les mesures rhéologiques, complexes mais pas insurmontables
les mesures rhéologiques, complexes mais pas insurmontables
les mesures rhéologiques, complexes mais pas insurmontables
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Solutions <br />
CONTRÔLE DE MATÉRIAUX<br />
LES MESURES<br />
RHÉOLOGIQUES,<br />
COMPLEXES MAIS PAS<br />
INSURMONTABLES<br />
■ Les techniques d’analyse rhéologique puissantes qui nécessitaient<br />
il y a encore peu de temps de gros investissements sont<br />
maintenant à la portée de petits laboratoires. Des outils dédiés<br />
au contrôle qualité sont aujourd’hui disponib<strong>les</strong>, plus rapides,<br />
plus simp<strong>les</strong>, plus robustes, moins chers. Il ne faut cependant<br />
ja<strong>mais</strong> oublier qu’avant de choisir un instrument il convient<br />
d’abord de s’assurer de la nature de la propriété à mesurer et de<br />
bien définir pour le contrôle, la fenêtre de mesure représentative<br />
de l’application ciblée.<br />
Loin d’avoir la prétention d’aborder<br />
d’une manière exhaustive ce sujet<br />
complexe, nous avons demandé à<br />
Jacques Bouton, directeur scientifique<br />
de ThermoRhéo et délégué international du<br />
Groupe Français de Rhéologie d’apporter<br />
quelques premiers éléments de réponse. En<br />
espérant que cette approche initiatique vous<br />
aidera dans une démarche de contrôle qualité<br />
à appréhender la rhéologie avec sérénité et<br />
pragmatisme.<br />
Qui peut être intéressé par <strong>les</strong> <strong>mesures</strong><br />
rhéologiques ?<br />
La viscosimétrie et la rhéométrie représenteraient<br />
un chiffre d’affaires mondial de<br />
172 millions de dollars, soit 13 % du chiffre<br />
d’affaires 2000 du secteur de la mesure des<br />
propriétés physiques. Ce montant publié par<br />
Instruments Business Outlook l correspond<br />
vraisemblablement à un minimum, tant il est<br />
difficile d’estimer le véritable périmètre de la<br />
rhéologie.<br />
Celle-ci permet d’analyser et de comprendre<br />
<strong>les</strong> comportements d’écoulement et de déformation<br />
des matériaux soumis à des<br />
contraintes. Aucun secteur ne lui est étranger,<br />
des matériaux industriels aux produits naturels,<br />
vivants ou non. Elle couvre à la fois <strong>les</strong><br />
doc Comexpo-Paris<br />
domaines qualifiés de liquide ou de solide, la<br />
plupart des matériaux présentent d’ailleurs<br />
ces deux types de comportement en fonction<br />
de la température, des contraintes ou des<br />
vitesses de sollicitation auxquels ils sont soumis.<br />
Quand on évoque la rhéologie, on pense<br />
immédiatement à des matériaux sophistiqués<br />
: matériaux polymères à mémoire de<br />
forme, fluides magnéto ou électro-rhéologiques,<br />
adhésifs pour l’industrie aérospatiale,<br />
encres conductrices pour la réalisation de<br />
circuits électroniques, graisses à haute performance,<br />
céramiques techniques. Mais cette<br />
discipline s’adresse à tous <strong>les</strong> matériaux,<br />
même ceux qui peuvent paraître <strong>les</strong> plus courants,<br />
quand ils font l’objet de propriétés<br />
attendues par le consommateur : une peinture<br />
qui ne coule <strong>pas</strong>, du ketchup soumis à tous<br />
<strong>les</strong> caprices des enfants, un yaourt bien onctueux,<br />
un rouge à lèvres qui couvre bien et<br />
qui ne casse <strong>pas</strong>, une émulsion qui reste stable,<br />
un revêtement routier qui résiste aussi bien<br />
aux assauts de l’hiver qu’à ceux de l’été… La<br />
rhéologie apporte également des informations<br />
quantifiab<strong>les</strong> et comparab<strong>les</strong> sur des appréciations<br />
sensoriel<strong>les</strong>. Elle permet ainsi de formuler<br />
des caractéristiques qualitatives sur la<br />
consistance d’un produit liquide ou pâteux,<br />
sur la dureté d’un solide. La mesure du comportement<br />
visqueux d’une solution ou d’une<br />
émulsion, du comportement viscoélastique<br />
d’un gel, d’une crème ou d’une pâte permettent<br />
de prévoir leur consistance. De même,<br />
l’étabilité d’un beurre ou d’une pâte à tartiner,<br />
la résistance à l’écoulement d’une sauce<br />
peuvent être estimées quantitativement à partir<br />
de la mesure du seuil d’écoulement.<br />
Assistantes précieuses du formulateur, <strong>les</strong><br />
<strong>mesures</strong> rhéologiques lui permettent d’obtenir<br />
des produits aux propriétés d’usage répondant<br />
à un cahier des charges précis. Elle aide<br />
également l’ingénieur de procédé à calculer<br />
On veut tout et son contraire.<br />
Une peinture doit être visqueuse<br />
pour que <strong>les</strong> pigments ne tombent<br />
<strong>pas</strong> au fond du pot. Elle doit être aussi<br />
suffisamment liquide pour que<br />
le peintre puisse l’étaler sans trop<br />
se fatiguer. Mais elle ne doit <strong>pas</strong> être<br />
quand même trop fluide pour ne <strong>pas</strong><br />
couler dans sa manche. Les <strong>mesures</strong><br />
rhéologiques doivent prendre<br />
en compte à la fois <strong>les</strong> propriétés<br />
de mise en œuvre et <strong>les</strong> propriétés<br />
d’usage.<br />
MESURES 736 - JUIN 2001 81
Solutions <br />
doc ThermoRhéo<br />
ses installations et l’ingénieur de production<br />
à optimiser ses rendements pour la mise en<br />
œuvre des matériaux.<br />
Pourquoi <strong>les</strong> comportements rhéologiques<br />
paraissent-ils si compliqués ?<br />
Si au concept de viscosité, chacun est à même<br />
de réagir de façon intuitive en le reliant à une<br />
plus ou moins grande facilité d’écoulement,<br />
le seul énoncé du mot “rhéologie” suffit à<br />
rebuter de nombreux ingénieurs et techniciens.<br />
Ils pensent qu’il s’agit d’une science<br />
réservée aux spécialistes des universités,<br />
centres de recherche, instituts et grandes sociétés.<br />
La principale difficulté vient du fait que,<br />
s’ils conçoivent bien que la viscosité est une<br />
propriété qui varie en fonction de la température,<br />
ils perçoivent plus difficilement qu’à<br />
température constante, elle peut varier de<br />
manière phénoménale en fonction de la sollicitation<br />
mécanique. La viscosité η n’est généralement<br />
<strong>pas</strong> une constante <strong>mais</strong> une fonction<br />
de cette sollicitation qui s’exprime en<br />
termes de contrainte τ et de vitesse de cisaillement<br />
γ (appelée aussi gradient de vitesse) :<br />
τ<br />
η = γ<br />
Dans le cas d’un comportement dit newtonien,<br />
la viscosité reste constante indépendamment<br />
de la sollicitation. Peu de matériaux<br />
présentent ce comportement dans une gamme<br />
étendue de sollicitations. Dommage pourrait-on<br />
dire au premier abord. En fait, c’est<br />
une véritable aubaine quand on sait que ces<br />
comportements non-newtoniens permettent<br />
au liquide synovial d’assurer ses fonctions de<br />
lubrification, et au sang d’assurer ses fonctions<br />
aussi bien en circulation artérielle et vei-<br />
Mesure de viscosité sous des gradients de<br />
vitesse définis, courbes d’écoulement à vitesse<br />
et température programmées, <strong>les</strong> équipements<br />
dédiés au contrôle qualité peuvent en<br />
faire pratiquement autant que <strong>les</strong> analyseurs<br />
de recherche.<br />
doc ThermoRhéo<br />
La viscosité normalisée Brookfield est une<br />
mesure relative dont la valeur doit toujours<br />
être accompagnée du type de l’appareil, de la<br />
géométrie de mesure ainsi que de la vitesse<br />
de rotation.<br />
neuse que capillaire. C’est aussi grâce à ce type<br />
de comportement (qualifié de rhéofluidifiant),<br />
qu’une peinture ne sera <strong>pas</strong> trop visqueuse<br />
pour que le peintre puisse l’appliquer<br />
sans trop se fatiguer à la tâche, tout en l’étant<br />
suffisamment pour ne <strong>pas</strong> donner naissance à<br />
des coulures avant de sécher.<br />
Un ingénieur en charge de développer un produit<br />
se trouve donc face à une double contrainte.<br />
Il doit définir la structure et la composition<br />
du matériau pour obtenir <strong>les</strong> meilleures caractéristiques<br />
de transformation au cours de la<br />
fabrication sans pour autant sacrifier <strong>les</strong> performances<br />
du produit final. Dans le cas d’un<br />
robot de peinture, la viscosité doit être suffisamment<br />
faible au <strong>pas</strong>sage dans <strong>les</strong> buses pour<br />
assurer un bon fonctionnement <strong>mais</strong> ensuite,<br />
une fois déposée, être suffisamment élevée<br />
pour ne <strong>pas</strong> donner lieu à la formation de coulures.<br />
Le contrôle, pour être complet, doit donc<br />
être effectué dans des conditions représentatives<br />
de ces deux situations bien différentes :<br />
cisaillement très élevé pour simuler <strong>les</strong> conditions<br />
de <strong>pas</strong>sage dans la buse et cisaillement<br />
ou contrainte très faib<strong>les</strong> représentatifs de la<br />
situation du peintre peignant le mur.<br />
La complexité ne s’arrête <strong>pas</strong> là. Beaucoup de<br />
matériaux sont dits viscoélastiques, c’est-àdire<br />
qu’ils peuvent avoir un comportement à<br />
la fois visqueux et élastique.<br />
Ces matériaux soumis à une contrainte emmagasinent<br />
une énergie potentielle qui se mesure<br />
et s’exprime comme un module d’élasticité<br />
(G’). Ce module que l’on appelle aussi<br />
module de conservation est à l’origine du comportement<br />
du fluide qui, une fois déformé et<br />
dès cessation des contraintes, tend à reprendre<br />
sa forme antérieure; la viscosité s’oppose à ce<br />
processus, elle s’exprime comme un module<br />
visqueux ou module de perte (G’’). La valeur<br />
de ces deux modu<strong>les</strong> varie pour chaque matériau<br />
en fonction de la vitesse, de l’intensité ou<br />
de la fréquence des sollicitations.<br />
Les matériaux viscoélastiques changent de comportement,<br />
visqueux ou élastiques, selon la vitesse<br />
d’écoulement ou de déformation du procédé.<br />
L’ingénieur de procédé doit savoir que, s’il accélère<br />
<strong>les</strong> cadences de son procédé, il risque d’augmenter<br />
la manifestation des comportements élastiques<br />
des matériaux. Avec des effets parfois<br />
négatifs sur leur mise en œuvre. Cela peut être<br />
le cas pour des étirements de films ou pour<br />
l’écoulement d’un plastique dans un moule au<br />
cours d’un procédé d’injection.<br />
Comment choisir la bonne mesure ?<br />
Disposer d’un bon rhéomètre n’est <strong>pas</strong> la<br />
garantie de bonnes <strong>mesures</strong>. Avant de choisir<br />
un instrument, il convient d’abord de<br />
connaître la propriété que l’on veut maîtriser<br />
: éviter un écoulement trop rapide d’un<br />
fluide dans un process, éviter la sédimentation<br />
de particu<strong>les</strong> en suspension au cours du<br />
stockage… De cette propriété découle le type<br />
de mesure à effectuer : une mesure de viscosité,<br />
une mesure d’élasticité, de seuil d’écoulement,<br />
une analyse mécanique dynamique…<br />
Avec un viscosimètre, on applique une<br />
contrainte (une vitesse, un couple) et on<br />
mesure la contrainte résultante de la matière,<br />
qui sera reliée à une valeur de viscosité. Les<br />
rhéomètres permettent une caractérisation<br />
plus complète en termes de viscosité, de plasticité<br />
(seuil d’écoulement) et d’élasticité. Ils<br />
doivent être capab<strong>les</strong> d’imposer et de mesurer<br />
non seulement des vitesses <strong>mais</strong> aussi des<br />
déplacements angulaires, des coup<strong>les</strong>. Et ceci<br />
dans une gamme bien plus étendue que pour<br />
<strong>les</strong> viscosimètres. Ainsi, ils doivent pouvoir<br />
appliquer un couple constant de très faible<br />
amplitude (essais de fluage) ou appliquer une<br />
très faible déformation (essais de relaxation).<br />
MESURES 736 - JUIN 2001 83<br />
doc ThermoRhéo<br />
Un nouveau domaine se développe depuis peu :<br />
celui de la mesure de la viscosité des poudres.
Solutions <br />
doc ThermoRhéo<br />
➤ Les comportements rhéologiques<br />
Pour aller plus loin dans l’analyse de ces propriétés<br />
viscoélastiques, certains rhéomètres<br />
réalisent des essais dynamiques, en faisant<br />
varier <strong>les</strong> sollicitations de manière périodique<br />
(mesure des modu<strong>les</strong> G’et G’’, par exemple)<br />
En dehors de ces <strong>mesures</strong> rhéologiques fondamenta<strong>les</strong>,<br />
il existe toute une panoplie<br />
d’autres <strong>mesures</strong> dites comparatives ou imitatives<br />
par <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> on cherche à caractériser<br />
un produit complexe par une méthode ou<br />
une procédure spécifique : compression<br />
simple, compression-relaxation, pénétration,<br />
extrusion, tranchage, écrasement… Ces<br />
méthodes sont souvent utilisées pour caractériser<br />
la texture d’un produit (on parle alors<br />
de texturomètres). Ainsi, le Laboratoire d’Energétique<br />
et de Thermique Industrielle de l’Est Francilien<br />
(LETIEF) a mis au point une procédure<br />
par pénétrométrie pour<br />
déterminer la teneur en fils des<br />
haricots verts. Après vingt<br />
minutes de cuisson dans de<br />
84<br />
indépendants du temps<br />
(sans hystérisis)<br />
➞ Newtonien : la viscosité est une constante<br />
➞ Rhéofluidifiant : la viscosité diminue quand<br />
le gradient de vitesse augmente<br />
➞ Rhéoépaississant : la viscosité augmente quand<br />
le gradient de vitesse augmente<br />
➞ Plastique : viscosité infinie (<strong>pas</strong> d’écoulement)<br />
en dessous d’un seuil de contrainte<br />
dépendants du temps<br />
(avec hystérisis)<br />
➞ Thixotrope : la viscosité diminue en fonction du<br />
temps sous l’effet du cisaillement et se reconstitue au<br />
repos<br />
➞ Antithixotrope : la viscosité augmente en fonction<br />
du temps sous l’effet du cisaillement et se reconstitue<br />
au repos<br />
➞ Viscoélastique : associe à un comportement<br />
visqueux un comportement élastique caractérisé par<br />
un effet mémoire<br />
l’eau douce, la sonde cylindrique est appliquée<br />
sur le haricot maintenu, dans un premier<br />
temps, sur sa partie ventrale puis, dans<br />
un second temps, sur le côté. A partir des<br />
enregistrements force-temps, la valeur moyenne<br />
du rapport (travail sur le ventre/travail sur<br />
le côté), le haricot est classé dans une des trois<br />
catégories : non filandreux, faiblement filandreux<br />
et filandreux. Autre test : pour déterminer<br />
le degré de cuisson du haricot vert (qui<br />
doit être cuit tout en restant un peu craquant),<br />
le LETIEF fait appel à 10 couteaux et évalue la<br />
résistance du haricot au cours d’un processus<br />
de trituration ou de tranchage.<br />
Pour ce type d’essais spécifiques, Il faut bien<br />
sûr “imaginer” la bonne méthode. Ensuite,<br />
pour que <strong>les</strong> résultats puissent être comparab<strong>les</strong>,<br />
il faut également respecter à la lettre la<br />
procédure. La teneur en fils ne serait <strong>pas</strong> la<br />
même si le haricot était maintenu sur le dos<br />
ou si la cuisson se faisait dans de l’eau salée…<br />
De même, le haricot ne se laissera <strong>pas</strong> départir<br />
Les analyseurs de<br />
texture sont particulièrement<br />
répandus<br />
dans <strong>les</strong> applications<br />
agroalimentaires.<br />
Flexibilité, élongation<br />
ou cassant d’un<br />
spaghetti, mol<strong>les</strong>se<br />
d’un pain de mie…,<br />
ces <strong>mesures</strong> dites<br />
comparatives ou imitatives<br />
ne sont <strong>pas</strong> à<br />
proprement parlé<br />
des grandeurs fondamenta<strong>les</strong><br />
de la<br />
rhéologie.<br />
de la même manière s’il a affaire à 10 ou<br />
8 couteaux.<br />
Méthodes fondamenta<strong>les</strong> ou non, dans tous<br />
<strong>les</strong> cas, de nombreux paramètres influencent<br />
fortement la mesure : température de l’échantillon,<br />
taille et géométrie, vitesse d’application<br />
de la contrainte, durée de l’essai. Tous<br />
ces paramètres doivent être scrupuleusement<br />
définis. A quelle température tester l’échantillon?<br />
Quel est le niveau de déformation ou<br />
de gradient de vitesse représentatif de l’application?<br />
Les normes peuvent-el<strong>les</strong> être une aide dans<br />
le choix des outils et des méthodes ?<br />
Les <strong>mesures</strong> de viscosité ont fait depuis longtemps<br />
l’objet de nombreuses normes. Si la<br />
technique de mesure elle-même a fait relativement<br />
récemment l’objet de normalisation<br />
(Iso 3219 et Iso 6721 pour <strong>les</strong> <strong>mesures</strong> utilisant<br />
<strong>les</strong> appareils rotatifs, Iso 11443- pour <strong>les</strong><br />
<strong>mesures</strong> en capillaire), la grande majorité des<br />
normes concerne des normes “produits” :<br />
peintures, adhésifs, hui<strong>les</strong>, bitumes, latex,<br />
thermoplastiques. L’objectif de ces normes est<br />
de mettre à la disposition des fournisseurs et<br />
des utilisateurs <strong>les</strong> outils de comparaison indispensab<strong>les</strong><br />
aux échanges commerciaux. Ces<br />
<strong>mesures</strong> normalisées permettent de comparer<br />
entre eux de manière très arbitraire des<br />
produits de nature très voisine. El<strong>les</strong> ne permettent<br />
pratiquement ja<strong>mais</strong> de prévoir si ces<br />
produits auront <strong>les</strong> mêmes propriétés d’application.<br />
Une viscosité “Brookfield” Iso 2555<br />
ou un indice de consistance “Krebs Stormer”,<br />
qui met en jeu de faib<strong>les</strong> niveaux de gradient<br />
de vitesse, ne donnent aucune indication<br />
quant à l’aptitude au pistolage d’une peinture.<br />
A l’opposé, une mesure au plan-cône ICI,<br />
mieux adaptée à cet objectif, n’apporte <strong>pas</strong><br />
d’information sur le comportement à l’égard<br />
de la coulure. Le grade (Melt Index), défini<br />
dans la norme Iso 1133, est utilisé pour<br />
contrôler <strong>les</strong> polymères thermoplastiques. Il<br />
est assez bien représentatif de la masse moléculaire<br />
moyenne de ce polymère, <strong>mais</strong> il ne<br />
permet néanmoins <strong>pas</strong> de contrôler sa polydispersité,<br />
qui est justement à l’origine du<br />
caractère rhéofluidifiant. Or, c’est de ce caractère<br />
rhéofluidifiant que dépendra le plus ou<br />
moins bon comportement du polymère en<br />
injection. L’apparition de nouvel<strong>les</strong> formulations<br />
restreint encore davantage l’utilisation<br />
des méthodes normalisées traditionnel<strong>les</strong>.<br />
C’est bien sûr la raison pour laquelle <strong>les</strong><br />
normes doivent en permanence faire l’objet de<br />
révisions… Mais le travail de normalisation<br />
est long et l’inertie des méthodes en place<br />
souvent très forte. C’est pourquoi <strong>les</strong><br />
méthodes normalisées sont nécessaires bien<br />
que souvent insuffisantes au contrôle qualité.<br />
MESURES 736 - JUIN 2001
Solutions <br />
Pour observer<br />
● Un écoulement trop rapide<br />
● Un débit trop faible<br />
● Une agitation trop lente, un mélange insuffisant<br />
● Une pompe en surcharge<br />
● Une mauvaise perception par le consommateur<br />
● Un produit apparemment bon <strong>mais</strong> impossible<br />
● transférer<br />
● Deux fluides apparemment identiques se<br />
comportant différemment à l’application<br />
● Une difficulté à vider un réservoir<br />
● Des coulures, un tendu…<br />
● Une épaisseur déposée<br />
● Une sédimentation, un stockage<br />
● Un cordage (peintures)<br />
● Une voltige (encres)<br />
● Des propriétés adhésives (tack)<br />
● Une distribution de masses moléculaires<br />
● Une stabilité<br />
● Des propriétés organoleptiques<br />
Que faut-il attendre des outils de contrôle<br />
qualité off-line ?<br />
La maîtrise d’une production <strong>pas</strong>se maintenant<br />
par un contrôle qualité précis de la<br />
“rhéologie” des produits. Une faible variation<br />
d’une caractéristique rhéologique peut avoir<br />
une influence importante sur <strong>les</strong> propriétés<br />
(de mise en œuvre ou d’usage) du matériau.<br />
Beaucoup de techniques empiriques, normalisées<br />
ou non, peuvent être utilisées en contrôle<br />
de la qualité. Mais <strong>les</strong> résultats ne sont <strong>pas</strong><br />
toujours aisément corrélés avec ceux obtenus<br />
par des méthodes plus sophistiquées de laboratoire.<br />
Les fournisseurs sont donc conduits à<br />
développer des outils dérivés des instruments<br />
de R & D <strong>mais</strong> adaptés à un environnement de<br />
VISCOSIMÈTRE CAPILLAIRE SOUS PRESSION<br />
Mesuré :<br />
pression P 1 ,P 2<br />
débit Q<br />
Calculé :<br />
Contrainte<br />
τ =(P 1 -P 2 ). R/(2L)<br />
Gradient de vitesse<br />
γ =4Q/(π.R 3 )<br />
Viscosité<br />
η=∆p.π.R 4 /(8L.Q)<br />
P 1<br />
P 2<br />
Q<br />
La matière est extrudée au travers d’une filière capilaire de géométrie<br />
connue. La mesure du débit et la chute de pression dans le capillaire<br />
permettent de calculer le gradient de vitesse, la contrainte à la paroi<br />
et d’en déduire la viscosité.<br />
L<br />
Mesurer<br />
Viscosité<br />
Rhéogramme<br />
Seuil d’écoulement<br />
Elasticité<br />
production. Au niveau de la sensibilité et de la<br />
précision, il doit y avoir continuité entre <strong>les</strong> instruments<br />
du contrôle qualité et ceux de la<br />
recherche. L’objectif est donc de faire <strong>les</strong> mêmes<br />
<strong>mesures</strong> en recherche tout en respectant <strong>les</strong><br />
impératifs du contrôle : rapidité, coût réduit,<br />
facilité d’emploi, robustesse accrue.<br />
Cette nouvelle génération d’instruments<br />
dédiée, par conception, au contrôle qualité<br />
est associée à des logiciels experts. Ceux-ci<br />
permettent de réaliser des essais spécifiques<br />
qui incorporent automatiquement le mode<br />
opératoire, l’analyse des résultats et la mémorisation<br />
des seuls critères jugés discriminants.<br />
Cette chaîne doit se dérouler automatiquement<br />
sans intervention de l’opérateur et permettre<br />
le suivi d’une production avec<br />
moyennes, écarts types, tendances,<br />
constituant ainsi un<br />
authentique système SPC.<br />
Peut-on faire des <strong>mesures</strong> en<br />
ligne ?<br />
Pour en savoir plus<br />
➙ Le Groupe Français de Rhéologie<br />
Association ayant pour but de contribuer<br />
au développement de la rhéologie<br />
www.univ-lemans.fr/sciences/wgfr<br />
➙ Colloque Annuel du Groupe Français de<br />
Rhéologie<br />
du 10 au 12 octobre 2001 à Champ sur<br />
Marne<br />
e-mail : philippe.coussot@lcpc.fr<br />
➙ 6 ème conférence européenne de rhéologie<br />
du 1 er au 6 septembre 2002 à Erlangen en<br />
Allemagne<br />
e-mail : erc2002@www.uni-erlangen.de<br />
➙ Ouvrage : Initiation à la rhéologie<br />
La troisième édition de cet ouvrage tient<br />
compte des évolutions récentes des techniques<br />
et des appareils de mesure.<br />
312 pages - 295 F - Edition Tec & Doc Lavoisier<br />
www.tec-et-doc.com<br />
Le caractère relativement<br />
sophistiqué de cette mesure ne<br />
permet <strong>pas</strong> de concevoir des<br />
capteurs en ligne polyvalents,<br />
simp<strong>les</strong> et robustes. Les solutions<br />
trouvées à ce jour sont,<br />
dans la majorité des cas, limitées<br />
aux produits à comportement<br />
rhéologique simple<br />
(newtonien ou très proche)<br />
comme <strong>les</strong> encres, <strong>les</strong> produits<br />
pétroliers, certains produits<br />
agroalimentaires… Pour ces<br />
applications, il est facile d’envisager<br />
des capteurs relativement<br />
simp<strong>les</strong> qui donneront un<br />
signal proportionnel à la viscosité<br />
: mesure de la puissance<br />
absorbée ou du couple sur un agitateur, une<br />
turbine, une pompe…, mesure de la perte de<br />
pression en ligne sur une canalisation ou sur<br />
une dérivation calibrée, mesure de l’amortissement<br />
d’un mouvement vibratoire (tige ou<br />
sphère vibrantes), mesure du temps de chute<br />
d’un corps ou d’ascension d’une bulle entre<br />
deux repères dans le milieu à mesurer.<br />
Il existe aussi des solutions développées pour<br />
des applications spécifiques. Souvent coûteuses,<br />
ces solutions restent limitées à des<br />
marchés très importants pour <strong>les</strong>quels la<br />
valeur ajoutée de cette mesure est telle qu’elle<br />
puisse justifier l’investissement. La mesure<br />
de l’indice de fluidité en ligne des polymères<br />
est à ce jour la seule application industrielle<br />
qui se soit réellement imposée dans ce<br />
domaine.<br />
Quels sont <strong>les</strong> principaux types d’équipements<br />
appropriés à des applications de<br />
contrôle qualité ?<br />
Le grade ou indice de fluidité à chaud. Ce<br />
n’est <strong>pas</strong> réellement une mesure de viscosité<br />
<strong>mais</strong> un moyen de contrôle rapide de la masse<br />
moléculaire moyenne des polymères. Il<br />
n’apporte aucune information sur la polydispersité<br />
et ne permet <strong>pas</strong> non plus de préjuger<br />
des propriétés des polymères dans <strong>les</strong><br />
conditions de leur transformation. Selon la<br />
méthode normalisée (NF T 51-016,<br />
Iso 1133), le grade est déterminé à partir du<br />
poids ou du volume de matière extrudé au<br />
travers d’une filière donnée, à une température<br />
précise, sous charge constante, pendant une<br />
durée de 10 minutes. Certains appareils sont<br />
entièrement automatisés.<br />
MESURES 736 - JUIN 2001 85
Solutions <br />
86<br />
Critères de classification des viscosimètres<br />
➝ Le mode de fonctionnement<br />
- appareils à écoulement capillaire<br />
- appareils à écoulement en rotation<br />
- appareils à translation<br />
- appareils à bille<br />
- appareils à ultrasons<br />
➝ Le principe de fonctionnement<br />
- gradient de vitesse constant<br />
- gradient de vitesse variable<br />
- contrainte constante<br />
- contrainte variable<br />
- oscillations<br />
VISCOSIMÈTRE ET RHÉOMÈTRE À ROTATION<br />
Moteur piloté en vitesse ou en couple<br />
Palier assurant la rigidité axiale et radiale<br />
Géométrie de mesure<br />
(cylindres ou plan-cône)<br />
avec régulation de température<br />
(fluide, électrique, Peletier)<br />
Produit à mesurer<br />
Viscosité faible<br />
ou moyenne,<br />
nettoyage facile<br />
cylindres<br />
coaxiaux,<br />
différentes<br />
dimensions<br />
Principe<br />
Mesure de la déformation(τ) et de la vitesse(γ)<br />
La contrainte (τ) et le gradient de vitesse (γ) sont calculés<br />
en multipliant respectivement le couple et la vitesse par des<br />
facteurs de forme liés à la géométrie, la viscosité par le rapport τ/γ<br />
Choix de la géométrie de mesure<br />
Viscosité élevée,<br />
produit pâteux,<br />
nettoyage difficile<br />
cône - plan<br />
(<strong>pas</strong> de particu<strong>les</strong>)<br />
plan-plan<br />
(particu<strong>les</strong>)<br />
➝ Le domaine d’emploi<br />
- faib<strong>les</strong> gradients de vitesse<br />
- gradients de vitesse élevés<br />
➝ Les domaines d’application<br />
- liquides newtoniens<br />
- liquides newtoniens<br />
et non newtoniens<br />
➝ Le régime de fonctionnement<br />
- En discontinu<br />
- En continu<br />
La viscosité Brookfield. Il s’agit d’une mesure<br />
relative pour émulsions et dispersions recommandée<br />
dans un certain nombre de normes : résines à<br />
l’état liquide ou en émulsions ou dispersion<br />
(NF T 51-210), détermination de la viscosité du<br />
latex (NF T 42-011), adhésifs à l’état liquide<br />
(NF T 76-102)… Les appareils et géométries de<br />
mesure ne permettent <strong>pas</strong> de connaître le gradient de<br />
vitesse correspondant à la mesure. La viscosité Brookfield<br />
est par conséquent une<br />
mesure relative dont la valeur doit<br />
toujours être accompagnée du<br />
type de l’appareil et de la géométrie<br />
de mesure utilisée ainsi que<br />
de la vitesse de rotation. La gamme<br />
de vitesses couverte par ce<br />
type d’appareil est souvent insuffisante<br />
pour caractériser <strong>les</strong> propriétés<br />
rhéologiques de produits<br />
non newtoniens.<br />
Le viscosimètre à rotation. De<br />
type coaxial ou plan-cône, à<br />
vitesse programmable, il donne<br />
une image plus fidèle du<br />
comportement rhéologique<br />
des matériaux sous la forme<br />
de courbes d’écoulement ou<br />
de courbes de viscosité en<br />
fonction du gradient de vitesse.<br />
Il est ainsi possible de<br />
connaître la viscosité dans <strong>les</strong><br />
conditions réel<strong>les</strong> de cisaillement<br />
auxquel<strong>les</strong> ils sont soumis<br />
au cours des différentes<br />
phases de leur utilisation.<br />
Le viscosimètre ou rhéomètre<br />
capillaire. La matière<br />
est extrudée au travers d’une<br />
filière capillaire de géométrie<br />
connue. A partir de la mesure<br />
du débit et de la chute de<br />
pression dans le capillaire,<br />
l’appareil calcule le gradient<br />
de vitesse et la contrainte à la<br />
paroi pour en déduire la viscosité.<br />
Cette technologie autorise la mesure de<br />
viscosité de polymères fondus dans une large<br />
gamme de gradients de vitesse (entre 10 -2 et<br />
10 5 s -1 ). L’exploration de ce domaine permet<br />
de prévoir la perte de charge dans une filière<br />
ou calculer l’évolution de la pression, des<br />
contraintes au cours de l’écoulement dans <strong>les</strong><br />
canaux d’un moule, par exemple. Ces appareils<br />
sont décrits dans la norme NF T 51-560.<br />
Grosses particu<strong>les</strong>,<br />
tendance<br />
à la sédimentation<br />
géométries<br />
spécia<strong>les</strong>,<br />
ailettes,<br />
spirale de relevage<br />
Les viscosimètres à rotation, type coaxiaux ou plan-cône, à vitesse<br />
programmable, donnent une image du comportement rhéologique des<br />
matériaux sous la forme de courbes d’écoulement ou de courbes de<br />
viscosité dans <strong>les</strong> conditions réel<strong>les</strong> de cisaillement auxquel<strong>les</strong> ils sont<br />
soumis au cours des différentes phases de leur utilisation.<br />
Le rhéomètre à couple de torsion est l’instrument<br />
de référence pour mesure de la gélification,<br />
de la lubrification et de la stabilité des<br />
polymères. Il est constitué d’un moteur puissant<br />
à vitesse régulée qui entraîne la matière dans<br />
différentes cellu<strong>les</strong> où elle est travaillée (mélangée,<br />
extrudée…). Le couple résistant est mesuré<br />
dans le temps. Lorsque l’on a recours à des<br />
écoulements turbulents, <strong>les</strong> grandeurs ne sont<br />
plus fondamenta<strong>les</strong> <strong>mais</strong> el<strong>les</strong> sont souvent<br />
uti<strong>les</strong> pour la mise au point de formulation, le<br />
contrôle de matières premières et pour aider<br />
le transformateur à régler sa machine.<br />
Le rhéomètre oscillant à plateaux parallè<strong>les</strong>.<br />
Lorsqu’on soumet un fluide à une contrainte<br />
périodique, il en résulte une déformation.<br />
Dans le cas d’un produit purement élastique,<br />
cette déformation est en phase avec la<br />
contrainte. En revanche, s’il n’est <strong>pas</strong> purement<br />
élastique, la composante visqueuse est à<br />
l’origine d’un déphasage. L’analyse d’une part<br />
du déphasage de temps entre la contrainte et<br />
la déformation et d’autre part du rapport entre<br />
l’amplitude de contrainte et celle de déformation<br />
permet de déterminer le module élastique<br />
G’et le module visqueux G’’. Ces instruments<br />
qui font l’objet d’un projet de<br />
norme Iso 6721 étaient jusqu’à présent réservés<br />
aux laboratoires de recherche. Des équipements<br />
sont depuis peu dédiés au contrôle<br />
qualité. Ils peuvent être utilisés en mode<br />
“oscillation” pour des <strong>mesures</strong> de viscosité,<br />
d’élasticité, ou en mode “fluage” pour avoir<br />
accès au seuil d’écoulement ou à la viscosité<br />
sous très faible vitesse de cisaillement.<br />
L’analyseur mécanique dynamique. C’est un<br />
outil puissant pour contrôler <strong>les</strong> propriétés<br />
mécaniques d’un matériau à l’état solide. Là<br />
encore, on analyse le déphasage de temps<br />
entre la contrainte et la déformation ainsi que<br />
rapport entre l’amplitude de contrainte et<br />
l’amplitude de déformation. Mais, cette foisci,<br />
l’analyse est réalisée à différentes fréquences<br />
(on parle aussi de spectroscopie mécanique<br />
dynamique) et à différentes températures.<br />
L’ensemble de ces <strong>mesures</strong> fournit une sorte<br />
d’empreinte digitale du matériau qui permet<br />
de mesurer <strong>les</strong> modu<strong>les</strong> de conservation et de<br />
perte (E’, E’’), la température de transition<br />
vitreuse, <strong>les</strong> transitions de second ordre (qui<br />
caractérisent la fragilité et la résistance aux<br />
chocs). Cette technique permet également<br />
d’évaluer l’influence, sur <strong>les</strong> propriétés mécaniques<br />
des produits finis, des orientations<br />
moléculaires qui se sont produites aux cours<br />
des procédés de transformation.<br />
Jacques Bouton<br />
ThermoRhéo<br />
ThermoRhéo<br />
Tél. : 0164540101 - Fax : 0164540187<br />
MESURES 736 - JUIN 2001