Lutte Phytosanitaire Intégrée - DTIE
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FLORICULTURE ET ENVIRONNEMENT<br />
Culture des fleurs sans bromure de méthyle<br />
PNUE<br />
Remerciements<br />
Cette publication a été réalisée par le Programme des Nations Unies pour<br />
l’Environnement Division Technologie, Industrie et Economie (PNUE <strong>DTIE</strong>)<br />
dans le cadre du Programme ActionOzone sous l’égide du Fonds Multilatéral.<br />
Cette publication a été réalisée par les membres du PNUE suivants:<br />
Jacqueline Aloisi de Larderel, Sous-Directeur Exécutif, Directeur du PNUE <strong>DTIE</strong><br />
Rajendra Shende, Chef de la Division Energie et ActionOzone, PNUE <strong>DTIE</strong><br />
Cecilia Mercado, Chargée d’information, PNUE <strong>DTIE</strong><br />
Corinna Gilfillan, Administrateur de programme adjoint, PNUE <strong>DTIE</strong><br />
Susan Ruth Kikwe, Assistante de Programme, PNUE <strong>DTIE</strong><br />
Auteur: Marta Pizano<br />
Réviseurs techniques: Fabio Chaverri, Volkmar Hasse, Anne Turner, Guillermo Castellá<br />
Traducteurs:<br />
Catherine et Emmanuel Paumier<br />
Conception et Mise en page: Angela Luque Pardo<br />
Ce document est disponible sur le site internet du Programme ActionOzone du PNUE:<br />
www.uneptie.org/ozonaction<br />
© 2001 UNEP<br />
Cette publication peut être reproduite intégralement ou en partie sous quelque forme que ce soit<br />
à des fins pédagogiques ou dans un but non lucratif, sans autorisation particulière du détenteur des<br />
droits d’auteur, pourvu que la source y soit mentionnée. Le PNUE apprécierait de recevoir un<br />
exemplaire de toute publication faisant usage de la présente publication comme source.<br />
La présente publication ne peut être ni vendue ni utilisée à des fins commerciales sans<br />
l’autorisation écrite préalable du PNUE.<br />
Les termes et la présentation du matériel employés dans la présente publication n’impliquent<br />
nullement l’expression d’une opinion quelconque de la part du Programme des Nations<br />
Unies pour l’Environnement concernant le statut légal d’un pays, d’un territoire, d’une ville<br />
ou d’une région ou de ses autorités, ou concernant la délimitation de ses frontières ou limites.<br />
En outre, les opinions exprimées ne représentent pas nécessairement les décisions résultant de<br />
la politique du Programme des Nations Unies pour l’Environnement; d’autre part, les noms<br />
ou processus commerciaux cités n’impliquent en aucun cas le soutien du PNUE.<br />
PUBLICATION DES NATIONS UNIES<br />
ISBN 92-807-2108-9<br />
1
Avertissement<br />
Le PNUE, ses consultants, les personnes qui ont révisé ce document et<br />
leurs employés ne garantissent nullement les résultats, la sécurité du<br />
travail et l’acceptabilité écologique des choix techniques décrits dans ce<br />
document.<br />
Bien que les informations contenues dans ce document soient estimées<br />
exactes, elles n’ont pu être présentées que de façon sommaire et générale.<br />
Toute décision consistant à mettre en pratique l’une des alternatives<br />
présentées dans ce document implique d’examiner attentivement<br />
nombre de paramètres spécifiques à une situation dont certains ne seront<br />
peut-être pas abordés dans ce document. L’entière responsabilité de<br />
cette décision et de ses conséquences incombe aux personnes ou entités<br />
ayant choisi d’appliquer cette alternative.<br />
Le PNUE, ses consultants et les personnes qui ont révisé ce document<br />
et leurs employés ne garantissent pas et ne représentent pas de façon<br />
expresse ou tacite son exactitude, son exhaustivité ou son utilité ; ils ne<br />
sont pas non plus responsables d’événements résultant de l’utilisation<br />
ou de la confiance accordée aux informations, matériels et procédures<br />
décrits dans ce document concernant entre autres des réclamations en<br />
matière de santé, de sécurité, des effets sur l’environnement, d’efficacité,<br />
de performance ou des coûts résultant de la source d’information.<br />
Toute mention d’entreprise, association ou produit n’est donnée qu’à<br />
titre indicatif et ne saurait être interprétée comme une recommandation<br />
tacite ou expresse des sociétés, associations ou produits cités par le<br />
PNUE, ses consultants, les personnes qui ont révisé ce document et<br />
leurs employés.<br />
Les personnes citées qui ont revu ce document n’ont révisé que des<br />
avant-projets ou ébauches intermédiaires de celui-ci mais elles n’ont<br />
pas révisé cette version finale. Elles ne peuvent donc être tenues<br />
responsables des éventuelles erreurs qui auraient pu se glisser dans le<br />
document ou des effets qui pourraient résulter de ces erreurs.<br />
2
FLORICULTURE<br />
ET ENVIRONNEMENT<br />
Culture des fleurs sans<br />
Bromure de méthyle<br />
PNUE<br />
Programme des Nations Unies pour l’Environnement<br />
3
Table des matières<br />
Comment utiliser ce manuel 9<br />
Introduction<br />
13<br />
Chapitre 1 17<br />
Alternatives au bromur<br />
omure de méthyle en floriculture 17<br />
Pourquoi utiliser le bromure de méthyle en floriculture? 17<br />
Quelles autres solutions sont disponibles ? 19<br />
Avantages de la LPI 22<br />
Chapitre 2 23<br />
<strong>Lutte</strong> phytosanitaire intégrée (LPI)<br />
Approche respectueuse de l’environnement<br />
23<br />
Qu’est-ce que la LPI ? 24<br />
Quelle est son efficacité ? 24<br />
1. Dépistage ou surveillance 25<br />
Formation 27<br />
Cartographie 27<br />
Seuil d’action 28<br />
Evaluation de l’information et prise de décisions 28<br />
2. Contrôle par exclusion 29<br />
Quarantaines et inspections des plantes 29<br />
Matière végétale saine 29<br />
3. <strong>Lutte</strong> culturale 30<br />
Elimination des mauvaises herbes 30<br />
Rotation des cultures 31<br />
Ventilation 31<br />
Entretien des serres 31<br />
Règles sanitaires 32<br />
Fertilisation et arrosage 32<br />
Limitation de l’accès aux serres et aux zones de culture 33<br />
4. Contrôle physique 33<br />
Pièges englués 33<br />
Moustiquaires 34<br />
Aspirateurs ou pompes aspirantes 34<br />
5
Traitement du foyer de la maladie 35<br />
Stérilisation du sol ou des substrats à la vapeur 36<br />
Substrats hors-sol 36<br />
Autres protections 36<br />
Paillis plastiques 37<br />
Solarisation 37<br />
5. <strong>Lutte</strong> biologique 38<br />
Biopesticides 38<br />
Plantes- pièges 38<br />
Agents de lutte biologique 38<br />
Biofumigation 39<br />
6. <strong>Lutte</strong> génétique 40<br />
7. <strong>Lutte</strong> chimique 40<br />
Métam-sodium 42<br />
Dazomet 42<br />
Dichloropropène 43<br />
Exemples concrets 43<br />
A. Programme de LPI pour éliminer la fusariose<br />
de l’œillet 44<br />
B. Programme de LPI pour éliminer la tumeur<br />
bacteriénne du collet de la rose 47<br />
Approche multidimensionnelle 50<br />
Chapitre 3 55<br />
Stérilisation par la vapeur (pasteurisation) 55<br />
1. Durée du traitement 56<br />
2. Chaudières et diffuseurs 57<br />
Capacité de la chaudière 58<br />
Haute ou basse pression 59<br />
Type de diffuseur et diamètre 59<br />
Bâches 60<br />
Source énergétique 60<br />
Mobile ou fixe 60<br />
3. Sol ou substrat à traiter 60<br />
Humidité du sol 60<br />
Texture du sol 61<br />
Nature du sol 61<br />
4. Problèmes courants associés à la vapeur 61<br />
Accumulation de sels solubles 61<br />
Toxicité du manganèse 61<br />
6
Toxicité de l’ammonium 62<br />
Ré-infestation 63<br />
Exemples d’application 63<br />
A. Pasteurisation du sol pour traiter la fusariose<br />
de l’œillet 63<br />
Chapitre e 4 67<br />
Compostage 67<br />
1. Procédé du compostage 68<br />
Hachage 68<br />
Constructuion du tas 69<br />
Bâchage 69<br />
Brassage du compost 69<br />
Récolte 70<br />
2. Facteurs majeurs à considérer 71<br />
Collecte de matière végétale 71<br />
Lieu de hachage 71<br />
Lieu de compostage 72<br />
Période d’application 72<br />
Taille et consistance des fibres végétales 72<br />
Gaz ou liquides dangereux 73<br />
Teneur adéquate en micro-organismes 73<br />
Facteurs environnementaux adéquats 73<br />
Maturité 74<br />
3. Lombrics 74<br />
Résultats 76<br />
Chapitre 5 79<br />
Substrats hors-sol 79<br />
1. Rôle d’un substrat 80<br />
2. Types de substrats 81<br />
Coir 81<br />
Enveloppes de riz 82<br />
Ecorce et sciure de bois 83<br />
Compost 83<br />
Roche volcanique (scories, pierre ponce),<br />
vermiculite et autres 84<br />
Sable 84<br />
3. <strong>Lutte</strong> antiparasitaire et traitement des maladies 84<br />
7
Exemples d’applications 85<br />
1. Culture des œillets dans du substrat d’enveloppes<br />
de riz en Colombie 85<br />
Facteurs à considérer 86<br />
pH élevé 86<br />
Systèmes d’irrigation 87<br />
Fertilisation 87<br />
Tuteurs et espacement des plantations 88<br />
Rendement 89<br />
2. Culture de fleurs coupées dans du substrat<br />
de coco en Côte d’Ivoire 89<br />
Chapitre 6 91<br />
Projets de démonstration et d’investissements 91<br />
Argentine 94<br />
Description du projet 94<br />
Résultats 94<br />
Evaluation des alternatives 95<br />
Kenya 96<br />
Description du projet 96<br />
Résultats 96<br />
Evaluation des alternatives 98<br />
Guatemala 99<br />
Description du projet 99<br />
Costa Rica 99<br />
Description du projet 99<br />
République Dominicaine 100<br />
Description du projet 100<br />
Annexe I 103<br />
Autres documents et sources d’information<br />
103<br />
Publications sur le bromure de méthyle du Programme<br />
Action Ozone du PNUE <strong>DTIE</strong> 103<br />
Autres publications intéressantes 105<br />
Sites internet 107<br />
Annexe II 109<br />
Programme ActionOzone du PNUE <strong>DTIE</strong> 109<br />
PNUE, Division Technologie, Industrie et Economie 112<br />
Glossaire 115<br />
8
Comment utiliser ce Manuel<br />
Ce Manuel est conçu comme un guide général pour la mise en œuvre<br />
d’alternatives au bromure de méthyle dans la production commerciale des<br />
fleurs coupées. Son objectif est de fournir une information pratique et<br />
claire, utilisable par les producteurs, formateurs, assistants techniques et,<br />
d’une manière générale, par toute personne impliquée dans l’élimination<br />
du bromure de méthyle. Sa présentation est claire, explicative et expose des<br />
exemples concrets. Les informations contenues pourront être utilisées lors<br />
de programmes de formation et ateliers ou pour d’autres activités. Toutefois,<br />
ce manuel ne doit être considéré que comme un guide car certaines alternatives<br />
doivent encore être évaluées et adaptées aux conditions locales.<br />
Les informations présentées se basent sur des expériences concrètes<br />
menées dans des exploitations de production, des conclusions<br />
scientifiques et des publications (livres et rapports). En aucun cas, les<br />
auteurs de ce manuel ou le Programme des Nations Unies pour<br />
l’Environnement ne pourront être tenus responsables d’échecs ou de<br />
conséquences imprévues résultant de son utilisation.<br />
Les alternatives exposées dans ce manuel ont été organisées en sept chapitres:<br />
¨ !Chapitr<br />
Chapitre 1 – description générale des alternatives qui se sont<br />
avérées opportunes pour remplacer le bromure de méthyle,<br />
notamment dans la culture des fleurs coupées.<br />
¨ ! Chapitre e 2 – analyse détaillée de la <strong>Lutte</strong> <strong>Phytosanitaire</strong><br />
Intégrée (LPI) avec exemples et propositions d’application en<br />
floriculture. De nombreux experts considèrent la LPI comme<br />
l’unique solution réellement efficace, non seulement pour<br />
l’élimination du bromure de méthyle, mais également pour une<br />
production durable utilisant des quantités moindres de pesticides.<br />
¨ !Chapitr<br />
Chapitre e 3 – présentation de la stérilisation par vapeur, l’une<br />
des meilleures alternatives au bromure de méthyle. Il convient<br />
cependant d’utiliser correctement la vapeur et l’on obtient les<br />
meilleurs résultats lorsque cette méthode fait partie d’un programme<br />
de LPI. Problèmes éventuellement rencontrés lors de son utilisation.<br />
Exemples d’utilisation de la vapeur en floriculture.<br />
9
♦ Chapitre e 4 – compostage étape par étape de résidus végétaux,<br />
source de matière organique et de micro-organismes utiles qui<br />
s’est avérée efficace en rendant moins nécessaire la désinfestation<br />
du sol. En outre, le compost constitue une excellente source nutritive<br />
et son application sur les plantes peut jusqu’à un certain<br />
point remplacer les engrais chimiques.<br />
♦ Chapitre 5 – culture dans des substrats hors-sol, autre alternative<br />
très efficace. Ce chapitre insiste particulièrement sur les<br />
substrats qui se sont avérés opportuns dans les pays en voie de<br />
développement qui ne peuvent accéder à certains matériaux<br />
comme la laine de roche utilisés dans le monde industrialisé. Les<br />
enveloppes de riz, les coques de café et le coir (fibre de coco)<br />
offrent d’excellentes possibilités dans les régions tropicales et<br />
subtropicales.<br />
♦ Chapitre 6 – projets de démonstration, de formation et<br />
d’investissements menés actuellement en floriculture par les<br />
agences d’exécution du Fonds Multilatéral du Protocole de<br />
Montréal. Figurent également les alternatives sélectionnées, les<br />
contacts nécessaires et les résultats disponibles.<br />
♦ Annexe I - compilation des principaux manuels et documents<br />
publiés par le PNUE sur l’élimination du bromure de méthyle.<br />
Figurent également les adresses internet et les autres publications<br />
susceptibles de fournir des informations supplémentaires sur les<br />
alternatives décrites.<br />
♦ Annexe II- PNUE et Programme ActionOzone.<br />
♦ A Glossaire situé en fin de publication; il définit les termes<br />
techniques généralement utilisés pour décrire les alternatives<br />
abordées.<br />
Les informations contenues dans ce manuel peuvent être librement<br />
utilisées et traduites dans d’autres langues à des fins pédagogiques<br />
ou pour diffusion pourvu que la source y soit clairement citée.<br />
Pour mieux comprendre la façon dont se présente ce manuel,<br />
suivre le graphique ci-dessous:<br />
10
Graphique 1: Comment utiliser ce manuel<br />
CHAPITRE 2<br />
<strong>Lutte</strong> <strong>Phytosanitaire</strong><br />
Intégrée (LPI)<br />
* Définition<br />
* Composantes<br />
* Mise en oeuvre<br />
* Exemples concrets<br />
CHAPITRE 1<br />
Information générale<br />
* Pourquoi utiliser le BM<br />
en floriculture<br />
* Quelles autres solutions<br />
sont disponibles<br />
CHAPITRE 6<br />
Projets de démonstration<br />
et d’investissement<br />
* Description générale de<br />
projets élaborés par des<br />
agences d’exécution<br />
* Premiers résultats et<br />
résultats finaux disponibles<br />
CHAPITRE 3<br />
Stérilisation à la vapeur<br />
* Définition<br />
* Variables influençant son<br />
efficacité<br />
* Problèmes liés à la vapeur<br />
*Exemples concrets<br />
CHAPITRE 4<br />
Compostage<br />
* Procédé du compostage<br />
* Variables et facteurs<br />
influençant son<br />
efficacité<br />
* Lombrics<br />
* Résultats – exemples<br />
concrets<br />
GLOSSAIRE<br />
CHAPITRE 5<br />
Substrats hors-sol<br />
* Rôles d’un substrat<br />
* Types de substrats<br />
* Exemples concrets<br />
ANNEXE I<br />
Autres es ouvrages et sources<br />
ces<br />
d’information<br />
ANNEXE II<br />
Le PNUE <strong>DTIE</strong> et le Programme<br />
ActionOzone<br />
11
Introduction<br />
Le bromure de méthyle est un fumigant à large spectre utilisé depuis plus<br />
de 40 ans pour éliminer des parasites et maladies affectant de nombreuses<br />
cultures. Il permet également d’éliminer la plupart des graines de mauvaises<br />
herbes et autres organismes gênants comme les rongeurs. Bien que son<br />
application requière des procédures particulières, il se disperse rapidement<br />
et est idéal pour fumiger les sols pour les cultures agricoles intensives et<br />
continues. On l’utilise principalement comme fumigant du sol mais il<br />
sert également à éliminer les parasites présents dans les silos, à décontaminer<br />
les navires, les infrastructures et même les avions. On l’utilise également<br />
dans des applications de quarantaine pour éviter l’entrée et/ou la propagation<br />
de parasites indésirables dans un pays.<br />
En raison de son potentiel élevé d’appauvrissement de l’ozone, les Parties au<br />
Protocole de Montréal ont porté le bromure de méthyle sur la liste des substances<br />
appauvrissant la couche d’ozone (SAO). Il convient donc de cesser sa<br />
production et sa consommation dans les délais fixés par le Protocole de Montréal.<br />
L’appauvrissement de la couche d’ozone augmente la radiation ultraviolette,<br />
ce qui accroît le risque de cancer cutané chez les êtres humains et représente<br />
de sérieux risques pour l’environnement. D’autres inquiétudes pèsent sur le<br />
bromure de méthyle: il menacerait l’environnement en tant que polluant<br />
potentiel pour les sols et sources d’eau, la biodiversité du sol et représenterait<br />
de sérieux risques pour la santé des humains en raison de sa haute toxicité,<br />
notamment pour la fonction de reproduction.<br />
Illustration 1. Image satellite du trou d’ozone – 1 er octobre 2000.<br />
Source: CSIRO, Canberra, Australie<br />
13
Pour soutenir cette décision, le PNUE, par l’intermédiaire de son<br />
Programme ActionOzone, est chargé d’aider les pays à parvenir à<br />
l’élimination. Actuellement, plus de 167 pays ont signé le Protocole de<br />
Montréal. Le Comité des Choix Techniques pour le Bromure de Méthyle<br />
(CCTBM) du PNUE a été spécialement créé pour aider à identifier les<br />
alternatives pour toutes les utilisations du bromure de méthyle. Par<br />
ailleurs, le Fonds Multilatéral, qui fournit une aide technique et financière<br />
aux pays en voie de développement pour éliminer leurs SAO, mène des<br />
projets de démonstration et d’élimination, des ateliers et des formations,<br />
notamment pour éliminer le bromure de méthyle (voir Annexe I<br />
pour de plus amples informations).<br />
L’utilisation la plus répandue de bromure de méthyle est, de loin, la<br />
fumigation, qui représente environ 76% de la consommation mondiale<br />
totale. Il est principalement utilisé comme traitement de pré-plantation<br />
dans la production de cultures d’exportation à forte valeur économique<br />
comme le tabac, les fleurs coupées, les fraises, les bananes, les melons,<br />
les tomates et certains légumes. Cependant, des alternatives au bromure<br />
de méthyle ont été identifiées ces dernières années pour toutes ces cultures<br />
et permettent d’obtenir des produits de première qualité.<br />
Le tableau 1 présente les échéances fixées par le Protocole de Montréal<br />
pour éliminer le bromure de méthyle dans les pays industrialisés et les<br />
pays en voie de développement.<br />
Chaque pays peut, s’il le désire, procéder à des réductions ou une<br />
élimination anticipées; c’est ce qu’ont fait certains hors de l’UE comme<br />
la Suisse, la Colombie et plus récemment l’Argentine et la Jordanie<br />
(Août 2000). Parfois, les raisons étaient autres que le Protocole de<br />
Montréal (production plus propre et pratiques moins risquées, etc.,<br />
comme l’aborde le chapitre 1).<br />
Pour les utilisations agricoles pour lesquelles aucune alternative n’aura<br />
été trouvée avant 2005, la Commission et les Etats Membres<br />
examineront les utilisations critiques et il sera peut-être permis d’importer<br />
et d’utiliser du bromure de méthyle. Le nouveau plan de l’UE appelle à<br />
un gel des utilisations de quarantaine et de pré-expédition du bromure<br />
de méthyle, basé sur la moyenne des importations et de la production<br />
entre 1996-1998. Ce gel est effectif depuis le 1 er janvier 2001.<br />
14
Tableau 1. Plan d’élimination du bromure de méthyle<br />
Pays non-soumis à l’Article * Gel sur la production et la<br />
5 (pays industrialisés) consommation basé sur les niveaux<br />
de 1991, appliqué depuis 1995<br />
* 1999: réduction de 25% de la<br />
production et de la consommation<br />
basée sur les niveaux de 1991<br />
* 2001: réduction de 50%<br />
* 2003: réduction de 70%<br />
* 2005: élimination totale<br />
Pays soumis à l’Article 5 * 2002: gel de la production et de la<br />
(pays en voie de<br />
consommation basé sur la moyenne<br />
développement) 1995-1998<br />
* 2005: réduction de 20%<br />
* 2015: élimination totale<br />
Tous pays confondus<br />
Actuellement, les utilisations de<br />
quarantaine et de pré-expédition<br />
ne sont pas soumises à l’élimination.<br />
Cela implique par exemple<br />
des traitements requis par des<br />
pays importateurs pour<br />
empêcher l’introduction de parasites<br />
ou maladies justiciables de<br />
quarantaine potentiellement<br />
présents dans des céréales.<br />
Quelques rares exemptions<br />
peuvent être accordées pour des<br />
cas « critiques » ou « d’urgence ».<br />
La Communauté Européenne a volontairement accéléré son plan<br />
d’élimination comme suit:<br />
♦ Réduction de 25% de la production par rapport au niveau<br />
de 1991, d’ici 1999<br />
♦ Réduction de 60% d’ici 2001<br />
♦ Réduction de 75% d’ici 2003<br />
♦ Elimination totale d’ici au 31 décembre 2004.<br />
Cependant, l’utilisation de bromure de méthyle est autorisée en UE<br />
pour l’agriculture jusqu’au 31 décembre 2005.<br />
15
Chapitre 1<br />
Alternatives au Bromure de Méthyle<br />
en floriculture<br />
Pourquoi utiliser le bromure de méthyle en<br />
floriculture ?<br />
La production floricole commerciale mondiale se caractérise par<br />
d’importants investissements et des exigences de première qualité qui<br />
impliquent souvent une utilisation intense de pesticides. Le<br />
consommateur souhaite des fleurs parfaites, non abîmées par des parasites<br />
ou maladies. Par ailleurs, on cultive de plus en plus de fleurs dans<br />
des pays tropicaux où le climat favorable permet une bonne production<br />
annuelle à des coûts raisonnables. Les fleurs sont alors exportées vers<br />
des pays tempérés. Le commerce grandissant des fleurs a conduit à<br />
l’instauration de mesures phytosanitaires strictes aux ports d’entrée, les<br />
autorités concernées devant éviter toute introduction et propagation<br />
de parasites dans leur pays: les exportateurs doivent en général envoyer<br />
des fleurs non-porteuses de maladies et de parasites.<br />
Plus important encore, dans chaque pays où l’on cultive des fleurs à but<br />
commercial, la production est particulièrement touchée par des maladies<br />
graves qui règnent et se développent dans le sol, provoquant<br />
d’importantes pertes en qualité et en rendement. Il peut être difficile<br />
d’éliminer ces organismes nocifs du sol qui rendent parfois inaptes à la<br />
production de fleurs sensibles des régions entières et exigent une<br />
désinfestation complète du sol. Le traitement de choix a<br />
traditionnellement été la fumigation au bromure de méthyle, étant donné<br />
son large spectre d’action, son efficacité et son coût généralement<br />
inférieur à celui d’autres fumigants.<br />
17
Tableau 2. Exemples de maladies et parasites du sol des fleurs coupées<br />
Fleur Nom Usuel Cause<br />
Œillets Flétrissure vasculaire Fusarium oxysporum f.sp. dianthi<br />
Anguillule à kyste,<br />
anguillule-épingle, Heterodera sp, Paratylenchus sp<br />
anguillule des racines Pratylenchus spp<br />
Scutigerelle,<br />
Collembolas Classe des Symphyllidae, Collembola<br />
Limaces et escargots Classe des Gastéropodes<br />
Roses<br />
Tumeur bactérienne<br />
du collet<br />
Nématodes,<br />
anguillule des<br />
racines, anguillule<br />
Scutigerelle,<br />
Collembolas<br />
Agrobacterium tumefaciens<br />
Meloidogyne sp, Pratylenchus sp<br />
Classe des Symphyllidae, Collembola<br />
Chrysanthèmes Pourridié Phoma chrysanthemicola<br />
Fusariose Fusarium oxysporum f.sp.<br />
chrysanthemi<br />
Nématodes – Aphelenchoides sp,<br />
anguillules, Pratylenchus sp, Meloidogyne<br />
anguillule Pythium sp, Sclerotinia sclerotiorum,<br />
des prairies, Rhizoctonia sp, Sclerotium rolfsii,<br />
anguillule des Verticillium sp<br />
racines et de la tige<br />
Tumeur bactérienne<br />
du collet<br />
Agrobacterium tumefaciens<br />
Scutigerelle,<br />
Collembolas Classe des Symphyllidae, Collembola<br />
Limaces et escargots Classe des Gastéropodes<br />
Callas Pourriture molle Erwinia carotovora<br />
Héliconias Pourriture sèche Pseudomonas solanacearum race 1<br />
Bulbes Nématodes Ditylenchus sp et autres<br />
Toutes Mauvaises herbes Oxalis sp, Cyperus sp<br />
Nématodes Plusieurs genres<br />
18
Fig. 1. Couches traitées au bromure de méthyle<br />
dans une exploitation de fleurs tropicales au Costa<br />
Rica.<br />
Quelles autres solutions sont disponibles?<br />
Sensibilisés à l’élimination du bromure de méthyle, de nombreux producteurs<br />
de fleurs du monde entier ont exprimé leur inquiétude, invoquant qu’aucune<br />
alternative n’était aussi efficace que ce fumigant et qu’étant donnée l’exigence<br />
de qualité imposée sur leurs produits, ils risquaient de faire faillite.<br />
Il est toutefois possible de produire des fleurs d’excellente qualité sans<br />
bromure de méthyle. La Colombie en est le meilleur exemple: après<br />
l’échec des premiers essais avec du bromure de méthyle il y a 30 ans, les<br />
producteurs ont été forcés de trouver des solutions alternatives. Depuis<br />
longtemps, la Colombie est le deuxième pays exportateur après les Pays<br />
Bas; sa production dépassait les US$600 millions en 1999. Les<br />
producteurs expérimentés ont utilisé le bromure de méthyle au début<br />
de leurs activités mais ont abandonné son utilisation car a) son applica<br />
Photo: Marta Pizano.<br />
Fig. 2. Floriculture colombienne pratiquée sans bromure<br />
de méthyle. Certaines conditions comme une teneur<br />
élevée en matière organique dans les sols peuvent rendre<br />
ce fumigant toxique pour les plantes.<br />
Photo: Marta Pizano.<br />
19
tion était trop compliquée et dangereuse et b) à l’époque, il était<br />
considéré comme trop onéreux. (Aujourd’hui, de nombreux<br />
producteurs du monde entier contestent cette théorie et estiment que<br />
le bromure de méthyle est moins onéreux que d’autres alternatives).<br />
Par ailleurs, la raison la plus valable justifiant de ne pas utiliser le bromure<br />
de méthyle en Colombie réside dans le taux très élevé de matière organique<br />
contenue dans le sol colombien (18% en moyenne). Le brome issu du<br />
bromure de méthyle se fixe dans le sol, provoquant des problèmes de<br />
phytotoxicité difficiles à résoudre. Bien que très récemment, certains<br />
producteurs de fleurs colombiens ont essayé le bromure de méthyle (avec<br />
de bons résultats semble-t-il) mais la plupart (95%) refusent de l’utiliser<br />
pour désinfester le sol.<br />
Pour remplacer le bromure de méthyle, le producteur doit procéder à<br />
une nouvelle approche de production. Aucune substance unique ne<br />
peut le remplacer; il convient alors de combiner plusieurs mesures pour<br />
parvenir à réduire une maladie. Cette stratégie, appelée <strong>Lutte</strong><br />
<strong>Phytosanitaire</strong> Intégrée (LPI), est détaillée dans le prochain chapitre.<br />
Dans certains pays, on utilise déjà plusieurs alternatives au bromure de<br />
méthyle en floriculture, souvent avec d’excellents résultats. Le Tableau<br />
3 cite quelques exemples.<br />
Ce manuel s’intéressera particulièrement aux alternatives les mieux<br />
adaptées à la floriculture. Selon les conditions environnementales, l’offre,<br />
les infrastructures disponibles, certaines alternatives seront plus adaptées<br />
que d’autres pour un producteur donné. Le meilleur choix consiste<br />
cependant à combiner ces méthodes en un programme unique de façon<br />
à ce qu’elles donnent les meilleurs résultats. Ceci nous conduit à la<br />
notion de LPI.<br />
La LPI n’est en rien un nouveau concept en agriculture ni en floriculture.<br />
Les chercheurs l’abordaient déjà dans les années 50 et 60 et certains<br />
producteurs s’intéressaient à son application. Au cours des 15 dernières<br />
années, cette solution s’est avérée particulièrement intéressante d’un<br />
point de vue commercial pour les raisons évoquées ci-dessus et des études<br />
de cas détaillées sont disponibles. Enfin, d’excellentes publications existent<br />
sur ce sujet et méritent d’être consultées (voir également l’Annexe<br />
I pour les documentations sur les alternatives au bromure de méthyle).<br />
20
Tableau 3. Exemples d’alternatives au bromure de méthyle utilisées<br />
en floriculture dans le monde entier.<br />
Type de Production<br />
Alternative<br />
Pays<br />
Cultures<br />
Vapeur Brésil, Colombie, Europe, USA<br />
protégées<br />
Solarisation Pays industrialisés, Jordanie,<br />
Liban, Maroc<br />
<strong>Lutte</strong> biologique<br />
Pays industrialisés<br />
Substrats<br />
Brésil, Canada, Europe, Maroc,<br />
Tanzanie, USA, Colombie<br />
Amendements organiques Tous<br />
Rotation des cultures Tous<br />
Variétés résistantes Tous<br />
Biofumigation<br />
Pays industrialisés (Espagne)<br />
Métam-sodium<br />
Pays industrialisés, Jordanie,<br />
Liban, Maroc, Colombie<br />
Champs à Dazomet, Métam-sodium Pays industrialisés, Brésil, Costa<br />
ciel ouvert<br />
Rica, Egypte, Jordanie, Liban,<br />
Maroc, Tunisie<br />
1,3 Dichloropropène Pays industrialisés<br />
Chloropicrine<br />
Pays industrialisés, Zimbabwe<br />
Amendements organiques Tous<br />
Rotation des cultures Tous<br />
Variétés résistantes Tous<br />
Solarisation<br />
Pays industrialisés<br />
Adapté du Rapport du Comité des Choix Techniques pour le Bromure de Méthyle. 1998 Assessment of<br />
Alternatives to Methyl Bromide. PNUE, 1999.<br />
Après en avoir pris connaissance, de nombreux producteurs réaliseront<br />
qu’ils utilisent déjà de nombreuses composantes de la LPI:<br />
· Systèmes d’irrigation évitant d’asperger de l’eau et donc de<br />
disséminer certains parasites et maladies<br />
· Achat de boutures, graines ou plantes auprès de sélectionneurs<br />
de semences ou de spécialistes en multiplication végétative<br />
renommés garantissant des produits sains<br />
· Utilisation de systèmes de ventilation dans des serres<br />
Ces exemples de pratiques peuvent figurer dans une approche intégrée<br />
visant à éradiquer parasites et maladies. L’étape suivante consiste à<br />
organiser l’information tirée de ces pratiques pour établir un programme<br />
structuré qui mènera à une gestion intégrée des pathogènes menaçant<br />
une culture spécifique.<br />
21
Avantages de la LPI<br />
La LPI permet d’obtenir des résultats inestimables sur lesquels il faudrait<br />
toujours insister auprès des producteurs quand la LPI leur est expliquée:<br />
par exemple, il est tout à fait possible de réduire l’utilisation globale de<br />
pesticides et continuer à utiliser ces substances chimiques avec prudence.<br />
Les producteurs appliquant des LPI ont réduit de plus de 40% la quantité<br />
totale de pesticides, ce qui est considérable, comparé à l’ancienne<br />
approche qui consistait à vaporiser plusieurs fois par semaine par simple<br />
prévention, sans même savoir si des parasites étaient encore présents.<br />
Non seulement cette production est acceptable pour l’environnement<br />
mais à long terme, elle représente d’importantes économies. Il en est de<br />
même pour d’autres aspects de la production comme la gestion des<br />
déchets, l’utilisation de l’eau, etc. Les avantages d’une LPI sont à la fois<br />
d’ordre environnemental et économique.<br />
22
Chapitre 2<br />
<strong>Lutte</strong> <strong>Phytosanitaire</strong> Intégrée –<br />
Approche respectueuse de<br />
l’environnement<br />
La LPI est la meilleure approche pour contrôler et éliminer tous les<br />
problèmes phytosanitaires. Cette technologie efficace a fait ses preuves en<br />
floriculture dans le monde entier et constitue une excellente alternative au<br />
bromure de méthyle et autres fumigants du sol, toxiques et dont l’utilisation<br />
risque d’être réduite au minimum voire interdite dans un avenir proche.<br />
Il est important de réduire l’utilisation de pesticides puisque depuis plusieurs<br />
années, les consommateurs de fleurs du monde entier incitent fermement les<br />
producteurs à appliquer des pratiques plus acceptables pour l’environnement.<br />
En fait, des programmes de labels écologiques comme le Milieu Project<br />
Sierteelt (MPS) néerlandais, le programme colombien Florverde, les<br />
Programmes allemand et kenyan d’Etiquetage des Fleurs (PEF) se<br />
développent de plus en plus. Bien que différents, ces labels s’engagent<br />
fermement à éviter toute contamination par des substances chimiques,<br />
préserver l’écologie du sol (menacé par le bromure de méthyle) et réduire les<br />
risques pour la santé des hommes lors de l’application de substances chimiques.<br />
Certains labels (MPS) interdisent notamment l’utilisation de bromure de<br />
méthyle. Selon de nombreux experts de l’industrie, seuls les producteurs qui<br />
respectent l’un ou plusieurs de ces programmes conserveront une part<br />
satisfaisante du marché dans un avenir proche.<br />
MPS<br />
MILIEU PROJECT SIERTEELT<br />
Floriculture Environment Project<br />
Flower Label Program<br />
Trois des programmes écologiques ou de labels écologiques actuellement utilisés<br />
en floriculture: Florverde (Colombie), MPS (Pays Bas) et le Programme d’Etiquetage<br />
des Fleurs (Allemagne).<br />
23
Les producteurs du monde entier recherchent activement des pratiques<br />
leur garantissant une production plus durable. Le terme « durable »<br />
s’applique aux méthodes de production qui peuvent être appliquées sur<br />
une période de temps illimitée sur un même site, sans appauvrir les ressources<br />
naturelles. En d’autres termes, on souhaite protéger davantage les sols,<br />
l’eau, l’air, les populations animales et végétales naturelles (micro-organismes<br />
y compris) et utiliser en quantités bien moindres les pesticides et fumigants,<br />
substances potentiellement polluantes et susceptibles de les intoxiquer.<br />
Dans la production de fleurs coupées et de plantes d’ornement, la LPI répond<br />
à une utilisation rationnelle des pesticides en général et à une meilleure<br />
préservation des ressources naturelles et permet d’éliminer le bromure de<br />
méthyle. L’essentiel de la LPI est résumé dans le (Tableau 4).<br />
Qu’est-ce que la LPI?<br />
La LPI est une autre approche pour éliminer les parasites et maladies.<br />
Au préalable, le producteur doit impérativement collecter des informations<br />
et apprendre à les exploiter. Il doit bien se documenter sur les<br />
parasites et maladies qui attaquent une culture:<br />
· Mode de reproduction et de propagation ?<br />
· Cycle de vie ?<br />
· Conditions environnementales favorisant leur développement ?<br />
· Variétés les plus fragiles et les variétés résistantes ?<br />
Une fois ces informations collectées, il est possible d’élaborer un programme<br />
pour réduire, avec plusieurs outils, les populations de parasites ou les maladies.<br />
Par nature, la LPI inclut l’utilisation de tous les moyens possibles (et<br />
pas uniquement un contrôle chimique) pour réduire et prévenir la fréquence<br />
et les effets d’une maladie ou d’un parasite. Cette méthode contribue d’une<br />
certaine façon à réduire les parasites et à utiliser bien moins de pesticides<br />
chimiques, même si, à elle seule, elle parvient rarement à traiter totalement<br />
le sol. Pour de nombreux chercheurs et producteurs, la LPI constitue<br />
aujourd’hui la seule solution durable pour éliminer les maladies et parasites<br />
dangereux qui attaquent de nombreuses cultures.<br />
Quelle est son efficacité?<br />
Dans la pratique, la LPI apporte d’excellents résultats non seulement en<br />
améliorant l’efficacité de l’entreprise productrice mais aussi parce que, à<br />
24
terme, elle permet d’économiser des ressources naturelles et de l’argent.<br />
Au cours des dernières années, producteurs et chercheurs ont obtenu des<br />
résultats si encourageants avec cette stratégie que la LPI se développe et on<br />
commence à introduire le concept de <strong>Lutte</strong> des Cultures Intégrées (LCI).<br />
La LCI s’explique ainsi: puisque toute action d’un producteur (arrosage,<br />
amendement, pratiques culturales, etc.) peut influer sur la reproduction et<br />
la propagation de parasites et maladies, il convient de considérer ces pratiques<br />
lors de l’élaboration de programmes ou contrôles phytosanitaires.<br />
Par exemple, irriguer au goutte à goutte peut permettre de réduire la propagation<br />
de certains pathogènes causée par l’aspersion d’eau; certains champignons<br />
se développent davantage lorsque les plantes sont amendées avec de<br />
l’azote sous forme d’ammonium plutôt qu’avec des nitrates, etc.<br />
Les principales composantes de la LPI sont décrites ci-dessous. Chacune<br />
de ces composantes sera ensuite détaillée. Il est essentiel de garder à<br />
l’esprit que chaque méthode appliquée isolément permettra rarement<br />
de maîtriser un problème. Au contraire, c’est en combinant plusieurs<br />
techniques que l’on obtiendra des résultats satisfaisants.<br />
De nombreux pays recourent à la LPI en floriculture pour éliminer avec<br />
succès parasites et maladies. Par exemple, dans le cas de la fusariose de<br />
l’œillet, les producteurs colombiens utilisant cette méthode ne<br />
rapportent que de 1-2% de pertes par an dues à cette maladie par rapport<br />
aux 20-40%, voire plus, lorsqu’ils ne recourent qu’à la désinfestation<br />
des sols. Cela signifie également une baisse globale de l’utilisation de<br />
pesticides et non uniquement des fumigants du sol. La LPI contribue<br />
nettement à protéger l’environnement, améliorer la sécurité des<br />
travailleurs et réduire les coûts de production à long terme.<br />
1. Dépistage ou surveillance<br />
En clair, le dépistage constitue la base de la LPI. En termes simples,<br />
dépister ou surveiller implique de se rendre sur le terrain pour chercher<br />
si la culture présente des symptômes ou indique la présence concrète<br />
d’une maladie ou d’un parasite connu pour endommager les fleurs<br />
cultivées. En dépistant sa culture, un producteur ou un technicien ne<br />
découvre pas uniquement les parasites ou maladies qui attaquent ses<br />
plantes (heureusement, jamais plus de trois ou quatre, bien qu’ils puissent<br />
se révéler sérieux), il peut également les détecter rapidement et même<br />
découvrir leur source. Il est essentiel de détecter les parasites et mala-<br />
25
Tableau 4. Principales composantes de la <strong>Lutte</strong> <strong>Phytosanitaire</strong> Intégrée.<br />
1. Surveillance (dépistage)<br />
♦ Ressources humaines – Personnel formé pouvant détecter et identifier des<br />
problèmes sur le terrain<br />
♦ Cartographie – Identification des zones infestées (foyers) et des parasites/<br />
maladies présents<br />
♦ Collecte des informations – déterminer un seuil d’action<br />
♦ Evaluation et décisions – convient-il d’appliquer des mesures, allant de<br />
l’« action zéro » à l’utilisation de pesticides, où et quand ?<br />
2. Contrôle par exclusion<br />
♦ Mise en quarantaine de plantes et révisions<br />
♦ Matière végétale saine<br />
3. <strong>Lutte</strong> culturale<br />
♦ Eviter que des mauvaises herbes ou autres plantes agissent comme hôtes<br />
intermédiaires<br />
♦ Rotation des cultures<br />
♦ Bonne ventilation pour réduire la maladie (provoquée par un champignon<br />
par exemple)<br />
♦ Maintenir en bon état les couvertures des serres et garder les zones de culture propres<br />
♦ Choisir des pratiques d’amendement et d’arrosage empêchant la propagation<br />
des parasites<br />
♦ Limiter le passage des travailleurs et véhicules entre les zones touchées et les zones saines<br />
4. <strong>Lutte</strong> physique<br />
♦ Pièges à insectes (jaunes, bleus) pour réduire et surveiller les populations<br />
♦ Moustiquaires et autres écrans limitant l’entrée des insectes<br />
♦ Aspirateurs ou pompes aspirantes pour attraper les insectes<br />
♦ Arrachage des plantes malades et traitement des infestations localisées<br />
♦ Stérilisation du sol par vapeur avant plantation<br />
♦ Décontamination des chaussures, outils, etc.<br />
♦ Substrats hors-sol<br />
♦ Solarisation<br />
5. <strong>Lutte</strong> biologique<br />
♦ Biopesticides (certains sont aujourd’hui disponibles dans le commerce)<br />
♦ Agents de lutte biologique utilisés à but expérimental à plusieurs reprises<br />
mais très prometteurs<br />
♦ Incorporer du compost et/ou des organismes utiles dans le sol<br />
6. Contrôle génétique<br />
♦ Variétés résistantes, disponibles pour certains parasites et maladies<br />
7. Contrôle chimique<br />
♦ Fumigants du sol et autres pesticides<br />
♦ Désinfectants<br />
26
dies dès le début, de traiter les foyers dès leur apparition et d’utiliser<br />
si possible des solutions autres que chimiques. Un producteur doit<br />
bien comprendre l’importance de cette phase: il doit absolument<br />
prévoir dans son budget des fonds pour mettre en œuvre ce dépistage.<br />
Un bon programme de dépistage<br />
implique les procédures suivantes:<br />
Formation<br />
Les employés doivent être<br />
spécialement affectés et formés à cette<br />
tâche. Ils doivent savoir se concentrer<br />
sur des détails et être des observateurs<br />
attentifs. Les prospecteurs doivent<br />
apprendre à distinguer les symptômes<br />
d’une maladie ou d’un parasite<br />
spécifique dès que possible. Des<br />
supports visuels (diapositives, images<br />
ou illustrations) ainsi que des<br />
démonstrations in situ peuvent leur<br />
être très utiles.<br />
Fig. 3. Dépistage de parasites et de maladies<br />
dans une exploitation colombienne de<br />
chrysanthèmes.<br />
Certaines personnes possèdent des<br />
aptitudes particulières pour dépister. Il est logique de les nommer pour<br />
cette tâche. Il est également très utile de former chaque employé de<br />
l’exploitation car emballeurs, cueilleurs, arroseurs et autres peuvent<br />
grandement contribuer à signaler les premiers symptômes d’un parasite<br />
ou maladie s’ils savent comment les repérer. Rappelez-vous: plus<br />
un problème est détecté tôt, plus il sera facile à éliminer.<br />
Cartographie<br />
raphie<br />
Toutes les zones de culture<br />
doivent faire l’objet d’une<br />
cartographie. Les prospecteurs<br />
doivent effectuer leur travail sur<br />
une carte ou un plan de la zone<br />
qu’ils examinent. En effet, il<br />
est très utile de savoir où et<br />
quand une maladie ou un<br />
parasite apparaît et cela peut<br />
Fig. 4. La cartographie et l’enregistrement des<br />
données sont essentiels dans le cadre d’une LPI.<br />
Photo: Asocolflores.<br />
Photo: Asocolflores.<br />
27
permettre de ne traiter que le foyer sans avoir à traiter toute la zone.<br />
L’utilisation de pesticides s’en trouvera ainsi réduite. Une information<br />
archivée peut se révéler importante pour l’avenir: si le producteur<br />
sait par exemple qu’une variété d’œillet a été naguère ravagée par le<br />
flétrissement sur une zone donnée, il évitera de replanter la même<br />
espèce ou une autre espèce sensible dans la même couche. Cela indique<br />
quelles variétés sont plus sensibles à un fléau et quand ce fléau survient<br />
habituellement (par temps sec ou humide; les jours/nuits froids ou<br />
chauds). Enfin, la cartographie détermine si un fléau particulier peut<br />
provenir d’une exploitation voisine ou de la décharge.<br />
Les prospecteurs doivent être formés pour évaluer ou classifier l’ampleur<br />
des dommages observés. On peut attribuer un chiffre en fonction de la<br />
gravité du fléau (par exemple 1 s’il est très grave, 2 s’il est moyennement<br />
grave et 3 s’il est faible). Utiliser des codes de couleur peut également se<br />
révéler utile (rouge pour une récolte très touchée, jaune si elle l’est<br />
moyennement et vert si elle est peu touchée). Ainsi, chiffres ou couleurs<br />
reportés sur la carte permettront d’évaluer avec précision un fléau<br />
particulier, comment il se propage, quelles variétés sont touchées, etc.<br />
Seuil d’action<br />
Pour les principaux parasites ou maladies nécessitant une action<br />
immédiate, il est important d’établir un seuil d’action. Même si<br />
l’exigence de qualité des fleurs coupées est très élevée (chacun veut des<br />
fleurs parfaites), les producteurs peuvent souvent attendre que le<br />
problème prenne de l’ampleur pour appliquer un traitement particulier.<br />
Par exemple, il est possible de tolérer des populations de thrips avant<br />
d’appliquer des pesticides. En surveillant ces populations, les producteurs<br />
peuvent déterminer leur seuil de tolérance au-delà duquel ils<br />
entreprendront des actions d’élimination. Un seuil d’action est plus<br />
pratique qu’un « seuil d’endommagement », car il dépend de la propre<br />
expérience de l’exploitant et de son évaluation des risques. De nombreux<br />
calculs sont nécessaires pour établir un seuil d’endommagement. Des<br />
informations archivées collectées comme décrit précédemment s’avèrent<br />
essentielles pour établir un tel seuil et très utiles dans le temps. Elles<br />
peuvent également aider un producteur à décider d’appliquer des<br />
traitements préventifs avant qu’un problème ne prenne trop d’ampleur.<br />
Evaluation de l’information et prise de décisions<br />
Les informations de dépistages sont à la base de toute décision importante<br />
de la part des chefs de culture ou des coordinateurs concernant:<br />
28
l’opportunité et le moment d’appliquer un pesticide ou un fumigant ; les<br />
types (et même variétés de fleurs) à utiliser pour les nouvelles plantations ;<br />
les problèmes auxquels on peut s’attendre en fonction des conditions<br />
climatiques. Par exemple, un sol humide favorise le développement de<br />
champignons du sol comme le Rhizoctonia et le Pythium alors que certains<br />
parasites comme les tétranyques préfèrent des conditions chaudes et sèches.<br />
2. Contrôle par exclusion<br />
Trois conditions doivent être réunies pour qu’un parasite ou une maladie<br />
apparaisse à un moment donné:<br />
Un hôte sensible,<br />
Un parasite virulent ou un agent pathogène,<br />
Des conditions climatiques adéquates.<br />
On peut éviter de façon substantielle voire optimale leur apparition<br />
si un parasite n’entre en aucun cas en contact avec son hôte sensible<br />
(pendant une période sensible). L’environnement pouvant être<br />
modifié (voir paragraphe 3 sur la lutte culturale ci-dessous), deux<br />
alternatives fructueuses s’offrent alors:<br />
Quarantaines et inspections des plantes<br />
L’introduction d’une nouvelle variété ou substance végétale<br />
étrangère dans un pays ou une zone de culture devrait être soumise<br />
à une surveillance attentive. Les gouvernements disposent souvent<br />
de programmes et législations spécifiques à cet effet exigeant que<br />
l’importateur de plantes ou de graines ainsi que l’exportateur ou le<br />
fournisseur respectent des réglementations pour garantir la santé<br />
de cette plante étrangère.<br />
Toutefois, un producteur peut également mener son propre programme<br />
de quarantaine et isoler des nouveaux produits jusqu’à ce qu’il soit assuré<br />
de leur bon état. Il est possible aujourd’hui de tester avant plantation la<br />
présence de certains champignons et virus dans des boutures, portegreffes,<br />
racines et même des graines. Une substance végétale contaminée<br />
peut par conséquent être éliminée avant de provoquer des dégâts.<br />
Matière végétale saine<br />
On n’insiste jamais assez sur l’importance d’utiliser des matières<br />
végétales saines. Le risque le plus manifeste de propagation de parasites<br />
ou de maladies passe par la matière végétale, notamment lors<br />
de la multiplication végétative (bouturage). Trop souvent cependant,<br />
29
30<br />
Photo: Asocolflores.<br />
des graines, boutures ou portegreffes<br />
en apparence sains sont<br />
porteurs de faibles populations<br />
d’un organisme dangereux qui<br />
se développe et provoque une<br />
épidémie quand la plante<br />
grandit et/ou lorsque les conditions<br />
environnementales sont<br />
réunies. De nombreuses maladies<br />
graves ont ainsi été<br />
introduites dans des zones de<br />
culture ou des pays sains au préalable. La matière végétale peut être<br />
testée en laboratoire spécialisé et les producteurs peuvent demander<br />
des substances soumises à des contrôles d’hygiène réglementaires<br />
auprès de leurs fournisseurs. Cette certification peut être obtenue<br />
auprès d’agences gouvernementales chargées de l’agriculture.<br />
Fig. 5. La culture de tissus végétaux est la méthode<br />
la plus efficace pour obtenir une matière végétale saine.<br />
3. <strong>Lutte</strong> culturale<br />
De nombreuses pratiques culturales peuvent entraver ou retarder la<br />
dissémination d’un problème. La plupart de ces pratiques consistent à<br />
maintenir les zones de culture saines mais également essayer d’influer sur le<br />
milieu ambiant pour éviter qu’il ne soit vecteur de la maladie (sans toutefois<br />
nuire à la plante). La stratégie choisie dépendra entre autres du parasite ou<br />
de la maladie spécifique à éliminer, des conditions de culture, des espèces<br />
de fleurs et de variétés cultivées. Les exemples qui suivent illustrent ce propos:<br />
Elimination des mauvaises aises herbes<br />
De nombreuses mauvaises herbes communes (et également des plantes<br />
non considérées comme des mauvaises herbes) peuvent servir d’hôte<br />
intermédiaire pour de nombreux parasites ou maladies. Ainsi, lors du<br />
traitement de plantes cultivées, les parasites peuvent survivre sur des<br />
mauvaises herbes anodines, puis se propager à nouveau sur les plantes<br />
cultivées une fois l’effet de la substance chimique (ou d’un autre<br />
traitement) dissipé. C’est pourquoi les mauvaises herbes sont très<br />
souvent des parasites à éliminer absolument. C’est le cas des espèces<br />
Oxalis sp et Cyperus, actuellement éliminées par le bromure de<br />
méthyle dans des exploitations floricoles de certains pays. Si le coût<br />
de l’arrachage manuel des mauvaises herbes est acceptable, cette solution<br />
devra être envisagée. Dans tous les cas, n’attendez pas que la<br />
plante fleurisse ou graine pour éliminer les mauvaises herbes.
Rotation des cultures<br />
es<br />
Certains parasites ou maladies sont spécifiques à leur hôte et mourront<br />
en leur absence. Ainsi, il serait judicieux d’alterner la culture infestée avec<br />
une autre pendant un certain temps. Cette période dépend principalement<br />
de la capacité de survie du pathogène en l’absence de son hôte. Pourtant,<br />
cette solution n’est pas souvent envisageable en floriculture car des fleurs<br />
comme les roses, par exemple, ont des cycles productifs trop longs (5 à<br />
10 ans) pour procéder à une rotation. Dans d’autres cas, l’agent pathogène<br />
survit très longtemps, même en l’absence d’un hôte sensible puis redevient<br />
infectieux dès que ce dernier est replanté au même endroit. Tel est le cas<br />
de la fusariose, de la tumeur bactérienne du collet (Agrobacterium) entre<br />
autres. Dans d’autres cas (comme les nématodes), le spectre d’hôtes<br />
du pathogène est si étendu que la rotation ne permet pas de réduire<br />
significativement les populations.<br />
Ventilation<br />
Lorsque les plantes poussent de façon trop rapprochée, l’air circule mal<br />
et une humidité s’installe, favorisant le développement de nombreux<br />
champignons comme le Botrytis et le mildiou. Au lieu d’appliquer des<br />
pesticides, on peut améliorer la circulation de l’air pour réduire la maladie,<br />
avec une densité de plantation adéquate. Ceci est particulièrement important<br />
pour les cultures sous serre. Les serres trop vastes ou trop basses<br />
par exemple sont plus difficiles à ventiler et leur température peut s’élever,<br />
ce qui peut favoriser l’apparition de parasites.<br />
Entretien des serres<br />
es<br />
Les serres devront toujours être propres et en bon état. On utilise<br />
des serres pour améliorer l’environnement des plantes cultivées mais<br />
Fig. 6. Une hygiène parfaite et des couvertures de serre en<br />
bon état aident à maintenir des végétaux sains<br />
Photo: Marta Pizano.<br />
31
également pour éviter le développement d’un parasite ou d’une<br />
maladie. De nombreuses rouilles et autres champignons comme la<br />
pourriture grise (Botrytis) n’apparaîtront sur les plantes qu’en présence<br />
d’eau sur les feuilles, quelle que soit l’humidité ambiante. Une serre<br />
bien ventilée pourvue de couvertures en bon état empêchera une<br />
trop grande quantité d’eau libre. Une serre pourvue de moustiquaires<br />
aux mailles serrées peut empêcher la plupart des insectes d’entrer.<br />
Règles sanitaires<br />
Il faut éliminer tout débris de plante dans une serre ou autre lieu de<br />
culture car nombre de parasites peuvent y survivre et s’y multiplier.<br />
Arracher ou ôter toute plante ou partie de plante malade peut réduire<br />
ou empêcher la dissémination d’un fléau.<br />
Fertilisation et arrosag<br />
osage<br />
Pour commencer, des plantes saines et bien nourries résistent davantage<br />
aux parasites et aux maladies que des plantes chétives. Cependant,<br />
fertiliser et arroser peuvent directement influer sur le développement<br />
et la propagation de nombreux parasites du sol (nématodes, champignons<br />
comme le Fusarium entre autres). Voici quelques exemples:<br />
- L’arrosage par gravité peut être le meilleur moyen de propager<br />
un champignon du sol et même certains nématodes et graines<br />
de mauvaises herbes dans une zone cultivée.<br />
- Une bonne texture du sol associée à un arrosage selon les besoins<br />
de la plante (en mesurant par exemple l’humidité du sol avec<br />
des tensiomètres) permet un drainage adéquat et contribue à<br />
éviter l’excès d’humidité du sol (facteur de développement de<br />
maladies).<br />
- Un pH acide empêche la croissance de bactéries et un pH basique<br />
empêche celle des champignons. Moduler le pH dès que possible<br />
(ne pas oublier de tenir compte de la préférence de la plante<br />
quant au pH) ou choisir un site de culture avec le pH souhaité,<br />
ce qui limitera le risque de maladies.<br />
- L’irrigation au goutte à goutte (si cette pratique s’adapte à<br />
l’espèce de fleur cultivée) peut réduire au minimum la propagation<br />
de certains insectes, nématodes et spores fongiques qui<br />
survient par aspersion d’eau.<br />
- Des chercheurs ont découvert que certains champignons comme<br />
le Fusarium, responsable de la flétrissure et du pourridié de<br />
nombreuses plantes et fleurs comme l’œillet et le chrysanthème, se<br />
développent plus rapidement lorsque les plantes sont amendées avec<br />
de l’azote sous forme d’ammonium plutôt qu’avec des nitrates.<br />
32
Limitation de l’accès aux serres es et aux zones de culture<br />
La plupart des organismes du sol se propagent par le sol. Pour cette<br />
raison, les travailleurs qui se rendent d’une zone infestée vers une zone<br />
saine peuvent contribuer à la dissémination du fléau en transportant ce<br />
dernier sous leurs pieds. Il en est de même pour les visiteurs ou les<br />
véhicules qui se rendent à l’exploitation. Même des enfants ou animaux<br />
familiers peuvent agir comme « vecteurs ». Cette situation peut être<br />
évitée en limitant les mouvements à l’intérieur des zones de culture et<br />
en attribuant une zone spécifique à chaque employé. En cas de<br />
mouvements, on peut utiliser une solution désinfectante entre chaque<br />
zone pour y tremper les chaussures; certains exploitants utilisent de la<br />
chaux dont le pH très élevé élimine les champignons.<br />
4. Contrôle physique<br />
Parmi les contrôles physiques, on compte toute protection ou traitement<br />
non-chimique qui réduit, prévient ou tue maladies ou parasites. Les<br />
exemples suivants illustrent ce propos et même si certains ne constituent<br />
pas par nature des alternatives au bromure de méthyle, il convient<br />
de les prendre en compte lors d’un programme de LPI:<br />
Pièges englués<br />
Les insectes volants comme les thrips ou les mineuses sont attirés<br />
par certaines couleurs comme le jaune vif. Le bleu et le blanc attirent<br />
également les thrips. Les pièges, faits de carrés de carton ou de<br />
plastique rigide recouverts d’une substance collante, sont dispersés<br />
Photo: Natalia Martínez et Rodrigo Rodríguez.<br />
Fig. 7. Les pièges jaunes attirent un large spectre<br />
d’insectes. Des grands pièges comme ceux-ci<br />
permettent de réduire les populations d’insectes.<br />
Fig. 8. Les pièges bleus englués<br />
attirent les thrips et permettent<br />
d’évaluer les populations de cet<br />
insecte.<br />
Photo: Marta Pizano<br />
33
dans la serre parmi les plantes. Plusieurs préparations collantes sont<br />
disponibles sur le marché et l’on peut même utiliser de l’huile végétale<br />
à cette fin. Les spécimens adultes voleront jusqu’aux pièges et s’y<br />
colleront, permettant aux prospecteurs de les compter et d’établir, avec<br />
les informations sur les dégâts provoqués, un seuil d’endommagement<br />
précédemment décrit (ex: 1 à 5 adultes par semaine et par ½ hectare, il<br />
est inutile d’appliquer des pesticides; 6 à 10 adultes, il convient de<br />
procéder à une application et au-delà, un programme préventif est de<br />
rigueur). Certains producteurs utilisent également de longues bandes<br />
jaunes et/ou bleues de plastique collant à l’intérieur et autour des zones<br />
de culture afin de réduire les populations d’insectes et les entrées en<br />
provenance de sources extérieures. En règle générale, il faut utiliser 1-<br />
2 pièges englués pour 100m 2 de zone cultivée.<br />
Bien que les pièges englués constituent le moyen le plus efficace pour<br />
éliminer les parasites volants, le cycle de vie de certains d’entre eux<br />
comprend une ou plusieurs phases dans le sol (les thrips, par exemple, se<br />
métamorphosent en pupes dans le sol). Ce type de piège contribue donc<br />
indirectement à réduire les dégâts provoqués par des parasites du sol.<br />
Moustiquaires<br />
Lors de culture sous serre<br />
(notamment le type de serre<br />
pourvu de larges ouvertures<br />
comme celles en polyéthylène),<br />
il est possible d’installer<br />
des écrans à fines mailles qui<br />
empêchent les insectes les plus<br />
minuscules d’entrer. Certains<br />
d’entre eux comme les thrips<br />
Fig. 9. Des moustiquaires à fines mailles empêchent<br />
ou les pucerons étant vecteurs<br />
les insectes de pénétrer dans une serre.<br />
de certains virus, leur exclusion<br />
est doublement bénéfique. Toutefois, le problème de ces écrans est leur<br />
coût relativement élevé; ils sont plutôt destinés aux zones nécessitant un<br />
soin plus particulier comme les couches de multiplication. Un autre<br />
problème majeur est lié à la circulation de l’air considérablement restreinte,<br />
ce qui accroît l’hygrométrie dans la serre et peut provoquer d’autres<br />
maladies.<br />
Aspirateurs ou pompes aspirantes<br />
Des aspirateurs ressemblant aux aspirateurs domestiques sont utilisés<br />
Photo: Natalia Martínez Rodrigo Rodríguez.<br />
34
en Colombie et en Equateur pour<br />
« faire le ménage » plusieurs fois<br />
par semaine. Passés au-dessus et<br />
au-dessous du feuillage des plantes,<br />
les tuyaux de ces appareils aspirent<br />
les insectes adultes et immatures<br />
dans des sacs placés ensuite dans<br />
de l’eau chaude pour les tuer. Cette<br />
technique non-chimique s’est<br />
avérée une option efficace par rapport<br />
à la lutte chimique mais elle<br />
implique l’accès à l’électricité dans<br />
les rangées de fleurs.<br />
Traitement du foyer de la maladie<br />
Quand le dépistage révèle une<br />
plante ou un groupe de plantes<br />
touchées par un fléau particulier,<br />
il faut appliquer un programme<br />
d’éradication selon les<br />
caractéristiques spécifiques des<br />
parasites. Dans le cas de la<br />
fusariose de l’œillet, par exemple,<br />
la plante malade et toutes les<br />
plantes présentes dans un rayon<br />
de 1 mètre doivent être soigneusement<br />
arrachées, enfermées dans<br />
des sacs et sorties de la serre pour<br />
être incinérées.<br />
La zone qui a été arrachée est alors<br />
traitée au formaldéhyde, à la<br />
vapeur, à la chaux ou avec un<br />
fongicide systémique pour<br />
empêcher ou du moins retarder<br />
la dissémination du champignon<br />
sur d’autres plantes. Les foyers<br />
traités devront être signalés sur les<br />
cartes utilisées pour le dépistage<br />
représentant les rangées de fleurs.<br />
Fig. 10. Les aspirateurs sont très efficaces<br />
pour réduire les populations d’insectes<br />
volants. Le travailleur présente les résultats<br />
de son aspiration en Equateur.<br />
Fig. 11. Traitement local de fusariose<br />
de l’œillet.<br />
Photo: Floraculture International<br />
Photo: Germán Arbeláez<br />
35
Stérilisation du sol ou des substrats à la vapeur<br />
Si elle est correctement appliquée, la stérilisation à la vapeur est<br />
probablement la seule alternative dont les effets sont véritablement<br />
comparables à ceux du bromure de méthyle. Toutefois, pour une efficacité<br />
durable, cette technique doit être associée à un programme approfondi<br />
de LPI. La stérilisation à la vapeur est développée dans le chapitre 3.<br />
Substrats hors-sol<br />
Bien que, dans de nombreuses régions, on cultive les fleurs en couches<br />
de terre, les producteurs se tournent de plus en plus vers des couches<br />
surélevées constituées de différents substrats normalement dépourvus<br />
de parasites et maladies, facilement réutilisables après traitement. Des<br />
pays comme les Pays-Bas utilisent cette technique depuis longtemps<br />
car leur sol n’est pas propice à la culture en terre. De nouveaux substrats<br />
disponibles dans ce pays sont actuellement adaptés à l’étranger. Des<br />
exemples de telles expériences sont exposés au chapitre 5.<br />
Autres protections<br />
D’autres systèmes de protection peuvent être utilisés à l’entrée des<br />
serres ou des exploitations floricoles selon la nature du parasite ou de<br />
la maladie à éliminer. Par exemple, nombre de producteurs creusent<br />
des rigoles peu profondes remplies d’une solution désinfectante que<br />
traversent véhicules ou personnes avant d’entrer dans les zones<br />
Photo: Marta Pizano.<br />
Fig. 12. On utilise de la chaux pour<br />
créer une barrière entre zones<br />
contaminées et zones saines. Son pH<br />
élevé élimine les spores fongiques.<br />
Fig. 13. Travailleurs traversant une<br />
solution désinfectante pour<br />
éliminer de leurs chaussures<br />
d’éventuels pathogènes.<br />
Photo Natalia Martínez et Rodrigo Rodríguez.<br />
36
cultivées. On utilise également de la chaux en poudre, y compris sur<br />
le passage entre des zones saines vers les zones contaminées.<br />
Paillis plastiques<br />
On peut éliminer les mauvaises herbes, certains insectes et champignons<br />
en couvrant le sol d’une bâche plastique percée en certains points pour<br />
ne laisser pousser que les plantes souhaitées. Ce film est généralement<br />
noir pour éviter que ne filtre la lumière nécessaire à la germination de<br />
certaines graines et autres organismes. A l’inverse, on utilise également<br />
ce type de paillis pour<br />
accroître la quantité de<br />
lumière pour les plantes.<br />
Un film plastique en<br />
double épaisseur, noir<br />
sur le dessous et blanc<br />
sur le dessus maximisera<br />
l’intensité de la lumière<br />
tout en évitant aux<br />
mauvaises herbes et<br />
organismes nocifs de se<br />
développer. On utilise<br />
avec succès ce système<br />
pour cultiver des plantes<br />
comme le Limonium,<br />
Fig. 14. Des paillis plastiques comme celui-ci, posés sur<br />
des couches de limonium, ont leur face inférieure noire<br />
pour empêcher les mauvaises herbes de germer; leur face<br />
supérieure est blanche pour accroître la luminosité.<br />
(notamment du type perezzi) qui nécessitent une grande quantité de<br />
lumière pour produire des tiges de la hauteur souhaitée.<br />
Solarisation<br />
En couvrant le sol humide d’un film polyéthylène transparent les<br />
jours chauds et ensoleillés, la température de la couche supérieure du<br />
sol peut dépasser 50°C. Lorsque ces conditions climatiques durent<br />
plusieurs jours ou semaines, ces températures élevées peuvent pénétrer<br />
jusqu’à 30 cm dans le sol et tuer de nombreux champignons,<br />
nématodes et bactéries et réduire ainsi leur potentiel destructeur.<br />
La solarisation est une technologie qui a fait ses preuves sur de<br />
nombreuses pathologies. Toutefois, dans le cas de production intensive<br />
sur toute l’année comme la floriculture, un traitement de<br />
plusieurs semaines n’est pas rentable. Cette solution de substitution<br />
dépend surtout des conditions climatiques et les pathogènes<br />
ne seront éliminés qu’en partie si ces conditions ne sont pas réunies.<br />
Photo: Marta Pizano.<br />
37
5. <strong>Lutte</strong> biologique<br />
Ces dernières années, de nombreuses recherches à l’échelle mondiale se sont<br />
centrées sur la lutte biologique. Bien que les résultats actuellement obtenus en<br />
laboratoire soient souvent meilleurs que ceux obtenus dans les exploitations<br />
commerciales, l’utilisation de certains agents et systèmes de lutte biologique<br />
est très encourageante et peut être intégrée aux programmes de LPI avec<br />
d’excellents résultats. En outre, les producteurs ont de plus en plus accès à des<br />
formulations commerciales de ces agents de lutte biologique faciles à utiliser.<br />
Biopesticides<br />
Actuellement, des essais sont en cours et il est possible de se procurer<br />
sur le marché des formulations commerciales de pesticides à<br />
base d’organismes vivants. Il s’agit par exemple des extraits de neem<br />
(issu du margousier, Azadirachta indica), de nicotine, d’ail, de<br />
piment, de Bacillus thuringiensis, entre autres, utilisés principalement<br />
comme insecticides. Bien qu’ils n’éliminent pas totalement les parasites,<br />
leur faculté d’éliminer des organismes nocifs est appréciable.<br />
Plantes-pièges<br />
Les expériences menées avec des plantes-pièges ou repoussantes sont<br />
également intéressantes. Il s’agit de plantes qui attirent ou repoussent<br />
des pathogènes et les éloignent donc de la culture. D’excellents<br />
résultats ont été obtenus au Maroc et au Kenya avec des œillets<br />
d’Inde (Tagetes) pour piéger les nématodes; les plantes alliacées,<br />
elles, repoussent les nématodes.<br />
Agents de lutte biologique<br />
On a rapporté l’utilisation de nombreux agents de lutte biologique,<br />
avec des efficacités variables. On peut citer les champignons et bactéries<br />
parasites pour des champignons pathogènes (ex: Streptomyces,<br />
Pseudomonas fluorescens, formes non-pathogènes du Fusarium<br />
oxysporum qui agissent contre le pathogène responsable de la flétrissure<br />
de l’œillet, l’Agrobacterium radiobacter utilisé contre la tumeur<br />
bactérienne du collet), les nématodes prédateurs qui attaquent les<br />
nématodes parasites, les champignons qui attaquent les larves et œufs<br />
d’insectes (ex: le Verticillium lecanii) etc. Les résultats obtenus avec ces<br />
agents peuvent varier selon, par exemple, les conditions climatiques,<br />
les caractéristiques chimiques et structurelles du sol (pH, température,<br />
humidité, etc.). Dans certains pays, les producteurs utilisent également<br />
38
des solutions d’organismes<br />
utiles, contenant principalement<br />
des levures, bactéries<br />
comme le Streptomyces et<br />
autres genres de champignons<br />
naturels du sol. Ces prépa-rations<br />
peuvent être préparées<br />
directement dans l’exploitation<br />
avec de simples « unités<br />
de fermentation » composées<br />
de grands réservoirs où l’on<br />
améliore la culture de ces micro-organismes<br />
en ajoutant<br />
des sucres ou de l’azote<br />
(comme de la mélasse ou du<br />
lait). Cette procédure est simple<br />
mais nécessite un certain<br />
contrôle des températures et<br />
surtout une extrême propreté.<br />
Fig. 15. Un producteur peut cultiver directement<br />
des organismes utiles (on obtient des souches<br />
d’origine dans des laboratoires spécialisés).<br />
Le Trichoderma sp n’est pas<br />
Fig. 16. Bouillon de culture riche en organismes<br />
un agent de lutte biologique utiles prêt à être appliqué sur un compost ou un sol.<br />
nouveau mais suscite<br />
actuellement l’intérêt des floriculteurs en raison de son large spectre<br />
d’action. Une recherche approfondie sur le potentiel de ce champignon<br />
pour contrôler des maladies a été menée sur de nombreuses cultures,<br />
y compris les plantes d’ornement. Des souches et des variétés de<br />
Trichoderma peuvent favoriser la formation des racines et prévenir leur<br />
infection due à plusieurs pathogènes fongiques comme les Rhizoctonia,<br />
Pythium et Fusarium. Le Trichoderma peut s’adapter facilement à<br />
différents types de sol et agit sur de nombreuses cultures de fleurs. Il<br />
est actuellement disponible sous plusieurs formulations commerciales,<br />
appliquées par exemple après stérilisation du sol à la vapeur ou avec un<br />
compost contenant d’autres micro-organismes utiles.<br />
Biofumigation<br />
Certaines plantes, comme celles appartenant à la famille des crucifères<br />
(regroupant chou, chou-fleur, brocoli et chou de Bruxelles), libèrent<br />
des substances qui agissent comme pesticides naturels, lorsqu’on<br />
les utilise comme couvert végétal, paillis ou lorsqu’on les incorpore<br />
Photo: Natalia Martínez et Rodrigo<br />
Rodríguez.<br />
Photo: Marta Pizano.<br />
39
dans le sol. En fait, certaines de ces substances sont identiques à<br />
celles contenues dans des fumigants comme le métam-sodium. Bien<br />
qu’au stade expérimental, les résultats obtenus avec cette alternative<br />
dans certains pays comme l’Espagne sont encourageants.<br />
6. <strong>Lutte</strong> génétique<br />
Dans le monde entier, et notamment aux Pays-bas, en France et en<br />
Israël, les chercheurs consacrent beaucoup de temps et d’argent pour<br />
élever des variétés de plusieurs espèces de fleurs présentant différents<br />
degrés de résistance aux parasites et maladies les plus dangereux.<br />
Pour les pathogènes du sol qui s’attaquent aux fleurs, les meilleurs<br />
résultats ont été obtenus sur les œillets résistant à la fusariose. On dispose<br />
aujourd’hui d’une gamme importante d’espèces commercialement<br />
acceptables et très productives présentant divers degrés de résistance au<br />
Fusarium oxysporum F.sp. dianthi (facteur pathogène de la maladie).<br />
Dans ce cas, les variétés résistantes constituent des outils très utiles car<br />
on peut les cultiver dans des zones précédemment infestées (selon des<br />
programmes de surveillance); les espèces plus sensibles sont alors cultivées<br />
dans des zones plus saines, pour des raisons commerciales.<br />
Les porte-greffes utilisés pour greffer les plants de rosiers ont une<br />
sensibilité variable à l’Agrobacterium tumefasciens, facteur pathogène<br />
de la tumeur bactérienne du collet. Ce facteur doit être pris en compte.<br />
En fait, les cultivars d’une espèce donnée, pas uniquement de fleurs mais<br />
également de plantes en général, réagissent différemment en présence<br />
d’une maladie ou d’un parasite particulier. Chaque producteur peut tirer<br />
des informations essentielles de son expérience et de ses observations.<br />
7. <strong>Lutte</strong> chimique<br />
Les essais et les expériences sur les fumigants du sol ont démontré que<br />
leur efficacité varie selon des facteurs tels que les pathogènes à éliminer,<br />
les propriétés du sol et les espèces cultivées. Dans tous les cas, il faut<br />
considérer que ces fumigants peuvent (ou devraient) être utilisés dans le<br />
cadre d’une stratégie de LPI de façon que l’élimination des pathogènes<br />
ne repose pas uniquement sur ces fumigants. En fait, les combinaisons<br />
substances chimiques/autres méthodes de stérilisation du sol (vapeur par<br />
40
exemple) donnent des résultats variables. Par ailleurs, il faut utiliser ces<br />
fumigants avec la plus grande prudence car il s’agit de biocides (ils tuent<br />
les organismes utiles et nocifs du sol, rompant son équilibre naturel)<br />
dangereux pour la santé des humains et toxiques pour l’environnement.<br />
Ainsi, des restrictions internationales imposées en floriculture pourraient<br />
entraîner des réductions voire l’interdiction de l’utilisation de ces produits.<br />
Bien que le bromure de méthyle soit le fumigant chimique de<br />
prédilection pour éliminer les pathogènes du sol dans la plupart des<br />
pays producteurs de fleurs, de nombreux autres produits peuvent s’avérer<br />
très utiles. Certains sont utilisés depuis longtemps et des pays envisagent<br />
de les utiliser comme alternatives au bromure de méthyle (voir chapitre<br />
6). Parmi ces produits, on obtient les résultats les plus prometteurs<br />
avec du Métam-sodium, du Dazomet et du 1,3 Dichloropropène (description<br />
ci-dessous)<br />
Tableau 5. Fumigants du sol utilisables pour désinfester le sol en floriculture<br />
Appellation commune<br />
Noms commerciaux<br />
ciaux Parasites éliminés<br />
Métam-sodium Vapam, Buma, Trimaton, Large spectre, Champignons<br />
Busan<br />
du sol, nématodes,<br />
mauvaises herbes et insectes.<br />
Dazomet Basamid, Allante, Dazoberg Mauvaises herbes<br />
germinatives, nématodes<br />
(sauf sporocystes), champignons<br />
du sol et insectes.<br />
1,3 Dichloropropène Télone-II, Télone C-17, Principalement nématodes<br />
Télone C-35, Nematrap, et insectes, certains champi-<br />
Nematox<br />
gnons du sol et mauvaises<br />
herbes, notamment si associé<br />
à la chloropicrine<br />
Il faut toujours respecter les précautions et les normes de protection<br />
sanitaire quand ces produits sont utilisés ainsi que les délais avant de<br />
pénétrer à nouveau dans la zone et de replanter. Pour appliquer ces<br />
produits (comme pour tout autre pesticide), il conviendra de porter des<br />
masques de protection, gants, uniformes et autres équipements de protection.<br />
Lisez toujours attentivement l’étiquette du produit chimique;<br />
vous y trouverez les recommandations nécessaires, quantités conseillées,<br />
procédures en cas d’urgence et autres informations importantes.<br />
41
Métam-sodium (Dihydrate de sodium N-méthyldithiocarbamate)<br />
Les appellations commerciales les plus connues pour ce produit sont<br />
Vapam® et Buma® mais Trimaton®, Busan® et Unifume® sont<br />
également utilisés dans certains pays. Le métam-sodium est un fumigant<br />
à large spectre utilisé pour éliminer de nombreux genres de champignons<br />
(Verticillium, Fusarium, Pythium, Rhizoctonia, Phytophthora,<br />
Sclerotinia), nématodes (majorité des espèces), mauvaises herbes<br />
(majorité des espèces) et parasites arthropodes, (scutigerelle, collembola,<br />
etc.). Différentes méthodes d’application existent mais il est préférable<br />
de l’injecter dans le sol lors du traitement des couches. Il faut l’utiliser<br />
lors de la pré-plantation mais en aucun cas à proximité de cultures<br />
existantes car il dégage des vapeurs phytotoxiques, ni près de canaux<br />
d’irrigation ou lorsque la température dépasse 32°C. Le sol à traiter<br />
devra être bien préparé et légèrement humide pour rendre sensibles les<br />
graines de mauvaises herbes (l’humidité favorise la germination). Il<br />
faut attendre environ deux semaines avant de replanter mais cette période<br />
peut être plus longue dans le cas de sols lourds ou à forte teneur en<br />
matière organique ou lorsque la température du sol est inférieure à<br />
15°C. Le métam-sodium est très toxique et présente des risques<br />
importants pour la santé des hommes et des animaux. Aux USA, il est<br />
catalogué comme substance cancérigène et toxine développementale.<br />
Dazomet. (Tétrahydro-3,5, diméthyl-2H-1,3,5-thiadiazine-2-thione).<br />
Connu sous l’appellation commerciale Basamid® mais également sous<br />
Allante® et Dazoberg®, il s’agit d’un fumigant du sol de pré-plantation<br />
contre les mauvaises herbes germinatives (nombreuses espèces),<br />
nématodes (pourridié et nombreux autres genres sauf le nématode<br />
sporocyste Meloidogyne), les champignons du sol (Pythium, Fusarium,<br />
Rhizoctonia, Verticillium, Phytophthora entre autres) et arthropodes<br />
(notamment au cours des phases souterraines de leur cycle). Il doit être<br />
incorporé dans un sol humide (capacité de rétention d’eau de 50%<br />
recommandée) à une profondeur de 20 à 25 cm. Après application, le<br />
sol doit être écrasé et « scellé » avec un peu d’eau ou recouvert d’une<br />
toile ou d’un film polyéthylène. Le Dazomet est toxique pour les plantes<br />
sur pied mais ne s’accumule pas dans le sol ; il ne doit pas être utilisé à des<br />
températures dépassant 32°C. Avant de replanter, il convient d’attendre<br />
10 à 40 jours selon le type de sol et la température car il est essentiel que<br />
toutes les vapeurs toxiques aient disparu lors de la plantation. Le Dazomet<br />
contient une grande quantité d’azote et peut donc agir comme engrais.<br />
Là encore, les normes de sécurité d’application devront être observées<br />
afin de réduire les risques pour la santé et l’environnement.<br />
42
Dichloropr<br />
opropène.<br />
opène. (1,3-dichloropropène)<br />
Connu sous les appellations commerciales Télone II®, Télone C-17®,<br />
Télone C-35®, Nematrap® et Nematox®, entre autres, il s’agit d’un fumigant<br />
du sol principalement efficace contre les nématodes et les<br />
arthropodes du sol, en particulier contre les nématodes sporocystes comme<br />
le Meloidogyne sp., surtout dans le terreau et les sols sablonneux. Il élimine<br />
également certains champignons et mauvaises herbes du sol, surtout lorsque<br />
la formulation inclut des composés comme la chloropicrine; de bons résultats<br />
ont ainsi été obtenus pour éliminer la fusariose de l’œillet. Le Télone est<br />
injecté à une profondeur de 20-25 cm lors de la pré-plantation (dans certains<br />
cas, les résultats seront améliorés à une profondeur supérieure). Le sol est<br />
compacté immédiatement après application et souvent recouvert<br />
hermétiquement avec des toiles ou un film polyéthylène. Après traitement,<br />
le sol doit être labouré pour l’aérer et éliminer les émanations toxiques. Les<br />
périodes d’attente avant la pré-plantation sont très variables et dépendent,<br />
entre autres, de la profondeur de l’enracinement, du type de sol, de<br />
l’humidité. Ce traitement ne devra pas être appliqué sur des sols lourds.<br />
Les contraintes liées aux sols humides et aux basses températures influent<br />
moins sur l’efficacité de ce produit que sur le métam-sodium et le dazomet.<br />
Le Télone peut polluer l’eau et présente des risques graves pour la santé<br />
des humains et des animaux. Aux USA, il figure sur la liste des substances<br />
cancérigènes.<br />
Exemples concrets<br />
Après avoir pris en compte les éléments susmentionnés, il est possible<br />
d’élaborer des programmes de LPI pour éliminer une maladie ou un<br />
parasite particulier en fonction de son cycle de vie et de son<br />
épidémiologie, sur une zone précise et pour une plante donnée.<br />
La liste de vérification ou questionnaire ci-dessous pourra contribuer à<br />
élaborer ce programme:<br />
♦ Le fléau est-il identifié? Si un producteur n’est pas sûr du<br />
problème, il doit chercher de l’aide. Il conviendra de prélever<br />
des échantillons de la plante touchée (et du sol environnant), de<br />
les apporter dans un laboratoire spécialisé en phytopathologie et<br />
en entomologie pour identification et recherche de solution.<br />
♦ Que sait-on du cycle de vie du pathogène? Où se produisent<br />
les différentes phases? Comment se propage-t-il? (par l’air, dans<br />
le sol, dans l’eau?) Quelles conditions favorisent son<br />
43
développement (température, degré d’hygrométrie, lumière,<br />
pH, etc.?) Comment survit-il (dans le sol, sur les mauvaises<br />
herbes ou les débris de végétaux?) Quel est son spectre d’hôtes?<br />
¨ Comment reconnaîtr<br />
econnaître e le fléau? Quels sont les premiers<br />
symptômes de l’infection ou de la contamination? Où doiton<br />
les rechercher (sous les feuilles, sur toute la plante ou sur<br />
la base de la tige)?<br />
¨ Quelles informations obtenir par dépistage? (conditions<br />
climatiques, variété, situation, autres)<br />
¨ Que faire si le problème est identifié? Les instructions sontelles<br />
suffisamment claires pour les personnes concernées?<br />
¨ Quelle est la source du matériel végétal utilisé? Existe-t-il<br />
une attestation de l’état sanitaire? Faut-t-il le vérifier?<br />
¨ Des variétés résistantes ont-elles été mises au point? Quelles<br />
variétés sont les plus sensibles?<br />
Des recherches et des études, ainsi que des entretiens avec des experts<br />
et d’autres producteurs seront peut-être nécessaires pour répondre à<br />
ces questions. L’information collectée permettra au producteur de passer<br />
à l’étape suivante : concevoir un programme de formation pour aider<br />
les personnes chargées du dépistage à reconnaître le problème dès les<br />
premières phases. Ceci permettra également de fournir les outils<br />
nécessaires pour sélectionner et appliquer des mesures de prévention,<br />
d’éradication et les traitements. Bien que cela puisse paraître difficile et<br />
nécessiter ce que l’on pourrait appeler un « investissement en savoir »,<br />
avec le temps, la plupart des pratiques de LPI deviennent une habitude<br />
et permettent d’économiser au moins 40% des coûts des pesticides.<br />
Pour illustrer ce propos, voici deux exemples de traitement de maladies<br />
universelles des œillets et des roses que de nombreux pays contrent<br />
avec du bromure de méthyle.<br />
A. Programme de LPI pour<br />
éliminer la fusariose de l’œillet<br />
La fusariose ou flétrissure vasculaire de<br />
l’œillet est la maladie la plus grave qui<br />
touche cette fleur. Elle peut contraindre<br />
un producteur à la faillite ou l’obliger à<br />
chercher de nouvelles terres pour y faire<br />
Fig. 17. Plants d’œillets ravagés par la<br />
fusariose.<br />
Photo: Germán Arbeláez.<br />
44
pousser des œillets. Il est trop difficile et coûteux d’éliminer cette maladie<br />
quand elle est bien installée. Aussi, la meilleure solution (sans doute<br />
l’unique) est de procéder à une approche préventive.<br />
Ci-dessous, figurent les réponses à la liste de contrôle susmentionnée<br />
qui permettront d’élaborer un programme de LPI pour éliminer la<br />
maladie:<br />
1. Facteur Fusarium oxysporum f. sp. dianthi<br />
pathogène:<br />
2. Spectre e d’hôtes: Bien que Fusarium oxysporum soit une espèce<br />
importante, il est composé de plusieurs formes ou<br />
forma specialis, chacune étant spécifique à son hôte.<br />
Par exemple, F.o. f.sp dianthi n’attaque que les<br />
plantes du genre Dianthus.<br />
3. Cycle de vie: Le champignon vit dans le sol. Sa reproduction asexuée<br />
s’effectue par des spores. Trois types de spores sont connus:<br />
microconidies, macroconidies, chlamydospores, cette<br />
dernière étant la forme restante (résistante). Il peut rester<br />
latent en l’absence de ses hôtes pendant plusieurs décennies.<br />
Ce champignon pénètre par les racines et obstrue les<br />
vaisseaux conducteurs des racines et de la tige (xylème),<br />
privant la plante d’eau et d’éléments nutritifs. Il pousse à<br />
des températures comprises entre 15 et 30°C, avec un<br />
optimum à 27°C. Son pH optimum est de 5 et il prospère<br />
lorsque des quantités d’azote sont élevées.<br />
4. Propagation:<br />
Par l’air, notamment dans la production en champs<br />
ou lorsque l’on ne traite pas les plantes malades; par<br />
l’eau contaminée utilisée pour irriguer; par les matières<br />
végétales (boutures) qui peuvent sembler saines; par<br />
les particules du sol qui adhèrent aux outils, chaussures,<br />
véhicules, parties de végétaux ou appareils; par contact<br />
(greffe) entre racines de plantes.<br />
5. Symptômes: Les symptômes se manifestent différemment selon la<br />
température et l’humidité. Les prémices de l’infection<br />
peuvent être observées par un flétrissement d’un côté des<br />
feuilles qui apparaît lors des heures les plus chaudes de la<br />
journée et par une décoloration jaunâtre d’un ou plusieurs<br />
scions sur un seul côté de la plante. Au fil de l’évolution, la<br />
plante se flétrit puis se dessèche. Lorsque l’on coupe les<br />
tiges, une décoloration brunâtre des vaisseaux apparaît.<br />
45
6. Autres<br />
es<br />
informations:<br />
Il est possible de se procurer sur le marché de<br />
nombreuses variétés résistantes. Il convient de<br />
marquer la zone infestée et de la traiter rapidement.<br />
Les variétés malades et leur ancien emplacement<br />
doivent être répertoriés sur une carte pour servir de<br />
référence future. Veiller également à noter l’ampleur<br />
des dégâts (ou la sensibilité) de chaque variété. L’âge<br />
de la plante malade est également à prendre en<br />
considération: les jeunes plants qui développent une<br />
maladie peuvent être infectés depuis leur bouturage.<br />
Ces dernières informations et le Tableau ci-dessous présentent un<br />
exemple de stratégie:<br />
Tableau 6. LPI pour la fusariose de l’œillet (Fusarium oxysporum<br />
f.sp.dianthi)<br />
A. Quarantaine et inspection<br />
B. Surveillance<br />
C. <strong>Lutte</strong> culturale<br />
* Substance végétale saine<br />
* Inspection des boutures<br />
(indicateur/<br />
symptôme d’une maladie) avant plantation<br />
* Ne pas planter dans des zones connues pour<br />
avoir été touchées auparavant par la maladie<br />
* Prospecteurs de maladie formés pour<br />
détecter les premiers symptômes<br />
* Cartographie avec toutes les données<br />
pertinentes:<br />
variété, degré d’infection, zone<br />
* Information archivée avant prise de<br />
décision: quelles variétés cultiver à l’avenir,<br />
source des végétaux, etc.<br />
* Désinfestation de la culture:<br />
e: traiter<br />
rapidement le foyer de la maladie. Arracher les<br />
plantes malades et les plantes voisines dans un<br />
rayon de 1 m (même si elles ne présentent pas<br />
de symptômes) puis les incinérer. Traiter le sol<br />
avec de la chaux, de la vapeur ou du<br />
formaldéhyde.<br />
* Apport t d’engrais (notamment à base<br />
d’azote); contrôler le pH (un milieu acide<br />
détruit les champignons)<br />
* Limiter l’accès aux serres.<br />
es. Si possible,<br />
affecter différents employés aux zones<br />
malades et éviter qu’ils ne pénètrent les zones<br />
saines, ce qui est particulièrement important<br />
si l’on bouture sur place.<br />
46
Table 6. (continuation)<br />
D. <strong>Lutte</strong> physique et mécanique<br />
E. <strong>Lutte</strong> biologique et génétique<br />
* Stériliser le sol à la vapeur est très utile et<br />
économiquement réalisable si la maladie est<br />
peu répandue. Traiter plus longtemps les<br />
zones auparavant infestées<br />
* Substrats: n’utiliser que les substrats sains<br />
ou stérilisés, dans des couches élevées ou<br />
isolées. Les enveloppes de riz donnent de<br />
bons résultats avec les œillets.<br />
* Variétés résistantes, disponibles sur le<br />
marché. A utiliser de préférence sur des sites<br />
préalablement infestés.<br />
* Antagonistes au champignon responsable de<br />
la flétrissure (ex: Trichoderma) à incorporer de<br />
préférence dans le sol directement après l’avoir<br />
traité à la vapeur. Répéter 2 ou 3 fois l’opération<br />
dans la saison pour maintenir des populations<br />
élevées. Apporter des amendements organiques<br />
riches en organismes utiles (compost) est<br />
également une bonne solution.<br />
F. . <strong>Lutte</strong> chimique * Solutions désinfectantes, placées dans des<br />
tranchées superficielles à l’entrée de l’exploitation,<br />
des serres ou entre zones saines et infestées.<br />
L’utilisation de la chaux est également efficace.<br />
* Fumigants du sol: Vapam (métam-sodium),<br />
Basamid (dazomet) et 1,3 Dichloropropène<br />
(Télone) sont très efficaces contre ce champignon.<br />
B. Programme de LPI pour<br />
éliminer la tumeur bactérienne<br />
du collet de la rose<br />
La tumeur bactérienne du collet<br />
affecte nombre de plantes du<br />
monde entier. Son effet sur les<br />
roses varie selon les conditions<br />
climatiques du site de culture et<br />
d’autres facteurs comme les<br />
Fig. 18. Tumeur bactérienne du collet des rosiers<br />
provoquée par l’Agrobacterium.<br />
souches de bactéries présentes mais peut être dévastateur et provoquer<br />
d’importantes pertes de productivité en diminuant la vigueur de la plante et<br />
en altérant grandement sa qualité. Les informations pathologiques ci-dessous<br />
sont très importantes et peuvent servir à élaborer un programme de LPI:<br />
Photo: Marta Pizano.<br />
47
1. Facteur<br />
pathogène:<br />
2. Spectre<br />
d’hôtes:<br />
3. Cycle de vie:<br />
4. Propag<br />
opagation:<br />
ation:<br />
5. Symptômes:<br />
6. Autres<br />
informations:<br />
Agrobacterium tumefaciens<br />
On a rapporté plus de 60 familles de plantes-hôtes<br />
sensibles à la bactérie de la tumeur bactérienne du collet.<br />
Outre les roses, il s’agit des chrysanthèmes, asters, tomates,<br />
tournesols, nombre d’arbres fruitiers et arbres d’ombrage.<br />
La bactérie investit la plante par des plaies ou ouvertures<br />
naturelles ou provoquées par taille, greffe ou autre pratique<br />
culturale ou réalisées par des parasites du sol<br />
(comme les collambolas, scutigerelles, certains<br />
nématodes). Un plasmide associé est transféré dans le<br />
génome des cellules hôtes et les transforment en cellules<br />
tumorales de croissance anarchique. Selon les conditions<br />
climatiques (température principalement) les<br />
tumeurs se développent en quelques semaines voire<br />
quelques mois. Les galles se développent et, notamment<br />
lorsqu’elles se situent à la base de la tige ou au point de<br />
greffe, peuvent limiter la croissance de la plante en la<br />
privant d’éléments nutritifs du sol. La bactérie est plus<br />
active lorsqu’il fait chaud mais peut rester latente pendant<br />
des périodes plus froides. En l’absence d’un hôte,<br />
les populations bactériennes diminuent mais peuvent<br />
survivre dans le sol deux ans ou plus.<br />
Par les outils (serpette, etc.). Lorsque les galles se<br />
décomposent dans le sol, des bactéries sont libérées et<br />
peuvent se propager dans le sol ou l’eau. Dans les<br />
porte-greffes ou les jeunes plants sains en apparence<br />
mais qui peuvent porter un petit nombre de bactéries.<br />
On observe souvent les galles juste au-dessous de la<br />
surface du sol dans la zone du collet de la plante, ou<br />
parfois sur les racines mais rarement sur les parties visibles<br />
de la plante. Au départ, elles sont petites, arrondies,<br />
vert clair ou blanches et leur surface est lisse. Ensuite,<br />
elles revêtent des formes irrégulières, foncent et<br />
deviennent ligneuses. Sur la partie visible, les symptômes<br />
peuvent être confondus avec d’autres problèmes dus<br />
aux nématodes ou aux carences nutritionnelles.<br />
l’Agrobacterium sp. est composé de nombreuses<br />
souches très variables rendant parfois les mesures de<br />
contrôle inefficaces. Les porte-greffes utilisés pour<br />
48
greffer varient selon leur sensibilité à l’A. tumefaciens.<br />
Les rosa multiflora et rosa manetti seraient les plus<br />
sensibles. Les producteurs recourent à une autre solution<br />
dans les zones affectées par cette maladie : la culture<br />
de tissus végétaux (plantes ne nécessitant pas d’être<br />
greffées). La lutte biologique de certaines variétés d’A.<br />
radiobacter a donné de bons résultats; des formules à<br />
base de cuivre et certains antibiotiques sont également<br />
efficaces mais leur phytotoxicité peut s’avérer<br />
problématique sur certaines variétés dans certaines<br />
conditions climatiques.<br />
Comme dans l’exemple précédent, il est possible d’établir un programme<br />
de LPI basé sur ces informations:<br />
Tableau 7. LPI pour la tumeur bactérienne du collet des roses<br />
(Agrobacterium tumefaciens)<br />
A. Quarantaine et<br />
inspection (exclusion)<br />
* Porte-gr<br />
te-gref<br />
effes fes sains ou culture de tissus<br />
végétaux (non greffés)<br />
* Inspection minutieuse des plantes à leur arrivée<br />
B. Surveillance<br />
* Prospecteurs de maladie formés pour<br />
détecter les premiers symptômes<br />
* Cartographie<br />
avec toutes les données<br />
pertinentes: variété, degré d’infection, zone<br />
* Information archivée avant prise de<br />
décision: quelles variétés cultiver à l’avenir,<br />
source de matière végétale, etc.<br />
C. <strong>Lutte</strong> culturale * Désinfestation de la culture:<br />
e: traiter rapidement<br />
le foyer de la maladie. Arracher les plantes malades<br />
puis s’en débarrasser, ôter le sol autour des racines<br />
de façon à éliminer le maximum de galles.<br />
* Désinfecter les outils: nettoyer les outils de<br />
coupe et de taille et les désinfecter fréquemment<br />
(en les trempant par exemple dans une solution<br />
alcoolisée ou d’hypochlorite de sodium à 0.5%<br />
ou en les passant sous une flamme)<br />
* Eviter au maximum les tissus abîmés. Ceci<br />
inclut les contrôles des parasites du sol comme<br />
les nématodes.<br />
* Limiter l’accès aux serres.<br />
es. Si possible,<br />
affecter différents employés aux zones malades<br />
et éviter qu’ils ne pénètrent les zones saines.<br />
49
Table 7. (Continuation)<br />
* Alterner<br />
au moins 3 ans avec des cultures<br />
de monocotylédones (comme le maïs) si cela<br />
est commercialement possible.<br />
D. <strong>Lutte</strong> physique et * Traiter le sol à la vapeur est très utile et<br />
méchanique<br />
doit être associé à un compost ou amendement<br />
similaire.<br />
* Culture sur substrats: n’utiliser que les<br />
substrats sains et/ou stérilisés. Le coir de coco,<br />
l’écorce compostée, la laine de roche et d’autres<br />
substrats ont été utilisés avec succès.<br />
E. <strong>Lutte</strong> biologique et * Porte-gr<br />
te-gref<br />
effes fes résistants. Rosa multiflora et<br />
génetique<br />
R. manetti sont des variétés très sensibles.<br />
Aucun porte-greffe connu n’est immunisé.<br />
* Des antagonistes à la tumeur bactérienne<br />
du collet ont été trouvés, notamment la souche<br />
N°84 de l’Agrobacterium radiobacter. On peut<br />
tremper les porte-greffes ou les semis dans cette<br />
suspension bactérienne. Malheureusement,<br />
certaines souches d’A. tumefaciens sont<br />
devenues résistantes à la souche 84 et l’on en<br />
utilise une nouvelle (K-1026) qui ne transfère<br />
pas sa résistance aux souches d’Agrobacterium<br />
pathogènes. Il est également efficace d’ajouter<br />
des amendements organiques riches en<br />
organismes utiles (comme le compost)<br />
F. . <strong>Lutte</strong> chimique * Des pesticides à base de cuivre et certains<br />
antibiotiques comme la streptomycine et<br />
l’oxytétracycline sont efficaces mais doivent être<br />
utilisés avec précaution en raison de leur<br />
éventuelle phytotoxicité. Des réglementations de<br />
certains pays limitent l’utilisation de ces composés.<br />
* Fumigants du sol: Vapam (métamsodium),<br />
Basamid (dazomet) et 1,3<br />
Dichloropropène (Télone) sont des biocides à<br />
large spectre utilisables contre ce champignon.<br />
Approche multidimensionnelle<br />
Comme nous l’avons vu précédemment, nombreuses et variées sont les<br />
alternatives à la lutte chimique (ou plutôt au bromure de méthyle).<br />
50
Néanmoins, un producteur pourra penser qu’il est compliqué d’élaborer<br />
un programme de LPI pour éliminer chaque parasite qui attaque ses<br />
cultures, surtout s’il cultive plusieurs espèces de fleurs.<br />
Cependant, si l’on analyse les exemples cités, on s’aperçoit que la plupart<br />
des procédures menées pour détecter puis éliminer un parasite ou maladie<br />
peuvent en fait en éliminer bien d’autres. Par exemple, lors du dépistage,<br />
il est aisé de localiser plus d’un fléau à la fois, ce qui introduit le concept<br />
d’appr<br />
approche multidimensionnelle, ou solution globale visant en fait à<br />
éliminer simultanément tous les agents nocifs tout en conservant la<br />
qualité du produit et la santé de la plante.<br />
Pour mener une approche multidimensionnelle, il convient de suivre<br />
les étapes suivantes:<br />
1. Inventorier les parasites et maladies qui affectent fectent une cul-<br />
ture donnée. Décider des problèmes à traiter en priorité et qui<br />
impliquent le plus grand risque. A ce sujet, l’expérience est très<br />
utile et, heureusement, l’information est généralement<br />
abondante. Il convient également de se documenter sur chacun<br />
des parasites, comme précédemment décrit (ex: spectre d’hôtes,<br />
symptômes, épidémiologie, etc.).<br />
2. Créer une matrice simple. Sur un axe, énumérer les stratégies<br />
de LPI que l’on peut mener dans l’exploitation. Sur l’autre,<br />
reporter les principaux parasites identifiés lors de la 1 ère étape.<br />
On obtiendra alors un tableau qui pourra donner des informations<br />
utiles comme le montrent les exemples ci-dessous, fournis<br />
par un producteur qui mène un programme approfondi de LPI.<br />
Le tableau 1 est un exemple de matrice pour les roses; le tab-<br />
leau 2 pour les chrysanthèmes. Ce dernier est plus complexe,<br />
en raison du nombre de parasites et de maladies qui affectent<br />
cette fleur. Les exemples ci-dessous sont applicables à toutes<br />
les espèces de fleur. Noter que la matrice prend en considération<br />
non seulement les parasites et maladies du sol mais également<br />
tous les pathogènes connexes qui affectent cette culture. La<br />
liste des organismes de ces matrices n’est ni exclusive ni exhaustive<br />
car un problème pourra varier en fonction de sa situation.<br />
Chaque producteur doit donc décider de la stratégie à<br />
adopter à partir de sa propre expérience.<br />
51
Illustration 2. L’approche multidimensionnelle<br />
A. Inventorier les parasites et maladies<br />
qui affectent la culture<br />
B. Etablir une matrice des stratégies<br />
pour chaque parasite<br />
C. Etablir un programme<br />
de LPI personnalisé<br />
52
Culture: Roses<br />
Action Méthode<br />
Régulatoire<br />
Exclusion Culturale<br />
Plantes saines<br />
Méthode OID<br />
OID TNOI<br />
Tableau 8. <strong>Lutte</strong> phytosanitaire intégrée pour Rosa<br />
TNOI BOT<br />
MALADIES PARASITES<br />
CHAMPIGNONS Bactérie Vir<br />
irus<br />
BOT MILD<br />
MILD ROU<br />
ROU CHA<br />
CHA VER<br />
VER AGR<br />
AGR VMR<br />
us INSECTES Aca AUTRES<br />
VMR THR<br />
THR LAR INST TET NEM LIM<br />
Eradication Culturale<br />
ou Biologique<br />
Reduction Subst. chim. trad.<br />
Comp. org.<br />
Physique<br />
Plante hôte<br />
te Varietés rés.<br />
Culturale<br />
Protection<br />
Directe<br />
otection Biologique<br />
ecte Subst. chim. trad.<br />
Dépistage<br />
Comp. org.<br />
Source: Jaramillo, F. 1997. <strong>Lutte</strong> phytosanitaire et pathologique intégrée. Tiré de: Floricultura y Medio Ambiente, Ediciones Hortitecnia, Bogotá, Colombia.<br />
Conventions<br />
OID = Oidium VMR = Virus de la mosaïque de la rose Subs. Chim. Trad. = Substances chimiques traditionnelles<br />
TNOI = Taches noires THR = Thrips Comp. Org. = Composés organiques<br />
BOT = Botrytis LAR = Larves<br />
MILD = Mildiou INST = Insectes ténébrants<br />
ROU = Rouille TET = Tétranyques<br />
CHA = Chancre NEM = Nématodes<br />
VER = Verticilliose LIM = Limaces<br />
AGR = Agrobacterium<br />
53
Tableau 9. <strong>Lutte</strong> phytosanitaire pour Dendranthema<br />
54<br />
Culture: chrysanthème pompon<br />
MALADIES PARASITES<br />
CHAMPIGNONS BACTERIE VIRUS INSECTES ACA AUTRES<br />
Action Méthode Rb bot ste ant riz pyt Scl rouc ph fus ver mel mil agr ew pse vir pan vmbt min thr pu moub inst tet ne scu lim<br />
Exclusion Regulatoire X<br />
Culturale<br />
Mat. vég. S. X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X<br />
Eradication Culturale X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X<br />
ou Biologique X X X X<br />
reduction Subs. Ch. T. X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X<br />
Comp. Org. X X X X X X X X X X X X X X X X<br />
Physique X X X X X X X X<br />
Plante hôte Variét Résist. X X<br />
Culturale X X X X X X X X X X X X X X X X<br />
Protection Biologique X* X* X* X* X X X X*<br />
directe Subs. Ch. T. X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X<br />
Comp. Org. X X X X X X X X X X X X X<br />
Dépistage X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X<br />
Source: Jaramillo, F. 1997. <strong>Lutte</strong> phytosanitaire et pathologique intégrée. Tiré de: Floricultura y Medio Ambiente, Ediciones Hortitecnia, Bogotá, Colombia.<br />
Conventions<br />
RB = Rouille blanche FUS= Fusarium VBMT =Virus de la maladie bronzée de la tomate X* = Amendment de compost<br />
BOT = Botrytis VER = Verticillium MIN = Mineuses Subs. Ch. T. = Substances chimiques traditionnelles<br />
STE = Stemphyllium MEL = Mélanose THR = Thrips Comp. Org. = Composés organiques<br />
ANT = Anthractnose MIL = Mildiou PU = Pucerons Variét. Résist. = Varietés résistantes<br />
RIZ = Rhizoctone AGR = Agrobacterium MOUB = Mouche blanche Mat. vég. S. = Matière végétale saine<br />
PYT = Pythium EW = Erwinia INST = Insectes ténébrants<br />
SCL = Sclérotiniose PSE = Pseudomonas TET = Tétranyques<br />
RC = Rouille commune VIR = Viroïde nanifiant NE = Nématodes<br />
PH = Phoma PAN = Panachure SCU = Scutigerelle<br />
LIM = Limaces
Chapitre 3<br />
Stérilisation par la vapeur<br />
(pasteurisation)<br />
La pasteurisation, ou stérilisation par la vapeur du sol, est un procédé qui permet<br />
d’éliminer par la chaleur des parasites, maladies et mauvaises herbes présents<br />
dans le sol à un moment donné. Bien que l’on puisse théoriquement appliquer<br />
de la chaleur sèche avec des résultats similaires, on préfère la vapeur car elle se<br />
diffuse plus efficacement dans le sol pour un coût généralement inférieur.<br />
En termes simples, la stérilisation par la vapeur consiste à injecter ou<br />
répandre de la vapeur d’eau dans le sol à l’aide d’une chaudière et de<br />
tuyaux métalliques ou flexibles pour tuer les organismes nocifs du sol.<br />
Le sol doit être recouvert d’une toile ou d’un film plastique résistant<br />
pour rester en contact avec la vapeur.<br />
Si elle est correctement appliquée, la vapeur est probablement la meilleure<br />
alternative au bromure de méthyle car elle est tout aussi efficace. Une fois<br />
encore, son utilisation n’est pas nouvelle dans l’industrie; on l’utilise dans les<br />
serres depuis des dizaines d’années et la plupart des ouvrages traitant de<br />
l’entretien des serres l’abordent de façon détaillée. En fait, certains producteurs<br />
ont abandonné cette technique lors de l’apparition des fumigants du sol en<br />
raison de leurs coûts réduits (voir ci-après) et de leur facilité d’utilisation.<br />
De nombreuses variables (voir plus loin) influencent les bons résultats et<br />
la rentabilité de la vapeur (chaudière et diffuseurs utilisés, nature et structure<br />
du sol, préparation du sol, etc.). Il convient également de noter que<br />
la vapeur est toujours plus efficace sur une quantité limitée de substrat<br />
traité par rapport à la terre du sol. Tout dépend de la profondeur à laquelle<br />
se trouvent les organismes nocifs dans le sol qui, très souvent, ne peut<br />
être atteinte par la vapeur ou bien à un coût très élevé. Chauffer le sol audelà<br />
de 30 cm de profondeur implique une utilisation plus longue de la<br />
chaudière, davantage de main d’œuvre et de consommation énergétique,<br />
ce qui rend cette alternative économiquement peu intéressante.<br />
55
Photo: Marta Pizano.<br />
On peut cependant utiliser la vapeur comme alternative au bromure de<br />
méthyle en floriculture commerciale sur des couches de terre si l’on considère<br />
certains facteurs. Le facteur le plus important est d’utiliser la vapeur comme<br />
élément d’un système de LPI visant à limiter l’incidence des parasites ou<br />
maladies. Ceci permet de traiter les 30 premiers centimètres du sol, ce qui<br />
est suffisant pour réduire de manière significative la population pathogène.<br />
La vapeur (comme tout fumigant du sol à large spectre), étant un biocide<br />
général, tue tous les organismes vivants, utiles comme nuisibles, quand elle<br />
est correctement utilisée. Ceci permet aux pathogènes réintroduits ou laissés<br />
dans le sol de se reproduire et de se propager librement, et ils ne sont plus<br />
en concurrence avec des micro-organismes naturellement présents. Ainsi,<br />
la vapeur a un effet optimal lorsque l’on amende le sol d’organismes et/ou<br />
de matière organique (comme le compost) immédiatement après le<br />
traitement. Toutefois, un producteur souhaitant élaborer son compost dans<br />
son exploitation devra être attentif à sa préparation afin d’éviter une réinfestation<br />
du sol par des pathogènes entre autres.<br />
1. Durée du traitement<br />
L’efficacité de la vapeur repose sur le fait que les organismes vivants ont<br />
un seuil de résistance à la chaleur relativement peu élevé. En d’autres<br />
termes, ils n’ont pas besoin d’être exposés à des températures très élevées<br />
pour mourir (cf. Illustration 3).<br />
Il peut être difficile d’atteindre la température nécessaire dans le sol car la<br />
diffusion de la vapeur peut être entravée par plusieurs facteurs (voir ci-dessous).<br />
Aussi, il convient d’être prudent et de prévoir une marge importante de<br />
temps et de température pour<br />
s’assurer de l’élimination complète<br />
des pathogènes et graines de<br />
mauvaises herbes. En règle<br />
générale, les experts conseillent<br />
d’appliquer le traitement jusqu’à ce<br />
que le point le plus froid du sol ou<br />
substrat atteigne 90°C pendant 30<br />
minutes.<br />
Fig. 19. La température atteinte par le sol devra<br />
être mesurée à l’aide d’un long thermomètre à<br />
vapeur comme celui-ci.<br />
Le point le plus froid se situe<br />
généralement juste derrière le point<br />
56
d’injection de la vapeur mais il n’est pas nécessaire de vérifier la température<br />
en différents endroits. Pour ce faire, on utilise de longs thermomètres et l’on<br />
fait pénétrer la vapeur aussi profond que nécessaire. Un producteur ingénieux<br />
a découvert qu’il pouvait obtenir de bons résultats lorsqu’une pomme de<br />
terre crue préalablement placée au point le plus froid était totalement cuite.<br />
Cette astuce permet d’éviter les difficultés parfois rencontrées pour apprendre<br />
aux employés à lire correctement un thermomètre.<br />
Illustration 3. Seuil de résistance à la chaleur de plusieurs parasites des plantes<br />
Températur<br />
empérature<br />
100 ºC<br />
90 ºC<br />
80 ºC<br />
70 ºC<br />
60 ºC<br />
50 ºC<br />
40 ºC<br />
After: Mastalerz,1977.<br />
}<br />
}<br />
}<br />
Parasites tués<br />
Quelques graines de mauvaises herbes<br />
résistantes. Virus des plantes résistants à la<br />
chaleur<br />
La plupart des graines de mauvaises herbes<br />
Toutes les bactéries pathogènes des plantes<br />
La plupart des virus des plantes<br />
Insectes du sol<br />
- La plupart des bactéries pathogènes des plantes<br />
- Lombrics, limaces, mille-pattes<br />
- Jaunisses, Fusarium<br />
- Botrytis<br />
- Rhizoctonia<br />
- Sclerotium, Sclerotinia<br />
- Nématodes<br />
- Moisissures de l’eau<br />
2. Chaudières et diffuseurs<br />
fuseurs<br />
De nombreux types de chaudières avec différentes options existent sur le marché.<br />
Les meilleurs conseils quant au choix du modèle adéquat seront souvent<br />
prodigués par un bon fournisseur. Il existe de nombreux ouvrages sur les<br />
procédés de pasteurisation. Dans les pays où il est difficile de trouver des sociétés<br />
de fabrication de qualité, l’expérience concrète de sociétés ou d’exploitations<br />
agricoles opérant dans des conditions identiques est très utile; il convient donc<br />
d’encourager la communication. Le prix des chaudières peut atteindre plusieurs<br />
milliers, voire dizaines de milliers de US$; le choix d’un appareil adapté aux<br />
besoins du producteur est donc fondamental. Les paramètres à prendre en<br />
compte lors de l’investissement dans une chaudière sont:<br />
57
Photo: Marta Pizano.<br />
Fig. 20. Chaudière à injection en Argentine. La vapeur pénètre<br />
de force dans le sol avec une plate-forme perforée.<br />
Capacité de la chaudière<br />
La quantité de terre ou substrat à<br />
traiter déterminera la capacité de la<br />
chaudière recherchée. Le temps de<br />
traitement imparti ou la nécessité de<br />
déplacer la chaudière (voir cidessous)<br />
seront d’autres facteurs à<br />
considérer. Toutefois, les grands<br />
producteurs préfèrent souvent<br />
acheter plusieurs petites chaudières<br />
pour pouvoir travailler simultanément<br />
plutôt qu’une plus<br />
imposante, difficile à déplacer.<br />
L’efficacité de la pasteurisation par<br />
la vapeur est généralement limitée<br />
(50% environ) car d’importantes<br />
quantités de chaleur sont perdues, au niveau de la chaudière<br />
elle-même, des diffuseurs, et des bâches. En règle générale,<br />
chaque Cheval Vapeur (HP) d’une chaudière traite 2m 3 de<br />
substrat et il faut 2 heures ½ pour atteindre 90°C. Si l’on<br />
extrapole cette donnée au volume approximatif du sol à traiter<br />
(par exemple, par hectare), on peut connaître approximativement<br />
la capacité de la ou des chaudière(s) à utiliser (noter: 1 HP=33<br />
475 Btu/hr).<br />
Fig. 21. Chaudière à charbon en Colombie.<br />
Photo: Guillermo Castellá.<br />
58
Haute ou basse pression<br />
On peut trouver des chaudières à haute (75-100 psi) ou basse (10-15<br />
psi) pression. La pression est nécessaire pour fournir la quantité adéquate<br />
de vapeur de la chaudière jusqu’au substrat. Toutefois, la vapeur s’échappe<br />
dans l’air et ne se diffuse pas correctement dans le substrat avec une<br />
haute pression; une pression de 15 à 18 psi est recommandée dans la<br />
plupart des cas. On peut également recourir à la pasteurisation par pression<br />
négative, méthode de prédilection aux Pays-Bas où la main-d’œuvre est<br />
réduite, car elle est efficace dans les sols lourds et sablonneux.<br />
Type de diffuseur et diamètre<br />
Il existe différents types de diffuseurs (conducteurs) qui répartissent la<br />
vapeur sous la surface du sol (habituellement des tuyaux enterrés ou râteaux<br />
enfoncés dans le sol) ou par le dessus (grandes plaques métalliques munies<br />
de trous ou de manches en toile perméable placés au-dessus du sol). Dans<br />
la mesure du possible, leur<br />
diamètre doit toujours être en<br />
corrélation avec la pression de<br />
la chaudière. En général, les<br />
chaudières à haute-pression<br />
requièrent des tuyaux plus fins<br />
(diamètre inférieur à 5 cm) et<br />
des tuyaux plus gros (5 cm de<br />
diamètre au moins) sont<br />
nécessaires pour la basse<br />
pression. Les ouvertures ou<br />
trous situés sur les tuyaux<br />
doivent être espacés de 15 cm<br />
Fig. 22. La vapeur injectée sous pression par des<br />
tuyaux enfouis dans le sol ne peut se dissiper, grâce<br />
aux bâches de toile qui recouvrent le sol.<br />
pour que la vapeur soit uni-<br />
formément répartie dans le sol. La vapeur se diffuse selon une trajectoire<br />
ovoïde. Si ces ovales se chevauchent (ce qui se produit lorsque les trous<br />
sont espacés de 15 cm), la couverture est optimale.<br />
En général, il est préférable d’utiliser des tuyaux enfouis plutôt que des<br />
diffuseurs superficiels pour vaporiser les couches de terre. Le sol sera traité<br />
plus en profondeur si les tuyaux sont enfouis, la vapeur émanant d’une<br />
source superficielle ne pouvant atteindre qu’une profondeur de 20-30<br />
cm. Cette dernière technique sera plus appropriée pour traiter les couches<br />
surélevées, de faibles quantités de substrat ou de mélanges d’empotage.<br />
Les tuyaux devront être enfouis aux 2/3 de la profondeur de traitement<br />
requise. Dans les autres cas, il faudra recouvrir rigoureusement les couches<br />
pendant le traitement pour éviter que la vapeur ne s’échappe.<br />
Photo: Marta Pizano.<br />
59
60<br />
Photo: David Cheever.<br />
Bâches<br />
On utilise en général de la toile<br />
ou du vinyle pour recouvrir le<br />
sol ou le substrat pendant le<br />
traitement. Le polyéthylène est<br />
souvent trop fragile car il se<br />
déchire facilement. La bâche<br />
devra être bien ajustée sur le sol<br />
ou substrat; dans le cas de<br />
couches surélevées, elle devra<br />
largement dépasser les bords.<br />
Chaînes, tuyaux et autres objets<br />
lourds sont souvent placés le long des bords pour éviter que les<br />
bâches ne se gonflent et laissent échapper la vapeur.<br />
Fig. 23. Il faut bien couvrir les couches surélevées<br />
avec de la toile ou un plastique avant d’injecter la<br />
vapeur dans le substrat.<br />
Source énergétique<br />
Il existe des chaudières qui fonctionnent à l’électricité, au gaz, au<br />
diesel, au pétrole et même au charbon. La source énergétique la plus<br />
adaptée au producteur dépendra des opportunités du marché (et de<br />
leur coût). Aujourd’hui cependant, les réglementations de certains<br />
pays limitent l’utilisation de chaudières à charbon en raison du risque<br />
potentiel de contamination de l’air. A ce sujet, la hauteur de la<br />
cheminée est importante: elle devra être suffisamment élevée pour<br />
que les gaz s’évacuent rapidement de la serre et n’endommagent pas<br />
les plantes.<br />
Mobile ou fixe<br />
Pour les couches de terre, ainsi que pour les couches surélevées ou<br />
isolées importantes, il convient de disposer d’une chaudière mobile<br />
que l’on peut porter et déplacer à l’intérieur et entre les serres. Les<br />
chaudières mobiles peuvent être tirées par un tracteur ou montées sur<br />
un camion pour les déplacements entre les zones à traiter. Les chaudières<br />
fixes sont plus utiles pour traiter les substrats ou mélanges qui sont<br />
ensuite utilisés pour remplir les pots, plateaux ou autres récipients. Les<br />
matériaux pasteurisés devront être manipulés le moins possible pour<br />
éviter toute ré-infestation, comme expliqué précédemment.<br />
3. Sol ou substrat à traiter<br />
Humidité du sol<br />
Un sol trop humide est lent à pasteuriser car il est trop long de chauffer
l’eau excédentaire. En revanche, un sol trop sec contiendra des poches<br />
d’air qui entraveront le mouvement de la vapeur et empêcheront de traiter<br />
convenablement certaines zones, ce qui est grave car les parasites ou graines<br />
de mauvaises herbes présents dans ces zones ne seront pas éliminés et se<br />
reproduiront rapidement en l’absence d’organismes concurrents<br />
naturellement présents mais fortement réduits par la pasteurisation. La<br />
meilleure teneur en humidité est définie comme « capacité au champ » ;<br />
on dit d’un sol ou substrat qu’il est au stade de capacité au champ lorsqu’il<br />
n’est ni humide, ni sec. Les jeunes plants sont généralement mis en place<br />
lorsque le milieu de culture présente ces propriétés.<br />
Textur<br />
exture e du sol<br />
Afin d’assurer une bonne diffusion de la vapeur, le sol devra être<br />
meuble, non compacté et dépourvu de mottes et d’agglomérats.<br />
Une fois encore, ces mottes gênent le passage de la vapeur et<br />
empêchent de chauffer uniformément le sol. Un sol à pasteuriser<br />
doit être bien préparé et autant que possible dépourvu de débris de<br />
plantes et autres résidus de culture.<br />
Nature du sol<br />
Tout comme l’eau, la vapeur traverse plus difficilement certains types<br />
de sol que d’autres. Les sols argileux sont les plus difficiles à traiter<br />
et leur traitement peut nécessiter davantage de temps que le terreau<br />
ou les sols sablonneux. Pour certains producteurs, les sols très lourds<br />
sont un véritable obstacle à la pasteurisation.<br />
4. Problèmes courants associés à la vapeur<br />
Accumulation ulation de sels solubles<br />
Les températures élevées augmentent la solubilité de nombreux<br />
composés, notamment des phosphates et d’éléments comme le<br />
manganèse, le zinc, le fer, le cuivre et le bore. Leur quantité dans le<br />
sol s’en trouvera souvent augmentée après pasteurisation. Bien qu’il<br />
soit possible de filtrer la plupart des sels, évitez au maximum de le<br />
faire car cela augmente le risque de contamination du sol et de<br />
l’eau. Bien entendu, les programmes de fertilisation tiendront<br />
compte des analyses du sol pratiquées avant la plantation.<br />
Toxicité du manganèse<br />
anèse<br />
De nombreux sols contiennent naturellement des quantités élevées<br />
61
de manganèse mais seule une faible quantité est disponible pour les<br />
plantes : l’ion manganeux Mn + + . Toutefois, les températures élevées<br />
pour pasteuriser favorisent la conversion du manganèse nondisponible<br />
en disponible. Une forte teneur en manganèse est toxique<br />
en soi et provoque une brûlure des extrémités des feuilles, notamment<br />
les plus vieilles; elle entrave également l’assimilation du fer (les<br />
symptômes de carence en fer sont fréquents quand le manganèse est<br />
important). Il est donc important de ne pas trop pasteuriser le sol<br />
pour éviter l’accumulation de manganèse (plus le sol est exposé à des<br />
températures élevées, plus la quantité de manganèse converti sera<br />
importante). Par ailleurs, les pH élevés (basicité) favorisant la conversion<br />
inverse, des formes disponibles du manganèse en formes nondisponibles,<br />
on peut ajouter de la chaux avant la pasteurisation.<br />
Toxicité de l’ammonium<br />
Les sols ou substrats riches en matière organique peuvent libérer<br />
d’importantes quantités d’ammonium après pasteurisation. C’est le<br />
cas des sols amendés avec du fumier ou du compost et de la tourbe<br />
décomposée. L’azote existe naturellement dans le sol sous deux formes<br />
de base: ammoniaque et nitrates. Dans des conditions normales,<br />
l’azote sous forme d’ammoniaque se transforme constamment en<br />
azote sous forme de nitrate par certaines bactéries du sol, comme<br />
expliqué précédemment. C’est un mélange de ces deux formes qui<br />
est le plus profitable à la croissance des plantes. Les plantes supportent<br />
souvent mieux des quantités importantes d’azote sous forme de nitrate<br />
qu’un surplus d’ammonium, qui leur est souvent toxique.<br />
Au cours de la pasteurisation, ces bactéries sont pratiquement toutes<br />
éliminées. Cependant, leur vitesse de re-colonisation est différente: même<br />
si les bactéries ammonifiantes peuvent former une population importante<br />
en quelques semaines seulement, en libérant des quantités importantes<br />
d’azote ammoniacal, les bactéries nitrifiantes n’atteindront des niveaux<br />
capables de stabiliser l’ammonium qu’au bout de six semaines environ.<br />
Bactéries<br />
ammonifiantes<br />
Bactéries<br />
nitrifiantes<br />
Matière organique Ammonium Nitrate<br />
NH 3<br />
+ NO 4<br />
(Source: Nelson, 1998)<br />
62
Les plantes affectées par un excès d’ammoniaque auront une apparence<br />
jaunie et brûlée. Ce problème s’estompe dès que les nitrates atteignent<br />
des quantités normales; on peut prévenir ce problème voire le corriger<br />
avec un filtrage. On doit ajouter un amendement organique après<br />
pasteurisation, et non avant. Ces symptômes ne surviennent pas dans<br />
des substrats comme la tourbe horticole, naturellement pauvre en azote.<br />
Ré-infestation<br />
Une zone traitée à la vapeur ne restera pas stérile très longtemps.<br />
En fait, tout micro-organisme pénétrant dans un milieu stérile<br />
pourra librement se reproduire sans concurrence. Il convient donc<br />
d’éviter toute ré-infestation d’un sol traité. Quelques conseils utiles<br />
à ce sujet:<br />
* N’utiliser que des matières végétales saines<br />
* Replanter les zones traitées dès que possible, de préférence<br />
quand le sol refroidit.<br />
* Eviter au maximum toute perturbation ou manipulation du sol.<br />
* Respecter les mesures d’hygiène relatives à la LPI décrites au<br />
chapitre 2. S’assurer que travailleurs, outils et autres ne<br />
proviennent pas d’une zone infestée. Désinfecter outils et<br />
chaussures dès que possible.<br />
* Ajouter soigneusement du compost convenablement traité et/<br />
ou des organismes utiles lorsque le sol est encore tiède.<br />
Exemples d’application<br />
L’une des principales préoccupations liées à la pasteurisation du sol est<br />
son coût. Ce dernier pouvant être élevé, cette inquiétude est justifiée.<br />
Toutefois, intégré à un programme de LPI, il peut être réduit et est<br />
comparable à celui des techniques de fumigation par substances<br />
chimiques, comme l’illustrent les exemples suivants:<br />
Pasteurisation du sol pour traiter la fusariose de l’oeillet<br />
Dans cette étude de cas, on a comparé les coûts du traitement du sol<br />
par pasteurisation et plusieurs autres fumigants du sol dans le traitement<br />
de la fusariose de l’œillet provoquée par le Fusarium oxysporum f. sp.<br />
dianthi. Le producteur concerné mène un programme de LPI<br />
approfondi pour réduire autant que possible la fréquence des infestations<br />
et pasteurise une profondeur de 30 cm. Autrement, un traitement<br />
63
à la vapeur coûterait trois fois plus cher. Il sera nécessaire de traiter une<br />
profondeur d’au moins 80 cm, ce qui demande beaucoup de temps,<br />
comme le montre l’étude de cas en fin de chapitre. Cette approche de<br />
contrôle de la maladie devrait toujours être préventive puisque la<br />
rentabilité de la production de cette fleur est menacée à partir de 8% de<br />
pertes.<br />
Tableau 10. Comparaison des coûts généraux entre plusieurs<br />
fumigants et pasteurisation pour stériliser le sol<br />
FUMIGANT<br />
COUT PAR HECTARE*<br />
Dazomet (Basamid®) $5,680<br />
Métam-sodium (Vapam®, Buma®) $5,120<br />
Dichloropropène (Télone®) $8,000<br />
Bromure de Méthyle $5,030<br />
Vapeur** $6,970<br />
Chiffres en US dollars. Données fournies par Jardines de los Andes, Flexport de Colombia, Bogotá, et Cultivos<br />
Miramonte, Medellín, Colombie (Rodríguez-Kabana and Martínez, 1997)<br />
* Coûts de main d’oeuvre inclus<br />
** Faible incidence de maladie<br />
Pour des coûts comparables à ceux d’autres fumigants, la pasteurisation<br />
offre des avantages supplémentaires: les fumigants du sol nécessitent<br />
souvent une période d’attente (parfois supérieure à 30 jours) avant de<br />
pouvoir replanter alors qu’il est possible de le faire immédiatement dans<br />
des sols traités à la vapeur. Par ce seul fait, les zones traitées à la vapeur<br />
permettent un mois de production supplémentaire de fleurs représentant<br />
par hectare environ 200 000 fleurs exportables, soit US$15 000.<br />
Selon les producteurs utilisant la vapeur, les fleurs sont plus vigoureuses<br />
et plus productives. Mieux encore, ils cultivent des œillets sur la même<br />
exploitation depuis plus de 20 ans avec des pertes de 3% maximum,<br />
preuve d’une production réellement durable. Peu de producteurs<br />
peuvent se targuer de cette réussite, vu l’agressivité et la virulence de ce<br />
pathogène dans les sols colombiens qui a obligé des producteurs à opter<br />
pour une autre culture.<br />
Si elle n’est pas correctement appliquée, la pasteurisation peut s’avérer<br />
une expérience extrêmement coûteuse et frustrante. Le tableau 11 cidessous<br />
présente les coûts du traitement d’une parcelle d’un hectare<br />
par pasteurisation pour éliminer la fusariose de l’œillet lorsque:<br />
64
a) L’incidence de la maladie est faible (vapeur injectée à 30 cm)<br />
b) L’incidence de la maladie est moyennement grave (vapeur injectée à<br />
30 cm pour la moitié du traitement et à 80 cm pour l’autre moitié) et<br />
c) L’incidence de la maladie est élevée (vapeur injectée à 80 cm<br />
pendant tout le traitement)<br />
La principale différence entre les trois traitements réside dans la<br />
profondeur à laquelle la vapeur est injectée, ce qui se répercute<br />
fortement sur les coûts énergétiques. Lorsque la maladie est<br />
sévèrement installée, les quantités de population du champignon<br />
dans le sol sont importantes, et il faut plus longtemps pour atteindre<br />
les niveaux de température permettant d’éliminer les spores.<br />
Tableau 11. Coûts de la pasteurisation par hectare pour éliminer la fusariose<br />
de l’œillet, en fonction de l’incidence de la maladie.<br />
Faible incidence<br />
1. Coûts directs<br />
Main d’œuvre<br />
2,003<br />
Source d’énergie<br />
3,379<br />
Maintenance<br />
109<br />
Amortissement du matériel<br />
318<br />
Autres matériels*<br />
262<br />
2. Coûts indirects<br />
Transpor<br />
ransport t de la Chaudière<br />
165<br />
Energie<br />
742<br />
Incidence moyenne<br />
3,258<br />
5,491<br />
177<br />
517<br />
429<br />
165<br />
1,208<br />
Incidence éleveé<br />
TOTAL<br />
$ 6,980 $ 11,245 $ 27, 415<br />
Chiffres en US dollars, données fournies par Flexport de Colombia, Bogotá, Colombie<br />
* tentes, râteaux, tuyaux, tubes flexibles etc.<br />
8,010<br />
13,515<br />
435<br />
1,270<br />
1,051<br />
165<br />
2,968<br />
Le tableau 11 illustre combien il est important d’empêcher que la<br />
maladie ne se propage et ne s’aggrave, ce qui ne s’accomplit<br />
efficacement qu’avec un programme de LPI. Dans le cas présenté, les<br />
poussées de fusariose sont soigneusement enregistrées au cours du cycle<br />
de production. Ensuite, après déracinement des cultures et pasteurisation<br />
du sol avant plantation, ces zones sont traitées à des profondeurs<br />
supérieures (60-80 cm). Ce traitement localisé est économiquement<br />
envisageable jusqu’à un certain point. Il est applicable dans cette<br />
exploitation floricole car les pertes dues à la fusariose n’excèdent pas 2-<br />
3% de la production. Lors de la re-plantation de nouvelles cultures, on<br />
plante des variétés résistantes là où la maladie a frappé auparavant, ce<br />
qui réserve les zones plus saines aux variétés sensibles.<br />
65
Chapitre 4<br />
Compostage<br />
Au départ, le compostage répondait au problème posé par les grandes<br />
quantités de résidus de fleurs dans des exploitations floricoles. On recourt<br />
aujourd’hui de plus en plus au compostage car il permet d’obtenir un<br />
excellent amendement et, de surcroît, il contient également<br />
d’importantes quantités d’organismes utiles qui empêchent l’apparition<br />
de maladies du sol et contribuent à les éliminer.<br />
Les déchets végétaux (provenant de la taille, de fleurs cassées ou arrachées<br />
ou quantités supérieures lors de nouvelles plantations) posaient jadis<br />
un problème pour les producteurs qui ne savaient que faire de ces tonnes<br />
de matières végétales inutilisées. Des monticules entiers de ces déchets<br />
se forment à certaines périodes quand il faut arracher, après la période<br />
de production, les roses, œillets, chrysanthèmes, etc. (tous les 4 mois<br />
ou même tous les 10 ans) (voir tableau 12). Selon des calculs réalisés<br />
par des experts, chaque hectare cultivé produit quotidiennement<br />
quelques 2,25 m 3 de déchets végétaux.<br />
Tableau 12. Volume de déchets végétaux obtenu lors de l’arrachage d’un<br />
hectare de fleurs<br />
Type de fleur<br />
Tonnes par Ha Fréquence<br />
Œillets 25/Ha Tous les 2 ans<br />
Chrysanthèmes 9/Ha Toutes les 14 semaines<br />
Roses 30/Ha Tous les 8-10 ans<br />
Gypsophile 5/Ha Toutes les 22 semaines<br />
Source: Dimensión Ambiental de los cultivos de flores (Asocolflores, 1991)<br />
On s’aperçoit aujourd’hui que les anciennes solutions consistant à<br />
brûler, jeter ou simplement enfouir endommageaient<br />
l’environnement, occupaient de l’espace, nécessitaient de la main<br />
d’œuvre et étaient onéreuses. Des producteurs du monde entier ont<br />
alors commencé à fabriquer du compost avec l’aide de lombrics.<br />
67
Cette méthode s’est révélée une excellente solution au problème. On<br />
s’est rapidement aperçu que l’humus riche obtenu était un engrais efficace<br />
qui contribuait également à restaurer la flore du sol en éliminant parasites<br />
et pathogènes du sol et en augmentant la capacité de rétention d’eau.<br />
1. Procédé du compostage<br />
En général, le compostage (normalement pratiqué à ciel ouvert) consiste<br />
à empiler sur une certaine épaisseur des matières végétales et laisser passer<br />
un laps de temps pendant lequel s’opère le processus de décomposition.<br />
Pour accélérer le processus, les matières végétales sont coupées ou hachées.<br />
Les conditions environnementales sont très importantes (voir page 73).<br />
Selon les végétaux utilisés, le compostage durera 4 à 5 mois.<br />
Dès le début du compostage, la température à l’intérieur du tas de matières<br />
végétales augmentera et atteindra 60°C environ. Cette température peut<br />
être considérée comme un processus naturel de pasteurisation; elle<br />
éliminera la plupart des champignons ou bactéries nocives pouvant se<br />
trouver dans les végétaux. Les pics de température se produiront toutes<br />
les quatre semaines environ, mais ce pic ira de façon décroissante au fil du<br />
cycle de formation du compost. Cette courbe « en cloche » indique quand<br />
il faut aérer la matière compostée (voir graphique 2).<br />
Il est important d’apprendre à reconnaître quand le compost est mature<br />
car un compost immature appliqué dans le sol peut se révéler phytotoxique<br />
pour les plantes cultivées en raison des quantités importantes<br />
d’ammoniaque qu’il renferme. Une approche empirique sera la meilleure.<br />
Voici les étapes à suivre pour composter des matières végétales:<br />
Photo: Marta Pizano.<br />
Fig. 24. Un petit hachoir de ce type peut traiter<br />
une grande quantité de déchets de rosiers.<br />
Hachage (coupe) des matières<br />
es<br />
végétales<br />
Des morceaux de petite taille,<br />
réguliers, se décomposeront plus<br />
rapidement et uniformément.<br />
Toutefois, la taille appropriée dépend<br />
de la quantité d’eau des plantes (des<br />
tiges très aqueuses comme celles de<br />
l’Alstroemeria sont difficiles à<br />
couper) et de l’outillage disponible.<br />
68
Photo: Marta Pizano.<br />
Construction du tas<br />
Constituer des couches en<br />
commençant par du sable ou autre<br />
matériau favorisant le drainage,<br />
alterner ensuite les couches avec des<br />
matières végétales, des enveloppes<br />
de riz ou autre matériau poreux<br />
permettant une bonne aération et<br />
une source d’azote (ex: fumier de<br />
vache ou de porc ou formulation<br />
liquide d’azote le cas échéant).<br />
Bâchage<br />
Fig. 26. Comme ici, il est possible de couvrir<br />
les tas de compost pour empêcher une humidité<br />
excessive. Le film devra être percé pour<br />
permettre un échange gazeux.<br />
Fig. 25. Tas préparés pour le<br />
compostage.<br />
Recouvrir le tas directement d’un film<br />
polyéthylène ou placer le tas sous un<br />
abri plastique. Certains producteurs<br />
placent les tas de compost directement<br />
dans les champs. Cette étape vise à<br />
garantir un taux d’humidité satisfaisant<br />
à l’intérieur du tas. Dans des régions<br />
pluvieuses, un toit s’avère utile. Dans<br />
le cas du film plastique, des trous<br />
devront être percés pour permettre les<br />
échanges gazeux.<br />
Brassage du compost<br />
Selon l’évolution de température (voir graphique 2<br />
2), il conviendra de<br />
retourner le tas toutes les quatre semaines environ, étape essentielle<br />
pour permettre une aération adéquate.<br />
Photo: Marta Pizano.<br />
Fig. 27. La vapeur émanant de tas de compost montre les<br />
températures élevées atteintes au cours de ce processus, ce qui garantit<br />
une pasteurisation naturelle.<br />
Photo: Marta Pizano.<br />
69
Récolte<br />
Le compost sera utilisable<br />
après avoir été retourné trois<br />
ou quatre fois (soit 3-4 mois),<br />
selon le type de fleur et les<br />
conditions du milieu.<br />
Toutes les quatre semaines<br />
environ, la température intérieure<br />
du tas atteint un pic (au départ,<br />
ce pic est assez élevé, 60°C, puis<br />
diminue) lorsque la respiration et<br />
l’activité métabolique des microorganismes<br />
sont maximales. Il est<br />
alors important d’aérer la matière<br />
en décomposition en la<br />
retournant pour assurer une<br />
teneur suffisante en oxygène. Il<br />
est possible de retourner le tas à<br />
la main avec une pelle mais un<br />
tracteur et une bineuse seront<br />
nécessaires pour des tas<br />
importants. La vapeur qui s’en<br />
dégage indique la chaleur de l’intérieur du tas.<br />
Fig. 28. Tas de compost à différentes phases en<br />
Colombie. Le substrat noir et humide au premier<br />
plan est prêt à l’emploi.<br />
Fig. 29. Compost prêt à l’emploi au Zimbabwe.<br />
Graphique 2. Evolution de la température à l’intérieur de tas de compost<br />
(représentation schématique)<br />
Photo: Marta Pizano.<br />
Photo: Marta Pizano.<br />
70<br />
60<br />
50<br />
40<br />
30<br />
Température<br />
Témperature<br />
20<br />
10<br />
0<br />
Semaine 1<br />
Semaine 2<br />
Semaine 3<br />
Semaine 4<br />
Semaine 5<br />
Semaine 6<br />
Semaine 7<br />
Semaine 8<br />
Semaine 9<br />
Source: Moreno, M. Jardines de los Andes, Bogotá, Colombia, 1999.<br />
70
2. Facteurs majeurs à considérer<br />
er<br />
Pour procéder au compostage, il faut étudier les infrastructures au sein<br />
de l’exploitation:<br />
Collecte de matière e végétale<br />
Il est essentiel d’élaborer un programme adéquat de classification et de<br />
regroupement de déchets végétaux. Des matériaux d’origine diverse<br />
(plastiques, fils de fer, élastiques,<br />
etc.) ne se décomposeront<br />
évidemment pas et<br />
pourraient compliquer la suite<br />
du processus. Une fois encore,<br />
une formation adéquate<br />
s’impose. Placer les substances<br />
végétales dans des poubelles,<br />
sacs ou autres. S’assurer<br />
qu’elles sont régulièrement<br />
emmenées sur le site du<br />
compostage (quotidiennement,<br />
hebdomadairement ou<br />
selon l’ampleur de l’opération).<br />
Toutes les matières<br />
végétales peuvent être<br />
utilisées, c’est à dire coupes de<br />
gazon, mauvaises herbes et<br />
autres plantes ou parties de<br />
plantes (à l’exception, bien<br />
entendu, des plantes malades<br />
écartées dans le cadre des<br />
programmes de contrôle des<br />
maladies).<br />
Fig. 30. Espace adéquat pour les déchets végétaux,<br />
à l’extérieur d’un lieu de triage.<br />
Fig. 31. Il est difficile de procéder au compostage si l’on<br />
se contente d’accumuler le matériel végétal comme<br />
présenté ici, ou si l’on ne trie pas suffisamment les déchets.<br />
Lieu de hachage<br />
Bien choisir son site de hachage des végétaux est important. Il<br />
conviendra également d’évaluer la quantité de substance végétale à<br />
hacher; si les substances végétales s’accumulent, elles seront difficiles<br />
à traiter. Le hachage doit donc s’opérer quotidiennement ou<br />
hebdomadairement selon les volumes produits. Une fois encore, ne<br />
pas laisser de grandes quantités de substances à l’abandon car elles<br />
risqueraient de pourrir, ce qui fausserait les résultats escomptés.<br />
Photo Natalia Martínez et Rodrigo Rodríguez.<br />
Photo: Marta Pizano.<br />
71
Photo: Marta Pizano.<br />
Fig. 32. Importante opération de compostage<br />
au Kenya.<br />
Lieu de compostage<br />
Il faudra opter pour des endroits<br />
spacieux, bien ventilés. Le lieu de<br />
compostage n’est pas une<br />
décharge: il doit être propre et bien<br />
aéré, facile d’accès et constituer un<br />
cadre de travail agréable. Les<br />
employés doivent comprendre<br />
l’objet du compostage et ses<br />
avantages.<br />
Période d’application<br />
La période idéale pour<br />
appliquer le compost est la<br />
phase de pré-plantation, juste<br />
après la pasteurisation, avec un<br />
apport simultané d’organismes<br />
utiles comme le Trichoderma<br />
ou des complexes bactériens,<br />
levures, etc. qui permettront au<br />
sol de restaurer sa microflore.<br />
Le cycle court de fleurs comme<br />
le chrysanthème permettent<br />
facilement de recourir à cette<br />
pratique. Toutefois, dans le<br />
monde entier, des producteurs<br />
appliquent ces substances<br />
directement sur des couches<br />
plantées de roses, d’œillets et<br />
même de fleurs tropicales<br />
comme les héliconias. Le compost<br />
est délicatement incorporé<br />
dans le sol, en prenant soin de<br />
ne pas abîmer ou déranger les<br />
racines des plantes.<br />
Fig. 33. Application de compost sur un sol<br />
récemment pasteurisé. On aperçoit au fond une<br />
chaudière mobile au diesel.<br />
Fig. 34. Compost en sacs prêt à être appliqué aux<br />
plants de rosiers.<br />
D’autres facteurs ne sont pas directement liés à l’infrastructure ou à<br />
l’organisation de l’exploitation mais au procédé de compostage lui-même:<br />
Photo: Marta Pizano.<br />
Photo: Natalia Martínez et Rodrigo Rodríguez.<br />
72<br />
Taille et consistance des fibres végétales<br />
Les matières végétales dures et de grande taille sont difficiles à trans-
former en compost et prendront un temps certain pour ce faire.<br />
Elles sont également encombrantes. Il convient alors de les hacher,<br />
broyer ou écraser à l’aide de machines adaptées réduisant leur volume<br />
de 70% environ. Il est également conseillé de traiter séparément<br />
les différents types de fleurs, ou au moins de les regrouper en fonction<br />
de leur compatibilité. Ainsi, le compostage sera différent pour les<br />
alstroemérias et pour les roses, la première variété étant plus aqueuse.<br />
Gaz ou liquides danger<br />
ereux<br />
eux<br />
Les gaz ou liquides produits par décomposition de matière végétale peuvent<br />
avoir une odeur désagréable et être dangereux pour l’environnement. Ceci<br />
s’explique du fait que les substances végétales ont presque toujours été<br />
exposées aux pesticides et engrais chimiques. Il faudra aérer convenablement<br />
et récolter les liquides pour résoudre ce problème. Une odeur nauséabonde<br />
et/ou la présence de mouches autour des tas de compost indiquent<br />
clairement que le compostage ne s’opère pas correctement et que le procédé<br />
devra être réétudié. Toutefois, il est normal que le compost ou l’humus<br />
produise des effluents liquides qui, en fait, contiennent des éléments nutritifs<br />
et des micro-organismes utiles et peuvent être ré-appliqués sur la culture.<br />
Il est plus aisé de récolter ces effluents si le terrain sur lequel est placé le tas<br />
de compost est légèrement en pente.<br />
Teneur adéquate en micro-or<br />
o-organismes<br />
Les micro-organismes appropriés permettront un compostage plus efficace<br />
et plus rapide. Bien que les bactéries et champignons normalement associés<br />
aux végétaux suffisent généralement, il peut être utile d’ajouter des mélanges<br />
de levures, bactéries utiles comme les Streptomyces et certains champignons<br />
pour améliorer le processus et l’accélérer. Il est possible de cultiver<br />
directement sur place ces organismes utiles dans de grands récipients, en<br />
utilisant des milieux simples comme le lait ou le yaourt, une source de<br />
sucre comme la mélasse et une source d’azote. Les laboratoires qui<br />
fournissent ces organismes apportent souvent l’aide technique nécessaire.<br />
Facteurs environnementaux adéquats<br />
Pour que le compost se développe correctement, il faut réunir les conditions<br />
adéquates de pH, de température, d’humidité et de teneur en<br />
oxygène. Les bactéries et les champignons mourront si l’humidité n’est<br />
pas appropriée; un taux d’humidité de 30-40% est nécessaire et il faudra<br />
souvent arroser avec un peu d’eau les tas de compost. Certains producteurs<br />
recouvrent les tas de compost avec du film polyéthylène pour conserver<br />
l’humidité. Il faut alors perforer ce film pour que l’air circule.<br />
73
On obtient une meilleure aération en retournant la matière végétale toutes<br />
les 3-4 semaines. Certains producteurs placent des tuyaux dans les tas<br />
pour faire office de « trous de respiration » avec des résultats satisfaisants.<br />
La hauteur du tas est également importante et ne doit pas excéder 1,60m;<br />
sinon, la teneur en oxygène ne sera plus optimale au centre et à la base du<br />
tas, induisant des conditions anaérobiques indésirables.<br />
Maturité<br />
L’expérience est le meilleur allié pour reconnaître le stade de maturité<br />
adéquat auquel on peut récolter le compost. Le compost utilisable<br />
est noir foncé (voire rouge, selon l’emplacement), spongieux, humide<br />
et a une odeur de terre. On sait que l’application d’un compost immature<br />
sera dangereuse pour les plantes, probablement en raison de<br />
sa teneur élevée en ammonium. Il pourrait également renfermer encore<br />
des graines de mauvaises herbes, parasites et maladies dans des<br />
proportions trop élevées susceptibles d’infester à nouveau la terre.<br />
3. Lombrics<br />
Bien que l’on puisse utiliser directement le compost comme engrais ou<br />
amendement du sol avec d’excellents résultats, certains producteurs<br />
préfèrent procéder à une première étape de compostage et nourrir des<br />
lombrics avec cette matière végétale partiellement décomposée. L’espèce<br />
la plus fréquemment utilisée, Eisenia foetidia, appelée communément<br />
ver rouge ou ver de Californie, transforme le compost en un composé<br />
noir, humide et riche en s’en nourrissant que certains producteurs<br />
appellent «humus», «vermicompost» ou encore «compost de lombric».<br />
Photo: Marta Pizano.<br />
Fig. 35. Lombric rouge commun, Eisenia foetidia.<br />
74
Le tableau ci-dessous résume les avantages et inconvénients de<br />
l’utilisation directe du compost et de celle de l’humus:<br />
Tableau 13. Avantages et inconvénients de l’utilisation<br />
du compost ou de l’humus<br />
Humus Compost<br />
Textur<br />
exture Fine Grossière<br />
Eléments nutritifs<br />
Facilement apportés aux plantes Moins facilement apportés<br />
Consistance Lisse, uniforme Rugueuse, inégale<br />
Capacité de rétention d’eau Excellente<br />
Bonne<br />
Effet fet sur la structur<br />
ucture du sol Insignifiant Nette amélioration<br />
Coût<br />
Plus élevé, nécessite davan- Inférieur à celui de<br />
tage d’espace et de temps l’humus<br />
Types de plantes traitées Certaines sont difficiles à La majorité des plantes se<br />
dendranthema) et ajout transforment facilement en<br />
d’amendement nécessaire compost<br />
Lorsque l’on utilise des lombrics, on les conserve dans des « lits » spéciaux<br />
généralement assez peu profonds (60-80 cm) leur fournissant un<br />
environnement approprié. Pour conserver un pH neutre, il convient<br />
d’aérer convenablement et de maintenir une température adéquate.<br />
Certains producteurs conservent des « nurseries » de lombrics où se<br />
multiplient les vers nourris et soignés entre chaque activité. Les nurseries<br />
sont habituellement des récipients plus petits constamment chauffés, où<br />
les vers reçoivent un complément alimentaire composé de fumier, de<br />
préparations de micro-organismes et de fibres végétales pouvant provenir<br />
de vieux papiers ou cartons. D’autres producteurs ne voient pas la nécessité<br />
de cette étape mais quoi qu’il en soit, les lombrics peuvent contribuer à<br />
recycler les déchets de papier de bureaux.<br />
Le contrôle de l’environnement est particulièrement important dans le<br />
cas de l’utilisation de lombrics. Ils sont très sensibles au manque<br />
d’humidité; le pH doit être neutre et bien que celui du compost et de<br />
l’humus soit de 8 environ, les substrats acides seront nocifs aux lombrics;<br />
ils devront être corrigés avec des amendements comme du carbonate de<br />
calcium. Les lombrics se nourrissant principalement de champignons, les<br />
conditions doivent favoriser leur développement. Il est possible d’observer<br />
facilement des lombrics intoxiqués (ils deviendront blancs) tandis que<br />
sains, ils sont rouge vif.<br />
75
Résultats<br />
Jusqu’à quel point le compost est-il efficace et bénéfique ? Est-il coûteux? En<br />
vaut-il la peine? Telles sont les questions les plus fréquemment posées par les<br />
producteurs qui n’ont jamais essayé cette alternative. Les fervents adeptes<br />
avancent les nombreux avantages offerts comme une réduction de 50% des<br />
engrais chimiques, une nécessité inférieure (voire nulle) de pasteuriser le sol,<br />
une meilleure productivité entre autres. En voici quelques expériences:<br />
Tableau 14. Remplacement de la fertilisation inorganique (chimique)<br />
par de l’humus dans une pépinière de roses, en Colombie.<br />
Méthode traditionnelle<br />
Humus<br />
% Substitution 0% 50%<br />
Coût ha/mois* $350 $320<br />
* Traitement, main d’oeuvre, transport, application sur les plantes, engrais et autres matériaux inclus. N’inclut<br />
pas le coût du hachage ni de la terre destinée à la production de l’humus. Coûts en US dollars.<br />
Source: Valderrama, H., 1996 Las Flores S. A., Bogotá, Colombie<br />
Dans ce cas, 50% des engrais traditionnels ont été remplacés par de l’humus<br />
qui, à lui seul, représente 10% d’économie. D’autres producteurs rapportent<br />
des économies de 20%. D’autres avantages ont cependant été observés:<br />
* La haute concentration en sels solubles, qui touchent habituellement<br />
les roses, ont été moins problématiques car l’humus a fourni un meilleur<br />
équilibre en éléments nutritifs dans le sol.<br />
* Les besoins en eau étaient inférieurs de 15-20%, (les besoins en<br />
arrosage sont minutieusement contrôlés avec des tensiomètres dans<br />
cette exploitation) grâce à l’amélioration de la capacité de rétention<br />
d’eau apportée par l’humus.<br />
* La structure et le drainage du sol ont été améliorés.<br />
* Des plantes vigoureuses, saines et plus productives ont été observées,<br />
sans doute grâce aux facteurs précédemment soulignés, mais aussi<br />
aux micro-organismes provenant de l’humus, qui restaurent<br />
l’équilibre naturel et concurrencent les pathogènes et parasites.<br />
Tableau 15. Compost utilisé comme fertiliseur et amendement du sol<br />
dans une pépinière de Dendranthema<br />
Quantité de compost appliqué:<br />
30 Tonnes/Ha<br />
% de substitution d’un engrias chimique: 50%<br />
Capacité de rétention d’eau: Augmentée de 30 - 40%<br />
Réduction des coûts: 15 - 20%<br />
Stérilisation du sol:<br />
None<br />
Source: Jaramillo, F. and Valcárcel, F. 1998. Jardines de los Andes, Bogotá, Colombie<br />
76
Selon le producteur, le principal avantage du compost est de retrouver une<br />
terre saine. En effet, après avoir cultivé des chrysanthèmes pendant de<br />
nombreuses années dans la même terre, il commençait à rencontrer des<br />
problèmes avec des champignons du sol comme le Phoma et le Pythium,<br />
liés à la monoculture, à une structure du sol et une aération médiocres et à<br />
un problème de rétention d’eau. L’ajout de compost a quasiment éliminé<br />
tous ces problèmes et il n’est nul besoin de stériliser à la vapeur ou fumiger<br />
le sol, ce qui représente non seulement des économies substantielles mais<br />
également une approche plus respectueuse de l’environnement. L’une des<br />
raisons de cette amélioration réside dans un meilleur drainage et une<br />
meilleure aération du sol, empêchant le développement de ces champignons.<br />
En outre, un meilleur équilibre du sol est apporté par les microorganismes<br />
utiles contenus dans le compost qui rivalisent avec les pathogènes<br />
et les empêchent de se reproduire aussi rapidement.<br />
Comme pour les exemples précédents, les sels solubles posent moins de<br />
problèmes et permettent d’améliorer la vigueur et la productivité de la<br />
plante. Dans les pépinières de Dendranthema, on peut facilement<br />
incorporer le compost dans le sol car les cycles de culture sont courts (4<br />
mois environ) et les plantes doivent être totalement ôtées pour en replanter<br />
d’autres. Des producteurs du Costa Rica appliquent de l’humus aux<br />
chrysanthèmes au cours du cycle de culture avec d’excellents résultats.<br />
Une autre étude de cas intéressante a été réalisée au Mexique, où certains<br />
producteurs de chrysanthèmes ont commencé à utiliser du compost<br />
amendé de Trichoderma sp, des extraits de plantes obtenus à partir de<br />
Tagetes (œillets d’Inde) et d’un mélange composé d’algues marines.<br />
Ce système est utilisé comme alternative au bromure de méthyle pour<br />
éliminer les champignons comme le Phytophthora sp, le Rhizoctonia<br />
solani et le Pythium sp, et les vers blancs (Phyllophaga sp).<br />
Bien que ce système oblige les producteurs à acquérir de nouvelles techniques<br />
de production, ils permettent d’économiser près de 40% des<br />
coûts supportés dans la fumigation traditionnelle au bromure de méthyle.<br />
Par ailleurs, la quantité de tiges de première qualité serait plus importante.<br />
Pour les producteurs qui utilisent avec succès le compostage, cette alternative<br />
résout plusieurs difficultés. Certains problèmes subsistent toutefois: par<br />
exemple, les producteurs d’œillets hésitent toujours à appliquer du compost<br />
d’œillet aux cultures de la même espèce, car ils n’ont aucune garantie de<br />
77
l’absence de Fusarium oxysporum f.sp. dianthi. D’autres affirment que la<br />
réduction de la population de ce champignon est assez significative pour<br />
qu’un programme de LPI adapté permette un meilleur résultat encore.<br />
Tableau 16. Comparaison du coût entre le bromure de méthyle et le<br />
compost pour éliminer les maladies du sol au Mexique (US$/m²)<br />
Apports<br />
ts<br />
Compost amendé<br />
Bromur<br />
omure e de Méthyle<br />
Bromure de Méthyle 0 0.33<br />
Bâches plastiques pour la fumigation 0 0.16<br />
Engrais chimique 0 0.01<br />
Pesticides 0 2.49<br />
Compost 0.18 0<br />
Trichoderma 0.02 0<br />
Insecticides botaniques, autres<br />
substances biologiques* 0.21 0<br />
Autres coûts fixes** 1.53 1.53<br />
Main d’œuvre*** 1.82 1.82<br />
Coût total sans la main d’œuvre 1.94 4.52<br />
Coût total avec la main d’œuvre 3.75 6.34<br />
Source: Trueba, S. 2000. Dans: Case studies of Alternatives to Methyl Bromide. PNUE<br />
* Eléments nutritifs des feuilles, insecticides des plantes et élimination des virus<br />
** Electricité, eau, terre, couvertures plastiques des serres<br />
*** La plupart de la main d’œuvre est fournie par la famille du producteur. Coûts calculés dans des<br />
petites exploitations.<br />
78
Chapitre 5<br />
Substrats hors-sol<br />
Quelques pays comme les Pays-Bas et Israël recourent depuis de nombreu<br />
ses années à la culture de fleurs coupées sur couches surélevées et dans<br />
des substrats artificiels (inertes) ou hors-sol (parfois appelée production<br />
hydroponique). La raison de l’utilisation de ces techniques est<br />
souvent liée à la présence de sols pauvres peu propices à la production floricole<br />
ou légumière.<br />
Les couches surélevées ou isolées autrement présentent plusieurs avantages,<br />
notamment la possibilité de stériliser correctement une quantité limitée de<br />
substrat. Elles permettent également de mieux contrôler la nutrition des plantes.<br />
Les producteurs du monde en voie de développement estimaient naguère que<br />
cette technique était trop coûteuse et relevait de la « haute-technologie ». Des<br />
matériaux comme la laine de roche ou même la tourbe horticole étaient souvent<br />
indisponibles et devaient être importés. Les sols et les couches surélevées<br />
bétonnés sont souvent onéreux. Tous ces facteurs, auxquels s’ajoute l’abondance<br />
de sols riches et fertiles disponibles, expliquent pourquoi la culture hors-sol ne<br />
s’est pas répandue dans les pays tropicaux et subtropicaux, grands producteurs<br />
de fleurs. Pendant longtemps, lorsque les maladies du sol, difficiles à éradiquer,<br />
provoquaient d’importantes pertes économiques, un producteur plantait sa<br />
culture suivante sur un sol « nouveau », laissant les zones infestées pour produire<br />
d’autres espèces, non-sensibles.<br />
Pourtant, la situation évolue depuis plusieurs années. Les industries floricoles<br />
se sont très souvent développées autour des grandes villes, où des aéroports<br />
internationaux sont facilement accessibles pour expédier leurs produits.<br />
Toutefois, avec le développement urbain, la terre devient plus chère et<br />
l’expansion des exploitations limitée, d’où la difficulté de se procurer du<br />
sol nouveau. Par ailleurs, la consommation de certains fumigants à large<br />
spectre sera interdite (comme le bromure de méthyle) ou limitée pour des<br />
raisons sanitaires ou environnementales (car responsables de cancers ou de<br />
malformations de naissance, risques de contamination de l’eau, etc.). La<br />
79
vapeur est trop onéreuse pour traiter les sols renfermant d’importantes<br />
populations de pathogènes. Toutes ces raisons ont poussé les floriculteurs<br />
à rechercher des matériaux et systèmes disponibles localement, adaptables<br />
à la production hors-sol et économiquement rentables.<br />
L’expérience montre que les substrats hors-sol sont une bonne alternative au<br />
bromure de méthyle surtout quand ils font partie d’un programme de LPI.<br />
1. Rôle d’un substrat<br />
Un bon substrat doit remplir quatre fonctions:<br />
♦<br />
♦<br />
♦<br />
♦<br />
Favoriser l’enracinement des plantes,<br />
Contenir des éléments nutritifs,<br />
Apporter l’eau, et<br />
Permettre un bon échange gazeux (aération)<br />
Un substrat seul ne remplira pas toujours ces quatre fonctions et l’on<br />
doit alors procéder à des mélanges. Par exemple, le sable permet une<br />
bonne aération mais n’apporte ni eau ni éléments nutritifs qui filtrent<br />
facilement. Par ailleurs, l’argile retient l’eau à tel point que la teneur en<br />
oxygène est parfois réduite à des niveaux dangereux pour les plantes.<br />
Aussi, les producteurs élaborent-ils un mélange pour favoriser<br />
l’enracinement (empotage) en combinant plusieurs éléments afin d’obtenir<br />
un substrat capable de remplir toutes ces fonctions.<br />
Parmi ces propriétés, seule la première (enracinement) est inhérente à un<br />
substrat. En d’autres termes, d’autres facteurs comme la manipulation et la<br />
procédure de récolte n’influent pas sur le substrat. Les autres fonctions<br />
(aération, capacité de rétention d’eau et d’éléments nutritifs) sont influencés<br />
par des facteurs comme le pouvoir de compactage, l’arrosage et le pH que le<br />
producteur doit gérer. Dans certains cas cependant, le poids ou « densité de<br />
plantation » du substrat est également important pour éviter que les plantes<br />
ne tombent, on peut alors utiliser des fils de fer ou des filets pour soutenir les<br />
plantes qui croissent dans des substrats légers (voir exemples page 85).<br />
Les producteurs savent depuis longtemps que la terre naturelle n’est pas<br />
indispensable pour le développement des cultures. On peut retrouver les<br />
propriétés physiques et chimiques de la terre dans d’autres matériaux et l’on<br />
apporte autrement les éléments nutritifs aux plantes. En fait, on peut cultiver<br />
80
des plantes directement dans de l’eau amendée d’engrais. Il s’agit du procédé<br />
hydroponique. Pourtant, la terre est un bon régulateur et peut compenser<br />
des erreurs de fertilisation car elle contient au moins quelques éléments nutritifs<br />
nécessaires aux plantes. Les systèmes hors-sol nécessitent un contrôle plus<br />
strict des quantités d’éléments nutritifs, que l’on peut mener avec la<br />
conductivité électrique (CE), un pH-mètre et des analyses foliaires et du sol.<br />
2. Types de Substrats<br />
On utilise de nombreux types de substrats dans l’industrie de la culture<br />
sous serre. La tourbe horticole, le sable, les écorces et matières inertes<br />
comme la vermiculite et la laine de roche sont les plus utilisés. On les<br />
utilise souvent en mélanges et proportions différents.<br />
Ces dernières années, d’importantes recherches et expériences ont été<br />
menées pour trouver des substrats de substitution pour répondre à divers<br />
problèmes. La tourbe, par exemple, est un matériau naturel obtenu à partir<br />
des marécages de pays septentrionaux. Une récole continue de cette substance<br />
pourrait être préoccupante car elle se forme très lentement et n’est<br />
pas facilement remplacée. De surcroît, importer de la tourbe dans des pays<br />
où elle n’est pas produite s’avère trop onéreux. La laine de roche, elle, ne<br />
pose pas de problème écologique et est très durable; elle n’est cependant<br />
pas disponible dans tous les pays et devrait alors être importée à des prix<br />
souvent trop élevés pour être rentable dans une production à grande échelle.<br />
Chacun doit apprendre à adapter la technologie aux conditions locales.<br />
On étudie l’utilisation de nouvelles substances comme les enveloppes<br />
de riz, les fibres de coco (coir), le compost, différents types d’écorce et<br />
la sciure de bois. On utilise depuis longtemps les scories volcaniques et<br />
la pierre ponce. Voici les caractéristiques de ces matériaux:<br />
Coir<br />
Le matériau fibreux situé entre la surface extérieure et l’intérieur<br />
de la coque dure de la noix de coco, appelé en botanique mesocarp,<br />
renferme de longues fibres résistantes utilisées pour fabriquer<br />
différents types de matériaux comme le rembourrage, la ficelle, les<br />
filtres et les brosses. Les fibres plus courtes, déchiquetées, la poussière<br />
et la médule inutilisées servent en horticulture de substrat<br />
d’enracinement appelé « coir ». Le coir peut, lorsqu’il est humide,<br />
être comprimé puis séché pour faciliter le transport sur long parcours<br />
81
Photo: Marta Pizano.<br />
Fig. 36. Orchidées cultivées sur des coques de coco au Costa Rica.<br />
en raison de sa légèreté ; réhydraté, il est immédiatement utilisable.<br />
Sa performance est comparable à celle de la tourbe, à quelques<br />
exceptions près: sa texture plus fine ne permet pas une aération<br />
aussi bonne mais son pouvoir de réhydratation est bien meilleur.<br />
Les propriétés physiques et chimiques du coir varient selon sa source<br />
d’origine et de nombreux producteurs l’utilisent combiné avec<br />
d’autres matériaux. D’excellents résultats ont cependant été obtenus<br />
lorsqu’il était utilisé seul: gerberas aux Pays-Bas, plantes d’ornement<br />
et fleurs coupées en Côte d’Ivoire (voir tableau 19, p. 89).<br />
L’utilisation de ce matériau se développera probablement au cours<br />
des prochaines années.<br />
L’intégralité de l’ « écorce » de la noix de coco (le mésoderme,<br />
ainsi que la couche supérieure appelée ectoderme) est souvent<br />
utilisée pour cultiver les orchidées au Costa Rica et dans d’autres<br />
pays. Ces plantes ne nécessitent pas de substrat particulier car<br />
elles sont épiphytes (elles croissent sur d’autres plantes ou arbres).<br />
L’écorce de coco permet un enracinement idéal et la nutrition<br />
s’effectue presque totalement par la voie d’applications foliaires.<br />
Enveloppes de riz<br />
Il s’agit de dérivés de rizeries disponibles à des prix raisonnables<br />
dans les régions productrices de riz. Les enveloppes de riz ne<br />
sont pas véritablement inertes (ou non réactives) mais possèdent<br />
un bonne capacité d’aération et de rétention d’eau. Elles constituent<br />
un substrat efficace pour la culture d’œillets en<br />
Colombie (voir plus bas), d’anthuriums au Costa Rica entre<br />
autres. On ajoute à la terre du sol des enveloppes de riz depuis<br />
longtemps afin d’en améliorer l’aération et le drainage.<br />
82
Photo: Marta Pizano.<br />
Photo: Floraculture International.<br />
Fig. 37. Anthuriums cultivés dans<br />
des enveloppes de riz au Costa Rica.<br />
Fig. 39. Culture hydroponique<br />
des roses au Kenya.<br />
Fig. 38. Œillets cultivés dans des couches de sable<br />
en Hollande.<br />
Ecorce ce et sciure de bois<br />
L’écorce, la sciure et les copeaux de bois<br />
de toutes sortes peuvent être utilisés<br />
comme substrats et remplacent dans de<br />
nombreux pays la tourbe. Ils doivent être<br />
partiellement compostés (il faudra dans<br />
certains cas hacher ou couper en petits<br />
morceaux l’écorce) car utilisés frais, leur<br />
vitesse de décomposition est élevée et ils<br />
peuvent renfermer des substances toxiques<br />
dérivées du bois comme les résines ou les<br />
tanins, notamment dans le cas de la sciure.<br />
Le compostage de ces matériaux est<br />
identique à celui décrit au chapitre 4. Il<br />
vaut mieux utiliser des matériaux locaux<br />
car, à lui seul, le coût du transport de<br />
l’écorce et de la sciure est considérable par<br />
rapport au prix des matériaux eux-mêmes.<br />
Photo: Marta Pizano.<br />
Compost<br />
Il est possible d’utiliser du compost seul comme substrat avec<br />
d’excellents résultats, tant que les paramètres tels que le pH, la<br />
teneur en ammonium et d’autres sont contrôlés. En raison des<br />
nombreux avantages qu’il procure, nombre de producteurs<br />
préfèrent combiner le compost avec d’autres matériaux ou l’ajoutent<br />
aux couches du sol, comme décrit au chapitre 4. Le compost possède<br />
une excellente capacité de rétention d’eau, une capacité d’échange<br />
cationique et constitue une source importante d’éléments nutritifs.<br />
83
Photo: Marta Pizano.<br />
Photo: Marta Pizano.<br />
Roche volcanique (scorie, pierre<br />
ponce), vermiculite et autres<br />
es<br />
De nombreux autres matériaux<br />
sont utilisés comme substrats<br />
d’enracinement, seuls ou<br />
mélangés. Habituellement légers,<br />
ils permettent une bonne<br />
aération et certains (ex: vermiculite)<br />
possèdent une excellente<br />
capacité de rétention d’eau. Ils<br />
fournissent des quantités<br />
importantes de certains éléments,<br />
principalement le potassium et le<br />
magnésium. Certains sont inertes<br />
(non-réactifs) et favoriseront<br />
l’enracinement. Le procédé de<br />
culture sera alors identique à celui<br />
d’un système hydroponique. Des<br />
résultats intéressants ont été<br />
obtenus au Kenya, où l’on cultive<br />
des œillets dans des sacs remplis<br />
de pierre ponce. Le pH<br />
naturellement élevé de ce matériau limite le développement du<br />
champignon responsable de la fusariose.<br />
Fig. 40. Culture d’œillets dans des sacs remplis de<br />
pierre ponce au Kenya.<br />
Fig. 41. Culture de roses sur un substrat de laine de<br />
roche aux Pays Bas.<br />
Sable<br />
On utilise le plus souvent le sable en mélange dans des substrats<br />
d’enracinement pour sa capacité à améliorer le drainage et<br />
l’aération. Utilisé seul, d’excellents résultats ont été obtenus en<br />
Israël.<br />
3. <strong>Lutte</strong> antiparasitaire et traitement des maladies<br />
A lui seul, l’isolement des plantes du sol n’empêche pas l’apparition de<br />
maladies et parasites du sol. Ils peuvent toujours réapparaître, parfois<br />
même plus sévèrement si la solution nutritive est réintégrée. Il faudra<br />
donc suivre les recommandations faites précédemment pour éviter toute<br />
ré-infestation d’un substrat pasteurisé (voir chapitre 3). Les substrats<br />
hors-sol doivent être utilisés dans le cadre d’un programme de LPI.<br />
84
Il est possible de réutiliser un substrat à l’issue d’un cycle cultural si<br />
l’on élimine les mauvaises herbes, parasites et maladies fortement<br />
présents dans la précédente culture. Pasteuriser s’avère souvent efficace<br />
dans ce cas car cette technique est moins onéreuse qu’un traitement de<br />
la terre naturelle (voir la pasteurisation au chapitre 3).<br />
Exemples d’applications<br />
1. Culture des œillets dans du substrat d’enveloppes de riz en<br />
Colombie<br />
Des producteurs d’œillets colombiens à la recherche d’alternatives pour<br />
éliminer la fusariose ont expérimenté avec succès, ces dernières années,<br />
un système offrant les avantages de substrats artificiels placés en hauteur<br />
sans subir les coûts élevés liés à<br />
la construction de couches<br />
surélevées et des infrastructures<br />
nécessaires. Les « couches » sont<br />
constituées au-dessus d’un film<br />
polyéthylène épais placé à même<br />
le sol, qui les isole du sol. Les<br />
couches sont remplies d’enveloppes<br />
de riz partiellement brûlées<br />
à une profondeur de 15-20 cm.<br />
Le substrat est brûlé pour<br />
éliminer d’éventuels parasites ou<br />
Fig. 42. Couche de polyéthylène remplie<br />
d’enveloppes de riz partiellement brûlées pour la culture<br />
des œillets en Colombie.<br />
pathogènes et améliorer la texture. Cette opération est facile: il suffit de<br />
mettre le feu à des tas d’enveloppes de riz sèches puis de les asperger<br />
d’eau pour éteindre les flammes. Certains pays interdisent cependant cette<br />
pratique car elle contamine l’air et nécessite l’utilisation de fourneaux<br />
adéquats (souvent disponibles auprès des rizeries fournissant ce matériau).<br />
Les œillets sont alors cultivés dans ces couches suivant les pratiques<br />
culturales habituelles.<br />
Jusqu’à présent, les producteurs rapportent une importante réduction<br />
des pertes provoquées par F. oxysporum, notamment sur les variétés très<br />
sensibles (de 45% à 3% de pertes sur un cycle de production seulement).<br />
Comme pour les autres méthodes hydroponiques, cette pratique soulève<br />
d’autres problèmes, principalement liés à la fertilisation et l’arrosage, et<br />
un contrôle minutieux de ces deux paramètres est nécessaire.<br />
Photo: Marta Pizano.<br />
85
Pour passer des couches traditionnelles à ce système, un producteur<br />
devra suivre les étapes suivantes. Ce système pourra servir de modèle<br />
pour d’autres substrats tout aussi adaptés.<br />
Tableau 17. Elaboration étape par étape de couches de polyéthylène<br />
remplies d’enveloppes de riz pour la culture des œillets.<br />
* Niveler le sol avec une pente entre 0.5% et 1%.<br />
* Marquer les limites des couches et installer des piquets en bois ou autre outil<br />
semblable avec un espacement d’1 m environ. Aligner les piquets et maintenir<br />
la pente.<br />
* Compacter la terre du sol, qui doit être humide.<br />
* Fixer un fil métallique de calibre 10-12 ou une grosse corde en nylon (comme<br />
celle utilisée pour les rideaux) pour maintenir en place le polyéthylène.<br />
* Déployer le polyéthylène pour former la couche; procéder comme pour construire<br />
une couverture de serre, en fixant les bords avec des agrafes. Laisser une ouverture<br />
à l’extrémité inférieure de façon à ce que les effluents ou lixiviats puissent s’écouler.<br />
* Nettoyer les couches de polyéthylène vides avec une solution désinfectante<br />
pour éliminer toute saleté et débris. Ceci permet également de vérifier si la<br />
pente est bonne. Aucune flaque ne doit se former.<br />
* Remplir les couches d’enveloppes de riz brûlées en prenant soin de ne pas les<br />
contaminer avec des saletés ou de la terre. Maintenir la terre du sol humide<br />
permet d’éviter ce problème.<br />
* Filtrer les enveloppes de riz avec de l’eau propre abondante pour ôter les<br />
cendres et réduire le pH.<br />
* Installer les tuteurs de filets à leur place. Pour les œillets, on utilise 4 à 5 filets<br />
superposés, selon la variété.<br />
* Arroser abondamment. Les couches sont prêtes pour la plantation.<br />
* Des rampes d’irrigation au goutte à goutte doivent être installées une semaine après<br />
la plantation.<br />
Arreaza,P. 2000.Pizano, M. 2000 (Ed.) Dans: Clavel. Ediciones Hortitecnia Ltda.<br />
Facteurs à considérer<br />
pH élevé<br />
L’un des problèmes des enveloppes de riz est leur pH<br />
naturellement élevé (entre 7,5 et 9) dû aux oxydes formés par la<br />
combustion; un pH élevé peut poser quelques problèmes<br />
mineurs. On peut corriger cette situation en ajoutant<br />
directement dans les couches ou avant remplissage 12 à 15 kg<br />
de sulfate de calcium par m 3 d’enveloppes.<br />
86
Systèmes d’irrigation<br />
Le premier arrosage pourra se faire avec un tuyau pour maintenir<br />
le feuillage turgide après transplantation des boutures racinées<br />
et favoriser le développement des racines, comme dans la culture<br />
d’œillets en couches de sol. La deuxième semaine après la<br />
transplantation, il faudra installer des rampes traditionnelles<br />
d’irrigation au goutte à goutte. D’excellents résultats peuvent<br />
également être obtenus avec des tuyaux plats percés tous les 10<br />
cm, à raison d’un tuyau tous les deux rangs. Dans un substrat<br />
d’enveloppes de riz, la circulation de l’eau est plus rapide de<br />
façon verticale et ce système d’irrigation garantit une humidité<br />
meilleure et plus uniforme. Dans les deux cas, il faut irriguer<br />
plus fréquemment que pour la culture directe dans le sol. Il<br />
faudra également prendre en compte le milieu ambiant et la<br />
quantité d’effluents qui s’écoule de la couche pour déterminer<br />
la quantité d’eau nécessaire. Tensiomètres et évaporomètres<br />
fourniront des informations plus précises.<br />
Fertilisation<br />
Comme précédemment décrit, il faut prêter une attention<br />
particulière à la fertilisation dans le cas des substrats hors-sol. Des<br />
analyses foliaires et du substrat sont indiquées. Un matériel spécialisé<br />
permet de déterminer les besoins en éléments nutritifs; il n’est<br />
cependant pas disponible partout. En tout cas, il faut absolument<br />
pouvoir mesurer au moins les paramètres de base comme le pH et<br />
la CE et si possible le nitrate (NO 3<br />
) et le potassium (K) de l’apport<br />
nutritif et des lixiviats qui s’écoulent des couches.<br />
Ces deux derniers points sont fondamentaux pour établir des<br />
programmes adéquats d’arrosage et de fertilisation. Par exemple,<br />
selon les conditions environnementales, une quantité trop peu<br />
importante voire nulle d’effluents indique un apport d’eau<br />
insuffisant et une quantité excessive indique le contraire. Une<br />
humidité excessive favorise le développement de champignons<br />
du sol et réduit la teneur en oxygène du substrat. Les effluents<br />
doivent représenter 5 à 20% du volume total appliqué. Il en est<br />
de même pour la teneur en nitrate et en potassium.<br />
Le tableau suivant indique des recommandations pour la culture<br />
d’œillets dans du substrat d’enveloppes de riz.<br />
87
Tableau 18. Teneur recommandée en éléments nutritifs (ppm) pour<br />
la culture d’œillets dans du substrat d’enveloppes de riz<br />
ELEMENT CROISSANCE CROISSANCE<br />
HAUTE SAISON-<br />
VEGETATIVE<br />
TIVE REPRODUCTIVE BASSE SAISON<br />
Azote Total<br />
Nitrate Total<br />
Ammoniaque Total<br />
P<br />
K<br />
Ca<br />
Mg<br />
S<br />
Cu<br />
Zn<br />
Mn<br />
Fe<br />
Bo<br />
Mo<br />
210<br />
180<br />
30<br />
40<br />
100<br />
180<br />
50<br />
>70<br />
0.3<br />
0.3<br />
0.05<br />
6<br />
0.6<br />
0.06<br />
100<br />
100<br />
0<br />
50<br />
240<br />
200<br />
60<br />
>90<br />
0.3<br />
0.3<br />
0.05<br />
5<br />
0.8<br />
0.06<br />
50<br />
50<br />
0<br />
15<br />
50<br />
100<br />
30<br />
>30<br />
0.3<br />
0.3<br />
0.05<br />
5<br />
0.6<br />
0.06<br />
Source: Arreaza, P. 2000. Pizano, M. 2000 (Ed.) Dans: Clavel. Ediciones Hortitecnia Ltda.<br />
La conductivité de la solution fertilisante se situe entre 1,5 et<br />
4,0 mmhos/cm selon sa composition exacte; son pH se situe<br />
entre 4,0 et 5,5.<br />
Tuteurs et espacement des plantations<br />
Le substrat d’enveloppes de riz est très léger et, sur des épaisseurs<br />
de 15 cm seulement, les plants d’œillets nécessitent un support<br />
plus important pour pousser droit et ne pas tomber. On peut<br />
utiliser un filet traditionnel, fabriqué sur place qui s’ajuste à la<br />
densité de plantation choisie. Cependant, de nombreux<br />
producteurs préfèrent les filets industriels trouvés sur le marché.<br />
Ils forment habituellement des carrés de 7, 10 ou 15 cm de<br />
côté dans chacun desquels poussera un plant. Certaines rangées<br />
seront laissées vides selon la densité de plantation choisie.<br />
Plusieurs possibilités existent: deux rangées pleines suivies d’une<br />
vide; ou alternance d’une pleine avec une vide. La densité de<br />
plantation sous serre varie normalement entre 23 et 30 plants<br />
au m 2 , soit légèrement moins que la densité traditionnelle utilisée<br />
en production dans des couches de sol.<br />
88
Rendement<br />
On estime à 5,5 fleurs par plant le rendement moyen de la<br />
première récolte. Selon la densité et la répartition des plants,<br />
cela permettra de produire entre 1 260 000 fleurs/hectare<br />
(densité: 23 plants/m 2 ) et 1 650 000 fleurs/hectare (densité:<br />
30 plants/m 2 ).<br />
2. Culture de fleurs coupées dans du substrat de coco en Côte d’Ivoire.<br />
Le substrat de coco ou coir a initialement été testé en Côte d’Ivoire par<br />
une grande exploitation floricole sensible aux coûts élevés du bromure<br />
de méthyle dans la région et aux risques pour l’environnement et la santé<br />
des travailleurs. Les résultats sont très encourageants. Ce substrat permet<br />
non seulement d’éliminer les nématodes mais donne également<br />
d’excellents rendements de première qualité. On se procure facilement<br />
des déchets de coco en Côte d’Ivoire car il s’agit de dérivés de l’industrie<br />
de l’huile de coco et les producteurs ont découvert que des morceaux de<br />
tronc et des vieilles feuilles pouvaient être broyés avec de l’écorce et former<br />
un substrat adéquat (la proportion de tronc ne devant pas excéder 10%).<br />
Dans ce cas précis, les plantes sont cultivées dans des pots placés sur des<br />
bancs à 10 cm du sol pour éviter toute infestation par des nématodes et<br />
autres parasites du sol; des producteurs d’autres pays remplissent des<br />
couches de ce substrat et cultivent les fleurs coupées de façon pratiquement<br />
identique à celle décrite pour le substrat d’enveloppes de riz.<br />
Tableau 19. Estimation du coût du substrat de coco comparé à celui<br />
de la fumigation au bromure de méthyle en Côte d’Ivoire.<br />
Coût du substrat Coût du BM<br />
US$/Ha US$/Ha<br />
Total 900 – 1,200 1,800 – 2,000<br />
Source: Pacaud, J.M. 2000. Dans: Case Studies on Alternatives to Methyl Bromide. PNUE 2000.<br />
Outre les coûts, ce producteur avance d’autres avantages de l’utilisation<br />
du substrat de coco:<br />
* Aucune période d’attente avant la plantation (nécessaire<br />
après fumigation au bromure de méthyle)<br />
89
90<br />
* Croissance des plantes plus uniforme et fleurs de meilleure<br />
qualité.<br />
* Aucun risque pour la santé des travailleurs et même création<br />
de nouveaux emplois liés à la production et la vente de ce<br />
substrat.
Chapitre 6<br />
Projets de démonstration et<br />
d’investissement<br />
Le Fonds Multilatéral du Protocole de Montréal apporte une aide technique<br />
et financière aux pays en voie de développement pour éliminer le<br />
bromure de méthyle. Grâce à ce Fonds, quelques 58 projets de<br />
démonstration et d’investissement sont actuellement menés dans ces<br />
pays pour évaluer et appliquer des alternatives au bromure de méthyle,<br />
utilisé dans les cultures et infrastructures. En 2001, 38 projets destinés<br />
à évaluer la performance de toute une gamme d’alternatives sous<br />
différentes conditions climatiques seront menés à bien. Parmi ces projets<br />
de démonstration, certains portent sur les alternatives utilisables en floriculture.<br />
Ces projets prévoient des séminaires, ateliers et/ou sessions de formation<br />
visant à communiquer les résultats aux agents de vulgarisation,<br />
producteurs et autres personnes concernées par le bromure de méthyle.<br />
Des projets de non-investissement sont également prévus; ils portent<br />
sur la dissémination de l’information, l’élaboration de politiques et l’aide<br />
technique. Quatre agences d’exécution sont chargées de ces projets en<br />
collaboration avec les gouvernements de chaque pays en voie de<br />
développement: le PNUD, le PNUE, l’ONUDI et la Banque Mondiale.<br />
Les rapports de ces projets sont des précieuses sources d’information.<br />
Les références des rapports disponibles figurent à la fin de ce manuel. De<br />
plus amples informations sur les résultats des projets de démonstration<br />
sont disponibles sur le site commun du PNUE/ONUDI consacré aux<br />
alternatives au bromure de méthyle, sur le site internet du PNUE.<br />
Au moment de l’impression de ce manuel, certains résultats de projets de<br />
démonstration étaient disponibles (Argentine, Guatemala et Kenya); ils sont<br />
présentés ci-dessous. Les résultats préliminaires des projets menés au Costa Rica<br />
et en République Dominicaine sont également exposés. Le Tableau 20 précise<br />
comment contacter les agences d’exécution et les responsables nationaux de<br />
chaque projet pour obtenir les mises à jour.<br />
91
Les projets de démonstration visent à évaluer diverses alternatives au bromure de<br />
méthyle que les producteurs peuvent utiliser si les résultats sont satisfaisants et<br />
leur mise en œuvre abordable. Le tableau ci-après décrit brièvement ces projets:<br />
Tableau 20. Projets de démonstration menés par les agences d’exécution du Protocole de Montréal<br />
pour évaluer les alternatives au bromure de méthyle en floriculture.<br />
Pays Raisons de Agence<br />
Responsable<br />
Alternatives Résul-<br />
Contacts<br />
l’utilisation du BM d’exécution<br />
National choisies tats<br />
Argentine<br />
Fusariose de ONUDI<br />
l’œillet (Fusarium<br />
oxysporum f. sp.<br />
dianthi),<br />
pourriture de la<br />
racine et du collet<br />
du lisianthus (F.<br />
solani), mauvaises<br />
herbes,<br />
nématodes<br />
Costa<br />
Rica<br />
République<br />
Domini-<br />
caine<br />
Equateur Banque<br />
Mondiale<br />
Guatemala<br />
92<br />
Mauvaises herbes<br />
(Cyperus sp), Nématodes,<br />
Pourriture<br />
sèche (Pseudomonas<br />
solanacearum)<br />
des héliconias<br />
et autres fleurs<br />
tropicales.<br />
Mauvaises<br />
herbes,<br />
nématodes<br />
Mauvaises<br />
herbes,<br />
nématodes<br />
PNUD<br />
ONUDI<br />
ONUDI<br />
INTA – Instituto<br />
Nacional de<br />
Tecnología<br />
Agrícola de<br />
Argentina<br />
Instituto<br />
Regional de<br />
Sustancias<br />
Tóxicas (IRET),<br />
de la Universidad<br />
Nacional de<br />
Costa Rica<br />
Junta<br />
Agroempresarial<br />
Dominicana (JAD)<br />
Fumigants du sol:<br />
métam-sodium,<br />
dazomet<br />
Pasteurisation<br />
Solarisation<br />
Voir cidessous<br />
Fumigants du sol<br />
à faible dose,<br />
(métam-sodium,<br />
dazomet)<br />
Vapeur<br />
Rotation des<br />
cultures, substrats<br />
volcaniques,<br />
biofumigation<br />
compostage<br />
Fumigants du sol à Préliminaires,<br />
faible dose (métamsodium,<br />
dazomet, voir cidessous<br />
1,3 dichloropropène)<br />
Pasteurisation<br />
Amendements<br />
organiques du sol<br />
(humus).<br />
Préliminaires,<br />
voir cidessous<br />
Voir cidessous<br />
* Antonio Sabater de Sabates,<br />
ONUDI asabater@unido.org<br />
* Juan Carlos Zembo<br />
Horticultura, INTA<br />
Facultad de Ciencias Agrarias<br />
y Forestales<br />
Universidad Nacional de la Plata<br />
Calle 60 s/N y 119<br />
1900, La Plata<br />
ARGENTINA<br />
E-mail: zembo@inta.gov.ar<br />
* Suely Carvalho, PNUD<br />
suely.carvalho@undp.org<br />
* Fabio Chaverri<br />
IRET – Universidad<br />
nacional de Costa Rica<br />
Tel (504) 277-3584<br />
fchaverr@una.ac.cr<br />
* Guillermo Castellá, ONUDI<br />
gcastella-lorenzo@unido.org<br />
* Mr. Abraham Abud, JAD.<br />
Euclides Morillo No. 51<br />
Arroyo Hondo, Santo<br />
Domingo. RÉPUBLIQUE<br />
DOMINICAINE<br />
Tel. (809) 563 6178<br />
Fax (809) 563 6181<br />
jad@codetel.net.do<br />
* Steve Gorman, Banque Mondiale.<br />
sgorman@worldbank.org<br />
* Antonio Sabater de<br />
Sabates, ONUDI<br />
asabater@unido,org<br />
* Antonio Bello<br />
Centro de Ciencias<br />
Medioambientales. CSIC<br />
Serrano 115 dpdo.<br />
28006 Madrid, SPAIN<br />
Tel: 34 91 554-0007<br />
Fax: 34 91 564-0800<br />
ebvb305@ccma.csic.es
Pays Raisons de Agence<br />
Responsable<br />
Alternatives Résul-<br />
Contacts<br />
l’utilisation du BM<br />
d’exécution<br />
National choisies tats<br />
Kenya<br />
Fusariose de<br />
l’œillet (Fusarium<br />
oxysporum f.sp.<br />
dianthi), Tumeur<br />
bactérienne du<br />
collet des roses<br />
(Agrobacterium<br />
tumefaciens),<br />
nématodes,<br />
mauvaises herbes<br />
ONUDI<br />
Mexique Fusariose de ONUDI<br />
l’œillet (Fusarium<br />
oxysporum f.sp.<br />
dianthi),<br />
nématodes, weeds<br />
Horticultural<br />
Crops Research<br />
Authority<br />
(HCDA)<br />
Unidad de<br />
Protección del<br />
Ozono, National<br />
Instituto de Ecología<br />
(Secretariado del<br />
Medio Ambiente y<br />
Recursos y Pesca -<br />
SEMARNA).<br />
Facultad de<br />
Agronomía de la<br />
Universidad de<br />
Sinaloa<br />
Fumigants du sol<br />
à faible dose,<br />
(métam-sodium,<br />
dazomet)<br />
Vapeur<br />
Solarisation seule<br />
et en association<br />
avec de la matière<br />
organique et du<br />
fumier. Fumigants<br />
à faible dose<br />
(métam-sodium,<br />
chloropicrine,<br />
dazomet,1,3<br />
dichloropropène)<br />
seul et combiné<br />
avec la solarisation<br />
Voir cidessous<br />
Non<br />
disponibles<br />
* Paolo Beltrami, ONUDI<br />
pbeltrami@unido.org<br />
* Mark Okado, HCDA<br />
okado@swiftkenya.com<br />
* Marcela Nolazco,<br />
Oficina Mexicana del<br />
Ozono<br />
mnolazco@un.org.mx<br />
* Guillermo Castellá,<br />
ONUDI<br />
gcastella-lorenzo@unido.org<br />
Syria<br />
ONUDI<br />
* Guillermo Castellá, ONUDI<br />
gcastella-lorenzo@unido.org<br />
Les projets d’investissement visent à éliminer totalement l’utilisation de<br />
bromure de méthyle dans un secteur spécifique (ex: floriculture) et à<br />
introduire des alternatives. A l’heure actuelle, un projet d’investissement<br />
a commencé au Zimbabwe, comme décrit ci-après.<br />
Tableau 21. Projets d’investissement menés par les agences d’exécution du Protocole de Montréal<br />
pour évaluer les alternatives au bromure de méthyle en floriculture.<br />
Pays Raisons de Agence<br />
Responsable<br />
Alternatives Résul-<br />
Contacts<br />
l’utilisation du BM<br />
d’exécution<br />
National choisies tats<br />
Zimbabwe<br />
Tumeur<br />
bactérienne du<br />
collet des roses<br />
(Agrobacterium<br />
tumefaciens),<br />
nématodes,<br />
mauvaises herbes<br />
ONUDI<br />
Association des<br />
exportateurs de<br />
fleurs du<br />
Zimbabwe –<br />
EFGAZ, et<br />
Blackfordby<br />
Agricultural<br />
Institute of<br />
Zimbabwe<br />
Vapeur,<br />
amendements<br />
organiques<br />
Non<br />
disponibles<br />
* Guillermo Castellá, UNIDO<br />
gcastella-lorenzo@unido.org<br />
* Helen Wolton, Ruwa,<br />
Zimbabwe<br />
lfe@pci.co..zw<br />
93
Argentine<br />
Description du projet<br />
Avec l’expansion de la production de fleurs pour l’important marché local<br />
de Buenos Aires, capitale de l’Argentine, l’utilisation de bromure de<br />
méthyle s’est également accrue. Un nouveau produit apprécié du public,<br />
le lisianthus (Eustoma grandiflorum), peut être sévèrement attaqué par<br />
une maladie, la pourriture basale, provoquée par le champignon Fusarium<br />
solani. On utilisait autrefois le bromure de méthyle pour éliminer<br />
efficacement cette maladie. Des essais ont été menés à l’Université de La<br />
Plata, Argentine, en coordination avec l’ONUDI, pour déterminer les<br />
meilleures alternatives au bromure de méthyle pour éliminer cette maladie.<br />
On a comparé les traitements ci-après sur trois échantillons:<br />
1. Carbendazim (émulsion concentrée à 50%)<br />
2. Prochloraz (émulsion concentrée à 45%).<br />
3. Vapeur (profondeur: 15 cm)<br />
4. Métam-sodium (formule liquide, 32%)<br />
5. Dazomet (98%, granulé)<br />
6. Bromure de méthyle (fumigant liquide, 98%)<br />
7. Témoin (aucun traitement)<br />
Résultats<br />
Les résultats ont été évalués d’après deux paramètres: le pourcentage<br />
de plantes malades et la densité de F. solani dans le sol. On a également<br />
estimé le rendement ou la productivité, en tenant compte du nombre<br />
de tiges récoltées et de leur qualité.<br />
Des taux d’élimination identiques ont été obtenus avec du bromure de<br />
méthyle, de la vapeur, du dazomet et du métam-sodium lorsque l’on a<br />
évalué la densité de population du pathogène dans le sol. Ces quatre<br />
traitements se sont avérés plus efficaces que les autres sur deux échantillons.<br />
Le tableau 22 et le graphique 3 ci-dessous indiquent le pourcentage<br />
de plantes malades pour chaque traitement et le taux de fleurs de<br />
première qualité sur les tiges récoltées. (Les fleurs de qualité supérieure<br />
ou de catégorie A ont des tiges supérieures à 50 cm et 4 mm de<br />
diamètre).<br />
94
Tableau 22. Pourcentage de plants de lisianthus affectés par le Fusarium<br />
solani avec différentes alternatives.<br />
Traitement<br />
% de plants affectés<br />
Carbendazim 100.00<br />
Proclhoraz 94.43<br />
Témoin 89.76<br />
Vapeur 36.97<br />
Métam-sodium 12.00<br />
Dazomet 3.66<br />
Bromure de méthyle 0.00<br />
Source: Fernandez et al., 2000. Tiré de: Alternativas al uso del bromuro de metilo en frutilla, tomate y flores de<br />
corte. Buenos Aires, Argentine, 4 y 5 mai 2000 (Rapports)<br />
Graphique. 3. Pourcentage de la proportion totale entre les tiges en fleurs et les<br />
tiges de qualité supérieure récoltées avec plusieurs alternatives.<br />
80<br />
70<br />
60<br />
50<br />
40<br />
30<br />
20<br />
10<br />
0<br />
Bromure de<br />
méthyle<br />
Dazomet<br />
Métam<br />
sodium<br />
Pasteurisation Témoin Prochloraz Carbendazim<br />
Total tiges<br />
Catégorie A<br />
Evaluation des Alternatives<br />
D’après les résultats, la production de lisianthus dans des sols fortement<br />
infestés de F. solani n’est commercialement envisageable que si les sols<br />
sont traités avant plantation. Lors des essais, les fongicides n’ont pas donné<br />
des résultats satisfaisants par rapport aux fumigants, sans doute en raison<br />
du large spectre de parasites que couvrent ces derniers. Parmi les fumigants<br />
utilisés, aucune différence significative n’a été observée concernant<br />
le niveau d’élimination, la qualité ou les rendements de la récolte.<br />
Bien qu’efficace pour réduire la densité de population, la pasteurisation<br />
n’a pas apporté les résultats escomptés. Ceci est probablement dû à<br />
l’insuffisance ou à la longueur du traitement appliqué (ou des deux), ce<br />
qui a permis une re-colonisation rapide du substrat. La pasteurisation<br />
reste toutefois une alternative envisageable.<br />
95
Kenya<br />
Description du projet<br />
Le Kenya est un important fournisseur de fleurs coupées pour le marché<br />
européen (œillets et roses principalement). Le projet a été mené par<br />
l’Horticulture Development Authority of Kenya (HDC) en collaboration<br />
avec l’ONUDI, au sein de Sulmac, l’une des plus importantes exploitations<br />
floricoles du pays. La première étape du projet visait à évaluer<br />
des alternatives au bromure de méthyle pour éliminer la fusariose de<br />
l’œillet, principale cause de l’utilisation de ce fumigant au Kenya.<br />
De nombreuses alternatives ont été choisies et le projet a été mené dans des<br />
conditions les plus proches possibles de la réalité commerciale. Les membres<br />
impliqués dans ce projet ont noté scrupuleusement et sans interruption les<br />
pourcentages enregistrés de plantes malades, de tiges commercialisables,<br />
etc. Des pratiques de LPI ont parfaitement été appliquées dans ce projet.<br />
On a comparé l’efficacité des traitements ci-dessous pour éliminer la<br />
fusariose de l’œillet:<br />
Photo: Marta Pizano.<br />
Fig. 43. Dans le cadre du projet mené<br />
par l’ONUDI au Kenya (exposé ici),<br />
on évalue la culture sur pierre ponce.<br />
Résultats<br />
1. Aucun traitement (témoin)<br />
2. Bromure de méthyle 67,7 gr/m 2<br />
3. Bromure de méthyle 30,0 gr/m 2<br />
4. Dazomet (83.3 gr/m²)<br />
5. Métam-sodium (1200 lt/Ha)<br />
6. Vapeur + compost + Trichoderma<br />
7. Solarisation + dazomet (3 semaines +<br />
demi-dose de fumigant)<br />
8. Substrat hors-sol (sacs de jute remplis<br />
de matière organique)<br />
9. Substrat hors-sol (sacs de jute remplis<br />
de matière inerte)<br />
10. Trichoderma + dazomet (demi-dose)<br />
11. Trichoderma seul<br />
12. Trichoderma + métam-sodium (demi-dose)<br />
13. Accélérateur de croissance végétale<br />
Les résultats ont été évalués d’après deux paramètres: rendement et<br />
qualité des plantes (quantité de tiges commercialisables classées selon<br />
96
deux qualités) et nombre de plantes malades (arrachées après apparition<br />
de la maladie). Les résultats obtenus jusqu’à la 45 ème semaine<br />
figurent dans les graphiques 4 et 5 ci-après.<br />
Les meilleurs résultats ont été obtenus par le métam-sodium au cours<br />
de la première phase du projet (bien meilleurs que ceux du bromure de<br />
méthyle), sans doute grâce au sol sablonneux de la région dans lequel<br />
ce fumigant est très efficace. Il convient également de noter que, lorsque<br />
l’on a ajouté l’agent de lutte biologique Trichoderma sp. après traitement<br />
avec du métam-sodium ou du dazomet à faibles doses, l’élimination<br />
semble s’être améliorée. Cela s’explique probablement parce que ce<br />
champignon colonise rapidement le sol et peut s’installer avant que des<br />
organismes nocifs ne se développent suffisamment pour causer des<br />
maladies. Le Trichoderma seul n’a pas fonctionné aussi bien,<br />
probablement parce qu’il ne peut se développer aussi rapidement quand<br />
des organismes concurrents sont également présents dans le milieu.<br />
La pasteurisation donne de bons résultats mais la ré-infestation rapide pose<br />
problème. Cette dernière peut également survenir après utilisation de<br />
bromure de méthyle. La chaudière elle-même a posé quelques problèmes.<br />
De même, l’utilisation de substrats semble avoir été affectée par des facteurs comme<br />
un milieu organique pauvre (comme un compost immature produisant de<br />
l’ammonium) qui a provoqué des problèmes de phytotoxicité sur les plants d’œillets.<br />
Les résultats obtenus avec l’accélérateur de croissance végétale dans le<br />
traitement N°13 semblent avoir également subi certaines variables<br />
(probablement le pH du sol, entre autres) mais la documentation est<br />
insuffisante pour corroborer cette observation.<br />
Graphique 4. Moyenne cumulée des rendements obtenus jusqu’en semaine 45. La<br />
culture d’œillets a subi 13 traitements, comme décrit ci-dessus.<br />
60+50 cm<br />
40 cm<br />
Produit de rebut<br />
2500<br />
2000<br />
Poduction 1500<br />
(tiges) 1000<br />
500<br />
0<br />
1 3 5 7 9 11 13<br />
Traitements<br />
60+50 cm<br />
60 + 50 cm meilleure e qualité commercialisable<br />
cialisable<br />
*40 cm tiges de deuxième qualité<br />
*Produit de rebut: lorsque la qualité ne satisfait pas les normes qualitatives d’exportation<br />
Source: Jack Juma and Ruth Othino, Naivasha, Kenya, 2000.<br />
97
Graphique 5. Cumul des tiges arrachées jusqu’à la semaine 45<br />
200<br />
150<br />
100<br />
50<br />
0<br />
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13<br />
Les TRP sont des tiges malades affectées par des maladies autres que la<br />
fusariose, le plus fréquemment rhizoctonia et pourridié<br />
Source: Jack Juma and Ruth Othino, Naivasha, Kenya 2000<br />
Evaluation des Alternatives<br />
· Certains résultats semblent avoir été influencés par l’application<br />
même du traitement, même si quatre autres échantillons<br />
permettent de tirer de conclusions plus poussées.<br />
· La solarisation a échoué, ce qui peut s’expliquer par les conditions<br />
climatiques variables de la région de Naivasha (difficulté de bénéficier<br />
de plusieurs semaines consécutives de grand ensoleillement et de temps<br />
sec). Ces conditions sont nécessaires pour que la température du sol<br />
soit suffisamment élevée à une profondeur suffisante pour éliminer<br />
efficacement les organismes nuisibles. Par ailleurs, les producteurs<br />
n’optent pas facilement pour la solarisation car il s’agit d’une pratique<br />
commerciale intensive caractérisée par une production sur toute l’année.<br />
· Même si les résultats obtenus avec le métam-sodium et le<br />
dazomet sont prometteurs, les producteurs doivent savoir qu’il<br />
s’agit de substances chimiques dangereuses présentant des<br />
risques pour l’environnement et la santé des hommes et qu’elles<br />
doivent être utilisées avec le plus grand soin.<br />
· La LPI s’inscrit bien dans le projet (dépistage, enregistrement<br />
des données, seuils d’action, etc.). Cette démarche est essentielle<br />
pour de bons résultats.<br />
· L’effet de la pasteurisation sera mieux évalué lors de nouveaux<br />
essais avec un compost de meilleure qualité et plus mature utilisé<br />
avec adjonction d’organismes utiles comme le Trichoderma. Des<br />
mesures évitant toute ré-infestation seront observées.<br />
· Le choix de substrats inorganiques (pierre ponce) semble être<br />
intéressant et ils peuvent être réutilisés après pasteurisation.<br />
TRP<br />
TRP<br />
Fusariose<br />
98
La seconde phase du projet se concentrera plus particulièrement sur les alternatives<br />
les plus prometteuses (substrats artificiels, fumigants faiblement dosés<br />
amendés de Trichoderma et éventuellement la pasteurisation). Des expériences<br />
visant à éliminer des problèmes subis par d’autres fleurs seront également menées.<br />
Guatemala<br />
Description du projet<br />
L’ONUDI a mené un projet de démonstration au Guatemala en 1998-<br />
1999, où l’on utilisait principalement le bromure de méthyle pour éliminer<br />
les nématodes des roses, du tabac et des cultures horticoles comme les<br />
melons, brocolis et tomates. Deux alternatives possibles au bromure de<br />
méthyle ont alors été choisies: la biofumigation et le compostage.<br />
L’aide et les connaissances techniques étant limitées, les consultants de<br />
l’ONUDI ont d’abord dû identifier les espèces de nématodes les plus<br />
dévastateurs puis former leurs homologues guatémaltèques sur les<br />
méthodes simples d’analyse des nématodes du sol. Il en est ressorti<br />
que, pour les roses, le genre le plus persistant était le Meloidogyne sp.<br />
Rotylenchulus reniformis; de grandes populations de « nématodes<br />
réniformes » s’attaquaient aux melons.<br />
Des alternatives efficaces au bromure de méthyle ont été appliquées :<br />
association de rotation des cultures, substrats volcaniques, nématocides,<br />
et adjonction d’ « engrais vert », issu principalement de plantes émettant<br />
des gaz (mucuna et carnavalia notamment) qui contribuent à réduire<br />
des maladies en enrichissant le sol d’organismes bénéfiques.<br />
Costa Rica<br />
Description du projet<br />
Les résultats préliminaires du<br />
projet du Costa Rica, mené par le<br />
PNUD sont disponibles. Le<br />
secteur floricole de ce pays utilise<br />
principalement le bromure de<br />
méthyle pour éliminer les<br />
mauvaises herbes (Cyperus sp.,<br />
Fig. 44. Expériences avec de la vapeur, des<br />
amendements de matière organique et des fumigants<br />
au Costa Rica.<br />
Photo: Marta Pizano.<br />
99
Portulacca oleracea), les nématodes (Meloydogyne sp, Pratylenchus sp), les<br />
champignons pathogènes (Fusarium sp, Phytophthora sp) et les bactéries<br />
(Erwinia sp, Pseudomonas solanacearum). La consommation globale de<br />
bromure de méthyle a augmenté au Costa Rica ces dernières années et, d’après<br />
des estimations, la floriculture à elle seule en utilise 125 tonnes/an, soit 15%<br />
de la consommation totale du pays.<br />
Ce projet a été élaboré pour démontrer la possibilité d’utiliser cinq alternatives<br />
au bromure de méthyle en floriculture à ciel ouvert, sous serre et<br />
sur couches. Appliquées dans le cadre d’une stratégie de LPI, il s’agit de:<br />
1. Solarisation (3 mois avant plantation)<br />
2. Pasteurisation<br />
3. Amendements organiques (compost ou dérivés organiques<br />
appliqués immédiatement avant plantation)<br />
4. Fumigants du sol faiblement dosés (métam-sodium, dazomet,<br />
1,3 Dichloropropène)<br />
5. Choix de pesticides non-fumigants. Nématocides (terbufos,<br />
cardusafos, carbofuran); herbicides (glyphosate); fongicides<br />
(carboxine, captane, etridiazol).<br />
Des démonstrations sont organisées dans des exploitations floricoles<br />
commerciales de la Vallée Centrale du Costa Rica, région représentative<br />
de production de fleurs coupées où l’on cultive des Dendranthema<br />
(chrysanthèmes) et plantes d’ornement. L’Université du Costa Rica,<br />
avec l’aide du PNUD, coordonne ce projet. Une évaluation économique<br />
de chaque alternative comparée au bromure de méthyle sera réalisée.<br />
République Dominicaine<br />
Description du projet<br />
Le projet de démonstration en République Dominicaine est actuellement<br />
mené dans une exploitation floricole commerciale qui cultive du Liatris<br />
dans la vallée de Constanza, où se situe la majeure partie de la production<br />
floricole. Lors de la phase initiale, trois alternatives sont comparées<br />
au bromure de méthyle (70g/m 2 ):<br />
1. Dazomet – 40 g/m²<br />
2. Métam-sodium – 100 ml/ m²<br />
3. Pasteurisation (98°C à une profondeur de 20 cm)<br />
100
Les résultats seront évalués sur la base de populations fongiques<br />
d’Alternaria, Penicillium, Aspergillus, Rhizopus, Fusarium et Trichoderma,<br />
avant et après traitement, comparés à un sol témoin non-traité.<br />
Jusqu’à présent, le métam-sodium et la pasteurisation offrent des<br />
résultats encourageants. D’autres échantillons seront prélevés lors de la<br />
récolte. Les mauvaises herbes ont été comptées et identifiées avant<br />
l’application des traitements; il en sera de même lors de la récolte. La<br />
longueur des tiges et la qualité des fleurs seront également pris en<br />
compte.<br />
Ce projet est mené par la Junta Agroempresarial Dominicana (JAD) en<br />
collaboration avec l’ONUDI.<br />
De nouveaux projets d’investissement ont récemment été proposés pour<br />
éliminer le bromure de méthyle dans le secteur de la floriculture de pays<br />
comme l’Ouganda et l’Uruguay.<br />
101
102
Annexe I<br />
Autres documents et sources<br />
d’information<br />
Il existe d’excellentes publications qui abordent en détail le bromure de<br />
méthyle, les alternatives au bromure de méthyle, la LPI en floriculture<br />
et autres sujets connexes. Vous trouverez ci-dessous quelques titres<br />
pouvant apporter des informations complémentaires. Cette liste n’est<br />
nullement exhaustive. Ces publications sont également disponibles sur<br />
le site internet du PNUE <strong>DTIE</strong>. Figurent également des sites internet<br />
où l’on peut trouver de plus amples informations.<br />
Publications sur le bromure de méthyle du<br />
Programme ActionOzone du PNUE <strong>DTIE</strong><br />
* Methyl Bromide Information Kit, créé pour sensibiliser les<br />
responsables politiques nationaux et autres parties prenantes au sujet<br />
de l’utilisation du bromure de méthyle, de ses alternatives et des<br />
échéances d’élimination et encourager les alternatives et le<br />
développement de politiques soutenant une rapide transition vers<br />
l’abandon du bromure de méthyle. Ce kit comprend (1) une brochure<br />
explicative sur le bromure de méthyle et sur l’importance et<br />
les avantages de ratifier l’Amendement de Copenhague (Bromure<br />
de méthyle: préparation à l’élimination, disponible en anglais, français<br />
et espagnol); (2) une annonce télévisée du service public pouvant<br />
être diffusée sur une chaîne de télévision nationale et projetée dans<br />
les cinémas et (3) une affiche décrivant les différents problèmes posés<br />
par le bromure de méthyle.<br />
* Une récolte saine: remplacer le bromure de méthyle, vidéo de 15<br />
minutes fournissant une vue d’ensemble de la question du bromure<br />
de méthyle et les mesures à prendre pour l’éliminer, conformément<br />
au Protocole de Montréal. Elle expose de nombreuses alternatives<br />
rentables et respectant l’environnement existant pour les principales<br />
applications du bromure de méthyle, notamment les utilisations de<br />
103
fumigation des sols et post-récolte. Cette vidéo peut être utilisée<br />
pour sensibiliser le grand public et les utilisateurs de bromure de<br />
méthyle à l’intérêt d’éliminer le bromure de méthyle pour protéger<br />
la couche d’ozone. Disponible en anglais, français et espagnol.<br />
* Protéger la couche d’ozone, Volume 6: bromure de méthyle, résume<br />
les utilisations courantes du bromure de méthyle, la disponibilité des<br />
solutions de substitution et les implications technologiques et<br />
économiques que requière une transition vers l’abandon du bromure<br />
de méthyle. Cette brochure se base sur les rapports originaux du Comité<br />
des Choix Techniques du PNUE sur le Bromure de Méthyle et constitue<br />
le 6 ème volume de la série « Protéger la couche d’ozone » du PNUE.<br />
Aide technique utilisable par les Bureaux Nationaux Ozone, autres<br />
agences gouvernementales et utilisateurs de bromure de méthyle pour<br />
remplacer cette substance. Disponible en anglais, français et espagnol.<br />
* Methyl Bromide Phase-out Strategies: A Global Compilation of<br />
Laws and Regulations: aperçu des diverses stratégies politiques<br />
envisageables pour remplacer le bromure de méthyle et des politiques<br />
sur le bromure de méthyle existant dans plus de 90 pays. Cette<br />
Compilation peut être utilisée par les Bureaux Nationaux Ozone,<br />
les ministères de l’agriculture et les autorités chargées du contrôle<br />
des pesticides pour contribuer à l’élaboration de plans nationaux<br />
d’action pour éliminer le bromure de méthyle.<br />
* Vers l’élimination du bromure de méthyle: manuel pour les BNO:<br />
manuel facile à utiliser présentant des options et idées pour faciliter<br />
la transition vers des alternatives au bromure de méthyle et aider les<br />
pays à élaborer puis mettre en œuvre des programmes pour éliminer<br />
le bromure de méthyle et promouvoir les alternatives. Disponible<br />
en anglais, français et espagnol.<br />
* Inventory of Technical and Institutional Resources for Promoting<br />
Methyl Bromide Alternatives: liste des instituts, ONG et programmes<br />
existant dans le secteur de l’agriculture qui favorisent le<br />
développement de pratiques agricoles efficaces et durables pour<br />
l’environnement. Cette publication peut être utilisée par des<br />
gouvernements, agences d’exécution, organismes bilatéraux et autres<br />
parties prenantes souhaitant identifier des partenaires pour les projets<br />
d’activités d’élimination du bromure de méthyle.<br />
104
* Case Studies of Alternatives to Methyl Bromide: Technologies with<br />
Low Environmental Impact: compilation d’études de cas adressée<br />
aux utilisateurs de bromure de méthyle à la recherche d’informations<br />
sur le choix d’alternatives respectueuses de l’environnement sur le<br />
marché. Elle inclut performance, rendements et satisfaction des<br />
producteurs. Ce document étudie les récoltes/utilisations pour<br />
lesquelles les alternatives ont donné de bons résultats. Chaque étude<br />
de cas fournit des informations sur la rentabilité de chaque technique,<br />
les coûts de la conversion et les informations du fournisseur<br />
sur la distribution des alternatives identifiées.<br />
D’autres publications du PNUE apportant des informations sur les alternatives<br />
au bromure de méthyle en floriculture:<br />
2000. PNUE, GTZ, Commission Européenne. Methyl Bromide Alternatives<br />
for North African and Southern European Countries. Débats<br />
lors de l’atelier du même nom organisé à Rome, Italie, 26 – 29 mai<br />
1998. Publication des Nations Unies, 244 pp.<br />
1998. PNUE. 1998 Assessment of Alternatives to Methyl Bromide.<br />
Comité des Choix techniques sur le Bromure de Méthyle (CCTBM).<br />
354 pp.<br />
Autres publications intéressantes<br />
Il existe de nombreux ouvrages, manuels, articles scientifiques, etc. sur<br />
l’entretien des serres, les substrats, les parasites et les maladies, la LPI et<br />
d’autres domaines importants. Il faut également considérer de nombreux<br />
ateliers de travail, congrès et symposiums sur les alternatives au bromure<br />
de méthyle, les substrats, la stérilisation du sol, la lutte biologique, la<br />
LPI, etc. Les titres ci-dessous ont été utiles pour préparer le présent<br />
manuel et pour certains producteurs qui ont suivi les stratégies décrites:<br />
Agrios, G.N. 1998. Plant Pathology 5Ed. Academic Press, New York,<br />
NY, USA<br />
Ballis, C. (Ed) 2001. International Symposium on Composting of Organic<br />
Matter. Acta Horticulturae 549. International Society for Horticultural<br />
Science.<br />
105
Bar-Tal, A. and Z. Plaut (Eds) 2001. World Congress on Soilless Culture:<br />
Agriculture in the Coming Millenium. Acta Horticulturae 554.<br />
International Society for Horticultural Science.<br />
Bello, A., J. A. González, M. Arias and R. Rodríguez-Kabana 1998. Alternatives<br />
to Methyl Bromide for the Southern European Countries. Proceedings<br />
of a Workshop by the same name held in Tenerife (Canary Islands,<br />
Spain, 9-12 April, 1997). Gráficas Papillona, Valencia, Spain 404 pp.<br />
Enhgelhard, A.W. (Ed). 1989. Management of Diseases with Macro<br />
and Microelements. APS Press, St. Paul, MN 217 pp.<br />
Gill, S., D.L. Clement and E. Dutky, 2001. Plagas y Enfermedades de<br />
los Cultivos de Flores – Estrategias Biológicas. Ball Publishing –<br />
Hortitecnia, Bogotá, Colombia 304 pp.<br />
Gullino, M.L., Katan, J. y A. Matta (Eds) 2000. International Symposium<br />
on Chemical and Non-Chemical Soil and Substrate Disinfectation.<br />
Acta Hort 532. International Society for Horticultural Science.<br />
Hall, R. 1996. Principles and Practices of Managing Soilborne Plant<br />
Pathogens. APS Press, St. Paul MN, USA, 330 pp.<br />
Jarvis, W.R. 1992. Managing Diseases in Greenhouse Crops. APS Press,<br />
St. Paul, MN 288 pp.<br />
Kennedy, G. G.. and T.B. Sutton 2000. Emerging Technologies for<br />
Integrated Pest Management. APS Press, St. Paul. MN, USA, 526 pp.<br />
Maloupa, E. y D. Gerasopoulos (Eds) 2001. International Symposium<br />
on Growing Media and Hydroponics. Acta Horticulturae 548. International<br />
Society for Horticultural Science.<br />
Mastalerz, J.W. 1977. The Greenhouse Environment. The effect of<br />
environmental factors on the growth and development of flower crops.<br />
John Wiley and Sons, New York, USA, 629 pp.<br />
Nelson, P.V. 1998. 5 Ed. Greenhouse Operation and Management.<br />
Prentice Hall, New Jersey, USA, 637 pp.<br />
106
Pizano, M. 1997 (Ed.). Floricultura y Medio Ambiente: la Experiencia<br />
Colombiana. Ediciones Hortitecnia Ltda., Bogotá, Colombia, 352 pp.<br />
Pizano, M. 2000 (Ed.). Clavel. Ediciones Hortitecnia Ltda. Bogotá,<br />
Colombia. 181 pp.<br />
Reed, D.W. 1998. Water, Media and Nutrition for containerized greenhouse<br />
crops. Ball Publishing, Batavia, IL, USA.315 pp. (Spanish edition<br />
also available).<br />
Szmidt, R.A.K. (Ed)1998. International Symposium on Composting<br />
and Use of Composted Material in Horticulture. Acta Horticulturae<br />
469. International Society for Horticultural Science.<br />
Thomson, W.T., 1999. Agricultural Chemicals. Book III – Miscellaneous<br />
Chemicals. Thomson Publications, Fresno, CA, USA. 189 pp.<br />
Sites internet<br />
Site du programme ActionOzone: www.uneptie.org/ozonaction.html.<br />
Les informations importantes et détaillées sur les alternatives au bromure<br />
de méthyle, les activités connexes et les sources de documentation sont<br />
régulièrement mises à jour.<br />
Le bulletin et le forum RUMBA (Regular Update on Methyl Bromide<br />
Alternatives) peuvent être consultés sur le site http://www.uneptie.org/<br />
ozat/pub/rumba/main.html ou par courrier adressé à rumbarequest@lists.unep.fr<br />
Le Programme des Nations Unies pour l’Environnement, Division<br />
Technologie, Industrie et Economie (PNUE <strong>DTIE</strong>) a créé RUMBA<br />
pour inciter la communauté du Protocole de Montréal à promouvoir<br />
l’échange d’information et favoriser les discussions sur l’élimination du<br />
bromure de méthyle.<br />
Un site internet spécialement conçu pour présenter les résultats de projets<br />
de démonstration du Fonds Multilatéral a récemment été créé.<br />
L’avancement, les résultats des projets et les contacts utiles sont<br />
disponibles sur www.uneptie.org/unido-harvest<br />
107
108
Annexe II<br />
Programme ActionOzone du PNUE<br />
<strong>DTIE</strong><br />
Des pays du monde entier entreprennent des actions concrètes pour<br />
réduire et éliminer la production et la consommation de CFC, halons,<br />
tétrachlorure de carbone, méthylchloroforme, bromure de méthyle et<br />
HCFC. Relâchées dans l’atmosphère, ces substances endommagent la<br />
couche d’ozone stratosphérique, écran qui protège la vie terrestre des<br />
dangereux effets de la radiation ultraviolette du soleil. Presque tous les<br />
pays (172 actuellement) se sont engagés conformément au Protocole de<br />
Montréal à éliminer toute production et utilisation de SAO. Reconnaissant<br />
la nécessité des pays en voie de développement de bénéficier d’une aide<br />
technique et financière afin d’honorer leurs engagements pris aux termes<br />
du Protocole de Montréal, les Parties ont instauré le Fonds Multilatéral<br />
et ont demandé au PNUE, au PNUD, à l’ONUDI et à la Banque<br />
Mondiale d’apporter cette aide. En outre, le PNUE soutient les activités<br />
de protection de l’ozone dans les pays à économie en transition en tant<br />
qu’agence d’exécution du Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM).<br />
Depuis 1991, le Programme ActionOzone du PNUE <strong>DTIE</strong> a renforcé la<br />
capacité des gouvernements (en particulier des Bureaux Nationaux Ozone<br />
– BNO) et de l’industrie de pays en voie de développement à prendre des<br />
décisions éclairées sur les choix technologiques et élaborer des politiques<br />
nécessaires pour appliquer le Protocole de Montréal. Le Programme<br />
ActionOzone a contribué à promouvoir des activités d’élimination<br />
rentables à l’échelle nationale et régionale en apportant aux pays en voie<br />
de développement les services suivants, adaptés à leurs besoins individuels:<br />
Echange d’information<br />
Fournit des services et des outils d’information pour inciter et permettre<br />
aux décideurs de prendre des décisions éclairées en matière de politiques<br />
et investissements requis pour parvenir à éliminer les SAO. Depuis 1991,<br />
le Programme a élaboré puis distribué aux BNO plus de 100 publications<br />
originales, vidéos et bases de données comprenant des outils de<br />
109
sensibilisation, un bulletin trimestriel, un site internet, des publications<br />
techniques spécifiques à chaque secteur pour identifier et choisir les<br />
technologies alternatives et schémas directeurs qui aideront les<br />
gouvernements à mettre en place des politiques et réglementations.<br />
Formation<br />
Renforce la capacité des décideurs, des douaniers et de l’industrie locale pour<br />
mener des activités nationales d’élimination des SAO. Le Programme encourage<br />
l’implication d’experts locaux de l’industrie et du milieu universitaire<br />
dans des ateliers de formation et réunit les décideurs locaux avec des experts<br />
internationaux chargés de la protection de l’ozone. Le PNUE organise des<br />
formations à l’échelle régionale et soutient des activités de formation à l’échelle<br />
nationale (en fournissant des manuels de formation entre autres).<br />
Constitution de réseau<br />
Sert de forum d’échange régulier pour que les membres des BNO échangent<br />
leurs expériences, développent des compétences et partagent connaissances<br />
et idées avec leurs homologues de pays industrialisés ou en voie de<br />
développement. La constitution de réseaux permet aux BNO de posséder les<br />
informations, compétences et contacts nécessaires pour mener à bien des<br />
activités d’élimination des SAO. Actuellement, le PNUE compte 8 réseaux<br />
régionaux/sous-régionaux qui regroupent 109 pays en voie de<br />
développement et 8 pays industrialisés, ce qui a permis à certains états-membres<br />
de prendre rapidement des mesures pour appliquer le Protocole de Montréal.<br />
Plans de gestion des frigorigènes (PGF)<br />
Fournissent aux pays une stratégie d’élimination intégrée et rentable<br />
des SAO dans les secteurs de la réfrigération et de la climatisation. Les<br />
PGF aident les pays en voie de développement (notamment les faibles<br />
consommateurs de SAO) à surmonter les nombreux obstacles liés à<br />
l’élimination des SAO dans le secteur critique de la réfrigération. Le<br />
PNUE <strong>DTIE</strong> fournit actuellement les connaissances, l’information et<br />
les conseils spécifiques nécessaires à l’élaboration de PGF dans 60 pays.<br />
Programmes de pays et renfor<br />
enforcement institutionnel<br />
Aident notamment les pays faibles consommateurs de SAO à élaborer<br />
et appliquer des stratégies nationales d’élimination des SAO. Le<br />
110
Programme aide actuellement 90 pays à élaborer leur Programme de<br />
Pays et 76 pays à appliquer leurs projets de renforcement institutionnel.<br />
Pour de plus amples informations sur ces services, contacter:<br />
Mr. Rajendra Shende, Chef de<br />
l’Unité Energie et ActionOzone,<br />
PNUE Division Technologie,<br />
Industrie et Economie<br />
Programme ActionOzone<br />
39-43, Quai André Citroën<br />
75739 Paris Cedex 15 France<br />
Email: ozonaction@unep.fr<br />
Tel: +33 1 44 37 14 50<br />
Fax: +33 1 44 37 14 74<br />
Site internet:<br />
www.uneptie.org/ozonaction<br />
PNUE<br />
111
PNUE, Division Technologie,<br />
Industrie et Economie<br />
Le PNUE, Division Technologie, Industrie et Economie a pour mission<br />
d’aider les décideurs au sein des gouvernements, des autorités locales et<br />
de l’industrie à élaborer puis adopter des politiques et des pratiques qui:<br />
· sont plus propres et plus sûres;<br />
· utilisent plus efficacement les ressources naturelles;<br />
· permettent une gestion adéquate des substances chimiques;<br />
· intègrent les coûts environnementaux;<br />
· réduisent la pollution et les risques pour les humains et<br />
l’environnement.<br />
Le PNUE, Division Technologie, Industrie et Economie (PNUE <strong>DTIE</strong>),<br />
dont le siège est à Paris, se compose d’un centre et de quatre unités:<br />
· Le Centre International de Technologie Environnementale (Osaka),<br />
encourage l’adoption et l’utilisation de technologies sans danger<br />
pour l’environnement avec une attention particulière sur la gestion<br />
environnementale des villes et des réservoirs d’eau potable, dans les<br />
pays en voie de développement et les pays à économie en transition.<br />
· Production et Consommation (Paris), encourage des modèles de<br />
production et de consommation plus propres et plus sûrs permettant<br />
d’utiliser plus efficacement les ressources naturelles et de réduire la<br />
pollution.<br />
· Substances chimiques (Genève), encourage le développement durable<br />
en catalysant des actions mondiales et en créant des capacités<br />
nationales pour gérer sans danger les substances chimiques et<br />
améliorer la sécurité liée à leur utilisation dans le monde. Une priorité<br />
particulière est accordée aux Polluants Organiques Persistants (POP)<br />
et à la Procédure de consentement informé (conjointement avec la<br />
FAO).<br />
· Energie et ActionOzone (Paris), soutient l’élimination de substances<br />
appauvrissant la couche d’ozone dans les pays en voie de<br />
112
développement et les pays à économie en transition et encourage<br />
les bonnes pratiques de gestion et d’utilisation de l’énergie, avec<br />
une attention particulière portée aux impacts sur l’atmosphère. Le<br />
Centre de collaboration sur l’énergie et l’environnement du PNUE/<br />
RISØ soutient les actions de l’unité.<br />
· Economie et Commerce (Genève), favorise l’utilisation et<br />
l’application d’outils d’évaluation et d’encouragement pour les<br />
politiques environnementales et contribue à mieux faire comprendre<br />
les relations unissant le commerce et l’environnement ainsi que le<br />
rôle des institutions financières dans la promotion d’un<br />
développement durable.<br />
Sensibiliser, améliorer la transmission de l’information, construire des<br />
capacités, encourager la coopération, le partenariat et l’échange de technologies,<br />
mieux faire comprendre l’impact sur l’environnement de<br />
certaines pratiques commerciales, favoriser l’intégration de<br />
préoccupations environnementales dans le cadre de politiques<br />
économiques et catalyser la sécurité liée aux substances chimiques dans<br />
le monde: tels sont les principaux objectifs du PNUE <strong>DTIE</strong>.<br />
113
114
Glossaire<br />
Aération du sol: quantité d’air ou d’oxygène dans un sol ou substrat.<br />
Elle est définie par le volume d’air ou le taux de porosité de l’air dans ce<br />
substrat (définie par le pourcentage du volume de substrat rempli d’air).<br />
Agent de lutte biologique: micro-organisme capable de détruire<br />
partiellement ou totalement un autre organisme.<br />
Analyse du sol: analyse de laboratoire visant à déterminer la teneur en<br />
éléments minéraux et certaines caractéristiques chimiques comme le pH<br />
et la CE.<br />
Analyse foliaire: analyse de laboratoire destinée à déterminer la teneur<br />
nutritive du tissu foliaire.<br />
Antagoniste: micro-organisme capable de produire un produit<br />
métabolique toxique pouvant tuer, mettre en danger ou encore inhiber<br />
un autre micro-organisme situé à proximité. Des populations<br />
d’antagonistes peuvent ainsi dissuader des populations d’autres microorganismes<br />
sensibles.<br />
APHIS (<br />
(Animal and Plant Health Inspection Service<br />
– Service<br />
d’inspection de la santé animale et végétale): autorité américaine<br />
chargée des questions relatives à la faune et à la flore et de leur importation<br />
sur le territoire américain. L’APHIS a des antennes sur tout le<br />
territoire américain et dans de nombreux pays.<br />
Arrachage<br />
rachage: retrait de plantes en raison de maladies ou d’autres<br />
problèmes.<br />
Bactérie nitrifiante: dans le cycle naturel de l’azote, bactérie de l’espèce<br />
Nitrosomonas qui transforme l’ammoniaque présente dans le sol en<br />
nitrites et un second groupe, l’espèce Nitrobacter, qui transforme les<br />
nitrites en nitrates. Avec les micro-organismes ammonifiants, ces bactéries<br />
conservent l’azote sous toutes ses formes.<br />
115
Biocide: tout agent ou composé susceptible de tuer un organisme vivant<br />
présent dans un sol ou un substrat par simple contact. La vapeur et le bromure<br />
de méthyle sont appelés biocides car ils tuent un large spectre d’organismes.<br />
Biofumigation: processus au cours duquel les résidus végétaux sont<br />
incorporés dans le sol après récolte et laissés pour décomposition. Au cours<br />
de ce processus, la matière végétale produit certains gaz, principalement<br />
des isothiocyanates, qui agissent comme pesticides naturels et éliminent un<br />
nombre substantiel d’organismes nocifs présents dans le sol.<br />
Biopesticide: pesticide obtenu à partir de sources naturelles comme<br />
l’extrait de Neem ou de nicotine.<br />
Bromur<br />
omure de méthyle: fumigant gazeux à large spectre, utilisé depuis<br />
de nombreuses années pour débarrasser le sol ou le substrat de maladies,<br />
graines de mauvaises herbes ou parasites nocifs. On l’utilise<br />
également pour fumiger des infrastructures et des marchandises. En<br />
1992, le bromure de méthyle a été classé par le Protocole de Montréal<br />
parmi les substances appauvrissant la couche d’ozone.<br />
Carbendazime: 2(methoxylocarbonylamino)-benzimidazole. Composé<br />
de benzimidazole, utilisé comme fongicide systémique. Ce produit est<br />
souvent cité sous des appellations commerciales comme Bavistin®,<br />
Derosal®, Kemdazin®.<br />
Cartographie<br />
tographie: collecte de données, essentiellement liées à l’incidence<br />
de parasites ou de maladies sur une récolte, sur une carte ou un plan de<br />
zone de culture (serre).<br />
CCTBM – Comité des Choix Techniques pour le Bromur<br />
omure e de Méthyle:<br />
Comité créé par le Protocole de Montréal « pour identifier les alternatives<br />
existantes et potentielles au bromure de méthyle ». Il regroupe 35 à 40<br />
membres, issus de pays industrialisés et de pays en voie de développement.<br />
Champs surélevés: couches ou conteneurs destinés à la culture de<br />
plantes, isolés du sol. Des couches surélevées ou des planches étagées<br />
peuvent être utilisées comme champs surélevés.<br />
Coir: amendement du sol ou substrat composé de fibre de coco et<br />
obtenu à partir de coque de coco. Il possède une bonne capacité de<br />
rétention d’eau et est utilisé en culture « hydroponique ».<br />
116
Compost: matériau organique obtenu à partir d’une matière organique<br />
partiellement décomposée comme des résidus végétaux. Le processus<br />
de décomposition est appelé compostage.<br />
Conductivité électrique (CE): propriété d’une solution à conduire<br />
l’électricité grâce à ses solutés ioniques. Elle est utilisée pour mesurer la<br />
teneur en sels solubles dans l’eau. Chaque sel possède une valeur CE<br />
unique. Elle peut être exprimée selon différentes unités, comme le dS/<br />
m (déciSiemens par mètre) ou micromhos/cm.<br />
Contrôle chimique: contrôle d’un parasite ou d’une maladie par<br />
l’application d’un pesticide ou d’un composé d’origine chimique.<br />
Contrôle génétique: contrôle d’une maladie ou d’un parasite en rendant<br />
l’hôte résistant à cette maladie ou parasite avec des méthodes<br />
d’amélioration génétique, d’hybridation ou d’autres formes de<br />
recombinaison génétique.<br />
Contrôle par exclusion: stratégie de contrôle d’un parasite ou d’une<br />
maladie prévenant le contact du pathogène avec son hôte prédisposé<br />
(ex: moustiquaires empêchant les insectes volants de pénétrer dans les<br />
serres, procédés spéciaux de déparasitage, etc.).<br />
Contrôle physique: moyen de contrôle utilisant des méthodes physiques,<br />
comme la vapeur, la chaleur, l’aspiration, les moustiquaires, les protections<br />
ou autres, afin de limiter une maladie ou une population de parasites.<br />
Couches de terre: couches faites directement à partir du sol naturel<br />
(terre) dans lesquelles on fait pousser des fleurs.<br />
Culture e hors sol: méthode de culture au cours de laquelle les plantes<br />
sont cultivées dans un substrat leur permettant de se fixer et d’absorber<br />
de l’eau et des éléments nutritifs.<br />
Culture e hydroponique<br />
oponique: littéralement, il s’agit de la culture de végétaux<br />
dans de l’eau ou en milieu liquide. La culture dans des substrats sans<br />
terre est souvent dénommée ainsi.<br />
Dazomet: Tétrahydro-3,5, diméthyle-2H-1,3,5-thiadiazine-2-thione.<br />
Fumigant du sol utilisé avant la plantation, efficace contre de nombreuses<br />
117
espèces de mauvaises herbes, de nématodes (sauf le sporocyste), de<br />
champignons du sol et de parasites arthropodes. Mieux connu sous<br />
l’appellation commerciale Basamid®, on peut également le rencontrer<br />
sous les noms de Allante® et Dazoberg®. Il est souvent utilisé comme<br />
alternative au bromure de méthyle.<br />
Densité de plantation: quantité de plantes cultivées sur une unité de<br />
surface, comme le m 2 .<br />
Dépistage: pratique au cours de laquelle un personnel formé inspecte<br />
les plantes et zones de culture afin de détecter la présence de parasites<br />
ou de maladies dès leur apparition.<br />
Désinfestation: élimination ou autre pratique pour éviter l’infestation<br />
de zones de culture par un parasite ou une maladie, par exemple en<br />
détruisant les résidus végétaux.<br />
Dichloropr<br />
opropène<br />
opène: 1,3-dichloropropène, connu sous les appellations<br />
commerciales Télone-II®, Télone C-17®, Télone C-35®, Nematrap®,<br />
Nematox® entre autres. Ce fumigant du sol est assez efficace contre les<br />
nématodes et les insectes du sol et l’est grandement contre les nématodes<br />
sporocystes, notamment dans du terreau et des sols sablonneux. Il agit<br />
également contre certains champignons du sol et certaines mauvaises herbes,<br />
surtout lorsqu’il est associé à des substances comme la chloropicrine.<br />
Diffuseur<br />
fuseur: dispositif tel qu’un tuyau rigide ou flexible utilisé pour<br />
conduire la vapeur de sa source (chaudière) jusqu’au substrat à traiter<br />
(comme le sol).<br />
Effluents<br />
fluents: substances, habituellement liquides, qui émanent de compost<br />
ou de tas d’humus. Généralement riches en éléments nutritifs et<br />
en organismes utiles, elles peuvent être apportées au sol comme<br />
amendement.<br />
Fumigation: processus selon lequel une substance chimique (fumigant)<br />
est injectée ou incorporée dans le sol ou le substrat afin d’éliminer les<br />
maladies ou les parasites présents.<br />
Fusariose: maladie de nombreuses plantes provoquée par le champignon<br />
Fusarium oxysporum. Ce dernier revêt plusieurs formes ou formae<br />
118
specialis qui diffèrent selon leur pathogénicité envers certains hôtes.<br />
Ainsi, le f.sp. dianthi ne s’attaque qu’aux plantes appartenant à la famille<br />
des œillets. La fusariose peut être très dévastatrice, anéantir des plantes<br />
et occasionner d’importantes pertes. Ce champignon vit dans le sol et<br />
peut perdurer longtemps, même en l’absence de son hôte.<br />
Galle du collet: maladie de nombreuses plantes provoquée par la bactérie<br />
Agrobacterium tumefaciens qui provoque la formation de galles irrégulières<br />
et épaisses pouvant gainer la tige des plantes et en altérer l’esthétique. Cette<br />
maladie réduit également leur vitalité et leur productivité. Ces bactéries<br />
vivent dans le sol et peuvent subsister pendant de longues périodes.<br />
Glyphosate: N-(phosphonométhyle) glycocolle. Composé d’acide<br />
phosphorique utilisé comme herbicide de pré-plantation pour un large<br />
spectre de mauvaises herbes. Mieux connu sous l’appellation commerciale<br />
Roundup®, on le trouve également sous d’autres appellations.<br />
Gref<br />
effe<br />
fe: Habituellement insertion sur un porte-greffe d’une plante, en<br />
mettant en contact des surfaces incisées pour former ensuite des parties<br />
vivantes. Champignons, racines de plantes et autres peuvent se greffer<br />
naturellement.<br />
Humus: amendement organique ou substrat obtenu en nourrissant des<br />
lombrics avec de la matière végétale partiellement compostée.<br />
Infection: processus selon lequel un pathogène s’immisce dans le tissu<br />
de la plante et s’y installe, provoquant des symptômes et développant<br />
ou terminant son cycle de vie avec elle. La relation entre les deux<br />
organismes vivants s’achève lorsque l’un d’entre eux meurt.<br />
Infestation: survie d’un pathogène associé à une entité inerte comme<br />
le sol, les outils ou l’outillage.<br />
Irrigation rigation au goutte à goutte: système d’irrigation grâce auquel l’eau<br />
est amenée directement au pied de la plante, dans le sol ou substrat,<br />
souvent à l’aide de petits goutteurs ou microtubes.<br />
Lombrics: vers appartenant habituellement à l’espèce Eisenia foetida<br />
utilisés pour accélérer le processus de compostage végétal afin de<br />
produire du « vermicompost » ou « humus », substance organique riche<br />
119
pouvant être apportée aux plantes pour amender le sol ou être utilisée<br />
comme engrais organique.<br />
<strong>Lutte</strong> biologique: destruction partielle ou totale d’une population de<br />
micro-organismes par une autre.<br />
<strong>Lutte</strong> culturale: mesures de contrôle basées sur l’adaptation de mesures<br />
de culture afin de réduire l’inoculum du parasite ou de la maladie. Par<br />
exemple, si l’on espace davantage les plantations, la circulation de la<br />
densité de l’air entre les plantes augmente et l’humidité diminue,<br />
réduisant ainsi l’incidence de certaines maladies.<br />
<strong>Lutte</strong> phytosanitaire intégrée (LPI): plan de lutte antiparasitaire impliquant<br />
une série de mesures alternatives de contrôle et pas uniquement des substances<br />
chimiques. Il s’agit entre autres de méthodes régulatrices agricoles,<br />
physiques et biologiques, chacune contribuant d’une certaine façon à réduire<br />
des populations parasites et les dommages provoqués par ces derniers.<br />
Masse volumique humide: rapport entre le poids ou la masse d’un substrat<br />
ou sol sec par rapport à sa masse volumique humide. Exprimée en gr/cm 3 .<br />
Métam-sodium: Dihydrate de sodium N-méthyldithiocarbamate. Mieux<br />
connu sous les appellations commerciales Vapam® et Buma®, on le<br />
trouve également dans certains pays sous les noms de Trimaton®,<br />
Busan® et Unifume®. Fumigant du sol à large spectre, il est utilisé<br />
pour contrôler de nombreux genres de champignons, nématodes (la<br />
plupart des espèces), mauvaises herbes (la plupart des espèces) et des<br />
parasites arthropodes (scutigerelle et collembola entre autres)<br />
Micro-or<br />
o-organisme du sol: micro-organisme qui passe la majorité de<br />
son cycle de vie dans le sol ou substrat, souvent en contact avec les<br />
parties souterraines des végétaux.<br />
Monoculture: culture continue d’une même plante ou récolte sur une<br />
longue période.<br />
Moustiquaire: toile, filet ou autre type de protection placé au-dessus<br />
des ouvertures des serres afin d’empêcher les insectes volants parasites<br />
de pénétrer dans les aires de culture.<br />
120
Nématode: minuscules « vers », souvent microscopiques, vivant pour<br />
la plupart dans le sol comme saprophytes mais pouvant être parasites<br />
sur certaines plantes.<br />
Normes de protection des travailleurs: ensemble de mesures à observer<br />
afin de minimiser les risques pour la santé des travailleurs. Les<br />
normes de protection des travailleurs et la médecine du travail font partie<br />
de la législation sur la protection sociale de nombreux pays.<br />
Organique<br />
ganique: substance ou composé à base de carbone. Par exemple, le<br />
compost est de nature organique.<br />
Organismes ammonifiants: groupe d’organismes, principalement des<br />
bactéries, champignons et Actinomycètes, qui transforment l’azote<br />
présent dans le sol en ammoniaque, selon le cycle naturel de l’azote.<br />
Parasite: organisme, habituellement un insecte, une mite ou une limace,<br />
qui se nourrit sur une plante-hôte prédisposée.<br />
Pasteurisation: processus selon lequel, souvent au moyen de chaleur, les<br />
organismes vivants par exemple présents dans le sol ou substrat, sont éliminés<br />
de façon sélective. En général, les organismes dangereux sont éliminés dans<br />
des proportions bien plus importantes que les organismes utiles.<br />
Pathogène: organisme, habituellement microscopique, capable de<br />
provoquer une maladie sur une plante-hôte. Bactéries, virus, champignons<br />
et nématodes sont généralement considérés comme pathogènes.<br />
Perméabilité du sol: propriété d’un sol ou substrat à laisser passer l’eau.<br />
pH: le pH est défini comme « le logarithme négatif d’une concentration<br />
en ions H+». Ce coefficient caractérise l’acidité ou la basicité d’une<br />
solution; un pH 7 est considéré comme neutre; en-dessous, il est acide<br />
et au-dessus, il est basique ou alcalin.<br />
Phloème: tissu conducteur à l’intérieur de la tige de la plante, permettant<br />
le transport des sucs (assimilats) végétaux qui ont été transformés dans<br />
les feuilles par photosynthèse.<br />
<strong>Phytosanitaire</strong>: se réfère à la santé des végétaux.<br />
121
Phytotoxicité: qui provoque des dégâts ou est toxique pour les plantes.<br />
Piège englué: morceau de carton, plastique ou autre matériau, généralement<br />
jaune, bleu ou blanc utilisé pour attirer les insectes volants. Ces pièges sont<br />
couverts d’une substance collante comme de l’huile pour que les insectes<br />
viennent s’y coller, ce qui donne au cultivateur une idée précise de la population<br />
d’insectes présente de façon à mettre en place un seuil d’action.<br />
Plante-piège: plante qui attire un certain pathogène ou parasite, pouvant<br />
être utilisée pour réduire des populations de cet organisme. Par exemple,<br />
les œillets d’Inde (Tagetes) peuvent être utilisés pour attirer les nématodes.<br />
Certaines plantes, au contraire, repoussent certains pathogènes et peuvent<br />
être plantées comme barrière protectrice autour de cultures sensibles.<br />
Porte gref<br />
effe<br />
fe: plante possédant habituellement certaines qualités comme<br />
la vigueur ou la résistance, sur laquelle on greffe la même espèce qui<br />
possède d’autres qualités.<br />
Prochloraz<br />
ochloraz: N-propyl-N-(2-(2,4,6-tricholophenoxy)éthyle)-imidazole-<br />
1-carboxamide. Composé de carboxamide utilisé comme fongicide pour<br />
protéger les plantes et éradiquer les parasites. On trouve ce fongicide<br />
sous les appellations commerciales Octave® et Sportak®.<br />
Production durable: plan de culture permettant une production continue<br />
et prospère sur un même site pendant une longue période, avec<br />
un minimum de dommages pour les ressources naturelles renouvelables<br />
(comme l’air, l’eau, le sol).<br />
Quarantaine de plantes: lorsque des végétaux proviennent d’une source<br />
extérieure et représentent une source potentielle de parasite ou de<br />
maladie, on isole ces végétaux un certain temps pour éviter de contaminer<br />
toute culture dans la zone.<br />
Quarantaine et Pré-Expédition: traitement ou fumigation appliqué<br />
« directement avant une exportation pour respecter les exigences<br />
phytosanitaires et sanitaires du pays importateur ou celles du pays<br />
exportateur » (Rapport 1998 du CCTBM).<br />
Ré-infestation: processus selon lequel parasites ou pathogènes<br />
réintègrent le sol ou substrat après stérilisation ou désinfestation.<br />
122
Roche volcanique: également dénommée scorie ou pierre ponce,<br />
utilisée comme substrat minéral dans la culture hors-sol.<br />
Rotation des cultures<br />
es: stratégie de contrôle au cours de laquelle une<br />
récolte sensible à une maladie ou un parasite du sol spécifique s’effectue<br />
selon des cycles qui alternent avec des cultures résistantes ou nonsensibles<br />
à ce pathogène. Pour les pathogènes ne pouvant survivre qu’à<br />
proximité de leur hôte, la période d’absence de l’hôte en question peut<br />
considérablement réduire leur population dans le sol.<br />
Sels solubles: sels solubles dans l’eau. Ils regroupent la plupart des<br />
fertilisants non-organiques (ammonium, nitrate, phosphates, sulfates)<br />
et des sels minéraux (comme le bicarbonate de soude) dissous dans<br />
l’eau d’irrigation.<br />
Seuil d’action: taux ou degré d’endommagement d’une récolte qui justifie<br />
l’application d’une mesure de protection telle qu’un pesticide. Les seuils<br />
d’action sont principalement déterminés par la surveillance (dépistage, pièges<br />
englués, échantillonnage, etc.) et peuvent varier selon la culture. Pour les<br />
fleurs, ce seuil est souvent très bas en raison de leur valeur esthétique.<br />
Seuil d’endommagement: taux d’endommagement qui justifie<br />
d’entreprendre des mesures car il représente d’importantes pertes<br />
économiques. Un seuil d’endommagement nécessite des calculs<br />
économiques parfois laborieux pour un producteur ; travailler avec un<br />
seuil d’action peut donc constituer une meilleure approche.<br />
Seuil de résistance à la chaleur: température à laquelle un microorganisme<br />
meurt.<br />
Solarisation: processus selon lequel un sol humide est recouvert de<br />
polyéthylène transparent et exposé à la chaleur de journées ensoleillées<br />
pendant plusieurs jours voire semaines. Selon les conditions, la couche<br />
supérieure du sol (30 cm) peut atteindre des températures supérieures<br />
à 50°C, éliminant de nombreux parasites et agents pathogènes.<br />
Stérilisation à la vapeur: processus visant à injecter de la vapeur d’eau<br />
ou autre type de vapeur dans le sol ou à sa surface afin de tuer les parasites<br />
et pathogènes du sol.<br />
123
Substance minérale: substance ou composé n’étant pas à base de<br />
carbone. Pour les engrais, ce terme se réfère principalement aux sels<br />
minéraux. Se réfère également aux substrats, aux amendements et aux<br />
matières synthétiques comme la vermiculite.<br />
Substrat: matériau dans lequel se développe la plante, pouvant être<br />
constitué de terre naturelle ou bien d’une substance totalement horssol<br />
(intermédiaires possibles).<br />
Substrat d’enveloppe de riz: milieu de culture ou substrat fabriqué à<br />
partir d’enveloppes de riz, ou dérivés de rizeries.<br />
Surveillance<br />
veillance: suivi de la présence d’une maladie ou d’un parasite au<br />
moyen de dépistage, de pièges englués entre autres.<br />
Thrips: minuscules insectes volants de l’ordre Thysanoptera qui percent<br />
et aspirent les tissus végétaux. Les thrips ne sont pas uniquement<br />
dangereux pour les plantes; ils peuvent véhiculer certains virus comme<br />
celui de la maladie bronzée de la tomate, particulièrement destructeur.<br />
Tourbe horticole<br />
ticole: substrat organique composé de mousses, joncs et<br />
roseaux partiellement décomposés, formé dans des milieux marécageux.<br />
La tourbe horticole la plus couramment utilisée est issue de la sphaigne<br />
(Sphangum), provenant des tourbières septentrionales d’Europe ou<br />
du Canada. La tourbe est très utilisée comme substrat de plantation ou<br />
de rempotage ou pour amender le sol.<br />
Toxicité<br />
oxicité: lorsque la concentration d’un élément nutritif ou d’une substance<br />
chimique est suffisamment élevée pour endommager un plante.<br />
Vaisseaux de la tige: tissus conducteurs dans la tige des plantes<br />
transportant l’eau et les éléments nutritifs vers les autres parties de la<br />
plante.<br />
Variétés résistantes: variétés de plantes capables de résister aux attaques<br />
de parasites ou pathogènes. Elles peuvent être naturellement résistantes<br />
ou rendues telles par amélioration génétique ou d’autres recombinaisons<br />
génétiques. La résistance varie de 0 (totalement sensible) à 100%<br />
(immunisé), avec des niveaux intermédiaires.<br />
124
Vecteur<br />
ecteur: organisme capable de transmettre une maladie d’un hôte sensible<br />
à un autre.<br />
Ver<br />
ermiculite<br />
miculite: composant minéral de milieux de culture obtenu à partir<br />
de minerai de type mica de silicate d’aluminium-fer-magnésium chauffé<br />
à haute température, dilatant ainsi les couches du minerai en une structure<br />
en accordéon. Elle possède une grande capacité de rétention d’eau.<br />
Vir<br />
irulence<br />
ulence: degré de pathogénécité, c’est à dire le pouvoir d’un<br />
pathogène à provoquer une maladie.<br />
Xylème: vaisseau conducteur à l’intérieur de la tige d’une plante<br />
transportant l’eau et les éléments minéraux absorbés par les racines vers<br />
les feuilles, où ils seront transformés par photosynthèse.<br />
125