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1. Le foyer du couloir - Maladie du sommeil

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Épidémiologie de la trypanosomiase humaine<br />

en République populaire <strong>du</strong> Congo<br />

1 - <strong>Le</strong> <strong>foyer</strong> <strong>du</strong> <strong>couloir</strong> (*)<br />

Jean-Louis FRÉZIL *<br />

Jean-Pierre ÉOUZAN * *<br />

Joseph COULM * * *<br />

Roger MOLOUBA * * * *<br />

Jean-Rigobert MALONGA * * * * *<br />

Une épidémie inquiétante de maladie <strong>du</strong> <strong>sommeil</strong> se développe actuellement dans le <strong>foyer</strong> historique <strong>du</strong> Couloir <strong>du</strong><br />

jleuve Congo.<br />

<strong>Le</strong>s auteurs y étudient la répartition et la prévalence de la maladie, la distribution des cas par dge et sexe et<br />

l’incidence de cette affection sur la démographie de la région.<br />

La corrélation étroite entre la répartition des glossines et celle des malades prouve que la trypanosomiase se<br />

contracte à l’intérieur mème des agglomérations. <strong>Le</strong>s auteurs estiment, de ce fait, qu’un traitement insecticide sélectif très<br />

localisé sufJirait à protéger les populations.<br />

MOTS-CLÉS : Glossines - Écologie - Gites - Trypanosomiase - Congo.<br />

SUMMARY<br />

EPIDEMIOLOGY OF HUMAN TRYPANOSOMIASIS IN CONGO. I. Focus OF COULOIR<br />

The authors study the epidemiologv of human trypanosomiasis in the focus of “ Couloir ” of River Congo, where the<br />

situation is dramatic.<br />

In average, 10 per cent of the population is infected by Trypanosoma gambiense.<br />

In some villages, practically half the inhabitants are infected.<br />

The most striking conclusions are :<br />

- patients with enlarged lymph nodes are not more than 21,4 % of the total,<br />

- the parasite prevalence is higher in women than in men,<br />

age grouped results show the highest prevalence (16,7 %) in a<strong>du</strong>lts up to 15 years, followed by scholar children<br />

(6.7 %i and Young children below 5 years (2,7 %),<br />

- the strong impregnation of the sleeping sickness has a real effect on the area demography and is felt by a<br />

perceptible fa11 in the effectives of the a<strong>du</strong>lts and Young children,<br />

- people are contaminated in the village when there is a close jly-man contact,<br />

(1) Cette étude bénéficie d’un appui financier <strong>du</strong> Programme spécial PNUD/Banque Mondiale/OMS pour la Recherche et la<br />

Formation concernant les <strong>Maladie</strong>s Tropicales.<br />

l Parasitologiste ORSTOIU, B.P. 181, Brazzaville, République Populaire <strong>du</strong> Congo.<br />

** Entomologiste médical ORSTOM B.P. 181, Brazzaville, République Populaire <strong>du</strong> Congo.<br />

l ** Médecin-Chef de la Division Technique <strong>du</strong> Service de 1’Epidémiologie et des Grandes Endémies, Brazzaville.<br />

**** Directeur <strong>du</strong> Service de la Médecine Préventive <strong>du</strong> Congo.<br />

l **** Agent technique de I’ORSTOM, Brazzaville.<br />

Cah. O.R.S.T.O.M., sér. Em. méd. et Parasitol., vol. XVII, no 3, 1919 : 165-17’9. 165


J.-L. FRÉZIL, J.-P. ÉOUZAN, J. COULM, R. MOLOUBA, J.-R. MALONGA<br />

- in a carefully studied village, it appeared that the distribution of the cases of sleeping sickness is not<br />

homogeneous. Depending of the tsetse flics density some quarters have patients average higher than others.<br />

In fact, the transmission of the disease occurs in quite a limited area, inside each village.<br />

It is thought that selective insecticide spraying of ,these area tif jly-human contact could be enough for controlling<br />

the disease in most of the cases.<br />

KEY WORDS : Tsetseflies - Ecology - Resting places - Trypanosomiasis - Congo.<br />

<strong>1.</strong> INTRODUCTION<br />

En République Populaire <strong>du</strong> Congo, la Trypanosomiase<br />

humaine à T. gambiense sévit dans des zones phytogéographiques<br />

très différentes (Frézil et al., 19771, qui<br />

permettent de caractériser trois types fondamentaux de<br />

<strong>foyer</strong>s :<br />

Likouah-Mossaka<br />

- les <strong>foyer</strong>s de savane (ex. : Niari)<br />

- les <strong>foyer</strong>s de forêts (ex. : Mbomol<br />

et le <strong>foyer</strong> <strong>du</strong> fleuve Congo.<br />

Ce dernier peut lui-même se scinder en deux parties<br />

bien distinctes :<br />

- le <strong>foyer</strong> de la Cuvette, situé dans la partie Nord<br />

<strong>du</strong> fleuve, dans la zone de la grande forêt inondée où<br />

regne G.f fuscipes.<br />

- le <strong>foyer</strong> <strong>du</strong> Couloir, plus au Sud, où le fleuve est<br />

bordé de savanes et de bandes forestières mésophiles<br />

peuplées par G.$ quanzensis.<br />

La présente note, consacrée au <strong>foyer</strong> <strong>du</strong> Couloir,<br />

inaugure une série d’études sur I’épidémiologie de la <strong>Maladie</strong><br />

<strong>du</strong> Sommeil dans les différents types de <strong>foyer</strong>s <strong>du</strong><br />

Congo.<br />

Alima<br />

Léfini<br />

h4kéni /<br />

CONGO<br />

Mossak;<br />

w<br />

Mpauya<br />

a<br />

_-__-----<br />

2. RAPPEL HISTORIQUE<br />

D’après Maillot (19621, la première épidémie connue<br />

dans cette région débute en 1887 et se manifeste comme<br />

très meurtrière sur les deux rives.<br />

De 1920 à 1946, l’endémie reste très forte et sans<br />

grand changement.<br />

De 1948 à 1954, onze campagnes de lomidinisation<br />

font tomber l’index de. contamination nouvelle à zéro.<br />

Pourtant, on note la réapparition de quelques cas isolés de<br />

1955 à 1958.<br />

La situation reste alors stationnaire (et assez mal<br />

connue) jusqu’en 1974, année qui marque le début de la<br />

nouvelle épidémie, par l’apparition de quelques cas dans<br />

la région de Ngabé.<br />

DJoué<br />

Fouhkari<br />

-__--_-<br />

FIG. <strong>1.</strong> - Cours <strong>du</strong> Congo au niveau de la R.C.P.<br />

(source INRAP 1976).<br />

1<br />

3. CARACTÈRES GÉNÉRAUX DE LA RÉGION<br />

(Source : Atlas <strong>du</strong> Congo, ORSTOM, 1969).<br />

Au niveau de la République Populaire <strong>du</strong> Congo, les<br />

variations <strong>du</strong> cours <strong>du</strong> fleuve permettent de le séparer en<br />

4 parties bien distinctes (fig. 1).<br />

De Mpouya jusqu’à l’entrée <strong>du</strong> Stanley Pool, le<br />

Congo s’inscrit dans un étroit <strong>couloir</strong> cl,5 km de large au<br />

Sud de Ngabé) encaissé dans les Plateaux Batékés. Cette<br />

partie s’étend sur environ 200 kilomètres de long.<br />

166 Cah. O.R.S.T.O.M., sér. Etat. m@d. et Parasitol., Vol. XVII, no 3, ,lW? : 165-179.


ÉP~DÉ~VIIOLOGIE DE LA TRYPANOSOMIASE HUMAINE AU CONGO. I.<br />

3.<strong>1.</strong> Climatologie<br />

<strong>Le</strong> climat de cette région est de type sub-équatorial,<br />

c’est-à-dire intermédiaire entre le climat équatorial <strong>du</strong><br />

Nord (Ouesso), avec pluies s’étalant sur toute l’année, et le<br />

climat tropical humide <strong>du</strong> Sud (Brazzaville), caractérisé<br />

par une grande saison sèche de 4 mois.<br />

La température moyenne annuelle n’atteint pas 24O,<br />

(maxima et minima moyens = 32O et 18?<br />

La hauteur des précipitations avoisine 1 700 mm.<br />

Il existe une saison sèche très nette de juin à septembre<br />

et deux saisons des pluies marquées par de nombreux<br />

orages, séparées par une petite saison sèche plus ou moins<br />

apparente.<br />

L’humidité moyenne annuelle oscille autour de<br />

80 %.<br />

3.2. Gbologie<br />

<strong>Le</strong>s formations gréseuses tertiaires de la série des<br />

Plateaux Batékés sont creusées par le fleuve qui fait ainsi<br />

apparaître, sur ses rives, des séries secondaires à grés<br />

tendres et marnes.<br />

Toute la surface de cette région est recouverte de sols<br />

podzoliques sur matériau sableux.<br />

La pauvreté des sols fait que la densité de la population<br />

y est faible (3 à 6 habitants au km*).<br />

L’agriculture traditionnelle reste l’activité dominante<br />

des habitants de cette région.<br />

4. RÉSULTATS DES PROSPECTIONS<br />

4.<strong>1.</strong> Intro<strong>du</strong>ction<br />

De 1976 à 1978, deux prospections ont été menées,<br />

la première dans la région de Ngabé, la deuxième dans la<br />

région de Kounzoulou.<br />

En fait, nous savons pertinemment que la trypanosomiase<br />

sévit tout le long de la zone <strong>du</strong> Couloir puisque<br />

nous recevons spontanément des malades provenant de<br />

Maloukou-Meleze, Gamaba, Longoli, etc. Malgré cela, la<br />

totalité <strong>du</strong> <strong>foyer</strong> n’a pu encore être prospectée pour des<br />

raisons techniques et en particulier, à cause de I’impossibilité<br />

de traiter à la fois des centaines de malades. Il faut<br />

cependant remarquer que la similitude des faciès des<br />

villages contaminés fait que notre étude épidémiologique<br />

reste certainement valable pour toute la zone considérée.<br />

4.2. Matériel et méthodes<br />

<strong>Le</strong>s prospections sont menées conjointement par le<br />

3.3. Oro-hydrographie<br />

Service de 1’Epidémiologie et des Grandes Endémies <strong>du</strong><br />

Congo et le Service d’Entomologie Médicale et Parasitolo-<br />

L’altitude des Plateaux Batékés, faiblement acciden- gie de 1’ORSTOM.<br />

tés, se situe entre 600 et 800 mètres. Elle descend, au<br />

niveau <strong>du</strong> fleuve, entre 200 et 400 métres.<br />

Sur le terrain, l’équipe médicale procède au dépistage<br />

clinique et parasitologique classique (triage ganglionnaire)<br />

Trois rivières importantes entaillent ces Plateaux : la et prélève à toute la population un échantillon de sang sur<br />

Mari, la Gamboma et la Léfmi, mais toute une série de papier filtre pour examen en immunofluorescence.<br />

petits ruisseaux prennent naissance sur leur bor<strong>du</strong>re et se<br />

jettent directement dans le Congo.<br />

<strong>Le</strong>s tests sérologiques sont effectués au laboratoire<br />

central de I’ORSTOM. Dès que les résultats sont connus,<br />

les positifs sont convoqués à Brazzaville pour traitement.<br />

3.4. Phytogéographie L’équipe d’entomologie médicale assure la prospection<br />

des gîtes et capture les glossines à l’aide de filets à<br />

<strong>Le</strong>s surfaces planes des Plateaux sont entièrement main ou de piéges Challier-Laveissière (1973).<br />

recouvertes de savanes herbeuses à Trachypogon et Hyparrhenia.<br />

4.3. Accueil des populations<br />

<strong>Le</strong>s cours d’eau et les rives <strong>du</strong> fleuve sont bordés de<br />

galeries et de bandes forestières mésophiles.<br />

L’enquête que nous avons effectuée en 1976 à Ngabé<br />

s’est soldée par un échec sur le plan <strong>du</strong> dépistage. En<br />

3.5. Géographie humaine<br />

effet, non seulement nous n’avons vu se présenter que la<br />

moitié de la population, mais encore les malades dépistés<br />

<strong>Le</strong> fleuve Congo, singulièrement dans la zone <strong>du</strong> ne sont pas venus au traitement. Cet absentéisme puise<br />

Couloir, constitue une voie navigable très importante des- ses origines dans la grande influence qu’exercent les fétiservant,<br />

d’une part les bases fluviales de l’intérieur et, cheurs traditionnels dans cette région.<br />

d’autre part les pays voisins (R.C.A., Cameroun), par Par contre dans la région de Kounzoulou, où notre<br />

l’intermédiaire de l’Oubangui et de la Sangha. C’est d’ail- venue avait été sollicitée par les autorités locales, nous<br />

leurs la seule voie de communication possible à l’Est <strong>du</strong> pensons avoir visité au moins 90 % de la population.<br />

Pays.<br />

Lhécatombe qui a été enregistrée à Ngabé pendant ces<br />

Cuh. O.R.S.T.O.M.. se?. Etat. rm’d. et Parasitol.. vol. XVII, no 3, 1979 : 165-179. 167


deux dernières années n’est certainement pas étrangère à<br />

cette participation massive.<br />

4.4. Résultats <strong>du</strong> dbpistage<br />

<strong>Le</strong>s tableaux 1 et II ci-après donnent les résultats <strong>du</strong><br />

dépistage parasitologique et immunologique.<br />

Village<br />

Kounzoulou<br />

Idouani<br />

Kaba École<br />

Kaba Gomba<br />

Kaba Nzelo<br />

Maipili<br />

Olibo Omo<br />

Ngabé<br />

Total<br />

Village<br />

Kounzoulou<br />

Kaba École<br />

Kaba Gomba<br />

Kaba Dzelo<br />

Idouani<br />

Maipili<br />

Olibo Omo<br />

Ngabé<br />

Total<br />

TABLEAU 1<br />

Ponctions ganglionnaires<br />

Nombre de<br />

ponctions<br />

65 14 2<strong>1.</strong>5 %<br />

Il est donc prévisible que les agglomérations où la<br />

maladie sévit le plus <strong>du</strong>rement soient Kaba, Ngabé et<br />

Kounzoulou.<br />

Grâce à I’IFI, il est possible de déterminer quelles<br />

sont les limites <strong>du</strong> triage ganglionnaire.<br />

Pour l’ensemble de l’enquête, 21 suspects ganglion-<br />

Positifs Pourcentage<br />

naires non confirmés parasitologiquement sont sérologiquement<br />

positifs.<br />

<strong>Le</strong> pourcentage de ponctions négatives par rapport<br />

aux trypanosomés porteurs d’adénopathies cervicales est<br />

33 3 9,0 % donc de 21 x 100/79 = 26,5 56, soit pratiquement le<br />

quart.<br />

1 2<br />

A l’opposé 140 suspects ganglionnaires, soit par rap-<br />

14 8 50 % port au total 63,9 96, ont un test négatif en IFI, et ne sont<br />

donc probablement pas trypanosomés.<br />

1 1 <strong>Le</strong>s enfants, et en particulier ceux qui sont atteints de<br />

32 2 6,25 %<br />

teigne <strong>du</strong> cuir chevelu, composent la grande majorité de<br />

ces « faux suspects ganglionnaires >).<br />

0 0 Nous ne reviendrons pas sur la fiabilité <strong>du</strong> dépistage<br />

67 28 41,7 %<br />

J.-L. FRÉZIL, J.-P. ÉOUZAN, J. COULM, R. MOLOUBA, J.-R. MALONGA<br />

<strong>Le</strong> pourcentage de ganglions positifs est extrêmement<br />

variable selon les localités. D’après nos expériences antérieures,<br />

nous savons qu’il y a, pour une même région,<br />

une corrélation certaine entre le pourcentage de ganglions<br />

positifs et l’imprégnation trypanique.<br />

par IF1 puisque nous avons démontré (Frézil et al., 1977,<br />

1978) que le trypanosome peut être mis en évidence sur<br />

219 58 26,4 90 au moins 90 % des positifs à ce test.<br />

Par mesure de simplification, tous ces IF1 positifs<br />

seront dorénavant considérés comme trypanosomés.<br />

TABLEAU II<br />

Dépistage immunologique<br />

<strong>Le</strong> tableau II confirme les conclusions tirées <strong>du</strong> dépistage<br />

ganglionnaire, à savoir que les villages les plus atteints<br />

sont bien Kaba, Kounzoulou et Ngabé.<br />

Population<br />

visitée<br />

Positifs IF1 Pourcentage<br />

<strong>Le</strong> pourcentage moyen de malades est de 10 % pour<br />

l’ensemble <strong>du</strong> <strong>foyer</strong>, avec un maximum ahurissant de<br />

45 % à Kaba Gomba.<br />

692 16 10,9 % Tous les trypanosomés dépistés sur le terrain, pen-<br />

200 1 3,5 %<br />

dant l’enquête de Kounzoulou ont été retrouvés dans la<br />

liste des positifs en IFI.<br />

91 44 45,3 % Par contre, à Ngabé, 2 malades reconnus sur le<br />

19 5 26,3 %<br />

terrain n’ont pas eu, par omission, de prélèvement destiné<br />

à l’immunologie et 2 autres, fort curieusement, ont eu<br />

304 27 8.8 96<br />

leur confetti négatif.<br />

De ce fait le nombre total de trypanosomés s’élève à<br />

258 9 3,4 96 270. La ponction ganglionnaire n’a donc permis de dépis-<br />

36 1 2,7 91<br />

ter que 58 X lOOl270 = 21,4 % des malades.<br />

987 Y7 9,8 %<br />

Ce chiffre permet d’affirmer encore une fois que le<br />

dépistage clinique et parasitologique est illusoire, et que<br />

2 593 266 10,2 %<br />

l’asymptomatisme n’est pas une exception, mais la règle<br />

générale dans les <strong>foyer</strong>s d’Afrique Centrale.<br />

168 Ca/l. O.R.S.T.O.M.. se’r.Etlt. tuéd. et Parasitol., vol. XVII, no 3, 1979 : 165-179.


ÉPIDÉPvI~~L~GIE DE LA TRYPANOSOMIASE HU~MNE AU 00~00. I.<br />

5. ÉPIDÉMIOLOGIE<br />

5.<strong>1.</strong> Répartition de la maladie<br />

Dans le tableau III (1 et 21, l’ensemble des populations<br />

visitées et des malades sont répartis par tranche<br />

d’âge et sexe.<br />

<strong>Le</strong> tableau IV, issu <strong>du</strong> précédent, présente la proportion<br />

des malades à l’intérieur de chaque tranche d’âge.<br />

5.<strong>1.</strong><strong>1.</strong> SELONLESEXE<br />

- La répartition des malades par sexe montre que<br />

les femmes contaminées représentent 12,3 % de l’effectif<br />

féminin visité, tandis que chez les hommes, ce pourcentage<br />

n’est que de 8,8 % (soit une différence de 3,5 % <strong>1.</strong><br />

D’autre part, le pourcentage des femmes chez les<br />

malades est de 60,3 % contre 52,2 % dans l’ensemble de<br />

la population ( + 8,l 96 ), tandis que chez les hommes on<br />

observe un phénomène naturellement inverse : 39,6 %<br />

contre 47,7 % (- 8,l %).<br />

Dans le <strong>foyer</strong> <strong>du</strong> Couloir, les femmes sont donc<br />

significativement plus atteintes par la maladie que les<br />

hommes (écart ré<strong>du</strong>it = 3,4<strong>1.</strong> Différence très significative).<br />

Cette différence n’apparaît d’ailleurs clairement qu’à<br />

partir de la tranche 10114 ans.<br />

5.<strong>1.</strong>2. SELON L‘AGE<br />

- <strong>Le</strong> tableau IV permet de dégager plusieurs paliers<br />

de fréquence de la maladie en fonction de l’âge.<br />

TABLEAU III<br />

Répartition générale par tranche d’âge et sexe<br />

III-l des populations visitées<br />

Tranches d’âge O-l 1 mois 12-23 mois 2-4 ans 5-9 ans 10-14 ans 15-20 ans 2~$s Total Population<br />

totale *<br />

Hommes 14 27 137 252 239 137 401 1207<br />

Population totale H * <strong>1.</strong>1 96 2,2 % 11,3 % 20,8 % 19,8 % Il,3 % 33.2 % 100 %<br />

Femmes 16 40 160 261 240 142 463 1 322<br />

Population totale F * 1,2 % 3,0 90 12,l 90 19,7 % 18,l % 10.7 % 35.0 % 100 %<br />

Total<br />

Population totale<br />

Hi-F*<br />

30 67 297 513 479 279 864 2529<br />

1,l % 2,6 90 11,7 96 20,2 90 18,9 % 1<strong>1.</strong>0 % 34,l % 100 %<br />

47,7 %<br />

52,2 96<br />

III-2 des Trypanosomés<br />

Tranches d’âge O-1 1 mois 12-23 mois 2-4 ans 5-9 ans 10-14 ans 15-20 ans 2i zis Total Population<br />

totale *<br />

Hommes 1 1 3 21 13 17 51 107<br />

Population totale H * 0,9 % 0.9 % 2,8 96 19.6 % 12.1 % 15.8 90 47,6 % 100 %<br />

Femmes 0 1 5 16 17 28 96 163<br />

Pooulation totale F * 0 % 0.6 % 3.0 % 9.8 % 10.4 % 17,l 36 58.8 98 100 96<br />

Total 1 2 8 37 30 45 147 270<br />

Population totale<br />

H-I-F” 0,3 % 0.7 % 2,9 90 13,7 % 1<strong>1.</strong>1 % 16,6 % 54,4 % 100 93<br />

* En pourcentage.<br />

39,6 %<br />

60,3 %<br />

Cah. O.R.S.T.O.M., sér. Eut. méd. et Parasitol.. vol. XVII. no 3, 1979 : 165-179. 169


J.-L. FRÉZIL, J.-P. ÉOLJZAN, J. COLJLM, R. MOLOUBA, J.-R. IvJALONGA<br />

TABLEAU IV<br />

Proportion des malades dans chaque tranche d’âge<br />

O-l 1 mois 12-23 mois 2-4 ans 5-9 ans 10-14 ans -15-20 ans + de 20 ans Total<br />

Hommes 7,l 30 3,7 % 2,l % 8.3 90 5,4 % 12,4 % 12,7 98 8,8 %<br />

Femmes 0% 2s % 3,l 96 6.1 % 7,0 90 19,7 90 20.7 % 12,3 %<br />

Total 3.3 % 2,9 96 2.6 % 7,2 % 6,2 % 16,l % 17,0 % 10,6 %<br />

<strong>Le</strong> taux de contamination est en effet de :<br />

- 2,7 % pour la tranche O-4 ans;<br />

- 6,7 % pour la tranche 5-14 ans;<br />

- 16,7 % pour la tranche -I- de 15 ans.<br />

<strong>Le</strong>s groupes préscolaires sont donc 2,5 fois moins<br />

atteints que les écohers qui sont eux-mêmes 2,5 fois<br />

moins atteints que les a<strong>du</strong>ltes (x2 très peu différent de 70.<br />

pour 2 d.d.1 -Hautement significatif).<br />

5.<strong>1.</strong>3. ÉTUDE ~~MPAEATIVE DE LA RÉPARTITION DE LA MALADIE<br />

- Dans une précédente note (Frézil et a/., 1978)<br />

nous avons étudié la répartition de la maladie chez les<br />

trypanosomés soignés à Brazzaville, et provenant de l’ensemble<br />

<strong>du</strong> pays.<br />

Si nous comparons cette répartition, qu’on peut<br />

considérer comme une moyenne nationale, à celle de la<br />

zone <strong>du</strong> Couloir, une différence fondamentale apparaît :<br />

Pour l’ensemble des cas traités à Brazzaville, ce sont<br />

les hommes qui sont significativement plus atteints que<br />

les femmes.<br />

Cette différence doit être liée à des conditions épidémiologiques<br />

particulières au <strong>foyer</strong> <strong>du</strong> Couloir.<br />

Par contre, dans les deux études, les enfants apparaissent<br />

significativement moins touchés que les a<strong>du</strong>ltes.<br />

5. <strong>1.</strong>4. INCIDENCE<br />

LA MALADIE SUR LA DÉMOGRAPHIE<br />

- Considérons maintenant l’échantillon de population<br />

visitée par rapport à la population globale <strong>du</strong> Pool et<br />

de Brazzaville (Tabl. V).<br />

Un déficit très net apparaît, dans les populations <strong>du</strong><br />

Couloir, pour les catégories de plus de 20 ans ( - 8,7 % 1<br />

et de moins de 4 ans ( - 3 % <strong>1.</strong><br />

Pour savoir si ce phénomène est en relation avec la<br />

trypanosomiase, nous avons dressé le tableau VI comparant<br />

les effectifs des villages les moins contaminés à ceux<br />

des villages les plus contaminés (sauf la population de<br />

Ngabé non représentative).<br />

Tranches<br />

d’âge<br />

TABLEAU V<br />

Comparaison des populations <strong>du</strong> Couloir<br />

à celles <strong>du</strong> Pool + Brazzaville<br />

o-4 5-9 10-14 15-20 +de 20<br />

Couloir 15,4 90 20,2 % 18;9 90 ll,o 96 34,l %<br />

Pool +<br />

Brazzaville<br />

18,4 % 16,O % 12,6 % 10,3 % 42,8 9:<br />

La statistique Pool + Brazzaville repose sur 483 388 habitants.<br />

Source : Recensement général de la population de 1974. Commissariat<br />

Général au Plan.<br />

Ce tableau montre que le phénomène est, en effet,<br />

nettement plus accusé dans les zones les plus atteintes où<br />

les a<strong>du</strong>ltes ne représentent que 26,6 % de la population<br />

soit encore :<br />

10,4 % de moins que dans les populations les<br />

moins contaminées<br />

et 16,2 % de moins que dans l’ensemble <strong>du</strong> Pool.<br />

Pour les enfants de 0 à 4 ans, la différence est moins<br />

importante mais représente tout de même un écart de :<br />

2,3 % avec les populations les moins contaminées<br />

et 4,9 % avec les populations <strong>du</strong> Pool.<br />

<strong>Le</strong> déficit des a<strong>du</strong>ltes entre les villages les plus<br />

contaminés et les moins contaminés est statistiquement<br />

très significatif (écart ré<strong>du</strong>it = 4,521, par contre Rour les O-<br />

4 ans la différence n’est pas significative.<br />

- Étant donné que la maladie <strong>du</strong> <strong>sommeil</strong> touche<br />

plus <strong>du</strong>rement les a<strong>du</strong>ltes que les jeunes, il est normal que<br />

cette catégorie enregistre une baisse importante d’effectif.<br />

<strong>Le</strong> déficit observé chez les enfants de 0 à 4 ans, qui<br />

peut être assimilé à une baisse de natalité, peut s’expliquer<br />

:<br />

- par la diminution de l’effectif des a<strong>du</strong>ltes,<br />

- par la baisse de fécondité caractéristique de la<br />

trypanosomiase (impuissance, stérilité, avortement).<br />

170 Cal!. O.R.S.T.O.M.. sér. Etat. tkd. et ParmitoI., vol. XVII, no 3, 1979 : 165-179.


ÉPIDÉMIoL~OIE DE LA TRYPANOSOMIASE HUMAINE AU CONGO. I.<br />

TABLEAU VI<br />

Répartition de la population visitée par tranche d’âge et sexe<br />

1 - Dans les villages les plus contamines<br />

KABA GOMBA KABA DZELO KOUNZOULOU TOTAL<br />

Homme Femme Total Homme Femme Total Homme Femme Total Homme Femme Total<br />

2-4 ans 13.36 % 9,65 % 11,3 % 252% 9.0%<br />

3<br />

15.7 % 10,2 35 % 17,Z% 13,i4%<br />

43<br />

108<br />

10,9 % 16,f5% 13,5 %<br />

5-9 ans<br />

15 13<br />

33,3 % 25 % 28288% 9,Ol% 5.2 I % 12,o 41 % 13.23u 12.6 86 % 14,2 56 % 14.6 5996 14.4 115 %<br />

10-14 ans 11,:, 15.38% 13 1 9,Ol% 2 97 22j8% 175 103 87 190<br />

13,4 % 12.5 % 10.5 % 28,5 % 25,7 99 26.2 % 21,5 % 23,8 96<br />

161 171<br />

15-20 ans 2,2l% 11,596 7,290 12.51 % 18,:% 15,73% 25,88<br />

% 21 d3% 23.6 % 22,Z0% 20,01% 2<strong>1.</strong>4 %<br />

38<br />

6<br />

79<br />

164 101 111 212<br />

+ 20 ans 4018 % 38f4% 39.1 % 504% 54.5 % 52::% 23,2 % 258; 24,1 % 25.6 % 27,5 % 26,6 96<br />

Total 45 52 97 8 11 19 340 340 680 393 403 796<br />

II - Dans les villages les moins contaminés<br />

KABA ECOLE IDOUANI MAIPILI OLIBO OMO TOTAL<br />

d Q T d Q T 6 Q T d Q T d Q T<br />

2-4 ans<br />

8 12 20 14 29 43 31 21 52 2 6 8 55 68 123<br />

7,4 96 13,O % 10,O % 10.2 % 18,5 % 14,6 % 24,8 % 17,2 % 21,O % 14,2 % 27,2 % 22.2 % 14,3 96 17.3 % 15,8 %<br />

5-9 ans<br />

25 24 49 50 37 87 25 24 49 1 5 6 101 90 191<br />

23,3 % 26,0 % 24,6 % 36,4 % 23.7 % 29,6 % 20,O % 19,6 % 19.8 % 7,1 % 22.7 % 16,6 % 26,3 % 22.9 % 24.6 %<br />

10-14 ans<br />

15-20 ans<br />

24,?% 20’69% 22,z5% 15,?% 16,?% 16,i7% 193”% 14.i8% 17.z2%<br />

4 2 6 2 8 15 23<br />

3,7 % 2.1 % 3,0 % 1,4 96 3.25% 2,37% 6,4 % 12,2 96 9,3 %<br />

64 135<br />

4,: % 2,:% la.:‘% 16,3 % 17.4 %<br />

3 14 25 39<br />

13,63% 8,3 % 3,6 % 6,3 % 5,O %<br />

+ 20 ans<br />

44 35 79 50 59 109 37 44 81 11 7 18 142 145 287<br />

41,l % 38,0 % 39.6 % 36,4 % 37,8 % 37,2 % 29,6 % 36,0 % 32,7 % 78,5 % 31,8 % 50 % 37,0 % 36.9 % 37,0 96<br />

Total ’ 107 92 199 i37 156 293 125 122 247 14 22 36 383 392 775<br />

5.2. Physionomie <strong>du</strong> Foyer<br />

Toute la surface <strong>du</strong> plateau Batéké est recouverte de<br />

savane, parfois faiblement arbustive. La pauvreté des sols<br />

sableux explique la rareté des villages dans cette zone.<br />

<strong>Le</strong> versant <strong>du</strong> plateau sur le fleuve est abrupt, ses<br />

hauteurs sont recouvertes de forêts mésophiles claires, à<br />

sous-bois de graminées.<br />

<strong>Le</strong>s villages s’échelonnent sur la berge <strong>du</strong> fleuve<br />

(fig. 2a) tandis que les plantations occupent les pentes <strong>du</strong><br />

plateau, et quelquefois, le plateau lui-même.<br />

<strong>Le</strong> plus souvent, ces villages sont construits autour<br />

de’ l’embouchure d’un ruisseau ou d’une source d’eau<br />

claire qui descend des hauteurs (fig. 2b).<br />

Ces marigots, toujours bordés d’une galerie forestière<br />

dense, sont fréquentés pour l’eau <strong>du</strong> ménage et le rouissage<br />

<strong>du</strong> manioc.<br />

De nombreux manguiers, safoutiers et palmiers dispensent<br />

leurs ombrages à l’intérieur des agglomérations.<br />

<strong>Le</strong>s rives <strong>du</strong> Congo, en amont et en aval des villages,<br />

sont bordées de bandes forestières discontinues.<br />

Cuit. O.R.S.T.O.M., sér. EH~. tnéd. et Parasitol., vol. XVII, no 3, 1979 : 165-179. 171


J.-L. FI@~L. J.-P. ÉOIJZAN J. COULM, R. MOLOUBA, J.-R. MALONGA<br />

République<br />

<strong>du</strong> Congo<br />

Populai<br />

Za’ire<br />

FIG.~ a. - Foyer <strong>du</strong> <strong>couloir</strong>.<br />

172 Cah. O.R.S.T.O.M., sdr. Eut. rnéd. ef Parasilol.. vol. XVII, no 3, 1979 : 165-179.


ÉPIDÉMIOLOGIE DE LATRYPANOSOMIASE HUMAINE AU CONGO.~.<br />

GG<br />

a<br />

Habitation<br />

Manguier safoutier etc<br />

.~.~:($,y<br />

u4L4<br />

Savane batéké<br />

$,$$# Savane arbustive<br />

\<br />

Galerie forestière<br />

Marigot<br />

ou source<br />

m Forêt mêsophile claire 88 Champs de manioc<br />

FIG. 2 b. - Profil <strong>du</strong> <strong>foyer</strong> <strong>du</strong> <strong>couloir</strong>.<br />

<strong>Le</strong>s habitants appartiennent principalement à l’ethnie<br />

Batéké. On note aussi la présence de quelques M’bochi et<br />

Bangangoulou.<br />

Assez curieusement, leur activité est essentiellement<br />

consacrée à l’agriculture traditionnelle (manioc, maïs, arachides)<br />

et non à la pêche, contrairement à ce qu’on<br />

observe dans la zone de la Cuvette.<br />

Dans le Couloir, l’élevage intensif est inexistant ; tout<br />

au plus peut-on apercevoir dans les villages quelques<br />

porcs, moutons, chèvres et volailles.<br />

De rares singes et petites antilopes (Céphalophes) sont<br />

signalés autour des champs de culture, et, à l’occasion, on<br />

peut observer des traces de petits félins sur les sentiers.<br />

5.3. Relations avec les <strong>foyer</strong>s zaïrois<br />

<strong>Le</strong> <strong>foyer</strong> <strong>du</strong> Couloir est en relation étroite avec le<br />

<strong>foyer</strong> zatiois de Mushie-Kwamouth, situé le long de la<br />

rivière Kasaï (ou Kwa), qui se jette dans le Congo au<br />

niveau de Ngabé (fïg. 3).<br />

Ce <strong>foyer</strong> préoccupe fortement les autorités sanitaires<br />

<strong>du</strong> Zaïre, en effet, selon Ruppol et Kazyumba (1977) :<br />

« ... le long <strong>du</strong> Kwa et de la Fimi... l’on assiste à de<br />

redoutables <strong>foyer</strong>s. A Ndjokele, les épreuves sérologiques<br />

ont pu mettre en évidence 25 % de nouveaux cas parmi<br />

les villageois ».<br />

La situation particulière de Ngabé fait de cette ville<br />

un centre d’échanges importants (poisson, manioc etc.)<br />

entre Zàïrois et Congolais. En outre, les habitants des<br />

2 rives <strong>du</strong> Couloir appartiennent à la même ethnie et les<br />

passages d’un pays à I’autre sont très fréquents, d’autant<br />

plus que la notion de frontière ne constitue, pour ces<br />

riverains, qu’une donnée théorique.<br />

Ce brassage de population ne peut que favoriser la<br />

progression de la maladie. En fait les <strong>foyer</strong>s de cette zone<br />

sont tellement intriqués qu’il est difficile de définir dans<br />

lequel se situe l’origine de la nouvelle épidémie.<br />

Il semble toutefois probable que, <strong>du</strong> côté congolais,<br />

cette épidémie soit partie de Ngabé.<br />

5.4. <strong>Le</strong> contact homme-glossine<br />

5.4.<strong>1.</strong> CONDITIONS GÉNÉRALES<br />

Dans tous les villages contaminés, nous avons été<br />

frappés par la similitude <strong>du</strong> faciès et des conditions <strong>du</strong><br />

contact homme-mouche.<br />

En effet, dans tous les cas, les glossines ont leurs<br />

lieux de repos et de repro<strong>du</strong>ction dans les galeries forestières<br />

des petits marigots qui descendent <strong>du</strong> plateau.<br />

A partir de ces gîtes, elles vont chasser à l’intérieur<br />

<strong>du</strong> village où leurs déplacements sont favorisés par l’ombre<br />

des grands arbres fruitiers.<br />

<strong>Le</strong>ur qualité de glossines riveraines leur interdit de<br />

quitter les ombrages et la proximité de l’eau. Elles ne<br />

sortent pratiquement pas <strong>du</strong> village entouré d’un côté par<br />

Cah. O.R.S.T.O.M.. se?. Est. méd. et Parasitol., vol. XVII, no 3, 1979 : 165-179. 173


J.-L. FRÉZIL, J.-P. Éo~~AN, J. COULM, R. MOLO~ISA, J.-R. MALONGA<br />

FIG. 3. - Foyer de Ngabé.<br />

la savane et de l’autre par le fleuve, dont le revêtement<br />

boisé des berges est discontinu. Quelques-unes doivent<br />

cependant remonter ou descendre le long <strong>du</strong> Congo, en<br />

escortant les pirogues, et créer ainsi de nouveaux lieux de<br />

contamination.<br />

La repro<strong>du</strong>ction de la photographie aérienne de<br />

Ngabé (fig. 3) illustre les constantes épidémiologiques qui<br />

viennent d’être énoncées.<br />

On voit en effet deux marigots descendre des collines<br />

et traverser le village. Celui qui est situé au sud est<br />

entouré d’une galerie dense, qui se poursuit en arrière par<br />

une zone de forêt dégradée.<br />

Cet îlot boisé de Ngabé est parfaitement isolé des<br />

autres zones forestières par la savane.<br />

Cette carte fait également ressortir très nettement la<br />

discontinuité des bandes forestières qui bordent le fleuve.<br />

174 Calt. O.R.S.T.O.M., stk EM. méd. et ParasitoL, vol. XVII, no 3, 1979 : 165-179.


ÉPIDÉMIOLOOIE DE LA TRYP.~N~SOMIASE HUMAINE AU 00~00. I.<br />

L’enquête entomologique a été concentrée sur le village<br />

de Kounzoulou car nous n’avons pas pu recruter de<br />

captureurs à Ngabé.<br />

<strong>Le</strong>s résultats de l’interrogatoire des malades démontrent<br />

cependant que l’affection se contracte à l’intérieur de<br />

ce village puisque plusieurs d’entre eux, et en particulier<br />

les jeunes enfants. ne l’ont jamais quitté.<br />

La zone de Kounzoulou présente les mêmes caractéristiques<br />

épidémiologiques.<br />

Par exemple, le petit village de Kaba-Gomba, où le<br />

plus fort pourcentage de malades a été découvert est<br />

construit autour de l’embouchure d’un important ruisseau<br />

bordé d’une splendide galerie.<br />

<strong>Le</strong>s glossines sont très nombreuses dans le village,<br />

très densément boisé.<br />

<strong>Le</strong>s habitants, enfants et a<strong>du</strong>ltes, passent le plus clair<br />

de leur temps auprès de ce point d’eau, à se baigner, rouir<br />

le manioc ou cultiver les champs qui le bordent.<br />

Ce village étant trop contaminé pour y faire une<br />

étude valable sur la dispersion des malades et des glossines,<br />

nous avons choisi celui de Kounzoulou.<br />

5.4.2. DISPERSION DES MALADES DANS L’AGGLOMÉRATION DE<br />

KOUNZOULOU<br />

<strong>Le</strong> village de Kounzoulou se. prête particulièrement à<br />

des études sur la distribution, parce qu’il est fortement<br />

étiré le long de la berge et que sa population est relativement<br />

importante.<br />

Cette agglomération est littéralement coincée entre le<br />

fleuve et le versant <strong>du</strong> plateau et est traversée par trois<br />

marigots et une source, tous pourvus de galeries forestières.<br />

Elle peut être divisée en trois quartiers de taille<br />

sensiblement égale, toutefois seul le quartier Lipili est<br />

nettement indivi<strong>du</strong>alisé (fig. 4).<br />

La répartition des malades (tabl. VII> dans le village<br />

montre que l’incidence de la Trypanosomiase est signilïcativement<br />

plus élevée à Lipili (18,5 % 1 que dans les 2 autres<br />

quartiers (environ 10 % 1: écart ré<strong>du</strong>it = 3,38.<br />

Nous avons donc effectué une étude sur la densité et<br />

la dispersion des glossines dans le village pour voir s’il<br />

était possible d’expliquer cette répartition particulière des<br />

cas.<br />

L / P t- L I (613m)<br />

4 F/eu ,Y’ CO‘VGO<br />

DISPENSAIRE<br />

n<br />

I Case de trypanosomé 12 Case indemne m Terrain défriché EQ Brousse claire m Galerie<br />

m Versant de plateau<br />

FIG. 4. - Kounzoulou Miranda (ORSTOM, J. R. MALONGA).<br />

Cah. O.R.S.T.O.M., se’r. Eut. méd. et Parasitol., vol. XVII, no 3, 1979 : 165-179. 175


J.-L. FRÉZIL. J.-P. ÉOUZAN, J. COULM, R. MOLOUBA, J.-R. MALONGA<br />

TABLEAU VII<br />

Répartition des Trypanosomés dans la population de Kounzoulou Miranda<br />

Quartier<br />

Répartition<br />

Nombre<br />

de la population<br />

de cases<br />

habitees H F<br />

Total<br />

Densité<br />

par case<br />

Répartition<br />

des malades<br />

H F Total<br />

Pourcentage Nombre Pourcentage<br />

T-k de cases de cases<br />

/population contaminées contaminées<br />

Lipili 40 119 118 231 5.9 ha 17 21 44 1X,5 98 24 60 %<br />

Dispensaire 20 82 71 159 <strong>1.</strong>9 ha 6 11 17 10,7 % 10 50 %<br />

Écoles 41 183 138 321 7.8 ha 21 9 30 9,3 % 19 46 %<br />

Total 101 384 333 717 7.0 ha 44 47 91 12,6 % 53 5234 30<br />

N.B. <strong>Le</strong> nombre de malades est plus élevé que celui de l’enquête car il comprend les anciens trypanosomés.<br />

5.4.3. RÉSULTATS DE L’ENQUÊTE ENTOMOLOGIQUE<br />

5.4.3.<strong>1.</strong> Méthode d’étude<br />

Devant l’impossibilité de recruter des captureurs,<br />

l’échantillonnage de la population de glossines a été exclusivement<br />

réalisé à l’aide des pièges de Challier-Laveissière<br />

à cône inférieur bleu.<br />

Pour chaque point testé, les pièges sont restés en<br />

place 72 heures et ont été visités à 9, 12, 15 et 18 heures<br />

chaque jour.<br />

La <strong>du</strong>rée de fonctionnement quotidienne de chaque<br />

piège peut être estimée à 12 heures.<br />

En fonction de la répartition des cas de trypanosomiase<br />

et de la physionomie <strong>du</strong> village, 3 zones distinctes<br />

ont été étudiées, correspondant- en fait aux 3 quartiers <strong>du</strong><br />

village : Lipili, Dispensaire et Ecoles.<br />

Dans chaque quartier, les pièges ont été :<br />

- soit alignés sur la berge, entre les premières maisons<br />

et le fleuve (6 pièges ont été disposés ainsi, espacés<br />

de 30 à 50 mètres),<br />

- soit placés près des points d’eau (1 à 3 pièges par<br />

quartier).<br />

Deux ensembles distincts ont donc été testés : une<br />

zone de dispersion des mouches (les berges <strong>du</strong> fleuve et la<br />

proximité des maisons) et une zone de concentration (les<br />

points d’eau).<br />

Pendant les 9 jours de capture pratiquement consécutifs<br />

(1 journée de pluie), les conditions écoclimatiques sont<br />

restées constantes.<br />

5.4.3.2. Résultats<br />

Vingt-six points de piégeage ont été étudiés et au total<br />

130 glossines ont été capturées, appartenant toutes à<br />

l’espèce : Glossina fuscipes quanzensis Pires.<br />

<strong>Le</strong>ur dissection a permis de déterminer leur taux<br />

d’infection ainsi que l’âge physiologique des femelles.<br />

On peut noter, de prime abord, que le pourcentage<br />

des femelles n’est que légèrement supérieur à celui des<br />

mâles (53,8 % contre 46,l % 1 alors que généralement, les<br />

pièges fournissent des populations composées à 70 % de<br />

femelles.<br />

5.4.3.2.<strong>1.</strong> Résultats par quartier<br />

<strong>Le</strong>s tableaux VIII et IX permettent de dégager les<br />

observations suivantes :<br />

- Lipili : c’est à son niveau que les captures ont été<br />

les plus abondantes : 43 mâles et 48 femelles sur 10<br />

points de piégeage, soit 70 % de l’ensemble des captures.<br />

<strong>Le</strong>s pièges étaient répartis comme suit :<br />

- 6 pièges sur le littoral;<br />

- 1 au niveau de la source aval;<br />

- 3 au niveau <strong>du</strong> ruisseau central.<br />

43,9 % des mouches ont été prises sur les berges <strong>du</strong><br />

fleuve, 42,8 % à la source aval et seulement 13,l % près<br />

<strong>du</strong> ruisseau central.<br />

Pour l’ensemble de ce quartier nous obtenons le<br />

chiffre moyen de 3 glossinesipiègeljour.<br />

- Dispensaire : seule la zone <strong>du</strong> bord <strong>du</strong> fleuve a été<br />

prospectée, aucune rivière n’aboutissant à ce quartier. 17<br />

glossines ont été capturées, représentant 13 % de la capture<br />

totale effectuée dans le village et une moyenne de 0,9<br />

glossinelpiègeljour.<br />

- Écoles : ce quartier est plus éten<strong>du</strong> en surface que<br />

les deux précédents qui sont construits le long d’un axe<br />

longeant le fleuve, et il est traversé par 2 ruisseaux. 22<br />

glossines représentant 16,9 % des mouches <strong>du</strong> village ont<br />

été capturées, soit encore 0,7 glossine/piège/jour.<br />

5.4.3.2.2. Résultats par zones<br />

- La zone <strong>du</strong> jleuve : au fur et à mesure que<br />

l’agglomération s’élargit, les possibilités de dispersion des<br />

glossines augmentent et le pourcentage de captures décroît<br />

<strong>du</strong> quartier Lipili vers le quartier des écoles (tabl.<br />

176 Cal?. O.R.S.T.O.M., sér. Ent. rm’d. et Parasitol.. vol. XVII, no 3, 1979 : 165-179.


ÉPIDÉMIOLOGIE DE L4 TRYPANOSOMIASE HUMAINE AU CONGO. <strong>1.</strong><br />

TABLEAU VIII<br />

Résultat des captures par quartier<br />

Quartier<br />

Nombre<br />

de pièges<br />

Nombre<br />

de journées<br />

de piégeage<br />

Mâles Femelles Total<br />

Nombre<br />

de glossines/<br />

piège/<br />

jour<br />

Pourcentage<br />

de glossinesl<br />

ensemble<br />

captures<br />

Lipili 10 3 43 48 91 320 70 %<br />

Dispensaire 6 3 6 11 17 O,9 13,o %<br />

Écoles 10 3 11 11 22 0*7 16,9 5%<br />

Total 26 9 60 70 130 <strong>1.</strong>6 100 %<br />

TABLEAU IX<br />

Résultat des captures par zones<br />

Lipili Dispensaire Écoles Totaux<br />

Total Pourcentage Pourcentage Total Pourcentage p”~~~~ag Total Pourcentage P”yz$ge<br />

Pourcen-<br />

Total<br />

/total<br />

glossines relatif glossines relatif<br />

We<br />

captures<br />

captures<br />

glossines relatif<br />

captures<br />

glossines<br />

relatif<br />

Littoral 40 43.9 46 30.7 % 17 13,0 96 7 31,8 90 5.3 5% 64 49.2 1<br />

Points d’eau 51 56.0 ‘5% 39.2 96 -<br />

15 68,1 % 11,5 99 66 50,7 90<br />

Totaux 91 - 70 % 17 - 13.0 % 22 16.9 % 130 -<br />

IX). On n’assiste pas à des concentrations de mouches<br />

vers le bord <strong>du</strong> fleuve, comme on aurait pu s’y attendre<br />

(nombreux points d’embarquement, lignes de vol dégagées,<br />

pièges bien visibles, présence de buissons de Lantarza<br />

sp. fournissant des lieux de repos potentiels).<br />

La forte concentration des mouches <strong>du</strong> quartier Lipili<br />

est liée à la physionomie de ce quartier qui constitue un<br />

espace fermé, limité en amont et en aval par une falaise.<br />

- <strong>Le</strong>s points d’eau : c’est à la source aval <strong>du</strong> quartier<br />

Lipili que se trouve la plus forte concentration de glossines.<br />

Curieusement, la petite galerie forestière <strong>du</strong> ruisseau<br />

central séparant ce quartier, n’héberge qu’une petite population<br />

de mouches, alors que les conditions de survie y<br />

semblent bien meilleures qu’à la source aval.<br />

Au niveau <strong>du</strong> quartier des écoles, c’est à la source<br />

d’eau potable située sur le bord <strong>du</strong> ruisseau de l’école<br />

primaire que le plus grand nombre de glossines est capturé.<br />

5.4.3.2.3. Taux d’infestation<br />

Aucune infestation de type brucei, congolense ou<br />

vivax n’a pu être mise en évidence après avoir disséqué<br />

58 mâles et 67 femelles.<br />

Il semble que, malgré la présence d’animaux domestiques,<br />

les glossines soient plus spécialement inféodées à<br />

l’homme. En effet, les captures ne sont pas plus abondantes<br />

à proximité immédiate des abris de ces animaux.<br />

Par contre de fortes concentrations de glossines existent<br />

aux points d’eau.<br />

5.4.3.2.4. Age ph,ysiologique<br />

67 femelles ont été disséquées pour déterminer leur<br />

âge physiologique (méthode de Challier, 1965<strong>1.</strong><br />

Il n’y a pas de différence statistiquement significative<br />

entre les populations de mouches capturées sur les berges<br />

<strong>du</strong> fleuve et celles des points d’eau, pas plus qu’entre les<br />

populations des mouches des différents quartiers.<br />

Compte tenu de la méthode de capture, le pourcentage<br />

‘de mouches ténérales est faible (3 %), par contre le<br />

pourcentage de vieilles pares (groupes IV-V-VI-VII de<br />

Challier), épidémiologiquement dangereuses, est élevé<br />

(38 > 8 %) .<br />

5.4.3.2.5. Discussion<br />

La corrélation étroite qui existe entre la répartition<br />

des glossines et le nombre de cas dans les différents<br />

Cah. O.R.S.T.O.M., s&. Em. rwX et Parasitol., vol. XVII, no 3. 1979 : 165179. 177


quartiers confirme bien que la transmission s’effectue à<br />

l’intérieur même <strong>du</strong> village.<br />

En effet, c’est dans le quartier Lipili où le plus grand<br />

nombre de mouches a été capturé que le plus grand<br />

nombre de malades a été dépisté.<br />

<strong>Le</strong>s possibilités de contact homme-mouche sont donc<br />

importantes dans le village, au niveau même des habitations,<br />

avec cependant un maximum autour des points<br />

d’eau.<br />

Par contre, sur les plateaux où se trouve une partie<br />

des champs de culture <strong>du</strong> village, la végétation de savane<br />

arbustive ne permet pas le maintien d’une population de<br />

Glossina fuscipes quanzensis, le contact y est donc inexistant.<br />

Ce contact avec les glossines varie également selon le<br />

<strong>Le</strong> tableau X présente les cas les plus typiques de<br />

contamination par maison <strong>du</strong> village de Kounzoulou.<br />

Quartier<br />

TABLEAUX<br />

La contamination familiale à Kounzoulou<br />

No maison<br />

Nombre<br />

habitants<br />

Nombre de<br />

Trypanosomés<br />

1 8 3<br />

11<br />

5<br />

6 :<br />

Lipili 14 2 2<br />

19 8 3<br />

sexe puisque les hommes et les femmes montrent des 32 : 22<br />

activités différentes :<br />

Dispensaire<br />

12<br />

- pour les hommes, il est assez faible mais perma- 20<br />

nent, compte tenu de leur sédentarité relative dans le<br />

village. (En effet les hommes de cette région ne cultivent<br />

10<br />

pas). 32<br />

9 3<br />

- pour les femmes, il est nul lorsqu’elles vont tra- Total 11 II 30<br />

vailler aux champs situés sur les hauteurs, mais il est très<br />

important lorsqu’elles se rendent au marigot pour les<br />

besoins <strong>du</strong> ménage ou rouir le manioc.<br />

Nous avons vu (tabl. VII) que sur les 101 maisons<br />

C’est sans doute ce dernier contact, temporaire mais habitées de cette agglomération, 53 sont contaminées, soit<br />

intense, qui explique le fait que les femmes sont propor- légèrement plus de la moitié.<br />

tionnellement plus atteintes par la maladie que les hom- Or. 11 d’entre elles seulement, soit le 1 / 5 des maimes.<br />

sons contaminées et le 1 / 10 de l’ensemble <strong>du</strong> village,<br />

Nous avons également vu que les enfants et adoleshébergent<br />

30 malades sur 91, soit le 113 <strong>du</strong> total des<br />

cents sont statistiquement moins touchés que les a<strong>du</strong>ltes. <strong>sommeil</strong>leux.<br />

Plusieurs hypothèses peuvent être avancées pour expli- Cette répartition particulière de la maladie peut diftïquer<br />

cela :<br />

cilement s’expliquer uniquement par le contact Homme-<br />

Glossine. En effet, puisque la transmission se fait à l’inté-<br />

- les femmes emmènent toujours avec elles les jeu- rieur <strong>du</strong> village, tout le monde a théoriquement les<br />

nes enfants, lorsqu’elles vont aux champs;<br />

mêmes chances de contracter la trypanosomiase. D’autant<br />

- un enfant représente un petit volume beaucoup plus que nous n’avons pas constaté de différence notoire<br />

moins attractif pour les glossines qu’un a<strong>du</strong>lte;<br />

de comportement entre les malades et le reste de la<br />

population.<br />

- les jeunes gens sont beaucoup plus actifs (football)<br />

que les a<strong>du</strong>ltes, et sont donc moins accessibles pour On pourrait donc admettre :<br />

les glossines ;<br />

- soit que certaines familles montrent une sensibilité<br />

- les jeunes ont reçu dans leur existence beaucoup particulière à la maladie;<br />

moins de piqùres de glossines que les a<strong>du</strong>ltes et ont, de ce -<br />

fait, beaucoup moins de chances d’avoir été attaqués par<br />

une mouche infectée.<br />

5.4.4. LESCONTAMINATIONSFAMILIALES<br />

J.-L. FRÉZIL, J.-P. ÉOUZAN, J. COULM, R. MOL~UBA, J.-R. MALONGA<br />

soit qu’il existe une transmission relai intradomiciliaire<br />

par des vecteurs autres que les glossines (Coulm et<br />

al., IOC. cit.).<br />

Pour étudier cette dernière possibilité nous avons<br />

procédé à des captures matinales dans les 5 cases les plus<br />

Au cours de nos enquêtes dans le Couloir, nous contaminées.<br />

avons été frappés, comme dans les autres <strong>foyer</strong>s <strong>du</strong><br />

Ont été pris au total :<br />

Congo (Coulm et al., 1975) par la fréquence anormalement<br />

élevée des contaminations familiales ou (( par case ». 35 Anopheles nili, 100 Anopheles rnoucheti, 1 Manso-<br />

Ce phénomène est d’ailleurs très anciennement connu et nia, 4 Phlébotomes et 94 Punaises.<br />

déjà mentionné par Martin, <strong>Le</strong>bœuf et Roubaud en 1909. Tous ces insectes ont été disséqués pour recherche de<br />

178 Cah. O.R.S.T.O.M., sér. Ent. méd. et Parasitol., vol. XVII, no 3, 1979 : 165-179.


ÉPIDÉMIOLOGIE DE LA TRYPANOSOMIASE HUMAINE AU CONGO. I.<br />

parasites ou broyés pour être inoculés aux rats. Malheureusement,<br />

aucun trypanosome n’a pu être mis en évidence.<br />

6, CONCLUSION<br />

La situation de la Trypanosomiase humaine dans le<br />

<strong>foyer</strong> <strong>du</strong> Couloir est extrêmement inquiétante, puisque,<br />

dans l’ensemble de la zone prospectée, la prévalence<br />

moyenne de cette maladie dépasse 10 % .<br />

Dans certains villages même, pratiquement la moitié<br />

la population est contaminée.<br />

Sur le plan épidémiologique, nous avons pu dégager<br />

observations suivantes :<br />

les malades porteurs de ganglions sont rares (21,4 %<br />

<strong>du</strong> total);<br />

les femmes sont plus contaminées que les hommes;<br />

les groupes d’âge préscolaire sont 2,5 fois moins atteints<br />

que les groupes scolaires, qui sont eux-mêmes<br />

2,5 fois moins atteints que les a<strong>du</strong>ltes;<br />

la forte imprégnation trypanique a une influence certaine<br />

sur la démographie de la région et se tra<strong>du</strong>it par<br />

une baisse sensible de l’effectif des a<strong>du</strong>ltes et des<br />

jeunes enfants ;<br />

la trypanosomiase se contracte à l’intérieur <strong>du</strong> village<br />

même, où le contact homme-glossine est très étroit;<br />

la répartition des malades dans le village n’est pas<br />

homogène et est fonction de la densité des Glossines.<br />

Nos informations épidémiologiques démontrent que<br />

transmission de la maladie s’effectue, sommes toutes,<br />

dans un espace extrêmement limité à l’intérieur de chaque<br />

village.<br />

De ce fait, nous sommes persuadés qu’un traitement<br />

insecticide sélectif, effectué point par point dans les principaux<br />

gîtes <strong>du</strong> village, suffirait au contrôle de la maladie et<br />

aurait l’immense avantage dX?tre peu onéreux.<br />

Il faudrait, bien sûr, au préalable, traiter tous les<br />

<strong>sommeil</strong>leux pour empêcher la dissémination de la maladie<br />

et stopper une éventuelle transmission mécanique par<br />

d’autres insectes que la glossine.<br />

Cependant, étant donné le caractère frontalier <strong>du</strong><br />

<strong>foyer</strong> <strong>du</strong> Couloir, il est impensable de concevoir le<br />

contrôle de la trypanosomiase en dehors d’une action<br />

concertée avec les services de santé zaïrois.<br />

Manuscrit recu au Service des Publications de I’ORSTOM, le 26 juillet 1979.<br />

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Cah. O.R.S.T.O.M., sér. Ent. méd. et Parasitol., vol. XVII, no 3. 1979 : 165-179. 179

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