Le compte-rendu radiologique en meilleure forme
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<strong>Le</strong> <strong>compte</strong>-<strong>r<strong>en</strong>du</strong> <strong>radiologique</strong><br />
<strong>en</strong> <strong>meilleure</strong> <strong>forme</strong><br />
Liliane Ollivier*, Christian <strong>Le</strong>clère**, Jérôme <strong>Le</strong>clère***<br />
* Départem<strong>en</strong>t d’Imagerie, Institut Curie, Paris, France<br />
** CNRS, Institut Gaspard-Monge, Informatique-Linguistique,<br />
Université de Marne-la-Vallée<br />
*** Départem<strong>en</strong>t d’Imagerie, Institut Gustave Roussy, Villejuif, France
Notre objectif est de montrer que la rédaction des <strong>compte</strong>s-<strong>r<strong>en</strong>du</strong>s <strong>radiologique</strong>s<br />
est affectée d’une dérive contagieuse dont les signes sont le foisonnem<strong>en</strong>t de<br />
locutions impropres et la répétition systématique de termes inutiles.<br />
À partir de l’analyse d’exemples, nous étudions la <strong>forme</strong> des <strong>compte</strong>s-<strong>r<strong>en</strong>du</strong>s : concision,<br />
style, sémantique. <strong>Le</strong>s exemples cités sont, bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du, tout à fait auth<strong>en</strong>tiques, il<br />
s’agit de <strong>compte</strong>s-<strong>r<strong>en</strong>du</strong>s relevés dans des dossiers de pati<strong>en</strong>ts.<br />
En 1904, Hickey introduisit le terme « interprétation ». En 1922, il constatait que le style<br />
des « rapports » était toujours individualiste et exc<strong>en</strong>trique. Il proposa de les<br />
standardiser pour « éviter la verbosité et <strong>en</strong>courager la concision et la clarté ». Près<br />
d’un siècle plus tard, on lit beaucoup de <strong>compte</strong>s-<strong>r<strong>en</strong>du</strong>s comportant de multiples<br />
répétitions de mots, des tics de langage superflus et incorrects. Ces formulations<br />
relèv<strong>en</strong>t d’automatismes irréfléchis et sont parfois tellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>vahissantes qu’elles<br />
nuis<strong>en</strong>t à la compréh<strong>en</strong>sion et donc à la crédibilité de l’analyse. Si l’on se donne la<br />
peine de mieux construire les textes, on constate qu’il est possible d’être beaucoup<br />
plus court tout <strong>en</strong> gagnant <strong>en</strong> précision.<br />
<strong>Le</strong>s principales qualités du <strong>compte</strong>-<strong>r<strong>en</strong>du</strong> sont celles qui le r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t utile pour le clinici<strong>en</strong> :<br />
la clarté, la concision et la corrélation avec le contexte clinique.
La concision
La concision Félix Fénéon par Paul Signac<br />
Monsieur Félix Fénéon (1861-1944),<br />
un nom prédestiné à la concision,<br />
journaliste et critique d’art, était un<br />
spécialiste des phrases courtes. Il t<strong>en</strong>ait<br />
dans <strong>Le</strong> Matin, <strong>en</strong> 1906, une chronique de<br />
faits divers intitulée « Nouvelles <strong>en</strong> trois<br />
lignes », dont voici quelques exemples :<br />
« Madame Fournier, M. Voisin, M. Septeuil se sont<br />
p<strong>en</strong>dus : neurasthénie, cancer, chômage. »<br />
« M. Abel Bonnard, de Vill<strong>en</strong>euve-Saint-Georges, qui jouait au billard, s'est crevé l'oeil gauche <strong>en</strong><br />
tombant sur sa queue. »<br />
« C’est au cochonnet que l’apoplexie a terrassé M. André, 75 ans, de <strong>Le</strong>vallois. Sa boule roulait<br />
<strong>en</strong>core qu’il n’était déjà plus. »
Concision et brièveté<br />
Exemple d’une petite partie d’un très long <strong>compte</strong>-<strong>r<strong>en</strong>du</strong> :
La concision<br />
La description complète des résultats (élém<strong>en</strong>ts positifs et élém<strong>en</strong>ts négatifs<br />
pertin<strong>en</strong>ts) doit être brève et dans un ordre logique de priorité.<br />
La concision n’empêche nullem<strong>en</strong>t la précision, mais elle est souv<strong>en</strong>t plus<br />
difficile que la longueur. Pascal nous le dit dans <strong>Le</strong>s Provinciales, à la fin de la<br />
16ème lettre : "Je n'ai fait celle-ci [cette lettre] plus longue que parce que je<br />
n'ai pas eu le loisir de la faire plus courte » et Voltaire, qui reconnaissait que<br />
« la plupart des bons mots sont des redites » (Essai sur les mœurs et l'esprit<br />
des Nations), le confirme dans sa correspondance : « Je vous écris une longue<br />
lettre car je n’ai pas le temps de vous <strong>en</strong> écrire une courte. »<br />
<strong>Le</strong> temps du lecteur est précieux et, si le <strong>compte</strong>-<strong>r<strong>en</strong>du</strong> est trop long, le clinici<strong>en</strong><br />
ne lira souv<strong>en</strong>t que la conclusion.<br />
Montesquieu nous <strong>en</strong> averti : « <strong>Le</strong> lecteur se tue à abréger ce que l’auteur s’est tué<br />
à allonger. »
La répétition et le s<strong>en</strong>s des mots
• À la lecture des <strong>compte</strong>s-<strong>r<strong>en</strong>du</strong>s <strong>radiologique</strong>s, on constate, très<br />
souv<strong>en</strong>t, 3 anomalies :<br />
– La répétition systématique de certains mots ou expressions<br />
– qui sont souv<strong>en</strong>t impropres dans le s<strong>en</strong>s où ils sont employés<br />
– et superflus, allongeant et alourdissant inutilem<strong>en</strong>t le texte.<br />
• La contagion est étonnante : les mêmes locutions, inutiles et<br />
impropres, se retrouv<strong>en</strong>t dans un très grand nombre de <strong>compte</strong>s-<strong>r<strong>en</strong>du</strong>s<br />
de radiologues d’horizons différ<strong>en</strong>ts.
<strong>Le</strong>s tics de langages<br />
• Dans les médias :<br />
– « J’ai <strong>en</strong>vie de dire » : a remplacé le « j’veux<br />
dire »<br />
– « Jour pour jour » ou mieux : « presque jour<br />
pour jour » : « il y a presque 6 ans, jour pour<br />
jour » (<strong>Le</strong> Figaro; 8 sept 2007)<br />
– « Voilà », « et tout », « tout à fait », « comme<br />
ça » et le « à partir de là » du footballeur<br />
– « <strong>en</strong> fait » (très <strong>en</strong> vogue chez les jeunes)<br />
• Dans les <strong>compte</strong>s-<strong>r<strong>en</strong>du</strong>s :<br />
– <strong>Le</strong> sacro-saint « au niveau », aussi<br />
<strong>en</strong>vahissant qu’inutile<br />
– « Au plan » : au plan pulmonaire…<br />
– « Du point de vue » : du point de vue<br />
par<strong>en</strong>chymateux….<br />
– « On observe la prés<strong>en</strong>ce… »<br />
– « Il existe… », « exist<strong>en</strong>ce… »<br />
– et la fulgurante asc<strong>en</strong>sion de « sur » : « j’habite<br />
sur Lyon », « je travaille sur Paris… », « on est<br />
sur un arôme de fruit rouge… », « on est sur<br />
des g<strong>en</strong>s qui ont besoin d'un suivi<br />
psychiatrique » …<br />
– « On retrouve », « on ne retrouve pas »<br />
– « Ce jour »
au niveau de
• « Au niveau » est la<br />
vedette • incontestée des<br />
locutions répétitives dans les (au<br />
niveau des) <strong>compte</strong>s-<strong>r<strong>en</strong>du</strong>s.<br />
• On la trouve dans (au niveau de)<br />
toutes les phrases, quand ce n’est<br />
pas 2 à 3 fois dans la même phrase :<br />
« Au niveau abdominal, persistance de<br />
la lésion au niveau du dôme hépatique »
Exemple : <strong>compte</strong>-<strong>r<strong>en</strong>du</strong> comportant un total de 20<br />
« au niveau »<br />
Pati<strong>en</strong>t ayant eu un primitif rénal gauche et des localisations secondaires au niveau<br />
thoraco-abdominal.<br />
Technique : L’exam<strong>en</strong> est réalisé d’emblée après injection de produit de contraste <strong>en</strong><br />
coupes hélicoïdales de 5 mm jointives aussi bi<strong>en</strong> au niveau thoracique qu’au<br />
niveau abdominal <strong>en</strong> deux hélices.<br />
Résultats :<br />
Au niveau cervical inférieur, prés<strong>en</strong>ce d’un syndrome de masse pouvant correspondre<br />
à une thyroïde plongeante…..<br />
Au niveau de la loge de Baréty, on observe la volumineuse adénomégalie avec c<strong>en</strong>tre<br />
nécrotique qui semble être diminué par rapport à l’exam<strong>en</strong> précéd<strong>en</strong>t…<br />
On retrouve la prés<strong>en</strong>ce d’adénopathie au niveau sous-carénaire de taille quasim<strong>en</strong>t<br />
inchangée. Toutefois au niveau de cette adénopathie sous-carénaire on observe un<br />
c<strong>en</strong>tre nécrotique de petite taille non prés<strong>en</strong>t lors de l’exam<strong>en</strong> précéd<strong>en</strong>t.<br />
suite ------
D’un point de vue par<strong>en</strong>chymateux, on retrouve un nodule tissulaire du lobe supérieur<br />
droit au niveau du segm<strong>en</strong>t dorsal mesurant ce jour 27 mm, ce qui a donc diminué par<br />
rapport à l’exam<strong>en</strong> du 18 juin 1999. Persistance égalem<strong>en</strong>t du nodule au niveau du lobe<br />
inférieur droit. Au niveau de la zone hilaire droite, on retrouve le même aspect<br />
actuellem<strong>en</strong>t que lors de l’exam<strong>en</strong> du 27 août.<br />
Au niveau abdominal, persistance de la lésion au niveau du dôme hépatique qui mesure ce<br />
jour 39 mm. Deuxième lésion au niveau d’une bifurcation sus-hépatique visible lors de<br />
l’exam<strong>en</strong> précéd<strong>en</strong>t. Au niveau périphérique, on observe égalem<strong>en</strong>t la troisième lésion qui<br />
est de taille et de morphologie quasim<strong>en</strong>t inchangée. Abs<strong>en</strong>ce de nouvelle lésion mise <strong>en</strong><br />
évid<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> particulier au niveau du foie gauche.<br />
Au niveau rénal droit, on observe la prés<strong>en</strong>ce de deux voussures sans altération de la prise<br />
de contraste. Prés<strong>en</strong>ce au niveau de la zone surrénali<strong>en</strong>ne gauche d’une masse arrondie<br />
pr<strong>en</strong>ant le contraste.<br />
Par ailleurs abs<strong>en</strong>ce d’adénopathie au niveau abdominal supérieur ou au niveau pelvi<strong>en</strong>.<br />
Aspect normal de la loge de néphrectomie gauche.<br />
Conclusion :<br />
Discrète diminution des adénopathies <strong>en</strong> particulier au niveau médiastinal.<br />
Stabilisation des images hépatiques.
L’expression « au niveau de » a au moins deux<br />
s<strong>en</strong>s <strong>en</strong> français<br />
1 - Elle peut donner une indication « locative »<br />
assez précise signifiant au s<strong>en</strong>s propre ou<br />
figuré « à la hauteur de » :<br />
« L’eau est monté au niveau du plancher »<br />
« Cet <strong>en</strong>fant n’est pas au niveau de la classe »<br />
2 - Ou être employée comme une locution prépositionnelle vague signifiant « <strong>en</strong> ce qui<br />
concerne » : « au niveau du plancher, j’ai p<strong>en</strong>sé mettre du parquet »<br />
Au niveau n'a pas du tout le même statut dans<br />
« L’eau est montée au niveau du plancher » (= jusqu'au niveau du plancher) et dans :<br />
« Au niveau du plancher, j'ai p<strong>en</strong>sé mettre du parquet (= pour ce qui concerne le plancher)<br />
Dans cette deuxième phrase, « niveau » a complètem<strong>en</strong>t perdu son s<strong>en</strong>s propre (locatif)<br />
"à la hauteur de » . Il <strong>en</strong> trouve un autre, dû au contexte, dans « au niveau abdominal »,<br />
qui veut aussi bi<strong>en</strong> dire: « <strong>en</strong> ce qui concerne l’abdom<strong>en</strong> » que « dans l’abdom<strong>en</strong>.»
S<strong>en</strong>s 1 : au (même) niveau : à la hauteur de<br />
Ce s<strong>en</strong>s correct de « au niveau »,<br />
c’est à dire sur le même plan<br />
horizontal , à la même hauteur, est<br />
employé, à juste titre, dans les<br />
<strong>compte</strong>s-<strong>r<strong>en</strong>du</strong>s pour indiquer une<br />
position relative par rapport à un<br />
organe ou un repère anatomique :<br />
« cette adénopathie est au niveau<br />
de la bifurcation carotidi<strong>en</strong>ne »<br />
Dans notre exemple « au niveau »<br />
est employé trois fois dans ce s<strong>en</strong>s :<br />
au niveau de la zone hilaire droite<br />
(quoique le niveau de la zone…)<br />
au niveau sous-carénaire<br />
au niveau d’une bifurcation sushépatique
S<strong>en</strong>s 2 : au niveau de : <strong>en</strong> ce qui concerne<br />
Dans les <strong>compte</strong>s-<strong>r<strong>en</strong>du</strong>s, « au niveau »<br />
est très souv<strong>en</strong>t employé dans le s<strong>en</strong>s :<br />
« <strong>en</strong> ce qui concerne » :<br />
« au niveau abdominal » :<br />
<strong>en</strong> ce qui concerne l’abdom<strong>en</strong><br />
Cet emploi n'est pas incorrect, il est<br />
d'ailleurs répertorié par le Larousse :<br />
« Au niveau de, <strong>en</strong> ce qui concerne<br />
quelque chose, relativem<strong>en</strong>t à, pour ce<br />
qui est de : Au niveau de la p<strong>en</strong>sée, cet<br />
ouvrage est faible" (Grand Larousse<br />
Usuel, 1997).<br />
Mais on peut s’étonner de sa profusion<br />
répétitive.<br />
Dans l’exemple précéd<strong>en</strong>t « au niveau<br />
de » est employé 9 fois dans ce s<strong>en</strong>s :<br />
au niveau thoraco-abdominal<br />
au niveau thoracique<br />
au niveau abdominal<br />
au niveau cervical<br />
au niveau abdominal<br />
au niveau rénal droit<br />
au niveau abdominal supérieur ou au niveau<br />
pelvi<strong>en</strong>.<br />
au niveau médiastinal.
Au niveau de : <strong>en</strong> ce qui concerne<br />
<strong>Le</strong>s puristes n’ont pu empêcher ce s<strong>en</strong>s<br />
nouveau, non locatif, d’être consacré<br />
par l’usage intempestif qui <strong>en</strong> a été fait
Au niveau de : dans, à l’intérieur de<br />
Mais l’utilisation la plus fréqu<strong>en</strong>te de<br />
« au niveau de » est incorrecte, ambiguë,<br />
à la place de « dans » (à l’intérieur de) :<br />
au niveau de cette adénopathie ; au niveau du<br />
segm<strong>en</strong>t dorsal ; au niveau du lobe inférieur<br />
droit ; au niveau du dôme hépatique ; au<br />
niveau du foie gauche ; au niveau de la zone<br />
surrénali<strong>en</strong>ne….<br />
Au niveau de la loge de Baréty :<br />
quand on <strong>en</strong>tre chez la concierge, on<br />
n’est pas au niveau de sa loge, on est<br />
bi<strong>en</strong> dans sa loge. Personne ne<br />
dirait : « Madame la gardi<strong>en</strong>ne m’a invité au niveau de sa loge, boire un petit<br />
verre de vin cuit » et pourtant c’est cette tournure que l’on trouve à foison dans<br />
les <strong>compte</strong>s-<strong>r<strong>en</strong>du</strong>s <strong>radiologique</strong>s.
Au niveau : un joker prépositionnel<br />
« Au niveau » peut, bi<strong>en</strong> sûr, être employé dans certains cas, mais c’est sa<br />
répétition systématique qui fait douter du niveau de réflexion et d’analyse<br />
du radiologue.<br />
« Au niveau » est une espèce de « joker » prépositionnel qui permet de ne<br />
pas chercher la préposition juste ou une tournure plus concise.<br />
C’est une facilité répétitive qui a eu son heure de gloire (c’était il y a<br />
quelques années le tic de langage le plus flagrant) et qui est restée comme<br />
le parasite le plus répandu dans les <strong>compte</strong>s-<strong>r<strong>en</strong>du</strong>s médicaux <strong>en</strong> général et<br />
<strong>radiologique</strong>s <strong>en</strong> particulier.
<strong>Le</strong>s « au niveau » sont inutiles, on peut les supprimer et<br />
aussi alléger le texte<br />
Exemple :<br />
« Au niveau de la loge de Baréty, on observe la volumineuse adénomégalie avec c<strong>en</strong>tre<br />
nécrotique qui semble être diminué par rapport à l’exam<strong>en</strong> précéd<strong>en</strong>t puisque ce<br />
jour elle est mesurée à 34 mm au lieu de 45 mm. On retrouve la prés<strong>en</strong>ce<br />
d’adénopathie au niveau sous-carénaire de taille quasim<strong>en</strong>t inchangée par rapport<br />
à l’exam<strong>en</strong> précéd<strong>en</strong>t. Toutefois au niveau de cette adénopathie sous-carénaire on<br />
observe un c<strong>en</strong>tre nécrotique de petite taille non prés<strong>en</strong>t lors de l’exam<strong>en</strong><br />
précéd<strong>en</strong>t. »<br />
= 76 mots<br />
L’adénopathie à c<strong>en</strong>tre nécrotique de la loge de Baréty mesure 34 mm (45 mm sur<br />
l’exam<strong>en</strong> précéd<strong>en</strong>t). La taille de l’adénopathie sous-carénaire est stable avec<br />
apparition, au c<strong>en</strong>tre, d’une petite zone de nécrose. »<br />
= 33 mots : plus de 50% de mots <strong>en</strong> moins, aucune perte de s<strong>en</strong>s, aucun des<br />
« au niveau » n’est nécessaire.
Autres locutions fréqu<strong>en</strong>tes<br />
Du point de vue…<br />
Au plan…
Du point de vue par<strong>en</strong>chymateux<br />
Un point de vue, au s<strong>en</strong>s propre, est un<br />
<strong>en</strong>droit d’où l’on voit le mieux un paysage et<br />
au s<strong>en</strong>s figuré une manière d’examiner<br />
quelque chose (Larousse). Certains adjectifs,<br />
qui qualifi<strong>en</strong>t un « type » de point de<br />
vue, sont corrects : « du point de vue légal »<br />
est le point de vue de la légalité, du droit.<br />
Mais on voit mal un par<strong>en</strong>chyme se gratter la<br />
tête avant d’exposer son point de vue ou le<br />
radiologue se poster sur le belvédère<br />
par<strong>en</strong>chymateux pour admirer la campagne<br />
<strong>en</strong>vironnante.
Au plan pulmonaire<br />
Concurr<strong>en</strong>çant le « au niveau » et le<br />
« du point de vue » nous r<strong>en</strong>controns<br />
très fréquemm<strong>en</strong>t le « au plan » : « au<br />
plan hépatique », « au plan pulmonaire »…<br />
Même s’il n’y a plus du tout le s<strong>en</strong>s de<br />
"plan" dans l'expression, on peut critiquer sa<br />
répétition systématique et, pour sourire,<br />
rappeler que la surface des alvéoles<br />
pulmonaires mises à plat est d’<strong>en</strong>viron<br />
200 mètres carré et que donc « au plan<br />
pulmonaire » représ<strong>en</strong>te déjà un bel<br />
appartem<strong>en</strong>t !
Autres termes ou expressions très<br />
souv<strong>en</strong>t répétés<br />
Abs<strong>en</strong>ce de<br />
Prés<strong>en</strong>ce de, ou on observe la prés<strong>en</strong>ce de…<br />
Il existe ou exist<strong>en</strong>ce de…<br />
On retrouve<br />
On ne retrouve pas
<strong>Le</strong>s répétitions<br />
Certains termes, très fréquemm<strong>en</strong>t<br />
employés dans les <strong>compte</strong>s-<strong>r<strong>en</strong>du</strong>s, sont<br />
corrects mais leur profusion alourdit<br />
considérablem<strong>en</strong>t l’<strong>en</strong>semble. D’autant<br />
que, le plus souv<strong>en</strong>t, ils sont, là <strong>en</strong>core,<br />
soit inutiles, soit employés à la place<br />
d’un mot plus simple et plus court.
Abs<strong>en</strong>ce de<br />
L’exemple le plus fréqu<strong>en</strong>t est « abs<strong>en</strong>ce<br />
de » employé à la place de « pas de »<br />
C’est surtout la répétition systématique<br />
de « abs<strong>en</strong>ce de » qui est lourde, surtout<br />
quand il s’agit de toute une liste<br />
d’élém<strong>en</strong>ts négatifs sans aucun rapport<br />
avec le contexte clinique.<br />
S’il est important d’insister sur les<br />
élém<strong>en</strong>ts négatifs pertin<strong>en</strong>ts, il est inutile<br />
de signaler toutes les « abs<strong>en</strong>ces » qui<br />
n’ont ri<strong>en</strong> à voir avec la pathologie,<br />
comme l’abs<strong>en</strong>ce de splénomégalie ou<br />
d’anévrisme aortique, dans le cas d’un<br />
cancer du rein métastatique.<br />
• Suivi évolutif après néphrectomie<br />
droite et hépatectomie partielle :<br />
extraits du <strong>compte</strong>-<strong>r<strong>en</strong>du</strong> :<br />
• - Au niveau ganglionnaire : Abs<strong>en</strong>ce<br />
d’adénomégalie décelable au niveau<br />
coelio-més<strong>en</strong>térique et au niveau du<br />
rétro-péritoine médian.<br />
• - Au niveau des autres organes :<br />
Abs<strong>en</strong>ce d’anomalie morphologique<br />
pancréatique. Abs<strong>en</strong>ce de<br />
splénomégalie. Abs<strong>en</strong>ce de syndrome<br />
de masse surrénali<strong>en</strong>. Au niveau du<br />
rein gauche, on retrouve les kystes<br />
connus. Pas de dilatation des cavités<br />
pyélo-calicielles. Abs<strong>en</strong>ce d’anévrisme<br />
aortique.<br />
• - Au niveau de la loge de néphrectomie<br />
droite : Pas de syndrome de masse<br />
tissulaire anormal mis <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce.<br />
• - Au niveau de la cavité péritonéale :<br />
Abs<strong>en</strong>ce d’épanchem<strong>en</strong>t. Abs<strong>en</strong>ce de<br />
masse péritonéale décelable et de<br />
gâteau épiploïque.<br />
• Au niveau du pelvis : Pas de syndrome<br />
de masse tissulaire anormal mis <strong>en</strong><br />
évid<strong>en</strong>ce. Abs<strong>en</strong>ce d’adénomégalie…
Prés<strong>en</strong>ce de, on retrouve, on ne retrouve pas<br />
« Prés<strong>en</strong>ce de », égalem<strong>en</strong>t très fréqu<strong>en</strong>t, est souv<strong>en</strong>t précédé de l’inutile « on<br />
observe », ce qui donne : « Au niveau rénal droit, on observe la prés<strong>en</strong>ce… ».<br />
<strong>Le</strong>s variantes les plus courantes étant « il existe » ou « exist<strong>en</strong>ce » comme :<br />
« au niveau de la région cicatricielle, exist<strong>en</strong>ce d’une fibrose ». Pourquoi pas<br />
« aspect de fibrose de la région cicatricielle » ?<br />
« On retrouve » précède égalem<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t la « prés<strong>en</strong>ce », ce qui est lourd,<br />
mais correct lorsqu’on analyse, à nouveau, une lésion connue. De même pour<br />
« on ne retrouve pas », si une lésion a disparu ou si elle n’est plus<br />
visible.<br />
Mais, bi<strong>en</strong> souv<strong>en</strong>t, « on retrouve » est employé à mauvais esci<strong>en</strong>t, à la place<br />
de « on découvre », « on met <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce ».
Exemple :<br />
Scanner thorax, abdom<strong>en</strong>, pelvis : Réévaluation d’une LLC (adénopathie cœliaque à l’échographie<br />
abdominale).<br />
Technique :<br />
• Coupes axiales balayant thorax, abdom<strong>en</strong>, pelvis sans injection.<br />
• Opacification digestive par voie haute.<br />
• Pati<strong>en</strong>t allergique à l’iode.<br />
Résultats :<br />
• Au niveau thoracique :<br />
• On retrouve de manière nette une infiltration ganglionnaire médiastinale apparaissant plus<br />
ou moins importante suivant les régions.<br />
• On ne retrouve pas d’épanchem<strong>en</strong>t pleural droit ou gauche.<br />
• On ne retrouve pas de manière nette d’adénopathie hilaire.<br />
• On retrouve une opacité par<strong>en</strong>chymateuse de la lingula évoquant plutôt un phénomène de<br />
pneumopathie ou de trouble de v<strong>en</strong>tilation.<br />
• Prés<strong>en</strong>ce égalem<strong>en</strong>t au niveau de cul de sac pleural gauche du même type d’opacité.<br />
• On retrouve une infiltration ganglionnaire discrète sus-claviculaire droite, plus importante<br />
<strong>en</strong> sus-claviculaire gauche.<br />
• Plus bas, dans les régions axillaires, on ne retrouve pas de manière nette d’adénopathie.
Exemple (suite)<br />
Au niveau abdomino-pelvi<strong>en</strong> :<br />
• Coupes non jointives sur le foie <strong>en</strong> raison des mouvem<strong>en</strong>ts respiratoires différ<strong>en</strong>ts.<br />
• Il existe une hépatomégalie.<br />
• On ne retrouve pas de manière nette sur les coupes réalisées (qui ne sont pas jointives)<br />
d’image focale.<br />
• On retrouve une splénomégalie homogène.<br />
• On retrouve une infiltration ganglionnaire importante de la région du hile splénique, de<br />
l’origine du tronc cœliaque, de l’axe aortico-cave dans sa globalité, de l’axe més<strong>en</strong>térique<br />
supérieur.<br />
• L’infiltration ganglionnaire massive desc<strong>en</strong>d jusqu’au niveau de la bifurcation iliaque.<br />
• À ce niveau, on retrouve une discrète infiltration ganglionnaire bilatérale.<br />
• En inguinal, on ne retrouve pas de manière nette d’adénopathie.<br />
• On retrouve par contre <strong>en</strong> latéro-vésical droit et gauche la prés<strong>en</strong>ce d’images volumineuses<br />
asymétriques aux dép<strong>en</strong>s du côté droit, évoquant égalem<strong>en</strong>t des phénomènes ganglionnaires.<br />
• Abs<strong>en</strong>ce d’anomalie nette visible au niveau de la région pancréatique ou des reins.<br />
Conclusion :<br />
• Infiltration ganglionnaire extrêmem<strong>en</strong>t importante au niveau thoracique et abdomino-pelvi<strong>en</strong><br />
avec hépatomégalie et splénomégalie.<br />
• Trouble de v<strong>en</strong>tilation au niveau du poumon gauche.
<strong>Le</strong> courant impressionniste
<strong>Le</strong> courant impressionniste<br />
« <strong>Le</strong> nodule apparaît bi<strong>en</strong> limité, plutôt échogène, relativem<strong>en</strong>t homogène avec<br />
toutefois une petite touche d’hétérogénéité au niveau postérieur. »<br />
La petite touche est poétique, elle<br />
trans<strong>forme</strong> le banal cliché<br />
échographique <strong>en</strong> tableau, <strong>en</strong><br />
œuvre d’art. Malheureusem<strong>en</strong>t<br />
nous retombons immédiatem<strong>en</strong>t<br />
« au niveau » postérieur ….
<strong>Le</strong> courant impressionniste<br />
On trouve dans la conclusion des<br />
mammographies : « L’impression est à la<br />
bénignité»<br />
« La radiologie est certes un art mais son<br />
courant impressionniste l’éloigne de la<br />
rigueur indisp<strong>en</strong>sable imposée par un<br />
dépistage efficace » (Dr B<strong>en</strong>oit Lucet).
Autres bizarreries<br />
• « Inhomogène » : quelque chose qui<br />
n’est pas homogène est hétérogène,<br />
« inhomogène » est barbare même s’il<br />
existe depuis peu dans le dictionnaire.<br />
• <strong>Le</strong> « syndrome de masse » est<br />
très <strong>en</strong> vogue, il n’y a plus une<br />
masse surrénali<strong>en</strong>ne mais un syndrome<br />
de masse dans la loge surrénali<strong>en</strong>ne.<br />
• « Phénomènes … » :<br />
« On retrouve la prés<strong>en</strong>ce d’images<br />
volumineuses asymétriques aux dép<strong>en</strong>s du<br />
côté droit, évoquant égalem<strong>en</strong>t des<br />
phénomènes ganglionnaires. »<br />
« On retrouve une opacité par<strong>en</strong>chymateuse<br />
de la lingula évoquant plutôt un phénomène<br />
de pneumopathie. »
<strong>Le</strong> <strong>compte</strong>-<strong>r<strong>en</strong>du</strong> parapluie<br />
Décelable<br />
Visible<br />
Mis <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce<br />
Abs<strong>en</strong>ce de<br />
Ce jour
<strong>Le</strong> <strong>compte</strong>-<strong>r<strong>en</strong>du</strong> parapluie<br />
<strong>Le</strong> style traduit, consciemm<strong>en</strong>t ou<br />
inconsciemm<strong>en</strong>t, l’angoisse de mal<br />
faire, de se tromper, de passer à<br />
côté de quelque chose, d’où<br />
les « décelable » et « visible » qui<br />
ne sont pas répréh<strong>en</strong>sibles mais qui<br />
sont souv<strong>en</strong>t ajoutés dans des<br />
phrases alambiquées : « Abs<strong>en</strong>ce<br />
d’adénomégalie décelable au niveau<br />
coelio-més<strong>en</strong>térique » au lieu de<br />
« pas d’adénomégalie cœliaque ou<br />
més<strong>en</strong>térique » (on peut ajouter<br />
« décelable » mais ce n’est pas une<br />
obligation, plutôt une protection).
• « Abs<strong>en</strong>ce de syndrome de masse<br />
visible » : la masse étant à la fois<br />
abs<strong>en</strong>te et non visible, le<br />
radiologue n’a vraim<strong>en</strong>t aucune<br />
raison de la mettre <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce et<br />
se trouve donc deux fois protégé.<br />
• « Ce jour » est un autre mode de<br />
protection : « D’un point de vue<br />
par<strong>en</strong>chymateux, abs<strong>en</strong>ce de nodule<br />
tissulaire décelable ce jour ». Demain<br />
peut-être, mais <strong>en</strong> tout cas, pas<br />
aujourd’hui.<br />
• « Abs<strong>en</strong>ce de nouvelle lésion mise<br />
<strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce au niveau du foie<br />
gauche ». Ici le « mise <strong>en</strong><br />
évid<strong>en</strong>ce » est une formule de<br />
prud<strong>en</strong>ce qui veut dire « décelée<br />
par la technique et par moimême<br />
». « Pas de nouvelle lésion<br />
dans le foie gauche », est plus<br />
direct, moins « protecteur », mais<br />
c’est ce qui intéresse le clinici<strong>en</strong>.
<strong>Le</strong>s abs<strong>en</strong>ces non justifiées<br />
<strong>Le</strong>s « abs<strong>en</strong>ces non justifiées » sont<br />
égalem<strong>en</strong>t un moy<strong>en</strong> de se<br />
protéger, de montrer que tout a été<br />
regardé, mais elles vont contre la<br />
pertin<strong>en</strong>ce de l’analyse. Elles<br />
montr<strong>en</strong>t le caractère systématique<br />
de l’exam<strong>en</strong> et non pas l’acuité de<br />
la prise <strong>en</strong> <strong>compte</strong> du problème<br />
spécifique posé par le prescripteur,<br />
dans un contexte clinique précis.<br />
Dire : « abs<strong>en</strong>ce de masse de la<br />
région corporéo-caudale du<br />
pancréas », lors de la surveillance<br />
d’une pati<strong>en</strong>te opérée d’un cancer de<br />
l’ovaire, n’a aucune justification<br />
connue, alors que « pas de masse<br />
ovari<strong>en</strong>ne » chez une pati<strong>en</strong>te ayant<br />
un adénocarcinome digestif est<br />
parfaitem<strong>en</strong>t validé par Monsieur<br />
Friedrich Krük<strong>en</strong>berg lui-même.
<strong>Le</strong> mythe du risque zéro<br />
La prud<strong>en</strong>ce est compréh<strong>en</strong>sible,<br />
d’autant plus justifiée que le mythe du<br />
risque zéro progresse dans la société<br />
et, avec lui, le nombre de procès,<br />
notamm<strong>en</strong>t contre les radiologues.<br />
<strong>Le</strong> docum<strong>en</strong>t qui va être imprimé à<br />
une valeur médico-légale. Il peut<br />
ressurgir un jour ou l’autre, et c’est de<br />
plus <strong>en</strong> plus fréqu<strong>en</strong>t, dans un cadre<br />
inhabituel, celui des robes noires et<br />
non plus des blouses blanches.
« Ce qui marque une intempérie dans le par<strong>en</strong>chyme splénique »<br />
THOMAS DIAFOIRUS<br />
<strong>Le</strong> fait que le pati<strong>en</strong>t soit susceptible de lire le<br />
<strong>compte</strong>-<strong>r<strong>en</strong>du</strong> peut conduire le radiologue à<br />
maquiller la réalité <strong>en</strong> la dissimulant sous un<br />
vocabulaire volontairem<strong>en</strong>t incompréh<strong>en</strong>sible.<br />
S’il est justifié de ne pas employer des mots<br />
choquants, comme « métastase », la périphrase<br />
ne doit pas, pour autant, être systématique et<br />
dev<strong>en</strong>ir un mode perman<strong>en</strong>t de rédaction,<br />
surtout si l’exam<strong>en</strong> est normal comme dans :<br />
« Abs<strong>en</strong>ce d’objectivation de secondarité<br />
hépatique » ; dans la mesure où il n’y a pas de<br />
lésion (décelable ce jour), il n’y a aucune<br />
raison d’utiliser un jargon magique et d’adopter<br />
le style de Monsieur Purgon.
Conclusion<br />
• Depuis de nombreuses années, on<br />
observe une <strong>forme</strong> contagieuse<br />
de <strong>compte</strong>s-<strong>r<strong>en</strong>du</strong>s dans lesquels<br />
se multipli<strong>en</strong>t des mots inutiles,<br />
des tics de langage alourdissant<br />
le texte et obscurcissant le<br />
raisonnem<strong>en</strong>t, qui semble alors<br />
éloigné de la question clinique.<br />
<strong>Le</strong> <strong>compte</strong>-<strong>r<strong>en</strong>du</strong>, qui est le<br />
moy<strong>en</strong> de communication le plus<br />
constant avec les médecins et les<br />
chirurgi<strong>en</strong>s prescripteurs, est<br />
ess<strong>en</strong>tiel pour éviter les critiques,<br />
toujours promptes, et établir la<br />
confiance.<br />
• <strong>Le</strong> <strong>compte</strong>-<strong>r<strong>en</strong>du</strong> doit répondre le<br />
plus directem<strong>en</strong>t possible aux<br />
questions posées. Il est inutile de<br />
faire part de tous nos doutes. Il<br />
faut savoir aller à l’ess<strong>en</strong>tiel, à<br />
l’utile, au pertin<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong> <strong>compte</strong><strong>r<strong>en</strong>du</strong><br />
nous <strong>en</strong>gage, reflète le s<strong>en</strong>s<br />
clinique et celui des<br />
responsabilités. <strong>Le</strong> développem<strong>en</strong>t,<br />
sans doute rapide et souhaité par<br />
beaucoup, du <strong>compte</strong>-<strong>r<strong>en</strong>du</strong><br />
formaté et informatisé fera<br />
probablem<strong>en</strong>t disparaître beaucoup<br />
des locutions superflues et<br />
expressions répétitives. On y<br />
gagnera <strong>en</strong> efficacité, même si on<br />
y perd un peu de sel. La vague<br />
informatique emportera les<br />
nostalgiques de la prose narrative.
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