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dossier de Presse - Musée des lettres et manuscrits

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<strong>dossier</strong> <strong>de</strong> <strong>Presse</strong><br />

6<br />

LE MOT du COMMISSAIRE d’EXpOSITIOn<br />

« Que dirait-on si un monsieur gardait pour lui, comme autographes, la correspondance <strong>de</strong> Voltaire <strong>et</strong> celle<br />

d’Emerson ? La collection privée doit se faire musée, faute <strong>de</strong> quoi elle frustre la collectivité. »<br />

(l<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> Marcel Proust à Walter Berry, 10 juill<strong>et</strong> 1919, Correspondance, t. XViii, n° 171, p. 320).<br />

Pour son exposition inaugurale, le Musée <strong>de</strong>s L<strong>et</strong>tres <strong>et</strong> Manuscrits suit à la l<strong>et</strong>tre ce précepte <strong>de</strong><br />

Marcel Proust en exposant, selon une organisation thématique, une collection <strong>de</strong> documents montrés<br />

en gran<strong>de</strong> partie pour la première fois. C<strong>et</strong>te riche correspondance, particulièrement visuelle,<br />

autorise un cheminement coloré au cœur <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s étapes <strong>de</strong> La Recherche.<br />

En prélu<strong>de</strong>, dans une tonalité jaune, sont présentées les pièces ayant trait au Proust lycéen <strong>et</strong> plus<br />

particulièrement ses rapports avec sa mère ainsi qu’avec sa compagne <strong>de</strong> toujours, la maladie. Proust<br />

montra dès sa jeunesse une gran<strong>de</strong> exigence littéraire, refusant la facilité <strong>de</strong>s lieux communs, <strong>et</strong> fit preuve<br />

d’un goût déjà sûr pour distinguer l’originalité du verbiage, la sincérité <strong>de</strong> la fabrication.<br />

La dominante orangée nous entraîne vers l’Ecriture, <strong>de</strong> ses Pastiches jusqu’à son grand œuvre<br />

qu’est La Recherche en passant par ses traductions passionnées du critique d’art anglais John Ruskin.<br />

A travers ses placards corrigés avec paperoles, sa correspondance avec ses éditeurs <strong>et</strong> les volumes <strong>de</strong><br />

La Recherche avec envois autographes, on observe un écrivain stratège qui traite <strong>de</strong> tous les aspects<br />

concernant la diffusion <strong>de</strong> ses ouvrages, menant un prodigieux travail <strong>de</strong> renseignements sur le mon<strong>de</strong><br />

extérieur, <strong>de</strong> relecture, <strong>de</strong> corrections, s’interrogeant sur la sélection <strong>de</strong>s passages, leur désignation…<br />

Dans une teinte rosée, on suit la montée irrésistible du jeune mondain au sein <strong>de</strong>s cercles littéraires.<br />

Un quotidien fait <strong>de</strong> rencontres <strong>et</strong> d’échanges épistolaires avec <strong>de</strong>s correspondants l<strong>et</strong>trés autour d’un<br />

morceau <strong>de</strong> musique, d’une pièce <strong>de</strong> théâtre ou d’un roman. De chaque l<strong>et</strong>tre exposée émanent en filigrane<br />

les êtres qui ont inspiré Proust pour tel ou tel attribut d’un personnage.<br />

La nuance aubépine conduit vers le Proust analyste <strong>de</strong>s passions, liant amour <strong>et</strong> amitié, jamais<br />

avare d’un conseil ou d’une l<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> félicitations. Marcel charme ses interlocuteurs, avec tendresse, humour<br />

ou par son talent plus méconnu pour le <strong>de</strong>ssin.<br />

Enfin, la chromie proustienne s’assombrit en une dominante viol<strong>et</strong>te, symbolisant la guerre <strong>et</strong> la mort,<br />

rouage important <strong>de</strong> sa personne <strong>et</strong> <strong>de</strong> son œuvre. Les personnes que Proust a tant aimées reprennent vie<br />

dans son roman : « Celle qui est morte vit en nous, vous la revoyez dans l’anachronisme <strong>de</strong> la mémoire <strong>et</strong><br />

vous ne la r<strong>et</strong>rouvez plus près <strong>de</strong> vous. » Un soir <strong>de</strong> novembre 1922, Marcel Proust est emporté par c<strong>et</strong>te<br />

mort qu’il redoutait mais dont il avait fait son intime.<br />

Le spectacle, le temps, le souvenir, l’amitié… les suj<strong>et</strong>s chers à Marcel Proust s’entremêlent afin<br />

<strong>de</strong> recréer l’atmosphère proustienne : toute une gamme <strong>de</strong> tonalités d’un écrivain en contemplation mais<br />

jamais contemplatif, toujours dans l’action d’écrire, <strong>de</strong> rencontrer, <strong>de</strong> raconter… <strong>de</strong> proustifier comme disent<br />

ses proches, dont les témoignages furent nombreux après sa mort.<br />

Estelle Gaudry, commissaire <strong>de</strong> l’exposition « Proust, du temps perdu au temps r<strong>et</strong>rouvé »

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