Tableaux et sculptures des 19e et 20e siècles - Tajan

43 JACQUES LIPCHITZ (1891-1973)
PROMÉTHÉE TERRASSANT LE VAUTOUR
Epreuve en bronze à patine brune. Fonte d’édition à cire perdue de
C. Valsuani, cachet de fondeur. Signée de l’empreinte du pouce de
l’artiste.
HAUT. 44 - HORS TOUT : LARG. 31 - PROF. 26 CM (17 1 /3 X 12 1 /4 X 10 1 /4 INCHES)
30 000/35 000 €
BIBLIOGRAPHIE
Maurice Raynal « Jacques Lipchitz », éditions Jeanne Bucher, Paris, 1947, modèle en
plâtre reproduit (n.p.) et esquisse en bronze.
Les épaules, les cuisses, comme taillées à la hache, sont puissantes et dégagent une
impression de force primitive. Le visage est encore incertain : à l’aube de l’humanité,
le Titan, qui est aussi selon le mythe celui qui a façonné l’homme dans l’argile, lutte
contre l’animal dont peu de chose le sépare encore…
Les éclats de lumière participent au mouvement général et laissent deviner la propre
frénésie de l’artiste qui, bien avant la coulée du bronze, a jeté la matière en touches
brutales et instinctives pour faire jaillir, du sein même de l’acte créateur, « l’Idée ».
Cette œuvre est l’une des plus fortes, des plus lyriques du sculpteur. Lui-même la
considérait comme importante, puisque l’on en connaît vingt-six dessins préparatoires
et plusieurs études en plâtre.
Ne nous étonnons pas que le bec ouvert de la bête que Prométhée tente de maîtriser
soit très proche plastiquement des cornes du taureau dans « Le taureau et le condor »
(1938), ni que le mouvement général de l’affrontement rappelle celui de « La lutte
de Jacob et de l’ange » (1932) ; dans ses souvenirs, Lipchitz met en relation cette
sculpture avec les événements politiques de la guerre d’Espagne et de la montée du
nazisme en Europe, qui plongent les artistes dans une époque « d’obscurité et de
persécution ». Les thèmes qu’il aborde dans son œuvre sont donc en étroite relation
les uns avec les autres.
Pour Lipchitz, il s’agit toujours, au travers de sa propre lutte avec la matière, de
traduire celle qui gouverne les hommes à qui Prométhée a apporté le feu et la
connaissance, il s’agit de l’éternel combat du bien et du mal, celui de la lumière
contre les ténèbres.
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