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La réinsertion scolaire des enfants soldats en Ouganda - ADEA

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G<strong>en</strong>èse du problème<br />

Pour compr<strong>en</strong>dre le problème <strong>des</strong> <strong><strong>en</strong>fants</strong> <strong>soldats</strong> <strong>en</strong> <strong>Ouganda</strong> et porter un<br />

jugem<strong>en</strong>t sur la façon dont il a été traité, il importe avant tout de savoir<br />

comm<strong>en</strong>t les choses ont comm<strong>en</strong>cé.<br />

En février 1981, Yoweri Musev<strong>en</strong>i <strong>en</strong>treprit une guérilla contre le gouvernem<strong>en</strong>t<br />

de Milton Obote arrivé au pouvoir par <strong>des</strong> élections truquées.<br />

Cette guerre se déroulait dans ce que l’on appela le « triangle de Luwero »,<br />

dans le c<strong>en</strong>tre de l’<strong>Ouganda</strong>.<br />

En mars 1983, l’UNLA – l’armée gouvernem<strong>en</strong>tale d’alors – lançait une<br />

campagne pour déloger la NRA de ses bases dans le triangle de Luwero, fortem<strong>en</strong>t<br />

peuplé. Pour ce faire, elle attaqua <strong>des</strong> villages, détruisit les maisons et<br />

tua sans discernem<strong>en</strong>t hommes, femmes et <strong><strong>en</strong>fants</strong> innoc<strong>en</strong>ts.<br />

<strong>La</strong> NRA – qui était alors l’armée de la guérilla – créa <strong>des</strong> c<strong>en</strong>tres d’accueil<br />

pour les survivants de ce « génocide » et leur assura protection, nourriture,<br />

soins médicaux et autres. Elle s’efforça autant que possible d’<strong>en</strong>voyer les<br />

femmes, les <strong><strong>en</strong>fants</strong> et les hommes âgés dans <strong>des</strong> zones plus sûres dans d’autres<br />

parties du pays, y compris dans <strong>des</strong> camps de la Croix-Rouge.<br />

Toutefois, de nombreux <strong><strong>en</strong>fants</strong>, particulièrem<strong>en</strong>t les orphelins et ceux<br />

dont les par<strong>en</strong>ts et les proches étai<strong>en</strong>t introuvables, restèr<strong>en</strong>t avec la NRA. Ce<br />

sont ces <strong><strong>en</strong>fants</strong> qui devinr<strong>en</strong>t les Kadogos.<br />

<strong>La</strong> NRA les a « adoptés » comme ses <strong><strong>en</strong>fants</strong>. Puisque la guerre dans le<br />

triangle de Luwero n’avait pas de front, il fallait que les <strong><strong>en</strong>fants</strong> soi<strong>en</strong>t <strong>en</strong>traînés<br />

à se déf<strong>en</strong>dre, car ils serai<strong>en</strong>t inévitablem<strong>en</strong>t pris dans les combats <strong>en</strong>tre la<br />

NRA et l’UNLA. On leur <strong>en</strong>seigna donc les rudim<strong>en</strong>ts <strong>des</strong> techniques d’autodéf<strong>en</strong>se<br />

et d’autres pratiques de combat telles que la manipulation d’un fusil,<br />

et ils participèr<strong>en</strong>t aux manœuvres. Ils reçur<strong>en</strong>t une instruction politique afin<br />

de compr<strong>en</strong>dre les raisons de la guerre et de savoir reconnaître l’<strong>en</strong>nemi. Lorsque<br />

les circonstances le permettai<strong>en</strong>t, ils appr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t à lire et à<br />

écrire.<br />

Avec le temps, ces <strong><strong>en</strong>fants</strong> s’attachèr<strong>en</strong>t à leurs commandants et vécur<strong>en</strong>t<br />

sous leur protection. Ils effectuai<strong>en</strong>t <strong>des</strong> tâches légères comme le ménage,<br />

l’escorte et la messagerie. Durant les combats, ils contribuai<strong>en</strong>t à la garde et à<br />

<strong>des</strong> activités reconnaissance, et participai<strong>en</strong>t à la collecte de r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts.<br />

Certains Kadogos plus âgés participai<strong>en</strong>t directem<strong>en</strong>t aux combats. Certains<br />

d’<strong>en</strong>tre eux se distinguèr<strong>en</strong>t même au feu et obtinr<strong>en</strong>t le rang de caporal ou de<br />

serg<strong>en</strong>t.<br />

Plus tard toutefois, <strong>en</strong> 1985 et 1986, p<strong>en</strong>dant les dernières étapes de la<br />

guerre, une nouvelle catégorie d’<strong><strong>en</strong>fants</strong> <strong>soldats</strong> émergea. Comme les unités<br />

mobiles de la NRA se déplaçai<strong>en</strong>t dans le pays, <strong>des</strong> <strong><strong>en</strong>fants</strong> se joignir<strong>en</strong>t à eux,<br />

principalem<strong>en</strong>t par bravade et goût de l’av<strong>en</strong>ture, surtout quand ils voyai<strong>en</strong>t<br />

d’autres <strong><strong>en</strong>fants</strong> dans les rangs de l’armée victorieuse. Ces <strong><strong>en</strong>fants</strong> n’étai<strong>en</strong>t<br />

pas orphelins. En fait, un certain nombre d’<strong>en</strong>tre eux étai<strong>en</strong>t <strong>des</strong> <strong><strong>en</strong>fants</strong><br />

indisciplinés qui avai<strong>en</strong>t saisi ainsi l’occasion de fuir leur foyer.<br />

TOILE DE FOND • 5

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