LE DERNIER CARRÃ DES - GRID-Arendal
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CONFLITS HUMAINS<br />
ET MENACES SUR <strong>LE</strong>S GORIL<strong>LE</strong>S<br />
Les conflits ont un impact très important sur la vie et la survie des gorilles. Le moindre de<br />
ces impacts est encore le résultat des contacts directs, ou celui des mines antipersonnel<br />
ou des explosifs piégés. Ce qui est plus important encore, c’est que les conflits sont souvent<br />
alimentés par les ressources naturelles ou tout au moins liés ou soutenus par leur<br />
exploitation. Le conflit du Nord et du Sud-Kivu en RDC est largement lié à l’exploitation<br />
des minerais et du bois, ainsi qu’à la production de charbon de bois.<br />
Les massacres et les sévices infligés aux villageois par les troupes<br />
gouvernementales aussi bien que par les paramilitaires ont abouti<br />
à la création d’immenses camps de réfugiés qui ont un besoin<br />
désespéré de combustible pour leur subsistance quotidienne. C’est<br />
ainsi que les paramilitaires et aussi des membres corrompus des<br />
forces armées vendent du charbon de bois, souvent produit en détruisant<br />
le biotope des gorilles, y compris à l’intérieur même des<br />
parcs nationaux. Les troupes des pays limitrophes se sont impliquées<br />
à plusieurs reprises dans cette exploitation (CSNU, 2001).<br />
Les sociétés impliquées, y compris des multinationales, n’ont<br />
montré que peu ou pas du tout de motivation à connaître l’origine<br />
des ressources qu’on leur propose d’acheter, et à de nombreuses<br />
reprises leurs filiales ont versé des pots-de-vin ou employé la contrainte<br />
et la menace pour parvenir à leurs fins, voire ont facilité<br />
l’armement de milices paramilitaires dans la région. La paix et la<br />
protection des ressources et du biotope des gorilles ne peuvent voir<br />
le jour sans une implication significative des pays qui reçoivent et<br />
achètent le bois de chauffage et les minerais produits illégalement<br />
en exploitant l’habitat et les forêts à gorilles de RDC (ou ailleurs<br />
du reste). Tandis que de nombreux pays de la région, y compris le<br />
gouvernement de la RDC, ont été très actifs en 2009 dans leurs<br />
efforts pour mettre fin au conflit, les fonds provenant de pays extérieurs<br />
à la région continuent à attiser le conflit et à entretenir les<br />
paramilitaires.<br />
Le conflit concentré autour des ressources naturelles de la RDC<br />
a coûté la vie à plus de cinq millions et demi de personnes et un<br />
nombre bien supérieur d’horreurs ont été commises, y compris<br />
le viol et les sévices systématiques, les mutilations, et la capture<br />
de femmes, d’hommes et d’enfants réduits en esclavage pour travailler<br />
dans les mines ou les charbonnages.<br />
Le conflit est monté en puissance au Nord-Kivu à la suite d’une escarmouche<br />
à Ntamugenga (district de Rutshuru) le 28 août 2008,<br />
entre les Forces armées de la RDC (FARDC) et celles du CNDP<br />
(Congrès National pour la Défense du Peuple – voir encadrés pages<br />
suivantes). Des hostilités à grande échelle ont été lancées sur un<br />
front très large à Masisi et à Rutshuru entre les FARDC, les Forces<br />
démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), la Coalition de<br />
la Résistance patriotique congolaise (PARECO) et divers groupes<br />
Mai-Mai s’opposant au CNDP, ce qui a abouti au déplacement de<br />
250 000 personnes supplémentaires.<br />
Aux environs du 8 octobre 2008, le CNDP a pris temporairement<br />
le contrôle du camp militaire de Rumangabo (district de Rutshuru)<br />
et a mis la main sur des armes et des munitions des FARDC.<br />
Le 26 octobre, le CNDP a reconquis Rumangabo et s’est avancé à<br />
quelques kilomètres de Goma. Le revenu du CNDP, comme des<br />
FDLR et des Mai-Mai, provient en grande partie du trafic de charbon<br />
de bois. Le CNDP a pris le contrôle de grandes parties du parc<br />
en 2006. Ils prélèvent aussi des taxes sur le sorgho, sur les haricots<br />
et le maïs, et réclament le paiement d’impôts sur les maisons qui<br />
ont un toit de pisé ou de chaume (5 à 10 dollars par an), sur celles<br />
qui ont un toit en dur (20 à 50 dollars) et sur les petites entreprises.<br />
Un Groupe d’experts du CSNU a estimé que le CNDP a gagné au<br />
moins 430 000 dollars rien qu’en 2008, en imposant ses taxes<br />
sur le charbon pour la seule zone située à proximité du Parc national<br />
des Virunga, la plus grande partie de ce charbon provenant<br />
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