L'ALGODYSTROPHIE
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Affections<br />
Affections<br />
L’ALGODYSTROPHIE<br />
Cette affection neurologique, douloureuse et<br />
handicapante, se prolonge durant des mois…<br />
Ne baissez pas les bras !<br />
Thomas en a été victime après s’être tordu la cheville au<br />
cours d’une partie de tennis de table. Cela est également<br />
arrivé à Nicolas, lequel, touché au genou lors d’un accident<br />
de cheval, n’a su ce dont il souffrait qu’après six longs mois de<br />
douleurs intenses. Bénédicte et André en ont aussi été affectés,<br />
suite à une opération chirurgicale, à la main pour l’une, au pied<br />
pour l’autre. Quant aux parents de Juliette, ils sont tout simplement<br />
désespérés : «Notre petite fille âgée de 13 ans souffre énormément<br />
et a dû être déscolarisée. Les traitements médicamenteux<br />
habituels – y compris morphine ou blocs sympathiques – ne font<br />
rien pour calmer sa douleur». Toutes ces personnes sont ou ont<br />
été victimes d’une complication douloureuse : le syndrome*<br />
douloureux régional complexe (SDRC), plus connu sous le nom<br />
d’algodystrophie ou algoneurodystrophie.<br />
Un syndrome «sympathique»...<br />
L’algodystrophie apparaît le plus souvent à la suite d’un traumatisme<br />
(fracture, luxation, entorse, choc, écrasement, contusion des<br />
tissus nerveux...) ou d’une intervention chirurgicale portant sur les<br />
membres. Ce syndrome se caractérise par :<br />
u des anomalies de l’activité du système nerveux sympathique<br />
u qui sont à l’origine de douleurs intenses<br />
u et de troubles vasomoteurs* et dystrophiques*<br />
localisés au niveau d’une articulation ou d’une extrémité (par ordre<br />
décroissant de fréquence : main, pied, genou, épaule, hanche).<br />
u À cela s’ajoute l’apparition retardée d’une déminéralisation<br />
osseuse (ostéoporose).<br />
La complexité du syndrome tient au fait qu’il implique à la fois<br />
les nerfs, les vaisseaux sanguins, la peau, les muscles et les os.<br />
Pour autant, il apparaît clairement que des dérèglements du système<br />
nerveux sont à l’origine de tous les troubles observés dans<br />
l’algodystrophie, ce qui en fait une affection de type neurologique.<br />
C’est un peu comme si le système nerveux central analysait<br />
incorrectement les informations qui lui sont transmises depuis la<br />
région traumatisée, et qu’il s’ensuivait une stimulation anormale<br />
du système nerveux sympathique, se traduisant par des douleurs<br />
et des troubles vasomoteurs et trophiques. Pour ne rien arranger,<br />
il semblerait aussi que la sensibilité anormale de certains neurotransmetteurs<br />
au service du système sympathique conduise à une<br />
diminution du seuil de la douleur.<br />
...qui a tendance à s’inscruster<br />
Habituellement, l’algodystrophie évolue en deux temps : d’abord<br />
une phase «chaude» pseudo-inflammatoire (1) avec chaleur, rougeur,<br />
douleur et gonflement, suivie d’une phase «froide» avec enraidissement<br />
et limitation des mouvements. Le pronostic est généralement<br />
favorable avec guérison dans les 6 à 24 mois ( jusqu’à 3 ans peuvent<br />
être nécessaires pour le redoutable syndrome «épaule – main»),<br />
mais on observe toutefois récidives et séquelles – comme une rétraction<br />
définitive des doigts – chez 10 % des patients.<br />
18<br />
* Les termes suivis d’un astérisque sont définis dans le glossaire placé en fin d’article.
Affections<br />
Par Didier Le Bail<br />
L’algodystrophie étant une affection dont le substratum est éminemment<br />
neurologique, il semble plus pertinent d’être suivi par<br />
un neurologue que par un rhumatologue. Au besoin, le spécialiste<br />
orientera son patient vers un centre antidouleur.<br />
L’apport des médecines complémentaires<br />
À l’heure actuelle, il n’existe donc aucune solution miracle pour<br />
guérir rapidement d’une algodystrophie. Ceci devrait amener l’ensemble<br />
du corps médical à faire preuve d’une plus grande ouverture<br />
d’esprit vis-à-vis des médecines complémentaires, car tout ce<br />
qui peut aider à soulager le patient est bon à prendre. En dehors de<br />
l’ostéopathie, déjà mentionnée, l’acupuncture gagne également à<br />
être essayée, dans la mesure où la douleur est l’un des terrains de<br />
prédilection de cette thérapie issue de la médecine traditionnelle<br />
chinoise. La pratique régulière de la méditation peut aussi aider<br />
toute personne souffrant de douleurs chroniques. Une étude récente<br />
conduite sur un groupe d’adeptes chevronnés de la méditation<br />
zen (1 000 h minimum de pratique) a révélé une moindre sensibilité<br />
de ceux-ci à la douleur, même lorsqu’ils ne sont pas dans un<br />
état méditatif, par rapport à un groupe de personnes ne pratiquant<br />
pas la méditation.<br />
...et dont on a beaucoup de mal à<br />
se débarrasser<br />
La médecine classique est relativement démunie face à cette affection<br />
pour laquelle il n’existe pas de traitement médicamenteux<br />
curatif. Les produits prescrits (antalgiques, vasodilatateurs, neuro<br />
sédatifs...) peuvent certes apporter un soulagement, mais ne sauraient<br />
guérir une affection qui, le plus souvent, finit par disparaître<br />
«spontanément», quoi que l’on ait fait ou non précédemment. Il<br />
est cependant prioritaire de calmer la douleur pour éviter l’enchaînement<br />
délétère : douleur > immobilisation > enraidissement ><br />
impotence fonctionnelle > séquelles.<br />
Les thérapies manuelles ont un rôle à jouer. La kinésithérapie<br />
peut donner des résultats positifs, à condition de respecter strictement<br />
la règle de la non-douleur lors des mobilisations. L’ostéopathie<br />
est également conseillée parce qu’elle permet notamment de<br />
déceler des problèmes à distance, comme des dérangements intervertébraux<br />
susceptibles d’irriter le système nerveux sympathique.<br />
Du côté des thérapies médicinales, l’aromathérapie mérite d’être<br />
intégrée à la stratégie de soins, en raison de son impact positif sur<br />
la sphère neuro-psychique. Pour obtenir un effet modérateur du<br />
système nerveux central et calmant du système nerveux sympathique,<br />
préparer un mélange à parts égales réunissant les huiles<br />
essentielles suivantes : camomille noble, lavande vraie, mandarine<br />
zeste, petit grain bigarade. Ce mélange est à appliquer sur<br />
la bordure de la colonne vertébrale, à raison de 8 gouttes 2 fois<br />
par jour. Quand on sait que le système sympathique se ramifie à<br />
partir de la chaîne ganglionnaire située le long de la colonne vertébrale,<br />
on comprend mieux le choix de cette zone pour procéder à<br />
l’onction aromatique. Comme il existe des correspondances entre<br />
vertèbres et parties du corps, il est même possible de s’attarder<br />
autour de certaines vertèbres, suivant la région atteinte. Aux épaules<br />
correspond la sixième vertèbre cervicale ; aux poignets, mains<br />
et doigts, la première vertèbre dorsale ; aux genoux, la troisième<br />
vertèbre lombaire ; et aux chevilles, pieds et orteils, la cinquième<br />
vertèbre lombaire.<br />
La phytothérapie, quant à elle, peut apporter sa contribution au<br />
niveau du système circulatoire, en aidant à obtenir un effet vasodilatateur.<br />
Des plantes comme le ginkgo biloba et l’olivier sauront<br />
remplir ce rôle. En gemmothérapie, c’est surtout le peuplier qui<br />
retient l’attention parce qu’il cumule les bons points : il régule le<br />
système sympathique, agit comme antispasmodique artériel et remédie<br />
aux troubles trophiques cutanés. Pour combattre l’ostéoporose,<br />
ne pas hésiter à effectuer une cure au long cours de plasma<br />
de Quinton isotonique (2 ampoules par jour pendant 6 mois).<br />
Suite p. 20<br />
B.S. N° 115 - Mai 2009<br />
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Affections<br />
Affections<br />
apparus chez 14 patients sous placebo (22 %) contre 4 chez ceux<br />
prenant 500 mg par jour de vitamine C (7 %). Une étude plus<br />
récente menée sur près de 200 patients opérés a confirmé ces<br />
premiers bons résultats, montrant que la prise quotidienne d’1 g<br />
de vitamine C pendant 45 jours était associée à une réduction<br />
significative du risque d’algodystrophie.<br />
Pour mettre toutes les chances de son côté, mieux vaut commencer<br />
la prise de vitamine C les jours précédant l’intervention.<br />
Il est bien entendu nettement préférable de choisir une<br />
vitamine C 100 % naturelle et titrée à 25 % si possible (ce pourcentage<br />
signifie simplement qu’un comprimé incluant dans sa<br />
composition 1 000 mg de poudre d’acérola contient 250 mg de<br />
vitamine C d’origine naturelle). Lors de la phase de consolidation<br />
d’une fracture, il convient de diminuer drastiquement la<br />
consommation de tabac, sachant qu’une cigarette «brûle» 20<br />
à 30 mg de vitamine C ! Attention également à l’aspirine qui<br />
inhibe l’absorption de vitamine C presque poids pour poids.<br />
Enfin, il est à signaler que des plâtres trop serrés ou une rééducation<br />
trop agressive peuvent également favoriser l’apparition<br />
d’une algodystrophie.<br />
Non, l’algodystrophie n’est pas une<br />
maladie psychosomatique !<br />
Au niveau nutritionnel, privilégier une alimentation bio, variée<br />
et antioxydante, donc riche en légumes et en fruits, en particulier<br />
baies et fruits citrins. Veiller à optimiser ses apports en magnésium.<br />
La consommation régulière de poissons gras est également (très)<br />
recommandée (au moins 2 fois par semaine). Côté compléments,<br />
prendre de la poudre d’arêtes de poisson (riche en calcium), du<br />
magnésium marin, de la poudre d’acérola (vitamine C naturelle),<br />
de la levure de bière revivifiable. Huile de krill et huile de foie de<br />
morue seront utiles si la consommation de poissons gras est insuffisante.<br />
Enfin, un recours régulier à des concentrés alimentaires<br />
issus de la mer (algues, chair d’huître), de la terre (jus d’herbes) ou<br />
de la ruche (gelée royale) sera à envisager si le réflexe de manger<br />
bio, frais, équilibré, est difficile à acquérir.<br />
Le rôle bénéfique de la vitamine C<br />
Acerola<br />
L’algodystrophie n’a rien d’une fatalité absolue. Il est ainsi possible<br />
de diminuer le risque de survenue de ce syndrome chez les<br />
personnes amenées à subir une intervention chirurgicale. Comment<br />
? Par la mise en œuvre d’un traitement préventif simple et<br />
inoffensif, qui consiste en la prise de... vitamine C !<br />
Une étude publiée en 1999 dans la revue de référence The Lancet a<br />
révélé le grand intérêt thérapeutique de la vitamine C. Pour rentrer<br />
un peu plus dans les détails de cette étude, le suivi de 127 patients<br />
opérés pour une fracture du poignet a permis de mettre en évidence<br />
que des signes évocateurs d’un syndrome algodystrophique étaient<br />
Il est important que la personne atteinte d’algodystrophie se<br />
sente soutenue par son entourage tout au long de cette période<br />
éprouvante dont elle ne voit pas la fin. Malheureusement, ce<br />
n’est pas toujours le cas. Premièrement, parce qu’il ne s’agit<br />
pas d’une maladie mais d’un «syndrome», peu connu qui plus<br />
est ; deuxièmement, parce qu’il n’existe pas de parallélisme<br />
entre la survenue du syndrome et l’intensité du traumatisme<br />
initial ; troisièmement, parce qu’il faut du temps pour poser un<br />
diagnostic clair. De ce fait, certains finissent par se convaincre<br />
que la personne victime d’algodystrophie en rajoute dans l’expression<br />
de sa souffrance, alors que la douleur qu’elle endure<br />
atteint parfois un degré d’intensité dont ils n’ont aucune idée.<br />
Nicolas, le cavalier déjà cité au début de l’article, est là pour en<br />
témoigner : «On m’a annoncé que j’avais une algodystrophie au<br />
bout de six mois de souffrance intense. Actuellement, je ne peux<br />
quasiment pas marcher, je me déplace dès que besoin en fauteuil<br />
roulant et c’est très dur. Les gens jugent très vite et prennent ça<br />
pour du cinéma, du style : "Ça fait six mois et tu boîtes toujours,<br />
c’est bizarre"... Ce genre de sous-entendu est vraiment pénible.»<br />
Didier Le Bail<br />
(1) «Pseudo» parce que les habituels marqueurs biologiques<br />
de l’inflammation (protéine C réactive, vitesse de sédimentation...)<br />
demeurent normaux chez les personnes atteintes d’algodystrophie<br />
!<br />
GLOSSAIRE<br />
u Dystrophie : ensemble de troubles de la nutrition d’une<br />
partie du corps. Dans le cas présent, ces troubles dystrophiques<br />
surviennent parce que la région atteinte n’est plus correctement<br />
nourrie en raison d’un ralentissement persistant de<br />
la circulation sanguine et lymphatique locale.<br />
u Syndrome : ensemble de symptômes.<br />
u Vasomoteur : qui provoque des modifications du calibre<br />
des vaisseaux (vasoconstriction ou vasodilatation).<br />
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