LE DERNIER CARRÃ DES - GRID-Arendal
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INTERVIEW<br />
« Nous nous situons à l’orée<br />
d’une nouvelle ère pour la conservation<br />
des grands singes »<br />
Dr. Peter Walsh<br />
VACCINAPE<br />
Nous savions depuis longtemps que le braconnage et la réduction de<br />
l’habitat des grands singes entraînaient un déclin important de leur<br />
nombre, mais nous avons découvert récemment que les maladies infectieuses<br />
sont aussi responsables du déclin de nombreuses populations.<br />
Nous pouvons distinguer deux sortes de maladies responsables de ce<br />
déclin. Il y a tout d’abord ce que l’on pourrait appeler les maladies naturelles,<br />
tel le virus Ebola, qui a tué environ un tiers des gorilles dans<br />
le monde lors des quinze dernières années. Mais il existe aussi des<br />
maladies transmises aux gorilles et aux chimpanzés par l’homme. Ces<br />
dernières années par exemple, nous avons recensé une série de foyers de<br />
maladies respiratoires sur les sites touristiques et les stations de recherche.<br />
Ces maladies ont entraîné la mort de nombreux gorilles et chimpanzés.<br />
Cette réalité, et tout particulièrement le fait que ces maladies<br />
proviennent de l’homme, nous oblige à agir. Si nous n’agissons pas, les<br />
gorilles, tout comme les chimpanzés, ne disparaîtront pas demain mais<br />
au cours des vingt, trente ou quarante prochaines années, nous aurons<br />
perdu la majeure partie de la population, ou nous n’aurons plus affaire<br />
qu’à une poignée d’entre eux.<br />
Ce que d’autres personnes et moi-même avons donc cherché à faire, c’est<br />
étudier les options permettant de prévenir les décès d’animaux dus à<br />
plus complexes pourraient être aussi mises en œuvre. Cet atelier<br />
a envisagé un autre aspect important du problème: le rôle capital<br />
des programmes de santé communautaire dans la réduction des<br />
risques infectieux en provenance de l’extérieur de la zone protégée<br />
et dans la fourniture de prestations nécessaires aux communautés<br />
vivant à proximité de l’habitat des grands singes. Les directives<br />
développées à partir de ce processus consensuel seront publiées<br />
par l’UICN dans le cadre d’une série de lignes directrices visant<br />
à de meilleures pratiques en matière de conservation des grands<br />
singes (Leenderts 2010).<br />
ces maladies. Nous étudions en particulier la vaccination ; nous essayons<br />
d’adapter des vaccins destinés aux humains pour les grands singes<br />
sauvages. Cela n’avait été réalisé qu’une ou deux fois jusqu’alors et<br />
nous sommes donc à l’orée d’une nouvelle ère pour la conservation des<br />
grands singes. Nous essayons d’aborder ce processus avec une approche<br />
très scientifique, une prudence extrême, et de faire en sorte que les bénéfices<br />
de la vaccination soient plus importants que ses coûts. Nous<br />
entreprenons actuellement une série de tests et d’essais impliquant de<br />
nombreux experts de différents domaines (virologistes, primatologues<br />
et vétérinaires) et nous tentons d’aboutir à un plan qui permette<br />
d’utiliser sur les grands singes dans la nature les nombreux vaccins<br />
destinés aux humains disponibles actuellement ou en développement.<br />
En ce moment, nous avons deux projets pilotes : nous adaptons un<br />
vaccin contre le virus Ebola et un vaccin contre la rougeole. Le vaccin<br />
contre la rougeole est très sûr et a été injecté à des centaines de millions<br />
d’enfants. Nous l’utilisons ainsi pour établir le principe et dans les deux<br />
années qui viennent, nous tenterons d’avancer sur l’utilisation d’un<br />
vaccin contre le virus Ebola. Si vous voulez en savoir plus à ce sujet,<br />
visitez le site internet www.vaccinape.org.<br />
Il est aussi vital de reconnaître le danger potentiel que représentent<br />
les agents pathogènes naturels pour la conservation des grands<br />
singes africains. Ainsi, des études menées récemment suggèrent<br />
que le virus Ebola contribuerait de façon significative au déclin des<br />
grands singes d’Afrique centrale (voir le chapitre dédié au virus<br />
Ebola ; Leroy et al., 2004). De plus, la découverte d’une mortalité<br />
supérieure à la normale et d’un taux de reproduction plus bas<br />
chez les chimpanzés infectés par le virus de l’immunodéficience<br />
du singe (VIS) par rapport aux espèces non infectées, alors qu’on<br />
pensait jusqu’alors que ce virus n’affectait pas les grands singes,<br />
pose des questions troublantes (Keele et al., 2009). Enfin, en de<br />
multiples endroits, des gorilles et chimpanzés sauvages ont été<br />
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