sol (saison courte <strong>de</strong><br />
végétation, pentes rai<strong>de</strong>s, substrats pauvres<br />
en éléments minéraux, etc.). Son développement<br />
est alors très lent, et peut se<br />
prolonger sur quelques centaines à un<br />
millier d’années. S’il occupe surtout l’étage<br />
subalpin, le pin à crochets est capable<br />
<strong>de</strong> se développer entre 1 500 et 2 700 m<br />
d’altitu<strong>de</strong>. Dans les conditions et les<br />
altitu<strong>de</strong>s les plus extrêmes les arbres<br />
adoptent <strong>de</strong>s ports ramassés et tortueux,<br />
et ne mesurent parfois pas plus <strong>de</strong> quatre<br />
mètres <strong>de</strong> haut. En situation plus optimale,<br />
ils peuvent atteindre une hauteur <strong>de</strong><br />
25 m.<br />
La pollinisation et la dissémination <strong>de</strong>s<br />
graines <strong>de</strong> pin à crochets se font par le vent.<br />
Il fructifie à partir <strong>de</strong> l’âge <strong>de</strong> 10 ans : il<br />
produit alors <strong>de</strong>s cônes femelles renfermant<br />
<strong>de</strong>s graines.<br />
Selon les conditions du milieu, les<br />
peuplements <strong>de</strong> pin à crochets, appelés aussi<br />
pineraies ou pinè<strong>de</strong>s, présentent une<br />
physionomie variable.<br />
Là où d’autres espèces d’arbres sont<br />
incapables <strong>de</strong> croître, le pin à crochets<br />
constitue <strong>de</strong>s boisements purs et peu <strong>de</strong>nses.<br />
Intérêts biologiques<br />
et valeurs d’usage<br />
Le pin à crochets est fréquent dans les<br />
Pyrénées et les Alpes, et plus rare dans le<br />
Massif central, le Jura et les Vosges.<br />
Si son bois offre <strong>de</strong>s qualités recherchées<br />
pour la production <strong>de</strong> pâte à papier, <strong>de</strong><br />
PNV – Ludovic Imberdis<br />
Pin à crochets en bordure <strong>de</strong> falaise<br />
dans la vallée <strong>de</strong>s Avals<br />
matériaux <strong>de</strong> charpente et <strong>de</strong> menuiserie, le<br />
pin à crochets ne connaît pas cet usage en<br />
Tarentaise. C’est sa capacité à résister à <strong>de</strong>s<br />
conditions difficiles qui est exploitée dans<br />
cette région. Ainsi, la plupart <strong>de</strong>s peuplements<br />
<strong>de</strong> pin à crochets <strong>de</strong> Saint-Bon<br />
Courchevel proviennent <strong>de</strong> plantations<br />
effectuées <strong>de</strong> 1895 à 1914 dans le cadre <strong>de</strong>s<br />
lois sur la restauration <strong>de</strong>s terrains en<br />
montagne (RTM) pour protéger les sols <strong>de</strong><br />
l’érosion. D’origine artificielle, ce boisement<br />
se développe aujourd’hui selon une évolution<br />
<strong>naturel</strong>le. À Saint-Bon Courchevel, le pin à<br />
crochets est présent aux étages montagnard<br />
et subalpin, en exposition d’adret et<br />
d’ubac, et sur différents substrats : gypse ou<br />
calcaire.<br />
Fiche-espèce n°4<br />
Fiche-espèce n°4<br />
Regard sur quelques espèces - 131
Fiche-espèce n°4<br />
Fiche-espèce n°4<br />
La pineraie <strong>de</strong> pin à crochets sur gypse et sur<br />
calcaire est rare en France. Elle se trouve<br />
dans l’Ubaye, le Queyras, la Maurienne et la<br />
Tarentaise. Elle couvre une surface <strong>de</strong><br />
200 ha sur le massif <strong>de</strong> la <strong>de</strong>nt du Villard.<br />
Cette gran<strong>de</strong> superficie apporte un intérêt<br />
d’autant plus important que cette pineraie<br />
présente différents faciès. Elle renferme par<br />
ailleurs plusieurs espèces protégées, comme<br />
le sabot <strong>de</strong> Vénus, la bruyère <strong>de</strong>s neiges ou<br />
la chouette <strong>de</strong> Tengmalm.<br />
Menaces<br />
Le rôle <strong>de</strong> protection attribué aux pineraies<br />
<strong>de</strong> pin à crochets, la gestion respectueuse <strong>de</strong><br />
leur cycle <strong>naturel</strong> d’évolution, assurent le<br />
maintien <strong>de</strong> cette forêt.<br />
Un risque d’incendie en pério<strong>de</strong> sèche existe<br />
sur les secteurs les plus chauds et les plus secs.<br />
Là où la forêt ne fait pas l’objet <strong>de</strong> mesure<br />
réglementaire <strong>de</strong> protection, tout projet<br />
d’équipement ou d’artificialisation constitue<br />
une menace pour ce milieu.<br />
Protection<br />
et propositions <strong>de</strong> gestion<br />
Considérée comme un habitat* en danger<br />
<strong>de</strong> disparition sur le territoire européen,<br />
la pineraie <strong>de</strong> pins à crochets sur gypse<br />
et sur calcaire est classée “habitat* d’intérêt<br />
prioritaire” par la Communauté<br />
européenne.<br />
Le classement <strong>de</strong> la forêt <strong>de</strong> la <strong>de</strong>nt du<br />
Villard en réserve biologique domaniale est<br />
une <strong>de</strong>s mesures prises par l’État français<br />
pour la conservation <strong>de</strong> la pineraie <strong>de</strong> pin à<br />
crochets sur gypse.<br />
Ouverte au public, cette réserve a pour<br />
objectif d’informer celui-ci sur la richesse<br />
patrimoniale <strong>de</strong> la forêt.<br />
Le saviez-vous ?<br />
• La résine <strong>de</strong> pin à crochets est utilisée pour la confection d’un baume utilisé dans la<br />
mé<strong>de</strong>cine populaire appelé “baume <strong>de</strong>s Carpates” ou “baume <strong>de</strong> Hongrie”, d’où le<br />
nom <strong>de</strong> baumier <strong>de</strong> Hongrie donné à cet arbre.<br />
• Se caractérisant par une faible rétractabilité, le bois <strong>de</strong> pin à crochets a été utilisé pour<br />
fabriquer les orgues.<br />
• De nombreux animaux se nourrissent <strong>de</strong>s graines du pin à crochets : le mulot,<br />
l’écureuil, le bec-croisé <strong>de</strong>s sapins, le cassenoix moucheté, le pic épeiche, etc.<br />
132 - Regard sur quelques espèces
La swertie vivace<br />
Fleurissant en juillet et août, la swertie vivace (Swertia perennis) est généralement<br />
abondante dans les rares marais et tourbières basses qu’elle colonise. C’est une plante haute<br />
<strong>de</strong> 30 à 50 cm aux inflorescences lâches. Les fleurs en étoiles sont nombreuses, <strong>de</strong> couleur<br />
bleu violacé, ponctuées <strong>de</strong> noir. Les tiges sèches restent très visibles jusqu’aux premières<br />
neiges. La swertie vivace appartient aux gentianacées. Le territoire <strong>de</strong> la Savoie rassemble<br />
ainsi une vingtaine d’espèces <strong>de</strong> gentianes. La swertie vivace est, quant à elle, la seule<br />
représentante du genre swertie en Europe.<br />
Fiche-espèce n°5<br />
Fiche-espèce n°5<br />
fleurs en étoiles<br />
cinq pétales, veinés <strong>de</strong> violet<br />
et ponctués <strong>de</strong> noir<br />
une paire <strong>de</strong> nectaires<br />
(organes producteurs <strong>de</strong> nectar),<br />
à la base <strong>de</strong> chaque pétale<br />
Virginie Bourgoin<br />
Swertie vivace<br />
feuilles <strong>de</strong> la tige, étroites, opposées<br />
et peu nombreuses<br />
Écologie<br />
La swertie vivace se développe dans les<br />
prairies humi<strong>de</strong>s, préférentiellement en<br />
milieu calcaire. C’est une plante vivace<br />
comme son nom l’indique, sa floraison<br />
tardive l’empêche <strong>de</strong> se maintenir dans les<br />
zones humi<strong>de</strong>s fauchées. C’est une espèce<br />
<strong>de</strong>s étages montagnard et subalpin.<br />
Intérêts biologiques<br />
et valeurs d’usage<br />
La swertie vivace occupe les régions tempérées<br />
et froi<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l’Europe, <strong>de</strong> l’Asie et <strong>de</strong><br />
l’Amérique du Nord. En France elle est connue<br />
dans les Pyrénées, les Alpes et le Jura,<br />
ainsi qu’en <strong>de</strong> rares localités dans le Massif<br />
central et en Bourgogne. Le massif <strong>de</strong> la<br />
Regard sur quelques espèces - 133
Fiche-espèce n°5<br />
Fiche-espèce n°5<br />
Vanoise héberge les populations les plus<br />
importantes en Savoie (Maurienne et Trois<br />
Vallées).<br />
Elle fait partie du cortège <strong>de</strong>s plantes<br />
spécifiques <strong>de</strong>s marais alcalins qui se sont<br />
raréfiés du fait du drainage et <strong>de</strong> la<br />
<strong>de</strong>struction <strong>de</strong>s zones humi<strong>de</strong>s <strong>de</strong> montagne.<br />
Sa valeur ornementale, sa rareté, en font une<br />
espèce patrimoniale à préserver. En Vanoise,<br />
où l’on dénombre plus d’une centaine <strong>de</strong><br />
localités, on la trouve jusqu’à 2 300 m<br />
d’altitu<strong>de</strong>. À Saint-Bon Courchevel, on peut<br />
observer la swertie vivace dans le marais<br />
situé à l’amont du lac <strong>de</strong> la Rosière.<br />
PNV – Ludovic Imberdis<br />
Comme la swertie vivace, la gentiane acaule, ou gentiane<br />
<strong>de</strong> Koch, appartient à la famille <strong>de</strong>s gentianacées<br />
Menaces<br />
La swertie vivace est très sensible à toute<br />
modification <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> milieu :<br />
drainage, remblaiement, piétinement<br />
humain ou par le bétail et eutrophisation<br />
par apports d’eaux usées ou épandages.<br />
PNV – Karine Moussiegt<br />
Dans les marais qui lui sont favorables, la swertie vivace<br />
ne passe pas inaperçue<br />
Protection<br />
et propositions <strong>de</strong> gestion<br />
La swertie vivace figure sur la liste <strong>de</strong>s<br />
espèces protégées. La préservation <strong>de</strong>s zones<br />
humi<strong>de</strong>s, la remise en eau <strong>de</strong> certains marais,<br />
la prise en compte <strong>de</strong> ses populations par les<br />
étu<strong>de</strong>s d’impact <strong>de</strong> projets d’aménagement<br />
<strong>de</strong>vraient assurer la pérennité <strong>de</strong>s localités<br />
savoyar<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cette plante.<br />
Le saviez-vous ?<br />
• La swertie vivace est une plante dédiée à un jardinier hollandais du XVII e siècle<br />
dénommé Sweert.<br />
• Parmi les représentants <strong>de</strong> la famille <strong>de</strong>s gentianacées, certaines plantes sont moins<br />
connues que les gentianes. Il s’agit <strong>de</strong> plantes qui, comme la swertie vivace, fréquentent<br />
<strong>de</strong>s milieux spécialisés. Citons la chlorelle perfoliée, aux fleurs jaunes, que l'on rencontre<br />
dans les pelouses sèches, principalement sur argile.<br />
134 - Regard sur quelques espèces
L’androsace helvétique<br />
Les androsaces se caractérisent par <strong>de</strong> petites fleurs dont les couleurs oscillent du pourpre<br />
au blanc. Si elles diffèrent par leur forme (plante plus ou moins naine, en forme <strong>de</strong> coussinet<br />
ou développant <strong>de</strong>s hampes florales), toutes ont la particularité d’être liées à la roche :<br />
pelouses rocailleuses, rochers, éboulis, moraines, etc. L’androsace helvétique (Androsace<br />
helvetica) compte parmi les neuf espèces d’androsace observées en Savoie. À Saint-Bon<br />
Courchevel, elle peut être confondue avec la plus rare androsace pubescente (Androsace<br />
pubescens), qui se développe dans <strong>de</strong>s habitats* i<strong>de</strong>ntiques. Ces <strong>de</strong>ux espèces d’androsace se<br />
caractérisent par leur tige qui porte <strong>de</strong>s feuilles groupées en rosette <strong>de</strong>nse au sommet <strong>de</strong>s<br />
rameaux. Cette caractéristique donne à la plante une forme en coussinet.<br />
Fiche-espèce n°6<br />
Fiche-espèce n°6<br />
plante naine en coussinet<br />
très <strong>de</strong>nse et bombé<br />
sur calcaire<br />
feuilles vert grisâtre et <strong>de</strong>nsément appliquées,<br />
couvertes <strong>de</strong> poils courts et simples<br />
PNV – Christian Balais<br />
Androsace helvétique<br />
fleurs (<strong>de</strong> 4 à 6 mm <strong>de</strong> diamètre) sessiles,<br />
blanches, à gorge jaune<br />
plante naine en coussinet<br />
lâche sur calcaire<br />
fleurs (<strong>de</strong> 4 à 6 mm <strong>de</strong> diamètre) brièvement<br />
pédicellées, blanches parfois roses, à gorge jaune<br />
feuilles vert clair couvertes <strong>de</strong> poils hérissés<br />
simples ou parfois fourchus<br />
Androsace pubescente<br />
PNV - Christian Balais<br />
Écologie<br />
L’androsace helvétique est une plante<br />
vivace. Elle s’installe dans les fissures et les<br />
anfractuosités <strong>de</strong>s rochers <strong>de</strong> nature calcaire,<br />
aux étages alpin et nival. Leur forme<br />
en coussinet, la longueur <strong>de</strong> leurs racines,<br />
l’épaisseur <strong>de</strong> leurs feuilles forment un<br />
ensemble d’adaptations très poussées pour<br />
résister aux conditions austères offertes par<br />
Regard sur quelques espèces - 135
Fiche-espèce n°6<br />
Fiche-espèce n°6<br />
le milieu rocheux d’altitu<strong>de</strong>. Elle peut ainsi<br />
surmonter la sécheresse due au vent et au<br />
fort ensoleillement. En hiver, le cœur <strong>de</strong> la<br />
plante, composé <strong>de</strong>s feuilles sèches étroitement<br />
imbriquées <strong>de</strong>s années passées, lui<br />
offre une protection contre le gel, <strong>de</strong> même<br />
qu’il permet à la plante <strong>de</strong> constituer son<br />
propre humus.<br />
De toutes les androsaces qui poussent en<br />
coussinet, l’androsace helvétique présente<br />
l’une <strong>de</strong>s floraisons les plus précoces,<br />
s’échelonnant entre mai et juillet.<br />
Menaces<br />
En raison <strong>de</strong>s caractéristiques <strong>de</strong> son<br />
habitat*, l’androsace helvétique est une espèce<br />
peu menacée, même s’il ne faut pas<br />
exclure un risque lié à d’éventuels aménagements,<br />
ou à <strong>de</strong>s prélèvements effectués par<br />
les collectionneurs <strong>de</strong> plantes rares.<br />
Protection<br />
et propositions <strong>de</strong> gestion<br />
Intérêts biologiques<br />
et valeurs d’usage<br />
L’androsace helvétique est présente dans les<br />
massifs <strong>de</strong> haute montagne en France,<br />
Suisse, Italie, Autriche et Allemagne. En<br />
France c’est une plante rare et très localisée,<br />
que l’on trouve dans sept départements<br />
alpins (Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte<br />
d’Azur), également en très peu <strong>de</strong> localités<br />
en Midi-Pyrénées.<br />
La nature majoritairement calcaire du<br />
substrat qui constitue le territoire <strong>de</strong> Saint-<br />
Bon Courchevel, explique la bonne présence<br />
<strong>de</strong> l’androsace helvétique sur cette commune,<br />
notamment sur les massifs <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nts<br />
<strong>de</strong> la Portetta et <strong>de</strong> l’aiguille Rouge.<br />
En d’autres communes du <strong>Parc</strong> <strong>national</strong> <strong>de</strong><br />
la Vanoise, cette espèce est généralement<br />
supplantée par l’androsace alpine qui<br />
préfère les terrains aci<strong>de</strong>s. Cette <strong>de</strong>rnière se<br />
distingue par ses fleurs rosâtres.<br />
Plante très esthétique, l’androsace helvétique<br />
peut faire l’objet <strong>de</strong> cueillette.<br />
PNV – Christian Balais<br />
L’androsace helvétique est protégée. Sa<br />
cueillette et sa <strong>de</strong>struction sont interdites en<br />
France. La faible accessibilité <strong>de</strong>s milieux<br />
qu’elle occupe lui assure une certaine<br />
protection physique.<br />
Androsace alpine<br />
Le saviez-vous ?<br />
• Au cœur du coussinet formé par les feuilles <strong>de</strong> l'androsace helvétique règne une<br />
température nettement plus élevée qu’en surface. Plusieurs petits invertébrés trouvent<br />
refuge dans ce milieu végétal.<br />
136 - Regard sur quelques espèces
Le chevreuil<br />
Avec un poids d’environ 25 kg, le chevreuil (Capreolus capreolus) est le plus petit <strong>de</strong>s<br />
cervidés d’Europe, famille également représentée à Saint-Bon Courchevel par le cerf élaphe<br />
(Cervus elaphus). Sa silhouette gracile, ses longues oreilles, son pelage <strong>de</strong> couleur uniforme<br />
(à l’exception d’une tache claire sur les fesses), ses bois courts et peu ramifiés permettent <strong>de</strong><br />
le reconnaître facilement. Après avoir été au bord <strong>de</strong> l’extinction au début du XVIII e siècle<br />
sur l’ensemble du territoire français, le chevreuil connaît une augmentation <strong>de</strong> ses effectifs<br />
<strong>de</strong>puis les années 1960. En Savoie <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong> réintroduction, ainsi que la limitation <strong>de</strong>s<br />
tirs ont permis le passage <strong>de</strong> quelques centaines d’individus à la fin <strong>de</strong>s années 1960 à plus<br />
<strong>de</strong> 2 700 chevreuils en 2006.<br />
Fiche-espèce n°7<br />
Fiche-espèce n°7<br />
bois jusqu’à 25 cm <strong>de</strong> long,<br />
ramifiés chez le mâle<br />
<strong>de</strong> plus d’un an<br />
(absents chez la femelle)<br />
museau et<br />
“moustaches” noirs<br />
menton blanc<br />
pelage brun-roux<br />
(gris-brun en hiver)<br />
Chevreuil au printemps, mâle<br />
PNV – Sandrine Lemmet<br />
miroir blanc en forme<br />
<strong>de</strong> cœur chez la femelle<br />
(en forme <strong>de</strong> rein<br />
chez le mâle)<br />
PNV – Sandrine Lemmet<br />
Chevreuils, un mâle (au centre) et <strong>de</strong>ux femelles<br />
Écologie<br />
Le chevreuil est capable <strong>de</strong> fréquenter une<br />
gran<strong>de</strong> diversité <strong>de</strong> milieux : les boisements<br />
<strong>de</strong> feuillus ou <strong>de</strong> conifères, les lan<strong>de</strong>s, les<br />
bocages, les prairies, les parcs <strong>de</strong>s agglomérations,<br />
etc. Il affectionne cependant les<br />
secteurs où alternent boisements et milieux<br />
ouverts*, à l’enneigement réduit. En montagne,<br />
il peut monter jusqu’à plus <strong>de</strong><br />
2 000 m d’altitu<strong>de</strong>, à la recherche d’une<br />
végétation <strong>de</strong> bonne qualité nutritive. Il se<br />
Regard sur quelques espèces - 137
Fiche-espèce n°7<br />
Fiche-espèce n°7<br />
PNV – Alexandre Garnier<br />
Empreinte <strong>de</strong> chevreuil dans la neige<br />
nourrit <strong>de</strong> tiges, écorces, pousses, feuilles et<br />
fruits d’arbres ou d’arbustes (charme, chêne,<br />
érable, hêtre, cornouiller, lierre, noisetier,<br />
myrtille, ronce, framboisier, airelle, etc),<br />
également <strong>de</strong> plantes herbacées. Moins<br />
fréquemment, il consomme <strong>de</strong>s champignons,<br />
<strong>de</strong>s aiguilles <strong>de</strong> mélèze ou <strong>de</strong> sapin,<br />
<strong>de</strong>s graines. Pour rechercher sa nourriture, le<br />
chevreuil est plus actif au coucher et au lever<br />
du soleil. C’est un animal plutôt solitaire.<br />
Seule la femelle est le plus souvent<br />
accompagnée <strong>de</strong>s jeunes. Des regroupements<br />
<strong>de</strong> mâles et <strong>de</strong> femelles peuvent être<br />
plus importants en automne et en hiver,<br />
mais ne dépassent pas quelques dizaines<br />
d’individus. Ils se localisent aux endroits où<br />
la nourriture est la plus abondante. Dès les<br />
mois <strong>de</strong> février et mars, début <strong>de</strong> la saison <strong>de</strong><br />
reproduction, ces groupes se disten<strong>de</strong>nt.<br />
Chaque mâle <strong>de</strong>vient territorial. Il défend<br />
son territoire par <strong>de</strong> nombreux marquages<br />
<strong>de</strong> substances odorantes qu’il secrète au<br />
niveau <strong>de</strong> ses sabots et <strong>de</strong> sa tête, ainsi que<br />
par <strong>de</strong>s cris, appelés aboiements territoriaux.<br />
L’accouplement a lieu en été, mais<br />
la gestation débute en hiver. Les jeunes<br />
(généralement 2), appelé faons, naissent <strong>de</strong><br />
la mi-avril à la mi-juin. Ils ont un pelage<br />
tacheté qui leur permet <strong>de</strong> se camoufler dans<br />
la végétation et qu’ils gar<strong>de</strong>nt pendant six<br />
mois.<br />
Intérêts biologiques<br />
et valeurs d’usage<br />
Le chevreuil est un animal sé<strong>de</strong>ntaire qui<br />
occupe une zone <strong>de</strong> quelques dizaines à<br />
quelques centaines d’hectares. Il est présent<br />
en Europe, <strong>de</strong> la Méditerranée au cercle<br />
polaire, et en Asie jusqu’à la Chine et la<br />
Corée. En France il est absent <strong>de</strong> Corse.<br />
Après avoir fortement régressé en Vanoise,<br />
les populations actuelles <strong>de</strong> chevreuil<br />
proviennent <strong>de</strong> lâchers réalisés entre les<br />
années 1960 et 1980. Ainsi, les chevreuils <strong>de</strong><br />
Saint-Bon Courchevel sont issus d’individus<br />
lâchés sur la partie basse <strong>de</strong> la commune, il<br />
138 - Regard sur quelques espèces
y a une quarantaine d’années. Ces animaux<br />
sont surtout observés en lisières forestières,<br />
également sous l’aiguille du Fruit.<br />
Menaces<br />
En certains secteurs, le chevreuil peut être<br />
sensible aux activités humaines. Il est<br />
notamment victime du trafic routier. En<br />
2005, une vingtaine <strong>de</strong> chevreuils ont été<br />
percutés sur les routes <strong>de</strong> Saint-Bon<br />
Courchevel, parmi les 45 cadavres <strong>de</strong> mammifères<br />
observés au cours <strong>de</strong> l’année<br />
(écureuil, renard, cerf, blaireau, sanglier et<br />
lièvre). Par ailleurs, les populations peuvent<br />
être affaiblies par <strong>de</strong>s facteurs <strong>naturel</strong>s :<br />
hivers à fort enneigement ou maladies à<br />
caractère épidémique.<br />
Protection<br />
et propositions <strong>de</strong> gestion<br />
En France, le chevreuil est une espèce gibier<br />
soumise à un plan <strong>de</strong> chasse. En Vanoise, un<br />
comptage nocturne <strong>de</strong>s cervidés est réalisé<br />
une fois par an et permet d’avoir une<br />
estimation très globale <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong>s<br />
populations <strong>de</strong> chevreuil. Le suivi <strong>de</strong> cette<br />
espèce se fait aussi à travers l’observation <strong>de</strong><br />
ses indices <strong>de</strong> présence : moquettes, arbres<br />
frottés par le mâle se débarrassant <strong>de</strong> ses<br />
velours (enveloppe superficielle <strong>de</strong>s bois qui<br />
viennent <strong>de</strong> pousser) et rameaux broutés<br />
(abroutissements). Le maintien <strong>de</strong> ces<br />
observations est indispensable pour suivre<br />
l’évolution du chevreuil en Vanoise.<br />
Fiche-espèce n°7<br />
Fiche-espèce n°7<br />
Le saviez-vous ?<br />
• Lorsque l’on parle du chevreuil, on utilisera un vocabulaire spécifique. Ainsi le mâle est<br />
appelé brocard, et la femelle, chevrette. Les excréments (petites crottes ovales) émis par<br />
petits tas, sont appelés <strong>de</strong>s moquettes.<br />
• En pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> rut, le piétinement du mâle poursuivant la femelle selon un 0 ou un 8,<br />
laisse une trace au sol appelée “rond <strong>de</strong> sorcière”.<br />
• La femelle donne naissance à <strong>de</strong>s jumeaux, un mâle et une femelle, dans 75 % <strong>de</strong>s cas.<br />
• Le “miroir”, cette zone <strong>de</strong> poils blancs localisées sur les fesses, a une fonction <strong>de</strong><br />
communication entre les individus. Il agit comme un signal d’alarme lorsque l’animal<br />
fuit. Ce caractère <strong>de</strong>vient le signe <strong>de</strong> distinction <strong>de</strong>s sexes le plus évi<strong>de</strong>nt, lorsque le mâle<br />
perd ses bois au cours <strong>de</strong> l’hiver.<br />
Regard sur quelques espèces - 139
Fiche-espèce n°8<br />
Fiche-espèce n°8<br />
Le niverolle alpine<br />
La niverolle alpine (Montifringilla nivalis) a la silhouette d’un moineau élancé ; elle<br />
appartient d’ailleurs à la même famille : les passéridés. Espèce <strong>de</strong>s milieux ouverts* d’altitu<strong>de</strong>,<br />
la niverolle reste un oiseau facile à repérer et à reconnaître par les couleurs <strong>de</strong> son plumage.<br />
Ces couleurs, brun, blanc, gris et noir, ont un rôle mimétique, mais lorsque l’oiseau est en vol,<br />
les zones blanches sur les ailes et la queue <strong>de</strong>viennent caractéristiques. Ces zones blanches<br />
contrastent avec une zone noire à l’extrémité <strong>de</strong>s ailes et une raie médiane noire sur la queue.<br />
bec noir<br />
(ivoirin en hiver)<br />
tête grise<br />
petite bavette noire<br />
ventre blanchâtre<br />
Niverolle alpine en plumage nuptial (printemps - été)<br />
PNV - Ludovic Imberdis<br />
Mâle et femelle i<strong>de</strong>ntiques<br />
Plumage d'hiver plus terne<br />
dos brun<br />
PNV - Ludovic Imberdis<br />
Niverolle alpine en plumage nuptial (printemps - été)<br />
aile blanche à l'extrémité noire<br />
queue longue, blanche avec<br />
une raie médiane noire<br />
Écologie<br />
La niverolle alpine fréquente les pelouses<br />
dénudées, ou rocailleuses, et les bordures <strong>de</strong><br />
névé <strong>de</strong> l’étage alpin jusqu’à la partie<br />
inférieure <strong>de</strong> l’étage nival. Espèce granivore,<br />
la base <strong>de</strong> son régime alimentaire est<br />
constituée <strong>de</strong> graines, complétée par <strong>de</strong>s<br />
invertébrés (insectes, vers, escargots).<br />
Recherchant également la proximité <strong>de</strong><br />
grands rochers escarpés, elles utilisent<br />
les anfractuosités pour installer son nid, le<br />
plus souvent inaccessible. Espèce peu<br />
craintive vis-à-vis <strong>de</strong> l’homme, la niverolle<br />
peut <strong>de</strong>venir familière aux abords <strong>de</strong>s<br />
bâtiments d’altitu<strong>de</strong> (refuges, stations <strong>de</strong><br />
ski), où elle trouve d’autres sites <strong>de</strong><br />
nidification. À Saint-Bon Courchevel <strong>de</strong>s<br />
140 - Regard sur quelques espèces
pylônes <strong>de</strong> téléski ont été adoptés pour cet<br />
usage.<br />
La saison <strong>de</strong> reproduction commence dès la<br />
fin mars avec les vols <strong>de</strong> para<strong>de</strong>* effectués par<br />
le mâle : ailes déployées et queue en éventail.<br />
Ces para<strong>de</strong>s* sont suivies <strong>de</strong> la construction<br />
du nid entre la mi-mai et la mi-juin. Pour<br />
nicher à <strong>de</strong> hautes altitu<strong>de</strong>s, la niverolle a<br />
développé <strong>de</strong>s adaptations. Ainsi elle<br />
construit un nid bien isolé (avec <strong>de</strong>s herbes<br />
sèches, <strong>de</strong> la mousse, <strong>de</strong>s feuilles, <strong>de</strong>s plumes<br />
et <strong>de</strong>s poils), et sa température d’incubation<br />
est basse. La femelle pond 4 à 5 œufs, que les<br />
<strong>de</strong>ux parents couvent pendant <strong>de</strong>ux à trois<br />
semaines. Espèce très grégaire en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> la<br />
saison <strong>de</strong> reproduction, la niverolle forme <strong>de</strong>s<br />
ban<strong>de</strong>s bruyantes <strong>de</strong> quelques dizaines à<br />
quelques centaines d’individus au cours <strong>de</strong><br />
l’automne et <strong>de</strong> l’hiver.<br />
Intérêts biologiques<br />
et valeurs d’usage<br />
La niverolle alpine occupe les montagnes du<br />
paléarctique*, <strong>de</strong>puis l’Espagne jusqu’à la<br />
Mongolie.<br />
En France, où elle est considérée comme une<br />
relique glaciaire*, elle est surtout présente<br />
dans les Alpes et les Pyrénées. Les montagnes<br />
<strong>de</strong> la Corse abritent quelques couples<br />
nicheurs. En 2003, la population française<br />
était estimée entre 2 000 et 4 000 couples<br />
nicheurs, et Rhône-Alpes rassemble l’essentiel<br />
<strong>de</strong> cette population. Dans les Alpes, la<br />
niverolle alpine est une espèce sé<strong>de</strong>ntaire,<br />
PNV – Michel Filliol<br />
Niverolle alpine, jeune<br />
capable <strong>de</strong> rester en altitu<strong>de</strong> au cours <strong>de</strong><br />
l’hiver. Toutefois certains individus migrent<br />
vers les Alpes externes (Vercors, Diois…). À<br />
Saint-Bon Courchevel, la niverolle fréquente<br />
les restaurants d’altitu<strong>de</strong>, où elle se nourrit<br />
<strong>de</strong> miettes. Elle est aussi présente aux cols <strong>de</strong><br />
la Platta et <strong>de</strong> Chanrossa.<br />
Menaces<br />
La niverolle ne semble pas faire l’objet <strong>de</strong><br />
menace avérée. Le développement <strong>de</strong>s<br />
aménagements touristiques à l’étage alpin,<br />
aux endroits où elle effectue la totalité <strong>de</strong><br />
son cycle <strong>de</strong> vie, contribue toutefois à la<br />
régression <strong>de</strong> son territoire.<br />
Protection<br />
et propositions <strong>de</strong> gestion<br />
La niverolle alpine est protégée en France.<br />
Une observation régulière <strong>de</strong>s populations<br />
<strong>de</strong> cette espèce permet <strong>de</strong> suivre les<br />
fluctuations <strong>de</strong> ses effectifs.<br />
Fiche-espèce n°8<br />
Le saviez-vous ?<br />
• La niverolle alpine, plus proche du moineau domestique que du pinson <strong>de</strong>s arbres,<br />
est aussi appelée à tort, pinson <strong>de</strong>s neiges.<br />
• Quelques sites artificiels <strong>de</strong> nidifications adoptés par la niverolle alpine sont connus<br />
en Vanoise. Il s’agit d’un pylône <strong>de</strong> téléski au col <strong>de</strong> la Platta à Saint-Bon Courchevel,<br />
du refuge du col <strong>de</strong> l’Iseran, <strong>de</strong>s bâtiments <strong>de</strong> l’hospice du col du Petit Saint-Bernard<br />
et <strong>de</strong> pylônes <strong>de</strong> téléski à Tignes.<br />
Regard sur quelques espèces - 141
Fiche-espèce n°9<br />
Fiche-espèce n°9<br />
La perdrix bartavelle<br />
Appartenant à la famille <strong>de</strong>s phasianidés (perdrix, faisans, cailles), la perdrix bartavelle<br />
(Alectoris graeca) est la plus gran<strong>de</strong> <strong>de</strong>s perdrix d’Europe. En Vanoise, cette espèce peut être<br />
confondue avec la perdrix Chukar (Alectoris chukar) dont la présence, très ponctuelle, est<br />
uniquement issue <strong>de</strong> lâchers cynégétiques illégaux. Cette <strong>de</strong>rnière est une espèce originaire<br />
<strong>de</strong>s Balkans. Également présente en Savoie, la perdrix rouge (Alectoris rufa) se rencontre<br />
dans les secteurs chauds et secs <strong>de</strong> moyenne et <strong>de</strong> basse altitu<strong>de</strong>.<br />
fin sourcil blanc<br />
œil entouré d’un cercle rouge<br />
gran<strong>de</strong> bavette blanche encadrée<br />
par un ban<strong>de</strong>au noir bien net<br />
(ban<strong>de</strong>au moins large<br />
chez la femelle)<br />
dos gris cendré brunâtre<br />
flanc rayé <strong>de</strong> roux,<br />
noir et crème<br />
Perdrix bartavelle<br />
PNV - Philippe Benoît<br />
bec rouge<br />
poitrine bleutée<br />
PNV - Alexandre Garnier<br />
Perdrix bartavelle<br />
abdomen jaune pâle<br />
pattes rouges<br />
Écologie<br />
À la recherche <strong>de</strong>s montagnes chau<strong>de</strong>s et<br />
sèches <strong>de</strong> son aire d’origine, la perdrix<br />
bartavelle affiche en Savoie une préférence<br />
marquée pour les adrets entre 1 500 et<br />
2 600 m d’altitu<strong>de</strong>. Cela se traduit par <strong>de</strong>s<br />
pentes sèches, couvertes d’une mosaïque <strong>de</strong><br />
lan<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> pelouses, entrecoupées <strong>de</strong> barres<br />
rocheuses, d’éboulis et <strong>de</strong> crêtes ventées.<br />
Située entre forêts et pelouses alpines, la<br />
zone <strong>de</strong> combat offre souvent <strong>de</strong> telles<br />
conditions.<br />
La perdrix bartavelle recherche aussi un<br />
relief marqué qui lui permette <strong>de</strong> se cacher,<br />
<strong>de</strong> fuir (en courant rapi<strong>de</strong>ment dans les<br />
pentes et s’envolant vers le bas), <strong>de</strong> profiter<br />
<strong>de</strong> l’étalement <strong>de</strong> la ressource alimentaire<br />
(fleurs, graines et baies) et <strong>de</strong> se maintenir<br />
sur <strong>de</strong>s places déneigées. En effet, incapable<br />
142 - Regard sur quelques espèces
<strong>de</strong> digérer les éléments ligneux <strong>de</strong>s rameaux,<br />
les sols nus sont indispensables pour<br />
l’alimentation <strong>de</strong> la perdrix bartavelle,<br />
composée <strong>de</strong> feuilles, bourgeons, jeunes<br />
pousses, graines, baies, et complétée selon<br />
les saisons par <strong>de</strong>s animaux invertébrés<br />
(escargots, araignées, insectes, etc).<br />
La pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> reproduction, débute en avril<br />
avec les para<strong>de</strong>s* du mâle. Le nid est une<br />
dépression au sol, tapissée d’herbes et<br />
cachée dans la végétation ou les rochers. En<br />
moyenne 9 à 14 œufs sont pondus. Seule la<br />
femelle couve. L’émancipation <strong>de</strong>s jeunes a<br />
lieu en octobre. Espèce grégaire, les individus<br />
se dispersent davantage à la fin <strong>de</strong> la<br />
pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> reproduction.<br />
Selon les conditions offertes par le milieu, la<br />
perdrix peut hiverner à près <strong>de</strong> 3 000 m, ou<br />
<strong>de</strong>scendre jusqu’à 700 m d’altitu<strong>de</strong> et se<br />
rapprocher <strong>de</strong>s habitations humaines. De<br />
même, en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
reproduction, la perdrix peut réaliser <strong>de</strong><br />
grands déplacements.<br />
Intérêts biologiques<br />
et valeurs d’usage<br />
La perdrix bartavelle est originaire <strong>de</strong>s<br />
montagnes du sud-est <strong>de</strong> l’Europe, où elle se<br />
rencontre <strong>de</strong>s Alpes aux îles grecques,<br />
également en Sicile et dans les Apennins.<br />
En France l’espèce est sé<strong>de</strong>ntaire et localisée<br />
dans le massif alpin, où elle se trouve en<br />
limite occi<strong>de</strong>ntale <strong>de</strong> son aire <strong>de</strong> répartition.<br />
En 2000, sa population était estimée entre<br />
2 000 et 3 000 couples nicheurs. Le massif<br />
<strong>de</strong> la Vanoise accueille la majorité <strong>de</strong> cette<br />
population avec un effectif estimé à près <strong>de</strong><br />
2 000 couples. En Savoie la perdrix bartavelle<br />
est localisée sur les adrets <strong>de</strong>s vallées<br />
<strong>de</strong> Maurienne et <strong>de</strong> Tarentaise, et plus<br />
rarement, sur les pentes au sud du massif <strong>de</strong>s<br />
Bauges. À Saint-Bon Courchevel l’espèce<br />
fréquente tous les adrets qui ont une pente<br />
rai<strong>de</strong>, et une exposition à l’est et au sud-est.<br />
PNV – Alexandre Garnier<br />
Menaces<br />
Perdrix bartavelle, portrait<br />
L’espèce étant très sensible aux conditions<br />
climatiques, un hiver fort enneigé, un été<br />
pluvieux et froid peuvent entraîner une<br />
chute importante <strong>de</strong>s effectifs, voire la<br />
disparition <strong>de</strong> populations. L’abandon du<br />
pastoralisme sur les zones pentues <strong>de</strong>s<br />
adrets, et la fermeture* du milieu qui<br />
l’accompagne, sont défavorables à la<br />
perdrix bartavelle qui a besoin <strong>de</strong> lan<strong>de</strong>s et<br />
<strong>de</strong> pelouses. Cependant un pâturage trop<br />
précoce et/ou trop intense peut être fatal à la<br />
reproduction et à l’élevage <strong>de</strong>s jeunes.<br />
Très présente en <strong>de</strong>hors du cœur du <strong>Parc</strong><br />
<strong>national</strong>, la perdrix bartavelle est sensible au<br />
dérangement par les chiens. Enfin, même si<br />
l’espèce fait l’objet d’un plan <strong>de</strong> chasse, <strong>de</strong>s<br />
populations fragilisées peuvent être affectées<br />
par cette activité.<br />
Protection<br />
et propositions <strong>de</strong> gestion<br />
La perdrix bartavelle est une espèce dont la<br />
chasse est réglementée au niveau départemental,<br />
selon un prélèvement maximal<br />
autorisé. En Savoie la perdrix bartavelle est<br />
chassable sur l’ensemble du département.<br />
Fiche-espèce n°9<br />
Fiche-espèce n°9<br />
Regard sur quelques espèces - 143
Fiche-espèce n°9<br />
Fiche-espèce n°9<br />
Pour la Communauté européenne, la<br />
conservation <strong>de</strong>s habitats* <strong>de</strong> cette espèce<br />
est une action prioritaire.<br />
En 2005, un dénombrement <strong>de</strong>s individus<br />
présents sur l’unité <strong>naturel</strong> du Doron <strong>de</strong><br />
Bozel a permis <strong>de</strong> révéler une quinzaine <strong>de</strong><br />
coqs sur le territoire <strong>de</strong> Saint-Bon<br />
Courchevel. Cette action <strong>de</strong> comptage sera<br />
renouvelée en 2015, afin d’apprécier le<br />
maintien ou non du niveau <strong>de</strong> la population.<br />
Répartition <strong>de</strong> la perdrix bartavelle en Vanoise<br />
Le saviez-vous ?<br />
• La perdrix « royale » décrit dans « La gloire <strong>de</strong> mon père », ?uvre littéraire célèbre<br />
<strong>de</strong> Marcel Pagnol, n’est autre que la perdrix bartavelle également présente en Haute<br />
Provence.<br />
• Le nom bartavelle provient du provençal bartaval qui désigne le loquet <strong>de</strong> porte ou<br />
le claquet du moulin, <strong>de</strong>ux objets dont le bruit serait semblable à la voix <strong>de</strong> la perdrix<br />
bartavelle. Hormis le chant puissant, grinçant et très rythmé du mâle, le répertoire<br />
vocal <strong>de</strong> cette espèce est en fait très large. Il se compose <strong>de</strong> caquètements émis par les<br />
femelles, d'appels sifflants, <strong>de</strong> craillements sourds, etc. Plusieurs verbes sont utilisés<br />
pour traduire la diversité <strong>de</strong> ces sons. On dit que la perdrix brourit, cacabe, glousse,<br />
pirouitte, rappelle.<br />
144 - Regard sur quelques espèces
L’aeschne <strong>de</strong>s joncs<br />
L’aeschne <strong>de</strong>s joncs (Aeshna juncea) fait partie du groupe <strong>de</strong>s vraies libellules, appelé<br />
anisoptères. En Savoie, six espèces d’aeschnes sont connues. L’aeschne <strong>de</strong>s joncs présente un<br />
vol puissant et un corps élancé. Son abdomen noir est marqué <strong>de</strong> taches bleues. À Saint-Bon<br />
Courchevel, cette espèce pourrait être confondue avec l’aeschne bleue (Aeshna cyanea), une<br />
espèce commune en Savoie, capable <strong>de</strong> fréquenter une gran<strong>de</strong> diversité d’eaux stagnantes<br />
jusqu’à près <strong>de</strong> 2 100 m d’altitu<strong>de</strong>.<br />
Fiche-espèce n°10<br />
Fiche-espèce n°10<br />
Longueur <strong>de</strong> l’abdomen : 5 à 6 cm<br />
gros “yeux”<br />
contigus<br />
PNV – Ludovic Imberdis<br />
Aeschne <strong>de</strong>s joncs, mâle<br />
abdomen brun-sombre<br />
avec <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s taches<br />
bleues disjointes<br />
(jaune claire chez la femelle)<br />
thorax brun foncé<br />
traversé par <strong>de</strong>ux<br />
fines ban<strong>de</strong>s latérales<br />
jaune à verdâtre<br />
Aeschne <strong>de</strong>s joncs<br />
PNV - Michel Bouche<br />
thorax foncé<br />
traversé par <strong>de</strong>ux<br />
larges ban<strong>de</strong>s<br />
latérales vertes<br />
abdomen sombre<br />
avec <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s taches<br />
vertes et bleues<br />
se rejoignant<br />
à l’extrémité<br />
<strong>de</strong> l’abdomen<br />
Aeschne bleue, mâle<br />
Manuel Bouron<br />
Regard sur quelques espèces - 145
Fiche-espèce n°10<br />
Fiche-espèce n°10<br />
Ecologie<br />
L’aeschne <strong>de</strong>s joncs est caractéristique <strong>de</strong>s<br />
marais et tourbières d’altitu<strong>de</strong> qui présentent<br />
une surface d’eau libre bien ensoleillée.<br />
En Rhône-Alpes, l’espèce a été surtout<br />
observée entre 1 000 et 2 200 m d’altitu<strong>de</strong>,<br />
avec une altitu<strong>de</strong> maximale connue à plus<br />
<strong>de</strong> 2 300 m.<br />
Capable d’effectuer d’importants déplacements,<br />
l’espèce peut aussi être observée loin<br />
<strong>de</strong> ces milieux humi<strong>de</strong>s. Les adultes se<br />
nourrissent en chassant d’autres insectes au<br />
vol, ceci pendant <strong>de</strong>s heures, et au cours <strong>de</strong>s<br />
meilleurs moments <strong>de</strong> la journée. Ils<br />
s’arrêtent <strong>de</strong> voler lorsque les températures<br />
sont fraîches ou trop élevées.<br />
En Rhône-Alpes la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> vol la plus<br />
importante se situe <strong>de</strong> fin juillet à fin août et<br />
correspond à la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> reproduction. À<br />
cette pério<strong>de</strong> les mâles volent plus bas au<strong>de</strong>ssus<br />
<strong>de</strong> l’eau, à la recherche <strong>de</strong>s femelles.<br />
Comme toutes les libellules, l’aeschne <strong>de</strong>s<br />
joncs dépend <strong>de</strong> l’eau pour sa reproduction.<br />
Les œufs sont pondus sous l’eau, par petites<br />
séries. Ils sont insérés par la femelle directement<br />
dans la végétation palustre et<br />
aquatique. Des pontes ont été observées<br />
sur le trèfle d’eau, <strong>de</strong>s laîches, <strong>de</strong>s rubaniers,<br />
<strong>de</strong>s joncs, <strong>de</strong>s prêles, etc. L’éclosion <strong>de</strong>s<br />
œufs a lieu l’année suivante et donne <strong>de</strong>s<br />
larves aquatiques. Le développement d’une<br />
larve est lent ; sa durée augmente avec<br />
l’altitu<strong>de</strong> et peut se prolonger jusqu’à trois<br />
ans. L’alimentation <strong>de</strong> cette larve est<br />
constituée <strong>de</strong> petits crustacés, <strong>de</strong> têtards et<br />
d’insectes aquatiques. Cette importante<br />
phase <strong>de</strong> croissance se termine par une<br />
métamorphose, au cours <strong>de</strong> laquelle la larve<br />
passe d’une respiration aquatique à une<br />
respi-ration aérienne. Elle émerge <strong>de</strong> l’eau,<br />
s’accroche à un support, le plus souvent une<br />
plante, et déchire son enveloppe d’où sort la<br />
libellule avec sa forme d’adulte.<br />
Intérêts biologiques<br />
et valeurs d’usage<br />
PNV – Michel Bouche<br />
Aeschne <strong>de</strong>s joncs, métamorphose<br />
L’aeschne <strong>de</strong>s joncs est une espèce caractéristique<br />
<strong>de</strong>s milieux humi<strong>de</strong>s d’altitu<strong>de</strong>,<br />
surtout présente en Europe septentrionale,<br />
centrale et orientale, également en Asie et en<br />
Amérique du Nord. Elle est aussi très commune<br />
et abondante dans tous les massifs<br />
montagneux d’Europe occi<strong>de</strong>ntale. En<br />
France l’espèce est localisée dans les Alpes,<br />
les Pyrénées, le Massif central et les Vosges.<br />
Elle est assez commune en Savoie, où elle est<br />
connue dans le massif <strong>de</strong> la Vanoise, dans le<br />
Beaufortain, et plus localement dans les<br />
massifs préalpins <strong>de</strong>s Bauges et <strong>de</strong> la<br />
Chartreuse. À Saint-Bon Courchevel l’espèce<br />
a été signalée au lac <strong>de</strong> la Rosière. Bien<br />
que cette aeschne soit bien représentée dans<br />
146 - Regard sur quelques espèces
nos massifs, le suivi relativement facile <strong>de</strong><br />
ses populations permet <strong>de</strong> témoigner du bon<br />
état <strong>de</strong>s milieux humi<strong>de</strong>s d’altitu<strong>de</strong>.<br />
Menaces<br />
Même si cette espèce est plutôt commune,<br />
l’aeschne <strong>de</strong>s joncs, comme toutes les<br />
libellules, est surtout très sensible à la<br />
modification et à la <strong>de</strong>struction <strong>de</strong> ses<br />
milieux <strong>de</strong> reproduction : les milieux<br />
humi<strong>de</strong>s. Le drainage, le curage ou le<br />
comblement d’une seule petite zone humi<strong>de</strong><br />
suffit à détruire une population entière<br />
d’aeshne <strong>de</strong>s joncs.<br />
Protection<br />
et propositions <strong>de</strong> gestion<br />
L’aeschne <strong>de</strong>s joncs n’est pas une espèce<br />
protégée. Le maintien dans un bon état <strong>de</strong><br />
conservation <strong>de</strong>s milieux dont elle a besoin<br />
pour se développer est nécessaire à la<br />
préservation <strong>de</strong> cette libellule à Saint-Bon<br />
Courchevel. Il s’agit notamment <strong>de</strong> veiller à<br />
la conservation d’une végétation aquatique<br />
et palustre importante et variée, et au<br />
maintien d’une surface d’eau libre<br />
suffisante. Des étu<strong>de</strong>s plus approfondies<br />
révèleront certainement la présence <strong>de</strong><br />
nouvelles espèces <strong>de</strong> libellules sur les milieux<br />
ainsi préservés.<br />
Fiche-espèce n°10<br />
Fiche-espèce n°10<br />
Le saviez-vous ?<br />
• Les libellules <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> taille comme l’aeschne <strong>de</strong>s joncs sont légères car leur corps<br />
est rempli d’air. Elle ne pèse pas plus d’un gramme.<br />
• Les libellules sont <strong>de</strong>s insectes capables <strong>de</strong> se laisser porter par les courants d’air, <strong>de</strong><br />
se déplacer en marche arrière, d’accomplir <strong>de</strong>s acrobaties aériennes et <strong>de</strong>s piqués, <strong>de</strong><br />
battre individuellement leurs ailes et d’atteindre <strong>de</strong>s vitesses comprises entre 2 et<br />
40 km/h.<br />
• Une libellule possè<strong>de</strong> entre 10 000 et 30 000 “yeux”. Ceux du haut servent à la vision<br />
lointaine et ceux du bas servent à la vision rapprochée. Certaines espèces peuvent<br />
voir leur congénère à une distance <strong>de</strong> 30 à 40 m. L'aeschne <strong>de</strong> joncs est très<br />
certainement <strong>de</strong> celles-là.<br />
Regard sur quelques espèces - 147
Fiche-espèce n°11<br />
Fiche-espèce n°11<br />
Le cristivomer<br />
Le cristivomer (Salvelinus namaycush) ou omble du Canada est un poisson <strong>de</strong> la famille <strong>de</strong>s<br />
salmonidés (truite, saumon, omble, etc.) originaire d’Amérique du Nord. C’est l’une <strong>de</strong>s cinq<br />
espèces présentes à Saint-Bon Courchevel avec la truite <strong>de</strong> rivière (ou fario), la truite arc-enciel,<br />
l’omble <strong>de</strong> fontaine et l’omble chevalier. Le cristivomer se distingue aisément <strong>de</strong> ces<br />
quatre autres poissons par son écologie, mais aussi sa gran<strong>de</strong> taille, sa queue fourchue et<br />
l’absence <strong>de</strong> taches noires sur la tête et le corps.<br />
dos vermiculé <strong>de</strong> blanc<br />
Taille = 40 à 50 cm – poids = 2 à 3 kg<br />
Cristivomer<br />
CSP - Henri Carmée<br />
tête fine<br />
et pointue<br />
corps parsemé <strong>de</strong><br />
points blancs plus<br />
ou moins gros<br />
écailles très<br />
petites et peu<br />
visibles<br />
gran<strong>de</strong> nageoire<br />
caudale fourchue<br />
Écologie<br />
Le cristivomer est une espèce grégaire. Il est<br />
caractéristique <strong>de</strong>s eaux froi<strong>de</strong>s, profon<strong>de</strong>s<br />
et oxygénées et vit, <strong>de</strong> ce fait, essentiellement<br />
dans les grands lacs d’eau douce.<br />
C’est un poisson vorace et à forte croissance<br />
(en milieu favorable) qui dans son milieu<br />
d’origine se nourrit surtout <strong>de</strong> poissons<br />
(truite, brochet, épinoche, lotte, etc) et<br />
d’insectes aquatiques. Le frai se déroule<br />
généralement à l’automne et se déclenche<br />
148 - Regard sur quelques espèces
PNV – Christophe Gotti<br />
Fiche-espèce n°11<br />
Fiche-espèce n°11<br />
Alevinage dans le lac Merlet<br />
dès que la température <strong>de</strong> l’eau est inférieure<br />
à 10°C. Les œufs d’une taille <strong>de</strong> 5 ou 6 mm<br />
sont pondus sur les fonds caillouteux.<br />
L’incubation est longue et varie, selon la<br />
température, <strong>de</strong> 15 à 21 semaines. Les<br />
éclosions ont lieu courant mars ou avril.<br />
En Savoie, il ne se reproduit qu’occasionnellement,<br />
comme en Vanoise au lac <strong>de</strong><br />
la Plagne (Peisey-Nancroix), ou au lac du<br />
mont Coua (les Allues).<br />
Intérêts biologiques<br />
et valeurs d’usage<br />
D’origine nord-américaine où il est appelé<br />
“truite <strong>de</strong> lac”, le cristivomer occupe la<br />
zone comprise entre les grands lacs et<br />
l’Alaska. Il a été introduit à la fin du<br />
XIX e siècle en Europe (Suè<strong>de</strong>, Suisse et<br />
France). En France, ce poisson est présent<br />
dans les Pyrénées, dans le Massif central, le<br />
Jura et les Alpes (Vanoise et Mercantour),<br />
mais le succès <strong>de</strong> sa reproduction n’est pas<br />
avéré dans tous les plans d’eau où il a été<br />
introduit.<br />
À Saint-Bon Courchevel, le cristivomer a<br />
été introduit dans le lac Merlet supérieur<br />
pour être pêché. Depuis 2003, cet alevinage<br />
n’a plus lieu, mais afin <strong>de</strong> maintenir la<br />
population <strong>de</strong> cristivomers dans ce lac, la<br />
pêche <strong>de</strong> ce poisson est préconisée en “no<br />
kill”. La possibilité d’une reproduction<br />
<strong>naturel</strong>le ne serait pas exclue.<br />
Regard sur quelques espèces - 149
Fiche-espèce n°11<br />
PNV – Christophe Gotti<br />
Menaces<br />
Il n’y a pas <strong>de</strong> menace particulière à<br />
craindre pour cette espèce “exotique”. En<br />
revanche, ce poisson prédateur et piscivore<br />
peut occasionner <strong>de</strong>s dommages sur la<br />
chaîne alimentaire* <strong>de</strong> certains lacs pauvres<br />
<strong>de</strong> montagne. Entre autre, il peut s’attaquer<br />
à <strong>de</strong>s espèces <strong>de</strong> vertébrés (truites, vairons,<br />
têtards) et d’invertébrés indigènes telles que<br />
les trichoptères* et les chironomes*. Cette<br />
menace est valable pour l’ensemble <strong>de</strong>s<br />
espèces exotiques introduites.<br />
Protection<br />
et propositions <strong>de</strong> gestion<br />
Jeunes cristivomers<br />
Le maintien d’espèces endémiques* peut<br />
s’avérer très incertain dès lors qu’une espèce<br />
exotique est introduite dans leur écosystème.<br />
De ce fait, on ne peut que déconseiller les<br />
lâchers <strong>de</strong> poissons exotiques dans les sites<br />
encore vierges. Il faudrait par ailleurs<br />
pouvoir faire un bilan <strong>de</strong>s lacs empoissonnés,<br />
afin <strong>de</strong> déterminer ceux dans lesquels le<br />
cristivomer (et tout autre poisson exotique)<br />
peut être maintenu sans risque pour la faune<br />
<strong>de</strong>s sites en question.<br />
Le saviez-vous ?<br />
• La longévité du cristivomer peut dépasser trente ans.<br />
• Sa reproduction est tardive et n'intervient pas avant six à sept ans en moyenne. En<br />
Vanoise où son écologie et sa reproduction ont été étudiées au lac du mont Coua<br />
(2 672 m), sa maturité sexuelle est encore plus tardive, entre sept et neuf ans.<br />
• Le cristivomer peut vivre plus <strong>de</strong> six mois par an sous la glace.<br />
• L’estomac d’un cristivomer <strong>de</strong> 60 cm <strong>de</strong> long, peut contenir jusqu’à 10 000 larves<br />
d’insectes aquatiques (trichoptères* et chironomes*).<br />
150 - Regard sur quelques espèces
La gélinotte <strong>de</strong>s bois<br />
La gélinotte <strong>de</strong>s bois (Bonasa bonasia) appartient à la famille <strong>de</strong>s tétraonidés également<br />
représentés à Saint-Bon Courchevel par le tétras-lyre (Tetrao tetrix), ou coq <strong>de</strong> bruyère, et le<br />
lagopè<strong>de</strong> alpin (Lagopus mutus), ou perdrix blanche. Les couleurs <strong>de</strong> plumage et les milieux<br />
<strong>de</strong> vie occupés respectivement par chacune <strong>de</strong> ces espèces permettent aisément <strong>de</strong> les<br />
reconnaître. Avec sa silhouette ramassée et sa queue courte, la gélinotte ressemble à une petite<br />
poule. Les couleurs “écorces” et “feuilles mortes” <strong>de</strong> son plumage sont un assortiment<br />
parfait pour se camoufler dans le lacis végétal <strong>de</strong>s sous-bois, son milieu <strong>de</strong> vie par excellence.<br />
Fiche-espèce n°12<br />
Fiche-espèce n°12<br />
caroncule rouge vif<br />
(absent chez la femelle)<br />
gorge noire bordée<br />
<strong>de</strong> blanc (brune rayée<br />
<strong>de</strong> blanc chez la femelle)<br />
dos gris beige taché<br />
<strong>de</strong> fauve, <strong>de</strong> blanc et <strong>de</strong> brun<br />
ailes brunes<br />
Couleurs moins vives<br />
et moins contrastées<br />
chez la femelle<br />
Gélinotte mâle en plumage nuptial (printemps - été)<br />
Christian Simon<br />
huppe érectile<br />
(plus courte chez la femelle)<br />
<strong>de</strong>ssous blanchâtre à grosses<br />
taches brun foncé et rouille<br />
queue avec une barre<br />
terminale noire<br />
Christian Simon<br />
Gélinotte mâle en plumage nuptial (printemps - été)<br />
Regard sur quelques espèces - 151
Fiche-espèce n°12<br />
Fiche-espèce n°12<br />
Écologie<br />
La gélinotte <strong>de</strong>s bois affectionne les<br />
boisements <strong>de</strong> feuillus ou les boisements<br />
mixtes (feuillus et conifères) sous lesquels se<br />
développe un sous-bois <strong>de</strong>nse <strong>de</strong> quelques<br />
mètres <strong>de</strong> hauteur (forêts peu exploitées,<br />
taillis sous futaie, etc), <strong>de</strong>puis la plaine<br />
jusqu’à 2 000 m d’altitu<strong>de</strong>. La gélinotte<br />
affectionne les terrains acci<strong>de</strong>ntés, et la<br />
proximité <strong>de</strong> points d’eau, qui sont à<br />
l’origine d’une plus gran<strong>de</strong> diversité<br />
végétale. Son régime alimentaire est en effet<br />
très varié. Il s’agit <strong>de</strong> bourgeons, pousses,<br />
feuilles, fleurs, fruits ou graines <strong>de</strong> noisetier,<br />
charme, sorbier, alisier, saule, bouleau,<br />
myrtille, framboisier, groseillier, fraisier, etc.<br />
Plus occasionnellement, elle se nourrit aussi<br />
<strong>de</strong> plantes herbacées, <strong>de</strong> champignons, <strong>de</strong><br />
mousses, <strong>de</strong> matières ligneuses et <strong>de</strong> divers<br />
invertébrés. La gélinotte vit seule ou en<br />
couple dans un territoire <strong>de</strong> quelques<br />
hectares. Elle quitte exceptionnellement le<br />
couvert végétal qui lui assure la protection.<br />
Seuls les mâles semblent effectuer <strong>de</strong> plus<br />
grands déplacements (quelques kilomètres)<br />
au cours du printemps, sans doute à la<br />
recherche d’une femelle. L’oiseau effectue ses<br />
déplacements le plus souvent en marchant à<br />
petits pas, ou en piétant lorsqu’il se sent<br />
menacé. Pour se nourrir, il grimpe dans les<br />
arbustes, et se déplace d’arbuste en arbuste<br />
<strong>de</strong>puis les rameaux.<br />
Espèce monogame, les couples se forment<br />
dès l’automne. La pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> reproduction a<br />
lieu entre mars et mai. Le nid est une<br />
dépression au sol, à l’abri d’un buisson ou<br />
adossé à un obstacle (souche, rocher, etc). Il<br />
est garni d’herbes et <strong>de</strong> feuilles. La femelle<br />
pond une dizaine d’œufs, qu’elle couve<br />
pendant trois semaines environ. Les<br />
poussins sont nidifuges* et insectivores.<br />
Guidés par la femelle, ils trouvent leur<br />
nourriture dans les petites trouées<br />
forestières, sur les bords <strong>de</strong>s chemins ou <strong>de</strong>s<br />
cours d’eau, dans les lisières forestières, etc.<br />
Intérêts biologiques<br />
et valeurs d’usage<br />
La gélinotte <strong>de</strong>s bois est une espèce<br />
paléarctique* <strong>de</strong>s régions froi<strong>de</strong>s. Elle est<br />
présente en Europe <strong>de</strong> l’Est et en<br />
Scandinavie, également dans tout le massif<br />
alpestre jusqu’aux Balkans. En France<br />
l’espèce est surtout connue dans la moitié est<br />
du territoire, <strong>de</strong>s Ar<strong>de</strong>nnes aux Alpes<br />
méridionales. À l’ouest elle est localisée en<br />
certains secteurs <strong>de</strong>s Pyrénées et du Massif<br />
central. En 1999 elle forme une population<br />
totale <strong>de</strong> 2 000 à 10 000 couples nicheurs.<br />
C’est une espèce sé<strong>de</strong>ntaire. En Vanoise,<br />
cette espèce reste mal connue. La gélinotte<br />
occupe les différents boisements <strong>de</strong> Saint-<br />
Bon Courchevel.<br />
Menaces<br />
La modification <strong>de</strong> son habitat* est très<br />
préjudiciable à cette espèce. Ainsi la<br />
transformation du taillis sous futaie en<br />
futaie, la disparition <strong>de</strong>s sta<strong>de</strong>s transitoires<br />
normalement présents dans toutes les forêts,<br />
la plantation <strong>de</strong> conifères dans <strong>de</strong>s<br />
boisements initialement composés <strong>de</strong><br />
feuillus sont autant <strong>de</strong> dommages pour<br />
l’habitat* <strong>de</strong> l’espèce. De même, la gélinotte<br />
ne supporte pas les coupes rases et<br />
l’essartage <strong>de</strong>s sous-bois.<br />
Animal fort discret, la gélinotte est gênée par<br />
toute source <strong>de</strong> bruit (camping, chantier<br />
d’exploitation, etc) qu’elle tend à fuir. La<br />
chasse, effectuée sans plan <strong>de</strong> chasse,<br />
constitue aussi une menace.<br />
Protection<br />
et propositions <strong>de</strong> gestion<br />
La gélinotte <strong>de</strong>s bois est une espèce<br />
chassable en France. Mais pour la communauté<br />
européenne, la conservation <strong>de</strong> ses<br />
152 - Regard sur quelques espèces
habitats* est une action prioritaire ; elle est<br />
inscrite à l’annexe I <strong>de</strong> la directive Oiseaux.<br />
Le maintien <strong>de</strong> la gélinotte passe par la mise<br />
en place d’une gestion sylvicole en faveur<br />
d’une mosaïque <strong>de</strong> milieux forestiers, <strong>de</strong> type<br />
futaie jardinée*. L’instauration en Savoie <strong>de</strong><br />
la déclaration obligatoire <strong>de</strong>s tirs <strong>de</strong>puis<br />
1998, forme une base pour l’établissement<br />
d’un plan <strong>de</strong> chasse <strong>de</strong> la gélinotte.<br />
Parallèlement à cette réglementation, la mise<br />
en place <strong>de</strong> secteurs <strong>de</strong> recensement <strong>de</strong>s<br />
oiseaux est souhaitable afin <strong>de</strong> mieux<br />
connaître l’évolution <strong>de</strong>s effectifs <strong>de</strong><br />
gélinotte.<br />
Fiche-espèce n°12<br />
Fiche-espèce n°12<br />
Répartition <strong>de</strong> la gélinotte <strong>de</strong>s bois en Vanoise<br />
Le saviez-vous ?<br />
• Difficile à observer, la gélinotte est également difficile à entendre. Son chant est un<br />
sifflement très aigu <strong>de</strong> quelques secon<strong>de</strong>s, répété plusieurs fois, et dont la portée est<br />
inférieure à 200 m.<br />
• Tout comme le tétras-lyre et le lagopè<strong>de</strong> alpin, la gélinotte est capable <strong>de</strong> se laisser<br />
enfouir dans la neige pour lutter contre les grands froids.<br />
Regard sur quelques espèces - 153
Annexes<br />
Annexes
Lexique<br />
Annexes<br />
[1] d’après le Dictionnaire <strong>de</strong>s plantes et champignons (Boullard B., 1997)<br />
[2] d’après le Dictionnaire encyclopédique <strong>de</strong> l’écologie et <strong>de</strong>s sciences <strong>de</strong> l’environnement<br />
(Rama<strong>de</strong> F., 1993)<br />
[3] d’après Le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s tourbières et <strong>de</strong>s marais (Manneville et al., 1999)<br />
[4] d’après Les Insectes <strong>de</strong> France et d’Europe occi<strong>de</strong>ntale (Chinery M., 1988)<br />
[5] d’après la Flore forestière française – tome 2 (Rameau et al., 1993)<br />
[6] d’après Les oiseaux nicheurs <strong>de</strong> Rhône-Alpes (CORA, 2003)<br />
[7] d’après Queyras : un océan il y a 150 millions d’années (Lemoine M. & Tricart P., 1997)<br />
oOo<br />
Arctico-alpine<br />
[1] Se dit d’une plante dont l’aire <strong>de</strong> répartition, disjointe, concerne à la fois les régions<br />
arctiques ou subarctiques et les parties élevées <strong>de</strong>s montagnes <strong>de</strong> la zone tempérée.<br />
Association (végétale)<br />
[2] Groupement <strong>de</strong> végétaux aux exigences écologiques proches et constituant <strong>de</strong>s<br />
peuplements homogènes en adéquation avec les conditions géocentriques ambiantes.<br />
Atterrissement<br />
[2] Se dit d’un plan d’eau s’asséchant par accumulation <strong>de</strong> sédiments.<br />
Boréo-alpin<br />
Se dit d’une plante ou d’un animal dont l’aire <strong>de</strong> répartition concerne le Grand Nord et les<br />
massifs montagneux d’Europe et d’Asie.<br />
Cargneule<br />
[7] Roche calcaire et dolomitique jaune orangée, criblée <strong>de</strong> petits trous.<br />
Chaîne alimentaire (= pyrami<strong>de</strong> alimentaire)<br />
[2] Ensemble <strong>de</strong>s êtres vivants reliés par les relations végétaux/herbivores et<br />
proies/prédateurs. Le premier maillon est constitué par les végétaux, le second par les<br />
herbivores, le <strong>de</strong>rnier par les charognards et les détritivores.<br />
Découvrir le patrimoine <strong>naturel</strong> <strong>de</strong> Saint-Bon Courchevel - 157
Annexes<br />
Chironomes<br />
[4] Insectes <strong>de</strong> la famille <strong>de</strong>s diptères, proches <strong>de</strong>s moustiques. Les larves, rouges, sont<br />
aquatiques (vers <strong>de</strong> vase).<br />
Circumboréal<br />
[2] Qui est propre aux hautes latitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l’hémisphère Nord.<br />
Climacique<br />
[2] Vient du nom climax et qualifie l’étape ultime <strong>de</strong> l’évolution d’une communauté<br />
végétale. Le climax correspond à l’optimum <strong>de</strong> développement <strong>de</strong> cette <strong>de</strong>rnière, en tenant<br />
compte <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> sol et <strong>de</strong> climat du milieu considéré. Le climax est un sta<strong>de</strong><br />
d’équilibre dynamique susceptible <strong>de</strong> variations.<br />
Dormance<br />
[1] État <strong>de</strong> vie ralentie qui se traduit par le fait qu’un organisme, ou qu’un organe isolé,<br />
pourtant placé dans <strong>de</strong>s conditions propices à la croissance, n’évolue pas. La dormance est<br />
donc un repos temporaire.<br />
Écotone<br />
[1] Zone <strong>de</strong> transition entre <strong>de</strong>ux écosystèmes contigus. C’est en général un territoire<br />
intéressant à considérer puisque s’y côtoient <strong>de</strong>s organismes appartenant aux <strong>de</strong>ux<br />
communautés voisines, en sus d’espèces ubiquistes*. Les ourlets forestiers et les lisières sont<br />
<strong>de</strong>s écotones particulièrement riches.<br />
Endémique<br />
[1] Caractère d’une espèce qui est propre à une région géographique circonscrite, dont l’aire<br />
<strong>de</strong> répartition est donc strictement limitée.<br />
Étage <strong>de</strong> végétation<br />
[1] Sert à désigner chacun <strong>de</strong>s territoires altitudinaux que l’on définit par la composition <strong>de</strong><br />
leur végétation propre. Un étage <strong>de</strong> végétation correspond à une zone bien définie,<br />
géographiquement délimitée, au climat bien caractérisé, au niveau <strong>de</strong> laquelle le tapis végétal<br />
a une composition floristique particulière. Les altitu<strong>de</strong>s concernant un étage <strong>de</strong> végétation<br />
varient d’un versant à l’autre. Elles sont approximativement comprises entre :<br />
- 0 et 900 m pour l’étage collinéen,<br />
- 900 et 1600 m pour l’étage montagnard,<br />
- 1 600 et 2 200 m pour l’étage subalpin,<br />
- 2 200 et 3 000 m pour l’étage alpin,<br />
- 3 000 et plus pour l’étage nival.<br />
Fermeture (<strong>de</strong>s milieux)<br />
Se dit <strong>de</strong>s milieux ouverts (pelouses, prairies, bas-marais) qui sont envahis par <strong>de</strong>s espèces<br />
vivaces hautes (roseaux, buissons, arbuste, etc.), suite à l’interruption <strong>de</strong> la fauche ou du<br />
pâturage.<br />
158 - Découvrir le patrimoine <strong>naturel</strong> <strong>de</strong> Saint-Bon Courchevel
Futaie jardinée<br />
[1] Futaie : structure forestière dont la strate arborescente est formée d’arbres élancés, à cimes<br />
jointives, au tronc dégagé, dont l’appellation <strong>de</strong> fût est à l’origine même du terme <strong>de</strong> futaie.<br />
Si les arbres appartiennent à <strong>de</strong>s classes d’âges différentes, et sont donc <strong>de</strong> tailles très variées,<br />
la futaie est dite “irrégulière” ou “jardinée”.<br />
Annexes<br />
Habitat (<strong>naturel</strong>)<br />
Au sens <strong>de</strong> la directive dite “Habitat”, un habitat <strong>naturel</strong> est un milieu terrestre ou<br />
aquatique, se distinguant par <strong>de</strong>s conditions climatiques, géologiques et géographiques<br />
originales et par la présence d’un cortège floristique et faunistique spécifique. Dans la<br />
pratique, un habitat peut être caractérisé par une ou plusieurs associations végétales*.<br />
Inalpage<br />
Séjour <strong>de</strong>s bergers et du troupeau aux alpages pendant la saison estivale.<br />
Labelle<br />
Chez les orchidées, pétale médian spécialisé, plus ou moins différent <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux autres pétales.<br />
Nidifuge<br />
Se dit <strong>de</strong>s oiseaux dont les jeunes sont couverts <strong>de</strong> duvets et aptes à quitter le nid une fois<br />
l’œuf éclos.<br />
Ouvert<br />
[1] Caractère d’une formation végétale, d’un peuplement, dont les éléments constitutifs sont<br />
assez distants entre eux pour laisser <strong>de</strong>s espaces libres, permettant entre autre, l’accès du<br />
soleil à la surface du sol.<br />
Par opposition à fermé : caractère d’une formation végétale assez <strong>de</strong>nse, ne laissant entre<br />
les appareils aériens ou frondaisons <strong>de</strong> ses constituants aucun espace libre.<br />
Para<strong>de</strong><br />
Comportement généralement du mâle <strong>de</strong>stiné à séduire sa partenaire avant l’accouplement.<br />
Les différentes manifestations peuvent être aériennes et souvent accompagnées d’émission<br />
sonore.<br />
Paléarctique<br />
[6] Région regroupant toute l’Eurasie au nord <strong>de</strong> l’Himalaya et <strong>de</strong>s montagnes du centre <strong>de</strong><br />
la Chine. Le paléarctique occi<strong>de</strong>ntal est limité à l’est par l’Oural et la mer Caspienne.<br />
Pessière<br />
[5] Formation forestière <strong>naturel</strong>le ou semi-<strong>naturel</strong>le dominée par <strong>de</strong>s épicéas.<br />
Plécoptères<br />
[4] Ordre d’insectes (à métamorphose incomplète) dont les larves aquatiques vivent dans les<br />
cours d’eau bien oxygénés : torrents ou rivières aux eaux pures. Par suite <strong>de</strong> leurs exigences<br />
en oxygène dissous, les larves <strong>de</strong> plécoptères constituent d’excellents bio-indicateurs <strong>de</strong><br />
qualité <strong>de</strong>s eaux continentales.<br />
Découvrir le patrimoine <strong>naturel</strong> <strong>de</strong> Saint-Bon Courchevel - 159
Annexes<br />
Primaire (milieu)<br />
Désigne un milieu dont l’origine et l’évolution (si elle existe) sont complètement <strong>naturel</strong>les.<br />
C’est un milieu qui n’a été l’objet d’aucune intervention humaine.<br />
Relique ou relicte glaciaire<br />
[3] Espèce réfugiée dans certains biotopes froids (tourbières, etc.) d’Europe moyenne après<br />
le réchauffement postglaciaire.<br />
Ripisylve<br />
[1] Formation boisée, ou simplement buissonnante, <strong>de</strong>s berges <strong>de</strong>s cours d’eau.<br />
Secondaire (milieu)<br />
Désigne un milieu retourné à l’état semi <strong>naturel</strong> après avoir été défriché, sans être labouré,<br />
et exploité en herbage.<br />
Style<br />
[1] Dans la fleur, partie amincie du pistil qui surmonte l’ovaire et se termine par le stigmate.<br />
Trichoptères<br />
[4] Famille d’insectes dont le développement larvaire se déroule en milieu aquatique. Les<br />
larves se protègent dans <strong>de</strong>s fourreaux faits <strong>de</strong> graviers ou <strong>de</strong> brindilles (porte-bois,<br />
phryganes).<br />
Ubiquiste<br />
[1] Qui est capable <strong>de</strong> coloniser une vaste gamme <strong>de</strong> stations considérées aussi bien sous<br />
l’angle écologique qu’au plan géographique.<br />
Zone briançonnaise<br />
[7] Subdivision géologique <strong>de</strong>s Alpes qui faisait partie, durant l’ère secondaire, <strong>de</strong> la marge<br />
continentale européenne <strong>de</strong> l’océan Téthys, et qui a émergé au cours du début du Jurassique.<br />
160 - Découvrir le patrimoine <strong>naturel</strong> <strong>de</strong> Saint-Bon Courchevel
Bibliographie<br />
Annexes<br />
AESCHIMANN D. & BURDET H.M., 1994.- Flore <strong>de</strong> la Suisse – Le nouveau Binz.<br />
Deuxième édition. éd. du Griffon. Neuchâtel, Suisse. 603 p.<br />
ARTHUR L. & LEMAIRE M., 1999.- Les chauves-souris, maîtresses <strong>de</strong> la nuit. –<br />
Description, mœurs, observations, protection … éd. Delachaux et Niestlé. Lausanne, Suisse.<br />
268 p.<br />
ASPORT M., 1999.- Agriculture et tourisme. Travail d’étu<strong>de</strong> et <strong>de</strong> recherche. CISM.<br />
Université <strong>de</strong> Savoie, 107 p.<br />
BELLMANN H. & LUQUET G., 1995.- Gui<strong>de</strong> <strong>de</strong>s sauterelles, grillons et criquets d’Europe<br />
occi<strong>de</strong>ntale. WWF. Éd. Delachaux et Niestlé. Paris, France. 383 p.<br />
BERLIOZ E., 2000.- La Vanoise. Romains Pages Éditions France. 186 p.<br />
BERNARD C. & COMBET P., 1996.- Paysages <strong>de</strong>s vallées <strong>de</strong> Vanoise. CAUE. Chambéry,<br />
France. 166 p.<br />
<strong>BON</strong>NIER G., 1990.- La gran<strong>de</strong> flore en couleurs, France, Suisse, Belgique et pays voisins.<br />
Éd. Belin. Paris, France (réédition en 5 vol.).<br />
BOULLARD B., 1997.- Dictionnaire <strong>de</strong>s plantes et champignons. Éd. Estem. Paris, France.<br />
875 p.<br />
BOUNEMOURA Z., 1999.- Cartographie <strong>de</strong>s habitats et <strong>de</strong>s espèces d’intérêt<br />
communautaire dans les forêts domaniales <strong>de</strong> la <strong>de</strong>nt du Villard (309,47 ha) et du Petit mont<br />
Blanc (396, 16 ha) (Tarentaise). Office National <strong>de</strong>s Forêts, Service Départemental <strong>de</strong> la<br />
Savoie, Division <strong>de</strong> Moûtiers. 57 p.<br />
CABARD P. & CHAUVET B., 1995.- L’étymologie <strong>de</strong>s noms d’oiseaux. Éveil éditeur.<br />
208 p.<br />
CETLYON, 2004.- Commune <strong>de</strong> Saint-Bon Courchevel. Phase 1 – Diagnostic. Révision du<br />
plan local d’urbanisme. Volume 1 – Diagnostic territorial. Cetlyon, Stratégies et territoires,<br />
sdpconseils. 143 p.<br />
CETLYON, 2004.- Commune <strong>de</strong> Saint-Bon Courchevel. Phase 1 – Diagnostic. Révision du<br />
plan local d’urbanisme. Volume 2 – Diagnostic environnemental. Cetlyon, Stratégies et<br />
territoires, sdpconseils. 82 p.<br />
CHARVIN M., 1996.- Histoire <strong>de</strong> Courchevel Saint-Bon. Éd. La Fontaine <strong>de</strong> Siloé. 387 p.<br />
Découvrir le patrimoine <strong>naturel</strong> <strong>de</strong> Saint-Bon Courchevel - 161
Annexes<br />
COIC B., AVRILLIER J-N. & DELAHAYE T., 2000.- Inventaire <strong>de</strong>s tourbières <strong>de</strong> la région<br />
Rhône-Alpes, Département <strong>de</strong> la Savoie. Conservatoire Rhône-Alpes <strong>de</strong>s Espaces Naturels<br />
et Conservatoire du <strong>Patrimoine</strong> Naturel <strong>de</strong> la Savoie.<br />
CORA, 2003.- Les oiseaux nicheurs <strong>de</strong> Rhône-Alpes. CORA Editeur. 336 p.<br />
CORA SAVOIE (Groupe Ornithologique Savoyard), 2000.- Livre blanc <strong>de</strong>s vertébrés <strong>de</strong><br />
Savoie. Poissons, amphibiens, reptiles, oiseaux et mammifères sauvages : inventaire, bilan<br />
<strong>de</strong>s connaissances, statuts. Miquet A. (réd.). Le Bourget du Lac, France. 272 p.<br />
D’AGUILAR J. & DOMMANGET J.L.,1998.- Gui<strong>de</strong> <strong>de</strong>s libellules d’Europe et d’Afrique<br />
du Nord. Les gui<strong>de</strong>s du naturaliste. Éd. Delachaux et Niestlé. Paris, France. 463 p.<br />
DANTON P. & BAFFRAY M., 1995.- Inventaire <strong>de</strong>s plantes protégées en France.<br />
Éd. Nathan. Mulhouse, France. 294 p.<br />
DELARZE R., GALLAND P. & GONSETH Y., 1998.- Gui<strong>de</strong> <strong>de</strong>s milieux <strong>naturel</strong>s <strong>de</strong><br />
Suisse, écologie, menaces, espèces caractéristiques. La bibliothèque du naturaliste.<br />
Éd. Delachaux et Niestlé. Paris, France. 415 p.<br />
DELFORGE P., 1994.- Gui<strong>de</strong> <strong>de</strong>s orchidées d’Europe, d’Afrique du Nord et du Proche-<br />
Orient. Les gui<strong>de</strong>s du naturalistes. Éd. Delachaux et Niestlé, Paris, France. 481 p.<br />
DELMAS M., BOURGEOIS M.-G., MOLLARD M. & coll., 1993.- Fleurs <strong>de</strong> Vanoise.<br />
Coll. <strong>Parc</strong> National <strong>de</strong> la Vanoise. Éd. édisud. Aix-en-Provence, France. 318 p.<br />
DUQUET M. et coll., 1992.- Inventaire <strong>de</strong> la faune <strong>de</strong> France, vertébrés et principaux<br />
invertébrés. Éd. Nathan et Muséum <strong>national</strong> d’histoire <strong>naturel</strong>le. Paris, France. 416 p.<br />
FIERS V., GAUVRIT B., GAVAZZI E., HAFFNER P., MAURIN H. & coll., 1997.- Statut<br />
<strong>de</strong> la faune <strong>de</strong> France métropolitaine. Statuts <strong>de</strong> protection, <strong>de</strong>grés <strong>de</strong> menace, statuts<br />
biologiques. Col. <strong>Patrimoine</strong>s <strong>naturel</strong>s, volume 24 – Paris, Service du <strong>Patrimoine</strong> Naturel /<br />
IEGB / MNHN, Réserves Naturelles <strong>de</strong> France, Ministère <strong>de</strong> l’Environnement. Paris, France.<br />
225 p.<br />
FISCHESSER B., 1996.- Connaître les arbres. Éd. Nathan. 351 p.<br />
FISCHESSER B., 1998.- La vie <strong>de</strong> la montagne. Éd. <strong>de</strong> la Martinière. Paris, France. 360 p.<br />
FRAPNA, 1997.- Atlas <strong>de</strong>s mammifères sauvages <strong>de</strong> Rhône-Alpes. 303 p.<br />
GACHELIN J.P. & MARCOTTE L., 1986.- Animation scientifique à Courchevel. Initiation<br />
géologique sur la commune. Le cas particulier du site <strong>naturel</strong> <strong>de</strong>s Avals. Rapport final. 27 p.<br />
GENSAC P., 2000.- Gui<strong>de</strong> écologique <strong>de</strong> la Vanoise – Itinéraires <strong>de</strong> randonnée et initiation<br />
à l’écologie <strong>de</strong> montagne. Éd. Gap. La Ravoire, France. 288 p.<br />
162 - Découvrir le patrimoine <strong>naturel</strong> <strong>de</strong> Saint-Bon Courchevel
GÉROUDET Paul, 1978.- Grands échassiers, gallinacés, râles d’Europe. Éd. Delachaux et<br />
Niestlé, Neuchâtel, Suisse. 429 p.<br />
KAISER B., 1983.- Morphodynamique périglaciaire en Vanoise. Observations et mesures<br />
sur <strong>de</strong>ux formes majeures : talus d’éboulis et glaciers-rocheux. Travaux scientifiques du <strong>Parc</strong><br />
<strong>national</strong> <strong>de</strong> la Vanoise. Tome XIII. 304 pp 55-80.<br />
Annexes<br />
KEITH P. & ALLARDI J., 2001.- Atlas <strong>de</strong>s poissons d’eau douce <strong>de</strong> France. Éd. Muséum<br />
National d’Histoire Naturelle, <strong>Patrimoine</strong>s <strong>naturel</strong>s, n°47. 387 p.<br />
LAFRANCHIS T., 2000.- Les papillons <strong>de</strong> jour <strong>de</strong> France, Belgique et Luxembourg et leurs<br />
chenilles. Collection Parthénope. Éd. Biotope, Mèze, France. 448 p.<br />
LAUBER K. & WAGNER G., 1998.- Flora Helvetica. Flore illustrée <strong>de</strong> Suisse. Éd. Belin.<br />
1 616 p.<br />
LEBRETON P., LEBRUN P., MARTINOT J.-P., MIQUET A. & TOURNIER H., 2000.-<br />
Approche écologique <strong>de</strong> l’avifaune <strong>de</strong> Vanoise. Travaux scientifiques du <strong>Parc</strong> <strong>national</strong> <strong>de</strong> la<br />
Vanoise. Tome XXI. 304 p.<br />
LOSANGE, 1999.- Mammifères <strong>de</strong> France. Collection Découverte – Nature. Faune <strong>de</strong><br />
France. Édition Artémis. 127 p.<br />
MACDONALD D, BARRET P., 1995.- Gui<strong>de</strong> complet <strong>de</strong>s mammifères <strong>de</strong> France.<br />
Éd. Delachaux et Niestlé. 304 p.<br />
MARTINOT J-P., 1978.- Acclimatation <strong>de</strong> l’Omble du Canada. Travaux scientifiques du<br />
<strong>Parc</strong> <strong>national</strong> <strong>de</strong> la Vanoise. Tome XIX. pp103-139.<br />
MEILLEUR B. & DELMAS M., 1990.- Tradition <strong>de</strong> l’arboriculture fruitière en Savoie :<br />
pommiers, poiriers, noyers aux Allues. Travaux scientifiques du <strong>Parc</strong> <strong>national</strong> <strong>de</strong> la Vanoise.<br />
Tome XVII. pp.253-275<br />
MOUTOU F. & BOUCHARDY C., 1992.- Les mammifères dans leur milieu. Collection<br />
Écogui<strong>de</strong>s. Édition Bordas. 255 p.<br />
OFFICE NATIONAL DES FORETS, 1995.- Espaces boisés <strong>de</strong> Courchevel 1850. Eléments<br />
<strong>de</strong> diagnostic – plan <strong>de</strong> gestion. Commune <strong>de</strong> Saint-Bon Courchevel. 19 p.<br />
OLIVIER L., GALLAND J.-P., MAURIN H. & coll., 1995.- Livre rouge <strong>de</strong> la flore menacée<br />
<strong>de</strong> France – Tome I : espèces prioritaires. Col. <strong>Patrimoine</strong>s <strong>naturel</strong>s, volume 24 – Paris,<br />
Service du <strong>Patrimoine</strong> Naturel / IEGB / MNHN, Conservatoire Botanique National <strong>de</strong><br />
Porquerolles, Ministères <strong>de</strong> l’Environnement. Paris, France. 486 p. + annexes.<br />
PARC NATIONAL DE LA VANOISE, 1998.- Atlas du <strong>Parc</strong> <strong>national</strong> <strong>de</strong> la Vanoise.<br />
Éd. Atelier 3, Montpellier, France. 64 p.<br />
Découvrir le patrimoine <strong>naturel</strong> <strong>de</strong> Saint-Bon Courchevel - 163
Annexes<br />
PÉNICAUD P., 2000.- Les chauves-souris et les arbres, connaissance et protection.<br />
Éd. du Muséum d’Histoire Naturelle <strong>de</strong> Bourges. Dépliant.<br />
RAMADE F., 1993.- Dictionnaire encyclopédique <strong>de</strong> l’écologie et <strong>de</strong>s sciences <strong>de</strong><br />
l’Environnement. Éd. Édiscience inter<strong>national</strong>. Paris, France. 822 p.<br />
RAMEAU J-C., MANSION D. & DUMÉ G., 1989.- Flore forestière française. Gui<strong>de</strong><br />
écologique illustré. Tome 1 Plaines et collines. Institut pour le Développement Forestier /<br />
Ministère <strong>de</strong> l’Agriculture et <strong>de</strong> la Pêche / Direction <strong>de</strong> l’Espace Rural et <strong>de</strong> la Forêt / École<br />
Nationale du Génie Rural, <strong>de</strong>s Eaux et Forêts. Paris, France. 2 421 p.<br />
RAMEAU J-C., MANSION D. & DUMÉ G., 1993.- Flore forestière française. Gui<strong>de</strong><br />
écologique illustré. Tome 2 Montagnes. Institut pour le Développement Forestier / Ministère<br />
<strong>de</strong> l’Agriculture et <strong>de</strong> la Pêche / Direction <strong>de</strong> l’Espace Rural et <strong>de</strong> la Forêt / École Nationale<br />
du Génie Rural, <strong>de</strong>s Eaux et Forêts. Paris, France. 2 421 p.<br />
ROCAMORA G., 1994.- Les Zones Importantes pour la Conservation <strong>de</strong>s Oiseaux en<br />
France. Ligue pour la Protection <strong>de</strong>s Oiseaux / Birdlife Inter<strong>national</strong> / Ministère <strong>de</strong><br />
l’Environnement. Éd. <strong>de</strong> la Ligue pour la Protection <strong>de</strong>s Oiseaux. 339 p.<br />
ROCAMORA G. & YEATMAN-BERTHELOT D., 1999.- Oiseaux menacés et à surveiller<br />
en France. Listes rouges et recherches <strong>de</strong> priorités. Populations. Tendances. Menaces.<br />
Conservation. Société d’étu<strong>de</strong>s ornithologiques <strong>de</strong> France / Ligue pour la Protection <strong>de</strong>s<br />
Oiseaux. Paris, France. pp 426-427.<br />
ROUÉ S. & MARTINOT J.-P., 1997.- Connaître et protéger les chauves-souris en Savoie.<br />
Éd. <strong>Parc</strong> <strong>national</strong> <strong>de</strong> la Vanoise. Chambéry, France. 50 p.<br />
SOCIÉTÉ FRANÇAISE D’ORCHIDOPHILIE, 1998.- Les orchidées <strong>de</strong> France, Belgique et<br />
Luxembourg. Collection Parthénope. Éd. Biotope, Paris, France. 416 p.<br />
TOLMAN T. & LEWINGTON R., 1999.- Gui<strong>de</strong> <strong>de</strong>s papillons d’Europe et d’Afrique du<br />
Nord. Les gui<strong>de</strong>s du naturaliste. Éd. Delachaux et Niestlé. Paris, France. 320 p.<br />
VINCENT S., 2002.- Les chauves-souris dans les bâtiments. Éd. CORA SAVOIE (Groupe<br />
Ornithologique Savoyard). 30 p.<br />
YEATMAN-BERTHELOT D. & JARRY G., 1994.- Nouvel atlas <strong>de</strong>s oiseaux nicheurs <strong>de</strong><br />
France 1985-1989. Société Ornithologique <strong>de</strong> France. Paris, France. 776 p.<br />
164 - Découvrir le patrimoine <strong>naturel</strong> <strong>de</strong> Saint-Bon Courchevel
Liste <strong>de</strong>s plantes d’intérêt patrimonial<br />
Annexes<br />
Les grands types <strong>de</strong> milieux <strong>de</strong> Saint-Bon Courchevel<br />
Protection<br />
Livre rouge tome 1<br />
Priorité pour le <strong>Parc</strong><br />
(ordre croissant d’importance)<br />
Village, hameaux et abords<br />
Cours d’eau,<br />
lacs et zones humi<strong>de</strong>s<br />
Prairies <strong>de</strong> fauche<br />
Forêts<br />
Lan<strong>de</strong>s, landines<br />
et fourrés <strong>de</strong> saules d’altitu<strong>de</strong><br />
Pelouses et combes à neige<br />
Eboulis, moraines<br />
et glaciers rocheux<br />
Rochers et falaises<br />
aconit paniculé 1 ●<br />
ancolie <strong>de</strong>s Alpes + 2 ● ❍<br />
androsace suisse + 1 ●<br />
androsace pubescente + 1 ●<br />
bruyère herbacée + 1 ●<br />
chamorchis <strong>de</strong>s Alpes + 1 ❍ ●<br />
chardon bleu <strong>de</strong>s Alpes + + 4 ❍<br />
corallorhize trifi<strong>de</strong> 1 ●<br />
génépi <strong>de</strong>s glaciers 1 ●<br />
génépi jaune 1 ❍ ●<br />
gymnadénie odorante + 1 ●<br />
hormin <strong>de</strong>s Pyrénées + 2 ❍ ●<br />
laîche bicolore + 1 ●<br />
lis martagon 1 ● ●<br />
pédiculaire d’Allioni 2 ● ❍<br />
pédiculaire du mont Cenis 2 ●<br />
pyrole intermédiaire + 1 ●<br />
pyrole verdâtre + 1 ●<br />
sabot <strong>de</strong> Vénus + 3 ●<br />
saule à <strong>de</strong>nts courtes + 1 ●<br />
saule glauque + 1 ●<br />
saxifrage fausse diapensie + 3 ●<br />
saxifrage fausse mousse + 1 ● ❍<br />
silène <strong>de</strong> Suè<strong>de</strong> + 1 ●<br />
streptope à feuilles embrassantes + 1 ● ●<br />
swertie vivace + 2 ●<br />
tofieldie boréale + + 3 ●<br />
tozzie <strong>de</strong>s Alpes + 1 ❍ ●<br />
trichophore <strong>de</strong>s Alpes + 2 ●<br />
violette à feuilles pennées + + 2 ● ❍<br />
Légen<strong>de</strong><br />
● : habitat principal à Saint-Bon Courchevel<br />
❍ : autre habitat à Saint-Bon Courchevel<br />
Le livre rouge <strong>national</strong> <strong>de</strong> la flore menacée <strong>de</strong> France est un ouvrage <strong>de</strong> référence qui<br />
dresse un bilan <strong>de</strong>s connaissances actuelles sur les espèces rares et menacées <strong>de</strong> la flore<br />
française et i<strong>de</strong>ntifie clairement les urgences en matière <strong>de</strong> conservation. Le tome I<br />
s’intéresse aux espèces jugées prioritaires.<br />
Découvrir le patrimoine <strong>naturel</strong> <strong>de</strong> Saint-Bon Courchevel - 165
Annexes<br />
In<strong>de</strong>x <strong>de</strong>s noms d’espèces<br />
(Noms français par ordre alphabétique)<br />
Cette liste mentionne uniquement l’ensemble <strong>de</strong>s espèces citées dans le présent document.<br />
Flore<br />
PLANTES SUPÉRIEURES<br />
Nom français Nom scientifique Nom patois<br />
achillée naine<br />
Achillea nana<br />
aconit paniculé<br />
Aconitum variegatum<br />
subsp. paniculatum<br />
aconit tue-loup<br />
Aconitum vulparia<br />
airelle rouge Vaccinium vitis-idaea pétarin<br />
alchémille à cinq feuilles<br />
Alchemilla pentaphylla<br />
ancolie <strong>de</strong>s Alpes<br />
Aquilegia alpina<br />
androsace helvétique ou a. suisse<br />
Androsace helvetica<br />
androsace pubescente<br />
Androsace pubescens<br />
arnica <strong>de</strong>s montagnes<br />
Arnica montana<br />
aulne blanc ou a.blanchâtre Alnus incana arcosse<br />
azalée naine ou azalée <strong>de</strong>s Alpes<br />
Loiseleuria procumbens<br />
benoîte <strong>de</strong>s ruisseaux<br />
Geum rivulare<br />
benoîte rampante<br />
Geum reptans<br />
botryche lunaire<br />
Botrychium lunaria<br />
bouleau blanc Betula pendula la biole<br />
bruyère <strong>de</strong>s neiges<br />
ou b. herbacée ou b. carnée<br />
Erica herbacea<br />
bugrane à feuilles ron<strong>de</strong>s<br />
Ononis rotundifolia<br />
campanule alpestre ou c. <strong>de</strong>s Alpes<br />
Campanula alpestris<br />
capillaire rouge<br />
Asplenium trichomanes<br />
centaurée<br />
Centaurea sp.<br />
cerisier Prunus avium lo rihgé<br />
chardon bleu <strong>de</strong>s Alpes Eryngium alpinum tzardon blu<br />
chêne Quercus sp. tségno<br />
colchique<br />
Colchicum sp.<br />
cotoneaster à feuilles entières<br />
Cotoneaster integerrima<br />
doradille noire<br />
Asplenium adiantum-nigrum<br />
doradille rue-<strong>de</strong>-muraille<br />
Asplenium ruta-muraria<br />
drave <strong>de</strong> Fladniz<br />
Draba fladnizensis<br />
e<strong>de</strong>lweiss Leontopodium alpinum flor dé glarrié<br />
épicéa Picea abies lo sapingn<br />
épinard sauvage<br />
ou chénopo<strong>de</strong> bon-Henri<br />
Chenopodium bonus-henricus<br />
épipactis <strong>de</strong>s marais<br />
Epipactis palustris<br />
166 - Découvrir le patrimoine <strong>naturel</strong> <strong>de</strong> Saint-Bon Courchevel
fléole <strong>de</strong>s Alpes<br />
Phleum alpinum<br />
framboisier Rubus idaeus ampois<br />
frêne commun<br />
Fraxinus excelsior<br />
génépi (genépi) <strong>de</strong>s glaciers<br />
Artemisia glacialis<br />
génépi (genépi) jaune ou g. femelle<br />
Artemisia mutellina<br />
= A. umbelliformis<br />
dznèpy<br />
génépi (genépi) vrai ou g. mâle<br />
Artemisia genipi<br />
genévrier nain Juniperus nana dznaivro<br />
gentiane acaule ou g. <strong>de</strong> Koch<br />
Gentiana acaulis<br />
gentiane jaune Gentiana lutea dzenrane djane<br />
gentiane printanière<br />
Gentiana verna<br />
gran<strong>de</strong> berce Heracleum sphondylium cokoir<br />
gran<strong>de</strong> prêle ou p. géante<br />
Equisetum telmateia<br />
grassette commune ou g. vulgaire<br />
Pinguicula vulgaris<br />
gypsophile rampante<br />
Gypsophila repens<br />
hêtre<br />
Fagus sylvatica<br />
hormin <strong>de</strong>s Pyrénées<br />
Horminum pyrenaicum<br />
koelérie pyramidale<br />
Koeleria pyramidata<br />
laîche bicolore<br />
Carex bicolor<br />
laîche faux-pied d’oiseau<br />
Carex ornithopodioi<strong>de</strong>s<br />
laîche féti<strong>de</strong><br />
Carex foetida<br />
laîche rouge-noirâtre<br />
Carex atrofuscae<br />
linaigrette <strong>de</strong> Scheuchzer<br />
Eriophorum scheuchzeria<br />
linaire <strong>de</strong>s Alpes<br />
Linaria alpina<br />
lis martagon<br />
Lilium martagon<br />
lis <strong>de</strong> Saint-Bruno ou paradisie faux lis Paradisea liliastrum lo lys<br />
lotier corniculé<br />
Lotus corniculatus<br />
lycopo<strong>de</strong> à rameaux d’un an<br />
Lycopodium annotinum<br />
marguerite<br />
Leucanthemum sp.<br />
mélèze Larix <strong>de</strong>cidua la lardze<br />
myrtille Vaccinium myrtillus yourr<br />
nard rai<strong>de</strong><br />
Nardus stricta<br />
noisetier<br />
Corylus avellana<br />
orchis nain <strong>de</strong>s Alpes<br />
ou chamorchis <strong>de</strong>s Alpes<br />
Chamorchis alpina<br />
ortie dioïque Urtica dioica ortchè<br />
pâturin <strong>de</strong>s Alpes<br />
Poa alpina<br />
pédiculaire d’Allionii ou p. rose<br />
Pedicularis rosea<br />
pédiculaire du mont Cenis<br />
Pedicularis cenisia<br />
pensée éperonnée ou pensée <strong>de</strong>s Alpes Viola calcarata la violetta<br />
pétasite<br />
Petasites sp.<br />
pin à crochets<br />
Pinus uncinata<br />
lou peing<br />
<strong>de</strong> la <strong>de</strong>nt<br />
pin cembro ou arolle<br />
Pinus cembra<br />
pin sylvestre<br />
Pinus sylvestris<br />
pissenlit officinal<br />
Taraxacum officinale<br />
polypo<strong>de</strong> vulgaire ou réglisse <strong>de</strong>s bois Polypodium vulgare réglisse<br />
pommier Malus sp. lo pommiér<br />
populage <strong>de</strong>s marais<br />
Caltha palustris<br />
primevère à larges feuilles ou p. visqueuse Primula latifolia<br />
Annexes<br />
Découvrir le patrimoine <strong>naturel</strong> <strong>de</strong> Saint-Bon Courchevel - 167
Annexes<br />
primevère hérissée<br />
Primula hirsuta<br />
prunier Prunus domestica lo prumier<br />
pseudorchis blanchâtre ou orchis miel Pseudorchis albida<br />
pyrole à feuilles ron<strong>de</strong>s<br />
Pyrola rotundifolia<br />
pyrole à une fleur<br />
Moneses uniflora<br />
pyrole intermédiaire<br />
Pyrola media<br />
pyrole verdâtre<br />
Pyrola chlorantha<br />
racine-<strong>de</strong>-corail ou corallorhize trifi<strong>de</strong> Corallorrhiza trifida<br />
raisin-d’ours commun ou busserolle Arctostaphylos uva-ursi<br />
reine-<strong>de</strong>s-prés ou filipendule ulmaire Filipendula ulmaria la reina di pra<br />
renoncule <strong>de</strong>s glaciers<br />
Ranunculus glacialis<br />
rhinanthe Rhinantes sp. la tartarige<br />
rhodo<strong>de</strong>ndron ferrugineux Rhodo<strong>de</strong>ndron ferrugineum lou brevier<br />
rhubarbe <strong>de</strong>s moines ou rumex <strong>de</strong>s Alpes Rumex alpinus lapé<br />
robinier faux-acacia<br />
Robinia pseudoacacia<br />
sabot <strong>de</strong> Vénus Cypripedium calceolus lo sabot<br />
sainfoin <strong>de</strong>s montagnes Onobrychis montana herba rodze<br />
salsifis sauvage ou s. <strong>de</strong>s prés<br />
Tragopogon pratense<br />
sapin blanc ou s. pectiné Abies alba vargno<br />
sauge <strong>de</strong>s prés<br />
Salvia pratensis<br />
saule à <strong>de</strong>nts courtes<br />
Salix breviserrata<br />
saule appendiculé<br />
Salix appendiculata<br />
saule faux-daphné<br />
Salix daphnoi<strong>de</strong>s<br />
saule glauque<br />
Salix glaucosericea<br />
saule hasté<br />
Salix hastata<br />
saule herbacé<br />
Salix herbacea<br />
saule noircissant<br />
Salix myrsinifolia<br />
saxifrage bleuâtre<br />
Saxifraga caesia<br />
saxifrage fausse diapensie<br />
Saxifraga diapensio<strong>de</strong>s<br />
saxifrage fausse mousse<br />
Saxifraga muscoi<strong>de</strong>s<br />
saxifrage faux aïzoon<br />
Saxifraga aizoi<strong>de</strong>s<br />
seigle<br />
Secale cereale<br />
silène <strong>de</strong> Suè<strong>de</strong><br />
Silene suecica<br />
soldanelle <strong>de</strong>s Alpes Soldanella alpina lou clotsettes<br />
swertie vivace<br />
Swertia perennis<br />
thym serpolet Thymus serpyllum serpolette<br />
tofieldie boréale ou t. naine<br />
Tofieldia pusilla<br />
trèfle <strong>de</strong>s Alpes Trifolium alpinum triolette<br />
trisète distique<br />
Trisetum distichophyllum<br />
trisète jaunâtre<br />
Trisetum flavescens<br />
tussilage pas d’âne<br />
Tussilago farfara<br />
vérâtre blanc ou hellébore blanc Veratrum album vrarr<br />
violette à feuilles pennées ou v. pennée Viola pinnata<br />
168 - Découvrir le patrimoine <strong>naturel</strong> <strong>de</strong> Saint-Bon Courchevel
Faune invertébrée<br />
INSECTES : LÉPIDOPTÈRES<br />
Annexes<br />
Nom français Nom scientifique Nom patois<br />
azuré <strong>de</strong> l’oxytropi<strong>de</strong><br />
Polyommatus eros<br />
belle dame<br />
Vanessa cardui<br />
chamoisé <strong>de</strong>s glaciers<br />
Erebia gorge<br />
damier <strong>de</strong> la succise<br />
Euphydryas aurinia<br />
grand apollon<br />
Parnassius apollo<br />
grand nacré<br />
Argynnis aglaja<br />
machaon<br />
Papilio machaon<br />
moiré cendré<br />
Erebia pandrose<br />
moiré fauve<br />
Erebia mnestra<br />
petit apollon<br />
Parnassius phoebus<br />
petite tortue<br />
Aglais urticae<br />
piéri<strong>de</strong> <strong>de</strong> la rave<br />
Pieris rapae<br />
solitaire<br />
Colias palaeno<br />
virgule<br />
Hesperia comma<br />
INSECTES : ODONATES<br />
Nom français Nom scientifique Nom patois<br />
aeschne bleue<br />
Aeshna cyanea<br />
aeschne <strong>de</strong>s joncs<br />
Aeshna juncea<br />
petite nymphe au corps <strong>de</strong> feu<br />
Pyrrhosoma nymphula<br />
INSECTES : ORTHOPTÈRES<br />
Nom français Nom scientifique Nom patois<br />
criquet <strong>de</strong>s pâtures<br />
Chorthippus parallelus<br />
criquet jacasseur<br />
Stauro<strong>de</strong>rus scalaris<br />
<strong>de</strong>cticelle montagnar<strong>de</strong><br />
Anonconotus alpinus<br />
<strong>de</strong>ctique verrucivore<br />
Decticus verrucivorus<br />
miramelle alpestre<br />
Miramella alpina<br />
sauterelle cymbalière Tettigonia cantans sautèré<br />
Faune vertébrée<br />
POISSONS<br />
Nom français Nom scientifique Nom patois<br />
cristivomer ou omble du Canada Salvelinus namaycush<br />
goujon<br />
Gobio gobio<br />
loche franche<br />
Barbatula barbatula<br />
omble chevalier<br />
Salvelinus alpinus<br />
Découvrir le patrimoine <strong>naturel</strong> <strong>de</strong> Saint-Bon Courchevel - 169
Annexes<br />
saumon <strong>de</strong> fontaine<br />
truite arc-en-ciel<br />
truite fario ou truite <strong>de</strong> rivière<br />
vairon<br />
Salvelinus fontinalis<br />
Oncorhynchus mykiss<br />
Salmo trutta fario<br />
Phoxinus phoxinus<br />
AMPHIBIENS<br />
Nom français Nom scientifique Nom patois<br />
crapaud commun<br />
Bufo bufo<br />
grenouille rousse Rana temporaria rnoya<br />
triton alpestre<br />
Triturus alpestris<br />
REPTILES<br />
Nom français Nom scientifique Nom patois<br />
lézard <strong>de</strong>s murailles Podarcis muralis lou logar<br />
lézard vivipare<br />
Lacerta vivipara<br />
vipère aspic Vipera aspis sarpe<br />
OISEAUX<br />
Nom français Nom scientifique Nom patois<br />
accenteur alpin<br />
Prunella collaris<br />
aigle royal<br />
Aquila chrysaetos<br />
alouette <strong>de</strong>s champs<br />
Alauda arvensis<br />
autour <strong>de</strong>s palombes<br />
Accipiter gentilis<br />
bec-croisé <strong>de</strong>s sapins<br />
Loxia curvirostra<br />
bergeronnette <strong>de</strong>s ruisseaux<br />
Motacilla cinerea<br />
bouvreuil pivoine<br />
Pyrrhula pyrrhula<br />
bruant jaune<br />
Emberiza citrinella<br />
cassenoix moucheté<br />
Nucifraga caryocatactes<br />
chardonneret élégant<br />
Carduelis carduelis<br />
chocard à bec jaune Pyrrhocorax graculus lo corbé<br />
chouette <strong>de</strong> Tengmalm ou nyctale <strong>de</strong> T. Aegolius funereus<br />
cincle plongeur<br />
Cinclus cinclus<br />
crave à bec rouge Pyrrhocorax pyrrhocorax lo corbé<br />
faucon crécerelle<br />
Falco subbuteo<br />
faucon pèlerin<br />
Falco peregrinus<br />
fauvette à tête noire<br />
Sylvia atricapilla<br />
fauvette babillar<strong>de</strong><br />
Sylvia curruca<br />
fauvette <strong>de</strong>s jardins<br />
Sylvia borin<br />
gélinotte <strong>de</strong>s bois<br />
Bonasa bonasia<br />
gobemouche gris<br />
Muscicapa striata<br />
grive musicienne<br />
Turdus philomelos<br />
gypaète barbu<br />
Gypaetus barbatus<br />
hibou grand-duc<br />
Bubo bubo<br />
hiron<strong>de</strong>lle <strong>de</strong> cheminée<br />
Hirundo rustica<br />
hiron<strong>de</strong>lle <strong>de</strong> fenêtre<br />
Delichon urbica<br />
hiron<strong>de</strong>lle <strong>de</strong> rochers<br />
Ptyonoprogne rupestris<br />
170 - Découvrir le patrimoine <strong>naturel</strong> <strong>de</strong> Saint-Bon Courchevel
lagopè<strong>de</strong> alpin ou perdrix <strong>de</strong>s neiges Lagopus mutus<br />
linotte mélodieuse<br />
Carduelis cannabina<br />
merle à plastron<br />
Turdus torquatus<br />
mésange bleue<br />
Parus caeruleus<br />
mésange boréale<br />
Parus montana<br />
mésange charbonnière<br />
Parus major<br />
mésange huppée<br />
Parus cristatus<br />
mésange noire<br />
Parus ater<br />
moineau domestique<br />
Passer domesticus<br />
niverolle alpine<br />
Montifringilla nivalis<br />
perdrix bartavelle<br />
Alectoris graeca<br />
pic épeiche<br />
Dendrocopos major<br />
pic noir<br />
Dryocopus martius<br />
pic vert<br />
Picus viridis<br />
pipit spioncelle<br />
Anthus spinoletta<br />
pouillot <strong>de</strong> Bonelli<br />
Phylloscopus bonelli<br />
pouillot véloce<br />
Phylloscopus collybita<br />
roitelet huppé<br />
Regulus regulus<br />
rougequeue noir<br />
Phoenicurus ochruros<br />
rousserolle ver<strong>de</strong>rolle<br />
Acrocephalus palustris<br />
serin cini<br />
Serinus serinus<br />
sitelle torchepot<br />
Sitta europaea<br />
sizerin flammé<br />
Carduelis flammea<br />
tarier <strong>de</strong>s prés ou traquet tarier<br />
Saxicola rubetra<br />
tétras-lyre ou petit coq <strong>de</strong> bruyère Tetrao tetrix dzernott (femelle)<br />
tichodrome échelette<br />
Tichodroma muraria<br />
traquet motteux<br />
Oenanthe oenanthe<br />
troglodyte mignon<br />
Troglodytes troglodytes<br />
Annexes<br />
MAMMIFÈRES<br />
Nom français Nom scientifique Nom patois<br />
blaireau européen Meles meles lo taichon<br />
bouquetin <strong>de</strong>s Alpes<br />
Capra ibex<br />
lo botset / la<br />
tchèvra (femelle<br />
ou étagne)<br />
campagnole terrestre<br />
Arvicola terrestris<br />
cerf élaphe<br />
Cervus elaphus<br />
chamois <strong>de</strong>s Alpes Rupicapra rupicapra subsp. rupicapra tsamoé<br />
chevreuil<br />
Capreolus capreolus<br />
écureuil roux Sciurus vulgaris la verdarr<br />
fouine Martes foina la fouina<br />
hermine<br />
Mustela erminea<br />
lièvre brun ou l. commun ou l. d’Europe Lepus capensis<br />
lièvre variable<br />
Lepus timidus<br />
marmotte alpine ou m. <strong>de</strong>s Alpes Marmotta marmotta marmotta<br />
martre <strong>de</strong>s pins<br />
Martes martes<br />
mouflon méditerranéen<br />
Ovis gmelini<br />
renard roux Vulpes vulpes lo reinard<br />
sanglier Sus scrofa lo poër<br />
taupe d’Europe Talpa europaea darbon<br />
Découvrir le patrimoine <strong>naturel</strong> <strong>de</strong> Saint-Bon Courchevel - 171
Annexes<br />
Ce document a été rédigé par :<br />
Virginie Bourgoin, Christine Garin - Conservatoire du patrimoine <strong>naturel</strong> <strong>de</strong> la Savoie.<br />
Avec l’ai<strong>de</strong> d’un groupe <strong>de</strong> travail :<br />
Jean-Christophe Berrard, Pierrot Charvin, Jean-Christophe Vidoni - Commune <strong>de</strong> Saint-Bon Courchevel • Christophe Bourdillon -<br />
Nature en Tarentaise • David Déréani - FACIM • Daniel Monbeillard - Groupement <strong>de</strong>s Avals • Robert Petitjean - Office <strong>national</strong><br />
<strong>de</strong>s forêts • Danièle Bonnevie - <strong>Parc</strong> <strong>national</strong> <strong>de</strong> la Vanoise.<br />
Comité <strong>de</strong> lecture :<br />
Danièle Granger-Cuq - <strong>Parc</strong> <strong>national</strong> <strong>de</strong> la Vanoise • Jean-Pierre Feuvrier - Conservatoire du patrimoine <strong>naturel</strong> <strong>de</strong> la Savoie.<br />
Nous remercions toutes les autres personnes et structures ayant participé <strong>de</strong> près ou <strong>de</strong> loin à ce travail :<br />
Gilbert Blanc-Tailleur, Anne Martinod-Chaumard, Philippe Mugnier, Patrick Pachod, Nathalie Rochaix, Isabelle Sullice -<br />
Commune <strong>de</strong> Saint-Bon Courchevel • Edmond Davignon - Amicale Saint-Bonnaise • Jeannot Blanc - Habitant <strong>de</strong><br />
Saint-Bon Courchevel • Patrick Balesme - SATERCE • Cyrille Deliry - GRPLS • Manu Bouron - Miramella • Philippe Gaudry -<br />
Centre Régional <strong>de</strong> la Propriété Forestière <strong>de</strong> Savoie • Jérôme Caba, Thierry Delahaye, Alain Deteix, Patrick Folliet,<br />
Jean-Pierre Martinot, Stéphane Morel, Véronique Plaige, Frantz Storck - <strong>Parc</strong> <strong>national</strong> <strong>de</strong> la Vanoise • Jean-Pierre Feuvrier,<br />
Emmanuelle Saunier - Conservatoire du patrimoine <strong>naturel</strong> <strong>de</strong> la Savoie.<br />
Sans oublier toutes les personnes qui ont contribué à la réalisation <strong>de</strong>s observations <strong>de</strong> la faune<br />
et la flore <strong>de</strong> Termignon-la-Vanoise :<br />
Nicolas Bayard, Philippe Benoît, Joël Blanchemain, Danièle Bonnevie, Christophe Bourdillon, Marie-Geneviève Bourgeois,<br />
Daniel Briotet, Carole Chappelaz, Christophe Chamonal, Jeannette Chavoutier, Marc Corail, Robert Cote, Thierry Delahaye,<br />
Bruno Descaves, Alain Deteix, Hélène Durand, Thierry Dupuich, Jean-Luc Etiévant, Louis Eyvrard, Alexandre Garnier,<br />
Pierre Gensac, Christophe Gotti, Ludovic Imberdis, Laurence Jullian, Pascal Langer, Sandrine Lemmet, Octave Martinet,<br />
Jacques Perrier, Philippe Pellicier, Benjamin Plumecocq, Matthieu Prat, Karine Renaud, Céline Rutten, Clotil<strong>de</strong> Sagot,<br />
Gérard Sarrazin, Michel Savourey, secteur <strong>de</strong> Pralognan-la-Vanoise, Frantz Storck, Nicolas Valy, Clau<strong>de</strong> Vion, Lise Wlérick.<br />
Financement :<br />
Conseil Général <strong>de</strong> la Savoie • <strong>Parc</strong> <strong>national</strong> <strong>de</strong> la Vanoise • Région Rhône-Alpes.<br />
Réalisation <strong>de</strong>s cartes :<br />
Jérôme Caba, Stéphane Morel, Service SIG du <strong>Parc</strong> <strong>national</strong> <strong>de</strong> la Vanoise.<br />
Source IGN : BD Carto - 2002 et BD Alti - 2002.<br />
Maquette :<br />
Pages intérieures : Patrick Folliet - <strong>Parc</strong> <strong>national</strong> <strong>de</strong> la Vanoise • Emmanuelle Saunier - Conservatoire du patrimoine <strong>naturel</strong><br />
<strong>de</strong> la Savoie.<br />
Couverture : Vizo Studio – Grenoble (Isère) • Patrick Folliet - <strong>Parc</strong> <strong>national</strong> <strong>de</strong> la Vanoise<br />
Mise en page intérieure & impression :<br />
Kalistene - 5 route <strong>de</strong> Nanfray - 74960 Cran-Gevrier • contact@kalistene.com • Tél. +33 (0)4 50 69 01 97<br />
Photos :<br />
- Première <strong>de</strong> couverture : PNV - Jacques Perrier (Le massif <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nts <strong>de</strong> la Portetta se reflétant dans le lac Merlet inférieur)<br />
- Quatrième <strong>de</strong> couverture :<br />
Ancolie <strong>de</strong>s Alpes<br />
PNV - Philippe Benoît<br />
Aeschne bleue<br />
PNV - Michel Bouche<br />
Perdrix bartavelle<br />
PNV - Alexandre Garnier<br />
Pin à crochets<br />
PNV - Karine Moussiegt<br />
Niverolle alpine<br />
PNV - Michel Filliol<br />
Sabot <strong>de</strong> Vénus<br />
PNV - Christian Balais<br />
Gélinotte <strong>de</strong>s bois<br />
Christian Simon<br />
Androsace pubescente<br />
PNV - Christian Balais<br />
Hormin <strong>de</strong>s Pyrénées<br />
PNV - Philippe Benoît<br />
Imprimé sur papier blanchi sans chlore<br />
ISBN 2-901617-21-2<br />
Dépôt légal : 1 er trimestre 2007<br />
172 - Découvrir le patrimoine <strong>naturel</strong> <strong>de</strong> Saint-Bon Courchevel
Avec le concours financier <strong>de</strong> :