Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

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mardi 9 novembre 1999, 18h35
Europe - Ankara invité à donner des droits aux Kurdes
STRASBOURG,9 novembre - Un comité d'experts du Conseil de l'Europe, dans un rapport publié mardi,
invite Ankara à assouplir sa conception de la nation et à reco.nnaîtreun droit d'expression culturelle et
politique à la minorité kurde.
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La Commission européenne contre le racisme et l'intolérance (Ecri) estime que "l'un des principaux problèmes auxquels est
confrontée (la Turquie) semble être la nécessité de concilier d'une part un fort sentiment d'identité nationale et le désir de
préserver l'unité et l'intégrité de l'Etat avec d'autre part le droit des différents groupes minoritaires à exprimer leur propre
sentiment d'identité ethnique". ' '.
Pour autant, "l'origine ethnique ou religieuse n'est généralement pas, en tant que telle, un facteur de discrimination à l'encontre
des individus ou jouant en leur défaveur en Turquie", estiment les experts.
La commission insiste néanmoins sur l'absence de "statut" des minorités et notamment de la plus importante, la minorité kurde
qui forme 10 à 20% de la population.
Elle suggère à Ankara d'autoriser à l'école l'enseignement
que l'enseignement du turc puisse être obligatoire.
"d'autres langues maternelles que le turc" sans contester pour autant
Elle estime que les émissions de radio ou de télévision en d'autres langues que le turc doivent être autorisées.
L'Ecri propose encore d'amender la loi antiterroriste de 1991 selon laquelle "nul ne peut faire de propagande écrite ou orale
visant à troubler l'intégrité indivisible de l'Etat, du pays et de la nation turcs, ni organiser des réunions, manifestations ou
défilés à cette fin". -
Selon l'Ecri, cette définition est trop large dans la mesure où elle permet de "supprimer un large éventail d'activité non
vi0lentes" .
La Cour européenne des droits de l'homme, qui dépend aussi du Conseil de l'Europe, a condamné plusieurs fois Ankara au
nom de la liberté d'expression pour avoir interdit des mouvements ou publications se réclamant d'une minorité kurde.
Ankara invoque la "terreur séparatiste"
Le rapport de l'Ecri est suivi d'un commentaire des autorités turques qui contestent les conclusions des experts en leur
reprochant notamment d'occulter "la terreur séparatiste" qui sévit dans le sud-est du pays.
L'insurrection du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) y a fait 30.000 morts depuis 1984, toutes victimes confondues
(rebelles, forces de sécurité, population civile).
Ankara note que "plusieurs chaînes de radio et de télévision diffusent des programmes musicaux" (en kurde).
Surtout, la Turquie met en garde le comité européen contre une montée' en puissance du fondamentalisme islamique en réaction
à un développement des identités ethniques.
"Une identité kurde, non seulement ne présente aucun fondement historique, psychologique ou légal, mais est perçue en outre
comme une grave menace par l'homme de la rue et avive davantage les expressions du nationalisme ethnique turc, comme en
témoignent les élections du 18 avril", précise le texte.
Ankara manie aussi l'humour quand l'Ecri recommande l'adoption d'une législation contre les discriminations
"dans des
domaines tels que le logement, l'emploi ou l'accès aux biens et aux services".
"~a ~urquie n'a jamais eu ~soin ~e,t~lles ~ispositions légales car il n'y existe pas de discrimination raciale (...) Dans la
SItuatIon actuelle, cela éqUIvaudrait a mterdire la chasse aux kangourous en Turquie", estime le gouvernement.
L'Ecri a été créée en 1994 pour ~valuer les phénomènes de racisme et d'intolérance du point de vue juridique et politique au sein
des 41 Etats membres du ConseIl de l'Europe. /GR , __
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