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4 ANNONCES Marchés Publics AVIS D’APPEL D’OFFRES NATIONAL N° 001/2010/MAG/EL/DGA 1. Le présent avis d’appel d’offres fait suite à l’avis général de passation de marchés publié dans le journal le Sahel N° 7801 du 15 mars 2010. 2. Dans le cadre de l’amélioration de la sécurité alimentaire, le Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage lance un avis d’appel d’offres national pour la fourniture et la livraison en quatre (4) lots de semences améliorées et locales de mil au profit des populations des zones agricoles. Il invite par le présent avis d’appel d’offres, les candidats remplissant les conditions ci-dessous à présenter leurs offres sous pli fermé cacheté, pour la fourniture de : LOT N°1: Fourniture de deux cents (200) tonnes de semences améliorées de mil HKP et de mil local à la région de Maradi LOT N°2: Fourniture de trois cents (300) tonnes de semences améliorées de mil HKP aux régions de Tillabéri et de Dosso LOT N°3: Fourniture de quatre cents (400) tonnes de semences améliorées de mil HKP à la région de Tahoua LOT N°4: Fourniture de trois cents (300) tonnes de semences améliorées de mil HKP et de mil local aux régions de Zinder et de Diffa 3. Conditions de participation La participation au présent appel d'offres est ouverte à toute personne physique ou morale exerçant dans la filière semences en tant que professionnelle, ayant une bonne expérience en matière de qualité des semences et répondant aux exigences du code des marchés publics au Niger. Les candidats peuvent soumissionner pour un, plusieurs ou l’ensemble des lots. 4. Les candidats intéressés peuvent obtenir un complément d’information et consulter gratuitement le dossier d’appel d’offres auprès de la Direction Générale de l’Agriculture, tous les jours ouvrables de 9 heures à 12 heures. 5. Tout candidat éligible, intéressé par le présent avis, doit acheter un jeu complet du dossier d’Appel d’offres, auprès de la Direction Générale de l’Agriculture (tel que spécifié aux DPAO) et moyennant paiement d’un montant non remboursable de 250 000 FCFA. 6. En cas d’envoi par la poste ou tout autre mode de courrier, les frais y afférents sont à la charge de l’acheteur et la personne responsable du marché ne peut être responsable de la non réception du dossier par le candidat 7. Les offres présentées en un original et (nombre spécifié aux DPAO) copies, conformément aux Instructions aux Soumissionnaires, et accompagnées d’une garantie de soumission de (montant spécifié aux DPAO) devront parvenir ou être remises à (l’adresse spécifiée aux DPAO) à la date et à l’heure (spécifiées aux DPAO). 8. L’ouverture des plis aura lieu le 30 avril 2010 à partir de 09 heures 30 mn en présence des représentants des soumissionnaires qui souhaitent y assister. Les offres reçues après le délai fixé seront rejetées. 9 Les soumissionnaires resteront engagés par leurs offres pour un délai de (tel que spécifié aux DPAO) jours, à compter de la date de remise des offres. Par décision motivée, l’Administration se réserve le droit de ne donner aucune suite à tout ou partie du présent Appel d’offres. Marchés Publics REPUBLIQUE DU NIGER PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE CONSEIL SUPREME POUR LA RESTAURATION DE LA DEMOCRATIE Coordination Intersectorielle de Lutte contre les IST/VIH/SIDA Tél. : 227 20 73 28 09/20 73 54 60 / Fax : 227 20 73 27 65 E-mail : cislsniger@intnet.ne PROJET DE RENFORCEMENT DE LA DECENTRALISATION ET DE L’AMELIORATION DE LA REPONSE NATIONALE FACE AU VIH/SIDA AU NIGER AVIS A MANIFESTATION D’INTERET DON NGR708-G08-H 1. Contexte : La République du Niger a obtenu un Don du Fonds Mondial de lutte contre le Sida, le Paludisme et la Tuberculose « Fonds Mondial », pour financer le Projet de Renforcement de la Décentralisation et de l’Amélioration de Réponse Nationale face aux IST/VIH/SIDA, et a l’intention d’utiliser une partie du montant de ce Don pour effectuer les paiements au titre du contrat suivant : Service des Agences de communication pour la réalisation de scénarii originaux au choix et à la production de film documentaire. 2. Les services : Les agences de communication sont sollicitées pour faire des propositions de scénarii originaux traitant des sujets suivants : Effort des associations et leaders religieux dans la lutte contre le Sida en termes de changement de comportement sexuel des individus et d’atténuation de la stigmatisation des PVVIH ; Effort des organisations des professionnel (e)s du sexe et des homosexuels dans la lutte contre le Sida au Niger en matière de la prévention et de soins des IST. 3. Propositions Les agences sollicitées ne doivent soumettre à la Coordination Intersectorielle de Lutte Contre les IST/VIH/SIDA (CISLS) qu’un scénario sur les deux thèmes et au choix. Les deux agences qui auront produit les deux meilleurs scénarii seront sélectionnées et il leur sera demandé de fournir chacune des propositions d’offre technique et financière. 4. Evaluation : Elle sera faite sur la base de la qualification de l’Agence. L’accent sera mis sur : - La pertinence du scénario comme critère fondamental ; - L’expérience du personnel proposé ; - Les moyens matériels dont dispose l’Agence. 5. Durée : L’Agence sélectionnée aura un (1) mois pour réaliser le film documentaire. La durée de chaque film documentaire doit être comprise entre seize (16) et vingt trois (23) minutes. 6. Langue : La langue utilisée est le français. 7. Soumission des candidatures La Coordination Intersectorielle de Lutte Contre les IST/VIH/Sida invite les agences de communication à manifester leur intérêt à fournir les services décrits ci-dessus. Les agences de communication intéressées doivent fournir les informations demandées ci-dessus, démontrant qu’elles sont qualifiées pour exécuter les services demandés. Une Agence de communication par thème sera sélectionnée en accord avec les procédures définies dans les Directives « Sélection et Emploi de Consultants par les Emprunteurs de la Banque Mondiale, mai 2004, révisé en octobre 2006 ». Les agences intéressées peuvent obtenir des informations supplémentaires au sujet des documents de référence du lundi au vendredi, de 8h30 à 12h du matin et de 15h30 à 18h après-midi (heure locale). Les manifestations d’intérêt doivent être déposées à l’adresse ci-dessous au plus tard le vendredi 30 avril 2010 à 9h00. Coordination Intersectorielle de Lutte contre les IST/VIH/Sida Tél. : 227 20 73 28 09/20 73 54 60 Fax : 227 20 73 27 65 - BP : 10077 Niamey E-mail : cislsniger@intnet.ne Jeudi 15 avril 2010
Il est sans nul doute peu connu. Mais il n’est pas ignoré. Disons qu’il fait partie de ces artistes dont la première œuvre a besoin d’être secondée d’une autre beaucoup plus forte pour convaincre. Sinon c’est le silence, l’oubli. Ou presque. C’est dire que le premier livre de Coulibaly,’’ Le devoir’’, bien qu’accueilli favorablement dans certains milieux à sa sortie en 1996, n’a pas percé dans les milieux littéraires…..Et pour preuve, adapté à l’écran en 1999 sous le titre de Wajibi, la pièce de théâtre (puisque ç’en est une), disparaît pratiquement des rayons et peut-être même des esprits. A l’inverse, le film a connu et Monsieur Harouna Coulibaly, vous avez disparu depuis une décennie du paysage culturel nigérien… Cela arrive, et puis, avant tout, c’est mon problème. J’insiste… Moi aussi ! Comment avez-vous retrouvé le Niger, après une absence voulue de 10 ans ? Je retrouve un pays qui, après avoir trébuché, se remet enfin sur les rails démocratiques. Parlez-nous de Wadjibi, votre premier long métrage ? C'est un hymne à ma profession de fiscaliste. A travers ce film, j'ai voulu apporter une très modeste contribution aux multiples efforts que mènent la Direction Générale des Impôts, le Ministère des Finances, bref l'Etat du Niger, pour sensibiliser les contribuables à payer leurs impôts et à les payer régulièrement. Pourquoi ? Pour permettre à l'Etat de respecter ses devoirs de souveraineté, payer les salaires des fonctionnaires, construire des classes, des dispensaires, tracer des routes... Qu’est –ce qui est à l’origine du déclic? Au moment où j'écrivais la nouvelle ‘’Illustres martyrs’’, que j'ai mise en scène sous le titre ‘’Devoir’’ puis adaptée à l'écran sous le titre ‘’Wadjibi’’, j'étais habité par un credo, une conviction profonde : la faillite de l'Afrique n'est pas économique. Elle est d'abord et surtout humaine et culturelle. Et cette faillite là, aucune institution internationale (FMI, Banque Mondiale ...) ne peut en venir à bout. Sa solution, son remède, réside en nous-mêmes : en notre prise de conscience collective à compter d'abord sur nous-mêmes, sur la mobilisation de nos ressources internes, fiscales. Aucun pays au monde, fut-il les USA ne peut se passer de l'impôt. Vous y croyez vraiment ? L’impôt est pour un pays ce que le carburant est pour un véhicule! Même l'aide internationale, c'est l'impôt payé par d'autres peuples sous d'autres cieux. Mais le nœud du problème en Afrique et au Niger, c'est que l'impôt et son rôle ne sont pas compris par le peuple. Il y a un déficit de communication entre l'administration fiscale et les contribuables. Dès lors, comment le peuple paiera spontanément l’impôt? Il semble qu’il existe un déficit de communication entre l’administration fiscale et les contribuables. Dès lors comment le peuple paiera-t-il spontanément l’impôt ? La solution réside dans une vaste campagne de sensibilisation perpétuelle, permanente et continuelle jusqu'à ce que le paiement de l'impôt soit intégré dans le mental quotidien du contribuable. Jusqu'à ce que le paysan, le commerçant, le travailleur, l'étudiant qui reçoit de l'argent, CULTURE Entretien avec Harouna Coulibaly, écrivain et cinéaste L’intellectuel qui revient de loin pense d'abord à ce qu'il doit à l'Etat. C'est un combat de longue haleine, un projet de société. Et ‘’Wadjibi’’ est ma très modeste contribution pour ce combat. D'ailleurs, j'ai écrit par la suite ‘’Wadjibi II’’ (le système) ‘’Wadjibi III’’ (Le combat) et Wadjibi IV (Le triomphe du civisme) téléfilms de 52 minutes chacun, et coécrits avec mon professeur du cinéma qui est président de la Fédération Panafricaine des Critiques de Cinéma/Invitation au civisme" et "L'impôt c'est la vie" avec l'espoir d'avoir des partenaires qui les financeront comme l'USAID qui a financé ‘’Wadjibi I’’ (Le Devoir) dans le cadre du combat fondamental qu'est la sensibilisation des contribuables. Je profite de cette opportunité pour rendre à nouveau hommage à l'USAID, vu les succès enregistrés par ce film après sa diffusion sur les chaînes télévisuelles nationales et internationales. Dans "Wadjibi" vous parlez aussi de la corruption ; pensez-vous que ce phénomène puisse être éradiqué ? J'ai toujours dit dans mes articles de réflexion parus dans les journaux "Sahel Dimanche", "Haské" etc., que la lutte contre la corruption échouera toujours tant qu'on mettra entre parenthèse une question essentielle : comment mettre les agents de l'Etat à l'abri du besoin? Je vois ici des faits peuplés de paradoxes et de contradictions. D'un côté, un train de vie très cher, vertigineux; de l'autre côté, des agents de l'Etat végétant dans une misère ambiante avec un maigre salaire figé. Je vois venir des milliards qui passent sous le nez de ces agents de l'Etat pour les poches des manitous de la société des décideurs. Estil possible que ce pauvre agent qui quitte chez lui au moment où ses enfants reviennent de l'école, renvoyés pour n'avoir pas effectué le versement de leur scolarité, et le dernier grain de riz utilisé, ou alors la Nigelec a coupé l'électricité pour non paiement, etc. Est-il possible que cet agent soit indifférent à une somme de cinquante mille qu'on lui propose pour donner un coup de pouce à un dossier? Non! Son directeur de conscience lui recommande d'accepter. Quand le ventre a faim, la morale agonise. La solution durable ? Il faut d'abord payer très bien les agents de l'Etat (j'aurais souhaité les voir gagner dix fois plus leur salaire d'aujourd'hui) vu la cherté de la vie. Ensuite mener, par les supports médiatiques, pendant plus d'une décennie, une continuelle campagne contre ce fléau, avant de servir sans état d'âme. C'est ainsi que je vois la solution du problème de la corruption. Parlez-nous de la réalisation du film AWA? C'est un heureux hasard qui a présidé à sa réalisation. Pouvez-vous nous expliquez davantage? Je suivais les traces d'Elhadj Omar Tall, le connaît encore un succès ayant propulsé son réalisateur et auteur, Harouna Coulibaly, dans la classe des cinéastes nigériens et africains. Pour renforcer son atout, il claque la porte de l’administration fiscale dont il est l’agent pour une aventure‘’ intellectuelle ‘ qui lui permettra de connaître des écrivains comme Cheik Hamidou Kane, feu Sembène Ousmane ou des grands cinéastes comme feu Djibrill Diop Mambéty, Pierre Yamégo, Dieudonné Ngangura, et Cheik Oumar Sissoko, ancien ministre de la Culture du Mali, qui a même joué dans son film ‘’Awa’’. Il s’est même adjugé au passage un pèlerinage à Alwar, le village natal de Elhadj Omar Tall situé dans le Fouta Toro au Sénégal sur lequel il écrit un livre historique. Il mettra une dizaine d’années à boucler son’’ errance’’ joyeuse et innocente entre le Burkina, le Mali, le Sénégal et la Guinée, sans mettre pied au Niger. Sacrilège ! Et aux mauvaises langues de le charger durement. Toutefois, rentré au pays où il a repris du service il y a quelque temps, les rumeurs le concernant tombent une à une et, on apprend qu’il avait bel et bien une disponibilité dans la main et qu’il a même renouvelée. Exit. Le succès remporté par son film tient plus au thème abordé qu’à la qualité de la réalisation. Celle-ci n’était pas non plus mauvaise. Mais parlons du thème. La lutte contre la corruption dans les années 90 (année des conférences nationales) qui est un thème aussi porteur qu’il est actuel en 2010 et le sera probablement dans les années à venir. Le film tente de démontrer qu’au-delà de la corruption des agents de l’état, des détournements des deniers publics, de l’incivisme fiscal, il existe d’autres facteurs aggravants tels que l’inadaptation des textes au contexte et à la réalité africaine. Pour plusieurs observateurs, ces textes sont tout simplement périmés .A ces avatars se greffent le manque de volonté des dirigeants et surtout leur interventionnisme politique dans la gestion des dossiers fiscaux .Qui plus est, les 5 grosses fortunes ne se soumettent que difficilement au fisc. On comprend dès lors pourquoi l’écrivain n’a pas eu de difficulté pour trouver un producteur. Né en 1962 à Magaria, Harouna Coulibaly, fiscaliste de formation, s’est très vite aperçu de ce qu’il avait plus de prédispositions en lettres qu’en finances. Le destin ne le démentira pas, car il sera l’auteur de deux pièces de théâtre. (Le Devoir 1 et 2) et deux films longs métrages Wadjibi et Awa. Ce dernier est aussi une adaptation d’une pièce de théâtre intitulée ‘’Barira’’ ayant reçu en 1992 le premier prix national de la littérature nigérienne C’est donc un homme de culture ‘’mûr’’ qui a bien voulu nous accorder cet entretien. «L’artiste africain doit (…) poser les problèmes de sa société, méditer, analyser et proposer des solutions originales» Saint de Halwar qui a combattu le paganisme et les païens dans l'Afrique de l'Ouest pour installer l'islam et la Tidjania. J'ai quitté donc Halwar dans le Podor au Sénégal en suivant ses traces jusqu'à Djingareye en Guinée (Conakry) où il a commencé la guerre sainte. Je m'acheminai littéralement vers le village de Déguembéré situé dans les falaises de Bandiagara où Elhadj Omar a disparu dans des circonstances qui demeurent encore aujourd'hui mystérieuses. Arrivé à Bamako, j'ai été informé que l'ORTM, la télévision nationale, a lancé un concours de scénario et elle produira le meilleur qui sera retenu. J'ai laissé un de mes scénarii "Awa". Au retour, j'ai constaté qu'il est retenu. Finalement, en plus de l'ORTM, le Ministère de l'Education, de la Culture, de la Justice, de l'Intérieur, des institutions comme la Représentation de la Banque Mondiale, le Conseil Supérieur de la Communication, le FNUAP, l'APDF, le CC Sidibé, la Fondation Partage de Mme Adam Bâ Konaré, la Fondation pour l'enfance de la Première Dame du Mali, etc. se sont mobilisés et ont soutenu activement la réalisation du film. Et le film est arrivé au Niger. Quels sont les thèmes que vous développez ? On dit que vous avez particulièrement insisté sur la scolarisation de la jeune fille, un sujet pas ordinaire au Niger ? Pas seulement. Il y a aussi l'accès des femmes rurales à l'éducation, la lutte contre le sida et les grossesses non désirées, le détournement des mineurs, la violence en milieu scolaire. Entre les lignes, j'ai évoqué des maux qui, à mon sens, paralysent le système scolaire. Quels sont ces maux du système éducatif ? II y a plusieurs maux qui se conjuguent pour expliquer le comment et le pourquoi de la paralysie du système éducatif. Ici, je retiens trois choses : l'enseignement général donné jusqu'en terminale, le programme scolaire et la formation en ellemême. Concernant l'enseignement général donné jusqu'en terminale, il se résume, c'est notre humble avis, à des mimétismes, des répétitions des théories inertes et l'élève désapprend plus qu'il n'apprend en réalité. Car il s'agit ici de répéter tel quel le message reçu comme un robot ou un perroquet. La conséquence, c’est que cela étouffe toute éclosion de sens de la créativité, de l'initiative, de l'innovation chez l'enfant. De la rhétorique quoi… Concernant le programme scolaire, à notre M. Harouna Coulibaly Ibro Youka/ONEP humble avis, on nous enseigne à l'école tout sauf l'essentiel. Je pense à notre culture, notre histoire. L'histoire de nos héros chantée par la mémoire populaire et étiquetée de "hors la loi" à l'école du blanc. Résultat? C'est une jeunesse qui grandit aujourd'hui sans repères, sans mémoire, sans référence de son passé, de son histoire. Une jeunesse acculturée, plongée dans le désarroi mental d'une culture importée. Or, un peuple sans passé comme le dit un proverbe, c'est un peuple sans présent et qui ne saurait avoir de l'avenir. Et aussi loin que je pousse ma mémoire, je revois en kaléidoscope de ma pensée le souvenir du Professeur Cheikh Anta Diop. C'est en 1984 ici à Niamey, au Centre Culturel Oumarou Ganda, face aux étudiants de l'université. Il disait, au sujet de la culture, je cite « Méfiez-vous ! Moi, je vous le dis, si vous perdez votre culture, vous perdez tout le reste... ». Il l'a répété dans son livre phare : "Nations Nègres et Culture". Il disait je cite : « Abandonner sa culture puis embrasser celle d'autrui et considérer cela comme une simplification des relations internationales, c'est se condamner au suicide... » Fin de citation. Donc notre culture, c'est notre pétrole, notre culture c'est notre mine d'or, notre mine de diamant. Et le programme scolaire nous fait assez oublier cela. Pour arriver enfin à la formation en elle-même, je pense qu'on ne forme pas les enfants pour les enraciner au milieu africain. Vous ne trouvez pas que vous exagérez un peu ? L'école, je suis formel, est une fabrique de nègres blancs, des nègres "européanisés" qui, après leur formation, méprisent le paysan. Ils se servent du peuple pour se sucrer, et se beurrer au lieu de le servir. Ils doivent pourtant leur formation et leur salaire à l'impôt payé par ce même peuple. Quel paradoxe ! Amadou Mothar MBow, l'ancien DG de l'UNESCO l'a si bien dit au sujet de la faillite du système éducatif: ‘’ l'école se détourne très fréquemment du O Ali monde rural et humain. Elle néglige certaines valeurs fondamentales qui ont fait la force de nos sociétés traditionnelles : le sentiment d'honneur, la fidélité à soi-même et à sa communauté, le sens de l'honneur. Cette inadaptation a aussi des incidences sur les cadres nationaux. Aliénés au système qui les a formés, ils se réfèrent le plus souvent, dans l'analyse des situations comme dans la recherche des solutions, aux sociétés industrielles qu'à celles qu'ils ont mission de servir‘’. A vous entendre, c’est comme si les intellectuels ont trahi l’Afrique ? C’est cela. Nous sommes à l'image de Samba Diallo, le héros de Cheikh Hamidou Kane dans son livre "L'aventure ambiguë". Lors du 1 er congrès mondial des poètes et écrivains tenu à Dakar en 2002, j'ai profité pour tourner un film documentaire sur les écrivains : "Les architectes du verbe". Sur le plateau, il y avait feu Ahmadou Kourouma, Seydou Badian Kouyaté, Djibrill Tamsir Niane, Aminata Sow Fall, Titinga Pacéré, feu Ibrahim Loutou, etc. Cheikh Hamidou Kane est le fil conducteur du film. Je disais que pour moi, ‘’L'aventure ambiguë’’ restera, même dans un siècle, un livre incontournable, car c'est le noeud même, le cœur du problème de l'Afrique: la trahison de l'intellectuel africain face à son peuple, symbolisé par Samba Diallo le héros de ‘’L'aventure ambiguë’’. Voilà un africain qu'on envoie en Europe pour connaître la science du Blanc et venir sauver son peuple. Mais qu'est-ce qui arrive? Samba Diallo a été phagocyté par la culture de l'homme blanc. Il a perdu tous ses repères, ses références. Ironie du sort, c'est le fou qui le tue à son retour, précisément parce qu'il ne sait plus prier, il a oublié. Nous sommes tous à l'image du fils des Diallobbé Samba Diallo. Nous avons trahi l'Afrique. Et c'est la faute de la formation que nous avons reçue à l'école qui a créé un mur invisible mais présent entre nous et le paysan. Que faire ? Les paroles prophétiques de Frantz Fanon dans "Les damnés de la terre" résonnent souvent dans mon esprit. Il disait que : « Lorsque cette classe sera anéantie, dévorée par ses propres contradictions, on se rendra compte que rien n'a été fait depuis les indépendances, qu'il faut tout reprendre, il faut repartir à zéro... ». Eh Allah ! Parole d'un prophète ! On constate que le personnage Kitary revient encore dans votre second film AWA. Au juste, qui est Kitary ? Kitary est le fondateur de Magaria, mon beau berceau. En perpétuant la mémoire de Kitary à travers mes écrits et films, c'est pour qu'il ne soit pas oublié. Pour contribuer à la sauvegarde du patrimoine culturel de notre pays, laisser ainsi à ma manière des repères, des références à une jeunesse qui grandit sans mémoire de son histoire, de son passé. Réalisé par Omar Ali Jeudi 15 avril 2010
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