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Lutte Phytosanitaire Intégrée - DTIE

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FLORICULTURE ET ENVIRONNEMENT<br />

Culture des fleurs sans bromure de méthyle<br />

PNUE<br />

Remerciements<br />

Cette publication a été réalisée par le Programme des Nations Unies pour<br />

l’Environnement Division Technologie, Industrie et Economie (PNUE <strong>DTIE</strong>)<br />

dans le cadre du Programme ActionOzone sous l’égide du Fonds Multilatéral.<br />

Cette publication a été réalisée par les membres du PNUE suivants:<br />

Jacqueline Aloisi de Larderel, Sous-Directeur Exécutif, Directeur du PNUE <strong>DTIE</strong><br />

Rajendra Shende, Chef de la Division Energie et ActionOzone, PNUE <strong>DTIE</strong><br />

Cecilia Mercado, Chargée d’information, PNUE <strong>DTIE</strong><br />

Corinna Gilfillan, Administrateur de programme adjoint, PNUE <strong>DTIE</strong><br />

Susan Ruth Kikwe, Assistante de Programme, PNUE <strong>DTIE</strong><br />

Auteur: Marta Pizano<br />

Réviseurs techniques: Fabio Chaverri, Volkmar Hasse, Anne Turner, Guillermo Castellá<br />

Traducteurs:<br />

Catherine et Emmanuel Paumier<br />

Conception et Mise en page: Angela Luque Pardo<br />

Ce document est disponible sur le site internet du Programme ActionOzone du PNUE:<br />

www.uneptie.org/ozonaction<br />

© 2001 UNEP<br />

Cette publication peut être reproduite intégralement ou en partie sous quelque forme que ce soit<br />

à des fins pédagogiques ou dans un but non lucratif, sans autorisation particulière du détenteur des<br />

droits d’auteur, pourvu que la source y soit mentionnée. Le PNUE apprécierait de recevoir un<br />

exemplaire de toute publication faisant usage de la présente publication comme source.<br />

La présente publication ne peut être ni vendue ni utilisée à des fins commerciales sans<br />

l’autorisation écrite préalable du PNUE.<br />

Les termes et la présentation du matériel employés dans la présente publication n’impliquent<br />

nullement l’expression d’une opinion quelconque de la part du Programme des Nations<br />

Unies pour l’Environnement concernant le statut légal d’un pays, d’un territoire, d’une ville<br />

ou d’une région ou de ses autorités, ou concernant la délimitation de ses frontières ou limites.<br />

En outre, les opinions exprimées ne représentent pas nécessairement les décisions résultant de<br />

la politique du Programme des Nations Unies pour l’Environnement; d’autre part, les noms<br />

ou processus commerciaux cités n’impliquent en aucun cas le soutien du PNUE.<br />

PUBLICATION DES NATIONS UNIES<br />

ISBN 92-807-2108-9<br />

1


Avertissement<br />

Le PNUE, ses consultants, les personnes qui ont révisé ce document et<br />

leurs employés ne garantissent nullement les résultats, la sécurité du<br />

travail et l’acceptabilité écologique des choix techniques décrits dans ce<br />

document.<br />

Bien que les informations contenues dans ce document soient estimées<br />

exactes, elles n’ont pu être présentées que de façon sommaire et générale.<br />

Toute décision consistant à mettre en pratique l’une des alternatives<br />

présentées dans ce document implique d’examiner attentivement<br />

nombre de paramètres spécifiques à une situation dont certains ne seront<br />

peut-être pas abordés dans ce document. L’entière responsabilité de<br />

cette décision et de ses conséquences incombe aux personnes ou entités<br />

ayant choisi d’appliquer cette alternative.<br />

Le PNUE, ses consultants et les personnes qui ont révisé ce document<br />

et leurs employés ne garantissent pas et ne représentent pas de façon<br />

expresse ou tacite son exactitude, son exhaustivité ou son utilité ; ils ne<br />

sont pas non plus responsables d’événements résultant de l’utilisation<br />

ou de la confiance accordée aux informations, matériels et procédures<br />

décrits dans ce document concernant entre autres des réclamations en<br />

matière de santé, de sécurité, des effets sur l’environnement, d’efficacité,<br />

de performance ou des coûts résultant de la source d’information.<br />

Toute mention d’entreprise, association ou produit n’est donnée qu’à<br />

titre indicatif et ne saurait être interprétée comme une recommandation<br />

tacite ou expresse des sociétés, associations ou produits cités par le<br />

PNUE, ses consultants, les personnes qui ont révisé ce document et<br />

leurs employés.<br />

Les personnes citées qui ont revu ce document n’ont révisé que des<br />

avant-projets ou ébauches intermédiaires de celui-ci mais elles n’ont<br />

pas révisé cette version finale. Elles ne peuvent donc être tenues<br />

responsables des éventuelles erreurs qui auraient pu se glisser dans le<br />

document ou des effets qui pourraient résulter de ces erreurs.<br />

2


FLORICULTURE<br />

ET ENVIRONNEMENT<br />

Culture des fleurs sans<br />

Bromure de méthyle<br />

PNUE<br />

Programme des Nations Unies pour l’Environnement<br />

3


Table des matières<br />

Comment utiliser ce manuel 9<br />

Introduction<br />

13<br />

Chapitre 1 17<br />

Alternatives au bromur<br />

omure de méthyle en floriculture 17<br />

Pourquoi utiliser le bromure de méthyle en floriculture? 17<br />

Quelles autres solutions sont disponibles ? 19<br />

Avantages de la LPI 22<br />

Chapitre 2 23<br />

<strong>Lutte</strong> phytosanitaire intégrée (LPI)<br />

Approche respectueuse de l’environnement<br />

23<br />

Qu’est-ce que la LPI ? 24<br />

Quelle est son efficacité ? 24<br />

1. Dépistage ou surveillance 25<br />

Formation 27<br />

Cartographie 27<br />

Seuil d’action 28<br />

Evaluation de l’information et prise de décisions 28<br />

2. Contrôle par exclusion 29<br />

Quarantaines et inspections des plantes 29<br />

Matière végétale saine 29<br />

3. <strong>Lutte</strong> culturale 30<br />

Elimination des mauvaises herbes 30<br />

Rotation des cultures 31<br />

Ventilation 31<br />

Entretien des serres 31<br />

Règles sanitaires 32<br />

Fertilisation et arrosage 32<br />

Limitation de l’accès aux serres et aux zones de culture 33<br />

4. Contrôle physique 33<br />

Pièges englués 33<br />

Moustiquaires 34<br />

Aspirateurs ou pompes aspirantes 34<br />

5


Traitement du foyer de la maladie 35<br />

Stérilisation du sol ou des substrats à la vapeur 36<br />

Substrats hors-sol 36<br />

Autres protections 36<br />

Paillis plastiques 37<br />

Solarisation 37<br />

5. <strong>Lutte</strong> biologique 38<br />

Biopesticides 38<br />

Plantes- pièges 38<br />

Agents de lutte biologique 38<br />

Biofumigation 39<br />

6. <strong>Lutte</strong> génétique 40<br />

7. <strong>Lutte</strong> chimique 40<br />

Métam-sodium 42<br />

Dazomet 42<br />

Dichloropropène 43<br />

Exemples concrets 43<br />

A. Programme de LPI pour éliminer la fusariose<br />

de l’œillet 44<br />

B. Programme de LPI pour éliminer la tumeur<br />

bacteriénne du collet de la rose 47<br />

Approche multidimensionnelle 50<br />

Chapitre 3 55<br />

Stérilisation par la vapeur (pasteurisation) 55<br />

1. Durée du traitement 56<br />

2. Chaudières et diffuseurs 57<br />

Capacité de la chaudière 58<br />

Haute ou basse pression 59<br />

Type de diffuseur et diamètre 59<br />

Bâches 60<br />

Source énergétique 60<br />

Mobile ou fixe 60<br />

3. Sol ou substrat à traiter 60<br />

Humidité du sol 60<br />

Texture du sol 61<br />

Nature du sol 61<br />

4. Problèmes courants associés à la vapeur 61<br />

Accumulation de sels solubles 61<br />

Toxicité du manganèse 61<br />

6


Toxicité de l’ammonium 62<br />

Ré-infestation 63<br />

Exemples d’application 63<br />

A. Pasteurisation du sol pour traiter la fusariose<br />

de l’œillet 63<br />

Chapitre e 4 67<br />

Compostage 67<br />

1. Procédé du compostage 68<br />

Hachage 68<br />

Constructuion du tas 69<br />

Bâchage 69<br />

Brassage du compost 69<br />

Récolte 70<br />

2. Facteurs majeurs à considérer 71<br />

Collecte de matière végétale 71<br />

Lieu de hachage 71<br />

Lieu de compostage 72<br />

Période d’application 72<br />

Taille et consistance des fibres végétales 72<br />

Gaz ou liquides dangereux 73<br />

Teneur adéquate en micro-organismes 73<br />

Facteurs environnementaux adéquats 73<br />

Maturité 74<br />

3. Lombrics 74<br />

Résultats 76<br />

Chapitre 5 79<br />

Substrats hors-sol 79<br />

1. Rôle d’un substrat 80<br />

2. Types de substrats 81<br />

Coir 81<br />

Enveloppes de riz 82<br />

Ecorce et sciure de bois 83<br />

Compost 83<br />

Roche volcanique (scories, pierre ponce),<br />

vermiculite et autres 84<br />

Sable 84<br />

3. <strong>Lutte</strong> antiparasitaire et traitement des maladies 84<br />

7


Exemples d’applications 85<br />

1. Culture des œillets dans du substrat d’enveloppes<br />

de riz en Colombie 85<br />

Facteurs à considérer 86<br />

pH élevé 86<br />

Systèmes d’irrigation 87<br />

Fertilisation 87<br />

Tuteurs et espacement des plantations 88<br />

Rendement 89<br />

2. Culture de fleurs coupées dans du substrat<br />

de coco en Côte d’Ivoire 89<br />

Chapitre 6 91<br />

Projets de démonstration et d’investissements 91<br />

Argentine 94<br />

Description du projet 94<br />

Résultats 94<br />

Evaluation des alternatives 95<br />

Kenya 96<br />

Description du projet 96<br />

Résultats 96<br />

Evaluation des alternatives 98<br />

Guatemala 99<br />

Description du projet 99<br />

Costa Rica 99<br />

Description du projet 99<br />

République Dominicaine 100<br />

Description du projet 100<br />

Annexe I 103<br />

Autres documents et sources d’information<br />

103<br />

Publications sur le bromure de méthyle du Programme<br />

Action Ozone du PNUE <strong>DTIE</strong> 103<br />

Autres publications intéressantes 105<br />

Sites internet 107<br />

Annexe II 109<br />

Programme ActionOzone du PNUE <strong>DTIE</strong> 109<br />

PNUE, Division Technologie, Industrie et Economie 112<br />

Glossaire 115<br />

8


Comment utiliser ce Manuel<br />

Ce Manuel est conçu comme un guide général pour la mise en œuvre<br />

d’alternatives au bromure de méthyle dans la production commerciale des<br />

fleurs coupées. Son objectif est de fournir une information pratique et<br />

claire, utilisable par les producteurs, formateurs, assistants techniques et,<br />

d’une manière générale, par toute personne impliquée dans l’élimination<br />

du bromure de méthyle. Sa présentation est claire, explicative et expose des<br />

exemples concrets. Les informations contenues pourront être utilisées lors<br />

de programmes de formation et ateliers ou pour d’autres activités. Toutefois,<br />

ce manuel ne doit être considéré que comme un guide car certaines alternatives<br />

doivent encore être évaluées et adaptées aux conditions locales.<br />

Les informations présentées se basent sur des expériences concrètes<br />

menées dans des exploitations de production, des conclusions<br />

scientifiques et des publications (livres et rapports). En aucun cas, les<br />

auteurs de ce manuel ou le Programme des Nations Unies pour<br />

l’Environnement ne pourront être tenus responsables d’échecs ou de<br />

conséquences imprévues résultant de son utilisation.<br />

Les alternatives exposées dans ce manuel ont été organisées en sept chapitres:<br />

¨ !Chapitr<br />

Chapitre 1 – description générale des alternatives qui se sont<br />

avérées opportunes pour remplacer le bromure de méthyle,<br />

notamment dans la culture des fleurs coupées.<br />

¨ ! Chapitre e 2 – analyse détaillée de la <strong>Lutte</strong> <strong>Phytosanitaire</strong><br />

Intégrée (LPI) avec exemples et propositions d’application en<br />

floriculture. De nombreux experts considèrent la LPI comme<br />

l’unique solution réellement efficace, non seulement pour<br />

l’élimination du bromure de méthyle, mais également pour une<br />

production durable utilisant des quantités moindres de pesticides.<br />

¨ !Chapitr<br />

Chapitre e 3 – présentation de la stérilisation par vapeur, l’une<br />

des meilleures alternatives au bromure de méthyle. Il convient<br />

cependant d’utiliser correctement la vapeur et l’on obtient les<br />

meilleurs résultats lorsque cette méthode fait partie d’un programme<br />

de LPI. Problèmes éventuellement rencontrés lors de son utilisation.<br />

Exemples d’utilisation de la vapeur en floriculture.<br />

9


♦ Chapitre e 4 – compostage étape par étape de résidus végétaux,<br />

source de matière organique et de micro-organismes utiles qui<br />

s’est avérée efficace en rendant moins nécessaire la désinfestation<br />

du sol. En outre, le compost constitue une excellente source nutritive<br />

et son application sur les plantes peut jusqu’à un certain<br />

point remplacer les engrais chimiques.<br />

♦ Chapitre 5 – culture dans des substrats hors-sol, autre alternative<br />

très efficace. Ce chapitre insiste particulièrement sur les<br />

substrats qui se sont avérés opportuns dans les pays en voie de<br />

développement qui ne peuvent accéder à certains matériaux<br />

comme la laine de roche utilisés dans le monde industrialisé. Les<br />

enveloppes de riz, les coques de café et le coir (fibre de coco)<br />

offrent d’excellentes possibilités dans les régions tropicales et<br />

subtropicales.<br />

♦ Chapitre 6 – projets de démonstration, de formation et<br />

d’investissements menés actuellement en floriculture par les<br />

agences d’exécution du Fonds Multilatéral du Protocole de<br />

Montréal. Figurent également les alternatives sélectionnées, les<br />

contacts nécessaires et les résultats disponibles.<br />

♦ Annexe I - compilation des principaux manuels et documents<br />

publiés par le PNUE sur l’élimination du bromure de méthyle.<br />

Figurent également les adresses internet et les autres publications<br />

susceptibles de fournir des informations supplémentaires sur les<br />

alternatives décrites.<br />

♦ Annexe II- PNUE et Programme ActionOzone.<br />

♦ A Glossaire situé en fin de publication; il définit les termes<br />

techniques généralement utilisés pour décrire les alternatives<br />

abordées.<br />

Les informations contenues dans ce manuel peuvent être librement<br />

utilisées et traduites dans d’autres langues à des fins pédagogiques<br />

ou pour diffusion pourvu que la source y soit clairement citée.<br />

Pour mieux comprendre la façon dont se présente ce manuel,<br />

suivre le graphique ci-dessous:<br />

10


Graphique 1: Comment utiliser ce manuel<br />

CHAPITRE 2<br />

<strong>Lutte</strong> <strong>Phytosanitaire</strong><br />

Intégrée (LPI)<br />

* Définition<br />

* Composantes<br />

* Mise en oeuvre<br />

* Exemples concrets<br />

CHAPITRE 1<br />

Information générale<br />

* Pourquoi utiliser le BM<br />

en floriculture<br />

* Quelles autres solutions<br />

sont disponibles<br />

CHAPITRE 6<br />

Projets de démonstration<br />

et d’investissement<br />

* Description générale de<br />

projets élaborés par des<br />

agences d’exécution<br />

* Premiers résultats et<br />

résultats finaux disponibles<br />

CHAPITRE 3<br />

Stérilisation à la vapeur<br />

* Définition<br />

* Variables influençant son<br />

efficacité<br />

* Problèmes liés à la vapeur<br />

*Exemples concrets<br />

CHAPITRE 4<br />

Compostage<br />

* Procédé du compostage<br />

* Variables et facteurs<br />

influençant son<br />

efficacité<br />

* Lombrics<br />

* Résultats – exemples<br />

concrets<br />

GLOSSAIRE<br />

CHAPITRE 5<br />

Substrats hors-sol<br />

* Rôles d’un substrat<br />

* Types de substrats<br />

* Exemples concrets<br />

ANNEXE I<br />

Autres es ouvrages et sources<br />

ces<br />

d’information<br />

ANNEXE II<br />

Le PNUE <strong>DTIE</strong> et le Programme<br />

ActionOzone<br />

11


Introduction<br />

Le bromure de méthyle est un fumigant à large spectre utilisé depuis plus<br />

de 40 ans pour éliminer des parasites et maladies affectant de nombreuses<br />

cultures. Il permet également d’éliminer la plupart des graines de mauvaises<br />

herbes et autres organismes gênants comme les rongeurs. Bien que son<br />

application requière des procédures particulières, il se disperse rapidement<br />

et est idéal pour fumiger les sols pour les cultures agricoles intensives et<br />

continues. On l’utilise principalement comme fumigant du sol mais il<br />

sert également à éliminer les parasites présents dans les silos, à décontaminer<br />

les navires, les infrastructures et même les avions. On l’utilise également<br />

dans des applications de quarantaine pour éviter l’entrée et/ou la propagation<br />

de parasites indésirables dans un pays.<br />

En raison de son potentiel élevé d’appauvrissement de l’ozone, les Parties au<br />

Protocole de Montréal ont porté le bromure de méthyle sur la liste des substances<br />

appauvrissant la couche d’ozone (SAO). Il convient donc de cesser sa<br />

production et sa consommation dans les délais fixés par le Protocole de Montréal.<br />

L’appauvrissement de la couche d’ozone augmente la radiation ultraviolette,<br />

ce qui accroît le risque de cancer cutané chez les êtres humains et représente<br />

de sérieux risques pour l’environnement. D’autres inquiétudes pèsent sur le<br />

bromure de méthyle: il menacerait l’environnement en tant que polluant<br />

potentiel pour les sols et sources d’eau, la biodiversité du sol et représenterait<br />

de sérieux risques pour la santé des humains en raison de sa haute toxicité,<br />

notamment pour la fonction de reproduction.<br />

Illustration 1. Image satellite du trou d’ozone – 1 er octobre 2000.<br />

Source: CSIRO, Canberra, Australie<br />

13


Pour soutenir cette décision, le PNUE, par l’intermédiaire de son<br />

Programme ActionOzone, est chargé d’aider les pays à parvenir à<br />

l’élimination. Actuellement, plus de 167 pays ont signé le Protocole de<br />

Montréal. Le Comité des Choix Techniques pour le Bromure de Méthyle<br />

(CCTBM) du PNUE a été spécialement créé pour aider à identifier les<br />

alternatives pour toutes les utilisations du bromure de méthyle. Par<br />

ailleurs, le Fonds Multilatéral, qui fournit une aide technique et financière<br />

aux pays en voie de développement pour éliminer leurs SAO, mène des<br />

projets de démonstration et d’élimination, des ateliers et des formations,<br />

notamment pour éliminer le bromure de méthyle (voir Annexe I<br />

pour de plus amples informations).<br />

L’utilisation la plus répandue de bromure de méthyle est, de loin, la<br />

fumigation, qui représente environ 76% de la consommation mondiale<br />

totale. Il est principalement utilisé comme traitement de pré-plantation<br />

dans la production de cultures d’exportation à forte valeur économique<br />

comme le tabac, les fleurs coupées, les fraises, les bananes, les melons,<br />

les tomates et certains légumes. Cependant, des alternatives au bromure<br />

de méthyle ont été identifiées ces dernières années pour toutes ces cultures<br />

et permettent d’obtenir des produits de première qualité.<br />

Le tableau 1 présente les échéances fixées par le Protocole de Montréal<br />

pour éliminer le bromure de méthyle dans les pays industrialisés et les<br />

pays en voie de développement.<br />

Chaque pays peut, s’il le désire, procéder à des réductions ou une<br />

élimination anticipées; c’est ce qu’ont fait certains hors de l’UE comme<br />

la Suisse, la Colombie et plus récemment l’Argentine et la Jordanie<br />

(Août 2000). Parfois, les raisons étaient autres que le Protocole de<br />

Montréal (production plus propre et pratiques moins risquées, etc.,<br />

comme l’aborde le chapitre 1).<br />

Pour les utilisations agricoles pour lesquelles aucune alternative n’aura<br />

été trouvée avant 2005, la Commission et les Etats Membres<br />

examineront les utilisations critiques et il sera peut-être permis d’importer<br />

et d’utiliser du bromure de méthyle. Le nouveau plan de l’UE appelle à<br />

un gel des utilisations de quarantaine et de pré-expédition du bromure<br />

de méthyle, basé sur la moyenne des importations et de la production<br />

entre 1996-1998. Ce gel est effectif depuis le 1 er janvier 2001.<br />

14


Tableau 1. Plan d’élimination du bromure de méthyle<br />

Pays non-soumis à l’Article * Gel sur la production et la<br />

5 (pays industrialisés) consommation basé sur les niveaux<br />

de 1991, appliqué depuis 1995<br />

* 1999: réduction de 25% de la<br />

production et de la consommation<br />

basée sur les niveaux de 1991<br />

* 2001: réduction de 50%<br />

* 2003: réduction de 70%<br />

* 2005: élimination totale<br />

Pays soumis à l’Article 5 * 2002: gel de la production et de la<br />

(pays en voie de<br />

consommation basé sur la moyenne<br />

développement) 1995-1998<br />

* 2005: réduction de 20%<br />

* 2015: élimination totale<br />

Tous pays confondus<br />

Actuellement, les utilisations de<br />

quarantaine et de pré-expédition<br />

ne sont pas soumises à l’élimination.<br />

Cela implique par exemple<br />

des traitements requis par des<br />

pays importateurs pour<br />

empêcher l’introduction de parasites<br />

ou maladies justiciables de<br />

quarantaine potentiellement<br />

présents dans des céréales.<br />

Quelques rares exemptions<br />

peuvent être accordées pour des<br />

cas « critiques » ou « d’urgence ».<br />

La Communauté Européenne a volontairement accéléré son plan<br />

d’élimination comme suit:<br />

♦ Réduction de 25% de la production par rapport au niveau<br />

de 1991, d’ici 1999<br />

♦ Réduction de 60% d’ici 2001<br />

♦ Réduction de 75% d’ici 2003<br />

♦ Elimination totale d’ici au 31 décembre 2004.<br />

Cependant, l’utilisation de bromure de méthyle est autorisée en UE<br />

pour l’agriculture jusqu’au 31 décembre 2005.<br />

15


Chapitre 1<br />

Alternatives au Bromure de Méthyle<br />

en floriculture<br />

Pourquoi utiliser le bromure de méthyle en<br />

floriculture ?<br />

La production floricole commerciale mondiale se caractérise par<br />

d’importants investissements et des exigences de première qualité qui<br />

impliquent souvent une utilisation intense de pesticides. Le<br />

consommateur souhaite des fleurs parfaites, non abîmées par des parasites<br />

ou maladies. Par ailleurs, on cultive de plus en plus de fleurs dans<br />

des pays tropicaux où le climat favorable permet une bonne production<br />

annuelle à des coûts raisonnables. Les fleurs sont alors exportées vers<br />

des pays tempérés. Le commerce grandissant des fleurs a conduit à<br />

l’instauration de mesures phytosanitaires strictes aux ports d’entrée, les<br />

autorités concernées devant éviter toute introduction et propagation<br />

de parasites dans leur pays: les exportateurs doivent en général envoyer<br />

des fleurs non-porteuses de maladies et de parasites.<br />

Plus important encore, dans chaque pays où l’on cultive des fleurs à but<br />

commercial, la production est particulièrement touchée par des maladies<br />

graves qui règnent et se développent dans le sol, provoquant<br />

d’importantes pertes en qualité et en rendement. Il peut être difficile<br />

d’éliminer ces organismes nocifs du sol qui rendent parfois inaptes à la<br />

production de fleurs sensibles des régions entières et exigent une<br />

désinfestation complète du sol. Le traitement de choix a<br />

traditionnellement été la fumigation au bromure de méthyle, étant donné<br />

son large spectre d’action, son efficacité et son coût généralement<br />

inférieur à celui d’autres fumigants.<br />

17


Tableau 2. Exemples de maladies et parasites du sol des fleurs coupées<br />

Fleur Nom Usuel Cause<br />

Œillets Flétrissure vasculaire Fusarium oxysporum f.sp. dianthi<br />

Anguillule à kyste,<br />

anguillule-épingle, Heterodera sp, Paratylenchus sp<br />

anguillule des racines Pratylenchus spp<br />

Scutigerelle,<br />

Collembolas Classe des Symphyllidae, Collembola<br />

Limaces et escargots Classe des Gastéropodes<br />

Roses<br />

Tumeur bactérienne<br />

du collet<br />

Nématodes,<br />

anguillule des<br />

racines, anguillule<br />

Scutigerelle,<br />

Collembolas<br />

Agrobacterium tumefaciens<br />

Meloidogyne sp, Pratylenchus sp<br />

Classe des Symphyllidae, Collembola<br />

Chrysanthèmes Pourridié Phoma chrysanthemicola<br />

Fusariose Fusarium oxysporum f.sp.<br />

chrysanthemi<br />

Nématodes – Aphelenchoides sp,<br />

anguillules, Pratylenchus sp, Meloidogyne<br />

anguillule Pythium sp, Sclerotinia sclerotiorum,<br />

des prairies, Rhizoctonia sp, Sclerotium rolfsii,<br />

anguillule des Verticillium sp<br />

racines et de la tige<br />

Tumeur bactérienne<br />

du collet<br />

Agrobacterium tumefaciens<br />

Scutigerelle,<br />

Collembolas Classe des Symphyllidae, Collembola<br />

Limaces et escargots Classe des Gastéropodes<br />

Callas Pourriture molle Erwinia carotovora<br />

Héliconias Pourriture sèche Pseudomonas solanacearum race 1<br />

Bulbes Nématodes Ditylenchus sp et autres<br />

Toutes Mauvaises herbes Oxalis sp, Cyperus sp<br />

Nématodes Plusieurs genres<br />

18


Fig. 1. Couches traitées au bromure de méthyle<br />

dans une exploitation de fleurs tropicales au Costa<br />

Rica.<br />

Quelles autres solutions sont disponibles?<br />

Sensibilisés à l’élimination du bromure de méthyle, de nombreux producteurs<br />

de fleurs du monde entier ont exprimé leur inquiétude, invoquant qu’aucune<br />

alternative n’était aussi efficace que ce fumigant et qu’étant donnée l’exigence<br />

de qualité imposée sur leurs produits, ils risquaient de faire faillite.<br />

Il est toutefois possible de produire des fleurs d’excellente qualité sans<br />

bromure de méthyle. La Colombie en est le meilleur exemple: après<br />

l’échec des premiers essais avec du bromure de méthyle il y a 30 ans, les<br />

producteurs ont été forcés de trouver des solutions alternatives. Depuis<br />

longtemps, la Colombie est le deuxième pays exportateur après les Pays<br />

Bas; sa production dépassait les US$600 millions en 1999. Les<br />

producteurs expérimentés ont utilisé le bromure de méthyle au début<br />

de leurs activités mais ont abandonné son utilisation car a) son applica<br />

Photo: Marta Pizano.<br />

Fig. 2. Floriculture colombienne pratiquée sans bromure<br />

de méthyle. Certaines conditions comme une teneur<br />

élevée en matière organique dans les sols peuvent rendre<br />

ce fumigant toxique pour les plantes.<br />

Photo: Marta Pizano.<br />

19


tion était trop compliquée et dangereuse et b) à l’époque, il était<br />

considéré comme trop onéreux. (Aujourd’hui, de nombreux<br />

producteurs du monde entier contestent cette théorie et estiment que<br />

le bromure de méthyle est moins onéreux que d’autres alternatives).<br />

Par ailleurs, la raison la plus valable justifiant de ne pas utiliser le bromure<br />

de méthyle en Colombie réside dans le taux très élevé de matière organique<br />

contenue dans le sol colombien (18% en moyenne). Le brome issu du<br />

bromure de méthyle se fixe dans le sol, provoquant des problèmes de<br />

phytotoxicité difficiles à résoudre. Bien que très récemment, certains<br />

producteurs de fleurs colombiens ont essayé le bromure de méthyle (avec<br />

de bons résultats semble-t-il) mais la plupart (95%) refusent de l’utiliser<br />

pour désinfester le sol.<br />

Pour remplacer le bromure de méthyle, le producteur doit procéder à<br />

une nouvelle approche de production. Aucune substance unique ne<br />

peut le remplacer; il convient alors de combiner plusieurs mesures pour<br />

parvenir à réduire une maladie. Cette stratégie, appelée <strong>Lutte</strong><br />

<strong>Phytosanitaire</strong> Intégrée (LPI), est détaillée dans le prochain chapitre.<br />

Dans certains pays, on utilise déjà plusieurs alternatives au bromure de<br />

méthyle en floriculture, souvent avec d’excellents résultats. Le Tableau<br />

3 cite quelques exemples.<br />

Ce manuel s’intéressera particulièrement aux alternatives les mieux<br />

adaptées à la floriculture. Selon les conditions environnementales, l’offre,<br />

les infrastructures disponibles, certaines alternatives seront plus adaptées<br />

que d’autres pour un producteur donné. Le meilleur choix consiste<br />

cependant à combiner ces méthodes en un programme unique de façon<br />

à ce qu’elles donnent les meilleurs résultats. Ceci nous conduit à la<br />

notion de LPI.<br />

La LPI n’est en rien un nouveau concept en agriculture ni en floriculture.<br />

Les chercheurs l’abordaient déjà dans les années 50 et 60 et certains<br />

producteurs s’intéressaient à son application. Au cours des 15 dernières<br />

années, cette solution s’est avérée particulièrement intéressante d’un<br />

point de vue commercial pour les raisons évoquées ci-dessus et des études<br />

de cas détaillées sont disponibles. Enfin, d’excellentes publications existent<br />

sur ce sujet et méritent d’être consultées (voir également l’Annexe<br />

I pour les documentations sur les alternatives au bromure de méthyle).<br />

20


Tableau 3. Exemples d’alternatives au bromure de méthyle utilisées<br />

en floriculture dans le monde entier.<br />

Type de Production<br />

Alternative<br />

Pays<br />

Cultures<br />

Vapeur Brésil, Colombie, Europe, USA<br />

protégées<br />

Solarisation Pays industrialisés, Jordanie,<br />

Liban, Maroc<br />

<strong>Lutte</strong> biologique<br />

Pays industrialisés<br />

Substrats<br />

Brésil, Canada, Europe, Maroc,<br />

Tanzanie, USA, Colombie<br />

Amendements organiques Tous<br />

Rotation des cultures Tous<br />

Variétés résistantes Tous<br />

Biofumigation<br />

Pays industrialisés (Espagne)<br />

Métam-sodium<br />

Pays industrialisés, Jordanie,<br />

Liban, Maroc, Colombie<br />

Champs à Dazomet, Métam-sodium Pays industrialisés, Brésil, Costa<br />

ciel ouvert<br />

Rica, Egypte, Jordanie, Liban,<br />

Maroc, Tunisie<br />

1,3 Dichloropropène Pays industrialisés<br />

Chloropicrine<br />

Pays industrialisés, Zimbabwe<br />

Amendements organiques Tous<br />

Rotation des cultures Tous<br />

Variétés résistantes Tous<br />

Solarisation<br />

Pays industrialisés<br />

Adapté du Rapport du Comité des Choix Techniques pour le Bromure de Méthyle. 1998 Assessment of<br />

Alternatives to Methyl Bromide. PNUE, 1999.<br />

Après en avoir pris connaissance, de nombreux producteurs réaliseront<br />

qu’ils utilisent déjà de nombreuses composantes de la LPI:<br />

· Systèmes d’irrigation évitant d’asperger de l’eau et donc de<br />

disséminer certains parasites et maladies<br />

· Achat de boutures, graines ou plantes auprès de sélectionneurs<br />

de semences ou de spécialistes en multiplication végétative<br />

renommés garantissant des produits sains<br />

· Utilisation de systèmes de ventilation dans des serres<br />

Ces exemples de pratiques peuvent figurer dans une approche intégrée<br />

visant à éradiquer parasites et maladies. L’étape suivante consiste à<br />

organiser l’information tirée de ces pratiques pour établir un programme<br />

structuré qui mènera à une gestion intégrée des pathogènes menaçant<br />

une culture spécifique.<br />

21


Avantages de la LPI<br />

La LPI permet d’obtenir des résultats inestimables sur lesquels il faudrait<br />

toujours insister auprès des producteurs quand la LPI leur est expliquée:<br />

par exemple, il est tout à fait possible de réduire l’utilisation globale de<br />

pesticides et continuer à utiliser ces substances chimiques avec prudence.<br />

Les producteurs appliquant des LPI ont réduit de plus de 40% la quantité<br />

totale de pesticides, ce qui est considérable, comparé à l’ancienne<br />

approche qui consistait à vaporiser plusieurs fois par semaine par simple<br />

prévention, sans même savoir si des parasites étaient encore présents.<br />

Non seulement cette production est acceptable pour l’environnement<br />

mais à long terme, elle représente d’importantes économies. Il en est de<br />

même pour d’autres aspects de la production comme la gestion des<br />

déchets, l’utilisation de l’eau, etc. Les avantages d’une LPI sont à la fois<br />

d’ordre environnemental et économique.<br />

22


Chapitre 2<br />

<strong>Lutte</strong> <strong>Phytosanitaire</strong> Intégrée –<br />

Approche respectueuse de<br />

l’environnement<br />

La LPI est la meilleure approche pour contrôler et éliminer tous les<br />

problèmes phytosanitaires. Cette technologie efficace a fait ses preuves en<br />

floriculture dans le monde entier et constitue une excellente alternative au<br />

bromure de méthyle et autres fumigants du sol, toxiques et dont l’utilisation<br />

risque d’être réduite au minimum voire interdite dans un avenir proche.<br />

Il est important de réduire l’utilisation de pesticides puisque depuis plusieurs<br />

années, les consommateurs de fleurs du monde entier incitent fermement les<br />

producteurs à appliquer des pratiques plus acceptables pour l’environnement.<br />

En fait, des programmes de labels écologiques comme le Milieu Project<br />

Sierteelt (MPS) néerlandais, le programme colombien Florverde, les<br />

Programmes allemand et kenyan d’Etiquetage des Fleurs (PEF) se<br />

développent de plus en plus. Bien que différents, ces labels s’engagent<br />

fermement à éviter toute contamination par des substances chimiques,<br />

préserver l’écologie du sol (menacé par le bromure de méthyle) et réduire les<br />

risques pour la santé des hommes lors de l’application de substances chimiques.<br />

Certains labels (MPS) interdisent notamment l’utilisation de bromure de<br />

méthyle. Selon de nombreux experts de l’industrie, seuls les producteurs qui<br />

respectent l’un ou plusieurs de ces programmes conserveront une part<br />

satisfaisante du marché dans un avenir proche.<br />

MPS<br />

MILIEU PROJECT SIERTEELT<br />

Floriculture Environment Project<br />

Flower Label Program<br />

Trois des programmes écologiques ou de labels écologiques actuellement utilisés<br />

en floriculture: Florverde (Colombie), MPS (Pays Bas) et le Programme d’Etiquetage<br />

des Fleurs (Allemagne).<br />

23


Les producteurs du monde entier recherchent activement des pratiques<br />

leur garantissant une production plus durable. Le terme « durable »<br />

s’applique aux méthodes de production qui peuvent être appliquées sur<br />

une période de temps illimitée sur un même site, sans appauvrir les ressources<br />

naturelles. En d’autres termes, on souhaite protéger davantage les sols,<br />

l’eau, l’air, les populations animales et végétales naturelles (micro-organismes<br />

y compris) et utiliser en quantités bien moindres les pesticides et fumigants,<br />

substances potentiellement polluantes et susceptibles de les intoxiquer.<br />

Dans la production de fleurs coupées et de plantes d’ornement, la LPI répond<br />

à une utilisation rationnelle des pesticides en général et à une meilleure<br />

préservation des ressources naturelles et permet d’éliminer le bromure de<br />

méthyle. L’essentiel de la LPI est résumé dans le (Tableau 4).<br />

Qu’est-ce que la LPI?<br />

La LPI est une autre approche pour éliminer les parasites et maladies.<br />

Au préalable, le producteur doit impérativement collecter des informations<br />

et apprendre à les exploiter. Il doit bien se documenter sur les<br />

parasites et maladies qui attaquent une culture:<br />

· Mode de reproduction et de propagation ?<br />

· Cycle de vie ?<br />

· Conditions environnementales favorisant leur développement ?<br />

· Variétés les plus fragiles et les variétés résistantes ?<br />

Une fois ces informations collectées, il est possible d’élaborer un programme<br />

pour réduire, avec plusieurs outils, les populations de parasites ou les maladies.<br />

Par nature, la LPI inclut l’utilisation de tous les moyens possibles (et<br />

pas uniquement un contrôle chimique) pour réduire et prévenir la fréquence<br />

et les effets d’une maladie ou d’un parasite. Cette méthode contribue d’une<br />

certaine façon à réduire les parasites et à utiliser bien moins de pesticides<br />

chimiques, même si, à elle seule, elle parvient rarement à traiter totalement<br />

le sol. Pour de nombreux chercheurs et producteurs, la LPI constitue<br />

aujourd’hui la seule solution durable pour éliminer les maladies et parasites<br />

dangereux qui attaquent de nombreuses cultures.<br />

Quelle est son efficacité?<br />

Dans la pratique, la LPI apporte d’excellents résultats non seulement en<br />

améliorant l’efficacité de l’entreprise productrice mais aussi parce que, à<br />

24


terme, elle permet d’économiser des ressources naturelles et de l’argent.<br />

Au cours des dernières années, producteurs et chercheurs ont obtenu des<br />

résultats si encourageants avec cette stratégie que la LPI se développe et on<br />

commence à introduire le concept de <strong>Lutte</strong> des Cultures Intégrées (LCI).<br />

La LCI s’explique ainsi: puisque toute action d’un producteur (arrosage,<br />

amendement, pratiques culturales, etc.) peut influer sur la reproduction et<br />

la propagation de parasites et maladies, il convient de considérer ces pratiques<br />

lors de l’élaboration de programmes ou contrôles phytosanitaires.<br />

Par exemple, irriguer au goutte à goutte peut permettre de réduire la propagation<br />

de certains pathogènes causée par l’aspersion d’eau; certains champignons<br />

se développent davantage lorsque les plantes sont amendées avec de<br />

l’azote sous forme d’ammonium plutôt qu’avec des nitrates, etc.<br />

Les principales composantes de la LPI sont décrites ci-dessous. Chacune<br />

de ces composantes sera ensuite détaillée. Il est essentiel de garder à<br />

l’esprit que chaque méthode appliquée isolément permettra rarement<br />

de maîtriser un problème. Au contraire, c’est en combinant plusieurs<br />

techniques que l’on obtiendra des résultats satisfaisants.<br />

De nombreux pays recourent à la LPI en floriculture pour éliminer avec<br />

succès parasites et maladies. Par exemple, dans le cas de la fusariose de<br />

l’œillet, les producteurs colombiens utilisant cette méthode ne<br />

rapportent que de 1-2% de pertes par an dues à cette maladie par rapport<br />

aux 20-40%, voire plus, lorsqu’ils ne recourent qu’à la désinfestation<br />

des sols. Cela signifie également une baisse globale de l’utilisation de<br />

pesticides et non uniquement des fumigants du sol. La LPI contribue<br />

nettement à protéger l’environnement, améliorer la sécurité des<br />

travailleurs et réduire les coûts de production à long terme.<br />

1. Dépistage ou surveillance<br />

En clair, le dépistage constitue la base de la LPI. En termes simples,<br />

dépister ou surveiller implique de se rendre sur le terrain pour chercher<br />

si la culture présente des symptômes ou indique la présence concrète<br />

d’une maladie ou d’un parasite connu pour endommager les fleurs<br />

cultivées. En dépistant sa culture, un producteur ou un technicien ne<br />

découvre pas uniquement les parasites ou maladies qui attaquent ses<br />

plantes (heureusement, jamais plus de trois ou quatre, bien qu’ils puissent<br />

se révéler sérieux), il peut également les détecter rapidement et même<br />

découvrir leur source. Il est essentiel de détecter les parasites et mala-<br />

25


Tableau 4. Principales composantes de la <strong>Lutte</strong> <strong>Phytosanitaire</strong> Intégrée.<br />

1. Surveillance (dépistage)<br />

♦ Ressources humaines – Personnel formé pouvant détecter et identifier des<br />

problèmes sur le terrain<br />

♦ Cartographie – Identification des zones infestées (foyers) et des parasites/<br />

maladies présents<br />

♦ Collecte des informations – déterminer un seuil d’action<br />

♦ Evaluation et décisions – convient-il d’appliquer des mesures, allant de<br />

l’« action zéro » à l’utilisation de pesticides, où et quand ?<br />

2. Contrôle par exclusion<br />

♦ Mise en quarantaine de plantes et révisions<br />

♦ Matière végétale saine<br />

3. <strong>Lutte</strong> culturale<br />

♦ Eviter que des mauvaises herbes ou autres plantes agissent comme hôtes<br />

intermédiaires<br />

♦ Rotation des cultures<br />

♦ Bonne ventilation pour réduire la maladie (provoquée par un champignon<br />

par exemple)<br />

♦ Maintenir en bon état les couvertures des serres et garder les zones de culture propres<br />

♦ Choisir des pratiques d’amendement et d’arrosage empêchant la propagation<br />

des parasites<br />

♦ Limiter le passage des travailleurs et véhicules entre les zones touchées et les zones saines<br />

4. <strong>Lutte</strong> physique<br />

♦ Pièges à insectes (jaunes, bleus) pour réduire et surveiller les populations<br />

♦ Moustiquaires et autres écrans limitant l’entrée des insectes<br />

♦ Aspirateurs ou pompes aspirantes pour attraper les insectes<br />

♦ Arrachage des plantes malades et traitement des infestations localisées<br />

♦ Stérilisation du sol par vapeur avant plantation<br />

♦ Décontamination des chaussures, outils, etc.<br />

♦ Substrats hors-sol<br />

♦ Solarisation<br />

5. <strong>Lutte</strong> biologique<br />

♦ Biopesticides (certains sont aujourd’hui disponibles dans le commerce)<br />

♦ Agents de lutte biologique utilisés à but expérimental à plusieurs reprises<br />

mais très prometteurs<br />

♦ Incorporer du compost et/ou des organismes utiles dans le sol<br />

6. Contrôle génétique<br />

♦ Variétés résistantes, disponibles pour certains parasites et maladies<br />

7. Contrôle chimique<br />

♦ Fumigants du sol et autres pesticides<br />

♦ Désinfectants<br />

26


dies dès le début, de traiter les foyers dès leur apparition et d’utiliser<br />

si possible des solutions autres que chimiques. Un producteur doit<br />

bien comprendre l’importance de cette phase: il doit absolument<br />

prévoir dans son budget des fonds pour mettre en œuvre ce dépistage.<br />

Un bon programme de dépistage<br />

implique les procédures suivantes:<br />

Formation<br />

Les employés doivent être<br />

spécialement affectés et formés à cette<br />

tâche. Ils doivent savoir se concentrer<br />

sur des détails et être des observateurs<br />

attentifs. Les prospecteurs doivent<br />

apprendre à distinguer les symptômes<br />

d’une maladie ou d’un parasite<br />

spécifique dès que possible. Des<br />

supports visuels (diapositives, images<br />

ou illustrations) ainsi que des<br />

démonstrations in situ peuvent leur<br />

être très utiles.<br />

Fig. 3. Dépistage de parasites et de maladies<br />

dans une exploitation colombienne de<br />

chrysanthèmes.<br />

Certaines personnes possèdent des<br />

aptitudes particulières pour dépister. Il est logique de les nommer pour<br />

cette tâche. Il est également très utile de former chaque employé de<br />

l’exploitation car emballeurs, cueilleurs, arroseurs et autres peuvent<br />

grandement contribuer à signaler les premiers symptômes d’un parasite<br />

ou maladie s’ils savent comment les repérer. Rappelez-vous: plus<br />

un problème est détecté tôt, plus il sera facile à éliminer.<br />

Cartographie<br />

raphie<br />

Toutes les zones de culture<br />

doivent faire l’objet d’une<br />

cartographie. Les prospecteurs<br />

doivent effectuer leur travail sur<br />

une carte ou un plan de la zone<br />

qu’ils examinent. En effet, il<br />

est très utile de savoir où et<br />

quand une maladie ou un<br />

parasite apparaît et cela peut<br />

Fig. 4. La cartographie et l’enregistrement des<br />

données sont essentiels dans le cadre d’une LPI.<br />

Photo: Asocolflores.<br />

Photo: Asocolflores.<br />

27


permettre de ne traiter que le foyer sans avoir à traiter toute la zone.<br />

L’utilisation de pesticides s’en trouvera ainsi réduite. Une information<br />

archivée peut se révéler importante pour l’avenir: si le producteur<br />

sait par exemple qu’une variété d’œillet a été naguère ravagée par le<br />

flétrissement sur une zone donnée, il évitera de replanter la même<br />

espèce ou une autre espèce sensible dans la même couche. Cela indique<br />

quelles variétés sont plus sensibles à un fléau et quand ce fléau survient<br />

habituellement (par temps sec ou humide; les jours/nuits froids ou<br />

chauds). Enfin, la cartographie détermine si un fléau particulier peut<br />

provenir d’une exploitation voisine ou de la décharge.<br />

Les prospecteurs doivent être formés pour évaluer ou classifier l’ampleur<br />

des dommages observés. On peut attribuer un chiffre en fonction de la<br />

gravité du fléau (par exemple 1 s’il est très grave, 2 s’il est moyennement<br />

grave et 3 s’il est faible). Utiliser des codes de couleur peut également se<br />

révéler utile (rouge pour une récolte très touchée, jaune si elle l’est<br />

moyennement et vert si elle est peu touchée). Ainsi, chiffres ou couleurs<br />

reportés sur la carte permettront d’évaluer avec précision un fléau<br />

particulier, comment il se propage, quelles variétés sont touchées, etc.<br />

Seuil d’action<br />

Pour les principaux parasites ou maladies nécessitant une action<br />

immédiate, il est important d’établir un seuil d’action. Même si<br />

l’exigence de qualité des fleurs coupées est très élevée (chacun veut des<br />

fleurs parfaites), les producteurs peuvent souvent attendre que le<br />

problème prenne de l’ampleur pour appliquer un traitement particulier.<br />

Par exemple, il est possible de tolérer des populations de thrips avant<br />

d’appliquer des pesticides. En surveillant ces populations, les producteurs<br />

peuvent déterminer leur seuil de tolérance au-delà duquel ils<br />

entreprendront des actions d’élimination. Un seuil d’action est plus<br />

pratique qu’un « seuil d’endommagement », car il dépend de la propre<br />

expérience de l’exploitant et de son évaluation des risques. De nombreux<br />

calculs sont nécessaires pour établir un seuil d’endommagement. Des<br />

informations archivées collectées comme décrit précédemment s’avèrent<br />

essentielles pour établir un tel seuil et très utiles dans le temps. Elles<br />

peuvent également aider un producteur à décider d’appliquer des<br />

traitements préventifs avant qu’un problème ne prenne trop d’ampleur.<br />

Evaluation de l’information et prise de décisions<br />

Les informations de dépistages sont à la base de toute décision importante<br />

de la part des chefs de culture ou des coordinateurs concernant:<br />

28


l’opportunité et le moment d’appliquer un pesticide ou un fumigant ; les<br />

types (et même variétés de fleurs) à utiliser pour les nouvelles plantations ;<br />

les problèmes auxquels on peut s’attendre en fonction des conditions<br />

climatiques. Par exemple, un sol humide favorise le développement de<br />

champignons du sol comme le Rhizoctonia et le Pythium alors que certains<br />

parasites comme les tétranyques préfèrent des conditions chaudes et sèches.<br />

2. Contrôle par exclusion<br />

Trois conditions doivent être réunies pour qu’un parasite ou une maladie<br />

apparaisse à un moment donné:<br />

Un hôte sensible,<br />

Un parasite virulent ou un agent pathogène,<br />

Des conditions climatiques adéquates.<br />

On peut éviter de façon substantielle voire optimale leur apparition<br />

si un parasite n’entre en aucun cas en contact avec son hôte sensible<br />

(pendant une période sensible). L’environnement pouvant être<br />

modifié (voir paragraphe 3 sur la lutte culturale ci-dessous), deux<br />

alternatives fructueuses s’offrent alors:<br />

Quarantaines et inspections des plantes<br />

L’introduction d’une nouvelle variété ou substance végétale<br />

étrangère dans un pays ou une zone de culture devrait être soumise<br />

à une surveillance attentive. Les gouvernements disposent souvent<br />

de programmes et législations spécifiques à cet effet exigeant que<br />

l’importateur de plantes ou de graines ainsi que l’exportateur ou le<br />

fournisseur respectent des réglementations pour garantir la santé<br />

de cette plante étrangère.<br />

Toutefois, un producteur peut également mener son propre programme<br />

de quarantaine et isoler des nouveaux produits jusqu’à ce qu’il soit assuré<br />

de leur bon état. Il est possible aujourd’hui de tester avant plantation la<br />

présence de certains champignons et virus dans des boutures, portegreffes,<br />

racines et même des graines. Une substance végétale contaminée<br />

peut par conséquent être éliminée avant de provoquer des dégâts.<br />

Matière végétale saine<br />

On n’insiste jamais assez sur l’importance d’utiliser des matières<br />

végétales saines. Le risque le plus manifeste de propagation de parasites<br />

ou de maladies passe par la matière végétale, notamment lors<br />

de la multiplication végétative (bouturage). Trop souvent cependant,<br />

29


30<br />

Photo: Asocolflores.<br />

des graines, boutures ou portegreffes<br />

en apparence sains sont<br />

porteurs de faibles populations<br />

d’un organisme dangereux qui<br />

se développe et provoque une<br />

épidémie quand la plante<br />

grandit et/ou lorsque les conditions<br />

environnementales sont<br />

réunies. De nombreuses maladies<br />

graves ont ainsi été<br />

introduites dans des zones de<br />

culture ou des pays sains au préalable. La matière végétale peut être<br />

testée en laboratoire spécialisé et les producteurs peuvent demander<br />

des substances soumises à des contrôles d’hygiène réglementaires<br />

auprès de leurs fournisseurs. Cette certification peut être obtenue<br />

auprès d’agences gouvernementales chargées de l’agriculture.<br />

Fig. 5. La culture de tissus végétaux est la méthode<br />

la plus efficace pour obtenir une matière végétale saine.<br />

3. <strong>Lutte</strong> culturale<br />

De nombreuses pratiques culturales peuvent entraver ou retarder la<br />

dissémination d’un problème. La plupart de ces pratiques consistent à<br />

maintenir les zones de culture saines mais également essayer d’influer sur le<br />

milieu ambiant pour éviter qu’il ne soit vecteur de la maladie (sans toutefois<br />

nuire à la plante). La stratégie choisie dépendra entre autres du parasite ou<br />

de la maladie spécifique à éliminer, des conditions de culture, des espèces<br />

de fleurs et de variétés cultivées. Les exemples qui suivent illustrent ce propos:<br />

Elimination des mauvaises aises herbes<br />

De nombreuses mauvaises herbes communes (et également des plantes<br />

non considérées comme des mauvaises herbes) peuvent servir d’hôte<br />

intermédiaire pour de nombreux parasites ou maladies. Ainsi, lors du<br />

traitement de plantes cultivées, les parasites peuvent survivre sur des<br />

mauvaises herbes anodines, puis se propager à nouveau sur les plantes<br />

cultivées une fois l’effet de la substance chimique (ou d’un autre<br />

traitement) dissipé. C’est pourquoi les mauvaises herbes sont très<br />

souvent des parasites à éliminer absolument. C’est le cas des espèces<br />

Oxalis sp et Cyperus, actuellement éliminées par le bromure de<br />

méthyle dans des exploitations floricoles de certains pays. Si le coût<br />

de l’arrachage manuel des mauvaises herbes est acceptable, cette solution<br />

devra être envisagée. Dans tous les cas, n’attendez pas que la<br />

plante fleurisse ou graine pour éliminer les mauvaises herbes.


Rotation des cultures<br />

es<br />

Certains parasites ou maladies sont spécifiques à leur hôte et mourront<br />

en leur absence. Ainsi, il serait judicieux d’alterner la culture infestée avec<br />

une autre pendant un certain temps. Cette période dépend principalement<br />

de la capacité de survie du pathogène en l’absence de son hôte. Pourtant,<br />

cette solution n’est pas souvent envisageable en floriculture car des fleurs<br />

comme les roses, par exemple, ont des cycles productifs trop longs (5 à<br />

10 ans) pour procéder à une rotation. Dans d’autres cas, l’agent pathogène<br />

survit très longtemps, même en l’absence d’un hôte sensible puis redevient<br />

infectieux dès que ce dernier est replanté au même endroit. Tel est le cas<br />

de la fusariose, de la tumeur bactérienne du collet (Agrobacterium) entre<br />

autres. Dans d’autres cas (comme les nématodes), le spectre d’hôtes<br />

du pathogène est si étendu que la rotation ne permet pas de réduire<br />

significativement les populations.<br />

Ventilation<br />

Lorsque les plantes poussent de façon trop rapprochée, l’air circule mal<br />

et une humidité s’installe, favorisant le développement de nombreux<br />

champignons comme le Botrytis et le mildiou. Au lieu d’appliquer des<br />

pesticides, on peut améliorer la circulation de l’air pour réduire la maladie,<br />

avec une densité de plantation adéquate. Ceci est particulièrement important<br />

pour les cultures sous serre. Les serres trop vastes ou trop basses<br />

par exemple sont plus difficiles à ventiler et leur température peut s’élever,<br />

ce qui peut favoriser l’apparition de parasites.<br />

Entretien des serres<br />

es<br />

Les serres devront toujours être propres et en bon état. On utilise<br />

des serres pour améliorer l’environnement des plantes cultivées mais<br />

Fig. 6. Une hygiène parfaite et des couvertures de serre en<br />

bon état aident à maintenir des végétaux sains<br />

Photo: Marta Pizano.<br />

31


également pour éviter le développement d’un parasite ou d’une<br />

maladie. De nombreuses rouilles et autres champignons comme la<br />

pourriture grise (Botrytis) n’apparaîtront sur les plantes qu’en présence<br />

d’eau sur les feuilles, quelle que soit l’humidité ambiante. Une serre<br />

bien ventilée pourvue de couvertures en bon état empêchera une<br />

trop grande quantité d’eau libre. Une serre pourvue de moustiquaires<br />

aux mailles serrées peut empêcher la plupart des insectes d’entrer.<br />

Règles sanitaires<br />

Il faut éliminer tout débris de plante dans une serre ou autre lieu de<br />

culture car nombre de parasites peuvent y survivre et s’y multiplier.<br />

Arracher ou ôter toute plante ou partie de plante malade peut réduire<br />

ou empêcher la dissémination d’un fléau.<br />

Fertilisation et arrosag<br />

osage<br />

Pour commencer, des plantes saines et bien nourries résistent davantage<br />

aux parasites et aux maladies que des plantes chétives. Cependant,<br />

fertiliser et arroser peuvent directement influer sur le développement<br />

et la propagation de nombreux parasites du sol (nématodes, champignons<br />

comme le Fusarium entre autres). Voici quelques exemples:<br />

- L’arrosage par gravité peut être le meilleur moyen de propager<br />

un champignon du sol et même certains nématodes et graines<br />

de mauvaises herbes dans une zone cultivée.<br />

- Une bonne texture du sol associée à un arrosage selon les besoins<br />

de la plante (en mesurant par exemple l’humidité du sol avec<br />

des tensiomètres) permet un drainage adéquat et contribue à<br />

éviter l’excès d’humidité du sol (facteur de développement de<br />

maladies).<br />

- Un pH acide empêche la croissance de bactéries et un pH basique<br />

empêche celle des champignons. Moduler le pH dès que possible<br />

(ne pas oublier de tenir compte de la préférence de la plante<br />

quant au pH) ou choisir un site de culture avec le pH souhaité,<br />

ce qui limitera le risque de maladies.<br />

- L’irrigation au goutte à goutte (si cette pratique s’adapte à<br />

l’espèce de fleur cultivée) peut réduire au minimum la propagation<br />

de certains insectes, nématodes et spores fongiques qui<br />

survient par aspersion d’eau.<br />

- Des chercheurs ont découvert que certains champignons comme<br />

le Fusarium, responsable de la flétrissure et du pourridié de<br />

nombreuses plantes et fleurs comme l’œillet et le chrysanthème, se<br />

développent plus rapidement lorsque les plantes sont amendées avec<br />

de l’azote sous forme d’ammonium plutôt qu’avec des nitrates.<br />

32


Limitation de l’accès aux serres es et aux zones de culture<br />

La plupart des organismes du sol se propagent par le sol. Pour cette<br />

raison, les travailleurs qui se rendent d’une zone infestée vers une zone<br />

saine peuvent contribuer à la dissémination du fléau en transportant ce<br />

dernier sous leurs pieds. Il en est de même pour les visiteurs ou les<br />

véhicules qui se rendent à l’exploitation. Même des enfants ou animaux<br />

familiers peuvent agir comme « vecteurs ». Cette situation peut être<br />

évitée en limitant les mouvements à l’intérieur des zones de culture et<br />

en attribuant une zone spécifique à chaque employé. En cas de<br />

mouvements, on peut utiliser une solution désinfectante entre chaque<br />

zone pour y tremper les chaussures; certains exploitants utilisent de la<br />

chaux dont le pH très élevé élimine les champignons.<br />

4. Contrôle physique<br />

Parmi les contrôles physiques, on compte toute protection ou traitement<br />

non-chimique qui réduit, prévient ou tue maladies ou parasites. Les<br />

exemples suivants illustrent ce propos et même si certains ne constituent<br />

pas par nature des alternatives au bromure de méthyle, il convient<br />

de les prendre en compte lors d’un programme de LPI:<br />

Pièges englués<br />

Les insectes volants comme les thrips ou les mineuses sont attirés<br />

par certaines couleurs comme le jaune vif. Le bleu et le blanc attirent<br />

également les thrips. Les pièges, faits de carrés de carton ou de<br />

plastique rigide recouverts d’une substance collante, sont dispersés<br />

Photo: Natalia Martínez et Rodrigo Rodríguez.<br />

Fig. 7. Les pièges jaunes attirent un large spectre<br />

d’insectes. Des grands pièges comme ceux-ci<br />

permettent de réduire les populations d’insectes.<br />

Fig. 8. Les pièges bleus englués<br />

attirent les thrips et permettent<br />

d’évaluer les populations de cet<br />

insecte.<br />

Photo: Marta Pizano<br />

33


dans la serre parmi les plantes. Plusieurs préparations collantes sont<br />

disponibles sur le marché et l’on peut même utiliser de l’huile végétale<br />

à cette fin. Les spécimens adultes voleront jusqu’aux pièges et s’y<br />

colleront, permettant aux prospecteurs de les compter et d’établir, avec<br />

les informations sur les dégâts provoqués, un seuil d’endommagement<br />

précédemment décrit (ex: 1 à 5 adultes par semaine et par ½ hectare, il<br />

est inutile d’appliquer des pesticides; 6 à 10 adultes, il convient de<br />

procéder à une application et au-delà, un programme préventif est de<br />

rigueur). Certains producteurs utilisent également de longues bandes<br />

jaunes et/ou bleues de plastique collant à l’intérieur et autour des zones<br />

de culture afin de réduire les populations d’insectes et les entrées en<br />

provenance de sources extérieures. En règle générale, il faut utiliser 1-<br />

2 pièges englués pour 100m 2 de zone cultivée.<br />

Bien que les pièges englués constituent le moyen le plus efficace pour<br />

éliminer les parasites volants, le cycle de vie de certains d’entre eux<br />

comprend une ou plusieurs phases dans le sol (les thrips, par exemple, se<br />

métamorphosent en pupes dans le sol). Ce type de piège contribue donc<br />

indirectement à réduire les dégâts provoqués par des parasites du sol.<br />

Moustiquaires<br />

Lors de culture sous serre<br />

(notamment le type de serre<br />

pourvu de larges ouvertures<br />

comme celles en polyéthylène),<br />

il est possible d’installer<br />

des écrans à fines mailles qui<br />

empêchent les insectes les plus<br />

minuscules d’entrer. Certains<br />

d’entre eux comme les thrips<br />

Fig. 9. Des moustiquaires à fines mailles empêchent<br />

ou les pucerons étant vecteurs<br />

les insectes de pénétrer dans une serre.<br />

de certains virus, leur exclusion<br />

est doublement bénéfique. Toutefois, le problème de ces écrans est leur<br />

coût relativement élevé; ils sont plutôt destinés aux zones nécessitant un<br />

soin plus particulier comme les couches de multiplication. Un autre<br />

problème majeur est lié à la circulation de l’air considérablement restreinte,<br />

ce qui accroît l’hygrométrie dans la serre et peut provoquer d’autres<br />

maladies.<br />

Aspirateurs ou pompes aspirantes<br />

Des aspirateurs ressemblant aux aspirateurs domestiques sont utilisés<br />

Photo: Natalia Martínez Rodrigo Rodríguez.<br />

34


en Colombie et en Equateur pour<br />

« faire le ménage » plusieurs fois<br />

par semaine. Passés au-dessus et<br />

au-dessous du feuillage des plantes,<br />

les tuyaux de ces appareils aspirent<br />

les insectes adultes et immatures<br />

dans des sacs placés ensuite dans<br />

de l’eau chaude pour les tuer. Cette<br />

technique non-chimique s’est<br />

avérée une option efficace par rapport<br />

à la lutte chimique mais elle<br />

implique l’accès à l’électricité dans<br />

les rangées de fleurs.<br />

Traitement du foyer de la maladie<br />

Quand le dépistage révèle une<br />

plante ou un groupe de plantes<br />

touchées par un fléau particulier,<br />

il faut appliquer un programme<br />

d’éradication selon les<br />

caractéristiques spécifiques des<br />

parasites. Dans le cas de la<br />

fusariose de l’œillet, par exemple,<br />

la plante malade et toutes les<br />

plantes présentes dans un rayon<br />

de 1 mètre doivent être soigneusement<br />

arrachées, enfermées dans<br />

des sacs et sorties de la serre pour<br />

être incinérées.<br />

La zone qui a été arrachée est alors<br />

traitée au formaldéhyde, à la<br />

vapeur, à la chaux ou avec un<br />

fongicide systémique pour<br />

empêcher ou du moins retarder<br />

la dissémination du champignon<br />

sur d’autres plantes. Les foyers<br />

traités devront être signalés sur les<br />

cartes utilisées pour le dépistage<br />

représentant les rangées de fleurs.<br />

Fig. 10. Les aspirateurs sont très efficaces<br />

pour réduire les populations d’insectes<br />

volants. Le travailleur présente les résultats<br />

de son aspiration en Equateur.<br />

Fig. 11. Traitement local de fusariose<br />

de l’œillet.<br />

Photo: Floraculture International<br />

Photo: Germán Arbeláez<br />

35


Stérilisation du sol ou des substrats à la vapeur<br />

Si elle est correctement appliquée, la stérilisation à la vapeur est<br />

probablement la seule alternative dont les effets sont véritablement<br />

comparables à ceux du bromure de méthyle. Toutefois, pour une efficacité<br />

durable, cette technique doit être associée à un programme approfondi<br />

de LPI. La stérilisation à la vapeur est développée dans le chapitre 3.<br />

Substrats hors-sol<br />

Bien que, dans de nombreuses régions, on cultive les fleurs en couches<br />

de terre, les producteurs se tournent de plus en plus vers des couches<br />

surélevées constituées de différents substrats normalement dépourvus<br />

de parasites et maladies, facilement réutilisables après traitement. Des<br />

pays comme les Pays-Bas utilisent cette technique depuis longtemps<br />

car leur sol n’est pas propice à la culture en terre. De nouveaux substrats<br />

disponibles dans ce pays sont actuellement adaptés à l’étranger. Des<br />

exemples de telles expériences sont exposés au chapitre 5.<br />

Autres protections<br />

D’autres systèmes de protection peuvent être utilisés à l’entrée des<br />

serres ou des exploitations floricoles selon la nature du parasite ou de<br />

la maladie à éliminer. Par exemple, nombre de producteurs creusent<br />

des rigoles peu profondes remplies d’une solution désinfectante que<br />

traversent véhicules ou personnes avant d’entrer dans les zones<br />

Photo: Marta Pizano.<br />

Fig. 12. On utilise de la chaux pour<br />

créer une barrière entre zones<br />

contaminées et zones saines. Son pH<br />

élevé élimine les spores fongiques.<br />

Fig. 13. Travailleurs traversant une<br />

solution désinfectante pour<br />

éliminer de leurs chaussures<br />

d’éventuels pathogènes.<br />

Photo Natalia Martínez et Rodrigo Rodríguez.<br />

36


cultivées. On utilise également de la chaux en poudre, y compris sur<br />

le passage entre des zones saines vers les zones contaminées.<br />

Paillis plastiques<br />

On peut éliminer les mauvaises herbes, certains insectes et champignons<br />

en couvrant le sol d’une bâche plastique percée en certains points pour<br />

ne laisser pousser que les plantes souhaitées. Ce film est généralement<br />

noir pour éviter que ne filtre la lumière nécessaire à la germination de<br />

certaines graines et autres organismes. A l’inverse, on utilise également<br />

ce type de paillis pour<br />

accroître la quantité de<br />

lumière pour les plantes.<br />

Un film plastique en<br />

double épaisseur, noir<br />

sur le dessous et blanc<br />

sur le dessus maximisera<br />

l’intensité de la lumière<br />

tout en évitant aux<br />

mauvaises herbes et<br />

organismes nocifs de se<br />

développer. On utilise<br />

avec succès ce système<br />

pour cultiver des plantes<br />

comme le Limonium,<br />

Fig. 14. Des paillis plastiques comme celui-ci, posés sur<br />

des couches de limonium, ont leur face inférieure noire<br />

pour empêcher les mauvaises herbes de germer; leur face<br />

supérieure est blanche pour accroître la luminosité.<br />

(notamment du type perezzi) qui nécessitent une grande quantité de<br />

lumière pour produire des tiges de la hauteur souhaitée.<br />

Solarisation<br />

En couvrant le sol humide d’un film polyéthylène transparent les<br />

jours chauds et ensoleillés, la température de la couche supérieure du<br />

sol peut dépasser 50°C. Lorsque ces conditions climatiques durent<br />

plusieurs jours ou semaines, ces températures élevées peuvent pénétrer<br />

jusqu’à 30 cm dans le sol et tuer de nombreux champignons,<br />

nématodes et bactéries et réduire ainsi leur potentiel destructeur.<br />

La solarisation est une technologie qui a fait ses preuves sur de<br />

nombreuses pathologies. Toutefois, dans le cas de production intensive<br />

sur toute l’année comme la floriculture, un traitement de<br />

plusieurs semaines n’est pas rentable. Cette solution de substitution<br />

dépend surtout des conditions climatiques et les pathogènes<br />

ne seront éliminés qu’en partie si ces conditions ne sont pas réunies.<br />

Photo: Marta Pizano.<br />

37


5. <strong>Lutte</strong> biologique<br />

Ces dernières années, de nombreuses recherches à l’échelle mondiale se sont<br />

centrées sur la lutte biologique. Bien que les résultats actuellement obtenus en<br />

laboratoire soient souvent meilleurs que ceux obtenus dans les exploitations<br />

commerciales, l’utilisation de certains agents et systèmes de lutte biologique<br />

est très encourageante et peut être intégrée aux programmes de LPI avec<br />

d’excellents résultats. En outre, les producteurs ont de plus en plus accès à des<br />

formulations commerciales de ces agents de lutte biologique faciles à utiliser.<br />

Biopesticides<br />

Actuellement, des essais sont en cours et il est possible de se procurer<br />

sur le marché des formulations commerciales de pesticides à<br />

base d’organismes vivants. Il s’agit par exemple des extraits de neem<br />

(issu du margousier, Azadirachta indica), de nicotine, d’ail, de<br />

piment, de Bacillus thuringiensis, entre autres, utilisés principalement<br />

comme insecticides. Bien qu’ils n’éliminent pas totalement les parasites,<br />

leur faculté d’éliminer des organismes nocifs est appréciable.<br />

Plantes-pièges<br />

Les expériences menées avec des plantes-pièges ou repoussantes sont<br />

également intéressantes. Il s’agit de plantes qui attirent ou repoussent<br />

des pathogènes et les éloignent donc de la culture. D’excellents<br />

résultats ont été obtenus au Maroc et au Kenya avec des œillets<br />

d’Inde (Tagetes) pour piéger les nématodes; les plantes alliacées,<br />

elles, repoussent les nématodes.<br />

Agents de lutte biologique<br />

On a rapporté l’utilisation de nombreux agents de lutte biologique,<br />

avec des efficacités variables. On peut citer les champignons et bactéries<br />

parasites pour des champignons pathogènes (ex: Streptomyces,<br />

Pseudomonas fluorescens, formes non-pathogènes du Fusarium<br />

oxysporum qui agissent contre le pathogène responsable de la flétrissure<br />

de l’œillet, l’Agrobacterium radiobacter utilisé contre la tumeur<br />

bactérienne du collet), les nématodes prédateurs qui attaquent les<br />

nématodes parasites, les champignons qui attaquent les larves et œufs<br />

d’insectes (ex: le Verticillium lecanii) etc. Les résultats obtenus avec ces<br />

agents peuvent varier selon, par exemple, les conditions climatiques,<br />

les caractéristiques chimiques et structurelles du sol (pH, température,<br />

humidité, etc.). Dans certains pays, les producteurs utilisent également<br />

38


des solutions d’organismes<br />

utiles, contenant principalement<br />

des levures, bactéries<br />

comme le Streptomyces et<br />

autres genres de champignons<br />

naturels du sol. Ces prépa-rations<br />

peuvent être préparées<br />

directement dans l’exploitation<br />

avec de simples « unités<br />

de fermentation » composées<br />

de grands réservoirs où l’on<br />

améliore la culture de ces micro-organismes<br />

en ajoutant<br />

des sucres ou de l’azote<br />

(comme de la mélasse ou du<br />

lait). Cette procédure est simple<br />

mais nécessite un certain<br />

contrôle des températures et<br />

surtout une extrême propreté.<br />

Fig. 15. Un producteur peut cultiver directement<br />

des organismes utiles (on obtient des souches<br />

d’origine dans des laboratoires spécialisés).<br />

Le Trichoderma sp n’est pas<br />

Fig. 16. Bouillon de culture riche en organismes<br />

un agent de lutte biologique utiles prêt à être appliqué sur un compost ou un sol.<br />

nouveau mais suscite<br />

actuellement l’intérêt des floriculteurs en raison de son large spectre<br />

d’action. Une recherche approfondie sur le potentiel de ce champignon<br />

pour contrôler des maladies a été menée sur de nombreuses cultures,<br />

y compris les plantes d’ornement. Des souches et des variétés de<br />

Trichoderma peuvent favoriser la formation des racines et prévenir leur<br />

infection due à plusieurs pathogènes fongiques comme les Rhizoctonia,<br />

Pythium et Fusarium. Le Trichoderma peut s’adapter facilement à<br />

différents types de sol et agit sur de nombreuses cultures de fleurs. Il<br />

est actuellement disponible sous plusieurs formulations commerciales,<br />

appliquées par exemple après stérilisation du sol à la vapeur ou avec un<br />

compost contenant d’autres micro-organismes utiles.<br />

Biofumigation<br />

Certaines plantes, comme celles appartenant à la famille des crucifères<br />

(regroupant chou, chou-fleur, brocoli et chou de Bruxelles), libèrent<br />

des substances qui agissent comme pesticides naturels, lorsqu’on<br />

les utilise comme couvert végétal, paillis ou lorsqu’on les incorpore<br />

Photo: Natalia Martínez et Rodrigo<br />

Rodríguez.<br />

Photo: Marta Pizano.<br />

39


dans le sol. En fait, certaines de ces substances sont identiques à<br />

celles contenues dans des fumigants comme le métam-sodium. Bien<br />

qu’au stade expérimental, les résultats obtenus avec cette alternative<br />

dans certains pays comme l’Espagne sont encourageants.<br />

6. <strong>Lutte</strong> génétique<br />

Dans le monde entier, et notamment aux Pays-bas, en France et en<br />

Israël, les chercheurs consacrent beaucoup de temps et d’argent pour<br />

élever des variétés de plusieurs espèces de fleurs présentant différents<br />

degrés de résistance aux parasites et maladies les plus dangereux.<br />

Pour les pathogènes du sol qui s’attaquent aux fleurs, les meilleurs<br />

résultats ont été obtenus sur les œillets résistant à la fusariose. On dispose<br />

aujourd’hui d’une gamme importante d’espèces commercialement<br />

acceptables et très productives présentant divers degrés de résistance au<br />

Fusarium oxysporum F.sp. dianthi (facteur pathogène de la maladie).<br />

Dans ce cas, les variétés résistantes constituent des outils très utiles car<br />

on peut les cultiver dans des zones précédemment infestées (selon des<br />

programmes de surveillance); les espèces plus sensibles sont alors cultivées<br />

dans des zones plus saines, pour des raisons commerciales.<br />

Les porte-greffes utilisés pour greffer les plants de rosiers ont une<br />

sensibilité variable à l’Agrobacterium tumefasciens, facteur pathogène<br />

de la tumeur bactérienne du collet. Ce facteur doit être pris en compte.<br />

En fait, les cultivars d’une espèce donnée, pas uniquement de fleurs mais<br />

également de plantes en général, réagissent différemment en présence<br />

d’une maladie ou d’un parasite particulier. Chaque producteur peut tirer<br />

des informations essentielles de son expérience et de ses observations.<br />

7. <strong>Lutte</strong> chimique<br />

Les essais et les expériences sur les fumigants du sol ont démontré que<br />

leur efficacité varie selon des facteurs tels que les pathogènes à éliminer,<br />

les propriétés du sol et les espèces cultivées. Dans tous les cas, il faut<br />

considérer que ces fumigants peuvent (ou devraient) être utilisés dans le<br />

cadre d’une stratégie de LPI de façon que l’élimination des pathogènes<br />

ne repose pas uniquement sur ces fumigants. En fait, les combinaisons<br />

substances chimiques/autres méthodes de stérilisation du sol (vapeur par<br />

40


exemple) donnent des résultats variables. Par ailleurs, il faut utiliser ces<br />

fumigants avec la plus grande prudence car il s’agit de biocides (ils tuent<br />

les organismes utiles et nocifs du sol, rompant son équilibre naturel)<br />

dangereux pour la santé des humains et toxiques pour l’environnement.<br />

Ainsi, des restrictions internationales imposées en floriculture pourraient<br />

entraîner des réductions voire l’interdiction de l’utilisation de ces produits.<br />

Bien que le bromure de méthyle soit le fumigant chimique de<br />

prédilection pour éliminer les pathogènes du sol dans la plupart des<br />

pays producteurs de fleurs, de nombreux autres produits peuvent s’avérer<br />

très utiles. Certains sont utilisés depuis longtemps et des pays envisagent<br />

de les utiliser comme alternatives au bromure de méthyle (voir chapitre<br />

6). Parmi ces produits, on obtient les résultats les plus prometteurs<br />

avec du Métam-sodium, du Dazomet et du 1,3 Dichloropropène (description<br />

ci-dessous)<br />

Tableau 5. Fumigants du sol utilisables pour désinfester le sol en floriculture<br />

Appellation commune<br />

Noms commerciaux<br />

ciaux Parasites éliminés<br />

Métam-sodium Vapam, Buma, Trimaton, Large spectre, Champignons<br />

Busan<br />

du sol, nématodes,<br />

mauvaises herbes et insectes.<br />

Dazomet Basamid, Allante, Dazoberg Mauvaises herbes<br />

germinatives, nématodes<br />

(sauf sporocystes), champignons<br />

du sol et insectes.<br />

1,3 Dichloropropène Télone-II, Télone C-17, Principalement nématodes<br />

Télone C-35, Nematrap, et insectes, certains champi-<br />

Nematox<br />

gnons du sol et mauvaises<br />

herbes, notamment si associé<br />

à la chloropicrine<br />

Il faut toujours respecter les précautions et les normes de protection<br />

sanitaire quand ces produits sont utilisés ainsi que les délais avant de<br />

pénétrer à nouveau dans la zone et de replanter. Pour appliquer ces<br />

produits (comme pour tout autre pesticide), il conviendra de porter des<br />

masques de protection, gants, uniformes et autres équipements de protection.<br />

Lisez toujours attentivement l’étiquette du produit chimique;<br />

vous y trouverez les recommandations nécessaires, quantités conseillées,<br />

procédures en cas d’urgence et autres informations importantes.<br />

41


Métam-sodium (Dihydrate de sodium N-méthyldithiocarbamate)<br />

Les appellations commerciales les plus connues pour ce produit sont<br />

Vapam® et Buma® mais Trimaton®, Busan® et Unifume® sont<br />

également utilisés dans certains pays. Le métam-sodium est un fumigant<br />

à large spectre utilisé pour éliminer de nombreux genres de champignons<br />

(Verticillium, Fusarium, Pythium, Rhizoctonia, Phytophthora,<br />

Sclerotinia), nématodes (majorité des espèces), mauvaises herbes<br />

(majorité des espèces) et parasites arthropodes, (scutigerelle, collembola,<br />

etc.). Différentes méthodes d’application existent mais il est préférable<br />

de l’injecter dans le sol lors du traitement des couches. Il faut l’utiliser<br />

lors de la pré-plantation mais en aucun cas à proximité de cultures<br />

existantes car il dégage des vapeurs phytotoxiques, ni près de canaux<br />

d’irrigation ou lorsque la température dépasse 32°C. Le sol à traiter<br />

devra être bien préparé et légèrement humide pour rendre sensibles les<br />

graines de mauvaises herbes (l’humidité favorise la germination). Il<br />

faut attendre environ deux semaines avant de replanter mais cette période<br />

peut être plus longue dans le cas de sols lourds ou à forte teneur en<br />

matière organique ou lorsque la température du sol est inférieure à<br />

15°C. Le métam-sodium est très toxique et présente des risques<br />

importants pour la santé des hommes et des animaux. Aux USA, il est<br />

catalogué comme substance cancérigène et toxine développementale.<br />

Dazomet. (Tétrahydro-3,5, diméthyl-2H-1,3,5-thiadiazine-2-thione).<br />

Connu sous l’appellation commerciale Basamid® mais également sous<br />

Allante® et Dazoberg®, il s’agit d’un fumigant du sol de pré-plantation<br />

contre les mauvaises herbes germinatives (nombreuses espèces),<br />

nématodes (pourridié et nombreux autres genres sauf le nématode<br />

sporocyste Meloidogyne), les champignons du sol (Pythium, Fusarium,<br />

Rhizoctonia, Verticillium, Phytophthora entre autres) et arthropodes<br />

(notamment au cours des phases souterraines de leur cycle). Il doit être<br />

incorporé dans un sol humide (capacité de rétention d’eau de 50%<br />

recommandée) à une profondeur de 20 à 25 cm. Après application, le<br />

sol doit être écrasé et « scellé » avec un peu d’eau ou recouvert d’une<br />

toile ou d’un film polyéthylène. Le Dazomet est toxique pour les plantes<br />

sur pied mais ne s’accumule pas dans le sol ; il ne doit pas être utilisé à des<br />

températures dépassant 32°C. Avant de replanter, il convient d’attendre<br />

10 à 40 jours selon le type de sol et la température car il est essentiel que<br />

toutes les vapeurs toxiques aient disparu lors de la plantation. Le Dazomet<br />

contient une grande quantité d’azote et peut donc agir comme engrais.<br />

Là encore, les normes de sécurité d’application devront être observées<br />

afin de réduire les risques pour la santé et l’environnement.<br />

42


Dichloropr<br />

opropène.<br />

opène. (1,3-dichloropropène)<br />

Connu sous les appellations commerciales Télone II®, Télone C-17®,<br />

Télone C-35®, Nematrap® et Nematox®, entre autres, il s’agit d’un fumigant<br />

du sol principalement efficace contre les nématodes et les<br />

arthropodes du sol, en particulier contre les nématodes sporocystes comme<br />

le Meloidogyne sp., surtout dans le terreau et les sols sablonneux. Il élimine<br />

également certains champignons et mauvaises herbes du sol, surtout lorsque<br />

la formulation inclut des composés comme la chloropicrine; de bons résultats<br />

ont ainsi été obtenus pour éliminer la fusariose de l’œillet. Le Télone est<br />

injecté à une profondeur de 20-25 cm lors de la pré-plantation (dans certains<br />

cas, les résultats seront améliorés à une profondeur supérieure). Le sol est<br />

compacté immédiatement après application et souvent recouvert<br />

hermétiquement avec des toiles ou un film polyéthylène. Après traitement,<br />

le sol doit être labouré pour l’aérer et éliminer les émanations toxiques. Les<br />

périodes d’attente avant la pré-plantation sont très variables et dépendent,<br />

entre autres, de la profondeur de l’enracinement, du type de sol, de<br />

l’humidité. Ce traitement ne devra pas être appliqué sur des sols lourds.<br />

Les contraintes liées aux sols humides et aux basses températures influent<br />

moins sur l’efficacité de ce produit que sur le métam-sodium et le dazomet.<br />

Le Télone peut polluer l’eau et présente des risques graves pour la santé<br />

des humains et des animaux. Aux USA, il figure sur la liste des substances<br />

cancérigènes.<br />

Exemples concrets<br />

Après avoir pris en compte les éléments susmentionnés, il est possible<br />

d’élaborer des programmes de LPI pour éliminer une maladie ou un<br />

parasite particulier en fonction de son cycle de vie et de son<br />

épidémiologie, sur une zone précise et pour une plante donnée.<br />

La liste de vérification ou questionnaire ci-dessous pourra contribuer à<br />

élaborer ce programme:<br />

♦ Le fléau est-il identifié? Si un producteur n’est pas sûr du<br />

problème, il doit chercher de l’aide. Il conviendra de prélever<br />

des échantillons de la plante touchée (et du sol environnant), de<br />

les apporter dans un laboratoire spécialisé en phytopathologie et<br />

en entomologie pour identification et recherche de solution.<br />

♦ Que sait-on du cycle de vie du pathogène? Où se produisent<br />

les différentes phases? Comment se propage-t-il? (par l’air, dans<br />

le sol, dans l’eau?) Quelles conditions favorisent son<br />

43


développement (température, degré d’hygrométrie, lumière,<br />

pH, etc.?) Comment survit-il (dans le sol, sur les mauvaises<br />

herbes ou les débris de végétaux?) Quel est son spectre d’hôtes?<br />

¨ Comment reconnaîtr<br />

econnaître e le fléau? Quels sont les premiers<br />

symptômes de l’infection ou de la contamination? Où doiton<br />

les rechercher (sous les feuilles, sur toute la plante ou sur<br />

la base de la tige)?<br />

¨ Quelles informations obtenir par dépistage? (conditions<br />

climatiques, variété, situation, autres)<br />

¨ Que faire si le problème est identifié? Les instructions sontelles<br />

suffisamment claires pour les personnes concernées?<br />

¨ Quelle est la source du matériel végétal utilisé? Existe-t-il<br />

une attestation de l’état sanitaire? Faut-t-il le vérifier?<br />

¨ Des variétés résistantes ont-elles été mises au point? Quelles<br />

variétés sont les plus sensibles?<br />

Des recherches et des études, ainsi que des entretiens avec des experts<br />

et d’autres producteurs seront peut-être nécessaires pour répondre à<br />

ces questions. L’information collectée permettra au producteur de passer<br />

à l’étape suivante : concevoir un programme de formation pour aider<br />

les personnes chargées du dépistage à reconnaître le problème dès les<br />

premières phases. Ceci permettra également de fournir les outils<br />

nécessaires pour sélectionner et appliquer des mesures de prévention,<br />

d’éradication et les traitements. Bien que cela puisse paraître difficile et<br />

nécessiter ce que l’on pourrait appeler un « investissement en savoir »,<br />

avec le temps, la plupart des pratiques de LPI deviennent une habitude<br />

et permettent d’économiser au moins 40% des coûts des pesticides.<br />

Pour illustrer ce propos, voici deux exemples de traitement de maladies<br />

universelles des œillets et des roses que de nombreux pays contrent<br />

avec du bromure de méthyle.<br />

A. Programme de LPI pour<br />

éliminer la fusariose de l’œillet<br />

La fusariose ou flétrissure vasculaire de<br />

l’œillet est la maladie la plus grave qui<br />

touche cette fleur. Elle peut contraindre<br />

un producteur à la faillite ou l’obliger à<br />

chercher de nouvelles terres pour y faire<br />

Fig. 17. Plants d’œillets ravagés par la<br />

fusariose.<br />

Photo: Germán Arbeláez.<br />

44


pousser des œillets. Il est trop difficile et coûteux d’éliminer cette maladie<br />

quand elle est bien installée. Aussi, la meilleure solution (sans doute<br />

l’unique) est de procéder à une approche préventive.<br />

Ci-dessous, figurent les réponses à la liste de contrôle susmentionnée<br />

qui permettront d’élaborer un programme de LPI pour éliminer la<br />

maladie:<br />

1. Facteur Fusarium oxysporum f. sp. dianthi<br />

pathogène:<br />

2. Spectre e d’hôtes: Bien que Fusarium oxysporum soit une espèce<br />

importante, il est composé de plusieurs formes ou<br />

forma specialis, chacune étant spécifique à son hôte.<br />

Par exemple, F.o. f.sp dianthi n’attaque que les<br />

plantes du genre Dianthus.<br />

3. Cycle de vie: Le champignon vit dans le sol. Sa reproduction asexuée<br />

s’effectue par des spores. Trois types de spores sont connus:<br />

microconidies, macroconidies, chlamydospores, cette<br />

dernière étant la forme restante (résistante). Il peut rester<br />

latent en l’absence de ses hôtes pendant plusieurs décennies.<br />

Ce champignon pénètre par les racines et obstrue les<br />

vaisseaux conducteurs des racines et de la tige (xylème),<br />

privant la plante d’eau et d’éléments nutritifs. Il pousse à<br />

des températures comprises entre 15 et 30°C, avec un<br />

optimum à 27°C. Son pH optimum est de 5 et il prospère<br />

lorsque des quantités d’azote sont élevées.<br />

4. Propagation:<br />

Par l’air, notamment dans la production en champs<br />

ou lorsque l’on ne traite pas les plantes malades; par<br />

l’eau contaminée utilisée pour irriguer; par les matières<br />

végétales (boutures) qui peuvent sembler saines; par<br />

les particules du sol qui adhèrent aux outils, chaussures,<br />

véhicules, parties de végétaux ou appareils; par contact<br />

(greffe) entre racines de plantes.<br />

5. Symptômes: Les symptômes se manifestent différemment selon la<br />

température et l’humidité. Les prémices de l’infection<br />

peuvent être observées par un flétrissement d’un côté des<br />

feuilles qui apparaît lors des heures les plus chaudes de la<br />

journée et par une décoloration jaunâtre d’un ou plusieurs<br />

scions sur un seul côté de la plante. Au fil de l’évolution, la<br />

plante se flétrit puis se dessèche. Lorsque l’on coupe les<br />

tiges, une décoloration brunâtre des vaisseaux apparaît.<br />

45


6. Autres<br />

es<br />

informations:<br />

Il est possible de se procurer sur le marché de<br />

nombreuses variétés résistantes. Il convient de<br />

marquer la zone infestée et de la traiter rapidement.<br />

Les variétés malades et leur ancien emplacement<br />

doivent être répertoriés sur une carte pour servir de<br />

référence future. Veiller également à noter l’ampleur<br />

des dégâts (ou la sensibilité) de chaque variété. L’âge<br />

de la plante malade est également à prendre en<br />

considération: les jeunes plants qui développent une<br />

maladie peuvent être infectés depuis leur bouturage.<br />

Ces dernières informations et le Tableau ci-dessous présentent un<br />

exemple de stratégie:<br />

Tableau 6. LPI pour la fusariose de l’œillet (Fusarium oxysporum<br />

f.sp.dianthi)<br />

A. Quarantaine et inspection<br />

B. Surveillance<br />

C. <strong>Lutte</strong> culturale<br />

* Substance végétale saine<br />

* Inspection des boutures<br />

(indicateur/<br />

symptôme d’une maladie) avant plantation<br />

* Ne pas planter dans des zones connues pour<br />

avoir été touchées auparavant par la maladie<br />

* Prospecteurs de maladie formés pour<br />

détecter les premiers symptômes<br />

* Cartographie avec toutes les données<br />

pertinentes:<br />

variété, degré d’infection, zone<br />

* Information archivée avant prise de<br />

décision: quelles variétés cultiver à l’avenir,<br />

source des végétaux, etc.<br />

* Désinfestation de la culture:<br />

e: traiter<br />

rapidement le foyer de la maladie. Arracher les<br />

plantes malades et les plantes voisines dans un<br />

rayon de 1 m (même si elles ne présentent pas<br />

de symptômes) puis les incinérer. Traiter le sol<br />

avec de la chaux, de la vapeur ou du<br />

formaldéhyde.<br />

* Apport t d’engrais (notamment à base<br />

d’azote); contrôler le pH (un milieu acide<br />

détruit les champignons)<br />

* Limiter l’accès aux serres.<br />

es. Si possible,<br />

affecter différents employés aux zones<br />

malades et éviter qu’ils ne pénètrent les zones<br />

saines, ce qui est particulièrement important<br />

si l’on bouture sur place.<br />

46


Table 6. (continuation)<br />

D. <strong>Lutte</strong> physique et mécanique<br />

E. <strong>Lutte</strong> biologique et génétique<br />

* Stériliser le sol à la vapeur est très utile et<br />

économiquement réalisable si la maladie est<br />

peu répandue. Traiter plus longtemps les<br />

zones auparavant infestées<br />

* Substrats: n’utiliser que les substrats sains<br />

ou stérilisés, dans des couches élevées ou<br />

isolées. Les enveloppes de riz donnent de<br />

bons résultats avec les œillets.<br />

* Variétés résistantes, disponibles sur le<br />

marché. A utiliser de préférence sur des sites<br />

préalablement infestés.<br />

* Antagonistes au champignon responsable de<br />

la flétrissure (ex: Trichoderma) à incorporer de<br />

préférence dans le sol directement après l’avoir<br />

traité à la vapeur. Répéter 2 ou 3 fois l’opération<br />

dans la saison pour maintenir des populations<br />

élevées. Apporter des amendements organiques<br />

riches en organismes utiles (compost) est<br />

également une bonne solution.<br />

F. . <strong>Lutte</strong> chimique * Solutions désinfectantes, placées dans des<br />

tranchées superficielles à l’entrée de l’exploitation,<br />

des serres ou entre zones saines et infestées.<br />

L’utilisation de la chaux est également efficace.<br />

* Fumigants du sol: Vapam (métam-sodium),<br />

Basamid (dazomet) et 1,3 Dichloropropène<br />

(Télone) sont très efficaces contre ce champignon.<br />

B. Programme de LPI pour<br />

éliminer la tumeur bactérienne<br />

du collet de la rose<br />

La tumeur bactérienne du collet<br />

affecte nombre de plantes du<br />

monde entier. Son effet sur les<br />

roses varie selon les conditions<br />

climatiques du site de culture et<br />

d’autres facteurs comme les<br />

Fig. 18. Tumeur bactérienne du collet des rosiers<br />

provoquée par l’Agrobacterium.<br />

souches de bactéries présentes mais peut être dévastateur et provoquer<br />

d’importantes pertes de productivité en diminuant la vigueur de la plante et<br />

en altérant grandement sa qualité. Les informations pathologiques ci-dessous<br />

sont très importantes et peuvent servir à élaborer un programme de LPI:<br />

Photo: Marta Pizano.<br />

47


1. Facteur<br />

pathogène:<br />

2. Spectre<br />

d’hôtes:<br />

3. Cycle de vie:<br />

4. Propag<br />

opagation:<br />

ation:<br />

5. Symptômes:<br />

6. Autres<br />

informations:<br />

Agrobacterium tumefaciens<br />

On a rapporté plus de 60 familles de plantes-hôtes<br />

sensibles à la bactérie de la tumeur bactérienne du collet.<br />

Outre les roses, il s’agit des chrysanthèmes, asters, tomates,<br />

tournesols, nombre d’arbres fruitiers et arbres d’ombrage.<br />

La bactérie investit la plante par des plaies ou ouvertures<br />

naturelles ou provoquées par taille, greffe ou autre pratique<br />

culturale ou réalisées par des parasites du sol<br />

(comme les collambolas, scutigerelles, certains<br />

nématodes). Un plasmide associé est transféré dans le<br />

génome des cellules hôtes et les transforment en cellules<br />

tumorales de croissance anarchique. Selon les conditions<br />

climatiques (température principalement) les<br />

tumeurs se développent en quelques semaines voire<br />

quelques mois. Les galles se développent et, notamment<br />

lorsqu’elles se situent à la base de la tige ou au point de<br />

greffe, peuvent limiter la croissance de la plante en la<br />

privant d’éléments nutritifs du sol. La bactérie est plus<br />

active lorsqu’il fait chaud mais peut rester latente pendant<br />

des périodes plus froides. En l’absence d’un hôte,<br />

les populations bactériennes diminuent mais peuvent<br />

survivre dans le sol deux ans ou plus.<br />

Par les outils (serpette, etc.). Lorsque les galles se<br />

décomposent dans le sol, des bactéries sont libérées et<br />

peuvent se propager dans le sol ou l’eau. Dans les<br />

porte-greffes ou les jeunes plants sains en apparence<br />

mais qui peuvent porter un petit nombre de bactéries.<br />

On observe souvent les galles juste au-dessous de la<br />

surface du sol dans la zone du collet de la plante, ou<br />

parfois sur les racines mais rarement sur les parties visibles<br />

de la plante. Au départ, elles sont petites, arrondies,<br />

vert clair ou blanches et leur surface est lisse. Ensuite,<br />

elles revêtent des formes irrégulières, foncent et<br />

deviennent ligneuses. Sur la partie visible, les symptômes<br />

peuvent être confondus avec d’autres problèmes dus<br />

aux nématodes ou aux carences nutritionnelles.<br />

l’Agrobacterium sp. est composé de nombreuses<br />

souches très variables rendant parfois les mesures de<br />

contrôle inefficaces. Les porte-greffes utilisés pour<br />

48


greffer varient selon leur sensibilité à l’A. tumefaciens.<br />

Les rosa multiflora et rosa manetti seraient les plus<br />

sensibles. Les producteurs recourent à une autre solution<br />

dans les zones affectées par cette maladie : la culture<br />

de tissus végétaux (plantes ne nécessitant pas d’être<br />

greffées). La lutte biologique de certaines variétés d’A.<br />

radiobacter a donné de bons résultats; des formules à<br />

base de cuivre et certains antibiotiques sont également<br />

efficaces mais leur phytotoxicité peut s’avérer<br />

problématique sur certaines variétés dans certaines<br />

conditions climatiques.<br />

Comme dans l’exemple précédent, il est possible d’établir un programme<br />

de LPI basé sur ces informations:<br />

Tableau 7. LPI pour la tumeur bactérienne du collet des roses<br />

(Agrobacterium tumefaciens)<br />

A. Quarantaine et<br />

inspection (exclusion)<br />

* Porte-gr<br />

te-gref<br />

effes fes sains ou culture de tissus<br />

végétaux (non greffés)<br />

* Inspection minutieuse des plantes à leur arrivée<br />

B. Surveillance<br />

* Prospecteurs de maladie formés pour<br />

détecter les premiers symptômes<br />

* Cartographie<br />

avec toutes les données<br />

pertinentes: variété, degré d’infection, zone<br />

* Information archivée avant prise de<br />

décision: quelles variétés cultiver à l’avenir,<br />

source de matière végétale, etc.<br />

C. <strong>Lutte</strong> culturale * Désinfestation de la culture:<br />

e: traiter rapidement<br />

le foyer de la maladie. Arracher les plantes malades<br />

puis s’en débarrasser, ôter le sol autour des racines<br />

de façon à éliminer le maximum de galles.<br />

* Désinfecter les outils: nettoyer les outils de<br />

coupe et de taille et les désinfecter fréquemment<br />

(en les trempant par exemple dans une solution<br />

alcoolisée ou d’hypochlorite de sodium à 0.5%<br />

ou en les passant sous une flamme)<br />

* Eviter au maximum les tissus abîmés. Ceci<br />

inclut les contrôles des parasites du sol comme<br />

les nématodes.<br />

* Limiter l’accès aux serres.<br />

es. Si possible,<br />

affecter différents employés aux zones malades<br />

et éviter qu’ils ne pénètrent les zones saines.<br />

49


Table 7. (Continuation)<br />

* Alterner<br />

au moins 3 ans avec des cultures<br />

de monocotylédones (comme le maïs) si cela<br />

est commercialement possible.<br />

D. <strong>Lutte</strong> physique et * Traiter le sol à la vapeur est très utile et<br />

méchanique<br />

doit être associé à un compost ou amendement<br />

similaire.<br />

* Culture sur substrats: n’utiliser que les<br />

substrats sains et/ou stérilisés. Le coir de coco,<br />

l’écorce compostée, la laine de roche et d’autres<br />

substrats ont été utilisés avec succès.<br />

E. <strong>Lutte</strong> biologique et * Porte-gr<br />

te-gref<br />

effes fes résistants. Rosa multiflora et<br />

génetique<br />

R. manetti sont des variétés très sensibles.<br />

Aucun porte-greffe connu n’est immunisé.<br />

* Des antagonistes à la tumeur bactérienne<br />

du collet ont été trouvés, notamment la souche<br />

N°84 de l’Agrobacterium radiobacter. On peut<br />

tremper les porte-greffes ou les semis dans cette<br />

suspension bactérienne. Malheureusement,<br />

certaines souches d’A. tumefaciens sont<br />

devenues résistantes à la souche 84 et l’on en<br />

utilise une nouvelle (K-1026) qui ne transfère<br />

pas sa résistance aux souches d’Agrobacterium<br />

pathogènes. Il est également efficace d’ajouter<br />

des amendements organiques riches en<br />

organismes utiles (comme le compost)<br />

F. . <strong>Lutte</strong> chimique * Des pesticides à base de cuivre et certains<br />

antibiotiques comme la streptomycine et<br />

l’oxytétracycline sont efficaces mais doivent être<br />

utilisés avec précaution en raison de leur<br />

éventuelle phytotoxicité. Des réglementations de<br />

certains pays limitent l’utilisation de ces composés.<br />

* Fumigants du sol: Vapam (métamsodium),<br />

Basamid (dazomet) et 1,3<br />

Dichloropropène (Télone) sont des biocides à<br />

large spectre utilisables contre ce champignon.<br />

Approche multidimensionnelle<br />

Comme nous l’avons vu précédemment, nombreuses et variées sont les<br />

alternatives à la lutte chimique (ou plutôt au bromure de méthyle).<br />

50


Néanmoins, un producteur pourra penser qu’il est compliqué d’élaborer<br />

un programme de LPI pour éliminer chaque parasite qui attaque ses<br />

cultures, surtout s’il cultive plusieurs espèces de fleurs.<br />

Cependant, si l’on analyse les exemples cités, on s’aperçoit que la plupart<br />

des procédures menées pour détecter puis éliminer un parasite ou maladie<br />

peuvent en fait en éliminer bien d’autres. Par exemple, lors du dépistage,<br />

il est aisé de localiser plus d’un fléau à la fois, ce qui introduit le concept<br />

d’appr<br />

approche multidimensionnelle, ou solution globale visant en fait à<br />

éliminer simultanément tous les agents nocifs tout en conservant la<br />

qualité du produit et la santé de la plante.<br />

Pour mener une approche multidimensionnelle, il convient de suivre<br />

les étapes suivantes:<br />

1. Inventorier les parasites et maladies qui affectent fectent une cul-<br />

ture donnée. Décider des problèmes à traiter en priorité et qui<br />

impliquent le plus grand risque. A ce sujet, l’expérience est très<br />

utile et, heureusement, l’information est généralement<br />

abondante. Il convient également de se documenter sur chacun<br />

des parasites, comme précédemment décrit (ex: spectre d’hôtes,<br />

symptômes, épidémiologie, etc.).<br />

2. Créer une matrice simple. Sur un axe, énumérer les stratégies<br />

de LPI que l’on peut mener dans l’exploitation. Sur l’autre,<br />

reporter les principaux parasites identifiés lors de la 1 ère étape.<br />

On obtiendra alors un tableau qui pourra donner des informations<br />

utiles comme le montrent les exemples ci-dessous, fournis<br />

par un producteur qui mène un programme approfondi de LPI.<br />

Le tableau 1 est un exemple de matrice pour les roses; le tab-<br />

leau 2 pour les chrysanthèmes. Ce dernier est plus complexe,<br />

en raison du nombre de parasites et de maladies qui affectent<br />

cette fleur. Les exemples ci-dessous sont applicables à toutes<br />

les espèces de fleur. Noter que la matrice prend en considération<br />

non seulement les parasites et maladies du sol mais également<br />

tous les pathogènes connexes qui affectent cette culture. La<br />

liste des organismes de ces matrices n’est ni exclusive ni exhaustive<br />

car un problème pourra varier en fonction de sa situation.<br />

Chaque producteur doit donc décider de la stratégie à<br />

adopter à partir de sa propre expérience.<br />

51


Illustration 2. L’approche multidimensionnelle<br />

A. Inventorier les parasites et maladies<br />

qui affectent la culture<br />

B. Etablir une matrice des stratégies<br />

pour chaque parasite<br />

C. Etablir un programme<br />

de LPI personnalisé<br />

52


Culture: Roses<br />

Action Méthode<br />

Régulatoire<br />

Exclusion Culturale<br />

Plantes saines<br />

Méthode OID<br />

OID TNOI<br />

Tableau 8. <strong>Lutte</strong> phytosanitaire intégrée pour Rosa<br />

TNOI BOT<br />

MALADIES PARASITES<br />

CHAMPIGNONS Bactérie Vir<br />

irus<br />

BOT MILD<br />

MILD ROU<br />

ROU CHA<br />

CHA VER<br />

VER AGR<br />

AGR VMR<br />

us INSECTES Aca AUTRES<br />

VMR THR<br />

THR LAR INST TET NEM LIM<br />

Eradication Culturale<br />

ou Biologique<br />

Reduction Subst. chim. trad.<br />

Comp. org.<br />

Physique<br />

Plante hôte<br />

te Varietés rés.<br />

Culturale<br />

Protection<br />

Directe<br />

otection Biologique<br />

ecte Subst. chim. trad.<br />

Dépistage<br />

Comp. org.<br />

Source: Jaramillo, F. 1997. <strong>Lutte</strong> phytosanitaire et pathologique intégrée. Tiré de: Floricultura y Medio Ambiente, Ediciones Hortitecnia, Bogotá, Colombia.<br />

Conventions<br />

OID = Oidium VMR = Virus de la mosaïque de la rose Subs. Chim. Trad. = Substances chimiques traditionnelles<br />

TNOI = Taches noires THR = Thrips Comp. Org. = Composés organiques<br />

BOT = Botrytis LAR = Larves<br />

MILD = Mildiou INST = Insectes ténébrants<br />

ROU = Rouille TET = Tétranyques<br />

CHA = Chancre NEM = Nématodes<br />

VER = Verticilliose LIM = Limaces<br />

AGR = Agrobacterium<br />

53


Tableau 9. <strong>Lutte</strong> phytosanitaire pour Dendranthema<br />

54<br />

Culture: chrysanthème pompon<br />

MALADIES PARASITES<br />

CHAMPIGNONS BACTERIE VIRUS INSECTES ACA AUTRES<br />

Action Méthode Rb bot ste ant riz pyt Scl rouc ph fus ver mel mil agr ew pse vir pan vmbt min thr pu moub inst tet ne scu lim<br />

Exclusion Regulatoire X<br />

Culturale<br />

Mat. vég. S. X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X<br />

Eradication Culturale X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X<br />

ou Biologique X X X X<br />

reduction Subs. Ch. T. X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X<br />

Comp. Org. X X X X X X X X X X X X X X X X<br />

Physique X X X X X X X X<br />

Plante hôte Variét Résist. X X<br />

Culturale X X X X X X X X X X X X X X X X<br />

Protection Biologique X* X* X* X* X X X X*<br />

directe Subs. Ch. T. X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X<br />

Comp. Org. X X X X X X X X X X X X X<br />

Dépistage X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X<br />

Source: Jaramillo, F. 1997. <strong>Lutte</strong> phytosanitaire et pathologique intégrée. Tiré de: Floricultura y Medio Ambiente, Ediciones Hortitecnia, Bogotá, Colombia.<br />

Conventions<br />

RB = Rouille blanche FUS= Fusarium VBMT =Virus de la maladie bronzée de la tomate X* = Amendment de compost<br />

BOT = Botrytis VER = Verticillium MIN = Mineuses Subs. Ch. T. = Substances chimiques traditionnelles<br />

STE = Stemphyllium MEL = Mélanose THR = Thrips Comp. Org. = Composés organiques<br />

ANT = Anthractnose MIL = Mildiou PU = Pucerons Variét. Résist. = Varietés résistantes<br />

RIZ = Rhizoctone AGR = Agrobacterium MOUB = Mouche blanche Mat. vég. S. = Matière végétale saine<br />

PYT = Pythium EW = Erwinia INST = Insectes ténébrants<br />

SCL = Sclérotiniose PSE = Pseudomonas TET = Tétranyques<br />

RC = Rouille commune VIR = Viroïde nanifiant NE = Nématodes<br />

PH = Phoma PAN = Panachure SCU = Scutigerelle<br />

LIM = Limaces


Chapitre 3<br />

Stérilisation par la vapeur<br />

(pasteurisation)<br />

La pasteurisation, ou stérilisation par la vapeur du sol, est un procédé qui permet<br />

d’éliminer par la chaleur des parasites, maladies et mauvaises herbes présents<br />

dans le sol à un moment donné. Bien que l’on puisse théoriquement appliquer<br />

de la chaleur sèche avec des résultats similaires, on préfère la vapeur car elle se<br />

diffuse plus efficacement dans le sol pour un coût généralement inférieur.<br />

En termes simples, la stérilisation par la vapeur consiste à injecter ou<br />

répandre de la vapeur d’eau dans le sol à l’aide d’une chaudière et de<br />

tuyaux métalliques ou flexibles pour tuer les organismes nocifs du sol.<br />

Le sol doit être recouvert d’une toile ou d’un film plastique résistant<br />

pour rester en contact avec la vapeur.<br />

Si elle est correctement appliquée, la vapeur est probablement la meilleure<br />

alternative au bromure de méthyle car elle est tout aussi efficace. Une fois<br />

encore, son utilisation n’est pas nouvelle dans l’industrie; on l’utilise dans les<br />

serres depuis des dizaines d’années et la plupart des ouvrages traitant de<br />

l’entretien des serres l’abordent de façon détaillée. En fait, certains producteurs<br />

ont abandonné cette technique lors de l’apparition des fumigants du sol en<br />

raison de leurs coûts réduits (voir ci-après) et de leur facilité d’utilisation.<br />

De nombreuses variables (voir plus loin) influencent les bons résultats et<br />

la rentabilité de la vapeur (chaudière et diffuseurs utilisés, nature et structure<br />

du sol, préparation du sol, etc.). Il convient également de noter que<br />

la vapeur est toujours plus efficace sur une quantité limitée de substrat<br />

traité par rapport à la terre du sol. Tout dépend de la profondeur à laquelle<br />

se trouvent les organismes nocifs dans le sol qui, très souvent, ne peut<br />

être atteinte par la vapeur ou bien à un coût très élevé. Chauffer le sol audelà<br />

de 30 cm de profondeur implique une utilisation plus longue de la<br />

chaudière, davantage de main d’œuvre et de consommation énergétique,<br />

ce qui rend cette alternative économiquement peu intéressante.<br />

55


Photo: Marta Pizano.<br />

On peut cependant utiliser la vapeur comme alternative au bromure de<br />

méthyle en floriculture commerciale sur des couches de terre si l’on considère<br />

certains facteurs. Le facteur le plus important est d’utiliser la vapeur comme<br />

élément d’un système de LPI visant à limiter l’incidence des parasites ou<br />

maladies. Ceci permet de traiter les 30 premiers centimètres du sol, ce qui<br />

est suffisant pour réduire de manière significative la population pathogène.<br />

La vapeur (comme tout fumigant du sol à large spectre), étant un biocide<br />

général, tue tous les organismes vivants, utiles comme nuisibles, quand elle<br />

est correctement utilisée. Ceci permet aux pathogènes réintroduits ou laissés<br />

dans le sol de se reproduire et de se propager librement, et ils ne sont plus<br />

en concurrence avec des micro-organismes naturellement présents. Ainsi,<br />

la vapeur a un effet optimal lorsque l’on amende le sol d’organismes et/ou<br />

de matière organique (comme le compost) immédiatement après le<br />

traitement. Toutefois, un producteur souhaitant élaborer son compost dans<br />

son exploitation devra être attentif à sa préparation afin d’éviter une réinfestation<br />

du sol par des pathogènes entre autres.<br />

1. Durée du traitement<br />

L’efficacité de la vapeur repose sur le fait que les organismes vivants ont<br />

un seuil de résistance à la chaleur relativement peu élevé. En d’autres<br />

termes, ils n’ont pas besoin d’être exposés à des températures très élevées<br />

pour mourir (cf. Illustration 3).<br />

Il peut être difficile d’atteindre la température nécessaire dans le sol car la<br />

diffusion de la vapeur peut être entravée par plusieurs facteurs (voir ci-dessous).<br />

Aussi, il convient d’être prudent et de prévoir une marge importante de<br />

temps et de température pour<br />

s’assurer de l’élimination complète<br />

des pathogènes et graines de<br />

mauvaises herbes. En règle<br />

générale, les experts conseillent<br />

d’appliquer le traitement jusqu’à ce<br />

que le point le plus froid du sol ou<br />

substrat atteigne 90°C pendant 30<br />

minutes.<br />

Fig. 19. La température atteinte par le sol devra<br />

être mesurée à l’aide d’un long thermomètre à<br />

vapeur comme celui-ci.<br />

Le point le plus froid se situe<br />

généralement juste derrière le point<br />

56


d’injection de la vapeur mais il n’est pas nécessaire de vérifier la température<br />

en différents endroits. Pour ce faire, on utilise de longs thermomètres et l’on<br />

fait pénétrer la vapeur aussi profond que nécessaire. Un producteur ingénieux<br />

a découvert qu’il pouvait obtenir de bons résultats lorsqu’une pomme de<br />

terre crue préalablement placée au point le plus froid était totalement cuite.<br />

Cette astuce permet d’éviter les difficultés parfois rencontrées pour apprendre<br />

aux employés à lire correctement un thermomètre.<br />

Illustration 3. Seuil de résistance à la chaleur de plusieurs parasites des plantes<br />

Températur<br />

empérature<br />

100 ºC<br />

90 ºC<br />

80 ºC<br />

70 ºC<br />

60 ºC<br />

50 ºC<br />

40 ºC<br />

After: Mastalerz,1977.<br />

}<br />

}<br />

}<br />

Parasites tués<br />

Quelques graines de mauvaises herbes<br />

résistantes. Virus des plantes résistants à la<br />

chaleur<br />

La plupart des graines de mauvaises herbes<br />

Toutes les bactéries pathogènes des plantes<br />

La plupart des virus des plantes<br />

Insectes du sol<br />

- La plupart des bactéries pathogènes des plantes<br />

- Lombrics, limaces, mille-pattes<br />

- Jaunisses, Fusarium<br />

- Botrytis<br />

- Rhizoctonia<br />

- Sclerotium, Sclerotinia<br />

- Nématodes<br />

- Moisissures de l’eau<br />

2. Chaudières et diffuseurs<br />

fuseurs<br />

De nombreux types de chaudières avec différentes options existent sur le marché.<br />

Les meilleurs conseils quant au choix du modèle adéquat seront souvent<br />

prodigués par un bon fournisseur. Il existe de nombreux ouvrages sur les<br />

procédés de pasteurisation. Dans les pays où il est difficile de trouver des sociétés<br />

de fabrication de qualité, l’expérience concrète de sociétés ou d’exploitations<br />

agricoles opérant dans des conditions identiques est très utile; il convient donc<br />

d’encourager la communication. Le prix des chaudières peut atteindre plusieurs<br />

milliers, voire dizaines de milliers de US$; le choix d’un appareil adapté aux<br />

besoins du producteur est donc fondamental. Les paramètres à prendre en<br />

compte lors de l’investissement dans une chaudière sont:<br />

57


Photo: Marta Pizano.<br />

Fig. 20. Chaudière à injection en Argentine. La vapeur pénètre<br />

de force dans le sol avec une plate-forme perforée.<br />

Capacité de la chaudière<br />

La quantité de terre ou substrat à<br />

traiter déterminera la capacité de la<br />

chaudière recherchée. Le temps de<br />

traitement imparti ou la nécessité de<br />

déplacer la chaudière (voir cidessous)<br />

seront d’autres facteurs à<br />

considérer. Toutefois, les grands<br />

producteurs préfèrent souvent<br />

acheter plusieurs petites chaudières<br />

pour pouvoir travailler simultanément<br />

plutôt qu’une plus<br />

imposante, difficile à déplacer.<br />

L’efficacité de la pasteurisation par<br />

la vapeur est généralement limitée<br />

(50% environ) car d’importantes<br />

quantités de chaleur sont perdues, au niveau de la chaudière<br />

elle-même, des diffuseurs, et des bâches. En règle générale,<br />

chaque Cheval Vapeur (HP) d’une chaudière traite 2m 3 de<br />

substrat et il faut 2 heures ½ pour atteindre 90°C. Si l’on<br />

extrapole cette donnée au volume approximatif du sol à traiter<br />

(par exemple, par hectare), on peut connaître approximativement<br />

la capacité de la ou des chaudière(s) à utiliser (noter: 1 HP=33<br />

475 Btu/hr).<br />

Fig. 21. Chaudière à charbon en Colombie.<br />

Photo: Guillermo Castellá.<br />

58


Haute ou basse pression<br />

On peut trouver des chaudières à haute (75-100 psi) ou basse (10-15<br />

psi) pression. La pression est nécessaire pour fournir la quantité adéquate<br />

de vapeur de la chaudière jusqu’au substrat. Toutefois, la vapeur s’échappe<br />

dans l’air et ne se diffuse pas correctement dans le substrat avec une<br />

haute pression; une pression de 15 à 18 psi est recommandée dans la<br />

plupart des cas. On peut également recourir à la pasteurisation par pression<br />

négative, méthode de prédilection aux Pays-Bas où la main-d’œuvre est<br />

réduite, car elle est efficace dans les sols lourds et sablonneux.<br />

Type de diffuseur et diamètre<br />

Il existe différents types de diffuseurs (conducteurs) qui répartissent la<br />

vapeur sous la surface du sol (habituellement des tuyaux enterrés ou râteaux<br />

enfoncés dans le sol) ou par le dessus (grandes plaques métalliques munies<br />

de trous ou de manches en toile perméable placés au-dessus du sol). Dans<br />

la mesure du possible, leur<br />

diamètre doit toujours être en<br />

corrélation avec la pression de<br />

la chaudière. En général, les<br />

chaudières à haute-pression<br />

requièrent des tuyaux plus fins<br />

(diamètre inférieur à 5 cm) et<br />

des tuyaux plus gros (5 cm de<br />

diamètre au moins) sont<br />

nécessaires pour la basse<br />

pression. Les ouvertures ou<br />

trous situés sur les tuyaux<br />

doivent être espacés de 15 cm<br />

Fig. 22. La vapeur injectée sous pression par des<br />

tuyaux enfouis dans le sol ne peut se dissiper, grâce<br />

aux bâches de toile qui recouvrent le sol.<br />

pour que la vapeur soit uni-<br />

formément répartie dans le sol. La vapeur se diffuse selon une trajectoire<br />

ovoïde. Si ces ovales se chevauchent (ce qui se produit lorsque les trous<br />

sont espacés de 15 cm), la couverture est optimale.<br />

En général, il est préférable d’utiliser des tuyaux enfouis plutôt que des<br />

diffuseurs superficiels pour vaporiser les couches de terre. Le sol sera traité<br />

plus en profondeur si les tuyaux sont enfouis, la vapeur émanant d’une<br />

source superficielle ne pouvant atteindre qu’une profondeur de 20-30<br />

cm. Cette dernière technique sera plus appropriée pour traiter les couches<br />

surélevées, de faibles quantités de substrat ou de mélanges d’empotage.<br />

Les tuyaux devront être enfouis aux 2/3 de la profondeur de traitement<br />

requise. Dans les autres cas, il faudra recouvrir rigoureusement les couches<br />

pendant le traitement pour éviter que la vapeur ne s’échappe.<br />

Photo: Marta Pizano.<br />

59


60<br />

Photo: David Cheever.<br />

Bâches<br />

On utilise en général de la toile<br />

ou du vinyle pour recouvrir le<br />

sol ou le substrat pendant le<br />

traitement. Le polyéthylène est<br />

souvent trop fragile car il se<br />

déchire facilement. La bâche<br />

devra être bien ajustée sur le sol<br />

ou substrat; dans le cas de<br />

couches surélevées, elle devra<br />

largement dépasser les bords.<br />

Chaînes, tuyaux et autres objets<br />

lourds sont souvent placés le long des bords pour éviter que les<br />

bâches ne se gonflent et laissent échapper la vapeur.<br />

Fig. 23. Il faut bien couvrir les couches surélevées<br />

avec de la toile ou un plastique avant d’injecter la<br />

vapeur dans le substrat.<br />

Source énergétique<br />

Il existe des chaudières qui fonctionnent à l’électricité, au gaz, au<br />

diesel, au pétrole et même au charbon. La source énergétique la plus<br />

adaptée au producteur dépendra des opportunités du marché (et de<br />

leur coût). Aujourd’hui cependant, les réglementations de certains<br />

pays limitent l’utilisation de chaudières à charbon en raison du risque<br />

potentiel de contamination de l’air. A ce sujet, la hauteur de la<br />

cheminée est importante: elle devra être suffisamment élevée pour<br />

que les gaz s’évacuent rapidement de la serre et n’endommagent pas<br />

les plantes.<br />

Mobile ou fixe<br />

Pour les couches de terre, ainsi que pour les couches surélevées ou<br />

isolées importantes, il convient de disposer d’une chaudière mobile<br />

que l’on peut porter et déplacer à l’intérieur et entre les serres. Les<br />

chaudières mobiles peuvent être tirées par un tracteur ou montées sur<br />

un camion pour les déplacements entre les zones à traiter. Les chaudières<br />

fixes sont plus utiles pour traiter les substrats ou mélanges qui sont<br />

ensuite utilisés pour remplir les pots, plateaux ou autres récipients. Les<br />

matériaux pasteurisés devront être manipulés le moins possible pour<br />

éviter toute ré-infestation, comme expliqué précédemment.<br />

3. Sol ou substrat à traiter<br />

Humidité du sol<br />

Un sol trop humide est lent à pasteuriser car il est trop long de chauffer


l’eau excédentaire. En revanche, un sol trop sec contiendra des poches<br />

d’air qui entraveront le mouvement de la vapeur et empêcheront de traiter<br />

convenablement certaines zones, ce qui est grave car les parasites ou graines<br />

de mauvaises herbes présents dans ces zones ne seront pas éliminés et se<br />

reproduiront rapidement en l’absence d’organismes concurrents<br />

naturellement présents mais fortement réduits par la pasteurisation. La<br />

meilleure teneur en humidité est définie comme « capacité au champ » ;<br />

on dit d’un sol ou substrat qu’il est au stade de capacité au champ lorsqu’il<br />

n’est ni humide, ni sec. Les jeunes plants sont généralement mis en place<br />

lorsque le milieu de culture présente ces propriétés.<br />

Textur<br />

exture e du sol<br />

Afin d’assurer une bonne diffusion de la vapeur, le sol devra être<br />

meuble, non compacté et dépourvu de mottes et d’agglomérats.<br />

Une fois encore, ces mottes gênent le passage de la vapeur et<br />

empêchent de chauffer uniformément le sol. Un sol à pasteuriser<br />

doit être bien préparé et autant que possible dépourvu de débris de<br />

plantes et autres résidus de culture.<br />

Nature du sol<br />

Tout comme l’eau, la vapeur traverse plus difficilement certains types<br />

de sol que d’autres. Les sols argileux sont les plus difficiles à traiter<br />

et leur traitement peut nécessiter davantage de temps que le terreau<br />

ou les sols sablonneux. Pour certains producteurs, les sols très lourds<br />

sont un véritable obstacle à la pasteurisation.<br />

4. Problèmes courants associés à la vapeur<br />

Accumulation ulation de sels solubles<br />

Les températures élevées augmentent la solubilité de nombreux<br />

composés, notamment des phosphates et d’éléments comme le<br />

manganèse, le zinc, le fer, le cuivre et le bore. Leur quantité dans le<br />

sol s’en trouvera souvent augmentée après pasteurisation. Bien qu’il<br />

soit possible de filtrer la plupart des sels, évitez au maximum de le<br />

faire car cela augmente le risque de contamination du sol et de<br />

l’eau. Bien entendu, les programmes de fertilisation tiendront<br />

compte des analyses du sol pratiquées avant la plantation.<br />

Toxicité du manganèse<br />

anèse<br />

De nombreux sols contiennent naturellement des quantités élevées<br />

61


de manganèse mais seule une faible quantité est disponible pour les<br />

plantes : l’ion manganeux Mn + + . Toutefois, les températures élevées<br />

pour pasteuriser favorisent la conversion du manganèse nondisponible<br />

en disponible. Une forte teneur en manganèse est toxique<br />

en soi et provoque une brûlure des extrémités des feuilles, notamment<br />

les plus vieilles; elle entrave également l’assimilation du fer (les<br />

symptômes de carence en fer sont fréquents quand le manganèse est<br />

important). Il est donc important de ne pas trop pasteuriser le sol<br />

pour éviter l’accumulation de manganèse (plus le sol est exposé à des<br />

températures élevées, plus la quantité de manganèse converti sera<br />

importante). Par ailleurs, les pH élevés (basicité) favorisant la conversion<br />

inverse, des formes disponibles du manganèse en formes nondisponibles,<br />

on peut ajouter de la chaux avant la pasteurisation.<br />

Toxicité de l’ammonium<br />

Les sols ou substrats riches en matière organique peuvent libérer<br />

d’importantes quantités d’ammonium après pasteurisation. C’est le<br />

cas des sols amendés avec du fumier ou du compost et de la tourbe<br />

décomposée. L’azote existe naturellement dans le sol sous deux formes<br />

de base: ammoniaque et nitrates. Dans des conditions normales,<br />

l’azote sous forme d’ammoniaque se transforme constamment en<br />

azote sous forme de nitrate par certaines bactéries du sol, comme<br />

expliqué précédemment. C’est un mélange de ces deux formes qui<br />

est le plus profitable à la croissance des plantes. Les plantes supportent<br />

souvent mieux des quantités importantes d’azote sous forme de nitrate<br />

qu’un surplus d’ammonium, qui leur est souvent toxique.<br />

Au cours de la pasteurisation, ces bactéries sont pratiquement toutes<br />

éliminées. Cependant, leur vitesse de re-colonisation est différente: même<br />

si les bactéries ammonifiantes peuvent former une population importante<br />

en quelques semaines seulement, en libérant des quantités importantes<br />

d’azote ammoniacal, les bactéries nitrifiantes n’atteindront des niveaux<br />

capables de stabiliser l’ammonium qu’au bout de six semaines environ.<br />

Bactéries<br />

ammonifiantes<br />

Bactéries<br />

nitrifiantes<br />

Matière organique Ammonium Nitrate<br />

NH 3<br />

+ NO 4<br />

(Source: Nelson, 1998)<br />

62


Les plantes affectées par un excès d’ammoniaque auront une apparence<br />

jaunie et brûlée. Ce problème s’estompe dès que les nitrates atteignent<br />

des quantités normales; on peut prévenir ce problème voire le corriger<br />

avec un filtrage. On doit ajouter un amendement organique après<br />

pasteurisation, et non avant. Ces symptômes ne surviennent pas dans<br />

des substrats comme la tourbe horticole, naturellement pauvre en azote.<br />

Ré-infestation<br />

Une zone traitée à la vapeur ne restera pas stérile très longtemps.<br />

En fait, tout micro-organisme pénétrant dans un milieu stérile<br />

pourra librement se reproduire sans concurrence. Il convient donc<br />

d’éviter toute ré-infestation d’un sol traité. Quelques conseils utiles<br />

à ce sujet:<br />

* N’utiliser que des matières végétales saines<br />

* Replanter les zones traitées dès que possible, de préférence<br />

quand le sol refroidit.<br />

* Eviter au maximum toute perturbation ou manipulation du sol.<br />

* Respecter les mesures d’hygiène relatives à la LPI décrites au<br />

chapitre 2. S’assurer que travailleurs, outils et autres ne<br />

proviennent pas d’une zone infestée. Désinfecter outils et<br />

chaussures dès que possible.<br />

* Ajouter soigneusement du compost convenablement traité et/<br />

ou des organismes utiles lorsque le sol est encore tiède.<br />

Exemples d’application<br />

L’une des principales préoccupations liées à la pasteurisation du sol est<br />

son coût. Ce dernier pouvant être élevé, cette inquiétude est justifiée.<br />

Toutefois, intégré à un programme de LPI, il peut être réduit et est<br />

comparable à celui des techniques de fumigation par substances<br />

chimiques, comme l’illustrent les exemples suivants:<br />

Pasteurisation du sol pour traiter la fusariose de l’oeillet<br />

Dans cette étude de cas, on a comparé les coûts du traitement du sol<br />

par pasteurisation et plusieurs autres fumigants du sol dans le traitement<br />

de la fusariose de l’œillet provoquée par le Fusarium oxysporum f. sp.<br />

dianthi. Le producteur concerné mène un programme de LPI<br />

approfondi pour réduire autant que possible la fréquence des infestations<br />

et pasteurise une profondeur de 30 cm. Autrement, un traitement<br />

63


à la vapeur coûterait trois fois plus cher. Il sera nécessaire de traiter une<br />

profondeur d’au moins 80 cm, ce qui demande beaucoup de temps,<br />

comme le montre l’étude de cas en fin de chapitre. Cette approche de<br />

contrôle de la maladie devrait toujours être préventive puisque la<br />

rentabilité de la production de cette fleur est menacée à partir de 8% de<br />

pertes.<br />

Tableau 10. Comparaison des coûts généraux entre plusieurs<br />

fumigants et pasteurisation pour stériliser le sol<br />

FUMIGANT<br />

COUT PAR HECTARE*<br />

Dazomet (Basamid®) $5,680<br />

Métam-sodium (Vapam®, Buma®) $5,120<br />

Dichloropropène (Télone®) $8,000<br />

Bromure de Méthyle $5,030<br />

Vapeur** $6,970<br />

Chiffres en US dollars. Données fournies par Jardines de los Andes, Flexport de Colombia, Bogotá, et Cultivos<br />

Miramonte, Medellín, Colombie (Rodríguez-Kabana and Martínez, 1997)<br />

* Coûts de main d’oeuvre inclus<br />

** Faible incidence de maladie<br />

Pour des coûts comparables à ceux d’autres fumigants, la pasteurisation<br />

offre des avantages supplémentaires: les fumigants du sol nécessitent<br />

souvent une période d’attente (parfois supérieure à 30 jours) avant de<br />

pouvoir replanter alors qu’il est possible de le faire immédiatement dans<br />

des sols traités à la vapeur. Par ce seul fait, les zones traitées à la vapeur<br />

permettent un mois de production supplémentaire de fleurs représentant<br />

par hectare environ 200 000 fleurs exportables, soit US$15 000.<br />

Selon les producteurs utilisant la vapeur, les fleurs sont plus vigoureuses<br />

et plus productives. Mieux encore, ils cultivent des œillets sur la même<br />

exploitation depuis plus de 20 ans avec des pertes de 3% maximum,<br />

preuve d’une production réellement durable. Peu de producteurs<br />

peuvent se targuer de cette réussite, vu l’agressivité et la virulence de ce<br />

pathogène dans les sols colombiens qui a obligé des producteurs à opter<br />

pour une autre culture.<br />

Si elle n’est pas correctement appliquée, la pasteurisation peut s’avérer<br />

une expérience extrêmement coûteuse et frustrante. Le tableau 11 cidessous<br />

présente les coûts du traitement d’une parcelle d’un hectare<br />

par pasteurisation pour éliminer la fusariose de l’œillet lorsque:<br />

64


a) L’incidence de la maladie est faible (vapeur injectée à 30 cm)<br />

b) L’incidence de la maladie est moyennement grave (vapeur injectée à<br />

30 cm pour la moitié du traitement et à 80 cm pour l’autre moitié) et<br />

c) L’incidence de la maladie est élevée (vapeur injectée à 80 cm<br />

pendant tout le traitement)<br />

La principale différence entre les trois traitements réside dans la<br />

profondeur à laquelle la vapeur est injectée, ce qui se répercute<br />

fortement sur les coûts énergétiques. Lorsque la maladie est<br />

sévèrement installée, les quantités de population du champignon<br />

dans le sol sont importantes, et il faut plus longtemps pour atteindre<br />

les niveaux de température permettant d’éliminer les spores.<br />

Tableau 11. Coûts de la pasteurisation par hectare pour éliminer la fusariose<br />

de l’œillet, en fonction de l’incidence de la maladie.<br />

Faible incidence<br />

1. Coûts directs<br />

Main d’œuvre<br />

2,003<br />

Source d’énergie<br />

3,379<br />

Maintenance<br />

109<br />

Amortissement du matériel<br />

318<br />

Autres matériels*<br />

262<br />

2. Coûts indirects<br />

Transpor<br />

ransport t de la Chaudière<br />

165<br />

Energie<br />

742<br />

Incidence moyenne<br />

3,258<br />

5,491<br />

177<br />

517<br />

429<br />

165<br />

1,208<br />

Incidence éleveé<br />

TOTAL<br />

$ 6,980 $ 11,245 $ 27, 415<br />

Chiffres en US dollars, données fournies par Flexport de Colombia, Bogotá, Colombie<br />

* tentes, râteaux, tuyaux, tubes flexibles etc.<br />

8,010<br />

13,515<br />

435<br />

1,270<br />

1,051<br />

165<br />

2,968<br />

Le tableau 11 illustre combien il est important d’empêcher que la<br />

maladie ne se propage et ne s’aggrave, ce qui ne s’accomplit<br />

efficacement qu’avec un programme de LPI. Dans le cas présenté, les<br />

poussées de fusariose sont soigneusement enregistrées au cours du cycle<br />

de production. Ensuite, après déracinement des cultures et pasteurisation<br />

du sol avant plantation, ces zones sont traitées à des profondeurs<br />

supérieures (60-80 cm). Ce traitement localisé est économiquement<br />

envisageable jusqu’à un certain point. Il est applicable dans cette<br />

exploitation floricole car les pertes dues à la fusariose n’excèdent pas 2-<br />

3% de la production. Lors de la re-plantation de nouvelles cultures, on<br />

plante des variétés résistantes là où la maladie a frappé auparavant, ce<br />

qui réserve les zones plus saines aux variétés sensibles.<br />

65


Chapitre 4<br />

Compostage<br />

Au départ, le compostage répondait au problème posé par les grandes<br />

quantités de résidus de fleurs dans des exploitations floricoles. On recourt<br />

aujourd’hui de plus en plus au compostage car il permet d’obtenir un<br />

excellent amendement et, de surcroît, il contient également<br />

d’importantes quantités d’organismes utiles qui empêchent l’apparition<br />

de maladies du sol et contribuent à les éliminer.<br />

Les déchets végétaux (provenant de la taille, de fleurs cassées ou arrachées<br />

ou quantités supérieures lors de nouvelles plantations) posaient jadis<br />

un problème pour les producteurs qui ne savaient que faire de ces tonnes<br />

de matières végétales inutilisées. Des monticules entiers de ces déchets<br />

se forment à certaines périodes quand il faut arracher, après la période<br />

de production, les roses, œillets, chrysanthèmes, etc. (tous les 4 mois<br />

ou même tous les 10 ans) (voir tableau 12). Selon des calculs réalisés<br />

par des experts, chaque hectare cultivé produit quotidiennement<br />

quelques 2,25 m 3 de déchets végétaux.<br />

Tableau 12. Volume de déchets végétaux obtenu lors de l’arrachage d’un<br />

hectare de fleurs<br />

Type de fleur<br />

Tonnes par Ha Fréquence<br />

Œillets 25/Ha Tous les 2 ans<br />

Chrysanthèmes 9/Ha Toutes les 14 semaines<br />

Roses 30/Ha Tous les 8-10 ans<br />

Gypsophile 5/Ha Toutes les 22 semaines<br />

Source: Dimensión Ambiental de los cultivos de flores (Asocolflores, 1991)<br />

On s’aperçoit aujourd’hui que les anciennes solutions consistant à<br />

brûler, jeter ou simplement enfouir endommageaient<br />

l’environnement, occupaient de l’espace, nécessitaient de la main<br />

d’œuvre et étaient onéreuses. Des producteurs du monde entier ont<br />

alors commencé à fabriquer du compost avec l’aide de lombrics.<br />

67


Cette méthode s’est révélée une excellente solution au problème. On<br />

s’est rapidement aperçu que l’humus riche obtenu était un engrais efficace<br />

qui contribuait également à restaurer la flore du sol en éliminant parasites<br />

et pathogènes du sol et en augmentant la capacité de rétention d’eau.<br />

1. Procédé du compostage<br />

En général, le compostage (normalement pratiqué à ciel ouvert) consiste<br />

à empiler sur une certaine épaisseur des matières végétales et laisser passer<br />

un laps de temps pendant lequel s’opère le processus de décomposition.<br />

Pour accélérer le processus, les matières végétales sont coupées ou hachées.<br />

Les conditions environnementales sont très importantes (voir page 73).<br />

Selon les végétaux utilisés, le compostage durera 4 à 5 mois.<br />

Dès le début du compostage, la température à l’intérieur du tas de matières<br />

végétales augmentera et atteindra 60°C environ. Cette température peut<br />

être considérée comme un processus naturel de pasteurisation; elle<br />

éliminera la plupart des champignons ou bactéries nocives pouvant se<br />

trouver dans les végétaux. Les pics de température se produiront toutes<br />

les quatre semaines environ, mais ce pic ira de façon décroissante au fil du<br />

cycle de formation du compost. Cette courbe « en cloche » indique quand<br />

il faut aérer la matière compostée (voir graphique 2).<br />

Il est important d’apprendre à reconnaître quand le compost est mature<br />

car un compost immature appliqué dans le sol peut se révéler phytotoxique<br />

pour les plantes cultivées en raison des quantités importantes<br />

d’ammoniaque qu’il renferme. Une approche empirique sera la meilleure.<br />

Voici les étapes à suivre pour composter des matières végétales:<br />

Photo: Marta Pizano.<br />

Fig. 24. Un petit hachoir de ce type peut traiter<br />

une grande quantité de déchets de rosiers.<br />

Hachage (coupe) des matières<br />

es<br />

végétales<br />

Des morceaux de petite taille,<br />

réguliers, se décomposeront plus<br />

rapidement et uniformément.<br />

Toutefois, la taille appropriée dépend<br />

de la quantité d’eau des plantes (des<br />

tiges très aqueuses comme celles de<br />

l’Alstroemeria sont difficiles à<br />

couper) et de l’outillage disponible.<br />

68


Photo: Marta Pizano.<br />

Construction du tas<br />

Constituer des couches en<br />

commençant par du sable ou autre<br />

matériau favorisant le drainage,<br />

alterner ensuite les couches avec des<br />

matières végétales, des enveloppes<br />

de riz ou autre matériau poreux<br />

permettant une bonne aération et<br />

une source d’azote (ex: fumier de<br />

vache ou de porc ou formulation<br />

liquide d’azote le cas échéant).<br />

Bâchage<br />

Fig. 26. Comme ici, il est possible de couvrir<br />

les tas de compost pour empêcher une humidité<br />

excessive. Le film devra être percé pour<br />

permettre un échange gazeux.<br />

Fig. 25. Tas préparés pour le<br />

compostage.<br />

Recouvrir le tas directement d’un film<br />

polyéthylène ou placer le tas sous un<br />

abri plastique. Certains producteurs<br />

placent les tas de compost directement<br />

dans les champs. Cette étape vise à<br />

garantir un taux d’humidité satisfaisant<br />

à l’intérieur du tas. Dans des régions<br />

pluvieuses, un toit s’avère utile. Dans<br />

le cas du film plastique, des trous<br />

devront être percés pour permettre les<br />

échanges gazeux.<br />

Brassage du compost<br />

Selon l’évolution de température (voir graphique 2<br />

2), il conviendra de<br />

retourner le tas toutes les quatre semaines environ, étape essentielle<br />

pour permettre une aération adéquate.<br />

Photo: Marta Pizano.<br />

Fig. 27. La vapeur émanant de tas de compost montre les<br />

températures élevées atteintes au cours de ce processus, ce qui garantit<br />

une pasteurisation naturelle.<br />

Photo: Marta Pizano.<br />

69


Récolte<br />

Le compost sera utilisable<br />

après avoir été retourné trois<br />

ou quatre fois (soit 3-4 mois),<br />

selon le type de fleur et les<br />

conditions du milieu.<br />

Toutes les quatre semaines<br />

environ, la température intérieure<br />

du tas atteint un pic (au départ,<br />

ce pic est assez élevé, 60°C, puis<br />

diminue) lorsque la respiration et<br />

l’activité métabolique des microorganismes<br />

sont maximales. Il est<br />

alors important d’aérer la matière<br />

en décomposition en la<br />

retournant pour assurer une<br />

teneur suffisante en oxygène. Il<br />

est possible de retourner le tas à<br />

la main avec une pelle mais un<br />

tracteur et une bineuse seront<br />

nécessaires pour des tas<br />

importants. La vapeur qui s’en<br />

dégage indique la chaleur de l’intérieur du tas.<br />

Fig. 28. Tas de compost à différentes phases en<br />

Colombie. Le substrat noir et humide au premier<br />

plan est prêt à l’emploi.<br />

Fig. 29. Compost prêt à l’emploi au Zimbabwe.<br />

Graphique 2. Evolution de la température à l’intérieur de tas de compost<br />

(représentation schématique)<br />

Photo: Marta Pizano.<br />

Photo: Marta Pizano.<br />

70<br />

60<br />

50<br />

40<br />

30<br />

Température<br />

Témperature<br />

20<br />

10<br />

0<br />

Semaine 1<br />

Semaine 2<br />

Semaine 3<br />

Semaine 4<br />

Semaine 5<br />

Semaine 6<br />

Semaine 7<br />

Semaine 8<br />

Semaine 9<br />

Source: Moreno, M. Jardines de los Andes, Bogotá, Colombia, 1999.<br />

70


2. Facteurs majeurs à considérer<br />

er<br />

Pour procéder au compostage, il faut étudier les infrastructures au sein<br />

de l’exploitation:<br />

Collecte de matière e végétale<br />

Il est essentiel d’élaborer un programme adéquat de classification et de<br />

regroupement de déchets végétaux. Des matériaux d’origine diverse<br />

(plastiques, fils de fer, élastiques,<br />

etc.) ne se décomposeront<br />

évidemment pas et<br />

pourraient compliquer la suite<br />

du processus. Une fois encore,<br />

une formation adéquate<br />

s’impose. Placer les substances<br />

végétales dans des poubelles,<br />

sacs ou autres. S’assurer<br />

qu’elles sont régulièrement<br />

emmenées sur le site du<br />

compostage (quotidiennement,<br />

hebdomadairement ou<br />

selon l’ampleur de l’opération).<br />

Toutes les matières<br />

végétales peuvent être<br />

utilisées, c’est à dire coupes de<br />

gazon, mauvaises herbes et<br />

autres plantes ou parties de<br />

plantes (à l’exception, bien<br />

entendu, des plantes malades<br />

écartées dans le cadre des<br />

programmes de contrôle des<br />

maladies).<br />

Fig. 30. Espace adéquat pour les déchets végétaux,<br />

à l’extérieur d’un lieu de triage.<br />

Fig. 31. Il est difficile de procéder au compostage si l’on<br />

se contente d’accumuler le matériel végétal comme<br />

présenté ici, ou si l’on ne trie pas suffisamment les déchets.<br />

Lieu de hachage<br />

Bien choisir son site de hachage des végétaux est important. Il<br />

conviendra également d’évaluer la quantité de substance végétale à<br />

hacher; si les substances végétales s’accumulent, elles seront difficiles<br />

à traiter. Le hachage doit donc s’opérer quotidiennement ou<br />

hebdomadairement selon les volumes produits. Une fois encore, ne<br />

pas laisser de grandes quantités de substances à l’abandon car elles<br />

risqueraient de pourrir, ce qui fausserait les résultats escomptés.<br />

Photo Natalia Martínez et Rodrigo Rodríguez.<br />

Photo: Marta Pizano.<br />

71


Photo: Marta Pizano.<br />

Fig. 32. Importante opération de compostage<br />

au Kenya.<br />

Lieu de compostage<br />

Il faudra opter pour des endroits<br />

spacieux, bien ventilés. Le lieu de<br />

compostage n’est pas une<br />

décharge: il doit être propre et bien<br />

aéré, facile d’accès et constituer un<br />

cadre de travail agréable. Les<br />

employés doivent comprendre<br />

l’objet du compostage et ses<br />

avantages.<br />

Période d’application<br />

La période idéale pour<br />

appliquer le compost est la<br />

phase de pré-plantation, juste<br />

après la pasteurisation, avec un<br />

apport simultané d’organismes<br />

utiles comme le Trichoderma<br />

ou des complexes bactériens,<br />

levures, etc. qui permettront au<br />

sol de restaurer sa microflore.<br />

Le cycle court de fleurs comme<br />

le chrysanthème permettent<br />

facilement de recourir à cette<br />

pratique. Toutefois, dans le<br />

monde entier, des producteurs<br />

appliquent ces substances<br />

directement sur des couches<br />

plantées de roses, d’œillets et<br />

même de fleurs tropicales<br />

comme les héliconias. Le compost<br />

est délicatement incorporé<br />

dans le sol, en prenant soin de<br />

ne pas abîmer ou déranger les<br />

racines des plantes.<br />

Fig. 33. Application de compost sur un sol<br />

récemment pasteurisé. On aperçoit au fond une<br />

chaudière mobile au diesel.<br />

Fig. 34. Compost en sacs prêt à être appliqué aux<br />

plants de rosiers.<br />

D’autres facteurs ne sont pas directement liés à l’infrastructure ou à<br />

l’organisation de l’exploitation mais au procédé de compostage lui-même:<br />

Photo: Marta Pizano.<br />

Photo: Natalia Martínez et Rodrigo Rodríguez.<br />

72<br />

Taille et consistance des fibres végétales<br />

Les matières végétales dures et de grande taille sont difficiles à trans-


former en compost et prendront un temps certain pour ce faire.<br />

Elles sont également encombrantes. Il convient alors de les hacher,<br />

broyer ou écraser à l’aide de machines adaptées réduisant leur volume<br />

de 70% environ. Il est également conseillé de traiter séparément<br />

les différents types de fleurs, ou au moins de les regrouper en fonction<br />

de leur compatibilité. Ainsi, le compostage sera différent pour les<br />

alstroemérias et pour les roses, la première variété étant plus aqueuse.<br />

Gaz ou liquides danger<br />

ereux<br />

eux<br />

Les gaz ou liquides produits par décomposition de matière végétale peuvent<br />

avoir une odeur désagréable et être dangereux pour l’environnement. Ceci<br />

s’explique du fait que les substances végétales ont presque toujours été<br />

exposées aux pesticides et engrais chimiques. Il faudra aérer convenablement<br />

et récolter les liquides pour résoudre ce problème. Une odeur nauséabonde<br />

et/ou la présence de mouches autour des tas de compost indiquent<br />

clairement que le compostage ne s’opère pas correctement et que le procédé<br />

devra être réétudié. Toutefois, il est normal que le compost ou l’humus<br />

produise des effluents liquides qui, en fait, contiennent des éléments nutritifs<br />

et des micro-organismes utiles et peuvent être ré-appliqués sur la culture.<br />

Il est plus aisé de récolter ces effluents si le terrain sur lequel est placé le tas<br />

de compost est légèrement en pente.<br />

Teneur adéquate en micro-or<br />

o-organismes<br />

Les micro-organismes appropriés permettront un compostage plus efficace<br />

et plus rapide. Bien que les bactéries et champignons normalement associés<br />

aux végétaux suffisent généralement, il peut être utile d’ajouter des mélanges<br />

de levures, bactéries utiles comme les Streptomyces et certains champignons<br />

pour améliorer le processus et l’accélérer. Il est possible de cultiver<br />

directement sur place ces organismes utiles dans de grands récipients, en<br />

utilisant des milieux simples comme le lait ou le yaourt, une source de<br />

sucre comme la mélasse et une source d’azote. Les laboratoires qui<br />

fournissent ces organismes apportent souvent l’aide technique nécessaire.<br />

Facteurs environnementaux adéquats<br />

Pour que le compost se développe correctement, il faut réunir les conditions<br />

adéquates de pH, de température, d’humidité et de teneur en<br />

oxygène. Les bactéries et les champignons mourront si l’humidité n’est<br />

pas appropriée; un taux d’humidité de 30-40% est nécessaire et il faudra<br />

souvent arroser avec un peu d’eau les tas de compost. Certains producteurs<br />

recouvrent les tas de compost avec du film polyéthylène pour conserver<br />

l’humidité. Il faut alors perforer ce film pour que l’air circule.<br />

73


On obtient une meilleure aération en retournant la matière végétale toutes<br />

les 3-4 semaines. Certains producteurs placent des tuyaux dans les tas<br />

pour faire office de « trous de respiration » avec des résultats satisfaisants.<br />

La hauteur du tas est également importante et ne doit pas excéder 1,60m;<br />

sinon, la teneur en oxygène ne sera plus optimale au centre et à la base du<br />

tas, induisant des conditions anaérobiques indésirables.<br />

Maturité<br />

L’expérience est le meilleur allié pour reconnaître le stade de maturité<br />

adéquat auquel on peut récolter le compost. Le compost utilisable<br />

est noir foncé (voire rouge, selon l’emplacement), spongieux, humide<br />

et a une odeur de terre. On sait que l’application d’un compost immature<br />

sera dangereuse pour les plantes, probablement en raison de<br />

sa teneur élevée en ammonium. Il pourrait également renfermer encore<br />

des graines de mauvaises herbes, parasites et maladies dans des<br />

proportions trop élevées susceptibles d’infester à nouveau la terre.<br />

3. Lombrics<br />

Bien que l’on puisse utiliser directement le compost comme engrais ou<br />

amendement du sol avec d’excellents résultats, certains producteurs<br />

préfèrent procéder à une première étape de compostage et nourrir des<br />

lombrics avec cette matière végétale partiellement décomposée. L’espèce<br />

la plus fréquemment utilisée, Eisenia foetidia, appelée communément<br />

ver rouge ou ver de Californie, transforme le compost en un composé<br />

noir, humide et riche en s’en nourrissant que certains producteurs<br />

appellent «humus», «vermicompost» ou encore «compost de lombric».<br />

Photo: Marta Pizano.<br />

Fig. 35. Lombric rouge commun, Eisenia foetidia.<br />

74


Le tableau ci-dessous résume les avantages et inconvénients de<br />

l’utilisation directe du compost et de celle de l’humus:<br />

Tableau 13. Avantages et inconvénients de l’utilisation<br />

du compost ou de l’humus<br />

Humus Compost<br />

Textur<br />

exture Fine Grossière<br />

Eléments nutritifs<br />

Facilement apportés aux plantes Moins facilement apportés<br />

Consistance Lisse, uniforme Rugueuse, inégale<br />

Capacité de rétention d’eau Excellente<br />

Bonne<br />

Effet fet sur la structur<br />

ucture du sol Insignifiant Nette amélioration<br />

Coût<br />

Plus élevé, nécessite davan- Inférieur à celui de<br />

tage d’espace et de temps l’humus<br />

Types de plantes traitées Certaines sont difficiles à La majorité des plantes se<br />

dendranthema) et ajout transforment facilement en<br />

d’amendement nécessaire compost<br />

Lorsque l’on utilise des lombrics, on les conserve dans des « lits » spéciaux<br />

généralement assez peu profonds (60-80 cm) leur fournissant un<br />

environnement approprié. Pour conserver un pH neutre, il convient<br />

d’aérer convenablement et de maintenir une température adéquate.<br />

Certains producteurs conservent des « nurseries » de lombrics où se<br />

multiplient les vers nourris et soignés entre chaque activité. Les nurseries<br />

sont habituellement des récipients plus petits constamment chauffés, où<br />

les vers reçoivent un complément alimentaire composé de fumier, de<br />

préparations de micro-organismes et de fibres végétales pouvant provenir<br />

de vieux papiers ou cartons. D’autres producteurs ne voient pas la nécessité<br />

de cette étape mais quoi qu’il en soit, les lombrics peuvent contribuer à<br />

recycler les déchets de papier de bureaux.<br />

Le contrôle de l’environnement est particulièrement important dans le<br />

cas de l’utilisation de lombrics. Ils sont très sensibles au manque<br />

d’humidité; le pH doit être neutre et bien que celui du compost et de<br />

l’humus soit de 8 environ, les substrats acides seront nocifs aux lombrics;<br />

ils devront être corrigés avec des amendements comme du carbonate de<br />

calcium. Les lombrics se nourrissant principalement de champignons, les<br />

conditions doivent favoriser leur développement. Il est possible d’observer<br />

facilement des lombrics intoxiqués (ils deviendront blancs) tandis que<br />

sains, ils sont rouge vif.<br />

75


Résultats<br />

Jusqu’à quel point le compost est-il efficace et bénéfique ? Est-il coûteux? En<br />

vaut-il la peine? Telles sont les questions les plus fréquemment posées par les<br />

producteurs qui n’ont jamais essayé cette alternative. Les fervents adeptes<br />

avancent les nombreux avantages offerts comme une réduction de 50% des<br />

engrais chimiques, une nécessité inférieure (voire nulle) de pasteuriser le sol,<br />

une meilleure productivité entre autres. En voici quelques expériences:<br />

Tableau 14. Remplacement de la fertilisation inorganique (chimique)<br />

par de l’humus dans une pépinière de roses, en Colombie.<br />

Méthode traditionnelle<br />

Humus<br />

% Substitution 0% 50%<br />

Coût ha/mois* $350 $320<br />

* Traitement, main d’oeuvre, transport, application sur les plantes, engrais et autres matériaux inclus. N’inclut<br />

pas le coût du hachage ni de la terre destinée à la production de l’humus. Coûts en US dollars.<br />

Source: Valderrama, H., 1996 Las Flores S. A., Bogotá, Colombie<br />

Dans ce cas, 50% des engrais traditionnels ont été remplacés par de l’humus<br />

qui, à lui seul, représente 10% d’économie. D’autres producteurs rapportent<br />

des économies de 20%. D’autres avantages ont cependant été observés:<br />

* La haute concentration en sels solubles, qui touchent habituellement<br />

les roses, ont été moins problématiques car l’humus a fourni un meilleur<br />

équilibre en éléments nutritifs dans le sol.<br />

* Les besoins en eau étaient inférieurs de 15-20%, (les besoins en<br />

arrosage sont minutieusement contrôlés avec des tensiomètres dans<br />

cette exploitation) grâce à l’amélioration de la capacité de rétention<br />

d’eau apportée par l’humus.<br />

* La structure et le drainage du sol ont été améliorés.<br />

* Des plantes vigoureuses, saines et plus productives ont été observées,<br />

sans doute grâce aux facteurs précédemment soulignés, mais aussi<br />

aux micro-organismes provenant de l’humus, qui restaurent<br />

l’équilibre naturel et concurrencent les pathogènes et parasites.<br />

Tableau 15. Compost utilisé comme fertiliseur et amendement du sol<br />

dans une pépinière de Dendranthema<br />

Quantité de compost appliqué:<br />

30 Tonnes/Ha<br />

% de substitution d’un engrias chimique: 50%<br />

Capacité de rétention d’eau: Augmentée de 30 - 40%<br />

Réduction des coûts: 15 - 20%<br />

Stérilisation du sol:<br />

None<br />

Source: Jaramillo, F. and Valcárcel, F. 1998. Jardines de los Andes, Bogotá, Colombie<br />

76


Selon le producteur, le principal avantage du compost est de retrouver une<br />

terre saine. En effet, après avoir cultivé des chrysanthèmes pendant de<br />

nombreuses années dans la même terre, il commençait à rencontrer des<br />

problèmes avec des champignons du sol comme le Phoma et le Pythium,<br />

liés à la monoculture, à une structure du sol et une aération médiocres et à<br />

un problème de rétention d’eau. L’ajout de compost a quasiment éliminé<br />

tous ces problèmes et il n’est nul besoin de stériliser à la vapeur ou fumiger<br />

le sol, ce qui représente non seulement des économies substantielles mais<br />

également une approche plus respectueuse de l’environnement. L’une des<br />

raisons de cette amélioration réside dans un meilleur drainage et une<br />

meilleure aération du sol, empêchant le développement de ces champignons.<br />

En outre, un meilleur équilibre du sol est apporté par les microorganismes<br />

utiles contenus dans le compost qui rivalisent avec les pathogènes<br />

et les empêchent de se reproduire aussi rapidement.<br />

Comme pour les exemples précédents, les sels solubles posent moins de<br />

problèmes et permettent d’améliorer la vigueur et la productivité de la<br />

plante. Dans les pépinières de Dendranthema, on peut facilement<br />

incorporer le compost dans le sol car les cycles de culture sont courts (4<br />

mois environ) et les plantes doivent être totalement ôtées pour en replanter<br />

d’autres. Des producteurs du Costa Rica appliquent de l’humus aux<br />

chrysanthèmes au cours du cycle de culture avec d’excellents résultats.<br />

Une autre étude de cas intéressante a été réalisée au Mexique, où certains<br />

producteurs de chrysanthèmes ont commencé à utiliser du compost<br />

amendé de Trichoderma sp, des extraits de plantes obtenus à partir de<br />

Tagetes (œillets d’Inde) et d’un mélange composé d’algues marines.<br />

Ce système est utilisé comme alternative au bromure de méthyle pour<br />

éliminer les champignons comme le Phytophthora sp, le Rhizoctonia<br />

solani et le Pythium sp, et les vers blancs (Phyllophaga sp).<br />

Bien que ce système oblige les producteurs à acquérir de nouvelles techniques<br />

de production, ils permettent d’économiser près de 40% des<br />

coûts supportés dans la fumigation traditionnelle au bromure de méthyle.<br />

Par ailleurs, la quantité de tiges de première qualité serait plus importante.<br />

Pour les producteurs qui utilisent avec succès le compostage, cette alternative<br />

résout plusieurs difficultés. Certains problèmes subsistent toutefois: par<br />

exemple, les producteurs d’œillets hésitent toujours à appliquer du compost<br />

d’œillet aux cultures de la même espèce, car ils n’ont aucune garantie de<br />

77


l’absence de Fusarium oxysporum f.sp. dianthi. D’autres affirment que la<br />

réduction de la population de ce champignon est assez significative pour<br />

qu’un programme de LPI adapté permette un meilleur résultat encore.<br />

Tableau 16. Comparaison du coût entre le bromure de méthyle et le<br />

compost pour éliminer les maladies du sol au Mexique (US$/m²)<br />

Apports<br />

ts<br />

Compost amendé<br />

Bromur<br />

omure e de Méthyle<br />

Bromure de Méthyle 0 0.33<br />

Bâches plastiques pour la fumigation 0 0.16<br />

Engrais chimique 0 0.01<br />

Pesticides 0 2.49<br />

Compost 0.18 0<br />

Trichoderma 0.02 0<br />

Insecticides botaniques, autres<br />

substances biologiques* 0.21 0<br />

Autres coûts fixes** 1.53 1.53<br />

Main d’œuvre*** 1.82 1.82<br />

Coût total sans la main d’œuvre 1.94 4.52<br />

Coût total avec la main d’œuvre 3.75 6.34<br />

Source: Trueba, S. 2000. Dans: Case studies of Alternatives to Methyl Bromide. PNUE<br />

* Eléments nutritifs des feuilles, insecticides des plantes et élimination des virus<br />

** Electricité, eau, terre, couvertures plastiques des serres<br />

*** La plupart de la main d’œuvre est fournie par la famille du producteur. Coûts calculés dans des<br />

petites exploitations.<br />

78


Chapitre 5<br />

Substrats hors-sol<br />

Quelques pays comme les Pays-Bas et Israël recourent depuis de nombreu<br />

ses années à la culture de fleurs coupées sur couches surélevées et dans<br />

des substrats artificiels (inertes) ou hors-sol (parfois appelée production<br />

hydroponique). La raison de l’utilisation de ces techniques est<br />

souvent liée à la présence de sols pauvres peu propices à la production floricole<br />

ou légumière.<br />

Les couches surélevées ou isolées autrement présentent plusieurs avantages,<br />

notamment la possibilité de stériliser correctement une quantité limitée de<br />

substrat. Elles permettent également de mieux contrôler la nutrition des plantes.<br />

Les producteurs du monde en voie de développement estimaient naguère que<br />

cette technique était trop coûteuse et relevait de la « haute-technologie ». Des<br />

matériaux comme la laine de roche ou même la tourbe horticole étaient souvent<br />

indisponibles et devaient être importés. Les sols et les couches surélevées<br />

bétonnés sont souvent onéreux. Tous ces facteurs, auxquels s’ajoute l’abondance<br />

de sols riches et fertiles disponibles, expliquent pourquoi la culture hors-sol ne<br />

s’est pas répandue dans les pays tropicaux et subtropicaux, grands producteurs<br />

de fleurs. Pendant longtemps, lorsque les maladies du sol, difficiles à éradiquer,<br />

provoquaient d’importantes pertes économiques, un producteur plantait sa<br />

culture suivante sur un sol « nouveau », laissant les zones infestées pour produire<br />

d’autres espèces, non-sensibles.<br />

Pourtant, la situation évolue depuis plusieurs années. Les industries floricoles<br />

se sont très souvent développées autour des grandes villes, où des aéroports<br />

internationaux sont facilement accessibles pour expédier leurs produits.<br />

Toutefois, avec le développement urbain, la terre devient plus chère et<br />

l’expansion des exploitations limitée, d’où la difficulté de se procurer du<br />

sol nouveau. Par ailleurs, la consommation de certains fumigants à large<br />

spectre sera interdite (comme le bromure de méthyle) ou limitée pour des<br />

raisons sanitaires ou environnementales (car responsables de cancers ou de<br />

malformations de naissance, risques de contamination de l’eau, etc.). La<br />

79


vapeur est trop onéreuse pour traiter les sols renfermant d’importantes<br />

populations de pathogènes. Toutes ces raisons ont poussé les floriculteurs<br />

à rechercher des matériaux et systèmes disponibles localement, adaptables<br />

à la production hors-sol et économiquement rentables.<br />

L’expérience montre que les substrats hors-sol sont une bonne alternative au<br />

bromure de méthyle surtout quand ils font partie d’un programme de LPI.<br />

1. Rôle d’un substrat<br />

Un bon substrat doit remplir quatre fonctions:<br />

♦<br />

♦<br />

♦<br />

♦<br />

Favoriser l’enracinement des plantes,<br />

Contenir des éléments nutritifs,<br />

Apporter l’eau, et<br />

Permettre un bon échange gazeux (aération)<br />

Un substrat seul ne remplira pas toujours ces quatre fonctions et l’on<br />

doit alors procéder à des mélanges. Par exemple, le sable permet une<br />

bonne aération mais n’apporte ni eau ni éléments nutritifs qui filtrent<br />

facilement. Par ailleurs, l’argile retient l’eau à tel point que la teneur en<br />

oxygène est parfois réduite à des niveaux dangereux pour les plantes.<br />

Aussi, les producteurs élaborent-ils un mélange pour favoriser<br />

l’enracinement (empotage) en combinant plusieurs éléments afin d’obtenir<br />

un substrat capable de remplir toutes ces fonctions.<br />

Parmi ces propriétés, seule la première (enracinement) est inhérente à un<br />

substrat. En d’autres termes, d’autres facteurs comme la manipulation et la<br />

procédure de récolte n’influent pas sur le substrat. Les autres fonctions<br />

(aération, capacité de rétention d’eau et d’éléments nutritifs) sont influencés<br />

par des facteurs comme le pouvoir de compactage, l’arrosage et le pH que le<br />

producteur doit gérer. Dans certains cas cependant, le poids ou « densité de<br />

plantation » du substrat est également important pour éviter que les plantes<br />

ne tombent, on peut alors utiliser des fils de fer ou des filets pour soutenir les<br />

plantes qui croissent dans des substrats légers (voir exemples page 85).<br />

Les producteurs savent depuis longtemps que la terre naturelle n’est pas<br />

indispensable pour le développement des cultures. On peut retrouver les<br />

propriétés physiques et chimiques de la terre dans d’autres matériaux et l’on<br />

apporte autrement les éléments nutritifs aux plantes. En fait, on peut cultiver<br />

80


des plantes directement dans de l’eau amendée d’engrais. Il s’agit du procédé<br />

hydroponique. Pourtant, la terre est un bon régulateur et peut compenser<br />

des erreurs de fertilisation car elle contient au moins quelques éléments nutritifs<br />

nécessaires aux plantes. Les systèmes hors-sol nécessitent un contrôle plus<br />

strict des quantités d’éléments nutritifs, que l’on peut mener avec la<br />

conductivité électrique (CE), un pH-mètre et des analyses foliaires et du sol.<br />

2. Types de Substrats<br />

On utilise de nombreux types de substrats dans l’industrie de la culture<br />

sous serre. La tourbe horticole, le sable, les écorces et matières inertes<br />

comme la vermiculite et la laine de roche sont les plus utilisés. On les<br />

utilise souvent en mélanges et proportions différents.<br />

Ces dernières années, d’importantes recherches et expériences ont été<br />

menées pour trouver des substrats de substitution pour répondre à divers<br />

problèmes. La tourbe, par exemple, est un matériau naturel obtenu à partir<br />

des marécages de pays septentrionaux. Une récole continue de cette substance<br />

pourrait être préoccupante car elle se forme très lentement et n’est<br />

pas facilement remplacée. De surcroît, importer de la tourbe dans des pays<br />

où elle n’est pas produite s’avère trop onéreux. La laine de roche, elle, ne<br />

pose pas de problème écologique et est très durable; elle n’est cependant<br />

pas disponible dans tous les pays et devrait alors être importée à des prix<br />

souvent trop élevés pour être rentable dans une production à grande échelle.<br />

Chacun doit apprendre à adapter la technologie aux conditions locales.<br />

On étudie l’utilisation de nouvelles substances comme les enveloppes<br />

de riz, les fibres de coco (coir), le compost, différents types d’écorce et<br />

la sciure de bois. On utilise depuis longtemps les scories volcaniques et<br />

la pierre ponce. Voici les caractéristiques de ces matériaux:<br />

Coir<br />

Le matériau fibreux situé entre la surface extérieure et l’intérieur<br />

de la coque dure de la noix de coco, appelé en botanique mesocarp,<br />

renferme de longues fibres résistantes utilisées pour fabriquer<br />

différents types de matériaux comme le rembourrage, la ficelle, les<br />

filtres et les brosses. Les fibres plus courtes, déchiquetées, la poussière<br />

et la médule inutilisées servent en horticulture de substrat<br />

d’enracinement appelé « coir ». Le coir peut, lorsqu’il est humide,<br />

être comprimé puis séché pour faciliter le transport sur long parcours<br />

81


Photo: Marta Pizano.<br />

Fig. 36. Orchidées cultivées sur des coques de coco au Costa Rica.<br />

en raison de sa légèreté ; réhydraté, il est immédiatement utilisable.<br />

Sa performance est comparable à celle de la tourbe, à quelques<br />

exceptions près: sa texture plus fine ne permet pas une aération<br />

aussi bonne mais son pouvoir de réhydratation est bien meilleur.<br />

Les propriétés physiques et chimiques du coir varient selon sa source<br />

d’origine et de nombreux producteurs l’utilisent combiné avec<br />

d’autres matériaux. D’excellents résultats ont cependant été obtenus<br />

lorsqu’il était utilisé seul: gerberas aux Pays-Bas, plantes d’ornement<br />

et fleurs coupées en Côte d’Ivoire (voir tableau 19, p. 89).<br />

L’utilisation de ce matériau se développera probablement au cours<br />

des prochaines années.<br />

L’intégralité de l’ « écorce » de la noix de coco (le mésoderme,<br />

ainsi que la couche supérieure appelée ectoderme) est souvent<br />

utilisée pour cultiver les orchidées au Costa Rica et dans d’autres<br />

pays. Ces plantes ne nécessitent pas de substrat particulier car<br />

elles sont épiphytes (elles croissent sur d’autres plantes ou arbres).<br />

L’écorce de coco permet un enracinement idéal et la nutrition<br />

s’effectue presque totalement par la voie d’applications foliaires.<br />

Enveloppes de riz<br />

Il s’agit de dérivés de rizeries disponibles à des prix raisonnables<br />

dans les régions productrices de riz. Les enveloppes de riz ne<br />

sont pas véritablement inertes (ou non réactives) mais possèdent<br />

un bonne capacité d’aération et de rétention d’eau. Elles constituent<br />

un substrat efficace pour la culture d’œillets en<br />

Colombie (voir plus bas), d’anthuriums au Costa Rica entre<br />

autres. On ajoute à la terre du sol des enveloppes de riz depuis<br />

longtemps afin d’en améliorer l’aération et le drainage.<br />

82


Photo: Marta Pizano.<br />

Photo: Floraculture International.<br />

Fig. 37. Anthuriums cultivés dans<br />

des enveloppes de riz au Costa Rica.<br />

Fig. 39. Culture hydroponique<br />

des roses au Kenya.<br />

Fig. 38. Œillets cultivés dans des couches de sable<br />

en Hollande.<br />

Ecorce ce et sciure de bois<br />

L’écorce, la sciure et les copeaux de bois<br />

de toutes sortes peuvent être utilisés<br />

comme substrats et remplacent dans de<br />

nombreux pays la tourbe. Ils doivent être<br />

partiellement compostés (il faudra dans<br />

certains cas hacher ou couper en petits<br />

morceaux l’écorce) car utilisés frais, leur<br />

vitesse de décomposition est élevée et ils<br />

peuvent renfermer des substances toxiques<br />

dérivées du bois comme les résines ou les<br />

tanins, notamment dans le cas de la sciure.<br />

Le compostage de ces matériaux est<br />

identique à celui décrit au chapitre 4. Il<br />

vaut mieux utiliser des matériaux locaux<br />

car, à lui seul, le coût du transport de<br />

l’écorce et de la sciure est considérable par<br />

rapport au prix des matériaux eux-mêmes.<br />

Photo: Marta Pizano.<br />

Compost<br />

Il est possible d’utiliser du compost seul comme substrat avec<br />

d’excellents résultats, tant que les paramètres tels que le pH, la<br />

teneur en ammonium et d’autres sont contrôlés. En raison des<br />

nombreux avantages qu’il procure, nombre de producteurs<br />

préfèrent combiner le compost avec d’autres matériaux ou l’ajoutent<br />

aux couches du sol, comme décrit au chapitre 4. Le compost possède<br />

une excellente capacité de rétention d’eau, une capacité d’échange<br />

cationique et constitue une source importante d’éléments nutritifs.<br />

83


Photo: Marta Pizano.<br />

Photo: Marta Pizano.<br />

Roche volcanique (scorie, pierre<br />

ponce), vermiculite et autres<br />

es<br />

De nombreux autres matériaux<br />

sont utilisés comme substrats<br />

d’enracinement, seuls ou<br />

mélangés. Habituellement légers,<br />

ils permettent une bonne<br />

aération et certains (ex: vermiculite)<br />

possèdent une excellente<br />

capacité de rétention d’eau. Ils<br />

fournissent des quantités<br />

importantes de certains éléments,<br />

principalement le potassium et le<br />

magnésium. Certains sont inertes<br />

(non-réactifs) et favoriseront<br />

l’enracinement. Le procédé de<br />

culture sera alors identique à celui<br />

d’un système hydroponique. Des<br />

résultats intéressants ont été<br />

obtenus au Kenya, où l’on cultive<br />

des œillets dans des sacs remplis<br />

de pierre ponce. Le pH<br />

naturellement élevé de ce matériau limite le développement du<br />

champignon responsable de la fusariose.<br />

Fig. 40. Culture d’œillets dans des sacs remplis de<br />

pierre ponce au Kenya.<br />

Fig. 41. Culture de roses sur un substrat de laine de<br />

roche aux Pays Bas.<br />

Sable<br />

On utilise le plus souvent le sable en mélange dans des substrats<br />

d’enracinement pour sa capacité à améliorer le drainage et<br />

l’aération. Utilisé seul, d’excellents résultats ont été obtenus en<br />

Israël.<br />

3. <strong>Lutte</strong> antiparasitaire et traitement des maladies<br />

A lui seul, l’isolement des plantes du sol n’empêche pas l’apparition de<br />

maladies et parasites du sol. Ils peuvent toujours réapparaître, parfois<br />

même plus sévèrement si la solution nutritive est réintégrée. Il faudra<br />

donc suivre les recommandations faites précédemment pour éviter toute<br />

ré-infestation d’un substrat pasteurisé (voir chapitre 3). Les substrats<br />

hors-sol doivent être utilisés dans le cadre d’un programme de LPI.<br />

84


Il est possible de réutiliser un substrat à l’issue d’un cycle cultural si<br />

l’on élimine les mauvaises herbes, parasites et maladies fortement<br />

présents dans la précédente culture. Pasteuriser s’avère souvent efficace<br />

dans ce cas car cette technique est moins onéreuse qu’un traitement de<br />

la terre naturelle (voir la pasteurisation au chapitre 3).<br />

Exemples d’applications<br />

1. Culture des œillets dans du substrat d’enveloppes de riz en<br />

Colombie<br />

Des producteurs d’œillets colombiens à la recherche d’alternatives pour<br />

éliminer la fusariose ont expérimenté avec succès, ces dernières années,<br />

un système offrant les avantages de substrats artificiels placés en hauteur<br />

sans subir les coûts élevés liés à<br />

la construction de couches<br />

surélevées et des infrastructures<br />

nécessaires. Les « couches » sont<br />

constituées au-dessus d’un film<br />

polyéthylène épais placé à même<br />

le sol, qui les isole du sol. Les<br />

couches sont remplies d’enveloppes<br />

de riz partiellement brûlées<br />

à une profondeur de 15-20 cm.<br />

Le substrat est brûlé pour<br />

éliminer d’éventuels parasites ou<br />

Fig. 42. Couche de polyéthylène remplie<br />

d’enveloppes de riz partiellement brûlées pour la culture<br />

des œillets en Colombie.<br />

pathogènes et améliorer la texture. Cette opération est facile: il suffit de<br />

mettre le feu à des tas d’enveloppes de riz sèches puis de les asperger<br />

d’eau pour éteindre les flammes. Certains pays interdisent cependant cette<br />

pratique car elle contamine l’air et nécessite l’utilisation de fourneaux<br />

adéquats (souvent disponibles auprès des rizeries fournissant ce matériau).<br />

Les œillets sont alors cultivés dans ces couches suivant les pratiques<br />

culturales habituelles.<br />

Jusqu’à présent, les producteurs rapportent une importante réduction<br />

des pertes provoquées par F. oxysporum, notamment sur les variétés très<br />

sensibles (de 45% à 3% de pertes sur un cycle de production seulement).<br />

Comme pour les autres méthodes hydroponiques, cette pratique soulève<br />

d’autres problèmes, principalement liés à la fertilisation et l’arrosage, et<br />

un contrôle minutieux de ces deux paramètres est nécessaire.<br />

Photo: Marta Pizano.<br />

85


Pour passer des couches traditionnelles à ce système, un producteur<br />

devra suivre les étapes suivantes. Ce système pourra servir de modèle<br />

pour d’autres substrats tout aussi adaptés.<br />

Tableau 17. Elaboration étape par étape de couches de polyéthylène<br />

remplies d’enveloppes de riz pour la culture des œillets.<br />

* Niveler le sol avec une pente entre 0.5% et 1%.<br />

* Marquer les limites des couches et installer des piquets en bois ou autre outil<br />

semblable avec un espacement d’1 m environ. Aligner les piquets et maintenir<br />

la pente.<br />

* Compacter la terre du sol, qui doit être humide.<br />

* Fixer un fil métallique de calibre 10-12 ou une grosse corde en nylon (comme<br />

celle utilisée pour les rideaux) pour maintenir en place le polyéthylène.<br />

* Déployer le polyéthylène pour former la couche; procéder comme pour construire<br />

une couverture de serre, en fixant les bords avec des agrafes. Laisser une ouverture<br />

à l’extrémité inférieure de façon à ce que les effluents ou lixiviats puissent s’écouler.<br />

* Nettoyer les couches de polyéthylène vides avec une solution désinfectante<br />

pour éliminer toute saleté et débris. Ceci permet également de vérifier si la<br />

pente est bonne. Aucune flaque ne doit se former.<br />

* Remplir les couches d’enveloppes de riz brûlées en prenant soin de ne pas les<br />

contaminer avec des saletés ou de la terre. Maintenir la terre du sol humide<br />

permet d’éviter ce problème.<br />

* Filtrer les enveloppes de riz avec de l’eau propre abondante pour ôter les<br />

cendres et réduire le pH.<br />

* Installer les tuteurs de filets à leur place. Pour les œillets, on utilise 4 à 5 filets<br />

superposés, selon la variété.<br />

* Arroser abondamment. Les couches sont prêtes pour la plantation.<br />

* Des rampes d’irrigation au goutte à goutte doivent être installées une semaine après<br />

la plantation.<br />

Arreaza,P. 2000.Pizano, M. 2000 (Ed.) Dans: Clavel. Ediciones Hortitecnia Ltda.<br />

Facteurs à considérer<br />

pH élevé<br />

L’un des problèmes des enveloppes de riz est leur pH<br />

naturellement élevé (entre 7,5 et 9) dû aux oxydes formés par la<br />

combustion; un pH élevé peut poser quelques problèmes<br />

mineurs. On peut corriger cette situation en ajoutant<br />

directement dans les couches ou avant remplissage 12 à 15 kg<br />

de sulfate de calcium par m 3 d’enveloppes.<br />

86


Systèmes d’irrigation<br />

Le premier arrosage pourra se faire avec un tuyau pour maintenir<br />

le feuillage turgide après transplantation des boutures racinées<br />

et favoriser le développement des racines, comme dans la culture<br />

d’œillets en couches de sol. La deuxième semaine après la<br />

transplantation, il faudra installer des rampes traditionnelles<br />

d’irrigation au goutte à goutte. D’excellents résultats peuvent<br />

également être obtenus avec des tuyaux plats percés tous les 10<br />

cm, à raison d’un tuyau tous les deux rangs. Dans un substrat<br />

d’enveloppes de riz, la circulation de l’eau est plus rapide de<br />

façon verticale et ce système d’irrigation garantit une humidité<br />

meilleure et plus uniforme. Dans les deux cas, il faut irriguer<br />

plus fréquemment que pour la culture directe dans le sol. Il<br />

faudra également prendre en compte le milieu ambiant et la<br />

quantité d’effluents qui s’écoule de la couche pour déterminer<br />

la quantité d’eau nécessaire. Tensiomètres et évaporomètres<br />

fourniront des informations plus précises.<br />

Fertilisation<br />

Comme précédemment décrit, il faut prêter une attention<br />

particulière à la fertilisation dans le cas des substrats hors-sol. Des<br />

analyses foliaires et du substrat sont indiquées. Un matériel spécialisé<br />

permet de déterminer les besoins en éléments nutritifs; il n’est<br />

cependant pas disponible partout. En tout cas, il faut absolument<br />

pouvoir mesurer au moins les paramètres de base comme le pH et<br />

la CE et si possible le nitrate (NO 3<br />

) et le potassium (K) de l’apport<br />

nutritif et des lixiviats qui s’écoulent des couches.<br />

Ces deux derniers points sont fondamentaux pour établir des<br />

programmes adéquats d’arrosage et de fertilisation. Par exemple,<br />

selon les conditions environnementales, une quantité trop peu<br />

importante voire nulle d’effluents indique un apport d’eau<br />

insuffisant et une quantité excessive indique le contraire. Une<br />

humidité excessive favorise le développement de champignons<br />

du sol et réduit la teneur en oxygène du substrat. Les effluents<br />

doivent représenter 5 à 20% du volume total appliqué. Il en est<br />

de même pour la teneur en nitrate et en potassium.<br />

Le tableau suivant indique des recommandations pour la culture<br />

d’œillets dans du substrat d’enveloppes de riz.<br />

87


Tableau 18. Teneur recommandée en éléments nutritifs (ppm) pour<br />

la culture d’œillets dans du substrat d’enveloppes de riz<br />

ELEMENT CROISSANCE CROISSANCE<br />

HAUTE SAISON-<br />

VEGETATIVE<br />

TIVE REPRODUCTIVE BASSE SAISON<br />

Azote Total<br />

Nitrate Total<br />

Ammoniaque Total<br />

P<br />

K<br />

Ca<br />

Mg<br />

S<br />

Cu<br />

Zn<br />

Mn<br />

Fe<br />

Bo<br />

Mo<br />

210<br />

180<br />

30<br />

40<br />

100<br />

180<br />

50<br />

>70<br />

0.3<br />

0.3<br />

0.05<br />

6<br />

0.6<br />

0.06<br />

100<br />

100<br />

0<br />

50<br />

240<br />

200<br />

60<br />

>90<br />

0.3<br />

0.3<br />

0.05<br />

5<br />

0.8<br />

0.06<br />

50<br />

50<br />

0<br />

15<br />

50<br />

100<br />

30<br />

>30<br />

0.3<br />

0.3<br />

0.05<br />

5<br />

0.6<br />

0.06<br />

Source: Arreaza, P. 2000. Pizano, M. 2000 (Ed.) Dans: Clavel. Ediciones Hortitecnia Ltda.<br />

La conductivité de la solution fertilisante se situe entre 1,5 et<br />

4,0 mmhos/cm selon sa composition exacte; son pH se situe<br />

entre 4,0 et 5,5.<br />

Tuteurs et espacement des plantations<br />

Le substrat d’enveloppes de riz est très léger et, sur des épaisseurs<br />

de 15 cm seulement, les plants d’œillets nécessitent un support<br />

plus important pour pousser droit et ne pas tomber. On peut<br />

utiliser un filet traditionnel, fabriqué sur place qui s’ajuste à la<br />

densité de plantation choisie. Cependant, de nombreux<br />

producteurs préfèrent les filets industriels trouvés sur le marché.<br />

Ils forment habituellement des carrés de 7, 10 ou 15 cm de<br />

côté dans chacun desquels poussera un plant. Certaines rangées<br />

seront laissées vides selon la densité de plantation choisie.<br />

Plusieurs possibilités existent: deux rangées pleines suivies d’une<br />

vide; ou alternance d’une pleine avec une vide. La densité de<br />

plantation sous serre varie normalement entre 23 et 30 plants<br />

au m 2 , soit légèrement moins que la densité traditionnelle utilisée<br />

en production dans des couches de sol.<br />

88


Rendement<br />

On estime à 5,5 fleurs par plant le rendement moyen de la<br />

première récolte. Selon la densité et la répartition des plants,<br />

cela permettra de produire entre 1 260 000 fleurs/hectare<br />

(densité: 23 plants/m 2 ) et 1 650 000 fleurs/hectare (densité:<br />

30 plants/m 2 ).<br />

2. Culture de fleurs coupées dans du substrat de coco en Côte d’Ivoire.<br />

Le substrat de coco ou coir a initialement été testé en Côte d’Ivoire par<br />

une grande exploitation floricole sensible aux coûts élevés du bromure<br />

de méthyle dans la région et aux risques pour l’environnement et la santé<br />

des travailleurs. Les résultats sont très encourageants. Ce substrat permet<br />

non seulement d’éliminer les nématodes mais donne également<br />

d’excellents rendements de première qualité. On se procure facilement<br />

des déchets de coco en Côte d’Ivoire car il s’agit de dérivés de l’industrie<br />

de l’huile de coco et les producteurs ont découvert que des morceaux de<br />

tronc et des vieilles feuilles pouvaient être broyés avec de l’écorce et former<br />

un substrat adéquat (la proportion de tronc ne devant pas excéder 10%).<br />

Dans ce cas précis, les plantes sont cultivées dans des pots placés sur des<br />

bancs à 10 cm du sol pour éviter toute infestation par des nématodes et<br />

autres parasites du sol; des producteurs d’autres pays remplissent des<br />

couches de ce substrat et cultivent les fleurs coupées de façon pratiquement<br />

identique à celle décrite pour le substrat d’enveloppes de riz.<br />

Tableau 19. Estimation du coût du substrat de coco comparé à celui<br />

de la fumigation au bromure de méthyle en Côte d’Ivoire.<br />

Coût du substrat Coût du BM<br />

US$/Ha US$/Ha<br />

Total 900 – 1,200 1,800 – 2,000<br />

Source: Pacaud, J.M. 2000. Dans: Case Studies on Alternatives to Methyl Bromide. PNUE 2000.<br />

Outre les coûts, ce producteur avance d’autres avantages de l’utilisation<br />

du substrat de coco:<br />

* Aucune période d’attente avant la plantation (nécessaire<br />

après fumigation au bromure de méthyle)<br />

89


90<br />

* Croissance des plantes plus uniforme et fleurs de meilleure<br />

qualité.<br />

* Aucun risque pour la santé des travailleurs et même création<br />

de nouveaux emplois liés à la production et la vente de ce<br />

substrat.


Chapitre 6<br />

Projets de démonstration et<br />

d’investissement<br />

Le Fonds Multilatéral du Protocole de Montréal apporte une aide technique<br />

et financière aux pays en voie de développement pour éliminer le<br />

bromure de méthyle. Grâce à ce Fonds, quelques 58 projets de<br />

démonstration et d’investissement sont actuellement menés dans ces<br />

pays pour évaluer et appliquer des alternatives au bromure de méthyle,<br />

utilisé dans les cultures et infrastructures. En 2001, 38 projets destinés<br />

à évaluer la performance de toute une gamme d’alternatives sous<br />

différentes conditions climatiques seront menés à bien. Parmi ces projets<br />

de démonstration, certains portent sur les alternatives utilisables en floriculture.<br />

Ces projets prévoient des séminaires, ateliers et/ou sessions de formation<br />

visant à communiquer les résultats aux agents de vulgarisation,<br />

producteurs et autres personnes concernées par le bromure de méthyle.<br />

Des projets de non-investissement sont également prévus; ils portent<br />

sur la dissémination de l’information, l’élaboration de politiques et l’aide<br />

technique. Quatre agences d’exécution sont chargées de ces projets en<br />

collaboration avec les gouvernements de chaque pays en voie de<br />

développement: le PNUD, le PNUE, l’ONUDI et la Banque Mondiale.<br />

Les rapports de ces projets sont des précieuses sources d’information.<br />

Les références des rapports disponibles figurent à la fin de ce manuel. De<br />

plus amples informations sur les résultats des projets de démonstration<br />

sont disponibles sur le site commun du PNUE/ONUDI consacré aux<br />

alternatives au bromure de méthyle, sur le site internet du PNUE.<br />

Au moment de l’impression de ce manuel, certains résultats de projets de<br />

démonstration étaient disponibles (Argentine, Guatemala et Kenya); ils sont<br />

présentés ci-dessous. Les résultats préliminaires des projets menés au Costa Rica<br />

et en République Dominicaine sont également exposés. Le Tableau 20 précise<br />

comment contacter les agences d’exécution et les responsables nationaux de<br />

chaque projet pour obtenir les mises à jour.<br />

91


Les projets de démonstration visent à évaluer diverses alternatives au bromure de<br />

méthyle que les producteurs peuvent utiliser si les résultats sont satisfaisants et<br />

leur mise en œuvre abordable. Le tableau ci-après décrit brièvement ces projets:<br />

Tableau 20. Projets de démonstration menés par les agences d’exécution du Protocole de Montréal<br />

pour évaluer les alternatives au bromure de méthyle en floriculture.<br />

Pays Raisons de Agence<br />

Responsable<br />

Alternatives Résul-<br />

Contacts<br />

l’utilisation du BM d’exécution<br />

National choisies tats<br />

Argentine<br />

Fusariose de ONUDI<br />

l’œillet (Fusarium<br />

oxysporum f. sp.<br />

dianthi),<br />

pourriture de la<br />

racine et du collet<br />

du lisianthus (F.<br />

solani), mauvaises<br />

herbes,<br />

nématodes<br />

Costa<br />

Rica<br />

République<br />

Domini-<br />

caine<br />

Equateur Banque<br />

Mondiale<br />

Guatemala<br />

92<br />

Mauvaises herbes<br />

(Cyperus sp), Nématodes,<br />

Pourriture<br />

sèche (Pseudomonas<br />

solanacearum)<br />

des héliconias<br />

et autres fleurs<br />

tropicales.<br />

Mauvaises<br />

herbes,<br />

nématodes<br />

Mauvaises<br />

herbes,<br />

nématodes<br />

PNUD<br />

ONUDI<br />

ONUDI<br />

INTA – Instituto<br />

Nacional de<br />

Tecnología<br />

Agrícola de<br />

Argentina<br />

Instituto<br />

Regional de<br />

Sustancias<br />

Tóxicas (IRET),<br />

de la Universidad<br />

Nacional de<br />

Costa Rica<br />

Junta<br />

Agroempresarial<br />

Dominicana (JAD)<br />

Fumigants du sol:<br />

métam-sodium,<br />

dazomet<br />

Pasteurisation<br />

Solarisation<br />

Voir cidessous<br />

Fumigants du sol<br />

à faible dose,<br />

(métam-sodium,<br />

dazomet)<br />

Vapeur<br />

Rotation des<br />

cultures, substrats<br />

volcaniques,<br />

biofumigation<br />

compostage<br />

Fumigants du sol à Préliminaires,<br />

faible dose (métamsodium,<br />

dazomet, voir cidessous<br />

1,3 dichloropropène)<br />

Pasteurisation<br />

Amendements<br />

organiques du sol<br />

(humus).<br />

Préliminaires,<br />

voir cidessous<br />

Voir cidessous<br />

* Antonio Sabater de Sabates,<br />

ONUDI asabater@unido.org<br />

* Juan Carlos Zembo<br />

Horticultura, INTA<br />

Facultad de Ciencias Agrarias<br />

y Forestales<br />

Universidad Nacional de la Plata<br />

Calle 60 s/N y 119<br />

1900, La Plata<br />

ARGENTINA<br />

E-mail: zembo@inta.gov.ar<br />

* Suely Carvalho, PNUD<br />

suely.carvalho@undp.org<br />

* Fabio Chaverri<br />

IRET – Universidad<br />

nacional de Costa Rica<br />

Tel (504) 277-3584<br />

fchaverr@una.ac.cr<br />

* Guillermo Castellá, ONUDI<br />

gcastella-lorenzo@unido.org<br />

* Mr. Abraham Abud, JAD.<br />

Euclides Morillo No. 51<br />

Arroyo Hondo, Santo<br />

Domingo. RÉPUBLIQUE<br />

DOMINICAINE<br />

Tel. (809) 563 6178<br />

Fax (809) 563 6181<br />

jad@codetel.net.do<br />

* Steve Gorman, Banque Mondiale.<br />

sgorman@worldbank.org<br />

* Antonio Sabater de<br />

Sabates, ONUDI<br />

asabater@unido,org<br />

* Antonio Bello<br />

Centro de Ciencias<br />

Medioambientales. CSIC<br />

Serrano 115 dpdo.<br />

28006 Madrid, SPAIN<br />

Tel: 34 91 554-0007<br />

Fax: 34 91 564-0800<br />

ebvb305@ccma.csic.es


Pays Raisons de Agence<br />

Responsable<br />

Alternatives Résul-<br />

Contacts<br />

l’utilisation du BM<br />

d’exécution<br />

National choisies tats<br />

Kenya<br />

Fusariose de<br />

l’œillet (Fusarium<br />

oxysporum f.sp.<br />

dianthi), Tumeur<br />

bactérienne du<br />

collet des roses<br />

(Agrobacterium<br />

tumefaciens),<br />

nématodes,<br />

mauvaises herbes<br />

ONUDI<br />

Mexique Fusariose de ONUDI<br />

l’œillet (Fusarium<br />

oxysporum f.sp.<br />

dianthi),<br />

nématodes, weeds<br />

Horticultural<br />

Crops Research<br />

Authority<br />

(HCDA)<br />

Unidad de<br />

Protección del<br />

Ozono, National<br />

Instituto de Ecología<br />

(Secretariado del<br />

Medio Ambiente y<br />

Recursos y Pesca -<br />

SEMARNA).<br />

Facultad de<br />

Agronomía de la<br />

Universidad de<br />

Sinaloa<br />

Fumigants du sol<br />

à faible dose,<br />

(métam-sodium,<br />

dazomet)<br />

Vapeur<br />

Solarisation seule<br />

et en association<br />

avec de la matière<br />

organique et du<br />

fumier. Fumigants<br />

à faible dose<br />

(métam-sodium,<br />

chloropicrine,<br />

dazomet,1,3<br />

dichloropropène)<br />

seul et combiné<br />

avec la solarisation<br />

Voir cidessous<br />

Non<br />

disponibles<br />

* Paolo Beltrami, ONUDI<br />

pbeltrami@unido.org<br />

* Mark Okado, HCDA<br />

okado@swiftkenya.com<br />

* Marcela Nolazco,<br />

Oficina Mexicana del<br />

Ozono<br />

mnolazco@un.org.mx<br />

* Guillermo Castellá,<br />

ONUDI<br />

gcastella-lorenzo@unido.org<br />

Syria<br />

ONUDI<br />

* Guillermo Castellá, ONUDI<br />

gcastella-lorenzo@unido.org<br />

Les projets d’investissement visent à éliminer totalement l’utilisation de<br />

bromure de méthyle dans un secteur spécifique (ex: floriculture) et à<br />

introduire des alternatives. A l’heure actuelle, un projet d’investissement<br />

a commencé au Zimbabwe, comme décrit ci-après.<br />

Tableau 21. Projets d’investissement menés par les agences d’exécution du Protocole de Montréal<br />

pour évaluer les alternatives au bromure de méthyle en floriculture.<br />

Pays Raisons de Agence<br />

Responsable<br />

Alternatives Résul-<br />

Contacts<br />

l’utilisation du BM<br />

d’exécution<br />

National choisies tats<br />

Zimbabwe<br />

Tumeur<br />

bactérienne du<br />

collet des roses<br />

(Agrobacterium<br />

tumefaciens),<br />

nématodes,<br />

mauvaises herbes<br />

ONUDI<br />

Association des<br />

exportateurs de<br />

fleurs du<br />

Zimbabwe –<br />

EFGAZ, et<br />

Blackfordby<br />

Agricultural<br />

Institute of<br />

Zimbabwe<br />

Vapeur,<br />

amendements<br />

organiques<br />

Non<br />

disponibles<br />

* Guillermo Castellá, UNIDO<br />

gcastella-lorenzo@unido.org<br />

* Helen Wolton, Ruwa,<br />

Zimbabwe<br />

lfe@pci.co..zw<br />

93


Argentine<br />

Description du projet<br />

Avec l’expansion de la production de fleurs pour l’important marché local<br />

de Buenos Aires, capitale de l’Argentine, l’utilisation de bromure de<br />

méthyle s’est également accrue. Un nouveau produit apprécié du public,<br />

le lisianthus (Eustoma grandiflorum), peut être sévèrement attaqué par<br />

une maladie, la pourriture basale, provoquée par le champignon Fusarium<br />

solani. On utilisait autrefois le bromure de méthyle pour éliminer<br />

efficacement cette maladie. Des essais ont été menés à l’Université de La<br />

Plata, Argentine, en coordination avec l’ONUDI, pour déterminer les<br />

meilleures alternatives au bromure de méthyle pour éliminer cette maladie.<br />

On a comparé les traitements ci-après sur trois échantillons:<br />

1. Carbendazim (émulsion concentrée à 50%)<br />

2. Prochloraz (émulsion concentrée à 45%).<br />

3. Vapeur (profondeur: 15 cm)<br />

4. Métam-sodium (formule liquide, 32%)<br />

5. Dazomet (98%, granulé)<br />

6. Bromure de méthyle (fumigant liquide, 98%)<br />

7. Témoin (aucun traitement)<br />

Résultats<br />

Les résultats ont été évalués d’après deux paramètres: le pourcentage<br />

de plantes malades et la densité de F. solani dans le sol. On a également<br />

estimé le rendement ou la productivité, en tenant compte du nombre<br />

de tiges récoltées et de leur qualité.<br />

Des taux d’élimination identiques ont été obtenus avec du bromure de<br />

méthyle, de la vapeur, du dazomet et du métam-sodium lorsque l’on a<br />

évalué la densité de population du pathogène dans le sol. Ces quatre<br />

traitements se sont avérés plus efficaces que les autres sur deux échantillons.<br />

Le tableau 22 et le graphique 3 ci-dessous indiquent le pourcentage<br />

de plantes malades pour chaque traitement et le taux de fleurs de<br />

première qualité sur les tiges récoltées. (Les fleurs de qualité supérieure<br />

ou de catégorie A ont des tiges supérieures à 50 cm et 4 mm de<br />

diamètre).<br />

94


Tableau 22. Pourcentage de plants de lisianthus affectés par le Fusarium<br />

solani avec différentes alternatives.<br />

Traitement<br />

% de plants affectés<br />

Carbendazim 100.00<br />

Proclhoraz 94.43<br />

Témoin 89.76<br />

Vapeur 36.97<br />

Métam-sodium 12.00<br />

Dazomet 3.66<br />

Bromure de méthyle 0.00<br />

Source: Fernandez et al., 2000. Tiré de: Alternativas al uso del bromuro de metilo en frutilla, tomate y flores de<br />

corte. Buenos Aires, Argentine, 4 y 5 mai 2000 (Rapports)<br />

Graphique. 3. Pourcentage de la proportion totale entre les tiges en fleurs et les<br />

tiges de qualité supérieure récoltées avec plusieurs alternatives.<br />

80<br />

70<br />

60<br />

50<br />

40<br />

30<br />

20<br />

10<br />

0<br />

Bromure de<br />

méthyle<br />

Dazomet<br />

Métam<br />

sodium<br />

Pasteurisation Témoin Prochloraz Carbendazim<br />

Total tiges<br />

Catégorie A<br />

Evaluation des Alternatives<br />

D’après les résultats, la production de lisianthus dans des sols fortement<br />

infestés de F. solani n’est commercialement envisageable que si les sols<br />

sont traités avant plantation. Lors des essais, les fongicides n’ont pas donné<br />

des résultats satisfaisants par rapport aux fumigants, sans doute en raison<br />

du large spectre de parasites que couvrent ces derniers. Parmi les fumigants<br />

utilisés, aucune différence significative n’a été observée concernant<br />

le niveau d’élimination, la qualité ou les rendements de la récolte.<br />

Bien qu’efficace pour réduire la densité de population, la pasteurisation<br />

n’a pas apporté les résultats escomptés. Ceci est probablement dû à<br />

l’insuffisance ou à la longueur du traitement appliqué (ou des deux), ce<br />

qui a permis une re-colonisation rapide du substrat. La pasteurisation<br />

reste toutefois une alternative envisageable.<br />

95


Kenya<br />

Description du projet<br />

Le Kenya est un important fournisseur de fleurs coupées pour le marché<br />

européen (œillets et roses principalement). Le projet a été mené par<br />

l’Horticulture Development Authority of Kenya (HDC) en collaboration<br />

avec l’ONUDI, au sein de Sulmac, l’une des plus importantes exploitations<br />

floricoles du pays. La première étape du projet visait à évaluer<br />

des alternatives au bromure de méthyle pour éliminer la fusariose de<br />

l’œillet, principale cause de l’utilisation de ce fumigant au Kenya.<br />

De nombreuses alternatives ont été choisies et le projet a été mené dans des<br />

conditions les plus proches possibles de la réalité commerciale. Les membres<br />

impliqués dans ce projet ont noté scrupuleusement et sans interruption les<br />

pourcentages enregistrés de plantes malades, de tiges commercialisables,<br />

etc. Des pratiques de LPI ont parfaitement été appliquées dans ce projet.<br />

On a comparé l’efficacité des traitements ci-dessous pour éliminer la<br />

fusariose de l’œillet:<br />

Photo: Marta Pizano.<br />

Fig. 43. Dans le cadre du projet mené<br />

par l’ONUDI au Kenya (exposé ici),<br />

on évalue la culture sur pierre ponce.<br />

Résultats<br />

1. Aucun traitement (témoin)<br />

2. Bromure de méthyle 67,7 gr/m 2<br />

3. Bromure de méthyle 30,0 gr/m 2<br />

4. Dazomet (83.3 gr/m²)<br />

5. Métam-sodium (1200 lt/Ha)<br />

6. Vapeur + compost + Trichoderma<br />

7. Solarisation + dazomet (3 semaines +<br />

demi-dose de fumigant)<br />

8. Substrat hors-sol (sacs de jute remplis<br />

de matière organique)<br />

9. Substrat hors-sol (sacs de jute remplis<br />

de matière inerte)<br />

10. Trichoderma + dazomet (demi-dose)<br />

11. Trichoderma seul<br />

12. Trichoderma + métam-sodium (demi-dose)<br />

13. Accélérateur de croissance végétale<br />

Les résultats ont été évalués d’après deux paramètres: rendement et<br />

qualité des plantes (quantité de tiges commercialisables classées selon<br />

96


deux qualités) et nombre de plantes malades (arrachées après apparition<br />

de la maladie). Les résultats obtenus jusqu’à la 45 ème semaine<br />

figurent dans les graphiques 4 et 5 ci-après.<br />

Les meilleurs résultats ont été obtenus par le métam-sodium au cours<br />

de la première phase du projet (bien meilleurs que ceux du bromure de<br />

méthyle), sans doute grâce au sol sablonneux de la région dans lequel<br />

ce fumigant est très efficace. Il convient également de noter que, lorsque<br />

l’on a ajouté l’agent de lutte biologique Trichoderma sp. après traitement<br />

avec du métam-sodium ou du dazomet à faibles doses, l’élimination<br />

semble s’être améliorée. Cela s’explique probablement parce que ce<br />

champignon colonise rapidement le sol et peut s’installer avant que des<br />

organismes nocifs ne se développent suffisamment pour causer des<br />

maladies. Le Trichoderma seul n’a pas fonctionné aussi bien,<br />

probablement parce qu’il ne peut se développer aussi rapidement quand<br />

des organismes concurrents sont également présents dans le milieu.<br />

La pasteurisation donne de bons résultats mais la ré-infestation rapide pose<br />

problème. Cette dernière peut également survenir après utilisation de<br />

bromure de méthyle. La chaudière elle-même a posé quelques problèmes.<br />

De même, l’utilisation de substrats semble avoir été affectée par des facteurs comme<br />

un milieu organique pauvre (comme un compost immature produisant de<br />

l’ammonium) qui a provoqué des problèmes de phytotoxicité sur les plants d’œillets.<br />

Les résultats obtenus avec l’accélérateur de croissance végétale dans le<br />

traitement N°13 semblent avoir également subi certaines variables<br />

(probablement le pH du sol, entre autres) mais la documentation est<br />

insuffisante pour corroborer cette observation.<br />

Graphique 4. Moyenne cumulée des rendements obtenus jusqu’en semaine 45. La<br />

culture d’œillets a subi 13 traitements, comme décrit ci-dessus.<br />

60+50 cm<br />

40 cm<br />

Produit de rebut<br />

2500<br />

2000<br />

Poduction 1500<br />

(tiges) 1000<br />

500<br />

0<br />

1 3 5 7 9 11 13<br />

Traitements<br />

60+50 cm<br />

60 + 50 cm meilleure e qualité commercialisable<br />

cialisable<br />

*40 cm tiges de deuxième qualité<br />

*Produit de rebut: lorsque la qualité ne satisfait pas les normes qualitatives d’exportation<br />

Source: Jack Juma and Ruth Othino, Naivasha, Kenya, 2000.<br />

97


Graphique 5. Cumul des tiges arrachées jusqu’à la semaine 45<br />

200<br />

150<br />

100<br />

50<br />

0<br />

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13<br />

Les TRP sont des tiges malades affectées par des maladies autres que la<br />

fusariose, le plus fréquemment rhizoctonia et pourridié<br />

Source: Jack Juma and Ruth Othino, Naivasha, Kenya 2000<br />

Evaluation des Alternatives<br />

· Certains résultats semblent avoir été influencés par l’application<br />

même du traitement, même si quatre autres échantillons<br />

permettent de tirer de conclusions plus poussées.<br />

· La solarisation a échoué, ce qui peut s’expliquer par les conditions<br />

climatiques variables de la région de Naivasha (difficulté de bénéficier<br />

de plusieurs semaines consécutives de grand ensoleillement et de temps<br />

sec). Ces conditions sont nécessaires pour que la température du sol<br />

soit suffisamment élevée à une profondeur suffisante pour éliminer<br />

efficacement les organismes nuisibles. Par ailleurs, les producteurs<br />

n’optent pas facilement pour la solarisation car il s’agit d’une pratique<br />

commerciale intensive caractérisée par une production sur toute l’année.<br />

· Même si les résultats obtenus avec le métam-sodium et le<br />

dazomet sont prometteurs, les producteurs doivent savoir qu’il<br />

s’agit de substances chimiques dangereuses présentant des<br />

risques pour l’environnement et la santé des hommes et qu’elles<br />

doivent être utilisées avec le plus grand soin.<br />

· La LPI s’inscrit bien dans le projet (dépistage, enregistrement<br />

des données, seuils d’action, etc.). Cette démarche est essentielle<br />

pour de bons résultats.<br />

· L’effet de la pasteurisation sera mieux évalué lors de nouveaux<br />

essais avec un compost de meilleure qualité et plus mature utilisé<br />

avec adjonction d’organismes utiles comme le Trichoderma. Des<br />

mesures évitant toute ré-infestation seront observées.<br />

· Le choix de substrats inorganiques (pierre ponce) semble être<br />

intéressant et ils peuvent être réutilisés après pasteurisation.<br />

TRP<br />

TRP<br />

Fusariose<br />

98


La seconde phase du projet se concentrera plus particulièrement sur les alternatives<br />

les plus prometteuses (substrats artificiels, fumigants faiblement dosés<br />

amendés de Trichoderma et éventuellement la pasteurisation). Des expériences<br />

visant à éliminer des problèmes subis par d’autres fleurs seront également menées.<br />

Guatemala<br />

Description du projet<br />

L’ONUDI a mené un projet de démonstration au Guatemala en 1998-<br />

1999, où l’on utilisait principalement le bromure de méthyle pour éliminer<br />

les nématodes des roses, du tabac et des cultures horticoles comme les<br />

melons, brocolis et tomates. Deux alternatives possibles au bromure de<br />

méthyle ont alors été choisies: la biofumigation et le compostage.<br />

L’aide et les connaissances techniques étant limitées, les consultants de<br />

l’ONUDI ont d’abord dû identifier les espèces de nématodes les plus<br />

dévastateurs puis former leurs homologues guatémaltèques sur les<br />

méthodes simples d’analyse des nématodes du sol. Il en est ressorti<br />

que, pour les roses, le genre le plus persistant était le Meloidogyne sp.<br />

Rotylenchulus reniformis; de grandes populations de « nématodes<br />

réniformes » s’attaquaient aux melons.<br />

Des alternatives efficaces au bromure de méthyle ont été appliquées :<br />

association de rotation des cultures, substrats volcaniques, nématocides,<br />

et adjonction d’ « engrais vert », issu principalement de plantes émettant<br />

des gaz (mucuna et carnavalia notamment) qui contribuent à réduire<br />

des maladies en enrichissant le sol d’organismes bénéfiques.<br />

Costa Rica<br />

Description du projet<br />

Les résultats préliminaires du<br />

projet du Costa Rica, mené par le<br />

PNUD sont disponibles. Le<br />

secteur floricole de ce pays utilise<br />

principalement le bromure de<br />

méthyle pour éliminer les<br />

mauvaises herbes (Cyperus sp.,<br />

Fig. 44. Expériences avec de la vapeur, des<br />

amendements de matière organique et des fumigants<br />

au Costa Rica.<br />

Photo: Marta Pizano.<br />

99


Portulacca oleracea), les nématodes (Meloydogyne sp, Pratylenchus sp), les<br />

champignons pathogènes (Fusarium sp, Phytophthora sp) et les bactéries<br />

(Erwinia sp, Pseudomonas solanacearum). La consommation globale de<br />

bromure de méthyle a augmenté au Costa Rica ces dernières années et, d’après<br />

des estimations, la floriculture à elle seule en utilise 125 tonnes/an, soit 15%<br />

de la consommation totale du pays.<br />

Ce projet a été élaboré pour démontrer la possibilité d’utiliser cinq alternatives<br />

au bromure de méthyle en floriculture à ciel ouvert, sous serre et<br />

sur couches. Appliquées dans le cadre d’une stratégie de LPI, il s’agit de:<br />

1. Solarisation (3 mois avant plantation)<br />

2. Pasteurisation<br />

3. Amendements organiques (compost ou dérivés organiques<br />

appliqués immédiatement avant plantation)<br />

4. Fumigants du sol faiblement dosés (métam-sodium, dazomet,<br />

1,3 Dichloropropène)<br />

5. Choix de pesticides non-fumigants. Nématocides (terbufos,<br />

cardusafos, carbofuran); herbicides (glyphosate); fongicides<br />

(carboxine, captane, etridiazol).<br />

Des démonstrations sont organisées dans des exploitations floricoles<br />

commerciales de la Vallée Centrale du Costa Rica, région représentative<br />

de production de fleurs coupées où l’on cultive des Dendranthema<br />

(chrysanthèmes) et plantes d’ornement. L’Université du Costa Rica,<br />

avec l’aide du PNUD, coordonne ce projet. Une évaluation économique<br />

de chaque alternative comparée au bromure de méthyle sera réalisée.<br />

République Dominicaine<br />

Description du projet<br />

Le projet de démonstration en République Dominicaine est actuellement<br />

mené dans une exploitation floricole commerciale qui cultive du Liatris<br />

dans la vallée de Constanza, où se situe la majeure partie de la production<br />

floricole. Lors de la phase initiale, trois alternatives sont comparées<br />

au bromure de méthyle (70g/m 2 ):<br />

1. Dazomet – 40 g/m²<br />

2. Métam-sodium – 100 ml/ m²<br />

3. Pasteurisation (98°C à une profondeur de 20 cm)<br />

100


Les résultats seront évalués sur la base de populations fongiques<br />

d’Alternaria, Penicillium, Aspergillus, Rhizopus, Fusarium et Trichoderma,<br />

avant et après traitement, comparés à un sol témoin non-traité.<br />

Jusqu’à présent, le métam-sodium et la pasteurisation offrent des<br />

résultats encourageants. D’autres échantillons seront prélevés lors de la<br />

récolte. Les mauvaises herbes ont été comptées et identifiées avant<br />

l’application des traitements; il en sera de même lors de la récolte. La<br />

longueur des tiges et la qualité des fleurs seront également pris en<br />

compte.<br />

Ce projet est mené par la Junta Agroempresarial Dominicana (JAD) en<br />

collaboration avec l’ONUDI.<br />

De nouveaux projets d’investissement ont récemment été proposés pour<br />

éliminer le bromure de méthyle dans le secteur de la floriculture de pays<br />

comme l’Ouganda et l’Uruguay.<br />

101


102


Annexe I<br />

Autres documents et sources<br />

d’information<br />

Il existe d’excellentes publications qui abordent en détail le bromure de<br />

méthyle, les alternatives au bromure de méthyle, la LPI en floriculture<br />

et autres sujets connexes. Vous trouverez ci-dessous quelques titres<br />

pouvant apporter des informations complémentaires. Cette liste n’est<br />

nullement exhaustive. Ces publications sont également disponibles sur<br />

le site internet du PNUE <strong>DTIE</strong>. Figurent également des sites internet<br />

où l’on peut trouver de plus amples informations.<br />

Publications sur le bromure de méthyle du<br />

Programme ActionOzone du PNUE <strong>DTIE</strong><br />

* Methyl Bromide Information Kit, créé pour sensibiliser les<br />

responsables politiques nationaux et autres parties prenantes au sujet<br />

de l’utilisation du bromure de méthyle, de ses alternatives et des<br />

échéances d’élimination et encourager les alternatives et le<br />

développement de politiques soutenant une rapide transition vers<br />

l’abandon du bromure de méthyle. Ce kit comprend (1) une brochure<br />

explicative sur le bromure de méthyle et sur l’importance et<br />

les avantages de ratifier l’Amendement de Copenhague (Bromure<br />

de méthyle: préparation à l’élimination, disponible en anglais, français<br />

et espagnol); (2) une annonce télévisée du service public pouvant<br />

être diffusée sur une chaîne de télévision nationale et projetée dans<br />

les cinémas et (3) une affiche décrivant les différents problèmes posés<br />

par le bromure de méthyle.<br />

* Une récolte saine: remplacer le bromure de méthyle, vidéo de 15<br />

minutes fournissant une vue d’ensemble de la question du bromure<br />

de méthyle et les mesures à prendre pour l’éliminer, conformément<br />

au Protocole de Montréal. Elle expose de nombreuses alternatives<br />

rentables et respectant l’environnement existant pour les principales<br />

applications du bromure de méthyle, notamment les utilisations de<br />

103


fumigation des sols et post-récolte. Cette vidéo peut être utilisée<br />

pour sensibiliser le grand public et les utilisateurs de bromure de<br />

méthyle à l’intérêt d’éliminer le bromure de méthyle pour protéger<br />

la couche d’ozone. Disponible en anglais, français et espagnol.<br />

* Protéger la couche d’ozone, Volume 6: bromure de méthyle, résume<br />

les utilisations courantes du bromure de méthyle, la disponibilité des<br />

solutions de substitution et les implications technologiques et<br />

économiques que requière une transition vers l’abandon du bromure<br />

de méthyle. Cette brochure se base sur les rapports originaux du Comité<br />

des Choix Techniques du PNUE sur le Bromure de Méthyle et constitue<br />

le 6 ème volume de la série « Protéger la couche d’ozone » du PNUE.<br />

Aide technique utilisable par les Bureaux Nationaux Ozone, autres<br />

agences gouvernementales et utilisateurs de bromure de méthyle pour<br />

remplacer cette substance. Disponible en anglais, français et espagnol.<br />

* Methyl Bromide Phase-out Strategies: A Global Compilation of<br />

Laws and Regulations: aperçu des diverses stratégies politiques<br />

envisageables pour remplacer le bromure de méthyle et des politiques<br />

sur le bromure de méthyle existant dans plus de 90 pays. Cette<br />

Compilation peut être utilisée par les Bureaux Nationaux Ozone,<br />

les ministères de l’agriculture et les autorités chargées du contrôle<br />

des pesticides pour contribuer à l’élaboration de plans nationaux<br />

d’action pour éliminer le bromure de méthyle.<br />

* Vers l’élimination du bromure de méthyle: manuel pour les BNO:<br />

manuel facile à utiliser présentant des options et idées pour faciliter<br />

la transition vers des alternatives au bromure de méthyle et aider les<br />

pays à élaborer puis mettre en œuvre des programmes pour éliminer<br />

le bromure de méthyle et promouvoir les alternatives. Disponible<br />

en anglais, français et espagnol.<br />

* Inventory of Technical and Institutional Resources for Promoting<br />

Methyl Bromide Alternatives: liste des instituts, ONG et programmes<br />

existant dans le secteur de l’agriculture qui favorisent le<br />

développement de pratiques agricoles efficaces et durables pour<br />

l’environnement. Cette publication peut être utilisée par des<br />

gouvernements, agences d’exécution, organismes bilatéraux et autres<br />

parties prenantes souhaitant identifier des partenaires pour les projets<br />

d’activités d’élimination du bromure de méthyle.<br />

104


* Case Studies of Alternatives to Methyl Bromide: Technologies with<br />

Low Environmental Impact: compilation d’études de cas adressée<br />

aux utilisateurs de bromure de méthyle à la recherche d’informations<br />

sur le choix d’alternatives respectueuses de l’environnement sur le<br />

marché. Elle inclut performance, rendements et satisfaction des<br />

producteurs. Ce document étudie les récoltes/utilisations pour<br />

lesquelles les alternatives ont donné de bons résultats. Chaque étude<br />

de cas fournit des informations sur la rentabilité de chaque technique,<br />

les coûts de la conversion et les informations du fournisseur<br />

sur la distribution des alternatives identifiées.<br />

D’autres publications du PNUE apportant des informations sur les alternatives<br />

au bromure de méthyle en floriculture:<br />

2000. PNUE, GTZ, Commission Européenne. Methyl Bromide Alternatives<br />

for North African and Southern European Countries. Débats<br />

lors de l’atelier du même nom organisé à Rome, Italie, 26 – 29 mai<br />

1998. Publication des Nations Unies, 244 pp.<br />

1998. PNUE. 1998 Assessment of Alternatives to Methyl Bromide.<br />

Comité des Choix techniques sur le Bromure de Méthyle (CCTBM).<br />

354 pp.<br />

Autres publications intéressantes<br />

Il existe de nombreux ouvrages, manuels, articles scientifiques, etc. sur<br />

l’entretien des serres, les substrats, les parasites et les maladies, la LPI et<br />

d’autres domaines importants. Il faut également considérer de nombreux<br />

ateliers de travail, congrès et symposiums sur les alternatives au bromure<br />

de méthyle, les substrats, la stérilisation du sol, la lutte biologique, la<br />

LPI, etc. Les titres ci-dessous ont été utiles pour préparer le présent<br />

manuel et pour certains producteurs qui ont suivi les stratégies décrites:<br />

Agrios, G.N. 1998. Plant Pathology 5Ed. Academic Press, New York,<br />

NY, USA<br />

Ballis, C. (Ed) 2001. International Symposium on Composting of Organic<br />

Matter. Acta Horticulturae 549. International Society for Horticultural<br />

Science.<br />

105


Bar-Tal, A. and Z. Plaut (Eds) 2001. World Congress on Soilless Culture:<br />

Agriculture in the Coming Millenium. Acta Horticulturae 554.<br />

International Society for Horticultural Science.<br />

Bello, A., J. A. González, M. Arias and R. Rodríguez-Kabana 1998. Alternatives<br />

to Methyl Bromide for the Southern European Countries. Proceedings<br />

of a Workshop by the same name held in Tenerife (Canary Islands,<br />

Spain, 9-12 April, 1997). Gráficas Papillona, Valencia, Spain 404 pp.<br />

Enhgelhard, A.W. (Ed). 1989. Management of Diseases with Macro<br />

and Microelements. APS Press, St. Paul, MN 217 pp.<br />

Gill, S., D.L. Clement and E. Dutky, 2001. Plagas y Enfermedades de<br />

los Cultivos de Flores – Estrategias Biológicas. Ball Publishing –<br />

Hortitecnia, Bogotá, Colombia 304 pp.<br />

Gullino, M.L., Katan, J. y A. Matta (Eds) 2000. International Symposium<br />

on Chemical and Non-Chemical Soil and Substrate Disinfectation.<br />

Acta Hort 532. International Society for Horticultural Science.<br />

Hall, R. 1996. Principles and Practices of Managing Soilborne Plant<br />

Pathogens. APS Press, St. Paul MN, USA, 330 pp.<br />

Jarvis, W.R. 1992. Managing Diseases in Greenhouse Crops. APS Press,<br />

St. Paul, MN 288 pp.<br />

Kennedy, G. G.. and T.B. Sutton 2000. Emerging Technologies for<br />

Integrated Pest Management. APS Press, St. Paul. MN, USA, 526 pp.<br />

Maloupa, E. y D. Gerasopoulos (Eds) 2001. International Symposium<br />

on Growing Media and Hydroponics. Acta Horticulturae 548. International<br />

Society for Horticultural Science.<br />

Mastalerz, J.W. 1977. The Greenhouse Environment. The effect of<br />

environmental factors on the growth and development of flower crops.<br />

John Wiley and Sons, New York, USA, 629 pp.<br />

Nelson, P.V. 1998. 5 Ed. Greenhouse Operation and Management.<br />

Prentice Hall, New Jersey, USA, 637 pp.<br />

106


Pizano, M. 1997 (Ed.). Floricultura y Medio Ambiente: la Experiencia<br />

Colombiana. Ediciones Hortitecnia Ltda., Bogotá, Colombia, 352 pp.<br />

Pizano, M. 2000 (Ed.). Clavel. Ediciones Hortitecnia Ltda. Bogotá,<br />

Colombia. 181 pp.<br />

Reed, D.W. 1998. Water, Media and Nutrition for containerized greenhouse<br />

crops. Ball Publishing, Batavia, IL, USA.315 pp. (Spanish edition<br />

also available).<br />

Szmidt, R.A.K. (Ed)1998. International Symposium on Composting<br />

and Use of Composted Material in Horticulture. Acta Horticulturae<br />

469. International Society for Horticultural Science.<br />

Thomson, W.T., 1999. Agricultural Chemicals. Book III – Miscellaneous<br />

Chemicals. Thomson Publications, Fresno, CA, USA. 189 pp.<br />

Sites internet<br />

Site du programme ActionOzone: www.uneptie.org/ozonaction.html.<br />

Les informations importantes et détaillées sur les alternatives au bromure<br />

de méthyle, les activités connexes et les sources de documentation sont<br />

régulièrement mises à jour.<br />

Le bulletin et le forum RUMBA (Regular Update on Methyl Bromide<br />

Alternatives) peuvent être consultés sur le site http://www.uneptie.org/<br />

ozat/pub/rumba/main.html ou par courrier adressé à rumbarequest@lists.unep.fr<br />

Le Programme des Nations Unies pour l’Environnement, Division<br />

Technologie, Industrie et Economie (PNUE <strong>DTIE</strong>) a créé RUMBA<br />

pour inciter la communauté du Protocole de Montréal à promouvoir<br />

l’échange d’information et favoriser les discussions sur l’élimination du<br />

bromure de méthyle.<br />

Un site internet spécialement conçu pour présenter les résultats de projets<br />

de démonstration du Fonds Multilatéral a récemment été créé.<br />

L’avancement, les résultats des projets et les contacts utiles sont<br />

disponibles sur www.uneptie.org/unido-harvest<br />

107


108


Annexe II<br />

Programme ActionOzone du PNUE<br />

<strong>DTIE</strong><br />

Des pays du monde entier entreprennent des actions concrètes pour<br />

réduire et éliminer la production et la consommation de CFC, halons,<br />

tétrachlorure de carbone, méthylchloroforme, bromure de méthyle et<br />

HCFC. Relâchées dans l’atmosphère, ces substances endommagent la<br />

couche d’ozone stratosphérique, écran qui protège la vie terrestre des<br />

dangereux effets de la radiation ultraviolette du soleil. Presque tous les<br />

pays (172 actuellement) se sont engagés conformément au Protocole de<br />

Montréal à éliminer toute production et utilisation de SAO. Reconnaissant<br />

la nécessité des pays en voie de développement de bénéficier d’une aide<br />

technique et financière afin d’honorer leurs engagements pris aux termes<br />

du Protocole de Montréal, les Parties ont instauré le Fonds Multilatéral<br />

et ont demandé au PNUE, au PNUD, à l’ONUDI et à la Banque<br />

Mondiale d’apporter cette aide. En outre, le PNUE soutient les activités<br />

de protection de l’ozone dans les pays à économie en transition en tant<br />

qu’agence d’exécution du Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM).<br />

Depuis 1991, le Programme ActionOzone du PNUE <strong>DTIE</strong> a renforcé la<br />

capacité des gouvernements (en particulier des Bureaux Nationaux Ozone<br />

– BNO) et de l’industrie de pays en voie de développement à prendre des<br />

décisions éclairées sur les choix technologiques et élaborer des politiques<br />

nécessaires pour appliquer le Protocole de Montréal. Le Programme<br />

ActionOzone a contribué à promouvoir des activités d’élimination<br />

rentables à l’échelle nationale et régionale en apportant aux pays en voie<br />

de développement les services suivants, adaptés à leurs besoins individuels:<br />

Echange d’information<br />

Fournit des services et des outils d’information pour inciter et permettre<br />

aux décideurs de prendre des décisions éclairées en matière de politiques<br />

et investissements requis pour parvenir à éliminer les SAO. Depuis 1991,<br />

le Programme a élaboré puis distribué aux BNO plus de 100 publications<br />

originales, vidéos et bases de données comprenant des outils de<br />

109


sensibilisation, un bulletin trimestriel, un site internet, des publications<br />

techniques spécifiques à chaque secteur pour identifier et choisir les<br />

technologies alternatives et schémas directeurs qui aideront les<br />

gouvernements à mettre en place des politiques et réglementations.<br />

Formation<br />

Renforce la capacité des décideurs, des douaniers et de l’industrie locale pour<br />

mener des activités nationales d’élimination des SAO. Le Programme encourage<br />

l’implication d’experts locaux de l’industrie et du milieu universitaire<br />

dans des ateliers de formation et réunit les décideurs locaux avec des experts<br />

internationaux chargés de la protection de l’ozone. Le PNUE organise des<br />

formations à l’échelle régionale et soutient des activités de formation à l’échelle<br />

nationale (en fournissant des manuels de formation entre autres).<br />

Constitution de réseau<br />

Sert de forum d’échange régulier pour que les membres des BNO échangent<br />

leurs expériences, développent des compétences et partagent connaissances<br />

et idées avec leurs homologues de pays industrialisés ou en voie de<br />

développement. La constitution de réseaux permet aux BNO de posséder les<br />

informations, compétences et contacts nécessaires pour mener à bien des<br />

activités d’élimination des SAO. Actuellement, le PNUE compte 8 réseaux<br />

régionaux/sous-régionaux qui regroupent 109 pays en voie de<br />

développement et 8 pays industrialisés, ce qui a permis à certains états-membres<br />

de prendre rapidement des mesures pour appliquer le Protocole de Montréal.<br />

Plans de gestion des frigorigènes (PGF)<br />

Fournissent aux pays une stratégie d’élimination intégrée et rentable<br />

des SAO dans les secteurs de la réfrigération et de la climatisation. Les<br />

PGF aident les pays en voie de développement (notamment les faibles<br />

consommateurs de SAO) à surmonter les nombreux obstacles liés à<br />

l’élimination des SAO dans le secteur critique de la réfrigération. Le<br />

PNUE <strong>DTIE</strong> fournit actuellement les connaissances, l’information et<br />

les conseils spécifiques nécessaires à l’élaboration de PGF dans 60 pays.<br />

Programmes de pays et renfor<br />

enforcement institutionnel<br />

Aident notamment les pays faibles consommateurs de SAO à élaborer<br />

et appliquer des stratégies nationales d’élimination des SAO. Le<br />

110


Programme aide actuellement 90 pays à élaborer leur Programme de<br />

Pays et 76 pays à appliquer leurs projets de renforcement institutionnel.<br />

Pour de plus amples informations sur ces services, contacter:<br />

Mr. Rajendra Shende, Chef de<br />

l’Unité Energie et ActionOzone,<br />

PNUE Division Technologie,<br />

Industrie et Economie<br />

Programme ActionOzone<br />

39-43, Quai André Citroën<br />

75739 Paris Cedex 15 France<br />

Email: ozonaction@unep.fr<br />

Tel: +33 1 44 37 14 50<br />

Fax: +33 1 44 37 14 74<br />

Site internet:<br />

www.uneptie.org/ozonaction<br />

PNUE<br />

111


PNUE, Division Technologie,<br />

Industrie et Economie<br />

Le PNUE, Division Technologie, Industrie et Economie a pour mission<br />

d’aider les décideurs au sein des gouvernements, des autorités locales et<br />

de l’industrie à élaborer puis adopter des politiques et des pratiques qui:<br />

· sont plus propres et plus sûres;<br />

· utilisent plus efficacement les ressources naturelles;<br />

· permettent une gestion adéquate des substances chimiques;<br />

· intègrent les coûts environnementaux;<br />

· réduisent la pollution et les risques pour les humains et<br />

l’environnement.<br />

Le PNUE, Division Technologie, Industrie et Economie (PNUE <strong>DTIE</strong>),<br />

dont le siège est à Paris, se compose d’un centre et de quatre unités:<br />

· Le Centre International de Technologie Environnementale (Osaka),<br />

encourage l’adoption et l’utilisation de technologies sans danger<br />

pour l’environnement avec une attention particulière sur la gestion<br />

environnementale des villes et des réservoirs d’eau potable, dans les<br />

pays en voie de développement et les pays à économie en transition.<br />

· Production et Consommation (Paris), encourage des modèles de<br />

production et de consommation plus propres et plus sûrs permettant<br />

d’utiliser plus efficacement les ressources naturelles et de réduire la<br />

pollution.<br />

· Substances chimiques (Genève), encourage le développement durable<br />

en catalysant des actions mondiales et en créant des capacités<br />

nationales pour gérer sans danger les substances chimiques et<br />

améliorer la sécurité liée à leur utilisation dans le monde. Une priorité<br />

particulière est accordée aux Polluants Organiques Persistants (POP)<br />

et à la Procédure de consentement informé (conjointement avec la<br />

FAO).<br />

· Energie et ActionOzone (Paris), soutient l’élimination de substances<br />

appauvrissant la couche d’ozone dans les pays en voie de<br />

112


développement et les pays à économie en transition et encourage<br />

les bonnes pratiques de gestion et d’utilisation de l’énergie, avec<br />

une attention particulière portée aux impacts sur l’atmosphère. Le<br />

Centre de collaboration sur l’énergie et l’environnement du PNUE/<br />

RISØ soutient les actions de l’unité.<br />

· Economie et Commerce (Genève), favorise l’utilisation et<br />

l’application d’outils d’évaluation et d’encouragement pour les<br />

politiques environnementales et contribue à mieux faire comprendre<br />

les relations unissant le commerce et l’environnement ainsi que le<br />

rôle des institutions financières dans la promotion d’un<br />

développement durable.<br />

Sensibiliser, améliorer la transmission de l’information, construire des<br />

capacités, encourager la coopération, le partenariat et l’échange de technologies,<br />

mieux faire comprendre l’impact sur l’environnement de<br />

certaines pratiques commerciales, favoriser l’intégration de<br />

préoccupations environnementales dans le cadre de politiques<br />

économiques et catalyser la sécurité liée aux substances chimiques dans<br />

le monde: tels sont les principaux objectifs du PNUE <strong>DTIE</strong>.<br />

113


114


Glossaire<br />

Aération du sol: quantité d’air ou d’oxygène dans un sol ou substrat.<br />

Elle est définie par le volume d’air ou le taux de porosité de l’air dans ce<br />

substrat (définie par le pourcentage du volume de substrat rempli d’air).<br />

Agent de lutte biologique: micro-organisme capable de détruire<br />

partiellement ou totalement un autre organisme.<br />

Analyse du sol: analyse de laboratoire visant à déterminer la teneur en<br />

éléments minéraux et certaines caractéristiques chimiques comme le pH<br />

et la CE.<br />

Analyse foliaire: analyse de laboratoire destinée à déterminer la teneur<br />

nutritive du tissu foliaire.<br />

Antagoniste: micro-organisme capable de produire un produit<br />

métabolique toxique pouvant tuer, mettre en danger ou encore inhiber<br />

un autre micro-organisme situé à proximité. Des populations<br />

d’antagonistes peuvent ainsi dissuader des populations d’autres microorganismes<br />

sensibles.<br />

APHIS (<br />

(Animal and Plant Health Inspection Service<br />

– Service<br />

d’inspection de la santé animale et végétale): autorité américaine<br />

chargée des questions relatives à la faune et à la flore et de leur importation<br />

sur le territoire américain. L’APHIS a des antennes sur tout le<br />

territoire américain et dans de nombreux pays.<br />

Arrachage<br />

rachage: retrait de plantes en raison de maladies ou d’autres<br />

problèmes.<br />

Bactérie nitrifiante: dans le cycle naturel de l’azote, bactérie de l’espèce<br />

Nitrosomonas qui transforme l’ammoniaque présente dans le sol en<br />

nitrites et un second groupe, l’espèce Nitrobacter, qui transforme les<br />

nitrites en nitrates. Avec les micro-organismes ammonifiants, ces bactéries<br />

conservent l’azote sous toutes ses formes.<br />

115


Biocide: tout agent ou composé susceptible de tuer un organisme vivant<br />

présent dans un sol ou un substrat par simple contact. La vapeur et le bromure<br />

de méthyle sont appelés biocides car ils tuent un large spectre d’organismes.<br />

Biofumigation: processus au cours duquel les résidus végétaux sont<br />

incorporés dans le sol après récolte et laissés pour décomposition. Au cours<br />

de ce processus, la matière végétale produit certains gaz, principalement<br />

des isothiocyanates, qui agissent comme pesticides naturels et éliminent un<br />

nombre substantiel d’organismes nocifs présents dans le sol.<br />

Biopesticide: pesticide obtenu à partir de sources naturelles comme<br />

l’extrait de Neem ou de nicotine.<br />

Bromur<br />

omure de méthyle: fumigant gazeux à large spectre, utilisé depuis<br />

de nombreuses années pour débarrasser le sol ou le substrat de maladies,<br />

graines de mauvaises herbes ou parasites nocifs. On l’utilise<br />

également pour fumiger des infrastructures et des marchandises. En<br />

1992, le bromure de méthyle a été classé par le Protocole de Montréal<br />

parmi les substances appauvrissant la couche d’ozone.<br />

Carbendazime: 2(methoxylocarbonylamino)-benzimidazole. Composé<br />

de benzimidazole, utilisé comme fongicide systémique. Ce produit est<br />

souvent cité sous des appellations commerciales comme Bavistin®,<br />

Derosal®, Kemdazin®.<br />

Cartographie<br />

tographie: collecte de données, essentiellement liées à l’incidence<br />

de parasites ou de maladies sur une récolte, sur une carte ou un plan de<br />

zone de culture (serre).<br />

CCTBM – Comité des Choix Techniques pour le Bromur<br />

omure e de Méthyle:<br />

Comité créé par le Protocole de Montréal « pour identifier les alternatives<br />

existantes et potentielles au bromure de méthyle ». Il regroupe 35 à 40<br />

membres, issus de pays industrialisés et de pays en voie de développement.<br />

Champs surélevés: couches ou conteneurs destinés à la culture de<br />

plantes, isolés du sol. Des couches surélevées ou des planches étagées<br />

peuvent être utilisées comme champs surélevés.<br />

Coir: amendement du sol ou substrat composé de fibre de coco et<br />

obtenu à partir de coque de coco. Il possède une bonne capacité de<br />

rétention d’eau et est utilisé en culture « hydroponique ».<br />

116


Compost: matériau organique obtenu à partir d’une matière organique<br />

partiellement décomposée comme des résidus végétaux. Le processus<br />

de décomposition est appelé compostage.<br />

Conductivité électrique (CE): propriété d’une solution à conduire<br />

l’électricité grâce à ses solutés ioniques. Elle est utilisée pour mesurer la<br />

teneur en sels solubles dans l’eau. Chaque sel possède une valeur CE<br />

unique. Elle peut être exprimée selon différentes unités, comme le dS/<br />

m (déciSiemens par mètre) ou micromhos/cm.<br />

Contrôle chimique: contrôle d’un parasite ou d’une maladie par<br />

l’application d’un pesticide ou d’un composé d’origine chimique.<br />

Contrôle génétique: contrôle d’une maladie ou d’un parasite en rendant<br />

l’hôte résistant à cette maladie ou parasite avec des méthodes<br />

d’amélioration génétique, d’hybridation ou d’autres formes de<br />

recombinaison génétique.<br />

Contrôle par exclusion: stratégie de contrôle d’un parasite ou d’une<br />

maladie prévenant le contact du pathogène avec son hôte prédisposé<br />

(ex: moustiquaires empêchant les insectes volants de pénétrer dans les<br />

serres, procédés spéciaux de déparasitage, etc.).<br />

Contrôle physique: moyen de contrôle utilisant des méthodes physiques,<br />

comme la vapeur, la chaleur, l’aspiration, les moustiquaires, les protections<br />

ou autres, afin de limiter une maladie ou une population de parasites.<br />

Couches de terre: couches faites directement à partir du sol naturel<br />

(terre) dans lesquelles on fait pousser des fleurs.<br />

Culture e hors sol: méthode de culture au cours de laquelle les plantes<br />

sont cultivées dans un substrat leur permettant de se fixer et d’absorber<br />

de l’eau et des éléments nutritifs.<br />

Culture e hydroponique<br />

oponique: littéralement, il s’agit de la culture de végétaux<br />

dans de l’eau ou en milieu liquide. La culture dans des substrats sans<br />

terre est souvent dénommée ainsi.<br />

Dazomet: Tétrahydro-3,5, diméthyle-2H-1,3,5-thiadiazine-2-thione.<br />

Fumigant du sol utilisé avant la plantation, efficace contre de nombreuses<br />

117


espèces de mauvaises herbes, de nématodes (sauf le sporocyste), de<br />

champignons du sol et de parasites arthropodes. Mieux connu sous<br />

l’appellation commerciale Basamid®, on peut également le rencontrer<br />

sous les noms de Allante® et Dazoberg®. Il est souvent utilisé comme<br />

alternative au bromure de méthyle.<br />

Densité de plantation: quantité de plantes cultivées sur une unité de<br />

surface, comme le m 2 .<br />

Dépistage: pratique au cours de laquelle un personnel formé inspecte<br />

les plantes et zones de culture afin de détecter la présence de parasites<br />

ou de maladies dès leur apparition.<br />

Désinfestation: élimination ou autre pratique pour éviter l’infestation<br />

de zones de culture par un parasite ou une maladie, par exemple en<br />

détruisant les résidus végétaux.<br />

Dichloropr<br />

opropène<br />

opène: 1,3-dichloropropène, connu sous les appellations<br />

commerciales Télone-II®, Télone C-17®, Télone C-35®, Nematrap®,<br />

Nematox® entre autres. Ce fumigant du sol est assez efficace contre les<br />

nématodes et les insectes du sol et l’est grandement contre les nématodes<br />

sporocystes, notamment dans du terreau et des sols sablonneux. Il agit<br />

également contre certains champignons du sol et certaines mauvaises herbes,<br />

surtout lorsqu’il est associé à des substances comme la chloropicrine.<br />

Diffuseur<br />

fuseur: dispositif tel qu’un tuyau rigide ou flexible utilisé pour<br />

conduire la vapeur de sa source (chaudière) jusqu’au substrat à traiter<br />

(comme le sol).<br />

Effluents<br />

fluents: substances, habituellement liquides, qui émanent de compost<br />

ou de tas d’humus. Généralement riches en éléments nutritifs et<br />

en organismes utiles, elles peuvent être apportées au sol comme<br />

amendement.<br />

Fumigation: processus selon lequel une substance chimique (fumigant)<br />

est injectée ou incorporée dans le sol ou le substrat afin d’éliminer les<br />

maladies ou les parasites présents.<br />

Fusariose: maladie de nombreuses plantes provoquée par le champignon<br />

Fusarium oxysporum. Ce dernier revêt plusieurs formes ou formae<br />

118


specialis qui diffèrent selon leur pathogénicité envers certains hôtes.<br />

Ainsi, le f.sp. dianthi ne s’attaque qu’aux plantes appartenant à la famille<br />

des œillets. La fusariose peut être très dévastatrice, anéantir des plantes<br />

et occasionner d’importantes pertes. Ce champignon vit dans le sol et<br />

peut perdurer longtemps, même en l’absence de son hôte.<br />

Galle du collet: maladie de nombreuses plantes provoquée par la bactérie<br />

Agrobacterium tumefaciens qui provoque la formation de galles irrégulières<br />

et épaisses pouvant gainer la tige des plantes et en altérer l’esthétique. Cette<br />

maladie réduit également leur vitalité et leur productivité. Ces bactéries<br />

vivent dans le sol et peuvent subsister pendant de longues périodes.<br />

Glyphosate: N-(phosphonométhyle) glycocolle. Composé d’acide<br />

phosphorique utilisé comme herbicide de pré-plantation pour un large<br />

spectre de mauvaises herbes. Mieux connu sous l’appellation commerciale<br />

Roundup®, on le trouve également sous d’autres appellations.<br />

Gref<br />

effe<br />

fe: Habituellement insertion sur un porte-greffe d’une plante, en<br />

mettant en contact des surfaces incisées pour former ensuite des parties<br />

vivantes. Champignons, racines de plantes et autres peuvent se greffer<br />

naturellement.<br />

Humus: amendement organique ou substrat obtenu en nourrissant des<br />

lombrics avec de la matière végétale partiellement compostée.<br />

Infection: processus selon lequel un pathogène s’immisce dans le tissu<br />

de la plante et s’y installe, provoquant des symptômes et développant<br />

ou terminant son cycle de vie avec elle. La relation entre les deux<br />

organismes vivants s’achève lorsque l’un d’entre eux meurt.<br />

Infestation: survie d’un pathogène associé à une entité inerte comme<br />

le sol, les outils ou l’outillage.<br />

Irrigation rigation au goutte à goutte: système d’irrigation grâce auquel l’eau<br />

est amenée directement au pied de la plante, dans le sol ou substrat,<br />

souvent à l’aide de petits goutteurs ou microtubes.<br />

Lombrics: vers appartenant habituellement à l’espèce Eisenia foetida<br />

utilisés pour accélérer le processus de compostage végétal afin de<br />

produire du « vermicompost » ou « humus », substance organique riche<br />

119


pouvant être apportée aux plantes pour amender le sol ou être utilisée<br />

comme engrais organique.<br />

<strong>Lutte</strong> biologique: destruction partielle ou totale d’une population de<br />

micro-organismes par une autre.<br />

<strong>Lutte</strong> culturale: mesures de contrôle basées sur l’adaptation de mesures<br />

de culture afin de réduire l’inoculum du parasite ou de la maladie. Par<br />

exemple, si l’on espace davantage les plantations, la circulation de la<br />

densité de l’air entre les plantes augmente et l’humidité diminue,<br />

réduisant ainsi l’incidence de certaines maladies.<br />

<strong>Lutte</strong> phytosanitaire intégrée (LPI): plan de lutte antiparasitaire impliquant<br />

une série de mesures alternatives de contrôle et pas uniquement des substances<br />

chimiques. Il s’agit entre autres de méthodes régulatrices agricoles,<br />

physiques et biologiques, chacune contribuant d’une certaine façon à réduire<br />

des populations parasites et les dommages provoqués par ces derniers.<br />

Masse volumique humide: rapport entre le poids ou la masse d’un substrat<br />

ou sol sec par rapport à sa masse volumique humide. Exprimée en gr/cm 3 .<br />

Métam-sodium: Dihydrate de sodium N-méthyldithiocarbamate. Mieux<br />

connu sous les appellations commerciales Vapam® et Buma®, on le<br />

trouve également dans certains pays sous les noms de Trimaton®,<br />

Busan® et Unifume®. Fumigant du sol à large spectre, il est utilisé<br />

pour contrôler de nombreux genres de champignons, nématodes (la<br />

plupart des espèces), mauvaises herbes (la plupart des espèces) et des<br />

parasites arthropodes (scutigerelle et collembola entre autres)<br />

Micro-or<br />

o-organisme du sol: micro-organisme qui passe la majorité de<br />

son cycle de vie dans le sol ou substrat, souvent en contact avec les<br />

parties souterraines des végétaux.<br />

Monoculture: culture continue d’une même plante ou récolte sur une<br />

longue période.<br />

Moustiquaire: toile, filet ou autre type de protection placé au-dessus<br />

des ouvertures des serres afin d’empêcher les insectes volants parasites<br />

de pénétrer dans les aires de culture.<br />

120


Nématode: minuscules « vers », souvent microscopiques, vivant pour<br />

la plupart dans le sol comme saprophytes mais pouvant être parasites<br />

sur certaines plantes.<br />

Normes de protection des travailleurs: ensemble de mesures à observer<br />

afin de minimiser les risques pour la santé des travailleurs. Les<br />

normes de protection des travailleurs et la médecine du travail font partie<br />

de la législation sur la protection sociale de nombreux pays.<br />

Organique<br />

ganique: substance ou composé à base de carbone. Par exemple, le<br />

compost est de nature organique.<br />

Organismes ammonifiants: groupe d’organismes, principalement des<br />

bactéries, champignons et Actinomycètes, qui transforment l’azote<br />

présent dans le sol en ammoniaque, selon le cycle naturel de l’azote.<br />

Parasite: organisme, habituellement un insecte, une mite ou une limace,<br />

qui se nourrit sur une plante-hôte prédisposée.<br />

Pasteurisation: processus selon lequel, souvent au moyen de chaleur, les<br />

organismes vivants par exemple présents dans le sol ou substrat, sont éliminés<br />

de façon sélective. En général, les organismes dangereux sont éliminés dans<br />

des proportions bien plus importantes que les organismes utiles.<br />

Pathogène: organisme, habituellement microscopique, capable de<br />

provoquer une maladie sur une plante-hôte. Bactéries, virus, champignons<br />

et nématodes sont généralement considérés comme pathogènes.<br />

Perméabilité du sol: propriété d’un sol ou substrat à laisser passer l’eau.<br />

pH: le pH est défini comme « le logarithme négatif d’une concentration<br />

en ions H+». Ce coefficient caractérise l’acidité ou la basicité d’une<br />

solution; un pH 7 est considéré comme neutre; en-dessous, il est acide<br />

et au-dessus, il est basique ou alcalin.<br />

Phloème: tissu conducteur à l’intérieur de la tige de la plante, permettant<br />

le transport des sucs (assimilats) végétaux qui ont été transformés dans<br />

les feuilles par photosynthèse.<br />

<strong>Phytosanitaire</strong>: se réfère à la santé des végétaux.<br />

121


Phytotoxicité: qui provoque des dégâts ou est toxique pour les plantes.<br />

Piège englué: morceau de carton, plastique ou autre matériau, généralement<br />

jaune, bleu ou blanc utilisé pour attirer les insectes volants. Ces pièges sont<br />

couverts d’une substance collante comme de l’huile pour que les insectes<br />

viennent s’y coller, ce qui donne au cultivateur une idée précise de la population<br />

d’insectes présente de façon à mettre en place un seuil d’action.<br />

Plante-piège: plante qui attire un certain pathogène ou parasite, pouvant<br />

être utilisée pour réduire des populations de cet organisme. Par exemple,<br />

les œillets d’Inde (Tagetes) peuvent être utilisés pour attirer les nématodes.<br />

Certaines plantes, au contraire, repoussent certains pathogènes et peuvent<br />

être plantées comme barrière protectrice autour de cultures sensibles.<br />

Porte gref<br />

effe<br />

fe: plante possédant habituellement certaines qualités comme<br />

la vigueur ou la résistance, sur laquelle on greffe la même espèce qui<br />

possède d’autres qualités.<br />

Prochloraz<br />

ochloraz: N-propyl-N-(2-(2,4,6-tricholophenoxy)éthyle)-imidazole-<br />

1-carboxamide. Composé de carboxamide utilisé comme fongicide pour<br />

protéger les plantes et éradiquer les parasites. On trouve ce fongicide<br />

sous les appellations commerciales Octave® et Sportak®.<br />

Production durable: plan de culture permettant une production continue<br />

et prospère sur un même site pendant une longue période, avec<br />

un minimum de dommages pour les ressources naturelles renouvelables<br />

(comme l’air, l’eau, le sol).<br />

Quarantaine de plantes: lorsque des végétaux proviennent d’une source<br />

extérieure et représentent une source potentielle de parasite ou de<br />

maladie, on isole ces végétaux un certain temps pour éviter de contaminer<br />

toute culture dans la zone.<br />

Quarantaine et Pré-Expédition: traitement ou fumigation appliqué<br />

« directement avant une exportation pour respecter les exigences<br />

phytosanitaires et sanitaires du pays importateur ou celles du pays<br />

exportateur » (Rapport 1998 du CCTBM).<br />

Ré-infestation: processus selon lequel parasites ou pathogènes<br />

réintègrent le sol ou substrat après stérilisation ou désinfestation.<br />

122


Roche volcanique: également dénommée scorie ou pierre ponce,<br />

utilisée comme substrat minéral dans la culture hors-sol.<br />

Rotation des cultures<br />

es: stratégie de contrôle au cours de laquelle une<br />

récolte sensible à une maladie ou un parasite du sol spécifique s’effectue<br />

selon des cycles qui alternent avec des cultures résistantes ou nonsensibles<br />

à ce pathogène. Pour les pathogènes ne pouvant survivre qu’à<br />

proximité de leur hôte, la période d’absence de l’hôte en question peut<br />

considérablement réduire leur population dans le sol.<br />

Sels solubles: sels solubles dans l’eau. Ils regroupent la plupart des<br />

fertilisants non-organiques (ammonium, nitrate, phosphates, sulfates)<br />

et des sels minéraux (comme le bicarbonate de soude) dissous dans<br />

l’eau d’irrigation.<br />

Seuil d’action: taux ou degré d’endommagement d’une récolte qui justifie<br />

l’application d’une mesure de protection telle qu’un pesticide. Les seuils<br />

d’action sont principalement déterminés par la surveillance (dépistage, pièges<br />

englués, échantillonnage, etc.) et peuvent varier selon la culture. Pour les<br />

fleurs, ce seuil est souvent très bas en raison de leur valeur esthétique.<br />

Seuil d’endommagement: taux d’endommagement qui justifie<br />

d’entreprendre des mesures car il représente d’importantes pertes<br />

économiques. Un seuil d’endommagement nécessite des calculs<br />

économiques parfois laborieux pour un producteur ; travailler avec un<br />

seuil d’action peut donc constituer une meilleure approche.<br />

Seuil de résistance à la chaleur: température à laquelle un microorganisme<br />

meurt.<br />

Solarisation: processus selon lequel un sol humide est recouvert de<br />

polyéthylène transparent et exposé à la chaleur de journées ensoleillées<br />

pendant plusieurs jours voire semaines. Selon les conditions, la couche<br />

supérieure du sol (30 cm) peut atteindre des températures supérieures<br />

à 50°C, éliminant de nombreux parasites et agents pathogènes.<br />

Stérilisation à la vapeur: processus visant à injecter de la vapeur d’eau<br />

ou autre type de vapeur dans le sol ou à sa surface afin de tuer les parasites<br />

et pathogènes du sol.<br />

123


Substance minérale: substance ou composé n’étant pas à base de<br />

carbone. Pour les engrais, ce terme se réfère principalement aux sels<br />

minéraux. Se réfère également aux substrats, aux amendements et aux<br />

matières synthétiques comme la vermiculite.<br />

Substrat: matériau dans lequel se développe la plante, pouvant être<br />

constitué de terre naturelle ou bien d’une substance totalement horssol<br />

(intermédiaires possibles).<br />

Substrat d’enveloppe de riz: milieu de culture ou substrat fabriqué à<br />

partir d’enveloppes de riz, ou dérivés de rizeries.<br />

Surveillance<br />

veillance: suivi de la présence d’une maladie ou d’un parasite au<br />

moyen de dépistage, de pièges englués entre autres.<br />

Thrips: minuscules insectes volants de l’ordre Thysanoptera qui percent<br />

et aspirent les tissus végétaux. Les thrips ne sont pas uniquement<br />

dangereux pour les plantes; ils peuvent véhiculer certains virus comme<br />

celui de la maladie bronzée de la tomate, particulièrement destructeur.<br />

Tourbe horticole<br />

ticole: substrat organique composé de mousses, joncs et<br />

roseaux partiellement décomposés, formé dans des milieux marécageux.<br />

La tourbe horticole la plus couramment utilisée est issue de la sphaigne<br />

(Sphangum), provenant des tourbières septentrionales d’Europe ou<br />

du Canada. La tourbe est très utilisée comme substrat de plantation ou<br />

de rempotage ou pour amender le sol.<br />

Toxicité<br />

oxicité: lorsque la concentration d’un élément nutritif ou d’une substance<br />

chimique est suffisamment élevée pour endommager un plante.<br />

Vaisseaux de la tige: tissus conducteurs dans la tige des plantes<br />

transportant l’eau et les éléments nutritifs vers les autres parties de la<br />

plante.<br />

Variétés résistantes: variétés de plantes capables de résister aux attaques<br />

de parasites ou pathogènes. Elles peuvent être naturellement résistantes<br />

ou rendues telles par amélioration génétique ou d’autres recombinaisons<br />

génétiques. La résistance varie de 0 (totalement sensible) à 100%<br />

(immunisé), avec des niveaux intermédiaires.<br />

124


Vecteur<br />

ecteur: organisme capable de transmettre une maladie d’un hôte sensible<br />

à un autre.<br />

Ver<br />

ermiculite<br />

miculite: composant minéral de milieux de culture obtenu à partir<br />

de minerai de type mica de silicate d’aluminium-fer-magnésium chauffé<br />

à haute température, dilatant ainsi les couches du minerai en une structure<br />

en accordéon. Elle possède une grande capacité de rétention d’eau.<br />

Vir<br />

irulence<br />

ulence: degré de pathogénécité, c’est à dire le pouvoir d’un<br />

pathogène à provoquer une maladie.<br />

Xylème: vaisseau conducteur à l’intérieur de la tige d’une plante<br />

transportant l’eau et les éléments minéraux absorbés par les racines vers<br />

les feuilles, où ils seront transformés par photosynthèse.<br />

125

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