08.11.2014 Views

IRM DES LÉSIONS KYSTIQUES RÉTRORECTALES DE L'ADULTE

IRM DES LÉSIONS KYSTIQUES RÉTRORECTALES DE L'ADULTE

IRM DES LÉSIONS KYSTIQUES RÉTRORECTALES DE L'ADULTE

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

<strong>IRM</strong> <strong><strong>DE</strong>S</strong> LÉSIONS <strong>KYSTIQUES</strong><br />

RÉTRORECTALES <strong>DE</strong> L’ADULTE<br />

C. Hoeffel, V. Aflalo-Hazan, L. Azizi, M.<br />

Lewin, L. Arrivé, J.M Tubiana.


Anatomie<br />

Espace présacré : situé entre le<br />

rectum et le mésorectum en<br />

avant et le sacrum en arrière.<br />

LIMITES :<br />

En avant : le fascia<br />

rétrorectal,<br />

En arrière : le fascia présacré<br />

de Waldeyer,<br />

Latéralement : la paroi du<br />

pelvis tapissée par le fascia<br />

pariétal pelvien,<br />

En bas : le muscle élévateur<br />

de l’anus.<br />

2<br />

1-Fascia pelvien<br />

2-Fascia rectal<br />

3-Muscle élévateur de<br />

l’anus<br />

3<br />

4<br />

1<br />

5<br />

4-A.sacral médiane<br />

Espace présacré<br />

5-Fascia présacré<br />

6-Espace rétrorectal<br />

6


Anatomie<br />

Éléments de l’espace rétrorectal :<br />

Graisse,<br />

Tissu mésenchymateux,<br />

Plexus nerveux : branches<br />

nerveuses provenant des trous<br />

sacrés ou des plexus nerveux<br />

hypogastriques supérieurs,<br />

Vaisseaux rectaux supérieurs,<br />

Lymphatiques.<br />

1<br />

2<br />

3<br />

4<br />

5<br />

6<br />

7<br />

1- Espace rétropéritonéal<br />

2- A rectale supérieure<br />

3- A sacrale médiane<br />

4- Fascia présacré<br />

5- Espace rétrorectal<br />

6- Muscle élévateur de<br />

l’anus<br />

7- Sphincter externe


Kystes par anomalie de<br />

développement


• Ce sont les lésions kystiques<br />

rétrorectales les plus fréquentes.<br />

• Surviennent le plus souvent chez la<br />

femme d’âge moyen (ratio 3/1).<br />

• Définis par leur situation<br />

(essentiellement rétrorectale) et leur<br />

composition histologique :<br />

– Entérique (hamartome ou tailgut cyst et<br />

duplication rectale),<br />

– Épidermoïde ou Dermoïde.


Kystes entériques = tailgut cyst<br />

et duplication entérique<br />

• Les duplications kystiques sont rares (5 % des<br />

kystes par anomalie de développement) et<br />

sont définis par trois critères :<br />

– continuité ou contiguité avec le rectum,<br />

– paroi en double couche de fibres musculaire lisses,<br />

– présence d’une muqueuse qui ressemble à la<br />

muqueuse rectale et peut contenir des ilôts de<br />

tissu ectopique (gastrique, urothéliale,<br />

pancréatique).


Tailgut cyst ou hamartome<br />

• Les plus fréquents des kystes par<br />

anomalie de développement, même s’ils<br />

sont une entité rare.


Origine Embryologique<br />

Vestige embryonnaire dérivé de la partie<br />

terminale de l’intestin primitif postérieur,<br />

situé après la membrane cloacale : intestin post<br />

cloacal ou « Tailgut ».<br />

Dérivé de l’entoblaste et du mésoblaste.<br />

Cette portion distale de l’intestin primitif<br />

postérieur est temporaire et régresse<br />

normalement en totalité à la 7 e semaine de<br />

gestation.<br />

L’absence de régression est une des origines<br />

possible du « tailgut cyst ».


Deuxième source possible<br />

de « tailgut cyst »:<br />

persistance du canal<br />

neurentérique (orifice du<br />

canal chordal).<br />

Formé de l’union<br />

d’entoblaste et de<br />

mésoblaste.<br />

Ce canal se forme au 19 e<br />

jour de gestation et est<br />

oblitéré lorsque la<br />

notochorde est<br />

complètement formée à sa<br />

partie caudale.<br />

La persistance de ce canal,<br />

peut se voir à l’étage S2-<br />

S3 chez l’adulte et être la<br />

source de kyste<br />

congénitaux.<br />

Origine Embryologique


Tailgut cyst<br />

• Surviennent préférentiellement chez la femme d’âge<br />

moyen.<br />

• Clinique:<br />

– douleur (souvent à la défécation) ou symptômes liés à un<br />

effet de masse dans 50 % des cas,<br />

– Palpation clinique au toucher rectal sous la forme d’une lésion<br />

extrinsèque kystique fluctuante mobile ou fixée,<br />

– Les trajets fistuleux liés à un TGC en l’absence d’intervention<br />

préalable sont rares.<br />

• Localisation prédominante dans l’espace rétrorectal,<br />

même si des cas de tailgut cyst sont retrouvés en<br />

périanal, dans la fosse ischio-anale et ont même été<br />

décrits dans la fesse, dans la cuisse, dans l’espace<br />

rétrosacré voire en avant du rectum.


Tailgut cyst ou hamartomes<br />

• DÉFINITION HISTOLOGIQUE:<br />

– Le revêtement de ces kystes varie d’une simple rangée<br />

d’épithélium à une grande variété de types d’épithélium<br />

habituellement rencontrés chez l’adulte et dans le tractus<br />

gastrointestinal du fœtus.<br />

– Cette définition repose sur la présence au moins partielle<br />

d’un épithélium de type transitionnel (paramalpighien) ou<br />

cylindrique. Un épithélium malphigien est présent dans 75 %<br />

des cas, probablement en raison d’une métaplasie induite par<br />

l’inflammation.<br />

• Les tailgut cysts diffèrent des duplications kystiques car :<br />

– Ils n’ont pas de paroi musculaire bien définie ni plexus<br />

myentériques ni séreuse, même si des fibres musculaires<br />

lisses en couche unique peuvent être retrouvées.<br />

– Ils ne communiquent pas avec la lumière digestive.


Tailgut cyst<br />

• Macroscopiquement, la plupart sont multikystiques et<br />

multiloculés (80 %), bien circonscrits mais non<br />

encapsulés, débutant en général dans l’espace<br />

rétrorectal.<br />

• Peuvent, rarement, atteindre la paroi rectale.<br />

• Les kystes sont vides ou peuvent contenir des débris<br />

amorphes, ou de kératine, ou du mucus (en raison de la<br />

présence possible de cellules sécrétrices de mucus).<br />

Ils ne contiennent pas de calcification, à la différence<br />

des tératomes.<br />

• L’inflammation est souvent présente, qu’elle soit aiguë<br />

ou chronique (notamment après traumatisme avec<br />

rupture de kyste) mais elle n’est pas corrélée à des<br />

symptômes cliniques.


Tailgut cyst et implications<br />

cliniques<br />

• Morbidité en cas de non chirurgie radicale.<br />

• Une biopsie ou le drainage ne sont pas<br />

indiqués et une résection transanale fait<br />

courir le risque de laisser d’autres kystes en<br />

raison de la limite de visualisation de l’espace<br />

rétrorectal.<br />

• Comme les Tailgut cysts sont souvent<br />

multiloculés et avec des kystes filles à<br />

distance, l’approche postérieure avec exérèse<br />

du coccyx offre la meilleure chance<br />

d’identifier et d’enlever la lésion.


Tailgut cyst<br />

• Aspect <strong>IRM</strong> classique:<br />

– Lésion médiane de l’espace rétrorectal avec un<br />

développement possible en avant et latéralement.<br />

Peut se développer vers la fosse ischio-anale<br />

– Kyste multiloculé et présence de kystes « filles »<br />

satellites ou plus à distance, de taille variable.<br />

– Paroi souvent visible, pouvant se rehausser après<br />

injection de gadolinium.<br />

– Le signal des kystes est variable, en règle<br />

homogène, soit en hypersignal au muscle en T1 et<br />

en hypersignal T2 par rapport à la graisse, soit en<br />

isosignal au muscle en T1 et en isosignal ou<br />

hypersignal à la graisse en T2.


Tailgut cyst non compliqué<br />

T1 T1 GADO T2<br />

Kyste rétrorectal principal avec de multiples kystes filles (flèches) et une<br />

fine paroi qui se rehausse discrètement après injection de gadolinium. Noter<br />

l’hypersignal T1 du kyste principal par rapport au muscle en rapport avec un<br />

contenu mucoïde.


TAILGUT CYST avant intervention,<br />

Même patiente<br />

Après intervention,<br />

persistance de petits<br />

kystes à distance du<br />

principal


• Le développement des tailgut cysts peut<br />

se faire, rarement, primitivement dans<br />

la fosse ischio-anale ou vers cette fosse<br />

ischio-anale (patiente A).<br />

• Ils peuvent avoir une paroi épaisse en<br />

dehors de tout signe d’infection aiguë<br />

et, rarement, adhérer au rectum<br />

(patiente B).


PATIENTE A : développement dans la fosse ischio-anale<br />

T1 fatsat gado<br />

T1<br />

T2


PATIENTE B<br />

rectum<br />

Paroi épaisse fibreuse (flèches) et contact étroit avec la paroi<br />

rectale (dissection kyste-fibres musculeuses rectales difficile en<br />

per-opératoire).


Kystes dermoïdes ou<br />

épidermoides<br />

• Ils se caractérisent par un revêtement<br />

uniquement malpighien. Ils ne contiennent pas,<br />

à la différence des tailgut cysts, d’épithélium<br />

glandulaire ou transitionnel. Ils peuvent<br />

contenir des annexes dermiques.<br />

• Ils sont bénins, généralement uniloculés,<br />

remplis d’un liquide clair ou graisseux. Le<br />

diagnostic différentiel avec les hamartomes<br />

n’est pas possible sur des critères d’imagerie.


Kyste épidermoïde des deux<br />

fosses ischio-anales, en discret<br />

hypersignal T1 au muscle et en<br />

hypersignal T2 franc, uniloculé<br />

mais s’accompagnant d’un kyste<br />

satellite (flèche).


T1<br />

T2<br />

Kyste épidermoïde<br />

contenant des lamelles de<br />

kératine, rétrorectal,<br />

uniloculé, avec un kyste<br />

satellite (flèche).


Complications<br />

• Infection, en particulier avec une fistule<br />

périanale chronique.<br />

• Saignement (essentiellement<br />

complication des duplications kystiques<br />

qui contiennent une muqueuse gastrique<br />

ectopique).<br />

• Dégénérescence maligne en<br />

adénocarcinome ou en carcinome<br />

malpighien (7 % des kystes entériques).


Hamartome retrorectal infecté<br />

• Paroi épaisse prenant le contraste.<br />

• Infiltration de la graisse adjacente.<br />

• Signes cliniques d’infection.


Hamartome rétrorectal infecté


Dégénérescence kystique<br />

• Rare.<br />

• Dégénérescence en adénocarcinome<br />

mucineux.<br />

• Caractère polylobulé de la lésion qui perd sa<br />

sphéricité, irrégularité de la paroi.<br />

• Végétations intrakystiques, contenu<br />

hétérogène en hypersignal T2 par rapport à<br />

la graisse (mucine).<br />

• Prise de contraste murale et intrakystique.<br />

• Infiltration et prise de contraste de la<br />

graisse adjacente.


Adénocarcinome mucineux développé sur un tailgut cyst :<br />

Lésion kystique à paroi irrégulière, épaisse, sous le muscle releveur de l’anus,<br />

rétrorectale, en franc hypersignal en T2, hétérogène avec une composante<br />

tissulaire intrakystique (flèche).


T1 GADO<br />

T1 GADO FATSAT<br />

Même patient. Lésion kystique à paroi très irrégulière et avec une<br />

portion tissulaire intrakystique. La paroi est épaisse et se rehausse<br />

fortement après injection de gadolinium, sans puis après suppression de<br />

graisse. Il existe une infiltration de la graisse et des muscles alentour.


• Rarement, le syndrome héréditaire de<br />

Currarino (association d’une<br />

malformation anorectale ou d’une<br />

imperforation anale, d’un défect osseux<br />

sacré et d’une masse présacrée) peut<br />

suggérer la présence d’un kyste<br />

rétrorectal (méningocèle sacrée<br />

antérieure, tératome, kyste entérique<br />

ou une association de ces derniers)


Diagnostics différentiels


Méningocèle sacrée antérieure<br />

• Anomalie congénitale, rarement<br />

associée à un syndrome de<br />

Currarino.<br />

• Kyste méningé se développant<br />

dans l’espace présacré en raison<br />

d’une agénésie de la portion<br />

antérieure du sacrum.<br />

• Des malformations sont associées<br />

dans 50 % des cas (spina bifida,<br />

dysraphisme rachidien, utérus<br />

bicorne, imperforation anale).<br />

• La tige du méningocèle<br />

communicant avec le sac dural<br />

peut être mise en évidence.


Récidive d'adénocarcinome<br />

mucineux rectal<br />

• Les adénocarcinomes mucineux rectaux ont une<br />

composante en mucine extracellulaire importante et<br />

présentent donc un hypersignal franc en T2, un<br />

rehaussement modéré hétérogène surtout<br />

périphérique. Leur pronostic est beaucoup moins bon<br />

que celui des adénocarcinomes classiques et se<br />

caractérise par un taux de récidive élevé.<br />

• La constatation post opératoire de flaques de mucus<br />

sans cellules viables en anapath est d’interprétation<br />

controversée : simple reliquat colloide ou récidive ?


<strong>IRM</strong> réalisée un an après exérèse d’un<br />

adénocarcinome mucineux rectal :<br />

Lésion kystique rétrorectale multiloculée<br />

sans prise de contraste interne<br />

(flèches).<br />

A la réintervention l’examen anatomopathologique<br />

diagnostique des flaques<br />

colloïdes sans cellules tumorales.


Pseudo-kyste péritonéal<br />

• Survient chez les patientes en période d’activité<br />

génitale dans un contexte de chirurgie abdominopelvienne<br />

et/ou de maladie inflammatoire.<br />

• Kyste multiloculé, moulant les structures péritonéales<br />

et les ovaires, sans paroi.<br />

• Localisation sus-péritonéale de ces pseudokystes<br />

péritonéaux.<br />

Pseudomyxome rétropéritonéal<br />

• Lésions kystiques multiloculées bien limitées,<br />

homogènes. Exceptionnel


Pseudo-kyste péritonéal chez une<br />

femme de 45 ans opérée il y a 15 ans<br />

d’une coloproctectomie totale avec<br />

anastomose iléo-anale. Aspect<br />

multiloculé du kyste qui moule les<br />

espaces sus-péritonéaux. A noter que<br />

la ligne de réflexion péritonéale est<br />

très bas située.


Abcès rétrorectaux<br />

• Complications post-opératoires le plus<br />

souvent, ils peuvent survenir dans un<br />

contexte de maladie de Crohn ou<br />

également correspondre à la surinfection<br />

d’un kyste rétrorectal.


Abcès rétrorectal chez un homme de 35 ans porteur d’une maladie de Crohn :<br />

noter la prise de contraste de la paroi de la lésion liquidienne et de la graisse<br />

adjacente (flèches)


Tumeurs<br />

• Tératome sacrococcygien :<br />

– Tumeur des cellules germinales, le plus souvent<br />

bénin, dont 90 % sont diagnostiqués avant 2 ans.<br />

– Lésions hétérogènes, bien limitées avec des<br />

composantes solides et liquidiennes, rarement<br />

totalement kystiques.<br />

• Angiomyxome agressif :<br />

– Tumeur de la femme jeune, très rare, caractérisée<br />

par une forte composante mucineuse.<br />

• Tumeurs stromales et léiomyomes :<br />

– Peuvent se développer dans l’espace présacré et<br />

comporter, rarement, des remaniements kystiques<br />

plus ou moins importants.


T1<br />

T2<br />

Patiente de 25 ans présentant un angiomyxome agressif : masse hétérogène<br />

rétrorectale des deux fosses ischioanales, en hyposignal T1 et en hypersignal<br />

T2, aux contours polycycliques.


Même patiente après injection de gadolinium et<br />

suppression de graisse : Il existe une prise de<br />

contraste hétérogène et faible de cette masse.


Léiomyome de l’espace présacré refoulant le rectum en<br />

avant : masse hétérogène se rehaussant après injection<br />

de gadolinium.


Tumeurs sacrées avec extension<br />

rétrorectale<br />

• Ganglioneurome, schwanomme, neurofibrome.<br />

– Ces lésions, lorsqu’elles sont issues du canal<br />

rachidien, peuvent se développer dans l’espace<br />

présacré rétrorectal et peuvent contenir des<br />

remaniements kystiques.<br />

– Elles présentent un hypersignal intense en T2, se<br />

rehaussent après injection de gadolinium et leur<br />

rattachement aux racines sacrées peut être mis en<br />

évidence.<br />

• Chordome :<br />

– Tumeur sacrée primitive la plus fréquente,<br />

hétérogène, en hypersignal T2, se rehaussant après<br />

injection et s’accompagnant d’une lyse sacrée.


Schwanomme se développant dans l’espace sacré chez une<br />

femme de 30 ans : masse en hypersignal hétérogène en<br />

T2. Noter le raccordement aux racines sacrées (flèche).


T2<br />

T1 gado<br />

Chordome sacré se développant dans l’espace présacré<br />

(Clichés du Pr Laredo).


Conclusion<br />

• Les lésions kystiques rétrorectales de l’adulte<br />

représentent un spectre assez large de<br />

lésions, dont la plupart sont des anomalies de<br />

développement.<br />

• L’imagerie peut montrer des signes évocateurs<br />

mais le diagnostic reste histopathologique.<br />

• L’exérèse chirurgicale de ces lésions est la<br />

règle de façon à établir un diagnostic précis<br />

et à prévenir les complications potentielles.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!