neurosarcoidose a localisation thalamique. a propos d'un cas
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NEUROSARCOIDOSE A LOCALISATION<br />
THALAMIQUE. A PROPOS D’UN CAS<br />
N. Cherif Idrissi El Ganouni 1, M. Ouali Idrissi 1,<br />
A.Benhaddou 1, T. Abou El Hassan 2, O. Essadki 1, A. Ousehal 1<br />
1 : Service de Radiologie, 2 : Service d’Anesthésie-<br />
Réanimation, Hôpital Ibn Tofaïl, CHU Mohammed VI,<br />
Marrakech, Maroc.
INTRODUCTION<br />
La sarcoïdose est une granulomatose multisystémique<br />
d’étiologie inconnue. Elle atteint préférentiellement la<br />
sphère médiastino-pulmonaire, les ganglions, les yeux<br />
et la peau. L’atteinte neurologique est rare survenant<br />
dans seulement 1 à 5 % des <strong>cas</strong>.
BUT DU TRAVAIL<br />
Discuter les différentes atteintes neurologiques<br />
observées au cours de la neurosarcoïdose et rappeler le<br />
rôle de l’imagerie dans le diagnostic et le suivi de cette<br />
<strong>localisation</strong>.
OBSERVATION<br />
Patient âgé de 39 ans, traité pour tuberculose pulmonaire<br />
dans l’enfance et suivi depuis une année pour sarcoïdose<br />
cutanée et médiastino-pulmonaire, a présenté de façon<br />
brutale une hémiplégie droite à prédominance brachiale<br />
avec hypoesthésie de l’hémicorps droit.
Un premier scanner cérébral réalisé a objectivé la<br />
présence de deux lésions nodulaires coalescentes au<br />
niveau de la région <strong>thalamique</strong> gauche, hypodenses,<br />
rehaussées de façon nodulaire et hétérogène avec zone<br />
de nécrose centrale et entourées d’un important œdème<br />
périlésionnel, le tout étant responsable d’un effet de<br />
masse modéré sur les structures médianes (Fig 1,2).
Fig 1: Coupe axiale sans contraste:<br />
Hypodensité capsulo-<strong>thalamique</strong><br />
gauche responsable d’un effet de masse<br />
sur les structures médianes.<br />
Fig 2: Coupe axiale avec contraste:<br />
Prise de contraste nodulaire des<br />
lésions <strong>thalamique</strong>s gauches avec<br />
œdème périlésionnel et effet de masse.
La biopsie stéréotaxique de cette lésion a conclu à une<br />
<strong>localisation</strong> cérébrale de sarcoïdose. L’évolution a été marquée<br />
par l’aggravation de l’état neurologique avec trouble de<br />
conscience et détresse respiratoire.
Le scanner cérébral de contrôle réalisé 20 jours après a<br />
noté la persistance de la lésion <strong>thalamique</strong> gauche et<br />
l’apparition de nouvelles lésions nodulaires multiples et<br />
bilatérales de la substance grise associées à des lésions<br />
ischémiques des centres semi ovales avec discrète<br />
hémorragie méningée (Fig 3,4,5). L’évolution était<br />
marquée par l’aggravation du tableau clinique malgré<br />
le traitement.
Fig 3: Scanner de contrôle sans<br />
contraste montrant la persistance<br />
des lésions <strong>thalamique</strong>s gauches et<br />
l’apparition d’une autre lésion<br />
hypodense controlatérale.<br />
Fig 4: Scanner de contrôle après<br />
contraste: persistance des lésions<br />
<strong>thalamique</strong>s gauches avec cependant<br />
une diminution de la prise de<br />
contraste. Prise de contraste<br />
nodulaire de la lésion controlatérale.
Fig 5: Hypodensités bilatérales des<br />
centres semi ovales.
DISCUSSION<br />
La sarcoïdose est une granulomatose multisystémique<br />
d’étiologie inconnue. Son incidence varie de 7 à 20 pour 100 000.<br />
Elle atteint l’adulte jeune avec une prédominance féminine.
Le granulome épithélioïde n’est pas spécifique de la<br />
sarcoïdose. En <strong>cas</strong> d’atteinte du système nerveux<br />
central, les granulomes touchent avec prédilection les<br />
leptoméninges, les citernes de la base et l’espace<br />
périmédullaire. L’atteinte directe de la paroi des<br />
vaisseaux est rare, pouvant entraîner des sténoses<br />
vasculaires responsables d’ischémie dans les territoires<br />
correspondants.
L’atteinte neurologique clinique est observée dans 1 à<br />
5% des <strong>cas</strong>, elle peut rester isolée dans 1 à 17% des <strong>cas</strong>.<br />
Les manifestations de la neurosarcoïdose sont variées et<br />
dépendent des structures anatomiques atteintes:<br />
• Atteinte des nerfs crâniens dans 42 à 73% des <strong>cas</strong><br />
(surtout le II et le VII).<br />
• Atteintes encéphaliques dans 36 à 66% des <strong>cas</strong>.<br />
• Atteinte hypothalamo-hypophysaire dans 3 à 26% des<br />
<strong>cas</strong>.<br />
• Hydrocéphalie dans 6 à 17% des <strong>cas</strong>.<br />
• Troubles neuropsychiques dans 9 à 48% des <strong>cas</strong>.<br />
• Épilepsie dans 14 à 22% des <strong>cas</strong>.
• Les formes pseudo tumorales sont asymptomatiques<br />
dans 75% des <strong>cas</strong>, le plus souvent supra-tentorielles,<br />
uniques ou multiples, leur aspect au scanner ou en IRM<br />
peut faire évoquer un méningiome, un gliome, un<br />
lymphome ou des métastases.<br />
• L’atteinte méningée est généralement constante; une<br />
méningite subaiguë ou chronique est rapportée dans 8 à<br />
40% des <strong>cas</strong>.
• L’atteinte cérébelleuse et du tronc cérébral est<br />
rapportée dans 18 à 26% des <strong>cas</strong>.<br />
• Les accidents vasculaires cérébraux ischémiques<br />
transitoires ou constitués sont exceptionnels. Ils sont en<br />
rapport avec des lésions de vascularite et dans presque<br />
la moitié des <strong>cas</strong> les atteintes sont multiples.<br />
• Les atteintes médullaires sont assez rares (6 à 10%), la<br />
<strong>localisation</strong> cervicale serait la plus fréquente.<br />
• L’atteinte des nerfs périphériques varie entre 4 et 40%<br />
des <strong>cas</strong>.
Sur le scanner cérébral, les granulomes parenchymateux<br />
réalisent des lésions nodulaires uniques ou multiples,<br />
souvent denses, rarement calcifiées, prenant le contraste de<br />
façon homogène et intense. Des prises de contraste<br />
hétérogènes ont été décrites. Il n’y a habituellement pas<br />
d’œdème ni d’effet de masse. L’infiltration méningée peut<br />
être révélée par une prise de contraste anormale des<br />
espaces sous arachnoïdiens. Le scanner peut également<br />
montrer une hydrocéphalie, un épaississement du nerf<br />
optique ou de la tige pituitaire. Un aspect pseudotumoral<br />
devra faire discuter un méningiome ou un gliome.
L’IRM cérébrale permet d’établir un diagnostic<br />
précoce avec une surveillance thérapeutique et<br />
évolutive. Les anomalies décrites sont nombreuses :<br />
hydrocéphalie, masses parenchymateuses, atteintes<br />
hypothalamo-hypophysaires, rehaussement méningé,<br />
lésions du nerf optique ou lésions médullaires et<br />
anomalies de la substance blanche. Celles-ci se<br />
présentent sous forme de zones d’hypersignal T2. Cet<br />
aspect n’est pas spécifique et peut faire évoquer une<br />
sclérose en plaques ou une vascularite. Après injection<br />
de gadolinium, un rehaussement est noté au niveau des<br />
lésions actives.
Le traitement de cette affection repose essentiellement<br />
sur la corticothérapie mais l’évolution est très variable<br />
d’un sujet à l’autre. La mortalité de la neurosarcoïdose<br />
est estimée entre 12 et 18%. Le pronostic dépend du<br />
type d’atteinte: les atteintes méningées et des nerfs<br />
crâniens répondent le plus souvent favorablement au<br />
traitement, contrairement aux anomalies de la<br />
substance blanche qui restent stables.
CONCLUSION<br />
La neurosarcoïdose est une affection rare d’aspect<br />
radiologique polymorphe et non spécifique. Elle pose<br />
des problèmes diagnostiques avec de multiples<br />
pathologies, cependant certaines <strong>localisation</strong>s restent<br />
évocatrices : leptoméninges de la base, nerfs crâniens et<br />
axe hypothalamo-hypophysaire. L’IRM apporte des<br />
arguments diagnostiques et permet une surveillance<br />
thérapeutique et évolutive.
BIBLIOGRAPHIE<br />
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