LE DERNIER CARRÃ DES - GRID-Arendal
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Les Réserves communautaires – une nouvelle approche de la conservation des gorilles<br />
La réserve communautaire des gorilles de Walikale, située dans<br />
l’est de la RDC et forte de 70 000 hectares, a été crée en 2001<br />
par les villageois locaux et leurs chefs (mwamis) dans le but<br />
d’obtenir des compensations en échange de leur protection<br />
des populations de gorilles voisines. A l’époque, selon les mwamis,<br />
les villageois vivant à proximité des parcs nationaux des<br />
Virunga et de Kahuzi-Biega paraissaient bénéficier des projets<br />
de l’Institut congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN)<br />
et des ONG du fait de leur proximité avec les gorilles, alors que<br />
les Walikale étaient oubliés car situées en dehors du système des<br />
parcs nationaux.<br />
L’année suivante, le comité Walikale, nouvellement créé, invita<br />
la Gorilla Organization à soutenir leur initiative visant à protéger<br />
la zone, recenser les populations de gorilles et développer des<br />
initiatives communautaires. Un accord fut trouvé avec le comité<br />
et le travail débuta en mars 2003.<br />
Initialement, le projet engagea et forma des gardes forestiers<br />
afin de conduire des sondages de base de la population de gorilles<br />
de plaine oriental (Gorilla beringei graueri) connue pour<br />
habiter dans la région. A ce jour, les éléments de preuve rassemblés<br />
montrent qu’il pourrait y avoir jusqu’à 750 gorilles vivant au<br />
sein de 80 familles, rien que dans la région immédiatement accessible<br />
de la réserve. La difficulté d’accès des zones les plus reculées<br />
(la réserve est à quatre jours de marche de Pinga, la ville la<br />
plus proche) couplée à l’insécurité due aux activités incessantes<br />
des rebelles Mai-Mai et Interahamwe et au manque de ressources<br />
financières impliquent que seules les parties immédiatement<br />
accessibles de la réserve ont été sondées. Les indicateurs laissent<br />
à penser que cette région pourrait abriter l’une des plus im-<br />
viron 115 gorilles (représentant 1/3 de la population de gorille de<br />
Cross River) ainsi que d’autres espèces rares.<br />
L’initiative de la forêt du Mayombe est la plus récente des initiatives<br />
transfrontalières engageant des Etats abritant des gorilles.<br />
En 2009, avec l’appui du Programme des Nations Unies pour<br />
l’environnement, l’Angola, la République Démocratique du Congo<br />
et la République Populaire du Congo signèrent une déclaration tripartite<br />
qui confirme leur engagement en faveur de l’établissement<br />
d’une aire protégée transfrontalière comprenant d’importants bio-<br />
portantes populations de gorilles de plaine oriental au monde.<br />
Le projet emploie actuellement 34 gardes forestiers qui surveillent<br />
les gorilles, collectent les données GPS afin de réaliser une<br />
carte de base de la zone et, en association avec l’Institut Max<br />
Planck, collectent des échantillons de selles afin de réaliser des<br />
analyses ADN dans les laboratoires de l’Institut en Allemagne.<br />
De plus, à travers son organisation partenaire locale PROMID-<br />
OWAL, le projet a construit des écoles élémentaires dans deux<br />
villages et assuré la fourniture du matériel d’enseignement ainsi<br />
que les salaires des enseignants. Enfin, le projet appuie également<br />
le comité Walikale dans la gestion de ses affaires.<br />
Dès le départ, l’Organisation des Gorilles encouragea les autorités<br />
de RDC à obtenir une meilleure reconnaissance officielle de<br />
la réserve, en particulier à travers le réseau mondial de réserves<br />
de biosphère dans le cadre du Programme de l’UNESCO sur<br />
l’homme et la biosphère (MAB) qui semblait bien plus approprié<br />
pour la zone que son classement en Parc national. Couvrant une<br />
superficie relativement importante, Walikale comprend les villages<br />
et les fermes existants ainsi que les exploitations minières<br />
artisanales d’or, de cassitérite et de coltan. En tant que processus<br />
de dialogue et de négociation, le Programme sur l’homme<br />
et la biosphère intègre de telles considérations et permet la protection<br />
de l’environnement à côté de la protection des moyens<br />
de subsistance, au moyen d’un zonage négocié. Toutefois, en<br />
raison de l’insécurité qui prévaut dans la région, le processus<br />
de candidature au MAB est suspendu. Mais quand le moment<br />
sera venu, il pourrait contribuer à alimenter cette initiative de<br />
conservation communautaires novatrice.<br />
Jillian Miller, Directrice de la Gorilla Organization, septembre 2009<br />
topes de gorille au Cabinda et dans les forêts adjacentes des deux<br />
autres pays.<br />
Ces initiatives s’insèrent dans une tendance mondiale<br />
d’accroissement des zones protégées transfrontalières. Alors qu’il<br />
existait 59 aires protégées transfrontalières en 1990, on en recensait<br />
227 en 2007 (PNUE-WCMC, 2007). Une grande partie de<br />
l’expérience plus technique des initiatives transfrontalières précédentes<br />
comme celle des Virunga est reprise dans le plan technique<br />
de mise en œuvre de l’accord CEM pour la protection des gorilles<br />
(voir p. 74).<br />
Figure 19: collaborations transfrontalières dans les parcs du bassin du Congo.<br />
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